Version archive pour bibliothèques de
Societas Criticus et
DI, Revues Internet en ligne
Societas
Criticus
Revue de
critique sociale et politique
On n'est
pas vache…on est critique!
&
D.I.
revue d’actualité et de culture
Où la culture nous
émeut!
Vol. 10 no. 2
(Du 3 mars au
12 avril 2008)
Cette revue est éditée à compte
d'auteurs.
Pour nous rejoindre:
C.P. 182, Succ. St-Michel
Montréal (Québec) Canada H2A 3L9
Le
Noyau!
Michel Handfield, M.Sc. sociologie (U de M), cofondateur et éditeur;
Gaétan
Chênevert, M.Sc. (U de Sherbrooke),
cofondateur et interrogatif de service;
Luc
Chaput, diplômé de l'Institut d'Études Politiques de Paris, recherche et support documentaire.
Soumission de texte:
Les envoyer
à societascriticus@yahoo.ca. Si votre texte est en fichier attaché, si possible le sauvegarder en
format "rtf" (rich text format) sans notes automatiques.
Index
de ce numéro :
La section
Societas Criticus, revue de critique sociale et politique
Changements pour l’environnement!
Le français, langue seconde? Pourquoi pas
langue d’ici!
Le
hockey junior, c’est simple à régler!
Ce René
est un faux… Je le sais… C’est le mien
Les harceleurs sont parmi nous...Mohamed
Lotfi, Journaliste et réalisateur radio
La section D.I.,
Delinkan Intellectuel, revue d’actualité
et de culture
Commentaires livresques : Sous la jaquette!
Lipovetsky,
Gilles, 2002, Métamorphoses de la culture
libérale, Éthique, médias, entreprises
La saison
du TNM 2008-2009. Tout est sur le site, alors, parlons du reste!
DJ XL5 a présenté le RETRO KITSCH PARTY au Cinéma
du Parc
La France, une histoire de famille depuis
400 ans.
Cinéma et
Théâtre (Ciné, Théâtre et quelques annonces
d’événements)
Festival des films sur les droits de la personne
Freedom from Abuse of Power: Torture and
Unlawful Imprisonment
Le Déshonneur des Casques bleus
Un
coin du ciel (Un documentaire sur le quartier de Parc-Extension)
L’Année où mes parents sont partis en vacances
LIBRARY ON ICE — LUTZ FRITSCH IN THE
ANTARCTIC
It's a Free World (Un monde sans frontières)
Dr. Seuss Horton entend un qui!
La petite pièce en haut de l’escalier
(théâtre)
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Changements
pour l’environnement!
Michel Handfield
12 avril 2008
Il ne se passe pas une semaine sans
nouvelles sur la santé et l’environnement. Alors, si on doit faire de grands
gestes, on doit aussi en faire de plus petits, mais à grande échelle. La
déduction fiscale pour la carte autobus-métro en est un. Des déductions pour
l’achat d’un vélo en seraient un autre, tant en terme de réduction des gaz à
effet de serre que de promotion de la santé. (1) Mais, cela ne doit pas
concerner que l’État. Les entreprises doivent aussi faire leur part. Pourquoi
pas le stationnement payant et la livraison gratuite sur présentation de notre
carte de transport en commun ou d’une preuve que nous ne sommes pas en
automobile. Une façon simple d’en réduire l’usage.
Au lieu de subventionner une entreprise comme Bombardier pour des
raisons aussi futiles que les variations des taux de change, l’on pourrait lier
ces subventions au développent utile en matière de transport collectif.
Subventionner l’implantation d’un réseau
de transport interurbain sur rail pour les rives Sud et Nord de Montréal par
exemple, ce qui offrirait une vitrine à Bombardier
transport (2) et améliorerait du même coup l’offre de service pour les
citoyens.
Naturellement, l’offre de transport collectif doit s’accompagner d’une
diminution du transport automobile et d’entrée de nouveaux fonds pour qu’il
soit le plus accessible possible. On doit donc agir à ce niveau aussi. On
pourrait ainsi mettre une taxe spéciale
sur tous les produits qui émettent des gaz à effet de serre, que ce soit un
aérosol ou du pétrole par exemple. Mais, à la fin de l’année, on aurait droit à
un crédit d’impôt représentant la consommation moyenne raisonnable par
individu, par famille ou par foyer selon des modalités à déterminer. Cependant,
contrairement aux crédits de TPS et de TVQ, ce crédit serait sans égard au
revenu, ce qui fait qu’une famille qui émettrait un taux raisonnable de gaz à
effet de serre pourrait recevoir un retour d’argent équivalent à ce qu’elle
aura payé en taxe verte, peut-être même un peu plus. Par contre, une famille
qui aurait surproduit des gaz à effet de serre recevra beaucoup moins que ce
qu’elle aurait payé en taxe verte. Ce pourrait être le cas d’une famille qui a
une piscine chauffée au mazout et qui ne ménage pas ses déplacements en
automobile par exemple. Quant à la famille qui utiliserait le vélo, la marche
et le transport en commun plus que de moyenne, elle pourrait recevoir bien
davantage que sa contribution. Ainsi, la surproduction de gaz à effet de serre
serait punie et sa sous-production récompensée. Les villes pourraient même
ajouter un permis de stationnement dont le coût serait exponentiel suivant le
nombre de voitures par foyer. La première voiture pourrait être à 100$/an, la
seconde à 250$, la troisième à 500$ et la quatrième à 1000 $!
Des points d’employabilités pourraient aussi être accordés en fonction
de la proximité du travail et du lieu de résidence, car embaucher quelqu’un à
100 km de son lieu de travail crée davantage de gaz à effet de serre que
quelqu’un qui demeure dans le même quartier que son emploi, si la personne peut
faire le travail naturellement. Mais, la différence entre deux ou trois
candidats n’est pas toujours assez grande pour justifier un tel éloignement. Des points de proximités devraient donc être
accordés. Par contre, le candidat le plus éloigné, s’il était le premier choix,
pourrait s’engager à ne pas produire davantage de gaz à effet de serre que le
plus proche en s’engageant à voyager en transport en commun, à s’acheter un véhicule
hybride ou électrique ou en se rapprochant du lieu de travail.
Bref, il faut user de créativité et repenser notre fiscalité, nos normes
du travail, et nos programmes de subventions pour atteindre ces objectifs
environnementaux dont nous nous targuons tant. On ne peut changer les choses
sans bousculer quelques habitudes et quelques vaches sacrées. Cela ferait
certainement quelques mécontents, mais gouverner c’est choisir et choisir ne
contente jamais tout le monde!
Notes :
1. Pour la santé, on
pourrait déduire l’inscription à un gym ou à un centre sportif de son revenu
imposable par exemple. Remarquez que dans certains territoires (pays, provinces
ou régions) le gym comme le vélo sont peut-être déductibles d’impôt ou le
seront un jour, selon certaines modalités naturellement, car la fiscalité est
une chose complexe et différenciée d’une région à une autre. C’est aussi une
chose qui change dans le temps. Comme je ne suis pas fiscaliste, c’est une
question à vérifier au moment de faire votre déclaration de revenus, même à
revérifier annuellement, car en ce domaine les choses ne sont pas
statiques.
2. www.transportation.bombardier.com
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Le français, langue seconde? Pourquoi pas langue
d’ici!
Michel Handfield
31 mars 2008
Dans le journal de mon quartier (1) de
cette semaine, il y a une annonce de « cours
de français langue seconde » du ministère de l’immigration et des
communautés culturelles du Québec. Je ne sais pas si elle est parue dans
plusieurs hebdos, ni si elle a attiré votre attention, mais, moi, elle m’a
questionné. Vu tous les débats entourant la place du français au Québec, à
savoir si notre langue se maintient ou si elle recule, j’ai eu un flash :
pourquoi langue seconde? Pourquoi ne pas annoncer « Cours de français, langue d’ici » à la place? C’est peu, mais
cela enverrait un message clair, car l’immigrant c’est la langue d’ici qu’il
veut maîtriser, la première langue d’ici. Et si le français est la seconde
langue, c’est que l’anglais est la première langue en genre et en nombre en en
Amérique! Voilà le
message qu’on lui confirme.
Je sais qu’en réalité on dit langue seconde parce que
pour l’immigrant c’est sa seconde langue après sa langue maternelle, car je
connais quand même le sens des mots. Sauf que l’image est parfois tout autre.
Inconsciente. C’est pour cela qu’il faut mettre le français un cran au dessus,
le qualifiant de langue d’ici. Cela lui donne alors un statut différent. Un
prestige. Parfois un geste aussi simple peut faire toute une différence dans
les choix des gens. Pensez au marketing : si des gens sont prêts à payer
des milliers de dollars pour une montre Rolex, ce n’est certainement pas pour
avoir l’heure, car ils ont déjà l’heure sur leur cellulaire, leur portable ou
leur PALM et pourraient très bien s’acheter une montre de quelques dollars qui
ferait tout aussi bien le travail. S’ils paient plus, c’est pour le prestige
que leur donne la ROLEX. C’est pour cela que si l’on place le français comme la
langue seconde, on le met sur le même pied que l’anglais langue seconde. Il est
nécessairement perdant en Amérique du Nord dans ces conditions. Par contre, si
on lui donne un statut supérieur, différent, distinctif, « la langue d’ici », il sera
probablement gagnant au Québec. Du moins, je l’espère. Et ça ne coûte rien de
l’essayer, car je vous la donne mon idée!
Note :
1. Journal
de St-Michel, 30 mars 2008, p. 2. www.journaldestmichel.com
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Le hockey junior, c’est simple à régler!
Michel Handfield
24 mars 2008
On fait comme pour les motards: on ferme
le chapitre et on retire le permis de la ligue
de hockey junior majeur du Québec pour tout le reste de la saison et de la
saison prochaine. Ceci devrait leur laisser le temps de revoir toute leur
organisation et leurs règlements. De faire un grand ménage pour parler
clairement!
L’an prochain les jeunes iront à
l’école, liront et iront voir du théâtre plutôt que de jouer au hockey. Ça leur
donnera de la culture, ce qui ne serait pas un luxe.
Si le junior n’est pas capable de se
discipliner durant cette période, on laissera cette ligue fermé le temps qu’il
le faudra. Restera toujours le hockey collégial et universitaire, ce qui serait
peut être mieux finalement, car je ne suis pas contre le sport, mais contre les
imbécillités que l’on a vu récemment dans la ligue de hockey junior majeur du Québec. Si cette ligue n’est pas
capable de se discipliner, fermons là, car ce qu’on y voit n’est pas que disgracieux,
mais à la limite de l’agression et du geste criminel.
Puis, tant qu’à avoir une ligue de
hockey, aussi bien avoir une ligue qui
instruit les jeunes en même temps, comme le hockey collégial et
universitaire.
---
Michel Handfield
7 mars 2008
Quand je regarde les
nouvelles, les politiques conservatrices
qui ont actuellement cours me désolent. (1) Les doigts me démangent, je ne peux
me retenir. Il faut que j’écrive.
D’abord, au Fédéral, les conservateurs
veulent ramener la censure au nom de la morale, mais laquelle? Celle de leur
église. Désolé, mais je ne suis pas de la chapelle conservatrice qui parle de
Dieu gros comme le bras, mais ne s’intéresse pas aux questions sociales
préoccupantes, comme la pauvreté ou les toxicomanies par exemple, sauf pour
punir. On devrait plutôt se demander quelles en sont les causes et comment agir sur celles-ci? Mais, on n’offre
peu, sinon rien, de ce côté des choses. Ce n’est donc pas de censure qu’il faut
parler, mais d’éducation. D’ailleurs, le cinéma et la télé jouent souvent un
rôle éducatif et les scènes « hard
core » peuvent y trouver pleinement leur place si elles sont bien
utilisées. Elles peuvent aussi avoir une valeur artistique. Il ne faudrait pas
oublier qu’il y a des chefs d’œuvres érotiques. Si elles sont de mauvais goûts,
inutiles ou mal utilisées, le public est capable de juger, mais ce n’est pas au
gouvernement de le faire avant même le tournage d’un film comme le propose ce
projet de loi. Une telle loi est une injure au bon sens des citoyens, n’en
déplaise à quelques bigots d’Église! (2)
À un autre niveau, Montréal
voudrait réglementer la vitesse sur son territoire, mais ne peut le faire comme
il le voudrait. En effet, après avoir demandé la permission à Québec pour
réduire la vitesse à 40 km/heure (3), Montréal a appris que le gouvernement
provincial « a modifié la loi de
telle sorte que chaque ville, chaque arrondissement est libre d’établir les
limites de vitesse. » (4) Bref, la ville est toujours à la remorque du
provincial, car, constitutionnellement, elle est une création de la province
même si elle est vielle de 366 ans et
que la province est sa cadette! (5) Québec ne se gêne pas pour nous faire
sentir petit et à sa merci, et ce, depuis longtemps. Il suffit de penser aux
fusions municipales imposées par le PQ et à tout le gâchis des défusions qui a
suivi par la suite, don du PLQ! Alors qu’on aurait dû consulter les montréalais
pour savoir ce qu’ils voulaient comme organisation pour leur île, Québec a imposé
sa façon de faire avec ses gros sabots. (6) Puis, après, on vient nous dire que
ce serait mieux si le Québec avait tous
les pouvoirs. Là, Québec les avaient les pleins pouvoirs, puisque le municipal
est de sa juridiction, et tout ce qu’il a trouvé à faire c’est gâchis
par-dessus gâchis! Il faudrait peut-être le rappeler à ceux qui croient que le
Québec pourrait tout régler par enchantement s’il était souverain.
Stéphane (7), si je te parle de
Montréal, ce n’est pas un hasard. C’est parce que tu es au Fédéral et qu’il
faudrait enfin reconnaître les villes comme un pouvoir régional dans la
constitution canadienne au même titre qu’on reconnaît les provinces,
c'est-à-dire avec des champs de compétence, des pouvoirs et des moyens
conséquents. Il est temps de moderniser cette constitution d’un autre âge. La majorité de la population canadienne vit
maintenant en milieu urbain sans reconnaissance constitutionnelle. C’est là un
non-sens qui mérite correction, car s’il était vrai qu’en 1867 la majorité de
la population était rurale, c’est maintenant l’inverse. (8) Tu es donc placé
pour proposer des changements.
Voilà donc des chevaux de bataille pour
toi: la censure, les questions sociales et la reconnaissance constitutionnelle
des villes. Puis, il y a toujours l’environnement, puisque « Le gouvernement canadien en fait bien peu en
matière d'environnement, selon le commissaire fédéral à l'environnement, Ron
Thompson. » (9)
Pour en profiter, il faut par contre que
tu cesses d’avoir peur de ton ombre. Les sondages ne sont qu’un instantané.
Avec de bons arguments, tu peux foncer à moins que tu n’aie pas confiance en
toi. Mais, alors, la question est pourquoi t’es-tu présenté au leadership du
parti libéral si tu ne veux pas l’exercer ce leadership? C’est beau d’attendre,
mais de trop attendre tu as l’air de moins en moins à ta place. Fonce ou
retourne à l’enseignement si tu veux faire des scénarios sans jamais te
mouiller. On va en politique pour plonger, pas pour rester assis à côté de la
piscine.
Notes :
1. Je pense naturellement au gouvernement conservateur de Stephen Harper en premier
lieu. Mais, je pense aussi à Québec, où le chef du PLQ et premier ministre
actuel est un ancien ministre conservateur du gouvernement de Brian
Mulroney, venu du fédéral vers le provincial
en 1998 après avoir été chef des conservateurs fédéraux suite à leur débâcle de
1993. Il est d’ailleurs à noter que je préfère dire PLQ plutôt que libéraux
provinciaux, car ce parti est davantage le lieu des fédéralistes de toutes
tendances plutôt que de libéraux
seulement, d’où un chef conservateur, mais fédéraliste, à leur tête. Le PQ a aussi vu son aile de droite prendre le
dessus sur sa gauche avec l’arrivée de Lucien Bouchard, qui était lui aussi un ancien
ministre conservateur du gouvernement de Brian Mulroney avant de claquer la
porte et de devenir chef du Bloc québécois à Ottawa. Cette aile n’a jamais
perdu la main depuis, que ce soit avec Bernard Landry, André Boisclair ou
Pauline Marois tous aussi à l’aise avec la droite nationaliste que l’était
Lucien Bouchard. Ce parti est le lieu de ralliement des nationalistes de toutes
tendances, allant des nationalistes mous aux nationalistes durs. Quant à l’ADQ,
elle se situe tout simplement plus à droite que ses deux grands frères au plan
économique, desquels sont issus
plusieurs de ses membres d’ailleurs, car elle est de tendance néolibérale. Au
plan constitutionnel, elle est
autonomiste, car elle ne veut ni être fédéraliste, ni souverainiste.
L’ADQ navigue donc entre les deux et peut faire le plein des indécis sur la
question nationale même si elle est plus à droite au niveau économique.
2. « Christian
crusader says he pressured cabinet ministers and PMO officials to deny tax
credits to productions deemed too offensive. » (BILL CURRY AND GAYLE
MACDONALD, Evangelist takes credit for film crackdown, From Friday's Globe and Mail, February 29,
2008 at 4:00 AM EST: www.theglobeandmail.com/servlet/story/RTGAM.20080229.wculture29/BNStory/National/home)
3. « La ville de Montréal
entend réduire dès l'automne prochain les limites de vitesse permise sur le
territoire de l'île. Après avoir maintes fois réclamé de Québec le pouvoir de
modifier à sa guise la limite de vitesse des automobilistes à Montréal,
l'administration Tremblay-Zampino a finalement obtenu gain de cause auprès de
la ministre des Transports, Julie Boulet. » (Jeanne Corriveau, Montéal
réduira la vitesse à 40 km/h dans les rues de la ville, Le Devoir, Édition
du vendredi 07 décembre 2007 : www.ledevoir.com/2007/12/07/167580.html
4. Jeanne Corriveau, Montréal est
ralenti dans sa volonté de réduire la vitesse sur l'île, in Le Devoir, édition
du mardi 04 mars 2008 : www.ledevoir.com/2008/03/04/178817.html
5. La fondation de Montréal date de 1642. Ce n’est cependant qu’en 1663 que Louis XIV donne à la Nouvelle-France
le statut de province royale. Mais, 1663 c’est aussi l’année de la
conquête. Il faudra donc attendre l'Acte
de Québec, adoptée en 1774, pour marquer le début d’un nouveau régime, car
cette loi sera en fait la première constitution québécoise. 132 ans après la
fondation de Montréal! Source : www.gouv.qc.ca/portail/quebec/pgs/commun/portrait?id=portrait.repereshistoire&lang=fr; www.justice.gouv.qc.ca/francais/ministere/histori.htm)
6. Moi, par exemple, j’aurais proposé une communauté urbaine élue et
responsable de tout ce qui concerne l’île (comme la police, les pompiers,
l’eau, une partie de l’urbanisme, et les grands parcs par exemple) et j’aurais
conservé les municipalités pour ce qui est des services de proximité, ce qui
aurait respecté notre sentiment d’appartenance à nos villes tout en nous
impliquant davantage pour notre île. Naturellement, on aurait pu en profiter
pour repartager les conseillers entre conseillers ville et conseillers de la
CUM pour ne pas surcharger le contribuable. On n’aurait pas eu les petits
villages que l’on a actuellement et que l’on appelle arrondissements! On aurait
élu un(e) président(e) de la CUM et un(e) maire de ville, mais pas un maire par
arrondissement.
7. Stéphane Dion est chef du Parti Libéral du Canada depuis le 2
décembre 2006 : www.liberal.ca/members_f.aspx?id=2369
8. Selon Statistiques Canada, en 1861, 16% de la population était
urbaine. En 1871, c’était 19%. En 1921 on était à quasi égalité (49%). Puis, on
a franchi les 80% avec le nouveau millénaire (2001). Source : http://www40.statcan.ca/l02/cst01/demo62a_f.htm
9. Environnement : Piètre bilan, Radio-Canada/Nouvelles/Politiques, mise
à jour le jeudi 6 mars 2008 à 19 h 09 : www.radio-canada.ca/nouvelles/Politique/2008/03/06/003-rapport-enviro-commissaire.shtml
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Index
Ce René est un faux… Je le sais… C’est le mien.
Reçu le 10
avril 2008, 11h53
Le René
Lévesque que vous voyez dans la série n’est pas
René Lévesque. Il n’était pas disponible pour le rôle.
Emmanuel
Bilodeau a fait un travail remarquable pour créer un René possible. Ce n’est
toutefois pas le René que Parizeau a connu, ni celui de Morin. Pas plus qu’il
ne ressemble au René de Corinne ni à celui de Tremblay ou de Beaudoin. Ce n’est
pas non plus celui des joueurs de poker avec lesquels il traversait certaines
nuits ou celui de ses conquêtes, en chemin…
C’est un
René construit à partir de ce que tous m’ont confié sans le savoir à travers
les mémoires de Lévesque, l’autobiographie de Parizeau, les écrits de Morin,
les milliers de pages de Pierre Godin, les centaines d’articles de journaux,
les propos des commentateurs politiques, les émissions de télé, les
documentaires, la magnifique série radio
de Radio Canada, les rencontres et… les propos recueillis auprès de Corinne
Côté. Malheureusement, personne ne raconte tout à fait la même histoire et les
contradictions sont souvent stupéfiantes. Alors je choisis le point de vue qui
me semble pertinent ou bien je tente de bâtir un « consensus ».
Évidemment ce ne sera jamais votre René…
Et puis
toujours la même indignation chaussée de gros sabots, véhiculée par les mêmes personnes depuis la parution de
la biographie de Pierre Godin. Une
argumentation si pauvre quelle nous porte à se questionner sur les vrais
intentions. Des mots assassins pour masquer le vide ? Ou pour miner toute crédibilité au cas où…?
Une technique qui vient des longues années en politique. Gérer le message,
contrôler l’image…
Et
la caricature ?… J’ai visionné
l’équivalent de vingt quatre heures d’archives. On ne peut pas dire que
la mode de cette époque aide beaucoup à la sobriété... La vivacité d’esprit de Garon, le bonheur
sautillant de Charron, rien n’a été inventé.
Pour ce qui est du reste, il a fallu dessiner les personnages en trois
coups de pinceau afin de les reconnaître, ils passent si vite… C’est quand
même dommage que personne n’ait remarqué
le magnifique discours que René tient aux étudiants, juste avant les élections
de ’76. Tellement actuel… Mais, bon, la politique n’intéresse plus personne
même que certains font tout ce qu’ils peuvent pour entretenir le cynisme.
