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Societas Criticus

Revue de critique sociale et politique

On n'est pas vache…on est critique!

&

D.I. revue d’actualité et de culture

Où la culture nous émeut!

    

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

www.societascriticus.com 

 

Vol.  9 no. 6

(16 août 2007- 6 sept. 2007)

Spécial FFM

Cette revue est éditée à compte d'auteurs.

 

Pour nous rejoindre:

societascriticus@yahoo.ca

 

Societas Criticus

C.P. 182, Succ. St-Michel

Montréal (Québec) Canada H2A 3L9

 

Les co-éditeurs:

 

Michel Handfield, M.Sc. Sociologie et Délinquant Intellectuel pour penser autrement!

Gaétan Chênevert, M.Sc. Adm. et Diogénien

 

Soumission de texte:

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Index de ce numéro :

 

La section Societas Criticus, revue de critique sociale et politique

 

Édito 

 

Enseigner : transmettre des connaissances et des valeurs!

 

Essais

 

Mémoire sur les accommodements à la lumière de la démocratie et de la science

 

Contre toute espérance de Bernard Émond

 

 

La section D.I., Delinkan Intellectuel,  revue d’actualité et de culture

 

Commentaires livresques : Sous la jaquette!

 

Les conflits dans le monde 2006. Rapport annuel sur les conflits internationaux

 

Spectacles/Arts/Musiques

 

13 à table (CD)

Dominique Bouffard (CD)

 

Cinéma et Théâtre

 

SAUF LE RESPECT QUE JE VOUS DOIS

Contre toute espérance

THE LAST LEGION  /  LA DERNIÈRE LÉGION  

 

Spécial FFM

 

Un secret

WAL-MART NATION

THE GRAY MAN

SAMIRA FI ADAYAA

MEIN FUHRER,DIE WIRKLICH WAHRSTE WAHRHEIT UBER ADOLF HITLER

Les Intestins de la terre

AUTOPILOTEN

Une girafe sous la pluie

BLUFF

SEPTEMBER DAWN

Salvador

TERESA: EL CUERPO DE CRISTO

DONG SUN

GO GO TALES

TOI

BEN X

«PRÊTE-MOI TA MAIN»

FULL METAL VILLAGE

Deux films psychologiques! (LA DISPARUE DE DEAUVILLE/ LA DISPARUE DE DEAUVILLE)

OBSLUHOVAL JSEM ANGLICKÉHO KRALE

 

 

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Index

 

Nos éditos!

 

Enseigner : transmettre des connaissances et des valeurs!

Michel Handfield

 

16 août 2007 (Correction d’une coquille le 17)

 

Le journal de Montréal et Radio-Canada nous apprennent aujourd’hui que la  Cour supérieure force la  CSDM à  réintégrer un meurtrier,  car « nul ne peut être congédié pour le seul fait d'avoir été condamné pour un crime qui n'a pas de lien avec son emploi. » « Le professeur Jean-Alix Miguel [avait] mortellement roué de coups Monique Saint-Germain en octobre 1990 [et] avait plaidé coupable et purgé une peine de 7 ans de prison avant d'être libéré. [Il]  a par la suite été embauché par la CSDM qui l'a congédié lorsqu'elle a appris son passé criminel » nous apprend en substance le site de la SRC (1) sur la base d’un reportage du Journal de Montréal. (2)

 

S’il était sociologue, là il serait dangereux, car il pourrait enseigner à penser, même à se former une pensée critique!  Là, il ne pourrait pas être engagé par la CSDM. Ainsi va la vie! Et un sociologue n’y peut rien.  Les droits de la personne et du travail ne peuvent rien non plus pour ces intellectuels, délinquants de la pensée critique. C’est d’ailleurs pour cela que je me qualifie de délinquant intellectuel, car il est parfois plus difficile pour un sociologue de trouver un emploi que pour un délinquant de droit commun ou criminel.

 

 Montrer à penser peut être tenu pour subversif par une société de consommation! Imaginez : penser! Socrate fut condamné à boire la cigüe pour cela! Cesser de penser et produisez bonnes gens!  Voilà ce que l’on veut. N’était ce pas le sens du message d’un ancien premier ministre il y a quelques temps à peine? (3)

 

Comme être pensant je devrais me qualifier pour une pension d’handicapé intellectuel, car, dans notre société, qui s’arrête pour penser est un handicapé! On ne le veut surtout pas sur un « pay-roll »!

 

Qu’il me manque une partie de cornée, dû à un accident d’enfance à l’œil gauche, n’est pas un handicap visible. D’être un intellectuel, si! Pourtant, mon accident m’empêche  d’entrer dans plusieurs emplois, car je ne vois pas les distances notamment. Si ce n’est pas assez pour me qualifier pour une pension d’handicapé (quoi que je ne l’aie jamais demandé), ça nuit certainement à mon employabilité. Un recruteur m’a même dit dernièrement, dans un salon d’emploi comme il s’en tient régulièrement à Montréal, que :

 

« C’est drôle, t’as un handicap qui t’empêche d’avoir accès aux postes d’entrée, mais qui ne te donnerait probablement pas droit à une pension d’handicapé! Bonne chance. Un jour tu trouveras peut être une place où tu pourras entrer! »

 

Mais, quand? Je suis rendu à 49 ans! Ça me l’a fait réaliser tout d’un coup.

 

Par contre, de penser, c’est probablement ça le pire handicap. C’est ce que je viens de comprendre à la lecture de cette nouvelle d’aujourd’hui. Je devrais probablement  faire une demande pour une pension d’handicapé! Je vais y penser sérieusement!        

   

***

 

Pour ceux que l’éducation intéresse, je vous renvoie à notre dossier sur le sujet paru récemment : Parlons d’éducation : de la pénurie de personnel enseignant aux problèmes scolaires, une réflexion s’impose. (4)

 

Notes 

 

1. Cour supérieure : La CSDM forcé de réintégrer un meurtrier, Radio-Canada.ca/Montréal, mise à jour le jeudi 16 août 2007 à 10 h 19 : www.radio-canada.ca/regions/Montreal/2007/08/16/001-CSDM-prof-meurtrier_n.shtml

 

2. Santerre, David, Jean-Alix Miguel avait tué sa conjointe en 1990. Réembauché après avoir caché un meurtre, Le Journal de Montréal, 16/08/2007 07h33 - Mise à jour 16/08/2007 08h55 : http://www2.canoe.com/infos/societe/archives/2007/08/20070816-073301.html

 

3. Cet ex-premier ministre, si vous ne l’avez pas reconnu, c’est Lucien Bouchard :

 

« Les propos de Lucien Bouchard font des vagues. Lundi, dans le cadre d'un entretien accordé au réseau TVA, l'ancien premier ministre a déploré le fait que les Québécois travaillaient moins, statistiquement, que les Ontariens et les Américains. Il voyait là un problème de productivité qui nuit à la prospérité de la province. » (Lucien Bouchard, Des propos qui font des vagues, Radio-Canada/nouvelles, mardi 17 octobre 2006 à 17 h 08 : www.radio-canada.ca/nouvelles/societe/2006/10/17/006-reax-propos-bouchard.shtml) 

 

4. Ce texte est présentement sur notre site (Section Essais) à l’adresse suivante : www.netrover.com/~stratji/Dossier.htm#Education. Il est aussi disponible dans Societas Criticus, revue de critique sociale et politique, Vol. 9 no. 4, disponible par le site de Bibliothèque et Archives Canada (BAC) (www.collectionscanada.ca/) et de Bibliothèque  et Archives nationale du Québec (BAnQ)  (www.banq.qc.ca/). Les liens directs vers ces archives sont http://epe.lac-bac.gc.ca/100/201/300/societas_criticus/ pour BAC et http://www4.banq.qc.ca/pgq/2006/3212330/3212330.htm pour BAnQ.

 

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Index
 
Essais
 

Mémoire sur les accommodements à la lumière de la démocratie et de la science

Michel Handfield, rédacteur-coéditeur de Societas Criticus

 

5 septembre 2007

 

«(…) le respect du pluralisme et du désaccord raisonnable exige que les doctrines dites « raisonnables » soient conciliables avec le pluralisme, c’est-à-dire que les tenants de ces doctrines doivent accepter qu’il est raisonnable pour les autres de nier la véracité de leurs convictions. » (1)

 

     On a tous entendu parler de Socrate, Platon ou d’Homère, dont l’Iliade sera reprise au TNM dès septembre soit dit en passant. Mais, qui se rappelle des managers de cette époque; des rapports des fonctionnaires de ce temps? Probablement personne. L’histoire, une certaine conscience collective ou une sorte de bibliothèque universelle a cependant retenu ce qui nous touche tous par son caractère universel et son  humanité, que ce soit des récits, de  la littérature ou de la philosophie par exemple! On se retrouve ainsi dans certaines œuvres même si elles ont été écrites bien avant nous, car elles ont traversé le temps. Des universitaires considèrent d’ailleurs la littérature, le cinéma ou le théâtre comme des matériaux d’analyse pour comprendre tant l’histoire que les débats actuels. C’est notamment le cas de l’ethnométhodologie et des « cultural studies ». (2) En conséquence, je vous suggère de regarder ces matériaux pour vous éclairer. Dans cet ordre d’idée, un texte qui pourrait vous être utile pour comprendre ce qui se passe actuellement et toutes les implications de la question des accommodements raisonnables est celui d’Incendie, pièce de théâtre de Wajdi MOUAWAD sur l’identité versus le poids de la tradition et de l’héritage ethnoculturel (3) dont nous avons déjà parlé dans Societas Criticus. (4)

 

     D’un autre côté, combien de débats sont oubliés une fois que les médias regardent ailleurs? Plusieurs, car même s’ils ont un caractère inusité; qu’ils nous émeuvent ou nous hérissent; cela ne dure qu’un temps, chassé par une nouvelle montée de lait médiatique!  Ces débats doivent donc être regardés ainsi : ne sont-ils qu’une manchette que l’on oubliera dans les prochains mois ou une question qui aura une certaine durée? Une question de fond?

 

     Cependant, un fait demeure dans tous ces événements : l’opposition insoluble entre, d’un côté, les croyances, dans lesquelles on se doit d’inclure les religions tout comme l’horoscope, qui ne sont pas vérifiables, mais auxquelles des gens croient, et, de  l’autre, ce qui est vérifiable par la science, incluant les sciences humaines et sociales naturellement, et fondé en droit. Le contrat social et juridique qui lie en quelque sorte les citoyens.   

 

     Croire n’est  pas une preuve. À une époque on croyait que la terre était plate et on pouvait vous brûler si vous disiez le contraire. Elle n’en était pas moins ronde! La société se doit donc de tracer une ligne entre des croyances religieuses et des faits vérifiables : ou elle enseigne la science ou les croyances! Si on choisit la science, les croyances se doivent de demeurer dans la sphère privée à part pour un enseignement approprié, comme celui des us et coutumes, que ce soit d’un point de vue historique ou anthropologique par exemple. D’un point de vu scientifique aussi, pour en montrer les fondements et les limites, ce qui inclut de mettre en lumière ce qui fait partie de la mythologie, des idées reçues et des faits. Bref, de faire la part du vrai et du faux. Par exemple, un de mes professeurs nous disait il y a plusieurs années que certains peuples du nord disaient autrefois que le dieu de la mer ne s’entendait pas avec le dieu de la terre et qu’il ne fallait surtout pas manger les bêtes de la mer et de la terre en même temps. C’était une façon de dire que certaines viandes ne se mélangeaient pas, une connaissance traditionnelle qui se transmettait par les récits sur les dieux tout simplement. Une vérité enrobée dans un discours mythologique ou divin que la tradition orale transmettait ainsi. (5)

 

     Combien de gens se font bernés/arnaqués parce qu’elles croient en des médecines traditionnelles, des vertus magiques ou des promesses miraculeuses sans autres fondements que la cupidité des uns et la naïveté des autres? Un enseignement scientifique et critique est donc nécessaire peut importe qu’il heurte des croyances. Aucun compromis, aucun accommodement, ne devrait être acceptable là-dessus. Point à la ligne.      

 

     On ne devrait pas davantage fonder une politique, une guerre ou des lois sur la foi, l’horoscope ou des croyances religieuses, car faire des lois nécessite des assises claires et fortes; fondées! Une loi dictée par une croyance ne s’adresse qu’à ceux qui y croient. Ainsi, qu’on ne m’empêche pas de manger du porc avec du couscous ou qu’on ne m’oblige pas à manger du poisson le Vendredi saint si ce n’est pas ma croyance.

 

     Qu’on interdise par contre aux enfants de manger des produits contenant des arachides dans une école primaire cela peut s’expliquer, vu les risques pour les enfants allergiques aux arachides, surtout que les enfants de cet âge peuvent échanger des aliments entre eux, car ils ne sont pas encore pleinement conscients des conséquences de leurs gestes et qu’ils ne savent pas nécessairement  lire la liste des ingrédients sur leur barre tendre! Au cégep, la même interdiction n’aurait plus de sens, les personnes étant capables d’être responsables de leurs choix et de faire attention. Par contre, qu’à la cafétéria d’une école ou d’un hôpital, on offre des menus qui permettent un choix assez vaste pour satisfaire ceux qui ont des croyances ou des régimes particuliers sans se sentir exclus se comprend. Mais, il ne faut pas que cela limite la liberté des autres.

 

     On peut ajouter du bœuf à la cabane à sucre, mais ne pas en retirer le porc! Et le bœuf devra-t-il répondre aux normes de santé Canada, de la religion juive (kasher) ou de l’Islam (hallal) sans avoir besoin de 3 sortes de bœuf? J’exagère, mais c’est pour illustrer que dans certains cas cela pourrait devenir problématique juste en terme de gestion. Imaginez une garderie obligée de faire des repas tenant compte des cultures et croyances des parents de chaque enfant. Le pâté chinois de Mohamed doit avoir du steak hallal, celui de Jacob du steak kasher, Jacques et Julie, ça ne les dérange pas, car les parents sont ouverts, mais pour Martine il faut qu’il vienne d’un boucher du quartier  parce que son père est nationaliste et contre les multinationales! Catherine doit avoir du ketchup biologique, mais Mathieu uniquement du Heinz. Pascal apporte son ketchup de la maison, mais il faut l’asseoir loin de Rosalie, car elle est allergique aux carottes et il y en a dans ce ketchup-maison! Quant à Jonathan, ses parents demandent du maïs du marché de peur que celui en boîte ne soit transgénique!

 

     Où on trace cette ligne entre raisonnable et déraisonnable? À qui l’accorde-t-on et à qui ne l’accorde-t-on pas? Et s’il est raisonnable d’accepter une demande basée sur la religion, pourquoi n’est-ce pas raisonnable pour l’alimentation biologique ou la marque locale si c’est pour des convictions politiques par exemple? N’est-ce pas des valeurs aussi profondes que la religion?

 

     D’ailleurs, l’obligation religieuse, rien ne nous y oblige, car la religion est un choix personnel. Vous pouvez même la magasiner de nos jours pour qu’elle réponde à ce que vous en attendez! C’est dans ce contexte qu’il faut regarder la question des accommodements raisonnables, car ceux dont on entend le plus parler concernent d’abord et avant tout les religions, dont le propre est pourtant de s’opposer au nom d’une vision de Dieu; même au nom d’un même Dieu, comme dans le christianisme, le Judaïsme ou l’Islam, ces trois religions croyant en un Dieu unique. S’il est unique, ce doit pourtant être le même! Alors, pourquoi a-t-il dit tant de choses différentes? À moins que ce ne soit les hommes qui ont écrit à sa place.

 

     On doit avoir le droit de se poser la question dans une société libre et démocratique. Pourtant, certains auteurs font l’objet de menaces pour ce qu’ils ont écrit un jour, certains fondamentalistes, et c’est vrai de toutes les religions et de toutes les sectes, n’acceptant pas la liberté, fondement de la démocratie. Doit-on leur être ouvert au risque de se censurer? Ne serait-ce pas saper un fondement de la démocratie? La question doit au moins être posée. De plus,  les uns s’opposant aux autres  dans les différentes religions et leurs différentes déclinaisons (les catholiques, les mormons  et les témoins de Jéhovah par exemple sont tous chrétiens, mais ne croient pas les mêmes choses), il est difficile, voire impossible, d’accommoder tous ces groupes sans les mettre en opposition les uns par rapport aux autres en même temps, car la croyance de l’un peut aller contre celle de l’autre. Et, je ne parle même pas de ceux qui ne croient pas ici. Quel est donc l’accommodement possible pour ne pas rendre les choses pires qu’elles ne le sont?

 

     Il n’y en a pas je crois. Vaut mieux fonder la décision sur des faits plutôt que des croyances. Point à la ligne, car il n’y a pas de message écrit par Dieu lui-même pour nous guider. On se fie à des prophètes ou des témoins, ce que je dis à tous ceux qui sonnent à ma porte pour me parler de Dieu et me le citer. Quand je leur demande « Avez-vous un texte écrit et signé par Dieu lui-même? » la réponse est invariablement NON. Et selon le prophète auquel ils croient, la secte à laquelle ils appartiennent, les autres sont dans l’erreur, car le propre de toutes les religions  est d’être mutuellement exclusives, c’est-à-dire de croire qu’elles sont seules à posséder la vérité! Alors, vouloir en accommoder une, c’est souvent se mettre les autres à dos ou faire tellement d’accommodements que cela ne voudra plus rien dire à la fin. Vaut mieux ne pas en faire et n’accepter dans la loi que ce qui est fondé, non des croyances. Sinon, nos lois risqueront d’entrer en contradiction les unes avec les autres et créeront davantage de conflits qu’ils n’en résoudront. Au lieu de faciliter la vie civile, elle sera de plus en plus judiciarisée, les tribunaux devenant le nouveau lieu d’arbitrage. Un exemple poussé à l’absurde l’illustre bien : comme la femme équivaut à un demi-homme dans certaines religions, devrait-on faire juger les causes les concernant uniquement par un homme, au risque d’aller contre l’égalité des sexes qui est dans nos fondements démocratiques, ou par deux femmes pour que le jugement ait le même poids que celui porté par un homme? Poser la question c’est y répondre.      

 

     Ainsi, même si je crois en Dieu, je ne peux laisser la société et la politique être guidé par des croyances. Ce serait irrationnel, car je n’ai aucune preuve que ma croyance est fondée, ni celle des autres, et que Dieu intervient dans le monde des Hommes. C’est une croyance et comme toutes les croyances, elle doit être ramenée là où elle doit être : dans la sphère privée et personnelle. Tous doivent être sur le même pied, c’est ce qui est le plus raisonnable pour éviter les guerres sectaires dans la sphère publique. Il faut se rappeler et dire clairement que la religion est une croyance, tout comme de croire à la non-existence de Dieu en est une, car nous n’avons aucune preuve de ce qu’il en est. Même mère Térésa doutait a-t-on appris récemment. (6) Il faudrait donc ouvrir la constitution canadienne pour en éliminer Dieu, car la première ligne de celle-ci se lit comme suit et n’est plus appropriée :

 

« Attendu que le Canada est fondé sur des principes qui reconnaissent la suprématie de Dieu et la primauté du droit » (7) 

 

C’est pour cette raison qu’une constitution ne devrait pas être barrée à double tour, car elle est marquée par l’époque, les tendances et les débats qui étaient présents lors de sa rédaction, mais qui ont changé depuis. C’est une rédaction humaine qui nécessite parfois d’être révisée. 

 

     Comme citoyen, j’espère que vous le saviez, car c’est la loi fondamentale du pays, celle qui définit nos droits et nous représente. Elle fait donc de nous une théocratie, où  Dieu peut nous bénir et nous inspirer la guerre par exemple. On est alors en pleine guerre de religion en Afghanistan si on regarde cela sous cet angle. Pour s’en sortir et parler de démocratie, notre constitution devrait plutôt se lire ainsi : attendu que le Canada est fondé sur des principes qui reconnaissent la souveraineté du Peuple et la primauté du droit… Cette formulation irait davantage dans le sens de la démocratie. Suffit de lire Jean–Jacques Rousseau pour s’en convaincre. (8)

 

     Si Jean Charest veut faire une constitution québécoise comme il l’affirme depuis quelque temps, il ne devrait pas y mêler Dieu. Nous nous en porterons que mieux. Dieu aussi d’ailleurs, car de voir ainsi les hommes se battre en son nom, ça doit le faire C… des fois; surtout s’il est à mon image! Toute chose étant égale, cela va de soi, puisque nous sommes aussi à son image! En conséquence, il faut rappeler que Dieu est une croyance et que si on a le droit d’y croire, on ne doit pas l’imposer aux autres. Sauf que la religion dit souvent le contraire : convertissez-les! C’est donc un sujet de discorde et non d’accommodements. Faudrait aussi le dire dans votre rapport.  

