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Revues Internet en ligne
Societas Criticus
Revue de critique sociale et politique
On n'est pas vache…on est critique!
&
D.I. revue d’actualité et de culture
Où la culture nous émeut!
Vol. 9 no. 7
(12 septembre – 29 octobre 2007)
Inclus les films vus au Festival du Nouveau
Cinéma
Cette revue est éditée à compte d'auteurs.
Pour nous rejoindre:
C.P. 182, Succ. St-Michel
Montréal (Québec) Canada H2A
3L9
Les co-éditeurs:
Michel Handfield, M.Sc.
Sociologie et Délinquant Intellectuel pour penser autrement!
Gaétan Chênevert, M.Sc. Adm. et Diogénien
Soumission de texte:
Les envoyer à societascriticus@yahoo.ca.
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La section Societas
Criticus, revue de critique sociale et politique
Édito :
Question on ne peut plus actuelle.
Commentaires de Michel Handfield au sujet de : Lawrence E. Harrison, 2006,
The
Central Liberal Truth - How Politics Can Change a Culture and Save It from
Itself dans notre section Livres
Odette Toulemonde. Prétexte à un
essai sur la manipulation!
La section D.I., Delinkan
Intellectuel, revue d’actualité et de
culture
Commentaires
livresques : Sous la jaquette!
La tournée de spectacles de Martin
Fontaine
21 personnes amoureuses vous donnent
rendez-vous au bordel des mots!
ANGÈLE DUBEAU & La Pietà :
Un Conte de fées
CHANSONS D’ESPOIR pour les 25 ans
de la Maison et de la Fondation Jean Lapointe
(Ciné, Théâtre et quelques annonces
d’événements)
Rapport
sur le Festival du Nouveau Cinéma 2007
Continental, un film sans fusil
RENDITION / DÉTENTION SECRÈTE
(Hors festival, mais la projection de presse a eu lieu durant la période du
FNC)
***
Toxico,
désintox et pilules! (Commentaires sur le
lancement de l’album CHANSONS D’ESPOIR et le film QUÉBEC SUR ORDONNANCE de Paul
Arcand)
Octobre 70 (Télé-Québec)
###
Essais
Michel Handfield
27 septembre 2007
Notre édito du 16 août
2007, « Enseigner :
transmettre des connaissances et des valeurs! » (Vol. 9/6), laissait
une question en suspend : celle des valeurs et de l’enseignement. Nous y
jouions plutôt sur les valeurs d’embauche face au cas de ce professeur qui a dû
être réembauché malgré qu’il fût déjà reconnu coupable de meurtre. (1) C’était
voulu comme approche, car il était trop tôt pour parler de la question de
fonds. Pour cela il fallait du recul. D’ailleurs, après quelques hauts cris au
scandale, ce dossier est disparu de l’actualité, remplacé par d’autres faits
divers qui ont excité certains commentateurs et plusieurs citoyens. Mais, pour
les questions éthiques on repassera.
***
Un homme qui a purgé une
peine pour meurtre peut-il enseigner à des enfants? La question est claire, la
réponse l’est moins.
D’une part, si l’école
enseigne que la violence n’est pas une solution, un professeur qui a eu recours
à la violence dans sa vie privée, surtout aussi extrême que le meurtre, n’est
pas un exemple et devrait être condamné d’office à changer de profession. Cela
semble aller de soi. Le jugement public est clair. C’est du moins ce que l’on
croit, sauf que…
Serait-ce la même chose pour
celui qui a menacé sa femme par exemple ou qui lui a donné un claque dans le
cas d’une procédure de séparation houleuse? Et pour la professeure qui use de
violence psychologique envers son conjoint dans la même situation? La violence
peut prendre plusieurs formes et si l’action de l’homme parait plus grave,
parce que physique, la violence utilisée par les femmes est aussi à considérer.
Mais, on la connaît moins. Plus « soft » et socialement acceptable,
car psychologique, mais non moins violente il faut le dire :
« Pendant
longtemps, on a cru les filles incapables de violence. La violence chez les
jeunes, c'était l'affaire des gars. Les chercheurs découvrent maintenant que
les filles sont aussi violentes que les gars, mais à leur manière. Une vaste
étude réalisée sur deux ans par un groupe de chercheurs dirigé par Tracy
Vaillancourt, de l'université McMaster à Hamilton, démontre qu'avec l'âge,
pendant que la violence physique diminue chez les garçons, la violence
psychologique, qu'on appelle aussi violence relationnelle ou indirecte,
augmente constamment chez les filles. » (2)
Qu’est-ce qui marquera le
plus l’enfant turbulent? La tape du professeur (même si je crois à d’autres
méthodes) ou la remarque assassine et parfois répétitive de la maîtresse
d’école : « tu ne feras jamais
rien de bon si tu continue de même » ou « graine de délinquant »! Et les parents, s’ils iront voir le
professeur, ils n’iront probablement pas voir la maitresse et répéteront le
message pour le renforcer! Cela est, parce que la violence associée à des mots
n’a pas la même connotation que la violence physique. Des mots qui tuent
parfois, il ne faudrait pas l’oublier! Empêche-t-on ceux qui l’utilisent
d’enseigner?
En fait, selon les enfants,
le message en calera certains davantage que d’autres, puisque certains se
relèveront pour montrer que leur maitresse a eu tort. Combien d’artistes et de
gens publics entends-t-on dire en entrevue que tel prof leur a ouvert des
perspectives et l’esprit, mais qu’ils doivent tout autant à celle ou celui qui
les a fouetté en leurs disant qu’ils étaient incapables? Ils ont donc relevé le défi. La violence, une
question d’usage et de dosage? Jusqu’à quel point ce n’est pas encore de la
violence; qu’une réprimande? Qu’une motivation?
Dire a un élève qu’il ne
sera pas capable de relever le concours d’épellation de la semaine prochaine le
motivera peut être à le faire et à se rendre assez loin sans devenir le
champion de la classe comme dans les films. Mais, lui dire à répétition qu’il
est nul et qu’il devrait penser au métier dès qu’il aura atteint le secondaire,
c’est peut être le détruire. Il faut peut être bien l’encadrer, lui faire
rencontrer des services professionnels, mais l’exclure c’est autre chose.
Cependant, les professeurs sont ils équipés et l’école a-t-elle toutes les
ressources nécessaires? C’est une autre question à poser.
***
Si un prof violent ne peut
enseigner, car la violence doit être bannie de la société à commencer par
l’école, il faut aussi questionner le recours à la violence d’État, comme de
choisir qui on soignera ou ne soignera pas, dû au manque de ressources; la
violence syndicale, due aux grèves dans les services aux plus démunis par
exemple; et la violence économique, cause d’inégalités sociales! On ne peut en
rejeter une et dire que les autres sont acceptables. L’enfant, sous tension
parce que ses parents ont vu leur emploi s’envoler pour la Chine, est-il
violent ou une victime d’un système non sanctionné, car on ne sanctionne pas le
marché? Sur papier la ligne est claire;
dans la vie elle l’est parfois beaucoup moins. C’est donc de jugement et de
discernement dont on a besoin.
***
À première vue ce professeur
n’est peut être pas à sa place dans une école, mais, d’autre part,
l’intégration, le pardon et la réhabilitation
faisant aussi partie de nos valeurs, ce raisonnement se doit d’aller
plus loin.
L’école doit enseigner ces
valeurs et c’est pour cela qu’elle donne une seconde, une troisième, une
quatrième chance, et souvent davantage à l’élève en difficulté ou en trouble de
comportement. On a même changé le régime pédagogique et de notation pour
atteindre ce but sans marquer l’enfant. Peut-on à la fois dire aux élèves
qu’ils peuvent se reprendre et envoyer le signal que la réhabilitation est
impossible pour l’adulte? Que le jugement est final dans son cas. Il ne faut
jamais oublier que les jeunes sont très sensibles à ce que l’on fait, bien
davantage qu’à ce l’on dit!
Par contre, si on permet aux
étudiants de se réhabiliter, ce n’est pas nécessairement dans la même classe ou
la même filière. Des classes et des écoles spécialisées existent. La même
logique pourrait s’appliquer à un professeur qui a commis un geste que l’on
juge incompatible avec son emploi. Si on le réintègre dans le système régulier,
un suivi serré doit être fait, car l’usage de la violence peut avoir été un
événement fortuit, mais peut aussi être
le fait d’un trouble de comportement.
Par contre, s’il peut
transformer son expérience en enseignement, cela peut devenir positif.
Devrait-il être dans un projet spécifique pour expliquer les problèmes de la
violence? La question se pose.
Peut être pourrait-il être
dans une filière particulière d’enseignement tout comme pour certains élèves
qui se retrouvent dans d’autres voies que la régulière. En centre jeunesse ou
en milieu carcéral par exemple. Bref, si la réhabilitation est une valeur, la
commission scolaire ne peut passer à côté, mais doit aussi protéger les jeunes
dont elle a la responsabilité. Ce n’est pas tant l’embauche qui pose problème
que le suivi et les taches qu’il aura.
Je ne vois pas un(e)
pédophile enseigner dans une école primaire par exemple. Dans un centre de
l’âge d’or ou en prison, ce serait moins problématique. Il ne faudrait pas
oublier qu’empêcher les gens de travailler peut aussi les conduire à d’autres
formes de criminalité. Il faut donc voir à quoi ils peuvent convenir sans
risque pour les autres si on choisi la réhabilitation comme mode de
fonctionnement. En parler c’est bien, mais c’est sur l’action que l’on jugera.
Il faut donc s’assurer qu’ils soient à la bonne place et surtout pas à la
mauvaise; qu’ils sont bien suivis et bien encadré si c’est le régime que l’on
choisit.
***
Être pour la tolérance zéro
est aussi une possibilité. Mais, si tel est le cas, la permissivité que l’on
accorde aux jeunes leur envoie-t-elle le bon message? Cette forme de
déresponsabilisation, la sanction ne correspondant pas toujours à l’acte, mais
à l’âge, leur causera-t-elle davantage de problèmes à l’âge adulte, où un
comportement pourra être sanctionné pour toute une vie au passage des 18 ans?
La gradation des peines serait-elle une meilleure approche que cette coupure
entre l’âge adulte et l’avant, car devenir criminel ou violent est souvent un
(long) processus. Je ne fais pas d’affirmation ici, mais je crois qu’il faut se
questionner sur les objectifs à atteindre, les processus et les lois que l’on a
pour les atteindre. La peine doit-elle être conforme au délit ou à l’âge du
délinquant? La lecture de Cesare Beccaria serait à
conseiller à qui s’intéresse à ces questions. (3)
Des points de vue éthiques
pointent donc sur plusieurs fronts, que ce soit la réintégration ou
l’exclusion, mais aussi l’exemplarité et l’utilité de la sanction. Doit-on
promouvoir une réintégration exemplaire, la réintégration étant une de nos
valeurs, ou la peine exemplaire alors qu’on ne l’applique pas à tous, notamment
aux jeunes ou à la sphère économique?
Il n’y a pas de bonnes ou de
mauvaises réponses. Que des valeurs personnelles, comme la capacité de
pardonner ou le désir de faire payer pour le mal qui a été fait. Certains
seront donc fortement offusqués de cette obligation de réembauche alors que
d’autres trouveront qu’elle a du sens. Et, dans les deux cas ils auront des
arguments sensés et rassembleurs à leur disposition.
Par contre, on peut se
demander si les normes pour enseigner devraient être mieux définies?
Probablement. Pourquoi ne pas spécifier le niveau d’offense acceptable pour
chaque niveau d’enseignement et chaque catégorie d’élèves par exemple. Si on
choisi un autre mode de fonctionnement, comme l’interdiction formelle
d’enseigner pour toutes personnes ayant un dossier criminel, ce serait alors
différent. Mais, cette question est d’abord sociopolitique et poserait aussi
problème, car toutes personnes ayant été arrêtée pour avoir fumé un joint par
exemple ne seraient plus apte à enseigner. Et pour enseigner, c'est-à-dire
transmettre des connaissances, il faut
aussi des expériences. Bref, quand on s’arrête pour penser, on voit que ce sont des questions
complexes et que le feeling d’un animateur de ligne ouverte est peut être bien
populaire, mais ne tient pas la route d’une longue réflexion. C’est ce qui
explique pourquoi il y a des sujets sur lesquels il vaut mieux revenir la tête
froide. Prendre le temps de réfléchir.
***
Par contre, si la CSDM ne
savait pas son passé au moment de l’embauche, c’est qu’il l’avait caché.
Cela pose davantage
problème, car il est bien demandé toute une série de questions sur les offenses
criminelles dans le formulaire de demande d’emplois de la CSDM. (4) On demande
par exemple « Avez-vous déjà été condamné pour une offense
criminelle? » et de spécifier laquelle, notamment impliquant les jeunes, la
drogue, la violence, etc. C’est très clair. Et si on n’y répond pas
délibérément, il est bien spécifié à la fin du questionnaire que « Je comprends que toute fausse déclaration
peut entraîner le refus ou l’annulation de mon engagement, le cas échéant »
après quoi on demande la signature du candidat et la date. (4)S’il a fait une
fausse déclaration, il savait donc qu’il était passible de renvoi selon cet
article, surtout s’il a signé sa demande. Sur cette base, je crois il était
possible et souhaitable de le congédier.
Si tel n’est pas le cas,
cela veut dire que ce type d’avertissement et de déclaration sur les
formulaires d’emplois est nul et sans valeur. En conséquence, je suis con de
bien remplir mes demandes d’emplois et de mettre mes diplômes universitaires
quand le poste ne l’exige pas, car ça peut me nuire. Mais, puisqu’on me demande
de ne pas faire de « fausse déclaration », je suis le plus
transparent possible. Tous ceux qui les complètent avec honnêteté sont
probablement aussi cons que moi et c’est pour cela que nous avons probablement
des difficultés à trouver un emploi : trop honnête alors que cette
déclaration ne vaut finalement pas grand chose! C’est ce que nous dit la
Cour supérieure qui force la
CSDM à le réintégrer (voir note
1) même s’il a caché des faits importants dans son formulaire de demande
d’emploi.
Je pourrais donc écrire ce
qu’ils veulent lire et dire ce qu’ils veulent entendre en entrevue si cela n’a
pas davantage de valeurs. Je pourrais toujours plaider la distraction par la
suite s’ils vérifient et posent des questions, car rien ne dit qu’ils vérifient
rapidement puisqu’il fut engagé malgré son dossier criminel et congédié 6 ans
plus tard. 6 ans, c’est long! (5)
Alors, pour tous ceux qui
répondent avec franchise à ces questionnaires, ce serait une raison de renvoi
que d’avoir omis de mentionner qu’il avait été accusé de meurtre, car la question était bel et bien dans le
questionnaire au moment où il l’a complété. L’article du Journal de Montréal le
confirme sans l’ombre d’un doute :
« Sa
peine terminée, ce technicien en électronique postulait à un poste de
professeur en formation professionnelle à la Commission scolaire de Montréal
CSDM).
Pour ce faire, il devait remplir une déclaration de candidature
comprenant des renseignements personnels, dont ses éventuels antécédents
judiciaires. »
(6)
Sinon, c’est dire que la
tricherie, même par omission, est permise. À quoi bon avoir des normes
d’embauche si c’est pour ne pas les suivre. Modifions plutôt ces normes si
elles ne correspondent plus à la réalité. Cette question est d’autant plus
sensible dans le cas de l’enseignement que la tricherie peut causer le renvoi
des étudiants tant au cégep qu’à l’université et au moins leur suspension au
secondaire. En conséquence, le renvoi pour tricherie ne serait pas exagéré ici,
le principe de base en égalité étant la
conformité des peines pour les mêmes offenses. Raison de plus si on doit être
un modèle pour les jeunes!
Ce n’est donc pas sur la
base de sa condamnation qu’il doit être renvoyé, mais de l’omission de l’avoir
écrit dans le questionnaire d’embauche.
Notes :
1. Notre premier paragraphe
se lisait ainsi, pour vous remettre en contexte :
Le journal de Montréal et Radio-Canada nous
apprennent aujourd’hui que la Cour supérieure force la CSDM à
réintégrer un meurtrier, car
« nul ne peut être congédié pour le
seul fait d'avoir été condamné pour un crime qui n'a pas de lien avec son
emploi. » « Le professeur
Jean-Alix Miguel [avait] mortellement roué de coups Monique Saint-Germain en
octobre 1990 [et] avait plaidé coupable et purgé une peine de 7 ans de prison
avant d'être libéré. [Il] a par la suite
été embauché par la CSDM qui l'a congédié lorsqu'elle a appris son passé
criminel » nous apprend en substance le site de la SRC (Cour supérieure : La CSDM forcé de
réintégrer un meurtrier, Radio-Canada.ca/Montréal, mise à jour le jeudi 16
août 2007 à 10 h 19 : www.radio-canada.ca/regions/Montreal/2007/08/16/001-CSDM-prof-meurtrier_n.shtml) sur la base d’un reportage
du Journal de Montréal. (Santerre, David, Jean-Alix Miguel avait tué sa conjointe en 1990.
Réembauché après avoir caché un meurtre, Le Journal de Montréal, 16/08/2007
07h33 - Mise à jour 16/08/2007 08h55 : http://www2.canoe.com/infos/societe/archives/2007/08/20070816-073301.html)
2. Violence chez les filles: les mots qui
blessent, Radio-Canada/Le Point, 25 février 2003 : www.radio-canada.ca/actualite/lepoint/reportages/2003/02/25/violencefille/violencefille.htm
3. BECCARIA, Cesare, 1979 [1764], Des délits
et des peines, Paris: Flammarion
4. www.csdm.qc.ca/Csdm/offresemploi/pdf/t032.pdf
5. Simple calcul a partir de
ces quelques lignes du texte de David Santerre du Journal de Montréal, Op.
Cit. Le caractère gras est de nous:
« Miguel mentait et disait avoir un dossier
vierge. Il était embauché en 1998. »
« La Commission scolaire de Montréal devra
réembaucher un professeur qu'elle avait congédié
en 2004 parce qu'il avait caché, lors de son embauche, un détail important:
en 1990, il a tué sa conjointe. »
6. Santerre, David, Ibid.
---
Prétexte à
un essai sur la manipulation!
Commentaires de Michel Handfield (27 septembre 2007)
Souriante, de bonne humeur, naturelle, Odette
Toulemonde est la joie sur patte. Mélange entre « Amélie Poulain » et
« Marry Poppins », elle nous fait craquer. Quand elle est heureuse,
elle s’élève…
J’ai exceptionnellement vu ce film avec ma conjointe
et je peux vous dire qu’elle avait l’air heureuse, si heureuse qu’elle veuille
déjà le revoir lorsqu’il sortira en salle. Elle n’était certainement pas la
seule dans cet état, car on sentait que la joie de vivre d’Odette était
contagieuse. Elle crevait l’écran et
contaminait la salle.
***
À un autre niveau, celui de l’analyse, ce film a pour
trame la rencontre entre une lectrice, Odette, et un écrivain, Balthazar
Balsan, apprécié par madame Toulemonde, c’est-à-dire la femme du peuple, ce qui
fait que les intellectuels ne veulent pas de Balthazar en leur rang. On se
plaît donc à le critiquer : trop simple, convenu, populaire! Pour être de
l’élite, il ne faut surtout pas être compris du peuple! Remarquez que l’inverse
est aussi vrai : certaines gens font des efforts pour ne pas avoir l’air
intellectuel et même pour avoir l’air de ne rien comprendre parfois. Pourtant,
rien n’empêche de lire le Monde (Le Devoir ici), d’aller au gym et
d’apprécier le burlesque aussi, sans être condescendant non plus quand il
beurre trop épais! D’ailleurs, quand Balthazar fera le point sur lui-même, il
fera de la gym avec un voisin d’Odette!
Sous son humour, ce film pose un regard sur cette
manipulation que constitue l’opposition entre le vrai monde et les intellectuels. Question intéressante s’il en
est une et surtout d’actualités en ce temps de Commission sur les accommodements raisonnables au Québec! (1) Du
point de vue des populistes, être un intellectuel exclut d’être du peuple. Du
point de vue des intellectuels patentés, ceux qui s’auto congratulent
pour leur intellectualisme, être du peuple, c’est être petit, car eux ils ont
su s’élever au-dessus de la mêlée! Et c’est ce que l’on reproche à ce célèbre
écrivain : être resté dans la mêlée, c’est-à-dire d’être compris et aimé du
peuple!
Un célèbre critique littéraire le descendra d’ailleurs
dans tous les médias qui comptent dans les milieux intellectuels en s’en
prenant à son lectorat : la femme du petit
peuple, soit la coiffeuse, la vendeuse, l’employée de bureau ou de banque
pour ne nommer que celles-là. Il ira jusqu’à dire que « les pauvres d’esprits ont aussi droit à
leurs héros! » Pourtant, on ne semble pas dans la littérature à
recette et en série du genre Harlequin à
ce que l’on en perçoit. Cet écrivain semble servir de la substance à ses
lectrices, mais accessible. La nuance est de taille, c'est-à-dire qu’il utilise
une langue courante et compréhensible, pas un langage pour épater la galerie et
le seul cercle de ses amis, d’où son succès populaire justement! Mais, cela ne
veut surtout pas dire qu’il est inintéressant, sauf qu’être accessible est une tare dans certains
milieux. Pourtant, un intello qui se met au service d’une idéologie ne
serait-il pas davantage petit? Le démolisseur de service ne pose pas la
question et ne se la pose surtout pas, car il aurait certainement peur de la
réponse.
Puis, malgré ce que l’on peut penser de la littérature
rose et des romans Harlequin (www.eharlequin.com/), ils
ont tout de même la vertu de faire lire! Aux éditeurs et aux libraires de faire
leur travail pour amener ces lectrices ailleurs. Ce n’est cependant pas en les
ridiculisant comme le fait ce critique qu’ils y arriveront. Il y a là des
leçons à tirer de ce film alors que l’on parle justement d’une baisse de la
lecture.
Quoi que si Balthazar Balsan est démoli de voir cette
critique reprise dans tous les grands journaux qui comptent aux yeux des
intellectuels, cela n’affecte qu’un petit groupe finalement. Odette et la
population en général connaissent peu ces émissions et ces critiques! Ce job de
bras, qui démolit notre auteur au point de se dire « fini », ne
touche donc pas les lectrices comme Odette, car elles ne sont pas de ce milieu,
ni intéressé par ces débats entre intellectuels de service! Ça ne concerne pas
le vrai monde pourrait-on dire!
Remarquez que la même chose peut être dite des
émissions populistes. Elles tournent aussi les coins ronds pour émoustiller
l’indignation et les peurs de leur public, du vrai monde, car ça rapporte gros parfois, ne serait-ce qu’en tirage
et en côte d’écoute! (2) On est souvent dans une manipulation médiatique pour
des raisons d’audience seulement. Mais, comme tous n’ont pas la même capacité
de départager les choses, on crée ainsi des peurs qui font boule de neige et
amplifient un épiphénomène qui aurait dû rester là où il était, en marge, au
lieu de prendre toute la place. On crée de la nouvelle où il n’y en avait pas
toujours. Puis une autre nouvelle la chasse et on l’oublie.
***
De voir cette division entre le vrai monde et les intellectuels, c’est fort intéressant, car c’est
une relation qui me fascine depuis longtemps. On en parle beaucoup, mais la
comprend-on? En fait, existe-t-elle ou la crée-t-on pour des raisons
d’auditoires?
Si je me délecte des émissions de politique, je suis
totalement dépassé devant un moteur. Je suis donc dans le vrai monde qui doit faire confiance à son garagiste. Comme madame
chose, coiffeuse par exemple! Par contre, si les téléréalités ne m’intéressent
pas, le vrai monde les aime et les
côtes d’écoutes sont là pour le prouver. Mais, je n’ai pas lu le dernier
« chose », vous savez le roman en tête chez les intellos, car je suis
un lecteur d’essais, pas de romans. Alors, je ne suis pas un intello, mais un
délinquant intellectuel!
