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Societas Criticus et DI, Revues Internet en ligne

 

Societas Criticus

Revue de critique sociale et politique

On n'est pas vache…on est critique!

&

D.I. revue d’actualité et de culture

Où la culture nous émeut!

    

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

www.societascriticus.com 

 

Vol.  9 no. 8

(1er nov. /20 déc. 2007. Ce numéro comprend les 10e RIDM)

Cette revue est éditée à compte d'auteurs.

 

Pour nous rejoindre:

societascriticus@yahoo.ca

 

Societas Criticus

C.P. 182, Succ. St-Michel

Montréal (Québec) Canada H2A 3L9

 

Les co-éditeurs:

Michel Handfield, M.Sc. Sociologie et Délinquant Intellectuel pour penser autrement!

Gaétan Chênevert, M.Sc. Adm. et Diogénien

 

Soumission de texte:

Les envoyer à societascriticus@yahoo.ca. Si votre texte est en fichier attaché, si possible le sauvegarder en format "rtf" (rich text format) sans notes automatiques.

 

 

Index de ce numéro :

 

La section Societas Criticus, revue de critique sociale et politique

 

Édito 

 

Que nous enseigne l’affaire Schreiber!

 

La démocratie et la justice en cadeau (L’édito des fêtes 2007-8)

 

Le Journal/Fil de presse

 

Libres de le porter, libres de l'enlever / Mohamed Lotfi, Journaliste et réalisateur radio, Montréal. Suivi de Monsieur le Premier Ministre, je vous écris une lettre...

 

Les cultures des Premières Nations sont indispensables à Montréal

 

La section D.I., Delinkan Intellectuel,  revue d’actualité et de culture

 

Nouveaux livres reçus

 

Nadeau, Jean-François, 2007, Bourgault, Québec : Lux

 

Spectacles/Arts/Musiques

 

Cannes! 60 ans à se faire la bise

 

Sortie de Disques!

 

Au sujet de l’album CHANSONS D’ESPOIR…

 

« LES TRÉSORS CACHÉS » Concertos et ouvertures inédits de Georg Philipp Telemann

 

Cinéma et Théâtre (Ciné, Théâtre et quelques annonces d’événements) 

 

THE ORPHANAGE/Orphelinat

TOUS À L’OUEST : UNE AVENTURE DE LUCKY LUKE

Le dernier continent

L'avocat de la terreur

A Máquina (La Machine)

Un coin du ciel  (Un documentaire sur le quartier de Parc-Extension)

A la croisée des mondes: La boussole d’or

RHINOCÉROS (Théâtre)

Stephen King's The Mist / Brume de Stephen King

LOVE IN THE TIME OF CHOLERA / L’amour au temps du choléra

Dialogue avec mon jardinier

Le problème avec moi précédé de Le déclic du destin, de Larry Tremblay (Théâtre)

Lars and The Real Girl

OTHELLO (Théâtre)

Michou d’Auber

 

Societas Criticus au 10es RIDM

 

Présentation

JUNIOR

Onomatopoetikum

At the Dacha

Still lives

Amarok

À bientôt j’espère et Avec le sang des autres

The War on Democracy

La campagne de Russie

Le Système Poutine

Au pays des colons

Le Déshonneur des Casques bleus

 

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Index

 

Nos éditos!

 

Que nous enseigne l’affaire Schreiber!

Michel Handfield

 

12 décembre 2007

 

Schreiber, un milliardaire qui donne de l’argent pour s’enrichir davantage? Non, un lobbyiste qui distribue les sommes que de grandes entreprises lui ont confiées pour faire passer leurs contrats, moyennant de généreuses commissions pour les risques qu’il prend! Bref, un exécutant de luxe. Mais, pendant qu’on s’attaque à ce monsieur, on ne regarde pas tout le système au dessus de lui; ceux qui fournissent justement ces sommes pour obtenir de lucratifs contrats ou pour faire des pressions sur la législature! Dans l’affaire Schreiber on parle beaucoup d’Airbus, mais il y en a d’autres. (1) Et si on l’a fait avec le gouvernement canadien, on l’a certainement fait avec d’autres gouvernements nationaux, régionaux et municipaux. On le fait certainement avec des entreprises privées aussi, cela au dépend des actionnaires par exemple?

 

J’ai de la difficulté à croire que ce système n’existe qu’à petite échelle. Il est certainement plus généralisé qu’on ne le dit, soudoyant gouvernements, fondations et entreprises privées. Sinon, pourquoi avoir recours à tous ces lobbyistes professionnels? On userait de programmes de fidélisation, de remises, de bonis et de cadeaux pour que le plus petit consommateur prenne la carte de crédit d’une grande chaine ou d’une grande banque et on n’aurait recours à aucun programme particulier pour bien « traiter » des clients corporatifs et institutionnels qui dépensent plusieurs centaines de millions de dollars, quand ce n’est pas des milliards, par année? Des clients qui font l’achat d’avions, de trains ou d’équipements militaires par exemple. J’ai beau me regarder sous tous les angles dans le miroir, je n’ai pas de poignée dans le dos. Attention, je ne dis pas que c’est la majorité qui est corrompue, mais ce ne sont pas que les quelques cas qui se rendent sur la place publique non plus. Il y en a certainement dont on n’entendra jamais parler.  

 

 La logique me dit que les techniques de marketing doivent être bien plus développées pour ces ventes institutionnelles et corporatives de haut niveau que pour les ventes au détail. Faire la lumière là-dessus exigerait que l’on regarde cependant du côté des vendeurs. Il serait intéressant de voir le budget de représentation d’Airbus, des entreprises de la défense, du transport, des pharmaceutiques, des équipementiers médicaux et d’autres grandes entreprises du genre, mais, surtout, de voir comment ces entreprises le dépensent! À quels événements et banquets politiques elles incitent leurs dirigeants et leurs cadres à assister,  en achetant des tables entières par exemple et en redistribuant les places? A quelles caisses électorales leurs hauts dirigeants contribuent-ils? Ce pourrait être révélateur. Cependant, c’est l’État qu’on scrute, pas le privé, car on dit que c’est notre argent qu’il dépense.

 

C’est oublier que le privé, c’est aussi notre argent, le privé bénéficiant de subventions, de crédits d’impôt et ayant bien souvent comme investisseurs les fonds de pensions privés, institutionnels et publics, donc nos économies collectives en quelque sorte. Il bénéficie aussi  de nos taxes lorsque l’État y investit directement à travers ses ministères, institutions et fiducies économiques. Qui a assisté à une assemblée d’actionnaire le sait. Mais, on est beaucoup plus méfiant des actions gouvernementales que privées, ne réalisant pas toujours qu’une part de notre bas de laine collectif y est investit.  On se devrait d’être plus regardant envers eux qu’on ne l’est actuellement.

 

Même si nous avons souvent l’impression que le privé est mieux géré parce qu’il dégage des profits, c’est juste que le niveau d’eau cache parfois les écueils. On l’a vu avec l’affaire Enron aux États-Unis. (2) On oublie beaucoup plus facilement les scandales qui éclatent dans le privé que dans le public. Pourtant, on se devrait d’être aussi exigeant envers l’un que l’autre, car tout scandale financier a des impacts sur nos fonds de retraites et nos économies par exemple, la finance étant un vaste réseau de vases communicants. On devrait le savoir : un cheik se fait piquer par un moustique et cela influence son humeur qui à son tour se répercute sur le prix du pétrole à la pompe à Montréal, Tokyo ou Paris le soir même! Cependant, on ne nous donne pas facilement l’information, ce qui fait que le privé parait toujours mieux que le public (3), lui qui est scruté par une armada de journalistes. Couvrir chaque multinationale qui a un budget égal à une ville, une province ou un pays comme on couvre la politique municipale, provinciale ou canadienne et on en apprendrait des choses, pas toutes belles! Il faudrait faire la lumière là-dessus un jour. 

 

Notes :

 

1. Dans l’affaire Mulroney on parle d’Airbus; du projet Bear Head, une usine de véhicules militaires à Cape Breton pour le compte du groupe allemand Thyssen AG; et de Spaghettissimo, une usine de pâtes,  où M. Mulroney n’aurait finalement rien à voir! Bref, c’est un véritable spaghetti que cette affaire!

 

Sources à consulter:

 

Affaire Mulroney-Schreiber. Nouvelles allégations, Radio-Canada/Nouvelles, 1 novembre 2007, 11h 54: 

www.radio-canada.ca/nouvelles/National/2007/10/31/001-schreiber_mulroney.shtml?ref=rss;

 

Hélène Buzzetti, Schreiber entame son numéro, Le Devoir, Édition du vendredi 30 novembre 2007:  www.ledevoir.com/2007/11/30/166633.html;

 

Presse canadienne, Mulroney comparaîtra avec femme et enfants, Le Devoir, Édition du mercredi 12 décembre 2007 :

www.ledevoir.com/2007/12/12/168173.html 

 

2. « L’extraordinaire dans l’affaire Enron, c’est qu’elle n’est pas extraordinaire. L’« achat » de responsables politiques par des contributions électorales est légal aux Etats-Unis ; l’existence d’entreprises de certification des comptes qui servent par ailleurs de conseillers rétribués aux entreprises dont elles certifient les comptes est légale ; le fait que des journalistes financiers et des essayistes aient vanté auprès du public (et donc des actionnaires potentiels) un « modèle » d’entreprise dont le fleuron, Enron, les rémunérait personnellement est légal. » (Serge Halimi, UN SCANDALE PRESQUE LÉGAL. Enron, symbole d’un système, in Le monde diplomatique, 8 mars 2002 : www.monde-diplomatique.fr/dossiers/enron/)

 

3. A ce sujet, qui a entendu parler de Castor Holdings ? C’est un exemple qui dit tout :

 

« Un juge y a consacré la quasi-totalité de sa carrière sans qu'il puisse rendre de jugement. Un expert-comptable est resté à la barre des témoins pendant quatre ans. Le litige sur la faillite de Castor Holdings constitue «un véritable dérapage judiciaire» qui draine «hors de toute proportion» les ressources de la justice depuis plus de dix ans, déplore la Cour d'appel dans une décision intérimaire lapidaire.

(…)

Le plus haut tribunal du Québec consacre cependant une pleine page de sa décision aux méandres de cette «affaire qui n'en finit pas», menée «à même les ressources financières et humaines du système judiciaire», qui sont assumées «par l'ensemble des contribuables québécois». Une bonne partie de la population ne dispose d'ailleurs pas des moyens financiers pour accéder à la justice, note la Cour d'appel dans sa décision. «Le justiciable moyen ne peut, lui, déduire ses honoraires d'avocat de ses revenus comme le font les personnes morales et les sociétés», souligne la Cour. » (Brian Myles, Castor Holdings épuise la justice, Le Devoir, Édition du samedi 08 et du dimanche 09 décembre 2007 : www.ledevoir.com/2007/12/08/167819.html)

 

Autres références :

 

Karlheinz Schreiber, en allemand et en anglais sur Wikipédia : http://de.wikipedia.org/wiki/Karlheinz_Schreiber

http://en.wikipedia.org/wiki/Karlheinz_Schreiber

 

Hélène Buzzetti, Qui est Karlheinz Schreiber ?, Le Devoir,

Édition du samedi 17 et du dimanche 18 novembre 2007 :  www.ledevoir.com/2007/11/17/164749.html

 

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La démocratie et la justice en cadeau

(L’édito des fêtes 2007-8)

Michel Handfield

 

22 novembre 2007

 

Des dirigeants qui invoquent Dieu à la moindre occasion, jouent aux échecs sur la planète et prennent les Hommes pour des pions. Dieu est un puissant moteur dans les mains d’idéologues. Mais, de gauche ou de droite, religieuse,  politique ou économique, une idéologie est toujours aveuglante! Ce n’est pas parce qu’on invoque Dieu devant nous qu’il faut mettre notre conscience au vestiaire. Bien des gens ont parlé et écrit en son nom, mais Lui, il n’a jamais écrit et signé quoi que ce soit. C’était aussi en d’autres temps, où ce que l’on ne comprenait pas était divin ou diabolique. Peut être que certains prophètes seraient aujourd’hui médicamentés et n’auraient plus ces visions que l’on vénère encore. Qui sait?

 

Croire n’est pas mal, mais c’est toujours une croyance. On doit en être conscient. Tant mieux si c’est vrai, Dieu et le paradis, mais tout ce qu’on peut faire, c’est de notre mieux, paradis ou non. Faire de notre mieux ou nous détruire, voilà notre choix. On n’a qu’à penser aux guerres, à l’environnement et à l’exploitation de l’Homme par l’Homme (l’économie néolibérale) pour voir qu’on a encore bien du travail à faire pour que paix aux Hommes de bonne volonté soit enfin possible! Coopérer, au lieu de manger l’autre et de l’exploiter. Penser à la communauté et non qu’à soi dans nos choix et nos actions.

 

Avant de s’acheter un « pick-up » pour se balader, il faut se demander si une sous-compacte ne ferait pas l’affaire. Avant d’envoyer des bombes sur la tête des gens pour leur entrer de force la « démocratie » dans le crane, il faut se demander si combattre la pauvreté, l’exploitation, la sous-alimentation et l’analphabétisme ne ferait pas mieux le travail, car les idéologues trouvent toujours un terreau fertile dans l’ignorance et ce n’est pas avec des armes qu’on résoudra ce problème un jour! Il faut donc questionner nos choix pour mieux vivre avec les autres. 

 

Agir pour l’amour, la justice et la paix des Hommes, c’est une mission. Jésus a été crucifié et Marx exilé pour cela, car ils  avaient un message semblable à livrer : « Aimez-vous les uns les autres » et « Prolétaires de tous les pays, unissez-vous! » Bref, ils nous disaient de mettre nos forces en commun pour améliorer le Monde! Sauf que, face à un Pouvoir qui a toujours eu pour maxime de « diviser pour régner », ils dérangeaient. On ne les a  donc pas accusés pour rien, mais bien parce qu’ils menaçaient l’ordre établi. Et leur message dérange encore.

 

Soyez informé, soyez critique, soyez sceptique. Questionnez ce qui semble trop beau pour être vrai, car les solutions miracles et simplistes sont rarement les bonnes, surtout lorsqu’elles sont présentées comme un cadeau par des idéologues pressés de les appliquer ou des populistes qui suivent l’humeur du moment. S’il n’y a pas un ou deux « mais », vaut mieux être prudent.   

 

Pour avoir un monde plus juste, ce n’est pas le prix le plus bas qui compte, mais bien les discussions citoyennes. Comme au temps des Grecs, de Socrate et de Diogène. Je nous souhaite l’Agora. À défaut, discutez de la chose publique avec votre voisin, vos collègues, dans les transports en commun, sur une ligne ouverte ou dans un forum internet! Ce sera un premier pas vers davantage de  démocratie et de justice sociale j’espère. C’est le cadeau que Societas Criticus nous souhaites. Sur ce, bonne année juste, pacifique et démocratique aux Hommes de bonne volonté.    

 

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Index
 

Le Journal/Fil de presse

 

Libres de le porter, libres de l'enlever

Une marche à la mémoire d'Aqsa Parvez

(Samedi 15 décembre, a eu lieu l'enterrement d'Aqsa)

 

(Reçu à societascriticus@hotmail.com et mis en ligne le 17 décembre 2007)

 

Le 10 décembre dernier, Muhammad Parvez d'origine pakistanaise a tué sa fille de 16 ans, Aqsa Parvez, parce que cette dernière ne voulait plus porter le hijab.   Ce crime commis dans la région de Toronto serait le premier du genre au Canada.  Au Pakistan, on appelle ça un crime d'honneur.

 

En apprenant cette nouvelle, combien de femmes au Canada, portant le foulard islamique, auraient eu envie de laisser tomber leurs foulards ne serait-ce qu'une journée, pour exprimer toute leur indignation face à un crime aussi horrible ?

 

Qui parmi toutes ces femmes musulmanes voilées de partout au Canada, seraient prêtes à initier une marche à la mémoire d'Aqsa Parvez ?   Qui parmi ces femmes, oseraient faire partie de cette marche, la tête dévoilée ?  Qui parmi elles, seraient assez lucides pour se dissocier d'une certaine aliénation derrière le voile quand il est imposé à des jeunes filles ? 

 

Voilà une occasion qui se présente à toutes ces femmes musulmanes voilées pour donner un autre sens à ce voile devenu l'objet d'amalgame par excellence.

 

Se défaire de son voile, le temps d'une marche, est un geste qui me paraît nécessaire dans les circonstances parce qu'il va dans le sens même de la foi de ces femmes croyantes.   Je les invite à poser ce geste symbolique pour rappeler d'abord ce en quoi elles devraient croire profondément, à savoir que  Dieu seul donne la vie et Dieu seul peut la retirer.  Le prophète des musulmans n'a t-il pas dit qu'une personne qui tue une autre personne tue l'humanité toute entière.  Je les invite à se défaire de leurs voiles pour rappeler aussi qu'elles sont tout aussi libres de le porter que de  l'enlever.

 

Elles sont nombreuses ces femmes musulmanes voilées qui ne manquent pas une occasion médiatique pour affirmer qu'elles portent leurs voiles par  libre choix.  Au nom même de cette liberté, je les invite à l'enlever pour une bonne cause.  Celles qui pensent qu'elles n'ont de compte à rendre à personne, le meurtre d'Aqsa doit leur rappeler que certaines femmes ne sont pas au même degré d'exercice de leur liberté. 

 

En invitant des femmes musulmanes voilées du Canada à une telle démarche, il ne s'agit nullement de ma part d'appuyer ou non le port du voile.   Mais devant les multiples significations que le voile projette depuis la crise déclenchée en France il y a 4 ans, il est peut-être temps de saisir une occasion pour donner au voile, le hijab (appelez-le comme vous voulez) un autre sens que celui de la soumission.   Quels soient ses arguments, en tuant sa fille, Muhammad Parvez réconforte maintenant tous les arguments qui associent le voile à la soumission. C'est cette association qu'il faut dénoncer.  

 

À ces musulmanes voilées, je ne suggère pas de renier leur foi ni de déchirer leurs voiles publiquement.  Au risque de me répéter, je crois que la meilleure façon pour elles de ne pas cautionner ce crime est de poser un geste de liberté symboliquement frappant.  

 

Le meurtre d'Aqsa Parvez  me paraît  aussi grave que la tuerie de Polytechnique.  Qui mieux que des femmes portant le foulard islamique pour le dénoncer publiquement, en laissant tomber leurs voiles.  Libre à elles de le porter à nouveau ou de le laisser tomber à jamais.  L'important est de marquer l'imaginaire collectif par un acte de liberté.    Ce même acte qu'une jeune fille de 16 ans a payé de sa vie. 

 

Si elles ne sont que trois ou quatre femmes musulmanes voilées à répondre à cette invitation,  le combat solitaire d'Aqsa n'aura pas été vain.

 

Si j'étais une femme musulmane voilée, voilà ce que j'aurais fait. Parce qu'en tuant Aqsa Parvez, on a tué une partie de moi-même...

 

Mohamed Lotfi

Journaliste et réalisateur radio / Montréal

 

http://graines.hautetfort.com    

www.souverains.qc.ca/flash4.html   

 

P.S.: Le 25 février 2004, le Devoir a publié un texte dans lequel je proposais « Que les jeunes musulmanes françaises tenant à porter leur voile à l'école le laissent tomber une seule fois, mais publiquement ».  Cliquez pour la suite http://www.ledevoir.com/2004/02/25/48224.html, Un autre article sur le voile http://www.ledevoir.com/2007/04/25/140775.html 

 

***

 

Monsieur le Premier Ministre, je vous écris une lettre...

 

 « Dans la définition du Nous québécois, on devrait envisager la possibilité pour un homme musulman de faire sa prière cinq fois par jour dans une église catholique.  Je le fais depuis deux ans. » Abdelkader Belaouni

 

Monsieur Harper,

 

Comme vous savez, le 5 décembre dernier, le président français Nicolas Sarkozy a lancé, lui-même, un appel au chef des Forces armées révolutionnaires de Colombie Manuel Marulanda pour demander la libération de la franco-colombienne, Ingrid Betancourt. Les mots de Sarkozy prononcés en direction de la jungle colombienne sont ceux du premier chef d'État qui ose ce qu'aucun autre chef d'état avant lui n'a jamais osé. Malgré tout ce que je pense de Nicolas Sarkozy et de ses méthodes populistes, je salue solennellement son geste.

 

En écoutant l'appel de Sarkozy, j'ai pensé à Abdelkader Belaouni qui lutte depuis deux ans, à partir du sanctuaire de l'église St-Charles à Montréal, pour obtenir un statut de réfugié. Bien sûr, Belaouni n'est pas l'otage d'une guérilla et se trouve loin d'une jungle. Le seul point commun entre Belaouni et Betancourt, c'est l'état dégradant de leur santé. En tant qu'aveugle et diabétique, Belaouni aussi se trouve au bout de ses forces. Pour des raisons humanitaires, le Canada doit libérer cet homme de l'angoisse qui le ronge quotidiennement. Le 1er janvier 2008, l'angoisse aura duré deux ans.

 

Je vous invite Monsieur le premier Ministre à poser un geste humanitaire, un geste courageux qui ne sera pas le premier accordé par le Canada à un demandeur d'asile. Avant lui, plusieurs d'autres algériens ont déjà obtenu le statut de réfugié, pourquoi pas lui? Belaouni ne représente aucune menace à la société, son dossier est celui d'un homme qui a fui un pays où sa vie était en danger. Il y a quelques mois un réfugié iranien a obtenu, pour des raisons humanitaires le statut de réfugié. Lui aussi avait trouvé refuge dans une église anglicane à Vancouver depuis 2004.

 

Est-ce trop vous demander Monsieur Harper d'accorder un statut de réfugié à Abdelkader Belaouni avant la fin de ce mois pour qu'il célèbre lui aussi Noël, avec ceux et celles qui constituent maintenant sa famille?

 

Qui au Canada, Monsieur Harper, aurait peur d'un homme aveugle et diabétique? Un homme dont le parcours force compassion et admiration. Après avoir été champion national de judo dans son pays d'origine, le sort lui a réservé un autre destin. Après avoir perdu la vue en 1992, il aurait pu perdre la vie s'il n'avait pas fuit un pays o? une guerre civile a fait quelques 150 000 morts. Ce sont les menaces répétées contre sa vie qui l'ont poussé à l'exil d'abord aux États-Unis, puis au Canada en 2003. En tant qu'aveugle, Abdelkader a toujours peur pour sa vie, sa situation est trop vulnérable devant d'éventuels règlements de compte du passé.

 

D'autre part, depuis quatre ans, Abdelkader s'est très bien intégré au Canada où il se sent maintenant chez-lui. Il bénéficie d'un réseau de soutien extraordinaire. Cela prouve et confirme les capacités d'intégration de cet homme que ses amis appellent Kader. 54 associations et organismes dont la Ligue des droits et libertés, la Table de concertation Action Gardien de Pointe St-Charles, la Clinique médicale Communautaire de Pointe St-Charles et les Services Juridiques Communautaires de Pointe St-Charles et le Comité « Welfare Rights», ont clairement et officiellement exprimé leur soutien.