Qui a
raison, qui n’a rien à dire, qui tente de contrôler le message ? Autant de
gens, autant de points de vue. Mais il existe une passion commune qu’il aurait
été préférable de partager avec les jeunes générations qui, bientôt, ne se
souviendront plus de leur histoire plutôt que de s’enfarger dans les fleurs du
tapis… Mais bon, le sens des priorités n’est pas donné à tous. Bas de gamme
vous disiez madame Tremblay ?… Vous auriez fait un formidable personnage dans Bunker le cirque… Merci pour le cours de réalisation, Madame
Beaudoin. J’en avais bien besoin après
mes trois Gémeaux en fiction et mes deux prix internationaux pour le
documentaire sur Riopelle… Un autre personnage que j’ai eu tout faux…
Pierre Houle
Réalisateur.
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À tous les futurs médaillés québécois des Jeux Olympiques
de Pékin.
Malgré les
multiples appels au boycotte, l'évènement olympique chinois aura lieu
cet été. Vous y participerez en représentant le Canada et le
Québec. Je présume que certains parmi vous se sont déjà
demandés, face aux images qui nous parviennent du Tibet, comment
participer à de tels jeux sans paraître complices des atteintes aux droits
de l'Homme dont les tibétains sont victimes ?
Si vous cherchez
à souligner votre désaccord devant de telles atteintes sans pour autant
boycotter les jeux, il se présente à vous une occasion en or pour l'exprimer en
donnant un sens historique à vos victoires.
Ce qui fera de
votre médaille un objet unique, ce n'est pas l'incrustation d'un disque de jade
au revers de chaque médaille, comme on peut l'apprendre dans un communiqué de
l'organisation des jeux. Ce qui en fera une innovation audacieuse
dans l'histoire de la confection des trophées olympiques, un objet de
collection unique, c'est le sens que vous lui donnerez vous-mêmes en posant un
petit geste.
Une fois sur
le podium, après la réception de votre médaille personne ne peut vous
empêcher de la dédier au peuple tibétain. Avec votre médaille dans
la main, il vous suffit simplement d'exécuter face au monde entier un
signe de ''Time out'' faisant allusion à la lettre T. T comme
Tibet.
Suite à votre
geste, vous n'êtes pas obligés de faire un discours ni aucune
déclaration à la presse. Pas besoin de crier des slogans genre ''Nous
sommes tous des tibétains''. Tout le monde aura compris votre
message.
Voici cinq raisons pour justifier et motiver un
tel geste:
1- Le Tibet existe comme pays et comme
peuple depuis 127 av JC. La Chine a violé la souveraineté du
territoire tibétain en 1950.
2- La souveraineté d'un peuple ainsi que la
protection de sa culture est un droit inaliénable reconnu par l'Organisation
des Nations Unies.
3- Revendiquer le droit des tibétains à leur territoire
et à la pratique pleine et entière de leur culture, c'est plus qu'un geste de
compassion. C'est un devoir de solidarité internationale envers un
peuple qui a choisi longtemps la non violence comme politique
de résistance.
4- Les impacts d'un tel geste, les chinois seront les
premiers à en bénéficier. Le respect des droits de l'Homme au Tibet, des
millions de chinois le désirent pour eux-mêmes. Pour une Chine
véritablement moderne. Liberté d'expression, liberté de presse, ouverture
sur Internet.
5- À quoi ça sert de gagner une médaille olympique,
aussi unique soi-elle, si elle contribue à déshumaniser les Jeux et
par le fait même, une certaine humanité..?
Si certains parmi vous doutent de la pertinence d'un
tel geste ou de son impact auprès du gouvernement chinois, je vous cite
l'extrait d'un article publié au journal le Devoir le 22 mars 2008
où Gil Courtemanche nous apprend ceci:
« En 1968 à Mexico, les Américains John Carlos et
Tommie Smith, médaillés du 200 mètres, avaient brandi un poing ganté de noir
pour protester contre la discrimination raciale dans leur pays. Ils sont passés
à l'histoire, et aujourd'hui, sur le campus de la State University de San Jose,
une statue rappelle leur geste courageux et exemplaire » (1)
40 ans plus tard, des millions d'américains blancs
envisagent sérieusement de choisir un homme noir comme Président.
Si parmi vous, médaillés
québécois, certains réussissent à accomplir un tel geste, sans doute
que d'autres médaillés d'autres pays suivront votre exemple. Si au cours
des Jeux, vous êtes de plus en plus nombreux à faire un T de vos deux
mains, si votre petit geste fait boule de neige, votre plus grande
victoire, votre véritable exploit, sera d'avoir réussi à redonner aux jeux
olympiques leur dimension initiale, celle que Pierre Coubertin prônait, à
savoir que « le sport est un moyen de redressement de
l’esprit ».
Un petit geste pacifique très
rarement vu dans l'histoire pour faire réfléchir une partie de l'humanité,
dont plus d'un milliard de chinois, sur le sort d'un peuple. Un
geste qui peut s'avérer plus efficace que toutes les pétitions et de
tous les scénarios de boycottage. Également, un geste qui fera
sourire le Dallai Lama, lui-même pratiquant d'une résistance pacifique et
spirituelle.
Au cours de l'histoire, le sport
n'a t-il pas contribué à éviter des guerres et peut-être même des conflits
mondiaux. En appuyant les tibétains et leur chef dans leur
résistance pacifique, votre victoire sera aussi de faire mentir ceux
qui prétendent que les enjeux et les intérêts commerciaux avec
la Chine l'emportent sur les droits fondamentaux d'un peuple de 5
millions.
Allez, osez
donner une leçon d'honneur à tous ces chefs d'État du monde qui
tremblent devant le ''monstre chinois'' en prétendant le faire dans notre
intérêt..!!
Le premier parmi vous qui osera
cet été, du haut de son podium avec sa médaille à la main, porter
assistance à un peuple en danger, entrera indéniablement dans
l'histoire.
Mohamed Lotfi
Journaliste et réalisateur radio..
1. NDLR : Gil Courtemanche, Le cas chinois, Le Devoir, Édition du samedi 22 et du dimanche 23
mars 2008 :
www.ledevoir.com/2008/03/22/181770.html
---
Les harceleurs sont
parmi nous...
Mohamed Lotfi, Journaliste et réalisateur radio
Reçu le 8, publié le 22 mars 2008 avec
la permission de l’auteur.
Le Québec est devenu la première juridiction en Amérique du Nord à
adopter une loi sur le harcèlement psychologique au travail. Dans la première
année de son adoption en juin 2004, 3500
plaintes ont été déposées.
Malgré l'embauche d'une trentaine d'enquêteurs supplémentaires, la
Commission des normes du travail ne disposait pas assez d'avocats pour défendre
les victimes. Un an et demi après l'adoption de la loi, une seule décision a
été prise, en février 2006, en faveur d’une plaignante.
Colette Ganley travaillait comme gérante pour un restaurant Subway. Dans cette première décision en matière de
harcèlement psychologique au travail, le Commissaire Michel Denis a reconnu que
la plaignante a été victime.
La moitié des plaintes de harcèlement psychologique au travail déposées
en 2005 se sont avérées fondées, indique un rapport soumis au gouvernement du
Québec, deux ans après l'entrée en vigueur de la loi contre le harcèlement au
travail. Dans la majorité des cas, les
entreprises et administrations, publiques et privées, préfèrent obtenir des
règlements à l'amiable.
Comment une commission peut-elle gagner de la crédibilité si elle ne
produit pas plus de jugements pour rendre justice et dissuader les harceleurs
? Malgré l'adoption d'une loi sur le
harcèlement au travail, la guerre d'usure contre les victimes, continue.
Le harcèlement psychologique en milieu de travail est une guerre en
silence. Elle tue à petites doses des hommes et des femmes dans la plus totale
indifférence. Ils sont de plus en plus
nombreux et nombreuses, près de votre bureau, à mourir d'une mort lente. À chaque jour d'une semaine de travail, des
milliers de gestes sont posés dans le but de transformer la vie d'un employé en
enfer. Si des caméras cachées de CNN ou
de TVA pouvaient les capter, vous seriez aussi terrifiés que devant les images
d'une guerre civile en Irak.
Faut-il le voir et le vivre pour le croire ? Les images de guerre n’empêchent plus
personne de dormir. Être victime ou
témoin de harcèlement au travail peut porter gravement atteinte à la qualité de
vie. Les caméras de télé n'investissent pas des milieux de travail, elles ne
sont pas encore partout, mais les murs écoutent, regardent et ils leur
arrivent, à l'occasion, d'avoir envie de hurler ASSISTANCE À PERSONNE EN
DANGER.
Le harcèlement psychologique en milieu de travail est devenu un art
digne d'un gala hebdomadaire. Comme dans
n'importe quel art, certains excellent plus que d'autres. Suite à plusieurs attaques réussies, au bout
de sa cinquième journée de guerre, le harceleur s'auto désigne le meilleur et
s'autoproclame ''le harceleur de la semaine''.
Le harceleur de la semaine est un animal féroce qui a toutes les
apparences d'un humain muni d'un cerveau programmé pour accomplir le crime
parfait. Il arrive au travail, toujours
avec un plan bien mijoté pour croquer sa proie sans laisser de traces. Vous ne saurez jamais le nom d'un harceleur
de la semaine, vous ne verrez jamais son visage dans le journal.
Par définition, les harceleurs de la semaine sont anonymes. Entre eux,
ils s'échangent volontiers des trucs et des procédés pour raffiner leur
art. On atteint l'excellence dans le
harcèlement en milieu de travail en provoquant des situations où le harceleur
réussit à passer, auprès de ses patrons, pour un harcelé. Le harceleur de la semaine, fin renard, se
plaint avant qu'on ne se plaigne de lui.
Il est programmé pour écrire à ses patrons à la moindre occasion. Sa plainte arrive avant celle de sa
victime. Parfois, il n'en revient pas
lui-même d'obtenir gain de cause. Le
harceleur de la semaine ne travaille pas, il tue.
Le harceleur de la semaine est une personne dont le cœur est gravement
asséché. Incapable d'aimer ou d'être
aimé. Toute son intelligence est mise au
service d'une machine à tuer l'autre.
Le harceleur de la semaine est en guerre perpétuelle contre
l'humanité.
Les victimes du harcèlement en milieu de travail ne sont pas du même
métal. Certaines résistent mieux que
d'autres. Certaines se font justice
elles-mêmes en tuant les attaques dans l'œuf.
Mais la plupart des harcelés encaissent et souffrent en silence. Le harceleur de la semaine est assez malin
pour ne pas s'attaquer à n'importe qui.
Il sait apprendre de ses premières erreurs pour savoir reconnaître la
victime parfaite. Par ordre de
priorité, les précaires, les immigrants et les femmes, par leurs conditions,
sont des cibles de choix pour faire l'objet d'offensive. L'employé qui réunit ces trois critères de
vulnérabilités est forcément encore plus susceptible à faire objet d'agression.
Le pire des harcelés est celui qui refuse de se reconnaître comme
victime. Il incarne le syndrome du
survivant. Il se ment à lui-même durant
des mois et des années. Il met les
comportements harcelants qu'il subit sur le dos des conditions de travail. Il se voit plutôt victime de situations
conflictuelles passagères et non de harcèlement psychologique. Telle que certaines femmes battues, le pire
des harcelés trouve des excuses à son agresseur et lui pardonne.
Et ça continue ainsi durant des années jusqu'à ce que son corps sonne
l'alarme. Il n'en peut plus de
subir. Stress, angoisses et dépressions
cumulés en silence finissent par donner lieu à des maladies graves. Dans certains cas, le suicide n'est pas
exclu comme solution pour mettre fin au calvaire.
Dans certains milieux de travail, ce qui pourrait rajouter à la
souffrance d'une victime de harcèlement, c'est le silence complice de son
employeur et de ses collègues. Tout le
monde sait, mais chacun fait semblant de ne pas savoir. Selon la loi sur les normes de travail, il
est indiqué aux employés et aux employeurs de garder confidentiels les
rapports, les plaintes et les avertissements.
Les silences renforcent le pouvoir du harceleur. Personne n'ose parler
ou témoigner contre lui. Pour justifier
leur impuissance, employeurs et employés évoquent le manque de preuves solides. En réalité, les collègues du harcelé ont
peur d'être à leur tour victimes de harcèlement.
Quand à l'employeur du harcelé,
il arrive que par son impuissance, il développe à son tour un art
autrement plus mesquin. Celui de
laisser croire au harcelé qu'il serait peut-être un peu responsable de ce qui
lui arrive. On atteint le comble de
l'absurde lorsque le harcelé le croit.
Il se dit qu'il n'est pas faux que nous soyons en partie tous
responsables du comportement des autres envers nous. Avec un tel raisonnement, le harcelé aggrave
sa situation et devient effectivement en partie responsable de ce qui lui
arrive.
Selon la loi sur les normes du travail,
article 81.19, ''Le salarié a droit à un milieu de travail exempt de
harcèlement psychologique. L'employeur a l’obligation de prendre les moyens
raisonnables pour prévenir et faire cesser le harcèlement psychologique
lorsqu’il est informé d’une telle conduite''.
Par son impuissance à sanctionner l'harceleur, l'employeur finit par se
constituer complice. Certains
employeurs poussent l'absurde jusqu'à préférer renvoyer le harcelé que de punir
le harceleur. Il est plus facile de se
débarrasser du précaire que du syndiqué.
Selon les mêmes normes de travail au Québec, ''Les dispositions concernant le harcèlement
psychologique s’appliquent à tous les salariés syndiqués ou non syndiqués et à
tous les niveaux de la hiérarchie organisationnelle y compris les cadres
supérieurs. Toutes les entreprises du Québec – autant du secteur privé que du secteur
public sont visées par de telles normes''.
Dans la réalité, la parole d'un précaire ne vaut pas celle d'un syndiqué
encore moins celle d'un patron.
J'aurais bien aimé conclure en disant que tôt ou tard, le harceleur en
milieu de travail finit par goûter à sa propre médecine, parce que le crime
parfait n'existe pas. Hélas, les harceleurs sont parmi nous, plus nombreux
qu'on ne le pense. Terroristes
invisibles. Véritables ennemis de la paix.
Des milliers de victimes de harcèlement en milieu de travail croupissent
sous l'incompréhension et l'insensibilité de leurs collègues et leurs
employeurs.
Aussi longtemps que le
harcèlement en milieu de travail n’est pas considéré comme une
responsabilité collective, tant que le silence des témoins persiste et tant que la nouvelle loi sur les normes de travail ne rend pas des
jugements qui brisent le silence, les
harceleurs seront encore plus présents
et plus nombreux parmi nous.
Qui ne dit
mot consent...
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Commentaires livresques : Sous la
jaquette!
Lipovetsky, Gilles, 2002, Métamorphoses
de la culture libérale, Éthique, médias, entreprises,
Montréal (QC), Canada : Liber,
ISBN: 2-89578-009-9. www.editionsliber.org
Commentaires de Michel Handfield
Ce livre nous offre quatre textes de Gilles Lipovetsky qui s’articulent
autour des idées de complexité et de responsabilité (p. 8) : la condition
postmoderne, l’éthique, le monde des affaires et les médias. Des questions
importantes d’un point de vue sociopolitique. D’ailleurs, les conceptions de
responsabilité et d’éthique sont peut être ce qui distingue le plus une société
libérale d’une société conservatrice ou autoritaire. L’idée libérale est de favoriser un « individualisme responsable », non
pas une forme d’anarchie ou un moralisme austère. Nos sociétés libérales seront-elles vouées à n’être que des communautés
sans foi ni loi, sans projets ni morale? (p 10) La réponse est non n’en déplaise aux conservateurs. La
responsabilité et l’implication individuelle et collective, notamment sur
l’environnement et l’économie sociale, prendront la place d’une morale toute
faite. L’éthique et les valeurs individuelles seront en hausses. Tout ne fout
donc pas le camp comme on le pense parfois. Mais, les choses changent.
Autre question importante dans la société libérale est le rapport entre
individualité et collectivité. La société a un besoin urgent d’individus
responsables et de développer de nouvelles solidarités. De trouver de nouvelles
façons de faire qui feront reculer « l’individualisme
irresponsable ». Il faut faire les choses différemment plutôt que
d’appliquer une recette idéologique de façon
absolue et invariable, comme pour une religion! Ce n’est d’ailleurs pas
pour rien que l’on associe souvent l’économie à une religion, l’argent à un
Dieu et les médias à une grande messe!
En cette ère post ou pré-référendaire du Parti Québécois, car on ne sait
plus trop si l’option existe encore ou si elle est remisée au musée des
idéologies et des utopies politiques, l’auteur nous explique que la patrie est
en perte de vitesse parce que ses grands mandarins s’intéressent davantage à
l’économie qu’à l’individu. (p. 40) On ne peut certes pas le contredire sur ce
point et la plupart des élites politiques auraient intérêt à le lire en cette
période où la pensée unique (néolibérale) semble régner en matière économique
du moins. A la place …
« Il
nous faut surtout des institutions politiques et économiques plus justes, plus
intelligentes, plus efficaces. » (p. 50)
On n’atteindra pas ce but avec les coups de sape que l’ont fait dans
l’État pour assurer une baisse d’un point de TPS ou de cent dollars d’impôts
par tranche de 10 000$ de revenu
annuel, car on haussera les tarifs et l’on sabrera d’autant dans les services.
Le citoyen n’y gagnera pas, même si cette baisse d’impôt et de taxe le fait
rêver. Tout ce qui brille n’est pas or, mais il craque toujours pour des
pacotilles et de la verroterie! Il y a beaucoup de travail et d’éducation à
faire et ce type de livre y contribue. En effet, l’auteur pose plusieurs
questions en regard de la complexité de la société moderne. Des questions
intéressantes, tant politiquement que philosophiquement. Mais, aussi, des
questions très concrètes parce qu’elles ont un impact sur nos vies même si on
ne le réalise pas toujours. Poser la question des médias est, par exemple, très
concrète quand on constate le nombre d’heures que nous regardons la télé, vu
l’orientation de son discours. On peut nier son influence, mais elle est
incontestable.
Certains diront à quoi bon se poser ces questions. Des gens le font déjà
à notre place, comme les militants politiques. Ne font-ils pas des programmes
sur lesquels nous votons aux élections?
Il est vrai que certaines de ces questions trouvent réponse dans ces
programmes, mais pas toutes. Et ces réponses sont souvent orientées. Puis, si
le citoyen est d’accord avec quelques unes des idées qu’un parti met de
l’avant, il est rarement d’accord avec toutes les idées qu’un parti politique
met dans sa plate forme électorale (pp. 109-110), car le programme est fait
pour répondre à des clientèles diverses et parfois opposées d’électeurs. On doit ratisser large
pour être porté au pouvoir. C’est d’ailleurs pour cela que des citoyens se
réveillent ensuite et scandent « on
n’a pas voté pour ça! » d’où la nécessité de cette connaissance de la
culture libérale et de ses métamorphoses, car même si nous avons des
gouvernements conservateurs, libéraux ou socialistes, nous sommes dans une
société libérale en occident. On ne
parle pas ici de partis politiques, mais bien de modèle sociétal. C’est peut
être ce que nous devrions souhaiter de mieux aux autres.
Arrière de couverture :
Ce livre réunit quatre textes qui ont d'abord fait l'objet de
conférences, au Canada, en novembre 2001. Si on excepte le premier, qui est
l'allocution d'ouverture de la cérémonie au cours de laquelle l'université de
Sherbrooke remettait à Lipovetsky un doctorat honoris causa, les trois autres
portent respectivement sur la condition postmoderne, l'éthique des affaires et
les médias.
«Bien qu'abordant des univers forts différents, ils s'articulent autour
de deux thématiques communes, celle de la complexité et celle de la
responsabilité. Complexité, parce qu'on ne saurait se contenter d'analyses
simplificatrices pour rendre compte des tensions qui animent la société
postmoderne. Car, bien souvent, la compréhension de l'essence paradoxale de nos
sociétés libérales, qui valorisent l'individu sans pour autant désagréger le
collectif (elles le recomposent plutôt), n'est guère prise en compte
aujourd'hui. Que ce soit à propos de l'individu, que l'on relègue au statut de
monade fermée sur elle-même, de la morale, dont on déplore la perte, du monde économique,
envisagé seulement sous l'angle d'un capitalisme sauvage qui aurait pour
conséquence inéluctable une mondialisation inéquitable, ou encore des médias,
responsables de tous les maux du monde contemporain, le jugement est chaque
fois tranché et sans nuances. Ce que Gilles Lipovetsky propose au contraire,
c'est une description à géométrie variable de nos sociétés libérales, seule
apte à rendre compte de l'intégralité du phénomène postmoderne. Quant au thème
de la responsabilité, il en découle naturellement. Puisque la complexité est ce
qui caractérise le monde postmoderne, il convient d'être responsable en
refusant les catégorisations faciles et en comprenant que nous avons un rôle à
jouer individuellement et collectivement. Responsabilité individuelle quand il
s'agit pour chacun de faire progresser, au niveau qui est le sien,
l'individualisme responsable; responsabilité collective quand la fonction
occupée amène à prendre des décisions qui influent sur la vie d'un nombre
considérable d'êtres humains (chefs d'entreprise, politiciens, journalistes,
publicistes)». (Sébastien Charles)
Préface de Sébastien Charles
Gilles Lipovetsky enseigne la philosophie à Grenoble. Il a publié, aux
éditions Gallimard, L'ère du vide (1983), L'empire de l'éphémère (1987), Le
crépuscule du devoir (1992) et La troisième femme (1997).
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Reçu
le 8 avril 2008 : De Cock, Laurence, Madeline, Fanny, Offenstadt, Nicolas et Wahnich,
Sophie, (Sous la direction de), 2008, Comment Nicolas Sarkozy écrit
l’histoire de France, France :
Agone/Passé & Présent (ISBN : 978-2-7489-0093-4 / 208 pages / 12 x 19 cm)
http://atheles.org/editeurs/agone/
Arrière de couverture:
Guy Môquet, Jaurès,
les colonies et tant d’autres… Nicolas Sarkozy en campagne, puis au début de
son mandat, n’a cessé d’utiliser et de brandir des références historiques. Cet
usage immodéré de l’histoire a alors mobilisé autant de mises en scène grandiloquentes
que de discours de filiation destinés à dessiner les contours d’une France
mythique du candidat puis du président.
Comment voir clair
dans tous ces personnages et événements sans cesse mélangés et associés les uns
aux autres en dehors de tout contexte ? Comment comprendre le brouillage de
références qui empruntent autant aux grandes figures de la gauche qu’à celles
de la droite ? Quels sont les enjeux et les effets politiques de telles
constructions historico-politiques ?