En fait, c’est peut-être ça le vrai monde : ceux qui font les choses par goût, parce qu’ils
les aiment et parce qu’ils y croient contrairement à ceux qui les font parce
que c’est tendance, que ça parait bien, pour les autres ou pour répondre à
l’image que l’on a d’eux! D’ailleurs, si certains cultivent leur image
d’intellos et n’en ont que pour la « grande » culture, affichant tout
le dédain qu’il faut de la culture populaire; d’autres cultivent tout autant
leur image de populiste si elle les sert. Cela se voit à tous les jours en
politique ou dans les médias. Certains ont même poussé l’art très loin, allant
jusqu’à dénigrer la culture impopulaire! Des gouvernements populistes se
demandent même pourquoi financer ce qui attire peu de publics plutôt que de se
demander si l’œuvre en soi mérite d’être financée. Ce n’est pourtant pas parce
que certaines œuvres sont impopulaires, qu’elles ne sont pas de qualité.
Certains peintres impopulaires à leur époque sont des vedettes qui attirent au musée
maintenant! Remarquez que l’inverse est
aussi vrai : ce n’est pas parce qu’une chose est populaire qu’elle est de
moindre valeur. Les Beatles étaient populaires et de valeur. Ils ont
révolutionné la musique. Par contre,
d’autres groupes populaires ont sombré dans l’oubli. Vous rappelez-vous de, le
nom m’échappe, des années 70-80?
Il y a un certain snobisme dans certains milieux.
Comme il était bien vu à une certaine époque que des intellectuels se fassent
travailleurs d’usine, certains travailleurs d’usines aimaient aussi jouer les
intellos, mimant les intellos médiatiques ou médiatisés! Le mimétisme n’évite
aucune classe sociale, ni aucun groupe, même les exclus! Aujourd’hui c’est par
contre un peu plus complexe, l’immigration et la crise des emplois
intellectuels faisant en sorte que votre livreur de journal, votre chauffeur de
taxi ou le vendeur de chaussures est peut-être un diplômé universitaire,
véritable intello, qui n’a rien trouvé de mieux et qui fut même chanceux de
trouver ce boulot.
***
Si l’intello ne vit pas dans le même monde au sens
figuratif, car il vit souvent dans ses pensées, il n’en est pas moins dans le
monde. C’est seulement qu’il le perçoit différemment. Comme les exclus et les
alternatifs d’ailleurs, qui vivent dans ce monde tout en étant membres d’autres
réseaux. Tout le monde n’est pas touché par les mêmes choses, ni de la même
manière. Le vrai monde est donc celui
qui nous ressemble et qui a les mêmes préoccupations que nous! C’est l’opinion
majoritaire sur une question donnée, mais cet échantillon n’est pas toujours
composé des mêmes personnes! C’est ce qui fait sa beauté, mais aussi son
insaisissabilité! Ce n’est par contre pas un signe de sagesse, ni de vérité.
Les courants majoritaires n’ont pas toujours raison, les intellectuels non
plus. L’histoire l’a prouvé à bien des occasions d’ailleurs. Il faudrait s’en
souvenir.
Le vrai monde
n’existe donc pas et est partout à la fois. Ce qui existe, c’est du monde! Du
monde qui sont à la fois semblable et dissemblable, ce qui fait que si vous
allez voir un show punk avec un de vos amis, c’est avec un autre que vous irez
au musée, au cinéma ou à un concert classique, car tous ne sont pas pareils.
C’est seulement dans la langue de quelques populistes et manipulateurs à qui
cette division fait l’affaire que nous retrouvons cette expression de vrai monde ! Tribuns de talent
parfois, mais manipulateur quand même, comme un certain George W. Bush qui dit
« Eux » et « Nous ». Cette notion sert à briser tous
questionnements, toutes réflexions, toutes oppositions, car on veut tous faire
partie du vrai monde en quelque part.
Personne n’aime être exclu même si on revendique tous notre individualité! Le vrai monde doit donc comprendre et
accepter le diktat idéologique qui dit le représenter pour ne pas en être
exclu. Le vrai monde, ce sont donc
ceux qui appuient aveuglément les politiques à la mode, qui écoutent l’émission
qui brise la côte d’écoute et qui lisent le livre en tête des best-sellers tout
en écoutant le tube du mois non parce qu’ils aiment ça, mais parce que le
nombre le justifie. Ils suivent la tendance majoritaire comme d’autres veulent
s’identifier à ce qui est hors de la norme, minoritaire. Sans les sondages, les
faiseurs d’opinions et les palmarès pour leur tracer la norme, ils seraient
perdus.
Tous ceux qui disent « oui, mais » ou
« non, mais », qui disent qu’il faut réfléchir et surtout ne pas
donner de chèque en blanc à qui que ce soit, sont honni du vrai monde même s’ils écoutent les mêmes choses et lisent les mêmes
livres parfois! Le vrai monde est un
groupe idéologique dont Odette ne fait pas partie même si certains la classent
parmi eux, car Odette fait ce qu’elle aime, non pas parce que c’est populaire
ou à la mode du jour, mais justement parce qu’elle l’aime. Elle est capable de
le dire et de dire pourquoi. Ceux qui le font parce que les autres le font ne
sont justement pas capables de justifier ce qu’ils aiment du roman qu’ils
lisent ou qu’ils affichent (3); de l’émission de télé qu’ils regardent; ou de
leur choix politique si on leur demande. Tout ce qu’ils peuvent répondre c’est
ceci : je l’écoute parce que
les autres l’écoutent; je le fais parce qu’il faut le faire; ou je change parce qu’il est temps de changer!
Et si on leur demande, « oui, mais pourquoi? », ils sont souvent
incapables de nous répondre! Ils suivent les tendances qu’ils savent (ou
croient) majoritaires.
***
Ce film nous offre donc un examen de ces constructions
artificielles créées par des intellos pour mettre les gens en boîte : intellos,
exclus et vrai monde par
exemple! Mais, si ces constructions artificielles affectent quelques intellos
et ceux qui ne veulent surtout pas être à part des autres, bien des gens n’en
ont rien à foutre. Odette dira d’ailleurs que ce qui compte c’est qu’un auteur
rende ses lecteurs heureux! Rien d’autre. C’est ce qu’on attend de lui et tant
qu’il livre la marchandise tout va bien.
***
J’ai aussi aimé cette différence entre ce que montre
l’écrivain par ses écrits et ce qu’il est, car plus souvent qu’autrement
l’écrivain vit dans sa tête. Écrire est une drogue qui empêche de vivre même si
on raconte. Je le sais, car j’écris. Quand une idée pousse, elle doit sortir
qu’il soit 10h, 23 h ou 2h du matin! C’est ainsi.
***
Naturellement, certains trouveront que c’est parfois
exagéré, mais c’est aussi vrai qu’une caricature peut l’être, donc plus grand
que nature! J’ai d’ailleurs regardé ce film avec un grand sourire du début à la
fin. Quant à ma blonde, elle riait et avait l’air d’une petite fille devant un
cornet de crème glacée à trois boules.
Note :
1.
Une recherche sur Google avec « commission Bouchard Taylor et vrai
monde » nous a donné 39 500 résultats le 24 septembre 2007. Pour n’en
citer qu’un, Michel Vastel a écrit ce qui suit dans un texte intitulé « Le discours déraisonnable de Gérard Bouchard »
paru dans le Journal de Québec du 18/08/2007 08h34 et repris sur www.canoe.com
:
« Les deux
co-présidents se sont bien gardés de dire qu'ils avaient déjà conclu leur
réflexion et que leur tournée de dix-sept villes du Québec ne visait qu'à
convaincre «le vrai monde» - celui qui regarde TVA et TQS doit-on conclure! -
de la supériorité de leur propre raisonnement - «intellectuel», il va de soi! -
mais ils ont fait deux suggestions pas mal surprenantes. » (www.canoe.com/infos/chroniques/michelvastel/archives/2007/08/20070818-083402.html)
Pour
ceux qui veulent savoir ce qu’est cette commission :
2. A écouter certains
commentateurs et membre du public sur la Commission Bouchard-Taylor on en
serait presque à obliger les femmes à être voilée à Montréal et j’exagère à
peine! Je vis dans un quartier multiethnique où il y a une forte présence
musulmane – on parle du petit Maghreb pour qualifier le secteur de la rue
Jean-Talon près de chez moi – et je n’ai vu que deux femmes avec la burqa il y a
deux ans environ. J’en vois quelques-unes un peu plus couvertes que les autres,
mais si plusieurs portent un foulard, plusieurs n’ont aucun signe distinctif
non plus. J’en ai même vu en minijupe!
3. Je pense ici à une
scène de « Cruising Bar »
avec Michel Côté, où il personnifie un YUPPIE qui, pour séduire, achète le
dernier roman en vue, le déballe et le place ouvert sur le divan…
Annexe
Résumé du film
Montréal,
4 septembre 2007 – Le célèbre metteur en scène de théâtre et écrivain,
Eric-Emmanuel Schmitt signe son premier film, Odette Toulemonde. Adapté de son livre Odette Toulemonde et
autres histoires publié chez Albin Michel en 2006, le film est une comédie sur le bonheur avec Catherine Frot et
Albert Dupontel.
Odette
Toulemonde, la quarantaine, vit tranquillement au cœur de la Belgique dans un
petit appartement en compagnie de ses deux enfants dont elle essaie de faire le
bonheur : Rudy, son fils coiffeur et Sue Helen, sa fille engluée dans les
problèmes de puberté. Odette travaille le jour au rayon cosmétique d’un grand
magasin et le soir, elle coud des plumes sur des costumes de revues
parisiennes. Persuadée qu’elle doit son optimisme permanent à la lecture des
romans de Balthazar Balsan, elle rêve de le rencontrer pour le remercier. L’écrivain
parisien, riche et séducteur impénitent, va débarquer dans sa vie de manière
tout à fait inattendue.
Fiche technique
France,
Belgique 2006. 1 h 44 min. Comédie réalisée par Eric-Emmanuel Schmitt. Avec
Catherine Frot (Odette Toulemonde),
Albert Dupontel (Balthazar Balsan ), Jacques Weber (Olaf Pims), Fabrice Murgia
(Rudy), Nina Drecq (Sue Helen), Camile Japy ( Nadine), Alain Doutey (Éditeur),
Julien Frison (François), Laurence d’Amelio (Isabelle). Images : Carlo
Varini. Décors : François Chauvaud. Costumes : Corrine Jarry.
Montage : Philippe Bourgueil. Son :Philippe Vandendriessche. Musique
originale : Nicola Piovani. Distribution Équinoxe Films.
Le
film prendra l’affiche partout au Québec le 28 septembre et une copie
sous-titrée en anglais sera présentée au cinéma AMC Forum.
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Commentaires livresques : Sous la
jaquette!
Question on ne peut plus
actuelle
Commentaires de Michel Handfield au sujet de :
Lawrence E. Harrison, 2006, The
Central Liberal Truth - How Politics Can Change a Culture and Save It from
Itself, Oxford University Press, 288 p. www.oup.co.uk
5 octobre 2007
Ça fait un an que j’ai ce livre, mais
quelques semaines que je l’ai lu. Vu le sujet, il nécessitait une attention
particulière. En parler nécessite aussi un soin particulier, car il fait le
lien entre culture, au sens large, politique et société. Certaines cultures
appellent-elles davantage la démocratie et d’autres l’autocratie par exemple?
Certaines valeurs et croyances sont-elles contre-productives? Ce peut parfois
être délicat comme question, mais non moins intéressant. Le sous-titre de cet
ouvrage est d’ailleurs fort éloquent : « How politics can change a culture and save it from itself. »
Cependant, certains pourraient s’empêcher de lire cet ouvrage juste à
cause du titre, « The Central
Liberal Truth », qu’ils
pourraient associer à un parti politique. Ce n’est pas le cas. C’est de culture
dont il est question ici. De culture, soit de valeurs, croyances et attitudes
(d’après la p. 6), car certaines d’entre elles offrent davantage de liberté que
d’autres, ce qui se reflète dans le niveau de développement des pays et des
gens. Telle est la thèse centrale de l’auteur.
Mais, la culture discutée dans ce livre est
définie dans une large mesure par la religion et le code éthique qui domine une
société donnée. (D’après la p. 6) Une des questions qu’il pose est celle des
croyances religieuses, ce qui va des grandes religions au Voodoo par exemple, car elles ont une influence sur les règles
sociales et politiques en regard de la liberté. Si tout est interdit ou
mauvais, il ne reste pas grand espace citoyen. Si tout est prédéterminé, il n’y
a pas grand encouragement à faire des efforts pour améliorer les choses ou son
sort.
Autant certaines croyances peuvent être une motivation au dépassement,
autant d’autres peuvent être un frein. Pour nous, du Québec et du Canada, ce
livre est fort instructif quand on pense à la mission afghane à laquelle nous
participons en vue de « démocratiser » cette région du monde d’une
part et aux des discussions concernant les accommodements raisonnables, surtout
en matière religieuse comme on le remarque si on suit le moindrement les
informations sur la commission Taylor-Bouchard, qui ont actuellement cours au
Québec d’autre part, car d’un côté on veut libérer les Afghans et surtout les
Afghanes du joug religieux alors que de l’autre, ici, on ne sait pas très bien
comment gérer une liberté religieuse qui peut imposer son joug sur ses fidèles,
et particulièrement les femmes, au nom de nos libertés fondamentales dont celle
de culte! Cela pose quelques questions à tous le moins.
Dans les régimes politico-religieux, les gardiens de l’ordre et du
dogme, les fidèles et les plus fondamentalistes seront-ils capables de vivre
avec de l’opposition, du scepticisme et même du déni face à leurs croyances? De
moderniser leur culte, peut être même de l’abandonner, s’il constitue un
obstacle au développement humain et à la démocratie? (1) Quant à nos
démocraties, doivent-elles s’accommoder des religions et croyances diverses ou,
au contraire, seraient-ce celles-ci qui doivent s’accommoder de la société
civile et du contrat social existant où elles arrivent? (2) Et ce contrat, représente-t-il
encore ce que l’on est vraiment? En d’autres termes, est-il encore « à
date » ou doit-il être revu et corrigé?
Naturellement, tout
ne plaira pas à tous dans cette approche, mais cet ouvrage est quand même fort
intéressant, bien documenté, et, surtout, ouvre des perspectives que l’on
entend peu ailleurs, allant jusqu’à
comparer le poids des principales
croyances religieuses les unes par rapport aux autres et à les juger en termes
de valeurs démocratiques et d’ouverture qu’elles apportent. Quand on lit sur la jaquette intérieure « He argues, for example, that Protestantism,
Confucianism, and Judaism have been more successful in promoting progress than
Catholicism, Orthodox Christianity, and Islam. », ça frappe. C’est même ce qui m’a fait demander ce livre à l’éditeur. À sa lecture,
cela s’éclaire cependant. Mais, il est difficile d’en parler sans faire de
raccourci. Mieux vaut lire ce livre.
Il embrasse large, car il examine 25 points
culturels répartis en 4 grandes familles : World View (vision du monde),
Values Virtues (valeurs), Economic Behavior (comportements économiques), et
Social Behavior (comportements sociaux). Il dresse donc un panorama assez large
des valeurs sociales, politiques et culturelles et de leurs influences sur la
vie en société.
On peut ne pas être en total accord avec
tout, trouvez quelques autres explications, mais c’est un outil de référence et
de réflexion essentiel pour comprendre notre société, mais aussi les autres. Un
immense travail d’analyse a été fait par l’auteur et on doit l’en remercier.
Par contre, il touche des points sensibles, la culture et la religion,
qui ne feront certainement pas l’affaire de tous. Mais, pour avancer, il faut
être capable de regarder et d’analyser les choses le plus froidement possible; d’autocritique; mais aussi accepter la
critique des autres. C’est ce que ce livre nous invite à faire même si l’auteur
a certainement quelques biais culturels lui aussi.
Si libéral que soit le milieu où l’on vit, on est tous sollicités par
des courants idéologiques. À des moments divers, nous adhérons tous plus ou
moins consciemment à certains d’entre eux, que ce soit en tout ou en partie.
Vivre en société implique des influences; une socialisation dès le plus jeune
âge. Il n’en est pas autrement pour l’auteur, ce qui ne l’a pas empêché de
faire un examen le plus juste possible de ce sujet.
C’est donc un livre que nous recommandons, car il met en lumière un
sujet d’importance, mais trop peu regardé jusqu’à présent; cela pour éviter de
froisser des sensibilités par exemple. Mais, si personne ne le regarde, comment
pourrons-nous améliorer les choses? Abandonner des croyances ne serait-ce que
dans la sphère publique? Un livre d’actualité dans le cadre des questionnements
actuels face aux religions que ce soit au Québec, au Canada ou ailleurs dans le
monde. Un livre qui pourrait cependant être interdit à bien des endroits sur la
planète encore aujourd’hui. Juste d’y penser cela montre le chemin qu’il reste
à parcourir pour en arriver à un monde plus libéral, au sens du respect des
libertés.
La liberté ne peut se gagner qu’en combattant un certain dogmatisme qui
profite justement de la liberté ambiante d’une société pour s’imposer et,
surtout, asseoir son contrôle sur celle des autres? C’est là un paradoxe que le
monde libre et démocratique se doit de résoudre. Beau et grand défi
s’il en est un!
Notes :
1. « I want to stress as
forcefully as I can that the guidelines contained in the final chapter of this
book will only prove useful when political, intellectual, and other leaders within a society conclude that some
traditional values and attitudes are obstacles to bringing about the kind of
society that aspires to democratic governance, social justice, and prosperity.
Any efforts to impose the guidelines from outside, whether by governments or
development assistance institutions, are likely to fail. » (p. xiv)
2. Je vois un lien
entre ce livre et un autre concernant les droits démocratiques où on lit
ceci :
«(…) le respect du
pluralisme et du désaccord raisonnable exige que les doctrines dites
« raisonnables » soient conciliables avec le pluralisme, c’est-à-dire
que les tenants de ces doctrines doivent accepter qu’il est raisonnable pour
les autres de nier la véracité de leurs convictions. En retour, cette
exigence n’a de sens que si elle provient d’un engagement à l’endroit de la
croyance en l’égale liberté de conscience. » (Genevievre Nootens, Moralité
fondamentale et normes subjectives : la justification d’un cadre moral
commun dans une société libérale, p. 34, in Luc Vigneault et Bjarne Melkevik (Sous la direction de), 2006,
Droits démocratiques et identités, PUL : Administration et
droit, Collection Dikè, 160 pages : www.pulaval.com)
Summary
Lawrence E. Harrison,
Adjunct Lecturer, The Fletcher School, Tufts University
A controversial look at how cultural values make some countries
democratic and rich and others authoritarian and poor--and how societies can
change for the better
Which cultural values, beliefs, and attitudes best promote democracy,
social justice, and prosperity? How can we use the forces that shape cultural
change, such as religion, child-rearing practices, education, and political
leadership, to promote these values in the Third World--and for underachieving
minorities in the First World? In this book, Lawrence E. Harrison offers
intriguing answers to these questions, in a valuable follow-up to his acclaimed
Culture Matters .
Drawing on a three-year research project that explored the cultural
values of dozens of nations--from Botswana, Sweden, and India to China, Egypt,
and Chile--Harrison offers a provocative look at values around the globe,
revealing how each nation's culture has propelled or retarded their political
and economic progress. The book presents 25 factors that operate very
differently in cultures prone to progress and those that resist it, including
one's influence over destiny, the importance attached to education, the extent
to which people identify with and trust others, and the role of women in
society. Harrison pulls no punches, and many of his findings will be
controversial. He argues, for example, that Protestantism, Confucianism, and
Judaism have been more successful in promoting progress than Catholicism, Orthodox
Christianity, and Islam.
Harrison rejects the Bush administration's doctrine that "the
values of freedom are right and true for every person, in every society."
Thus nations like Iraq and Afghanistan--where illiteracy, particularly among
women, and mistrust are high and traditions of cooperation and compromise are
scant--are likely to resist democracy.
Most important, the book outlines a series of practical guidelines that
developing nations and lagging minority groups can use to enhance their political,
social, and economic well-being.
Contradicting the arguments of multiculturalists, this book contends
that when it comes to promoting human progress, some cultures are clearly more
effective than others. It convincingly shows which values, beliefs, and
attitudes work and how we can foster them.
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La tournée de spectacles de Martin Fontaine
Montréal, le
lundi 17 septembre 2007 - Le 25 septembre, Martin Fontaine débutera une
tournée de spectacles à travers tout le Québec pour présenter les pièces de son
1er album solo, Sunny, lancé en avril dernier. Puisant au cœur de l’héritage musical qu’ont
légué les plus grands, notamment Ray Charles, Aretha Franklin, Les Beatles et même le King, il interprétera de grands classiques du répertoire groove,
soul et rythm’n’blues.
Avec plus de vingt années de
métier derrière lui, Martin
Fontaine a séduit plus d’un million et
demi de spectateurs avec la présentation du méga succès Elvis Story.
Cette fois-ci, il revient sur scène pour présenter ses coups de cœur avec
énergie, passion et intensité.
Tournée québécoise SUNNY :
3
OCTOBRE
RIMOUSKI
4 OCTOBRE
NEW RICHMOND
6 OCTOBRE
MONTMAGNY
13 OCTOBRE
SHERBROOKE
9 NOVEMBRE GRANBY
14 DÉCEMBRE QUÉBEC
15
DÉCEMBRE QUÉBEC
10 JANVIER 2008 VICTORIAVILLE
26 JANVIER 2008 ST-HYACINTHE
9 FÉVRIER 2008 VALLEYFIELD
8 MARS 2008 ST-JEAN-SUR-RICHELIEU
Commentaires de Michel Handfield (30 septembre 2007)
J’ai vu Martin Fontaine le
25 septembre dernier à la salle André-Mathieu de Laval (www.salleandremathieu.com). Très belle salle, avec
des murs de bois pour l’acoustique, à portée du montréalais que je suis par un
saut de métro.
Quant à ce spectacle,
c’était prometteur dès l’ouverture blues-jazz. Moins de deux minutes après, on
voyait qu’il a du métier et qu’on passerait une bonne soirée. Ce fut au dessus
de nos espérances. Comme la plupart des gens qui étaient là, on s’est levé et
on a dansé environ la moitié du spectacle!
Ce n’est pas une reprise
d’Elvis, ni une imitation. C’est Martin Fontaine, le talent qui se cachait
derrière. Mais, 10 ans de show d’Elvis, ça donne quand même de l’expérience.
Cependant, on apprendra dans le show qu’il avait fait ses classes aux Deux
Pierrots bien avant!
Ce spectacle constitue une
anthologie de la musique populaire « américaine ». On part des racines
de la musique actuelle, le blues et le jazz, pour arriver à aujourd’hui, avec
des présentations appropriés de la part de Martin. Il connaît la musique et
nous la fait découvrir dans le vrai sens du terme. C’est plus qu’un chateur;
c’est un « entertainer »! Il fait littéralement lever la salle. Je
l’ai dit plus haut, mais je le répète : on a dû être debout et danser
environs la moitié du show! J’ai même noté dans mon PALM « Il a rydé
l’show! »
Quant aux musiciens et
choristes qui l’accompagnent, tous excellent et
il leur laisse de la place. Le pianiste, à souligner dans le Chicago
blues, en chante même une. Les choristes, quelques unes! On sent l’équipe, pas
juste la vedette, ce qui crée une ambiance de band.
Quand on a traversé l’époque
rock’n roll on sentait la « bass guitar » nous entrer dedans et la
musique rouler littéralement sur le plancher. Après l’entracte, ce furent les
années Peace, Funk et disco, qu’il a présenté comme du funk avec de l’élégance!
Bref on a eu droit à une anthologie de la musique de la seconde moitié du XXe
siècle. Appréciable et apprécié!
S’il a une voix, je dois
aussi dire qu’il a tout un cardio, car il bouge! Une version festival de jazz
serait certainement à faire. Il aurait du succès. Je le recommande.
Sunny sur poste
d’écoute :
www.postedecoute.ca/catalogue/album/martin-fontaine-sunny
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21 personnes amoureuses vous donnent rendez-vous au
bordel des mots!
Michel Handfield (18 septembre 2007)
Privilégié, j’ai
assisté quelques instants à une répétition et voici ce que j’en ai retenu.
Ce cabaret,
c’est le fils de la poésie et du théâtre. Cela peut sembler improvisé, mais
c’est un faux fuyant, car ce sont des extraits de textes poétiques poussés dans
un grand éclat interprétatif! Voilà.
