Version archive pour bibliothèques de Societas Criticus et DI

Revues Internet en ligne

 

Societas Criticus

Revue de critique sociale et politique

On n'est pas vache…on est critique!

&

D.I. revue d’actualité et de culture

Où la culture nous émeut!

    

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

www.societascriticus.com 

 

Vol.  9 no. 7

(12 septembre – 29 octobre 2007)

Inclus les films vus au Festival du Nouveau Cinéma

 

Cette revue est éditée à compte d'auteurs.

 

Pour nous rejoindre:

societascriticus@yahoo.ca

 

Societas Criticus

C.P. 182, Succ. St-Michel

Montréal (Québec) Canada H2A 3L9

 

Les co-éditeurs:

 

Michel Handfield, M.Sc. Sociologie et Délinquant Intellectuel pour penser autrement!

Gaétan Chênevert, M.Sc. Adm. et Diogénien

 

Soumission de texte:

Les envoyer à societascriticus@yahoo.ca. Si votre texte est en fichier attaché, si possible le sauvegarder en format "rtf" (rich text format) sans notes automatiques.

 

Index de ce numéro :

 

La section Societas Criticus, revue de critique sociale et politique

 

Édito :

Question on ne peut plus actuelle. Commentaires de Michel Handfield au sujet de : Lawrence E. Harrison, 2006, The Central Liberal Truth - How Politics Can Change a Culture and Save It from Itself  dans notre section Livres

 

Essais

 

Enseigner, les suites!

Odette Toulemonde. Prétexte à un essai sur la manipulation!

 

La section D.I., Delinkan Intellectuel,  revue d’actualité et de culture

 

Commentaires livresques : Sous la jaquette!

 

Question on ne peut plus actuelle. Commentaires de Michel Handfield au sujet de : Lawrence E. Harrison, 2006, The Central Liberal Truth - How Politics Can Change a Culture and Save It from Itself

 

Spectacles/Arts/Musiques

 

La tournée de spectacles de Martin Fontaine

 

21 personnes amoureuses vous donnent rendez-vous au bordel des mots!

 

Sortie de Disques!

 

ANGÈLE DUBEAU & La Pietà : Un Conte de fées

CHANSONS D’ESPOIR pour les 25 ans de la Maison et de la Fondation Jean Lapointe

 

Cinéma et Théâtre

(Ciné, Théâtre et quelques annonces d’événements) 

 

Rapport sur le Festival du Nouveau Cinéma 2007

Présentation

Ce que je sais de Lola

Continental, un film sans fusil

Voleurs de chevaux

La fille coupée en deux

La Mémoire en fuite

Tout est pardonné

La Question Humaine

LE RING

XXY

Et toi t'es sur qui?

Bog of Beasts

Anna M.

L’Âge des ténèbres

RENDITION / DÉTENTION SECRÈTE (Hors festival, mais la projection de presse a eu lieu durant la période du FNC)

 

***

 

Toxico, désintox et pilules! (Commentaires sur le lancement de l’album CHANSONS D’ESPOIR et le film QUÉBEC SUR ORDONNANCE de Paul Arcand)

LE DIABLE AU CORPS

Odette Toulemonde

SOIE

L’Iliade d’après Homère

LE CINÉMA PARALLÈLE

STILL LIFE

Octobre 70 (Télé-Québec)

 

###

 

Essais
 

Enseigner, les suites!

Michel Handfield

 

27 septembre 2007

 

Notre édito du 16 août 2007,  «  Enseigner : transmettre des connaissances et des valeurs! » (Vol. 9/6), laissait une question en suspend : celle des valeurs et de l’enseignement. Nous y jouions plutôt sur les valeurs d’embauche face au cas de ce professeur qui a dû être réembauché malgré qu’il fût déjà reconnu coupable de meurtre. (1) C’était voulu comme approche, car il était trop tôt pour parler de la question de fonds. Pour cela il fallait du recul. D’ailleurs, après quelques hauts cris au scandale, ce dossier est disparu de l’actualité, remplacé par d’autres faits divers qui ont excité certains commentateurs et plusieurs citoyens. Mais, pour les questions éthiques on repassera.

 

***

 

Un homme qui a purgé une peine pour meurtre peut-il enseigner à des enfants? La question est claire, la réponse l’est moins.

 

D’une part, si l’école enseigne que la violence n’est pas une solution, un professeur qui a eu recours à la violence dans sa vie privée, surtout aussi extrême que le meurtre, n’est pas un exemple et devrait être condamné d’office à changer de profession. Cela semble aller de soi. Le jugement public est clair. C’est du moins ce que l’on croit, sauf que…

 

Serait-ce la même chose pour celui qui a menacé sa femme par exemple ou qui lui a donné un claque dans le cas d’une procédure de séparation houleuse? Et pour la professeure qui use de violence psychologique envers son conjoint dans la même situation? La violence peut prendre plusieurs formes et si l’action de l’homme parait plus grave, parce que physique, la violence utilisée par les femmes est aussi à considérer. Mais, on la connaît moins. Plus « soft » et socialement acceptable, car psychologique, mais non moins violente il faut le dire :

 

« Pendant longtemps, on a cru les filles incapables de violence. La violence chez les jeunes, c'était l'affaire des gars. Les chercheurs découvrent maintenant que les filles sont aussi violentes que les gars, mais à leur manière. Une vaste étude réalisée sur deux ans par un groupe de chercheurs dirigé par Tracy Vaillancourt, de l'université McMaster à Hamilton, démontre qu'avec l'âge, pendant que la violence physique diminue chez les garçons, la violence psychologique, qu'on appelle aussi violence relationnelle ou indirecte, augmente constamment chez les filles. » (2)

 

Qu’est-ce qui marquera le plus l’enfant turbulent? La tape du professeur (même si je crois à d’autres méthodes) ou la remarque assassine et parfois répétitive de la maîtresse d’école : « tu ne feras jamais rien de bon si tu continue de même » ou « graine de délinquant »! Et les parents, s’ils iront voir le professeur, ils n’iront probablement pas voir la maitresse et répéteront le message pour le renforcer! Cela est, parce que la violence associée à des mots n’a pas la même connotation que la violence physique. Des mots qui tuent parfois, il ne faudrait pas l’oublier! Empêche-t-on ceux qui l’utilisent d’enseigner?

 

En fait, selon les enfants, le message en calera certains davantage que d’autres, puisque certains se relèveront pour montrer que leur maitresse a eu tort. Combien d’artistes et de gens publics entends-t-on dire en entrevue que tel prof leur a ouvert des perspectives et l’esprit, mais qu’ils doivent tout autant à celle ou celui qui les a fouetté en leurs disant qu’ils étaient incapables?  Ils ont donc relevé le défi. La violence, une question d’usage et de dosage? Jusqu’à quel point ce n’est pas encore de la violence; qu’une réprimande? Qu’une motivation?

 

Dire a un élève qu’il ne sera pas capable de relever le concours d’épellation de la semaine prochaine le motivera peut être à le faire et à se rendre assez loin sans devenir le champion de la classe comme dans les films. Mais, lui dire à répétition qu’il est nul et qu’il devrait penser au métier dès qu’il aura atteint le secondaire, c’est peut être le détruire. Il faut peut être bien l’encadrer, lui faire rencontrer des services professionnels, mais l’exclure c’est autre chose. Cependant, les professeurs sont ils équipés et l’école a-t-elle toutes les ressources nécessaires? C’est une autre question à poser.

 

***

 

Si un prof violent ne peut enseigner, car la violence doit être bannie de la société à commencer par l’école, il faut aussi questionner le recours à la violence d’État, comme de choisir qui on soignera ou ne soignera pas, dû au manque de ressources; la violence syndicale, due aux grèves dans les services aux plus démunis par exemple; et la violence économique, cause d’inégalités sociales! On ne peut en rejeter une et dire que les autres sont acceptables. L’enfant, sous tension parce que ses parents ont vu leur emploi s’envoler pour la Chine, est-il violent ou une victime d’un système non sanctionné, car on ne sanctionne pas le marché?  Sur papier la ligne est claire; dans la vie elle l’est parfois beaucoup moins. C’est donc de jugement et de discernement dont on a besoin.

 

***

 

À première vue ce professeur n’est peut être pas à sa place dans une école, mais, d’autre part, l’intégration, le pardon et la réhabilitation  faisant aussi partie de nos valeurs, ce raisonnement se doit d’aller plus loin.

 

L’école doit enseigner ces valeurs et c’est pour cela qu’elle donne une seconde, une troisième, une quatrième chance, et souvent davantage à l’élève en difficulté ou en trouble de comportement. On a même changé le régime pédagogique et de notation pour atteindre ce but sans marquer l’enfant. Peut-on à la fois dire aux élèves qu’ils peuvent se reprendre et envoyer le signal que la réhabilitation est impossible pour l’adulte? Que le jugement est final dans son cas. Il ne faut jamais oublier que les jeunes sont très sensibles à ce que l’on fait, bien davantage qu’à ce l’on dit!

 

Par contre, si on permet aux étudiants de se réhabiliter, ce n’est pas nécessairement dans la même classe ou la même filière. Des classes et des écoles spécialisées existent. La même logique pourrait s’appliquer à un professeur qui a commis un geste que l’on juge incompatible avec son emploi. Si on le réintègre dans le système régulier, un suivi serré doit être fait, car l’usage de la violence peut avoir été un événement fortuit,  mais peut aussi être le fait d’un trouble de comportement.

 

Par contre, s’il peut transformer son expérience en enseignement, cela peut devenir positif. Devrait-il être dans un projet spécifique pour expliquer les problèmes de la violence? La question se pose.

 

Peut être pourrait-il être dans une filière particulière d’enseignement tout comme pour certains élèves qui se retrouvent dans d’autres voies que la régulière. En centre jeunesse ou en milieu carcéral par exemple. Bref, si la réhabilitation est une valeur, la commission scolaire ne peut passer à côté, mais doit aussi protéger les jeunes dont elle a la responsabilité. Ce n’est pas tant l’embauche qui pose problème que le suivi et les taches qu’il aura.  

 

Je ne vois pas un(e) pédophile enseigner dans une école primaire par exemple. Dans un centre de l’âge d’or ou en prison, ce serait moins problématique. Il ne faudrait pas oublier qu’empêcher les gens de travailler peut aussi les conduire à d’autres formes de criminalité. Il faut donc voir à quoi ils peuvent convenir sans risque pour les autres si on choisi la réhabilitation comme mode de fonctionnement. En parler c’est bien, mais c’est sur l’action que l’on jugera. Il faut donc s’assurer qu’ils soient à la bonne place et surtout pas à la mauvaise; qu’ils sont bien suivis et bien encadré si c’est le régime que l’on choisit.

 

***

 

Être pour la tolérance zéro est aussi une possibilité. Mais, si tel est le cas, la permissivité que l’on accorde aux jeunes leur envoie-t-elle le bon message? Cette forme de déresponsabilisation, la sanction ne correspondant pas toujours à l’acte, mais à l’âge, leur causera-t-elle davantage de problèmes à l’âge adulte, où un comportement pourra être sanctionné pour toute une vie au passage des 18 ans? La gradation des peines serait-elle une meilleure approche que cette coupure entre l’âge adulte et l’avant, car devenir criminel ou violent est souvent un (long) processus. Je ne fais pas d’affirmation ici, mais je crois qu’il faut se questionner sur les objectifs à atteindre, les processus et les lois que l’on a pour les atteindre. La peine doit-elle être conforme au délit ou à l’âge du délinquant? La lecture de Cesare Beccaria serait à conseiller à qui s’intéresse à ces questions. (3)   

 

Des points de vue éthiques pointent donc sur plusieurs fronts, que ce soit la réintégration ou l’exclusion, mais aussi l’exemplarité et l’utilité de la sanction. Doit-on promouvoir une réintégration exemplaire, la réintégration étant une de nos valeurs, ou la peine exemplaire alors qu’on ne l’applique pas à tous, notamment aux jeunes ou à la sphère économique?   

 

Il n’y a pas de bonnes ou de mauvaises réponses. Que des valeurs personnelles, comme la capacité de pardonner ou le désir de faire payer pour le mal qui a été fait. Certains seront donc fortement offusqués de cette obligation de réembauche alors que d’autres trouveront qu’elle a du sens. Et, dans les deux cas ils auront des arguments sensés et rassembleurs à leur disposition.

 

Par contre, on peut se demander si les normes pour enseigner devraient être mieux définies? Probablement. Pourquoi ne pas spécifier le niveau d’offense acceptable pour chaque niveau d’enseignement et chaque catégorie d’élèves par exemple. Si on choisi un autre mode de fonctionnement, comme l’interdiction formelle d’enseigner pour toutes personnes ayant un dossier criminel, ce serait alors différent. Mais, cette question est d’abord sociopolitique et poserait aussi problème, car toutes personnes ayant été arrêtée pour avoir fumé un joint par exemple ne seraient plus apte à enseigner. Et pour enseigner, c'est-à-dire transmettre des connaissances, il  faut aussi des expériences. Bref, quand on s’arrête pour  penser, on voit que ce sont des questions complexes et que le feeling d’un animateur de ligne ouverte est peut être bien populaire, mais ne tient pas la route d’une longue réflexion. C’est ce qui explique pourquoi il y a des sujets sur lesquels il vaut mieux revenir la tête froide. Prendre le temps de réfléchir. 

 

***

 

Par contre, si la CSDM ne savait pas son passé au moment de l’embauche, c’est qu’il l’avait caché.

 

Cela pose davantage problème, car il est bien demandé toute une série de questions sur les offenses criminelles dans le formulaire de demande d’emplois de la CSDM. (4) On demande par exemple « Avez-vous déjà été condamné pour une offense criminelle? » et de spécifier laquelle, notamment impliquant les jeunes, la drogue, la violence, etc. C’est très clair. Et si on n’y répond pas délibérément, il est bien spécifié à la fin du questionnaire que « Je comprends que toute fausse déclaration peut entraîner le refus ou l’annulation de mon engagement, le cas échéant » après quoi on demande la signature du candidat et la date. (4)S’il a fait une fausse déclaration, il savait donc qu’il était passible de renvoi selon cet article, surtout s’il a signé sa demande. Sur cette base, je crois il était possible et souhaitable de le congédier.

 

Si tel n’est pas le cas, cela veut dire que ce type d’avertissement et de déclaration sur les formulaires d’emplois est nul et sans valeur. En conséquence, je suis con de bien remplir mes demandes d’emplois et de mettre mes diplômes universitaires quand le poste ne l’exige pas, car ça peut me nuire. Mais, puisqu’on me demande de ne pas faire de « fausse déclaration », je suis le plus transparent possible. Tous ceux qui les complètent avec honnêteté sont probablement aussi cons que moi et c’est pour cela que nous avons probablement des difficultés à trouver un emploi : trop honnête alors que cette déclaration ne vaut finalement pas grand chose! C’est ce que nous dit la  Cour supérieure qui force la  CSDM à le   réintégrer (voir note 1) même s’il a caché des faits importants dans son formulaire de demande d’emploi.   

 

Je pourrais donc écrire ce qu’ils veulent lire et dire ce qu’ils veulent entendre en entrevue si cela n’a pas davantage de valeurs. Je pourrais toujours plaider la distraction par la suite s’ils vérifient et posent des questions, car rien ne dit qu’ils vérifient rapidement puisqu’il fut engagé malgré son dossier criminel et congédié 6 ans plus tard. 6 ans, c’est long! (5)

 

Alors, pour tous ceux qui répondent avec franchise à ces questionnaires, ce serait une raison de renvoi que d’avoir omis de mentionner qu’il avait été accusé de meurtre, car  la question était bel et bien dans le questionnaire au moment où il l’a complété. L’article du Journal de Montréal le confirme sans l’ombre d’un doute :

 

« Sa peine terminée, ce technicien en électronique postulait à un poste de professeur en formation professionnelle à la Commission scolaire de Montréal CSDM).

 

Pour ce faire, il devait remplir une déclaration de candidature comprenant des renseignements personnels, dont ses éventuels antécédents judiciaires. » (6)

 

Sinon, c’est dire que la tricherie, même par omission, est permise. À quoi bon avoir des normes d’embauche si c’est pour ne pas les suivre. Modifions plutôt ces normes si elles ne correspondent plus à la réalité. Cette question est d’autant plus sensible dans le cas de l’enseignement que la tricherie peut causer le renvoi des étudiants tant au cégep qu’à l’université et au moins leur suspension au secondaire. En conséquence, le renvoi pour tricherie ne serait pas exagéré ici, le principe de base en égalité  étant la conformité des peines pour les mêmes offenses. Raison de plus si on doit être un modèle pour les jeunes!

 

Ce n’est donc pas sur la base de sa condamnation qu’il doit être renvoyé, mais de l’omission de l’avoir écrit dans le questionnaire d’embauche.

  

Notes :

 

1. Notre premier paragraphe se lisait ainsi, pour vous remettre en contexte :

 

Le journal de Montréal et Radio-Canada nous apprennent aujourd’hui que la  Cour supérieure force la  CSDM à  réintégrer un meurtrier,  car « nul ne peut être congédié pour le seul fait d'avoir été condamné pour un crime qui n'a pas de lien avec son emploi. » « Le professeur Jean-Alix Miguel [avait] mortellement roué de coups Monique Saint-Germain en octobre 1990 [et] avait plaidé coupable et purgé une peine de 7 ans de prison avant d'être libéré. [Il]  a par la suite été embauché par la CSDM qui l'a congédié lorsqu'elle a appris son passé criminel » nous apprend en substance le site de la SRC (Cour supérieure : La CSDM forcé de réintégrer un meurtrier, Radio-Canada.ca/Montréal, mise à jour le jeudi 16 août 2007 à 10 h 19 : www.radio-canada.ca/regions/Montreal/2007/08/16/001-CSDM-prof-meurtrier_n.shtml) sur la base d’un reportage du Journal de Montréal. (Santerre, David, Jean-Alix Miguel avait tué sa conjointe en 1990. Réembauché après avoir caché un meurtre, Le Journal de Montréal, 16/08/2007 07h33 - Mise à jour 16/08/2007 08h55 : http://www2.canoe.com/infos/societe/archives/2007/08/20070816-073301.html)

 

2.  Violence chez les filles: les mots qui blessent, Radio-Canada/Le Point, 25 février 2003 : www.radio-canada.ca/actualite/lepoint/reportages/2003/02/25/violencefille/violencefille.htm

3. BECCARIA, Cesare, 1979 [1764], Des délits et des peines, Paris: Flammarion

 

4.  www.csdm.qc.ca/Csdm/offresemploi/pdf/t032.pdf

 

5. Simple calcul a partir de ces quelques lignes du texte de David Santerre du Journal de Montréal, Op. Cit. Le caractère gras est de nous:

 

« Miguel mentait et disait avoir un dossier vierge. Il était embauché en 1998. »

 

« La Commission scolaire de Montréal devra réembaucher un professeur qu'elle avait congédié en 2004 parce qu'il avait caché, lors de son embauche, un détail important: en 1990, il a tué sa conjointe. »

 

6. Santerre, David, Ibid.

 
---
 

Odette Toulemonde

Prétexte à un essai sur la manipulation!

 

Commentaires de Michel Handfield (27 septembre 2007)

 

Souriante, de bonne humeur, naturelle, Odette Toulemonde est la joie sur patte. Mélange entre « Amélie Poulain » et « Marry Poppins », elle nous fait craquer. Quand elle est heureuse, elle s’élève…

 

J’ai exceptionnellement vu ce film avec ma conjointe et je peux vous dire qu’elle avait l’air heureuse, si heureuse qu’elle veuille déjà le revoir lorsqu’il sortira en salle. Elle n’était certainement pas la seule dans cet état, car on sentait que la joie de vivre d’Odette était contagieuse. Elle crevait l’écran et  contaminait la salle.

 

***

 

À un autre niveau, celui de l’analyse, ce film a pour trame la rencontre entre une lectrice, Odette, et un écrivain, Balthazar Balsan, apprécié par madame Toulemonde, c’est-à-dire la femme du peuple, ce qui fait que les intellectuels ne veulent pas de Balthazar en leur rang. On se plaît donc à le critiquer : trop simple, convenu, populaire! Pour être de l’élite, il ne faut surtout pas être compris du peuple! Remarquez que l’inverse est aussi vrai : certaines gens font des efforts pour ne pas avoir l’air intellectuel et même pour avoir l’air de ne rien comprendre parfois. Pourtant, rien n’empêche de lire le Monde (Le Devoir ici), d’aller au gym et d’apprécier le burlesque aussi, sans être condescendant non plus quand il beurre trop épais! D’ailleurs, quand Balthazar fera le point sur lui-même, il fera de la gym avec un voisin d’Odette!

 

Sous son humour, ce film pose un regard sur cette manipulation que constitue l’opposition entre le vrai monde et les intellectuels. Question intéressante s’il en est une et surtout d’actualités en ce temps de Commission sur les accommodements raisonnables au Québec! (1) Du point de vue des populistes, être un intellectuel exclut d’être du peuple.  Du  point de vue des intellectuels patentés, ceux qui s’auto congratulent pour leur intellectualisme, être du peuple, c’est être petit, car eux ils ont su s’élever au-dessus de la mêlée! Et c’est ce que l’on reproche à ce célèbre écrivain : être resté dans la mêlée, c’est-à-dire d’être compris et aimé du peuple!

 

Un célèbre critique littéraire le descendra d’ailleurs dans tous les médias qui comptent dans les milieux intellectuels en s’en prenant à son lectorat : la femme du petit peuple, soit la coiffeuse, la vendeuse, l’employée de bureau ou de banque pour ne nommer que celles-là. Il ira jusqu’à dire que « les pauvres d’esprits ont aussi droit à leurs héros! » Pourtant, on ne semble pas dans la littérature à recette et en série du genre Harlequin  à ce que l’on en perçoit. Cet écrivain semble servir de la substance à ses lectrices, mais accessible. La nuance est de taille, c'est-à-dire qu’il utilise une langue courante et compréhensible, pas un langage pour épater la galerie et le seul cercle de ses amis, d’où son succès populaire justement! Mais, cela ne veut surtout pas dire qu’il est inintéressant, sauf qu’être  accessible est une tare dans certains milieux. Pourtant, un intello qui se met au service d’une idéologie ne serait-il pas davantage petit? Le démolisseur de service ne pose pas la question et ne se la pose surtout pas, car il aurait certainement peur de la réponse.

 

Puis, malgré ce que l’on peut penser de la littérature rose et des romans Harlequin (www.eharlequin.com/), ils ont tout de même la vertu de faire lire! Aux éditeurs et aux libraires de faire leur travail pour amener ces lectrices ailleurs. Ce n’est cependant pas en les ridiculisant comme le fait ce critique qu’ils y arriveront. Il y a là des leçons à tirer de ce film alors que l’on parle justement d’une baisse de la lecture.

 

Quoi que si Balthazar Balsan est démoli de voir cette critique reprise dans tous les grands journaux qui comptent aux yeux des intellectuels, cela n’affecte qu’un petit groupe finalement. Odette et la population en général connaissent peu ces émissions et ces critiques! Ce job de bras, qui démolit notre auteur au point de se dire « fini », ne touche donc pas les lectrices comme Odette, car elles ne sont pas de ce milieu, ni intéressé par ces débats entre intellectuels de service! Ça ne concerne pas le vrai monde pourrait-on dire!

 

Remarquez que la même chose peut être dite des émissions populistes. Elles tournent aussi les coins ronds pour émoustiller l’indignation et les peurs de leur public, du vrai monde, car ça rapporte gros parfois, ne serait-ce qu’en tirage et en côte d’écoute! (2) On est souvent dans une manipulation médiatique pour des raisons d’audience seulement. Mais, comme tous n’ont pas la même capacité de départager les choses, on crée ainsi des peurs qui font boule de neige et amplifient un épiphénomène qui aurait dû rester là où il était, en marge, au lieu de prendre toute la place. On crée de la nouvelle où il n’y en avait pas toujours. Puis une autre nouvelle la chasse et on l’oublie. 

 

***

 

De voir cette division entre le vrai monde et les intellectuels, c’est fort intéressant, car c’est une relation qui me fascine depuis longtemps. On en parle beaucoup, mais la comprend-on? En fait, existe-t-elle ou la crée-t-on pour des raisons d’auditoires?  