 

     Je peux croire ce que je veux dans ma vie privée à condition que je respecte la sécurité, l’intégrité et la neutralité du lieu, de ma fonction et des autres dans la sphère publique. Voilà le principe à suivre. Il serait inadmissible qu’une infirmière ou un médecin refuse de faire une transfusion sanguine ou une intervention chirurgicale à un patient parce que ce dernier, le médecin ou l’infirmière est d’une confession religieuse quelconque par exemple ou parce que son horoscope dirait que ça n’ira  pas aujourd’hui! Si le patient la refuse par conviction religieuse et qu’il a l’âge de raison, on n’a qu’à le classer comme un suicide idéologique ou religieux. Si le suicide assisté est interdit, alors le code de déontologie doit être invoqué pour le sauver malgré lui, surtout si le code déontologique oblige à porter secours à personne en danger. Ou tu es à l’hôpital pour être soigné ou tu sors si tu refuses de l’être, car telle est la fonction et la mission d’un hôpital : soigner et sauver des gens, pas de les regarder mourir au nom d’une croyance. Si une religion demande d’être soignée selon ses préceptes, elle n’a qu’à se faire construire un hôpital privé non subventionné. La même chose ne pourrait pas s’appliquer aux écoles cependant, car les enfants ne sont pas en âge de choisir et un enseignement basé sur des croyances plutôt que la science serait les hypothéquer pour l’avenir. C’est donc une responsabilité d’État, où les croyances n’ont pas de place. Seul le savoir l’a!

 

     Si l’individu peut porter une croix, un turban, un kirpan, un voile, une burqa ou tout apparat auquel il croit dans sa vie privée, cela ne doit pas être en opposition avec la sécurité, l’intégrité et la neutralité de sa fonction et des autres dans sa vie professionnelle ou publique. Une pompière avec une burqa ne serait pas plus sécuritaire qu’une pompière qui irait nue au feu parce qu’elle est adepte de  naturiste! Quand on représente une fonction, on ne représente pas notre religion, ni nos croyances. Si nos croyances nous empêchent de pratiquer un métier ou une profession, ou on ne le pratique pas ou, si on choisit de le pratiquer, on accepte de mettre nos croyances de côté dans sa pratique.

 

     Par contre, l’inverse est aussi vrai. Si des règlements irrationnels et non fondés en droit et en science empêchent des gens de pratiquer un métier ou une profession, ils devraient être nuls et sans avenants! C’était le cas de certaines barrières qui empêchaient les femmes d’accéder au marché du travail à une certaine époque par exemple. Il existe encore de telles barrières aujourd’hui et on devrait y voir. Prenons l’exemple de la police. Un crack en informatique, mais en chaise roulante, ne pourrait pas être dans une escouade spécialisée pour le crime internet par exemple, même s’il était le meilleur candidat pour le poste, car les normes exigent que tous les policiers commencent comme patrouilleurs. La même barrière s’applique à un aveugle, même s’il est le meilleur candidat pour l’écoute électronique! Penserait-on mettre la même mesure pour être juge ou politicien, soit d’avoir commencé comme commis au palais de justice ou au Parlement! Si certaines normes doivent s’appliquer à l’ensemble d’une organisation, d’autres doivent s’appliquer uniquement à des postes et des tâches précises. Qu’il ne faille pas de dossier criminel pour être policier, cela va de soi. Par contre, que pour être traqueur de criminels informatiques ou économiques il faille les mêmes compétences de conduite que pour être patrouilleur ou les mêmes compétences physiques que pour être dans l’antiémeute,  ce n’est pas normal.  On ne demande pas des études en pédagogie pour le plombier de la commission scolaire par exemple. La même chose devrait être vraie de la police, car ce sont là des barrières non reliées à la tache et plus souvent qu’autrement corporatistes, c’est-à-dire mise en place pour protéger une filière interne de promotion. Cela élimine d’emblée des candidats potentiels pour des postes spécialisés. Et après, la Police viendra nous dire qu’elle doit choisir les crimes qu’elle cible par manque d’effectifs spécialisés! Le problème en est peut-être un de gestion des ressources humaines et de normes. De discrimination! Des changements à la loi doivent être faits, non des accommodements raisonnables et passagers.        

 

     D’autres choses sont parfois sans conséquence et relèvent  davantage du goût et des choix personnels, comme de porter un foulard en conduisant un autobus si cela n’entrave pas davantage la vision que la casquette. La casquette de chauffeur ne fait d’ailleurs plus partie de l’uniforme, ce qui fait que plusieurs portent la casquette de « baseball » par exemple. Alors, je ne vois pas le problème à porter un foulard ou un chapeau pour une femme! En fait, seul le bon goût et la sécurité doivent être considérés.  Ainsi, le couvre-chef ne devrait pas entraver la vision périphérique pour des raisons de sécurité. Une burqa  ou un chapeau de pêche avec voile anti moustiques sur le visage ne serait donc pas acceptables je crois, d’autant plus que cela limiterait le  contact avec les clients, l’expression faciale étant importants dans la communication. De la même façon qu’il faut parler la langue, il faut aussi respecter les bases de la communication dans un travail qui exige un contact avec le public. Cela est donc vrai pour la personne qui conduit un autobus, mais aussi pour celle qui enseigne ou qui sert à la banque, d’autant plus qu’on ne va pas à la banque masqué!

 

     Cependant, si la neutralité de l’État doit être protégée et qu’un chrétien ne pouvait pas porter une croix apparente sur son costume, aucune exception ne doit être faites peu importe la religion. Si aucun signe apparent n’est permis, ce doit l’être pour tous. Si les signes discrets le sont, ce doit l’être pour tous aussi. Ainsi, la personne qui croit à la laïcité doit avoir le même droit de porter un macaron ou un signe en ce sens que la personne qui porte une croix apparente ou un foulard islamique. Celle qui est politisée ou socialement impliquée devrait avoir le droit de mettre une « pin » ou un macaron du parti politique ou de l’organisme de son choix s’il n’est pas illégal. Ou on exige une neutralité à toutes épreuves de tous ou on s’accommode en mettant une limite dans le code vestimentaire, telle que la taille du macaron ou du signe autorisé. Il m’apparaitrait audacieux de permettre les signes religieux et d’empêcher les signes politiques ou civiques, car pour certains la politique est une religion alors que pour d’autres la religion est politique! Même l’implication civique est politique dans certains cas. Pourquoi quelqu’un ne pourrait pas porter le signe de Greenpeace, de la Croix-Rouge ou d’Héma-Québec au travail par exemple?

 

     Quant au kirpan, qui a suscité tant de débats, je ne vois pas pourquoi porté sous la chemise comme une croix, inapparent, symbolique et inoffensif, il y aurait problème. Par contre, s’il est apparent, porté à la taille par exemple, et a une lame tranchante il devrait alors répondre aux mêmes normes qu’un couteau suisse, un canif ou un couteau utilitaire. Si on a droit à ces couteaux, la même norme (de longueur par exemple) doit s’appliquer au kirpan. Si on n’a pas le droit à ces couteaux, alors on n’a pas davantage droit au kirpan, sauf s’il est symbolique comme une croix ou un signe astral après une chaîne dans le cou. J’ai presque toujours mon couteau suisse sur moi, alors je ne vois pas pourquoi je m’objecterais au kirpan. L’égalité doit être respectée pour tous en droit. C’est le seul critère valable et non discriminatoire.         

 

     La foi est une question privée et devrait donc le demeurer. On ne peut imposer ses préceptes ou ses croyances aux autres pour ne pas les importuner, même s’ils sont acceptés. Les croyances ne doivent surtout pas avoir force de loi, car le bien commun doit toujours en être la mesure et la limite. Ainsi, le code vestimentaire peut être accommodant, mais il doit l’être également pour tous. Si le couteau est interdit à l’école, il l’est pour tous. Si les symboles identitaires sont permis, un couteau religieux, symbolique et sécurisé, peut  être porté tout comme le foulard; la croix; la casquette de baseball,  car  cela peut faire partie de mon identité « américaine » au sens d’appartenance continentale; ou la traditionnelle veste « carreautée » pour ne nommer que ceux-là!  

 

     Une fois on m’a interdit d’entrer dans la salle du conseil municipal à l’Hôtel de Ville de Montréal parce que je portais un « veston jeans ». J’y allais pour une commission publique sur l’urbanisme, donc ouverte à tous par principe. Naturellement j’ai obtempéré et laissé mon veston au vestiaire, mais c’était discriminatoire, car on permettait l’entrée des gens qui avaient un veston cravate dans la salle. Qui dit que quelqu’un ne pourrait pas avoir une arme à feu sous son veston cravate? Alors, ou on autorise le veston ou on ne l’autorise pas, qu’il soit en jeans ou d’un tissu plus chic, pour des raisons de sécurité. Dans le privé c’est autre chose, car la concurrence fera en sorte que d’autres possibilités s’offriront à la clientèle qui voudra être en jeans et si la demande est là, celui qui refuse le jeans devra s’ajuster ou fermer. Mais, dans une réunion citoyenne le critère doit être le même pour tous.           

 

     Un autre exemple. Malgré mes croyances, être appelé à témoigner en cour, je ne jurerais pas sur la Bible, car je suis conscient que c’est une croyance. Je le ferais davantage sur le contrat social de Jean-Jacques Rousseau comme citoyen. J’aimerais aussi avoir le droit de mâcher ma gomme, car il est scientifiquement prouvé que la gomme accroît la performance cérébrale. Ne pas avoir le droit d’entrer dans un tribunal avec ma gomme irait donc contre les plus récentes découvertes scientifiques, pas des croyances, et cela m’agacerait au plus haut point, car :

 

 “ Chewing gum may help to make people smarter by improving memory and brain performance, research suggests.

 

In tests, scientists found the ability to recall remembered words improved by 35% among people who chewed gum.” (9)

 

      S’il y a un changement à proposer, ce serait celui-là : accordez plus de place aux avancées scientifiques qu’aux croyances, qu’à l’irrationalité et qu’aux corporatismes dans l’espace public et politique, ce qui inclut les institutions d’État et de la société civile. Tel  serait le propre d’une société avancée selon moi. Avec une telle révision des normes on aurait moins besoin de mesures d’exceptions comme des accommodements raisonnables, car ce qui est raisonnable serait dans la loi et ce qui ne l’est pas n’y serait pas tout simplement. 

 

Notes :

 

1. Genevievre Nootens, Moralité fondamentale et normes subjectives : la justification d’un cadre moral commun dans une société libérale, in Luc Vigneault et  Bjarne Melkevik (Sous la direction de), 2006, Droits démocratiques et identités, PUL (www.pulaval.com): Administration et droit, Collection  Dikè, p. 34. 

 

2. COULON, Alain, 1987, L'ethnométhodologie, France: P.U.F., col.«Que sais‑je?» ; Mattelart, Armand, et Neveu, Érik, 2003, Intrduction aux Cultural Studies, Paris : La Découverte, col. Repères.

 

3. 2003, Incendies, France : Actes Sud / Québec : Leméac, 96 pages, ISBN 2-7427-4373-1 / F79759, www.actes-sud.fr) 

 

4. Handfield,   Michel, Le feu n’est pas pris! Ou commentaires autour des débats actuels sur l’accommodement raisonnable à la lumière d’Incendies de Wajdi MOUAWAD (France : Actes Sud et Québec : Leméac, 96 pages), Societas Criticus, revue de critique sociale et politique, Vol. 9 no. 2, Essais. Ces textes est disponibles sur le site de Bibliothèque et Archives Canada (http://epe.lac-bac.gc.ca/100/201/300/societas_criticus/) et de  Bibliothèque et Archives nationale du Québec (http://www4.banq.qc.ca/pgq/2006/3212330/3212330.htm).  

 

5. De mémoire, il s’agissait d’un cours avec feu Marcel Rioux (1919-1992) à l’Université de Montréal au début des années 1980. C’était soit Sociologie du Québec, soit Culture, connaissance et idéologie.

 

6. « Mère Teresa, qui pourrait être canonisée, a souffert dans sa foi tout au long de sa vie et même douté de l'existence de Dieu, selon de nouvelles lettres qui viennent d'être rendues publiques. » (AFP, Publication de nouvelles lettres - Mère Teresa doutait de l'existence de Dieu, Le Devoir, Édition du lundi 27 août 2007 : www.ledevoir.com/2007/08/27/154687.html)

 

7. http://lois.justice.gc.ca/fr/Charte/index.html

 

8. Rousseau, Jean–Jacques, 1992 [1762], Du contrat social, France: Grands écrivains

 

9. BBC/News, Wednesday, 13 March, 2002, 15:16 GMT, Chew your way to a better brain, http://news.bbc.co.uk/1/hi/health/1870763.stm

 
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Contre toute espérance

De Bernard Émond

(www.contretouteesperance.com)

En salle le 17 août

 

Version longue

 

Écrit et réalisé par Bernard Émond mettant en vedette Guylaine Tremblay (Réjeanne), Guy Jodoin (Gilles) et Gildor Roy (Claude, le meilleur ami de Gilles) dans les rôles principaux. 

 

Contre toute espérance est l’histoire d’une femme, Réjeanne (Guylaine Tremblay), qui perd son emploi de téléphoniste lorsque la multinationale pour laquelle elle travaillait depuis 20 ans met à pied mille travailleuses. Gilles (Guy Jodoin), son mari, vient d’être victime d’un ACV qui l’a laissé invalide et aphasique. Le couple n'arrive plus à joindre les deux bouts et doit vendre leur jolie maison de banlieue, le rêve de leur vie. Ils reviennent en ville et s’installent dans un petit logement. Réjeanne doit faire vivre son mari et accepte des emplois précaires et mal payés. Malgré l’amour et le dévouement de Réjeanne, Gilles s’isole et sombre peu à peu dans la dépression. Et puis un jour, tout bascule et Réjeanne en vient à vouloir tuer l'homme qu'elle croit responsable de ses malheurs.

 

Commentaires de Michel Handfield (16 août 2007)

 

     Ce film soulève plusieurs questions malgré une économie de mots. Il pointe vers les maux d’un siècle qui s’est ouvert avec la fin du communisme et une victoire sans équivoque du capitalisme.  Cela l’a rendu ivre de lui-même et il a oublié toutes ses bonnes manières, que ce soit le capitalisme social ou le modèle de Rhénan (1). Bousculant ses amis, de centre gauche, il revient à ses mauvaises habitudes : le libéralisme extrême, que l’on nomme néolibéralisme en français et « neoconsrvatism » en anglais,  où l’individu ne vaut que sa force de travail. S’il n’est plus utile, le système ne lui doit rien. Malthus réhabilité!  

 

« Un homme qui naît dans un monde déjà occupé, s’il ne peut obtenir des moyens d’existence de ses parents auxquels il peut justement les demander, et si la société ne peut utiliser son travail, cet homme n’a pas le moindre droit à la plus petite portion de nourriture, et en réalité il est de trop sur la terre. Au grand banquet  de la nature, il n’y a pas de couvert mis pour lui; la nature lui commande de s’en aller, et elle ne tarde pas à mettre cet ordre elle-même à exécution. » (2) 

 

Ce film ne pouvait que susciter une longue réflexion chez Societas Criticus, car ce sont des thèmes dont nous parlons depuis des années. En voici donc les fruits. (Une version courte de ce texte se trouve dans la section cinéma)

 

***

 

Réjeanne tire sur une maison de « Summit Circle » et se tait. Avec son mutisme commence l’enquête du Lieutenant Allard (René-Daniel Dubois) chargé de cette affaire. Avec lui, nous remontons le passé de ce couple sans histoire jusque-là; sans histoire, façon de dire, car tous ont une histoire. Nous découvrions la leur par petites touches en « flash-back ».

 

Histoire heureuse que la vie est venue chambouler, avec l’accident cardiovasculaire de Gilles, chauffeur de camion semi-remorque. Une fatalité contre laquelle on ne peut rien, sauf se battre et réapprendre à vivre. On n’a que l’espoir. L’espoir dans la médecine; en soi (lutter pour s’en sortir); et en plus grand que soi. L’espérance!  Mais, parfois cela ne fonctionne pas malgré tous nos espoirs, nos efforts et notre foi. « Contre toute espérance », rien n’y fait. C’est la première histoire de ce film, qui se passe beaucoup dans les silences et les regards.

 

  Le jeu de Guylaine Tremblay (Réjeanne) et de Guy Jodoin (Gilles), où l’émotion doit passer par les yeux et le geste plus que la parole, est exceptionnel à ce niveau. Celui de Gildor Roy, Claude, le meilleur ami de Gilles, qui veut le sortir de sa torpeur, l’est aussi. 

 

***

 

 L’accident de Gilles a changé Réjeanne. Elle est alors devenue plus humaine dans son travail de téléphoniste, ce qui la met dans le trouble, car elle prend la peine d’écouter davantage la détresse des gens; c’est-à-dire plus que les quelques secondes qui lui sont allouées pour répondre aux demandes d’assistance téléphonique, ce qui diminue son taux de productivité d’autant, même si ça augmente la satisfaction du client! Mais, c’est quoi être productif : satisfaire le client ou le nombre de clients que l’on expédie à l’heure? Dans la dictature des comptables, c’est la statistique, pas la satisfaction (qui est qualitative) qui compte. C’est alors que la main invisible de l’économie est venue frapper par derrière, avec des mises à pied massives pour les moins chanceuses, dans lesquelles se trouvait Réjeanne. Pour les plus chanceuses, c’est un « ticket » vers la nouvelle coentreprise, mais à la moitié de l’ancien salaire pour des raisons de compétitivité! Le tout s’est naturellement fait à la satisfaction de quelques-uns, les actionnaires, qui ont généreusement gratifié le président d’un boni pour le remercier de son excellente gestion du dossier! (3)

 

C’est la seconde forme de fatalité dont parle le film : la fatalité économique! « Contre toute espérance », l’individu n’y peut rien, le tout étant décidé au-dessus de lui. D’ailleurs, même l’État présente la loi du marché comme une fatalité pour s’excuser de ne pas pouvoir faire grand-chose finalement! Si ce n’est pas le marché, c’est la mondialisation! Mais, qui la décide? Qui en négocie les règles? Pourquoi accepte-t-on le libre commerce et réduit-on toutes les barrières commerciales au lieu de négocier des barrières tarifaires pour tous les produits venant de pays non démocratiques; qui ne respectent pas un minimum de santé et sécurité au travail; qui n’offrent pas un minimum d’éducation publique et gratuite; et qui n’ont pas de règles environnementales par exemple? Ce serait une autre façon de penser la mondialisation et de l’appliquer, sauf qu’elle ne serait pas profitable à quelques-uns, mais à une majorité. N’est-ce pas cela l’essence de la démocratie : le gouvernement du peuple!

  

***

 

Pendant que la pop psycho et le nouvel âge disent de travailler son soi et sur son couple, de se changer pour être heureux, ce sont souvent les décisions des autres, celles sur lesquelles nous avons rarement prise, qui nous sapent! La fatalité. Réjeanne pourrait être Jacques le fataliste de Diderot! (4) Elle accepte et fait de son mieux jusqu’au moment où elle craque. Elle identifie alors un coupable : le coupable d’avoir brisé la poursuite de son bonheur « contre toute espérance » !