Guy Mauffette
aurait été fier de son fiston et de la troupe qui l’entoure, car ça a l’air
amusant que de jouer ainsi avec les mots! De les caresser au point de les faire
j’ouïr à notre oreille. La culture sera,
les mots danseront, mais sans jamais être totalement
« dénudé » de sens!
Le communiqué :
Quelques mots seulement pour
vous parler avec passion de Poésie, sandwichs et autres
soirs qui penchent, ma première escapade
artistique en dehors du TNM.
L’attaché de presse que je
suis devient attaché de cœur le temps de rêver cette «stonerie» poétique intime et débridée. Une lecture éclatée créée il y a déjà un an au
Festival international de la littérature puis reprise avec fougue au Carrefour
international de Québec, volet Théâtres d’ailleurs, cet été.
Grâce aux talents immenses
de 21 passeurs de poésie, nous reprenons ce happening tout en le réanimant avec
d’autres surprises.
21 personnes amoureuses vous donnent rendez-vous au bordel des mots !
Au menu :
Une pincée de Gauvreau, un
zeste de Rimbaud, une bouchée de mon papa Guy Mauffette, une larme de Jim
Morrison, une chanson de Clara Furey, une chanson de Mouffe et Robert
Charlebois, et aussi Patrice Desbiens, Geneviève Letarte, Aragon, Jean-François
Poupart, Geneviève Desrosiers, Henri Chassé, Marguerite Duras, Gaston Miron,
Marina Tsvetaïeva, Jean-Sébastien Larouche, Marie Uguay, Robert Lalonde, Kim
Doré, Nelligan et plusieurs, plusieurs autres !
Interprétés, claironnés ou
susurrés, en solo ou en chœur, en accéléré ou au ralenti, en entier ou en
partie, par Nathalie Breuer, Anne-Marie Cadieux, René Richard Cyr,
Maxime Denommée, Francis Ducharme, François-Xavier Dufour, Kathleen Fortin,
Clara Furey, Daniel Gadouas, Esther Gaudette, Maxim Gaudette, Émilie Gilbert,
Steve Laplante, Roger La Rue, Benoit McGinnis, Yves Morin, Patricia Nolin,
Brigitte Paquette, Lorraine Pintal, Catherine Trudeau et Loui Mauffette, votre
humble serviteur à la direction artistique.
…
Poésie,
sandwichs et autres soirs qui penchent est une
Production Attitude Locomotive. Spectacle de clôture du Festival international
de la littérature (13e édition) le Samedi 22 septembre, 21 h et le Dimanche 23 septembre, 16 h à la Cinquième
Salle de la Place des Arts (www.pda.qc.ca)
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Un Conte de fées
A Fairy Tale AN 2 8725
« Cet enregistrement rassemble une
sélection de mes pièces favorites. Comme
des caresses musicales, elles apaisent l’âme et réconfortent en procurant
bien-être et sérénité. Que cette musique
qui évoque la tendresse, le romantisme, la profondeur des sentiments, la
chaleur et les rêves, vous berce, vous enveloppe et vous charme! Pourquoi ne pas vous laissez aller à écouter
ce conte de fées … » Angèle Dubeau
C’est avec fierté qu’ANALEKTA célèbre la
10e saison d’Angèle Dubeau & La Pietà en éditant ce
disque somptueux qui est une évocation inspirée par le monde magique des contes
de fées. Certaines des pièces
enregistrées ont été écrites ou spécialement arrangées pour Angèle Dubeau et
son ensemble. Tirant leur origine de mythes très anciens, les contes de fées
ont inspiré depuis des siècles et inspirent encore aujourd’hui un grand nombre
de compositeurs envoûtant toujours notre imaginaire musical.
Ce florilège musical convie l’auditeur à
un voyage à travers l’espace et le temps : d’Antonio Vivaldi dont L’Amoroso
traduit en beauté la naissance du sentiment amoureux, à Manuel de Falla et Joaquin
Rodrigo, qui, quelques siècles plus tard, développent leurs thèmes autour
du folklore espagnol et de ses images fortes de passion débridée. Aujourd’hui, les compositeurs de musiques de
films font souvent appel au monde des contes de fées. Les trames sonores des
films Princesse Monoke, Kikujiro et Rêve fragile du compositeur japonais Joe Hisaishi ont été spécialement arrangées pour Angèle Dubeau
& La Pietà (incidemment, Angèle Dubeau est la seule interprète à
l’extérieur du Japon à être autorisée à jouer des œuvres de Hisaishi). Nino Rota et Ennio Morricone ont signé d’inoubliables compositions qui
permettent de transporter le monde du 7e Art au delà du cadre
purement cinématographique. Au Québec, on doit à François Dompierre, un maître dans l’art de créer un chatoiement
musical, la partition du film L’Odyssée
d’Alice Tremblay (ainsi que son extrait Un
conte de fées). C’est aussi François Dompierre qui est le créateur
des Beautés du Diable, l’œuvre
prodigieuse composée spécialement pour La Pietà. À pas calmes et sereins, Berceuse pour Angèle, cadeau pour Angèle Dubeau de Gilles Ouellet et Spiegel im Spiegel (Miroir
dans le Miroir) d’Arvö Part pour
violon et piano, nous conduisent dans une rêverie fabuleuse vers le pays des errances
magiques, des rêves et parfois des vilains enfants.
La tournée d’Angèle Dubeau
et la Pietà
La tournée 10e anniversaire de La Pietà amènera l’ensemble a
donner 65 concerts partout au Canada dont au The
Winter Garden Theatre Centre (le jeudi 8 novembre), aux États-Unis et au
Mexique. La liste complète des spectacles est disponible sur le site : www.angeledubeau.com.
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L’album CHANSONS D’ESPOIR, pour les 25 ans de la Maison et de la
Fondation Jean Lapointe et le livre LE JOUR OÙ JE SUIS ENTRÉ À LA MAISON,
publié aux Éditions Libre Expression
LANCEMENT LE
LUNDI 1ER OCTOBRE AU THÉÂTRE CORONA
Montréal, le vendredi 14 septembre 2007 - Dans le cadre des célébrations entourant son 25e
anniversaire, la Maison et la Fondation Jean Lapointe, en
collaboration avec Image Sonore (Jean
Robitaille), Trilogie Musique et Christal Musik, présentent
Chansons d’espoir, une compilation musicale de 13 chansons
d’auteurs-compositeurs et interprètes québécois venus offrir leur appui à ceux
et celles qui luttent contre la toxicomanie. L’album, qui sera mis en vente le 2 octobre, comprend notamment des
pièces de Ginette Reno, Claude Dubois et Céline Dion ainsi que deux compositions originales interprétées
par Bruno Pelletier et Bori. L’équipe de la Maison Jean Lapointe a également pu
compter sur la participation exceptionnelle du comédien Emmanuel Bilodeau qui interprète la chanson « Mon chum Rémi » des Cowboys Fringuants.
C’est le 1er octobre au Théâtre
Corona que seront lancés l’album Chansons d’espoir et le livre
Le Jour où je suis entré à la maison, publié aux Éditions Libre Expression, regroupant plusieurs témoignages de
personnes ayant séjourné à la Maison
Jean Lapointe.
Depuis 25
ans, la Maison Jean Lapointe a accueilli
plus de 20 000 personnes aux prises avec des problèmes d’alcool et de drogues
et la Fondation a versé plus de 20
millions de dollars à des centaines d’organismes qui oeuvrent en toxicomanie au
Québec.
Une partie
des recettes provenant de la vente de la compilation musicale serviront à
défrayer les coûts de traitement de personnes défavorisées et à supporter des
projets liés à la prévention des problèmes de toxicomanie chez les jeunes.
L’album
Chansons d’espoir, distribué par
Distribution Sélect, sera disponible en magasins dès le 2 octobre sous étiquette
Trilogie Musique/Christal Musik. Le livre Le Jour où je suis entré à la
maison, publié aux Éditions
Libre Expression, sera mis en vente le 3 octobre.
Répertoire :
1. Aujourd'hui je dis bonjour à la
vie - Marc Déry
2. Je promets - Stéphanie Lapointe
3. Mon chum Rémi - Emmanuel
4. Une force en toi - Marie-Élaine Thibert
5. Trouver le jour - Charles Dubé
6. Hommage - Stéphane Côté
7. On donne - Steve Marin
8. Venir au monde - Ginette Reno
9. Les fleurs malades - Jean Lapointe
10. Besoin pour vivre - Claude Dubois
11. L'amour existe encore - Céline Dion
12. La douzième - Bori
13. Merci - Bruno Pelletier
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(Ciné, Théâtre et quelques annonces d’événements)
Attention : Dans les
commentaires cinés, de théâtres ou de spectacles, les citations sont rarement
exactes, car même si l’on prend des notes il est rare de pouvoir tout noter.
C’est généralement l’essence de ce qui est dit qui est retenue, pas le mot à
mot.
Je ne fais pas non plus dans
la critique, mais dans le commentaire, car de ma perspective, ma formation de
sociologue, le film est un matériel et nourrit une réflexion qui peut le
dépasser. Certains accrocheront sur les décors, les plans de caméra, le jeu des acteurs ou la mise en scène, ce qui
m’atteint moins. Moi, j’accroche sur les problématiques qu’il montre et les
questions qu’il soulève. Le film est un matériel sociologique, un révélateur
social : psychosocial, socioéconomique ou sociopolitique par exemple.
C’est ainsi que sur de très bons films selon la critique, je n’ai fait que de
courts textes alors que sur des films qui ont décriés en cœur, j’ai pu faire de
très longues analyses, car je n’ai pas la même grille, le même angle, qu’eux
dans la tête. Je prends d’ailleurs des notes durant les projections de presse
que je ne peux renier par la suite, même si je discute avec des confrères qui
ne l’ont pas apprécié de la même manière que moi, car je travaille d’un autre
angle. J’encourage donc le lecteur à lire plusieurs points de vue pour se faire
une idée. Ce n’est pas un hasard si nos pages offrent plusieurs hyperliens de
références, car cette diversité de points de vue est nécessaire. Il faut la
protéger.
Michel Handfield
Rapport sur le Festival du Nouveau Cinéma 2007
Michel Handfield
29 octobre 2007
Continental, un film sans fusil
RENDITION / DÉTENTION SECRÈTE (Hors festival, mais la projection de presse a eu lieu durant la
période du FNC)
Présentation
Des films vu au FNC cette année, j’ai
particulièrement retenu les thèmes du multiculturalisme et de l’égalité même
s’il y en a d’autres! Deux thèmes en lien avec les débats actuels au Québec,
mais qui traversent aussi le Canada et d’autres sociétés. Peut-on être égaux et
accepter les inégalités en lien avec la culture?
Toutes les cultures sont différentes.
Certaines valeurs des unes sont en
contradiction avec celles des autres. Mais, qu’arrive-t-il lorsque ces valeurs
se retrouvent dans la même société et qu’on dit toutes les respecter au nom du
multiculturalisme? Un choc culturel, des débats ou des oppositions violentes?
La violence envers les femmes en est un exemple. Je pense ici à une certaine
violence culturellement acceptée comme on la voit dans « Bog of Beasts ».
Le nazisme s’opposait au
mélange des cultures, allant jusqu’à éliminer les juifs et autres personnes
jugées impures ou indignes, ce qui incluait les homosexuels, pour conserver une
race « pure ». Une idéologie folle, mais certaines religions
n’ont-elles pas un discours semblable parfois?
Le nazisme a aussi marqué ceux qui ont
grandi à son ombre même s’ils étaient trop jeunes pour prendre position. C’est
ce que j’ai trouvé en voyant « La
Mémoire en fuite » et « La
Question Humaine ». On n’échappe pas facilement à une telle idéologie.
Elle sape la liberté et marque la vie.
Droits individuels. Liberté. Égalité.
Fraternité. De biens grands mots; de biens beaux mots, mais à la moindre
différence, on est souvent stigmatisé par ses pairs. Notre individualité et
notre différence, un poids. « XXY »
nous permet une réflexion hors du commun sur le sujet.
Même le système qui met les droits et
les libertés à l’avant plan est loin d’être juste. C’est une partie du propos décapant du prochain Denis Arcand,
« L’âge des ténèbres », que
nous avons vu en première au FNC. Écoutez bien les doléances des citoyens qui
passent devant notre fonctionnaire désabusé, joué avec brio par Marc Labrèche.
Il y a toujours un règlement qui l’empêche de résoudre le problème; de répondre
aux doléances du citoyen malgré ses droits! De quoi être désabusé du système et
vouloir s’évader dans le rêve, car si on a des droits, la justice n’est pas
toujours de ce monde.
Dans le même ordre d’idée, « Le ring », en suivant un jeune
d’Hochelaga-Maisonneuve, nous montre que si on parle bien d’égalité,
l’inégalité socio-économique la rend caduque dans bien des cas. Le même jeune
né à Outremont aurait une toute autre histoire. Il peut s’en sortir, mais avec
beaucoup plus de travail. Et le milieu reçoit-il ce qu’il faut pour le
soutenir? L’égalité en est-elle une de moyens ou de traitement? Je
m’explique. Une égalité de moyen consisterait à mieux équiper les
bibliothèques scolaires des milieux défavorisés en livres et en postes internet
par exemple, de manière à compenser les manques du milieu familial. Une égalité
de traitement consiste à donner le même service de base, par exemple 6 heures
d’enseignement par jour peu importe le milieu socioéconomique dans lequel on
est, même si on sait que l’enfant de milieu favorisé aura probablement accès à
davantage de moyens de la part de ses parents, ceux-ci pouvant lui payer un
ordinateur, du tutorat et des cours privés s’il en a besoin. Celui des milieux
défavorisés a rarement accès à ces suppléments. Par contre, l’amour parental
n’a pas de frontières, d’où certains jeunes de milieux défavorisés s’en
tireront mieux que d’autres de milieux plus aisés à cause de la qualité de
l’attention que leurs parents leurs accorderont. Et le support des parents,
accompagné d’un support du milieu, compensera aussi une part de l’écart
socioéconomique. Des choses sont donc à faire pour que des possibles deviennent
réalité. Il ne faut surtout pas abandonner. Et des choses se font, comme à la Fondation Lucie et André Chagnon (www.fondationchagnon.org) ou à la clinique du Dr Julien (www.pediatriesociale.org).
Enfin, même si ce film n’était pas au
FNC, je tenais à parler de « Rendition » (« Détention
secrète ») ici, car j’ai assisté à ce visionnement de presse en même temps
que le FNC avait lieu d’une part, mais, surtout, il fait le pont entre droits
et culture d’autre part; l’idéologie religieuse pouvant mener au terrorisme et
le terrorisme à la suppression des droits, même pour un citoyen États-Uniens,
surtout s’il est d’une autre origine culturelle ou ethnique. C’est ce qui
arrive dans une affaire qui ressemble à l’affaire Maher Arar que nous avons
connu ici.
Bref, le cinéma, une occasion de
réfléchir sur bien des problématiques. Celles dont je viens de discuter
naturellement, mais aussi plusieurs autres, comme la solitude, avec « Ce que je sais de Lola » ou « Continental, un film sans fusil ».
Ou encore, les premiers pas vers l’âge adulte avec « Et toi t'es sur qui? ». Bonne lecture et espérons que ces
films prendront l’affiche quelque part près de chez vous chers lecteurs du
monde.
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Sélection
Internationale - Louve d'or
Javier Rebello
Espagne | 2006
112 min. | couleur /
35mm | espagnole,française (s.t. français)
int. : Michaël
Abiteboul, Lola Duenas,, Carmen Machi
Léon
est un homme solitaire qui ne fait rien et n'a de relation avec personne. Il
s'occupe de sa mère âgée jusqu'à la mort de cette dernière. Pour tromper sa
solitude, il lit le courrier de ses voisins, écoute les conversations des gens
et épie les allées et venues des passagers dans les gares. Un jour, Lola, une
Espagnole tapageuse, s'installe dans le voisinage, et Léon concentre alors sur
elle toute son attention. Pour son premier long métrage, Lo que sé de Lola,
Javier Rebollo continue sa collaboration avec Lola Dueñas qui perdure depuis
1997. Dueñas (Volver, Hable con ella) interprète une femme tendre, pathétique,
sensuelle et enfantine aux pas de laquelle Léon s'attache comme une ombre,
partageant avec elle ses joies et ses peines, sans qu'elle s'en aperçoive.
Neuvième Prix FIPRESCI de la critique internationale au Festival du film de
Londres, Angleterre, 2006.
Commentaires de Michel Handfield (29 octobre 2007)
Vivre par procuration. C’est ce que fait
Léon, qui s’occupe de sa mère et observe la vie des autres. Il n’a jamais
travaillé, car il ne sait rien faire! Désœuvré, il n’essai surtout pas de trouver. Il observe le
monde qui l’entoure et « s’attache » (ou s’attaque!) à une voisine
pour suivre sa vie à son insu.
Au moins, s’il écrivait un roman de ses
observations, car il aurait de quoi faire! Il aurait aussi eu des occasions de
contacts avec elle, ce qui aurait pu changer le cour de leurs vies, comme la
ramener du bar où il l’observait intensément par ce soir où elle a trop bu pour
conduire, mais il ne fait rien. Un con pathétique que l’on suit à son insu!
Bref, on fait un peu comme lui, mais sans conséquence. Au moins, cela nous fait
réfléchir sur la solitude et le fait que certain y sont peut être bien. La
solitude comme un cocon; une protection tous risques.
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Continental, un film sans fusil
Sélection
Internationale - Louve d'or
Stéphane Lafleur
Québec,Canada | 2007
103 min. / 35mm |
française
int. : Gilbert Sicotte,
Fanny Mallette, Réal Bossé
Un
homme se réveille dans un autobus stationné en bordure d'une forêt. Il est seul
à bord. Il fait nuit. Il descend. Des bruits lui parviennent de la forêt.
L'homme décide d'y pénétrer et disparaît dans l'obscurité. La suite met en
scène quatre personnages dont la rencontre découle indirectement de cette
disparition : Lucette, la femme de cet homme qui vit dans l'attente de son
retour; Louis, un jeune père de famille qui traverse un passage trouble dans sa
vie de couple; Chantal, une réceptionniste d'hôtel qui rêve d'une vie à deux;
et Marcel, un ancien joueur compulsif confronté aux aléas de la vieillesse.
Que Continental s'ouvre sur une touche
onirique fleurant la Scandinavie et son cinéma de l'absurde n'est pas fortuit.
C'est même un bon présage pour Stéphane Lafleur, dont le premier long métrage
emprunte clairement la voie de son maître, Aki Kaurismäki. Le résultat est une
mosaïque ludique, dont les couleurs dominantes sont l'humour noir et le rire
jaune, qui témoigne avec élégance de la vivacité de la relève québécoise.
Commentaires de Michel Handfield (29 octobre 2007)
Un film sur l’ennui de ces vies où il ne
se passe rien. Sur la vie « drable » de la majorité des gens qui
s’imaginent que tous les autres ont une vie trépidante sauf eux, car ils voient
la vie des autres par le prisme de la télé.
Un film sur des solitudes qui se
croisent, mais ne pourront poser le geste qui pourrait briser leurs états
d’âme. Faire qu’une rencontre éclaterait sur une aventure. Un film sur ces
petites choses, ces comportements, qui ne passeront jamais à l’histoire. Un
anti film sur le mal être de l’humain, mal être qui est en lui finalement et
qu’il porte parfois à des sommets!
Deux heures de cinéma pour réaliser que
votre vie n’est pas si pire que ça! Bref, c’est un film thérapeutique, un cran
au-delà du drame psychologique, car après vous vous en trouverez mieux.
Mais, attention, ce n’est pas
conventionnel et ne vous attendez surtout pas à quoi que ce soit, car ce ne
sera rien de ce à quoi vous pourriez vous attendre de toute manière. En fait,
ce ne sera rien comme dans « tout est dans rien! »
Pas de fusil, pas d’action, mais vous
regarderez l’écran comme vous le faite un soir de semaine où vous ne savez que
faire. Et rien ne se passera, d’où toute la pertinence et l’originalité de ce
film.
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Sélection
Internationale - Louve d'or
Micha Wald
Canada/Belgique/France
| 2007
86 min. | couleur /
35mm | française
int. : Grégoire
Colin, Adrien Jolivet, Grégoire Leprince-Ringuet
Micha
Wald nous emporte avec souffle dans un " western " poétique et cruel.
Quelque part à l'Est, en 1856, deux couples de frères s'entre-déchirent dans
des corps à corps boueux et sanglants. Jakub et Vladimir, des cosaques, se font
voler un cheval par Roman et Elias. Vladimir est tué. Jakub, assoiffé de
vengeance, part en quête de deuil. La sensualité des paysages, portée par une
partition musicale romanesque, percute en contrepoint la férocité du film et
exalte la violence des passions. À l'image découverte des frères qui vivent
blottis dans la terre de la forêt, Micha Wald nous parle, sur un ton à la fois
cru et retenu, d'amour fraternel. Scènes équestres, combats, violence
historique composent ce film qui s'évade pourtant du genre. Voleurs de chevaux
s'invente dans une tout autre dimension, à la beauté âpre et envoûtante.
Commentaires de Michel Handfield (29 octobre 2007)
Avant d’être cosaques Jakub et Vladimir
étaient voleurs de chevaux comme Roman et Elias. Comme eux ils sont aussi
frères et fortement soudés. Pourquoi? Parce que l’un a besoin de l’autre, plus
fragile. Amour fraternel au bord de l’inceste? Domination? Bref, ce film est
d’abord sur les relations fraternelles en eaux troubles.
Nous les suivront en trois épisodes
distincts. D’abord, ce sera la vie de Jakub et Vladimir que l’on suivra jusqu’à
ce qu’ils croisent Roman et Elias. Ensuite, nous reprendrons ce processus avec
Roman et Elias. Enfin, nous suivrons leur aventure commune à partir du jour
fatidique où leurs vies se sont
croisées.
Ce film porte sur l’impact que peuvent
avoir nos choix et nos comportements sur nos vies, mais aussi sur celle des
autres. Sur le fait que, malgré des choix différents, des destins peuvent se
croiser et tout changer. Que l’improbable est possible.
Si l’intrigue est intéressante, ce film
est par contre dur. Le milieu des cosaques n’est pas tendre, ni ce pays de
l’Est jamais nommé. Russie, Pologne, Ukraine, tous des choix possibles, car le
cosaque y a sévit. (1) Juste un exemple de la philosophie cosaque : pour
former les hommes il faut briser les caractères, parfois les os! Pour voler des
chevaux aussi.
Note :
1. Cosaques in
Wikipédia: http://fr.wikipedia.org/wiki/Cosaque
La fille coupée en deux
Présentation spéciale
Claude Chabrol
France | 2007
115 min. | couleur /
35mm | français
int. : Ludivine
Sagnier, Benoît Magimel, François Berléand
Chabrol transpose à son goût la relation
triangulaire passionnelle et criminelle d'un fait divers américain :
l'assassinat du célèbre architecte new-yorkais Stanford White en 1906, par un
play-boy millionnaire qui était l'époux de son ex-maîtresse, une jolie
mannequin et actrice de music-hall.
Dans l'univers chabrolien, Gabrielle
Deneige (Ludivine Sagnier), présentatrice météo, tombe éperdument amoureuse
d'un vieil écrivain libertin, marié et pervers (François Berléand). Séduite et
abandonnée, Gabrielle se marie alors, par dépit, avec un dandy névrosé, fils de
famille et totalement fou d'elle (Benoît Magimel) qui, lors d'un gala de
charité, tue son rival. À la fois innocente et fatale, intègre et opportuniste,
Gabrielle projette toute la dualité de son être dans ce déchirement amoureux.
Sous le signe du double et de la schizophrénie, baigné dans l'univers
cathodique du trompe-l'oeil et des faux-semblants, le dernier film du chef de
file de la Nouvelle Vague explore, avec une chasteté bourgeoise, les pulsions
les plus dépravées.
Commentaires de Michel Handfield (29 octobre 2007)
Le lettré, le bourgeois et la belle. Les
dits et les non dits. Les chiants aussi, comme dans l’entrevue entre le lettré
et le journaliste littéraire mal préparé, mais qui se fait un devoir de
s’afficher! Portrait d’une élite qui est pire que la populace qu’elle regarde
de haut. On est ici au cœur des conflits de clans, à l’intérieur d’une même
classe sociale, symbolisée par le conflit entre les parvenus, représenté par
Paul, et ceux qui sont arrivés par leurs propres moyens, le talent et le travail,
avec peut être un zeste de chance, représenté par un écrivain libidineux.