 

Si je me délecte des émissions de politique, je suis totalement dépassé devant un moteur. Je suis donc dans le vrai monde qui doit faire confiance à son garagiste. Comme madame chose, coiffeuse par exemple! Par contre, si les téléréalités ne m’intéressent pas, le vrai monde les aime et les côtes d’écoutes sont là pour le prouver. Mais, je n’ai pas lu le dernier « chose », vous savez le roman en tête chez les intellos, car je suis un lecteur d’essais, pas de romans. Alors, je ne suis pas un intello, mais un délinquant intellectuel!  

 

En fait, c’est peut-être ça le vrai monde : ceux qui font les choses par goût, parce qu’ils les aiment et parce qu’ils y croient contrairement à ceux qui les font parce que c’est tendance, que ça parait bien, pour les autres ou pour répondre à l’image que l’on a d’eux! D’ailleurs, si certains cultivent leur image d’intellos et n’en ont que pour la « grande » culture, affichant tout le dédain qu’il faut de la culture populaire; d’autres cultivent tout autant leur image de populiste si elle les sert. Cela se voit à tous les jours en politique ou dans les médias. Certains ont même poussé l’art très loin, allant jusqu’à dénigrer la culture impopulaire! Des gouvernements populistes se demandent même pourquoi financer ce qui attire peu de publics plutôt que de se demander si l’œuvre en soi mérite d’être financée. Ce n’est pourtant pas parce que certaines œuvres sont impopulaires, qu’elles ne sont pas de qualité. Certains peintres impopulaires à leur époque sont des vedettes qui attirent au musée maintenant!  Remarquez que l’inverse est aussi vrai : ce n’est pas parce qu’une chose est populaire qu’elle est de moindre valeur. Les Beatles étaient populaires et de valeur. Ils ont révolutionné la musique.  Par contre, d’autres groupes populaires ont sombré dans l’oubli. Vous rappelez-vous de, le nom m’échappe, des années 70-80?

 

Il y a un certain snobisme dans certains milieux. Comme il était bien vu à une certaine époque que des intellectuels se fassent travailleurs d’usine, certains travailleurs d’usines aimaient aussi jouer les intellos, mimant les intellos médiatiques ou médiatisés! Le mimétisme n’évite aucune classe sociale, ni aucun groupe, même les exclus! Aujourd’hui c’est par contre un peu plus complexe, l’immigration et la crise des emplois intellectuels faisant en sorte que votre livreur de journal, votre chauffeur de taxi ou le vendeur de chaussures est peut-être un diplômé universitaire, véritable intello, qui n’a rien trouvé de mieux et qui fut même chanceux de trouver ce boulot.    

 

***

 

Si l’intello ne vit pas dans le même monde au sens figuratif, car il vit souvent dans ses pensées, il n’en est pas moins dans le monde. C’est seulement qu’il le perçoit différemment. Comme les exclus et les alternatifs d’ailleurs, qui vivent dans ce monde tout en étant membres d’autres réseaux. Tout le monde n’est pas touché par les mêmes choses, ni de la même manière. Le vrai monde est donc celui qui nous ressemble et qui a les mêmes préoccupations que nous! C’est l’opinion majoritaire sur une question donnée, mais cet échantillon n’est pas toujours composé des mêmes personnes! C’est ce qui fait sa beauté, mais aussi son insaisissabilité! Ce n’est par contre pas un signe de sagesse, ni de vérité. Les courants majoritaires n’ont pas toujours raison, les intellectuels non plus. L’histoire l’a prouvé à bien des occasions d’ailleurs. Il faudrait s’en souvenir.  

 

Le vrai monde n’existe donc pas et est partout à la fois. Ce qui existe, c’est du monde! Du monde qui sont à la fois semblable et dissemblable, ce qui fait que si vous allez voir un show punk avec un de vos amis, c’est avec un autre que vous irez au musée, au cinéma ou à un concert classique, car tous ne sont pas pareils. C’est seulement dans la langue de quelques populistes et manipulateurs à qui cette division fait l’affaire que nous retrouvons cette expression de vrai monde ! Tribuns de talent parfois, mais manipulateur quand même, comme un certain George W. Bush qui dit « Eux » et « Nous ». Cette notion sert à briser tous questionnements, toutes réflexions, toutes oppositions, car on veut tous faire partie du vrai monde en quelque part. Personne n’aime être exclu même si on revendique tous notre individualité! Le vrai monde doit donc comprendre et accepter le diktat idéologique qui dit le représenter pour ne pas en être exclu. Le vrai monde, ce sont donc ceux qui appuient aveuglément les politiques à la mode, qui écoutent l’émission qui brise la côte d’écoute et qui lisent le livre en tête des best-sellers tout en écoutant le tube du mois non parce qu’ils aiment ça, mais parce que le nombre le justifie. Ils suivent la tendance majoritaire comme d’autres veulent s’identifier à ce qui est hors de la norme, minoritaire. Sans les sondages, les faiseurs d’opinions et les palmarès pour leur tracer la norme, ils seraient perdus. 

 

Tous ceux qui disent « oui, mais » ou « non, mais », qui disent qu’il faut réfléchir et surtout ne pas donner de chèque en blanc à qui que ce soit, sont honni du vrai monde même s’ils écoutent les mêmes choses et lisent les mêmes livres parfois! Le vrai monde est un groupe idéologique dont Odette ne fait pas partie même si certains la classent parmi eux, car Odette fait ce qu’elle aime, non pas parce que c’est populaire ou à la mode du jour, mais justement parce qu’elle l’aime. Elle est capable de le dire et de dire pourquoi. Ceux qui le font parce que les autres le font ne sont justement pas capables de justifier ce qu’ils aiment du roman qu’ils lisent ou qu’ils affichent (3); de l’émission de télé qu’ils regardent; ou de leur choix politique si on leur demande. Tout ce qu’ils peuvent répondre c’est ceci : je l’écoute parce que les autres l’écoutent; je le fais parce qu’il faut le faire; ou je change parce qu’il est temps de changer! Et si on leur demande, « oui, mais pourquoi? », ils sont souvent incapables de nous répondre! Ils suivent les tendances qu’ils savent (ou croient) majoritaires.     

 

***

 

Ce film nous offre donc un examen de ces constructions artificielles créées par des intellos pour mettre les gens en boîte : intellos, exclus et vrai monde  par exemple! Mais, si ces constructions artificielles affectent quelques intellos et ceux qui ne veulent surtout pas être à part des autres, bien des gens n’en ont rien à foutre. Odette dira d’ailleurs que ce qui compte c’est qu’un auteur rende ses lecteurs heureux! Rien d’autre. C’est ce qu’on attend de lui et tant qu’il livre la marchandise tout va bien.   

 

***

 

J’ai aussi aimé cette différence entre ce que montre l’écrivain par ses écrits et ce qu’il est, car plus souvent qu’autrement l’écrivain vit dans sa tête. Écrire est une drogue qui empêche de vivre même si on raconte. Je le sais, car j’écris. Quand une idée pousse, elle doit sortir qu’il soit 10h, 23 h ou 2h du matin! C’est ainsi.

 

***

 

Naturellement, certains trouveront que c’est parfois exagéré, mais c’est aussi vrai qu’une caricature peut l’être, donc plus grand que nature! J’ai d’ailleurs regardé ce film avec un grand sourire du début à la fin. Quant à ma blonde, elle riait et avait l’air d’une petite fille devant un cornet de crème glacée à trois boules.

 

Note :

 

1. Une recherche sur Google avec « commission Bouchard Taylor et vrai monde » nous a donné 39 500 résultats le 24 septembre 2007. Pour n’en citer qu’un, Michel Vastel a écrit ce qui suit dans un texte intitulé « Le discours déraisonnable de Gérard Bouchard » paru dans le Journal de Québec du 18/08/2007 08h34 et repris sur www.canoe.com :

 

« Les deux co-présidents se sont bien gardés de dire qu'ils avaient déjà conclu leur réflexion et que leur tournée de dix-sept villes du Québec ne visait qu'à convaincre «le vrai monde» - celui qui regarde TVA et TQS doit-on conclure! - de la supériorité de leur propre raisonnement - «intellectuel», il va de soi! - mais ils ont fait deux suggestions pas mal surprenantes. » (www.canoe.com/infos/chroniques/michelvastel/archives/2007/08/20070818-083402.html)

 

Pour ceux qui veulent savoir ce qu’est cette commission : 

www.accommodements.qc.ca/

 

2. A écouter certains commentateurs et membre du public sur la Commission Bouchard-Taylor on en serait presque à obliger les femmes à être voilée à Montréal et j’exagère à peine! Je vis dans un quartier multiethnique où il y a une forte présence musulmane – on parle du petit Maghreb pour qualifier le secteur de la rue Jean-Talon près de chez moi – et je n’ai vu que deux femmes avec la burqa il y a deux ans environ. J’en vois quelques-unes un peu plus couvertes que les autres, mais si plusieurs portent un foulard, plusieurs n’ont aucun signe distinctif non plus. J’en ai même vu en minijupe!     

 

3. Je pense ici à une scène de « Cruising Bar » avec Michel Côté, où il personnifie un YUPPIE qui, pour séduire, achète le dernier roman en vue, le déballe et le place ouvert sur le divan…  

 

Annexe

 

Résumé du film

 

Montréal, 4 septembre 2007 – Le célèbre metteur en scène de théâtre et écrivain, Eric-Emmanuel Schmitt signe son premier film, Odette Toulemonde.  Adapté de son livre Odette Toulemonde et autres histoires publié chez Albin Michel en 2006, le film est une  comédie sur le bonheur avec Catherine Frot et Albert Dupontel.

 

Odette Toulemonde, la quarantaine, vit tranquillement au cœur de la Belgique dans un petit appartement en compagnie de ses deux enfants dont elle essaie de faire le bonheur : Rudy, son fils coiffeur et Sue Helen, sa fille engluée dans les problèmes de puberté. Odette travaille le jour au rayon cosmétique d’un grand magasin et le soir, elle coud des plumes sur des costumes de revues parisiennes. Persuadée qu’elle doit son optimisme permanent à la lecture des romans de Balthazar Balsan, elle rêve de le rencontrer pour le remercier. L’écrivain parisien, riche et séducteur impénitent, va débarquer dans sa vie de manière tout à fait inattendue.

 

Fiche technique

 

France, Belgique 2006. 1 h 44 min. Comédie réalisée par Eric-Emmanuel Schmitt. Avec Catherine Frot  (Odette Toulemonde), Albert Dupontel (Balthazar Balsan ), Jacques Weber (Olaf Pims), Fabrice Murgia (Rudy), Nina Drecq (Sue Helen), Camile Japy ( Nadine), Alain Doutey (Éditeur), Julien Frison (François), Laurence d’Amelio (Isabelle). Images : Carlo Varini. Décors : François Chauvaud. Costumes : Corrine Jarry. Montage : Philippe Bourgueil. Son :Philippe Vandendriessche. Musique originale : Nicola Piovani. Distribution Équinoxe Films.

 

Le film prendra l’affiche partout au Québec le 28 septembre et une copie sous-titrée en anglais sera présentée au cinéma AMC Forum.

 

###
 

Index

 

Commentaires livresques : Sous la jaquette!

 

Question on ne peut plus actuelle

Commentaires de Michel Handfield au sujet de :

 

Lawrence E. Harrison, 2006, The Central Liberal Truth - How Politics Can Change a Culture and Save It from Itself, Oxford University Press, 288 p. www.oup.co.uk

 

5 octobre 2007

 

     Ça fait un an que j’ai ce livre, mais quelques semaines que je l’ai lu. Vu le sujet, il nécessitait une attention particulière. En parler nécessite aussi un soin particulier, car il fait le lien entre culture, au sens large, politique et société. Certaines cultures appellent-elles davantage la démocratie et d’autres l’autocratie par exemple? Certaines valeurs et croyances sont-elles contre-productives? Ce peut parfois être délicat comme question, mais non moins intéressant. Le sous-titre de cet ouvrage est d’ailleurs fort éloquent : « How politics can change a culture and save it from itself. »

 

Cependant, certains pourraient s’empêcher de lire cet ouvrage juste à cause du titre, « The Central Liberal Truth »,  qu’ils pourraient associer à un parti politique. Ce n’est pas le cas. C’est de culture dont il est question ici. De culture, soit de valeurs, croyances et attitudes (d’après la p. 6), car certaines d’entre elles offrent davantage de liberté que d’autres, ce qui se reflète dans le niveau de développement des pays et des gens. Telle est la thèse centrale de l’auteur.

 

     Mais, la culture discutée dans ce livre est définie dans une large mesure par la religion et le code éthique qui domine une société donnée. (D’après la p. 6) Une des questions qu’il pose est celle des croyances religieuses, ce qui va des grandes religions au Voodoo par exemple,   car elles ont une influence sur les règles sociales et politiques en regard de la liberté. Si tout est interdit ou mauvais, il ne reste pas grand espace citoyen. Si tout est prédéterminé, il n’y a pas grand encouragement à faire des efforts pour améliorer les choses ou son sort.

 

Autant certaines croyances peuvent être une motivation au dépassement, autant d’autres peuvent être un frein. Pour nous, du Québec et du Canada, ce livre est fort instructif quand on pense à la mission afghane à laquelle nous participons en vue de « démocratiser » cette région du monde d’une part et aux des discussions concernant les accommodements raisonnables, surtout en matière religieuse comme on le remarque si on suit le moindrement les informations sur la commission Taylor-Bouchard, qui ont actuellement cours au Québec d’autre part, car d’un côté on veut libérer les Afghans et surtout les Afghanes du joug religieux alors que de l’autre, ici, on ne sait pas très bien comment gérer une liberté religieuse qui peut imposer son joug sur ses fidèles, et particulièrement les femmes, au nom de nos libertés fondamentales dont celle de culte! Cela pose quelques questions à tous le moins.

 

Dans les régimes politico-religieux, les gardiens de l’ordre et du dogme, les fidèles et les plus fondamentalistes seront-ils capables de vivre avec de l’opposition, du scepticisme et même du déni face à leurs croyances? De moderniser leur culte, peut être même de l’abandonner, s’il constitue un obstacle au développement humain et à la démocratie? (1) Quant à nos démocraties, doivent-elles s’accommoder des religions et croyances diverses ou, au contraire, seraient-ce celles-ci qui doivent s’accommoder de la société civile et du contrat social existant où elles arrivent? (2) Et ce contrat, représente-t-il encore ce que l’on est vraiment? En d’autres termes, est-il encore « à date » ou doit-il être revu et corrigé?

 

Naturellement, tout ne plaira pas à tous dans cette approche, mais cet ouvrage est quand même fort intéressant, bien documenté, et, surtout, ouvre des perspectives que l’on entend peu ailleurs, allant jusqu’à  comparer le poids  des principales croyances religieuses les unes par rapport aux autres et à les juger en termes de valeurs démocratiques et d’ouverture qu’elles apportent. Quand on lit sur la jaquette intérieure « He argues, for example, that Protestantism, Confucianism, and Judaism have been more successful in promoting progress than Catholicism, Orthodox Christianity, and Islam. », ça frappe. C’est même ce qui m’a fait demander ce livre à l’éditeur. À sa lecture, cela s’éclaire cependant. Mais, il est difficile d’en parler sans faire de raccourci. Mieux vaut lire ce livre.

 

     Il embrasse large, car il examine 25 points culturels répartis en 4 grandes familles : World View (vision du monde), Values Virtues (valeurs), Economic Behavior (comportements économiques), et Social Behavior (comportements sociaux). Il dresse donc un panorama assez large des valeurs sociales, politiques et culturelles et de leurs influences sur la vie en société.

 

    On peut ne pas être en total accord avec tout, trouvez quelques autres explications, mais c’est un outil de référence et de réflexion essentiel pour comprendre notre société, mais aussi les autres. Un immense travail d’analyse a été fait par l’auteur et on doit l’en remercier.

 

Par contre, il touche des points sensibles, la culture et la religion, qui ne feront certainement pas l’affaire de tous. Mais, pour avancer, il faut être capable de regarder et d’analyser les choses le plus froidement possible;   d’autocritique; mais aussi accepter la critique des autres. C’est ce que ce livre nous invite à faire même si l’auteur a certainement quelques biais culturels lui aussi.

 

Si libéral que soit le milieu où l’on vit, on est tous sollicités par des courants idéologiques. À des moments divers, nous adhérons tous plus ou moins consciemment à certains d’entre eux, que ce soit en tout ou en partie. Vivre en société implique des influences; une socialisation dès le plus jeune âge. Il n’en est pas autrement pour l’auteur, ce qui ne l’a pas empêché de faire un examen le plus juste possible de ce sujet.

 

C’est donc un livre que nous recommandons, car il met en lumière un sujet d’importance, mais trop peu regardé jusqu’à présent; cela pour éviter de froisser des sensibilités par exemple. Mais, si personne ne le regarde, comment pourrons-nous améliorer les choses? Abandonner des croyances ne serait-ce que dans la sphère publique? Un livre d’actualité dans le cadre des questionnements actuels face aux religions que ce soit au Québec, au Canada ou ailleurs dans le monde. Un livre qui pourrait cependant être interdit à bien des endroits sur la planète encore aujourd’hui. Juste d’y penser cela montre le chemin qu’il reste à parcourir pour en arriver à un monde plus libéral, au sens du respect des libertés.

 

La liberté ne peut se gagner qu’en combattant un certain dogmatisme qui profite justement de la liberté ambiante d’une société pour s’imposer et, surtout, asseoir son contrôle sur celle des autres? C’est là un paradoxe que le monde libre et démocratique se doit de résoudre. Beau et grand défi s’il en est un!  

 

Notes :

 

1.   « I want to stress as forcefully as I can that the guidelines contained in the final chapter of this book will only prove useful when political, intellectual, and other leaders within a society conclude that some traditional values and attitudes are obstacles to bringing about the kind of society that aspires to democratic governance, social justice, and prosperity. Any efforts to impose the guidelines from outside, whether by governments or development assistance institutions, are likely to fail. » (p. xiv)

 

 

2. Je vois un lien entre ce livre et un autre concernant les droits démocratiques où on lit ceci :

 

 «(…) le respect du pluralisme et du désaccord raisonnable exige que les doctrines dites « raisonnables » soient conciliables avec le pluralisme, c’est-à-dire que les tenants de ces doctrines doivent accepter qu’il est raisonnable pour les autres de nier la véracité de leurs convictions. En retour, cette exigence n’a de sens que si elle provient d’un engagement à l’endroit de la croyance en l’égale liberté de conscience. » (Genevievre Nootens, Moralité fondamentale et normes subjectives : la justification d’un cadre moral commun dans une société libérale, p. 34, in Luc Vigneault et  Bjarne Melkevik (Sous la direction de), 2006, Droits démocratiques et identités, PUL : Administration et droit, Collection  Dikè, 160 pages : www.pulaval.com)

 

Summary

 

Lawrence E. Harrison, Adjunct Lecturer, The Fletcher School, Tufts University

 

A controversial look at how cultural values make some countries democratic and rich and others authoritarian and poor--and how societies can change for the better

 

Which cultural values, beliefs, and attitudes best promote democracy, social justice, and prosperity? How can we use the forces that shape cultural change, such as religion, child-rearing practices, education, and political leadership, to promote these values in the Third World--and for underachieving minorities in the First World? In this book, Lawrence E. Harrison offers intriguing answers to these questions, in a valuable follow-up to his acclaimed Culture Matters .

 

Drawing on a three-year research project that explored the cultural values of dozens of nations--from Botswana, Sweden, and India to China, Egypt, and Chile--Harrison offers a provocative look at values around the globe, revealing how each nation's culture has propelled or retarded their political and economic progress. The book presents 25 factors that operate very differently in cultures prone to progress and those that resist it, including one's influence over destiny, the importance attached to education, the extent to which people identify with and trust others, and the role of women in society. Harrison pulls no punches, and many of his findings will be controversial. He argues, for example, that Protestantism, Confucianism, and Judaism have been more successful in promoting progress than Catholicism, Orthodox Christianity, and Islam.

 

Harrison rejects the Bush administration's doctrine that "the values of freedom are right and true for every person, in every society." Thus nations like Iraq and Afghanistan--where illiteracy, particularly among women, and mistrust are high and traditions of cooperation and compromise are scant--are likely to resist democracy.

 

Most important, the book outlines a series of practical guidelines that developing nations and lagging minority groups can use to enhance their political, social, and economic well-being.

 

Contradicting the arguments of multiculturalists, this book contends that when it comes to promoting human progress, some cultures are clearly more effective than others. It convincingly shows which values, beliefs, and attitudes work and how we can foster them.

 

###

 

Index

 

 

Spectacles/Arts/Musiques

 

La tournée de spectacles de Martin Fontaine

 

Montréal, le lundi 17 septembre 2007 - Le 25 septembre, Martin Fontaine débutera une tournée de spectacles à travers tout le Québec pour présenter les pièces de son 1er album solo, Sunny, lancé en avril dernier. Puisant au cœur de l’héritage musical qu’ont légué les plus grands, notamment Ray Charles, Aretha Franklin, Les Beatles et même le King, il interprétera de grands classiques du répertoire groove, soul et rythm’n’blues.

 

Avec plus de vingt années de métier derrière lui, Martin Fontaine a séduit plus d’un million et demi de spectateurs avec la présentation du méga succès Elvis Story. Cette fois-ci, il revient sur scène pour présenter ses coups de cœur avec énergie, passion et intensité.

 

Tournée québécoise SUNNY :
3 OCTOBRE                   RIMOUSKI
4 OCTOBRE                   NEW RICHMOND
6 OCTOBRE                   MONTMAGNY
13 OCTOBRE                  SHERBROOKE
9 NOVEMBRE                  GRANBY

14 DÉCEMBRE             QUÉBEC
15 DÉCEMBRE             QUÉBEC
10 JANVIER 2008             VICTORIAVILLE
26 JANVIER 2008             ST-HYACINTHE
9 FÉVRIER 2008              VALLEYFIELD
8 MARS 2008                 ST-JEAN-SUR-RICHELIEU

 

Commentaires de Michel Handfield (30 septembre 2007)

 

J’ai vu Martin Fontaine le 25 septembre dernier à la salle André-Mathieu de Laval (www.salleandremathieu.com). Très belle salle, avec des murs de bois pour l’acoustique, à portée du montréalais que je suis par un saut de métro.

 

Quant à ce spectacle, c’était prometteur dès l’ouverture blues-jazz. Moins de deux minutes après, on voyait qu’il a du métier et qu’on passerait une bonne soirée. Ce fut au dessus de nos espérances. Comme la plupart des gens qui étaient là, on s’est levé et on a dansé environ la moitié du spectacle! 

 

Ce n’est pas une reprise d’Elvis, ni une imitation. C’est Martin Fontaine, le talent qui se cachait derrière. Mais, 10 ans de show d’Elvis, ça donne quand même de l’expérience. Cependant, on apprendra dans le show qu’il avait fait ses classes aux Deux Pierrots bien avant!

 

Ce spectacle constitue une anthologie de la musique populaire « américaine ». On part des racines de la musique actuelle, le blues et le jazz, pour arriver à aujourd’hui, avec des présentations appropriés de la part de Martin. Il connaît la musique et nous la fait découvrir dans le vrai sens du terme. C’est plus qu’un chateur; c’est un « entertainer »! Il fait littéralement lever la salle. Je l’ai dit plus haut, mais je le répète : on a dû être debout et danser environs la moitié du show! J’ai même noté dans mon PALM « Il a rydé l’show! »

 

Quant aux musiciens et choristes qui l’accompagnent, tous excellent et  il leur laisse de la place. Le pianiste, à souligner dans le Chicago blues, en chante même une. Les choristes, quelques unes! On sent l’équipe, pas juste la vedette, ce qui crée une ambiance de band.

 

Quand on a traversé l’époque rock’n roll on sentait la « bass guitar » nous entrer dedans et la musique rouler littéralement sur le plancher. Après l’entracte, ce furent les années Peace, Funk et disco, qu’il a présenté comme du funk avec de l’élégance! Bref on a eu droit à une anthologie de la musique de la seconde moitié du XXe siècle. Appréciable et apprécié!  

 

S’il a une voix, je dois aussi dire qu’il a tout un cardio, car il bouge! Une version festival de jazz serait certainement à faire. Il aurait du succès. Je le recommande.