Une vingtaine d’historiens
ont disséqué les usages que fait de l’histoire Nicolas Sarkozy pour permettre
de saisir les mécaniques à l’œuvre dans cette vaste entreprise de
reconstruction d’un roman national. Sous la forme d’un dictionnaire, un
véritable parcours critique dans l’histoire de France revue et corrigée par une
droite qui entend refabriquer de l’« identité nationale »...
Sommaire :
Affaire Dreyfus, par
Thomas Loué
Afrique, par Laurence
de Cock
Maurice Barrès, par
Gérard Noiriel
Marc Bloch, par
Gérard Noiriel
Léon Blum, par Gérard
Noiriel
Cascade du bois de
Boulogne, par Jean-Marie Guillon
Charlemagne, par
Fanny Madeline
Choc des
civilisations, par Françoise Micheau
Georges Clemenceau,
par Nicolas Offenstadt
Communautarisme, par
Éric Soriano
La Commune, par Olivier
Le Trocquer
Condorcet, par
Yannick Bosc
Croisades, par
Françoise Micheau
De Gaulle, Sarkozy :
une drôle d’histoire, par Annie Collovald
Édit de Nantes, par
Jérémie Foa
Esclavage dans les
colonies françaises, par Éric Mesnard
État capétien, par
Yann Potin
Féodalités, par Fanny
Madeline
Jules Ferry, par
Olivier Le Trocquer
Fille aînée de
l’Église, par Fanny Madeline & Yann Potin
Fin de l’histoire,
par Michèle Riot-Sarcey
La « France éternelle
», un paysage de campagne ?, par Pierre Schill
Glières, par
Jean-Marie Guillon
Victor Hugo, par
Sylvie Aprile
Jean Jaurès, par
Blaise Wilfert-Portal
Jeanne d’Arc, par
Nicolas Offenstadt
Claude Lévi-Strauss,
par Éric Soriano
Litanie, par Laurence
de Cock
Lumières, par Sophie
Wahnich
Lutte des classes,
par Éric Soriano
Lyautey, par
Catherine Coquery-Vidrovitch
Mai 68, ou
L’actualité de la mémoire, par Michèle Riot-Sarcey & Thierry Aprile
Georges Mandel, par
Jean-Marie Guillon
Guy Môquet, par
Pierre Schill
Jean Moulin, par
Michel Fratissier
Napoléon Bonaparte,
par Marc Belissa
Napoléon III, par
Olivier Le Trocquer
Passé colonial, par
Gilles Manceron
Pavillon de la
lanterne, par Yann Potin
Repentance, par
Sandrine Lefranc
Résistance, par
Jean-Marie Guillon
Rêve, par Laurence de
Cock
Révolution française,
révolution, par Sophie Wahnich
Révolution française,
ses « grands hommes », par Marc Belissa
Rois de France, par
Fanny Madeline
La Terreur, terreur,
par Sophie Wahnich
Totalitarisme(s), par
Sonia Combe
Verdun, par Nicolas
Offenstadt
Vichy, par Jean-Marie Guillon
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Comme tout sur la
saison 2008-9 est sur www.tnm.qc.ca
Alors, parlons du reste!
Commentaires de Michel Handfield (8 avril 2008)
« La parole culturelle est
trop absente du discours politique » a dit Lorraine Pintal dans sa
présentation. Je ne peux qu’être d’accord avec elle. La politique, gestion de
l’État par et pour les citoyens, ne peut pas se fonder que sur l’économie. En
fait, l’économie doit être un moyen de faire les choses, donc au service du
Politique et des gens. Un moyen d’échange et de création, fruits
d’interactions! Mais, elle est devenue une fin en soi. On n’a plus une économie
pour créer, mais une économie qui fonctionne en vase clos, prenant l’écosystème
comme un simple pourvoyeur de ressources : ressources énergétiques,
matérielles et humaines toutes jetables après consommation.
L’économie doit revenir à l’économie politique et à la culture. (1)
Science humaine qui a pour origine la philosophie, elle n’est plus que l’ombre
d’elle même : technique statistique et modélisation mathématique faisant
fi de l’humain, sauf comme consommateur! On doit donc remettre l’humain au cœur
de l’économie et, pour cela, on doit
passer par la culture et les sciences sociales. La fiction et le théâtre comme
révélateur de la réalité!
Combien de classiques sont en lien avec aujourd’hui, cela tant dans le
propos que les caractères? Plusieurs. Et le TNM ne se gène pas d’en monter quelques
uns à chaque saison. De les revisiter même, comme un classique grec jouée en jeans; ce qui me plaisait, car on
avait ainsi toute la contemporanéité du texte en pleine face. Toute sa
pertinence encore aujourd’hui nous frappait de plein fouet, car on perdait
cette notion de passé et on ne pouvait que suivre un texte qui nous était
autant adressé qu’il le fut jadis aux grecs. Ceux qui m’ont déjà lu savent que
je fais ici référence à « L’Iliade d’après Homère »
joué en début de saison 2007-2008 au TNM. (2)
En fait, la culture c’est la réalité! Si on veut savoir ce qu’était la
vie au temps de César et des romains on ne lit pas le rapport annuel de la
banque romaine, mais bien les classiques du temps! Comme le remarque justement John Saul: « great fiction can be true for its time, as
well as somehow timeless, and true for our times. » (3)
Il n’aurait pas pu mieux dire du TNM.
D’ailleurs, le thème de la nouvelle saison est « Plein la vue ». Oui, il y aura des
classiques, comme « Le Mariage de Figaro »
de Beaumarchais, mais il y aura aussi des créations qui risqueront de devenir
les classiques de demain, comme « Nebbia »,
mêlant théâtre et cirque. Nous aurons aussi droit à une remontée dans le temps,
avec « La Déraison d'amour »,
un texte établi par Jean-Daniel Lafond, en collaboration avec Marie Tifo, sur
Marie de l’Incarnation, où Marie incarnera Marie.
Lorraine Pintal a aussi profité de
l’occasion pour souligner le fait, qui est remarquable entre nous, que le TNM
compte 11 000 abonnées, nombre qui devrait s’accroitre, car le TNM, c’est
aussi la formation d’une relève, avec des spéciaux pour les 25 ans et moins et
des matinées étudiantes. Cependant, comme toutes les informations sont sur le
site du TNM, www.tnm.qc.ca, et qu’il y en a même davantage que je n’aurais pu en noter, j’en ai
plutôt profité pour observer autour de
moi, surtout qu’on était sur la scène du théâtre.
Première réflexion : j’aurais dû
apporter mon appareil photo pour en prendre une des cordages et des
contrepoids qui servent à la levée des
décors et des rideaux, car ce n’est pas tous les jours que l’on voit ça. C’est
donc un réflexe à développer, surtout que j’ai déjà été maniaque de la photo.
Parlant de photographie, quand je voyais
tous ces flashs autour des artistes, je me disais que ça doit être fatiguant
des fois ces flashs dans les yeux. Tu parles avec un confrère, une consœur de
travail, un ami et slash/slash/slash tu es mitraillé, tu dois t’arrêter et
prendre la pose. Imaginez le libraire, le chauffeur d’autobus ou même le
journaliste qui parle avec quelqu’un et slash/slash/slash! Vraiment
pas évident.
Mais pire, ce sont les questions, parfois les indiscrétions, des
professionnels, mais aussi de n’importe quel quidam qui vous rencontre au
bistro, chez le dentiste ou à l’épicerie. Ils auraient le droit de vous
demander n’importe quoi, n’importe quand parce que vous leur appartenez! N’êtes
vous pas dans leur salon à l’occasion, sinon à tous les soirs, par la télé? Les
accompagnez-vous au travail ou en auto par la radio? Bref, vous êtes
toujours dans leur entourage! Cela permet des familiarités. Si tel est le cas,
c’est que l’on ne considère pas les artistes comme des travailleurs ordinaires,
des travailleurs des arts et de la communication finalement, car ils nous font
rêver et comblent les vides de nos vies. Mais, à la moindre défaillance, s’ils
n’atteignent pas ce qu’on imagine, et je dis bien ce qu’on imagine d’eux, même
s’ils se dépassent, on les descend sans davantage de retenue qu’on a eu à les
idolâtrer. Ils sont donc toujours sur la corde raide de nos aspirations par
procuration.
Plus nous nous identifions à eux, plus ils ont droit à nos sautes d’humeurs. Injustement
naturellement, car ce sont des travailleurs, des interprètes, des messagers.
Mais, en quelque part, peut être interprètent-ils notre inconscient. C’est là
tout le problème. Si leur personnage nous déçoit, c’est parfois signe qu’il
nous touche profondément. Nous les attaquons souvent pour nous défendre. « Moi, j’aurais pas fait ça de même! »
« Il l’aurait su! » Oui, mais, il l’aurait su parce que la
dernière fois tu ne lui a pas dis à « chose
là » et tu l’as encore sur le cœur! Il te déçoit parce que tu t’es
déçu toi-même. Tu aurais tant voulu que ton idole, à qui tu t’identifie, fasse
justement ce que tu n’as pas fais dans les mêmes circonstances.
Cette relation aux artistes et aux personnages est assez trouble et
fascinante pour qui l’analyse. Pour qui regarde cela avec un œil extérieur.
C’est d’ailleurs pour cela que je ne fais pas de l’analyse artistique, mais de
contenu. Quand je regarde une pièce ou un film, pour moi, c’est du texte, des
caractères et des émotions portés par
des interprètes qui ont à livrer un message ou une vision du monde. Dans une
autre pièce ou un autre film, c’est autre chose. Ce n’est donc pas X, Y ou Z
que je revois, même si je les ai vu 20 fois déjà, mais d’autres personnages qui
livrent un contenu. Un autre contenu. Pourquoi et dans quel but? Quel est le
message? À quoi réfèrent-ils? Voilà ce qui m’intéresse. X, Y ou Z n’en sont que
les instruments. Des travailleurs de l’interprétation comme autrefois le
messager ou le troubadour livrait la pensée de quelqu’un à un autre.
Il faut cependant des caractères
bien trempés pour être artistes et il faut les saluer pour cela. Mais, qui le
dit? On leur reprochera plutôt leur caractère à la moindre occasion. Mais,
s’ils n’en avaient pas, seraient-ils ce qu’ils sont? Il faut aussi se poser
cette question, mais surtout le reconnaître : il faut du caractère pour
ainsi changer de peau.
Remarquez, que ce n’est pas évident non plus pour ceux qui ont à faire
un topo de télé. J’observais la journaliste de Flash (www.flashmag.ca/) qui préparait son topo, et elle devait à la fois penser son sujet,
préparer son mot d’entrée et écouter pour
résumer le tout en moins de 4 minutes, cela sans manquer un punch s’il y
en a un. Peut être même faire une entrevue pour en conserver quelques secondes
seulement. Ce n’est pas pour rien qu’on appelle ça des « rushes »
(4), car ils « rush » (5) pour sortir ces quelques minutes qui
doivent accrocher le téléspectateur souvent le soir même. C’est différent de
moi qui ai le temps de penser avant d’écrire sur mon sujet, étant dans
l’analyse davantage que dans l’immédiateté de l’événement, même si parfois je
me dois de faire plus rapidement. (6)
Comme cet événement a commencé à midi et s’est terminé un peu après 13h,
il est facile de comprendre toute l’importance que prend le buffet dans de tels
événements. Ce n’est pas pour soudoyer les journalistes. En fait, c’est plutôt
un essentiel pour les journalistes, caméramans et preneurs de son qui doivent
souvent se taper quelques événements du genre les uns après les autres
(visionnement de presse, conférences, lancements, entrevues, etc.) sans avoir
le temps d’aller manger, même sur le pouce. Alors, oui le buffet les attire,
mais parce qu’ils n’ont pas le choix. Ce n’est surtout pas parce que ce sont
des piques assiettes comme le dit la rumeur dans certains milieux qui ne voient
cela que de loin. De l’intérieur, c’est un tout autre point de vue. Les
conférences de presse sur l’heure du
diner n’ont donc pas d’autres choix que d’avoir un excellent buffet. Cela
semblait le cas, car les journalistes et les artisans du théâtre semblaient
très heureux du buffet. Ça se voyait. Il ne faut pas oublier que le TNM a un
excellent café-bistro sur place. (7) Si je dis semblait, c’est que j’aime
bien observer et noter ce qui se passe,
donc avoir les mains libre. Je mange donc très rarement dans ces événements,
mais, j’observe beaucoup. C’est le propre de l’analyste : voir sans se
mouiller.
Pour tous les détails sur la saison à venir :
www.tnm.qc.ca/saison-2008-2009/index.html
Notes :
1. A titre d’exemple, voici le titre d’un livre : Perret, Bernard, et Roustang, Guy, 1993, L'économie contre la société. Affronter
la crise de l’intégration sociale et culturelle, Paris: Seuil/coll. Esprit.
2.
Handfield, Michel, 18 septembre 2007, L’Iliade
d’après Homère, D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de
culture, Societas Criticus Vol. 9 no 7, Textes ciné et culture. L’Iliade fut
rédigée entre 850 et 750 av. J.-C. d’après Wikipédia : http://fr.wikipedia.org/wiki/L%27Iliade
3. Saul, John Ralston, 2001 (2002), On equilibrium, Canada: Penguin
book, p. 205 pour la citation, mais toute la partie « The intuitive creation » est d’intérêt ici. (pp. 204-212)
4.
Documents bruts, qui seront utilisés au
montage et en postproduction. (http://fr.wikipedia.org/wiki/Rush_%28cin%C3%A9ma%29)
5. Faire ça
vite, rapidement selon le dictionnaire anglais d’Encarta 2007 (« move
fast: to move, act, or proceed quickly »)
6. Ce n’était pas le cas ici, car le TNM
a depuis longtemps un lien permanent sur notre page « Liens
Cinés, Arts et Culture, Spectacles! ». Tout leur programme est
donc à quelques clics de souris de nos lecteurs.
7. www.tnm.qc.ca/cafe-du-nouveau-monde/cafe-du-nouveau-monde.html
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24e vues
d’Afrique (www.vuesdafrique.org/)
Michel Handfield
3 avril 2008
L’histoire
humaine a débuté il y a longtemps. Chez « les spécialistes des animaux on
parle de deux à trois millions d’années à partir des grands primates ».
Chez les anthropologues, on pense à deux ou trois cents mille ans! Mais, on ne
parlait pas encore d’humanité, car « le propre de l’humanité fut la
mutation culturelle à rythme accéléré par le langage. » Cette histoire
« s’est produit[e] en Afrique orientale il y a quelques centaines de
milliers d’années. » A partir de là, l’Homme a colonisé la terre! (1)
Ce festival est donc plus qu’un regard sur un continent étranger. C’est
un croisement de regards, car nous avons tous cette origine commune : l’Afrique.
Mais, comme il y a eu la dérive des continents, il y a aussi eu la dérive des
gens. Chacun a formé sa famille, son petit groupe, sa communauté, son peuple,
puis s’est donné des règles et une culture propre au point de devenir étranger
à l’autre. Maintenant, par de tels événements, on se retrouve, on échange, on
compare nos différences et on voit nos convergences, car il y en a. Humain,
nous venons tous d’Afrique. Ces 24e vues d’Afrique nous le rappelle :
- 120 points
de vue de 30 pays différents : www.vuesdafrique.org/spip.php?id_rubrique=26&page=rub_branche&artdate=2008-04-11;
-3
colloques : www.vuesdafrique.org/spip.php?article267;
- Des
expositions: www.vuesdafrique.org/spip.php?rubrique15
De plus, même si on n’en a pas parlé dans le cadre de cet événement, il
y a aussi l’exposition « papillons
d’Afrique » au jardin botanique de Montréal jusqu’au 27 avril 2008.
(2) De quoi en avoir plein la vue avec
l’Afrique finalement!
Notes :
1. Barreau, Jean-Claude, et Bigot, Guillaume, 2005, Toute l'histoire du monde de la préhistoire à nos jours, France :
Fayard (Histoire) (Distribution Hachette), pp. 15, 16, 18 et 23.
Aussi, voir le portail « Origine et évolution du
vivant » sur wikipédia :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Portail:Origine_et_%C3%A9volution_du_vivant et la page consacré à l’Humanité : http://fr.wikipedia.org/wiki/Humanit%C3%A9
2. http://www2.ville.montreal.qc.ca/jardin/jardin.htm
---
DJ XL5 a présenté
le RETRO KITSCH PARTY au Cinéma du Parc
Bande Annonce : http://fr.youtube.com/watch?v=7PCJmqGhIDY
Commentaires de Michel Handfield (le 28 mars 2008)
Histoire de la promotion de la musique pop avant MTV. On part d’ailleurs
des années 40, avec les films 16 mm des scopitones (http://fr.wikipedia.org/wiki/Scopitone), aux premiers clips de MTV en passant par quelques bandes annonces de
films musicaux et d’émissions jeunesses! Ce ne sont pas les clips vedettes qu’a
cherché DJ XL5, mais les clips marquants et significatifs de ces époques. On
trouve donc du connu, mais aussi de l’inédit. J’avais pris une trentaine de
feuillets de notes sur mon palm, mais, finalement, rien ne vaut le film et la
présentation qu’en fait DJ XL5, car il connaît la musique et en a une culture
historique. Vous y verrez, entre autres, Chuck Berry, Elvis, Michèle Richard,
Nancy Sinatra, Brigitte Bardot et plusieurs autres. Des chansons qui ont mal
traversées le temps et d’autres où l’assistance réagissait encore comme l’ont
probablement fait leurs parents et leurs grands-parents avant eux, car la
musique étaient encore très actuelle et vivante.
Ce film permet aussi de constater les changements des canons de la mode,
comme des filles qui étaient plus en chaire et naturelles. Mais, le corps de la
femme était et est toujours un objet qui fait vendre. Dans certains cas on
pouvait même se demander si on nous vendait la voix ou le corps de la
chanteuse.
---
La France, une histoire de famille depuis 400 ans
Par Michel
Handfield
25 mars 2008
Jeudi en 20, j’ai assisté à la présentation « Bourses France 2008 » sur l’offre touristique française
aux québécois. Cela se passait à l’hôtel Fairmont le Reine Élizabeth.
Quel accueil. La France sait recevoir, pas surprenant que ce soit le
premier lieu touristique mondial. Le menu de ce rendez-vous annuel était
normand. A mettre l’eau à la bouche :
- Gelée de
sole, moules et crevettes en mosaïque à la normande
- Suprême de
pintadeau de lait à la crème
- Arpège de
pommes au Calvados
- Les
vins : Picpoul de Pinet et Château Roquetaillade La Grange (1)
La Normandie
était donc à l’honneur pour sa gastronomie, mais aussi pour ses attraits.
Pensons au Mont-Saint-Michel; au débarquement de Normandie, dont ce sera le 65e
anniversaire l’an prochain (2); à la Nouvelle-France, plusieurs de ses premiers
habitants venant de Normandie ou ayant passé par un port normand pour venir
s’établir au Canada!
Marcel Fournier, historien et généalogiste, a d’ailleurs travaillé à
l’élaboration d’une base de données de quelques milliers de colons qui ont
quitté vers la Nouvelle-France au début de la colonie. On peut donc trouver les
racines françaises de plusieurs familles québécoises sur http://ca.franceguide.com/. Cet ajout n’est pas surprenant, le tourisme généalogique étant, somme
toute, assez important.
Parlant de tourisme, c’est la première activité économique mondiale. La
France, quant à elle, est la première destination touristique avec 82 millions
de visiteurs; 6,3% du PIB; 990 000 touristes canadiens, tout cela dans une
industrie non délocalisable! (3)
La Normandie, ce sont aussi des paysages impressionnants, voir
impressionnistes! Les jardins de Givenchy de Monet par exemple, c’est la
Normandie. C’est d’ailleurs là qu’est est né l’impressionnisme. Bref, la
Normandie c’est la France par excellence dit-on. Pas convaincu, Un village au
hasard : Camembert! Ça vous dit quelque chose? Convaincant, n’est-ce pas?
La Normandie, des villes à tailles humaine, des petits villages, des
routes rurales planes… à faire rêver le cycliste que je suis! Et pour s’y
rendre, on nous dit qu’Air France a encore amélioré son service!
Notes :
1. Picpoul
de pinet : www.picpoul-de-pinet.com
Château
Roquetaillade La Grange rouge : www.bordeauxwineweb.com/produits/87/2/chateau%20roquetaillade%20la%20grange%20%3Cbr%3Evin%20eleve%20en%20fûts%20de%20chene.html
Château
Roquetaillade La Grange blanc :
www.bordeauxwineweb.com/produits/88/2/chateau%20roquetaillade%20la%20grange.html
2. Moreau,
Jean-Bernard, 2002, Le débarquement et la
bataille de Normandie, Caen : le
Mémorial de Caen, 199 p. BN 38876632 02-29978 :
En provenance des
ports du sud de l’Angleterre, une armada
de bateaux, de tous types et de toutes tailles, se présente à l’aube du
6 juin 1944 devant les côtes de la baie de Seine. De juin à août, l’afflux
massif et continu de forces alliés transforme la Normandie en un vaste champ de
bataille où, trois mois durant, les opérations ne connaissent aucun répit.
Après l’assaut des plages, vinrent les combats de la « guerre des haies » et
ceux pour la prise des villes. Dans un style vivant, ce livre offre une vue
aussi globale et complète que possible des faits en respectant les divers
éclairages : celui des Alliés comme celui des Allemands, sans oublier celui des
premiers témoins, les Normands eux-mêmes.
www.memorial-caen.fr/fr/lib/catalog/product_info.php?cPath=1100_1112&products_id=311
3. Chiffres de 2006 je crois.
Hyperliens :
Maison de la France : http://ca.franceguide.com/
Hôtel Fairmont le Reine Élizabeth :
www.fairmont.com/Fr/Queenelizabeth/
Air France : www.airfrance.ca www.airfrance.fr/
Normandie : www.normandie-tourisme.fr
Débarquement : www.debarquement-normandie.com
Quelques liens glanés au salon :
Centre Juno
Beach : www.junobeach.org
Centre des monuments nationaux : www.monuments-nationaux.fr
Chamonix/Mont-Blanc: www.chamonix.com
Provence-Alpes-Côte d’Azur : www.decouverte-paca.fr
St-Martin/Caraïbes françaises : www.st-martin.org
Mémorial de Caen : www.memorial-caen.fr
###
(Ciné, Théâtre et quelques annonces d’événements)
Attention : Dans les
commentaires cinés, de théâtres ou de spectacles, les citations sont rarement
exactes, car même si l’on prend des notes il est rare de pouvoir tout noter.
C’est généralement l’essence de ce qui est dit qui est retenue, pas le mot à
mot.