Mais, derrière cette typologie, on en
découvre une seconde. On peut à la fois avoir de la classe et être pervers et
manipulateur.
Quant à la fille, de classe moyenne,
objet de ce match entre les deux hommes, elle a le pouvoir de sa beauté qui
suscite leur convoitise. Mais, elle est aussi un objet que l’on manipule. On a
beau faire des discours sur l’égalité, on peut toujours réduire la femme à un
objet dans notre tête et même – et c’est là le plus grave – dans la sienne, au
point qu’elle se plait à ce jeu. À moins qu’elle ne se laisse manipuler pour
manipuler à son tour et ainsi accéder à la richesse. Parvenir, sauf qu’elle
n’accède pas à l’amour, ce qu’elle cherchait pourtant éperdument au début.
***
Le mâle est un chasseur et on entre ici
dans les instincts animaliers malgré quelques siècles de développement social
et de bonnes manières. Ça, c’est pour le public qui regarde. En privé…
***
La fin peut laisser songeur, car à la
sortie j’ai entendu quelques spectateurs se demander « pourquoi cette
fin? »! Je vous donne un indice de mon cru, pensé quelques minutes après
ma sortie de la salle : si elle va vers le burlesque c’est qu’il n’y a pas
meilleur moyen de faire chier sa belle famille de parvenu! Davantage même que
par un retour au petit écran.
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La Mémoire en fuite
Présentation spéciale
Jeremy Podeswa
Canada,Grèce | 2007
104 min. | couleur /
35mm | anglaise (s.t. français)
int. : Rachelle
Lefevre, Larissa Laskin, Themis Bazaka
Jeremy Podeswa, qui a réalisé des
épisodes de la populaire série de télévision américaine Six Feet Under, porte à
l'écran Fugitive Pieces, tiré du roman éponyme d'Anne Michaels. Le cinéaste
canadien, fils d'un survivant polonais de camp de concentration, retrace
l'histoire de Jakob, un garçon de sept ans, juif et polonais, témoin du
massacre de sa famille sous l'occupation nazie. Cet orphelin de l'Holocauste
est sauvé par un archéologue grec qui va l'élever comme son fils. Périple en
Grèce, exil au Canada ; Jakob, devenu adulte, recompose dans l'écriture les
pièces de son histoire. Un film sur la conscience aiguë des cicatrices laissées
au monde, ainsi définies par le réalisateur : " Le livre est à plusieurs
titres un avertissement à l'humanité. Si vous faites des choses bonnes ou
mauvaises, celles-ci laissent une trace. Les gens ont une mémoire, la terre a
une mémoire... tout a une mémoire. Alors, il faut faire attention à ce que vous
introduisez dans l'univers. "
Commentaires de Michel Handfield (29 octobre 2007)
Film par petites touches. Comme pour une
toile, on repasse parfois aux mêmes endroits. On se demande si les choses
étaient correctes. On y repense. C’est ce que fait Jakob. Il repense à son
histoire et à sa famille disparue dans ces années de tourmente que fut le
régime nazie dans sa Pologne natale. Que leur est-il arrivé? Que lui serait-il
arrivé si cet archéologue grec ne l’avait pas amené avec lui après l’avoir
trouvé tapis dans le bois?
Mais, retrouver le passé tue-t-il le présent?
Est-ce se condamner à ne pas être heureux? Une forme d’autoflagellation de la
pensée. Ainsi, ceux qui ont échappé à l’holocauste ont été condamné eux aussi
finalement, car cela hante leur pensées et leur vie. Un geste, une odeur, une
image réveille toujours le souvenir, accompagné de la douleur de ne pas savoir.
De la pensée du pire.
La crainte que l’histoire se répète à la
moindre montée d’idées de droite doit toujours les hanter, mais devrait aussi
nous hanter, d’où l’importance de montrer l’histoire, de nous rappeler, pour ne
pas la reproduire. (1) Le devoir de mémoire est important, car si la différence
entre l’Homme et l’animal est le langage, la différence entre l’Homme
préhistorique et moderne est la transmission de l’histoire, préhistoire voulant
dire avant l’histoire! (2) Pour cela il faut montrer la grande histoire, mais
aussi de petites histoires, comme les histoires de vie, d’où l’importance des
sciences humaines, que ce soit l’histoire, la sociologie ou l’anthropologie par
exemple.
Un excellent film, à la fois triste et
plein d’espoir, qui devrait avoir une diffusion en salle. Moi, je le
recommande.
Notes :
1. A ce sujet, le texte de Denise Bombardier, L’humanisme à la retraite, in Le Devoir, Édition du samedi 13 et du
dimanche 14 octobre 2007 est à lire : www.ledevoir.com/2007/10/13/160361.html)
2. Barreau, Jean-Claude, et Bigot,
Guillaume, 2005, Toute l’histoire du
monde de la préhistoire à nos jours, France : Fayard (Histoire)
(Distribution Hachette)
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Sélection
Internationale - Louve d'or
Mia Hansen-Löve
France | 2007
105 min. | couleur /
35mm | française,allemande (s.t. anglais)
int. : Paul Blain,
Marie-Christine Friedrich, Victoire Rousseau
Délicatement
découpé en trois périodes, Vienne, Paris et Pamela, le premier film de Mia
Hansen-Løve dépeint avec élégance et retenue une famille qui vole en éclats.
Pourtant, Victor et Annette sont amoureux et adorent Pamela, leur petite fille
de quatre ans. De Vienne à Paris, la famille finit de se laisser ronger par la
phobie du travail, l'oisiveté nocive et la dépendance à la drogue dure de
Victor. De dérive en dérive, Victor s'amourache d'une junkie qui meurt dans ses
bras. L'overdose de cette compagne de défonce sonne le départ de sa femme et de
sa fille. Après 11 années de séparation, Pamela, du haut de ses 17 ans,
retrouve son père. Cette dernière partie cherche à combler toutes les
disparitions, à retrouver les mots, la mémoire et le pardon. Cousu dans la
pudeur des silences et des ellipses, Tout est pardonné nous parle d'une voix
basse et mélancolique du temps perdu.
Commentaires de Michel Handfield (29 octobre 2007)
J’ai aimé le film, mais j’ai pris peu de
notes. À part de dire que Victor est inadapté aux gens, je n’aurais rien à
ajouter au résumé officiel plus haut.
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La Question
Humaine de Nicolas
Klotz
Prend l’affiche au Québec début 2008
Montréal, 1er octobre 2007 –
LA
QUESTION HUMAINE, un film de Nicolas Klotz, cénarisé par Elisabeth Perceval et
sorti le 12 septembre en France, ne cesse de faire parler de lui. Nicolas Klotz
et Elisabeth Perceval arriveront à Montréal le 12 octobre dans le cadre du
Festival du Nouveau Cinéma dans le but de présenter leur film.
Paris,
de nos jours : Simon, 40 ans, travaille comme psychologue au département des
ressources humaines de la SC Farbe, complexe pétrochimique, filiale d’une
multinationale allemande, où il est plus particulièrement chargé de la
sélection du personnel. Un jour Karl Rose, le co-directeur de la SC Farbe
demande à Simon de faire une enquête confidentielle sur le directeur général
Mathias Jüst, de dresser un rapport sur son état mental. Ne pouvant pas se
soustraire à la requête de Rose et ne voulant pas risquer de se mettre mal avec
Jüst, Simon accepte du bout des lèvres, en se promettant de conduire une
enquête discrète et de rendre un rapport le plus neutre possible….mais très
vite en pénétrant dans la nuit d’un homme, Simon entre dans la sienne : une
nuit hantée par les fantômes et les spectres de l’Europe contemporaine.
Avec,
entre autres, les acteurs Mathieu Amalric (Simon) et Michael Lonsdale (Mathias
Jüst), La Question Humaine se distingue de par la thèse violente qu’il propose
: le libéralisme contemporain est l’enfant, génétique et généalogique du
nazisme. Le journal Le Monde affirme : « cette thèse ô combien dérangeante, est
mise en scène avec une époustouflante maîtrise. Cette psychanalyse de
l’économie libérale, personne jusqu’à maintenant ne l’a restitué avec tant de
justesse, de puissance et de talent. Un grand film politique ».
Commentaires de Michel Handfield (29 octobre 2007)
On suit un psy du département des idées et des ressources humaines qui
doit dresser un rapport sur l’état mental du directeur général Mathias Jüst à
la demande d’un de ses adjoints. Tâche professionnelle ou forme d’espionnage et
de dénonciation? Dans quel but? Protéger l’entreprise ou assurer un putch? Ça
sonne le coup d’État militaire à votre oreille? Ce n’est pas surprenant, car
les parallèles entre le régime d’entreprise et un régime militaire sont
nombreux dans ce film. Dans les deux cas, par exemple, il faut pousser les
employés à se dépasser et à se sacrifier pour gagner la guerre, car nous sommes
dans une guerre économique. Mais, en même temps qu’on pousse le personnel, il y
a des hauts gradés qui se manipulent à qui mieux-mieux et qui manipulent leurs
subalternes et les exécutants sous eux. Des ambitieux qui planifient leur
avancement au dépend de l’objectif commun. Des manipulateurs et des malades,
qui hors de l’entreprise, ont une toute autre personnalité. Mais, on se tait
pour le bien de la nation; pardon, de l’organisation!
Pourtant, rien n’échappe à l’organisation. Elle vérifie ses
employés : leurs habitudes de vie et leurs changements de caractère, car
l’information est la pierre angulaire du contrôle. Dans ce monde il y a les
pions et les s-pions, pour faire un parallèle avec les SS, car ce film fait un
parallèle entre ce qui se passe dans l’organisation et les méthodes de contrôle
développées par le régime nazi il y a quelques décennies.
J’allais voir un film sur le travail, j’ai vu un film sur la psychologie
d’humains qui ont été élevés sous le
nazisme, ou suite à celui-ci, et qui en ont intégré une part sans en
être conscients. Des parallèles intéressants peuvent d’ailleurs être tirés sur
les façons de faire dans l’entreprise, mais aussi dans la vie. Les scènes de
discothèque et les rapports hommes/femmes hors de l’organisation me sont parus
forts éloquents parfois. Cela m’a même dérangée, car on y voit la recherche
d’une domination brute, voire violente, à l’extérieur de l’organisation. Mais,
si les relations semblent plus civilisées à l’intérieur de l’organisation,
c’est une apparence, et j’insiste vraiment sur ce mot ici, car l’objectif n’en
est pas moins de tasser ou d’éliminer quelqu’un que l’on ne considère plus
productif ou que l’on considère comme un rival.
Il y a là une différence avec ici, où nous n’avons pas connu le nazisme.
En Europe il en est certainement resté des traces. Même si on a embrassé les
valeurs démocratiques, tout n’est pas parti. Il existe encore des résurgences de cette époque, ce que ce
film fait réaliser, même si le langage
gomme une partie de la réalité par des formules efficaces. C’est ainsi qu’un
aveugle devient un malvoyant, un sourd un malentendant! On est dans une forme
de déconstruction/reconstruction de la réalité qui nous la fait perdre de vue.
Ce film la reconstruit cependant de façon ethnométhodologique, donc pas dans un
ordre linéaire, mais dans un ordre signifiant, pour nous la faire comprendre.
Un film d’idées à voir pour la justesse du propos symbolique.
---
Long métrage de la jeune cinéaste québécoise Anaïs Barbeau-Lavalette. Scénarisé par
Renée Beaulieu et produit par Ian Quenneville et Thomas Ramoisy,
LE RING nous entraîne au cœur du quartier
Hochelaga-Maisonneuve, sur les traces de Jessy, un gamin de 12 ans rempli de
rêves et d’espoirs mais aux prises avec la misère sociale et l’abandon.
Interprété magistralement par Maxime
Desjardins-Tremblay dans le rôle de Jessy, le film met aussi en vedette les
jeunes comédiens Maxime Dumontier, Julianne Côté et Jason Roy Léveillée ainsi que les vétérans Jean-François Casabonne, Stéphane
Demers, Suzanne Lemoine et René-Daniel Dubois.
LE RING est une production de l’INIS, l’Institut national de l’image et du son, dont la
scénariste, la réalisatrice et les producteurs sont des diplômés.
Christal Films en assure la distribution. LE RING sera également présenté dans le cadre de la 36e
édition du Festival du Nouveau Cinéma et prendra l’affiche au Québec (et au
Cinéma Parallèle) dès le 26 octobre.
Commentaires de Michel Handfield (29 octobre 2007)
On est en milieu défavorisé, le quartier Hochelaga-Maisonneuve, et la
vie n’est pas toujours rose autour de Jessy, un gamin
de 12 ans. La mère se drogue pour oublier la misère, ce qui coupe ses
chances de s’en sortir et la conduira vers la prostitution. Le père fait son
possible, mais les enfants sont souvent laissés à eux même. Le grand frère va
vers la délinquance et essai d’entraîner Jessy dans son sillon.
Mais, Jessy a ses idoles : les
lutteurs. Il aime aller au match de lutte. Voir le bon gagner, le méchant
perdre. Tout n’est cependant pas aussi tranché dans la vraie vie. On est
davantage en zone grise, où le méchant peut aussi faire du bon. Mais, c’est
parfois un piège. Il y a donc des codes à apprendre pour vivre en société et si
la force brute peut sembler importante, c’est d’abord la force mentale qu’il
faut. On est dans une forme d’apprentissage de la vie.
À l’école tout n’est pas facile non
plus. Les enfants manquent souvent de stimulation intellectuelle, car les
livres et les revues sont rares à la maison. Tous sont égaux devant l’éducation,
sauf que le statut socio-économique et le milieu culturel créent des
inégalités, certains ayant davantage de stimuli et de support que d’autres chez
eux. L’enfant qui n’a pas de journaux chez lui versus celui qui a La Presse, Le Devoir ou L’actualité,
ne partira pas du même point, ne serait-ce qu’au niveau du vocabulaire, à moins
de niveler par le bas au nom d’une certaine équité. Le jeune qui se sent
défavorisé à l’école peut alors rager d’être incompris et
« s’exprimer » par un acte violent ou un sacre s’il ne trouve pas les
mots pour le dire. C’est ce qui fait qu’entre les punitions, le rattrapage et
le décrochage, ce dernier est parfois plus facile. Et la décision se prend assez tôt
semble-t-il! (Pineault, 2007) On peut
aussi l’orienter vers les métiers du professionnel court, mais on aurait
certainement pu faire mieux avoir eu les moyens et le soutien du ministère, du
milieu et de la famille.
En effet, les enfants sont tous
comparables, intelligent et curieux, sauf que l’un peut répondre à sa soif de
savoir alors que l’autre n’a pas nécessairement accès à ces outils, question de
milieu. Pire, il peut voir que papa ne lit pas; il travaille! Lire est donc une
perte de temps quand il faut gagner de l’argent. De là à faire le lien avec l’école
comme étant une perte de temps il n’y a qu’un pas; l’autre étant de lier de
petites délinquances avec l’argent. De l’argent facilement gagné au début.
C’est d’ailleurs l’exemple que donne le frère de Jessy, qui monte d’ailleurs en grade après être allé en centre
(Rivière-Des-Prairies). Il le fera même travailler pour lui un certain temps,
car « les plus jeunes n’éveillent
pas les soupçons pour livrer de la drogue! » Et on ne peut pas les
arrêter. Façon d’apprendre les rouages du crime impunément et dès le plus jeune
âge. Mais, Jessy n’aime pas ça. Une chance.
Jessy a aussi quelques difficultés à
l’école, notamment en oral, car on lui demande de parler de ses parents. Mais,
comment parler d’eux? Il ne peut tout de même pas dire qu’il voit sa mère se geler
avec une seringue, ni parler des premiers pas de son frère dans le crime! Mieux
vaut se taire. Mais, comme on ne peut l’évaluer, il est en risque d’échec.
Quand à trouver d’autres sujets, c’est
le défi de l’école, mais pour cela il faut une conscientisation sur le milieu
social dans lequel elle se trouve! Sauf qu’il n’y a pas de sociologue à
l’école, ni à la commission scolaire. Et s’il y en a, il y en a très peu.
(1)
La mauvaise alimentation, le manque de
sommeil et le stress (où est maman?) sont aussi des causes de problèmes. Quand
les inquiétudes prennent le dessus sur les rêves, demain sera certainement
difficile. C’est pour ces raisons que ces enfants ont besoin de modèles
positifs et de ressources collectives compensant ce qu’ils ne trouvent pas
nécessairement à la maison, comme des bibliothèques scolaires et de quartier
mieux garnies (2); des havres de paix où faire les devoirs et les leçons; et
des aidants pour les aider naturellement, mais aussi les écouter, et, surtout,
les supporter.
On se doit de regarder les valorisations
sociales, non seulement dans leur environnement immédiat, mais plus largement.
Que valorise-t-on? Les métiers! Ainsi, dans la nouvelle grille d’évaluation des
immigrants, « le boucher reçoit dix
points sur dix, le médecin cinq seulement. » (Baillargeon, 2007) Ce
qui compte c’est l’employabilité la plus rapide. Mais, si les conditions
changent, qui sera le mieux outillé : celui qui a une base académique
solide pour continuer à apprendre ou celui qui aura le minimum acceptable?
D’ailleurs, pourquoi défavoriser autant le développement intellectuel? C’est
comme si quelqu’un de métier n’avait pas à penser. Pourtant, rien n’empêche
d’avoir de bonnes bases intellectuelles, une bonne culture générale, et un
métier. Au contraire même, car plus on peut comprendre le sens des choses,
mieux on est outillé pour voir s’il y a problème. Il est peut être là le
problème justement, car bien outillé on peut aussi questionner ce qui apparaît
injuste. Les décisions hiérarchiques!
Les exécutants ne doivent pas trop en
savoir et encore moins comprendre. Le taylorisme a peut être changé de forme,
mais il est encore là : intégré dans les façons de penser et de
faire!
Celui qui choisit les bras plutôt que la
tête n’a peut être pas tout à fait tort avec une telle philosophie. Le système est fait pour donner cette
orientation, dénigrant les intellectuels et valorisant les métiers. Les métiers
de la construction paient d’ailleurs bien mieux que bien des professions
libérales! Et le chômeur instruit existe. On entretient même son image,
montrant que bien des diplômés n’ayant qu’un professionnel court gagnent mieux
leur vie que ces rêveurs que sont les intellos. Des paresseux qui réfléchissent
au lieu de travailler! Combien de fois je me suis fait dire d’arrêter de penser
puis d’aller travailler, ne serait-ce que de livrer des commandes en vélo dans
un dépanneur. Au moins tu ferais de quoi! Sois réaliste, car penser et écrire,
ça ne donne rien.
Cela n’est pas un hasard, car
l’intellectuel peut remettre en cause les décisions de ses supérieurs ou de
l’organisation. Il peut aussi projeter les problèmes qui viennent alors que
bien des exécutants sont surpris quand l’entreprise leur annonce sa soudaine
délocalisation pour cause de l’envol du
huard! (3) Bref, il y a plusieurs bonnes raisons de favoriser l’éducation, à
condition qu’elle ne soit pas trop forte. On ne le dira pas en ces termes, mais
c’est ce que veut dire une école en adéquation avec les besoins du marché!
Savoir ce qu’il faut, mais pas trop. Ce sont des employés que l’on veut, pas
des militants!
***
Des rêves brisés de naissance, c’est ça
l’inégalité sociale. Elle vient de critères qui ne dépendent pas des
gens : sexe, couleur de la peau, lieu de naissance, handicap, etc. L’inégalité
socioéconomique, ce ne sont pas des employés d’entretien de la STM qui n’ont
pas la parité avec Toronto ou Boston. Ça, ce sont les préoccupations d’une
élite ouvrière. Imaginez qu’on leur donnerait la parité avec les employés
chinois par exemple! L’inégalité économique, c’est la différence de moyens
entre l’ouvrier du privé, au salaire minimum, le syndiqué du secteur municipal,
et le cadre supérieur de banque qui fait quelques dizaines de fois le salaire
de son employé le plus productif! S’il avait au moins des responsabilités, mais
il cachera toujours ses décisions derrière le marché, paravent du cadre
moderne.
C’est une fiction documentaire, car
cette fiction montre peut être davantage la réalité que ce à quoi pourrait
avoir accès un documentariste. Le rêve inatteignable d’enfants, pourtant jugés
égaux, en raison de l’inégalité socioprofessionnelle et salariale des parents!
Ça devrait passer à la télé grand public. Je pensais Radio-Can, mais cela
atteindrait peut être davantage la cible à TVA je l’avoue; surtout suivie d’un
Claire Lamarche spécial, où le public et quelques spécialistes médiatisés
pourraient intervenir sur ce sujet. De
quoi avoir de l’audience et sensibiliser la masse.
Notes :
1. Je sais de quoi je parle, car j’envoie mon CV régulièrement à la CECM
(maintenant CSDM) depuis la fin de ma maîtrise (1988), sans aucun résultat. Ce
n’est tout simplement pas une catégorie d’emploi fréquente dans ce milieu.
Pourtant il y aurait des besoins de mon point de vue.
2. La preuve que nos bibliothèques scolaires sont dégarnies, c’est que
le « VSMS en bref » de la
semaine du 22 octobre 2007 nous informait qu’une « Collecte de livres pour la bibliothèque de l’école Saint-Bernardin »
aurait lieu dans quelques jours :
« Le 31 octobre prochain, la députée de Papineau invite les petits et les
grands à passer par son bureau de circonscription situé au 177, rue Jean-Talon
Est à partir de 15h30 à 20h30. Madame Barbot demande aux citoyens de Papineau
d’apporter un ou des livres pour enfants qui seront remis à l’école
Saint-Bernardin qui a un urgent besoin de regarnir sa bibliothèque. Pour
information : Danielle Rioux : 514-277-6020 »
Quand il faut s’en remettre à la charité pour regarnir une bibliothèque
scolaire, c’est que quelque chose ne va pas.
3. Huard : surnom donné au dollar canadien dont la face est un
huard comme vous l’avez deviné.
Références/Hyperliens
Assistance d’enfants en difficulté (Dr. Julien) :
Baillargeon, Stéphane, Pour immigrer au Québec - Mieux vaut être boucher
que médecin, Le Devoir, édition du mardi 18 septembre 2007 : www.ledevoir.com/2007/09/18/157302.html
Fondation de la pédiatrie sociale du Dr Julien : www.pediatriesociale.org
Fondation Lucie et
André Chagnon : www.fondationchagnon.org
Pineault, Jean-Philippe, Décrochage : Abdiquer dès la maternelle,
in Le Journal de Montréal, 10/10/2007 05h57 - Mise à jour 10/10/2007
09h40 : http://www2.canoe.com/infos/quebeccanada/archives/2007/10/20071010-055700.html
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Sélection
Internationale - Louve d'or
Lucía Puenzo
Argentine, France,
Espagne | 2007
91 min. | couleur /
35mm | espagnole (s.t. français)
int. : Ricardo Darín,
Valeria Bertuccelli, Germán Palacios
Avec son premier film, qui a reçu le
Grand Prix de la semaine internationale de la critique à Cannes, Lucía Puenzo
aborde le syndrome de Klinefelter, aussi appelé syndrome XXY. Alex, 15 ans
(jouée avec subtilité par Inés Efron), quitte l'Argentine avec ses parents pour
s'installer sur la côte uruguayenne. Lorsque des amis de la famille, un
chirurgien esthétique, sa femme et leur fils Alvaro (Martín Piroyansky),
entrent dans le décor, l'intrigue, déjà riche avec la confusion autour de
l'identité sexuelle de la jeune fille, l'hypocrisie parentale et une sexualité
en éveil, se complique encore. L'aberration chromosomique d'Alex est traitée
comme une épreuve parmi d'autres au cours des tribulations de l'adolescente.
XXY est remarquable dans sa retenue ; les vues splendides des plages désertées
renforcent les thèmes de l'isolation et de la découverte. Avec une trame
narrative peu ordinaire et un talent affirmé, Puenzo est d'ores et déjà une
étoile à suivre dans la constellation du nouveau cinéma d'auteur argentin.