 

Sunny sur poste d’écoute :

 

www.postedecoute.ca/catalogue/album/martin-fontaine-sunny

 

 

---

 

21 personnes amoureuses vous donnent rendez-vous au bordel des mots!

 

Michel Handfield (18 septembre 2007)

 

Privilégié, j’ai assisté quelques instants à une répétition et voici ce que j’en ai retenu.

 

Ce cabaret, c’est le fils de la poésie et du théâtre. Cela peut sembler improvisé, mais c’est un faux fuyant, car ce sont des extraits de textes poétiques poussés dans un grand éclat interprétatif! Voilà.

 

Guy Mauffette aurait été fier de son fiston et de la troupe qui l’entoure, car ça a l’air amusant que de jouer ainsi avec les mots! De les caresser au point de les faire j’ouïr à notre oreille. La culture sera,  les mots danseront, mais sans jamais être totalement « dénudé » de sens! 

 

Le communiqué :

 

Quelques mots seulement pour vous parler avec passion de Poésie, sandwichs et autres soirs qui penchent, ma première escapade artistique en dehors du TNM.

 

L’attaché de presse que je suis devient attaché de cœur le temps de rêver cette «stonerie» poétique intime et débridée.  Une lecture éclatée créée il y a déjà un an au Festival international de la littérature puis reprise avec fougue au Carrefour international de Québec, volet Théâtres d’ailleurs, cet été.

 

Grâce aux talents immenses de 21 passeurs de poésie, nous reprenons ce happening tout en le réanimant avec d’autres surprises.

  

21 personnes amoureuses vous donnent rendez-vous au bordel des mots !

 

Au menu :

 

Une pincée de Gauvreau, un zeste de Rimbaud, une bouchée de mon papa Guy Mauffette, une larme de Jim Morrison, une chanson de Clara Furey, une chanson de Mouffe et Robert Charlebois, et aussi Patrice Desbiens, Geneviève Letarte, Aragon, Jean-François Poupart, Geneviève Desrosiers, Henri Chassé, Marguerite Duras, Gaston Miron, Marina Tsvetaïeva, Jean-Sébastien Larouche, Marie Uguay, Robert Lalonde, Kim Doré, Nelligan et plusieurs, plusieurs autres !

 

Interprétés, claironnés ou susurrés, en solo ou en chœur, en accéléré ou au ralenti, en entier ou en partie, par  Nathalie Breuer, Anne-Marie Cadieux, René Richard Cyr, Maxime Denommée, Francis Ducharme, François-Xavier Dufour, Kathleen Fortin, Clara Furey, Daniel Gadouas, Esther Gaudette, Maxim Gaudette, Émilie Gilbert, Steve Laplante, Roger La Rue, Benoit McGinnis, Yves Morin, Patricia Nolin, Brigitte Paquette, Lorraine Pintal, Catherine Trudeau et Loui Mauffette, votre humble serviteur à la direction artistique.

 

 

Poésie, sandwichs et autres soirs qui penchent est une Production Attitude Locomotive. Spectacle de clôture du Festival international de la littérature (13e édition) le Samedi 22 septembre, 21 h et le Dimanche 23 septembre, 16 h à la Cinquième Salle de la Place des Arts (www.pda.qc.ca)

 

###

 

Index

 

Sortie de Disques!

 

ANGÈLE DUBEAU & La Pietà

Un Conte de fées

A Fairy Tale  AN 2 8725

 

« Cet enregistrement rassemble une sélection de mes pièces favorites.  Comme des caresses musicales, elles apaisent l’âme et réconfortent en procurant bien-être et sérénité.  Que cette musique qui évoque la tendresse, le romantisme, la profondeur des sentiments, la chaleur et les rêves, vous berce, vous enveloppe et vous charme!  Pourquoi ne pas vous laissez aller à écouter ce conte de fées … » Angèle Dubeau

 

C’est avec fierté qu’ANALEKTA célèbre la 10e saison d’Angèle Dubeau & La Pietà en éditant ce disque somptueux qui est une évocation inspirée par le monde magique des contes de fées.  Certaines des pièces enregistrées ont été écrites ou spécialement arrangées pour Angèle Dubeau et son ensemble. Tirant leur origine de mythes très anciens, les contes de fées ont inspiré depuis des siècles et inspirent encore aujourd’hui un grand nombre de compositeurs envoûtant toujours notre imaginaire musical.

 

Ce florilège musical convie l’auditeur à un voyage à travers l’espace et le temps : d’Antonio Vivaldi dont L’Amoroso traduit en beauté la naissance du sentiment amoureux, à Manuel de Falla et Joaquin Rodrigo, qui, quelques siècles plus tard, développent leurs thèmes autour du folklore espagnol et de ses images fortes de passion débridée.  Aujourd’hui, les compositeurs de musiques de films font souvent appel au monde des contes de fées. Les trames sonores des films Princesse Monoke, Kikujiro et Rêve fragile du compositeur japonais Joe Hisaishi ont été spécialement arrangées pour Angèle Dubeau & La Pietà (incidemment, Angèle Dubeau est la seule interprète à l’extérieur du Japon à être autorisée à jouer des œuvres de Hisaishi). Nino Rota et Ennio Morricone ont signé d’inoubliables compositions qui permettent de transporter le monde du 7e Art au delà du cadre purement cinématographique. Au Québec, on doit à François Dompierre, un maître dans l’art de créer un chatoiement musical, la partition du film L’Odyssée d’Alice Tremblay (ainsi que son extrait Un conte de fées).  C’est aussi François Dompierre qui est le créateur des Beautés du Diable, l’œuvre prodigieuse composée spécialement pour La Pietà.  À pas calmes et sereins, Berceuse pour Angèle, cadeau pour Angèle Dubeau de Gilles Ouellet et Spiegel im Spiegel (Miroir dans le Miroir) d’Arvö Part pour violon et piano, nous conduisent dans une rêverie fabuleuse vers le pays des errances magiques, des rêves et parfois des vilains enfants.

 

La tournée d’Angèle Dubeau et la Pietà

 

La tournée 10e anniversaire de La Pietà amènera l’ensemble a donner 65 concerts partout au Canada dont au The Winter Garden Theatre Centre (le jeudi 8 novembre), aux États-Unis et au Mexique. La liste complète des spectacles est disponible sur le site : www.angeledubeau.com.

 

 

---

 

 

L’album CHANSONS D’ESPOIR, pour les 25 ans de la Maison et de la Fondation Jean Lapointe et le livre LE JOUR OÙ JE SUIS ENTRÉ À LA MAISON, publié aux Éditions Libre Expression

 

LANCEMENT LE LUNDI 1ER OCTOBRE AU THÉÂTRE CORONA

 

Montréal, le vendredi 14 septembre 2007 - Dans le cadre des célébrations entourant son 25e anniversaire, la Maison et la Fondation Jean Lapointe, en collaboration avec Image Sonore (Jean Robitaille), Trilogie Musique et Christal Musik, présentent Chansons d’espoir, une compilation musicale de 13 chansons d’auteurs-compositeurs et interprètes québécois venus offrir leur appui à ceux et celles qui luttent contre la toxicomanie. L’album, qui sera mis en vente le 2 octobre, comprend notamment des pièces de Ginette Reno, Claude Dubois et Céline Dion ainsi que deux compositions originales interprétées par Bruno Pelletier et Bori. L’équipe de la Maison Jean Lapointe a également pu compter sur la participation exceptionnelle du comédien Emmanuel Bilodeau qui interprète la chanson « Mon chum Rémi » des Cowboys Fringuants.

 

C’est le 1er octobre au Théâtre Corona que seront lancés l’album Chansons d’espoir et le livre Le Jour où je suis entré à la maison, publié aux Éditions Libre Expression, regroupant plusieurs témoignages de personnes ayant séjourné à la Maison Jean Lapointe.

 

Depuis 25 ans, la Maison Jean Lapointe a accueilli plus de 20 000 personnes aux prises avec des problèmes d’alcool et de drogues et la Fondation a versé plus de 20 millions de dollars à des centaines d’organismes qui oeuvrent en toxicomanie au Québec.

 

Une partie des recettes provenant de la vente de la compilation musicale serviront à défrayer les coûts de traitement de personnes défavorisées et à supporter des projets liés à la prévention des problèmes de toxicomanie chez les jeunes.

 

L’album Chansons d’espoir, distribué par Distribution Sélect, sera disponible en magasins dès le 2 octobre sous étiquette Trilogie Musique/Christal Musik. Le livre Le Jour où je suis entré à la maison, publié aux Éditions Libre Expression, sera mis en vente le 3 octobre.

 

Répertoire :

 

1. Aujourd'hui je dis bonjour à la vie - Marc Déry 

2. Je promets - Stéphanie Lapointe                 

3. Mon chum Rémi - Emmanuel

4. Une force en toi - Marie-Élaine Thibert                

5. Trouver le jour - Charles Dubé 

6. Hommage - Stéphane Côté                    

7. On donne - Steve Marin 

8. Venir au monde - Ginette Reno                           

9.  Les fleurs malades - Jean Lapointe

10. Besoin pour vivre - Claude Dubois              

11. L'amour existe encore - Céline Dion         

12. La douzième - Bori                          

13. Merci - Bruno Pelletier                         

 

 

###

 

Index

 

Cinéma et Théâtre

(Ciné, Théâtre et quelques annonces d’événements)

 

Attention : Dans les commentaires cinés, de théâtres ou de spectacles, les citations sont rarement exactes, car même si l’on prend des notes il est rare de pouvoir tout noter. C’est généralement l’essence de ce qui est dit qui est retenue, pas le mot à mot.

 

Je ne fais pas non plus dans la critique, mais dans le commentaire, car de ma perspective, ma formation de sociologue, le film est un matériel et nourrit une réflexion qui peut le dépasser. Certains accrocheront sur les décors, les plans de caméra,  le jeu des acteurs ou la mise en scène, ce qui m’atteint moins. Moi, j’accroche sur les problématiques qu’il montre et les questions qu’il soulève. Le film est un matériel sociologique, un révélateur social : psychosocial, socioéconomique ou sociopolitique par exemple. C’est ainsi que sur de très bons films selon la critique, je n’ai fait que de courts textes alors que sur des films qui ont décriés en cœur, j’ai pu faire de très longues analyses, car je n’ai pas la même grille, le même angle, qu’eux dans la tête. Je prends d’ailleurs des notes durant les projections de presse que je ne peux renier par la suite, même si je discute avec des confrères qui ne l’ont pas apprécié de la même manière que moi, car je travaille d’un autre angle. J’encourage donc le lecteur à lire plusieurs points de vue pour se faire une idée. Ce n’est pas un hasard si nos pages offrent plusieurs hyperliens de références, car cette diversité de points de vue est nécessaire. Il faut la protéger.

 

Michel Handfield 

 

 

 

Rapport sur le Festival du Nouveau Cinéma 2007

Michel Handfield

 

29 octobre 2007

 

Présentation

Ce que je sais de Lola

Continental, un film sans fusil

Voleurs de chevaux

La fille coupée en deux

La Mémoire en fuite

Tout est pardonné

La Question Humaine

LE RING

XXY

Et toi t'es sur qui?

Bog of Beasts

Anna M.

L’Âge des ténèbres

RENDITION / DÉTENTION SECRÈTE (Hors festival, mais la projection de presse a eu lieu durant la période du FNC)

 

Présentation

 

Des films vu au FNC cette année, j’ai particulièrement retenu les thèmes du multiculturalisme et de l’égalité même s’il y en a d’autres! Deux thèmes en lien avec les débats actuels au Québec, mais qui traversent aussi le Canada et d’autres sociétés. Peut-on être égaux et accepter les inégalités en lien avec la culture?   

 

Toutes les cultures sont différentes. Certaines valeurs des unes sont  en contradiction avec celles des autres. Mais, qu’arrive-t-il lorsque ces valeurs se retrouvent dans la même société et qu’on dit toutes les respecter au nom du multiculturalisme? Un choc culturel, des débats ou des oppositions violentes? La violence envers les femmes en est un exemple. Je pense ici à une certaine violence culturellement acceptée comme on la voit dans « Bog of Beasts ».

 

     Le nazisme s’opposait au mélange des cultures, allant jusqu’à éliminer les juifs et autres personnes jugées impures ou indignes, ce qui incluait les homosexuels, pour conserver une race « pure ». Une idéologie folle, mais certaines religions n’ont-elles pas un discours semblable parfois?

 

Le nazisme a aussi marqué ceux qui ont grandi à son ombre même s’ils étaient trop jeunes pour prendre position. C’est ce que j’ai trouvé en voyant « La Mémoire en fuite » et « La Question Humaine ». On n’échappe pas facilement à une telle idéologie. Elle sape la liberté et marque la vie.  

 

Droits individuels. Liberté. Égalité. Fraternité. De biens grands mots; de biens beaux mots, mais à la moindre différence, on est souvent stigmatisé par ses pairs. Notre individualité et notre différence, un poids. « XXY » nous permet une réflexion hors du commun sur le sujet.

 

Même le système qui met les droits et les libertés à l’avant plan est loin d’être juste. C’est une partie du  propos décapant du prochain Denis Arcand, « L’âge des ténèbres », que nous avons vu en première au FNC. Écoutez bien les doléances des citoyens qui passent devant notre fonctionnaire désabusé, joué avec brio par Marc Labrèche. Il y a toujours un règlement qui l’empêche de résoudre le problème; de répondre aux doléances du citoyen malgré ses droits! De quoi être désabusé du système et vouloir s’évader dans le rêve, car si on a des droits, la justice n’est pas toujours de ce monde.

 

Dans le même ordre d’idée, « Le ring », en suivant un jeune d’Hochelaga-Maisonneuve, nous montre que si on parle bien d’égalité, l’inégalité socio-économique la rend caduque dans bien des cas. Le même jeune né à Outremont aurait une toute autre histoire. Il peut s’en sortir, mais avec beaucoup plus de travail. Et le milieu reçoit-il ce qu’il faut pour le soutenir? L’égalité en est-elle une de moyens ou de traitement? Je m’explique. Une égalité de moyen consisterait à mieux équiper les bibliothèques scolaires des milieux défavorisés en livres et en postes internet par exemple, de manière à compenser les manques du milieu familial. Une égalité de traitement consiste à donner le même service de base, par exemple 6 heures d’enseignement par jour peu importe le milieu socioéconomique dans lequel on est, même si on sait que l’enfant de milieu favorisé aura probablement accès à davantage de moyens de la part de ses parents, ceux-ci pouvant lui payer un ordinateur, du tutorat et des cours privés s’il en a besoin. Celui des milieux défavorisés a rarement accès à ces suppléments. Par contre, l’amour parental n’a pas de frontières, d’où certains jeunes de milieux défavorisés s’en tireront mieux que d’autres de milieux plus aisés à cause de la qualité de l’attention que leurs parents leurs accorderont. Et le support des parents, accompagné d’un support du milieu, compensera aussi une part de l’écart socioéconomique. Des choses sont donc à faire pour que des possibles deviennent réalité. Il ne faut surtout pas abandonner. Et des choses se font, comme à la Fondation Lucie et André Chagnon (www.fondationchagnon.org) ou à la clinique du Dr Julien (www.pediatriesociale.org).           

 

Enfin, même si ce film n’était pas au FNC, je tenais à parler de « Rendition » (« Détention secrète ») ici, car j’ai assisté à ce visionnement de presse en même temps que le FNC avait lieu d’une part, mais, surtout, il fait le pont entre droits et culture d’autre part; l’idéologie religieuse pouvant mener au terrorisme et le terrorisme à la suppression des droits, même pour un citoyen États-Uniens, surtout s’il est d’une autre origine culturelle ou ethnique. C’est ce qui arrive dans une affaire qui ressemble à l’affaire Maher Arar que nous avons connu ici. 

 

Bref, le cinéma, une occasion de réfléchir sur bien des problématiques. Celles dont je viens de discuter naturellement, mais aussi plusieurs autres, comme la solitude, avec « Ce que je sais de Lola » ou « Continental, un film sans fusil ». Ou encore, les premiers pas vers l’âge adulte avec « Et toi t'es sur qui? ». Bonne lecture et espérons que ces films prendront l’affiche quelque part près de chez vous chers lecteurs du monde.    

 

---

 

Ce que je sais de Lola

 

Sélection Internationale - Louve d'or

Javier Rebello

Espagne | 2006

112 min. | couleur / 35mm | espagnole,française (s.t. français)

int. : Michaël Abiteboul, Lola Duenas,, Carmen Machi

  

     Léon est un homme solitaire qui ne fait rien et n'a de relation avec personne. Il s'occupe de sa mère âgée jusqu'à la mort de cette dernière. Pour tromper sa solitude, il lit le courrier de ses voisins, écoute les conversations des gens et épie les allées et venues des passagers dans les gares. Un jour, Lola, une Espagnole tapageuse, s'installe dans le voisinage, et Léon concentre alors sur elle toute son attention. Pour son premier long métrage, Lo que sé de Lola, Javier Rebollo continue sa collaboration avec Lola Dueñas qui perdure depuis 1997. Dueñas (Volver, Hable con ella) interprète une femme tendre, pathétique, sensuelle et enfantine aux pas de laquelle Léon s'attache comme une ombre, partageant avec elle ses joies et ses peines, sans qu'elle s'en aperçoive. Neuvième Prix FIPRESCI de la critique internationale au Festival du film de Londres, Angleterre, 2006.

 

Commentaires de Michel Handfield (29 octobre 2007)

 

Vivre par procuration. C’est ce que fait Léon, qui s’occupe de sa mère et observe la vie des autres. Il n’a jamais travaillé, car il ne sait rien faire! Désœuvré, il  n’essai surtout pas de trouver. Il observe le monde qui l’entoure et « s’attache » (ou s’attaque!) à une voisine pour suivre sa vie à son insu.

 

Au moins, s’il écrivait un roman de ses observations, car il aurait de quoi faire! Il aurait aussi eu des occasions de contacts avec elle, ce qui aurait pu changer le cour de leurs vies, comme la ramener du bar où il l’observait intensément par ce soir où elle a trop bu pour conduire, mais il ne fait rien. Un con pathétique que l’on suit à son insu! Bref, on fait un peu comme lui, mais sans conséquence. Au moins, cela nous fait réfléchir sur la solitude et le fait que certain y sont peut être bien. La solitude comme un cocon; une protection tous risques.

 

---

 

Continental, un film sans fusil

 

Sélection Internationale - Louve d'or

Stéphane Lafleur

Québec,Canada | 2007

103 min. / 35mm | française

int. : Gilbert Sicotte, Fanny Mallette, Réal Bossé

  

     Un homme se réveille dans un autobus stationné en bordure d'une forêt. Il est seul à bord. Il fait nuit. Il descend. Des bruits lui parviennent de la forêt. L'homme décide d'y pénétrer et disparaît dans l'obscurité. La suite met en scène quatre personnages dont la rencontre découle indirectement de cette disparition : Lucette, la femme de cet homme qui vit dans l'attente de son retour; Louis, un jeune père de famille qui traverse un passage trouble dans sa vie de couple; Chantal, une réceptionniste d'hôtel qui rêve d'une vie à deux; et Marcel, un ancien joueur compulsif confronté aux aléas de la vieillesse.

 

Que Continental s'ouvre sur une touche onirique fleurant la Scandinavie et son cinéma de l'absurde n'est pas fortuit. C'est même un bon présage pour Stéphane Lafleur, dont le premier long métrage emprunte clairement la voie de son maître, Aki Kaurismäki. Le résultat est une mosaïque ludique, dont les couleurs dominantes sont l'humour noir et le rire jaune, qui témoigne avec élégance de la vivacité de la relève québécoise.

 

Commentaires de Michel Handfield (29 octobre 2007)

 

Un film sur l’ennui de ces vies où il ne se passe rien. Sur la vie « drable » de la majorité des gens qui s’imaginent que tous les autres ont une vie trépidante sauf eux, car ils voient la vie des autres par le prisme de la télé.

 

Un film sur des solitudes qui se croisent, mais ne pourront poser le geste qui pourrait briser leurs états d’âme. Faire qu’une rencontre éclaterait sur une aventure. Un film sur ces petites choses, ces comportements, qui ne passeront jamais à l’histoire. Un anti film sur le mal être de l’humain, mal être qui est en lui finalement et qu’il porte parfois à des sommets!  

 

Deux heures de cinéma pour réaliser que votre vie n’est pas si pire que ça! Bref, c’est un film thérapeutique, un cran au-delà du drame psychologique, car après vous vous en trouverez mieux.

 

Mais, attention, ce n’est pas conventionnel et ne vous attendez surtout pas à quoi que ce soit, car ce ne sera rien de ce à quoi vous pourriez vous attendre de toute manière. En fait, ce ne sera rien comme dans « tout est dans rien! »

 

Pas de fusil, pas d’action, mais vous regarderez l’écran comme vous le faite un soir de semaine où vous ne savez que faire. Et rien ne se passera, d’où toute la pertinence et l’originalité de ce film.

 

---

 

Voleurs de chevaux

 

Sélection Internationale - Louve d'or

Micha Wald

Canada/Belgique/France | 2007

86 min. | couleur / 35mm | française

int. : Grégoire Colin, Adrien Jolivet, Grégoire Leprince-Ringuet

 

     Micha Wald nous emporte avec souffle dans un " western " poétique et cruel. Quelque part à l'Est, en 1856, deux couples de frères s'entre-déchirent dans des corps à corps boueux et sanglants. Jakub et Vladimir, des cosaques, se font voler un cheval par Roman et Elias. Vladimir est tué. Jakub, assoiffé de vengeance, part en quête de deuil. La sensualité des paysages, portée par une partition musicale romanesque, percute en contrepoint la férocité du film et exalte la violence des passions. À l'image découverte des frères qui vivent blottis dans la terre de la forêt, Micha Wald nous parle, sur un ton à la fois cru et retenu, d'amour fraternel. Scènes équestres, combats, violence historique composent ce film qui s'évade pourtant du genre. Voleurs de chevaux s'invente dans une tout autre dimension, à la beauté âpre et envoûtante.

 

Commentaires de Michel Handfield (29 octobre 2007)

 

Avant d’être cosaques Jakub et Vladimir étaient voleurs de chevaux comme Roman et Elias. Comme eux ils sont aussi frères et fortement soudés. Pourquoi? Parce que l’un a besoin de l’autre, plus fragile. Amour fraternel au bord de l’inceste? Domination? Bref, ce film est d’abord sur les relations fraternelles en eaux troubles.

 

Nous les suivront en trois épisodes distincts. D’abord, ce sera la vie de Jakub et Vladimir que l’on suivra jusqu’à ce qu’ils croisent Roman et Elias. Ensuite, nous reprendrons ce processus avec Roman et Elias. Enfin, nous suivrons leur aventure commune à partir du jour fatidique  où leurs vies se sont croisées.

 

Ce film porte sur l’impact que peuvent avoir nos choix et nos comportements sur nos vies, mais aussi sur celle des autres. Sur le fait que, malgré des choix différents, des destins peuvent se croiser et tout changer. Que l’improbable est possible.

 

Si l’intrigue est intéressante, ce film est par contre dur. Le milieu des cosaques n’est pas tendre, ni ce pays de l’Est jamais nommé. Russie, Pologne, Ukraine, tous des choix possibles, car le cosaque y a sévit. (1) Juste un exemple de la philosophie cosaque : pour former les hommes il faut briser les caractères, parfois les os! Pour voler des chevaux aussi. 

 

Note :

 

1. Cosaques in Wikipédia: http://fr.wikipedia.org/wiki/Cosaque 

 

---

 

La fille coupée en deux

 

Présentation spéciale

Claude Chabrol

France | 2007

115 min. | couleur / 35mm | français

int. : Ludivine Sagnier, Benoît Magimel, François Berléand

 

 

Chabrol transpose à son goût la relation triangulaire passionnelle et criminelle d'un fait divers américain : l'assassinat du célèbre architecte new-yorkais Stanford White en 1906, par un play-boy millionnaire qui était l'époux de son ex-maîtresse, une jolie mannequin et actrice de music-hall.