 

Jean Lalande, Coordonnateur de Welfare Rights affirme: "M.Belaouni s'est bien intégré à la vie de notre quartier, participant à de nombreuses activités communautaires et s'étant fait de nombreux amis dans la population locale. Abdelkader est maintenant devenu un des nôtres et c'est pourquoi tant de gens chez nous sont si préoccupés pour sa sécurité ". D'ailleurs, 5 citoyens canadiens, issus de sa nouvelle communauté, sont prêts à le parrainer.

J'ai fait la connaissance d'Abdelkader Belaouni en 2005 lors de cette marche de 5 jours de Montréal à Ottawa en solidarité avec les sans-statut. Il ne savait pas alors que sa demande de statut de réfugié allait être rejetée. J'ai parlé longuement avec lui. Ma curiosité n'était plus du journalisme, mais celle d'un homme qui rencontre un autre homme. Il m'a raconté son parcours douloureux mais plein de courage. J'ai noté son humour et son optimisme naturel qui explique pourquoi il avait autour de lui autant d'amis.  Des amis qui n'arrivent toujours pas à comprendre pourquoi le statut de réfugié lui a été refusé. Depuis deux ans, personne ne le laisse tomber. Cela explique pourquoi malgré son état de santé très fragile, Kader tient le coup. Cinq fois par jour il fait sa prière dans un sanctuaire catholique.

 

Monsieur Harper, l'enjeu des sans-statut nous concerne tous. L'avenir du Québec et du Canada repose aussi sur ces immigrants sans statut et leurs enfants qui partagent déjà les bancs d'écoles avec les nôtre. Mine de rien, ils font partie de nous. ''Il suffit d'ouvrir les yeux'' me disait une femme qui soutient la cause de Belaouni. Les amis de ces personnes, les amoureux et amoureuses de ces personnes partagent leur insécurité, leurs souffrances, parfois leurs joies, leurs vies.

 

Kader n'a pas la chance d'avoir le Président français comme ami. Les sans-statuts comme lui ont comme amis des hommes et des femmes ''ordinaires'', des citoyens canadiens qui se donnent corps et âme pour rétablir la dignité. Parfaitement conscients de leurs droits et de leur devoir, le sentiment d'impuissance ne les atteint pas.

 

Monsieur Harper, les citoyens canadiens qui soutiennent Kader perçoivent le Canada comme la terre des possibles.  Pour la première fois dans l'histoire de ce pays, une femme noire a été nommée au sommet de l'État. De plus en plus de canadiens venus d'ailleurs sont élus à la chambre des Communes et à l'Assemblée Nationale du Québec. Ça serait dans la suite naturelle des choses que de régulariser le statut d'un homme qui a démontré son attachement à sa société d'accueil. Abdelkader Belaouni aime le Canada et particulièrement le Québec parce qu'il s'y sent plus en sécurité. Avec autant de solidarité, comment ne peut-il pas se sentir chez-lui?

 

Monsieur le Premier Ministre, puisque les promesses de plusieurs députés de l'opposition ne donnent apparemment aucun résultat, je vous écris une lettre, vous la lirez peut-être, si vous avez le temps. C'est le temps des fêtes, le temps de poser un geste d'humanité. 

 

Allez-y, SVP faites-le, je vous le demande solennellement.

 

Mohamed Lotfi

Journaliste et réalisateur radio

  

Appuyé par :

 

1-        Louise Vandelac, Professeure à L'UQAM

2-        Richard Desjardins, Artiste / Montréal

3-       François Avard, Auteur / Montréal

4-       Richard Séguin, Auteur - compositeur - intérprète

5-        Edith Butler, Artiste/ MONTREAL

6-       Jamil Azzaoui, Artiste/ Montréal

7-       Catherine Durand, Auteure-Compositrice-Interprète

8-        Georges Leroux, Professeur à l'UQAM

9-        Coral Egan, Artiste / Montréal

10-      Pierre Jasmin, Professeur à l'UQAM et président des Artistes pour la Paix

11-      Marie-Michele Poisson, Professeure de philo au CEGEP Ahuntsic

12-      Clotilde Bertrand, Membre d'Amnistie internationale / Montréal  

13-      Marcela Valdivia, Avocate

14-      Claude Grégoire, Réalisateur / chargé de cours, Université de Montréal

15-      Majid Blal, Auteur, poète, chroniqueur et économiste / Sherbrooke 

16-      Nicodème Camarda, Poète / Montréal

17-      Bruno Bouliane, Cinéaste / Montréal

18-      Isabelle Burgun, Journaliste / Montréal

19-      Bianca Côté, Auteure / Montréal

20-      Nicole Fontaine, Écrivaine / Eastman

21-      Anne Lescot, Cinéaste / membre du Collectif 2004 Images (Paris)

22-      Tony Tremblay, Poète, écrivain et communicateur

23-      Béchir Gacem, Éditeur

24-      Silvia Martinez, Féministe et Organisatrice communautaire

25-      Denis Kosseim, Professeur de philosophie Collège André-Laurendeau

26-      Priscilla Bittar, Conseillère syndicale CCMM-CSN

27-      Clément Trudel, Journaliste (retraité) / Percé

28-      Alain Gerbier, Journaliste / Sculpteur  /  Montréal

29-      Bruce Katz, Membre fondateur du groupe Palestiniens et Juifs (PAJU)

30-      Louise Dugal, Cinéaste

31-      Jean-Luc DION, Ingénieur / Trois-Rivières

32-      Thibaud de Corta, Artiste / Montréal  

33-      Audrey Bernard, Artiste chanteuse  / Montréal

34-      Claire Vezina, Musicienne, auteure-compositeure / Québec

35-      Kattam Laraki-Côté, Musicien percussionniste / Montréal

36-      Pascale Hamet, Intervenante en santé mentale / Montréal

37-      Jean-Luc Thievent, Artiste / Montréal

38-      Amghar Mohammed Karim, Rapeur & Poète urbain.

39-      Céline Flahault, Artiste  / Montréal

40-      Gaëtan Dostie, Écrivain  /   Montréal

41-      Serge Lemire, Animateur radio / Sherbrooke

42-      Mélissa Lavergne, Musicienne percussionniste / Montréal

43-      Eric Allain, Agent d'artistes / Montréal

44-      Geneviève Bilodeau, Artiste / Montréal

45-      Caroline d'été, Auteur-compositeur-interprète / Montréal  

46-      Denise Babin, Membre de l'AQOCI / Montréal

47-      Anne-Marie Gélinas, Auteure - compositeure - intérprète / Montréal

48-      Lundo, Musicien / chango family / Montréal

49-      Martin Petit, Chercheur socioéconomique IRIS / Montréal

50-      Philippe Côté, Artiste urbain / Montréal

51-      Aicha Barkatis, Sociologue

52-      Karine Chapdelaine, Artiste/ Montréal

53-      Pierre-Alain Cotnoir, Chercheur / Montréal

54-      Aldo Miguel Paolinelli, Montréal

55-      Annie Bujo, Artiste   /  Montréal  

56-      Maryse Letarte, Auteur-compositeur-interprète  /  Mont-St-Hilaire

57-      Bruno Dubuc, Rédacteur / vidéaste  /   Montréal

58-      André Le Corre, Fondateur du groupe de Montréal des AmiEs du Monde Diplomatique

59-      Rachad Antonius, Professeur de sociologie a l'UQAM

60-      Claire Lapointe, Coopérante au Mali

61-      Louise Harel, Députée Hochelaga-Maisonneuve

62-      Jack Costello, Director, Jesuit Refugee and Migrant Service  /  Toronto

63-      Marcel Sévigny, Résident de Pointe-Saint-Charles et membre du comité de soutien à Kader

64-      Marco Silvestro, Étudiant au doctorat en socio, UQAM Chargé de cours en socio, UQAM  /  Résidant de Pointe-Saint-charles

65-      Stéphane Gendron, Maire de Huntingdon / animateur radio.

66-      Ratiba Hadj-Moussa, Professeur de sociologie à l'Université York (Toronto)

67-      Éric Tadros, Artiste

68-      Chafiik, Membre de Loco Locass / Montréal

69-      Marie-Claude Gagnon, Auteure et professeure de communication

70-      Isabelle Baez, Enseignante à l'UQAM et journaliste  

71-      Sylvain Beaudet, Platrier

72-      Yves Poisson, Professeur retraité  / Université Laval

73-      Marc Déry, Artiste / Montreal

74-      Audrey Camirand, Artiste et professeur  /  Centre du Québec.

75-      Geneviève Lambert-Pilotte, Intervenante chez Les Scientifines

76-      David Barbeau, Médecin  /  Montréal

77-           Isabelle Senécal, Psychologue  /  Hôpital du Sacré Coeur  /  Montréal

78-      Alexandre Senécal, Médecin vétérinaire   /   Montréal

79-      Philippe Robert de Massy, Avocat

80-      Lou Vercelletto, Étudiante en cinéma   /   Montréal - Lyon

81-      Louise Boivin, Doctorante en relations industrielles

82-      Nadia Ghalem, Écrivaine

83-      Anna Kruzynski, Professeure adjointe, École des affaires publiques et communautaires, Université Concordia

84-      Sonia Béland, Intervenante en sécurité alimentaire / Montréal

85-      Christian Mistral, Écrivain.

86-      Éric McComber, Écrivain  

87-      Norman Baillargeon, Professeur à l'UQAM 

88-      Maria-Hélèna Pacelli, Photographe  /  Montréal

89-      France Gauthier, Journaliste, animatrice et auteure

90-      Denise Robitaille-Robert, psychologue, psychothérapeute. 

91-      Dany Lafrenaye, Capitaine.

92-      Maryse Beauregard, Producteur

93-      Louise Caroline Bergeron, Maitrisante en philosophie  pour l'enseignement au collégial  /  Sept Îles.

94-      Marie-Thérèse Fortin, Directrice artistique / Montréal

95-      Geneviève Brouillette, Actrice  /  Actrice

96-      Gaston Bellemere, Éditeur

97-      Nathalie Collin, Recherchiste Radio /  Huntingdon

98-      Marc Chabot, Parolier / Québec

99-      Iolande Cadrin-Rossignol, Réalisatrice, scénariste

100-     Khadija Mounib, Conseillère en développement de carrière

101-     Jean-Pierre Charbonneau, Ancien président de l'Assemblée nationale du Québec

et

102-     Guy Robert, Psychologue  

103-     Gabor Szilasi, photographe

104-     Ève Lamont, Documentariste

105-     Yves Robitaille, Administrateur errant et conteur ambulant, Montréal

 

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Les cultures des Premières Nations sont indispensables à Montréal


Montréal, le 9 novembre 2007.

 

L’image de marque de Montréal métropole culturelle bénéficie grandement des initiatives qui mettent en valeur les arts et le patrimoine des Premières Nations; l’établissement d’un lieu culturel permanent dédié aux cultures premières deviendrait un atout majeur dans le rayonnement international de Montréal.

 

Tel est le message livré aux leaders montréalais lors du Rendez-vous 2007, Montréal métropole culturelle par Terres en vues, un organisme voué à la promotion et à la diffusion des arts amérindiens et inuit. André Dudemaine, le directeur de Terres en vues, invite le maire de Montréal à rencontrer périodiquement les représentants des Premières Nations afin de « souder les liens de coopération au plus haut niveau possible ».

 

Terres en vues dispose également d’un kiosque dans le Salon du rendez-vous. Samian, le jeune rappeur algonquin y sera lundi après-midi pour présenter en avant-première le nouveau clip La Paix des braves, créé et interprété avec les Loco Locass. Écrite à plusieurs mains, cette oeuvre est un exemple probant des liens dynamiques qui se tissent entre les artistes des premiers peuples et la scène culturelle montréalaise. Un signe que les choses bougent dans la bonne direction, selon Terres en vues qui souhaite la création d’un fonds de développement culturel pour soutenir l’émergence, dans la métropole du Québec, des artistes amérindiens et inuit.

 

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Nouveaux livres reçus

 

Reçu le 14 novembre 2007 au Salon du livre de Montréal: Nadeau, Jean-François, 2007, Bourgault, Québec : Lux / Bourgaultwww.luxediteur.com/

 

Parlez de Pierre Bourgault (1934–2003) et aussitôt les images fusent : l’orateur, le chroniqueur, le polémiste, le militant, l’original, le professeur, le batailleur, l’entêté. Ce personnage toujours haut en couleur incarne puissamment à lui seul toute une partie de l’histoire sociale et politique du Québec du XXe siècle.


     La collection “Histoire politique” dans laquelle s’inscrit cette bio – lui a permis d’avoir très tôt (il est né en 1969) un contact privilégié avec différents acteurs importants des scènes culturelle et politique, scènes dont est issu Bourgault.

 

Le livre a pour colonne vertébrale non seulement une forte connaissance des développements politiques et sociaux qui jalonnent notre histoire, mais surtout, de nombreux témoignages que le biographe s’amuse à croiser. Aussi, certains des 18 chapitres comportent pas moins de 100 notes qui prouvent le sérieux de la démarche. Si les récits des gens qui ont sillonné l’existence de Bourgault diffèrent parfois de l’un à l’autre, les faits et les paroles publiques, de même que les souvenirs colligés, permettent de dessiner une figure assez juste du cheminement du polémiste.

 

La mémoire de ce dernier, d’ailleurs, semble souvent celle sur laquelle on doit le moins compter tant ses dires apparaissent difficiles à vérifier. Mais si le biographe est loin d’être complaisant envers son sujet, il sait démontrer l’apport de celui-ci à la société comme faire ressortir l’aspectcharismatique et magnétisant de l’homme que l’on considère habituellement comme l’un des plus grands orateurs du pays. Si les chapitres sur les différents types de nationalismes et sur la fondation et l’élaboration du RIN sont particulièrement intéressants, c’est qu’on sent et comprend mieux la mission de Bourgault, ainsi que sa contribution. Mais la biographie ne se limite pas aux aspects de la vie politique de l’homme, on le suit dans ses rapports familiaux, ses amours, comme on retrace son parcours journalistique, de comédien et de parolier.

 

De son enfance en Estrie, en passant par son adolescence au collège Jean-de-Brébeuf, ses pérégrinations parisiennes, son militantisme ou l’enseignement, le livre cerne bien l’importance de l’homme dans la Révolution tranquille et dans son siècle. C’est qu’à l’instar de son Jean-François Nadeau a suivi le parcours de cet homme complexe et profondément sensible, marqué au fer rouge des blessures qu’inflige une vie menée sans compromis de bout en bout, jusque dans la démesure que favorise la passion. En historien, il a scruté la jeunesse, la formation intellectuelle et les actions politiques de cet être profondément original qui fut d’abord connu d’un large public à titre de président du Rassemblement pour l’indépendance nationale (RIN). Il a interrogé près de deux cents témoins et disséqué nombre de documents d’archives souvent inédits à ce jour. Il a traqué, en un mot, cet homme sur la piste de sa vie.

 

Critique, l’auteur ne statufie pas Pierre Bourgault, pas plus qu’il ne l’instrumentalise. Il permet plutôt de mieux le comprendre, jusque dans ses contradictions, au coeur de l’époque tumultueuse qui fut la sienne.

 

Historien et politologue, Jean-François Nadeau est directeur des pages culturelles du quotidien Le Devoir.

 

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Spectacles/Arts/Musiques

 

Cannes!

Michel Handfield

 

23 novembre 2007

 

60 ans à se faire la bise

Exposition de photos sur les 60 ans du Festival de Cannes (1947-2007)

 

J’ai trouvé un double côté historique à cette exposition: d’abord, en terme de personnalités, cette exposition nous dresse un panorama fort intéressant du cinéma moderne; ensuite, cela dresse un certain  portrait des modes qui ont traversé cette période, car cinéma et mode vont souvent de pairs, le cinéma suivant la mode, diffusant des modes ou  partant des modes! Bref, si cette exposition s’adresse d’abord aux amateurs de cinéma et de vedettes, elle s’adresse aussi à un public beaucoup plus large qui y trouvera certainement son compte.

 

La vaste majorité des photos sont en Noir et Blanc, ce qui donne un ton à cette exposition. Mais, il y en a quelques unes en couleur dont une de Denis Arcand. 

 

Cette exposition est l’occasion de souligner les 60 ans de la maison de la France au Canada, plus particulièrement à Montréal (www.franceguide.com). La maison de la France est le lien de l’Office de tourisme français ici. Un lien touristique, mais aussi d’échanges culturels et économiques. Bref, un lien essentiel dans ce monde globalisé où l’humain ne doit surtout pas être oublié, mais demeurer au centre des préoccupations.

 

En effet, et malgré les technologies de communication, l’humain a toujours besoin de contacts avec ses semblables. C’est ce qui fait qu’une institution comme la maison de la France a plus que jamais sa raison d’être, car elle met les gens en relations et en contact avec les autres. On a beau dire à la blague que les français aiment discuter, mais discuter ça veut aussi dire s’occuper de l’autre, car on ne discute pas tout seul! Ce n’est donc pas un hasard que la France soit la  première destination touristique mondiale.

 

En plus, ce qui ne nuit pas, les français savent recevoir. Le vin, le champagne et la cuisine y sont des arts de longue date. On l’a vu dans cette réception, ce qui ne peut que donner le goût d’aller les visiter.

 

Cannes à Montréal du 24 au 30 novembre

 

Sofitel Montréal, 1155, rue Sherbrooke Ouest, Montréal (Québec) H3A 2N3. Entrée libre. Renseignements : (514) 876-9881

 

Hyperliens :

 

Maison de la France :  www.franceguide.com

Office de tourisme de Cannes : www.cannes-online.com 

Air France : www.airfrance.ca 

Sofitel Montréal : www.sofitel.com 

 

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Sortie de Disques!

 

Au sujet de l’album CHANSONS D’ESPOIR…

Michel Handfield

 

19 décembre 2007

 

ProduitCD pour les 25 ans de la Maison et de la Fondation Jean Lapointe

 

     J’ai écrit sur ce lancement au mois d’octobre dernier, mais je voulais revenir sur ce disque. Comme ont suivit le Festival du Nouveau Cinéma, les Rencontres Internationales du Documentaires et j’en passe, j’écoutais ce CD en travaillant sur d’autres textes. Là, c’est le temps de la musique de « Nowel », mais après on voudra passer à autre chose. Il serait donc une bonne idée cadeau pour plus d’une raison :

 

- Il est pour une bonne cause;

 

- On s’en lasse difficilement, car c’est un mélange d’interprètes et de chansons connues;

 

- Il permet des découvertes, car même s’il y a des incontournables, comme  Besoin pour vivre de Claude Dubois, on trouve aussi des nouveautés qui nous déstabilisent, comme Mon chum Rémi interprété avec ttendresse par le comédien Emmanuel Bilodeau.

 

Voilà, ce que j’avais à dire. Payez-vous un cadeau d’après les fêtes pour une bonne cause et pour vos oreilles. 

 

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La liste des titres et des interprètes en dit long sur cet album :

 

- Aujourd'hui je dis bonjour à la vie - Marc Déry

- Je promets - Stéphanie Lapointe

- Mon chum Rémi - Emmanuel Bilodeau

- Une force en toi - Marie-Élaine Thibert

- Trouver le jour - Charles Dubé

- Hommage - Stéphane Côté

- On donne - Steve Marin

- Venir au monde - Ginette Reno

- Les fleurs malades - Jean Lapointe, Anne-Élisabeth et les Zalarmes

- Besoin pour vivre - Claude Dubois

- L'amour existe encore - Céline Dion

- La douzième - Bori

- Merci - Bruno Pelletier

 

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« LES TRÉSORS CACHÉS »

Concertos et ouvertures inédits de Georg Philipp Telemann

 

Le nouvel album de l’orchestre baroque Arion
sur étiquette www.early-music.com

 

Montréal, le 29 novembre 2007 (Communiqué)

 

Poursuivant son exploration à travers l’immense production musicale de l’éclectique compositeur allemand Georg Philipp Telemann (1681 – 1767), l’orchestre baroque Arion lance aujourd’hui LES TRÉSORS CACHÉS, des concertos et ouvertures inédits du maître de Magdebourg. Pour son 22e disque en carrière et le 6e sur l’étiquette early-music.com, Arion a gravé ici en première mondiale sur instruments d’époque, des œuvres chatoyantes, vives et imaginatives pour cordes et instruments à vent de Telemann dans les styles français et italiens dont il était passé maître.

 

Pour cette production, les 21 musiciens d’Arion, incluant les solistes Claire Guimond, flûte, Mathieu Lussier, basson, les cornistes Julie-Anne Drolet et Louis-Philippe Marsolais, et les hauboïstes Washington McClain et Matthew Jennejohn, sont placés sous la direction du violoncelliste et chef invité Jaap ter Linden.

 

Les œuvres choisies, toutes composées dans le premier tiers du XVIIIe siècle, appartiennent à une période où le compositeur s’est largement abreuvé aux goûts français et italien. Plusieurs singularités intéressantes caractérisent ces Trésors cachés : dans l’Ouverture en ré majeur pour 2 hautbois, 2 violons solo, flûte à bec, basson, cordes et basse continue TWV 55 : D4, il introduit des éléments concertants aux parties de la suite. Le Concerto en do majeur « alla Francese » TWV 53 : C1, et le Concerto en sol majeur pour flûte TWV 51 : G2 comportent quatre mouvements au lieu des trois habituels, Telemann empruntant plutôt pour ces œuvres à la forme de la sonate instrumentale.

 

Parmi ces TRÉSORS CACHÉS, figure aussi l’Ouverture en mi mineur L’Omphale pour cordes et basse continue TWV 55 :e8. Telemann insère quelques mouvements d’œuvres théâtrales de son opéra Omphale, aujourd’hui perdu, en plus d’en calquer quelques autres de l’opéra du même nom de son contemporain, le compositeur français André Cardinal Destouches. Enfin, l’Ouverture en mi bémol majeur pour 2 cors, cordes et basse continue TWV 55 : Es 1 se situe nettement dans la tradition de ses Musiques de table.

 

Dans toutes ces œuvres, Telemann fait preuve d’imagination et de subtilité autant dans le style galant propre à la musique de danse française, que dans les ritournelles italiennes où jamais la virtuosité n’éclipse son éloquence.

 

Il faut savoir aussi que la plus grande partie de la basse continue, de même que des fragments de parties pour les cordes du Concerto pour flûte étant perdus, Arion les a reconstitué avec le concours du musicologue britannique Ian Payne.

 

LES TRÉSORS CACHÉS, enregistré à l’église Saint-Augustin-de-Mirabel au Québec, a été réalisé par Anton Kwiatowski qui a aussi réalisé les deux derniers albums d’Arion dont Chiaroscuro (2006) – des concertos pour basson et flûte de Vivaldi, qui, par ailleurs, est en nomination à l’ADISQ 2007 dans la catégorie « Album de l’année - classique / soliste et petit ensemble ».