Commentaires de Michel Handfield (29 octobre 2007)
Il est difficile d’être quand on est
adolescent, mais ce l’est davantage quand on a une différence. Et, si elle
n’est pas immédiatement apparente, il y
a ceux qui ont appris des choses. Comme ils en parlent, cela s’amplifie. Ils y
en a même qui voudront voir…
La personne différente pourra alors
devenir un objet de curiosité ou, pire,
un monstre. C’est ce qui pourrait arriver dans ce film sur l’identité. Les
pires monstres seront pourtant ceux qui violeront son identité.
***
À l’adolescence on forme notre
personnalité et notre identité sexuelle.
Chez Alex ce passage sera plus difficile que pour d’autres, car on lui a
toujours caché une vérité qu’il devra apprivoiser et gérer. Même si on l’a
élevé comme une fille, Alex a les deux sexes. Ce double appendice lui pose donc
une question difficile avec l’éveil de sa sexualité : suis-je fille ou
garçon? C’est ainsi que dans une scène où elle veut perdre sa virginité, le garçon
commence à lui toucher les seins, sauf que, rendu plus loin, elle lui enlève la
main fouineuse, se place derrière lui et le sodomise! Là on saisit tout le
problème. Pour Alex naturellement, mais aussi pour Alvaro, car si elle a 15
ans, lui en a 16 et il ne sait plus s’il aimait être avec le « elle »
ou avec le « lui » d’Alex.
On est au cœur même de la question de
l’identité et de la sexualité, avec toutes les ambigüités que cela peut
comporter : culturelle, hormonale et sexuelle. Un film où l’image parle
avec peu de mots, comme chez les adolescents. Un film sur l’acceptation aussi.
D’abord celle de soi, car c’est par cette assurance que passera celle des
autres, de ses proches, puis, enfin, de la communauté si Alex décide d’une
identité qui sera la sienne.
***
Un film que j’ai trouvé profondément
marquant et humain; qui touche les processus psychologiques, sociaux et
culturels de la formation et de la cristallisation de l’identité, mais
concentré dans la personne d’Alex.
Un film pour qui s’intéresse aux
relations sociales, à la normalité, à l’acceptation et au rejet dans la
société. D’ailleurs, si ses parents pensaient faire opérer Alex, était-ce
réellement pour son bien ou parce qu’eux même rejetaient sa différence, surtout
qu’ils ne l’avaient jamais mis au courant de leurs intentions, ni consulté sur
son choix. Ils avaient décidé d’en faire une fille. Un film fort que je
recommande.
Et toi t'es sur qui?
Panorama
International
Lola Doillon
France | 2007
82 min. | couleur /
35mm | française
int. : Lucie
Desclozeaux, Christa Theret, Gaël Tavares
Vincent
+ Julie, Nicolas + Élodie, Nicolas + Julie...
Lola Doillon filme les chassés-croisés
d'une bande d'adolescents en plein apprentissage amoureux. Élodie la pudique et
Julie l'impulsive, poussées par l'urgence du passage à l'acte sexuel, se
soucient de ne devenir « ni vieille fille ni grosse salope ». C'est bientôt la
fin des cours au collège, elles se décident à perdre leur virginité. Et les
garçons n'attendent que ça ! Lola pose sa caméra dans les traces de son père,
Jacques Doillon, et revisite, à l'époque du chat sur Internet, des SMS, des
jeux vidéo et des iPod, les vertiges universels de l'amour quand on a 15 ans.
Un son direct naturel et réaliste, une image qui a du grain et des couleurs
poussées au maximum composent cette carte postale de l'adolescence, qui
rivalise de fraîcheur et d'humour, de tendresse et de vérité. Un premier long
métrage de Lola Doillon sur les premières fois, qui rappellent bien des
souvenirs!
Commentaires de Michel Handfield (29 octobre 2007)
Je ne sais pas si c’est ainsi en France,
mais dans ce film tous les étudiants doivent faire un stage de travail de
quelques jours pour s’initier à un métier. Ce n’est pas assez pour l’apprendre,
mais assez pour savoir de quoi il en retourne; à quoi le travail ressemble.
Même si les étudiants sont critiques face à cela, ils peuvent voir s’ils aiment
mieux le travail ou les études par exemple, ce qui devrait leur permettre de se
« focuser » pour l’avenir. C’est l’arrière plan du film, car son
propos est le passage à l’acte sexuel. La première fois!
Un sujet intéressant et non libidineux,
car cela porte davantage sur l’idée que les jeunes se font du passage à l’acte sexuel et à l’âge adulte
alors qu’il n’y a pas vraiment adéquation entre les deux. Si c’est un passage,
ce n’est pas celui qu’ils croient. C’est souvent un passage à vide, car plus
souvent qu’autrement la première relation est une question de circonstances et
de montée d’hormones, donc incontrôlée malgré tous les plans qu’ils ont pu
faire. Coucher, ça arrive parfois sans que l’amour n’y soit. Un bon film pour
plonger dans l’adolescence avec ses certitudes, ses tourments, ses doutes et
ses erreurs (apprentissages).
A l’occasion les sous-titres anglais
étaient utiles pour comprendre, car ce n’est pas le français littéraire que les
français se plaisent à nous faire croire qu’ils parlent régulièrement. C’est le
français de la rue… et des SMS. (1)
Note :
1. Short message service. Voir http://fr.wikipedia.org/wiki/Short_message_service
---
Temps zéro
Cláudio Assis
Brésil | 2007
80 min. | portuguais
(s.t. anglais)
int. : Mariah
Teixeira, Fernando Teixeira, Caio Blat
Le no man's land rural d'un Brésil en perdition. Là vit une jeune fille
que, la nuit tombée, son grand-père expose nue aux hommes qui payent pour se
masturber. Ici, les femmes sont chair et les hommes sont bêtes. La violence est
quotidienne et la monstruosité, banale. Il y a aussi ce lieu terrible, « le
cinéma », où tout est possible, notamment pour l'homme de combattre l'ennui
tout en exerçant librement sa fierté. Quant aux femmes… Dur et provocateur,
d'une étonnante puissance réflexive, Bog of Beasts est une torche enflammée
jetée au visage de la société brésilienne contemporaine. Un film implacable qui
ne laisse place ni au doute ni à l'espoir. Une critique sociale férocement
politisée, mais aussi du cinéma pur et stylisé, sorte de voyage chaudement
sensoriel au cœur des ténèbres. Mentionnons également qu'il a remporté le
prestigieux Tiger Award au Festival de Rotterdam et les prix de la critique, du
meilleur film et de la meilleure actrice au dernier Brasilia FF.
-Julien Fonfrède
Commentaires de Michel Handfield (29 octobre 2007)
Film dur. La femme passe par là. Pas de
condom, pas de respect. Les hommes se laissent aller et maltraitent les femmes.
Elles pourraient réagir, prendre la parole, s’opposer! Elles semblent accepter
cet état de fait, même aimer ça pour certaines. C’est comme si la violence
était perçue comme un geste sexuel. De désir. Tellement de désir que l’homme
perd le contrôle. Il explose. Cela donne tout le contexte.
Quant à l’histoire du grand-père qui
« s’occupe » de sa petite
fille, il met en contraste le discours et les gestes. Il lui parle de respect
mais la met à nu, en échange d’argent, devant des hommes qui se masturbent en
la reluquant. Il dit la protéger, mais l’exploite. Il veut qu’elle rapporte,
mais la traitera de pute… Bref, une relation malsaine et incestueuse.
***
Ce film pose donc, à un autre niveau, la
question de l’immigrant qui amène sa culture avec lui. Au nom du
multiculturalisme, devrait-il être bienvenu avec cette culture, même si elle va
contre notre droit criminel? Certains diront que c’est autre chose. Que le
droit criminel a préséance sur la culture. Mais, en est-on sûr puisqu’il y a
aussi la loi du multiculturalisme? À ce sujet, rappelons que l'Honorable juge
Monique Dubreuil a laissé sortir deux violeurs avec une peine à purger « dans
la collectivité », vu le « contexte culturel particulier à l'égard des
relations avec les femmes » chez les haïtiens » en 1998! (1) D’autres causes
sont aussi possibles, comme celle du mariage d’une enfant (2) ou de polygamie
pour causes religieuses. (3)
Si le multiculturalisme doit constamment être
surveillé, on devrait peut être se poser des questions à son sujet et le
réviser. C’est ce qu’un tel film nous fait réaliser. Attention : s’il sort
en salle, c’est un film assez dur, mais culturellement intéressant.
Notes :
1. Le multiculturalisme à l'encontre de l'égalité? Michel Handfield, M.Sc. sociologie,
Montréal, le 27 janvier 1998 (Paru dans La Presse, 28 janvier 1998, p.
B 2). Ce
texte fut repris en note de fin de page dans « « AURORE » : la rencontre de l’idéologie et de la
folie! », in Societas Criticus, Vol. 7 no. 3, 2005.
2. « Accusé d'agression sexuelle, un Montréalais se défend en
prétendant avoir épousé une fillette de 10 ans en 1999. Daniel Cormier se
défend en attaquant la légalité des articles du Code civil qui régissent le
mariage.
M. Cormier avance que la définition du mariage du Code civil viole sa
foi chrétienne. » (« Procès de Daniel Cormier. Le Code civil brime la
foi de l'accusé. », SRC, Nouvelles/Montréal, Mise à jour le vendredi 26
octobre 2007 à 12 h 43 :
www.radio-canada.ca/regions/Montreal/2007/10/26/004-Cormier-Foi-Code-civil_n.shtml)
3. Dans ce dernier cas on a même flirté avec sa décriminalisation. Même s’il y a quelques ménages polygames chez
des immigrants musulmans, il y en a aussi dans « une secte dissidente mormone en Colombie-Britannique »,
« la secte polygame de Bountiful ».
(Mathieu Perreault, « Canada : Un rapport propose de
décriminaliser la polygamie »,
La Presse, lundi 16 janvier 2006 : www.cyberpresse.ca/article/20060116/CPACTUALITES/601160462/5077/CPACTUALITES)
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Présentation spéciale
Michel Spinosa
France | 2007
106 min. | couleur /
35mm | française (s.t. anglais)
int. : Isabelle
Carré, Gilbert Melki, Anne Consigny
Une
nuit de désespoir, Anna, magistralement incarnée par Isabelle Carré, se jette
sous une voiture. À l'hôpital, elle tombe follement sous le charme de son
médecin. Anna s'invente des histoires et sombre dans les méandres de
l'érotomanie. Elle le suit, le poursuit, lui écrit, lui offre des cadeaux et
devient de plus en plus inquiétante. Illumination, espoir et haine scandent
cette névrose amoureuse.
Michel Spinosa focalise sur Anna. La
caméra, elle aussi obsédée par son sujet, la suit inlassablement du regard et
plonge ainsi le film dans une hallucination à la première personne. Nous sommes
pris au piège de cet amour noir, jusque dans le regard caméra d'Anna qui s'en
défend : " Parce que pour vous, c'est pas de l'amour ? Et pourquoi pas ?
Est-ce que j'ai pas ressenti les mêmes émotions que? J'ai vécu cet amour et
j'en ai souffert. Depuis quand on peut accuser quelqu'un d'aimer ? Depuis quand
c'est un crime ? "
Commentaires de Michel Handfield (29 octobre 2007)
Anna M. travaille à la
restauration de livres à la Bibliothèque Nationale de France. Fort intéressant
à voir.
Mais, aussi posée qu’elle est à l’ouvrage, tourmentée elle est à la
maison, où elle vit avec sa mère et son chien. Pourquoi?
Aurait-elle besoin d’un amoureux? De
sexe? Son comportement semble le suggérer. Il n’est donc pas surprenant
qu’après une tentative de suicide elle se croie amoureuse du médecin qui l’a
ramené à une vie normale. Sauf que, cela ne s’arrête pas. Cet amour qu’elle se
crée prend des proportions qui dépassent tout entendement. Elle croit
l’histoire qu’elle se fait. La ligne est très mince entre amour/folie ici, au
point qu’il ne faut pas plus qu’une brise pour la franchir. Et elle la
franchie.
Cela devient lourd pour lui et son
entourage, car il est littéralement victime de harcèlement. Mais, dans sa
folie, Anna s’arrange pour avoir l’air de la victime au point de nous faire
sentir mal à l’aise face à un tel acharnement, d’autant plus que la justice a
un préjugé pour la femme « pauvre victime » et l’homme « méchant
prédateur » alors qu’ici c’est l’inverse. Jusqu’où pourra-t-elle aller
devient la première question; puis, va-t-elle finalement se faire prendre devient la seconde, car elle le piège
littéralement.
Comme spectateur je sentais le malaise.
C’est donc un excellent thriller psychologique et social jusqu’à la fin, car
les préjugés permettent-ils de piéger si facilement les hommes? À voir s’il sort en salle.
---
Présentation spéciale
Denys Arcand
Québec,Canada | 2007
104 min. | couleur /
35mm | français
int. : Marc Labrèche,
Diane Kruger, Emma de Caunes
Deux
ans après le triomphe des Invasions barbares salué par un Oscar, voici enfin le
dernier volet tant attendu de la trilogie amorcée par Le déclin de l'empire
américain.
Arcand l'anthropologue livre donc le
point final à son grand œuvre de dissection de notre société contemporaine. Les
deux premiers titres se caractérisaient à la fois par leur humour corrosif et
des moments d'une grande intensité dramatique. L'âge des ténèbres n'échappe pas
à la règle et permet à Marc Labrèche de livrer une performance exceptionnelle
dans le rôle d'un fonctionnaire ordinaire qui se réfugie dans ses fantasmes
pour échapper à la banalité du quotidien. Clôture du dernier Festival de
Cannes, en première québécoise, une satire kafkaïenne d'un monde hyper
médiatisé.
Commentaires de Michel Handfield (29 octobre 2007)
Elle est productive-réaliste. Lui, un
rêveur-blasé! Il s’évade dans des scénarios qu’il fait à toutes occasions pour
échapper à ce monde structuré et prévisible, où la technocratie a tout
prévu : de l’horaire des trains, mais pas leur remplacement (ce qui fait
qu’ils sont toujours en retard pour cause de bris mécaniques), aux raisons pour
lesquelles vous n’avez pas droit à cette indemnité qui devrait vous êtes
accordée s’il n’y avait pas cet alinéa 454 b dans les jambes!
Il ne contrôle donc rien finalement, se
contentant de subir les choses à l’extérieur (le trafic et les arrêts du train
de banlieue par exemple) et de donner les réponses prévues et codifiées à cet
effet à l’intérieur de ses tâches, car le jugement et le savoir ne font pas
partie des compétences permises aux exécutants! On doit laisser ce qu’on sait
et ce qu’on pense au vestiaire quand on est exécutant. C’est que Fayol est déjà
passé par là! (1) Que ce soit à
l’ouvrage, avec sa femme ou avec ses filles, il n’a finalement pas grand-chose
à dire! Le seul endroit où les choses n’ont pas encore été organisées par les
technocrates, ce sont les rêves! C’est là qu’il se réfugiera jusqu’à ce qu’il
découvre qu’il y a des groupes qui vivent leur rêves d’une façon codifiée! Il
devra alors fuir vers un autre refuge.
Mais, en même temps que tout est réglé
pour notre bien et que l’idéologie nous dit qu’on est les meilleurs, un peu
comme le régime soviétique le faisait dans les années 50 à 70, on s’aperçoit
que le système est tout aussi déréglé que l’était l’URSS! On a peur du
terrorisme, de l’épidémie, ou du viaduc qui tombe par manque d’entretien, mais
le système est bien incapable de prévenir! Il ne peut que réagir après coup,
car il est trop occupé à sa propre reproduction avant quoi que ce soit
d’autres!
On est dans un système soi-disant de
liberté, mais les normes et les règles font en sorte que l’on a justement de
moins en moins de ces espaces de libertés dont parlait Crozier dans « l’acteur et le système »! (2)
Ainsi, notre homme, même s’il a des études universitaire, ii n’a pas de liberté
d’action, même pas pour fumer à l’extérieur du bureau.
Ce n’est donc pas un hasard si l’on
cherche des plaisirs instantanés, que ce soit de fumer une cigarette où c’est
interdit ou de visiter un site XXX à l’ouvrage, car il faut profiter du
relâchement de la surveillance quand ça
passe. Cet instant de liberté ne reviendra pas de sitôt et il faut le
prendre. Le fait de ne pas s’être fait pincer
est une grande victoire, mais éphémère, car même votre marche sur la rue
St-Denis est surveillée par des caméras de police maintenant! Pire, nous avons
appris que la police pourrait même vendre ces images! (3) Rien n’est sacré,
même à la police. C’est ainsi que l’on est maintenant dans un système qui ne
nous sert plus, mais qui se sert, c’est-à-dire qu’il vise sa propre pérennité.
Quant aux Hommes, ils produisent pour ne
plus penser à vivre et consomment pour oublier ce qu’ils vivent! Anciennement,
on écoutait les médias pour s’informer, maintenant pour oublier, ce qui fait
qu’on demande de plus en plus de musique, d’humour et de distraction, mais de
moins en moins d’informations. Surtout ne plus communiquer! L’idéal est même le
baladeur MP3 où on peut écouter notre
musique en circuit fermé sur nous même! L’exemple parfait est ses filles. Lorsqu’il va les conduire à
l’école, chacune a son baladeur et pas de conversation. L’interaction est avec
le bidule, pas avec les personnes qui nous entourent.
Seuls ses rêves érotiques ont du sens, car sa
femme produit, mais ne baise plus. Et, si elle baisait encore, ce serait minuté
dans une case horaire spécifique avec son bidule téléphonique sur la tête pour
ne pas rater un call! Call girl des temps modernes, qui répond à tous vos
appels, mais à aucun de vos désirs. Comme les numéros sex-machins : la
fille répond, mais vous devez vous satisfaire vous-mêmes. Self-service!
***
Arcand pousse toute les mauvaises
nouvelles pour nous montrer un système qui craque de partout alors que l’on
croit avoir la vérité et que nos élites nous disent qu’on est les meilleurs au
monde! Ça va mal, car on n’a plus le
temps ni les ressources de faire quoi que ce soit… pris dans un engrenage bureaucratique
qui siphonne toutes nos énergies, nos ressources et nos impôts pour son
fonctionnement et sa reproduction. Sa prospérité et celle des prédateurs qui
s’y collent pour le siphonner est assurée par contre, comme celle de la
consultante Feng Sui qui réoriente le bureau pour que les bonnes ondes y
circulent…
***
Pris à répétition, d’un jour à l’autre,
dans les embouteillages, les trains en panne, les métros bondés, on n’a plus le
temps de baiser, relaxer, se cultiver ou ne rien faire. Mais, une société mal
baisée et inculte, c’est le déclin. Le déclin annoncé par Arcand il y a
quelques années avec « Le déclin de
l’empire américain »! Avec les technocrates qui ont pris le contrôle
du système depuis, on gère maintenant notre déclin – dans les milieux concernés
on appelle ça la décroissance! – comme si c’était business as usual. On parle
donc des barbares incultes qui nous gouvernent par la dictature des chiffres
(« Les invasions barbares »),
car s’ils maitrisent les chiffres, ils ne maîtrisent pas la culture et encore
moins l’histoire! La conséquence : « l’âge des ténèbres! »
***
Tenir les gens dans l’ignorance, ce sont
aussi les ténèbres, comme dans l’allégorie de la caverne de Platon. (4) C’est
ainsi qu’Arcand nous dit que l’Office de la Langue Française a interdit le mot
nègre pour nommer une personne de race noire par exemple. Mais, le mot nègre
n’a pas toujours une connotation négative. (5) Empêcher de nommer les choses,
n’est-ce pas accroitre un peu plus l’ignorance? Ce n’est cependant pas
surprenant, l’Assemblée Nationale du Québec donnant elle-même cet exemple en
éliminant des mots comme
« girouette » du vocabulaire des députés, car il faut
aseptiser ce que l’on dit au point d’en venir à stériliser la pensée! Créer une
autocensure, premier pas vers une dictature dans la tête des gens. Pourtant, ce
mot disait bien ce qu’il voulait dire!
Mais, les grandes bureaucraties, publiques et privées, sont
souvent en arrière sur bien des réalités, trop lentes à manœuvrer. C’est ainsi
que le privé ne serait pas mieux que le public comme le croient certains
politiciens populistes près des milieux conservateurs. C’est la bureaucratie et
la taille des organisations qui est souvent en cause, non le fait qu’elles
soient privées ou publiques. « Small
is beautiful » (6) devrait être relu.
***
Même si la France a ses écueils
bureaucratiques, c’est un film très québécois. Je comprends que les français
n’aient pas aimé ce film, car il y a
longtemps qu’ils seraient descendus dans la rue à notre place, d’où leur
exaspération moins contre Arcand que contre ce qu’il montre je crois. On tire
souvent sur le messager dans ces circonstances. Il devrait avoir un meilleur
accueil en sol États-uniens je crois.
***
Denis Arcand s’est payé un bon trip et
nous montre que ce avec quoi l’on veut faire un pays ici, ça aurait d’abord
besoin d’un bon lifting!
***
En conclusion, ce film caractérise bien
la désintégration de notre époque, qu’on pense au ciment de notre société – ou
de nos routes – qui se désagrège sans qu’on ne puisse intervenir, pris dans les
rouages d’une bureaucratie qui limite et codifie toutes nos actions au point de les transformer en inaction! Ce
système nous castre!
Il faut une révolution, c’est-à-dire
trouver un nouveau mode d’organisation plus humain et plus coopératif. Il ne
s’agit pas de réformer le système existant, ni de revenir vers le passé comme
nous l’offrent certains chantres de la politique, car cet appel est peut être
tentant, mais une bureaucratie privée n’est toujours qu’une bureaucratie. Il
faut plutôt s’atteler à la tache de trouver autre chose. C’est ça l’appel à l’aide de ce film
d’Arcand. Ce cri de douleur auquel plusieurs pourront s’identifier. Je vous le
recommande très chaudement.
Notes :
1. Fayol a énoncé des principes d’administration scientifique de la même
manière que Taylor en a énoncé pour l’organisation du travail. Voir Fayol, H.,
« Principes généraux d’administration, tiré de Fayol, H.,
« Administration industrielle et générale, Paris : Dunod, pp. 19-47,
in CHANLAT, Jean‑Francois, SEGUIN‑BERNARD, Francine, 1983, L'analyse des organisations une anthologie
sociologique tome I: les théories de l'organisation, Saint Jean (Qc): éd.
Préfontaine, pp 95-118
2. Crozier, Michel, et Friedberg, Erhard, 1977 (1981), L'acteur et le système, France: Seuil, col
point politique.
3. Police de Montréal : Servir les citoyens... et l'entreprise
privée, Radio-Canada/nouvelles, mise à jour le mercredi 24 octobre 2007 à 7 h 51 : www.radio-canada.ca/regions/Montreal/2007/10/24/001-spvm_service_n.shtml
Pour les services disponibles, voir le « Répertoire des services et
produits commercialisés par le SPVM » : www.spvm.qc.ca/upload/pdf/repertoire_commercialisation_fr_2006_12_06.pdf
4. Allégorie de la caverne : http://fr.wikipedia.org/wiki/All%C3%A9gorie_de_la_caverne
5. Si ce mot, nègre, fut péjoratif, il est réhabilité comme en fait
foi cette remarque du le TLFi (Trésors de la langue Française informatisé) du
Centre National de Recherche Scientifique (disponible à l’adresse
suivante : http://atilf.atilf.fr/):
Rem. Nègre, employé en parlant des pers. a eu des connotations péj. et, à ce
titre, s'est trouvé concurrencé par noir qui est moins marqué (voir HUGO, loc.
cit.). Actuellement nègre semble en voie de perdre ce caractère péj.,
probablement en raison de la valorisation des cultures du monde noir (v.
négritude).
6. Schumacher, E F, 1978, “Small is beautiful”, Paris: Seuil, coll.
Point
---
Hors festival, mais la
projection de presse a eu lieu durant la période du FNC
Sortie en salles:
Vendredi 19 octobre
Durée: 112 min
Sélection officielle / Festival international du film de Toronto
En version originale anglaise et en version française québécoise.