 

Dans l'univers chabrolien, Gabrielle Deneige (Ludivine Sagnier), présentatrice météo, tombe éperdument amoureuse d'un vieil écrivain libertin, marié et pervers (François Berléand). Séduite et abandonnée, Gabrielle se marie alors, par dépit, avec un dandy névrosé, fils de famille et totalement fou d'elle (Benoît Magimel) qui, lors d'un gala de charité, tue son rival. À la fois innocente et fatale, intègre et opportuniste, Gabrielle projette toute la dualité de son être dans ce déchirement amoureux. Sous le signe du double et de la schizophrénie, baigné dans l'univers cathodique du trompe-l'oeil et des faux-semblants, le dernier film du chef de file de la Nouvelle Vague explore, avec une chasteté bourgeoise, les pulsions les plus dépravées.

 

Commentaires de Michel Handfield (29 octobre 2007)

 

Le lettré, le bourgeois et la belle. Les dits et les non dits. Les chiants aussi, comme dans l’entrevue entre le lettré et le journaliste littéraire mal préparé, mais qui se fait un devoir de s’afficher! Portrait d’une élite qui est pire que la populace qu’elle regarde de haut. On est ici au cœur des conflits de clans, à l’intérieur d’une même classe sociale, symbolisée par le conflit entre les parvenus, représenté par Paul, et ceux qui sont arrivés par leurs propres moyens, le talent et le travail, avec peut être un zeste de chance, représenté par un écrivain libidineux.

  

Mais, derrière cette typologie, on en découvre une seconde. On peut à la fois avoir de la classe et être pervers et manipulateur. 

 

Quant à la fille, de classe moyenne, objet de ce match entre les deux hommes, elle a le pouvoir de sa beauté qui suscite leur convoitise. Mais, elle est aussi un objet que l’on manipule. On a beau faire des discours sur l’égalité, on peut toujours réduire la femme à un objet dans notre tête et même – et c’est là le plus grave – dans la sienne, au point qu’elle se plait à ce jeu. À moins qu’elle ne se laisse manipuler pour manipuler à son tour et ainsi accéder à la richesse. Parvenir, sauf qu’elle n’accède pas à l’amour, ce qu’elle cherchait pourtant éperdument au début.

 

***

 

Le mâle est un chasseur et on entre ici dans les instincts animaliers malgré quelques siècles de développement social et de bonnes manières. Ça, c’est pour le public qui regarde. En privé…

 

***

 

La fin peut laisser songeur, car à la sortie j’ai entendu quelques spectateurs se demander « pourquoi cette fin? »! Je vous donne un indice de mon cru, pensé quelques minutes après ma sortie de la salle : si elle va vers le burlesque c’est qu’il n’y a pas meilleur moyen de faire chier sa belle famille de parvenu! Davantage même que par un retour au petit écran.

 

---

 

La Mémoire en fuite

 

Présentation spéciale

Jeremy Podeswa

Canada,Grèce | 2007

104 min. | couleur / 35mm | anglaise (s.t. français)

int. : Rachelle Lefevre, Larissa Laskin, Themis Bazaka

   

Jeremy Podeswa, qui a réalisé des épisodes de la populaire série de télévision américaine Six Feet Under, porte à l'écran Fugitive Pieces, tiré du roman éponyme d'Anne Michaels. Le cinéaste canadien, fils d'un survivant polonais de camp de concentration, retrace l'histoire de Jakob, un garçon de sept ans, juif et polonais, témoin du massacre de sa famille sous l'occupation nazie. Cet orphelin de l'Holocauste est sauvé par un archéologue grec qui va l'élever comme son fils. Périple en Grèce, exil au Canada ; Jakob, devenu adulte, recompose dans l'écriture les pièces de son histoire. Un film sur la conscience aiguë des cicatrices laissées au monde, ainsi définies par le réalisateur : " Le livre est à plusieurs titres un avertissement à l'humanité. Si vous faites des choses bonnes ou mauvaises, celles-ci laissent une trace. Les gens ont une mémoire, la terre a une mémoire... tout a une mémoire. Alors, il faut faire attention à ce que vous introduisez dans l'univers. "

 

Commentaires de Michel Handfield (29 octobre 2007)

 

Film par petites touches. Comme pour une toile, on repasse parfois aux mêmes endroits. On se demande si les choses étaient correctes. On y repense. C’est ce que fait Jakob. Il repense à son histoire et à sa famille disparue dans ces années de tourmente que fut le régime nazie dans sa Pologne natale. Que leur est-il arrivé? Que lui serait-il arrivé si cet archéologue grec ne l’avait pas amené avec lui après l’avoir trouvé tapis dans le bois?

 

Mais, retrouver le passé tue-t-il le présent? Est-ce se condamner à ne pas être heureux? Une forme d’autoflagellation de la pensée. Ainsi, ceux qui ont échappé à l’holocauste ont été condamné eux aussi finalement, car cela hante leur pensées et leur vie. Un geste, une odeur, une image réveille toujours le souvenir, accompagné de la douleur de ne pas savoir. De la pensée du pire.

 

La crainte que l’histoire se répète à la moindre montée d’idées de droite doit toujours les hanter, mais devrait aussi nous hanter, d’où l’importance de montrer l’histoire, de nous rappeler, pour ne pas la reproduire. (1) Le devoir de mémoire est important, car si la différence entre l’Homme et l’animal est le langage, la différence entre l’Homme préhistorique et moderne est la transmission de l’histoire, préhistoire voulant dire avant l’histoire! (2) Pour cela il faut montrer la grande histoire, mais aussi de petites histoires, comme les histoires de vie, d’où l’importance des sciences humaines, que ce soit l’histoire, la sociologie ou l’anthropologie par exemple.

 

Un excellent film, à la fois triste et plein d’espoir, qui devrait avoir une diffusion en salle. Moi, je le recommande.

 

Notes :

 

1. A ce sujet, le texte de Denise Bombardier, L’humanisme à la retraite, in Le Devoir, Édition du samedi 13 et du dimanche 14 octobre 2007 est à lire : www.ledevoir.com/2007/10/13/160361.html)

 

2. Barreau, Jean-Claude, et Bigot, Guillaume, 2005, Toute l’histoire du monde de la préhistoire à nos jours, France : Fayard (Histoire) (Distribution Hachette)

---

 

Tout est pardonné

 

Sélection Internationale - Louve d'or

Mia Hansen-Löve

France | 2007

105 min. | couleur / 35mm | française,allemande (s.t. anglais)

int. : Paul Blain, Marie-Christine Friedrich, Victoire Rousseau

    

     Délicatement découpé en trois périodes, Vienne, Paris et Pamela, le premier film de Mia Hansen-Løve dépeint avec élégance et retenue une famille qui vole en éclats. Pourtant, Victor et Annette sont amoureux et adorent Pamela, leur petite fille de quatre ans. De Vienne à Paris, la famille finit de se laisser ronger par la phobie du travail, l'oisiveté nocive et la dépendance à la drogue dure de Victor. De dérive en dérive, Victor s'amourache d'une junkie qui meurt dans ses bras. L'overdose de cette compagne de défonce sonne le départ de sa femme et de sa fille. Après 11 années de séparation, Pamela, du haut de ses 17 ans, retrouve son père. Cette dernière partie cherche à combler toutes les disparitions, à retrouver les mots, la mémoire et le pardon. Cousu dans la pudeur des silences et des ellipses, Tout est pardonné nous parle d'une voix basse et mélancolique du temps perdu.

 

Commentaires de Michel Handfield (29 octobre 2007)

 

J’ai aimé le film, mais j’ai pris peu de notes. À part de dire que Victor est inadapté aux gens, je n’aurais rien à ajouter au résumé officiel plus haut.

 

---

 

La Question Humaine de Nicolas Klotz

 

Prend l’affiche au Québec début 2008

 

Montréal, 1er octobre 2007 –

 

     LA QUESTION HUMAINE, un film de Nicolas Klotz, cénarisé par Elisabeth Perceval et sorti le 12 septembre en France, ne cesse de faire parler de lui. Nicolas Klotz et Elisabeth Perceval arriveront à Montréal le 12 octobre dans le cadre du Festival du Nouveau Cinéma dans le but de présenter leur film.

 

     Paris, de nos jours : Simon, 40 ans, travaille comme psychologue au département des ressources humaines de la SC Farbe, complexe pétrochimique, filiale d’une multinationale allemande, où il est plus particulièrement chargé de la sélection du personnel. Un jour Karl Rose, le co-directeur de la SC Farbe demande à Simon de faire une enquête confidentielle sur le directeur général Mathias Jüst, de dresser un rapport sur son état mental. Ne pouvant pas se soustraire à la requête de Rose et ne voulant pas risquer de se mettre mal avec Jüst, Simon accepte du bout des lèvres, en se promettant de conduire une enquête discrète et de rendre un rapport le plus neutre possible….mais très vite en pénétrant dans la nuit d’un homme, Simon entre dans la sienne : une nuit hantée par les fantômes et les spectres de l’Europe contemporaine.

 

     Avec, entre autres, les acteurs Mathieu Amalric (Simon) et Michael Lonsdale (Mathias Jüst), La Question Humaine se distingue de par la thèse violente qu’il propose : le libéralisme contemporain est l’enfant, génétique et généalogique du nazisme. Le journal Le Monde affirme : « cette thèse ô combien dérangeante, est mise en scène avec une époustouflante maîtrise. Cette psychanalyse de l’économie libérale, personne jusqu’à maintenant ne l’a restitué avec tant de justesse, de puissance et de talent. Un grand film politique ».

 

Commentaires de Michel Handfield (29 octobre 2007)

 

      On suit un psy du département des idées et des ressources humaines qui doit dresser un rapport sur l’état mental du directeur général Mathias Jüst à la demande d’un de ses adjoints. Tâche professionnelle ou forme d’espionnage et de dénonciation? Dans quel but? Protéger l’entreprise ou assurer un putch? Ça sonne le coup d’État militaire à votre oreille? Ce n’est pas surprenant, car les parallèles entre le régime d’entreprise et un régime militaire sont nombreux dans ce film. Dans les deux cas, par exemple, il faut pousser les employés à se dépasser et à se sacrifier pour gagner la guerre, car nous sommes dans une guerre économique. Mais, en même temps qu’on pousse le personnel, il y a des hauts gradés qui se manipulent à qui mieux-mieux et qui manipulent leurs subalternes et les exécutants sous eux. Des ambitieux qui planifient leur avancement au dépend de l’objectif commun. Des manipulateurs et des malades, qui hors de l’entreprise, ont une toute autre personnalité. Mais, on se tait pour le bien de la nation; pardon, de l’organisation!   

     

      Pourtant, rien n’échappe à l’organisation. Elle vérifie ses employés : leurs habitudes de vie et leurs changements de caractère, car l’information est la pierre angulaire du contrôle. Dans ce monde il y a les pions et les s-pions, pour faire un parallèle avec les SS, car ce film fait un parallèle entre ce qui se passe dans l’organisation et les méthodes de contrôle développées par le régime nazi il y a quelques décennies.

 

      J’allais voir un film sur le travail, j’ai vu un film sur la psychologie d’humains qui ont été élevés sous le  nazisme, ou suite à celui-ci, et qui en ont intégré une part sans en être conscients. Des parallèles intéressants peuvent d’ailleurs être tirés sur les façons de faire dans l’entreprise, mais aussi dans la vie. Les scènes de discothèque et les rapports hommes/femmes hors de l’organisation me sont parus forts éloquents parfois. Cela m’a même dérangée, car on y voit la recherche d’une domination brute, voire violente, à l’extérieur de l’organisation. Mais, si les relations semblent plus civilisées à l’intérieur de l’organisation, c’est une apparence, et j’insiste vraiment sur ce mot ici, car l’objectif n’en est pas moins de tasser ou d’éliminer quelqu’un que l’on ne considère plus productif ou que l’on considère comme un rival.  

     

      Il y a là une différence avec ici, où nous n’avons pas connu le nazisme. En Europe il en est certainement resté des traces. Même si on a embrassé les valeurs démocratiques, tout n’est pas parti. Il existe encore  des résurgences de cette époque, ce que ce film fait réaliser, même si le  langage gomme une partie de la réalité par des formules efficaces. C’est ainsi qu’un aveugle devient un malvoyant, un sourd un malentendant! On est dans une forme de déconstruction/reconstruction de la réalité qui nous la fait perdre de vue. Ce film la reconstruit cependant de façon ethnométhodologique, donc pas dans un ordre linéaire, mais dans un ordre signifiant, pour nous la faire comprendre. Un film d’idées à voir pour la justesse du propos symbolique.

 

---

 

LE RING

 

Long métrage de la jeune cinéaste québécoise Anaïs Barbeau-Lavalette. Scénarisé par Renée Beaulieu et produit par Ian Quenneville et Thomas Ramoisy,

 

LE RING nous entraîne au cœur du quartier Hochelaga-Maisonneuve, sur les traces de Jessy, un gamin de 12 ans rempli de rêves et d’espoirs mais aux prises avec la misère sociale et l’abandon. Interprété magistralement par Maxime Desjardins-Tremblay dans le rôle de Jessy, le film met aussi en vedette les jeunes comédiens Maxime Dumontier, Julianne Côté et Jason Roy Léveillée ainsi que les vétérans Jean-François Casabonne, Stéphane Demers, Suzanne Lemoine et René-Daniel Dubois.

 

LE RING est une production de l’INIS, l’Institut national de l’image et du son, dont la scénariste, la réalisatrice et les producteurs sont des diplômés.

 

Christal Films en assure la distribution. LE RING sera également présenté dans le cadre de la 36e édition du Festival du Nouveau Cinéma et prendra l’affiche au Québec (et au Cinéma Parallèle) dès le 26 octobre.

 

Commentaires de Michel Handfield (29 octobre 2007)

 

On est en milieu défavorisé, le quartier Hochelaga-Maisonneuve, et la vie n’est pas toujours rose autour de Jessy, un gamin de 12 ans. La mère se drogue pour oublier la misère, ce qui coupe ses chances de s’en sortir et la conduira vers la prostitution. Le père fait son possible, mais les enfants sont souvent laissés à eux même. Le grand frère va vers la délinquance et essai d’entraîner Jessy dans son sillon. 

 

Mais, Jessy a ses idoles : les lutteurs. Il aime aller au match de lutte. Voir le bon gagner, le méchant perdre. Tout n’est cependant pas aussi tranché dans la vraie vie. On est davantage en zone grise, où le méchant peut aussi faire du bon. Mais, c’est parfois un piège. Il y a donc des codes à apprendre pour vivre en société et si la force brute peut sembler importante, c’est d’abord la force mentale qu’il faut. On est dans une forme d’apprentissage de la vie.

 

À l’école tout n’est pas facile non plus. Les enfants manquent souvent de stimulation intellectuelle, car les livres et les revues sont rares à la maison. Tous sont égaux devant l’éducation, sauf que le statut socio-économique et le milieu culturel créent des inégalités, certains ayant davantage de stimuli et de support que d’autres chez eux. L’enfant qui n’a pas de journaux chez lui versus celui qui a La Presse, Le Devoir ou L’actualité, ne partira pas du même point, ne serait-ce qu’au niveau du vocabulaire, à moins de niveler par le bas au nom d’une certaine équité. Le jeune qui se sent défavorisé à l’école peut alors rager d’être incompris et « s’exprimer » par un acte violent ou un sacre s’il ne trouve pas les mots pour le dire. C’est ce qui fait qu’entre les punitions, le rattrapage et le décrochage, ce dernier est parfois plus facile.  Et la décision se prend assez tôt semble-t-il! (Pineault, 2007)  On peut aussi l’orienter vers les métiers du professionnel court, mais on aurait certainement pu faire mieux avoir eu les moyens et le soutien du ministère, du milieu et de la famille.  

 

En effet, les enfants sont tous comparables, intelligent et curieux, sauf que l’un peut répondre à sa soif de savoir alors que l’autre n’a pas nécessairement accès à ces outils, question de milieu. Pire, il peut voir que papa ne lit pas; il travaille! Lire est donc une perte de temps quand il faut gagner de l’argent. De là à faire le lien avec l’école comme étant une perte de temps il n’y a qu’un pas; l’autre étant de lier de petites délinquances avec l’argent. De l’argent facilement gagné au début. C’est d’ailleurs l’exemple que donne le frère de Jessy, qui monte d’ailleurs  en grade après être allé en centre (Rivière-Des-Prairies). Il le fera même travailler pour lui un certain temps, car « les plus jeunes n’éveillent pas les soupçons pour livrer de la drogue! » Et on ne peut pas les arrêter. Façon d’apprendre les rouages du crime impunément et dès le plus jeune âge. Mais, Jessy n’aime pas ça. Une chance. 

 

Jessy a aussi quelques difficultés à l’école, notamment en oral, car on lui demande de parler de ses parents. Mais, comment parler d’eux? Il ne peut tout de même pas dire qu’il voit sa mère se geler avec une seringue, ni parler des premiers pas de son frère dans le crime! Mieux vaut se taire. Mais, comme on ne peut l’évaluer, il est en risque d’échec.

 

Quand à trouver d’autres sujets, c’est le défi de l’école, mais pour cela il faut une conscientisation sur le milieu social dans lequel elle se trouve! Sauf qu’il n’y a pas de sociologue à l’école, ni à la commission scolaire. Et s’il y en a, il y en a très peu. (1)  

 

La mauvaise alimentation, le manque de sommeil et le stress (où est maman?) sont aussi des causes de problèmes. Quand les inquiétudes prennent le dessus sur les rêves, demain sera certainement difficile. C’est pour ces raisons que ces enfants ont besoin de modèles positifs et de ressources collectives compensant ce qu’ils ne trouvent pas nécessairement à la maison, comme des bibliothèques scolaires et de quartier mieux garnies (2); des havres de paix où faire les devoirs et les leçons; et des aidants pour les aider naturellement, mais aussi les écouter, et, surtout, les supporter.  

 

On se doit de regarder les valorisations sociales, non seulement dans leur environnement immédiat, mais plus largement. Que valorise-t-on? Les métiers! Ainsi, dans la nouvelle grille d’évaluation des immigrants, « le boucher reçoit dix points sur dix, le médecin cinq seulement. » (Baillargeon, 2007) Ce qui compte c’est l’employabilité la plus rapide. Mais, si les conditions changent, qui sera le mieux outillé : celui qui a une base académique solide pour continuer à apprendre ou celui qui aura le minimum acceptable? D’ailleurs, pourquoi défavoriser autant le développement intellectuel? C’est comme si quelqu’un de métier n’avait pas à penser. Pourtant, rien n’empêche d’avoir de bonnes bases intellectuelles, une bonne culture générale, et un métier. Au contraire même, car plus on peut comprendre le sens des choses, mieux on est outillé pour voir s’il y a problème. Il est peut être là le problème justement, car bien outillé on peut aussi questionner ce qui apparaît injuste. Les décisions hiérarchiques!

 

Les exécutants ne doivent pas trop en savoir et encore moins comprendre. Le taylorisme a peut être changé de forme, mais il est encore là : intégré dans les façons de penser et de faire!  

 

Celui qui choisit les bras plutôt que la tête n’a peut être pas tout à fait tort avec une telle philosophie.  Le système est fait pour donner cette orientation, dénigrant les intellectuels et valorisant les métiers. Les métiers de la construction paient d’ailleurs bien mieux que bien des professions libérales! Et le chômeur instruit existe. On entretient même son image, montrant que bien des diplômés n’ayant qu’un professionnel court gagnent mieux leur vie que ces rêveurs que sont les intellos. Des paresseux qui réfléchissent au lieu de travailler! Combien de fois je me suis fait dire d’arrêter de penser puis d’aller travailler, ne serait-ce que de livrer des commandes en vélo dans un dépanneur. Au moins tu ferais de quoi! Sois réaliste, car penser et écrire, ça ne donne rien. 

 

Cela n’est pas un hasard, car l’intellectuel peut remettre en cause les décisions de ses supérieurs ou de l’organisation. Il peut aussi projeter les problèmes qui viennent alors que bien des exécutants sont surpris quand l’entreprise leur annonce sa soudaine délocalisation pour cause de  l’envol du huard! (3) Bref, il y a plusieurs bonnes raisons de favoriser l’éducation, à condition qu’elle ne soit pas trop forte. On ne le dira pas en ces termes, mais c’est ce que veut dire une école en adéquation avec les besoins du marché! Savoir ce qu’il faut, mais pas trop. Ce sont des employés que l’on veut, pas des militants!    

 

***

 

Des rêves brisés de naissance, c’est ça l’inégalité sociale. Elle vient de critères qui ne dépendent pas des gens : sexe, couleur de la peau, lieu de naissance, handicap, etc. L’inégalité socioéconomique, ce ne sont pas des employés d’entretien de la STM qui n’ont pas la parité avec Toronto ou Boston. Ça, ce sont les préoccupations d’une élite ouvrière. Imaginez qu’on leur donnerait la parité avec les employés chinois par exemple! L’inégalité économique, c’est la différence de moyens entre l’ouvrier du privé, au salaire minimum, le syndiqué du secteur municipal, et le cadre supérieur de banque qui fait quelques dizaines de fois le salaire de son employé le plus productif! S’il avait au moins des responsabilités, mais il cachera toujours ses décisions derrière le marché, paravent du cadre moderne.

 

C’est une fiction documentaire, car cette fiction montre peut être davantage la réalité que ce à quoi pourrait avoir accès un documentariste. Le rêve inatteignable d’enfants, pourtant jugés égaux, en raison de l’inégalité socioprofessionnelle et salariale des parents! Ça devrait passer à la télé grand public. Je pensais Radio-Can, mais cela atteindrait peut être davantage la cible à TVA je l’avoue; surtout suivie d’un Claire Lamarche spécial, où le public et quelques spécialistes médiatisés pourraient  intervenir sur ce sujet. De quoi avoir de l’audience et sensibiliser la masse. 

 

Notes :

 

1. Je sais de quoi je parle, car j’envoie mon CV régulièrement à la CECM (maintenant CSDM) depuis la fin de ma maîtrise (1988), sans aucun résultat. Ce n’est tout simplement pas une catégorie d’emploi fréquente dans ce milieu. Pourtant il y aurait des besoins de mon point de vue.  

 

2. La preuve que nos bibliothèques scolaires sont dégarnies, c’est que le « VSMS en bref » de la semaine du 22 octobre 2007 nous informait qu’une « Collecte de livres pour la bibliothèque de l’école Saint-Bernardin » aurait lieu dans quelques jours :

 

« Le 31 octobre prochain, la députée de Papineau invite les petits et les grands à passer par son bureau de circonscription situé au 177, rue Jean-Talon Est à partir de 15h30 à 20h30. Madame Barbot demande aux citoyens de Papineau d’apporter un ou des livres pour enfants qui seront remis à l’école Saint-Bernardin qui a un urgent besoin de regarnir sa bibliothèque. Pour information : Danielle Rioux : 514-277-6020 »

 

Quand il faut s’en remettre à la charité pour regarnir une bibliothèque scolaire, c’est que quelque chose ne va pas.

 

3. Huard : surnom donné au dollar canadien dont la face est un huard comme vous l’avez deviné.

 

Références/Hyperliens

 

Assistance d’enfants en difficulté (Dr. Julien) :

www.aed-hm.org/

 

Baillargeon, Stéphane, Pour immigrer au Québec - Mieux vaut être boucher que médecin, Le Devoir, édition du mardi 18 septembre 2007 : www.ledevoir.com/2007/09/18/157302.html

www.milieuxdefavorises.org/

 

Fondation de la pédiatrie sociale du Dr Julien : www.pediatriesociale.org

 

Fondation Lucie et André Chagnon : www.fondationchagnon.org

 

Pineault, Jean-Philippe, Décrochage : Abdiquer dès la maternelle, in Le Journal de Montréal, 10/10/2007 05h57 - Mise à jour 10/10/2007 09h40 : http://www2.canoe.com/infos/quebeccanada/archives/2007/10/20071010-055700.html

 

---

 

XXY

 

Sélection Internationale - Louve d'or

Lucía Puenzo

Argentine, France, Espagne | 2007

91 min. | couleur / 35mm | espagnole (s.t. français)

int. : Ricardo Darín, Valeria Bertuccelli, Germán Palacios

 

Avec son premier film, qui a reçu le Grand Prix de la semaine internationale de la critique à Cannes, Lucía Puenzo aborde le syndrome de Klinefelter, aussi appelé syndrome XXY. Alex, 15 ans (jouée avec subtilité par Inés Efron), quitte l'Argentine avec ses parents pour s'installer sur la côte uruguayenne. Lorsque des amis de la famille, un chirurgien esthétique, sa femme et leur fils Alvaro (Martín Piroyansky), entrent dans le décor, l'intrigue, déjà riche avec la confusion autour de l'identité sexuelle de la jeune fille, l'hypocrisie parentale et une sexualité en éveil, se complique encore. L'aberration chromosomique d'Alex est traitée comme une épreuve parmi d'autres au cours des tribulations de l'adolescente. XXY est remarquable dans sa retenue ; les vues splendides des plages désertées renforcent les thèmes de l'isolation et de la découverte. Avec une trame narrative peu ordinaire et un talent affirmé, Puenzo est d'ores et déjà une étoile à suivre dans la constellation du nouveau cinéma d'auteur argentin.