 

***

 

Des « idéalistes », des anarchistes, des socialistes, des intellectuels, des défavorisés, des politisés, des jeunes et des moins jeunes  manifestent contre ces façons de faire, mais on ne les prend pas au sérieux, car les médias les associent souvent à des « fauteurs de trouble », des « casseurs » ou des délinquants si quelques-uns dérapent. Ce sont même les dérapages, comme des jeunes qui brisent des vitrines et lancent des projectiles à la police, qui feront la manchette. Rarement ce qu’ils ont à dire.  Pendant que la télé nous montre un gros plan sur ces casseurs, le commentateur dit : « C’est effrayant mesdames et messieurs. Ces perturbateurs, quel dommage pour la démocratie! Quelle image donnent-ils de nous à l’élite économique qui est ici réunie. Des assistés sociaux que l’on paie et qui brisent tout. On devrait faire des camps  de travail … pour les éduquer! » 

 

Pendant ce temps, derrière des clôtures et des portes closes, on négocie le désengagement de l’État : privatisation et autres partenariats publics privés au menu. Si les anarchistes sont mal perçus, des anarchos capitalistes, en complet-cravate, décident de la privatisation de l’État sans que personne ne le voie! (5) Il n’y a jamais meilleur moyen de faire les choses que de le faire derrière un costume respectable! Pourtant, il ne faut pas confondre chaos et anarchie, voyous et anars! Comme l’a écrit Malatesta :

 

« Si nous croyons qu'il ne pourrait pas y avoir d'organisation sans autorité, nous serions des autoritaires, parce que nous préférerions encore l'autorité qui entrave et rend triste la vie à la désorganisation qui la rend impossible. » (6)

 

« Contre toute espérance », c’est peut-être chez ces anarchistes que l’on traite de casseur que l’on trouve pourtant les défenseurs des valeurs démocratiques auxquelles l’on dit tenir. Le rempart contre la marchandisation sociale qui fera qu’un jour vous ne serez plus citoyen, mais client! Acheter c’est voter! (7) Parlez-en en Chine, où vous avez droit de consommer, mais non de manifester votre opinion et votre dissidence!

 

***

 

L’individu prie pour éloigner la fatalité, mais s’implique rarement dans la sphère publique/politique pour changer les choses, cela à la plus grande satisfaction de l’élite économique qui profite de cet immobilisme. De ces croyances.

 

L’individu suit des règles de savoir-vivre, de bienséance et de vie en société, que ce soit de vitesse ou de civisme. Il y a ainsi des amendes pour cracher par terre comme pour traverser à un feu rouge! Mais, ces règles ne s’appliquent pas de la même manière dans la sphère économique. L’organisation peut vous balancer une mise à pied comme un coup de masse dans le front ou déverser des produits chimiques dans l’air, du simple fait que l’économie dispense de suivre des règles comme tout le monde. C’est l’impression qu’a Réjeanne, comme bien du monde d’ailleurs. Et dans cette économie de marché, où tout le monde est responsable,  personne ne l’est finalement.

 

« Contre toute espérance », c’est l’individu qui doit faire face à la musique (l’organisation sociale, économique et politique) seul! Il doit comprendre toutes ces oppositions de valeurs qui font que l’on parle de libre marché, mais qu’en même temps certains marchés sont interdits, comme celui de la drogue, pour des raisons de santé, alors que d’autres, tout aussi dangereux, sont permis, comme pour certains produits chimiques.

 

L’État, qui dit ne pouvoir entraver le marché, légifère pourtant dans bien des cas et subventionne bien des entreprises. Les dés sont pipés, mais rarement pour le citoyen, au nom du libre marché! Mais, s’il est libre, s’il s’agit d’une négociation réellement libre et ouverte entre le consommateur et le vendeur, essayez de négocier le prix d’achat de votre prochain plein d’essence juste pour voir! Là est le problème de notre temps : on nous présente à tort la dictature du marché, royaume des distributeurs, comme un libre marché! Ce n’est pas le cas.

 

***

 

L’individu et l’organisation, malgré les ressources de cette dernière par rapport à lui dans bien des cas, sont mis sur un pied d’égalité : des citoyens, l’entreprise étant maintenant un citoyen corporatif ayant les mêmes droits et obligations que le simple citoyen, mais avec davantage de ressource pour imposer son point de vue, même à tort! C’est ainsi que ces organisations peuvent faires des poursuites sans fondements, des SLAPP (8), juste pour faire taire un citoyen ou un groupe de citoyens qui défendent une cause sociale, environnementale ou économique par exemple. Mais, l’État hésite à intervenir pour des raisons d’égalité entre eux!  L’égalité tue l’équité, faudrait s’en rappeler.

 

Naturellement, si le citoyen se replie sur lui-même, au nom de son individualité, et est heureux de consommer, rien ne changera. Au contraire, on le traitera en client et de moins en moins en citoyen responsable, ce qu’il ne sera plus de toute façon. Et, « contre toute espérance », il se réveillera un jour sans paroles. Il ne pourra plus revendiquer. Il sera seul et atomisé. Il n’y aura plus de collectivité, que des individus se promenant comme des électrons libres d’un produit à un autre. On sera ce que l’on consomme ! Notre image ira de la marque de nos jeans à celle de notre voiture en passant par le lieu où on habite; les émissions que l’on écoute, que ce soit à la radio, à la télé ou en téléchargement; le journal qu’on lit; et même la blancheur de nos dents, gracieuseté de la marque de dentifrice que l’on prend!  

 

***

 

Le citoyen qui est victime de ce régime, comme Réjeanne ou Gilles, se révoltera un jour devant son écran de télé, surtout s’il se sent victime d’injustice. Parfois, il ira plus loin. Mais, ce sera toujours une action individuelle qui se résumera à un fait divers dans les médias. S’il y a mis la forme, il fera la première page et fera vendre de la copie! Il aura été consommé et consumé!  Au bout de quelques jours, on l’oubliera, les médias nous présentant un autre drame individuel sans liens avec lui. Vraiment?

 

Toutes ces histoires individuelles qui se répètent sans cesse ont des liens. Mais, on ne cherche pas à le savoir. On parle toujours de cas isolés, car cela empêche de faire un diagnostic de notre société et de son organisation. De regarder le système de trop près, car qui sait ce qu’on y trouverait! 

 

« Contre toute espérance », il me surprendrait qu’un jour on ne regarde plus  ces cas comme étant individuels, mais comme un signal d’alarme d’un malaise ou d’une désorganisation sociale plus profonde, car le système travaille fort à contenir cette insatisfaction et à tout faire pour qu’elle passe pour un problème personnel puisqu’il est bien plus facile de juger, de diagnostiquer et de traiter l’insatisfaction  individuelle que d’un groupe. La médecine traditionnelle peut alors soigner le malade, avec des antidépresseurs par exemple, et si le client préfère les approches alternatives, on le fera travailler sur ses émotions, chercher dans ses vies antérieures, communiquer avec des anges ou communier avec Dieu, ce qui lui donnera la force de surmonter cette épreuve! De toute façon, le marché lui offre ces alternatives. Mais, tout se résume toujours à SOI! Cela empêche de parler de la faillite du système et de l’incompétence des élites qui en sont à la tête! 

 

On n’incitera surtout pas le « malade » à travailler pour changer les choses, sauf d’un point de vue individuel. Quand prescrira-t-on l’organisation collective, la syndicalisation ou l’implication politique pour changer la donne? Jamais, car  toutes ces approches qui prennent en main l’individu, tant les plus traditionnelles que les nouvelâgeuses (9), ne sont pas gratuites et ne doivent pas voir ce système changer si elles veulent demeurer profitables. La petite pierre qui vous donnera la force d’accepter ce que votre patron vous fait, vous ne l’avez pas ramassé à la plage, mais acheté dans une exposition ou un commerce spécialisé à fort prix. Un sociologue, qui parlerait de problèmes socio-organisationnels face à un taux de « burn-out » ou de roulement trop élevé serait perçu comme un empêcheur de tourner en rond dans ce milieu! Et il en serait un, car, pour que les professionnels de la santé (médecins, psychologues, spécialistes, etc.), des services sociaux (intervenants et travailleurs sociaux), et des thérapies  alternatives (médecines alternatives, pop psycho, mystiques, etc.) vivent, il faut des malades individuels à traiter, non des groupes et encore moins des solutions collectives et préventives! Il ne faudrait surtout pas que les sociologues commencent à faire de l’intervention, de la sociologie clinique, ce qui pourrait amener une concurrence à un régime qui vit de  la maladie! Imaginez que les sociologues travaillent à éliminer les causes à la source, comme les causes du « burn-out » par exemple, et qu’on les écoute. Mieux vaut continuer à produire des victimes du travail en grand nombre et à les soigner individuellement pour faire tourner la roue de fortune! Ce n’est pas un hasard que la santé soit un secteur où la croissance est continue : c’est qu’on entretient bien la maladie!          

 

« Contre toute espérance », nous sommes les rouages qui font tourner le système économique et certains n’ont pas intérêt à ce que cela change. Que vous restiez dans votre mutisme ou non, on s’efforcera de vous remettre sur pied et de vous rendre fonctionnel à nouveau, mais on s’attaquera rarement à la source du mal! Il est plus rentable de produire des malades et de les soigner que de cesser d’en produire en s’attaquant à la racine du problème.  

 

***

 

Un film sur la vie et l’économie qui nous cuisine sans que l’on en soit conscient comme des grenouilles engourdies pendant qu’on les fait cuire à petit feu! Mais, aussi, un film sur l’amour; l’amitié, la grande; et la sensibilité des êtres, car on peut entretenir des relations d’amour et d’amitié pendant que l’on est en train de cuire! Pour changer les choses, il faut d’abord réaliser que l’on nous cuisine à petit feu. Mais, il faut aussi se regrouper, car individuellement on a rarement la force et les ressources pour combattre le système qui nous broie.

 

Notes

 

1. Garandeau, Mikaël, 1998, Le libéralisme, Paris: GF Flammarion, corpus; Albert, Michel, 1991, Capitalisme contre capitalisme, Paris: Seuil, l'histoire immédiate.

 

2. Malthus, 1803, Essai sur le principe de la population, cité par Bernard, Michel, 1997, L'utopie néolibérale, Québec: L'aut'Journal & Chaire d'études socio-économiques de l'UQAM, p. 55.

 

3.   « Bell Canada a causé un véritable choc en annonçant son intention de se départir de sa branche «assistance téléphonique», renforçant les préjugés négatifs à l'égard de la profession. Certes, Bell n'y a pas mis les formes. Associée avec Excel Global Services, la compagnie a créé une nouvelle entité, Nordia, qui, avec un effectif réduit, effectue le même travail que les traditionnelles téléphonistes de Bell, mais en divisant le salaire par deux et en jetant aux oubliettes les avantages sociaux dont bénéficiaient ses anciennes employées. » (Vincent Cormier, Création de milliers d'emplois dans les centres d'appels. Piège ou opportunité, Quartier Libre (Le journal indépendant des étudiants de l'Université de Montréal), 5.09.00 : http://www.ql.umontreal.ca/volume8/numero1/societe.html)

 

Sur le site de Nordia (http://www.nordia.ca/francais.html) on apprend qu’il s’agit d’une coentreprise fondée en 1999 par J-Telecom Interest Inc et Bell dont les « services en gestion des appels entrants incluent l'assistance annuaire (Canada / É.-U.), les services relais, la téléconférence, l'activation de téléphones cellulaires ainsi qu'une gamme complète de solutions sur mesure. »

 

4. Diderot, Denis, 1993 [écrit 1773, publié 1796], Jacques le fataliste, Paris: Bookking International.

 

5. Lemieux, Pierre, 1988, L'anarcho-capitalisme, Paris: PUF, «que sais-je?» Voir aussi le chapitre sur « le libertarisme » dans Arnsperger, Christian, et Van Parijs, Philippe, 2000, Éthique économique et sociale, France : La Découverte/repères.

 

6. Malatesta, E., "L'Agitazione", Ancône, Nos 13 et 14, 4 et 11 juin 1897, cité in Révolution et réaction, in Guérin, Daniel, 1970, Ni Dieu ni Maître, Paris: FM/petite collection maspero, tome III. Ce texte est aussi reproduit dans Chanlat, Jean-François, et Séguin-Bernard, Francine, 1983, L'analyse des organisations une anthologie sociologique, Tome 1, Les théories de l'organisation, Québec: éditions Préfontaine Inc.

 

7.   Acheter, c’est voter! C’est le titre d’un livre de Laure Waridel sur le cas du café paru chez Écosociété. (www.ecosociete.org/t90.html) Je l’ai entendu en entrevue, mais je n’ai finalement jamais lu le livre.

 

     C’est aussi un peu ce que nous dit Wal-Mart quand l’entreprise répond à ses détracteurs que « Les demandes ne cessent de croître pour l’établissement de nouvelles succursales Wal-Mart dans tout le pays. Wal-Mart Canada continuera de s'agrandir et de s’améliorer afin de mieux servir sa clientèle. » (www.walmart.ca/wps-portal/storelocator/Canada-About_Walmart.jsp?lang=fr) Donc, acheter chez Wal-Mart, c’est aussi voter pour Wal-Mart!

 

     J’ai quelques problèmes avec cette notion d’acheter, c’est voter, car parfois on ferait bien autrement, mais on ne le peut pas, les alternatives n’existant pas ou n’existant plus! Le vote est pipé. Acheter, ce n’est pas toujours voter!   

 

8. Strategic Lawsuit Against Public Participation ou SLAPP : www.taisez-vous.org/

 

9. Sur le modèle de moyenâgeuses nous avons pris la liberté de forger « nouvelâgeuses » ici!

 

Notes techniques

 

La direction de la photographie est confiée à Jean-Claude Labrecque, les décors sont signés par Gaudeline Sauriol, les costumes sont créés par Sophie Lefèbvre. L’enregistrement sonore est de Marcel Chouinard.

 

Produit par L’ACPAV, Contre toute espérance bénéficie du support de Téléfilm Canada et de la SODEC, des programmes de crédit d’impôt fédéral et provincial, avec la participation du Fonds Harold Greenberg et la collaboration de Radio-Canada et de Super Écran.

 

Le film est distribué au Canada et à l’étranger par les Films Séville.  

 
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Index

 

 

Commentaires livresques : Sous la jaquette!

 

 

Fortmann, Michel, Hervouet, Gérard, LegaultLes conflits dans le monde 2006. Rapport annuel sur les conflits internationaux, Albert (sous la direction de), 2006, Les conflits dans le monde 2006. Rapport annuel sur les conflits internationaux, Québec : Presses de l’Université Laval, 222 pages,

ISBN : 2-7637-8470-4, Prix :$ 25,00

 

INSTITUT QUÉBÉCOIS DES HAUTES ÉTUDES INTERNATIONALES, UNIVERSITÉ LAVAL, QUÉBEC

 

 

Commentaires de Michel Handfield (6 septembre 2007)

 

      Avec la présence de militaires québécois en Afghanistan c’est comme si une majorité de québécois prenaient davantage conscience qu’ils étaient dans le monde eux aussi. On le disait, mais là on a l’impression de le vivre. Que c’est plus réel. On prend pleinement conscience qu’il n’y a pas que l’économie qui est mondialisée, mais la politique aussi. On est d’ailleurs passé de l’ère de l’économie politique à celle de la géopolitique mondiale. Changement discret, mais très réel. Bienvenue sur la planète du XXIe siècle.

 

      D’un sens, on était un peu comme les États-Uniens, centré sur nous même, même si on se disait plus informé et multiculturel que nos voisins du Sud. Mais, suffit de regarder les côtes d’écoutes pour voir que les émissions d’informations et surtout d’affaires internationales n’atteignent jamais les côtes d’écoute des téléréalités. Le téléjournal de Radio-Canada est certainement loin derrière Star-Académie ou Loft-Story. J’en suis convaincu sans même voir les côtes d’écoute. Mais là, avec la participation canadienne en Afghanistan on n’a pas le choix que de se pencher sur ces questions au moins un peu, même dans les chaînes où l’information est davantage axée sur le local et le fait divers. Souvent sur une information spectacle, le divertissement faisant parfois partie de la nouvelle dans un mélange des genres. 

 

      Si l’Afghanistan retient l’attention, elle peut aussi amener des téléspectateurs à vouloir en savoir davantage que ce que la télé leur donne. Ils peuvent avoir le goût d’aller voir ailleurs. Et ailleurs, ils découvriront que d’autres conflits importants parsèment le globe. Que si certaines nouvelles sont rassurantes, d’autres sont plus inquiétantes. Comment s’y retrouver? C’est ce que ce livre permet, car il nous offre un survol bien documenté des conflits internationaux. 

 

      Naturellement, le spécialiste, l’étudiant ou l’érudit qui s’intéresse déjà aux affaires internationales y trouvera de l’information intéressante, concentrée et bien présentée. Des références aussi. Par contre, celui qui veut s’initier trouvera cela un peu plus difficile, mais intéressant, car le style est clair. Bien s’informer nécessite quand même un certain investissement de soi qui nous est remis au centuple quand on considère que l’on acquiert des connaissances en même temps. Comme le dit l’adage : « On se couchera moins niaiseux! » Ce n’est tout de même pas rien. 

 

      Par contre, j’ai un souhait pour les prochaines éditions de cet ouvrage : en faire une version CD-ROM, tout comme l’État du monde le fait, pour suivre l’évolution des conflits dans le monde dans leur durée. Ce serait fort intéressant pour le professionnel, mais aussi pour celui qui s’intéresse sérieusement aux affaires internationales.  

 

Hyperliens :

 

Site internet de l’INSTITUT QUÉBÉCOIS DES HAUTES ÉTUDES INTERNATIONALES, de l’UNIVERSITÉ LAVAL, QUÉBEC : www.iqhei.ulaval.ca/   

 

PRESSES DE L’UNIVERSITÉ LAVAL : www.pulaval.com

 

Arrière de couverture

 

Plus que jamais les turbulences accrues du système international exigent une mise en ordre et la nécessité de consigner pour la mémoire ce qui a du sens. Depuis vingt-quatre ans, Les Conflits dans le monde s’efforcent de rassembler en un bref volume les faits ayant marqué l’année écoulée. Cette rétrospective ne se limite cependant pas à une chronologie factuelle. Plus encore que d’autres bilans disponibles, cet ouvrage propose des synthèses originales tout en couvrant l’actualité des grands espaces régionaux. Ce livre s’adresse aux chercheurs, aux journalistes, aux étudiants, mais aussi aux personnes moins averties qui souhaitent comprendre l’actualité immédiate en la situant dans la continuité d’un mouvement plus long et dans l’espace élargi à chacune des grandes régions du monde.

 

Les professeurs Michel Fortmann, du Département de science politique de l’Université de Montréal et directeur du Groupe d’étude et de recherche sur la sécurité internationale (GERSI), Gérard Hervouet, du Département de science politique de l’Université Laval et directeur du Programme Paix et sécurité internationales à l’Institut québécois des hautes études internationales et Albert Legault, du Département de science politique de l’Université du Québec à Montréal et titulaire de la Chaire de recherche du Canada en relations internationales, se partagent désormais à tour de rôle la direction des Conflits dans le monde.

 

Ont aussi collaboré à cet ouvrage : Jacques Lévesque, professeur au Département de science politique de l’Université du Québec à Montréal et directeur de recherche au Centre d’études des politiques étrangères et de sécurité (CEPES), Gordon Mace, professeur au Département de science politique de l’Université Laval et directeur du Centre d’études américaines aux HEI, Marie-Joëlle Zahar, professeure au Département de science politique de l’Université de Montréal, Mamoudou Gazibo, professeur au Département de science politique de l’Université de Montréal ainsi que les associées de recherche, ou assistantes, Marilou Grégoire-Blais, (UQAM), Élise De Garie, (UdM), Chantal Lacasse, HEI, (U.Laval).

 

Biographie

 

Michel Fortmann, du Département de science politique de l'Université de Montréal et directeur du Groupe d'étude et de recherche sur la sécurité internationale (GERSI).

 

Gérard Hervouet, du Département de science politique de l'Université Laval et directeur du Programme Paix et sécurité internationales à l'Institut québécois des hautes études internationales.

 

Albert Legault, du Département de science politique de l'Université du Québec à Montréal et titulaire de la Chaire de recherche du Canada en relations internationales.

 

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Index

 

Spectacles/Arts/Musiques

 

13 à table

La gaîté des pavés

http://www.treizeatable.com/

 

Commentaires de Michel Handfield (6 septembre 2007)

 

Entrez dans le siteJ’ai assisté au lancement de cet album le  18 juillet et je l’ai écouté plus d’une fois depuis. La gaîté des pavés, ce n’est pas un pavé dans la marre! C’est un rock français avec des accents jazz et alternatifs. Qui aime la musique française y trouvera des accents connus. Sur l’Orchidée j’y trouvais d’ailleurs des airs de Fugain et du Big Bazar.  

 

Ce n’est pas triste, ni mélancolique. Au contraire. Si certaines pièces on de la douceur, comme l’Orchidée justement, d’autres peuvent faire sauter la baraque, comme les tempêtes, la crise ou la poudre d’escamptette, une expression que l’on connaît bien ici. 

 

Côté musique : guitare électrique, basse, drum, clavier trompette, saxo, accordéon, et j’en passe se mêlent pour donner ce son qui devrait les caractériser. Un album qui s’écoute bien; qui a du swing et du rock mêlé à une certaine tradition de la chanson française. Une poésie moderne, urbaine et contemporaine.