 

LES TRÉSORS CACHÉS est disponible dès maintenant sur étiquette early-music.com et distribué par Select. On peut aussi se procurer l’album en ligne à www.early-music.com

 

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Cinéma et Théâtre

(Ciné, Théâtre et quelques annonces d’événements)

 

 

Attention : Dans les commentaires cinés, de théâtres ou de spectacles, les citations sont rarement exactes, car même si l’on prend des notes il est rare de pouvoir tout noter. C’est généralement l’essence de ce qui est dit qui est retenue, pas le mot à mot.

 

Je ne fais pas non plus dans la critique, mais dans le commentaire, car de ma perspective, ma formation de sociologue, le film est un matériel et nourrit une réflexion qui peut le dépasser. Certains accrocheront sur les décors, les plans de caméra,  le jeu des acteurs ou la mise en scène, ce qui m’atteint moins. Moi, j’accroche sur les problématiques qu’il montre et les questions qu’il soulève. Le film est un matériel sociologique, un révélateur social : psychosocial, socioéconomique ou sociopolitique par exemple. C’est ainsi que sur de très bons films selon la critique, je n’ai fait que de courts textes alors que sur des films qui ont décriés en cœur, j’ai pu faire de très longues analyses, car je n’ai pas la même grille, le même angle, qu’eux dans la tête. Je prends d’ailleurs des notes durant les projections de presse que je ne peux renier par la suite, même si je discute avec des confrères qui ne l’ont pas apprécié de la même manière que moi, car je travaille d’un autre angle. J’encourage donc le lecteur à lire plusieurs points de vue pour se faire une idée. Ce n’est pas un hasard si nos pages offrent plusieurs hyperliens de références, car cette diversité de points de vue est nécessaire. Il faut la protéger.

 

Michel Handfield 

 

 

THE ORPHANAGE/Orphelinat
www.theorphanagemovie.com/

Un film de  Juan Antonio Bayona

 

Mettant en vedette: Belén Rueda, Fernando Cayo, Geraldine Chaplin, Montserrat Carulla, Mabel Rivera, Andrés Gertrúdix & Roger Príncep

 

En salles à Montréal, Toronto et Vancouver le 26 décembre 2007 et dans les autres villes canadiennes en janvier 2008.

 

Durée / Run Time: 100 minutes

 

Laura a passé les plus belles années de son enfance dans un orphelinat au bord de la mer, choyée par l’encadrement et entourée d’autres orphelins qu’elle aimait comme ses frères et sœurs.

 

30 ans plus tard, elle retourne sur les lieux avec son mari Carlos et son fils de sept ans Simon, avec l’intention de restaurer l’orphelinat abandonné et d’en faire un foyer pour enfants handicapés.

 

La nouvelle demeure et le cadre mystérieux qui l’entoure réveillent l’imagination de Simon, qui se met à évoluer dans un écheveau de récits fantasmagoriques et de jeux pas si innocents que ça...  Troublée, Laura se laisse petit à petit aspirer dans l’univers étrange de son fils, qui semble résonner de l’écho lointain et dérangeant de ses propres souvenirs d’enfance.

 

Alors que le jour d’ouverture du nouveau foyer approche, la tension monte au sein de la famille. Carlos demeure sceptique, certain que Simon a tout inventé pour attirer l’attention de ses parents. Mais Laura est intimement convaincue qu’un mystère longtemps refoulé est tapi dans la vieille maison, attendant son heure pour se révéler en pleine lumière et infliger d’épouvantables souffrances à sa famille.

 

Commentaires de Michel Handfield (19 décembre 2007)

 

Il y a un côté austère à l’orphelinat, même si les enfants semblent s’amuser avec Laura. Mais, elle les quittera, car elle sera adoptée. Une fois mariée, elle y reviendra, car elle a acheté cette maison avec son mari, médecin, pour la transformer en maison d’accueil pour enfants malades.

 

Mais, son fils adoptif voit des enfants dans son imaginaire, ce qui fera remonter Laura dans son enfance à l’orphelinat et redécouvrir sous un autre jour ce lieu  qu’elle avait quitté. Pourra-t-elle découvrir ce sombre sort auquel elle semble avoir échappé et libérer ainsi la place de celui-ci, car elle est le lien entre le présent et le passé. Se mêleront le surnaturel et le psychosocial dans ce thriller, ce qui nous fera naviguer entre le film psychologique et le film d’horreur pendant que Laura devra trouver son chemin entre notre monde et ce  monde parallèle qui l’appelle… 

 

     Si vous aimez les films noirs et un peu particulier, vous aimerez.

 

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Je pouvais voir des questions sociales poindre dans ma tête lors de certaines scènes, comme que savons-nous du fonctionnement de ces institutions? Leur donnait-on assez d’argent pour élever ces enfants? Et s’ils n’en avaient pas assez, que pouvaient-ils en faire s’ils n’étaient pas adoptés après un certain temps? Fermait-on les yeux sur l’insolite (certaines disparitions d’enfants), car ne pas savoir évitait de se poser des questions embarrassantes sur des choix de société envers les orphelins, souvent considérés comme des enfants du péché?

 

On aimait mieux s’en  tenir loin, ne pas savoir et surtout ne pas poser de questions dont les réponses auraient été embarrassantes. L’ignorance nous rendait innocent par défaut croyait-on un peu comme les militaires allemands qui exécutaient les ordres sans questionner, sans voir, sans comprendre. Dans l’ignorance disaient-ils!    

 

On sauvait ainsi la morale, sauf que la morale est parfois loin d’être morale! Ce film aurait pu prendre une tournure sociale, mais il ne l’a pas pris, ce qui ne m’empêchait pas de la voir en filigrane.

 

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TOUS À L’OUEST : UNE AVENTURE DE LUCKY LUKE

 

Un film animé pour toute la famille avec les voix de STÉPHANE ROUSSEAU et ROCK ET BELLES OREILLES à l’affiche partout au Québec dès le 21 décembre !

 

Montréal, le 6 décembre 2007

 

Le film d’animation « TOUS À L’OUEST : UNE AVENTURE DE LUCKY LUKE » promet de divertir jeunes et moins jeunes dans les cinémas du Québec à Noël cette année. Avec les voix de Stéphane Rousseau dans le rôle du célèbre cowboy Lucky Luke et de RBO qui interprètent notamment Les Dalton, toute la famille prendra plaisir à découvrir une toute nouvelle aventure de l’homme qui tire plus vite que son ombre! Distribué au Québec par Alliance Vivafilm, « TOUS À L’OUEST : UNE AVENTURE DE LUCKY LUKE » prendra l’affiche dans les cinémas des quatre coins de la province dès le vendredi 21 décembre.

 

     Le film d’animation met notamment en vedette les voix de Stéphane Rousseau (Lucky Luke), André Ducharme (Joe Dalton, Jolly Jumper), Guy A. Lepage (Jack Dalton, Crook), Bruno Landry (Averell Dalton, Loup Cinglé, Ugly Barrow) et Yves Pelletier (William Dalton, Rantanplan, Piotr et M. Tang).

 

     « TOUS À L’OUEST : UNE AVENTURE DE LUCKY LUKE » est le nouveau dessin animé du personnage créé par René Goscinny et Morris. C’est Olivier Jean-Marie qui signe la réalisation de cette nouvelle aventure du célèbre cowboy solitaire. L’action se déroule à New York, en 1855. Lucky Luke escorte les Dalton pour un énième procès. Inévitablement, les quatre affreux s'évadent et pillent en règle les nombreuses banques de la future Grosse Pomme. La police à ses trousses, Joe Dalton planque le magot dans le chariot d'une caravane d'immigrants en partance pour la Californie. Bon gré mal gré, sous l'œil attentif du cowboy solitaire, les Dalton s'intègrent dans la caravane pour de nouvelles aventures désopilantes.

 

www.vivafilm.com

 

Commentaires de Michel Handfield (19 décembre 2007)

 

     Joe Dalton devant la vitrine d’un marchand d’armes de New-York : « Que c’est bon la civilisation! » Le ton est donné. Dessin animé pour les enfants, mais avec un ton pour adultes.

 

Que penser du financier que l’on retrouve au centre de cette aventure et  qui se disputerait certainement les grands titres de la presse financière avec Vincent Lacroix et Conrad Black : « Il y en a qui doivent perdent pour que d’autres gagnent! » « Mentir, mentir! Tout de suite les gros mots. » « C’est du marketing! » Le financier dans toute sa plénitude et son assurance, car dans l’arène de la finance comme dans celle de la boxe ou sur patinoire de hockey, certaines choses sont permises qui ne le sont pas ailleurs dans la société. La finance a ses règles que la raison ne comprend pas! 

 

Le problème, c’est que ce discours de bandes dessinées n’apparaît somme toute pas si loin de la réalité, où certains produits financiers tiennent davantage de la spéculation et de la pensée magique que de la réalité; du rêve en boîte! (1) Quant à certains comportements, ils tiennent de la caricature : ils sont plus vrais que nature! (2) Ce financier se fait d’ailleurs traiter d’escroc… par Joe Dalton, ce qui n’est pas peu dire.

 

Un western capitaliste, caricature de notre système et de ses travers, mais qui a aussi cédé à une certaine rectitude politique, Lucky Luke ayant cessé de fumer pour être politiquement correct. N’empêche, j’ai eu le sourire tout au long de ce film.

 

Notes :

 

1. Suffit d’écouter le moindrement les nouvelles financières et des émissions comme La facture (http://www.radio-canada.ca/actualite/v2/lafacture/) pour comprendre.

 

2. « Il m’apparaît que la morale de la finance s’est détériorée par un processus progressif de transgression. Ainsi, il semble que, déjà à l’université, on observe une propension à tricher plus grande dans les programmes de MBA que dans les autres programmes.

 

Une étude menée, il y a quelques années, a révélé que 56 % des étudiants au MBA ont admis avoir triché dans la dernière année, comparativement à 47 % dans les autres facultés. Les étudiants disent tricher parce qu’ils pensent que leurs pairs trichent également. » (DENIS MOFFET, professeur titulaire au département de finance et assurance de la faculté des sciences de l’administration de l’Université Laval, La culture de l’arnaque, in La Presse/Forum, Mercredi 12 décembre 2007, p. A-27)

 

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Le dernier continent

Prêts à tout, ils ont affronté pire encore!

 

Le biologiste et cinéaste Jean Lemire, accompagné d’un équipage de scientifiques et de cinéastes triés sur le volet, a osé aller vivre les changements climatiques et ses conséquences dans les griffes glacées du continent Antarctique sur le voilier Sedna IV.  Plus d’une année entière d’audace, d’isolement, de dangers, d’engagement… Le Dernier Continent témoigne de cette aventure humaine en alternant entre des images d’une beauté émouvante de sérénité et des séquences qui glacent de terreur où l’équipage du voilier se retrouve au bord de la catastrophe.  Un documentaire où le spectateur partage tout avec ces courageux aventuriers de l’écologie.

 

Commentaires de Michel Handfield (19 décembre 2007)

 

J’ai été à ce visionnement de presse lors des premières neiges à Montréal, autour du 20 novembre. Il faisait moins  2 ou moins 3 alors qu’en Antarctique l’équipe de Jean Lemire n’a eu qu’une moyenne de moins 5! On a battu ça dès décembre ici, avec deux tempêtes de plus de 30 cm de neige, une le 1er et l’autre le 16 décembre. Bref, ils étaient dans le Sud! Mais, toute cette neige est exceptionnelle cette année à Montréal, alors que ce réchauffement ne l’est pas en antarctique, car on parle d’une hausse de 6 degrés C au cours des 50 dernières années. La planète se réchauffe, même si ce début d’hiver peut nous faire douter.  

 

Ce dérèglement est complexe et inquiétant, car il peut signifier le réchauffement de certaines zones, mais aussi le refroidissement de d’autres, ce qui donne parfois de fausses impressions. Mais, force est de constater des phénomènes de plus en plus anormaux depuis quelques années, comme des périodes de chaleur de plus en plus longue à chaque hiver à Montréal, et un réchauffement global des températures moyennes du globe. Ou encore des sécheresses ou des pluies torrentielles de plus en plus fréquentes dans d’autres régions. Bref, des climats inhabituels de plus en plus fréquents, ce qui nous fait de plus en plus dire que les années ne se ressemblent pas.     

 

On apprend bien des choses dans ce film, comme le fait que le vent qui apporte cette chaleur au pôle Sud vient des villes du Nord. Cependant, ce  film traite davantage de la partie humaine et grand public de cette expédition. Il est d’ailleurs monté avec une certaine intensité dramatique.

 

Passer 430 jours au pôle Sud n’est pas facile ni pour la mécanique, ni pour l’humain, tant au plan physique que psychologique. Si, pour participer à une telle expédition, il faut être un scientifique, il faut aussi être habile de ses mains, car l’expédition compte sur l’équipe non seulement au plan scientifique, mais pour passer à travers au plan logistique, c’est-à-dire d’être autosuffisant pour tout ce qui a trait à l’entretien, les réparations et les urgences! Rien de moins, car il n’y a pas de service 9-1-1 ni de dépannage là bas. 

 

On a droit à un film grand public, qui fait rêver par la beauté des paysages et de la faune (manchot, canard, baleine…) malgré quelques montées dramatiques. Mais, cela soulève un autre problème, car avec le réchauffement de l’antarctique va-t-on assister à l’apparition de circuits touristiques au pôle Sud, contribuant ainsi à la dégradation du pôle? Il ne le faudrait surtout pas.

 

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     La partie scientifique devrait être présentée à Découverte (www.radio-canada.ca/actualite/v2/decouverte/) plus tard. Les détails seront annoncés le cas échéant. 

 

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L'avocat de la terreur

Un film de Barbet Schroeder

À L'AFFICHE DÈS LE 21 DÉCEMBRE 2007

 

Montréal, le mercredi 5 décembre 2007

 

Métropole Films a le plaisir de présenter le film L'avocat de la terreur, de Barbet Schroeder. Passant aisément de la réalisation au jeu sans oublier la production, Schroeder revient au documentaire après 5 ans d'absence derrière la  caméra et confirme son talent en tant que documentariste. Le film a d'ailleurs été présenté en Sélection Officielle dans la section « Un  Certain Regard » au 60e Festival International du film de Cannes en  2007. L'avocat de la terreur prendra l'affiche le 21 décembre 2007 en version originale sous-titrée en français et version sous-titrée en anglais à Montréal et le 25 janvier 2008 à Québec.

 

Communiste, anticolonialiste, d'extrême droite ? Quelle conviction  guide Jacques Vergès ? Barbet Schroeder 

mène l'enquête pour élucider le «mystère». Au départ de la carrière de cet  avocat énigmatique : la guerre d'Algérie et Djamilah Bouhired, la pasionaria qui porte la volonté de libération de son peuple. Le jeune homme de loi épouse la cause anticolonialiste, et la femme. Puis disparaît huit ans. A son retour, Vergès défend les terroristes de tous horizons (Magdalena Kopp, Anis Naccache, Carlos) et des monstres historiques tels que Barbie. D'affaires sulfureuses en déflagrations terroristes, Barbet Schroeder suit les méandres empruntés par «L'avocat de la terreur», aux confins du politique et du judiciaire. Le cinéaste explore, questionne l'histoire du «terrorisme aveugle» et met à jour des connexions qui donnent le vertige.

 

L'Avocat de la terreur n'est pas un portrait chronologique qui égrène les différents aspects de la vie de Jacques Vergès; le cinéaste s'intéressant plus particulièrement aux liens de l'avocat avec le terrorisme, à travers des événements marquants : la guerre d'Algérie, le combat palestinien, le terrorisme est-allemand. «En vérité, ce qui m'a le plus passionné, avoue Barbet Schroeder, c'est de pouvoir à travers lui faire un film sur l’Histoire  contemporaine, sur les cinquante dernière années que nous avons vécues, que j'ai vécues aussi depuis l'âge de 13 ans, et c'est donc aussi un film sur ma vie politique, et un regard sur ce que j'ai vécu.»

 

Commentaires de Michel Handfield (19 décembre 2007)

 

Jacques Vergès, avocat de la terreur? À tout le moins avocat des terroristes, révolutionnaires et criminels idéologiques et de guerre. Il faut bien quelqu’un pour les défendre. C’est le mandat d’un avocat pour le bon fonctionnement de la justice. Lui, il s’en est fait une spécialité. 

 

Il voit un lien entre son travail, les lumières et les droits qui viennent de la révolution française. Alors, défendre les terroristes, libérateurs de peuples colonisés et opprimés, a du sens pour lui. Né en Thaïlande, en 1924 ou 1925, il a déménagé à la Réunion en 1928. Possession française, il a connu ce qu’est être un colonisé. Puis, quand on est « colonisé », on est contre tout par principe! Être avocat est alors la meilleure position pour parler contre. Il est devenu avocat!

 

Dans les années 50, il a défendu Djamila Bouhired, terroriste algérienne, condamnée à mort pour un attentat qui a fait 11 morts et 105 blessés. Pour atteindre son but, il a orchestré une campagne médiatique et usé de différents stratagèmes, notamment  d’en faire une combattante de la liberté. Il explique la violence Algérienne par ce qu’ils ont subi. Ce ne sont pas des terroristes, mais des soldats d’une guerre contre le colonialisme et l’oppression. Ce sont des libérateurs. On lui doit d’ailleurs la « stratégie de rupture ». Puis, il a épousé Djamila et ne pratiquait plus que le droit civil… 

 

Comme c’était la cause qui l’attirait, il la quitta pour  défendre d’autres terroristes et criminels idéologiques ailleurs. Mais, Jacques Vergès ne fait pas que défendre un client : il épouse une cause et semble tomber symboliquement « amoureux » du client. Mais, si c’est une cliente, c’est plus trouble il me semble! On sent que la même chose aurait pu lui arriver avec Magdelena Kopp, la compagne du célèbre Carlos, et peut être avec quelques autres. C’est l’impression que j’en avais, à tort ou à raison. Quant aux clients, il semble s’en faire des amis et les fréquenter. Ce fut notamment le cas avec Pol Pot, du même âge que lui, qui a aussi étudié en France. On sent l’identification facile chez cet homme. S’il n’avait pas été avocat, il aurait certainement pris les armes dans une lutte de libération quelque part dans le monde. Un Che du droit!      

  

C’est ce militantisme qui dérange, plus que son point de vue discordant. Des avocats, il en faut. Des avocats qi épousent ainsi leur cause, c’est plus questionnable du point de vue de la profession et de l’éthique du droit peut être.

 

Vergès a néanmoins un point de vue qui se tient. Il explique que l’idéologie ne fait pas de nuances; ni d’un côté, ni de l’autre ajouterais-je. Lui, il en fait.  Ainsi, il explique qu’une partie des morts qu’on attribue à Pol Pot vient du blocus des États-Unis et de la communauté internationale. Il sépare donc les morts dus au blocus de ceux dus à Pol Pot et n’a pas tout à fait tort dans une comptabilité de l’horreur, car tel est le système de la justice comptable qui soupèse la morale des choses! Il joue sur des zones grises pour défendre ses clients. C’est son rôle, comme c’est celui de l’autre partie de montrer qu’on n’avait pas le choix de poser cette action pour éviter le pire.

 

Mais, le problème est toujours qu’il épouse les causes qu’il défend… au point que ça peut friser le négationnisme et l’idéologie, ce qu’il reproche pourtant à d’autres. C’est là que je balance entre la logique de son raisonnement et le discours idéologique qu’il présente, la ligne étant très mince entre les deux.

 

Plus d’une trentaine de personnes dressent le portrait de cet avocat, dont des terroristes repentis et d’autres toujours actifs. Certains viennent du peuple, d’autres des milieux intellectuels. On ne s’ennuie pas dans les 2 heures et quart de ce film et il en reste matière à réflexion par la suite.

 

Références :

 

Jacques Vergès : http://fr.wikipedia.org/wiki/Jacques_Verg%C3%A8s

 

Sur le film : http://www.lavocatdelaterreur.com/

 

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A Máquina (La Machine)

 

2005 / 75 min / color / subtitles in English

 

Réalisateur: João Falcão

Scénario: João Falcão et Adriana Falcão

Montage: Natara Ney

Photographie: Walter Carvalho

Son: José Moreau Louzeiro

Production: Diler & Associados

Interprètes: Paulo Autran, Gustavo Falcão, Mariana Ximenes, Wagner Moura 

 

Nordestina est un endroit où plus personne ne veut rester. Sur cette terre sans avenir, on ne parle que du vide laissé par ceux qui veulent aller de l'autre côté des confins, là où tout peut arriver.

 

Dans cette petite ville perdue du sertão, Karina « de la rue d'en bas » rêve d'être actrice et de conquérir le vaste monde. Antônio « de Dona Nazaré » est éperdument amoureux d'elle. Avant que son amour ne lui échappe, il se lance dans une croisade suicidaire pour déposer le monde aux pieds de Karina.

 

Commentaires de Michel Handfield (19 décembre 2007)

 

Ce long métrage, vu dans le cadre du Festival du Film Brésilien de Montréal (www.brazilfilmfest.net), relève du film, du clip et de la BD. Il s’adresse d’abord à un public jeune adulte par le propos et le style, à la fois dans la réalité et la science fiction, ce qu’on ne réalise pas immédiatement.

 

Socialement, on nous présente un « bled » que tous voudraient quitter pour un monde meilleur.  Antônio rêve de conquérir la belle Karina; elle, rêve d’être actrice pour conquérir le monde. Ce qui les faits rêver ainsi, c’est la télé, d’où l’invention et le succès de la téléréalité probablement! Mais, on est prêt à aller jusqu’ou pour obtenir son 2 minutes de gloire à la télé et quitter ce monde? Voilà  la question.

 

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Un coin du ciel

75 pays, 30 langues, 5 religions, 1001 histoires

 

Un documentaire sur le quartier de Parc-Extension déposé à la Commission Bouchard-Taylor est projeté en primeur lors des 10e Rencontres internationales du documentaire de Montréal (RIDM) les 16 et 17novembre prochains

 

À l’affiche au Cinéma Parallèle le 7 décembre

 

Un coin du ciel jette un regard chaleureux et sans compromis sur Parc-Extension, étonnant village dans la ville où tant d’exilés rêvent de trouver un coin de ciel paisible à installer au-dessus de leur tête. La trame du documentaire s’inscrit dans cette petite Babylone moderne qu’est devenu le CLSC Parc-Extension, plongé bien malgré lui en plein cœur de la controverse entourant les pratiques d’accommodements raisonnables. Le film, loin d’attiser les antagonismes, documente les liens précieux qui unissent les Québécois d’ici et d’ailleurs dans un des quartiers les plus cosmopolites de Montréal. 

 

Tourné sur deux ans, en toute complicité avec les protagonistes, le film sera déposé à la Commission Bouchard-Taylor lors des audiences des 14 et 15 novembre à Laval. Un coin du ciel sera également présenté en première mondiale lors des 10e Rencontres internationales du documentaire (RIDM), les 16 novembre à 18 h 00 à la Grande Bibliothèque et 17 novembre à 18 h 15 à la Cinémathèque québécoise.