Je ne fais pas non plus dans
la critique, mais dans le commentaire, car de ma perspective, ma formation de
sociologue, le film est un matériel et nourrit une réflexion qui peut le
dépasser. Certains accrocheront sur les décors, les plans de caméra, le jeu des acteurs ou la mise en scène, ce
qui m’atteint moins. Moi, j’accroche sur les problématiques qu’il montre et les
questions qu’il soulève. Le film est un matériel sociologique, un révélateur
social : psychosocial, socioéconomique ou sociopolitique par exemple.
C’est ainsi que sur de très bons films selon la critique, je n’ai fait que de
courts textes alors que sur des films qui ont décriés en cœur, j’ai pu faire de
très longues analyses, car je n’ai pas la même grille, le même angle, qu’eux
dans la tête. Je prends d’ailleurs des notes durant les projections de presse
que je ne peux renier par la suite, même si je discute avec des confrères qui
ne l’ont pas apprécié de la même manière que moi, car je travaille d’un autre
angle. J’encourage donc le lecteur à lire plusieurs points de vue pour se faire
une idée. Ce n’est pas un hasard si nos pages offrent plusieurs hyperliens de références,
car cette diversité de points de vue est nécessaire. Il faut la protéger.
Michel Handfield
Festival des films sur les droits de la
personne
Du 27 mars au 3 avril 2008
13
mars 2008
Créer un espace de réflexion
par le cinéma! Le film comme appel à l’action et à la solidarité. Des films de
qualité, mais non commerciaux. Des films d’auteurs. Voilà de ce dont il s’agit
à ce Festival.
Dans la présentation j’ai
notamment noté « discours d’eau »
que j’ai manqué au Rencontres
internationales du documentaire de Montréal. Bref, du film social et
politique comme je les aime. Mais, comme toujours, je ne pourrais pas tout voir
ce que je voudrais question d’horaires et d’obligations, car il faut bien tenir
ce magazine. On ne peut tout voir et écrire en même temps. Des choix douloureux
en perspective.
Tous
les détails et la programmation sur www.ffdpm.com
Michel
Handfield
---
Canada 2007 /69 min /
doc / v.o. anglais, népali / s.-t. f. / Réal., Prod., Dir Photo : Annika
Gustafson. / Mont.: Phil Jandaly / Son:
Mélanie Gauhtier / Mus. : Ganesh Anandan
Killing Time relate l’histoire inconnue des réfugiés du Bhoutan. À la
fin des années 1980, le roi bouddhiste du Bhoutan impose des lois culturelles
très sévères qui affectent directement la vie et la liberté religieuse de la
population hindoue du sud du pays. Des manifestations éclatent. Le roi réplique
en envoyant son armée. Plus de 100 000 personnes sont forcées à l'exil. 17 ans
plus tard, le Bhoutan a la réputation d’être un royaume bouddhiste pacifique de
l’Himalaya, le promoteur de l’Indice de Bonheur National. Pendant ce temps, les
Bhoutanais du sud luttent pour leur survie dans des camps de réfugiés
surpeuplés, dans l’est du Népal. Les jeunes sont impatients. Pour eux, la seule
solution pour avoir la paix, c’est la guerre.
Sélections
Visions du Réel -
Festival de film documentaire, Nyon, Suisse ; Calgary International Film
Festival ; Gothenburg Film Festival, Sweden.
Annika Gustafson
Originaire de Suède,
Annika Gustafson a étudié le cinéma au Canada. Depuis, elle a exercé la plupart
des métiers du cinéma et de la télévision autant en Suède qu’au Canada. Pour
Killing Time, son premier long métrage, elle a passé cinq ans à la recherche de
l’histoire des réfugiés oubliés du Bhoutan. Elle travaille actuellement à un
projet de documentaire sur le bonheur.
Commentaires
de Michel Handfield (12 avril 2008)
Le Royaume du Bhoutan dans l’Himalaya. Pays tranquille jusqu’au jour où
le roi a décidé que si c’était un seul royaume, ce devait aussi être un seul
peuple et une seule langue (dzongkha)! Les Népalais du Bhoutan devaient se
soumettre et on y a mis les moyens, au point qu’une large part de la population
a quitté le pays. Volontairement ou fortement incité à le faire!
Maintenant réfugié dans des camps au Népal, le Bhoutan ne les reconnaît plus.
Apatride, n’ayant pas la citoyenneté népalaise et ayant perdu leur citoyenneté
Bhoutanaise.
Le roi avait promis la démocratie, mais a eu peur qu’en reconnaissant la
différence, cela ne devienne une menace à la culture bhoutanaise, les
bhoutanais étant minoritaires dans le
pays. Quand on est incertain de la survie, tout le reste perd son importance.
De l’autre côté, ces bhoutanais de langue népalaise qui ont fui dans les
camps s’ennuient de leur pays. Ils sont bhoutanais sans aucun doute dans leur
esprit et célèbrent encore leur roi.
Le camp que l’on voit dans ce film semble assez bien, dans la mesure où
il peut être bien d’être dans un camp. Ils reçoivent une éducation en anglais à
ce que l’on voit. De quoi les outiller à aller vivre ailleurs si le Bhoutan
leur demeure fermé. Par contre, s’ils demeurent au Népal, sans statut, ils vont
faire quoi? Si on les laisse ainsi dans des camps sans avenir, cette situation
va devenir explosive à plus ou moins brève échéance, d’autant plus qu’ils
reçoivent une bonne éducation, ce qui ne peut que susciter des aspirations.
Mais, des aspirations bloquées, ce peut être révoltant aussi. De quoi provoquer
un soulèvement. Le pire ennemi, c’est donc le temps. Cela peut devenir explosif
soit pour le pays où ils sont, soit pour le Bhoutan, s’ils tentent un retour en
force chez eux, où on ne les reconnaît plus.
En
attendant, ils font des bébés, car il n’y a rien d’autre à faire. On parle de
20 000 naissances sans statut depuis le début des camps. La population explose,
mais cela ne fait qu’accroître le problème, ces natifs des camps n’ayant aucune
citoyenneté. Aucune citoyenneté et aucun papier, cela en fait aussi des proies
faciles pour la traite des femmes, le Népal étant la plaque tournante de ce
lucratif commerce.
Pour l'instant, c’est la survie grâce aux organismes internationaux,
mais qu’est-ce qui arrivera si les Nations Unies se retirent? L’idée de
province pourrait-elle être avancée comme solution?
On voit bien, encore une fois, le problème des Nations Unies ici. C’est
un géant aux pieds et aux mains d’argiles, car au-dessus des nations, l’ONU ne
peut pas agir de son plein gré. Les Nations Unies n’ont pas de pouvoirs autres
que ceux que les nations lui délèguent à la pièce. Et si l’affaire est politique, l’ONU se voit
imposer des droits de véto et des bâtons dans les roues. Voilà ce qu’on
comprend malgré toutes les précautions de ses hauts fonctionnaires pour ne pas
le dire. Ils ont beau être rompus au maniement de la langue de bois
diplomatique, on peut toujours décoder ce qu’il en est avec un peu de culture
politique et d’esprit critique.
Hyperliens :
Bhoutan : http://fr.wikipedia.org/wiki/Boutan
---
Belgique 2007 /13 min
/ Animation / v.o. français / s.-t. a / Réal., Scén., Anim., Prod. : Éric
Ledune / Mont.: Éric Ledune & Yves Van Herstraeten / Son: Etienne Curchod /
Mus.: Christian Leroy /Décors : Diane
Delfontaine
«
Si vous ne violez pas les droits de l’homme de temps à autre, probablement que
vous faites mal votre travail. » Anonyme de la CIA (Washington Post – 26
décembre 2002)
Inspiré d’un véritable manuel de torture rédigé par la CIA dans les
années 1970 à l’usage des dictatures d’Amérique latine, Do-It-Yourself explore
de façon ludique et didactique les différentes manières de procéder pour
parvenir sans se tromper à une variété de supplices réussis et charmants. La
torture a souvent été décriée car associée à des régimes dictatoriaux. Mais
qu’en est-il dans nos démocraties?
Sélections :
Festival d’Annecy
(France) / ANIMADRID (Espagne) / Festival des Libertés (Belgique) / Festival of
European Films on Wheels (Turquie) / Interfilm Short Film Festival (Allemagne)
/ Short Cuts Cologne (Allemagne).
Éric Ledune :
Né en Belgique en 1963, Éric Ledune a suivi une formation de plasticien.
Il est photographe, créateur et enseignant en audiovisuel et films d’animation.
Dans le cadre d’un dossier pédagogique conçu par Amnesty International
Belgique, son film Do-it-yourself –sélectionné dans de nombreux festivals - est
utilisé pour sensibiliser l’opinion publique à la banalisation de la torture.
Commentaires
de Michel Handfield (12 avril 2008)
On nous présente le mode d’emploi de l’intimidation et de la torture « made in USA » comme un document pour écolier. Ça frappe dans
le « dash », c’est le moins
que l’on puisse dire :
La démocratie, c’est
nous! Il est important que les autres peuples le comprennent. (Noté dans mon PALM)
Ça vous fait penser à quelque chose? Vous avez raison! Inspiré d’un
véritable manuel de torture rédigé par la CIA dans les années 1970, on perçoit
tout le poids de l’impérialisme États-Uniens dans ce court film. Impérialisme
qui se poursuit encore aujourd’hui avec le « Vous êtes avec nous ou contre nous » de George W. Bush.
Hyperlien :
http://users.skynet.be/patachon/01got/films/filmf02.htm#01
---
Freedom from Abuse of Power: Torture and Unlawful Imprisonment
USA / 2007
/ 27 min / doc / v.o. anglais / Réal., Prod. : Ross Tuttle / Dir. Photo: Jojo
Pennebaker / Mont.: Matt Martin /Mus.: Ed Barguiarena /Mont. & Mix. Son:
Kenny Klimak, Barking Dog Sound / Prod. ex.: Robert Greenwald
Ce film montre comment la torture, l’enlèvement et la détention
illégale, utilisées par le gouvernement des États-Unis dans la "guerre
contre le terrorisme" est en train de saper les fondements mêmes de la
démocratie dans ce pays. Il contient des témoignages de personnes détenues à Guantanamo
ou torturées dans des prisons secrètes à l’étranger, dans le cadre du programme
de "remise extraordinaire de prisonniers". Des vétérans de la guerre
en Irak, outrés par les atrocités commises par le gouvernement expliquent
pourquoi ils se battent maintenant sur un autre front, afin de protéger les
libertés civiques qui nous sont si chères.
Ross Tuttle
Producteur, réalisateur de documentaires et journaliste américain. Il
travaille sur de nombreux projets pour la télévision, le cinéma et la presse
écrite. Parmi ses œuvres les plus récentes, notons la production du
documentaire applaudi par la critique, King of Kong, ainsi que trois épisodes
de la série documentaire Freedom Files, qu’il a réalisé pour la ACLU (American
Civil Liberties Union). Il prépare actuellement un documentaire sur la
situation de réfugiés cambodgiens qui ont grandi aux États-Unis, et qui sont
renvoyés au Cambodge après avoir commis des crimes aux États-Unis.
Commentaires
de Michel Handfield (12 avril 2008)
Les États-Unis, dans leur guerre au terrorisme, font-ils aussi une
guerre aux libertés? Selon ce film la réponse est oui, cela avec l’aide de
dictatures de complaisance!
En effet, la CIA et le Foreign
Office utilisent les facilités des pires dictatures amies pour
obtenir des confessions de leurs prisonniers dans le cadre de leur guerre au
terrorisme. Mais, même si les « clients » à faire parler sont livrés
par les USA, les États-Unis se disent irresponsables de ce qui leur arrive, car
cela ne se passe pas sur leur territoire. Belle hypocrisie. En fait, ce serait
comme si le commanditaire d’un crime n’était pas responsable, car il ne
l’aurait pas commis lui-même. Les donneurs d’ordre de la mafia auraient ainsi
l’immunité. Voilà ce que signifie cette politique.
S’il faut un coupable pour faire baisser la pression intérieure aux
States, ils peuvent prendre n’importe qui et lui accoler l’étiquette de
terroriste. Ils n’auront qu’à s’excuser après…
Cela a cependant commencé bien avant le 11 septembre 2001, notamment en
Amérique latine. On parle alors des années 50-70! Mais, si c’est cela l’image de la démocratie
que les États-Unis diffusent dans le monde, ils ne doivent pas être surpris de
la réponse qu’ils reçoivent parfois!
Hyperlien :
---
USA / 2007 / 78 min /
Doc / Anglais (v.o.) / s.-t.a. / Real.: Rory Kennedy / scen.: Jack Youngelson /
Dir. photo: Tom Hurwitz / mont.: Sari Gilman / mus. : Miriam Cutler / Prod. :
Rory Kennedy, Liz Garbus, Jack Youngelson
L’homme est capable de perpétrer des actes inhumains quand on le lui
ordonne: c’est ce que démontrent les images d’archives d’une expérience sur
l’obéissance, conduite à Yale dans les années 1960, en ouverture du film Ghosts
of Abu Ghraib. Aujourd’hui, le scandale associé à cette prison en est la
preuve. Les photos de détenus irakiens torturés par l’armée américaine,
révélées au grand public en 2004, hantent encore les esprits. Comment ces abus
ont-ils pu devenir une pratique acceptée? Par des entretiens avec les victimes
et les soldats impliqués dans la torture, et une enquête en profondeur sur les
décisions prises par l’armée et le gouvernement des États-Unis, à l’encontre
des accords de Genève, le film propose de comprendre comment un pays qui se dit
défenseur des droits humains peut commettre et banaliser la torture.
Sélection :
American Documentary
Competition, 2007, Sundance Film Festival, USA.
Rory Kennedy
Co-fondatrice et co-présidente de Moxie Firecracker Films, est une des
documentaristes indépendantes les plus prolifiques des États-Unis. Ses œuvres
portent sur des thèmes tels que la pauvreté, la violence domestique, les droits
de la personne et le SIDA. Elle a réalisé et produit plus de 20 films diffusés
à la télévision et qui ont remporté des prix dans plusieurs festivals.
Commentaires
de Michel Handfield (12 avril 2008)
Le film débute sur l’expérience de Milgram en 1961, où on demandait à
des individus de donner des chocs électriques à un individu caché, mais dont on
entendait les cris, car il les méritait. Et les gens s’y pliaient, car la
demande venait d’une personne en autorité. (1) Cela résume le film. Si les
éléments d’Abu Ghraib (2) ont eu lieu, ce n’était pas parce que les militaires
s’amusaient des prisonniers irakiens, mais bien parce qu’ils en avaient reçu
l’ordre, car un soldat est d’abord formé à respecter la hiérarchie. Si ces
événements ont eu lieu, c’est qu’ils étaient planifiés, car on ne peut agir
sans les ordres dans l’armée! Mais, quand cela s’est su, on a fait passer ces
événements sur le dos des plus petits. Si on sacrifie la « rule of
law » pour le bien suprême de l’État, on ne sacrifie pas la tête quand il
faut un coupable, même si les ordres partaient d’en haut de la chaîne de
commandement. Peut-être même du Politique. Probablement à mots couverts pour se
protéger, comme « n’hésitez pas à prendre les moyens qu’il faut »,
assez clairement pour être compris des subalternes. Mais, après, on peut
toujours dire qu’on « n’a jamais dit de poser des actes illégaux »!
En effet, le politique doit se tenir loin de la décision, en apparence
du moins, car autoriser la torture de prisonniers ne respecte pas la convention
de Genève signé en 1949 par les États-Unis. Cependant, on a déjà trouvé une
faille pour se défiler : ces hommes ne sont pas des prisonniers
militaires, mais des terroristes. La convention de Genève ne s’applique donc
plus. Cette étiquette de « terroriste » est donc bien commode, car
elle permet de se défiler et de se justifier.
Il est vrai que les terroristes ne respectent pas les autres par contre,
cela au nom d’une ligne idéologique qui les aveugle. Cependant, le bat blesse
quand le Pouvoir fait pareil au nom d’une idéologie, comme c’est le cas de
l’administration de George W. Bush. Les uns et les autres font dire ce qu’ils
veulent aux statistiques, aux lois, ou à Dieu au dépend de la vérité! Voilà
tout le problème.
Finalement, dans cette guerre irakienne, et particulièrement dans le cas
de la prison d’Abu Ghraib, les
États-Unis semblent avoir emprunté les méthodes de Saddam Hussein, à moins que
ce soit eux qui les lui avaient enseignés quand ils étaient encore des alliés!
Si les intellectuels peuvent questionner cet état de fait, on peut se
demander quelle place on leur laisse cependant pour le dire. C’est bien la
liberté de parole des intellos, mais si elle n’est pas largement diffusée, sauf
dans des milieux restreints et déjà au courant, à quoi sert cette prise de
parole? Ce film passerait-il sur CNN? Puis, après, on nous dira qu’on ne savait
pas. Cela, les médias de masse le diffuseront!
Notes :
1. Expérience de Milgram : http://fr.wikipedia.org/wiki/Exp%C3%A9rience_de_Milgram
2. Prison d’Abou Graib : http://fr.wikipedia.org/wiki/Prison_d%27Abou_Ghraib
---
Canada / 2006 / 28
min / doc / v.o. français, bambara, souaré / s.-t. f. / Réal.: Bruno Boulianne
/ Journaliste-recherchiste : Loreto Garrido / Camera : Geoffroy Beauchemin /
Mont.: Vincent Guignard
Chaque année, et au péril de leur vie, des milliers d’Africains
s’exilent à l’étranger en quête d’un avenir meilleur. Au Mali, comme dans
l’ensemble des pays de la région, la situation est catastrophique. Parmi ceux
qui partent, on retrouve les plus défavorisés, mais aussi ceux qui pourraient
contribuer au développement du pays. Or, les emplois sont rares et l’avenir
semble sans issue. Le prix de l’exode donne la parole à des jeunes qui rêvent
de partir, des naufragés du désert qui tentent encore leur chance, et quelques
militants qui luttent pour leur venir en aide.
Prix
Prix ONF du meilleur
film dans la section Regards d’ici sur l’Afrique et les pays créoles au
Festival Pan-Africa international 2007 (Festival Vues d’Afrique 2007).
Bruno Boulianne
De retour de La Course Europe-Asie en 1991, Bruno Boulianne signe Un
cirque sur le fleuve, un premier documentaire qui gagne plusieurs prix.
Cinéaste à l’ONF, il y réalise Aviature et Des hommes de passage. Il tourne
ensuite Le Compteur d’oiseaux qui a mérité le Grand Prix au Festival de films
de Portneuf sur l’environnement 2005. Il réalise pour Télé-Québec des
reportages en Bolivie, au Vietnam et au Mali. Il termine ensuite le
documentaire 50 tonnes d’épinettes.
Commentaires
de Michel Handfield (12 avril 2008)
Film qui remonte la piste de ces africains qui veulent aller en Europe
pour améliorer leur sort. On y découvre que les risques sont grands, très
grands.
La première question
est « Pourquoi? »
La Moitié de la population africaine a moins de 25 ans et un avenir
bloqué. 70% des jeunes veulent donc partir. Ils ont moins peur du danger que de
la misère. Comme cette jeunesse voit des possibilités de l’autre côté de la
Méditerranée, elle la traverse. L’Europe, pour l’Afrique, c’est comme
l’Amérique du Nord pour les sud-américains. Le risque vaut la peine d’être
couru. Et qui dit forts désirs d’immigration, dit marché pour une immigration
clandestine bien organisée. Le film parle donc de cette forme de criminalité
tout comme de ceux qui veulent quitter.
La seconde question
est « Comment éviter cela? »
Leur donner des alternatives, des possibilités de crée. Faire des
projets pour créer des emplois locaux et durables serait la seule réponse
contre cet exode, car il est coûteux en
pertes humaines et de ressources créatrices. Le développement de l’Afrique se
doit de passer par l’Afrique, mais, pour
cela, il faut conserver ces gens qui sont capables d’aider.
Comme le dit Aminata Traore (1) dans ce documentaire : « Protéger ses frontières et ouvrir son
économie est un crime. » Je ne
peux qu’être d’accord avec elle et je l’ai déjà écrit à d’autres
occasions : cette mondialisation n’est pas faite pour les citoyens, mais
pour les entreprises. Là est tout le problème.
Note :
1. En l’entendant
parler, je savais que je l’avais déjà entendu ailleurs. Une petite recherche
dans mes archives et sur l’internet m’a permis de trouver qu’elle était témoin
dans Bamako, film dont j’ai parlé dans le Vol. 9 no 3 de Societas
Criticus : Bamako, Mali /Québec /Canada! Elle
a aussi donné une excellente entrevue à Christiane Charette, car c’est une
intellectuelle qui n’a pas peur de la prise de parole.
Voir :
www.bamako-film.com/index.php?liste&lang=fr
Entrevue de Christiane Charrette avec
Aminata Traore (7 septembre 2007:
www.radio-canada.ca/radio/christiane/modele-document.asp?docnumero=43208&numero=1880
Sur Wikipédia :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Aminata_Dramane_Traor%C3%A9
Sur l'Afrique écrite au féminin :
http://aflit.arts.uwa.edu.au/TraoreAminata.html
---
Canada / 2007 / 24
min / doc / v.o. espagnol / s.-t. f. /
Réal., Prod. :
Lisa-Marie Gervais et Pedro Ruiz / Dir. Photo: Pedro Ruiz / Mus.: Banda de
Gaza, Jorane, Los tigres del Norte
Chaque année, en moyenne 300 000 sans papiers venus d’Amérique centrale
fuient la pauvreté et traversent le Mexique pour se rendre aux États-Unis,
parfois même au Canada. Pour eux, le train demeure le moyen de transport le
plus populaire pour traverser tout le Mexique. Mais cette longue route est
parsemée de dangers. Près d’un millier d’entre eux tombent du train chaque
année. Pour les mutilés du train, le deuil du rêve américain sera difficile à
faire. Pour les autres, arriver aux portes des États-Unis est déjà une victoire
en soi. Leur odyssée est pourtant loin d’être terminée…
Lisa-Marie Gervais
Diplômée en
journalisme et en sciences politiques, Lisa-Marie Gervais est journaliste pour
la presse écrite (La Gazette des femmes, Le Devoir). Elle a réalisé plusieurs
reportages en Europe, en Amérique latine et en Afrique pour des magazines
québécois.
Pedro Ruiz
Né en 1970 au
Venezuela, Pedro Ruiz est photographe et cinéaste. Il a travaillé depuis 1991 à
de nombreuses productions documentaires un peu partout en Amérique latine. Il
collabore au quotidien Le Devoir comme photojournaliste depuis 2004 et vit
aujourd’hui à Montréal.