 

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Dominique Bouffard

www.dominiquebouffard.com/

 

Commentaires de Michel Handfield (6 septembre 2007)

 

Au lancement, il y avait un son rock. Sur l’album, j’ai trouvé cela davantage soft rock. Mais, les textes ont du rythme et sont un reflet de société. Ainsi, dans Minuit tapant, elle chante… 

 

 

« J'allume le téléviseur, mon repère à perdre le temps

Les chaînes s'enchaînent, du sexe ou du sang

Mon corps est engourdi, mon cœur espère le téléphone

La solitude est cruelle, j'attends l'automne

J'attends l'automne, la cervelle en escale » (Minuit tapant)

 

Critique de la télévision, que je trouve fort intéressante, surtout dans une société où le téléviseur est probablement la principale source d’informations, mais d’une information spectacle.

 

     Ses textes ne sont pas que des refrains comme des clips qui accrochent l’oreille sans substance. On y trouve du sens et de la poésie. Une poésie qui parle à la jeunesse :

 

« Toute seule sans alibi

Le cœur à marée basse

À songer à ma connerie

Qui faut que je ramasse

 

M'en voudras-tu longtemps?

Reviendras-tu un jour?

Mon remord est sanglant

Ton silence est trop lourd »

(Sans alibi)

 

Une poésie qui pourrait servir à l’école, car s’il est bien de savoir ses classiques, les contemporains aussi doivent être considérés ne serait ce que pour montrer que la culture a des racines et produit encore des fruits aujourd’hui, dont Dominique qui joue de la rime.

 

     Un CD qui s’écoute bien et des paroles qui se lisent tout aussi bien, ce qui n’est pas donné à tous. 

 

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Index

 

 

Cinéma et Théâtre

 

 

Attention : Dans les commentaires cinés, de théâtres ou de spectacles, les citations sont rarement exactes, car même si l’on prend des notes il est rare de pouvoir tout noter. C’est généralement l’essence de ce qui est dit qui est retenue, pas le mot à mot.

 

Je ne fais pas non plus dans la critique, mais dans le commentaire, car de ma perspective, ma formation de sociologue, le film est un matériel et nourrit une réflexion qui peut le dépasser. Certains accrocheront sur les décors, les plans de caméra,  le jeu des acteurs ou la mise en scène, ce qui m’atteint moins. Moi, j’accroche sur les problématiques qu’il montre et les questions qu’il soulève. Le film est un matériel sociologique, un révélateur social : psychosocial, socioéconomique ou sociopolitique par exemple. C’est ainsi que sur de très bons films selon la critique, je n’ai fait que de courts textes alors que sur des films qui ont décriés en cœur, j’ai pu faire de très longues analyses, car je n’ai pas la même grille, le même angle, qu’eux dans la tête. Je prends d’ailleurs des notes durant les projections de presse que je ne peux renier par la suite, même si je discute avec des confrères qui ne l’ont pas apprécié de la même manière que moi, car je travaille d’un autre angle. J’encourage donc le lecteur à lire plusieurs points de vue pour se faire une idée. Ce n’est pas un hasard si nos pages offrent plusieurs hyperliens de références, car cette diversité de points de vue est nécessaire. Il faut la protéger.

 

Michel Handfield 

 

 

SAUF LE RESPECT QUE JE VOUS DOIS, France

 

17 août 2007

 

J’ai vu ce film dans le cadre du FFM 2006 et il sort en salle aujourd’hui, à l’aube du FFM 2007! Revoici donc ce texte du 27 aout 2006! 

 

Michel Handfield

 

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Regards sur les cinémas du monde

2006 / 35 mm / Couleur / 90 min

 

26 août 2006 • 19:20:00 • CINÉMA QUARTIER LATIN 17 • L17.26.5 • Fr.

27 août 2006 • 14:40:00 • CINÉMA QUARTIER LATIN 17 • L17.27.3 • Fr.

 

ÉQUIPE PRODUCTION

Réalisateur :

Fabienne Godet

Scénariste :

Fabienne Godet, Franck Vassal

Photographie :

Crystel Fournier

Montage :

Françoise Tourmen

 

Interprètes : Olivier Gourmet, Dominique Blanc, Julie Depardieu, Marion Cotillard, Jeffrey Barbeau, Jean-Michel Portal, Jean-Marie Winling, Pascal Elso

 

 

À 40 ans, François a tout pour être heureux, une famille, un travail, des amis. Mais un tragique événement (le suicide de son collègue et ami, passé sous silence par l'entreprise) va remettre en question les principes qui régissent sa vie. François saura-t-il se réveiller et refuser ce qu'il juge maintenant intolérable? «Pourquoi, et surtout comment faisons-nous pour accepter l'inacceptable, encore et encore, y compris sur des petites choses de la vie quotidienne? De quels arrangements sommes-nous capables pour tolérer ce que nous jugeons moralement intolérable? Qu'est-ce qui fait qu'à un moment, un individu se soumet librement à quelqu'un qu'il ne respecte même pas? En filigrane: et si la normalité était du côté de celui qui se rebelle?» -- Fabienne Godet

 

Fabienne Godet

 

Née en 1964, Fabienne Godet a écrit et réalisé La Vie comme ça (1992), Un certain goût d'herbe fraîche (1994), Le soleil a promis de se lever demain (1996), La Tentation de l'innocence (1999), Le Sixième Homme (2005).

 

Commentaires de Michel Handfield (27 août 2006)

 

François aime son travail, mais se sent parfois à l’étroit entre travail et famille.  Il accepte.  Il subit la pression que cela cause à la maison et essai de tempérer, car il y a une désynchronisation entre la vie et le travail, le travail demandant de plus en plus de disponibilité au nom de la compétitivité.

 

Par contre, son meilleur ami, Simon, passe la famille en premier. Mais suite à son congédiement, il se suicidera! Cela le bouleversera. Mais ce qui le bouleversera davantage sera le silence qui suivra de la part des autres employés et de leur petit groupe d’amis du boulot, comme si c’était « as usual »! Comme s’il était normal que le système que les Hommes ont créé les broie. On a inventé la bête mythique. C’est ce que François découvre dans un éclair de lucidité; ce que les autres pourraient prendre pour une crise d’anxiété, une dépression ou un burn-out, mais ce n’est vraiment pas cela ici! C’est une crise de lucidité, je le répète.

 

Sauf que le problème est la canalisation de cette lucidité. Mal canalisée ou non canalisée, elle peut conduire à des gestes spontanés, parfois violents, que l’on ne voulait pas poser ou qui causent du mal par mésinterprétation! Après on doit vivre avec les conséquences de ces gestes, même si on ne les voulait pas. 

 

     Cependant, l’entreprise piège parfois sciemment ses membres pour les congédier. Elle les tue aussi; économiquement, socialement et psychologiquement. Réagir est-il un crime ou de la légitime défense? Mais comment le prouver. Serait-ce recevable en cour? La légitime défense n’existe pas face à une personne morale et ses représentants qui menacent notre  intégrité! Voilà peut-être une faille du droit. Mais qui a intérêt à la corriger? Certainement pas la classe dominante.

 

     Une partie de la salle a d’ailleurs applaudi à la fin du film, ce qui est rare au cinéma. Cela en dit beaucoup sur l’actualité du sujet à l’ère des scandales économiques, « dégraissages » (drôle de moyen de considérer ceux qui étaient nos « associés » il n’y a pas si longtemps encore) et des délocalisations d’usines. Un film qui devrait venir en salle. Je l’espère.

 

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Contre toute espérance

De Bernard Émond

(www.contretouteesperance.com)

En salle le 17 août

 

Version courte

(Une version longue se trouve dans la section essai)

 

Écrit et réalisé par Bernard Émond mettant en vedette Guylaine Tremblay (Réjeanne), Guy Jodoin (Gilles) et Gildor Roy (Claude, le meilleur ami de Gilles) dans les rôles principaux. 

 

Contre toute espérance est l’histoire d’une femme, Réjeanne (Guylaine Tremblay), qui perd son emploi de téléphoniste lorsque la multinationale pour laquelle elle travaillait depuis 20 ans met à pied mille travailleuses. Gilles (Guy Jodoin), son mari, vient d’être victime d’un ACV qui l’a laissé invalide et aphasique. Le couple n'arrive plus à joindre les deux bouts et doit vendre leur jolie maison de banlieue, le rêve de leur vie. Ils reviennent en ville et s’installent dans un petit logement. Réjeanne doit faire vivre son mari et accepte des emplois précaires et mal payés. Malgré l’amour et le dévouement de Réjeanne, Gilles s’isole et sombre peu à peu dans la dépression. Et puis un jour, tout bascule et Réjeanne en vient à vouloir tuer l'homme qu'elle croit responsable de ses malheurs.

 

Commentaires de Michel Handfield (16 août 2007)

 

      Réjeanne tire sur une maison de « Summit Circle » et se tait. Avec son mutisme commence l’enquête du Lieutenant Allard (René-Daniel Dubois) chargé de cette affaire. Avec lui, nous remontons le passé de ce couple sans histoire jusque-là; sans histoire, façon de dire, car tous ont une histoire. Nous découvrions la leur par petites touches en « flash-back ».

 

Histoire heureuse que la vie est venue chambouler, avec l’accident cardiovasculaire de Gilles, chauffeur de camion semi-remorque. Une fatalité contre laquelle on ne peut rien, sauf se battre et réapprendre à vivre. On n’a que l’espoir. L’espoir dans la médecine; en soi (lutter pour s’en sortir); et en plus grand que soi. L’espérance!  Mais, parfois cela ne fonctionne pas malgré tous nos espoirs, nos efforts et notre foi. « Contre toute espérance », rien n’y fait. C’est la première histoire de ce film, qui se passe beaucoup dans les silences et les regards.

 

  Le jeu de Guylaine Tremblay (Réjeanne) et de Guy Jodoin (Gilles), où l’émotion doit passer par les yeux et le geste plus que la parole, est exceptionnel à ce niveau. Celui de Gildor Roy, Claude, le meilleur ami de Gilles, qui veut le sortir de sa torpeur, l’est aussi. 

 

***

 

 L’accident de Gilles a changé Réjeanne. Elle est alors devenue plus humaine dans son travail de téléphoniste, ce qui la met dans le trouble, car elle prend la peine d’écouter davantage la détresse des gens; c’est-à-dire plus que les quelques secondes qui lui sont allouées pour répondre aux demandes d’assistance téléphonique, ce qui diminue son taux de productivité d’autant, même si ça augmente la satisfaction du client! Mais, c’est quoi être productif : satisfaire le client ou le nombre de clients que l’on expédie à l’heure? Dans la dictature des comptables, c’est la statistique, pas la satisfaction (qui est qualitative) qui compte. C’est alors que la main invisible de l’économie est venue frapper par derrière, avec des mises à pied massives pour les moins chanceuses, dans lesquelles se trouvait Réjeanne. Pour les plus chanceuses, c’est un « ticket » vers la nouvelle coentreprise, mais à la moitié de l’ancien salaire pour des raisons de compétitivité! Le tout s’est naturellement fait à la satisfaction de quelques-uns, les actionnaires, qui ont généreusement gratifié le président d’un boni pour le remercier de son excellente gestion du dossier!

 

C’est la seconde forme de fatalité dont parle le film : la fatalité économique! « Contre toute espérance », l’individu n’y peut rien, le tout étant décidé au-dessus de lui. D’ailleurs, même l’État présente la loi du marché comme une fatalité pour s’excuser de ne pas pouvoir faire grand-chose finalement! Si ce n’est pas le marché, c’est la mondialisation! Mais, qui la décide? Qui en négocie les règles? Pourquoi accepte-t-on le libre commerce et réduit-on toutes les barrières commerciales au lieu de négocier des barrières tarifaires pour tous les produits venant de pays non démocratiques; qui ne respectent pas un minimum de santé et sécurité au travail; qui n’offrent pas un minimum d’éducation publique et gratuite; et qui n’ont pas de règles environnementales par exemple? Ce serait une autre façon de penser la mondialisation et de l’appliquer, sauf qu’elle ne serait pas profitable à quelques-uns, mais à une majorité. N’est-ce pas cela l’essence de la démocratie : le gouvernement du peuple!

  

***

 

Un film sur la vie et l’économie qui nous cuisine sans que l’on en soit conscient comme des grenouilles engourdies pendant qu’on les fait cuire à petit feu! Mais, aussi, un film sur l’amour; l’amitié, la grande; et la sensibilité des êtres, car on peut entretenir des relations d’amour et d’amitié pendant que l’on est en train de cuire! Pour changer les choses, il faut d’abord réaliser que l’on nous cuisine à petit feu. Mais, il faut aussi se regrouper, car individuellement on a rarement la force et les ressources pour combattre le système qui nous broie.

 

Notes techniques

 

La direction de la photographie est confiée à Jean-Claude Labrecque, les décors sont signés par Gaudeline Sauriol, les costumes sont créés par Sophie Lefèbvre. L’enregistrement sonore est de Marcel Chouinard.

 

Produit par L’ACPAV, Contre toute espérance bénéficie du support de Téléfilm Canada et de la SODEC, des programmes de crédit d’impôt fédéral et provincial, avec la participation du Fonds Harold Greenberg et la collaboration de Radio-Canada et de Super Écran.

 

Le film est distribué au Canada et à l’étranger par les Films Séville.  

 

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THE LAST LEGION  /  LA DERNIÈRE LÉGION  (101 min)

SORTIE  EN SALLE : vendredi 17 août

www.lastlegion-movie.com/

Réalisateur: Doug Lefler

Distribution: Colin Firth, Ben Kingsley, Aishwarya Rai

 

Le Romain Romulus  Augustus, âgé de douze ans seulement, quitte son pays tombé en ruines et part pour l'Angleterre, à la recherche de la dernière légion....

 

Commentaires de Michel Handfield (15 août 2007)

 

     La légende du roi Richard avant le roi Richard! La notion de cœur pur qui a traversé l’histoire de César à Richard cœur de lion. Il y a filiation entre les deux! Comme il y a filialité entre les empires romains et britanniques. Avec Merlin et ES Calibur, qui ont traversé le temps!

 

     On est dans les mythes fondateurs, au croisement de l’histoire et de l’anthropologie. Film grandiose fait avec les moyens d’aujourd’hui. J’ai pris peu de notes, mais j’ai apprécié.

 

À souligner Aishwarya Rai, cette actrice indienne dont les yeux crèvent toujours l’écran!

 

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Index

 

Spécial FFM

 

UN SECRET  France

Compétition mondiale

2007 / 35 mm / Couleur / 110 min

 

Réalisateur : Claude Miller

Scénariste : Claude Miller, Natalie Carter. D'après le roman dePhilippe Grimbert

Interprètes : Mathieu Amalric, Patrick Bruel, Cécile de France, Julie Depardieu, Ludivine Sagnier, Annie Grégorio, Robert Plagnol, Yves Jacques, Laurent Lafitte, Olivier Forest, Joffrey Platel

 

La vie d'une famille juive pendant et après la Seconde Guerre mondiale. Fils unique, Philippe a toujours eu la sensation qu'il avait un frère. Sous les apparences d'une existence tranquille avec ses parents Maxime et Tania, le non-dit règne et les confidences sont évitées. Mais un terrible secret va peu à peu se dévoiler, remontant à la période de l'Occupation. Car à l'origine, Maxime et Tania étaient en fait beau-frère et belle-soeur. Passionnément et secrètement amoureux, ils avaient tenté de s'oublier jusqu'à ce que la guerre les rattrape. Et la culpabilité familiale liée à leurs sentiments va s'aggraver dramatiquement avec les bouleversements de l'Histoire et la déportation des Juifs.

 

«Ce qui m'a particulièrement plu dans UN SECRET, c'est qu'il s'agit d'une histoire de passion amoureuse et adultère, avec tout ce que ça comporte d'amoralité, c'est-à-dire qu'elle ne s'encombre pas de scrupules. De plus, cette histoire se passe sur fond de Shoah, elle n'aurait pas eu du tout le même retentissement si elle n'avait pas eu lieu à cette période, c'est ce qui la rend très bouleversante.» -- Claude Miller

 

Claude Miller

 

Né à Paris en 1942, Claude Miller a étudié à l'IDHEC et enseigne à la FEMIS, l'école de cinéma en France. Assistant de Jean-Luc Godard et de François Truffaut, il s'impose ensuite par une oeuvre originale et empreinte d'une profonde sensibilité. Il est membre du jury au Festival de Cannes en 2002. À l'automne 2003, il est invité à donner des cours de cinéma français dans des institutions d'enseignement supérieur américaines. Parmi ses films, citons: LA MEILLEURE FAÇON DE MARCHER (1976), DITES-LUI QUE JE L'AIME (1977), L'EFFRONTÉE (1985), LA PETITE VOLEUSE (1988), L'ACCOMPAGNATRICE (1992), LE SOURIRE (1994), LA CLASSE DE NEIGE (1998), LA CHAMBRE DES MAGICIENNES (2000), BETTY FISHER ET AUTRES HISTOIRES (2001), LA PETITE LILI (2003).

 

2 septembre 2007 • 09:30:00 • CINÉMA QUARTIER LATIN 9 ÉCRAN LA PRESSE • L9.02.1 • Fr. s.t.a.

3 septembre 2007 • 19:00:00 • THÉATRE MAISONNEUVE • TM.03.1 • Fr. s.t.a.

 

Commentaires de Michel Handfield (5 septembre 2007)

 

     D’abord, ce film s’inspire de faits réels et la musique est de Preisner (www.preisner.com/), un compositeur que j’aime bien. C’est lui qui a fait la trame du Jardin secret et de la double vie de Véronique par exemple.

 

     Ce film mêle le noir et blanc pour ce qui est contemporain et la couleur pour les retours en arrière, car on nous raconte une histoire vécue. L’histoire d’un secret. On remonte donc avant la guerre 39-45 pour comprendre. Pour comprendre qui est Philippe et qui sont ses parents, Maxime et Tania. Quel fut leur passé, car Philippe cherche à savoir s’il a déjà eu un frère. Il en a l’impression. Mais, pourquoi le lui aurait-on caché, si tel était le cas? Il fallait que ce soit quelque chose de peu banal. C’est ce que nous découvrirons avec Philippe, qui nous entraîne dans une histoire remarquable ici; bien tournée et bien jouée. Ce n’est pas pour rien que ce film s’est partagé le Grand prix des Amériques avec BEN X que nous avons aussi aimé.

 

     C’est un retour aux idéologies, où la religion pouvait être une marque indélébile. Juifs, ils étaient marqués, sauf Maxime, le père de Philippe, car il se considérait davantage Français que juif et ne s’est jamais rapporté comme tel. Il refusait d’être Yid, pour Yiddish, alors que les autres s’en faisaient une fierté. Cela amena des conflits familiaux, mais le sauva, lui.

 

     Ce film nous fait réaliser qu’on en sait finalement très peu sur nos origines et nos parents. On sait ce qu’ils nous ont dit, mais est-ce vrai? Que peuvent-ils avoir fait avant nous? Que peuvent-ils nous avoir caché? Le secret, c’est probablement le propre de plusieurs familles. Et on ne s’en doute même pas.

 

     Un film tout en douceur et fort en même temps, sur lequel j’ai délibérément choisi de ne pas trop en dire. En fait, j’ai éliminé la moitié de mes notes dans cette rédaction, car vous auriez du plaisir à le découvrir par petites touches de couleurs. Comme il a été fait; comme une toile de Monet. À la fin on a une vue d’ensemble très claire.  

 

     J’espère qu’il sortira en salle au Québec prochainement.

 

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WAL-MART NATION

Canada

Documentaires du monde

2007 / Vidéo / Couleur / 62 min

 

Réalisateur : Andrew Munger

 

Voyage à la première personne dans le controversé mais toujours fascinant univers du mouvement activiste anti-Wal-Mart. On peut soutenir qu'il s'agit de l'une des corporations les plus influentes du monde. Ses pratiques bureaucratiques sont en train de refaçonner la façon dont les individus travaillent, font leurs courses et vivent. Dans le monde d'aujourd'hui, aucune compagnie n'a été aussi dénigrée. Un peu partout aux États-Unis, des syndicats, des environnementalistes, des féministes et des groupes sociaux sont en lutte constante avec cette corporation. WAL-MART NATION montre quelques une de ces luttes, alors que les cinéastes se demandent si l'activisme en soi peut à ce point changer une compagnie que certains considèrent comme une corporation criminelle.