 

Des défis du travail transculturel aux difficultés d'une grossesse en exil, Un coin du ciel nous plonge au cœur du quotidien de Québécois tricotés sous toutes les latitudes. Par son accès privilégié aux coulisses du CLSC, le documentaire explore les méandres de l’intégration, le choc des cultures, mais aussi le racisme ordinaire et la place rassurante de la religion dans la vie de plusieurs immigrants.

 

En se glissant dans les pas discrets d’Hélène, la travailleuse sociale native de Québec, dans ceux énergiques de Tassia, d’origine grecque, sorte d’ombudsman improvisée du CLSC, le film fait vivre aux spectateurs la course à obstacles et les stratégies de résistance des exilés. Au fil des mille et une histoires qui s’entrechoquent au CLSC Parc-Extension, Un coin du ciel esquisse avec humour et tendresse les contours complexes et mouvants d'un Québec en pleine mutation.

 

Misant sur la sobriété, sur une caméra qui écoute autant qu’elle regarde, le documentaire de Karina Goma  (La Course Europe-Asie, Les Justes, Todo Incluido) illustre avec éloquence combien immigrants et Québécois de tous horizons s’ingénient à trouver des solutions au quotidien et retissent, ensemble, des fils d’humanité.

 

Le film est produit par Monique Simard et Marcel Simard aux Productions Virage. Il sera à l’affiche au Cinéma Parallèle (Ex-Centris) du 7 au 13 décembre 2007.

 

Commentaires de Michel Handfield (12 décembre 2007)

 

Le CLSC comme un hôpital, mais pour les maux sociaux. Le Réno-Dépôt des solutions. C’est souvent le cas des petites communautés. C’est aussi le cas dans Parc-Ex, à Montréal, car il s’agit d’une enclave particulière.

 

D’abord, géographiquement, Parc-extension est une enclave limitée à l’Est et au Sud par des voies ferrées; au Nord par l’autoroute métropolitaine et à l’Ouest par la clôture de ville Mont-Royal. Comme le quartier longe en plus la partie Ouest du parc Jarry, il y a peu de rues qui vont vers l’Est de l’arrondissement Villeray/Saint-Michel/Parc-Extension. En fait, il n’y a que Jean-Talon, Jarry et Crémazie (qui longe l’autoroute) qui relient ce quartier au reste de son arrondissement. Vers le Nord, il y a l’Acadie et Querbes, qui se termine au marché central pour cette dernière. Vers le Sud, c’est l’avenue du Parc (1), qui a donné son nom à ce quartier je crois! Vers l’Ouest il y a Crémazie, Jean-Talon et Beaumont. Enclavé dans son propre arrondissement si je puis dire. Par contre, le quartier est bien  desservie par le métro, avec les stations Parc à l’extrémité Est et l’Acadie à l’extrémité Ouest du quartier sur la ligne 5/bleue.

 

Ensuite, c’est une enclave linguistique. Quartier d’immigration, 62% de sa population est née hors du Canada (2). Plusieurs ne parlent ni le français, ni l’anglais même si l’anglais y est largement majoritaire pour ceux qui parlent au moins une des langues officielles du Canada. (3) Par contre, la francisation fait son chemin chez les jeunes. Pensons à un autre documentaire tourné dans ce quartier : la classe de Madame Lise! 

 

Comme ce documentaire tourne autour du CLSC, on voit davantage de nouveaux arrivants et de personnes âgées qui ne parlent pas le  français, ce qui donne une certaine teinte à ce film qu’il faut nuancer quelque peu. Alors qu’au tournant des années 80 on trouvait difficilement La Presse dans les dépanneurs du quartier – je me rappelle m’être fait demander « What is it? » - on a maintenant La Presse, Le Devoir, Le journal de Montréal, des livres et des revues en français au Loblaws du Parc! C’est déjà ça. 

 

Ce n’est pas un ghetto, mais il existe une isolation individuelle du fait des barrières linguistiques propre à ce quartier, plusieurs citoyens ne pouvant communiquer entre eux, n’ayant pas de langue commune. En même temps, vu les barrières physiques et la concentration d’ethnies sur ce territoire, ce qui est différent d’une concentration ethnique, des services communautaires s’y sont développés pour répondre aux besoins particuliers de cette population, ce qui fait que certaines personnes s’impliquent, que ce soit à la CDÉC; à la période de question du conseil d’arrondissement; ou dans les organisations politiques du milieu. J’en parle d’expérience, car j’habite l’arrondissement Villeray/Saint-Michel/Parc-Extension et j’en voie. L’isolation se brise lentement.

 

Naturellement, c’est un quartier de passage, comme St-Michel où j’habite. A part un noyau dur d’anciens résidents, plusieurs changent de quartier quand ils se sont intégrés, remplacés par de nouveaux arrivants, puisque les services sont disponibles pour les accueillir. C’est ce qui fait qu’on peut parfois avoir l’impression que les choses ne changent pas alors qu’elles changent, même si c’est parfois lent selon nos critères! (4) Le milieu fait son travail d’intégration, les ethnies intégrés allant ensuite accroitre la population d’autres quartiers de Montréal ou de la banlieue.    

 

Quant à ceux qui ont des difficultés à s’intégrer ou à apprendre la langue, ils sortent peu du quartier, y trouvant une sécurité et des services leur facilitant la vie, dont la bibliothèque de Parc-Extension, où le multiculturalisme est à l'honneur avec plus de 75 000 documents en 12 langues! (5) Adjacent à la bibliothèque, au sein du Centre de francisation William-Hingston de la CSDM (6), on trouve aussi la Salle de diffusion de Parc-Extension, où il y a différentes activités. S’y est tenu cet été une exposition sur Armand Vaillancourt que j’ai visité. Les citoyens en difficultés d’intégration y trouvent donc un milieu de vie rassurant et stable qui les incite à demeurer dans le quartier. Ont voit plusieurs de ces personnes dans le documentaire de Karina Goma d’ailleurs, le CLSC contribuant à cette offre de services.          

 

Pour ceux qui ne connaissent pas ce quartier, ni ce milieu, ce sera une découverte. Pour moi c’était la normale.

 

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Malgré que je connaisse déjà le quartier, j’ai quand même appris quelques affaires, comme le fait que les mariages arrangés sont importants pour les « pakis » (Pakistanais), parce que ça fait plaisir à Jésus Christ! Autre culture, autres mœurs, car on a beau les côtoyer dans l’arrondissement, on ne sait pas tout d’eux. Loin de là! J’ai bien aimé aussi cette expression de « parler le Tarzan », c’est-à-dire de parler par gestes! Un film pour découvrir un autre Montréal. Mais, il est aussi intéressant d’aller « marcher » les commerces de la rue Jean-Talon à partir du Métro du Parc pour découvrir ce quartier par la rue et ses gens.  

 

Notes :

 

1. Voir le répertoire toponymique de la ville de Montréal (www.ville.montreal.qc.ca/toponymie) pour des détails sur les avenues Querbes, du Parc et autres rues de Montréal.

 

2. GROUPE DE TRAVAIL SUR LES PORTRAITS DES QUARTIERS

VILLERAY, SAINT-MICHEL ET PARC-EXTENSION,

SEPTEMBRE 2004, Portrait du Quartier Parc-extension, Ville de Montréal (Villeray/Saint-Michel/Parc-Extension) et CDÉC Centre-nord, p. 1:

www.cdec-centrenord.org/fr/Docs/portraits/Parc-Extension.pdf

 

3. « L'anglais est la première langue officielle parlée par 50% de la population du quartier contre 19% pour le français. L’anglais est aussi la langue de travail pour la majorité des travailleurs de Parc-Extension. Mais une part importante de la population (13%) ne connaît aucune des deux langues officielles. » (Ibid. p. 1)

 

4.  Selon nos critères, une chose est parfois vieille après 6 mois! On dit d’ailleurs qu’en politique, 6 mois c’est une éternité! Dans l’apprentissage d’une langue et d’une culture 6 mois, c’est quelques heures en comparaison. On peut parfois parler de générations.

 

5. http://ville.montreal.qc.ca/portal/page?_pageid=91,1983175&_dad=portal&_schema=PORTAL

 

6. Centre de francisation William-Hingston de la CSDM. Le site web est à venir au moment d’écrire ces lignes : www.csdm.qc.ca/william-hingston/

 

Autres hyperliens :

 

CLSC Parc-extension : www.clscparc-extension.qc.ca/

 

CDÉC : www.cdec-centrenord.org

 

Arrondissement Villeray—Saint-Michel—Parc-Extension: http://ville.montreal.qc.ca/portal/page?_pageid=91,1983020&_dad=portal&_schema=PORTAL

 

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THE GOLDEN COMPASS / A la croisée des mondes – La boussole d’or

 

Sortie en salles : vendredi 7 décembre 2007

Réalisateur : Chris Weitz

Distribution: Nicole Kidman, Eva Green, Daniel Craig, Dakota Blue Richards

 

Le premier volet de l’adaptation de la trilogie signée Philip Pullman.

 

Lyra, 12 ans, est une orpheline rebelle qui vit à Jordan College, un établissement de l'Université d'Oxford, dans un monde parallèle qui ressemble au nôtre mais qui a évolué de façon un peu différente. Elle a pour compagnon Pantalaimon, son dæmon, un être capable de prendre de nombreuses formes animales. Le monde de Lyra est en train de changer. L'organisme gouvernemental global, le Magisterium, resserre son emprise sur le peuple. Ses sombres activités l'ont poussé à faire enlever des enfants par les mystérieux Enfourneurs. Parmi les gitans, qui ont perdu beaucoup des leurs, court une rumeur : les enfants sont emmenés dans une station expérimentale quelque part dans le Nord, et on pratique sur eux d'abominables expériences... Lorsque Roger, le meilleur ami de Lyra, disparaît à son tour, la petite fille jure d'aller le chercher, jusqu'au bout du monde s'il le faut...

 

Commentaires de Michel Handfield (8 décembre 2007)

 

     Dès le départ, je me suis senti dans un conte, entre Disney (1) et Harry Potter. J’ai fermé le Palm et regardé ce  film, très bien fait d’ailleurs. Naturellement, comme dans tous les contes, on peut y voir des messages et de la controverse, mais j’avais mis l’analyseur à OFF, ce film me ramenant à l’enfant en moi. En effet, j’ai toujours aimé les dessins animés et même si ce n’en est pas un au sens formel, il en a tout l’esprit. D’ailleurs, avec les moyens techniques d’aujourd’hui on peut faire tous les effets que seul le dessin animé permettait autrefois, mais dans un film conventionnel! Qu’en sera-t-il demain? Le sociologue commençait à revenir à l’affut. Je l’ai mis à OFF!

 

Note :

  

1. Marisa Coulter me faisant penser à Anita, la méchante des 101 dalmatiens!

 

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RHINOCÉROS (Théâtre)

 

D’Eugène Ionesco MISE EN SC ÈNE Jean-Guy Legault

Du 20 novembre au 15 décembre 2007 - 2 supplémentaires : 18 et 19 décembre, 20h.

« Contre tout le monde, je me défendrai ! Je suis le dernier homme, je le resterai jusqu’au bout ! Je ne capitule pas ! » — Bérenger

 

LE RHINOCÉROS PAR LES CORNES

 

Eugène Ionesco, l’auteur de théâtre français le plus joué dans le monde, revient sur la scène du TNM après bientôt vingt ans d’absence. C’est d’ailleurs avec Rhinocéros, cette fable fantaisiste et troublante sur l’embrigadement des esprits et des volontés, que le célèbre écrivain d’origine roumaine fut découvert en 1968 par le public du TNM. Aujourd’hui, avec la relecture de ce chef-d’œuvre, le metteur en scène Jean-Guy Legault fait son entrée chez nous. Il prend le Rhinocéros par les cornes afin de redire la nécessité de combattre et de résister contre tous les rouleaux compresseurs qui souhaitent nous décerveler.

 

Transposée dans une tour à bureaux d’une mégalopole, cette pièce lucide et féroce, cette métaphore virulente qui vise les totalitarismes de toute sorte acquiert une vibrante actualité. Dans ce spectacle mené tambour battant, Marc Béland et Alain Zouvi incarnent le combat entre soumission et révolte, entourés d’une délirante équipe de comédiens et concepteurs.

 

TOUS PAREILS, TOUS BÊTES!

 

Une ville est bouleversée par la métamorphose de ses habitants en grosses bêtes cornues. La soudaine apparition d’un premier rhinocéros provoque la stupeur et occupe la conversation de Bérenger, un employé de bureau timide et sans envergure, de son ami Jean, avec lequel il se dispute, et d’un chœur de personnages que domine un logicien aux raisonnements absurdes. Puis, malgré le passage d’un second animal, tout semble rentrer dans l’ordre. Le lendemain, au bureau où travaillent Bérenger et Daisy, une jolie dactylo qui a également assisté à l’incident, employés et chef de service se montrent incrédules. Mais apparaît bientôt un autre pachyderme, puis Jean se métamorphose à son tour en rhinocéros sous les yeux de Bérenger. Traumatisé par ce bouleversement, Bérenger découvre l’ampleur de l’épidémie de « rhinocérite » à laquelle, un moment, il aspire à succomber. Abandonné de tous, même de Daisy, pourtant éprise de lui, il vacille un instant puis, s’armant d’une carabine, décide de ne pas « capituler ».

 

IONESCO, LE TRAGÉDIEN COMIQUE

 

En 1938, Ionesco et sa famille quittaient une Roumanie en proie au fascisme pour s’établir à Paris. Vingt ans plus tard, il écrit Rhinocéros et révèle ses craintes face à la barbarie latente dans le cœur humain et face à l’esprit de masse, qui nivelle tout sur son passage et moule les êtres dans un modèle standard. À travers la figure de Bérenger, celui qui ne veut surtout pas devenir un rhinocéros, le seul qui ne soit pas atteint de ce mal terrible, l’auteur proclame la nécessité de se tenir debout devant le pouvoir, qui souvent rend aveugle et endort les consciences.

 

Tragédien comique, boulevardier capable d’élans terrifiants, le créateur de La Cantatrice chauve s’intéresse d’abord à la fantaisie et à la farce macabre : autant de façons pour lui de déjouer les dictatures et les endoctrinements pervers, de mettre à nu les mécanismes du pouvoir, à défaut d’être en mesure de les mettre en échec. Près de cinquante ans après sa création en France en 1960, la pièce d’Ionesco permet d’entendre une voix à la fois cocasse et plaintive, ironique et cruelle, où se mêlent les accents comiques et tragiques d’un auteur qui jamais n’a vaincu son dégoût face aux dictatures et ses peurs face aux dangers de l’uniformité.

 

TONIQUE, ÉNERGIQUE ET DÉCAPANT

 

Jean-Guy Legault, qui n’hésite pas à se présenter comme un « grand ado qui aime bien s’amuser » et qui est maintenant connu pour ses spectacles énergiques et même athlétiques a signé au Théâtre Denise-Pelletier des mises en scène peu orthodoxes de deux classiques de Goldoni : L’Honnête Fille et Les Jumeaux vénitiens. Il a recréé Les Fridolinades de Gratien Gélinas, signé un Tout Shakespeare pour les nuls et se réappropriera bientôt le mythique Docteur Jekyll et M. Hyde de Robert Louis Stevenson. Depuis dix ans, sa compagnie, le Théâtre des Ventrebleus, a privilégié une approche fantaisiste pour le grand public. Résultat : Poe, inspiré de l’univers fascinant de l’écrivain américain, a

séduit les spectateurs de tous âges ; quant à Scrooge, il a été joué de 2002 à 2004 et nombreux sont ceux qui souhaitent encore le voir repris. Mais les activités de Jean-Guy Legault ne se limitent pas à sa compagnie : Nuit d’Irlande du Nouveau Théâtre Urbain tourne en ce moment à travers le Québec et Théâtre extrême, une production du Théâtre du Vaisseau d’Or qu’il a écrite et mise en scène, a fait parler de lui en termes plus qu’enthousiastes tout au long de l’année qui s’achève. Cet automne Jean-Guy Legault injecte l’énergie singulière qui est la sienne à Rhinocéros et nous permet, grâce à Ionesco, de percer quelques mystères de la bête humaine dans la société moderne.

 

D’HEUREUSES RETROUVAILLES

 

En avril 1990, deux jeunes acteurs se rencontrent pour la première fois sur la scène du TN M1 : Marc Béland joue Hamlet et Alain Zouvi son fidèle ami Horatio, dans une mise en scène d’Olivier Reichenbach. Ils se retrouvent aujourd’hui face à face. Alain dans le rôle de l’incorruptible Bérenger et Marc dans celui de son ami qui se transformera en bête sous ses yeux. Deux personnages qui sont le miroir l’un de l’autre. Avec Rhinocéros, le TNM revient donc à l’oeuvre d’Ionesco, près de vingt après qu’André Montmorency, dans l’un de ses plus grands rôles au théâtre, ait joué Le roi se meurt en 1988 sous la direction du regretté Jean-Pierre Ronfard. Ronfard fut le constant et brillant défenseur de l’oeuvre d’Ionesco au TN M, lui qui avait déjà monté pas moins de trois pièces du grand bouffon taciturne avant de signer la mise en scène du Roi se meurt : Macbett, Délire à deux puis Les Chaises. Jean-Guy Legault assure aujourd’hui la relève de la garde.

 

Avec Marc Béland / Geneviève Bélisle / Annick Bergeron /

Luc Bourgeois / Éric Cabana / Vincent Côté / Mich èle Deslauriers / Benoît Girard / Diane Lavallée / Évelyne Rompré / Alain Zouvi

 

Assistance à la mise en scène et régie Nathalie Godbout /

Décor Richard Lacroix / Costumes Myco Anna /

 

Éclairages Erwann Bernard / Musique et conception sonore Yves Morin en collaboration avec JOËL MELANÇON/ accessoires Alain Jenkins / Conception vidéo Yves Labelle / Design graphique et animations Vincent Morisset / Maquillages et coiffures Florence Cornet.

 

AU Théâtre DU NOUVEAU MONDE du 20 novembre au 15 décembre 2007. Du mardi au vendredi à 20 h.  Les samedis à 15 h et 20 h. Réservations 514.866.8668  www.tnm.qc.ca

 

Commentaires de Michel Handfield (29 novembre 2007)

 

Bienvenue dans les bureaux de Rhino World, entreprise moderne, où toute la pièce se déroule. Pour donner le ton, la patronne donne ses instructions par écran interposé et la musique est techno. Faut que ça bouge, productivité oblige! Une pièce très actuelle donc, écrite au tournant des années 60! Les employés font même leur petite danse corporative pour se mettre d’entrain au début de la journée de travail comme cela se fait dans plusieurs entreprises qui axent sur l’humain, mais n’hésitent pas à le considérer comme une simple ressource jetable quand il s’agit de « booster » le rendement et de réduire les coûts! Tous participent à  cette mode corporative. Pourtant, l’on devrait savoir que ce n’est pas toujours sincère. Mais, quand on aime suivre…

 

Tous? Non, car il y a un irréductible marginal, déphasé, dépeigné et quelque peu déglingué qui est loin de participer. Un marginal qu’on aimerait bien voir entrer dans le rang une fois pour toute, car son comportement questionne les autres. C’est d’ailleurs à ça que devrait servir cette petite danse et quelques autres routines du genre : souder les troupes et briser les individualités! Mais, lui, il passe à côté malgré la pression des camarades. Un employé téflon : il ne colle pas dans le moule! S’il ne répond pas à côté de la question, il donne la réponse à côté de celle que l’on attendait!

 

Cette pièce dénonce donc notre plus grand paradoxe : on revendique tous notre individualité et on s’identifie facilement à Bérenger sur ce point, mais notre goût d’être comme les autres faits que l’on suit bien plus souvent la meute qu’on ne voudrait le croire! On se justifie par la suite : « Bah, ce n’est pas si pire que ça la p’tite danse, puis ça réveille… » Bref, le génie de cette pièce est de montrer l’humain dans toute son humanité et ses paradoxes, le premier étant que son humanité est parfois très mécanique et prévisible! L’Homme veut être comme ses semblables. Les sondeurs l’ont compris depuis très longtemps et c’est pour cela que les sondages fonctionnent. D’ailleurs, dans les sondages tout comme chez Rhino World, on ne tient pas compte des marginaux (en rouge). C’est la courbe normale qui compte (en noir). 

 

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Si ce système ne peut broyer un individualiste, il l’isolera. Il sert cependant très bien les incompétents qui si conforment à la lettre, surtout si les tâches sont simples et claires comme elles le sont généralement dans un système tayloriste. Suffit d’y aller « by de book »! (1) Pas besoin de créer pour avancer; seulement de suivre les règles et la routine sans faire de vagues! Il y a alors moins de risques de se tromper. On est ainsi dans une logique totalitaire et on n’a qu’à  s’en tenir au dogme. C’est le règne de la pensée unique (2) tant au travail, en politique, qu’en religion.

 

Cependant, s’il y a différents groupes en opposition et, surtout, à la recherche de la pole position, on aura droit à des affrontements, car les tenants de chaque chapelle sont prêts à l’’affrontement pour montrer la supériorité de leur dogme. Tant les conflits de travail  qu’interreligieux viennent  de là. La religion opium du peuple comme le disait Marx; formule justement reprise par Ionesco dans cette pièce pour dénoncer cette propension à suivre une vérité toute faite.    

 

Ionesco a d’ailleurs intégré plusieurs formules chocs dans sa pièce – on y parle même d’accommodements! - pour dénoncer notre propension à suivre les vagues et les modes qui se succèdent, mais l’avons-nous compris? On peut se le demander si, plus de quarante ans après sa création, cette pièce est aussi criante d’actualité aujourd’hui que dans le temps!

 

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     Chez Rhino World, tout est contrôlé par des caméras. On sait ce que les employés font! Ce n’était probablement pas le cas au moment où cette pièce fut écrite, mais ce l’est maintenant. On est susceptible  d’être filmé partout, partout : tant dans les entreprises que les salles de bain des grands magasins ou sur la rue. La police de Montréal a des caméras de surveillance sur St-Denis et sur St-Laurent par exemple, mais le simple citoyen a aussi une web cam dans son cellulaire et peut envoyer son film sur You Tube par exemple. La planète y a donc accès d’un ordi personnel! D’un ordi personnel on a aussi accès à un réseau de caméras situées dans des lieux publics comme www.earthcam.com/ et www.montrealcam.com/. Cela fait maintenant partie de nos vies au point qu’on oublie trop facilement que « big brother » nous regarde.