Réalisateur: Gavin Hood
Distribution: Reese
Witherspoon, Jake Gyllenhall, Peter Sarsgaard, Omar Metwally, Meryl Streep,
Alan Arkin
Un agent de la CIA (Gyllenhall) voit son
univers basculer après avoir assisté à l'interrogatoire d'un touriste américain
(Metwally) par les services secrets égyptiens.
Site internet : http://www.renditionmovie.com/
Commentaires de Michel Handfield (29 octobre 2007)
Arrêté pour des
apparences, soit un numéro de téléphone reçu plusieurs fois sur son cellulaire,
il a beau ne pas comprendre, on s’acharne, allant jusqu’à l’envoyer en Égypte
pour subir un interrogatoire musclé, car ce numéro est en lien avec un
terroriste. Il est donc coupable par association, d’autant plus qu’il est
ingénieur chimique, donc capable de faire des bombes ou de dire comment les
faire.
On pénètre dans les
dédales de la lutte anti-terroriste. Comment des liens se font et peuvent
embarquer n’importe qui à cause d’un contact d’affaires, d’un ami ou d’un
membre de la famille, car sait-on ce que font les gens que l’on connaît dans
leur vie privée? Votre cousin peut être membre d’un club échangiste; votre sœur
une stripteaseuse dans un bar de la mafia; ou votre neveu un dealer de drogue
et vous ne le savez pas nécessairement. Qui dit que la directrice des
ressources humaines de l’entreprise où vous travaillez ne se tient pas dans un
club sadomasochiste et n’a pas donné quelques emplois pour acheter le
silence?
Alors, ce numéro sur
son portable, à qui est-il? Et cette personne, qui est-elle pour lui? Qui
est-elle pour la CIA? Car la même personne peut être de la famille pour l’un et
de la mafia ou d’un réseau terroriste pour l’autre. On est dans le monde du
secret ici, ne l’oublions pas, et on a tous de multiples facettes, mais pas
toutes apparentes, ni connues de nos proches. On aura beau le torturer, s’il
n’a pas affaire à cette facette de la personne, il ne saura rien. Il ne pourra
que mentir pour que cessent ses souffrances.
***
Parallèlement à cet
interrogatoire, on pénètre les dédales du
terrorisme islamique. Celui-ci s’insère insidieusement dans la société,
même où on ne s’y attend pas. C’est que certains idéologues religieux demandent
de prendre action contre les infidèles et que certains fidèles les suivent
dans ce délire sans poser de question. Est-ce pour ce genre de discours que
l’on protège la liberté religieuse? On devrait se poser la question, surtout
que les libertés ne sont peut être pas les droits que l’on en fait. Croire, en
la religion ou en l’horoscope, devrait-il permettre d’imposer ses dogmes aux
autres ou est-ce personnel?
Attention, cela peut
être vrai de tous les groupes religieux, même Juifs ou Chrétiens. Certaines
sectes l’ont amplement démontré par le passé. N’y a-t-il pas des groupes chrétiens qui croient que si on
refait le grand Israël au dépend de ses voisins et de la paix, le Christ
reviendra l’établir de toute manière cette paix! Alors, doit-on protéger les
religions ou favoriser un humanisme laïc? C’est une question que ce film
soulève chez moi, surtout à la lumière des discussions actuelles sur les
accommodements raisonnables au Québec, mais aussi des relations de plus en plus
proche entre religion et politique même en occident. Nous n’avons qu’à penser à
la droite états-unienne (1) et maintenant canadienne ou le « God bless Canada » se dispute le
« God bless America » comme
si Dieu nous gouvernait!
***
Comme on ne peut pas
savoir ce qui se passe dans cette lutte au terrorisme, que ce soit
l’enlèvement, l’emprisonnement illégal ou la torture, le cinéma comble ce vide
en posant ses hypothèses. Celles que pose ce film sont fortes, intéressantes et
plausibles. À défaut de savoir ce qui
arrive vraiment, on peut se rabattre sur ce film, car il est réaliste à défaut
d’être vrai. On ne peut que penser à
l’affaire Maher Arar (2) en le voyant. Je le recommande.
Notes :
1. À ce sujet, je pense à plusieurs
articles lu dans le Harper’s magazine au cours des dernières années, mais
surtout à ce texte du Maclean’s de cette semaine : « An eternal
struggle between church and state » de Barbara Amiel (Nov. 5, 07, p. 10)
dans lequel elle est demande :
« If government policy is
faith-based, and the war is God’s war; what happens if you lose? »
2. Voici quelques sites sur cette affaire :
http://en.wikipedia.org/wiki/Maher_Arar
http://fr.wikipedia.org/wiki/Maher_Arar
www.cbc.ca/news/background/arar/
www.radio-canada.ca/actualite/ZoneLibre/04-02/arar.asp
www.radio-canada.ca/nouvelles/National/2006/09/18/003-maher-blanchi.shtml
---
Commentaires de Michel Handfield
7 octobre 2007
Le 1er octobre
dernier j’avais deux événements à couvrir : le lancement du film QUÉBEC
SUR ORDONNANCE
de Paul Arcand le matin et le lancement de l’album CHANSONS
D’ESPOIR, pour les 25 ans de la Maison et de la Fondation Jean Lapointe
en fin d’après midi. Deux événements qui se rejoignent somme toute. L’un fête
ses 25 ans d’intervention en désintoxication, l’autre nous parle de la
surconsommation de médicaments au Québec, particulièrement des psychotropes.
Une forme d’intoxication.
***
D’abord, je me dois de parler du
lancement de l’album « Chansons d’espoir » et du livre « Le jour où je suis entré à la maison »
au Corona lundi dernier (1er
octobre). C’était « full plein de monde » si je puis dire, car il s’agissait de
souligner une œuvre de cœur! 25 ans d’aide aux toxicomanes, alcooliques et
accros du jeu. Maladies peu reconnues autrefois, car associés à des vices. Tant
qu’il en fut ainsi, on pouvait difficilement intervenir, ne serait-ce que parce
que les victimes se sentaient davantage stigmatisées; pêcheurs que malades!
Les choses ont changé peu à peu grâce à
de nouvelles façon de voir ces problématiques, celles-ci passant d’excès, de
vice ou de péché à maladie; de nouvelles
approches d’intervention; et la création de centres comme la Maison Jean
Lapointe, pour ne nommer que celle-là, basé sur ces nouvelles façons de voir
les choses. La dépendance est davantage reconnue comme maladie maintenant, car
c’est bien de dépendance qu’il s’agit; de dépendance qu’il faut traiter, que ce
soit celle au jeu, à l’alcool, aux drogues ou même affective!
La fondation a d’ailleurs versé près de
20 millions de dollars à des organismes
qui s’occupent d’alcoolisme, de toxicomanie et de jeu compulsif et près de 20
000 résidents sont passés par la maison Jean Lapointe depuis ses débuts. Ce
n’est pas 20 000 guéris, car certains ont certainement fait des rechutes.
Mais, c’est probablement plus, car un père ou une mère en rémission, c’est peut
être aussi un père ou une mère qui feront davantage attention à leurs enfants
et éviteront la reproduction de cette dépendance. Mais, ce n’est pas encore
assez pour les gens de la fondation Jean Lapointe.
On se tourne maintenant vers le grand
public et particulièrement les jeunes pour les informer, les sensibiliser, et,
surtout, PRÉVENIR! L’objectif est
grandiose : fermer, c’est-à-dire éradiquer ces dépendances au point de ne
plus avoir à exister. C’est probablement une des seules entreprises qui est
heureuse quand elle ne revoit plus un client!
***
Le livre regroupe des témoignages
sur le moment précis ou quelqu’un se dit « c’est assez »! Moment clef qui marque le début de sa rémission
probablement. Je n’ai pas demandé de copie de presse pour l’instant, mais il
est possible que je le fasse plus tard. Si c’est le cas, on y reviendra dans la
section livre. J’ai par contre demandé une copie du CD. La liste des titres et
des interprètes en dit long sur cet album :
Aujourd'hui je dis bonjour à la vie -
Marc Déry
Je promets - Stéphanie Lapointe
Mon chum Rémi - Emmanuel Bilodeau
Une force en toi - Marie-Élaine Thibert
Trouver le jour - Charles Dubé
Hommage - Stéphane Côté
On donne - Steve Marin
Venir au monde - Ginette Reno
Les fleurs malades - Jean Lapointe,
Anne-Élisabeth et les Zalarmes
Besoin pour vivre - Claude Dubois
L'amour existe encore - Céline Dion
La douzième - Bori
Merci - Bruno Pelletier
D’ailleurs, juste de lire les titres et
le nom des interprètes, on entend déjà
des airs dans notre tête. J’y reviendrai dans la section culture après quelques
écoutes.
On doit cette idée de livre et de CD à
Jean Robitaille. Quant à Jean Lapointe, il a remercié tous les bénévoles, car
sans eux une telle mission aurait été difficile à réaliser. Pour ceux qui
connaissent quelqu’un à la recherche
d’aide :
Le site de la maison Jean Lapointe :
Voir aussi les différents liens de notre page Ressources : www.societascriticus.com/ressources.html
***
Si la toxicomanie est un problème que des
organismes comme la maison Jean Lapointe s’occupent, d’un autre côté, notre
système de santé semble créer de nouveaux toxicomanes, ceux là aux médicaments;
principalement aux psychotropes.
C’estl’objet du nouveau film de Paul Arcand : QUÉBEC SUR ORDONNANCE qui s’intéresse particulièrement à ces
cas même s’il semble parler des médicaments en général.
La recherche de la perfection, l’absence
de temps, l’obligation de performer font que plusieurs n’ont plus le temps de
prendre le temps et prennent des pilules en substitut! Et cela commence de plus
en plus tôt dans la vie. Des enfants de 8 ou 10 ans sont sur les calmants
(Ritalin et autres pilules du genre par exemple), car l’école le demande sous
menace de les expulser des classes s’ils dérangent. Les enfants ne peuvent plus
être des enfants. Ce sont des « apprenants »!
Quant aux parents, ils n’ont plus le
temps de s’occuper de leurs enfants comme avant, car ils doivent performer eux
aussi. Quand voyez-vous des enfants jouer dehors avec un de leurs parents? Ces
derniers ne sont d’ailleurs plus des parents, mais des
« subvenants », car ils doivent subvenir aux besoins grandissants des
enfants en jeux électroniques et en activités organisées (et facturables!) par
exemple, compensant ainsi le manque de temps et de présence par une réponse
rapide aux besoins compulsifs des enfants! On en fait des consommateurs et des
performants, ce qui fait qu’à 12 ans on souffre parfois des mêmes maux
psychologique que les adultes du temps de leurs grands-parents! Nos enfants
doivent maintenant gérer leurs horaires et l’incertitude économique et
émotionnelle que subit la famille, que ce soit la perte d’emploi, le travail
contractuel ou les séparations. Ils ne peuvent plus n’être que des enfants; ils
sont des adultes en devenir de plus en plus tôt dans la vie!
Si on soigne le mal, on ne soigne pas la
cause. On ne cherche pas de solutions sociales aux problèmes non plus. On
préfère la thérapie individuelle ou le médicament miracle. Pourtant, ces
problèmes sont un indicateur d’autres choses. De phénomènes sociaux. Mais, cela
n’intéresse pas le système. Des professionnels pour les problèmes individuels,
on en a, que ce soit les médecins, tant des généralistes que des spécialistes;
psychologues; travailleurs sociaux; ou conseillers en ressources humaines et en
relations industrielles lorsque cela concerne des problèmes reliés au travail.
Mais, point de trace des sociologues. Mais, quand le problème est plus large
que le seul individu que l’on a devant soi; qu’il concerne une large frange de
la société au point que la marge devient presque la norme, qui le regarde dans
son ensemble? Le sociologue serait avisé, mais il est où? On ne le demande pas
dans les offres d’emplois. Oublié. Pourtant, si l’on veut moins médicaliser les
problèmes sociaux il faudrait les regarder sous un angle différent que le seul
angle individuel.
Après, on fera des campagnes contre la
drogue alors qu’elle est la solution facile que le système utilise pour ne pas
questionner ses propres façons de faire. Oui, la désinstitutionalisation est
une cause, les pharmaceutiques qui poussent leurs produits aussi, surtout dans
le cas des médicaments contre la dépression et les blues de la vie, ce que
regarde ce film. Mais, la recherche de la productivité au dépend de l’humain?
La perte des repères? Qui regarde ces questions? Il y aurait là du travail pour
quelques centaines de sociologues au moins, sauf que les milieux d’affaires ne
remettront jamais en cause certains dogmes de la religion économique, car ces
dogmes font leur affaire et celle des classes dominantes. Vaut mieux traiter
les cas problèmes ou les exclure du système, cela dans les cas où on ne peut
les rendre productif à nouveau. Pourquoi changer un système qui rapporte
justement à ceux qui en décident? De toute façon l’industrie ne manque pas de
ressources, les nouvelles technologies pouvant remplacer certains travailleurs
et les pays émergentes proposant une main-d’œuvre abondante et à bon marché.
Les délocalisations d’entreprises ne sont pas terminées, je vous l’annonce en
primeur! Et lorsque ce bassin ne sera plus assez vaste, on pourra toujours
regarder vers une Afrique qui aura bien besoin de capitaux et de travail et qui
se pliera certainement aux exigences des multinationales le temps venu. Ainsi
fonctionne le système.
***
Quand un représentant d’entreprise ou de
l’industrie menace de délocaliser la production si le gouvernement ne répond
pas à leurs demandes, c’est à peine une menace voilée. On ne peut s’empêcher de
faire un parallèle avec la mafia d’autant plus que les pharmas sont aussi dans
la drogue, mais légale celle-là. Si la menace physique est illégale, les
menaces économiques et politiques le sont et elles peuvent faire aussi mal!
Là ne s’arrête pas le parallèle. Comme
le drogué est dépendant de son « pusher », le patient l’est de sa
médication. Cependant, si dans le cas des drogues l’État ne s’en remet pas aux
études des fournisseurs, dans celui des médicaments il n’y a pas de recherche
indépendante de la part du gouvernement. On prend les études des entreprises
pharmaceutiques pour décider d’un médicament et on voit à l’usage, ce qui fait
que les pharmaceutiques peuvent naturellement passer en douce sur ce qui est le
moins favorable pour elles et mettre en valeur ce qui l’est davantage. C’est
comme faire faire les études sur les bienfaits et les méfaits des drogues à la
mafia. Je suis sûr qu’elles seraient positives et que les problèmes seraient imputés aux clients qui en feraient
un usage inapproprié. Et bien, c’est ce que fait le gouvernement en matière de
médicaments : il s’en remet aux études des fournisseurs et ne fait pas de
contre expertise. Après, les leaders
économiques viendront dire qu’il y a trop de gouvernance et qu’il faut s’en remettre
davantage au secteur privé! Je ne suis pas sur les p’tites pilules pour gober
ça.
On pourrait s’attendre à plus de
sévérité de la part de l’État, sauf qu’il n’y a pas étanchéité entre le
gouvernement et les pharmaceutiques au Québec. Ce film nous le montre
clairement. On fait plus que de se parler; on se fréquente!
***
Un film qui peut tourner
quelques coins rond, car c’est le propre de toutes prises de parole, ce que
fait Arcand ici, mais qui va loin. S’il peut susciter des réflexions, des
débats et un resserrement des normes ce serait déjà ça, notamment concernant
les passages entre la fonction publique et l’entreprise privée dans le domaine
de la santé. À l’heure des partenariats publics-privés, cela peut parfois créer
des apparences de conflits d’intérêts ou, à tout le moins, de promiscuité que
l’on devrait éviter.
Enfin, je tiens à souligner que nous
avons vu des gens dans ce film (comme le « bon Dr Chicoine ») qui
avaient une tribune régulière à Indicatif Présent, la défunte émission de
Marie-France Bazzo à la Première chaîne de Radio-Canada. Cela m’a fait réaliser
qu’elle me manque depuis qu’elle est à Télé-Québec (www.bazzo.tv), car je suis radio, pas télé! À quand
son retour en format baladodiffusion au moins?
Hyperliens :
Juste faire une recherché sur Google avec, en alternance, les mots critique et bienfaits « …des pharmaceutiques »; «…des entreprises
pharmaceutiques » ou « …des médicaments » pour avoir des
milliers de documents. En voici deux choisis parmi ceux là, mais dont je ne peu
certifier la valeur n’étant pas spécialiste de la question :
Informations sur les
pharmaceutiques : www.pharmaceutiques.com/
Winckler’s Webzine : http://martinwinckler.com/
***
Notes de presse
1. Chansons d’espoir
L’album
CHANSONS D’ESPOIR, pour les 25 ans de la Maison et de la Fondation Jean
Lapointe et le livre LE JOUR OÙ JE
SUIS ENTRÉ À LA MAISON, publié aux Éditions Libre Expression
Montréal, le vendredi 14 septembre 2007
Dans le cadre des célébrations entourant son 25e anniversaire,
la Maison et la Fondation Jean Lapointe, en collaboration avec Image
Sonore (Jean Robitaille), Trilogie Musique et Christal Musik, présentent Chansons d’espoir, une compilation musicale de
13 chansons d’auteurs-compositeurs et interprètes québécois venus offrir leur
appui à ceux et celles qui luttent contre la toxicomanie. L’album, qui sera mis
en vente le 2 octobre, comprend notamment des pièces de Ginette
Reno, Claude Dubois et Céline Dion ainsi que deux
compositions originales interprétées par Bruno
Pelletier et Bori. L’équipe de la Maison Jean Lapointe a également pu compter sur la participation exceptionnelle du comédien Emmanuel Bilodeau qui interprète la chanson « Mon chum
Rémi » des Cowboys Fringuants.
C’est le 1er
octobre au Théâtre Corona que seront
lancés l’album Chansons d’espoir et le livre Le Jour où je suis entré à la
maison, publié aux Éditions Libre Expression, regroupant plusieurs témoignages de personnes ayant séjourné à la Maison Jean Lapointe.
Depuis 25 ans, la Maison Jean
Lapointe a accueilli plus de 20 000
personnes aux prises avec des problèmes d’alcool et de drogues et la Fondation a versé plus de 20
millions de dollars à des centaines d’organismes qui oeuvrent en toxicomanie au
Québec.
Une partie des recettes provenant de la vente de la compilation musicale
serviront à défrayer les coûts de traitement de personnes défavorisées et à
supporter des projets liés à la prévention des problèmes de toxicomanie chez
les jeunes.
L’album Chansons d’espoir, distribué par Distribution Sélect, sera disponible en magasins dès le 2 octobre sous étiquette Trilogie
Musique/Christal Musik. Le livre Le Jour où je suis entré à la
maison, publié aux Éditions Libre Expression, sera mis en vente le 3 octobre.
***
2. QUÉBEC SUR ORDONNANCE de Paul Arcand
A l'affiche dans les cinémas du Québec dès le 5 octobre
Nous avons inventé des médicaments pour soigner des maladies, maintenant
nous inventons des maladies pour vendre des médicaments.
Montréal, le 24 septembre 2007
Alliance Vivafilm et Cinémaginaire en
collaboration ave l'Office national du Film du Canada sont fiers d'annoncer que
le nouveau film de Paul Arcand, Québec sur ordonnance, prendra l'affiche
partout au Québec le 5 octobre prochain. Deux ans après Les voleurs d'enfance,
le réalisateur nous présente un nouveau documentaire qui mettra la lumière sur
la consommation de médicaments au Québec. Serge Fiori signe la musique
originale du film dont la grande première aura lieu le lundi 1ier octobre au
Cinéma Impérial.
Avec son film « Les voleurs d'enfance »,
Paul Arcand a braqué le projecteur sur la maltraitance des enfants au Québec.
Le voici de retour avec un nouveau film : « Québec sur ordonnance ».
Pourquoi? Parce que les Québécois aiment
les pilules. Ils en avalent en moyenne 750 par année. Pourquoi en prennent-ils
autant? Ouvrent-ils la bouche, pour avaler un comprimé, sans poser de
questions, sans savoir pourquoi? Qui sont les responsables de la hausse vertigineuse
de la consommation de médicaments? « Québec sur ordonnance » permettra de
comprendre pourquoi il y a des patients qui ont besoin de pilules et des
pilules qui ont besoin de patients. « Québec sur ordonnance », une prescription
pour une société malade.
Produit par Denise Robert de
Cinémaginaire et distribué par Alliance Vivafilm, Québec sur ordonnance de Paul
Arcand prendra l'affiche dans les cinémas des quatre coins de la province le 5
octobre prochain.
Alliance Vivafilm est la filiale
québécoise de Alliance Films, un des plus grands distributeurs de longs
métrages au Canada qui opère également dans le marché de la distribution de
films au Royaume-Uni et en Espagne.
Alliance Vivafilm distribue des longs métrages à des salles de cinéma,
sur vidéo et DVD, ainsi qu'auprès des entreprises de télédiffusion.
---
Un documentaire de Johanne Prégent
Cinéma Parallèle (Ex-Centris) du 5 au 10 octobre
Présenté par Suzanne Girard et Louise
Lemelin, avec la participation de Nelly Arcan au scénario
Montréal, le 18
septembre 2007 – Le Diable au corps, un
film de Johanne Prégent avec
la participation de Nelly Arcan au
scénario, sera
présenté au Cinéma Parallèle (Ex-Centris), à Montréal, du 5 au 10 octobre
prochain, à raison de deux représentations par jour. Ce film, qui porte sur la
folie et sur la création, vise à démystifier la maladie mentale à travers la
présentation d’un groupe d’artistes atteints de troubles psychiques. C’est en
mars dernier que Suzanne Girard
et Louise Lemelin,
de BBR Productions (2006) Inc., ont
présenté ce documentaire pour la première fois, dans le cadre du Festival international du film sur l’art (FIFA).
D’une durée de 52 minutes, Le Diable au
corps a
alors reçu des critiques fort élogieuses de la part des médias et du public.
Les passages oniriques film
Le Diable au corps,
imaginés par la réalisatrice Johanne Prégent (La peau et les os) et
l’écrivaine Nelly Arcan (Putain, Folle) nous font pénétrer dans
l’univers mystérieux de l’imaginaire et des délires d’artistes talentueux qui
souffrent de maladie mentale. Ces artistes qui peignent, dessinent, sculptent
et s’expriment, en traduisant leur difficulté d’être comme tant d’autres êtres
dits « normaux », se confient avec une authenticité qui touche et dérange. Au Centre hospitalier Robert-Giffard,
à Québec, ils ont été regroupés à l’intérieur d’un programme appelé Vincent et moi, qui leur fournit le
matériel nécessaire à l’expression de leur art, ainsi qu’un lieu d’exposition
annuel. En les voyant peindre et dessiner, en approchant les œuvres si
magnifiquement filmées, on prend conscience de leur
talent et de leur humanité.
La collaboration de
Nelly Arcan et de Johanne Prégent fait de cette production un film très
particulier. Comme le dit Nelly Arcan : « Même si ces artistes souffrent
de maladie mentale, leurs œuvres tiennent toujours un langage universel. Jamais
elles ne se posent en rupture avec nous, bien au contraire; elles se font lien,
point, miroir de notre propre humanité ».
Le tournage s’est déroulé
entièrement à Québec, en septembre et en octobre 2006. Cette production a été
rendue possible grâce à un financement du Fonds
Canadien de télévision, du Crédit d’impôt cinéma et télévision : Gestion SODEC,
du Crédit d’impôt pour production
cinématographique ou magnétoscopique canadienne - Canada,
avec la collaboration de la Télévision de
Radio-Canada, ainsi que d’ARTV. Le film sera d’ailleurs
diffusé sur les ondes de ces deux réseaux à partir de l’automne 2007. Enfin,
c’est l’Office National du film (ONF) qui se chargera de la
distribution.
Le Diable au
corps est au Cinéma Parallèle
(Ex-Centris), au 3536 boul. St-Laurent, du 5 au 10 octobre. On pourra aussi le
voir au cinéma Le Clap, à Québec, du 5 au 11 octobre. De son côté, le Centre
hospitalier Robert-Giffard tiendra son exposition annuelle des œuvres des
artistes de Vincent et moi
du 19 au 30 septembre, et prévoit aussi faire la projection du film à cette
occasion.