 

Andrew Munger

 

Documentariste travaillant principalement à Toronto, Andrew Munger a réalisé plusieurs films produits par sa compagnie, Ultramagnetic Productions. Parmi ses réalisations, soulignons Rumours of War (1990), Make Some Noise (1994), Xanadu: In Search of Domestic Perfection et Campaign: The Making of a Candidate (2004). Ses productions ont été diffusées à la CBC, ainsi que dans les chaînes History Channel, Discovery Channel, Vision TV, TV Ontario et Canwest Global.

 

31 août 2007 • 11:30:00 • CINÉMA QUARTIER LATIN 14 ÉCRAN ESKA • L14.31.2 • Ang.

31 août 2007 • 19:30:00 • CINÉMA QUARTIER LATIN 14 ÉCRAN ESKA • L14.31.6 • Ang.

1 septembre 2007 • 15:30:00 • CINÉMA QUARTIER LATIN 14 ÉCRAN ESKA • L14.01.4 • Ang.

 

Commentaires de Michel Handfield (4 septembre 2007)

 

Wal-Mart. En quelques décennies cette entreprise est devenue l’une des plus grosses corporations du monde, ce qui fait qu’elle suscite plus de résistance que les autres entreprises disent ceux qui la défendent. Mais, ses agissements, sa façon de vouloir faire la loi, font en sorte qu’elle suscite du mécontentement chez des citoyens ahuris de voir que leurs gouvernements disent ne rien pouvoir faire face à la mondialisation – c’est le marché! – alors qu’une entreprise peut pourtant imposer ses façons de faire au marché!

 

Ce film fait donc le tour des récriminations envers Wal-Mart et des actions citoyennes contre cette entreprise. Mais, il donne aussi la parole à Wal-Mart. De leur côté les cadres de l’entreprise répondent que « Si Wal-Mart était si mauvais, pourquoi tant de gens magasineraient chez-nous? » Bref, acheter c’est voter! On pourrait par contre dire la même chose du gras ou du sucre : « si c’était si mauvais, pourquoi tant de gens en mangent? » Ce n’est donc pas parce qu’une chose est populaire qu’elle est bonne. Pensons à la cigarette : elle n’était pas meilleure pour la santé quand elle était populaire! Mais, la mythologie de Sam Walton, les sert! Comme le prix le plus bas! Mais cela a un prix : des bas salaires et des délocalisations de travail vers les pays en développement, où les normes sont inférieures. C’est la face cachée de cette politique que le client ne voit pas. 

 

Leurs principaux alliés sont certainement les clients à  faibles revenus et la classe  moyenne inférieure, sauf pour les plus politisés probablement, car ils chercheront des réseaux alternatifs où s’approvisionner. C’est mon cas et Wal-Mart sera mon dernier choix si je n’ai pas trouvé ce que je cherchais ailleurs ou un produit équivalent, ce qui fait que je fréquente très peu ce magasin. Mais, comme tout le monde, je ne peux dire fontaine je ne boirai pas de ton eau même si je fais mon possible.

 

Wal-Mart a aussi écrit le livre sur comment tenir les syndicats à l’extérieur de l’entreprise et les femmes hors des postes de direction semble-t-il. Mais, cela n’empêche pas les gens de s’organiser et plusieurs poursuites ont été entreprises contre Wal-Mart depuis. D’autres suivront certainement, car de voir des opposants lutter contre Wal-Mart en incite d’autres à se joindre au mouvement et Wal-Mart fait ainsi face à une opposition de plus en plus organisée à travers la planète. Ou cette corporation continuera dans la même voie, ou elle changera. Mais, si elle s’entête, d’autres entrepreneurs feront comme Sam Walton l’a déjà fait et proposeront certainement une alternative… à Wal-Mart!

 

Quelques hyperliens choisis, car des recherches sur Yahoo, Google ou MSN donnent des milliers d’entrées :

 

Le site du film : www.walmartnation.com/

 

Wal-Mart : www.walmart.com/

Wal-Mart facts (une branche du site de Wal-Mart): www.walmartfacts.com/

 

Le site d’Al Norman, « number one enemy » de Wal-Mart : www.sprawl-busters.com/

 

America’s campaign to change Wal-Mart: www.wakeupwalmart.com

 

Wal-Mart Watch: http://walmartwatch.com/

 

Wal-Mart Workers Unite, the website dedicated to Teamsters organizing at Wal-Mart : www.teamster.org/divisions/warehouse/walmart/walmartworkersunite.asp

 

Union Network International (UNI) Wal-Mart Campaign :

www.union-network.org/unisite/sectors/commerce/Multinationals/wal_mart_campaign_index_page.htm

 

Droits syndicaux/Wal-Mart: www.droitssyndicaux.ca/WalMart.html

 

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THE GRAY MAN  États-Unis

Compétition mondiale des premières oeuvres

2007 / 35 mm / Couleur / 97 min

 

Réalisateur : Scott Flynn

Scénariste : Colleen Cochran, Lee Fontenella

Interprètes : Patrick Bauchau, Jack Conley, Silas Weir Mitchell, John Aylward, Jillian Armenante, Mollie Milligan, Lexi Ainsworth, Vyto Rigins, Shaun Senter, Eric Parker, Ben Hall

 

Hamilton Fish (alias Albert Fish), 55 ans, est le père de six enfants qu'il a élevés tout seul lorsque sa femme est partie pour aller vivre avec leur pensionnaire. Menteur compulsif, il correspond avec les femmes par le biais des rubriques «rencontres» de certains magazines. Il n'hésite pas à faire la cour à plusieurs d'entre elles sous de faux prétextes, et arrive même à en épouser quelques-unes, même si de façon légale, il est toujous marié. Très vite, néanmoins, les femmes sont dégoûtées par les perversions sexuelles qu'il manifeste ouvertement. Ayant toujours vécu selon ses convictions religieuses, Fish constate cependant qu'il est sur le point de se laisser totalement aller à ses tendances sadomasochistes. Même si en apparence, il donne l'impression d'être un grand-père affable et bienveillant, il n'en demeure pas moins que Fish est en vérité un tueur en série d'enfants, et qu'il cannibalise ses victimes. En 1934, on l'arrête pour l'enlèvement et le meurtre, commis en 1928, de Grace Budd. Jugé coupable, et malgré des preuves irréfutables prouvant un cas d'insanité, le verdict est irrémédiable.

 

Scott Flynn

 

Comédien connu, notamment auprès du public anglais, gràce à ses prestations scéniques d'oeuvres classiques et contemporaines, Scott Flynn étudie le cinéma à la New York Film Academy. Reconnaissant ses talents pour l'image numérique, la Sierra Entertainment et la Sony Europe l'engagent en tant que conseiller technique pour leurs jeux vidéo Swat et Global Strike Force. THE GRAY MAN est son premier long métrage de fiction.

 

31 août 2007 • 11:00:00 • CINÉMA QUARTIER LATIN 17 ÉCRAN 98.5 FM • L17.31.2 • Ang.

31 août 2007 • 22:00:00 • CINÉMA QUARTIER LATIN 17 ÉCRAN 98.5 FM • L17.31.7 • Ang.

1 septembre 2007 • 17:40:00 • CINÉMA QUARTIER LATIN 17 ÉCRAN 98.5 FM • L17.01.5 • Ang.

2 septembre 2007 • 15:20:00 • CINÉMA QUARTIER LATIN 17 ÉCRAN 98.5 FM • L17.02.4 • Ang.

 

Commentaires de Michel Handfield (4 septembre 2007)

 

L’actrice qui a parlé avant la projection a dit « Ces événements se sont passés pour vrai, garder ça en tête! »

 

Battu à l’orphelinat, parce qu’il était une âme perdue, Albert Fish a développé un goût et un plaisir de la souffrance pour exulter le mauvais. Il se torture en punition, comme il était torturé à la crèche, se fouettant et se lacérant  régulièrement. Folie, don de la religion! Il dira d’ailleurs « Blame the father of passion, not the man! »

 

Était-il conscient du mal qu’il faisait? J’en doute, car il dira que « Ce que je faisais était bien sinon un ange serait venu m’arrêter! » Ainsi, ces enfants n’étaient pas des anges et méritaient ce qui leur arrivait puisque l’ange n’est pas venu l’arrêter un peu comme lui méritait d’être battu à répétition à l’orphelinat, l’ange n’étant pas intervenu pour retenir la main de ces bourreaux d’enfants, d’autant plus que c’était probablement des organisations religieuses!

 

     Son manège a duré des années et il aura fallu un policier coriace et entêté pour mener cette enquête à bien, car il est difficile d’identifier un criminel solitaire; et ce l’était probablement encore davantage à cette époque, soit bien avant la police scientifique telle qu’on la connaît aujourd’hui. C’est d’ailleurs le personnage de ce policier qui fait la narration de l’histoire.

 

Au milieu des gens, il pouvait avoir un air si honnête qu’il ne soulevait aucune crainte. On lui faisait confiance, surtout qu’il avait l’air d’un  grand père généreux. Et comme il choisissait ses victimes dans des milieux défavorisés et qu’il donnait de l’argent aux enfants devant la mère, cela n’élevait pas les soupçons. Au contraire, l’argent les attendrissait et facilitait son action, car elle achetait la confiance et l’espoir qu’il leur en laisserait un peu plus s’il s’attachait aux enfants. Un fou fin pour atteindre ses buts. 

 

Des crimes, on en voit peu, mais c’est comme on si on les voyait, car ils sont bien suggérés. Cela a son effet.

 

Un excellent film sur un fait réel et toujours d’actualité, car il y a toujours un certain pourcentage de maniaques parmi nous, certains plus dangereux que d’autres. Comment les identifier? Comment les arrêter? Comment mettre les enfants en garde? Des questions toujours d’actualité, mais difficile à répondre encore aujourd’hui. Nous n’avons qu’à penser à la disparition de  Cédrika Provencher arrivée il y a quelques semaines seulement. (1) 

 

Note:

 

1 www.missingchildren.ca/Files/AfficheCedrikaProvencher.pdf

 

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SAMIRA FI ADAYAA Maroc

Compétition mondiale

2007 / Vidéo / Couleur / 96 min

 

Réalisateur : Latif Lahlou

Scénariste : Latif Lahlou. D'après le roman Vieilles filles de Brahim Hani

Interprètes : Sanaa Mouziane, Mohamed Khouyyi, Youssef Britel, Mohamed Majd

 

Se marier est devenu la raison d'être de Samira. Son père réussit à lui trouver un mari, un exploitant agricole veuf et sans enfant. Très vite, Samira découvre que son mari est impuissant. En fait, il l'a épousée pour rester en accord avec les conventions sociales et en faire une infirmière aidant son neveu Farouk à prendre soin de son père. Le manque d'affection et d'intérêt sexuel de son mari deviennent insupportables pour Samira, ce qui l'oblige, pour rester femme et résister à la perte totale de sens que son mariage induit, à combler ses vides par des fantasmes. Au fil des jours, elle commence à s'intéresser au jeune Farouk, quelque peu effarouché par les avances de Samira qui finit par l'entreprendre dans une relation amoureuse foudroyante. Le mari devinant la nature de la relation qui s'établit entre sa femme et son neveu, chasse ce dernier sans le ménager et malgré les supplications de sa femme. Samira est livrée aux affres de l'esseulement, écartelée entre ses besoins d'affection et l'indifférence d'un mari qui se mue en geôlier.

 

Latif Lahlou

 

Né à El Jadida (Maroc) en 1939, Latif Lahlou est diplômé de l'IDHEC. En 1959, il étudie la sociologie à la Sorbonne et rejoint, en 1960, le Centre de cinéma marocain, assurant le montage de plusieurs films et de reportages sur la vie à la campagne marocaine. Au milieu des années 60, il est directeur des programmes à la Télévision marocaine où il réalise deux séries documentaires et plusieurs émissions en direct. En 1972, il fonde une société indépendante, CINETELEMA, et se consacre à la réalisation et à la production. Monteur, scénariste, producteur et réalisateur, on lui doit plusieurs courts métrages, de nombreux téléfilms, ainsi que les films de long métrage SOLEIL DE PRINTEMPS (1970), LA COMPROMISSION (1985), MUR DE SABLE (2003), ÉCRIVAIN À LA DEMANDE (2005).

 

27 août 2007 • 11:20:00 • CINÉMA IMPÉRIAL • CI.27.2 • Arabe s.t.f.

27 août 2007 • 20:30:00 • THÉATRE MAISONNEUVE • TM.27.2 • Arabe s.t.f.

28 août 2007 • 16:30:00 • CINÉMA IMPÉRIAL • CI.28.4 • Arabe s.t.f.

 

Commentaires de Michel Handfield (1er septembre 2007)

 

Samira doit se marier. Son copain refusant de s’engager, elle accepte un mariage arrangé par son père et approuvé par sa mère, qui lui dit qu’« une fille qui a une tête sait se caser pour être bien! »

 

Rapidement, à vivre à côté de cet homme, elle voit bien que quelque chose ne va pas! Il voulait une épouse pour s’occuper de son vieux père, car, sexuellement, il est impuissant ou sans désir. Il ne peut l’honorer! Mais, il ne veut pas entendre de récriminations ni de reproches, comme si les filles devaient être élevées pour servir et surtout ne pas parler de ça. Mais, son problème est aussi celui de Samira, car elle ne se possède plus.

 

Comme le jeune neveu de cet homme partage leur demeure, on lit rapidement le désir de Samira. Ils sont à peu près du même âge et il est beau garçon. Il ferait bien l’affaire, surtout qu’elle s’ennuie et qu’elle est en manque. C’est beau d’être élevé dans une culture de soumission, mais les désirs et les sens ne se refrènent pas toujours. C’est naturel, d’où l’interdit de la religion finalement, car il faut se mortifier pour être heureux plus tard dit-on. Le naturel, c’est le mal. C’est ainsi que la religion détourne souvent la réalité dans un objectif de dépassement, mais qui n’est pas toujours réaliste ni réellement atteignable sauf à quelques-uns. Et même là, ils trichent peut être, comme certains religieux qui ont eu des relations pédophiles par exemple ou encore des politiciens de droite qui sont prompt à condamner les autres, mais dont la morale n’est pas exempte de tous vices. Cela s’est vu et se verra encore dans l’actualité.  

 

Samira en viendra à poser la question essentielle à son mari, qui ne l’acceptera pas et refusera toujours de répondre : pourquoi accepte-t-on de vivre dans un monde de mensonge? Pour les convenances, la religion, celle qui met tout ce qui est naturel interdit? Et le mensonge, lui? Il n’est pas interdit! Cela la révolte. La même chose est vraie de toutes les religions. Des chrétiens, comme George W. Bush, n’ont-ils pas fait des guerres sur des mensonges? Le film ne parle pas de ça, mais la question qu’il pose, par l’intermédiaire de Samira, l’englobe. Et si les électeurs votent pour un menteur reconnu, est-ce dire que la société est aussi construite sur le mensonge? Et si le péché originel n’était pas le péché, mais le mensonge originel?

 

Ce sont là des questions philosophiques que tous n’auront pas à la vue de ce film. Mais, peu importe que l’on regarde ce film avec un tel angle ou juste comme un bon divertissement, on sera bien servi. En plus de nous faire voyager dans une autre culture, ce film est aussi d’une sensualité rare. Sanaa Mouziane, qui joue Samira, est excellente et belle à voir dans ce rôle.

 

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MEIN FUHRER - DIE WIRKLICH WAHRSTE WAHRHEIT UBER ADOLF HITLER (MON FUHRER: LA VÉRITÉ VRAIMENT LA PLUS VÉRITABLE À PROPOS D'ADOLF HITLER)

Allemagne

Hors Concours

2007 / 35 mm / Couleur / 95 min

 

Réalisateur : Dani Levy

Scénariste : Dany Levy

Interprètes : Helge Schneider, Ultich Muhe, Sylvester Groth, Adriana Altaras, Stefan Kurt, Ulrich Noethen

 

C'est le 25 décembre 1944. Berlin est en ruines. La guerre semble totalement perdue. Le Dr. Joseph Goebbels, ministre de la propagande, sait que le pays doit faire un effort et il a même une idée. À l'occasion du Nouvel An, le Fuhrer doit tenir un discours enflammé; ses paroles seront propagées dans tout le pays par les caméras des actualités et mobiliseront à nouveau les masses. Mais Adolf Hitler n'est que l'ombre de lui-même. Démoralisé et déprimé, il se terre dans son bureau et évite une apparition publique. Le seul homme qui puisse encore faire quelque chose, c'est le comédien juif Adolf Grunbaum, qui donna des courts d'art dramatique à Hitler au début de sa carrière politique. Goebbels fait venir Grunbaum et toute sa famille du camp de concentration de Sachsenhausen. En cinq jours, Hitler doit avoir retrouvé le meilleur de sa forme.

 

Dani Levy

 

Né à Bâle (Suisse) en 1957, Dani Levy s'installe à Berlin où il joue, entre autres, au théâtre pour enfants Rote Grutze. Comédien, réalisateur, assistant et auteur de productions télévisées, il réalise son premier long métrage en 1986, DU MICH AUCH, plusieurs fois primé dans diverses manifestations cinématographiques et présenté au Festival des films du monde de Montréal. Il est fondateur de X Filme Creative Pool. Sa filmographie comprend, entre autres: ROBBYKALLEPAUL (1989), I WAS ON MARS (1991), STILLE NACHT (1995), MESCHUGGE (1997), VÄTER (2002), ALLES AUF ZUCKER! (2005).

 

28 août 2007 • 21:30:00 • CINÉMA IMPÉRIAL • CI.28.6 • s.t.a.

29 août 2007 • 15:40:00 • CINÉMA QUARTIER LATIN 9 ÉCRAN LA PRESSE • L9.29.4 • s.t.a.

30 août 2007 • 13:00:00 • CINÉMA QUARTIER LATIN 9 ÉCRAN LA PRESSE • L9.30.3 • s.t.a.

31 août 2007 • 20:40:00 • CINÉMA QUARTIER LATIN 9 ÉCRAN LA PRESSE • L9.31.6 • s.t.a.

 

Commentaires de Michel Handfield (1er septembre 2007)

 

     Cela semble une fiction et une caricature, mais ce film montre parfaitement ce qu’est la manipulation : le maquillage de la réalité dans un but idéologique. Comme une caricature, ce film tient néanmoins un propos éditorial important.

 

     Basé sur des faits ou totalement fictif, je ne sais pas, mais je croirais que c’est un mélange des deux. Les spécialistes débattront de cette question pendant que le public appréciera ce film! 

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Les Intestins de la terre France

Documentaires du monde

2006 / Vidéo / Couleur / 13 min

 

Réalisateur : Olivier Barbier

Scénariste : Olivier Barbier

Le rôle essentiel du ver de terre dans l'écosystème. Avec la mécanisation du travail de la terre et l'usage massif d'engrais, cette espèce, la plus répandue de la planète, est pourtant menacée, entraînant des effets négatifs sur l'environnement.

 

Olivier Barbier

 

-- Ce film, primé au Festival international du film nature et environnement de Grenoble, est la première réalisation d'Olivier Barbier, qui signait également en 2007 le court métrage Si loin. Si proche.

 

29 août 2007 • 15:40:00 • CINÉMA QUARTIER LATIN 9 ÉCRAN LA PRESSE • L9.29.4 • Fr. s.t.a.

30 août 2007 • 13:00:00 • CINÉMA QUARTIER LATIN 9 ÉCRAN LA PRESSE • L9.30.3 • Fr. s.t.a.

31 août 2007 • 20:40:00 • CINÉMA QUARTIER LATIN 9 ÉCRAN LA PRESSE • L9.31.6 • Fr. s.t.a.

 

Commentaires de Michel Handfield (1er septembre 2007)

 

Ça fait 700 millions d’années que le ver de terre est présent presque partout sur la Terre, sauf aux pôles et dans le désert. Il y en a qui peuvent même atteindre 3 mètres de long dans certaines régions du globe. Et où il y en a peu, à cause de certains engrais, pesticides ou de la  contamination du sol, le sol se dégrade inéluctablement.