 

Commentaires de Michel Handfield (29 octobre 2007)

 

Il est difficile d’être quand on est adolescent, mais ce l’est davantage quand on a une différence. Et, si elle n’est pas immédiatement apparente,  il y a ceux qui ont appris des choses. Comme ils en parlent, cela s’amplifie. Ils y en a même qui voudront voir…

 

La personne différente pourra alors devenir un objet de  curiosité ou, pire, un monstre. C’est ce qui pourrait arriver dans ce film sur l’identité. Les pires monstres seront pourtant ceux qui violeront son identité.

 

***

 

À l’adolescence on forme notre personnalité et notre identité sexuelle.  Chez Alex ce passage sera plus difficile que pour d’autres, car on lui a toujours caché une vérité qu’il devra apprivoiser et gérer. Même si on l’a élevé comme une fille, Alex a les deux sexes. Ce double appendice lui pose donc une question difficile avec l’éveil de sa sexualité : suis-je fille ou garçon? C’est ainsi que dans une scène où elle veut perdre sa virginité, le garçon commence à lui toucher les seins, sauf que, rendu plus loin, elle lui enlève la main fouineuse, se place derrière lui et le sodomise! Là on saisit tout le problème. Pour Alex naturellement, mais aussi pour Alvaro, car si elle a 15 ans, lui en a 16 et il ne sait plus s’il aimait être avec le « elle » ou avec le « lui » d’Alex.

 

On est au cœur même de la question de l’identité et de la sexualité, avec toutes les ambigüités que cela peut comporter : culturelle, hormonale et sexuelle. Un film où l’image parle avec peu de mots, comme chez les adolescents. Un film sur l’acceptation aussi. D’abord celle de soi, car c’est par cette assurance que passera celle des autres, de ses proches, puis, enfin, de la communauté si Alex décide d’une identité qui sera la sienne. 

 

***

 

Un film que j’ai trouvé profondément marquant et humain; qui touche les processus psychologiques, sociaux et culturels de la formation et de la cristallisation de l’identité, mais concentré dans la personne d’Alex.

 

Un film pour qui s’intéresse aux relations sociales, à la normalité, à l’acceptation et au rejet dans la société. D’ailleurs, si ses parents pensaient faire opérer Alex, était-ce réellement pour son bien ou parce qu’eux même rejetaient sa différence, surtout qu’ils ne l’avaient jamais mis au courant de leurs intentions, ni consulté sur son choix. Ils avaient décidé d’en faire une fille. Un film fort que je recommande.

---

 

Et toi t'es sur qui?

 

Panorama International

Lola Doillon

France | 2007

82 min. | couleur / 35mm | française

int. : Lucie Desclozeaux, Christa Theret, Gaël Tavares

 

     Vincent + Julie, Nicolas + Élodie, Nicolas + Julie...

 

Lola Doillon filme les chassés-croisés d'une bande d'adolescents en plein apprentissage amoureux. Élodie la pudique et Julie l'impulsive, poussées par l'urgence du passage à l'acte sexuel, se soucient de ne devenir « ni vieille fille ni grosse salope ». C'est bientôt la fin des cours au collège, elles se décident à perdre leur virginité. Et les garçons n'attendent que ça ! Lola pose sa caméra dans les traces de son père, Jacques Doillon, et revisite, à l'époque du chat sur Internet, des SMS, des jeux vidéo et des iPod, les vertiges universels de l'amour quand on a 15 ans. Un son direct naturel et réaliste, une image qui a du grain et des couleurs poussées au maximum composent cette carte postale de l'adolescence, qui rivalise de fraîcheur et d'humour, de tendresse et de vérité. Un premier long métrage de Lola Doillon sur les premières fois, qui rappellent bien des souvenirs!

 

Commentaires de Michel Handfield (29 octobre 2007)

 

Je ne sais pas si c’est ainsi en France, mais dans ce film tous les étudiants doivent faire un stage de travail de quelques jours pour s’initier à un métier. Ce n’est pas assez pour l’apprendre, mais assez pour savoir de quoi il en retourne; à quoi le travail ressemble. Même si les étudiants sont critiques face à cela, ils peuvent voir s’ils aiment mieux le travail ou les études par exemple, ce qui devrait leur permettre de se « focuser » pour l’avenir. C’est l’arrière plan du film, car son propos est le passage à l’acte sexuel. La première fois!

 

Un sujet intéressant et non libidineux, car cela porte davantage sur l’idée que les jeunes se font du  passage à l’acte sexuel et à l’âge adulte alors qu’il n’y a pas vraiment adéquation entre les deux. Si c’est un passage, ce n’est pas celui qu’ils croient. C’est souvent un passage à vide, car plus souvent qu’autrement la première relation est une question de circonstances et de montée d’hormones, donc incontrôlée malgré tous les plans qu’ils ont pu faire. Coucher, ça arrive parfois sans que l’amour n’y soit. Un bon film pour plonger dans l’adolescence avec ses certitudes, ses tourments, ses doutes et ses erreurs (apprentissages).

 

A l’occasion les sous-titres anglais étaient utiles pour comprendre, car ce n’est pas le français littéraire que les français se plaisent à nous faire croire qu’ils parlent régulièrement. C’est le français de la rue… et des SMS. (1)

 

Note :

 

1. Short message service. Voir http://fr.wikipedia.org/wiki/Short_message_service

 

---

 

Bog of Beasts

 

Temps zéro

Cláudio Assis

Brésil | 2007

80 min. | portuguais (s.t. anglais)

int. : Mariah Teixeira, Fernando Teixeira, Caio Blat

 

Le no man's land rural d'un Brésil en perdition. Là vit une jeune fille que, la nuit tombée, son grand-père expose nue aux hommes qui payent pour se masturber. Ici, les femmes sont chair et les hommes sont bêtes. La violence est quotidienne et la monstruosité, banale. Il y a aussi ce lieu terrible, « le cinéma », où tout est possible, notamment pour l'homme de combattre l'ennui tout en exerçant librement sa fierté. Quant aux femmes… Dur et provocateur, d'une étonnante puissance réflexive, Bog of Beasts est une torche enflammée jetée au visage de la société brésilienne contemporaine. Un film implacable qui ne laisse place ni au doute ni à l'espoir. Une critique sociale férocement politisée, mais aussi du cinéma pur et stylisé, sorte de voyage chaudement sensoriel au cœur des ténèbres. Mentionnons également qu'il a remporté le prestigieux Tiger Award au Festival de Rotterdam et les prix de la critique, du meilleur film et de la meilleure actrice au dernier Brasilia FF.

 

-Julien Fonfrède

 

Commentaires de Michel Handfield (29 octobre 2007)

 

Film dur. La femme passe par là. Pas de condom, pas de respect. Les hommes se laissent aller et maltraitent les femmes. Elles pourraient réagir, prendre la parole, s’opposer! Elles semblent accepter cet état de fait, même aimer ça pour certaines. C’est comme si la violence était perçue comme un geste sexuel. De désir. Tellement de désir que l’homme perd le contrôle. Il explose. Cela donne tout le contexte.

 

Quant à l’histoire du grand-père qui « s’occupe » de  sa petite fille, il met en contraste le discours et les gestes. Il lui parle de respect mais la met à nu, en échange d’argent, devant des hommes qui se masturbent en la reluquant. Il dit la protéger, mais l’exploite. Il veut qu’elle rapporte, mais la traitera de pute… Bref, une relation malsaine et incestueuse.

 

***

 

 Ce film pose donc, à un autre niveau, la question de l’immigrant qui amène sa culture avec lui. Au nom du multiculturalisme, devrait-il être bienvenu avec cette culture, même si elle va contre notre droit criminel? Certains diront que c’est autre chose. Que le droit criminel a préséance sur la culture. Mais, en est-on sûr puisqu’il y a aussi la loi du multiculturalisme? À ce sujet, rappelons que l'Honorable juge Monique Dubreuil a laissé sortir deux violeurs avec une peine à purger « dans la collectivité », vu le « contexte culturel particulier à l'égard des relations avec les femmes » chez les haïtiens » en 1998! (1) D’autres causes sont aussi possibles, comme celle du mariage d’une enfant (2) ou de polygamie pour causes religieuses. (3)

 

 Si le multiculturalisme doit constamment être surveillé, on devrait peut être se poser des questions à son sujet et le réviser. C’est ce qu’un tel film nous fait réaliser. Attention : s’il sort en salle, c’est un film assez dur, mais culturellement intéressant.  

 

Notes :

 

1. Le multiculturalisme à l'encontre de l'égalité? Michel Handfield, M.Sc. sociologie, Montréal, le 27 janvier 1998 (Paru dans La Presse, 28 janvier 1998, p. B 2). Ce texte fut repris en note de fin de page dans « « AURORE » : la rencontre de l’idéologie et de la folie! », in Societas Criticus, Vol.  7 no. 3, 2005.

 

2. « Accusé d'agression sexuelle, un Montréalais se défend en prétendant avoir épousé une fillette de 10 ans en 1999. Daniel Cormier se défend en attaquant la légalité des articles du Code civil qui régissent le mariage.

 

M. Cormier avance que la définition du mariage du Code civil viole sa foi chrétienne. » (« Procès de Daniel Cormier. Le Code civil brime la foi de l'accusé. », SRC, Nouvelles/Montréal, Mise à jour le vendredi 26 octobre 2007 à 12 h 43 :

www.radio-canada.ca/regions/Montreal/2007/10/26/004-Cormier-Foi-Code-civil_n.shtml)

 

3. Dans ce dernier cas on a même flirté avec sa décriminalisation.  Même s’il y a quelques ménages polygames chez des immigrants musulmans, il y en a aussi dans « une secte dissidente mormone en Colombie-Britannique », « la secte polygame de Bountiful ». (Mathieu  Perreault, « Canada : Un rapport propose de décriminaliser la polygamie »,  La Presse, lundi 16 janvier 2006 : www.cyberpresse.ca/article/20060116/CPACTUALITES/601160462/5077/CPACTUALITES)

 

---

 

Anna M.

 

Présentation spéciale

Michel Spinosa

France | 2007

106 min. | couleur / 35mm | française (s.t. anglais)

int. : Isabelle Carré, Gilbert Melki, Anne Consigny

  

     Une nuit de désespoir, Anna, magistralement incarnée par Isabelle Carré, se jette sous une voiture. À l'hôpital, elle tombe follement sous le charme de son médecin. Anna s'invente des histoires et sombre dans les méandres de l'érotomanie. Elle le suit, le poursuit, lui écrit, lui offre des cadeaux et devient de plus en plus inquiétante. Illumination, espoir et haine scandent cette névrose amoureuse.

 

Michel Spinosa focalise sur Anna. La caméra, elle aussi obsédée par son sujet, la suit inlassablement du regard et plonge ainsi le film dans une hallucination à la première personne. Nous sommes pris au piège de cet amour noir, jusque dans le regard caméra d'Anna qui s'en défend : " Parce que pour vous, c'est pas de l'amour ? Et pourquoi pas ? Est-ce que j'ai pas ressenti les mêmes émotions que? J'ai vécu cet amour et j'en ai souffert. Depuis quand on peut accuser quelqu'un d'aimer ? Depuis quand c'est un crime ? "

 

Commentaires de Michel Handfield (29 octobre 2007)

 

     Anna M. travaille à la restauration de livres à la Bibliothèque Nationale de France. Fort intéressant à voir.

Mais, aussi posée qu’elle est à l’ouvrage, tourmentée elle est à la maison, où elle vit avec sa mère et son chien. Pourquoi?

 

Aurait-elle besoin d’un amoureux? De sexe? Son comportement semble le suggérer. Il n’est donc pas surprenant qu’après une tentative de suicide elle se croie amoureuse du médecin qui l’a ramené à une vie normale. Sauf que, cela ne s’arrête pas. Cet amour qu’elle se crée prend des proportions qui dépassent tout entendement. Elle croit l’histoire qu’elle se fait. La ligne est très mince entre amour/folie ici, au point qu’il ne faut pas plus qu’une brise pour la franchir. Et elle la franchie.

 

Cela devient lourd pour lui et son entourage, car il est littéralement victime de harcèlement. Mais, dans sa folie, Anna s’arrange pour avoir l’air de la victime au point de nous faire sentir mal à l’aise face à un tel acharnement, d’autant plus que la justice a un préjugé pour la femme « pauvre victime » et l’homme « méchant prédateur » alors qu’ici c’est l’inverse. Jusqu’où pourra-t-elle aller devient la première question; puis, va-t-elle finalement se faire prendre  devient la seconde, car elle le piège littéralement.

 

Comme spectateur je sentais le malaise. C’est donc un excellent thriller psychologique et social jusqu’à la fin, car les préjugés permettent-ils de piéger si facilement les hommes?  À voir s’il sort en salle.

 

---

 

L’Âge des ténèbres

 

Présentation spéciale

Denys Arcand

Québec,Canada | 2007

104 min. | couleur / 35mm | français

int. : Marc Labrèche, Diane Kruger, Emma de Caunes

  

     Deux ans après le triomphe des Invasions barbares salué par un Oscar, voici enfin le dernier volet tant attendu de la trilogie amorcée par Le déclin de l'empire américain.

 

Arcand l'anthropologue livre donc le point final à son grand œuvre de dissection de notre société contemporaine. Les deux premiers titres se caractérisaient à la fois par leur humour corrosif et des moments d'une grande intensité dramatique. L'âge des ténèbres n'échappe pas à la règle et permet à Marc Labrèche de livrer une performance exceptionnelle dans le rôle d'un fonctionnaire ordinaire qui se réfugie dans ses fantasmes pour échapper à la banalité du quotidien. Clôture du dernier Festival de Cannes, en première québécoise, une satire kafkaïenne d'un monde hyper médiatisé.

 

Commentaires de Michel Handfield (29 octobre 2007)

 

Elle est productive-réaliste. Lui, un rêveur-blasé! Il s’évade dans des scénarios qu’il fait à toutes occasions pour échapper à ce monde structuré et prévisible, où la technocratie a tout prévu : de l’horaire des trains, mais pas leur remplacement (ce qui fait qu’ils sont toujours en retard pour cause de bris mécaniques), aux raisons pour lesquelles vous n’avez pas droit à cette indemnité qui devrait vous êtes accordée s’il n’y avait pas cet alinéa 454 b dans les jambes!

 

Il ne contrôle donc rien finalement, se contentant de subir les choses à l’extérieur (le trafic et les arrêts du train de banlieue par exemple) et de donner les réponses prévues et codifiées à cet effet à l’intérieur de ses tâches, car le jugement et le savoir ne font pas partie des compétences permises aux exécutants! On doit laisser ce qu’on sait et ce qu’on pense au vestiaire quand on est exécutant. C’est que Fayol est déjà passé par là! (1)  Que ce soit à l’ouvrage, avec sa femme ou avec ses filles, il n’a finalement pas grand-chose à dire! Le seul endroit où les choses n’ont pas encore été organisées par les technocrates, ce sont les rêves! C’est là qu’il se réfugiera jusqu’à ce qu’il découvre qu’il y a des groupes qui vivent leur rêves d’une façon codifiée! Il devra alors fuir vers un autre refuge.

 

Mais, en même temps que tout est réglé pour notre bien et que l’idéologie nous dit qu’on est les meilleurs, un peu comme le régime soviétique le faisait dans les années 50 à 70, on s’aperçoit que le système est tout aussi déréglé que l’était l’URSS! On a peur du terrorisme, de l’épidémie, ou du viaduc qui tombe par manque d’entretien, mais le système est bien incapable de prévenir! Il ne peut que réagir après coup, car il est trop occupé à sa propre reproduction avant quoi que ce soit d’autres! 

 

On est dans un système soi-disant de liberté, mais les normes et les règles font en sorte que l’on a justement de moins en moins de ces espaces de libertés dont parlait Crozier dans « l’acteur et le système »! (2) Ainsi, notre homme, même s’il a des études universitaire, ii n’a pas de liberté d’action, même pas pour fumer à l’extérieur du bureau.

 

Ce n’est donc pas un hasard si l’on cherche des plaisirs instantanés, que ce soit de fumer une cigarette où c’est interdit ou de visiter un site XXX à l’ouvrage, car il faut profiter du relâchement de la surveillance quand ça  passe. Cet instant de liberté ne reviendra pas de sitôt et il faut le prendre. Le fait de ne pas s’être fait pincer  est une grande victoire, mais éphémère, car même votre marche sur la rue St-Denis est surveillée par des caméras de police maintenant! Pire, nous avons appris que la police pourrait même vendre ces images! (3) Rien n’est sacré, même à la police. C’est ainsi que l’on est maintenant dans un système qui ne nous sert plus, mais qui se sert, c’est-à-dire qu’il vise sa propre pérennité.

 

Quant aux Hommes, ils produisent pour ne plus penser à vivre et consomment pour oublier ce qu’ils vivent! Anciennement, on écoutait les médias pour s’informer, maintenant pour oublier, ce qui fait qu’on demande de plus en plus de musique, d’humour et de distraction, mais de moins en moins d’informations. Surtout ne plus communiquer! L’idéal est même le baladeur MP3 où on peut  écouter notre musique en circuit fermé sur nous même! L’exemple parfait  est ses filles. Lorsqu’il va les conduire à l’école, chacune a son baladeur et pas de conversation. L’interaction est avec le bidule, pas avec les personnes qui nous entourent.

 

 Seuls ses rêves érotiques ont du sens, car sa femme produit, mais ne baise plus. Et, si elle baisait encore, ce serait minuté dans une case horaire spécifique avec son bidule téléphonique sur la tête pour ne pas rater un call! Call girl des temps modernes, qui répond à tous vos appels, mais à aucun de vos désirs. Comme les numéros sex-machins : la fille répond, mais vous devez vous satisfaire vous-mêmes. Self-service! 

***

 

Arcand pousse toute les mauvaises nouvelles pour nous montrer un système qui craque de partout alors que l’on croit avoir la vérité et que nos élites nous disent qu’on est les meilleurs au monde! Ça va mal, car  on n’a plus le temps ni les ressources de faire quoi que ce soit… pris dans un engrenage bureaucratique qui siphonne toutes nos énergies, nos ressources et nos impôts pour son fonctionnement et sa reproduction. Sa prospérité et celle des prédateurs qui s’y collent pour le siphonner est assurée par contre, comme celle de la consultante Feng Sui qui réoriente le bureau pour que les bonnes ondes y circulent… 

 

***

 

Pris à répétition, d’un jour à l’autre, dans les embouteillages, les trains en panne, les métros bondés, on n’a plus le temps de baiser, relaxer, se cultiver ou ne rien faire. Mais, une société mal baisée et inculte, c’est le déclin. Le déclin annoncé par Arcand il y a quelques années avec « Le déclin de l’empire américain »! Avec les technocrates qui ont pris le contrôle du système depuis, on gère maintenant notre déclin – dans les milieux concernés on appelle ça la décroissance! – comme si c’était business as usual. On  parle donc des barbares incultes qui nous gouvernent par la dictature des chiffres (« Les invasions barbares »), car s’ils maitrisent les chiffres, ils ne maîtrisent pas la culture et encore moins l’histoire! La conséquence : « l’âge des ténèbres! »

 

***

 

Tenir les gens dans l’ignorance, ce sont aussi les ténèbres, comme dans l’allégorie de la caverne de Platon. (4) C’est ainsi qu’Arcand nous dit que l’Office de la Langue Française a interdit le mot nègre pour nommer une personne de race noire par exemple. Mais, le mot nègre n’a pas toujours une connotation négative. (5) Empêcher de nommer les choses, n’est-ce pas accroitre un peu plus l’ignorance? Ce n’est cependant pas surprenant, l’Assemblée Nationale du Québec donnant elle-même cet exemple en éliminant des mots comme  « girouette » du vocabulaire des députés, car il faut aseptiser ce que l’on dit au point d’en venir à stériliser la pensée! Créer une autocensure, premier pas vers une dictature dans la tête des gens. Pourtant, ce mot disait bien ce qu’il voulait dire!

 

Mais, les grandes  bureaucraties, publiques et privées, sont souvent en arrière sur bien des réalités, trop lentes à manœuvrer. C’est ainsi que le privé ne serait pas mieux que le public comme le croient certains politiciens populistes près des milieux conservateurs. C’est la bureaucratie et la taille des organisations qui est souvent en cause, non le fait qu’elles soient privées ou publiques. « Small is beautiful » (6) devrait être relu. 

 

***

 

Même si la France a ses écueils bureaucratiques, c’est un film très québécois. Je comprends que les français n’aient pas aimé ce film, car il y a  longtemps qu’ils seraient descendus dans la rue à notre place, d’où leur exaspération moins contre Arcand que contre ce qu’il montre je crois. On tire souvent sur le messager dans ces circonstances. Il devrait avoir un meilleur accueil en sol États-uniens je crois.

 

***

 

Denis Arcand s’est payé un bon trip et nous montre que ce avec quoi l’on veut faire un pays ici, ça aurait d’abord besoin d’un bon lifting!

 

***

 

En conclusion, ce film caractérise bien la désintégration de notre époque, qu’on pense au ciment de notre société – ou de nos routes – qui se désagrège sans qu’on ne puisse intervenir, pris dans les rouages d’une bureaucratie qui limite et codifie toutes nos actions  au point de les transformer en inaction! Ce système nous castre!

 

Il faut une révolution, c’est-à-dire trouver un nouveau mode d’organisation plus humain et plus coopératif. Il ne s’agit pas de réformer le système existant, ni de revenir vers le passé comme nous l’offrent certains chantres de la politique, car cet appel est peut être tentant, mais une bureaucratie privée n’est toujours qu’une bureaucratie. Il faut plutôt s’atteler à la tache de trouver autre chose.  C’est ça l’appel à l’aide de ce film d’Arcand. Ce cri de douleur auquel plusieurs pourront s’identifier. Je vous le recommande très chaudement.    

   

Notes :

 

1. Fayol a énoncé des principes d’administration scientifique de la même manière que Taylor en a énoncé pour l’organisation du travail. Voir Fayol, H., « Principes généraux d’administration, tiré de Fayol, H., « Administration industrielle et générale, Paris : Dunod, pp. 19-47, in CHANLAT, Jean‑Francois, SEGUIN‑BERNARD, Francine, 1983, L'analyse des organisations une anthologie sociologique tome I: les théories de l'organisation, Saint Jean (Qc): éd. Préfontaine, pp 95-118

 

2. Crozier, Michel, et Friedberg, Erhard, 1977 (1981), L'acteur et le système, France: Seuil, col point politique.

 

3. Police de Montréal : Servir les citoyens... et l'entreprise privée, Radio-Canada/nouvelles, mise à jour le mercredi 24 octobre 2007 à 7 h 51 : www.radio-canada.ca/regions/Montreal/2007/10/24/001-spvm_service_n.shtml

 

Pour les services disponibles, voir le « Répertoire des services et produits commercialisés par le SPVM » : www.spvm.qc.ca/upload/pdf/repertoire_commercialisation_fr_2006_12_06.pdf

 

4. Allégorie de la caverne : http://fr.wikipedia.org/wiki/All%C3%A9gorie_de_la_caverne

 

5. Si ce mot, nègre, fut péjoratif, il est réhabilité comme en fait foi cette remarque du le TLFi (Trésors de la langue Française informatisé) du Centre National de Recherche Scientifique (disponible à l’adresse suivante : http://atilf.atilf.fr/):

 

Rem. Nègre, employé en parlant des pers. a eu des connotations péj. et, à ce titre, s'est trouvé concurrencé par noir qui est moins marqué (voir HUGO, loc. cit.). Actuellement nègre semble en voie de perdre ce caractère péj., probablement en raison de la valorisation des cultures du monde noir (v. négritude). 