Commentaires
de Michel Handfield (27 septembre 2007, mis en
ligne le 7 octobre 2007)
Les
abus du passé, les abus sexuels, et certaines maladies mentales créent des
problèmes plus ou moins graves qui peuvent nécessiter des périodes
d’internement plus ou moins longues. Ce n’est pas chose facile, coupé de tout,
coupé du mouvement de la vie. Surtout coupé de leur art, bouée d’expression
s’il en reste une! Un programme fut donc mis sur pied pour leur redonner accès
à l’art, façon de communiquer quand la communication semble coupée. Ce programme
est un succès et je vous invite à voir ce film et à visiter leur site internet
pour en savoir plus: www.rgiffard.qc.ca/vincent_moi/
***
A un autre niveau, ce film démystifie la maladie mentale, car,
parmi eux, il y en a avec des études universitaires par exemple. Mais, ils
souffrent de névroses, psychoses, schizophrénie, troubles affectifs et j’en
passe. Un trop plein de génie, de sensibilité ou de créativité par rapport au
reste de leurs fonctions, ce qui crée un déséquilibre du corps et de
l’esprit! C’est la façon dont je l’ai compris, car à la fois talentueux et
malade! Génie et « folie » se côtoyant comme s’il ne fallait qu’une
minuscule démarcation entre l’équilibre et le déséquilibre pour perdre
temporairement pied…
Créer,
peindre pour atteindre l’équilibre! L’art pour calmer leurs fantômes et les
revaloriser à leurs propres yeux, mais aussi à celui des autres par ce qu’ils
on de plus à offrir : leur talent!
A voir. J’espère qu’il
passera à la télé pour l’offrir au plus grand nombre de spectateurs possible.
Mais, ceux qui ont la chance de le voir au Cinéma, profitez-en.
---
Montréal, 4 septembre 2007 – Le célèbre
metteur en scène de théâtre et écrivain, Eric-Emmanuel Schmitt signe son
premier film, Odette Toulemonde. Adapté
de son livre Odette Toulemonde et autres histoires publié chez Albin Michel en
2006, le film est une comédie sur le
bonheur avec Catherine Frot et Albert Dupontel.
Odette Toulemonde, la quarantaine, vit
tranquillement au cœur de la Belgique dans un petit appartement en compagnie de
ses deux enfants dont elle essaie de faire le bonheur : Rudy, son fils coiffeur
et Sue Helen, sa fille engluée dans les problèmes de puberté. Odette travaille
le jour au rayon cosmétique d’un grand magasin et le soir, elle coud des plumes
sur des costumes de revues parisiennes. Persuadée qu’elle doit son optimisme
permanent à la lecture des romans de Balthazar Balsan, elle rêve de le
rencontrer pour le remercier. L’écrivain parisien, riche et séducteur
impénitent, va débarquer dans sa vie de manière tout à fait inattendue.
Fiche
technique
France, Belgique 2006. 1 h 44 min.
Comédie réalisé par Eric-Emmanuel Schmitt. Avec Catherine Frot (Odette Toulemonde), Albert Dupontel
(Balthazar Balsan ), Jacques Weber (Olaf Pims), Fabrice Murgia (Rudy), Nina
Drecq (Sue Helen), Camile Japy ( Nadine), Alain Doutey (Éditeur), Julien Frison
(François), Laurence d’Amelio (Isabelle). Images : Carlo Varini. Décors :
François Chauvaud. Costumes : Corrine Jarry. Montage : Philippe
Bourgueil. Son :Philippe Vandendriessche. Musique originale : Nicola
Piovani. Distribution Équinoxe Films.
Le film prendra l’affiche partout au
Québec le 28 septembre et une copie sous-titrée en anglais sera présentée au
cinéma AMC Forum.
Commentaires de Michel Handfield (27 septembre 2007)
Souriante, de bonne
humeur, naturelle, Odette Toulemonde est la joie sur patte. Mélange entre
« Amélie Poulain » et « Marry Poppins », elle nous fait
craquer. Quand elle est heureuse, elle s’élève…
J’ai
exceptionnellement vu ce film avec ma conjointe et je peux vous dire qu’elle
avait l’air heureuse, si heureuse qu’elle veut déjà le revoir lorsqu’il sortira
en salle. Elle n’était certainement pas la seule dans cet état, car on sentait
que la joie de vivre d’Odette était contagieuse. Elle crevait l’écran et contaminait la salle.
Naturellement,
certains trouveront que c’est parfois exagéré, mais c’est aussi vrai qu’une
caricature peut l’être, donc plus grand que nature! J’ai d’ailleurs regardé ce
film avec un grand sourire du début à la fin. Quand à ma blonde, elle riait et
avait l’air d’une petite fille devant un cornet de crème glacée à trois boules.
---
SOIE de
François Girard
A l'affiche partout
au Québec dès le 21 septembre
Montréal, le 6 septembre 2007 - François
Girard fera un retour remarqué sur les écrans du Québec le 21 septembre
prochain avec son plus récent film, Soie. D'après le roman à succès
d'Alessandro Baricco, le long-métrage met en vedette Michael Pitt (Last Days),
Keira Knightley (Pirates of the Caribbean, Pride & Prejudice), Alfred
Molina (Spider-Man 2, The Da Vinci Code) et Koji Yakusho (Babel, Memoirs of a
Geisha). Le réalisateur québécois, qui nous a notamment présenté les longs-métrages
Thirty Two Films About Glenn Gould et Le Violon rouge, verra son film présenté
en grande première dans le cadre du Festival international du Film de Toronto
en septembre prochain. Distribué au Québec par Alliance Vivafilm, Soie (Silk en
version originale anglaise) prendra l'affiche partout au Québec le 21 septembre
prochain. La première tapis rouge à Montréal aura lieu le mercredi 12 septembre
au cinéma Impérial en présence de François Girard, Michael Pitt, Sei Ashina
ainsi que les producteurs Niv Fichman, Domenico Procacci et Sonoko Sakai.
En 1861, Hervé Joncour est un jeune
Français marié qui vit de la culture des vers à soie. Une épidémie menaçant ses
productions, il se rend au Japon afin d'y acheter des oeufs sains. Au cours de
son expédition, son regard va croiser celui d'une jeune femme mystérieuse dont
il va secrètement s'éprendre.
François Girard s'est fait connaître tant
comme réalisateur au cinéma que comme metteur en scène à l'opéra et au théâtre.
Ses films 32 films brefs sur Glenn Gould, en 1993, et Le Violon rouge, en 1998,
ont connu le succès international et ont remporté plusieurs prix dont l'Oscar
de la meilleure musique de film pour Le Violon rouge. En 1997, il a fait ses
débuts à l'opéra avec la mise en scène de La Symphonie des psaumes, de
Stravinsky et au théâtre avec la mise en scène de Novecento, d'Alessandro
Baricco. Récemment, Girard a mis en scène, au théâtre, la pièce Le Procès, de
Franz Kafka, l'oratorio Lost Objects, de Michael Gordon, David Lang et Julia
Wolfe pour la Brooklyn Academy of Music, Siegfried, de Wagner pour la Canadian
Opera Company, Le Vol de Lindbergh et Les Sept Péchés Capitaux du tandem
Weill/Brecht à l'opéra de Lyon.
Soie est une coproduction du Canada, de
l'Italie et du Japon, produit par Rhombus Media, Fandango S.R.L et Bee Vine
Pictures, en association avec Productions Soie et Vice Versa Films.
Commentaires
de Michel Handfield (16 septembre 2007/mis en ligne le 19)
D’abord, la
musique est très belle. Dès le départ l’atmosphère du film est donnée : il
sera poétique. C’est une grande histoire d’amour, deux si je puis dire, car il
aime sa femme, mais aussi une japonaise qu’il a vu lors d’un de ses séjours au
Japon. Elle le poursuivra dans ses pensées. Il sera donc tiraillé entre 2
grands amours : l’un à ses côtés, l’autre… insaisissable!
On a aussi
tout le côté historique du film : les mœurs japonaises de l’époque, car le
Japon était non seulement une île, mais fermé à la plupart des étrangers, sauf
quelques aventuriers et commerçants qui s’y risquaient. Les échanges
économiques ont toujours été importants, même avant la notion de libre échange.
Des fortunes se sont d’ailleurs construites sur ces échanges clandestins avant
qu’ils ne s’ouvrent officiellement aux autres par des traités. Pour le Japon ce
sera vers les années 1860, ce que nous verront aux trois-quarts du film.
À
souligner les prises de vues : très belles, parfois sensuelles. J’ai bien
aimé.
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L’Iliade d’après Homère
Texte et mise en scène d’Alexis Martin
AU Théâtre DU NOUVEAU MONDE
Du 11 septembre au 6 octobre 2007
Du
mardi au vendredi à 20 h.
Les
samedis à 15 h et 20 h
Réservations 514.866.8668 H www.tnm.qc.ca
Commentaires de Michel Handfield (18 septembre 2007)
D’abord, je tiens à souligner le décor : tout un
échafaudage, ce qui fait que la pièce se déroule sur des paliers multiples.
Ainsi, les dieux sont en haut, les hommes, au bar en bas! On fait aussi un
usage bien pensé d’images virtuelles pour illustrer certains propos.
Quant à la musique, elle s’insère bien
dans le tout, car le chant fait partie de l’œuvre d’Homère.
Enfin, la mise en scène, avec l’absence
de costumes d’époque, c’est-à-dire que les comédiens sont habillés comme nous
le sommes tous les jours, ne peut que faire ressortir la pertinence du texte
encore aujourd’hui. S’ils étaient costumés comme à l’époque de l’Iliade, on
prendrait cette pièce pour un récit historique, ce qu’elle pourrait être. Mais,
habillés comme nous, c’est toute la puissance actuelle du texte qui ressort. C’est donc une fable qui s’adresse à
nous; pas seulement un classique de la dramaturgie théâtrale.
***
Les Grecs et les Troyens parlent la même
langue, ont les mêmes dieux et mangent la même chose. Mais, ils se détestent!
Cela donne lieu à une guerre particulière entre deux peuples miroirs. Ce récit
a lieu au cours de la neuvième année de cette guerre. Voici donc les raisons de
celle-ci selon Wikipédia :
« La guerre de Troie est entreprise suite à
l'enlèvement d'Hélène, épouse du roi de Sparte, Ménélas, par le troyen Pâris.
En effet, Hélène lui avait été promise par Aphrodite, en remerciement pour le
jugement du mont Ida, lui attribuant la pomme d'or. Les rois grecs, descendants
de Pélops, se réunissent alors. Liés entre eux par le serment de Tyndare, ils
décident de mener la guerre contre Troie avec un contingent très important.
Après avoir réuni d'autres héros comme Achille, ils constituent une
flotte qui accoste, dans la deuxième année après l'enlèvement d'Hélène, en
Mysie, non loin d'Élée. Ils affrontent d'abord Télèphe, roi de Mysie et fils
d'Héraclès qui, alarmé par le débarquement d'une armée si imposante, a dépêché
contre elle ses propres troupes. Après des combats acharnés, Télèphe apprend
l'identité des chefs de l'armée ennemie, et le combat cesse. La flotte grecque
repart chez elle après cette première expédition, et se repose pendant huit
ans. Dix ans après l'enlèvement d'Hélène, les Grecs lancent une seconde
expédition qui accoste, grâce aux conseils de Télèphe, sur le rivage face à
Troie. Après des premières batailles avec les Troyens, les Achéens commencent
le siège de Troie. » (1)
C’est dans cette dixième année
que nous nous situons dans la pièce. Les Grecs ont subit les foudres d’Apollon
(la peste) après avoir enlevé Chryséis, fille d'un prêtre d'Apollon. Puis,
après l’avoir remise pour calmer Apollon, Agamemnon prend Briséis à Achille,
qui décide donc de faire la grève. Comme c’est le meilleur guerrier, les
Troyens en profitent. Les grecs sont alors en déroute. Sauf, qu’Hector, fils
aîné de Priam, roi de Troie, tue Patrocle, le meilleur compagnon d'Achille.
Alors, Achile revient venger son ami en tuant Hector. (2)
C’est là que s’arrête la pièce, car elle
porte d’abord sur la colère et les
agissements qui en découlent, que ce soit celle des hommes ou des dieux. Cette
pièce parle donc de cette guerre partie de la colère des Grecs suite à
l’enlèvement d’Hélène et se termine quand Achille surmonte sa colère contre
Agamemnon, qui lui a pris Briséis, parce qu’il est davantage fâché contre
Hector, qui a tué son ami Patrocle! Elle n’ira pas jusqu’à la fin de
l’histoire : le cheval de Troie et la mort d’Achille, blessé au talon par
une flèche lancée par Pâris. (3)
Mais, si elle porte sur la colère comme
moteur de nos agissements, elle n’oublie pas l’influence des croyances et du
Pouvoir sur ceux-ci. Les hommes et les dieux logent d’ailleurs à la même
enseigne en ces domaines, comme si les dieux nous avaient fait à leur image
comme nous les avons faits à la notre! On négocie, on s’allie et on triche pour
atteindre nos fins!
Quant à la Justice, on en parle, mais la
pratique-t-on? C’est pour cela que l’on parle bien plus souvent d’apparence de
justice que de Justice elle même, car s’il faut sauver les apparences on sauve
beaucoup moins souvent la Justice! Ni les innocents d’ailleurs. Qu’à-t-on à
faire des innocents? Comme les hommes, les dieux affichent leur force en s’en
prenant à eux. S’il faut détruire des colonies d’hommes pour la montrer, ils le
feront! Ici, les grands esprits se rencontrent et plusieurs siècles après
Homère, Jean-Pierre Lefebvre nous expliquait cela par la bouche d’Abel (Marcel
Sabourin), dans un film marquant de la cinématographie québécoise :
« Tu vois Dieu, s’il existe, il doit être comme un homme qui écrase les
insectes. Tu marches comme ça, dans la rue, ou dans l’herbe, et puis tu
assassines des êtres vivants sans même t’en rendre compte. Parce que tu es
grand. Parce que tu es plus grand et plus puissant qu’eux. C’est de la
tragédie. Ça t’est déjà arrivé de mettre par mégarde le pied dans un nid de
fourmis? Tu es tellement fasciné par les fourmis que tu deviens méchant sans le
vouloir, tu t’amuses à mettre des embûches sur leur passage, tu déterres leurs
œufs. Je me dis que Dieu c’est peut être un peu la même chose, que de temps en
temps, par hasard, il lui arrive de mettre le pied dans un nid d’hommes et
qu’il joue avec nous pour uniquement savoir comment nous allons réagir… pour
savoir si au moins on va réagir… Moi j’essaie de respecter les insectes, parce
que j’aimerais bien que Dieu apprenne à respecter les hommes. » (4)
***
Cette pièce joue donc sur les
caractères. De grandes leçons peuvent en être tirées.
Premièrement, les intérêts personnels ne
sont pas toujours avisés pour la gouverne du peuple, ni pour la justice.
Deuxièmement, les dieux ont aussi leurs
intérêts et on ne peut pas les écouter en toute impunité. Ainsi, malgré
qu’Apollon parle en songe à Agamemnon, chef de cette mission, et qu’il semble
répondre à ses demandes, les choses ne tournant pas comme il le voudrait. C’est
même l’inverse qui se produit, comme s’il se jouait de lui et s’amusait de
leurs combats; comme s’il avait d’autres desseins!
Troisièmement, quand des alliés
s’opposent, ils s’affaiblissent! Cette division entre Agamemnon et Achille fait
d’ailleurs l’affaire des troyens qui en profitent.
Quatrièmement, « on ne va pas à la guerre pour revenir en
vain, mais pour conquérir » nous dit un des personnages de la pièce,
mais je ne sais plus lequel. Que c’est bien dit, surtout en ce temps où on veut
faire passer certaines guerres pour des guerres humanitaires alors qu’il s’agit
bien plus de contrôler une région et des richesses pétrolières par exemple, car il y a
certainement de meilleures façons d’implanter une démocratie que par la guerre,
ne serait-ce qu’en soutenant des groupes réformistes déjà sur place et de
l’éducation, de l’éducation et encore de l’éducation! C’est dire qu’une guerre
peut être faite pour de mauvaises raisons ou sur des principes fallacieux. Si
le premier magistrat devrait en accepter le blâme, c’est rarement le cas. Quant
au peuple, il souffrira de l’avoir suivi sur de faux-prétextes, surtout s’il a
décidé de fermer les yeux sur une tricherie qu’il connaissait. Alors, « s’il n’est pas difficile de mourir quand
c’est pour la patrie », ce l’est davantage quand c’est pour de faux
motifs! S’il y a quelques guerres justes, pour défendre le Monde ou un peuple
de l’égide d’un tyran, il y a beaucoup plus de guerres honteuses. Et même les
guerres justes peuvent déraper et devenir honteuses, si on ne peut contrôler la
boîte de Pandore, autre mythe Grec, que l’on ouvre, créant ainsi plus de
désordre et de pleurs que ce que l’on voulait éliminer. L’enfer n’est-il pas pavé
de bonnes intentions?
Mais, avec la force, le Pouvoir impose
ses vues et se justifie, d’où la colère des Hommes après coup contre
ceux-là même qu’ils ont suivi! « Homère nous assène [là] une vérité
dérangeante dans une société qui se dit policée comme la nôtre. C’est souvent
la force qui fait le droit. Rarement l’inverse. » (5)
Le propos est donc très contemporain,
car il va au cœur de l’Homme, réel et mythologique; au cœur de la politique et
de la religion, qui peuvent être facteurs de divisions et de troubles au nom de
la justice. Mais, qui dit que les dieux sont justes, sauf notre croyance en eux
et en notre cause? Et ces dieux, sont-ils bien réels ou ne sont-ils que le fruit de notre imagination et de nos désirs?
Des êtres que notre inconscient crée pour que nous nous sentions moins seuls
dans nos choix, bons ou mauvais!
On assiste donc à une fable sur ces guerres
que la diplomatie et la bonne volonté des Hommes auraient pu éviter n’eut été
de l’ambition et de l’orgueil de quelques-uns; de leur croyances aux dieux
aussi, qui leurs disent qu’ils sont de leur bord et que leur cause est noble et
juste; et à la colère qui nous porte, mais qui n’est pas toujours bonne
conseillère! Bref, c’est une pièce qui va au plus profond de l’Homme et que je
vous recommande. Une pièce où j’ai arrêté de prendre des notes, car presque
chaque ligne est signifiante. À la place j’ai trouvé le texte d’Homère dans la
bibliothèque Gutemberg : http://www.gutenberg.org/etext/14285.
Une pièce à voir même si elle n’est pas
jouée de façon conventionnelle. Et c’est tant mieux, car on ne reçoit pas un
récit, mais toute la force du texte d’Homère ici. Et, croyez moi, ce n’était
pas Omer Simpson que cet Homère là!
Notes :
1. http://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_de_Troie
2. Avec l’aide de Wikipédia, Ibid., pour bien résumer les choses, car je
n’aurais pu me rappeler tous ces noms par exemple.
3. Wikipédia, Op. Cit,
4. « Il ne faut pas mourir pour ça
», film de Jean-Pierre Lefebvre (1966). Ce passage est dit par Abel (Marcel
Sabourin) dans le film.
5. Mot d’Alexis Martin dans le programme, p. 4 de la version PDF
***
CAP SUR L’HOMÈRE PATRIE
La saison 2007–2008 du TNM
s’ouvre sur une épopée fondatrice : L’Iliade, premier chef-d’oeuvre de
la littérature grecque, ferment de notre culture et de notre pensée. À la fois
auteur et metteur en scène, Alexis Martin revient à Homère pour mieux
comprendre notre présent, désireux de bâtir des ponts entre l’hier et
l’aujourd’hui. Déjà, au début du troisième millénaire, il s’unissait à Dominic
Champagne pour adapter L’Odyssée, qui connut un succès incomparable dans
l’histoire du TNM. Sept ans plus tard, le voilà donc qui repart sur les traces
d’Homère, qui fraternise à nouveau avec le poète mythique et qui relit pour
nous les chants de L’Iliade. Il nous les raconte et nous en dévoile la
puissante modernité. Il nous invite à devenir témoins de ce récit qui nous
concerne tous, de cette histoire qui jette une lumière éclairante sur les
conflits de notre temps.
TOUTE UNE HISTOIRE QUE L’ILIADE !
Celle de la belle Hélène,
enlevée par Pâris et emmenée à Troie, et que son époux Ménélas vient chercher
avec l’armée des Grecs menée par Agamemnon. Celle des Grecs, débarquant d’un
millier de bateaux pour affronter les Troyens, à la tête desquels se trouve
Hector, fils de Priam et d’Hécube. Celle d’Achille, le plus valeureux de tous
les guerriers, invulnérable aux coups, sauf au talon.
Fils spirituel de
Jean-Pierre Ronfard, Alexis Martin est un ironiste patenté. Avec l’humour
singulier qui est le sien, il redonne vie aux premiers héros de la littérature
occidentale, bien conscient que les deux grands poèmes d’Homère sont certes
liés, mais que leurs styles diffèrent totalement. Appuyé dans sa relecture par
le philosophe et helléniste Georges Leroux, il nous offre une pièce qui est à
la fois le récit lui-même et le commentaire du récit, une pièce qui nous
transporte dans un Péloponnèse contemporain. Il transforme les dieux et
demi-dieux en êtres de chair et de sang, infiniment près de nous, en hommes qui
portent des camisoles et des bretelles, font de la lutte grécoromaine, boivent
de l’ouzo au bord de la mer et, entraînés par une narratrice, se racontent
cette histoire et l’incarnent tout à la fois, la font revivre, la rendent
éternelle et actuelle.
UN ARTISTE DONT LA DEVISE EST « JE ME SOUVIENS »
Alexis Martin continue ici à
affirmer la nécessité de revenir vers ce qui nous a été légué et de se colleter
au passé. Au cours des dernières années, il n’a d’ailleurs pas cessé d’ouvrir
les placards de l’Histoire, que ce soit dans Hitler, dans TRANSIT –
section no 20, ou dans La Marche de Râma, qui s’inspirait de ce
poème épique sanscrit qu’est le Râmâyana. Ce n’est donc pas d’hier qu’il
entre en dialogue avec ses pères, afin de livrer sa propre version de Périclès,
de L’Odyssée et aujourd’hui de L’Iliade. Et il le fait une fois
encore dans un esprit libre et désinvolte, en s’adjoignant une bande de joyeux
lurons : son complice Gary Boudreault du Groupement forestier du théâtre, cette
grande comédienne qu’est Marthe Turgeon, qui créa le rôle de Catherine Ragone
dans Le Roi boiteux de Ronfard, un jeune acteur singulier comme Patrick
Drolet, qui nous a chaviré le coeur dans le film La Neuvaine, une
bien-aimée partenaire de scène comme Marie Michaud (qui jouait avec lui dans Maîtres
anciens de la compagnie de création UBU) et d’autres complices de toutes
générations. L’Iliade est aussi l’occasion pour Alexis Martin de renouer
avec des concepteurs avec lesquels il a développé un langage au fil des ans.
UN ACTEUR PHYSIQUE ET DÉLINQUANT
Au cœur de cette œuvre se
dresse le brave et puissant Achille. Qui mieux que François Papineau pouvait
incarner cet homme tourmenté et imprévisible, promis à une vie brève comme bien
des héros mythiques? Si cet acteur viril et fragile a marqué les mémoires des
spectateurs du TNM avec son incarnation puissante et physique d’Ulysse dans L’Odyssée,
il a imprégné de sa force tranquille de très nombreuses productions : de Caligula
à Cabaret, des créations de Serge Boucher (Motel Hélène, Là)
aux oeuvres délinquantes de la compagnie Momentum, dont il est membre. François
Papineau et Alexis Martin ne restent jamais longtemps sans monter dans le même
bateau théâtral ! Les voilà donc réunis à nouveau, désireux de nous faire
redécouvrir les tourments et les fureurs, le courage et la noblesse de ces
êtres plus grands que nature. Le TNM vous invite donc à un retour aux sources,
vers une oeuvre qui nous redit à quel point les mythes ont depuis toujours aidé
les hommes à mieux comprendre leur réalité présente.