 

Le ver est essentiel à la régénération des sols, mais aussi à son drainage, par ses nombreux tunnels qui ne servent pas seulement qu’à l’aérer! Le manque de ver de terre peut donc être responsable de l’érosion des sols et même d’inondations, aussi surprenant que cela puisse  paraître. Un film qui nous permet d’en apprendre davantage  sur cet habitant de nos jardins qui vit sur cette planète depuis bien plus longtemps que nous. Nous ne sommes là que depuis 2,5 millions d’années environs, soit bien peu de temps comparé à notre lombric domestique. Un sujet surprenant, mais un film fort intéressant.

 

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AUTOPILOTEN Allemagne

Regards sur les cinémas du monde

2007 / 35 mm / Couleur / 106 min

 

Réalisateur : Bastian Guenther

Scénariste : Bastian Guenther

Interprètes : Charly Huebner, Wolfram Koch, Walter Kreye, Manfred Zapatka, Susanne-Marie Wrage

 

Quatre personnages tentent de vivre en accord avec leurs idéaux. Georg, entraîneur dans une équipe de soccer doit gagner le match de ce soir s'il tient à conserver son poste. Il découvre néanmoins que les mécanismes bureaucratiques de son métier se retournent contre lui. Dieter, journaliste-pigiste, est à la recherche d'images à sensation. Il aime son fils, qui vit avec son ex-femme, Rita, mais n'a pas beaucoup de temps à lui consacrer. Joerg, vendeur dans une boîte d'équipements pour salles de bain, ressent que la solitude lui pèse de plus en plus et n'arrive pas à composer avec sa double existence. Heinz, chanteur pop vieillissant doit se résoudre à de menus contrats. Ils sont malgré eux les héros d'une profonde insécurité qui ne cesse de les hanter.

 

Bastian Guenther

 

Né à Hachenbourg (Allemagne) en 1974, Bastian Guenther étudie la littérature anglaise, les sciences sociales et l'éducation physique et sportive à l'Université de Cologne, ainsi que le cinéma. Il travaille ensuite comme assistant sur plusieurs productions cinématographiques, et comme pigiste au réseau WDR/Phoenix de Cologne. Avec AUTOPILOTEN, il signe son premier long métrage de fiction.

 

24 août 2007 • 12:30:00 • CINÉMA QUARTIER LATIN 17 ÉCRAN 98.5 FM • L17.24.1 • s.t.a.

25 août 2007 • 21:40:00 • CINÉMA QUARTIER LATIN 17 ÉCRAN 98.5 FM • L17.25.6 • s.t.a.

26 août 2007 • 13:40:00 • CINÉMA QUARTIER LATIN 17 ÉCRAN 98.5 FM • L17.26.3 • s.t.a.

3 septembre 2007 • 12:20:00 • CINÉMA QUARTIER LATIN 17 ÉCRAN 98.5 FM • L17.03.2 • s.t.a.

 

Commentaires de Michel Handfield (28 août 2007)

 

« Pilote automatique », c’est la première réflexion que j’ai eu et qui m’est demeurée tout le long de ce film.

L’homme est sur le pilote automatique; il a besoin de sa routine au travail ou dans ses relations interpersonnelles. La vie est donc en concurrence avec sa vie. Il n’aime pas être dérangé dans ses façons de faire. Perdre l’un de ses repères, que ce soit son travail; sa femme ou sa maitresse; ou le bistrot est donc difficile pour lui, car ça s’assimile à une perte de contrôle et il n’aime surtout pas être en perte de contrôle.  

 

Un film intéressant sur les hommes finalement, avec une certaine pointe d’humour et de cynisme Nietzschéen! 

 

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Une girafe sous la pluie Belgique

Compétition mondiale

2007 / 35 mm / Couleur / 12 min

 

Réalisateur : Pascale Hecquet

Scénariste : Pascale Hecquet

 

Au village des girafes, toute l'eau est monopolisée pour alimenter la luxueuse piscine de Sir Lion. Une girafe téméraire décide que cette situation a assez duré.

 

Pascale Hecquet

 

-- Diplômée avec brio de l'Académie des beaux-arts de Tournai (Belgique), Pascale Hecquet signe de nombreux films d'animation destinés tant aux enfants qu'aux adultes, parmi lesquels L'Obstination d'Iris (2000), La Claque de Pierrot (2005).

 

Commentaires de Michel Handfield (28 août 2007)

 

Petit 12 minutes sur les inégalités économiques et politiques; inégalités qui sont aussi  environnementales, car on parle de l’accès aux ressources essentielles de la vie, comme l’eau et la nourriture, dans ce film.

 

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BLUFF Canada

 

Hors Concours

2007 / 35 mm / Couleur / 90 min

 

Réalisateur : Marc-André Lavoie, Simon Olivier Fecteau

Scénariste : Marc-André Lavoie, Simon Olivier Fecteau

 

Interprètes : Emmanuel Bilodeau, Isabelle Blais, Raymond Bouchard, Nicolas Canuel, Ève Duranceau, Simon Olivier Fecteau, Rémy Girard, David La Haye, Pierre-François Legendre, Alexis Martin, Marc Messier, Marie-Laur

 

En ouvrant la trappe du plancher d'un bâtiment destiné à la démolition, un ouvrier fait une découverte qui présage la fin tragique d'une des nombreuses personnes qui ont habité le logement depuis les quinze dernières années. Débute alors le récit de ces locataires qui n'avaient rien de banal. Pour terminer sa carrière dans la gloire, un voleur décide d'organiser un vol dans son propre appartement; un couple se fait offrir un chèque de 125 000 dollars pour une toile perdue; tourmenté par la recherche d'un emploi, un étudiant stressé pratique obsessionnellement une entrevue imaginaire; un ancien boxeur amateur veut à tout prix affronter le nouveau copain de sa fille et un couple désireux d'avoir un enfant fait appel à un géniteur, qui se trouve être leur bon ami.«Un film indépendant comporte une part de risque car il nécessite un investissement personnel sans borne de la part des réalisateurs et de l'équipe. BLUFF est l'oeuvre de gens passionnés qui ont su défier à leurs manières les contraintes imposées par l'industrie. D'août 2006 à mars 2007, ils réussissent, sans financement gouvernemental, à tourner les histoires qui formeront le long métrage. Une fois terminées, les deux réalisateurs s'enferment dans une salle de montage pour en ressortir en mai, avec une première version du film.» -- Notes de production

 

Marc-André Lavoie, Simon Olivier Fecteau

 

Marc-André Lavoie termine ses études en communication à l'UQÀM en 1999. En 2002, il fonde Orange Médias, une maison de production publicitaire avec son associé Jean-René Parenteau. Hanté par le métier de cinéaste, il crée une filiale, Orange Films. Il réalisera The Perfect Manifest, Le Manifeste du petit manifestant (2002), Tu bluff (2003), Y'en aura pas de facile (2004), Sauvez les meubles (2007). BLUFF est son premier long métrage.Marc-André Lavoie graduated in communications from UQÀM in 1999. In 2002 he founded Orange Medias, an advertising production house, with his associate Jean-René Parenteau. Long tempted by the cinema, Lavoie then set up Orange Films to produce his screen work, including: The Perfect Manifest, Le Manifeste du petit manifestant (2002), Tu bluff (2003), Y'en aura pas de facile (2004), Sauvez les meubles (2007). BLUFF is his first feature.

 

23 août 2007 • 10:00:00 • CINÉMA IMPÉRIAL • CI.231 • Fr. s.t.a.

23 août 2007 • 19:30:00 • THÉATRE MAISONNEUVE • TM.231 • Fr. s.t.a.

24 août 2007 • 14:30:00 • CINÉMA QUARTIER LATIN 9 ÉCRAN LA PRESSE • L9.24.2 • Fr. s.t.a.

 

Commentaires de Michel Handfield (28 août 2007)

 

Ce film fut monté sur un portable nous ont dit les deux comparses, Marc-André Lavoie et Simon Olivier Fecteau, avant la projection. Cela n’enlève en rien à la qualité du film. Au contraire, les nouvelles technologies permettent à des créateurs d’avoir accès à des outils de qualité professionnelle à la maison, ce qui est un plus pour le cinéma, car des créatifs peuvent maintenant faire les films qu’ils veulent, ce qu’ils n’avaient jamais pu faire autrefois faute de moyens. Ces technologies sont donc un plus pour le cinéma d’auteur et les cinéphiles.

 

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BLUFF dresse un portrait de la société québécoise et du genre humain des quinze dernières années en suivant l’aventure d’un logement, c’est-à-dire de tous ceux qui l’ont habité au cours de cette période. Nous avons donc droit à des histoires tristes et plus joyeuses; à des personnages lumineux ou marqués par la vie! Si Zola avait été cinéaste, c’est le genre de film qu’il aurait fait. De la littérature cinématographique!

 

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SEPTEMBER DAWN États-Unis

Compétition mondiale

2007 / 35 mm / Couleur / 111 min

 

Réalisateur : Christopher Cain

Scénariste : Carole Whang Schutter, Christopher Cain

Interprètes : Jon Voight, Trent Ford, Tamara Hope, Jon Gries, Lolita Davidovich, Terence Stamp, Taylor Handley, Dean Cain, Shaun Johnston, Franklin E. Levinson, Huntley Ritter, Krisinda Cain, Jack Alma

 

Au cours du printemps 1857, le capitaine Alexander Fancher conduit pour la dernière fois le convoi devant mener ses passagers vers la Californie. Milicien de l'Arkansas, il espère s'installer avec sa famille dans les riches côtes de l'Ouest. Près de Cedar City, dans l'état de l'Utah, la demeure familiale de l'évêque mormon Jacob Samuelson abrite ses nombreuses femmes et plusieurs enfants dont son préféré, Jonathan l'aîné et Micah, son fils adoré. Victimes de représailles il y a dix ans au Missouri, les Mormons sont aujourd'hui peu enclins à accepter la présence de ceux qui n'appartiennent pas à la même secte qu'eux. Des rumeurs circulent que le président Buchanan compte envoyer des troupes à cet endroit pour déloger le gouverneur du territoire, Brigham Young. Celui-ci vient de déclarer une loi martiale, prévenant les fidèles de son église de se préparer à repousser les intrus par n'importe quel moyen. Lorsque le convoi de Fancher arrive, ils sont accueillis par le diacre des Mormons, John D. Lee, et ses Danites (groupe d'extrémistes chargés de préserver l'ordre public). Comme Lee les somme de rebrousser chemin, Fancher insiste pour que son équipe puisse se reposer et se désaltérer. C'est à ce moment que Samuelson intervient et accepte que le convoi demeure dans la vallée pendant encore deux semaines. Il conseille même à Lee d'aider les voyageurs, mais dans le même temps demande à son fils de les espionner discrètement pour s'assurer de leurs bonnes intentions. Jonathan est d'autant plus heureux qu'il a remarqué Emily, la fille du pasteur qui s'occupe des jeunes enfants du convoi. Lorsque Samuelson retourne d'une visite à Cedar City pour demander des conseils divins aux Anciens, Jonathan et Emily déclarent leur amour. Mais l'évêque mormon a d'autres intentions...

 

Christopher Cain

 

Né à Sioux Falls, Dakota du Sud (États-Unis) en 1943, Christopher Cain alterne son travail de réalisateur entre le grand écran et la télévision, où il signe de nombreux téléfilms et téléséries. Également scénariste, monteur et producteur, on lui doit une vingtaine de productions dont on soulignera: THE STONE BOY (1984), THAT WAS THEN... THIS IS NOW (1985), WHERE THE RIVER RUNS BLACK (1986), THE PRINCIPAL (1987), PURE COUNTRY (1992), THE NEXT KARATE KID (1994), GONE FISHIN' (1997).

 

24 août 2007 • 09:00:00 • CINÉMA IMPÉRIAL • CI.24.1 • Ang. s.t.f.

24 août 2007 • 19:00:00 • THÉATRE MAISONNEUVE • TM.24.1 • Ang. s.t.f.

25 août 2007 • 14:00:00 • CINÉMA IMPÉRIAL • CI.25.3 • Ang. s.t.f.

 

Commentaires de Michel Handfield (28 août 2007)

 

La soirée a débuté par la remise d’un prix à Jon Voight, un des plus grands acteurs états-uniens nous a dit Serge Losique.  Il s’est ensuite adressé à nous avec beaucoup d’humour (en anglais)!

 

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L’action se passe au printemps 1857 en territoire occupé par les Mormons. Religieux, mais dangereux, car la religion n’est pas toujours pacifique,  même si l’on dit « God bless you » à la moindre occasion depuis quelques temps, même au Canada.  Vaut mieux être prudent. Ces mormons n’étaient pas des anges. Avec l’aide des indiens, qu’ils arment et manipulent, ils élimineront ces colons de l'Arkansas, qui leur faisaient pourtant confiance et espéraient poursuivre leur route pour aller s'installer dans les riches côtes de la Californie.

 

On voit immédiatement des parallèles entre ces  mormons et les islamistes les plus durs! Ils se croient sur terre pour construire le royaume de Dieu et peuvent tuer pour atteindre ce but. De toute manière, tuer n’est pas toujours mal, car en tuant ces gens qui déshonorent Dieu selon leur conception de la chose, ils les sauveront! Justification simpliste au nom d’une croyance. De quoi réfléchir quand quelqu’un nous parle au nom de Dieu.

 

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Un film sur les préjugés et les croyances; surtout le mal qui peut être fait au nom de Dieu et de la délivrance! En fait, en cette période de guerre au terrorisme sur fond de fondamentalisme religieux, ce film fait ressortir un parallèle étonnant entre religion et armée. Les deux se ressemblent, ayant un  commandement infaillible. Le commandant suprême peut donc faire faire (presque) n’importe quoi, même ses basses œuvres, à ses hommes; dictées par Dieu s’il est évêque ou par la raison d’État s’il est Président ou militaire!

 

Le propre de ces structures, de ces organisations, est qu’elles empêchent de penser par soi-même. La ligne de commandement terroriste s’explique  d’ailleurs de la même manière. Les ordres viennent de Dieu ou de la raison supérieure de l’État, si nous avons affaire à un groupe politique. Si les deux se confondent, politique et Dieu, c’est probablement plus dangereux encore. C’est le cas de certains groupes terroristes qui en veulent aux infidèles, mais c’est aussi le cas de la droite conservatrice, que ce soit George W. Bush ou Stephen Harper, qui appellent sans cesse la bénédiction de Dieu dans leurs discours pour montrer qu’ils sont guidés par lui dans leurs actions. God bless America ou God bless Canada, il y a de quoi frémir une fois que l’on a vu ce film.

 

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Salvador (Historia de un milagro cotidiano) Espagne

Compétition mondiale

2007 / 35 mm / Couleur / 14 min

 

Réalisateur : Abdelatif Hwidar

Scénariste : Abdelatif Hwidar

Interprètes : Carlos Merchan, Nacho Fresnada, Orlin Moran

 

Un matin de mars, un enfant joue à la cachette avec son père dans un wagon de train.

 

Abdelatif Hwidar

 

-- Abdelatif Hwidar est né à Ceuta en Espagne. Il entreprend des études en interprétation, puis en publicité et cinéma, mais il décide d'abandonner. Autodidacte, il devient cinéaste et se consacre au court métrage. Il travaille également comme technicien pour la télévision.

 

24 août 2007 • 11:30:00 • CINÉMA IMPÉRIAL • CI.24.2 •

24 août 2007 • 21:30:00 • THÉATRE MAISONNEUVE • TM.24.2 •

25 août 2007 • 16:30:00 • CINÉMA IMPÉRIAL • CI.25.4 •

 

Commentaires de Michel Handfield (28 août 2007)

 

Film coup de poing. Il fait réfléchir. À montrer dans les écoles.

 

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TERESA: EL CUERPO DE CRISTO Espagne - France - Royaume-Uni

Compétition mondiale

2006 / 35 mm / Couleur / 101 min

 

Réalisateur : Ray Loriga

Scénariste : Ray Loriga

Interprètes : Paz Vega, Leonor Watling, Geraldine Chaplin, José Luis Gomez, Eusebio Poncela, Alvaro de Luna, Paula Errando, Angel de Andrés, Ampara Valle, Andrés Gertrudis

 

Fille d'un noble gentilhomme d'Avila, Teresa de Cepeda y Ahumada n'accepte pas son rôle de femme dans ce monde d'hommes. Persuadée que la vie peut lui offrir davantage, elle ne tient pas limiter ses activités à des besognes d'épouse et de mère. Teresa souhaite écrire, lire et apprendre. À la recherche de ce quelque chose d'autre qui lui fait défaut, elle entre dans un couvent, en apparence fermé et isolé de tous. Mais très vite, elle s'aperçoit qu'à l'intérieur de ces murs, règne aussi un matérialisme exacerbé et une frivolité des plus déconcertantes, deux vices auxquels elle essaie d'échapper. Contre toute attente, elle commence une croisade selon les principes de la prière et du sacrifice. Cette prise de position la place au rang des rebelles, et elle est même traitée de folle. Mais peu à peu, elle réussit à imposer sa pensée autour d'elle et s'établit comme chef spirituel. Auteure d'écrits mystiques, Sainte Thérèse d'Avila réforma l'ordre des Carmélites et sera à l'origine de la création de plusieurs monastères. Pour finalement accéder au rang de Sainte..

 

Ray Loriga

 

Né à Madrid en 1967, Ray Loriga débute comme auteur de nouvelles dans des magazines underground. À 25 ans, il publie son premier roman et devient un des plus célèbres auteurs espagnols des années 90. En 1997, il collabore avec Pedro Almodovar à l'écriture du scénario de CARNE TREMULA. La même année, il adapte un de ses romans à l'écran, LA PISTOLA DE MI HERMANO. Il poursuit son travail de collaborateur en scénarisation, notamment avec Carlos Saura (EL SEPTIMO DIA) et Daniel Calparsolo (AUSENTES).

 

 24 août 2007 • 11:30:00 • CINÉMA IMPÉRIAL • CI.24.2 • s.t.f. & s.t.a.

 24 août 2007 • 21:30:00 • THÉATRE MAISONNEUVE • TM.24.2 • s.t.f. & s.t.a.

 25 août 2007 • 16:30:00 • CINÉMA IMPÉRIAL • CI.25.4 • s.t.f. & s.t.a.

 

Commentaires de Michel Handfield (28 août 2007)

 

     On est au temps de l’inquisition espagnole. Époque particulière ou la piété et l’œuvre de chair semblaient se côtoyer, mais où on pouvait en même temps condamner à mort quelqu’un qui parlait de Dieu ou de Jésus avec trop de familiarité! C’est ainsi que Thérèse d’Avila, qui se disait la femme de Jésus, pouvait facilement s’attirer les foudres de l’Église. C’était impie.

 

     Femme forte de caractère, mystique  de surcroit, et qui allait jusqu’à se mortifier pour atteindre Jésus, elle attirait l’attention et savait répondre de sa foi, ce qui l’a probablement protégé des foudres de l’Église, car elle était vénérée en même temps. Elle avait donc des alliés. C’est d’ailleurs ce qui lui permit d’aller au bout de la mission qu’elle s’était donnée, faire un cloître, car elle le fera envers les ordres. Mais, ce ne sera pas sans difficultés.

 

     Froidement, je me demande par contre si cet amour de Jésus n’était pas maladif, foi et masochisme se confondant ici dans une forme de jouissance par la souffrance qui font que l’on peut sincèrement s’interroger s’il existe une dépravation religieuse au même titre que sexuelle? Ma réponse serait clairement oui après avoir vu ce film.

 

     Mais quoi qu’il en soit, il en ressort que Thérèse d’Avila est une femme forte qui n’a pas peur d’affronter les hommes pour aller où elle le veut. C’est une femme de Pouvoir, tant politique que mystique.

 

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     Ce film permet aussi de comprendre une certaine mentalité féminine-religieuse face au monde extérieur et à l’homme en particulier, synonyme de danger et de perdition, l’homme étant un prédateur sexuel et sanguinaire dans une certaine imagerie!  Pour elle, le cloitre est donc synonyme de liberté : « le monde extérieur est notre prison et notre cellule (le cloitre), la liberté! » Cela me fait penser à certaines musulmanes. Sous la  burqa (et, dans une moindre mesure le voile, qui est davantage symbolique), elles ont la liberté de circuler dans un monde extérieur qu’elles jugent hostile. C’est un recul par rapport à la liberté des femmes d’aujourd’hui dit-on. Mais, par rapport aux sœurs cloitrées, qui existent encore de nos jours faut-il le rappeler, c’est une avancée, car la burqa leur permet au moins de circuler parmi le monde. Par contre, les cloitrés ont fait vœux et sont très minoritaires alors que dans le cas de la burqa, ce n’est pas toujours un choix libre et éclairé de la femme, mais imposé par la famille, la culture (pression du groupe, éducation et conditionnement), ou le mari selon leurs origines culturelles. C’est donc un débat dont on n’est pas sorti, car la vision d’une burqa est perçue comme une irruption d’un autre temps, que l’on croyait avoir dépassé, dans le monde actuel. Ceci soulève donc une crainte de retour en arrière et provoque nécessairement une réaction. Certains exprimaient cependant la même crainte à l’époque de Thérèse d’Avila concernant son projet de carmel suivant l’ordre ancien, car c’était revenir en arrière là aussi. Mais, elle le fit quand même.