Commentaires
de Michel Handfield (12 avril 2008)
Fuir la pauvreté, si cela se passe en Afrique, cela se passe aussi en
Amérique. Des centroaméricains sans travail ou à faible revenu, qui font du
travail aux champs ou à 1$ par jour dans des usines, fuient à pied par le
Mexique pour essayer de traverser aux États-Unis. Comme pour l’Afrique, c’est
une route aux mille périples, car il faut transiger avec les policiers
corrompus, les petits gangs, et les mafias de l’immigration. Vol et viols font
partie des risques. Puis, il y a les risques d’accident lorsqu’on « jump » les trains. Plusieurs
seront d’ailleurs amputés d’un ou deux membres suite à une chute lors de cet
exercice périlleux. D’autres y laisseront leur vie pour avoir essayé d’en
gagner une meilleure. Des services ont même été créés par des organismes
religieux pour accueillir ces victimes du voyage.
Le système est ainsi dans un cercle vicieux : d'un côté, on abolit
les frontières pour les échanges économiques,
ce qui entraîne une délocalisation du travail, notamment vers l’Asie, et
crée de la pauvreté et de l’insatisfaction dans les populations ouvrières;
puis, de l’autre, on ferme les frontières aux gens pour des raisons
sécuritaires et empêcher les flux de travailleurs immigrants (immigration
économique). Puis, par l’exportation de produits télévisuels et cinématographiques,
on leur vente l’ « american way
of life »! Après on est surpris d’avoir des milliers de travailleurs
qui veulent venir dans ce pays de rêve, même illégalement, situé à quelques
milliers de kilomètres tout au plus de chez eux. Ce n’est pourtant pas surprenant,
surtout que leurs pays peuvent difficilement
satisfaire les besoins de base de leur propre population.
---
Mexico /
USA / 2006 / 74 min / doc v. o. espagnol & anglais / s.-t. a / Réal., Prod.
: Heather Courtney / Mont.: Kyle Henry, Sandra Guardado / Photo: Heather
Courtney, René Peñaloza Galván / Mus. : Alex Chavez (Arbolito)
Dans Letters from the Other Side, Heather Courtney fait se croiser des
vidéos que s’adressent des familles entre les États-Unis et le Mexique, donnant
la parole aux femmes délaissées au Mexique. S’intéressant à la vie des
personnes les plus affectées par l’échec actuel des politiques d’immigration et
de marché, le film raconte l’histoire complexe de ces familles déchirées par la
situation économique et la mort des communautés, et des gouvernements qui ne
peuvent pas ou ne veulent pas agir sur cette question.
Sélection
San Diego
Latino Film Festival, 2006; San Francisco Documentary Film Festival, 2006 ; The
Haifa International Film Festival, Israel, 2006 ; The Los Angeles Latino
International Film Festival, 2006 ; The Boston Latino International Film
Festival, 2006.
Heather Courtney
Basée à Austin, au
Texas, Heather Courtney est réalisatrice, cinéaste et photographe. Avant
d’obtenir son diplôme en cinéma, elle a travaillé pendant huit ans en tant que
rédactrice et photographe pour le compte de l’ONU et de plusieurs organismes de
défense de droits des réfugiés et immigrants, dont les camps de réfugiés
rwandais après le génocide rwandais de 1994.
Commentaires
de Michel Handfield (12 avril 2008)
On voit celles qui sont touchées par l’immigration d’un proche, mari ou
enfant, du Mexique vers les États-Unis.
Plusieurs sont illégaux. Certains en ont même payé de leur vie ce rêve
américain!
Tous partent avec l’idée d’envoyer de l’argent, puisqu’on peut trouver
de l’argent dans la rue aux États-Unis selon la rumeur. Une fois là, l’argent
ne sera jamais envoyé aux familles, car il est beaucoup plus rare que ce que le
mythe en dit. Puis, les illégaux travaillent pour un minimum et le coût de la
vie est plus élevé. Ils ne s’enrichissent donc pas comme ils s’y attendaient.
Bienvenue au pays des désillusions.
Mais, être demeuré au Mexique, c’était aussi la pauvreté. Depuis le
libre échange, le marché mexicain est inondé de produits moins cher que les
produits locaux grâce au soutien du gouvernement États-unien à ses agriculteurs
par exemple. Le dumping! Une façon de
pousser les Mexicains vers les maquiladoras? Je dis ça de même, mais cela
mériterait réflexion. (1)
Par contre, des gens s’organisent. Il se crée des coopératives. Des
paysannes font de nouvelles productions artisanales, à base de cactus (Nopal)
par exemple : savons, confitures… (2) D’autres se sont lancé dans les
pâtisseries et les pains, mais le conseiller d’État vient leur mettre des
bâtons dans les roues en voulant les aider, car il veut appliquer des modèles
économiques et managériaux inadaptés aux communautés locales et à ces
productions artisanales. On leur a par exemple fourni des équipements
industriels qu’ils n’ont pas les moyens d’utiliser! Ce sont des réseaux de
vente et de distribution dont ils auraient besoin, car c’est bien de savoir
faire, mais il faut être organisé pour vendre ensuite. C’est là qu’il faudrait
placer le support.
Film intéressant qui, tout en rétablissant les contacts entre ces gens restés au Mexique et leurs
proches de l’autre côté de la frontière, nous montre leurs conditions de vie et
ce qu’ils font pour s’en sortir. Leurs espoirs et leurs difficultés. Les
différences et les convergences entre le nord et le sud d’un même continent.
Mais, le plus fascinant, c’est qu’on utilise cette main-d’œuvre bon
marché dont on dit ne pas avoir besoin aux États-Unis. La limitation de
l’immigration permet-elle de se créer un bassin de main-d’œuvre illégale prête
à tout pour travailler, car ce sont les plus débrouillards qui ont réussi à
passer comme illégaux. Une main-d'œuvre dont on a besoin et qui serait beaucoup
moins docile et plus dispendieuses si elle était légale.
Notes :
1. Voici deux livres auxquels j’ai pensé :
Labrecque,
Marie-France, 2005, Être Maya et travailler dans une maquiladora. État,
identité, genre et génération au Yucatan, Mexique, PUL, Collection
Mondes autochtones
Chossudovsky, Michel, 1998, La mondialisation de la pauvreté,
Montréal: écosociété
2. http://comptoir.canalblog.com/archives/2006/11/23/3250591.html
---
FILM D’OUVERTURE du 3e FFDPM
Film de
CHRISTOPHE DE PONFILLY
L’étoile du soldat, présenté en première nord-américaine, ouvrira le 3e
FESTIVAL DE FILMS SUR LES DROITS DE LA PERSONNE DE MONTRÉAL le jeudi 27 mars
2008, en présence de l’acteur principal, Sacha Bourdo [soirée ouverte au public
: 7$]. Une deuxième projection publique aura lieu le samedi 29 mars à 20 h 30
au Cinéma du Parc, dans le cadre du FFDPM, également en présence de Sacha
Bourdo.
France/Allemagne/Afghanistan,
2006, 105 min,
Fiction,
v.o. multilingue, s.-t.f.
Scén. : Rim
Turki - Prod. : Albert Films - Dir. Photo : Laurent Fleutot – Son : Alain
Curvelier - Mont. : Anja Lüdcke -Musique : Jean Baptiste Loussier
Avec : Sacha
Bourdo, Najmudine, Patrick Chauvel, Moalemalef Sourat, Murad Ibrahimbayo, Gol
Ghoutey Voix off : Philippe Caubère
Distribution
: Les Films du Losange
11 septembre 2001. Du haut des montagnes
afghanes, Vergos, journaliste français, apprend l'attaque des tours du World
Trade Center par les terroristes d'Al-Qaïda. Il se souvient... 1984. Nikolaï, jeune
musicien soviétique, débarque en Afghanistan comme des milliers d'autres
conscrits pour livrer une guerre qui n'est pas la sienne. La peur au ventre à
chaque instant, il se retrouve plongé dans un monde de violence et de mort.
Un jour, lors d'une opération commandée,
il est capturé par des Moudjahidins du Commandant Massoud qui l'emmènent au
cœur des montagnes où se terrent les résistants afghans et Vergos, venu
clandestinement en Afghanistan. Tandis que certains veulent sa mort, d'autres
se prennent de compassion pour lui. Peu à peu, des liens d'amitié et de
complicité se nouent entre le soldat soviétique, le journaliste français, et
les Moudjahidin...
BIOGRAPHIE
Fils d'un écrivain franco-russe,
Christophe de Ponfilly, auteur, réalisateur autodidacte, producteur et
journaliste, a réalisé plus d'une quarantaine de reportages et de
documentaires. En juillet 1981, il se rend clandestinement en Afghanistan pour
témoigner de la résistance du peuple afghan contre l'occupation soviétique. Il
devient alors l'ami du commandant Massoud et ne cesse de témoigner, dans ses
œuvres diverses, du drame afghan à travers les hommes et les femmes qui s'y
trouvaient piégés. En 1998, il réalise le documentaire désormais célèbre
Massoud, l'Afghan, qui obtient des prix dans plusieurs festivals
internationaux. Il décède en 2006 à l'âge de 55 ans, peu après la réalisation
de L'Étoile du soldat, son premier et seul long-métrage de fiction inspiré de
sa propre histoire.
De vrais
Moudjahidin
Une trentaine d'ex-Moudjahidin du commandant
Massoud ont été conviés, quelques semaines avant le début du tournage, à une
projection de Massoud l'Afghan. Ayant apprécié le travail du réalisateur, ils
ont accepté de participer au tournage de L'étoile du soldat.
Plus qu'un
film, une envie
Christophe de Ponfilly avait depuis
longtemps envie de réaliser un film de fiction destiné au cinéma pour dire «
avec plus de force encore, ce [qu'il] avait tenté de faire savoir à l'époque où
l'occident ignorait que tout ce qui se tramait en Afghanistan le concernait
aussi ». Les événements du 11 septembre 2001 ont, selon les termes du
réalisateur, « rendus pressants la réalisation de ce film ». Létoile du soldat
représente, pour Christophe de Ponfilly, un travail de mémoire indispensable.
Un scénario tiré
d'une histoire vraie
Le scénario de L'étoile du soldat est
inspiré de ce qu'a vécu le réalisateur lors de son arrivée clandestine en
Afghanistan en 1984. Le jeune soldat russe Nikolaï interprété par Sacha Bourdo
a réellement existé. Christophe de Ponfilly écrit d'ailleurs, dans le roman
éponyme publié en 2006, qu'il a toujours gardé la photo de ce jeune soldat
russe libéré par « ses amis afghans » puis tué par des Pakistanais. De plus, le
nom du personnage interprété par Patrick Chauvel (Vergos) est celui d'un ami du
réalisateur assassiné à Peshawar.
Un dernier
hommage
Quelques jours avant que ses confrères
du jury du prix Albert Londres, auquel il appartenait de longue date en sa
qualité d'ancien lauréat, ne remettent leur prix à Marseille, Christophe de
Ponfilly s'est suicidé. Le 16 mai 2006, le réalisateur de L'étoile du soldat
nous a quittés, laissant une lettre expliquant son geste. Christophe de
Ponfilly ne s'était jamais remis de l'assassinat de son ami le commandant
Massoud. L’étoile du soldat résonne donc comme un dernier hommage à cet homme
d'une grande éthique.
Commentaires de Michel Handfield (28 mars 2008)
Nikolaï, jeune musicien russe pour qui
son pays n’est pas l’URSS, mais la musique. Sauf qu’il est obligé de faire son
service militaire en Afghanistan en 1983 pour l’URSS. Des destins s’y
croiseront. Ce sera aussi l’occasion d’en apprendre davantage sur cette région
du monde qui fait encore les manchettes 25 ans plus tard. L’URSS n’y est plus,
mais nous y sommes, cadeau des États-Unis.
Comme l’URSS était l’ennemi des
États-Unis et que les ennemis de l’URSS étaient les amis des États-Unis, ces
derniers ont soutenu les islamistes contre les russes, incluant probablement
les plus radicaux d’entre eux et même les talibans, avec les conséquences que
l’on sait maintenant. Mais, attention, ça ne veut pas dire qu’il aurait fallu
soutenir les soviétiques contre les afghans, car les soviets ne sont pas très
sympathiques non plus selon ce film : s’ils tuent des chèvres pour manger,
ils tuent aussi des paysans. Ils sont donc loin d’être des libérateurs même
s’ils se présentent ainsi! D’ailleurs, ils ne sont même pas sympathiques pour
leurs propres soldats : « Si l’un
d’entre vous déserte, tous le régiment sera fusillé! » Vraiment pas
sympathique.
En fait, le peuple était pris en otage
entre les soviétiques et les radicaux religieux, dont les talibans à l’époque
soviétique. Ils sont maintenant pris au centre d’une autre bataille
idéologique, cette fois ci faite par l’occident pour éteindre les braises que
la CIA a dispersé sur le monde en soufflant sur le feu allumé par les russes.
Quelques groupes, comme celui du
commandant Massoud, étaient probablement plus modérés, mais trop peu
soutenu, perdu dans cette masse des
opposants au régime soviétique que la CIA et les États-Unis soutenaient.
Massoud fut d’ailleurs assassiné le 9 septembre 2001, à la veille des célèbres
attentats que l’on sait. On a finalement réussit à faire de ce conflit une
guerre civile : Afghans contre Afghans!
On se rend compte d’une chose que l’on
sait déjà, car nous l’ont appris bien des dictatures : le pouvoir du fusil
et de l’uniforme militaire rend puissant les cons de tous les pays! Mais, il
faut toujours répéter ces choses là, car bien des hommes politiques ne jurent
encore que par le pouvoir militaire. Les États-Unis soutiennent encore bien des
dictateurs… qui n’ont de brillant que leurs chaussures bien cirées!
Si on avait à investir en quelque part
après cette guerre, ce devrait être en éducation, car la plupart des afghans
croient encore que la terre est plate et s’arrête aux confins des montagnes.
Montagnes et grottes afghanes qui donnent un avantage à la guérilla qui connaît
bien son terrain cependant.
Un film intéressant qui
nous donne le recul qu’il faut pour comprendre un peu plus ce qui se passe dans
cette région du monde. Si peu encore, mais déjà plus que ce que les clips télé
en disent, surtout s’ils sont contrôlés par les services de communication et de
relations publiques de l’État, du Pentagone et de l’armée.
Hyperliens :
Massoud :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Ahmed_Chah_Massoud
Taliban : http://fr.wikipedia.org/wiki/Taliban
---
(Reprise de Vol. 10 no 1, 26e RENDEZ-VOUS DU CINÉMA QUÉBÉCOIS)
Beta
Numérique / Noir et blanc et couleur / 109 min / 2007 / v.o.française,
espagnole, anglaise / s.-t.français
Documentaire
De la Patagonie à l’Arctique, Carlos
Ferrand visite des amis de longue date rencontrés à travers ses vagabondages
américains : des membres de la famille, des cinéastes, un médecin, une
cuisinière, un orpailleur… Des histoires personnelles et identitaires fortes et
signifiantes, mais souvent oubliées.
Réalisateur : Carlos Ferrand, Scénario : Carlos Ferrand, Photo : Carlos
Ferrand, Montage : Dominique Sicotte, Son : Catherine Van Der Donckt, Benoît
Dame, Musique : Kevin Dean, Producteur : Les films du tricycle / Sylvain
L'Espérance, Distributeur : S.O., Interprètes : S.O. Carlos Ferrand
Carlos Ferrand est né au Pérou. Il est scénariste et réalisateur de
documentaires et de fictions. Il a signé une quarantaine de films et des vidéos
dont Visionnaires (1998) et Il parle avec les loups (2002). Il a collaboré, en
tant que directeur de la photographie, à plus d’une cinquantaine d’oeuvres : Du
pic au coeur de Céline Baril, Lumière des oiseaux de Jean-Philippe Duval et
Dans les villes de Catherine Martin.
Commentaires de Michel Handfield (29 février 2008)
Lima au Pérou, un pays où il reste tant
à faire. Carlos Ferrand se demande donc s’il aurait dû rester ou s’il a bien
fait de partir, car avait-il la force d’entreprendre ce qu’il y avait à faire,
comme ces quartiers auto construits?
Peut être que ce retour sur l’Amérique latine avec l’œil de l’expatrié
est sa meilleure contribution, car il nous fait sentir de l’intérieur ce qui
nous intéresse de l’extérieur.
S’il s’intéresse d’abord au Pérou, d’où
partent ses racines, il remonte l’Amérique jusqu’au grand nord et nous fait
rencontrer des gens qui font les choses différemment dans cette Amérique qui
est loin d’être monolithique comme certains médias de masse nous la
représentent. Des gens qui travaillent à changer les choses. Des gens qui l’ont
marqué et qu’ils considèrent au point de nous les présenter
« personnellement », comme ce médecin de gauche qui travaille avec
des autochtones en Californie (1) et qui remarque que la peur du maccarthisme a
marqué les états-uniens depuis la 2e guerre mondiale, ce qui fait qu’on
ne s’identifie pas trop de gauche et surtout pas comme communiste aux États-Unis! En fait, il est
peut être plus facile d’être chrétien de gauche que politiquement de gauche aux
« States »! C’est notamment le cas de cette professeure de New-York
que l’on voit dans une école du Bronx revalorisée, mais que l’on voit aussi à
l’église, ce qui m’a davantage dérangé vu le genre « preacher » de la chose.
Ce film et ces rencontres sont aussi
l’occasion de quelques leçons d’histoire et d’observations sociopolitiques.
C’est ainsi que l’on apprend qu’il y a eu des esclaves chinois en Amérique
latine ou qu’on payait pour éliminer des indiens à la paire d’oreille
rapportée, ce qui fut le cas pour les Selk’nam. (2) Il observe aussi qu’à la
télévision tout le monde est blanc avec des yeux bleus, donc de style européen,
alors que dans la rue la population est plus métissée, indienne! Pourtant, pour
les indiens, le diable a les yeux bleus!
La TV serait-elle diabolique? Peut être,
puisqu’elle ne valorise pas nécessairement la culture d’origine, comme si l’on
avait honte de notre mère patrie, mais elle présente plutôt celle d’ailleurs
comme modèle! Pourtant, la télévision pourrait jouer un autre rôle, un rôle
plus éducatif, puisqu’il y a des besoins de ce côté comme il le montre. Ainsi,
en Bolivie le peuple est assoiffé de savoirs sur le monde. Puis, la
culture est importante dans tous les
processus de libération. Quant au Mexique, il y aurait du travail
d’éducation à faire concernant les droits des femmes, car ce pays est au prise
avec une « idéologie du droit viril ».
Les femmes y ont des difficultés, notamment avec la violence qui reste impunie.
La télé pourrait alors y jouer un rôle d’éducation, surtout que l’internet
n’est pas encore accessible aux masses alors que la TV se retrouve dans presque
tous les foyers. Bref, il ouvre des possibles. Son film devrait aussi être
montré le long de son parcours.
Post-scriptum :
Dans ce film on voit une personne qui a
perdu son frère pour des raisons politiques. La dictature. Je ne l’ai
malheureusement pas noté. Ceci m’a cependant fait penser à un article récent sur cette question des
disparitions politiques au Guatemala. Si cela vous intéresse, il s’agit de :
Doyle, Kate, The atrocity files:
Deciphering the archives of Guatemala's dirty war, Harper’s magazine,
December 2007, pp. 52-64: www.harpers.org/
Notes :
1. Sur un mur de son local j’ai pu noter un site internet : www.fcnl.org . C’est pour « The Friends
Committee on National Legislation »,
le plus grand lobby pacifiste à
Washington.
2. www.limbos.org/sur/selknfr.htm
---
Le
Déshonneur des Casques bleus
(Reprise de Vol. 9
no 8 - Societas Criticus au 10e RIDM)
En présence des cinéastes. La projection sera suivie du débat :
Femmes cinéastes et pays en guerre. Représentants armés des Nations Unies, leur
rôle consiste à séparer les belligérants et à protéger les populations civiles.
Ils apportent l’espoir et la sécurité dans des pays ravagés par la guerre. Du
moins, c’est le mandat qui leur a été confié. Mais depuis quelque temps, de
nombreux observateurs s’interrogent : et si les Casques bleus faisaient partie
du problème plutôt que de la solution ? Brutalité, abus, viols de mineurs, les
accusations s’accumulent. Sommes-nous vraiment au courant du comportement des
Casques bleus ? Tourné essentiellement en République démocratique du Congo, le
documentaire-choc de Raymonde Provencher fait le point sur une situation
intolérable. À l’écoute des victimes et des témoins, il remet radicalement en
question la réputation de héros des temps modernes que s’étaient taillée
jusqu’à présent les Casques bleus de la paix.
Réalisateur(s) :
Provencher, Raymonde
Pays : Québec
Durée : 75 min.
Année de production
: 2007
Langue(s)
originale(s) : albanais, anglais, français, swahili avec sous-titres : s.-t.f.
Commentaires de Michel Handfield (14 décembre 2007)
Au Congo, des fillettes sont victimes des casques bleus, ces
soldats de l’ONU que nous payons pour protéger les populations vulnérables. Des
fillettes de 12 à 16 ans violées par des
militaires. Des femmes de plus en plus jeunes prises de force par des militaires,
miliciens et paras, car ils ont peur du SIDA. Une exception : le cas d’une
dame de 65 ans!
Ces fillettes sont
doublement victimes de ces actes, car elles sont ensuite rejetées par leur
famille qui les accuse d’être responsables de leur viol. Elles peupleront la
rue…
La MONUC (Mission de l’ONU au Congo) empire donc le malheur du
peuple à cause de ces viols. Il y a donc perte de confiance dans ceux-là mêmes
qui devaient aider. Si on n’en parle pas trop, c’est qu’il y a un complot du
silence, car beaucoup reçoivent de l’argent de l’ONU.
Je voyais ce film et je me disais qu’on devrait leur donner des
boîtes de kleenex pour qu’ils soulagent leur montée d’hormones, car ce
sont souvent des jeunes militaires. Et
si Dieu est contre la masturbation, je ne vois pas pourquoi il serait davantage
pour le viol! Quant à poursuivre ces
militaires, cela dépend toujours des lois du pays d’où ils viennent, car
l’ONU n’a pas de pouvoir à ce niveau. Devrait-on changer sa constitution ou en
faire un gouvernement?
À ce qui est dis dans ce film, probablement que les 2/3 des
accusations seraient fondées, mais il n’y a pas moyen de vérifier, ni de porter des accusations, car la population
bouge, les militaires aussi, et il n’y a pas de papiers d’identification dans
bien des cas. Il faudrait une banque d’ADN des militaires et des tests sur les
bébés. Mais, l’ONU n’a pas ce pouvoir. Si certains pays l’ont, pour d’autres ce
n’est pas un crime.