Avec Vincent Bilodeau / Gar y Boudreault / Stéphane
Brulote / Stéphane Demers / Patrick Drolet / Alexandre Fortin /
Tania Kontoyani / Jacinthe Laguë / Jean Maheux /
Marie Michaud / François Papineau / Marthe Turgeon /
Conseiller dramaturgique Georges Leroux / Assistance
à la mise en scène et régie Claude Lemelin / Décor David Gaucher / Costumes Jud
y Jonker / Éclairages Martin Labrecque / Musique Denis Gougeon / Mouvement
Francine Alepin / Conception vidéo Yves Labelle / Accessoires Vincent Deronde /
Maquillages Claudie Vandenbroucque / Perruques Rachel Tremblay
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40 ans de découvertes, d’audace et d’indépendance
(8 jours de cinéma gratuit – du 18 au 25 octobre
2007)
Le Ring, d’Anaïs Barbeau-Lavalette, en film
d’ouverture
J’ai assisté à cette présentation, mais comme il y en davantage
dans le communiqué que ce que j’aurais pu noter… rien de mieux que d’y aller
avec le communiqué! L’important, c’est que ce soit fait en toute transparence.
Michel Handfield
***
Communiqué de
presse
Montréal, lundi le 17 septembre 2007
C’est le cœur en fête que le
Cinéma Parallèle, lieu phare
de la diffusion de films et vidéos indépendants à Montréal, célèbrera ses 40
ans d’existence avec 8 jours de programmation spéciale et gratuite, de
festivités et de surprises, du 18 au 25 octobre prochains. Cette commémoration
de quatre décennies de découvertes sera soulignée par la projection d’œuvres
québécoises et internationales qui ont laissé une empreinte inoubliable dans
l’esprit des cinéphiles. Le Cinéma
Parallèle vous en mettra plein la vue! Les festivités débuteront par le
dévoilement de sa toute nouvelle signature visuelle ainsi que par le lancement
d’un concours destiné au grand public. Également, un livret-souvenir incluant
la grille-horaire de la programmation, des photos et des anecdotes savoureuses
sur la place qu’occupe la salle dans l’imaginaire des cinéphiles sera
disponible pour le public. De plus, pour donner le coup d’envoi des
célébrations du 40e anniversaire, le jeudi 18 octobre le Cinéma
Parallèle s’associe à Christal Films,
à l’INIS et au 36e Festival du Nouveau Cinéma pour présenter, en
première nord-américaine, le premier long métrage d’Anaïs Barbeau-Lavalette, LE
RING.
PROGRAMME DES FESTIVITÉS
Du 18 au 25 octobre, les cinéphiles sont
conviés à célébrer le nouveau quadragénaire. Les quatre premiers jours de
l’événement coïncident avec le dernier week-end de la 36e édition du
Festival du nouveau cinéma et le public pourra assister gratuitement à
la séance anniversaire quotidienne des 40 ans dans le cadre des projections du
Festival. Les quatre jours suivants, du 22 au 25 octobre, la fête se poursuit
avec d’autres présentations gratuites de courts et longs métrages marquants de
l’histoire du Cinéma Parallèle. Toutes
ces projections sont gratuites (premier arrivé, premier servi) et auront
lieu au Cinéma Parallèle qui vous invite à revoir avec lui vos plus beaux coups
de cœur de cinéphile. Les Wim Wenders, Philippe Falardeau, Atom Egoyan,
Catherine Martin, André Turpin, Martine Chartrand, Jim Jarmush, André-Line
Beauparlant, Jean Genet, Alexandre Sokourov, Wong Kar-wai, Robert Morin, Peter
Wintonick, Chris Marker et de nombreux autres reviendront tous vous faire leur
cinéma!
À l’occasion de son
anniversaire, le Cinéma Parallèle a demandé à Luc Bourdon de créer sa
première signature visuelle. L’œuvre
créée par le cinéaste se présente sous la forme d’une mosaïque d’images et de
sons, où l’on retrouve de courts extraits qui évoquent la richesse et la
diversité des œuvres présentées au cours des 40 dernières années. Le
dévoilement de la signature visuelle servira de prétexte au lancement d’un grand concours à l’intention du
public; concours qui consistera à identifier 12 titres parmi les vignettes de
films qu’on y retrouve. Plusieurs prix seront offerts (une nuit à l’hôtel Opus,
des certificats-cadeaux de marchands du boul. Saint-Laurent, etc.) et les
gagnants seront dévoilés le soir de l’ouverture des célébrations, le 18
octobre. La signature visuelle sera dorénavant présentée devant chacune des
projections publiques.
Pour présenter la
programmation publique gratuite du 40e anniversaire, le Cinéma
Parallèle diffusera un livret-souvenir
incluant la grille-horaire de la programmation, le tout agrémenté de
photographies évocatrices et d’anecdotes savoureuses retraçant le parcours de
ce lieu de diffusion unique au Canada. Le public pourra ainsi conserver un
souvenir tangible de l’événement. Rester à l’affût, d’autres surprises seront
annoncées.
La soirée d’ouverture des célébrations, le 18 octobre, culminera avec la
projection en première nord-américaine du long métrage de la jeune cinéaste
québécoise Anaïs Barbeau-Lavalette, LE RING. Scénarisé par Renée
Beaulieu et produit par Ian Quenneville et Thomas Ramoisy, LE RING nous entraîne au cœur du quartier
Hochelaga-Maisonneuve, sur les traces de Jessy, un gamin de 12 ans rempli de
rêves et d’espoirs mais aux prises avec la misère sociale et l’abandon.
Interprété magistralement par Maxime
Desjardins-Tremblay dans le rôle de Jessy, le film met aussi en vedette les
jeunes comédiens Maxime Dumontier, Julianne Côté et Jason Roy Léveillée ainsi que les vétérans Jean-François Casabonne, Stéphane
Demers, Suzanne Lemoine et René-Daniel Dubois. LE RING est une production de l’INIS, l’Institut national de l’image
et du son, dont la scénariste, la réalisatrice et les producteurs sont des
diplômés. Christal Films en assure
la distribution. LE RING sera
également présenté dans le cadre de la 36e édition du Festival du
Nouveau Cinéma et prendra l’affiche au Québec (et au Cinéma Parallèle) dès le
26 octobre.
HISTORIQUE
C’est sous le nom de Centre
du film underground que Dimitri
Eipides et Dimitri Spentzos
établissent à Montréal en 1967 une salle dédiée au cinéma indépendant. Claude Chamberlan, alors chanteur rock,
se joint aux deux Dimitri comme projectionniste et animateur. En 1970, il fonde
le Cinéma Parallèle qui poursuit les mêmes objectifs que le Centre.
« Tout a commencé dans un loft, coin Bordeaux et Ontario, près du
repaire des Rock Machine, j’avais 17 ans. L’idée de réunir cinéma et événements
était déjà là. J’ai ajouté la folie…». Ce n’est qu’en 1978 que l’organisme
s’établit définitivement sur le boulevard Saint-Laurent, qu’il ne quittera plus
et auquel il demeure étroitement identifié.
Depuis ses débuts, le Cinéma
Parallèle ne se contente pas de présenter des films, il crée l’événement. À son
actif : organisations de tournées européennes de films indépendants québécois
et canadiens (1968 à 1974), création de deux maisons de distribution (Coopérative
des cinéastes indépendants en 1968 et FilmFilm en 1982) et du Festival
International du Cinéma en 16mm (1971); première mouture de l’actuel Festival
du nouveau cinéma. Il poursuit avec La Nuit du Cinéma Underground à
l’UQAM (1975), le Café Méliès (1978, un lieu où le cinéma côtoie
musique, peinture, poésie…), Check Hit Out Productions en 1992 (Annie
Sprinkle, Boris Vian, Spike Lee, Cassavetes, Warhol, Al Pacino), puis invente
les premières projections urbaines en plein air et innove avec un célèbre
marathon de 250 heures de projection continue (1992); un exploit qui figure
dans le livre des records Guinness. Le tout sans oublier, bien sûr, la création
de Magnifico * Les Quatre et une nuits du cinéma en
1998 (qui initie les premières projections sous l’eau - Dive In). Le
Cinéma Parallèle a participé à la création et au rayonnement de nombreux
événements culturels qui aujourd’hui encore nourrissent la vie culturelle
montréalaise.
Pendant plus de 20 ans, la
salle située au 3682 du boulevard Saint-Laurent fit découvrir aux cinéphiles de
tout horizon des œuvres inédites de cinéastes du monde entier. Au printemps
1999, le Cinéma Parallèle déménage au Complexe Ex-Centris dans une nouvelle
salle de 93 places dont il gère la programmation audacieuse et originale de
façon totalement indépendante, offrant la seule véritable alternative au
secteur d’exploitation commerciale.
Une des clés du succès et de
la longévité du Cinéma Parallèle réside en sa direction artistique. Le Cinéma
Parallèle peut toujours compter dans son équipe sur la présence de Claude
Chamberlan et sur celle de Caroline
Masse, directrice générale depuis 1999. Tous deux ont su défendre avec
conviction et parfois opiniâtreté leurs passions pour le cinéma indépendant.
Fort de son vécu de quarante ans, le Cinéma
Parallèle continue de s’adapter à l’air du temps, toujours à l’écoute des
nouvelles voix. Il défend toujours avec passion et indépendance le cinéma et la
vidéo d’auteur d’ici et d’ailleurs.
Le Cinéma Parallèle remercie ses partenaires
habituels qui lui ont permis, par leur soutien annuel, d’être toujours présent
sur la scène pour défendre un cinéma exigeant et audacieux : la Société de
développement des entreprises culturelles du Québec (SODEC), Téléfilm Canada,
Conseil des Arts du Canada, Conseil des Arts de Montréal et Terra Incognita.
Plus particulièrement, pour avoir rendu possible la tenue de ces festivités,
nous remercions : Alliance Vivafilms, Christal Films, Design Postimage,
Équinoxe Films, Festival du Nouveau Cinéma, Film Option International, Fun
Film, K-Films, Métropole Films, ONF/NFB, Remstar, Films Séville, Société de
Développement du boulevard Saint-Laurent, TVA Films, la Ville de Montréal et
Vision Globale.
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STILL
LIFE dès le 14 septembre
Au Cinéma Parallèle
(Ex-Centris) et au cinéma AMC Forum!
Le film prendra
l’affiche en version originale mandarine avec sous-titres anglais au cinéma AMC
Forum et avec sous-titres français au Cinéma Parallèle (Ex-Centris)
Still Life (Sanxia
haoren) de Jia Zhang-Ke, lauréat du Lion d'or au festival de Venise 2006, prend
pour cadre le barrage chinois des Trois Gorges, dont la construction a causé le
déplacement de près d’un million d’habitants et submergé des villes telles que
l’historique Fengjie. Le film raconte
l’histoire de deux personnes parties à la recherche de leur conjoint. Il rappelle aussi ce à quoi ressemblait
l’ancienne ville de Fengjie, avant qu’elle ne disparaisse complètement lors de
la dernière inondation provoquée par le barrage le 1er mai 2006.
L’histoire commence
dans les mois précédant l’inondation finale.
Une partie de Fengjie, une ville qui compte deux mille ans
d’histoire, a déjà été engloutie et ce qu’il en reste disparaîtra bientôt sous
les eaux. Les lieux fourmillent
d’entrepreneurs, d’arnaqueurs, d’ouvriers, de gens évacués et de personnes
comme Han (Han Sanming) et Shen (Zhao Tao).
Sans se connaître,
Han et Shen arrivent tous les deux de la province du Shanxi. Han s’efforce de
trouver sa femme et sa fille qu’il n’a pas vues depuis 16 ans, mais ne trouvera
que leur maison submergée. Comme
l’anarchie règne dans les registres de la ville, il doit partir seul sur les
traces de sa famille. Shen, elle,
cherche son mari qui n’est pas revenu à la maison depuis deux ans. Un ami commun tente de l’aider, mais il
hésite à lui dire si son mari a maintenant une petite amie.
Le film a été tourné
sur le site de l’ancienne ville de Fengjie par Yu Likwai, le directeur photo
habituel de Jia Zhang-Ke. Au milieu des
décombres, de petits détails se détachent comme dans une peinture de nature
morte : un bateau qui avance doucement sur le fleuve Yangtsé, Shen
savourant une tasse de thé, Han s’accrochant à un papier d’emballage d’une
marque de cigarette qui n’existe plus et sur lequel a été inscrite, il y a
longtemps, la dernière adresse connue de sa femme.
Le film est écrit et
réalisé par le Chinois Jia Zhang-Ke. Les deux acteurs principaux, Han Sanming
et Zhao Tao, ont aussi joué dans les trois derniers films de Jia, soit The
World, Unknown Pleasures (Plaisirs inconnus) et Platform.
Still Life est distribué au Québec par
Métropole Films Distribution et dans le reste du Canada par Mongrel Media
Commentaires de Michel Handfield (14 septembre 2007)
Han (Han Sanming)
cherche ses racines quand il veut retrouver sa fille et sa femme qu’il n’a pas
vu depuis 16 ans. De son côté, Shen (Zhao Tao) cherche son mari qu’elle n’a pas
vu depuis 2 ans pour pouvoir divorcer officiellement, car elle veut couper avec
son passé pour refaire sa vie. Enfin, la Chine engloutit son passé pour se faire
un avenir dans la mondialisation. Cherchera-t-elle son passé plus tard? Car, si
on engloutit ici des vestiges historiques, certains vieux de 2000 ans, a-t-on
pensé en sauver quelques uns en les déplaçant? Si c’est le cas, le film ne nous
le montre pas.
Il y a donc un
parallèle entre la Chine, Han et Shen dans ce triangle particulier, où leur vie
se mêle à un pan de l’histoire de la Chine et son entrée dans le
modernisme : le barrage des Trois Gorges! Cela donne une histoire qui a
surtout valeur de documentaire pour nous, car on voit ce qui se passe dans
cette région, où des villes entières sont démolies et englouties. Une Atlantide
des temps modernes!
On en apprend aussi
sur les mœurs chinoises. Comme ici, la région des trois Gorges et la ville de
Fengjie, il y avait plus de femmes que d’hommes, on pouvait vendre des filles à
marier! Une Chine ancienne, traditionnelle, mais aussi où la majorité a des
téléphones portables! Par contre, on bâtit cette modernité sans les normes en
santé sécurité au travail ou en environnement que l’on connaît en occident. On
le voit! La facture suivra un jour alors que la Chine, dont le marché attire
tant les entreprises, pourrait en profiter pour ne pas faire les erreurs qu’a
faites l’occident avant elle. Je trouve cela un peu dommage.
Bref, pour nous,
cette fiction est plutôt une docu-fiction, car elle nous fait connaître la
Chine de l’intérieur et fait œuvre de documentaire.
---
Télé-Québec
Du 12 septembre au 31 octobre 2007
Mercredi 21 h
Rediffusions :
Dimanche 15 h, lundi 23 h 30
Durée : 60 minutes
Des kidnappings terroristes;
l’assassinat d’un ministre; des soldats plein les rues. Nous ne sommes ni à
Bagdad ni à Beyrouth, mais bien à Montréal, en octobre 1970. La crise d’Octobre
a profondément marqué le Québec. Quelque 30 ans plus tard, une équipe
canadienne revient sur cette crise et la présente sous forme d’une minisérie en
huit épisodes. Elle est d’abord diffusée à la CBC en 2006; puis Télé-Québec en
propose la version française en primeur.
Si
Octobre 70 n’est pas un
documentaire à proprement parler, la vérité historique des événements est
rigoureusement respectée. Les auteurs — Wayne Grigsby (ENG, Trudeau) et Peter Mitchell (Cold Squad) — se sont
essentiellement référés au rapport de la Commission Duchaîne, lequel a
reconstitué le déroulement des événements, tant à la police que chez les
gouvernants et les felquistes. Quelques scènes fictives comblent les plages
d’information manquante.
Pour
incarner ces acteurs de notre histoire, on a fait appel à une distribution
éclatante de comédiens. Ainsi, Denis Bernard prête ses traits au ministre
Pierre Laporte; Patrick Labbé est le lieutenant-détective Julien Giguère;
Karine Vanasse joue Christine, une militante felquiste qui devient délatrice;
Hugo St-Cyr est Paul Rose; Olivier Morin, son frère Jacques, et Normand Daneau
incarne Marc Carbonneau. Les comédiens parlaient anglais dans la série
d’origine. Ils se doublent maintenant pour la version française.
Octobre
70 s’amorce sur l’enlèvement du diplomate
britannique James Richard Cross, le 5 octobre 1970. Elle prend fin sur la
capture des membres de la cellule Chénier, le 27 décembre suivant. Entre-temps,
la Loi sur les mesures de guerre, 450 arrestations, la suspension des libertés
individuelles, autant d’événements dramatiques qui ont transformé notre
société. Racontée 37 ans plus tard, cette histoire prend parfois des allures de
thriller policier. Un étonnant paradoxe qui se vérifie tout au long de ces huit
épisodes diffusés à l’automne.
Commentaires de Michel
Handfield (12 septembre 2007)
Dès
les premières images, on est pris. La trame dramatique fait son effet. On est
bien dans les années 70, c’est-à-dire que le climat est bien reconstitué de mon
point de vue. Même si j’avais 12 ans à l’époque, je m’intéressais déjà à
l’actualité. Les débats du temps y sont, notamment les manifestations contre
Drapeau qui en menait large. C’est d’ailleurs une des causes des problèmes
actuels de Montréal, car lorsqu’il a quitté le Pouvoir, le gouvernement du
Québec s’est organisé pour faire glisser le tapis sous les pieds de Montréal,
qui est devenue une région administrative comme les autres. Malgré les beaux
discours sur l’importance de Montréal, on l’a tassé dans le coin. Le PQ nous a
même dit que nous sommes une création de la province lorsqu’il a décidé des
fusions municipales, faisant fi de notre histoire! (1)
D’écouter
les deux premiers épisodes de la série fait remonter des souvenirs. Les communiqués
à CKAC; l’entrainement des gens du FLQ avec l’OLP; la chasse de ce qui est
marginal et de gauche. Le ton des années 70 aussi, un peu condescendant de la
part des pouvoirs en place. Les chicanes de juridiction entre Montréal, Québec
et Ottawa, ce qui n’a pas vraiment changé. Viendront les mesures de guerres
plus tard.
C’était
au temps de la première opposition à Montréal, qui avait jusque là été dirigé
comme un royaume par Jean Drapeau; celle du Front d'Action Politique, le FRAP (2),
qui a précédé le RCM. Drapeau les avait en horreur, les associant à la même mouvance contestataire révolutionnaire
que le FLQ. C’était un temps d’effervescence politique, où les jeunes
contestaient le conservatisme de leurs aînés et militaient à gauche. On disait
que les syndicats et les groupes communautaires étaient noyautés par des
marxistes! Leurs ainés étaient plus conservateurs.
Cette
génération cherchait un monde plus juste et plus équitable un peu comme les
jeunes d’aujourd’hui finalement. Par exemple, Jacques Lanctôt (interprété par
Mathieu Grondin) dit à James Cross (R.H. Thomson), qui venait de lui dire que
« vous avez le droite de vote, vous
êtes en démocratie » :
« Démocratie? 23% du monde ont voté pour le Parti Québécois à la dernière
élection, puis qu’est-ce que ça nous a donnée? 7 sièges. N’attendez pas d’être
un vieillard pour voir la justice. »
Sauf
qu’une fois que le PQ a pris le pouvoir, 6 ans après cette crise, il n’a pas
changé le système, car il le servait maintenant, le vote anglophones se concentrant
dans un nombre restreint de comtés. Plus ça change, plus c’est pareil, car 37
ans après octobre 70 et 4 mandats péquistes on n’a pas encore la
proportionnelle!
Bref,
les deux premiers épisodes sont signifiants, d’abord concernant cette crise, mais
aussi d’où vient le Québec d’aujourd’hui : des années 70 qui ont vu la
montée des femmes, des préoccupations sociales et de gauche. Un Québec syndiqué
et militant. On nous parle toujours de la révolution tranquille comme un geste
fondateur du Québec moderne, mais c’est oublier la révolution sociale des
années 70. Cette révolution de gauche a aussi eu son importance, mais on ne
veut pas toujours le rappeler, le Québec jouant maintenant davantage sur des
valeurs de droite et individualistes. Le virage à droite du PQ, l’arrivé d’un
chef conservateur au PLQ et, plus près de nous, la montée de l’ADQ ne sont pas
des événements purement fortuits!
Il
est aussi vrai que cette génération de gauchiste est devenue beaucoup plus
conservatrice au Pouvoir, car on cherche tous à protéger les privilèges que
l’on a gagnés. Même les syndicats sont devenus des banquiers avec le Fonds de solidarité de la FTQ ou le Fondaction de la CSN par exemple. C’est
aussi cette génération qui nous a parlé de privatisation et qui a suivi des
leaders comme Reagan et Tatcher dans le néolibéralisme; qui a congédié des
fonctionnaires et subventionné le privé pour « équilibrer » les
finances publiques! Ce n’est peut être pas pour rien qu’on en a davantage pour la révolution tranquille aujourd’hui,
qui était une prise en main économique des francophones, et qu’on semble
oublier cette période de révolution plus socialisante qu’ont été les années 70
au Québec! Que ces années aient été beaucoup plus rock’n roll et militantes n’est pourtant pas une raison de vouloir
les cacher, à moins que les leaders d’aujourd’hui, attaché à un discours
économique plus à droite, ne veulent faire oublier d’où ils viennent! Une telle
série nous le rappelle et c’est tant mieux.
Cela
nous fait réaliser à quel point nous semblons vouloir revenir à un Québec
d’avant; un Québec plus conservateur avec des leaders qui gèreront la province
en bon père (Dumont) ou en bonne mère (Marois) de famille comme au temps de Maurice Duplessis! Des
leaders à l’écoute du vrai monde, comme si les intellectuels n’étaient pas du
vrai monde. Un peu comme Drapeau le pensait à une autre époque justement.
Quant
on parle de privatisation ou de PPP; quand on dit que le privé gère mieux que
le public, tout en oubliant les grands scandales du privé et le fait qu’il est
souvent fortement dopé aux fonds publics (subventions en tous genres), c’est
comme s’il fallait jeter le bébé des années 70 avec l’eau du bain parce que
quelques-uns ont abusé du système par la suite. Mais, c’est oublier que ces
luttes qu’ont menées des groupes de gauche, communautaires et, parfois,
révolutionnaires, n’ont pourtant pas eu que des suites négatives. Elles ont
aussi eu leur lot de réformes positives. Pourtant, le conservatisme a commis
bien des abus lui aussi, sauf que la majorité des électeurs
sont trop jeunes pour s’en rappeler (3), ce qui le rend plus désirable,
plus pur et plus sexy aux yeux de l’électeur. En apparence du moins, car tout
est maintenant question d’image bien
davantage que de contenu. Et comme on n’enseigne plus l’histoire avec
autant de rigueur, cela donne ce que ça donne, d’où l’intérêt de cette série.
Il
faudrait d’autres séries historiques de ce genre, celles-ci devenant un moyen
de combler les manques de l’éducation moderne. Je n’ai certainement pas besoin
d’en dire plus pour que vous compreniez que je la recommande fortement.
Notes :
1.
On voit maintenant les résultats de ce « Montreal bashing » qui dure depuis la fin du règne de Drapeau,
les autres partis ayant des liens avec les partis politiques provinciaux. Aucun
n’a eu son pouvoir, ni le courage de s’opposer à Québec comme il le faisait. Je
le dis même si j’étais loin d’être « drapeauiste »!
Montréal
n’a plus les moyens de son développement, ni même de son entretien et ce n’est
pas un hasard. On lui a fait prendre son trou, faute d’un maire qui aurait su
s’opposer à Québec. Moi, j’aurais profité des chicanes entre Québec et Ottawa,
polarisées par la question de la
partition possible des villes en cas d’un référendum gagnant, pour réclamer
plus de pouvoirs pour Montréal, avec la menace de demander de devenir une
nouvelle province canadienne comme épée de Damoclès! Le Fédéral aurait été mal
avisé de dire que c’était impossible, alors qu’il disait que la partition des
villes l’était, et Québec savait que s’il perdait Montréal il perdait une
partie de son économie. C’était une occasion pour Montréal et les grandes
villes de s’entendre pour négocier leur entrée et un certain partage des
pouvoirs en leur faveur dans la constitution. Aucun maire moderne de Montréal
n’a eu ce courage.
2.
www.archives.uqam.ca/pages/archives_privees/genere_rdaq.asp?varcote=37P#
3.
Ça fait 48 ans que Duplessis est décédé (1959)!
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