 

     Ce film est donc actuel par les parallèles que l’on peut tracer avec des débats qui traversent l’occident,  et plus particulièrement un Québec en contact avec des croyances religieuses plus orthodoxes, ces derniers temps, que ce soit dû à une immigration récente, à de nouvelles sectes plus fondamentalistes, mais aussi à une montée des revendications de groupes qui étaient restées jusque-là plutôt discrets, voir muets, mais qui s’affirment de plus en plus au contact des autres. Pensons aux juifs orthodoxes, avec l’affaire des vitres du Y,  ou aux chrétiens fondamentalistes qui veulent enseigner leurs croyances plutôt que la science à l’école. C’est d’ailleurs ce qui dérange le plus, car on avait l’impression d’avoir fini un combat contre la religion dans l’espace public et que la laïcité l’avait enfin emporté, sauf que les revendications religieuses reviennent dans le portrait pour nous rappeler qu’on est encore loin de là! Cette visibilité de la croyance est donc perçue comme un coup porté à la laïcité avant même qu’elle ne soit solidifiée. Ça ne peut que faire des vagues et soulever des craintes pour ceux qui voulaient confiner les croyances au seul espace privé. 

 

Ce film est donc intéressant dans ce contexte, car autant Thérèse d’Avila craint le monde extérieur, autant le monde extérieur pouvait la craindre aussi. C’est d’ailleurs le propre des croyances d’être mutuellement exclusives et de diaboliser l’autre, qui peut être perçu comme une menace à nos propres valeurs et certitudes. Seul l’éducation et la science peuvent véritablement amener une lumière qui fera reculer ces zones de noirceurs et de craintes, mais on peut aussi se servir de Dieu pour les discréditer et on ne se gène pas pour le faire allègrement d’ailleurs. 

 

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DONG SUN Chine

Compétition mondiale des premières oeuvres

2007 / Vidéo / Couleur / 105 min

 

Réalisateur : Jian Yi

Scénariste : Jian Yi

Interprètes : Wang Jianbao, Zhang Siyu , Zhou Jing, Ouyang Lanxiu , Gong Guozhen, Yang Guosheng, Li Pengfei, Xiao Qiping

 

Le vieux Yang, un paysan de 50 ans, part à l'assaut de la ville en quête d'un condom qu'il a mis par inadvertance dans une boîte de pousses de bambou. Les pousses de bambou sont traditionnellement des cadeaux du Nouvel An offerts par le village aux fonctionnaires de la ville. Dans la capitale, le vieux Yang est secrètement arrêté par des policiers en civil qui tendent chaque jour des embuscades devant l'édifice du gouvernement du comté pour enlever les paysans qui viennent y déposer des pétitions. Ayant réussi à s'enfuir, il passe la nuit dans un salon de massage et y voit pour la première fois un paquet de condoms ouvert. Il découvre le travail de l'Occupant qui consiste à assiéger le domicile de tous ceux qui ne veulent pas voir leur maison démolie, à les harceler et à les mettre à la porte. Il aide aussi les gens de la ville à organiser des élections pour le Trust Club, une association secrète comptant des citoyens ordinaires décidés à constituer une société avec de vraies informations et des produits authentiques. Dans ce club, les gens échangent ce qu'ils n'ont pas au quotidien : des légumes sans pesticides, de la viande qui ne soit pas gonflé d'eau, du poisson qui ne soit pas nourri avec des pilules anticonceptionnelles, et de vraies nouvelles. Finalement, Yang s'apprête à racheter ses propres pousses de bambou; sa fille, devenue masseuse pornographique, pourrait bien avoir ramené le fameux condom sans se douter qu'il s'agissait du condom perdu par sa famille...

 

Jian Yi

 

Jian Yi est réalisateur indépendant, artiste visuel et auteur. Il est directeur-fondateur du Artisimple Studio à Beijing, voué à la production de photographies, de documentaires, de fictions et de films sociaux. En 2005-2006, il collabore avec le documentariste Wu Wenguang à la sélection d'une dizaine de paysans de partout au pays, qui ont chacun réalisé un film sur le nouveau système politique établi dans leur village. Ces films ont été présentés dans des universités américaines et britanniques, et par différents festivals en Europe. Filmographie sélective: A Parent's Meeting (2006), Ji-An (2006, séries de 24 films), Seen and Heard (2006) et CHINA DREAMS 1 - SUPER GIRLS (2007). DONG SUN est son premier long métrage de fiction.

 

 24 août 2007 • 19:30:00 • CINÉMA QUARTIER LATIN 10 ÉCRAN BELL HD-SANYO • L10.24.4 • s.t.a.

 25 août 2007 • 14:00:00 • CINÉMA QUARTIER LATIN 10 ÉCRAN BELL HD-SANYO • L10.25.3 • s.t.a.

 26 août 2007 • 13:00:00 • CINÉMA QUARTIER LATIN 10 ÉCRAN BELL HD-SANYO • L10.26.3 • s.t.a.

 27 août 2007 • 16:50:00 • CINÉMA QUARTIER LATIN 10 ÉCRAN BELL HD-SANYO • L10.27.4 • s.t.a.

 

Commentaires de Michel Handfield (28 août 2007)

 

Ce film aurait pu se titrer « À la recherche du condom perdu! » Il est tourné comme un documentaire, car il nous fait découvrir une Chine qu’on ne montre pas à l’étranger. Une Chine à laquelle les journalistes ont peu accès.

 

On apprend donc que dans ce pays on doit prendre chacun soin de nous et s’entraider, car si l’État sait ce qu’il fait pour vous, vous ne le savez pas! Cela conserve le sens  communautaire des gens, mais pas nécessairement la confiance dans le régime. Mais, ça on peut difficilement le dire. Il faut suivre sans questionner; faire confiance au gouvernement. C’est donc un film sur la contradiction entre la vie quotidienne et l’idéologie en Chine. 

 

Âmes sensibles, je vous avise que l’on mange beaucoup de chien dans ce film et que cela a l’air d’un met fort apprécié. N’en soyez donc pas surpris.

 

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GO GO TALES Italie - France

Compétition mondiale

2006 / 35 mm / Couleur / 100 min

 

Réalisateur : Abel Ferrara

Scénariste : Abel Ferrara

Interprètes : Willem Dafoe, Bob Hoskins, Matthew Modine, Asia Argento, Roy Dotrice, Lou Doillon, Riccardo Scamarcio, Stefania Rocca, Bianca Batti, Sylvia Miles, Burt Young

 

GO GO TALES

Ray Ruby's Paradise, un chic cabaret à «gogo» situé dans le downtown Manhattan, est un palais du rêve, dirigé par le charismatique impresario Ray Ruby avec l'aide experte d'amis de longue date et d'associés véreux. Y sont présentées les filles les plus belles et les plus talentueuses. Mais tout n'est pas rose au Paradise. Ray doit faire face à une faillite imminente. Ses danseuses le menacent d'une grève. Même son frère et financier veut lâcher prise. Mais le rêveur qui est en Ray ne renonce jamais. Il a acheté un système infaillible pour gagner à la loterie. Lors d'une nuit magique, il gagne le jackpot. Mais perd le billet... immersion dans le FABULEUX univers du strip-tease, Go Go Tales est l'hommage d'Abel Ferrara aux clubs de strip-tease qu'il fréquentait, jeune, à New York, dans le quartier de Broadway. «Je faisais mon entrée comme un prince, et une fois à l'intérieur, les filles m'éblouissaient au premier coup d'oeil. Elles étaient vraiment fabuleuses: grandes, cools et déchaînées. Peut-être était-ce la combinaison de leurs corps presque nus dansant pour des hommes bien sapés, et de la musique qui semblait toujours meilleure que partout ailleurs, qui rendait les souvenirs si vivants.» -- Abel Ferrara

 

Abel Ferrara

 

Né dans le Bronx en 1951, Abel Ferrara commence sa carrière dès son adolescence en filmant en super-8 les rues de New York, particulièrement les quartiers chauds. Il devient un cinéaste d'atmosphère et charge ses films d'une aura de violence stylisée. Il débute en 1979 avec THE DRILLER KILLER, dont il assure le montage. Parmi ses autres réalisations, soulignons son film culte MS.45 (1981), ainsi que THE ADDICTION (1985), KING OF NEW YORK (1990), BAD LIEUTENANT (1992), THE FUNERAL (1996), NEW ROSE HOTEL (1998) et MARY (2005)

 

26 août 2007 • 11:30:00 • CINÉMA IMPÉRIAL • CI.26.2 • Ang. s.t.f.

26 août 2007 • 21:30:00 • THÉATRE MAISONNEUVE • TM.26.2 • Ang. s.t.f.

27 août 2007 • 16:30:00 • CINÉMA IMPÉRIAL • CI.27.4 • Ang. s.t.f.

 

Commentaires de Michel Handfield (28 août 2007)

 

Une comédie dramatique et complètement déjantée qui tourne autour de l’exploitation des vices. Il y a d’abord la commercialisation de la femme par l’homme. Mais, attention aux préjugés, car la femme peut elle aussi exploiter l’homme à son tour! Vous le verrez dans ce film, car certaines prennent un malin plaisir à plumer le client! Et notre exploiteur est exploité à son tour, car il perd beaucoup au jeu! Un autre vice, celui-là contrôlé par l’État. Le jeu de la vie en est finalement un d’exploitation!

 

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TOI Canada

www.toi-you.com/

Compétition mondiale

2007 / 35 mm / Couleur / 90 min

 

Réalisateur : François Delisle

Scénariste : François Delisle

Interprètes : Anne-Marie Cadieux, Laurent Lucas, Marc Béland, Raphaël Dury, Jean-François Casabonne, Ève Cournoyer, Marie-France Lambert, Michèle Rossignol

 

Michèle partage sa vie avec Paul, son mari et collègue de travail. Elle a un amant, Thomas, un musicien avec lequel elle vit une passion amoureuse depuis un moment. Attirée par la fougue et le non-conformisme de Thomas, Michèle abandonne mari, fils et profession pour vivre cette fureur jusqu'au bout. Une quête de liberté et de changement qui deviendra une dérive tourmentée pour Michèle, mais à un degré intime et personnel.«Dans TOI, les dialogues ne sont ici qu'un support au langage des corps. Presque insignifiants, les mots, au moment où ils sont dits, sont plus ou moins en décalage avec l'état des personnages. À la remorque de leurs impulsions, de leurs mouvements, des appels charnels et violents, ils ne rendent compte que d'un état déjà antérieur, que de déchirures, comme si le corps était une limite indépassable... Je prends tous les personnages dans le mouvement de la vie, dans la durée, où ils se trouvent entre deux statuts, en décalage par rapport à leur point d'origine. De quelques côtés où ils se tournent, ils se heurtent à une réalité qui ne cesse de les affecter mais dont ils ont plus ou moins conscience qu'elle est inévitable comme est inévitable leur douleur.» -- François Delisle

 

François Delisle

 

Avant de faire ses études en cinéma, François Delisle réalise plusieurs courts métrages expérimentaux en super 8. Durant et après ses études, il tourne deux courts métrages, La Mer on s'en fout ! et Du couteau au fusil. En 1991, il se fait remarquer par la critique avec son moyen métrage Beebe-Plain. En 1994, RUTH, son premier long métrage, soulève l'enthousiasme de la critique. En 2002, il fonde sa propre compagnie de production, Films 53/12 pour produire et réaliser Le Bonheur c'est une chanson triste (2004), présenté dans une vingtaine de festivals et évènements cinématographiques.

 

27 août 2007 • 09:00:00 • CINÉMA IMPÉRIAL • CI.27.1 • Fr. s.t.a.

27 août 2007 • 19:00:00 • THÉATRE MAISONNEUVE • TM.27.1 • Fr. s.t.a.

28 août 2007 • 15:30:00 • CINÉMA QUARTIER LATIN 17 ÉCRAN 98.5 FM • L17.28.4 • Fr. s.t.a.

 

Commentaires de Michel Handfield (28 août 2007)

 

Anne-Marie Cadieux nue dans un film, cela peut attirer. Cependant, ce n’est pas tant sa nudité que de jouer le vide, la femme qui se cherche, qui ne sait plus qui elle  est vraiment, comme détachée d’elle-même (certains pourront croire du rôle), qui m’a frappé. Ce n’est donc pas un film que tous apprécieront. D’ailleurs, quelques personnes sont sorties de la salle lors de la première présentation publique du film. Ce n’est donc pas un film pour tous. C’est un film psycho-sexologique qui va au-delà de la première impression cependant. J’ai d’ailleurs ajouté des notes sur le chemin du retour.

 

Toi, c’est elle, car son ex-conjoint et son nouvel amoureux, ex-amant, cherchent à saisir cette femme évanescente qui ne sait plus elle-même où elle en est. La crise de la quarantaine, la mise au point de sa vie. Elle travaillait avec son conjoint et s’éclatait avec son amant  pour se prouver qu’elle existait, mais une fois avec l’un, son vide la rattrape. Elle est prise entre avoir et être, dans ce point de rupture où tout est possible, car rien n’est joué, mais aussi où tout peut sombrer dans une forme de léthargie, trop de possibles étant souvent paralysant. C’est ce vide qu’elle cherche à fuir, mais qui l’attire en même temps. C’est dans ce vide qui donne le vertige qu’elle sombrera, car comment fuir ce qui est en soi?

 

     Crise de la quarantaine? Point sur sa vie, ce qu’elle est ou voudrait être? Peu de mots sont dits, mais on sent son questionnement intérieur. Sa difficulté d’être, qui se réverbère dans sa difficulté d’être avec les autres à part pour s’éclater elle-même, que ce soit en décrochant le contrat ou l’orgasme des orgasmes, et se prouver qu’elle existe et qu’elle a encore du plaisir à exister.

 

     À la fois centré sur elle et perdue en elle, sa situation n’est pas facile. Son humanité pour les autres, dans ce gouffre où elle est, passe uniquement par ses inquiétudes pour son jeune fils, mais qu’elle ne croit pas pouvoir aider même si cela la déchire. Elle est à la fois forte et fragile comme une graine et tout ce qu’elle espère est d’être entraîné ailleurs pour se fuir, un peut comme une semence balayée par le vent. Elle semble morte, mais ailleurs peut être revivra-t-elle!? C’est ce que nous pouvons lui souhaiter, car ce film n’a pas de fin; il se termine sur une quête ou un désespoir. Au spectateur de choisir.

 

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BEN X Belgique - Pays-Bas

Compétition mondiale

2007 / 35 mm / Couleur / 90 min

 

Réalisateur : Nic Balthazar

Scénariste : Nic Balthazar. D'après son roman d/Based on his novel

Interprètes : Greg Timmermans, Laura Verlinden, Marijke Pinoy, Pol Goossen, Titus De Voogdt, Maarten Claeyssens

 

Ben est passablement austiste, mais une cible facile pour les petites brutes de l'école. Inspiré par son propre jeu vidéo et par sa mystérieuse fille sur le web, il organise les étapes d'un plan astucieux qui changera sa vie et celle de tous ses persécuteurs. Le premier film de Nic Balthazar est né d'un parcours peu ordinaire. Le projet a débuté sous la forme d'un livre que Balthazar a écrit pour encourager la lecture parmi les jeunes belges. Le roman, un succès de librairie, a été adapté dans une pièce de théâtre triomphale. Enfin, la pièce de théâtre a donné naissance au film. D'autre part, le réalisateur affirme qu'il s'agit de l'un des premiers films, voire le tout premier, qui a été tourné partiellement dans le cyberespace. Le casting de BEN X a été un parcours semé d'embûches. Certains acteurs avec lesquels Nic Balthazar avait travaillé pour la pièce étaient devenus trop âgés pour leurs rôles. Il s'agit d'une histoire sur l'autisme, le suicide, la drogue et le harcèlement. Une étude surprenante a récemment révélé que jusqu'à un jeune belge sur quatre a au moins envisagé l'idée du sucide et un adolescent sur dix a même commis une tentative de suicide. Approximativement un suicide de jeune est recensé chaque semaine en Belgique.

 

Nic Balthazar

 

Comédien dans Brylcreem Boulevard (1995) et Feest! 50 jaar televisie (2003), Nic Balthazar poursuit une carrière sur les planches qui prend fin prématurément. De fil en aiguille, il devient critique de théâtre. À 20 ans, il commence à écrire des analyses de pièces pour un journal. En parallèle, il fait ses premières apparitions à la radio. Un jour, le journal lui annonce qu'il n'a plus besoin d'un critique de théâtre, mais qu'il peut s'essayer à l'analyse de films s'il le souhaite. En fin de compte, il perce en tant que personnalité de télévision à part entère, assurant la présentation de jeux, de programmes culturels, de programmes de consommation, d'émissions sur les voyages et de débats. Pendant 11 ans, il a en outre présenté une émission populaire sur le cinéma, Film Factory, sur Canvas, la deuxième chaîne de VRT. Avec BEN X, il signe son premier long métrage de fiction.

 

26 août 2007 • 09:00:00 • CINÉMA IMPÉRIAL • CI.26.1 • s.t.a. & s.t.f.

26 août 2007 • 19:00:00 • THÉATRE MAISONNEUVE • TM.26.1 • s.t.a. & s.t.f.

27 août 2007 • 14:00:00 • CINÉMA IMPÉRIAL • CI.27.3 • s.t.a. & s.t.f.

 

Commentaires de Michel Handfield (28 août 2007)

 

Ben, autiste, se crée une personnalité dans le monde virtuel. Il est héro d’un jeu internet. Mais, à l’école, malgré ses résultats scolaires (j’aurais même le goût de dire à cause), il est stigmatisé par les autres, parfois  les plus cancres. 

 

Il est plus intelligent que la moyenne et bénéficie d’une sensibilité aux choses que la plupart n’ont pas. Ainsi, il dit qu’il faut apprendre à « sous-rire », car en fait il n’y a pas de quoi rire! Sauf, qu’il communique peu. Il pense plus qu’il ne parle. Il voit les choses comme dans un jeu. Il est dans le monde, mais pas dans le même monde que les autres. Sa tête est dans son monde, son corps dans le notre. Ce n’est donc pas facile pour lui, ni pour les autres. Un problème d’interface comme l’on dit en informatique. Mais, il n’est pas dans un monde virtuel et à l’adolescence la moindre différence est un stigmate. Il est par contre sensible à cette situation, car il dira lui-même « je suis toujours à côté, mais personne ne m’explique comment être droit. »

 

Ce film m’a particulièrement touché, car je sais c’est quoi être stigmatisé pour une différence. Je l’ai vécu, ne pouvant pas faire de sports de balle, de hockey ou éviter les coups parce que je ne voyais pas en 3 dimensions. Au secondaire j’avais des périodes de bibliothèque à la place d’éducation physique. Par contre, je m’exprimais et j’allais au gym dès l’âge de 10 ans, car il fallait bien me trouver une activité physique que je pouvais faire. Les poids et haltères n’étaient pas contre indiqués dans mon cas. C’est une énorme différence néanmoins avec Ben.

 

Un film qui devrait être montré dans les écoles. Malheureusement, je ne sais pas si cela se fait encore beaucoup. A mon époque il y avait même un ciné club à mon école secondaire, Joseph-François-Perrault à St-Michel. Il n’y en a plus maintenant. C’était pourtant un apprentissage culturel. Ce n’est pas pour rien que j’aime le cinéma.

 

Ce film fut fort applaudi. Moi, ce genre de film me laisse plutôt pensif, car j’ai connu ce type de situation comme je l’ai écrit plus haut. J’y vois donc un côté pédagogique, d’autant plus que le jeu et la réalité se mêlent dans ce film. Cela aura de quoi plaire à un public adolescent en plus de les faire réfléchir sur la situation des personnes différentes, eux qui revendiquent pourtant leur individualité, mais qui n’acceptent surtout pas ceux qui sortent du rang!