 

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     Cette pièce, sous forme de fable cynique, examine notre organisation sociale. Sous des airs de comédie absurde, c’est pourtant un regard très lucide que pose l’auteur. Ainsi, quand tous deviennent rhinocéros par mimétisme, un des protagonistes a comme justification que « la loi de la nature est éprouvée! » Il faut donc la suivre. C’est justement le fondement du néolibéralisme (3) qui se justifie en parlant de justice naturelle et d’économie de marché pour défendre l’inaction face aux inégalités. Un discours digne de Malthus justifiant l’exclusion sociale. (4) C’est pourtant faire fi des progrès de l’humanité que de vouloir tout réduire à une loi naturelle, car l’Homme a grandement amélioré son sort depuis qu’il vit en société même si quelques idéologues essaient de nous faire croire le contraire. L’extrême individualisme n’est pas mieux que son contraire : l’extrême collectivisme! (5)   

 

Comme l’humain est un animal influençable et que le Pouvoir a développé des instruments de propagande idéologique, l’Homme oublie souvent ses valeurs pour suivre celles qui sont à la mode du jour. C’est une dictature de la pensée. Quand le choix à la mode est d’être rhino, c’est comme s’il n’y avait pas de choix. La fatalité de la pensée unique! 

 

 Traduit dans notre monde on pourrait penser à tous ces médias (6) qui nous disent que le privé fait mieux que le public, ce qui fait qu’une majorité de citoyens  revendique davantage de privé dans tous les secteurs de la vie, allant de la privatisation de la SAQ à celle des soins de santé,  sans voir que le problème n’est pas le choix entre le privé et le public, mais bien la bureaucratie qui brime toute créativité, que cette bureaucratie soit privée ou publique!  (7) Bref, l’Homme est prêt à faire comme les rhinos pour être au goût du jour! C’est son choix dit-il, mais son choix est influencé par des moyens de contrôle idéologique très puissant, relayé par des communicateurs hors pairs  et des médias qui font partis des conglomérats qui peuvent justement y avoir un intérêt! C’est d’ailleurs le propre de notre époque d’avoir développé des outils si sophistiqué qu’ils orientent les choix individuels même si ceux qui les contrôlent s’en défendent bien. Prenons le cas de la santé en exemple. L’État a coupé dans la santé, mettant à la retraite des milliers de professionnels, pour équilibrer ses finances, mais subventionnait en même temps la grande entreprise pour créer de l’emploi! Et après, quand le réseau asphyxie, le privé, médias en tête, commence à préparer le terrain de l’opinion publique pour que le peuple revendique l’intervention du privé dans la santé! Mais, si au lieu de subventionner le privé, l’État avait investit ces sommes dans le public et avait réorganisé le travail pour réduire les irritants bureaucratiques, revendiquerions-nous autant le privé?  

 

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Pourrons-nous un jour sauver le monde s’il veut aller à sa perte? Grave question que pose cette pièce sans que ça ne paraisse. Tout le génie d’Ionesco est d’avoir montré que ce monde est toujours aussi sensible aux idéologies qui promettent de tout résoudre, même après avoir connu les affres du nazisme. Il ne s’est pas trompé, la seconde moitié du XXe siècle portant les germes d’une nouvelle forme de dictature qui s’est déployé une fois le mur de Berlin écroulé : celle du néolibéralisme! Une dictature économique celle là. Mais, comme toutes choses poussée à l’extrême a l’effet contraire à celui recherché (8), on peut déjà prédire que cette idéologie aura aussi une triste fin, remplacée par une nouvelle utopie dans laque les Hommes s’engouffreront encore tête baissée comme des rhinocéros! Ionesco aura encore raison. 

 

Notes :

 

1. Dans ce cas, cela s’applique autant à une bureaucratie qu’à une entreprise de service, car si on connaît d’abord le taylorisme pour le travail d’usine, des variantes existent aussi pour d’autres secteurs. Pensons à Fayol. Pour en savoir plus à ce sujet : CHANLAT, Jean‑Francois, SEGUIN‑BERNARD, Francine, 1983, L'analyse des organisations une anthologie sociologique tome I: les théories de l'organisation, Saint Jean (Qc): éd. Préfontaine.

 

2. Kahn, Jean-François, 1995, La pensée unique, Fayard, col. Pluriel

 

3. Bernard, Michel, 1997, L'utopie néolibérale, Québec: l'aut'journal et Chaire d'études socio-économique de l'UQAM.

 

4. « Un homme qui naît dans un monde déjà occupé, s’il ne peut obtenir des moyens d’existence de ses parents auxquels il peut justement les demander, et si la société ne peut utiliser son travail, cet homme n’a pas le moindre droit à la plus petite portion de nourriture, et en réalité il est de trop sur la terre. Au grand banquet  de la nature, il n’y a pas de couvert mis pour lui; la nature lui commande de s’en aller, et elle ne tarde pas à mettre cet ordre elle-même à exécution. » (Malthus, 1803, Essai sur le principe de la population, cité par Bernard, Michel, Ibid., p. 55)

 

5. Pour le regretté juge Antonio Lamer, libertaire, décédé dans la nuit du 23 au 24 novembre 2007, c’était la primauté de l’individu qui comptait, l’État n’ayant que des responsabilités : 

 

«Les hommes ont délégué à un certain nombre de personnes, non pas des droits, mais le pouvoir de voir à ce que les droits de chacun soient respectés, faisait-il remarquer. L’État n’a pas de droits; l’État n’a que des obligations vis-à-vis des individus et de la collectivité. La collectivité, ce n’est pas l’État mais la somme des individus. [...] L’État a une arme, la loi, qu’on lui donne pour me protéger et vous protéger. Ce n’est pas son droit, c’est son devoir. C’est mon droit par contre d’être protégé.» (Presse canadienne, Décès de l'ancien juge en chef de la Cour suprême Antonio Lamer - Le Canada perd un grand défenseur des droits et libertés, in Le Devoir, Édition du lundi 26 novembre 2007 : www.ledevoir.com/2007/11/26/166080.html) 

 

Par contre, ce qui manque dans cette logique des droits et libertés, c’est la responsabilité. Elle n’est pas inscrite dans la charte canadienne des droits et libertés.

 

Devrait-il y avoir un équilibre entre droits et responsabilités individuels et collectifs? C’est une autre question, mais je serais porté à croire que oui au premier abord, car une société c’est davantage que l’amalgame d’individualités. C’est là un débat qui est loin d’être clos cependant, mais je crois qu’il faut des deux, sauf que je ne sais pas dans quelle proportion exactement. Peut être davantage sur les droits individuels que collectifs, mais  certaines règles collectives sont probablement nécessaires pour cimenter la société. Le débat reste ouvert. 

 

Pour ceux que ces débats intéressent davantage, lire, entre autres, Vigneault, Luc et Melkevik, Bjarne (Sous la direction de), 2006, Droits démocratiques et identités, PUL : Administration et droit, Collection  Dikè, 160 pages : www.pulaval.com et Rousseau, Jean-Jacques, 1992 [1762], Du contrat social, France: Grands écrivains.

 

6. Dans le numéro de décembre 2007/Janvier 2008 d’alternatives, Vol. 14 no. 4, nous pouvons lire qu’ « Aux États-Unis, 91 % des stations de radio «parlantes» sont orientées à droite. Voilà les conclusions inquiétantes d’une étude menée conjointement par le Center for American Progress et le Free Press, deux institutions vouées à la promotion de la justice sociale. » (Jean-Simon Gagné, Aux États-Unis, 91 % des stations de radio préfèrent la droite..., Alternatives 14/4, p. 6)

 

7. C’est justement un des propos sous jacent au dernier film de Denis Arcand : L’âge des ténèbres!

 

8. ILLICH, Ivan, 1975, Némésis médicale, Paris: Seuil, coll. point.

 

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Stephen King's The Mist / Brume de Stephen King

D'après le roman à succès de Stephen King.

www.themist-movie.com/

 

Sortie en salles: le vendredi 23 novembre 2007 en version originale anglaise et version française québécoise.

 

Réalisateur: Frank Darabont

 

Distribution: Thomas Jane, Andre Braugher, Toby Jones, Marcia Gay Harden, Laurie Holden, Nathan Gamble

 

Alors qu'une brume inquiétante se lève, les habitants d'une petite ville se réfugient dans le supermarché local.  Ils sont alors assiégés par des créatures mystérieuses, dissimulées dans le brouillard....

 

www.vivafilm.com

 

Commentaires de Michel Handfield (21 novembre 2007)

 

      Inquiétant dès les premières minutes. Puis, on se demande, qu’est ce que ce brouillard venu après la tempête a de si particulier? Venu d’un autre monde ou le résultat de l’explosion d’une usine chimique?  Et tous ces cris inquiétants! Des extra-terrestres ou des mutants dus à la pollution, aux dérèglements climatiques ou à des mutations génétiques? Depuis que l’homme bricole le vivant, on peut s’attendre à des dérapages incontrôlés…

 

      On a aussi droit à la psychologie (et la psychose!) de gens pris dans un huis clos, enfermé au marché local pour se protéger d’une chose qu’ils ne connaissent pas, mais qui est là, à l’extérieur. État d’instabilité, d’incrédulité et de choc quand ils voient ce qui se passe réellement. Et là, c’est la panique, puis l’abandon à Dieu (« Je me remets entre tes mains ») ou la recherche de solutions, amenant des conflits entre eux, divisés en clans dorénavant. Là où on devrait être uni, on a toutes les raisons de s’opposer, ce qui accentue le thriller.        

     

      Un mariage entre The birds et 12 hommes en colère pour faire un parallèle avec des classiques du cinéma.

 

      Un film qui fait réfléchir, mais je ne peux pas en dire davantage, car c’est un thriller! À vous de le découvrir si vous n’êtes pas trop sensible. Et attention à la brume en sortant. 

 

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« LOVE IN THE TIME OF CHOLERA »

« L’amour au temps du choléra »

www.loveinthetime.com/

 

Montréal, le 9 octobre 2007

 

Le réalisateur britannique Mike Newell (Harry Potter and the Goblet of Fire, Donnie Brasco, Four Weddings and a Funeral) sera de passage à Montréal le mardi 16 octobre prochain en vue de la sortie en salles de son nouveau film, « Love in the time of cholera ». Le long-métrage scénarisé par le récipiendaire d'un Oscar® Ronald Harwood (Le scaphandre et le papillon, Le Pianiste) est l'adaptation d'un livre du romancier colombien Gabriel Garcia Marquez. Mettant en vedette Javier Bardem, Giovanna Mezzogiorno et Benjamin Bratt, « Love in the time of cholera » prendra l'affiche au Québec en versions originale anglaise et française le 16 novembre prochain.

 

Cinéaste de renommée internationale, Mike Newell a dirigé certains des plus grands noms du cinéma dont Charlton Heston et Anthony Hopkins dans les années 1980. Les années 1990 marquent un tournant dans sa carrière, notamment avec le succès de la comédie romantique « Four Weddings and a Funeral » qui se retrouve en lice pour l'Oscar® du meilleur film. Fort de sa popularité internationale, Mike Newell dirige Al Pacino et Johnny Depp dans « Donnie Brasco » présenté sur les écrans en 1997. Après avoir réalisé « Mona Lisa Smile » mettant en vedette Julia Roberts, le cinéaste britannique s'est retrouvé derrière la caméra pour « Harry Potter and the Goblet of Fire », quatrième volet des aventures du jeune apprenti sorcier.

 

Distribué au Québec par Alliance Vivafilm, « Love in the time of cholera » de Mike Newell prendra l'affiche au Québec le 16 novembre prochain.

 

www.vivafilm.com

 

Commentaires de Michel Handfield (21 novembre 2007)

 

      Une histoire d’amour et de haine; Florentino n’aimait qu’elle, mais il  multipliera les conquêtes sans lendemain suite à cet amour déçu. Sauf qu’il ne désespérera jamais de la ravoir, car elle lui était promise! C’est d’abord son histoire que l’on suivra dans cette fresque romantique, car c’est lui le narrateur. 

 

     Elle, elle le haïra pour ce qu’il représente, soit un amour rendu impossible par un  père trop autoritaire et possessif de sa fille, car il la jugeait  trop belle pour marier ce petit télégraphiste! Par dépit, elle prendra l’air hautain et haineux de son père face à ce petit télégraphiste qui aura bien changé au cours des ans.   

 

      Nous suivrons ces deux êtres sur plus de 50 ans d’histoire, car  Florentino était tenace.  Cette épopée nous fera donc  traverser  du XIXe  au XXe siècle sur fond de  choléra,  guerre civile  et toutes ces promesses déçues par la suite un peu comme cet amoureux transit, mais tenace, le sera. Sauf que, la ténacité est parfois récompensée.

 

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      Une grande histoire d’amour où amener sa blonde. La mienne était en plein bonheur, versant  même une  larme ici et là durant la projection. Elle était si prise dans cette fresque sentimentale qu’elle ne voyait pas que je l’observais parfois.  Faut dire qu’elle est très bon public pour le romantisme. Moi,  plus rationnel, j’ai quand même aimé ce film, car il n’était pas trop rose bonbon, ni dans l’invraisemblable comme dans certains films d’action où le héros poursuivi prend le temps d’embrasser  la  « top modèle » qui court avec lui en talon aiguille et petite jupette au vent! Ça, je me demande à chaque fois, mais  les autres y font quoi pendant ce temps?  Ils sont arrêtés chercher un hamburger avec un chausson aux pommes ou ils rattachent leurs lacets de bottines?  Mais, là, il n’y avait pas ces invraisemblances.  Il faut dire que c’est tiré d’un roman à succès de Gabriel Garcia Marquez.

 

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Dialogue avec mon jardinier

 

Réalisateur : Jean Becker

 

Montréal, le 23 octobre 2007

 

Dialogue avec mon jardierAdapté du roman éponyme d’Henri Cueco et produit par Louis Becker, fils de Jean Becker, le film met en vedette Daniel Auteuil et Jean-Pierre Daroussin.

 

Réalisateur, scénariste et acteur, Jean Becker commence sa carrière comme assistant réalisateur pour son père Jacques Becker (réalisateur des classiques Casque d’Or, Touchez pas au grisbi, Le Trou), mais il collabore aussi avec Julien Duvivier et Henri Verneuil. Il a signé quelques films avec Jean-Paul Belmondo en vedette qui ont été de grands succès tels Un nommé La Rocca (1961 - dont José Giovanni fera un remake en 1972 avec La Scoumoune), Echappement libre (1964) et Tendre voyou (1966). HYPERLINKPar la suite, il nous a donné HYPERLINKL'Été meurtrier (1983) avec Isabelle Adjani et Alain Souchon, film qui le remit au premier plan après un long silence de près de 20 ans. Depuis Elisa (1994), bien reçu par le public et les critiques, Jean Becker tourne régulièrement et souvent avec les mêmes acteurs, qui sont aussi de véritables amis comme Jacques Villeret et André Dussollier. Il réalise notamment Les Enfants du marais (1998), Un crime au paradis (2000) et enfin, Effroyables jardins (2002).

 

Ayant acquis une honnête réputation de peintre parisien, un quinquagénaire fait retour aux sources et revient dans le centre de la France profonde prendre possession de la maison de sa jeunesse. Autour de la bâtisse s'étend un assez grand terrain qu'il n'aura ni le goût, ni le talent d'entretenir. Aussi fait-il appel à candidature, par voie d'annonce locale. Le premier candidat (qui sera le bon) est un ancien complice de la communale, perdu de vue et ainsi miraculeusement retrouvé. Il sera le jardinier. Le côtoyant au long des jours, le peintre découvre par touches impressionnistes un homme qui d'abord l'intrigue puis l'émerveille par la franchise et la simplicité de son regard sur le monde.

 

Distribué au Canada par Equinoxe Films, Dialogue avec mon jardinier prendra l’affiche sur nos écrans le 16 novembre prochain.

 

Commentaires de Michel Handfield (16 novembre 2007)

 

Un peintre parisien (Daniel Auteuil) fait un retour à la maison de sa jeunesse et veut refaire le jardin de sa mère. Il embauche donc un jardinier (Jean-Pierre Daroussin) et découvre que c’est un pote de la petite école, ancien cheminot de la SNCF (www.sncf.fr/), qui est toujours demeuré dans ce coin de pays que lui  avait quitté pour les grandes études en arts à Paris. Avec l’amitié qui renait, on découvre tous les contrastes de la vie entre ce retraité, qui fait du jardinage, et ce peintre; cet habitant de la France profonde et ce  parisien. Deux vies; l’une dans la culture artistique, l’autre  dans la culture du sol! Deux vies qui nourrissent différemment l’Homme; l’une sa pensée, l’autre son ventre. Deux vies qui partent pourtant d’une même source : ce petit village du centre de la France. On assiste donc à des retrouvailles entre deux êtres maintenant différent, mais qui se ressoudent, liés par un passé commun.

 

L’un et l’autre, regardant le soleil, la brume ou la peau d’une femme voient des choses totalement différentes. Pour le peintre, ce sont des textures, des nuances, des tonalités, de la lumière  et des idées! Pour le jardinier, le temps de semer, d’arroser, de  laisser reposer ou de récolter. De la beauté pour l’un, de la fertilité pour l’autre! L’un est « groundé » à l’impalpable des idées, l’autre au sol. Deux cultures qui se marieront pourtant pour trouver un nouveau point d’équilibre.  

 

     Si le jardinier peut expliquer ce qu’il fait, le peintre ne le peut pas, car il travaille dans l’émotion. Ainsi, quand Jardinier  lui demandera de lui expliquer ses toiles, il ne sera pas capable et répondra « je les ressens. Il y a des spécialistes pour expliquer ces choses là. À chacun son métier. » Et ce sera bien senti, vrai; pas de la prétention, car ils sont honnêtes entre eux, ce qui fait toute la beauté de ce film.

 

Cette histoire d’amitié retrouvée est rafraichissante. Elle a un petit côté Pagnol que j’aime bien. Et l’un influencera l’autre. À voir, car c’est un film lumineux. D’une lumière extérieure comme lorsqu’on jardine ou de cette lumière qui donne un aspect particulier aux toiles des grands maîtres, même les plus simples! Je le recommande, car il compensera cette lumière qui nous fait  défaut en hiver. Anti-blues sans pilules! À prescrire pour guérir les petits blues de la vie. À voir au cinéma et à avoir en DVD dans sa pharmacie.   

 

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Le problème avec moi précédé de Le déclic du destin, de Larry Tremblay (Théâtre)

 

Mise en scène de Francine Alepin, assistée d’Isabelle Gingras. Avec Carl Béchard et Larry Tremblay. Décor et lumières : Anick La Bissonnière et Martin Gagné. Costumes : Véronique Borboën

Musique : Jean-Frédéric Messier

www.mimeomnibus.qc.ca

 

Du 6 au 24 novembre 2007 à 20 h (jeudi 15 novembre à 19 heures, samedi 17 novembre à 17 heures) à l’Espace Libre, 1945 rue Fullum, Montréal

 

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Deux courtes pièces pour un seul personnage, Léo. Mais quel personnage ! Léo nous invite à un voyage intérieur au pays de son corps, pierre angulaire des deux pièces présentées. Le problème avec lui, c’est qu’il vit des transformations kafkaïennes. Dans Le déclic du destin, il suffit d’un éclair au chocolat pour déclencher la métamorphose : Léo voit son corps se disloquer, se désagréger, il ira même jusqu’à en perdre et la langue et les dents et la tête.

 

Dans Le problème avec moi, Léo rencontre son double, un clone qui est l’antithèse de lui-même, un clown psychotique avec qui il faut bien composer, puisque Léo ne peut vivre sans Léø. Proposition dramaturgique originale non réaliste, inspirée des principes et du vocabulaire gestuels du mime et du kathakali (danse-théâtre classique de l’Inde), cette invitation au dépaysement amène à des questionnements métaphysiques traités avec humour et profondeur. En explorant une gestuelle « extra-quotidienne » fictive et poétique, Francine Alepin place l’art de l’acteur au centre de la pratique théâtrale. La rencontre de Larry et Carl, Tremblay et Béchard, virtuoses du verbe et du corps, promet une véritable joute burlesque, dans un univers où la perception et les repères habituels sont troublés par les jeux de lumière et d’ombres de la scénographe Anick La Bissonnière.

 

Larry Tremblay est écrivain, metteur en scène, acteur et spécialiste de kathakali. Il a publié une vingtaine de livres qui lui permettent de compter parmi les auteurs québécois les plus joués de par le vaste monde : Italie, France, Belgique, Colombie, Brésil, Argentine, Écosse… Incontournable ici et ailleurs, en 2006, quatre de ses pièces étaient à l’affiche à Montréal (A chair in love, La hache, L’histoire d’un cœur, Trois secondes où la Seine n’a pas coulé).

 

Mime et comédienne, Francine Alepin a interprété plus d’une soixantaine de rôles, principalement pour Omnibus. Artiste nomade, elle contribue à transmettre l’art du mime contemporain dans les institutions théâtrales du Canada, du Mexique et d’Europe, et signe des mises en scènes au Québec et à l’étranger : L’intimité de Emma Haché, Transeuntes (Barcelone), Latitudes croisées, une création Canada-France-Mexique, La baronne et la truie de Michael Mackenzie, et deux soli gestuels, Éphéméride et La glaneuse de gestes.

 

Complice des créateurs des divers milieux artistiques (littérature, arts visuels, musique, danse, cinéma) elle participe à des performances qui questionnent le métissage des formes usuelles. Francine Alepin est professeure à l’École de Mime et à l’École supérieure de théâtre de l’UQÀM.

 

Le problème avec moi est publié aux Éditions Lansmann. Le déclic du destin est publié chez Leméac.

 

Commentaires de Michel Handfield (9 novembre 2007)

 

D’abord, je me dois de souligner le jeu des acteurs,  car faire un doublé, textes et gestes, n’est pas simple. Être soi et son surmoi, c’est tout un défi. Défi de texte et d’acteur.

 

Dans Le déclic du destin, c’est l’angoisse et la peur. Peur de la maladie ou de l’inconnu. Peur de savoir ou de ne pas savoir ce qui nous arrive. Peurs que l’on combat en se parlant, c’est-à-dire en se créant un double qui partage nos angoisses et y répond comme un second nous. On perd une dent en mangeant un éclair au chocolat et les pires pensées nous traversent l’esprit. Et, si ça se poursuivait? Si c’était que notre mâchoire était rongée et ne pouvait plus tenir nos dents? Si c’était pire, rongé jusqu’à perdre la tête! Et là commence le dialogue, dans l’angoisse, entre nous et nous,  nous rassurant et nous effrayant dans une valse à mille temps! Ah, j’ai mal à la langue, à la bouche, au cou, alouette! Mon cerveau est atteint! Ma tête décolle de mon corps…  Je m’envole!

 

C’est ce genre d’angoisse que l’homme a depuis qu’il a pris conscience de sa vie et, surtout, de sa durée qu’explore Le déclic du destin.

 

Quel texte sur l’angoisse! Quant à savoir lequel est le vrai : les deux, comme lorsqu’on angoisse, qu’on a peur et qu’on se rassure. Lequel est le vrai nous? Celui qui panique, celui qui rassure ou l’être qui fait la jonction, l’équilibre, entre les deux? C’est l’univers psychotique dans lequel nous plonge Larry Tremblay. À la jonction entre Psycho (1) et Freud…  

   

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…Puis l’alarme de feu sonna, car quelqu’un l’a malencontreusement accroché en allant aux toilettes au passage entre les deux parties de la pièce, ce qui a donné un entracte involontaire et la visite des pompiers. Involontaire?