L’ONU n’a pas non plus les moyens de surveiller ses troupes,
comptant sur 5 policiers militaires pour 3 à 4 000 soldats, jeunes et
pleins de testostérone! Alors, que faire au moins pour les bébés laissés
derrière ces missions et les jeunes mères rejetées par leur famille et leur
communauté? Un film qui fait réfléchir.
Un coin du ciel - 75 pays, 30 langues, 5 religions,
1001 histoires (Reprise du Vol. 9 no 8)
Un documentaire sur le quartier de Parc-Extension
déposé à la Commission Bouchard-Taylor est projeté en primeur lors des 10e
Rencontres internationales du documentaire de Montréal (RIDM) les 16 et
17novembre prochains
Un coin du ciel
jette un regard chaleureux et sans compromis sur Parc-Extension, étonnant village dans
la ville où tant d’exilés rêvent de trouver un coin de ciel paisible à
installer au-dessus de leur tête. La trame du documentaire s’inscrit dans cette
petite Babylone moderne qu’est devenu le CLSC Parc-Extension, plongé bien
malgré lui en plein cœur de la controverse entourant les pratiques
d’accommodements raisonnables. Le film, loin d’attiser les antagonismes,
documente les liens précieux qui unissent les Québécois d’ici et d’ailleurs
dans un des quartiers les plus cosmopolites de Montréal.
Tourné
sur deux ans, en toute complicité avec les protagonistes, le film sera déposé à
la Commission Bouchard-Taylor
lors des audiences des 14 et 15 novembre à Laval. Un coin du ciel
sera également présenté en première mondiale lors des 10e Rencontres
internationales du documentaire (RIDM), les 16 novembre à 18 h 00 à la Grande
Bibliothèque et 17 novembre à 18 h 15 à la Cinémathèque québécoise.
Des
défis du travail transculturel aux difficultés d'une grossesse en exil, Un coin du ciel
nous plonge au cœur du quotidien de Québécois tricotés sous toutes les
latitudes. Par son accès privilégié aux coulisses du CLSC, le documentaire
explore les méandres de l’intégration, le choc des cultures, mais aussi le
racisme ordinaire et la place rassurante de la religion dans la vie de
plusieurs immigrants.
En
se glissant dans les pas discrets d’Hélène, la travailleuse sociale native de
Québec, dans ceux énergiques de Tassia, d’origine grecque, sorte d’ombudsman
improvisée du CLSC, le film fait vivre aux spectateurs la course à obstacles et
les stratégies de résistance des exilés. Au fil des mille et une histoires qui
s’entrechoquent au CLSC Parc-Extension, Un
coin du ciel esquisse avec humour et
tendresse les contours complexes et mouvants d'un Québec en pleine mutation.
Misant
sur la sobriété, sur une caméra qui écoute autant qu’elle regarde, le
documentaire de Karina
Goma (La Course Europe-Asie, Les Justes,
Todo Incluido) illustre avec éloquence combien immigrants et Québécois
de tous horizons s’ingénient à trouver des solutions au quotidien et retissent,
ensemble, des fils d’humanité.
Commentaires de Michel Handfield (12
décembre 2007)
Le
CLSC comme un hôpital, mais pour les maux sociaux. Le Réno-Dépôt des solutions.
C’est souvent le cas des petites communautés. C’est aussi le cas dans Parc-Ex,
à Montréal, car il s’agit d’une enclave particulière.
D’abord,
géographiquement, Parc-extension est une enclave limitée à l’Est et au Sud par
des voies ferrées; au Nord par l’autoroute métropolitaine et à l’Ouest par la
clôture de ville Mont-Royal. Comme le quartier longe en plus la partie Ouest du
parc Jarry, il y a peu de rues qui vont vers l’Est de l’arrondissement
Villeray/Saint-Michel/Parc-Extension. En fait, il n’y a que Jean-Talon, Jarry
et Crémazie (qui longe l’autoroute) qui relient ce quartier au reste de son
arrondissement. Vers le Nord, il y a l’Acadie et Querbes, qui se termine au
marché central pour cette dernière. Vers le Sud, c’est l’avenue du Parc (1),
qui a donné son nom à ce quartier je crois! Vers l’Ouest il y a Crémazie,
Jean-Talon et Beaumont. Enclavé dans son propre arrondissement si je puis dire.
Par contre, le quartier est bien
desservie par le métro, avec les stations Parc à l’extrémité Est et
l’Acadie à l’extrémité Ouest du quartier sur la ligne 5/bleue.
Ensuite,
c’est une enclave linguistique. Quartier d’immigration, 62% de sa population est née hors du Canada (2). Plusieurs ne parlent ni le
français, ni l’anglais même si l’anglais y est largement majoritaire pour ceux
qui parlent au moins une des langues officielles du Canada. (3) Par contre, la
francisation fait son chemin chez les jeunes. Pensons à un autre documentaire
tourné dans ce quartier : la classe
de Madame Lise!
Comme
ce documentaire tourne autour du CLSC, on voit davantage de nouveaux arrivants
et de personnes âgées qui ne parlent pas le
français, ce qui donne une certaine teinte à ce film qu’il faut nuancer
quelque peu. Alors qu’au tournant des années 80 on trouvait difficilement La Presse dans les dépanneurs du
quartier – je me rappelle m’être fait demander « What is it? » - on a
maintenant La Presse, Le Devoir, Le journal de Montréal, des livres et des revues en français au
Loblaws du Parc! C’est déjà ça.
Ce
n’est pas un ghetto, mais il existe une isolation individuelle du fait des
barrières linguistiques propre à ce quartier, plusieurs citoyens ne pouvant
communiquer entre eux, n’ayant pas de langue commune. En même temps, vu les
barrières physiques et la concentration d’ethnies sur ce territoire, ce qui est
différent d’une concentration ethnique, des services communautaires s’y sont
développés pour répondre aux besoins particuliers de cette population, ce qui
fait que certaines personnes s’impliquent, que ce soit à la CDÉC; à la période
de question du conseil d’arrondissement; ou dans les organisations politiques
du milieu. J’en parle d’expérience, car j’habite l’arrondissement
Villeray/Saint-Michel/Parc-Extension et j’en voie. L’isolation se brise
lentement.
Naturellement,
c’est un quartier de passage, comme St-Michel où j’habite. A part un noyau dur
d’anciens résidents, plusieurs changent de quartier quand ils se sont intégrés,
remplacés par de nouveaux arrivants, puisque les services sont disponibles pour
les accueillir. C’est ce qui fait qu’on peut parfois avoir l’impression que les
choses ne changent pas alors qu’elles changent, même si c’est parfois lent
selon nos critères! (4) Le milieu fait son travail d’intégration, les ethnies
intégrés allant ensuite accroitre la population d’autres quartiers de Montréal
ou de la banlieue.
Quant
à ceux qui ont des difficultés à s’intégrer ou à apprendre la langue, ils
sortent peu du quartier, y trouvant une sécurité et des services leur
facilitant la vie, dont la bibliothèque de Parc-Extension, où le
multiculturalisme est à l'honneur avec plus de 75 000 documents en 12 langues!
(5) Adjacent à la bibliothèque, au sein du Centre de francisation
William-Hingston de la CSDM (6), on trouve aussi la Salle de diffusion de
Parc-Extension, où il y a différentes activités. S’y est tenu cet été une
exposition sur Armand Vaillancourt que j’ai visité. Les citoyens en difficultés
d’intégration y trouvent donc un milieu de vie rassurant et stable qui les
incite à demeurer dans le quartier. Ont voit plusieurs de ces personnes dans le
documentaire de Karina Goma d’ailleurs, le CLSC contribuant à cette offre de
services.
Pour
ceux qui ne connaissent pas ce quartier, ni ce milieu, ce sera une découverte.
Pour moi c’était la normale.
***
Malgré
que je connaisse déjà le quartier, j’ai quand même appris quelques affaires,
comme le fait que les mariages arrangés sont importants pour les
« pakis » (Pakistanais), parce que ça fait plaisir à Jésus Christ!
Autre culture, autres mœurs, car on a beau les côtoyer dans l’arrondissement,
on ne sait pas tout d’eux. Loin de là! J’ai bien aimé aussi cette expression de
« parler le Tarzan », c’est-à-dire de parler par gestes! Un film pour
découvrir un autre Montréal. Mais, il est aussi intéressant d’aller
« marcher » les commerces de la rue Jean-Talon à partir du Métro du
Parc pour découvrir ce quartier par la rue et ses gens.
Notes :
1. Voir le répertoire
toponymique de la ville de Montréal (www.ville.montreal.qc.ca/toponymie) pour des détails sur les
avenues Querbes, du Parc et autres rues de Montréal.
2. GROUPE DE TRAVAIL SUR LES PORTRAITS DES QUARTIERS
VILLERAY, SAINT-MICHEL ET PARC-EXTENSION,
SEPTEMBRE 2004, Portrait du Quartier Parc-extension,
Ville de Montréal (Villeray/Saint-Michel/Parc-Extension) et CDÉC Centre-nord,
p. 1:
www.cdec-centrenord.org/fr/Docs/portraits/Parc-Extension.pdf
3.
« L'anglais est la première
langue officielle parlée par 50% de la population du quartier contre 19% pour
le français. L’anglais est aussi la langue de travail pour la majorité des
travailleurs de Parc-Extension. Mais une part importante de la population (13%)
ne connaît aucune des deux langues officielles. » (Ibid.
p. 1)
4. Selon nos critères, une
chose est parfois vieille après 6 mois! On dit d’ailleurs qu’en politique, 6
mois c’est une éternité! Dans l’apprentissage d’une langue et d’une culture 6
mois, c’est quelques heures en comparaison. On peut parfois parler de
générations.
5. http://ville.montreal.qc.ca/portal/page?_pageid=91,1983175&_dad=portal&_schema=PORTAL
6.
Centre de francisation William-Hingston de la CSDM. Le site web est à
venir au moment d’écrire ces lignes : www.csdm.qc.ca/william-hingston/
Autres
hyperliens :
CLSC
Parc-extension : www.clscparc-extension.qc.ca/
CDÉC :
www.cdec-centrenord.org
Arrondissement Villeray—Saint-Michel—Parc-Extension:
http://ville.montreal.qc.ca/portal/page?_pageid=91,1983020&_dad=portal&_schema=PORTAL
---
Une girafe sous la pluie, Belgique
(Reprise de Vol. 9 no 6 - Spécial FFM de
Montréal 2007)
Compétition mondiale
2007 / 35 mm / Couleur / 12 min
Réalisateur : Pascale Hecquet
Scénariste : Pascale Hecquet
Au village des girafes, toute l'eau est
monopolisée pour alimenter la luxueuse piscine de Sir Lion. Une girafe téméraire
décide que cette situation a assez duré.
Pascale Hecquet
Diplômée avec brio de l'Académie des beaux-arts de Tournai (Belgique),
Pascale Hecquet signe de nombreux films d'animation destinés tant aux enfants
qu'aux adultes, parmi lesquels L'Obstination d'Iris (2000), La Claque de
Pierrot (2005).
Commentaires de
Michel Handfield (28 août 2007)
Petit 12 minutes sur les inégalités
économiques et politiques; inégalités qui sont aussi environnementales, car on parle de l’accès
aux ressources essentielles de la vie, comme l’eau et la nourriture, dans ce
film.
---
L’Année où mes parents sont partis en vacances
Commentaires de Michel Handfield (28 mars 2008)
Un chimiste, Eugenio Berríos, tenu en
otage, se sauve et se rend à la police. Mais, il sera récupéré et assassiné.
Entre temps, il aurait été vu par un médecin alors qu’il était au poste de
police. L’assistante du procureur, qui mènera l’enquête, voudra naturellement
rencontrer ce médecin qui pourrait l’éclairer. Comble du hasard, ce médecin
sera tué lors du vol de sa radio d’auto!
Ce chimiste n’était cependant pas qu’un
simple chimiste. Il était près du régime Pinochet et collaborait avec les
autres dictatures sud-américaines. Il en savait donc beaucoup sur cette période
trouble de la dictature en Amérique
latine et ses élites politiques. Devenu dangereux, il fallait l’éliminer. C’est
l’histoire de cette enquête et des tentatives de la faire avorter que nous
suivons dans ce film.
***
Uruguay 1993. Le climat en semble un de
corruption et de relations privilégiées entre police, armée et gouvernement
malgré la démocratie naissante. On a beau être en démocratie, l’élite n’a pas
réellement changée et a toujours ses entrées privilégiées au Pouvoir.
D’ailleurs, Julia Gudari, qui mène cette
enquête et que l’on suit dans ce film, vient d’une famille proche de l’ancien
régime. Comme elle était de gauche, elle fut torturée dans sa jeunesse même si
elle a quand même bénéficié d’une certaine protection de son père, haut gradé
militaire. Dans son enquête, elle sera confrontée à son frère, lui aussi
militaire et probablement dans le secret d’État, qui ne collaborera pas. La
démocratie existe peut être, mais c’est toujours la même élite qui gouverne par
en arrière. Et le secret d’État est là pour les protéger, comme si la démocratie
n’était qu’une façade ou affaire de relations publiques finalement!
***
Film intéressant et lucide qui nous
permet de comprendre qu’entre le changement annoncé et des choses qui changent
vraiment, surtout au niveau politique, il y a décalage. Décalage que gomment
les courtisans du pouvoir qui font tout pour dire que ce qui est arrivé n’est
jamais arrivé par exemple!
Je ne peux en dire vraiment davantage,
sauf que ce film est construit comme un thriller, ce qui le rend
cinématographiquement intéressant aussi.
Hyperlien :
Eugenio
Berríos: http://en.wikipedia.org/wiki/Eugenio_Berr%C3%ADos
Histoire:
This case takes
place within the context of the Condor Plan, which meant the coordination
between the military governments and the intelligence services of the
dictatorships of the Southern Cone of Latin America. They used State terrorism
to end with opposition. Eugenio Berríos was both part and victim.
He was murdered in
1993 in Uruguay, and his body was found at the beach in Parque del Playa in
1995. The reason for the death of this chemical engineer from the DINA
(National Intelligence Department), who was very close to dictator Augusto
Pinochet, was that he allegedly knew a lot of information about several
murders, among others, that of Orlando Letelier (former Chilean Chancellor in
the United States). If he testified in the trials, he would put many crimes
committed by Pinochet´s regime on the spotlight.
Berríos was also
famous for perfecting the sarin gas, which was ideal to eliminate enemies as it
was almost untraceable. This poison was discovered by the Nazis during the
Second World War. Its use was also considered a weapon of mass destruction in
the event of a war with Peru, Bolivia or Argentina.
The former DINA
chemical engineer also experimented with bacteriological weapons. It is
believed that it was due to one of these that former President Eduardo Frei
Montalva, one of the most well-known opposers to the dictatorial regime, also
died. Once, Berríos stated that “there is no better way to get rid of the
undesirable than a drop of staphylococcus”.
Besides, Berríos
experimented with cocaine in order to eliminate the smell, as among his fiends
there were several members of international drug trafficking.
Eugenio Berríos is brought to Uruguay by the DINE
military (Military Intelligence Department) with the help of Uruguayan
military.
He remains under
custody for some years until he is murdered. Some Chilean military were tried
for this felony, but many others who were involved have not been tried yet.
This case is an example of how the Condor Plan is still alive in the recovered
democracies.
Le film:
When democracy starts to impose itself over the
weakened Latin American dictatorships, a man flees through the forest of a
Uruguayan seaside resort. He is from Chile and hides at a police station of the
town. He desperately denounces that he has been kidnapped, that they want to
kill him and that he is called Berríos.
The denunciation reaches Judge SANTACRUZ, who asks his
assistant, lawyer Julia Gudari, to take charge of the investigation. Julia
shortly finds out that the police have tried to erase all traces of the case.
She does not find any answers at the Embassy of Chile either. JULIA finds out
that the Chilean citizen is a biochemical engineer who worked secretly for
Pinochet, who was convinced he would be able to “gas Buenos Aires with chemical
weapons”.
Julia starts to unravel a dark story which involves
her directly, as both her father, General Gudari, and her brother, Ivan, are
part of the alliance and will do everything they can to keep Julia away from
the truth.
My purpose as the author
I consider myself part of a generation that, at the
end of the 80s, burst into the sleepy cultural world of my country “holding a
camera in their hand”. It was a time when the “Latin American video movement”
was fully in force and I emphatically participated in it.
Later in time I had the chance to make a telefilm (“El
Viñedo” [The Vineyard], 2000) which had the aim of exploring alternative
regional television co-productions. The result was then turned into 35mm and
presented at cinemas. I had the chance to travel around my country presenting
this film, and each time I said that “… I want to live in a country that makes
movies”.
MATAR A TODOS is a work that aims at making its place
in Latin American cinematography. It is a historical film and, at the same
time, extemporal. It tells a story about the past but it interrogates our
future. It does so from a living testimony, that of a woman who is afraid of
having been conceived by the devil but, at the same time, who is afraid of
chasing it; a woman who knows that “the past is what changes the most” and who
also knows that she needs to solve her past in order to build her future.
MATAR A TODOS is my first feature film project. It is
also an act of individual healing. I know what political prison is and
also experienced the death of my close family members in the worst circumstances
of the recent political history of the Latin American Southern Cone. I think I
have the courage to make this movie – a movie of killers´ killers – but a movie
that shall insist on hope. I believe that sharing our tragedies and
universalizing our stories makes us better individuals.
My aim when making this movie is to contribute to the
construction of positive reflection about our existence as human beings.
Esteban Schroeder
---
L’Année où mes parents sont partis
en vacances
Ce
film prendra l’affiche le 28 mars 2008 en version originale portugaise
sous-titrée en anglais et en version originale sous-titrée en français. Le film
sera aussi présenté au Festival des 3 Amériques à Québec et prendra l’affiche
le 11 avril au Cinéma Le Clap.
Brésil,
1970, la Coupe du Monde de football bat son plein et le régime politique se
durcit. C'est dans ce contexte chaotique que les parents de Mauro, 12 ans,
décident de "partir en vacances". En réalité, ils fuient la dictature
et confient leur fils à son grand-père. Mais celui-ci n'est pas au rendez-vous
et Mauro est recueilli par la communauté haute en couleur du quartier juif de
Sao Paulo. L'été de tous les dangers devient celui de tous les bonheurs.
Né
en 1962 à São Paulo, Cao Hamburger a tourné une série de courts métrages et a
réalisé plus de 200 clips publicitaires. L’Année où mes parents sont partis en
vacances est son deuxième long métrage. Son premier film, Le Château Ra-Tim-Bum
(1999), a été salué par le jeune public.
Commentaires de
Michel Handfield (25 mars 2008)
1970,
Pelé a compté son 1000e but et le Brésil file vers la coupe du monde de foot
qu’il remportera contre l’Italie! C’est dans ce contexte que Mauro, 12 ans, est
conduit chez son grand père, car ses parents, activistes politiques de gauche,
doivent se sauver. Mais, dans ce Brésil répressif, le foot soude les gens. Que
Dieu bénisse Pelé!
Mauro
y découvrira un autre monde, multiculturel. Il découvrira aussi ses racines,
juives, qu’on lui avait cachées jusque là, car il n’est même pas circoncis! Il
découvrira l’amitié et les filles. Un parfum d’amour. Bref, un film clair sur
une période sombre, où la solidarité sociale est à l’honneur.
Hyperliens :
Site officiel : www.oano.com.br/
Coupe du monde de football de 1970 : http://fr.wikipedia.org/wiki/Coupe_du_monde_de_football_de_1970
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Yo / Moi (Espagne) (1)
Commentaires de Michel Handfield
Rafa Cortés/2005/100 min./V.O. esp –
S.T. anglais/35 mm
15 mars 2008
« Un village de Majorque. (2) Un ouvrier allemand, fraîchement arrivé.
Une atmosphère de non-dits. Un emploi à conserver.» (3) On sent un profond
malaise dès le début. Il est gêné; les habitants secrets. Pour ajouter au
malaise, il vient remplacer un autre ouvrier qui a tout quitté sans laisser de
trace et qui s’appelait Hans lui aussi! La situation sera donc confuse,
d’autant plus qu’il ne semble pas très sûr de lui. Et les villageois qui ont eu
des histoires avec son homonyme ne pourront s’empêcher de le regarder un peu
bizarrement. C’est donc a un
« swing » culturel que nous assistons. Toutes les conditions
improbables sont là. Un Hans disparu et un autre qui arrive; allemand dans un
village Espagnol; intrus dans des histoires que l’autre avait amorcé.
Sociologiquement parlant,
on suit celui qui arrive et qui doit se faire accepter, mais qui a l’impression
d’être coupable d’être là. Juste d’être là. Il a tellement peur d’être mal
jugé, qu’il risque toujours le dérapage. De passer pour un voleur alors qu’il
veut bien faire par exemple. Je me sentais mal pour lui. Ce n’est pas un film à
analyser, mais à vivre en quelque sorte. Un peu comme une toile qui se fait
devant nous. On en apprend peu à peu par petites touches… sur les deux Hans et
sur le sentiment d’être étranger. Je pensais à l’expérience de ces immigrants
qui arrivent ici. Autre culture, autre mœurs. Toute la difficulté d’accepter la
situation et d’être accepté avant même de penser s’intégrer. Et ce désir de ne
pas faire de vagues; de ne pas déranger. Tout ce qu’on peut faire pour cela.
Jusqu’à franchir la ligne du raisonnable et de la légalité parfois…
Notes :
1. Gagnant du Fripesci, prix révélation de l’année – Cannes 2007; Prix
de la critique internationale – Rotterdam 2007. Le site officiel du film est www.yo-thefilm.com
2. http://fr.wikipedia.org/wiki/Majorque
3. Notes de présentation du film sur www.festivalissimo.ca
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LIBRARY ON ICE — LUTZ FRITSCH IN THE
ANTARCTIC
Royaume-Uni/2006/Betacam/couleur/52 min/anglais
Réalisation : Chris Rodley /
Production: BBC One, Imagine
Les rouages complexes, contradictoires, et même carrément surprenants de
l'authentification d'une œuvre d'art signée Andy Warhol, l'un des artistes les
plus originaux et influents du 20e siècle. Le présentateur Alan Yentob a
rencontré à New York les proches collaborateurs de Warhol pour tenter de
comprendre les critères d'authentification du Andy Warhol Art Authentification
Board (AWAAB), l'un des clubs les plus sélects du monde de l'art, selon l'expert
en art Peter Falk. La situation est complexe, car Warhol avait adopté des
techniques de production en série et se faisait aider d'assistants pour
réaliser une grande variété d'œuvres à la Factory, son célèbre atelier
new-yorkais. Il laissait même à d'autres le soin de signer ses œuvres... Joe
Simon, collectionneur de Warhol, tente depuis quatre ans de faire authentifier,
à l'encontre de l'expertise de l'AWAAB, le tableau de Warhol en sa possession.