 

Avec un suivi et une discussion en classe, ce serait vraiment bien de présenter ce film dans les écoles.

 

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«PRÊTE-MOI TA MAIN»


Montréal, le 14 août 2007 – Le Festival des Films du Monde, Remstar et Alliance Atlantis Vivafilm sont heureux d’annoncer la venue d’Alain Chabat à Montréal en vue de la sortie en salles du film « Prête-moi ta main ». Afin de souligner la visite au Québec du célèbre acteur et réalisateur français, le FFM présentera une « soirée spéciale avec Alain Chabat » le lundi 27 août prochain alors qu’on déroulera le tapis rouge pour le film d’Éric Lartigau dans lequel l’acteur tient la vedette aux côtés de Charlotte Gainsbourg. « Prête-moi ta main » prendra l’affiche à Montréal et Québec le vendredi 31 août prochain.

De « Gazon Maudit » à la voix française de « Shrek », Alain Chabat est reconnu pour son talent autant au niveau de l’écriture, la réalisation que l’interprétation. Avec sa première réalisation en 1996, il décroche le César de la meilleure première œuvre pour « Didier » dans lequel il tient également la vedette. En 2002, il signe le scénario et la réalisation de « Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre » qui s’illustre comme l’un des plus gros succès du box-office français avec plus de 14 millions d’entrées en France. Alain Chabat tient le rôle-titre de « Prête-moi ta main » qui prendra l’affiche le 31 août au Québec. Le film d’Éric Lartigau a attiré plus de 3 600 000 spectateurs en France.

La vie est facile pour Luis, 43 ans, célibataire heureux, épanoui dans son métier, aimé, choyé, couvé par sa mère et ses cinq sœurs. Cela aurait pu durer toute une vie, mais voilà... Lassées de le materner, celles-ci décident qu'il est temps pour lui de se marier. Le plus vite possible ! Cerné par sa famille qui ne pense plus qu'à ça, il élabore un plan : trouver la femme parfaite qui va se faire passer pour sa fiancée et qui va lâchement l'abandonner le jour du mariage. Après ça, plus personne n'osera même prononcer le mot mariage devant lui. Mais comment trouver cette perle rare ? Luis ne voit qu'une solution : la louer ! Et justement, Emma, la sœur de son meilleur ami et collègue, vient d'arriver à Paris et cherche du travail. Ça y est, le plan est en route. Au bout, la liberté pour Luis. Les plans, c'est bien sur le papier. Mais dans la vie, ça peut s'emballer...

www.vivafilm.com

 

27 août 2007 • 19:00 • CINÉMA IMPÉRIAL • CI.27.5 •
29 août 2007 • 15:40 • CINÉMA QUARTIER LATIN 10 ÉCRAN BELL HD-SANYO • L10.29.4 •

 

Commentaires de Michel Handfield (24 août 2007)

 

     Luis, c’est un nez! Il sent des odeurs et les amalgames pour créer des parfums. Mais, il ne veut surtout pas être pris par une femme. De toute façon, ses sœurs et sa mère s’occupent de lui. Elles voudraient bien qu’une femme le prenne enfin en charge pour en être libérée. Elles se mettent donc sur son cas. Ce gamin de 43 ans doit devenir un adulte responsable! Enfin…

 

     Mais, lui ne veut pas quitter son célibat, surtout qu’elles le maternent! Il élabore donc un plan pour conserver son mode de vie.

 

     Comme tout le monde le sait, les plans ne fonctionnent jamais comme on le veut, surtout dans les films. Alors, ni le sien, ni celui de sa famille n’iront comme voulu… pour notre plus grand divertissement, car il s’agit d’une comédie.

 

     Pauvre con, mais il est attendrissant dans sa façon de se pendre lui-même avec sa propre corde, ce qui donne une comédie romantique à la française! Un humour différent de l’humour états-unien. J’ai bien ri. Pari réussit pour ce film.

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FULL METAL VILLAGE (Allemagne)

Documentaires du monde

2006 / 35 mm / Couleur / 90 min

 

Réalisateur : Cho Sung-hyung

Scénariste : Cho Sung-hyung

 

Le fossé culturel entre les braves habitants de la petite commune de Wacken, dans le Schleswig-Holstein, et les fans de Heavy Metal arrivés là du monde entier ne pourrait guère être plus grand. D'un côté, corsages à dentelles, crucifix dorés et costumes sombres; de l'autre, colliers cloutés, tatouages et tignasses en bataille. Un coup d'oeil au programme du «Wacken Open Air» (WOA) révèle à quoi s'attendre: Cannibal Corpse, Grave Digger, Testament, Raise Hell, Death Angel, Sodom. Wacken est devenu un lieu de pèlerinage pour quarante mille fans de Heavy Metal... Et les habitants de Wacken sont fiers que leur village soit le centre spirituel du monde, du moins pour certains. Portrait d'une Allemagne profonde en mutation.

 

Cho Sung-hyung

 

Née en 1966 à Busan (Corée du Sud), Cho Sung-hyung étudie les sciences de la communication à Séoul, puis l'histoire de l'art, la science des médias et la philosophie à Marburg, et l'imagerie électronique à la faculté de design et de conception d'Offenbach. Auteure de documentaires et autres, on lui doit: TUREN, DÄMMERUNG (1997), DER WIND, DIE SCHNECKE UND DAS SPINNENNETZ (1999), JUST SAY NO! (2002), MARYS QUASSELBUDE (2004).

 

25 août 2007 • 19:30:00 • CINÉMA QUARTIER LATIN 12 ÉCRAN CINEPLEX • L12.25.4 • s.t.a.

26 août 2007 • 15:50:00 • CINÉMA QUARTIER LATIN 12 ÉCRAN CINEPLEX • L12.26.4 • s.t.a.

27 août 2007 • 15:50:00 • CINÉMA QUARTIER LATIN 12 ÉCRAN CINEPLEX • L12.27.4 • s.t.a.

28 août 2007 • 18:10:00 • CINÉMA QUARTIER LATIN 12 ÉCRAN CINEPLEX • L12.28.5 • s.t.a.

 

Commentaires de Michel Handfield (25 août 2007)

 

Societas Criticus salue d’abord les belles Holstein que l’on voit au début de ce film, car la vache Holstein est notre emblème!

 

 

On pénètre dans la commune de Wacken, village tranquille, et chez ses habitants; dans leur routine et leur quotidienneté, mais on leur fait aussi nous raconter leur vie, leurs espoirs et leurs regrets.

 

Le citoyen se confie à la caméra, puis dit ensuite  « j’espère que vous allez couper ça au montage », car il s’est laissé aller plus loin que ce qu’il a toujours dit à son entourage. C’est donc plus que la vie quotidienne; c’est aussi les désirs cachés de certains acteurs du village auxquels on a droit ici.

 

Là comme ici, l’on se plaint. Par exemple, le prix de la viande est au plus bas pour les agriculteurs, mais pas nécessairement pour les consommateurs! La différence va où? Ça, on n’en parle pas. Mais, on parle des différences intergénérationnelles : les craintes de certaines personnes âgées face au changement et à la jeunesse, notamment à la veille de ce rassemblement heavy metal au village, tout comme on voit une certaine naïveté des jeunes, ce qui nous ressemble finalement! Une nostalgie aussi, car certaines personnes du 3e âge auraient aimé avoir « dans leur temps » les possibilités d’aujourd’hui! 

 

***

 

En parallèle à ces rencontres on suit les préparatifs qui se font pour un rassemblement heavy metal d’importance, car ce village des plus champêtres et tranquille reçoit tous les ans le «Wacken Open Air» (www.wacken.com/),  un rassemblement Heavy Metal international avec son lot de contestataires et sa musique tout à l’opposée du conservatisme ambiant!

 

Si certains ont peur de cet événements, d’autres ont l’air de bien apprécier ce vent de jeunesse, un peu bruyant, qui arrive sur le village. Et pas seulement chez les plus jeunes! Le death metal peut être violent, mais au sens figuré, comme certains contes et légendes le sont. Même la Bible a ces passages de violence qui n’ont rien à envier à l’imaginaire heavy metal!  A ce niveau il permet un défoulement. C’est lorsque certains le prennent au sens littéral que ça  peut devenir dangereux. Mais, est-ce la faute de cette musique ou de quelques personnes qui ont un problème psychologique? Un documentaire intéressant et en contraste. Il y en a bien qui font des folies au nom de Dieu et on n’empêche pas les concerts de musique sacrée. 

 

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Deux films psychologiques!

 

LA DISPARUE DE DEAUVILLE France

Hommages

2007 / 35 mm / Couleur / 103 min

 

Réalisateur : Sophie Marceau

Scénariste : Jacques Deschamps, Sophie Marceau, Gianguido Spinelli

Interprètes : Sophie Marceau, Christophe Lambert, Nicolas Briançon, Simon Akbarian, Robert Hossein, Marie-Christine Barrault, Judith Magre, Marilou Berry, Laure Duthilleul

 

Victoria, une actrice célèbre en son temps, à l'aura et au charme saisissant, est morte il y a trente ans dans des circonstances troublantes. Elle réapparaît mystérieusement dans la vie d'un flic solitaire enquêtant sur une disparition, au coeur d'un palace de Normandie.«Delerm chante un Deauville sans Trintignant. Il peut désormais fredonner un Le Havre-Deauville avec Sophie Marceau. Quelque part entre le thriller, la chronique familiale et le film d'action (des courses-poursuites filmées avec envie et punch), l'actrice-réalisatrice offre un second long métrage cohérent et rythmé. L'alternance réfléchie des points de vue, un casting inattendu mais efficace et la sobriété de la bande originale donnent à La Disparue de Deauville toute sa singularité. Marceau aime jouer la comédie et si l'on savait l'actrice douée et pleine de vie, jamais elle n'a été aussi resplendissante, aussi hypnotique. Campant deux personnages, elle change de peau et d'univers sans laisser de répit à son public. Mais c'est surtout lorsqu'elle est derrière la caméra que l'on ressent la joie de cette réalisatrice à manier cet outil, cette autre forme de langage. Et en sa compagnie, on passe un agréable moment.» -- Mélanie Carpentier (evene.fr)«Après avoir vu le film de Sophie Marceau, vous ne verrez plus jamais Deauville de la même manière. Ici, point de planches et de plat horizon, mais des falaises escarpées, des couloirs tortueux, des toits infinis avec d'innombrables gouttières aux rondeurs anamorphiques dignes du Centre Georges Pompidou. Bref, pour évoquer les détours des passions, de la mémoire et des désespoirs, mademoiselle Marceau a su planter un décor inspiré. » -- Olivia Phélip (aufeminin.ca)

 

25 août 2007 • 19:00:00 • CINÉMA IMPÉRIAL • CI.25.5 • Fr. s.t.a.

26 août 2007 • 15:10:00 • CINÉMA QUARTIER LATIN 10 ÉCRAN BELL HD-SANYO • L10.26.4 • Fr. s.t.a.

 

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VIAGGIO SEGRETO (VOYAGE SECRET) Italie - France

Regards sur les cinémas du monde

2006 / 35 mm / Couleur / 103 min

 

Réalisateur : Roberto Andò

Scénariste : Roberto Andò, Salvatore Marcarelli. D'après le roman/Based on the novel: The Reconstructionist. De/B

Interprètes : Alessio Boni, Claudia Gerini, Donatella Finocchiaro, Emir Kusturica, Valeria Solarino, Marco Baliani, Roberto Herlitzka

 

Deux enfants sont témoins du meurtre de leur mère dans la villa familiale. Trente ans plus tard, Leo, le garçon, devenu médecin, apprend que la maison, aujourd'hui abandonnée, doit être vendue. Bourreau de travail, Leo a passé toutes ces années à oublier le passé, mettant toutes ses énergies dans son travail et servant de soutien moral à sa sœur Ale, mannequin rêvant d'une carrière de comédienne qui, de son côté, a décidé d'étouffer tout souvenir de sa mère. Harold, peintre serbe, voudrait acheter la demeure pour l'offrir comme cadeau à sa future épouse, Ale. Anna, agent immobilier avec qui Leo doit conclure le marché, est curieuse de savoir ce qui s'est vraiment passé il y a trente ans. C'est à partir de ce moment que la vérité commence à germer.

 

Roberto Andò

 

Né à Parleme (Italie) en 1959, Roberto Andò étudie la philosophie avant de devenir assistant réalisateur de Francesco Rosi, Federico Fellini, puis de Michael Cimino et de Francis Ford Coppola. Il alterne des mises en scène de théâtre avec des projets de cinéma. On lui doit: LE MANUSCRIT DU PRINCE (1999), LE PRIX DU DÉSIR (2004, présenté au Festival des films du monde de Montréal), Il cineasta e il labirinto (2004).

 

29 août 2007 • 22:30:00 • CINÉMA QUARTIER LATIN 9 ÉCRAN LA PRESSE • L9.29.7 • s.t.a.

30 août 2007 • 13:20:00 • CINÉMA QUARTIER LATIN 12 ÉCRAN CINEPLEX • L12.30.3 • s.t.a.

31 août 2007 • 19:00:00 • CINÉMA IMPÉRIAL • CI.31.5 • s.t.a.

1 septembre 2007 • 15:40:00 • CINÉMA QUARTIER LATIN 12 ÉCRAN CINEPLEX • L12.01.4 • s.t.a.

 

Commentaires de Michel Handfield (25 août 2007)

 

     Deux films psychologiques qui ont en commun les enfants, car ces histoire ont des racines profondément ancrées dans l’enfance. On doit remonter en arrière pour comprendre. D’ailleurs, dans le premier, on voit un institut psychiatrique, alors que dans le second, un des enfants est devenu psychanalyste! Il y a donc un lien psychanalytique entre ces deux films.

 

Les deux portent aussi le poids du secret pour protéger un enfant. Dans La disparue de Deauville, la « mère » a forgé une vérité pour conserver son fils. Dans le second, Viaggio secreto, le père en a forgé une pour protéger ses enfants! Mais, dans les deux cas, les enfants se trouvent piégés par le secret; victimes des adultes en quelque sorte.

 

Dans La disparue de Deauville cependant, l’enquêteur semble avoir lui aussi un passé trouble. On est donc dans les faux-fuyants du début à la fin. Il faut accepter le jeu. Si on embarque, ce que j’ai fait, on apprécie. Je n’ai d’ailleurs pas pris de notes, pris à suivre l’action du film dans tous ses dédalles.

 

     J’aurais pu parler du côté social du film, notamment de la confiance et du soutien que l’organisation a ou n’a pas en ses troupes, car si ce flic solitaire a besoin d’aide, il a aussi besoin que l’on ait confiance en lui. Mais, pour cela on repassera! 

 

Dans Viaggio secreto, par contre, c’est le fils ainé qui revient sur des événements du passé qu’il avait voulu oublier, mais qui, on le remarque petit à petit, l’ont forgé dans ses façons d’être. Ce n’est pas un film facile (je l’ai vu en italien sous titré en anglais), mais c’est un excellent thriller psychologique. Je le recommande et j’espère qu’il sortira en salle.

 

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OBSLUHOVAL JSEM ANGLICKÉHO KRALE

MOI QUI AI SERVI LE ROI D'ANGLETERRE

République tchèque - Slovaquie

Hors Concours

2006 / 35 mm / Couleur / 118 min

 

Réalisateur : Jiri Menzel

Scénariste : Jiri Menzel. D'après le roman deBohumil Hrabal

Interprètes :

Ivan Barney, Oldrich Kaiser, Julia Jentsch, Marian Labuda, Milan Lasica, Zuzana Fialova, Martin Huba, Josef Abrham, Jiri Labus, Pavel Novy

 

La carrière de Jan Dite, aide-serveur devenu hôtelier, débute dans une petite ville proche de la frontière tchéco-allemande. C'est là que l'ambitieux jeune homme découvre les avantages d'une vie bien nantie. Il y fait aussi ses premières expériences sexuelles et c'est d'ailleurs la jalousie qui le pousse à quitter la petite ville de Bohême où il est né. Trouvant ensuite une place dans un hôtel de luxe à Prague, il découvre la crème de la bonne société tchèque des années 30. Leur fastueux style de vie ne fait qu'aiguillonner son ambition. Il change à nouveau d'emploi et se retrouve dans un nouvel établissement huppé comptant parmi ses hôtes l'empereur d'Abyssinie, qui confère même un ordre à Jan pour ses bons services. Toutefois, avec les accords de Munich, la chance ne paraît plus être de son côté: Jan est en effet amoureux de Lisa, une jeune militante des Sudètes, et pour la première fois dans le mauvais camp. Mais lorsque les Allemands envahissent et occupent le pays, l'ascension de Jan n'en est que plus rapide. Après avoir prouvé ses origines aryennes, il épouse Lisa et entre au service des Allemands. Il se retrouve en un temps record dans un des foyers Lebensborn de SS où Heinrich Himmler instaure l'élevage d'une race aryenne supérieure. Plus rien ne semble faire obstacle à son désir de posséder son propre hôtel.

 

Jiri Menzel

 

Né à Prague en 1938, Jiri Menzel fait ses études à la FAMU de Prague, de 1957 à 1962. Il a été acteur et assistant à la réalisation, notamment dans les films de Véra Chytilova, avant de signer ses propres réalisations, parmi lesquelles: TRAINS ÉTROITEMENT SURVEILLÉS (1966), UN ÉTÉ CAPRICIEUX (1967), LES ALOUETTES, LE FIL À LA PATTE (1969), CELUI QUI RECHERCHE L'OR (1974), LA MAISON À L'ORÉE DU BOIS (1976), DEUX HOMMES À LA MANIVELLE (1978), RETAILLES (1981), FESTIVITÉS DES PERCE-NEIGE (1984), MON CHER PETIT VILLAGE (1985), LA FIN DU BON VIEUX TEMPS (1989), L'OPÉRA DES GUEUX (1991), One Moment, sketch du film TEN MINUTES OLDER: THE CELLO (2002).

 

24 août 2007 • 22:00:00 • CINÉMA IMPÉRIAL • CI.24.6 • s.t.a.

25 août 2007 • 14:40:00 • CINÉMA QUARTIER LATIN 9 ÉCRAN LA PRESSE • L9.25.3 • s.t.a.

28 août 2007 • 15:20:00 • CINÉMA QUARTIER LATIN 9 ÉCRAN LA PRESSE • L9.28.4 • s.t.a.

29 août 2007 • 13:20:00 • CINÉMA QUARTIER LATIN 9 ÉCRAN LA PRESSE • L9.29.3 • s.t.a.

 

Commentaires de Michel Handfield (24 août 2007)

 

Le film s’ouvre sur la sortie de prison de Jan. Et avec lui nous remontns son parcours, mais aussi l’histoire.

 

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Dans son travail de garçon d’hôtel Jan découvre des vérités de la vie, comme « ceux qui disent que le travail est nobles sont pourtant ceux qui s’amusent et fêtent la nuit venue » avec l’argent fait sur le dos des autres…

 

Il reçoit des conseils, sait observer et profite des occasions. Son ambition grandit. Mais, l’amour vient changer les choses. Il passera alors dans le mauvais camp, Lisa étant une jeune militante nazie. En apparence, cela ira bien pour l’ambitieux qu’il est, sauf qu’après la guerre il sera rattrapé par le communisme.  

 

Ce film nous fait traverser l’histoire tchèque d’une façon humoristique, dont la guerre 39-45, le Reich et le communisme. Mais, sous des aspects humoristiques, c’est une critique satirique, notamment de la religion hitlérienne, bien sentie.

 

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Vers la fin Jan dira qu’ « une personne devient humaine quand elle voit où elle a déraillée » et c’est exactement le but de Jan de voir où il a déraillé, sinon il ne ferait pas cette introspection. Mais, n’est-ce pas la même chose pour les sociétés? On devrait retenir les leçons de l’Histoire pour nous éviter de refaire les mêmes erreurs, sauf qu’on n’enseigne pas toujours l’Histoire, mais plutôt une histoire revisitée et diluée en fonction d’orientations idéologiques précises. Comment peut-elle alors jouer son rôle, si elle est vidée d’une partie de sa substance nourricière pour des raisons idéologiques? Comment être humaniste si on ne sait pas que nos racines s’entrecroisent toutes dans une forme d’humanité universelle. On est alors à la merci d’idéologies qui font foi de vérités, nous induisent en erreur et nous font dérailler sans qu’on ne sache pourquoi ni où cela est arrivé! C’est la leçon de ce film, même s’il parait léger en apparence.    

     

 

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