 

Je croirais plutôt à un clin d’œil venu d’ailleurs à ce théâtre Kafkaïen! Je soupçonne Robert Gravel d’être derrière ce bip, bip, bip très sonore.  Un clin d’œil au double du double communiquant avec son double… l’espace libre ayant pris l’espace d’une ancienne caserne de pompier faut-il le rappeler. Et Robert Gravel y chauffait la place. Alors, comme un et un font deux, Robert était certainement la cause de cette interruption à point nommé. Il fallait quelqu’un de théâtre pour si bien la synchroniser et, surtout, qu’on ne pouvait soupçonner. Qui d’autre que feu Robert Gravel pour faire un tel coup sans se faire prendre? Il a l’alibi parfait, sauf que son esprit hante l’espace libre! On l’a perçu.

 

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Dans la deuxième partie, le problème avec moi, je parlerais d’un jeu de miroir. Quand on fait dos au miroir, savons-nous si l’image nous fait dos ou des grimaces dans le dos? Et quand nous quittons une pièce, se colle-t-elle à nous puisqu’elle réapparaitra dans un autre miroir dès que nous en croiserons un. Toujours pareil à nous. Et bien, ici son image ne fait pas que le suivre; elle le croise et le confronte à lui-même!

 

Ainsi, son image lui demande pourquoi faut-il porter une cravate au bureau? Qui a dit ça et pourquoi? Qui s’en rappelle? À moins que ce ne soit lui qui le demande à son image, car on se confond souvent à notre image. Combien de gens ne sont plus ce qu’ils sont, mais bien ce que l’on s’attend qu’ils soient? Leur image les broie au point qu’ils ne sont plus que l’ombre d’eux même, car il est dur d’endosser une image. On s’efface parfois devant elle

 

En fait, notre image comme nos actions sont souvent une illusion. On fait comme tous les matins; comme tous les jours dit-on. Mais, c’est la plus grande illusion qui soit, car des petits détails font que ce n’est jamais pareil, comme le goût du café par exemple! Il n’est jamais tout à fait le même d’un matin à l’autre. Question de subtilité et de sensibilité. C’est ce qu’explore cette pièce, l’absurde questionnant le réel.

 

***

 

     Mais, toute cette pièce n’est pas si absurde que cela quand on y pense. C’est même très songé, plutôt psychanalytique! Même moi, Être rationnel et sceptique que je suis, quand je laisse mon esprit divaguer, je me demande parfois si j’ai un autre moi ailleurs; un double qui vit ce que j’aimerais vivre, mais dans un autre univers! Et moi, est-ce que je vis ce qu’il aimerait être ou ce qu’il ne  voudrait pas être? Vous êtes vous déjà posé ces questions? Si oui, vous aimerez cette pièce. Si non, vous vous en poserez probablement après l’avoir vu!

 

     Eh non, je n’ai jamais senti mon image me suivre dans la rue. Par contre, par un beau soir étoilé j’ai déjà envoyé la main au ciel, car on ne sait pas si on n’a pas un double quelque part! Remarquez, on ne sait pas davantage si on existe ou si on est les personnages d’un jeu vidéo d’un petit garçon appelé Dieu! Who knows?

 

Note:

 

1. Film d’ Alfred Hitchcock. Voir:

Psychose (film) sur Wikipédia: http://fr.wikipedia.org/wiki/Psychose_%28film%29

 

Psycho sur IMDB : http://www.imdb.com/title/tt0054215/

 

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Lars and the Real Girl mettant en vedette Ryan Gosling,

Sortie le 9 Novembre

 

Montréal, le 26 octobre 2007.

 

Présenté en grande première nord-américaine au dernier Festival international du film de Toronto, Lars and the Real Girl, premier film de Graig Gillespie, prendra l’affiche  le 9 novembre prochain, à Montréal, en version originale anglaise .Scénarisé par Nancy Oliver à qui l’on doit l’écriture de la célèbre série télé Six Feet Under, Lars and the Real Girl  met  en vedette l’acteur canadien Ryan Gosling, finaliste pour l’Oscar du meilleur acteur en 2007, pour son rôle dans Half-Nelson.

 

     Le film raconte l’histoire de Lars, un adorable introverti qui après des années de quasi-solitude invite Bianca, une amie rencontrée sur Internet, à lui rendre visite. Il la présente à son frère et à son épouse qui sont sidérés : Bianca est une poupée grandeur nature avec qui Lars agit comme si elle était humaine. Après consultation chez le médecin de la famille, on  leur recommande de se prêter au jeu. C'est alors le début d'un périple riche en émotions pour Lars et son entourage.

 

     Le film prendra aussi l’affiche en version française (Lars et l’amour en boîte) le 16 novembre prochain, partout à travers le Québec.

 

Commentaires de Michel Handfield (10 novembre 2007)

 

Lars, un solitaire chronique. Asocial ou gêné de façon maladive? Pourquoi? Quelle fut sa jeunesse, particulièrement son rapport aux femmes, car on voit une difficulté de ce côté sans qu’il ne soit gai non plus. Un traumatisme de jeunesse?

 

Il lui faut donc une amie à son image, qui ne dira rien et ne se mêlera de rien, pour surmonter ses peurs; pour devenir un homme! Il en trouvera une : une vraie poupée nommée Bianca! On pourrait croire que c’est par cynisme ou pour provoquer, mais ce n’est pas le cas. Par « folie » en quelque sorte, même si je n’aime pas le mot ici, car il y a une vie normale à part sa solitude et Bianca. Plutôt par compensation.

 

Sur les conseils du médecin de la place, la communauté, qui semble assez petite, embarquera donc dans son jeu pour l’aider, que ce soit à l’église, au travail et même à l’hôpital. Naturellement, certains, dont son frère, ont des difficultés avec cette idée au début, mais ils le feront pour le bien de Lars. On intègrera donc  Bianca à l’église comme à l’hôpital, où elle fera même du bénévolat! De façon astucieuse la communauté acceptera cette poupée dans la vie de Lars qui ne semble pas réaliser que c’en est une! Même la fille qui lui fait sans cesse de la façon l’acceptera pour son bien alors qu’elle est victime plus que de raison du rejet de Lars. Cette façon d’accepter Bianca sera une façon d’intégrer Lars qui s’intégrera à son tour pour le bien de Bianca! Une façon sociale de régler un problème psychotique plutôt que de le médicamenter. On ira chercher Lars par Bianca.

 

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C’est un excellent film psychologique de mon point de vue et le rôle de Lars est certainement très difficile à porter. Ce doit être exigeant que de jouer ainsi l’indifférence envers les autres et même le rejet de ceux qui veulent trop s’occuper de lui, car Lars n’est pas victime de rejet; il s’efface littéralement lui-même!  Il est dans son monde et dans ce monde n’entre pas qui veut. Il a quelques relations de travail, mais pas d’amitié et encore moins d’amour.  Assez particulier que ce syndrome, cette maladie.

 

Comme son frère vérifie « Delusion mental illness » sur l’internet, je l’ai aussi cherché. En gros, c’est un déficit de perception sur un aspect de la vie. Une fausse croyance qui fait que l’individu a des comportements irrationnels sur un aspect particulier de sa vie. Une forme d’hallucination précise, comme de prendre cette poupée pour quelqu’un de bien réel. Voilà pour l’explication rapide. Pour en savoir plus, consultez : 

 

http://en.wikipedia.org/wiki/Delusion) http://en.wikipedia.org/wiki/Delusional_disorder

http://fr.wikipedia.org/wiki/Hallucination

 

Ce n’est cependant qu’un début, d’autres informations pouvant certainement être trouvées sur le net et en bibliothèque pour qui veut aller beaucoup plus loin sur ce sujet. Un très bon film psychologique que je ne saurais que vous recommander si vous aimez ce genre. Moi, j’ai apprécié. 

 

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OTHELLO

 

De William Shakespeare

Traduction de Normand Chaurette

En coproduction avec le Théâtre français du Centre national des Arts (CNA), Ottawa

www.usine-c.com/fr/programmation/2007-2008/Othello.html

 

1er au 24 novembre 2007

Usine C, Montréal

Durée : environ 3 heures avec entracte

Tarifs : 30 $ - 32 $ - 38 $

Usine C : 1345, ave Lalonde, Montréal / Billetterie : 514 521.4493 / www.usine-c.com

 

Écrite en 1603, Othello qui a connu une réception mouvementée à travers les siècles s’inscrit dans un cycle de grandes tragédies dont Hamlet, Macbeth et Le Roi Lear font partie.

 

Othello, noir guerrier d’Afrique devenu général de l’armée de Venise vient d’épouser en douce la belle Desdémone. Héros de grandes batailles et porteur d’un passé presque mythique aux yeux de la jeune femme, il est envoyé en mission à Chypre pour défendre l’île contre les Turcs. Iago, son fidèle sousofficier, n’a pas eu de la part du Maure la promotion tant désirée qui a été plutôt accordée au jeune florentin Cassio. Iago est habité depuis d’un sombre dessein de destruction. Improvisant des jeux de projections et usant de sous-entendus qui engendrent chez l’autre des pensées troubles, il inocule peu à peu le poison de la jalousie et ébranle l’identité même d’Othello, si chèrement acquise et construite. Se croyant trahi, le Maure accomplira alors l’impensable en tuant sa tendre et innocente épouse. 

 

Pièce sur les tourments de la jalousie, elle porte aussi sur l’altérité et l’étrangeté de l’autre. Toutefois, pour Denis Marleau, Othello est par-dessus tout une démonstration certaine de la puissance des mots, de leur pouvoir de manipulation : « Plus que la jalousie, qui est une des manifestations ou des conséquences des actions de Iago, pour moi cette pièce parle de la projection, de la puissance du langage justement, et des images mentales, pour modifier l’autre, de sa perception intime jusqu’à sa vie elle-même. Iago est dès le départ un être anéanti, détruit, en perte d’identité parce que non reconnu pour ce qui est le plus important à ses yeux. Ce qui lui reste, c’est détruire, au sens dostoïevskien du terme. Détruire ne prend du sens que pour l’action de détruire en soi. Et tous seront, à des échelles différentes, détruits ou déstructurés par son action, même si Othello est au centre de sa cible.»

 

Le texte sera porté par un noyau éclectique de fidèles collaborateurs et de jeunes comédiens. L’homme de théâtre haïtien Ruddy Sylaire, qui a travaillé avec Denis Marleau dans Nous étions assis sur le rivage du monde..., prendra les traits d’Othello, le Maure. Pierre Lebeau, complice d’UBU depuis 1987 dans une douzaine de créations, sera Iago, le sous-officier éconduit. Éliane Préfontaine incarnera Desdémone, la jeune épouse d’Othello et Christiane Pasquier, la compagne d’Iago. Les comédiens Denis Gravereaux, Bruno Marcil, Vincent-Guillaume Otis, Jean-François Blanchard et Annik Hamel complètent la distribution.

 

Durée : environ 3 heures avec entracte

Tarifs : 30 $ - 32 $ - 38 $

Usine C : 1345, ave Lalonde, Montréal / Billetterie : 514 521.4493 / www.usine-c.com

 

Commentaires de Michel Handfield (7 novembre 2007)

 

Cassio est choisi pour le poste d’officier par Othello, dit le Maure. Iago, son fidèle sous officier, est déçu, car il convoitait ce poste. Il se vengera cruellement, mais sans en avoir l’air. En fait, il sera même compatissant en apparence, car il saura user de la médisance et de la flatterie. Bien utilisé, le pouvoir des mots est d’ailleurs une arme terrible. Sa vengeance sera stratégique comme le guerrier qu’il est.

 

Il dira d’abord que Cassio est un théoricien, un flatteur, noble et beau, mais pas un guerrier de terrain. Puis il ira de plus en plus loin pour faire naître et attiser la jalousie du Maure. Semant le doute, il tissera la toile du drame final fil par fil. Il fera d’abord que le Maure doute de la fidélité de son épouse, la belle Desdémone, pour ensuite s’attaquer à l’amitié entre le Maure et Cassio. Il flattera et dira des demi-vérités à l’un et l’autre pour semer la zizanie entre eux,  tout en gagnant leur confiance en même temps. Ses victimes s’en remettront donc à lui pour arranger les choses alors qu’il eut été plus sage de s’éloigner! Il prendra un malin plaisir à empirer les choses tout en ayant l’air compréhensif et compatissant. C’est ainsi que le Maure mettra sa femme sous sa protection alors que c’est bien la dernière chose à faire. Nous, spectateurs,  avons une vue d’ensemble qui nous  permet de saisir tous ces jeux de pouvoir et cette manipulation dont est capable Iago.    

 

Cette pièce pose donc la question du pouvoir, du savoir et de la confiance, car dans la société moderne, où l’échange d’informations est à la base du système, le moindre relais qui peut retenir, trafiquer ou mettre en cause une information peut avoir un impact disproportionné sur la suite des événements, que ce soit à son avantage et/ou au détriment des autres. Sur la pérennité du système et des gens qui en dépendent. Les affaires Enron aux États-Unis, Elf en France et Norbourg au Québec en sont des exemples modernes. 

 

Cette pièce est un petit traité de la manipulation au point que je me demandais si elle avait été écrite avant Le Prince (1532). Ce fut après, Le Prince ayant précédé Othello (1603) de sept décennies!

 

Cette pièce plonge donc au cœur de la pensée humaine. Moderne, c’est-à-dire qu’ils sont habillés comme nous, avec jeans, casquette et même un cellulaire main libre dans une scène du Sénat, ceci fait ressortir toute l’actualité du texte. Shakespeare ne décrivait pas une époque, mais des traits de l’être humain. Des comportements; des caractères! On est au cœur de la psychologie humaine ici, partagé entre l’envie et le désir de vaincre. Des sentiments encore vrais aujourd’hui. N’y avait-il pas, il y a quelques temps a peine, un certain George W. qui enviait le pétrole d’un certain Sadam  et avait envie de le vaincre en même temps, au point de trafiquer l’information et de dire des demi-vérités pour en arriver à ses fins? Et cela se passait dans le même coin du monde que cette pièce me semble-t-il! En effet, l’empire Ottoman, témoin de cette pièce, est encore un lieu de conflits, l’empire Ottoman du temps recouvrant les zones chaudes actuelles que sont la Palestine, les Balkans et l’Irak pour ne nommer que celles là. D’actualité dis-je!

 

Quant au texte, il est plein de sagesse, c’est-à-dire de vérités encore valides aujourd’hui, soit quatre siècles plus tard. Un exemple : la réputation, on la perd, on la gagne, on ne sait pourquoi. Ou encore : il n’y a pas de parenté entre les paroles et les actes. De la politique pure! Ce texte nous donne donc une leçon de sagesse et de scepticisme, car, avant de croire, il faut chercher l’intérêt des personnes en cause!

 

Si le texte est fort, il est aussi porté très haut par la distribution. A voir.       

 

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Michou d’Auber

 

De Thomas Gilou met en scène deux monstres sacrés du cinéma français : Nathalie Baye et Gérard Depardieu

 

Sortie le 2 novembre 2007

 

Montréal, le 17 octobre 2007. Thomas Gilou, qui aime la comédie (La Vérité si je mens, Black Mic-Mac), signe une œuvre d’auteur inspirée du destin d’un enfant kabyle. Michou d'Auber avec Nathalie Baye et Gérard Depardieu, est l'histoire vraie, mais romancée, de Messaoud Hattou. Scénariste du film, Messaoud Hattou (qui avait déjà coécrit un précédent film de Thomas Gilou, Raï) est également acteur : il jouait l'un des rôles principaux de Bab el-Oued City de Merzak Allouache, apparaissait également dans Chouchou et Salut cousin ! du même réalisateur.  Il est au générique de films de Raoul Ruiz (Le Temps retrouvé, Généalogies d’un crime) et Danièle Dubroux (Le Journal du séducteur).  Messaoud Hattou sera présent au Festival international du cinéma en Abitibi-Temiscamingue puis à Montréal les 30 et 31 octobre.

 

Michou d'Auber marque surtout les retrouvailles de deux des acteurs les plus populaires du cinéma français, Gérard Depardieu et Nathalie Baye – les parents du petit Michou dans le film. On se souvient du couple qu'ils formèrent dans Le Retour de Martin Guerre, le film à succès de Daniel Vigne en 1982. Les deux comédiens se sont également donné la réplique dans Rive droite, rive gauche de Philippe Labro en 1984 et dix ans plus tard dans La Machine de François Dupeyron.  Pour Thomas Gilou, « Les acteurs forment les paysages de ce film tandis que les paysages deviennent autant de personnages ».

 

Messaoud, un jeune garçon d'origine arabe de 9 ans, est placé en famille d'accueil dans le Berry profond. On est en 1961, les évènements d'Algérie battent leur plein. Gisèle, sa mère adoptive, par peur du contexte anti-arabe qui sévit dans la région, décide de travestir l'identité de l'enfant. De Messaoud il devient Michel, "Michou". Gisèle cache aussi la vérité à son propre mari, Georges, un militaire à la retraite. Petit à petit, une complicité s'établit entre Georges, Gisèle et Michou.

 

Présenté dans le cadre du Festival international du cinéma en Abitibi-Témiscamingue, Michou d’Auber est réalisé par Thomas Gilou et met en scène Mathieu Amalric, Samy Seghir, Medy Kérouani et Fellag aux côtés de Nathalie Baye et Gérard Depardieu.

 

Commentaires de Michel Handfield (7 novembre 2007)

 

À Paris, un père maghrébin se sépare de ses enfants parce que sa femme est à l’hôpital, qu’il travaille et qu’il ne peut s’occuper d’eux comme il le voudrait. Séparation temporaire leur dit-il au moment où commence la ségrégation envers les arabes dans le contexte de la guerre d’Algérie. (1) Il conserve  néanmoins la possibilité de les reprendre. Naturellement, les enfants sont effarés. Il leur dira « On est des kabyles, ça ne pleure pas un kabyle! » (2)

 

     Le plus vieux sera placé dans une famille qui le prendra pour travailler et s’enfuira. On ne le suivra pas, mais il viendra voir son jeune frère de temps en temps, car on suivra l’histoire de son cadet, Messaoud, renommé Michel « Michou » d’Auber avec la complicité de quelques esprits ouverts et républicains qui faciliteront son passage dans cette communauté catholique et anti arabe de la France profonde. Ce sera d’ailleurs le cas de l’instituteur qui passera « L’étranger » de Camus (3) à Gisèle (Nathalie Baye). Même si elle a seulement la garde de cet enfant, elle le prendra comme le sien qu’elle n’a jamais eu, mais tant désiré.

 

On assiste donc au processus de déculturation/acculturation de ce garçon, qui doit cacher certaines de ses valeurs et en faire sienne d’autres.  Il aura de la difficulté à comprendre cette situation au début, car il répond « Je ne suis pas un Arabe, mais un Français. Je suis né à Aubervilliers! » Français, oui, mais musulmans aussi, donc « étranger » pour les autres. Il lui faudra donc faire fi de ses anciennes valeurs, car, comme lui dira George (Gérard Depardieu), « Avant c’était avant, maintenant, c’est maintenant! C’est comme ça qu’on raisonne ici. » Et il s’acclimatera, car on est  « Tous pareil. Tous différents. [Et] on fini tous dans le trou !» C’est ce que dit le « philosophe » George. 

 

***

 

Film grand public qui se laisse bien regarder, il n’en  demeure pas moins qu’il est d’actualité dans le contexte de l’immigration maghrébine actuelle en occident et du choc des cultures dans ce monde post septembre 2001.

 

D’un côté on perçoit un choc des cultures entre l’occident et le monde arabo-musulman avec une certaine immigration récente. Il y a un malaise, alimenté par une peur de l’intégrisme et du terrorisme islamique nourris par des médias sensationnalistes, ce qui explique une certaine montée de la droite. On est prêt à accepter cette immigration s’ils se fondent en nous. S’ils sont « low profile ». C’est le cas de la France, mais cela semble aussi le désir du Québec. On semble idéaliser une intégration à l’États-uniennes, où avant d’être quoi que ce soit « We are american ». L’on voudrait traduire cela par « Français d’abord » pour la France de Sarkozi et « Nous sommes tous Québécois » ici! Vive la musulmane avec une ceinture fléchée! Mais, entre le dire et le faire… il y a un bras de mer à franchir!

 

De l’autre côté, la France, différemment du Québec, a une longue histoire avec le Maghreb. Une histoire pas toujours heureuse, mais une histoire quand même, ce qui crée des liens. Elle remet donc ses relations avec le Maghreb à l’ordre du jour, revenant sur le passé, notamment dans ses films, mais aussi dans une ouverture à ses anciennes colonies. (4) Cette longue relation se traduit aussi par une présence maghrébine importante et historique en sol français, soit bien avant les années 1950 et 1960. Malgré des épisodes ségrégationnistes, la France peut toujours affirmer que les maghrébins de France sont Français! Des livres récents en témoignent. Ainsi, dans « Voyage dans la France musulmane » on y donne l’exemple de Mohamed Ghatou, 73 ans. Il a fait son service militaire pour la France; son père a aussi fait son service militaire en 1918 et la guerre de 39-45; et son oncle est mort dans les tranchées en 1918. Il est donc français! Pourtant,  «il se bat [encore] pour ses petits-enfants, tous nés de mariages mixtes… »  (5) On semble donc vouloir refaire la paix avec ce pan de l’histoire française. Mais, pourquoi?

 

D’abord, pour des raisons politiques, comme rétablir des liens avec le Maghreb, façon d’intégrer les réseaux arabes et africains pour l’avenir, surtout que l’Europe est très près de ces régions comparativement à l’Amérique. À quelques brasses, séparée par la Méditerranée seulement! Ces relations sont donc importantes tant d’un point de vue stratégique qu’économique.

 

Ensuite, en réintégrant les maghrébins qui vivent depuis longtemps en sol français, c’est une façon de s’appuyer sur eux pour intégrer les nouveaux arrivants d’origine arabo-musulmane aux « valeurs » françaises. (6) De leur faire savoir comment on les veut, car en même temps qu’il y a une présence historique d’arabes en France, il y a aussi une peur de l’islamisme militant, politique et « terroriste ». Une islamophobie peut être. (7) On espère donc que ces français de longue date, pleinement intégré à la société même si on ne reconnaît pas toujours leurs valeurs, puisse servir de courroie de transmission des valeurs française aux nouveaux arrivants. Et ceux-ci devront connaître et accepter ces valeurs pour être reçu, car la loi Hortefeux, passée le 23 octobre dernier au Parlement Français, spécifie qu’« une évaluation de leur degré de connaissance de la langue et des valeurs de la République » sera nécessaire pour « rejoindre la France au titre de l'immigration familiale ». (8) Rien de moins et beaucoup plus en fait. Voilà le contexte dans lequel s’inscrit ce film.

 

Malgré cela¸ ce film est d’abord un point de vue humain sur le sujet. D’homme à homme, si je puis dire, entre George et le petit! Explicatif, historique, mais avec un peu de sucre, ce qui en fait un film grand public qui passe en douceur tout en suscitant une certaine réflexion.       