Enfin, l'avocat de l'AWAAB, Ronald Spencer, apporte un éclairage nouveau sur la
complexité de la situation.
Biographie
Chris Rodley travaille à Londres comme réalisateur indépendant depuis 25
ans. Il a réalisé principalement des documentaires et des séries sur l'art pour
la télévision britannique. Il a également publié deux livres, l'un sur David
Lynch et l'autre sur David Cronenberg.
Filmographie
Making Naked Lunch (1992), 11e FIFA ; This Is Modern Art (1999) ;
Pornography: A Secret History of Civilization (2000) ; Andy Warhol: The
Complete Picture (2002), 21e FIFA ; Lord Byron: An Exile on Fame Street (2002),
22e FIFA ; Johnny Cash: The Last Great American (2004) ; Impressionism: Revenge
of the Nice (2005) ; The Genius of Photography (2006), série.
Commentaires de Michel Handfield (19 mars
2008)
La fondation Warhol (www.warholfoundation.org/) et le Andy
Warhol Art Authentification Board ont le contrôle de l’œuvre du maître et de
son authentification. Cela pose problème, surtout que le comité d’authentification
est dans le secret des dieux. Il n’y a pas de débats possibles : c’est In
ou c’est Out. Ils se réservent même le droit de changer d’opinion avec le
temps, ce qui crée une incertitude supplémentaire et continuelle comme une épée
de Damoclès au dessus de leurs œuvres. Des doutes sont aussi soulevés sur la qualification des membres de
ce comité. Bref, le film soulève bien des questions.
Pour ma part, je me suis moi aussi posé plusieurs question sur ce cas,
mais aussi sur le marché de l’art, car c’est un commerce ne l’oublions pas!
D’abord, avec la demande qui s’accroit, s’il y a intérêt à faire des faux, il y
a aussi intérêt à réduire la circulation des originaux pour en accroitre la
valeur. Cependant, ça ne veut pas dire que le comité classe sciemment des vrais
comme étant des faux. C’est beaucoup plus complexe que cela, surtout une fois
qu’un artiste n’est plus, physiquement ou mentalement. On authentifie donc les
pièces sur des critères rationnels. Mais, un artiste peut avoir dévié de ses
propres sentiers, que ce soir pour des amis ou pour des raisons pédagogiques
par exemple, ce qui pourrait être vrai de certains cas présentés ici. L’authentification devient alors difficile.
Inversement, un faux qui suivrait certains critères pourrait passer le test,
car il y a quelque chose de subjectif dans l’art!
Pour ajouter au problème, c’est qu’Andy Warhol ne produisait pas seul à
la Factory (1): il avait des collaborateurs qui travaillaient avec lui. Il
pouvait donc signer l’œuvre qui correspondait à l’esprit Warhol, mais certains
collaborateurs pouvaient aussi la signer à sa demande. C’était l’esprit Warhol qu’on produisait et qu’on
authentifiait! Mais, pour compliquer encore plus les choses, certaines œuvres
étaient aussi faites par processus industriel, par impression par exemple. De
quoi se tirer les cheveux pour qui a une œuvre de Warhol et pour qui a à
l’authentifier dans ces conditions. On comprend donc toute la difficulté à
authentifier ces œuvres, mais aussi toute la frustration d’avoir un Warhol qui
nous a été donné par le maître et qui est déclaré faux par le comité! Bref,
l’art fait Pop ici!
Note :
1. http://fr.wikipedia.org/wiki/Factory
www.warhol.org/interactive/silkscreen/main.html
www.nyc-architecture.com/MID/MID025.htm
---
France/2006/Betacam/couleur/52
min/français
Réalisation : Jean-Loïc Portron
Production : Palette
Production/ARTE France Les foyers de création
Commentaires de Michel Handfield (13 mars
2008)
Venise était une république riche. Ville d’eau et de commerce, avec
l’orient et les musulmans, le risque est élevé, mais le profit à sa mesure.
Elle se fait donc belle, car la beauté exprime la puissance. Riche et
puissante, elle attire les meilleurs artistes.
C’est là un documentaire intéressant non
seulement sur la ville et l’art, mais sur l’histoire. Une histoire « miraculeuse »
du point de vue des vénitiens, car Venise est sortie de la boue d’une lagune.
Les vénitiens se considèrent d’ailleurs comme des élus de Dieu pour cette
raison.
Capitalisme, pouvoirs, mondialisation… tout existait déjà à Venise.
Cependant, quand on attire la convoitise, on excite aussi l’envie. Guerre ou
terrorisme ne sont pas loin. Se défendre coûte cher…
Un documentaire intéressant sur le passé, mais qui éclaire le présent
comme une toile nous offre une fenêtre sur nous même. Le passé n’est-il pas
garant de l’avenir d’ailleurs?
Notes du
FIFA
Comment préserver son indépendance quand on est cerné par des puissances
considérables ? Comment exister face à ces géants que sont l'empire espagnol de
Philippe II ou l'empire ottoman du sultan Selim II ? Un des éléments de réponse
se trouve dans la splendeur de Venise. L'art soutient le prestige de Venise, il
suggère sa puissance, en donne l'illusion. L'audace et la liberté d'esprit du
Tintoret (1518-1594), de Véronèse (1528-1588) et surtout de Titien
(1488/90-1576) s'accordent avec l'insolence de la ville-État, qui n'accepte pas
qu'on lui dicte sa conduite et trouve toujours moyen de suivre sa propre voie,
quels que soient les obstacles. Vers 1575, il n'y a pas de ville plus riche ni
plus glorieuse que Venise. Le visiteur qui l'aborde est transporté dans un
univers étrange, sans égal. Le mouvement des bateaux, les reflets de la lumière
sur l'eau, la beauté des femmes, tout surprend. Dans la réalité, le triomphe de
Venise est sans doute moins éclatant. D'autres États se posent en rivaux,
notamment les empires turc et espagnol, plus vastes et qui ne cessent de
s'étendre. Mais Venise ne veut rien laisser paraître. Elle s'en remet à ses
architectes et à ses peintres qui ont tous un même but : accroître sans cesse
la beauté de la ville pour en maintenir la gloire. En 1575, Titien, Véronèse et
Le Tintoret sont à l'œuvre et leur génie rejaillit sur Venise. Aucune autre
ville n'a su mêler aussi intimement son destin à l'art.
Biographie
Après un DEA en lettres, Jean-Loïc Portron rejoint en 1980 l'équipe des
Ateliers Varan, des ateliers de formation et de réalisation documentaire.
Filmographie
Enquête sur
un paysage tranquille (1992) ; La Marne ou l'invention du dimanche (1993) ; la
série Paysages (1991-2000), qu'il a écrite et coréalisée ; L'Écosse et La
Norvège, dans la série Voyages, voyages ; Bruges au XVe siècle (2001), 21e
FIFA, Rome, 1785 (2002), Séville, 1640 (2003), New York, 1943 (2004), 23e FIFA,
dans la série Les foyers de la création ; plusieurs titres de la collection
Arts du mythe, dont Figure d'ombres chinoises (2007).
---
Belgique,
Mauritanie/2007/Betacam/couleur/56 min/arabe s.-t. français
Réalisation : Kati Lena Ndiaye
Participation : Khady, Massouda,
Cheicha
Production Neon Rouge
Commentaires de Michel Handfield (13 mars
2008)
La parole est donnée à des femmes que l’on n’est pas habitué d’entendre.
Des musulmanes du désert. Si certaines sont plus réservées, ces 3 femmes
parlent. Il y en a même une qui ose beaucoup,
Khady je crois. Elle travaille au dispensaire. Comme elle le dit, il
n’est pas équipé pour faire des avortements, mais elle mentionne que ça se fait
quand même ailleurs, au noir, avec des risques naturellement. En parler, c’est
déjà quelque chose dans cette société normée par la coutume ancestrale et la
religion.
On est encore loin d’ici cependant, car le premier mari est choisit par
les parents. Ces femmes le comprennent, car on fait cela pour éviter les
accidents, c’est-à-dire perdre sa virginité ou tomber enceinte. Après, par
contre, la femme décide. Elle peut divorcer et se remarier à sa guise. Khady en
était à son 5e mari je crois.
On considère souvent que les femmes sont faibles, mais, pour elles,
elles sont souvent plus fortes que les hommes, sauf qu’elles sont plus
facilement déstabilisées! Si ces femmes parlent librement, la culture pose
quand même un certain frein. Elles reconnaissent elles mêmes que « l’éducation et les mœurs empêchent
d’exprimer nos sentiments. » Ça ne veut donc pas dire qu’elles n’ont
pas des gouts qui seraient comparables aux femmes occidentales, mais ça ne leur
est pas encore accessible. C’est à s’en rappeler, car quand on les enferme dans
leur culture, au nom d’un certain multiculturalisme de bon aloi, on nuit peut être
à leur émancipation. L’enfer n’est-il pas pavé de bonnes intentions?
Il faut écouter ces femmes d’ailleurs, car on y trouve des
ressemblances. Pourront-elles un jour changer les choses ou leur culture
constituera-t-elle toujours un frein? Le changement sera long, mais si on
regarde les changements qu’a connu le Québec au cours du XXe siècle, en passant
du droit de vote au travail des femmes, cela est possible même si le chemin
peut être long et ardu.
Notes du FIFA
Oualata, la ville rouge à l'extrême est du désert mauritanien. Dans cet
îlot, rempart contre les sables, la vie s'écoule comme un long fleuve
tranquille. La plupart des hommes sont partis chercher fortune dans les grandes
villes du pays, laissant les épouses seules avec les vieillards et les enfants.
Les femmes s'adonnent à l'art de la peinture, elles décorent les murs des
maisons de la ville. Dans une société qui semble dominée par la tradition, la
religion et les hommes, trois d'entre elles, Khady, Massouda et Cheicha,
s'expriment avec une surprenante liberté sur leur perception de la relation
entre hommes et femmes. La première est très espiègle, la deuxième s'exprime
avec humour et la troisième est plus réservée. Sourires, silences, soupirs.
Drapées dans leur melhafa, ce voile de coton léger aux couleurs chatoyantes qui
les cache en même temps qu'il les pare et leur apporte une séduction magique,
elles livrent ici leurs propos intimes à la réalisatrice en toute confiance.
Biographie
Née au Sénégal, Katy Léna Ndiaye est journaliste. Très jeune, elle suit
ses parents en France, puis choisit de s'établir à Bruxelles. Elle signe ici
son deuxième film.
Filmographie
Traces, empreintes de femmes
(2004).
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Pays-Bas/2005/Betacam/couleur,
n. et b./55 min/anglais
Réalisation :
Hans Pool, Maaik Krijgsman
Participation :
Eddie Adams, Pablo Bartholomew, Jean-Marc Bouju, Mustafa Bozdemir, Malcolm W.
Browne, Larry Burrows, Charlie Cole, Arko Datta, Frank Fournier, Hocine, Nick
Ut Cong Huynh, Dorothea Lange, Georges Merillon, James Nachtwey, Lucian
Perkins, Erik Refner, Oliviero Toscani, David Turnley, Peter Turnley
Producteur :
IdtV, NPS, RNTV
Distribution
First
Run/Icarus Films
Commentaires de Michel Handfield (13 mars
2008)
Le pouvoir de l’image. Une position
politique parfois, économique d’autre fois, car l’image fait vendre.
Par la photo, on est à l’intérieur de l’événement. On ressent l’émotion
ou la froideur des acteurs. L’image peut être un plus ou dévastatrice. Elle est
aussi éditoriale, car il y a un message derrière l’image. C’est ainsi que la
photo de « Charlie Cole représentant
un étudiant faisant seul face aux tanks sur la place Tienanmen, à Beijing, en
1989 » envoie le message que l’individu peut arrêter le système.
Un message symbolique cependant, car on sait que la répression a eu lieu quand même. Puis, des relations d’affaires se
sont développées avec la Chine au point qu’elle est maintenant l’atelier de
l’Occident! On a même appris, au moment où nous écrivions ce texte, que les États-Unis ont retiré la Chine de
leur liste des pires violateurs des droits de l'Homme! (1) Commerce oblige
probablement, car comment commercer avec quelqu’un que l’on condamne en même
temps comme un des pires violateurs des droits de l’Homme? Alors, même si cette
photo a un petit côté chrétien, le Christ qui s’oppose à la répression, et
qu’elle a certainement eu un succès aux États-Unis et ailleurs dans le monde
occidental, l’idéologie économique est quand même la plus forte. Ainsi, 20 ans
plus tard on se dit que les droits de l’Homme seront assurés par l’ouverture
économique! Il en va ainsi des images : elles sont publiées en évidence si
elles donnent sens à l’idéologie défendue. Mais, dans un autre contexte
idéologique ou un autre temps, elles auraient tout simplement été mises à
l’écart.
Si une série de photos peut être une mémoire historique de
l’humanité, une photo publiée seule et hors contexte, avec le cadrage approprié
ou après avoir passé à « photo shop »
(2), peut être un outil de propagande fort puissant. On peut y mettre tous nos
désirs ou nos interprétations au point de la transformer en un message fort. Ne
dit-on pas qu’une image vaut mille mots? Si la publicité le fait régulièrement,
les médias peuvent aussi le faire. Il est important d’en être conscient quand
on sait qu’une image peut devenir la réalité!
La photo a aussi un aspect commercial, comme le dit Oliviero Toscani
reconnu pour ses campagnes publicitaires pour Benetton. (3) Elle doit attirer
l’œil pour faire vendre le journal ou le
magazine qui la publie, surtout si elle est en première page. Elle doit aussi
faire vendre les annonceurs, ou au moins ne pas aller contre eux. De toutes les
manières on peut y voir une récupération commerciale, car autant les articles
que les images ciblent le public que l’on vend aux annonceurs. Dans une revue
de gauche on n’aura pas la même publicité que dans un magazine de droite par
exemple, car ce n’est pas le même public cible. On annoncera davantage l’auto
hybride à gauche et le symbole de puissance et de statut social à droite.
D’ailleurs, avez-vous déjà remarqué que dans le mot publicité il y a les mots
public et cité? Ce n’est certainement pas un hasard. Les médias sont d’abord au
service de la consommation, parce que sans consommation ils n’existeraient pas, et le principal lieu de consommation est la
cité. Ce n’est pas pour rien que les médias se concentrent dans les grandes
villes et traitent d’abord des affaires de la grande ville avant des affaires
régionales, à moins que celles-ci ne rejoignent un large public. Si leur rôle
est d’informer, leur objectif est d’abord de rejoindre le plus large public
possible pour le bien des annonceurs, car on leur vend du lectorat. Il faut
donc que la nouvelle intéresse. Si la nouvelle est importante, mais n’intéresse
qu’un faible segment de la population, elle se retrouvera dans les brèves, car
peu vendeuse! Ainsi va le commerce de l’information. Seul des médias
indépendants et soutenus par leurs artisans, comme Societas Criticus, peuvent
faire un peu différent. Mais, on doit aussi faire attention de ne pas nous
fermer de portes, car nos moyens sont limités, étant publié à compte
d’auteurs.
C’est donc un film fort intéressant et qui fait réfléchir sur l’image et
les médias. Par contre, j’y ai vu un autre sujet en filigrane et qui pourrait faire l’objet d’un
autre documentaire : le dilemme du photographe qui prend la photo
d’un drame, mais ne peut porter assistance à personne en danger. Comment se
sent-il? Croit-il que sa photo pourrait contribuer à changer une situation? Devient-il
cynique avec le temps, à mesure qu’il couvre ce type d’événements sans que rien
ne change finalement?
C’est un film que j’ai trouvé fort intéressant et qui va loin dans
l’analyse des quatre photos suivantes, mais aussi de l’image en général dans
l’information et le marketing moderne :
- La photo
d'Eddie Adams représentant l'exécution publique d'un prisonnier vietcong à
Saigon en 1968;
- La
dernière image du président Salvador Allende à la suite du coup d'État au Chili
en 1973, signée d'un photographe anonyme;
- Le cliché
de Charlie Cole représentant un étudiant faisant seul face aux tanks sur la
place Tienanmen, à Beijing, en 1989 (celle dont j’ai le plus parlé ici);
- La photo
de David Turnley montrant un soldat en pleurs qui vient d'apprendre la mort
d'un ami pendant la Guerre du golfe en 1991.
Hyperliens :
Le site du
film : www.frif.com/new2007/icon.html
D’autres
infos sur : www.cbc.ca/correspondent/060423.html
Notes :
1. Sylvie
Lanteaume (Agence France-Presse), Droits de l'Homme: Washington retire la Chine
de sa liste noire, cyberpresse.ca : mardi 11 mars 2008 : www.cyberpresse.ca/article/20080311/CPMONDE/80311143/6644/CPMONDE. La situation de la Chine serait cependant toujours préoccupante :
« La Chine, qui figurait l'an dernier et en 2005
sur cette liste des «pires violateurs systématiques des droits de l'Homme dans
le monde», est reléguée en cette année de Jeux olympiques au rang de «pays
autoritaire en pleine réforme économique ayant vécu des changements sociaux
rapides mais n'ayant pas procédé à des réformes politiques et continuant à nier
à ses citoyens les droits de l'Homme et les libertés fondamentales basiques
».
2. www.adobe.com/fr/products/photoshop/photoshop/
3. http://fr.wikipedia.org/wiki/Oliviero_Toscani
Notes du FIFA
Chaque année depuis cinquante ans, un jury professionnel de la fondation
World Press Photo désigne les meilleures photos de presse de l'année dans le
cadre du plus grand concours dans le domaine du photojournalisme. Certaines de
ces images ont eu un tel impact sur la société qu'elles sont devenues des
symboles de leur temps. Le film examine comment des photos deviennent des
icônes et révèle qu'une fois une photo publiée, les forces sociales entrent en
jeu, hors du contrôle du photographe. Quatre photos primées sont commentées par
leurs auteurs et par des personnalités éminentes du monde de la photographie :
la photo d'Eddie Adams représentant l'exécution publique d'un prisonnier
vietcong à Saigon en 1968 ; la dernière image du président Salvador Allende à
la suite du coup d'État au Chili en 1973, signée d'un photographe anonyme ; le
cliché de Charlie Cole représentant un étudiant faisant seul face aux tanks sur
la place Tienanmen, à Beijing, en 1989 ; et enfin la photo de David Turnley
montrant un soldat en pleurs qui vient d'apprendre la mort d'un ami pendant la
Guerre du golfe en 1991. Les histoires de chacune de ces images mondialement
célèbres sont racontées, planches-contact à l'appui.
Biographie
Hans Pool a étudié le cinéma à l'Académie royale de La Haye, aux
Pays-Bas. Il est réalisateur de documentaires et caméraman. Né en 1969, Maaik
Krijgsman fait des études de psychologie à l'Université Utrecht. Il est recherchiste,
monteur, scénariste et réalisateur. Il collabore régulièrement avec Hans Pool.
Filmographie
Hans Pool : Polderweg 106 (1992) ; A New Horizon (1994) ; The Wedding
(1994) ; Single Luck (1998) ; Three Weeks Party (2000) ; A Principle Choice (2001)
; Tomorrow I Will Be the Bride (2001) ; Boundless Desire (2003) ; All About
Theatre (2004) ; De Genco's (2004) ; The Official Tribute to Senna (2005) ;
Pain (2006). Maaik Krijgsman : Vechtershart (2003) ; Bint (2006) ; 26.000
gezichten — Shanjar (2005) ; Pijn (2006) ; Profiel: Beckenbauer & Cruijff
(2007) ;You Are Your Own Limi — Sofia Boutella (2007) ; See You in Vegas
(2007).
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LIBRARY ON ICE — LUTZ FRITSCH IN THE ANTARCTIC
BIBLIOTHEK IM EIS — LUTZ FRITSCH IN DER
ANTARKTIS
Allemagne/2007/Betacam/couleur/44
min/allemand s.-t. Anglais
Réalisation : Maria Anna Tappeiner,
Reinhard Wulf
Production : WDR, 3sat
Commentaires de Michel Handfield (13 mars
2008)
Rien ne décrit mieux l’antarctique que
d’y être. La particularité, c’est qu’il n’y a aucun point d’accroche à
l’horizon. Tout se confond sur fond blanc. Alors, quelle fut l’idée d’aller
installer une bibliothèque en antarctique? Les pingouins auraient-ils commencé
à lire? Non, même s’il n’y a que des pingouins sur la banquise. C’est qu’il y a
cependant des humains sous celle-ci! Les descendants d’Atlantide que l’on
cherchait? Non plus. Plutôt des scientifiques et du personnel technique, car on
trouve la base scientifique de Neumayer sous 11 mètres de glace et de neige en
Antarctique. C’est à eux qu’à pensé l'artiste colonais Lutz Fritsch en faisant
ce projet hors du commun, car artistique et utilitaire à la fois.
Il a en effet décidé de leur
offrir un lieu qui ouvre sur l’extérieur. Quoi de mieux qu’une bibliothèque,
qui ouvre symboliquement sur le monde par la culture, et de la placer à
l’extérieur de la station, donc sur la banquise, avec une fenêtre qui donne justement sur
l’extérieur pour symboliser cette ouverture? Rien, car tout est là. C’est de ce projet dont rend contre ce film.
C’est bien d’avoir l’idée, encore faut-il la
réaliser. Cela pose des problèmes techniques et des questions symboliques, que ce soit de matériaux, de
couleurs ou de transport. Lutz nous explique tout cela, mais aussi la
particularité de l’antarctique et du projet du point de vue de l’artiste. Fort
intéressant. Par exemple, les quincailleries n’existent pas en ce lieu, donc il
faut tout prévoir. Ne pas manquer une vis. Il faut aussi des matériaux de
qualité pour résister à l’usure du temps. Et des livres pour meubler cette
bibliothèque. Mais, lesquels? Lutz a donc demandé à des artistes et des
scientifiques de choisir des ouvrages pour ce lieu et de les dédicacer à
l’intention de ces gens coupés de toute civilisation. Il a donc eu un large
éventail de livres, allant du roman au livre d’art; du format de poche à
l’exemplaire unique fait par des artistes pour la circonstance. Une
bibliothèque unique en son genre, car elle est comme une arche de Noé de la
culture dans ce lieu hors de la civilisation. Mais, en même temps, elle
ressemble à tout ce que nous trouvons en librairie! Elle marque la
civilisation.
Naturellement, nous avons
aussi droit à un point de vue artistique sur ce lieu qu’est l’antarctique. Sur
sa beauté, son immensité et sa différence. Fort intéressant.