 

6. Schumacher, E F, 1978, “Small is beautiful”, Paris: Seuil, coll. Point

 

---

 

Hors festival, mais la projection de presse a eu lieu durant la période du FNC

 

RENDITION / DÉTENTION SECRÈTE

Sortie en salles: Vendredi 19 octobre

 

Durée: 112 min

Sélection officielle / Festival international du film de Toronto

En version originale anglaise et en version française québécoise.

 

Réalisateur: Gavin Hood

Distribution: Reese Witherspoon, Jake Gyllenhall, Peter Sarsgaard, Omar Metwally, Meryl Streep, Alan Arkin

 

Un agent de la CIA (Gyllenhall) voit son univers basculer après avoir assisté à l'interrogatoire d'un touriste américain (Metwally) par les services secrets égyptiens.

 

Site internet : http://www.renditionmovie.com/

 

Commentaires de Michel Handfield (29 octobre 2007)

 

Arrêté pour des apparences, soit un numéro de téléphone reçu plusieurs fois sur son cellulaire, il a beau ne pas comprendre, on s’acharne, allant jusqu’à l’envoyer en Égypte pour subir un interrogatoire musclé, car ce numéro est en lien avec un terroriste. Il est donc coupable par association, d’autant plus qu’il est ingénieur chimique, donc capable de faire des bombes ou de dire comment les faire.

 

On pénètre dans les dédales de la lutte anti-terroriste. Comment des liens se font et peuvent embarquer n’importe qui à cause d’un contact d’affaires, d’un ami ou d’un membre de la famille, car sait-on ce que font les gens que l’on connaît dans leur vie privée? Votre cousin peut être membre d’un club échangiste; votre sœur une stripteaseuse dans un bar de la mafia; ou votre neveu un dealer de drogue et vous ne le savez pas nécessairement. Qui dit que la directrice des ressources humaines de l’entreprise où vous travaillez ne se tient pas dans un club sadomasochiste et n’a pas donné quelques emplois pour acheter le silence? 

 

Alors, ce numéro sur son portable, à qui est-il? Et cette personne, qui est-elle pour lui? Qui est-elle pour la CIA? Car la même personne peut être de la famille pour l’un et de la mafia ou d’un réseau terroriste pour l’autre. On est dans le monde du secret ici, ne l’oublions pas, et on a tous de multiples facettes, mais pas toutes apparentes, ni connues de nos proches. On aura beau le torturer, s’il n’a pas affaire à cette facette de la personne, il ne saura rien. Il ne pourra que mentir pour que cessent ses souffrances.

 

***

 

Parallèlement à cet interrogatoire, on pénètre les dédales du  terrorisme islamique. Celui-ci s’insère insidieusement dans la société, même où on ne s’y attend pas. C’est que certains idéologues religieux demandent de prendre action contre les infidèles et que certains fidèles les suivent dans ce délire sans poser de question. Est-ce pour ce genre de discours que l’on protège la liberté religieuse? On devrait se poser la question, surtout que les libertés ne sont peut être pas les droits que l’on en fait. Croire, en la religion ou en l’horoscope, devrait-il permettre d’imposer ses dogmes aux autres ou est-ce personnel?  

 

Attention, cela peut être vrai de tous les groupes religieux, même Juifs ou Chrétiens. Certaines sectes l’ont amplement démontré par le passé. N’y a-t-il pas  des groupes chrétiens qui croient que si on refait le grand Israël au dépend de ses voisins et de la paix, le Christ reviendra l’établir de toute manière cette paix! Alors, doit-on protéger les religions ou favoriser un humanisme laïc? C’est une question que ce film soulève chez moi, surtout à la lumière des discussions actuelles sur les accommodements raisonnables au Québec, mais aussi des relations de plus en plus proche entre religion et politique même en occident. Nous n’avons qu’à penser à la droite états-unienne (1) et maintenant canadienne ou le « God bless Canada » se dispute le « God bless America » comme si Dieu nous gouvernait!   

 

***

 

Comme on ne peut pas savoir ce qui se passe dans cette lutte au terrorisme, que ce soit l’enlèvement, l’emprisonnement illégal ou la torture, le cinéma comble ce vide en posant ses hypothèses. Celles que pose ce film sont fortes, intéressantes et plausibles. À  défaut de savoir ce qui arrive vraiment, on peut se rabattre sur ce film, car il est réaliste à défaut d’être vrai. On ne peut que  penser à l’affaire Maher Arar (2) en le voyant. Je le recommande.

 

Notes :

 

1. À ce sujet, je pense à plusieurs articles lu dans le Harper’s magazine au cours des dernières années, mais surtout à ce texte du Maclean’s de cette semaine : « An eternal struggle between church and state » de Barbara Amiel (Nov. 5, 07, p. 10) dans lequel elle est demande :

 

« If government policy is faith-based, and the war is God’s war; what happens if you lose? »

 

2. Voici quelques sites sur cette affaire :

www.maherarar.ca/

http://en.wikipedia.org/wiki/Maher_Arar

http://fr.wikipedia.org/wiki/Maher_Arar

www.cbc.ca/news/background/arar/

www.radio-canada.ca/actualite/ZoneLibre/04-02/arar.asp

www.radio-canada.ca/nouvelles/National/2006/09/18/003-maher-blanchi.shtml

 

---

 

Toxico, désintox et pilules!

Commentaires de Michel Handfield

 

7 octobre 2007

 

     Le 1er octobre dernier j’avais deux événements à couvrir : le lancement du film QUÉBEC SUR ORDONNANCE
de Paul Arcand le matin et le lancement de l
album CHANSONS D’ESPOIR, pour les 25 ans de la Maison et de la Fondation Jean Lapointe en fin d’après midi. Deux événements qui se rejoignent somme toute. L’un fête ses 25 ans d’intervention en désintoxication, l’autre nous parle de la surconsommation de médicaments au Québec, particulièrement des psychotropes. Une forme d’intoxication. 

 

***

 

D’abord, je me dois de parler du lancement de l’album « Chansons d’espoir » et du livre « Le jour où je suis entré à la maison » au Corona lundi dernier (1er octobre). C’était « full plein de monde » si je puis dire, car il s’agissait de souligner une œuvre de cœur! 25 ans d’aide aux toxicomanes, alcooliques et accros du jeu. Maladies peu reconnues autrefois, car associés à des vices. Tant qu’il en fut ainsi, on pouvait difficilement intervenir, ne serait-ce que parce que les victimes se sentaient davantage stigmatisées; pêcheurs que malades!

 

Les choses ont changé peu à peu grâce à de nouvelles façon de voir ces problématiques, celles-ci passant d’excès, de vice ou de péché  à maladie; de nouvelles approches d’intervention; et la création de centres comme la Maison Jean Lapointe, pour ne nommer que celle-là, basé sur ces nouvelles façons de voir les choses. La dépendance est davantage reconnue comme maladie maintenant, car c’est bien de dépendance qu’il s’agit; de dépendance qu’il faut traiter, que ce soit celle au jeu, à l’alcool, aux drogues ou même affective!    

 

La fondation a d’ailleurs versé près de 20 millions de dollars  à des organismes qui s’occupent d’alcoolisme, de toxicomanie et de jeu compulsif et près de 20 000 résidents sont passés par la maison Jean Lapointe depuis ses débuts. Ce n’est pas 20 000 guéris, car certains ont certainement fait des rechutes. Mais, c’est probablement plus, car un père ou une mère en rémission, c’est peut être aussi un père ou une mère qui feront davantage attention à leurs enfants et éviteront la reproduction de cette dépendance. Mais, ce n’est pas encore assez pour les gens de la fondation Jean Lapointe.

 

On se tourne maintenant vers le grand public et particulièrement les jeunes pour les informer, les sensibiliser, et, surtout, PRÉVENIR! L’objectif est grandiose : fermer, c’est-à-dire éradiquer ces dépendances au point de ne plus avoir à exister. C’est probablement une des seules entreprises qui est heureuse quand elle ne revoit plus un client!

 

***

 

Le livre regroupe des témoignages sur le moment précis ou quelqu’un se dit « c’est assez »! Moment clef qui marque le début de sa rémission probablement. Je n’ai pas demandé de copie de presse pour l’instant, mais il est possible que je le fasse plus tard. Si c’est le cas, on y reviendra dans la section livre. J’ai par contre demandé une copie du CD. La liste des titres et des interprètes en dit long sur cet album :

 

Aujourd'hui je dis bonjour à la vie - Marc Déry

Je promets - Stéphanie Lapointe

Mon chum Rémi - Emmanuel Bilodeau

Une force en toi - Marie-Élaine Thibert

Trouver le jour - Charles Dubé

Hommage - Stéphane Côté

On donne - Steve Marin

Venir au monde - Ginette Reno

Les fleurs malades - Jean Lapointe, Anne-Élisabeth et les Zalarmes

Besoin pour vivre - Claude Dubois

L'amour existe encore - Céline Dion

La douzième - Bori

Merci - Bruno Pelletier

 

D’ailleurs, juste de lire les titres et le nom des  interprètes, on entend déjà des airs dans notre tête. J’y reviendrai dans la section culture après quelques écoutes.

 

On doit cette idée de livre et de CD à Jean Robitaille. Quant à Jean Lapointe, il a remercié tous les bénévoles, car sans eux une telle mission aurait été difficile à réaliser. Pour ceux qui connaissent quelqu’un à la  recherche d’aide : 

 

Le site de la maison Jean Lapointe :

www.maisonjeanlapointe.com/

 

Voir aussi les différents liens de notre page Ressources : www.societascriticus.com/ressources.html

 

***

 

Si la toxicomanie est un problème que des organismes comme la maison Jean Lapointe s’occupent, d’un autre côté, notre système de santé semble créer de nouveaux toxicomanes, ceux là aux médicaments; principalement aux  psychotropes. C’estl’objet du nouveau film de Paul Arcand : QUÉBEC SUR ORDONNANCE qui s’intéresse particulièrement à ces cas même s’il semble parler des médicaments en général.

 

La recherche de la perfection, l’absence de temps, l’obligation de performer font que plusieurs n’ont plus le temps de prendre le temps et prennent des pilules en substitut! Et cela commence de plus en plus tôt dans la vie. Des enfants de 8 ou 10 ans sont sur les calmants (Ritalin et autres pilules du genre par exemple), car l’école le demande sous menace de les expulser des classes s’ils dérangent. Les enfants ne peuvent plus être des enfants. Ce sont des « apprenants »!

 

Quant aux parents, ils n’ont plus le temps de s’occuper de leurs enfants comme avant, car ils doivent performer eux aussi. Quand voyez-vous des enfants jouer dehors avec un de leurs parents? Ces derniers ne sont d’ailleurs plus des parents, mais des « subvenants », car ils doivent subvenir aux besoins grandissants des enfants en jeux électroniques et en activités organisées (et facturables!) par exemple, compensant ainsi le manque de temps et de présence par une réponse rapide aux besoins compulsifs des enfants! On en fait des consommateurs et des performants, ce qui fait qu’à 12 ans on souffre parfois des mêmes maux psychologique que les adultes du temps de leurs grands-parents! Nos enfants doivent maintenant gérer leurs horaires et l’incertitude économique et émotionnelle que subit la famille, que ce soit la perte d’emploi, le travail contractuel ou les séparations. Ils ne peuvent plus n’être que des enfants; ils sont des adultes en devenir de plus en plus tôt dans la vie!

 

Si on soigne le mal, on ne soigne pas la cause. On ne cherche pas de solutions sociales aux problèmes non plus. On préfère la thérapie individuelle ou le médicament miracle. Pourtant, ces problèmes sont un indicateur d’autres choses. De phénomènes sociaux. Mais, cela n’intéresse pas le système. Des professionnels pour les problèmes individuels, on en a, que ce soit les médecins, tant des généralistes que des spécialistes; psychologues; travailleurs sociaux; ou conseillers en ressources humaines et en relations industrielles lorsque cela concerne des problèmes reliés au travail. Mais, point de trace des sociologues. Mais, quand le problème est plus large que le seul individu que l’on a devant soi; qu’il concerne une large frange de la société au point que la marge devient presque la norme, qui le regarde dans son ensemble? Le sociologue serait avisé, mais il est où? On ne le demande pas dans les offres d’emplois. Oublié. Pourtant, si l’on veut moins médicaliser les problèmes sociaux il faudrait les regarder sous un angle différent que le seul angle individuel.  

 

Après, on fera des campagnes contre la drogue alors qu’elle est la solution facile que le système utilise pour ne pas questionner ses propres façons de faire. Oui, la désinstitutionalisation est une cause, les pharmaceutiques qui poussent leurs produits aussi, surtout dans le cas des médicaments contre la dépression et les blues de la vie, ce que regarde ce film. Mais, la recherche de la productivité au dépend de l’humain? La perte des repères? Qui regarde ces questions? Il y aurait là du travail pour quelques centaines de sociologues au moins, sauf que les milieux d’affaires ne remettront jamais en cause certains dogmes de la religion économique, car ces dogmes font leur affaire et celle des classes dominantes. Vaut mieux traiter les cas problèmes ou les exclure du système, cela dans les cas où on ne peut les rendre productif à nouveau. Pourquoi changer un système qui rapporte justement à ceux qui en décident? De toute façon l’industrie ne manque pas de ressources, les nouvelles technologies pouvant remplacer certains travailleurs et les pays émergentes proposant une main-d’œuvre abondante et à bon marché. Les délocalisations d’entreprises ne sont pas terminées, je vous l’annonce en primeur! Et lorsque ce bassin ne sera plus assez vaste, on pourra toujours regarder vers une Afrique qui aura bien besoin de capitaux et de travail et qui se pliera certainement aux exigences des multinationales le temps venu. Ainsi fonctionne le système.   

 

***

 

Quand un représentant d’entreprise ou de l’industrie menace de délocaliser la production si le gouvernement ne répond pas à leurs demandes, c’est à peine une menace voilée. On ne peut s’empêcher de faire un parallèle avec la mafia d’autant plus que les pharmas sont aussi dans la drogue, mais légale celle-là. Si la menace physique est illégale, les menaces économiques et politiques le sont et elles peuvent faire aussi mal!

 

Là ne s’arrête pas le parallèle. Comme le drogué est dépendant de son « pusher », le patient l’est de sa médication. Cependant, si dans le cas des drogues l’État ne s’en remet pas aux études des fournisseurs, dans celui des médicaments il n’y a pas de recherche indépendante de la part du gouvernement. On prend les études des entreprises pharmaceutiques pour décider d’un médicament et on voit à l’usage, ce qui fait que les pharmaceutiques peuvent naturellement passer en douce sur ce qui est le moins favorable pour elles et mettre en valeur ce qui l’est davantage. C’est comme faire faire les études sur les bienfaits et les méfaits des drogues à la mafia. Je suis sûr qu’elles seraient positives et que les problèmes  seraient imputés aux clients qui en feraient un usage inapproprié. Et bien, c’est ce que fait le gouvernement en matière de médicaments : il s’en remet aux études des fournisseurs et ne fait pas de contre expertise.  Après, les leaders économiques viendront dire qu’il y a trop de gouvernance et qu’il faut s’en remettre davantage au secteur privé! Je ne suis pas sur les p’tites pilules pour gober ça.  

 

On pourrait s’attendre à plus de sévérité de la part de l’État, sauf qu’il n’y a pas étanchéité entre le gouvernement et les pharmaceutiques au Québec. Ce film nous le montre clairement. On fait plus que de se parler; on se fréquente!

 

***

 

     Un film qui peut tourner quelques coins rond, car c’est le propre de toutes prises de parole, ce que fait Arcand ici, mais qui va loin. S’il peut susciter des réflexions, des débats et un resserrement des normes ce serait déjà ça, notamment concernant les passages entre la fonction publique et l’entreprise privée dans le domaine de la santé. À l’heure des partenariats publics-privés, cela peut parfois créer des apparences de conflits d’intérêts ou, à tout le moins, de promiscuité que l’on devrait éviter.  

 

Enfin, je tiens à souligner que nous avons vu des gens dans ce film (comme le « bon Dr Chicoine ») qui avaient une tribune régulière à Indicatif Présent, la défunte émission de Marie-France Bazzo à la Première chaîne de Radio-Canada. Cela m’a fait réaliser qu’elle me manque depuis qu’elle est à Télé-Québec (www.bazzo.tv), car je suis radio, pas télé! À quand son retour en format baladodiffusion au moins?

 

Hyperliens :

 

Juste faire une recherché sur Google avec, en alternance, les mots critique et bienfaits « …des pharmaceutiques »; «…des entreprises pharmaceutiques » ou « …des médicaments » pour avoir des milliers de documents. En voici deux choisis parmi ceux là, mais dont je ne peu certifier la valeur n’étant pas spécialiste de la question : 

 

Informations sur les pharmaceutiques : www.pharmaceutiques.com/

 

Winckler’s Webzine : http://martinwinckler.com/

 

 

***

 

Notes de presse 

 

1. Chansons d’espoir

 

L’album CHANSONS D’ESPOIR, pour les 25 ans de la Maison et de la Fondation Jean Lapointe et le livre LE JOUR OÙ JE SUIS ENTRÉ À LA MAISON, publié aux Éditions Libre Expression

 

Montréal, le vendredi 14 septembre 2007

 

Dans le cadre des célébrations entourant son 25e anniversaire, la Maison et la Fondation Jean Lapointe, en collaboration avec Image Sonore (Jean Robitaille), Trilogie Musique et Christal Musik, présentent Chansons d’espoir, une compilation musicale de 13 chansons d’auteurs-compositeurs et interprètes québécois venus offrir leur appui à ceux et celles qui luttent contre la toxicomanie. L’album, qui sera mis en vente le 2 octobre, comprend notamment des pièces de Ginette Reno, Claude Dubois et Céline Dion ainsi que deux compositions originales interprétées par Bruno Pelletier et Bori. L’équipe de la Maison Jean Lapointe a également pu compter sur la participation exceptionnelle du comédien Emmanuel Bilodeau qui interprète la chanson « Mon chum Rémi » des Cowboys Fringuants.

 

C’est le 1er octobre au Théâtre Corona que seront lancés l’album Chansons d’espoir et le livre Le Jour où je suis entré à la maison, publié aux Éditions Libre Expression, regroupant plusieurs témoignages de personnes ayant séjourné à la Maison Jean Lapointe.

 

Depuis 25 ans, la Maison Jean Lapointe a accueilli plus de 20 000 personnes aux prises avec des problèmes d’alcool et de drogues et la Fondation a versé plus de 20 millions de dollars à des centaines d’organismes qui oeuvrent en toxicomanie au Québec.

 

Une partie des recettes provenant de la vente de la compilation musicale serviront à défrayer les coûts de traitement de personnes défavorisées et à supporter des projets liés à la prévention des problèmes de toxicomanie chez les jeunes.

 

L’album Chansons d’espoir, distribué par Distribution Sélect, sera disponible en magasins dès le 2 octobre sous étiquette Trilogie Musique/Christal Musik. Le livre Le Jour où je suis entré à la maison, publié aux Éditions Libre Expression, sera mis en vente le 3 octobre.

 

***


2. QUÉBEC SUR ORDONNANCE de Paul Arcand

A l'affiche dans les cinémas du Québec dès le 5 octobre

 

Nous avons inventé des médicaments pour soigner des maladies, maintenant nous inventons des maladies pour vendre des médicaments.

 

Montréal, le 24 septembre 2007

 

Alliance Vivafilm et Cinémaginaire en collaboration ave l'Office national du Film du Canada sont fiers d'annoncer que le nouveau film de Paul Arcand, Québec sur ordonnance, prendra l'affiche partout au Québec le 5 octobre prochain. Deux ans après Les voleurs d'enfance, le réalisateur nous présente un nouveau documentaire qui mettra la lumière sur la consommation de médicaments au Québec. Serge Fiori signe la musique originale du film dont la grande première aura lieu le lundi 1ier octobre au Cinéma Impérial.

 

Avec son film « Les voleurs d'enfance », Paul Arcand a braqué le projecteur sur la maltraitance des enfants au Québec. Le voici de retour avec un nouveau film : « Québec sur ordonnance ». Pourquoi?  Parce que les Québécois aiment les pilules. Ils en avalent en moyenne 750 par année. Pourquoi en prennent-ils autant? Ouvrent-ils la bouche, pour avaler un comprimé, sans poser de questions, sans savoir pourquoi? Qui sont les responsables de la hausse vertigineuse de la consommation de médicaments? « Québec sur ordonnance » permettra de comprendre pourquoi il y a des patients qui ont besoin de pilules et des pilules qui ont besoin de patients. « Québec sur ordonnance », une prescription pour une société malade.

 

Produit par Denise Robert de Cinémaginaire et distribué par Alliance Vivafilm, Québec sur ordonnance de Paul Arcand prendra l'affiche dans les cinémas des quatre coins de la province le 5 octobre prochain.

 

Alliance Vivafilm est la filiale québécoise de Alliance Films, un des plus grands distributeurs de longs métrages au Canada qui opère également dans le marché de la distribution de films au Royaume-Uni et en Espagne.   Alliance Vivafilm distribue des longs métrages à des salles de cinéma, sur vidéo et DVD, ainsi qu'auprès des entreprises de télédiffusion. 

 

www.vivafilm.com

 

---

 

LE DIABLE AU CORPS

Un documentaire de Johanne Prégent

Cinéma Parallèle (Ex-Centris) du 5 au 10 octobre

 

Présenté par Suzanne Girard et Louise Lemelin, avec la participation de Nelly Arcan au scénario

 

Montréal, le 18 septembre 2007 – Le Diable au corps, un film de Johanne Prégent avec la participation de Nelly Arcan au scénario, sera présenté au Cinéma Parallèle (Ex-Centris), à Montréal,  du 5 au 10 octobre prochain, à raison de deux représentations par jour. Ce film, qui porte sur la folie et sur la création, vise à démystifier la maladie mentale à travers la présentation d’un groupe d’artistes atteints de troubles psychiques. C’est en mars dernier que Suzanne Girard et Louise Lemelin, de BBR Productions (2006) Inc., ont présenté ce documentaire pour la première fois, dans le cadre du Festival international du film sur l’art (FIFA). D’une durée de 52 minutes, Le Diable au corps a alors reçu des critiques fort élogieuses de la part des médias et du public.

 

Les passages oniriques film Le Diable au corps, imaginés par la réalisatrice Johanne Prégent (La peau et les os) et l’écrivaine Nelly Arcan (Putain, Folle) nous font pénétrer dans l’univers mystérieux de l’imaginaire et des délires d’artistes talentueux qui souffrent de maladie mentale. Ces artistes qui peignent, dessinent, sculptent et s’expriment, en traduisant leur difficulté d’être comme tant d’autres êtres dits « normaux », se confient avec une authenticité qui touche et dérange. Au Centre hospitalier Robert-Giffard, à Québec, ils ont été regroupés à l’intérieur d’un programme appelé Vincent et moi, qui leur fournit le matériel nécessaire à l’expression de leur art, ainsi qu’un lieu d’exposition annuel. En les voyant peindre et dessiner, en approchant les œuvres si magnifiquement filmées, on prend conscience de leur talent et de leur humanité.

 

La collaboration de Nelly Arcan et de Johanne Prégent fait de cette production un film très particulier. Comme le dit Nelly Arcan : « Même si ces artistes souffrent de maladie mentale, leurs œuvres tiennent toujours un langage universel. Jamais elles ne se posent en rupture avec nous, bien au contraire; elles se font lien, point, miroir de notre propre humanité ».

 

Le tournage s’est déroulé entièrement à Québec, en septembre et en octobre 2006. Cette production a été rendue possible grâce à un financement du Fonds Canadien de télévision, du Crédit d’impôt cinéma et télévision : Gestion SODEC, du Crédit d’impôt pour production cinématographique ou magnétoscopique canadienne - Canada, avec la collaboration de la Télévision de Radio-Canada, ainsi que d’ARTV. Le film sera d’ailleurs diffusé sur les ondes de ces deux réseaux à partir de l’automne 2007. Enfin, c’est l’Office National du film (ONF) qui se chargera de la distribution.