 

Notes :

 

1. Son 1er jour d’école dans sa « nouvelle » vie sera le 5 octobre 1960, un an avant les événements du 17 octobre 1961. (Voir  http://fr.wikipedia.org/wiki/17_octobre_1961) 

 

2. De la Kabylie, région montagneuse d'Algérie. (Le Petit Robert sur CD-ROM)

 

3. J’ai lu ce livre un été des années 70. J’avais entre 13 et 15 ans probablement, alors je ne m’en souviens plus très bien. Mais, je sais que ce fut un livre marquant de la littérature française contemporaine, surtout qu’il se passait en Algérie et mêlait le destin d’un Français et d’Algériens. Ce n’est donc pas un hasard que l’instituteur passe ce livre à Gisèle dans le contexte du film. Pour plus de détails, voir L'Étranger sur Wikipédia (http://fr.wikipedia.org/wiki/L%27%C3%89tranger). Quand à l’édition que j’ai : Camus, Albert, 1957, L’étranger, France : Le livre de poche/Éditions Gallimard, 179 p.

  

4. J’écrivais il y a quelques mois…

 

«    En fait, depuis quelque temps, j’ai l’impression que plusieurs films français, souvent produits en coproduction, reviennent sur les relations entre la culture française et la culture arabe, que l’histoire se passe en France, dans un pays du Maghreb ou plus largement en Europe. C’est comme si l’on avait besoin d’exorciser un passé trouble et de retrouver des points d’ancrage et de convergence mutuels, car une partie de l’Europe est voisine du Maghreb et du monde arabe. Il y a là un besoin de  réactualiser une histoire commune et de faire son mea culpa pour assurer l’avenir en cette période où certains idéologues parlent de guerre de civilisations entre le monde arabe et occidental, ce qui est un peu court comme explication et, surtout, un déni de l’histoire! » (NUIT NOIRE, 17 OCTOBRE 1961, in Societas Criticus, Vol 8, no. 5 - Été 2005)  

 

5. Hajji, Sadek, et Marteau, Stéphanie, 2005, Voyage dans la France musulmane, France : Plon, p. 22

 

6. L’idée de Mme Marois, nouvelle cheffe du Parti Québécois, est de faire de même ici avec son projet de citoyenneté québécoise.

 

7. Geisser. Vincent, 2003, La nouvelle islamophobie, Paris: La découverte

 

8. Les prinicpales mesures de la loi Hortefeux, LE MONDE, 24 Octobre 2007 : www.lemonde.fr/cgi-bin/ACHATS/acheter.cgi?offre=ARCHIVES&type_item=ART_ARCH_30J&objet_id=1010391

 

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Index

 

Societas Criticus au 10es RIDM

Michel Handfield

 

Présentation

JUNIOR

Onomatopoetikum

At the Dacha

Still lives

Amarok

À bientôt j’espère et Avec le sang des autres

The War on Democracy

La campagne de Russie

Le Système Poutine

Au pays des colons

Le Déshonneur des Casques bleus

 

14 décembre 2007

 

Présentation

 

De la soirée d’ouverture je retiens ce mot de Jean-Daniel Lafond, qui fut un des fondateurs des RIMM : C’est né de la colère et de la résistance des documentaristes.  

 

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JUNIOR

Dans les coulisses du hockey junior:

D'ISABELLE LAVIGNE ET STÉPHANE THIBAULT, FILM D'OUVERTURE DES 10es RIDM

 

Montréal, le jeudi 4 octobre 2007

 

Les RIDM (Rencontres internationales du documentaire de Montréal) et l’Office national du film du Canada sont fiers d’annoncer que Junior, documentaire réalisé par Isabelle Lavigne et Stéphane Thibault, sera présenté en ouverture de la 10e édition des RIDM le 7 novembre prochain.

 

Dans la plus pure tradition du direct, allant au cœur du sujet de façon sensible mais avec un œil collé sur la réalité, Isabelle Lavigne et Stéphane Thibault ont suivi pendant un an le parcours de jeunes joueurs d’une équipe de hockey junior : le Drakkar de Baie-Comeau.  Refusant la facilité des plans de joutes de hockey, leur démarche patiente scrute à la loupe les coulisses du jeu et ses protagonistes : joueurs, gérants, actionnaires... Les cinéastes ont privilégié ici une approche cinématographique qui s’inspire de la fiction, mais dont le regard est résolument documentaire. Voici une caméra qui « va dans les coins », qui sait anticiper les gestes et les regards. Proximité des personnages, regard d’ensemble autant que souci du détail et de l’émotion, le film nous rend palpable le stress intense et continuel que subissent ces adultes en devenir. Junior a été produit à l’ONF  par Johanne Bergeron et Yves Bisaillon.

 

Isabelle Lavigne a remporté ses premiers prix en 1999 avec le documentaire J.U.I.C.E., réalisé dans le cadre de ses études à l’UQAM. En 2001, elle a été recherchiste, scénariste, réalisatrice et productrice du film Le 4125, rue Parthenais, nominé aux Jutra et sacré meilleur documentaire au Festival DOXA de Vancouver. Deux ans plus tard, elle a également assumé plusieurs fonctions pour la série documentaire Boul. St-Laurent. Coordonnatrice et animatrice de divers projets dans le milieu de l’audiovisuel, elle signe avec Junior sa première collaboration avec l’ONF.

 

Stéphane Thibault a remporté en 2002 le Prix Claude-Jutra pour Les Justes, coréalisé avec Karina Goma. Il a également signé, entre autres, Moi, Robert Bob (2004), en collaboration avec Denys Desjardins, La Loi et l’ordure (2000) et le très remarqué Le beau Jacques (1998), prix du meilleur court métrage au Festival international du documentaire de Marseille, en 1999. Le cinéaste travaille également en télévision. Parmi ses nombreuses réalisations, Infoman a obtenu le prix Gémeaux 2001 pour la meilleure émission humoristique.

 

Commentaires de Michel Handfield (14 décembre 2007)

 

On suit une saison du Drakkar de Baie-Comeau : www.le-drakkar.com/

 

Ils ont entre 16 et 20 ans et ont des choix à faire. Des choix d’adultes; des choix de carrière. Tu joues au hockey ou tu t’engages au hockey! C’est toi qui devras faire ton choix et vivre avec : la LNH ou plafonner dans des petites ligues ici ou en Europe. Pire, des ligues de garage parce que tu aimes jouer. Tu vas te dires j’aurais pu! Ce n’est pas une place pour les bébés ici. Tu passes ou tu casses! C’est à peu près le choix devant lequel on place ces jeunes.

 

Un choix difficile, un milieu dur pour les intellectuels qui regardent ce film et en font la critique. Mais, face au jeune qui se fait dire « T’as 16 ans, t’es assez vieux. Tu travailles ou tu quittes la maison », ça change les perspectives! Combien de jeunes décrocheurs se trouvent «squeegee » dans la rue, livreur de commandes au dépanneur du coin ou manœuvre dans une shop? Et dans quelles conditions? La Facture nous apprend que :

 

« Plus de 300 travailleurs québécois sont victimes d'un accident de travail chaque jour. Les jeunes sont plus touchés que leurs aînés : dans la catégorie des travailleurs de moins de 24 ans, on enregistre une amputation par semaine et un décès par mois. Bonne nouvelle, les jeunes aussi subissent de moins en moins d’accidents. Il y en avait 18 000 en 2006, alors que leur nombre était plutôt de 26 000 en 2000. »   

 

On ne voit jamais les matchs; que ce qui se passe autour de ceux-ci et dans la vie de l’équipe, mais cela permet d’en comprendre beaucoup sur l’organisation d’une équipe de hockey et autour de celle-ci. La ligue junior est un clone de la LNH, avec description des matchs à la radio  locale, vedettariat des joueurs, coachs, professionnels qui les encadrent et agent qui tournent autour d’eux. Tous ces gens ont espoir d’être repêchés dans la grande ligne, que ce soit les joueurs, le coach, les arbitres et même les commentateurs, qui se verraient bien faire la description à RDS par exemple! Bref, c’est une préparation à la vie professionnelle. Mais, tous ne seront pas repêchés. En fait, ce ne sera qu’une minorité, d’où l’importance d’aussi bien encadrer leurs études s’ils veulent les poursuivre. Mais, cela semble parfois difficile à réaliser avec le statut de joueur de hockey.

 

Ce film nous fait voir le hockey comme une véritable leçon de capitalisme, car le club doit atteindre un équilibre entre la satisfaction de ses joueurs, des clients (spectateurs) et de ses partenaires (actionnaires) pour avoir du succès. Ce sont des choses à soupeser avant de se départir ou de repêcher un jouer, car le junior a un mandat de développement des jeunes, mais doit aussi répondre à un marché pour remplir les arénas. Puis, il ne faut pas que le club se fasse une mauvaise réputation sur le marché des joueurs, sinon il ne pourra pas faire d’échanges intéressants et atteindre la rentabilité.

 

De leur côté, les joueurs veulent faire gagner l’équipe, mais aussi  se faire valoir pour être repêché. Comme la plupart d’entre eux  ont des agents qui veulent qu’ils se démarquent, pour être vus par les repêcheurs des clubs professionnels, ils poussent leur joueur à se faire valoir au détriment du travail d’équipe et du plan de match. Un équilibre est à ramener par le coach.

 

Un film fascinant même pour quelqu’un qui ne suit pas le hockey, ce qui est mon cas. Et pour ceux qui verront ce film, voici trois joueurs que j’ai pu retracer sur le web :

 

Benjamin Breault :

www.lhjmq.qc.ca/lang_fr/index.php?page=2147483647&id_register=343

 

Alex Lamontagne : www.lhjmq.qc.ca/lang_fr/index.php?page=2147483647&id_register=1384

 

Ryan Lehr : www.lhjmq.qc.ca/lang_fr/index.php?page=2147483647&id_register=1508

 

Il est maintenant dans les STU Tommies de St. Thomas University, Fredericton, New Brunswick, Canada : http://w3.stu.ca/stu/sites/mens_hockey/index.html

 

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 Onomatopoetikum

 

Onomatopée : n. f. – Création de mot suggérant ou prétendant suggérer par imitation phonétique la chose dénommée (Le Petit Robert, 1995). Comme le montre ce court métrage poétique et désopilant, il s’agit également de bruits d’animaux, de langues et de gens ! Des langues très différentes et des gens très semblables en fin de compte, quand il s’agit d’imiter nos amis à plumes et à poils.

 

Réalisateur(s) : Karger, Knut

Pays : Allemagne

Durée : 4 min.

Année de production : 2006

 

Commentaires de Michel Handfield (14 décembre 2007)

 

Rien de mieux pour comprendre la diversité culturelle, de langue, d’accents et de perception en quelques minutes… même si on dit que ce film est muet! On ne parle pas, mais on doit faire le son d’un animal dont on voit la représentation sur un petit carton. Si une vache fait « meuh » ici, elle ne le fait pas nécessairement ailleurs. Est-ce que les vaches parlent une autre langue ou est-ce   l’oreille qui n’entend pas le même son? Ça, le film ne le dit pas.

 

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 At the Dacha

 

Poétique et absurde, burlesque et bucolique, At the Dacha s’inspire du cinéma des premiers temps pour peindre le portrait d’une famille polonaise sourde-muette. Partis passer la fin de semaine dans la datcha familiale, les personnages rivalisent d’ingéniosité pour améliorer le confort du cabanon, faire démarrer une voiture bringuebalante ou simplement combattre l’ennui. Là où la communication ne peut se faire que par gestes, le réalisateur retrouve avec malice le comique de situation et l’expressivité du cinéma muet.

 

Réalisateur(s) : Paladino, Thierry

Pays : Pologne

Durée : 26 min.

Année de production : 2006

Langue(s) originale(s) : muet

 

Commentaires de Michel Handfield (14 décembre 2007)

 

Je n’aime pas rire des autres, j’ai assez fait rire de moi étant jeune à cause de ma voix qui était très claire, mais là, la salle croulait de rire et c’était contagieux. Difficile de s’en empêcher, j’ai moi aussi ri du « malheur » de ces gens. J’espère qu’ils ont fait ce tableau de façon consentante et consciente, sinon j’aurais comme un petit malaise de conscience! 

 

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Still lives

 

Plus d’un an après le passage dévastateur de l’ouragan Katrina sur la Nouvelle-Orléans, certains quartiers de la ville ressemblent encore à un champ de ruines. Ce sont les habitants les plus démunis qui en sont les victimes. Ils ont tout perdu : biens, logement, parfois même un proche dont le corps n’a jamais été retrouvé... Relogés dans des caravanes, ils attendent que les autorités ou les associations humanitaires dégagent les décombres et reconstruisent leurs habitations. Ce court métrage recueille en voix off leurs témoignages, mais aussi ceux des bénévoles qui s’interrogent sur l’utilité de leur aide alors qu’une véritable structure de secours est absente. Avec un vrai regard d’auteur, la réalisatrice révèle des images quasi surréalistes des quartiers dévastés. À l’instar des bénévoles fouillant les ruines, elle glane les souvenirs de vies éparpillées par l’ouragan.

 

Réalisateur(s) : Sarkissian, Anna

Pays : Québec

Durée : 12 min.

Année de production : 2007

Langue(s) originale(s) : anglais

Langue des sous-titres : s.-t.f.

 

Commentaires de Michel Handfield (14 décembre 2007)

 

www.bikeandbuild.org

 

Groupe de bonne volonté qui vient en aide à des sinistrés d’une catastrophe naturelle : l’ouragan Katrina. Naturelle? Peut être pas seulement naturelle. Il est possible que des décisions, ou des non-décisions, politiques soient en partie responsables de cette tragédie, car si les dunes ont cédées, ce n’était peut-être pas juste la faute de Katrina. Les bénévoles et les citoyens s’interrogent donc tant sur leur action que la catastrophe. 

 

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Amarok

 

Sur fond de paysage enneigé, terré avec ses chiens dans la forêt laurentienne, nous découvrons Jacques, devenu ermite il y a treize ans. « Ici, les dépanneurs sont loin en tabarnak ! » clame son voisin André, aujourd’hui associé dans leur petite entreprise de traîneaux à chiens. Pour les deux hommes, la vie dans la forêt suit un rythme différent de celui imposé par la société, car c’est la nature qui dicte ses lois. Jacques ne se rase qu’une fois par an, au printemps : « Je mue, comme mes chiens ! » Un voyage au fond des bois, dans un univers inusité, en compagnie d’un homme qui a décidé de tout abandonner de la civilisation pour découvrir une autre humanité.

 

Réalisateur(s) : Hayes, Émilie

Pays : Québec

Durée : 29 min.

Année de production : 2007

Langue(s) originale(s) : français

 

Commentaires de Michel Handfield (14 décembre 2007)

 

La nature, les chiens. Très beau film! Je me suis imprégné du paysage! Une autre philosophie de la vie aussi…

 

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À bientôt j’espère et Avec le sang des autres

Michel Handfield (14 décembre 2007)

 

Ces deux films furent présentés en présence d’Inger Servolin d’ISKRA (www.iskra.fr/) qui a parlé de cette période et du tournage de ces films. J’ai pensé qu’elle devrait faire une histoire de vie sur DVD, tant cela était intéressant. Je repensais à des lectures que j’avais faites dans mes études de socio, et après, sur les questions d’organisation du travail et de sociologie industrielle. (1) Ce serait un document fort intéressant tenant lieu de biographie pour une personne du cinéma documentaire. Quand on est du 7e art, le DVD est certainement un médium plus approprié que le livre pour ce genre de chose.

 

Quant à ces deux films, comme l’a dit Inger, on doit retenir que « c’était du cinéma de résistance ». Du cinéma direct aussi, car c’était encore du cinéma à l’époque. Maintenant c’est du direct, car l’image peut venir de n’importe qui muni d’un téléphone cellulaire. Changement technologique qui fait que le direct n’est plus nécessairement du cinéma, ni de la télé!

 

Ces films sont maintenant pédagogiques et des jeunes comme Mario Dumont devraient les voir pour savoir ce qu’ils idéalisent quand ils parlent du privé en bien et du public en mal comme si c’était aussi tranché. Pourtant, le privé est loin d’être toujours vertueux. Il peut parfois être très dur. Le public aussi. C’est le propre des régimes bureaucratiques aveugles. Cela me fait justement penser à « l’âge des ténèbres », où la bureaucratie étatique broie le personnage de Marc Labrèche (un fonctionnaire dans ce film) et la course au rendement du privé et du travail autonome rend Sylvie Léonard (une agente d’immeuble dans le film) un véritable robot au service du système capitaliste! Les deux n’ont plus de vie, sauf dans le rêve pour l’un et dans la recherche du standing et de la consommation pour l’autre!  

 

Pourquoi pas d’autres modes de travail, solidaire et coopératif, ne sont pas plus nombreux? C’est peut-être cela qu’il faudrait se demander.

 

À bientôt j’espère

 

En 1967, la grande grève de la Rhodiaceta à Besançon annonce déjà mai 68. Un groupe de cinéastes, Chris Marker en tête, filme des militants ouvriers. Mais ces derniers ne se reconnaissent pas à travers ce film. Les cinéastes décident alors de donner à ces ouvriers les moyens de prendre eux-mêmes la parole. Chris Marker, Pierre L'Homme, Mario Marret, Jean-Luc Godard, Antoine Bonfanti, Bruno Muel et quelques autres vont ainsi mettre du matériel à la disposition des ouvriers et les former aux techniques cinématographiques. Les revendications mises en avant ici ne concernent plus seulement les salaires ou la sécurité d'emploi, mais le mode de vie que la société impose à la classe ouvrière.

 

Réalisateur(s) : Marker, Chris; Marret, Mario

Pays : France

Durée : 55 min.

Année de production : 1967

Langue(s) originale(s) : français

 

Commentaires de Michel Handfield (14 décembre 2007)

 

Les informations syndicales criées sur la place publique, c’était une autre époque bien avant le courriel militant. Mais, la revendication sociale est toujours d’actualité, surtout  depuis le virage à droite de la France et la montée du néolibéralisme à l’échelle de la planète, ce qui a fait vivre plusieurs reculs à la classe ouvrière sous prétexte de concurrence mondiale. Concurrence féroce pour attirer des entreprises, au prix d’une baisse des conditions de travail, mais pas aussi féroce pour le bien des consommateurs, qui eux n’ont jamais bénéficié des mêmes baisses de prix. Au contraire même, ce qui fait que l’ouvrier/consommateur est resté où il était au mieux et s’est appauvri au pire.    

 

Ce film montre que c’est la qualité de vie qui est importante en France (les récents événements indiquent que ça n’a pas changé) contrairement aux États-Unis, où c’est davantage l’intégration économique et l’accès à la consommation qui prime. Ici, au Québec, on est au carrefour entre les deux, Américains d’origine française que nous sommes! Ce film m’a d’ailleurs fait réaliser qu’en sociologie nous avons subit l’influence française, d’où mon attirance vers le communautaire, la solidarité et l’utilité sociale. Inversement, en  management et en administration des affaires on retrouve davantage l’influence de  l’individualisme à l’états-unienne. La question est donc, 40 ans après ce film, comment faire des ponts entre les sciences sociales et les sciences de la gestion pour le mieux-être de tous? C’est bien de parler d’interdisciplinarité, mais faut-il encore le faire dans et hors des universités; dans la sphère publique et l’économie réelle!

 

Avec le sang des autres

 

Une assourdissante descente aux enfers : la chaîne chez Peugeot, symbole de l’exploitation à outrance du travail humain. En dehors de l'usine, cela continue : magasins, supermarchés, bus, distractions, vacances, logements, la ville elle-même, s'inscrivent dans l'horizon-Peugeot. Le chef-d'œuvre de Bruno Muel est un essai implacable sur le désespoir ordinaire qui s’attache à la condition ouvrière dans une société de contrôle.

 

Réalisateur(s) : Muel, Bruno

Pays : France

Durée : 56 min.

Année de production : 1975

Langue(s) originale(s) : français

 

Commentaires de Michel Handfield (14 décembre 2007)

 

Peugeot, 1973-1974. Tout est P comme Peugeot   (www.peugeot.com/): cité Peugeot, école Peugeot, magasins autorisés Peugeot, le tout fait avec l’aide de la caisse des ouvriers! Peugeot de la naissance à la mort, enterré au cimetière Peugeot! C’est ce qui fait dire aux ouvriers que le bonheur on n’y croit plus; le socialisme on ne l’attend plus; on ne sait plus comment échapper à l’entreprise! J’avais l’impression des débuts du siècle dans les villes ouvrières décrites par Zola.

 

C’est aussi le travail à la chaîne, hérité du fordisme et tel qu’illustré dans « Les temps modernes » de Charlie Chaplin. On calcule les temps et mouvements pour améliorer le travail! En fait, les temps sont théoriques selon les ouvriers, calculés d'avance pour pousser la cadence, et ils n’ont probablement pas tort. Quand à la chaîne, elle n’arrête pas, ne pardonne pas. C’est elle qui rythme la vie de l’usine, le temps du travail. L’ouvrier doit suivre la chaîne. Après 9 heures de ce régime, il n’est plus un humain, mais un robot. Une mécanique rythmée par la chaîne. « Je n’écris plus, ne lis plus, j’ai du mal à m’exprimer et je deviens  asocial…  La chaîne me broie. » Voilà le propos d’un des ouvriers du film. La chaîne empêche de vivre! Elle tue l’Homme et laisse le robot travailler.

 

     J’étais replongé au cœur de mes amours : la sociologie du travail. Comme lors de la présentation, je repensais à des livres que j’avais lus à l’époque et qui décrivaient ces conditions et ces luttes ouvrières. (1) Si loin et si près. Maintenant le taylorisme recule, remplacé par des techniciens et des robots dit-on, sauf que dans les faits on ferme les manufactures encore taylorisées pour les relocaliser dans les nouvelles économies émergentes, là où la main-d’œuvre ne coûte qu’une bouchée de pain comparée à ici. Ce n’est donc pas que le taylorisme recule, mais plutôt que le travail taylorisé se déplace. 

 

Un ouvrier nous raconte qu’en mai 68 les patrons ont vu d’où venaient les mouvements de grève. Alors, ils ont inséré des travailleurs immigrés sur les chaînes pour briser la solidarité et les communications entre ouvriers. Un russe ou un turc qui ne parle pas la langue brise les chaînes de messages. En plus, comme il est content d’avoir du travail pour envoyer de l’argent à la famille, il n’a aucun intérêt à faire la grève. Il juge même que le patron est un bon en regard de son pays d’origine! Aujourd’hui, il  serait plus difficile d’agir ainsi, car les syndicats se sont raffinés et ont des militants qui peuvent communiquer avec les ouvriers étrangers par exemple. Et, comme les syndicats s’internationalisent eux aussi, ces ouvriers étrangers n’y sont pas nécessairement réfractaires. Cependant, les entreprises ont néanmoins continué à diviser les ateliers, mais sur la planète. On installe donc des ateliers dans des pays de complaisance pour le patronat et où la vie des syndicats et des syndicalistes est à tout le moins bien « encadré ». Ça s’appelle la mondialisation!