 

Le Diable au corps est au Cinéma Parallèle (Ex-Centris), au 3536 boul. St-Laurent, du 5 au 10 octobre. On pourra aussi le voir au cinéma Le Clap, à Québec, du 5 au 11 octobre. De son côté, le Centre hospitalier Robert-Giffard tiendra son exposition annuelle des œuvres des artistes de Vincent et moi du 19 au 30 septembre, et prévoit aussi faire la projection du film à cette occasion.

 

Commentaires de Michel Handfield (27 septembre 2007, mis en ligne le 7 octobre 2007)

 

Les abus du passé, les abus sexuels, et certaines maladies mentales créent des problèmes plus ou moins graves qui peuvent nécessiter des périodes d’internement plus ou moins longues. Ce n’est pas chose facile, coupé de tout, coupé du mouvement de la vie. Surtout coupé de leur art, bouée d’expression s’il en reste une! Un programme fut donc mis sur pied pour leur redonner accès à l’art, façon de communiquer quand la communication semble coupée. Ce programme est un succès et je vous invite à voir ce film et à visiter leur site internet pour en savoir plus: www.rgiffard.qc.ca/vincent_moi/

 

***

 

     A un autre niveau, ce film démystifie la maladie mentale, car, parmi eux, il y en a avec des études universitaires par exemple. Mais, ils souffrent de névroses, psychoses, schizophrénie, troubles affectifs et j’en passe. Un trop plein de génie, de sensibilité ou de créativité par rapport au reste de leurs fonctions, ce qui crée un déséquilibre du corps et de l’esprit! C’est la façon dont je l’ai compris, car à la fois talentueux et malade! Génie et « folie » se côtoyant comme s’il ne fallait qu’une minuscule démarcation entre l’équilibre et le déséquilibre pour perdre temporairement pied…  

 

Créer, peindre pour atteindre l’équilibre! L’art pour calmer leurs fantômes et les revaloriser à leurs propres yeux, mais aussi à celui des autres par ce qu’ils on de plus à offrir : leur talent!

 

A voir. J’espère qu’il passera à la télé pour l’offrir au plus grand nombre de spectateurs possible. Mais, ceux qui ont la chance de le voir au Cinéma, profitez-en.  

 

---

 

Odette Toulemonde

 

Montréal, 4 septembre 2007 – Le célèbre metteur en scène de théâtre et écrivain, Eric-Emmanuel Schmitt signe son premier film, Odette Toulemonde.  Adapté de son livre Odette Toulemonde et autres histoires publié chez Albin Michel en 2006, le film est une  comédie sur le bonheur avec Catherine Frot et Albert Dupontel.

 

Odette Toulemonde, la quarantaine, vit tranquillement au cœur de la Belgique dans un petit appartement en compagnie de ses deux enfants dont elle essaie de faire le bonheur : Rudy, son fils coiffeur et Sue Helen, sa fille engluée dans les problèmes de puberté. Odette travaille le jour au rayon cosmétique d’un grand magasin et le soir, elle coud des plumes sur des costumes de revues parisiennes. Persuadée qu’elle doit son optimisme permanent à la lecture des romans de Balthazar Balsan, elle rêve de le rencontrer pour le remercier. L’écrivain parisien, riche et séducteur impénitent, va débarquer dans sa vie de manière tout à fait inattendue.

 

Fiche technique

 

France, Belgique 2006. 1 h 44 min. Comédie réalisé par Eric-Emmanuel Schmitt. Avec Catherine Frot  (Odette Toulemonde), Albert Dupontel (Balthazar Balsan ), Jacques Weber (Olaf Pims), Fabrice Murgia (Rudy), Nina Drecq (Sue Helen), Camile Japy ( Nadine), Alain Doutey (Éditeur), Julien Frison (François), Laurence d’Amelio (Isabelle). Images : Carlo Varini. Décors : François Chauvaud. Costumes : Corrine Jarry. Montage : Philippe Bourgueil. Son :Philippe Vandendriessche. Musique originale : Nicola Piovani. Distribution Équinoxe Films.

 

Le film prendra l’affiche partout au Québec le 28 septembre et une copie sous-titrée en anglais sera présentée au cinéma AMC Forum.

 

Commentaires de Michel Handfield (27 septembre 2007)

 

Souriante, de bonne humeur, naturelle, Odette Toulemonde est la joie sur patte. Mélange entre « Amélie Poulain » et « Marry Poppins », elle nous fait craquer. Quand elle est heureuse, elle s’élève…

 

J’ai exceptionnellement vu ce film avec ma conjointe et je peux vous dire qu’elle avait l’air heureuse, si heureuse qu’elle veut déjà le revoir lorsqu’il sortira en salle. Elle n’était certainement pas la seule dans cet état, car on sentait que la joie de vivre d’Odette était contagieuse. Elle crevait l’écran et  contaminait la salle.

 

Naturellement, certains trouveront que c’est parfois exagéré, mais c’est aussi vrai qu’une caricature peut l’être, donc plus grand que nature! J’ai d’ailleurs regardé ce film avec un grand sourire du début à la fin. Quand à ma blonde, elle riait et avait l’air d’une petite fille devant un cornet de crème glacée à trois boules.

 

---

 

SOIE de François Girard

A l'affiche partout au Québec dès le 21 septembre

 

Montréal, le 6 septembre 2007 - François Girard fera un retour remarqué sur les écrans du Québec le 21 septembre prochain avec son plus récent film, Soie. D'après le roman à succès d'Alessandro Baricco, le long-métrage met en vedette Michael Pitt (Last Days), Keira Knightley (Pirates of the Caribbean, Pride & Prejudice), Alfred Molina (Spider-Man 2, The Da Vinci Code) et Koji Yakusho (Babel, Memoirs of a Geisha). Le réalisateur québécois, qui nous a notamment présenté les longs-métrages Thirty Two Films About Glenn Gould et Le Violon rouge, verra son film présenté en grande première dans le cadre du Festival international du Film de Toronto en septembre prochain. Distribué au Québec par Alliance Vivafilm, Soie (Silk en version originale anglaise) prendra l'affiche partout au Québec le 21 septembre prochain. La première tapis rouge à Montréal aura lieu le mercredi 12 septembre au cinéma Impérial en présence de François Girard, Michael Pitt, Sei Ashina ainsi que les producteurs Niv Fichman, Domenico Procacci et Sonoko Sakai.

 

En 1861, Hervé Joncour est un jeune Français marié qui vit de la culture des vers à soie. Une épidémie menaçant ses productions, il se rend au Japon afin d'y acheter des oeufs sains. Au cours de son expédition, son regard va croiser celui d'une jeune femme mystérieuse dont il va secrètement s'éprendre.

 

François Girard s'est fait connaître tant comme réalisateur au cinéma que comme metteur en scène à l'opéra et au théâtre. Ses films 32 films brefs sur Glenn Gould, en 1993, et Le Violon rouge, en 1998, ont connu le succès international et ont remporté plusieurs prix dont l'Oscar de la meilleure musique de film pour Le Violon rouge. En 1997, il a fait ses débuts à l'opéra avec la mise en scène de La Symphonie des psaumes, de Stravinsky et au théâtre avec la mise en scène de Novecento, d'Alessandro Baricco. Récemment, Girard a mis en scène, au théâtre, la pièce Le Procès, de Franz Kafka, l'oratorio Lost Objects, de Michael Gordon, David Lang et Julia Wolfe pour la Brooklyn Academy of Music, Siegfried, de Wagner pour la Canadian Opera Company, Le Vol de Lindbergh et Les Sept Péchés Capitaux du tandem Weill/Brecht à l'opéra de Lyon.

 

Soie est une coproduction du Canada, de l'Italie et du Japon, produit par Rhombus Media, Fandango S.R.L et Bee Vine Pictures, en association avec Productions Soie et Vice Versa Films.

 

www.vivafilm.com

 

Commentaires de Michel Handfield (16 septembre 2007/mis en ligne le 19)

 

     D’abord, la musique est très belle. Dès le départ l’atmosphère du film est donnée : il sera poétique. C’est une grande histoire d’amour, deux si je puis dire, car il aime sa femme, mais aussi une japonaise qu’il a vu lors d’un de ses séjours au Japon. Elle le poursuivra dans ses pensées. Il sera donc tiraillé entre 2 grands amours : l’un à ses côtés, l’autre… insaisissable!

 

     On a aussi tout le côté historique du film : les mœurs japonaises de l’époque, car le Japon était non seulement une île, mais fermé à la plupart des étrangers, sauf quelques aventuriers et commerçants qui s’y risquaient. Les échanges économiques ont toujours été importants, même avant la notion de libre échange. Des fortunes se sont d’ailleurs construites sur ces échanges clandestins avant qu’ils ne s’ouvrent officiellement aux autres par des traités. Pour le Japon ce sera vers les années 1860, ce que nous verront aux trois-quarts du film.

 

     À souligner les prises de vues : très belles, parfois sensuelles. J’ai bien aimé.

 

---

 

L’Iliade d’après Homère

 

Texte et mise en scène d’Alexis Martin

AU Théâtre DU NOUVEAU MONDE

Du 11 septembre au 6 octobre 2007

Du mardi au vendredi à 20 h.

Les samedis à 15 h et 20 h

Réservations 514.866.8668 H www.tnm.qc.ca 

 

Commentaires de Michel Handfield (18 septembre 2007)

 

D’abord, je tiens à  souligner le décor : tout un échafaudage, ce qui fait que la pièce se déroule sur des paliers multiples. Ainsi, les dieux sont en haut, les hommes, au bar en bas! On fait aussi un usage bien pensé d’images virtuelles pour illustrer certains propos.

 

Quant à la musique, elle s’insère bien dans le tout, car le chant fait partie de l’œuvre d’Homère.

 

Enfin, la mise en scène, avec l’absence de costumes d’époque, c’est-à-dire que les comédiens sont habillés comme nous le sommes tous les jours, ne peut que faire ressortir la pertinence du texte encore aujourd’hui. S’ils étaient costumés comme à l’époque de l’Iliade, on prendrait cette pièce pour un récit historique, ce qu’elle pourrait être. Mais, habillés comme nous, c’est toute la puissance actuelle du texte qui  ressort. C’est donc une fable qui s’adresse à nous; pas seulement un classique de la dramaturgie théâtrale.

 

***

 

Les Grecs et les Troyens parlent la même langue, ont les mêmes dieux et mangent la même chose. Mais, ils se détestent! Cela donne lieu à une guerre particulière entre deux peuples miroirs. Ce récit a lieu au cours de la neuvième année de cette guerre. Voici donc les raisons de celle-ci selon Wikipédia :

 

«    La guerre de Troie est entreprise suite à l'enlèvement d'Hélène, épouse du roi de Sparte, Ménélas, par le troyen Pâris. En effet, Hélène lui avait été promise par Aphrodite, en remerciement pour le jugement du mont Ida, lui attribuant la pomme d'or. Les rois grecs, descendants de Pélops, se réunissent alors. Liés entre eux par le serment de Tyndare, ils décident de mener la guerre contre Troie avec un contingent très important.

 

Après avoir réuni d'autres héros comme Achille, ils constituent une flotte qui accoste, dans la deuxième année après l'enlèvement d'Hélène, en Mysie, non loin d'Élée. Ils affrontent d'abord Télèphe, roi de Mysie et fils d'Héraclès qui, alarmé par le débarquement d'une armée si imposante, a dépêché contre elle ses propres troupes. Après des combats acharnés, Télèphe apprend l'identité des chefs de l'armée ennemie, et le combat cesse. La flotte grecque repart chez elle après cette première expédition, et se repose pendant huit ans. Dix ans après l'enlèvement d'Hélène, les Grecs lancent une seconde expédition qui accoste, grâce aux conseils de Télèphe, sur le rivage face à Troie. Après des premières batailles avec les Troyens, les Achéens commencent le siège de Troie. » (1)

 

     C’est dans cette dixième année que nous nous situons dans la pièce. Les Grecs ont subit les foudres d’Apollon (la peste) après avoir enlevé Chryséis, fille d'un prêtre d'Apollon. Puis, après l’avoir remise pour calmer Apollon, Agamemnon prend Briséis à Achille, qui décide donc de faire la grève. Comme c’est le meilleur guerrier, les Troyens en profitent. Les grecs sont alors en déroute. Sauf, qu’Hector, fils aîné de Priam, roi de Troie, tue Patrocle, le meilleur compagnon d'Achille. Alors, Achile revient venger son ami en tuant Hector. (2)

 

C’est là que s’arrête la pièce, car elle porte d’abord  sur la colère et les agissements qui en découlent, que ce soit celle des hommes ou des dieux. Cette pièce parle donc de cette guerre partie de la colère des Grecs suite à l’enlèvement d’Hélène et se termine quand Achille surmonte sa colère contre Agamemnon, qui lui a pris Briséis, parce qu’il est davantage fâché contre Hector, qui a tué son ami Patrocle! Elle n’ira pas jusqu’à la fin de l’histoire : le cheval de Troie et la mort d’Achille, blessé au talon par une flèche lancée par Pâris. (3)

 

Mais, si elle porte sur la colère comme moteur de nos agissements, elle n’oublie pas l’influence des croyances et du Pouvoir sur ceux-ci. Les hommes et les dieux logent d’ailleurs à la même enseigne en ces domaines, comme si les dieux nous avaient fait à leur image comme nous les avons faits à la notre! On négocie, on s’allie et on triche pour atteindre nos fins!  

 

Quant à la Justice, on en parle, mais la pratique-t-on? C’est pour cela que l’on parle bien plus souvent d’apparence de justice que de Justice elle même, car s’il faut sauver les apparences on sauve beaucoup moins souvent la Justice! Ni les innocents d’ailleurs. Qu’à-t-on à faire des innocents? Comme les hommes, les dieux affichent leur force en s’en prenant à eux. S’il faut détruire des colonies d’hommes pour la montrer, ils le feront! Ici, les grands esprits se rencontrent et plusieurs siècles après Homère, Jean-Pierre Lefebvre nous expliquait cela par la bouche d’Abel (Marcel Sabourin), dans un film marquant de la cinématographie québécoise :

 

« Tu vois Dieu, s’il existe, il doit être comme un homme qui écrase les insectes. Tu marches comme ça, dans la rue, ou dans l’herbe, et puis tu assassines des êtres vivants sans même t’en rendre compte. Parce que tu es grand. Parce que tu es plus grand et plus puissant qu’eux. C’est de la tragédie. Ça t’est déjà arrivé de mettre par mégarde le pied dans un nid de fourmis? Tu es tellement fasciné par les fourmis que tu deviens méchant sans le vouloir, tu t’amuses à mettre des embûches sur leur passage, tu déterres leurs œufs. Je me dis que Dieu c’est peut être un peu la même chose, que de temps en temps, par hasard, il lui arrive de mettre le pied dans un nid d’hommes et qu’il joue avec nous pour uniquement savoir comment nous allons réagir… pour savoir si au moins on va réagir… Moi j’essaie de respecter les insectes, parce que j’aimerais bien que Dieu apprenne à respecter les hommes. » (4)

 

***

 

Cette pièce joue donc sur les caractères. De grandes leçons peuvent en être tirées.

 

Premièrement, les intérêts personnels ne sont pas toujours avisés pour la gouverne du peuple, ni pour la justice.

 

Deuxièmement, les dieux ont aussi leurs intérêts et on ne peut pas les écouter en toute impunité. Ainsi, malgré qu’Apollon parle en songe à Agamemnon, chef de cette mission, et qu’il semble répondre à ses demandes, les choses ne tournant pas comme il le voudrait. C’est même l’inverse qui se produit, comme s’il se jouait de lui et s’amusait de leurs combats; comme s’il avait d’autres desseins!  

 

Troisièmement, quand des alliés s’opposent, ils s’affaiblissent! Cette division entre Agamemnon et Achille fait d’ailleurs l’affaire des troyens qui en profitent.

 

Quatrièmement, « on ne va pas à la guerre pour revenir en vain, mais pour conquérir » nous dit un des personnages de la pièce, mais je ne sais plus lequel. Que c’est bien dit, surtout en ce temps où on veut faire passer certaines guerres pour des guerres humanitaires alors qu’il s’agit bien plus de contrôler une région et des richesses  pétrolières par exemple, car il y a certainement de meilleures façons d’implanter une démocratie que par la guerre, ne serait-ce qu’en soutenant des groupes réformistes déjà sur place et de l’éducation, de l’éducation et encore de l’éducation! C’est dire qu’une guerre peut être faite pour de mauvaises raisons ou sur des principes fallacieux. Si le premier magistrat devrait en accepter le blâme, c’est rarement le cas. Quant au peuple, il souffrira de l’avoir suivi sur de faux-prétextes, surtout s’il a décidé de fermer les yeux sur une tricherie qu’il connaissait. Alors, « s’il n’est pas difficile de mourir quand c’est pour la patrie », ce l’est davantage quand c’est pour de faux motifs! S’il y a quelques guerres justes, pour défendre le Monde ou un peuple de l’égide d’un tyran, il y a beaucoup plus de guerres honteuses. Et même les guerres justes peuvent déraper et devenir honteuses, si on ne peut contrôler la boîte de Pandore, autre mythe Grec, que l’on ouvre, créant ainsi plus de désordre et de pleurs que ce que l’on voulait éliminer. L’enfer n’est-il pas pavé de bonnes intentions?

 

Mais, avec la force, le Pouvoir impose ses vues et se justifie, d’où la colère des Hommes après coup contre ceux-là  même qu’ils ont suivi! « Homère nous assène [là] une vérité dérangeante dans une société qui se dit policée comme la nôtre. C’est souvent la force qui fait le droit. Rarement l’inverse. » (5)

 

Le propos est donc très contemporain, car il va au cœur de l’Homme, réel et mythologique; au cœur de la politique et de la religion, qui peuvent être facteurs de divisions et de troubles au nom de la justice. Mais, qui dit que les dieux sont justes, sauf notre croyance en eux et en notre cause? Et ces dieux, sont-ils bien réels ou ne sont-ils que  le fruit de notre imagination et de nos désirs? Des êtres que notre inconscient crée pour que nous nous sentions moins seuls dans nos choix, bons ou mauvais!

 

 On assiste donc à une fable sur ces guerres que la diplomatie et la bonne volonté des Hommes auraient pu éviter n’eut été de l’ambition et de l’orgueil de quelques-uns; de leur croyances aux dieux aussi, qui leurs disent qu’ils sont de leur bord et que leur cause est noble et juste; et à la colère qui nous porte, mais qui n’est pas toujours bonne conseillère! Bref, c’est une pièce qui va au plus profond de l’Homme et que je vous recommande. Une pièce où j’ai arrêté de prendre des notes, car presque chaque ligne est signifiante. À la place j’ai trouvé le texte d’Homère dans la bibliothèque Gutemberg : http://www.gutenberg.org/etext/14285.

 

Une pièce à voir même si elle n’est pas jouée de façon conventionnelle. Et c’est tant mieux, car on ne reçoit pas un récit, mais toute la force du texte d’Homère ici. Et, croyez moi, ce n’était pas Omer Simpson que cet Homère là!

 

Notes :

 

1. http://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_de_Troie

 

2. Avec l’aide de Wikipédia, Ibid., pour bien résumer les choses, car je n’aurais pu me rappeler tous ces noms par exemple.

 

3. Wikipédia, Op. Cit,

 

4. « Il ne faut pas mourir pour ça », film de Jean-Pierre Lefebvre (1966). Ce passage est dit par Abel (Marcel Sabourin) dans le film.

 

5. Mot d’Alexis Martin dans le programme, p. 4 de la version PDF 

 

***

 

CAP SUR L’HOMÈRE PATRIE

 

La saison 2007–2008 du TNM s’ouvre sur une épopée fondatrice : L’Iliade, premier chef-d’oeuvre de la littérature grecque, ferment de notre culture et de notre pensée. À la fois auteur et metteur en scène, Alexis Martin revient à Homère pour mieux comprendre notre présent, désireux de bâtir des ponts entre l’hier et l’aujourd’hui. Déjà, au début du troisième millénaire, il s’unissait à Dominic Champagne pour adapter L’Odyssée, qui connut un succès incomparable dans l’histoire du TNM. Sept ans plus tard, le voilà donc qui repart sur les traces d’Homère, qui fraternise à nouveau avec le poète mythique et qui relit pour nous les chants de L’Iliade. Il nous les raconte et nous en dévoile la puissante modernité. Il nous invite à devenir témoins de ce récit qui nous concerne tous, de cette histoire qui jette une lumière éclairante sur les conflits de notre temps.

 

TOUTE UNE HISTOIRE QUE L’ILIADE!

 

Celle de la belle Hélène, enlevée par Pâris et emmenée à Troie, et que son époux Ménélas vient chercher avec l’armée des Grecs menée par Agamemnon. Celle des Grecs, débarquant d’un millier de bateaux pour affronter les Troyens, à la tête desquels se trouve Hector, fils de Priam et d’Hécube. Celle d’Achille, le plus valeureux de tous les guerriers, invulnérable aux coups, sauf au talon.

 

Fils spirituel de Jean-Pierre Ronfard, Alexis Martin est un ironiste patenté. Avec l’humour singulier qui est le sien, il redonne vie aux premiers héros de la littérature occidentale, bien conscient que les deux grands poèmes d’Homère sont certes liés, mais que leurs styles diffèrent totalement. Appuyé dans sa relecture par le philosophe et helléniste Georges Leroux, il nous offre une pièce qui est à la fois le récit lui-même et le commentaire du récit, une pièce qui nous transporte dans un Péloponnèse contemporain. Il transforme les dieux et demi-dieux en êtres de chair et de sang, infiniment près de nous, en hommes qui portent des camisoles et des bretelles, font de la lutte grécoromaine, boivent de l’ouzo au bord de la mer et, entraînés par une narratrice, se racontent cette histoire et l’incarnent tout à la fois, la font revivre, la rendent éternelle et actuelle.

 

UN ARTISTE DONT LA DEVISE EST « JE ME SOUVIENS »

 

Alexis Martin continue ici à affirmer la nécessité de revenir vers ce qui nous a été légué et de se colleter au passé. Au cours des dernières années, il n’a d’ailleurs pas cessé d’ouvrir les placards de l’Histoire, que ce soit dans Hitler, dans TRANSIT – section no 20, ou dans La Marche de Râma, qui s’inspirait de ce poème épique sanscrit qu’est le Râmâyana. Ce n’est donc pas d’hier qu’il entre en dialogue avec ses pères, afin de livrer sa propre version de Périclès, de L’Odyssée et aujourd’hui de L’Iliade. Et il le fait une fois encore dans un esprit libre et désinvolte, en s’adjoignant une bande de joyeux lurons : son complice Gary Boudreault du Groupement forestier du théâtre, cette grande comédienne qu’est Marthe Turgeon, qui créa le rôle de Catherine Ragone dans Le Roi boiteux de Ronfard, un jeune acteur singulier comme Patrick Drolet, qui nous a chaviré le coeur dans le film La Neuvaine, une bien-aimée partenaire de scène comme Marie Michaud (qui jouait avec lui dans Maîtres anciens de la compagnie de création UBU) et d’autres complices de toutes générations. L’Iliade est aussi l’occasion pour Alexis Martin de renouer avec des concepteurs avec lesquels il a développé un langage au fil des ans.

 

UN ACTEUR PHYSIQUE ET DÉLINQUANT

 

Au cœur de cette œuvre se dresse le brave et puissant Achille. Qui mieux que François Papineau pouvait incarner cet homme tourmenté et imprévisible, promis à une vie brève comme bien des héros mythiques? Si cet acteur viril et fragile a marqué les mémoires des spectateurs du TNM avec son incarnation puissante et physique d’Ulysse dans L’Odyssée, il a imprégné de sa force tranquille de très nombreuses productions : de Caligula à Cabaret, des créations de Serge Boucher (Motel Hélène, ) aux oeuvres délinquantes de la compagnie Momentum, dont il est membre. François Papineau et Alexis Martin ne restent jamais longtemps sans monter dans le même bateau théâtral ! Les voilà donc réunis à nouveau, désireux de nous faire redécouvrir les tourments et les fureurs, le courage et la noblesse de ces êtres plus grands que nature. Le TNM vous invite donc à un retour aux sources, vers une oeuvre qui nous redit à quel point les mythes ont depuis toujours aidé les hommes à mieux comprendre leur réalité présente.