 

Note :

 

1. Loureau, René, 1974, L'analyseur Lip, Paris: 10/18; Virieu (de), F.H., 1973, LIP, 100 000 montres sans patron, France: Calmann-Levy; DURAND, Claude, 1978, Le travail enchaîné, Paris: Seuil; MONTMOLLIN, Maurice de, PASTRE, Olivier, 1984, Le taylorisme, Paris, La Découverte; FRIEDMANN, Georges, 1964, Le travail en miettes, France: Gallimard, coll. Idées; FRIEDMANN, Georges, 1963, 1970, Où va le travail humain?, France: Gallimard, coll. Idée; Weil, Simone, 1969, La condition ouvrière, [textes écrits entre 1934 et 1942], France: Gallimard, coll. Idées. LINHART, Robert, 1981, L'établi, Paris: éditions de Minuit; Levaray, Jean Pierre, 2005, Putain d’usine suivi d’Après la catastrophe et de Plan social, France (Marseille) : Agone.

 

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The War on Democracy

 

Premier documentaire pour le cinéma écrit et réalisé par le journaliste australien John Pilger, The War on Democracy examine le rôle de Washington dans les manipulations politiques en Amérique latine durant les cinquante dernières années. De l’appui aux juntes du Salvador ou du Chili à la tristement fameuse « École des Amériques », qui a formé en secret aux États-Unis tortionnaires et brigades de la mort des dictatures militaires, John Pilger enquête sur la face cachée du pays qui se veut défenseur de la liberté et de la démocratie. Parallèlement, il voyage à travers l’Amérique du Sud d’aujourd’hui pour montrer la naissance d’un soulèvement populaire contre l’intervention coloniale des États-Unis. En prenant l’exemple du Venezuela et de la Bolivie, The War on Democracy rappelle le vrai sens du mot « démocratie » : un gouvernement du, pour et par le peuple.

 

Réalisateur(s) : Pilger, John

Pays : Grande-Bretagne, Australie

Durée : 96 min.

Année de production : 1996

Langue(s) originale(s) : anglais, espagnol

Langue des sous-titres : s.-t.a.

 

Commentaires de Michel Handfield (14 décembre 2007)

 

On est pour la démocratie, mais on soutient la dictature parce qu’elle fait la « job » pour le système économique et politique états-unien! Telle était la politique des États-Unis dans les années 70, où la démocratie devait passer après l’intérêt stratégique et économique des États-Unis. On se permettait même de placer une dictature où cela faisait l’affaire au nom de la démocratie. Le coup d’État du 11 sept 73 au Chili en est un exemple. On a placé un fasciste (Pinochet) à la tête du Chili tout en parlant de droits humains…

 

Belle hypocrisie, mais la raison supérieure des États-Unis et du monde des affaires le justifiaient! Ce film rejoint les écrits de Noam Chomsky (www.chomsky.info/).

 

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 Fait intéressant, les États-Unis défendent d’abord la liberté économique comme si le libre marché est synonyme de démocratie – principalement celui avec les États-Unis naturellement! C’était ce qu’on cherchait avec les dictateurs d’Amérique du Sud à une autre époque : assurer les droits économiques des entreprises états-uniennes sur leur territoire! C’est ce qu’on regarde maintenant avec la Chine.

 

La démocratie à l’États-Unienne est d’abord et avant tout une démocratie de marché! C’est une boutade, mais quand on y regarde de près elle a du sens. En effet, les droits économiques me semblent davantage protégés que les droits sociaux même aux États-Unis! Ce n’est pourtant pas une république de bananes! Suffit pourtant de voir Sicko de Michael Moore pour s’en convaincre (www.michaelmoore.com/), d’autant plus que Moore démontre qu’en certains domaines les USA sont en arrière de Cuba! Ce n’est pas peu dire.   

 

Le peuple n’est pas dupe et considère que la démocratie n’est pas la même pour tous. Les riches cherchent la protection de leurs privilèges et du droit d’exploitation des richesses alors que les pauvres veulent un accès à une partie de la plus-value pour développer des mesures de bien-être et de développement social. En fait, théoriquement parlant, la démocratie est la même, mais les objectifs recherchés et les valeurs défendues par les uns et les autres ne sont pas les mêmes. Comme les riches ont davantage de moyens, ils ont aussi plus de chance de faire passer leurs valeurs au pouvoir. Et s’ils ne peuvent faire passer leur programme démocratiquement, ils peuvent user de leurs relations avec l’élite économique mondiale pour exercer des pressions, des représailles et même forcer un coup d’État! En ce sens, la démocratie est toujours sous surveillance – je dirais même en liberté conditionnelle - dans certains pays du globe, dont l’Amérique du Sud!       

 

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Si les riches bénéficient du développement économique pour s’enrichir davantage, le petit peuple aura eu les salaires, mais héritera surtout des problèmes quand ce sera fini et que les exploitants auront quitté les lieux. Nous n’avons qu’à penser aux problèmes environnementaux de l’exploitation minière, gazière ou pétrolière. Je ne pouvais pas m’empêcher de me demander si le Canada n’était pas une forme d’Amérique du sud consentante, surtout quand je pensais à l’exploitation des sables bitumineux pour le compte des États-Unis?

 

     Le projet de Chavez (Venezuela) n’est pas bête quand on écoute ses explications, ce qu’on peut faire quand on regarde ce film, car on lui donne la parole plus que 30 secondes comme on le fait dans un bulletin de nouvelles. C’est là l’avantage du documentaire : donner le temps de comprendre un point de vue. Il ne veut pas que le peuple devienne riche, mais bien qu’il vive dans la dignité, c’est-à-dire avoir des écoles, des  médecins et de la culture pour la majorité.  Que tous aient une auto serait stupide, mais que tous aient accès à du transport en commun, du travail et du logement décent est brillant! Si on veut protéger la planète, il faut peut-être commencer à penser ainsi plutôt qu’en terme purement individuel et consumériste! Le rêve du Humer pour tous est probablement plus dangereux pour l’avenir de la planète que celui de Chavez! C’est ce  que les USA n’ont pas encore compris avec la valorisation à outrance de l’individualisme. Il faut un équilibre entre individualisme et collectivisme, car tout l’un ou tout l’autre entraîne un déséquilibre. Mais, tant que la politique états-unienne sera influencée par  l’école de Chicago, la liberté et la démocratie seront déterminées par le marché! Une liberté de casino où tous doivent jouer, mais où c’est le croupier qui gagne le plus souvent! 

 

Le malheur de ce système, c’est qu’il brise les solidarités sociales. Alors, quand la population s’appauvrit elle n’a plus de réseau d’aide ni de soutien d’État. Le système est une loterie de la richesse, mais en contrepartie il entraîne un appauvrissement de la majorité. C’est malheureusement ce système qu’idéalisent les partis de droite comme les conservateurs canadiens et les adéquistes québécois.

 

Je voyais d’ailleurs un parallèle entre ici et là-bas avec la vente des richesses naturelles à petit prix aux firmes multinationales de ce monde, surtout états-uniennes, mais qui viennent de plus en plus de pays émergents (Chine, Inde, Russie). N’y aurait-il pas moyen d’utiliser ces ressources ou leur rendement commercial (en augmentant le prix auquel on les vend quand on ne subventionne pas tout simplement leur exploitation) pour développer  la créativité du peuple et des coopératives de production? 

 

Par contre, les choses risquent de changer. Alors que les États-Unis agissent pour se mettre le monde à dos, la Chine et la Russie sont en train de développer des alliances commerciales avec plusieurs pays de l’Amérique du Sud, dont plusieurs anciens alliés de l’ex-URSS. Imaginez une Amérique latine associée à la Russie de Poutine…  Mais, est-ce vraiment mieux? Pas sûr!

 

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La campagne de Russie

 

Un troupeau de 400 supervaches laitières françaises, des Prim’Holsteins issues tout droit des technologies de reproduction les plus sophistiquées, est vendu à un ancien kolkhoze de la Sibérie occidentale. L’objectif ? Revitaliser la production laitière russe en crise depuis le démantèlement de l’URSS. Cette aventure, qui tourne vite à la débâcle, est narrée en partie par « 0483 », l’une de ces « vaches capitalistes » qui se révèlent bien plus fragiles que leurs très modestes consœurs russes. Choc des pratiques agricoles, choc des cultures : nous découvrons la dure réalité des paysans russes déboussolés par le retour précipité à l’économie de marché.

 

Réalisateur(s) : Villetard, Xavier

Pays : France

Durée : 52 min.

Année de production : 2007

Langue(s) originale(s) : français, russe

Langue des sous-titres : s.-t.f.

 

Commentaires de Michel Handfield (14 décembre 2007)

 

35% de la population  russe vit en campagne. On est dans la région de Toumen en Sibérie occidentale, où des vaches  Prim’holsteins (www.primholstein.com/) sont exportées. Elles viennent de France et on les retrouve en Sibérie après 10 jours de voyage,  dans des conditions qui ne sont pas adaptées à ces merveilles de la technologie moderne, car ce sont de véritables usines sur pattes. Elles donnent 14 000 l de lait/an.

 

Ces vaches sont achetées pour refaire les élevages et nourrir la Russie, car, avec les bouleversements qui ont suivi la perestroïka, les paysans ont mangé leurs vaches quand ils n’avaient plus de soutien de l’État. Mais, la Sibérie n’est pas la France; ce n’est pas le même climat (froid), terrain, nourriture (les rations ne  semblent pas assez riches) et bâtiments. Plusieurs vaches tombent malades et meurent, car ces vaches relèvent davantage de la  biotechnologie que des animaux de fermes comme on les connaissait autrefois. Des usines à lait, fragiles et facilement déréglables. Elles sont ce que la F1 est à la Lada!

 

En comparaison, la vache moscovite est plus petite, mais beaucoup mieux adaptée à ces conditions. Un genre de vache domestique, car la plupart des familles de cette région en ont une chez eux. On la connaît. Par contre, on ne connaît pas cette Prim’Holstein et on manque de tout pour ces vaches. Les bâtiments ne leur sont pas adaptés, car elles sont beaucoup plus grosses et longues que leurs vaches domestiques. Puis, on n’a pas nécessairement les techniques et les médicaments qu’il faut pour bien les soigner, ce qui fait que plusieurs meurent.    Par contre, il n’y a pas de panique des propriétaires de la ferme, car ce n’est pas tant les vaches qui les intéressent que ce qu’elles portent, celles-ci ayant été achetées « pleines ». On espère que les veaux s’adapteront. Alors, si l’animal est malade on l’abat sans chercher la cause. Ce sont des usines! 

 

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Le Système Poutine

 

Ex-chef du KGB et successeur de Boris Eltsine, Vladimir Poutine est aujourd’hui l’un des leaders politiques les plus influents au monde. Cet enfant du régime soviétique fasciné par la grandeur tsariste a su user de toutes les stratégies politiques pour accéder au pouvoir. Depuis son arrivée au Kremlin en 2000, sa mission est claire : recréer le pouvoir de l’ancienne Union soviétique dans le monde d’aujourd’hui. Abolition de la liberté d’expression et manipulation de la presse, propagande nationaliste et guerre sanglante en Tchétchénie, corruption et oligarchie, élimination des ennemis du système : tout est mis en place pour façonner la Russie à sa manière et peser sur l’avenir géopolitique du monde. Jean-Michel Carré signe en collaboration avec Jill Emery un thriller d’investigation aussi passionnant qu’effrayant sur la foudroyante ascension de cet énigmatique dirigeant politique.

Réalisateur(s) : Carré, Jean-Michel

Pays : France

Durée : 95 min.

Année de production : 2007

Langue(s) originale(s) : français, anglais, russe

Langue des sous-titres : s.-t.f.

 

Commentaires de Michel Handfield (14 décembre 2007)

 

En Russie, 25% du peuple vivrait sous le seuil de pauvreté selon les chiffres officiels et la corruption par les hauts fonctionnaires atteindrait des milliards d’euros, mais je n’ose écrire le chiffre de crainte de m’être trompé tellement il m’apparaît inconcevable. Bref, la Russie libérée du communisme vit le capitalisme débridé! Pour résoudre cela, les Russes ont élu un ex-agent du KGB : Poutine! Son objectif : recréer la grande Russie. Son plan : tous les coups sont  permis, car il a la nostalgie de la puissante URSS. Il peut donc s’allier des mafieux si nécessaire et les faire arrêter le coup d’après, car il ne joue pas aux échecs, mais au combat suprême. Poutine n’est pas loyal aux Hommes, mais à la patrie, l’URSS, qu’il veut recréer. Autrement peut être, mais recréé quand même!

 

Son parcours est éclairant. Entré au KGB en 1975,  Poutine était bien placé pour observer et apprendre, le KGB étant collé à tous les politiciens. Toujours au cœur du Pouvoir. En fait, le KGB avait probablement plus de pouvoir en URSS que le parti communiste (PC) lui-même, car il pouvait faire tomber les chefs et placer ses pions! Poutine fut un de ces pions avant de devenir un des chefs et le Chef suprême de l’État Russe! Il est de la machine, ce qui fait sa force. Il faut savoir, nous dit ce documentaire, que si on a détruit le PC en Russie, on n’a pas détruit le KGB. C’est toujours le cœur du pouvoir russe et c’est maintenant un des siens qui conduit les destinées de la « nouvelle » Russie.

 

     Si ceux qui ont poussé l’ascension de Poutine le prenaient pour une marionnette, ils ont vu son véritable visage quand il  a pris la présidence. Il a alors fait savoir qui était au pouvoir en faisant arrêter, pour fraude fiscale et détournement de fonds vers l’occident, plusieurs intrigants économiques qui pensaient qu’il serait leur pantin. En même temps, il a fait en sorte que l’État reprenne le contrôle des médias et des entreprises énergétiques, dont le gaz et pétrole, qui sont des secteurs stratégiques.

 

Libéral, autoritaire, patriote et pro-occidental en même temps, on parle du paradoxe Poutine. Par contre, il n’est peut-être pas aussi paradoxal que l’on dit. Comme un joueur d’échec, il fait des coups qui semblent sans rapport immédiat, mais qui le serviront dans les jeux postérieurs. Il a compris que qui contrôlera l’énergie sera prédominant sur l’échiquier économique et qu’en se plaçant au service de l’occident et de la Chine, demandeurs d’énergie, il sera dans une bonne position à moyen ou long terme sur l’échiquier géopolitique mondial. Il a d’ailleurs fait des alliances en ce sens avec l’Europe, le Japon, la Chine, l’Iran et l’Amérique du Sud. Même les USA ont signé nombre d’accords sur l’énergie avec la Russie de Poutine. Il réactualise les anciens partenariats soviétiques et va au-delà grâce à la valeur d’échange du pétrole. Mais, on  ferme les yeux. Ainsi, la Russie lorgne maintenant les deux usines de magnésium du Québec (1) et on lui ouvre grand les bras. Puis, « Bombardier confirme être en pourparlers «très préliminaires» avec Transmashholding, un fabricant russe du secteur des technologies ferroviaires. » (2) Pendant ce temps, le président russe, a largement gagné ses élections du 2 décembre 2007 avec des méthodes qui soulèvent le scepticisme de plusieurs pays occidentaux (3) et bien des hypothèses sur la suite des événements. Notamment, quittera-t-il le pouvoir après son deuxième mandat tel que le veut la constitution ou sortira-t-il un lapin de son chapeau pour s’y accrocher?  (4)

 

Ce ne serait pas une surprise cependant, car dans la culture russe, le dirigeant dirige!  Tel était le cas sous les régimes tsariste, communiste et maintenant Poutinien! Poutine dirige et dirigera! La question est cependant de savoir pour combien de temps et comment s’y prendra-t-il? Puis, surtout, jusqu’où étendra-t-il son influence sur la scène mondiale?      

 

Notes :

 

1. Alexandre Shields,  Les deux usines de magnésium du Québec intéressent la Russie, in Le Devoir, Édition du mardi 04 décembre 2007, www.ledevoir.com/2007/12/04/167134.html

 

2. La Presse canadienne, Bombardier discute avec Transmashholding, Le Devoir, Édition du mardi 04 décembre 2007 : www.ledevoir.com/2007/12/04/167132.html

 

3.Législatives en Russie. La validité du scrutin mise en doute, Radio-Canada/nouvelles, lundi 3 décembre 2007, 10h53 :

www.radio-canada.ca/nouvelles/International/2007/12/03/004-legislatives_reax.shtml

 

4.  Parmi les hypothèses entendues depuis un certain temps, cela va de laisser la place à un de ses hommes de mains pour quelques mois, ce qui lui permettrait de redevenir président par la suite, à changer la constitution pour pouvoir franchir cette barrière de deux mandats consécutifs., en passant par toutes sortes d’autres scénarios intermédiaires.    

 

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Au pays des colons

 

Des terrains en friche à perte de vue, quelques arbres chétifs, une ferme au bout d’un rang : nous sommes en Abitibi, dans le bastion de Hauris Lalancette. Soixante-treize ans, colon, cultivateur et politicien, cette figure mythique du cycle abitibien des films de Pierre Perrault incarne la tragédie qui se joue un peu partout dans l’arrière-pays. Les effets pervers d’un système colonial sont partout visibles dans ce coin du Québec. L’autobus scolaire parcourt chaque matin des rangs déserts, ses sièges presque tous vides. L’avenir de la petite colonie est plus qu’incertain. Épaulé par ses enfants encore attachés au pays, Hauris tente de résister à l’inévitable déclin de la région. Denys Desjardins arpente le territoire et l’imaginaire de tout un peuple à travers le regard de ce citoyen plus grand que nature. Hauris n’est-il pas un symbole de la résistance paysanne qui s’organise un peu partout dans le monde ?

 

Réalisateur(s) : Desjardins, Denys

Pays : Québec

Durée : 75 min.

Année de production : 2007

Langue(s) originale(s) : français

 

Commentaires de Michel Handfield (14 décembre 2007)

 

L’Abitibi. Un tournage qui s’est étendu de 1998 à 2007 environs, marqué par l’influence de Pierre Perrault. Un film sur l’appartenance au territoire et la  transmission des valeurs. Un film qui pose un regard critique et des questions sur la politique régionale.

 

Qu’est-ce qu’on a fait pour nous empêcher de conserver nos villages, nos écoles? Dans les années de la crise, on a fait sortir des villages  de la forêt, maintenant on les retournent à la forêt en décolonisant; en plantant des arbres à leur place. C’est comme si on nous avait fait ouvrir ces villages pour venir exploiter les ressources, sous prétexte de développer l’agriculture, et qu’on les refermait une fois les ressources taries. Une déportation planifiée pour exploiter les mines et la forêt. J’aime bien ce franc-parler d’Hauris Lalancette, 73  ans. 

 

Le fils a aussi son franc parlé, mais il pense davantage au développement régional qu’à la politique et aux théories du complot contrairement à son aîné. Il faut se développer pour donner le choix aux enfants de rester ou de quitter l’Abitibi. Si on ne se développe pas, ce sera la fermeture à coup sûr, déjà que plusieurs villages ont fermé. Mais, ce développement doit venir de la base,  car les mêmes Christs qui nous ont développés vont maintenant développer ailleurs parce que ça coûte moins cher! 

 

On est en pleine opposition entre valeurs familiales et capitalistes; développement et exploitation. Un film fort intéressant. Un film qui me fait dire qu’il faudrait peut-être lire John Saul même si c’est un anglophone, car il a un propos que nos protagonistes aimeraient certainement sur le développement des régions et du nord. Il est assez près de leurs préoccupations. (1)

 

Note :

 

1. Saul, John Ralston, 1998, Reflection of a siamese twin, Canada at the end of the twentieth century, Canada: Penguin book

 

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Le Déshonneur des Casques bleus

 

En présence des cinéastes. La projection sera suivie du débat : Femmes cinéastes et pays en guerre. Représentants armés des Nations Unies, leur rôle consiste à séparer les belligérants et à protéger les populations civiles. Ils apportent l’espoir et la sécurité dans des pays ravagés par la guerre. Du moins, c’est le mandat qui leur a été confié. Mais depuis quelque temps, de nombreux observateurs s’interrogent : et si les Casques bleus faisaient partie du problème plutôt que de la solution ? Brutalité, abus, viols de mineurs, les accusations s’accumulent. Sommes-nous vraiment au courant du comportement des Casques bleus ? Tourné essentiellement en République démocratique du Congo, le documentaire-choc de Raymonde Provencher fait le point sur une situation intolérable. À l’écoute des victimes et des témoins, il remet radicalement en question la réputation de héros des temps modernes que s’étaient taillée jusqu’à présent les Casques bleus de la paix.

 

Réalisateur(s) : Provencher, Raymonde

Pays : Québec

Durée : 75 min.

Année de production : 2007

Langue(s) originale(s) : albanais, anglais, français, swahili avec sous-titres : s.-t.f.

 

Commentaires de Michel Handfield (14 décembre 2007)

 

Au Congo, des fillettes sont victimes des casques bleus, ces soldats de l’ONU que nous payons pour protéger les populations vulnérables. Des fillettes de 12 à 16 ans  violées par des militaires. Des femmes de plus en plus jeunes prises de force par des militaires, miliciens et paras, car ils ont peur du SIDA. Une exception : le cas d’une dame de 65 ans!

 

 Ces fillettes sont doublement victimes de ces actes, car elles sont ensuite rejetées par leur famille qui les accuse d’être responsables de leur viol. Elles peupleront la rue…

 

La MONUC (Mission de l’ONU au Congo) empire donc le malheur du peuple à cause de ces viols. Il y a donc perte de confiance dans ceux-là mêmes qui devaient aider. Si on n’en parle pas trop, c’est qu’il y a un complot du silence, car beaucoup reçoivent de l’argent de l’ONU.

 

Je voyais ce film et je me disais qu’on devrait leur donner des boîtes de kleenex pour qu’ils soulagent leur montée d’hormones, car ce sont  souvent des jeunes militaires. Et si Dieu est contre la masturbation, je ne vois pas pourquoi il serait davantage pour le viol! Quant à poursuivre ces  militaires, cela dépend toujours des lois du pays d’où ils viennent, car l’ONU n’a pas de pouvoir à ce niveau. Devrait-on changer sa constitution ou en faire un gouvernement?

 

À ce qui est dis dans ce film, probablement que les 2/3 des accusations seraient fondées, mais il n’y a pas moyen de vérifier, ni de  porter des accusations, car la population bouge, les militaires aussi, et il n’y a pas de papiers d’identification dans bien des cas. Il faudrait une banque d’ADN des militaires et des tests sur les bébés. Mais, l’ONU n’a pas ce pouvoir. Si certains pays l’ont, pour d’autres ce n’est pas un crime.

 

L’ONU n’a pas non plus les moyens de surveiller ses troupes, comptant sur 5 policiers militaires pour 3 à 4 000 soldats, jeunes et pleins de testostérone! Alors, que faire au moins pour les bébés laissés derrière ces missions et les jeunes mères rejetées par leur famille et leur communauté? Un film qui fait réfléchir. 

 

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