 

Avec Vincent Bilodeau / Gar y Boudreault / Stéphane Brulote / Stéphane Demers / Patrick Drolet / Alexandre Fortin /

Tania Kontoyani / Jacinthe Laguë / Jean Maheux / Marie Michaud / François Papineau / Marthe Turgeon /

 

Conseiller dramaturgique Georges Leroux / Assistance à la mise en scène et régie Claude Lemelin / Décor David Gaucher / Costumes Jud y Jonker / Éclairages Martin Labrecque / Musique Denis Gougeon / Mouvement Francine Alepin / Conception vidéo Yves Labelle / Accessoires Vincent Deronde / Maquillages Claudie Vandenbroucque / Perruques Rachel Tremblay

 

---

 

LE CINÉMA PARALLÈLE

40 ans de découvertes, d’audace et d’indépendance

(8 jours de cinéma gratuit  – du 18 au 25 octobre 2007)

Le Ring, d’Anaïs Barbeau-Lavalette, en film d’ouverture

 

     J’ai assisté à cette présentation, mais comme il y en davantage dans le communiqué que ce que j’aurais pu noter… rien de mieux que d’y aller avec le communiqué! L’important, c’est que ce soit fait en toute transparence.

 

Michel Handfield

 

***

 

Communiqué de presse

 

Montréal, lundi le 17 septembre 2007

 

C’est le cœur en fête que le Cinéma Parallèle, lieu phare de la diffusion de films et vidéos indépendants à Montréal, célèbrera ses 40 ans d’existence avec 8 jours de programmation spéciale et gratuite, de festivités et de surprises, du 18 au 25 octobre prochains. Cette commémoration de quatre décennies de découvertes sera soulignée par la projection d’œuvres québécoises et internationales qui ont laissé une empreinte inoubliable dans l’esprit des cinéphiles. Le Cinéma Parallèle vous en mettra plein la vue! Les festivités débuteront par le dévoilement de sa toute nouvelle signature visuelle ainsi que par le lancement d’un concours destiné au grand public. Également, un livret-souvenir incluant la grille-horaire de la programmation, des photos et des anecdotes savoureuses sur la place qu’occupe la salle dans l’imaginaire des cinéphiles sera disponible pour le public. De plus, pour donner le coup d’envoi des célébrations du 40e anniversaire, le jeudi 18 octobre le Cinéma Parallèle s’associe à Christal Films, à l’INIS et au 36e Festival du Nouveau Cinéma pour présenter, en première nord-américaine, le premier long métrage d’Anaïs Barbeau-Lavalette, LE RING.

 

PROGRAMME DES FESTIVITÉS

 

Du 18 au 25 octobre, les cinéphiles sont conviés à célébrer le nouveau quadragénaire. Les quatre premiers jours de l’événement coïncident avec le dernier week-end de la 36e édition du Festival du nouveau cinéma et le public pourra assister gratuitement à la séance anniversaire quotidienne des 40 ans dans le cadre des projections du Festival. Les quatre jours suivants, du 22 au 25 octobre, la fête se poursuit avec d’autres présentations gratuites de courts et longs métrages marquants de l’histoire du Cinéma Parallèle. Toutes ces projections sont gratuites (premier arrivé, premier servi) et auront lieu au Cinéma Parallèle qui vous invite à revoir avec lui vos plus beaux coups de cœur de cinéphile. Les Wim Wenders, Philippe Falardeau, Atom Egoyan, Catherine Martin, André Turpin, Martine Chartrand, Jim Jarmush, André-Line Beauparlant, Jean Genet, Alexandre Sokourov, Wong Kar-wai, Robert Morin, Peter Wintonick, Chris Marker et de nombreux autres reviendront tous vous faire leur cinéma!

 

À l’occasion de son anniversaire, le Cinéma Parallèle a demandé à Luc Bourdon de créer sa  première signature visuelle. L’œuvre créée par le cinéaste se présente sous la forme d’une mosaïque d’images et de sons, où l’on retrouve de courts extraits qui évoquent la richesse et la diversité des œuvres présentées au cours des 40 dernières années. Le dévoilement de la signature visuelle servira de prétexte au lancement d’un grand concours à l’intention du public; concours qui consistera à identifier 12 titres parmi les vignettes de films qu’on y retrouve. Plusieurs prix seront offerts (une nuit à l’hôtel Opus, des certificats-cadeaux de marchands du boul. Saint-Laurent, etc.) et les gagnants seront dévoilés le soir de l’ouverture des célébrations, le 18 octobre. La signature visuelle sera dorénavant présentée devant chacune des projections publiques.

 

Pour présenter la programmation publique gratuite du 40e anniversaire, le Cinéma Parallèle diffusera un livret-souvenir incluant la grille-horaire de la programmation, le tout agrémenté de photographies évocatrices et d’anecdotes savoureuses retraçant le parcours de ce lieu de diffusion unique au Canada. Le public pourra ainsi conserver un souvenir tangible de l’événement. Rester à l’affût, d’autres surprises seront annoncées.

 

La soirée d’ouverture des célébrations, le 18 octobre, culminera avec la projection en première nord-américaine du long métrage de la jeune cinéaste québécoise Anaïs Barbeau-Lavalette, LE RING. Scénarisé par Renée Beaulieu et produit par Ian Quenneville et Thomas Ramoisy, LE RING nous entraîne au cœur du quartier Hochelaga-Maisonneuve, sur les traces de Jessy, un gamin de 12 ans rempli de rêves et d’espoirs mais aux prises avec la misère sociale et l’abandon. Interprété magistralement par Maxime Desjardins-Tremblay dans le rôle de Jessy, le film met aussi en vedette les jeunes comédiens Maxime Dumontier, Julianne Côté et Jason Roy Léveillée ainsi que les vétérans Jean-François Casabonne, Stéphane Demers, Suzanne Lemoine et René-Daniel Dubois. LE RING est une production de l’INIS, l’Institut national de l’image et du son, dont la scénariste, la réalisatrice et les producteurs sont des diplômés. Christal Films en assure la distribution. LE RING sera également présenté dans le cadre de la 36e édition du Festival du Nouveau Cinéma et prendra l’affiche au Québec (et au Cinéma Parallèle) dès le 26 octobre.

 

HISTORIQUE

 

C’est sous le nom de Centre du film underground que Dimitri Eipides et Dimitri Spentzos établissent à Montréal en 1967 une salle dédiée au cinéma indépendant. Claude Chamberlan, alors chanteur rock, se joint aux deux Dimitri comme projectionniste et animateur. En 1970, il fonde le Cinéma Parallèle qui poursuit les mêmes objectifs que le Centre.  « Tout a commencé dans un loft, coin Bordeaux et Ontario, près du repaire des Rock Machine, j’avais 17 ans. L’idée de réunir cinéma et événements était déjà là. J’ai ajouté la folie…». Ce n’est qu’en 1978 que l’organisme s’établit définitivement sur le boulevard Saint-Laurent, qu’il ne quittera plus et auquel il demeure étroitement identifié.

 

Depuis ses débuts, le Cinéma Parallèle ne se contente pas de présenter des films, il crée l’événement. À son actif : organisations de tournées européennes de films indépendants québécois et canadiens (1968 à 1974), création de deux maisons de distribution (Coopérative des cinéastes indépendants en 1968 et FilmFilm en 1982) et du Festival International du Cinéma en 16mm (1971); première mouture de l’actuel Festival du nouveau cinéma. Il poursuit avec La Nuit du Cinéma Underground à l’UQAM (1975), le Café Méliès (1978, un lieu où le cinéma côtoie musique, peinture, poésie…), Check Hit Out Productions en 1992 (Annie Sprinkle, Boris Vian, Spike Lee, Cassavetes, Warhol, Al Pacino), puis invente les premières projections urbaines en plein air et innove avec un célèbre marathon de 250 heures de projection continue (1992); un exploit qui figure dans le livre des records Guinness. Le tout sans oublier, bien sûr, la création de Magnifico * Les Quatre et une nuits du cinéma en 1998 (qui initie les premières projections sous l’eau - Dive In). Le Cinéma Parallèle a participé à la création et au rayonnement de nombreux événements culturels qui aujourd’hui encore nourrissent la vie culturelle montréalaise.

 

Pendant plus de 20 ans, la salle située au 3682 du boulevard Saint-Laurent fit découvrir aux cinéphiles de tout horizon des œuvres inédites de cinéastes du monde entier. Au printemps 1999, le Cinéma Parallèle déménage au Complexe Ex-Centris dans une nouvelle salle de 93 places dont il gère la programmation audacieuse et originale de façon totalement indépendante, offrant la seule véritable alternative au secteur d’exploitation commerciale.

 

Une des clés du succès et de la longévité du Cinéma Parallèle réside en sa direction artistique. Le Cinéma Parallèle peut toujours compter dans son équipe sur la présence de Claude Chamberlan et sur celle de Caroline Masse, directrice générale depuis 1999. Tous deux ont su défendre avec conviction et parfois opiniâtreté leurs passions pour le cinéma indépendant. Fort de son vécu de quarante ans, le Cinéma Parallèle continue de s’adapter à l’air du temps, toujours à l’écoute des nouvelles voix. Il défend toujours avec passion et indépendance le cinéma et la vidéo d’auteur d’ici et d’ailleurs.

 

Le Cinéma Parallèle remercie ses partenaires habituels qui lui ont permis, par leur soutien annuel, d’être toujours présent sur la scène pour défendre un cinéma exigeant et audacieux : la Société de développement des entreprises culturelles du Québec (SODEC), Téléfilm Canada, Conseil des Arts du Canada, Conseil des Arts de Montréal et Terra Incognita. Plus particulièrement, pour avoir rendu possible la tenue de ces festivités, nous remercions : Alliance Vivafilms, Christal Films, Design Postimage, Équinoxe Films, Festival du Nouveau Cinéma, Film Option International, Fun Film, K-Films, Métropole Films, ONF/NFB, Remstar, Films Séville, Société de Développement du boulevard Saint-Laurent, TVA Films, la Ville de Montréal et Vision Globale.

 

---

 

STILL LIFE dès le 14 septembre

Au Cinéma Parallèle (Ex-Centris) et au cinéma AMC Forum!

 

Le film prendra l’affiche en version originale mandarine avec sous-titres anglais au cinéma AMC Forum et avec sous-titres français au Cinéma Parallèle (Ex-Centris)

 

Still Life (Sanxia haoren) de Jia Zhang-Ke, lauréat du Lion d'or au festival de Venise 2006, prend pour cadre le barrage chinois des Trois Gorges, dont la construction a causé le déplacement de près d’un million d’habitants et submergé des villes telles que l’historique Fengjie.  Le film raconte l’histoire de deux personnes parties à la recherche de leur conjoint.  Il rappelle aussi ce à quoi ressemblait l’ancienne ville de Fengjie, avant qu’elle ne disparaisse complètement lors de la dernière inondation provoquée par le barrage le 1er mai 2006.

 

L’histoire commence dans les mois précédant l’inondation finale.  Une partie de Fengjie, une ville qui compte deux mille ans d’histoire, a déjà été engloutie et ce qu’il en reste disparaîtra bientôt sous les eaux.  Les lieux fourmillent d’entrepreneurs, d’arnaqueurs, d’ouvriers, de gens évacués et de personnes comme Han (Han Sanming) et Shen (Zhao Tao).

 

Sans se connaître, Han et Shen arrivent tous les deux de la province du Shanxi. Han s’efforce de trouver sa femme et sa fille qu’il n’a pas vues depuis 16 ans, mais ne trouvera que leur maison submergée.  Comme l’anarchie règne dans les registres de la ville, il doit partir seul sur les traces de sa famille.  Shen, elle, cherche son mari qui n’est pas revenu à la maison depuis deux ans.  Un ami commun tente de l’aider, mais il hésite à lui dire si son mari a maintenant une petite amie.

 

Le film a été tourné sur le site de l’ancienne ville de Fengjie par Yu Likwai, le directeur photo habituel de Jia Zhang-Ke.  Au milieu des décombres, de petits détails se détachent comme dans une peinture de nature morte : un bateau qui avance doucement sur le fleuve Yangtsé, Shen savourant une tasse de thé, Han s’accrochant à un papier d’emballage d’une marque de cigarette qui n’existe plus et sur lequel a été inscrite, il y a longtemps, la dernière adresse connue de sa femme.

 

Le film est écrit et réalisé par le Chinois Jia Zhang-Ke. Les deux acteurs principaux, Han Sanming et Zhao Tao, ont aussi joué dans les trois derniers films de Jia, soit The World, Unknown Pleasures (Plaisirs inconnus) et Platform.

 

Still Life est distribué au Québec par Métropole Films Distribution et dans le reste du Canada par Mongrel Media

 

Commentaires de Michel Handfield (14 septembre 2007)

 

Han (Han Sanming) cherche ses racines quand il veut retrouver sa fille et sa femme qu’il n’a pas vu depuis 16 ans. De son côté, Shen (Zhao Tao) cherche son mari qu’elle n’a pas vu depuis 2 ans pour pouvoir divorcer officiellement, car elle veut couper avec son passé pour refaire sa vie. Enfin, la Chine engloutit son passé pour se faire un avenir dans la mondialisation. Cherchera-t-elle son passé plus tard? Car, si on engloutit ici des vestiges historiques, certains vieux de 2000 ans, a-t-on pensé en sauver quelques uns en les déplaçant? Si c’est le cas, le film ne nous le montre pas.

 

Il y a donc un parallèle entre la Chine, Han et Shen dans ce triangle particulier, où leur vie se mêle à un pan de l’histoire de la Chine et son entrée dans le modernisme : le barrage des Trois Gorges! Cela donne une histoire qui a surtout valeur de documentaire pour nous, car on voit ce qui se passe dans cette région, où des villes entières sont démolies et englouties. Une Atlantide des temps modernes!

 

On en apprend aussi sur les mœurs chinoises. Comme ici, la région des trois Gorges et la ville de Fengjie, il y avait plus de femmes que d’hommes, on pouvait vendre des filles à marier! Une Chine ancienne, traditionnelle, mais aussi où la majorité a des téléphones portables! Par contre, on bâtit cette modernité sans les normes en santé sécurité au travail ou en environnement que l’on connaît en occident. On le voit! La facture suivra un jour alors que la Chine, dont le marché attire tant les entreprises, pourrait en profiter pour ne pas faire les erreurs qu’a faites l’occident avant elle. Je trouve cela un peu dommage.

 

Bref, pour nous, cette fiction est plutôt une docu-fiction, car elle nous fait connaître la Chine de l’intérieur et fait œuvre de documentaire. 

 

---

 

Octobre 70

 

Télé-Québec

http://www.telequebec.tv/

Du 12 septembre au 31 octobre 2007

Mercredi 21 h

Rediffusions :

Dimanche 15 h, lundi 23 h 30

Durée : 60 minutes

 

Des kidnappings terroristes; l’assassinat d’un ministre; des soldats plein les rues. Nous ne sommes ni à Bagdad ni à Beyrouth, mais bien à Montréal, en octobre 1970. La crise d’Octobre a profondément marqué le Québec. Quelque 30 ans plus tard, une équipe canadienne revient sur cette crise et la présente sous forme d’une minisérie en huit épisodes. Elle est d’abord diffusée à la CBC en 2006; puis Télé-Québec en propose la version française en primeur.

 

Si Octobre 70 n’est pas un documentaire à proprement parler, la vérité historique des événements est rigoureusement respectée. Les auteurs — Wayne Grigsby (ENG, Trudeau) et Peter Mitchell (Cold Squad) — se sont essentiellement référés au rapport de la Commission Duchaîne, lequel a reconstitué le déroulement des événements, tant à la police que chez les gouvernants et les felquistes. Quelques scènes fictives comblent les plages d’information manquante.

 

Pour incarner ces acteurs de notre histoire, on a fait appel à une distribution éclatante de comédiens. Ainsi, Denis Bernard prête ses traits au ministre Pierre Laporte; Patrick Labbé est le lieutenant-détective Julien Giguère; Karine Vanasse joue Christine, une militante felquiste qui devient délatrice; Hugo St-Cyr est Paul Rose; Olivier Morin, son frère Jacques, et Normand Daneau incarne Marc Carbonneau. Les comédiens parlaient anglais dans la série d’origine. Ils se doublent maintenant pour la version française.

 

Octobre 70 s’amorce sur l’enlèvement du diplomate britannique James Richard Cross, le 5 octobre 1970. Elle prend fin sur la capture des membres de la cellule Chénier, le 27 décembre suivant. Entre-temps, la Loi sur les mesures de guerre, 450 arrestations, la suspension des libertés individuelles, autant d’événements dramatiques qui ont transformé notre société. Racontée 37 ans plus tard, cette histoire prend parfois des allures de thriller policier. Un étonnant paradoxe qui se vérifie tout au long de ces huit épisodes diffusés à l’automne.

 

Commentaires de Michel Handfield (12 septembre 2007)

 

Dès les premières images, on est pris. La trame dramatique fait son effet. On est bien dans les années 70, c’est-à-dire que le climat est bien reconstitué de mon point de vue. Même si j’avais 12 ans à l’époque, je m’intéressais déjà à l’actualité. Les débats du temps y sont, notamment les manifestations contre Drapeau qui en menait large. C’est d’ailleurs une des causes des problèmes actuels de Montréal, car lorsqu’il a quitté le Pouvoir, le gouvernement du Québec s’est organisé pour faire glisser le tapis sous les pieds de Montréal, qui est devenue une région administrative comme les autres. Malgré les beaux discours sur l’importance de Montréal, on l’a tassé dans le coin. Le PQ nous a même dit que nous sommes une création de la province lorsqu’il a décidé des fusions municipales, faisant fi de notre histoire! (1)

 

D’écouter les deux premiers épisodes de la série fait remonter des souvenirs. Les communiqués à CKAC; l’entrainement des gens du FLQ avec l’OLP; la chasse de ce qui est marginal et de gauche. Le ton des années 70 aussi, un peu condescendant de la part des pouvoirs en place. Les chicanes de juridiction entre Montréal, Québec et Ottawa, ce qui n’a pas vraiment changé. Viendront les mesures de guerres plus tard.

 

C’était au temps de la première opposition à Montréal, qui avait jusque là été dirigé comme un royaume par Jean Drapeau; celle du Front d'Action Politique, le FRAP (2), qui a précédé le RCM. Drapeau les avait en horreur, les associant à la  même mouvance contestataire révolutionnaire que le FLQ. C’était un temps d’effervescence politique, où les jeunes contestaient le conservatisme de leurs aînés et militaient à gauche. On disait que les syndicats et les groupes communautaires étaient noyautés par des marxistes! Leurs ainés étaient plus conservateurs.

 

Cette génération cherchait un monde plus juste et plus équitable un peu comme les jeunes d’aujourd’hui finalement. Par exemple, Jacques Lanctôt (interprété par Mathieu Grondin) dit à James Cross (R.H. Thomson), qui venait de lui dire que « vous avez le droite de vote, vous êtes en démocratie » :

 

« Démocratie? 23% du monde ont voté pour le Parti Québécois à la dernière élection, puis qu’est-ce que ça nous a donnée? 7 sièges. N’attendez pas d’être un vieillard pour voir la justice. »

 

Sauf qu’une fois que le PQ a pris le pouvoir, 6 ans après cette crise, il n’a pas changé le système, car il le servait maintenant, le vote anglophones se concentrant dans un nombre restreint de comtés. Plus ça change, plus c’est pareil, car 37 ans après octobre 70 et 4 mandats péquistes on n’a pas encore la proportionnelle!

 

Bref, les deux premiers épisodes sont signifiants, d’abord concernant cette crise, mais aussi d’où vient le Québec d’aujourd’hui : des années 70 qui ont vu la montée des femmes, des préoccupations sociales et de gauche. Un Québec syndiqué et militant. On nous parle toujours de la révolution tranquille comme un geste fondateur du Québec moderne, mais c’est oublier la révolution sociale des années 70. Cette révolution de gauche a aussi eu son importance, mais on ne veut pas toujours le rappeler, le Québec jouant maintenant davantage sur des valeurs de droite et individualistes. Le virage à droite du PQ, l’arrivé d’un chef conservateur au PLQ et, plus près de nous, la montée de l’ADQ ne sont pas des événements purement fortuits! 

 

Il est aussi vrai que cette génération de gauchiste est devenue beaucoup plus conservatrice au Pouvoir, car on cherche tous à protéger les privilèges que l’on a gagnés. Même les syndicats sont devenus des banquiers avec le Fonds de solidarité de la FTQ ou le Fondaction de la CSN par exemple. C’est aussi cette génération qui nous a parlé de privatisation et qui a suivi des leaders comme Reagan et Tatcher dans le néolibéralisme; qui a congédié des fonctionnaires et subventionné le privé pour « équilibrer » les finances publiques! Ce n’est peut être pas pour rien qu’on en a davantage  pour la révolution tranquille aujourd’hui, qui était une prise en main économique des francophones, et qu’on semble oublier cette période de révolution plus socialisante qu’ont été les années 70 au Québec! Que ces années aient été beaucoup plus rock’n roll et militantes n’est pourtant pas une raison de vouloir les cacher, à moins que les leaders d’aujourd’hui, attaché à un discours économique plus à droite, ne veulent faire oublier d’où ils viennent! Une telle série nous le rappelle et c’est tant mieux.

 

Cela nous fait réaliser à quel point nous semblons vouloir revenir à un Québec d’avant; un Québec plus conservateur avec des leaders qui gèreront la province en bon père (Dumont) ou en bonne mère (Marois) de famille  comme au temps de Maurice Duplessis! Des leaders à l’écoute du vrai monde, comme si les intellectuels n’étaient pas du vrai monde. Un peu comme Drapeau le pensait à une autre époque justement.  

 

Quant on parle de privatisation ou de PPP; quand on dit que le privé gère mieux que le public, tout en oubliant les grands scandales du privé et le fait qu’il est souvent fortement dopé aux fonds publics (subventions en tous genres), c’est comme s’il fallait jeter le bébé des années 70 avec l’eau du bain parce que quelques-uns ont abusé du système par la suite. Mais, c’est oublier que ces luttes qu’ont menées des groupes de gauche, communautaires et, parfois, révolutionnaires, n’ont pourtant pas eu que des suites négatives. Elles ont aussi eu leur lot de réformes positives. Pourtant, le conservatisme a commis bien des abus lui aussi, sauf que la majorité des  électeurs  sont trop jeunes pour s’en rappeler (3), ce qui le rend plus désirable, plus pur et plus sexy aux yeux de l’électeur. En apparence du moins, car tout est maintenant question d’image bien  davantage que de contenu. Et comme on n’enseigne plus l’histoire avec autant de rigueur, cela donne ce que ça donne, d’où l’intérêt de cette série.

 

Il faudrait d’autres séries historiques de ce genre, celles-ci devenant un moyen de combler les manques de l’éducation moderne. Je n’ai certainement pas besoin d’en dire plus pour que vous compreniez que je la recommande fortement.

   

Notes :

 

1. On voit maintenant les résultats de ce « Montreal bashing » qui dure depuis la fin du règne de Drapeau, les autres partis ayant des liens avec les partis politiques provinciaux. Aucun n’a eu son pouvoir, ni le courage de s’opposer à Québec comme il le faisait. Je le dis même si j’étais loin d’être « drapeauiste »!

 

Montréal n’a plus les moyens de son développement, ni même de son entretien et ce n’est pas un hasard. On lui a fait prendre son trou, faute d’un maire qui aurait su s’opposer à Québec. Moi, j’aurais profité des chicanes entre Québec et Ottawa, polarisées par  la question de la partition possible des villes en cas d’un référendum gagnant, pour réclamer plus de pouvoirs pour Montréal, avec la menace de demander de devenir une nouvelle province canadienne comme épée de Damoclès! Le Fédéral aurait été mal avisé de dire que c’était impossible, alors qu’il disait que la partition des villes l’était, et Québec savait que s’il perdait Montréal il perdait une partie de son économie. C’était une occasion pour Montréal et les grandes villes de s’entendre pour négocier leur entrée et un certain partage des pouvoirs en leur faveur dans la constitution. Aucun maire moderne de Montréal n’a eu ce courage.     

 

2. www.archives.uqam.ca/pages/archives_privees/genere_rdaq.asp?varcote=37P#

 

3. Ça fait 48 ans que Duplessis est décédé (1959)!

 

 

###