Notes du FIFA
La station antarctique allemande Neumayer est située sur le site de
recherche polaire de Ekström-Schelfeis, au nord-est de la mer de Weddell
(latitude : 70° 39,00' sud, longitude : 8° 15,00' ouest). Pour des raisons
techniques, la station est ensevelie sous onze mètres de neige et de glace.
L'espace de travail et de vie des neuf scientifiques qui y résident pendant
quinze longs mois est équipé de lumières au néon. Les chercheurs travaillent
donc dans le noir des profondeurs glaciaires, car la lumière du jour ne pénètre
pas dans ce lieu. À la droite de la station, l'artiste de Cologne Lutz Fritsch
a conçu une « bibliothèque sur glace », pouvant être utilisée à la fois comme
bibliothèque et comme aire de repos par les chercheurs de la station. Après
avoir participé à une expédition en Antarctique pendant l'hiver 1994-1995, Lutz
Fritsch a fait l'expérience de l'inhospitalité de cette région polaire et de
l'isolement de ceux qui y travaillent. Il a imaginé un lieu de retraite, un espace
propice à la contemplation et au calme où il serait possible de méditer sur la
vie en Antarctique, sur la nature et la civilisation, et sur notre manière de
considérer notre environnement. On y trouve un millier de livres envoyés et
dédicacés à sa demande par des artistes, des chercheurs et des scientifiques de
toutes disciplines. Lutz Fritsch a photographié et saisi avec une caméra vidéo
la création, le transport et la construction de cette bibliothèque unique, au
bout du monde.
Biographie
Maria Anna
Tappeiner est historienne d'art. Elle vit à Cologne, où elle travaille comme
conservatrice et documentariste indépendante pour la télévision allemande.
Responsable des documentaires sur l'art à la chaîne de télévision allemande WDR
à Cologne, Reinhard Wulf a aussi été critique et historien du cinéma. Il a
écrit sur les réalisateurs Curtis Bernhardt, Douglas Sirk et Billy Wilder.
Filmographie
Maria Anna Tappeiner : Urs Breitenstein (1998); William Kentridge —
Drawing the Passing (1999), coréal. Reinhard Wulf, 18e FIFA; Gary Hill: I
Believe It Is an Image (2001), coréal. Reinhard Wulf, 21e FIFA ; The Body as
Matrix — Matthew Barney's Cremaster Cycle (2002), 21e FIFA ; Art on Air — Gerry
Schum's Television Gallery (2003) ; Richard Serra: Film & Video (2004) ;
Sophie Calle: Dirty Work (2004) ; Richard Serra — Thinking on Your Feet (2005),
25e FIFA ; Hiroshi Sugimoto — Visions in My Mind (2007), 26e FIFA. Reinhard
Wulf : Michel Deville (1992) ; Claude Sautet (1993) ; Carl Theodor Dreyer's
Gertrud (1994) ; New Sight, New Sound — Restoring Silent Films at Photoplay
(1998) ; Tom Tykwer (2000) ; James Benning — Circling the Image (2003) ;
Christian Petzold (2005).
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It's a Free World (Un monde sans frontières)... de Ken Loach
En salle le 4 avril
Montréal, le 20 mars 2008 – It's a Free World, le plus récent long métrage de Ken Loach,
prendra l’affiche le 4 avril prochain. Le film a valu à Paul Laverty (scénariste du précédent film de Ken Loach Le Vent se lève) le Prix du meilleur
scénario à la Mostra de Venise 2007.
Angie, trentenaire britannique issu de milieu
modeste, fille mère d'un jeune garçon, accumule les petits emplois ingrats et
mal payés à Londres.
Elle est injustement licenciée d’une agence britannique de travail temporaire qui
recrute de la main d'œuvre bon marché dans les pays de l'ancien Bloc de l'Est. Pleine de
belles idées humanistes, elle décide alors d'ouvrir sa propre agence de travail
temporaire avec son amie colocataire Rose, utilisant dans un premier temps
comme point de rassemblement l'arrière-cour du pub d'un ami et leur
logement comme bureau. D'importants clients incitent rapidement Angie à leur
fournir des travailleurs
immigrés sans papiers à exploiter en lui faisant miroiter les sommes
d’argent importantes à gagner. Malgré les facilités d'abuser des pauvres gens
sans recours, Angie se promet de rapidement régulariser son affaire mais
l'appât de gains importants et faciles dans des milieux sans états d'âmes finit par avoir
raison de son humanisme et de ses belles idées de justice humaine...
Réalisateur
et documentariste britannique engagé, Ken Loach livre à 71 ans un film sur
l’exploitation des travailleurs immigrés en Grande-Bretagne. Depuis ses débuts
dans les années 60, le réalisateur a imposé une certaine façon de faire du
cinéma, si bien qu’il est considéré par ses pairs comme « le travailleur social
du cinéma britannique ». Réalisateur aux
talents multiples, il a marqué une génération de cinéphiles avec des œuvres
comme Kes (1969), Family Life (1971), Black
Jack (1979), Looks and Smiles
(1981), Raining Stones (1993), Ladybird (1994), Bread and Roses (2000), Sweet Sixteen (2002)
ou un des courts métrages du collectif 11’09’’01.
En 2006, Ken
Loach a reçu la Palme d'or lors du 59e Festival de Cannes pour sa
vision de la guerre irlandaise d'indépendance dans Le Vent se lève.
Le film
prendra l’affiche en version originale anglaise sous-titrée en français à
Ex-Centris et en version originale anglaise à l’AMC. It’s a
Free World est distribué par Équinoxe Films.
Commentaires de Michel Handfield (8 avril 2008)
J’ai vu ce film en visionnement de presse,
mais j’aurais aussi bien pu le voir dans le cadre du festival des films des
droits de la personne vu son sujet : le travailleur comme ressource dans
un monde sans frontières. Sans frontières? Vraiment?
En fait, si ce monde est sans frontières
pour l’entreprise, qui peut fermer une usine à Montréal, Detroit ou New-Glasgow
et produire dorénavant à Taipai ou à
Dalian, la migration économique est beaucoup plus difficile pour le
citoyen victime de cette mondialisation. C’est ainsi que les émigrants
économiques sont menacés de déportation et constituent une main-d’œuvre docile
pour ne pas attirer le regard sur eux, par peur de déportation. Les entreprises
le savent et en profitent, car la loi n’est pas très sévère à leur égard…
surtout si elles ont été bernées (complaisamment) par de faux papiers. Puis,
cela leur assure une main-d’œuvre docile et à rabais pour répondre à la
concurrence étrangère venant de là où il n’y a pas de normes sociales et de
lois du travail, bienfaits d’une mondialisation que nos États défendent. Pourtant,
les États devraient être les premiers à vouloir discipliner cette
mondialisation s’ils n’étaient pas au service d’entrepreneurs qui veulent en
profiter au dépends des autres valeurs humaines. Des capitalistes qui voient
qu’il peut être très rentable de produire dans des pays qui n’ont pas de normes
environnementales, en sécurité au travail ou de lois concernant le travail des
enfants, mais où, en contrepartie, les syndicalistes, les intellectuels et les
opposants sont contrôlés, voir emprisonnés! Si on reste les yeux ouverts, on
détourne cependant le regard. Voilà dans quoi nous plonge ce film.
On
découvre ce monde avec Angie, britannique qui recrute de la main-d’œuvre en Europe de l’est,
mais qui perd son job parce qu’elle n’a pas été fine après le travail, au bar,
avec des personnes importantes pour l’agence! Quand le Pouvoir est du côté de
l’entreprise, l’employé est traité comme une merde! Elle va se relever
rapidement et apprendre. Partir sa boite de recrutement en se promettant de
faire différemment. D’être plus honnête, sauf que la concurrence et la demande
feront qu’elle devra se plier au système et fournir la main-d’œuvre que les
entreprises veulent, car elle a beau être patronne de boite, elle n’est qu’un
rouage d’un système beaucoup plus gros qu’elle.
Elle va donc apprendre à devenir une capitaliste dans cette jungle que
l’État, limité par des frontières, peut difficilement discipliner. Il ne peut
que faire semblant, ayant des lois qui ont des dents, mais des amendes et des
moyens de les faire respecter des plus risibles, car il ne peut se mettre les
entreprises à dos et voir davantage d’emplois s’en aller vers les pays
émergents. Il doit donc ménagers ces entreprises même si elles agissent parfois
comme des voyous. Voilà la réalité que l’on découvrira au fil de ce film qui
nous informe sans en avoir l’air.
On découvre le tiers monde Londonien. On
apprend avec elle les dessous de la profession; l’intérêt du patron, soit
d’avoir un travailleur qui plie au
maximum; et l’individualisme des citoyens, ce qui fait que finalement peu de
gens s’occupent du sort des autres, trop occupé à courir chacun pour
soi, ce qui nous rend vulnérable! C’est ainsi que dans l’indifférence générale
se crée un système parallèle aux yeux et au su de tous, mais que personne ne
voit, les uns par complaisance, les autres parce qu’ils sont trop occupé pour
voir quoi que ce soit dans le monde qui les entoure. Ce n’est pas pour rien que
les thérapies individuelles et « nouvelles
âgeuses », souvent une forme de pensée magique, montent au même rythme
que l’implication syndicale, sociale et politique décroissent. Quant on
s’occupe de soi, on ne s’occupe pas des autres. C’est là le nœud du problème,
car on est divisé. Des individualités face à des organisations qui ont des moyens
disproportionnés de nous imposer leurs vues et leurs façons de faire. Là où nos
problèmes sont souvent communs et mériteraient une approche collective, nous
préférons nous taire et nous croire seul. Travailler sur soi, en vase clos ou
avec notre thérapeute! Comme on l’écrivait autrefois en arrière des livres de
la collection Points politique des éditions du Seuil, il faudrait se rappeler
que « Les problèmes politiques sont les problèmes de tout le monde; les
problèmes de tout le monde sont des problèmes politiques. » (1) Mais, si on a recours aux psys en tous
genres, on a rarement recours aux sociologues et politologues pour nous aider
dans ces dossiers! Malheureusement.
Le capitalisme comme zone franche des
lois, c’est-à-dire où ce qui n’est pas permis pour les citoyens l’est pour les
entreprises, comme de passer outre aux frontières (au nom du libre marché) ou
de faire du trafic de gens, en autant que ceux-ci s’appellent des travailleurs!
Et, dans ce milieu, l’agence de placement se trouve à être l’interface
idéale entre le légal et l’illégal. Le travailleur illégal est ainsi placé dans
une entreprise légale pour répondre à l’entreprise étrangère qui produit à
moindre coût là où il n’y a pas (ou peu) de lois du travail, cela de façon à
inonder les marchés occidentaux avec des produits faits à rabais dans des
économies émergentes. Une haute valeur ajoutée pour l’entreprise, ce que la
mondialisation autorise, pendant que les travailleurs perdent leurs emplois et
s’appauvrissent dans les pays industrialisés occidentaux. Un emploi de vendeur
au salaire minimum chez un grand détaillant mondial ne remplacera jamais un
emploi industriel syndiqué qui a été relocalisé en Chine justement pour
répondre à la demande de ce même marchand! Et, si les travailleurs ou les
syndicats veulent faire comme les entreprises et se déplacer là où va le
travail, les lois les en empêchent, car cette mondialisation n’est pas faite
pour les gens, ni pour les organisations syndicales, mais bien pour les
entreprises. Une façon de leurs assurer la main-d’œuvre la moins coûteuse
possible et de les dédouaner de leurs responsabilités sociales, que ce soit des
mises à pied sauvage ou la fermeture d’une entreprise qui a contaminé une
région. L’entreprise n’a qu’à quitter et laisser les problèmes à la communauté
locale. Le citoyen, lui, ne bénéficie cependant pas de cette immunité.
Voilà ce dans quoi nous plonge ce film
sans jamais nous faire la leçon. Mais, même s’il ne fait pas la leçon, celle-ci
porte. Un film à voir.
Note :
1. Deux livres sur lesquels nous retrouvons cette
maxime au verso :
GORZ, A., 1973, Critique
de la division du travail, Paris, éd. Du Seuil, coll. Point politique.
Morin, Edgar, 1965, Introduction
à une politique de l'homme, Paris: Seuil, Points politique
---
Et puis les touristes (Am Ende kommen
Touristen)
De Robert
Thalheim, Allemagne, 2006-2007, 85 min., 35mm, avec : Alexander Fehling,
Ryszard Ronczewski, Barbara Wysocka, Piotr Rogucki, Lena Stolze. En allemand
avec sous-titres français.
Dans ce deuxième long métrage, le talentueux Robert Thalheim, primé pour
son premier film Netto (présenté lors des Découvertes de 2005), aborde avec
beaucoup d’intelligence et de manière nuancée le sujet délicat de l’Holocauste
et de sa commémoration.
Commentaires de Michel Handfield (3 avril 2008)
Sven, jeune allemand, a décidé de faire son service civil plutôt que
militaire, un choix qui en dit long sur lui. Quant à Auschwitz, ce n’était pas
réellement son choix, mais c’est là qu’on l’a envoyé. Allemand et berlinois, la
réception ne sera pas chaleureuse au premier abord. Il devra donc se faire
accepter. D’abord de monsieur Krzemiński, ancien prisonnier du camp qui y
travaille maintenant à réparer les valises des victimes et à parler de son
expérience de prisonnier d’Auschwitz par sens du devoir : rappeler
l’horreur pour ne pas l’oublier et, surtout, pour ne pas la reproduire. Un
monsieur de 80 ans qu’on ne bouscule pas! Il a ses idées et en vu d’autres.
Mais, il est conscient qu’on pourrait le remplacer n’importe quand par « la liste de Schindler » (1).
***
Ce film parle beaucoup, en ce sens que l’on voit le caractère
allemand : organisé et ordonné. Une société codifiée. Par exemple, c’est
Krzemiński qui a parti ce projet de réparer les valises. Maintenant, on
lui coupe ce travail, soit disant qu’il n’est pas fait dans les règles de la
conservation. Il n’a pas été à la fac ce Krzemiński, alors que le mémorial
d’Auschwitz relève maintenant des musées nationaux. Ceci implique donc une
nouvelle organisation et des procédures de restauration bien précises. Bref, on
le tasse. Le système l’écrase encore une fois au nom d’une certaine
rationalité! L’organisation moderne du travail fait d’ailleurs penser à
l’organisation nazie, que ce soit au camp ou à l’usine chimique du village. On
cherche la productivité et en deçà d’un certain niveau on n’hésite pas à
remplacer les gens, même à délocaliser le travail en Asie, car on ne gère plus
des personnes, mais des ressources humaines. D’ailleurs, la compagnie chimique
allemande qui soutient ce projet éducatif autour de l’ancien camp nazie (car ce
sont de bonnes relations publiques!) peut fermer l’usine n’importe quand au nom
de la mondialisation, d’une trop faible productivité ou de la désuétude de
l’usine par exemple. Les employés polonais le sentent à défaut de le savoir.
J’y ai vu un lien avec « la question
humaine » de Nicolas Klotz d’ailleurs. (2)
Et il y a ces vieilles rancœurs polonaises toujours présentes. On les sent
dans de petits gestes de révolte, un commentaire par exemple, ou une simple
moue parfois. Ce sont aussi les jeunes qui se retrouvent au bar à chanter ou à
danser sur du « heavy metal » par exemple. Il y a là comme une contestation
par rapport à l’ordre allemand. Remarquez que la même révolte se retrouve aussi
chez les jeunes allemands. Une révolte contre un ordre pesant parfois, mais
discret, souvent plein de civilité et de compassion. (3) Qui n’y parait pas,
mais qui est là.
Puis, il y a cette relation qui se
développe entre Sven et Ania, qui travaille aussi au camp, relation qui nous
permet de comprendre subtilement le malaise polonais-allemand. Par exemple, tout le malaise autour
d’Auschwitz est soulevé dans ces quelques mots entre eux :
- Tu vis ou a
eu le plus grand crime de l’humanité. Tu le vis comment ?
-Je suis né
ici. Et toi, t’es allemand ?
La réponse, on
l’aura à la fin dans leurs choix. Et, peut être, dans ceux que l’on peut
supposer. Mais, c’est une toute autre histoire à écrire.
Notes :
1. http://fr.wikipedia.org/wiki/La_Liste_de_Schindler
2. www.evene.fr/celebre/biographie/nicolas-klotz-29721.php
3. Paternaliste, comme on le dit ici.
Autre :
Et puis les touristes sur Évene.fr: www.evene.fr/cinema/films/et-puis-les-touristes-8982.php
---
France /
Liban. 2006. De Nadine Labaki. 35mm. 95 min. Avec Nadine Labaki & Yasmine
Elmasri.
Version
originale française et arabe avec s.-t. Français
"À Beyrouth, cinq femmes se croisent régulièrement dans un institut
de beauté, microcosme coloré où plusieurs générations se rencontrent, se
parlent et se confient.
À la sauce orientale, le caramel en question est une pâte épilatoire qui
mélange du sucre, du citron et de l'eau bouillie jusqu'à devenir ce mélange
consistant dont Layale fait un abondant usage. Elle tient un institut de beauté
dans un quartier ordinaire de Beyrouth, qui est devenu comme le confessionnal
de cinq femmes aux horizons, tempéraments, aspirations et comportements bien
tranchés."
–OUEST
France
"Le premier long métrage lumineux de Nadine Labaki offre un autre
visage de la réalité libanaise. Les femmes en occupent la place centrale
puisque l'action tourne autour d'un institut de beauté. Sous la caméra chaude
et sensuelle de la cinéaste, cet espace de liberté riche en intrigues
sentimentales devient le microcosme d'une société fortement occidentalisée qui
cherche sa voie entre tradition et modernité. Caramel plonge avec un mélange de
légèreté et de gravité au cœur de l'identité féminine et des rapports amoureux
encore sous le joug d'archaïsmes lestés de culpabilité." –24 IMAGES
Commentaires de Michel Handfield (1
avril 2008)
Entre
les films du Festivalissimo et du Festival des films sur les droits de la
personne j’ai été voir Caramel avec ma conjointe. On a aimé, on a ri. Mais,
il y a aussi de la tristesse. Bref, une histoire de filles, car peu importe
l’âge, ce sont toujours des filles quand elles se retrouvent au salon de
coiffure, surtout que ce sont des amies.
Mais,
c’est aussi la famille et les voisins. La vie de quartier. On fait avec les
problèmes, comme la tante d’une des coiffeuses qui s’interdit l’amour à cause
de sa vieille mère perdue, ce qui la retient de s’engager dans une relation
amoureuse naissante. La petite vie quoi. Film d’émotions donc!
Mais,
il y a aussi des révoltes individuelles dans une société normée par Dieu. Ceux
qui croient que les musulmanes sont toutes soumises, détrompez-vous.
Préparez-vous aussi à sourire. Si une fille ne peut louer une chambre d’hôtel
pour recevoir son amant, car elle n’a pas de preuve de mariage, l’autre peut se
faire recoudre l’hymen avant de se marier!
J’y
ai même vu des parallèles avec ici, car certaines en ont marre des normes et
sont prêtes à les faire sauter. Mais, ça ne se fait pas « seule ». On
peut cependant se demander à quelle distance l’on est d’une révolution
tranquille libanaise? De faire sauter le carcan religieux et de séculariser la
société? Je ne sais pas, mais cela est certainement de l’ordre du possible.
Mais, quand? Voilà la question.
Par
contre, même si on fait sauter le carcan, certains sont toujours prêts à le
remettre volontairement. On revendique ainsi un retour à la religion à l’école
au Québec alors qu’on vient à peine d’en sortir… malgré une révolution
tranquille qui date de près de 50 ans! Ne vous découragez pas les filles. C’est
comme pour le caramel : ça colle longtemps, mais ça s’arrache! (1)
Note :
1. Le
caramel, c’est la mixture qu’elles font pour épiler.
---
Dr. Seuss Horton
entend un qui!
Michel Handfield
19 mars 2008
« Horton l’éléphant entend un
beau jour un appel au secours venant d’une minuscule poussière flottant dans
les airs. Convaincu de la présence de vie sur cette poussière, il décide de
venir en aide à ses habitants. » (1) Mais, parler d’un monde dans une
poussière, il y a de quoi passer pour fou et créer des remous autour de soi. Ça
fait une bonne histoire que les enfants, présents à ce visionnement spécial
auquel j’ai assisté, ont appréciée. Les enfants aimeront ce film. Néanmoins,
les adultes aussi.
En fait, ce film présente le mystère de l’univers dans une fable avec
une poussière. On est nous aussi un monde dans d’autres mondes. Dans l’infini
de l’univers nous ne sommes pas plus gros que cette poussière. Aussi fragile.
Pendant ce temps on se chicane sur notre boule de poussière sans réaliser qu’on
tient dans le vide sidéral!
Naturellement, il faut être à l’écoute, comme Horton, pour le saisir.
Mais, le poids de la tradition et de l’idéologie nous empêchent parfois de
saisir certaines choses. Par contre, il ne faut pas non plus que ce qu’on
saisit ne devienne idéologique. Si cette
poussière contient une planète, ce ne sont pas toutes les poussières qui en
contiennent une!
Le miracle, c’est l’établissement du contact entre ces deux mondes de
taille totalement différente. La chance fut que l’éléphant, grâce à ses
oreilles surdimensionnées, aie capté un signal si petit. C’est un peu comme le
projet SETI@home (2) qui est à l’écoute d’un signal dans l’univers. Même si on
ne peut garantir que la vie existe ailleurs, la science est à l’écoute. (3)
Naturellement, si on a droit à ces grandes questions, on a aussi droit
aux caractères humains. Ainsi, nous retrouvons le politicien qui fonce droit
devant en promettant du plaisir alors qu’il y a un mur au premier tournant à
l’horizon. Mais, ce type de politicien a plus de succès que celui qui dit
prudence et qu’il faut changer nos comportements. ON NE VEUT PAS LE SAVOIR!
Bref, nous y retrouvons « les
caractères » de La Bruyère et « le prince » de Machiavel. (4)
Présenter le secret de l’univers et les caractères humains dans une
fable, là est tout le génie de ce film. Et puis, il y a aussi la beauté du
dessin. Si c’est la dernière chose dont je parle, c’était par contre la
première que j’ai noté.
Notes :
1. Tiré du
site www.horton-lefilm.qc.ca/
2. http://setiathome.berkeley.edu/
3. Vouloir
connaître chercher, mettre en cause l’ordre établi qui se base sur un savoir
immuable, voilà la science. Contrairement aux idéologies et aux croyances qui
prennent une vérité pour immuable, la science la prend pour une hypothèse. Un
jour on pourra en démontrer les limites, voir la fausseté. Elle est à l’écoute
de nouveaux faits. En science, rien n’est vrai; les choses ne sont pas fausses.
La science est rationnelle.
4. La Bruyère, Jean de, [1688] 1993, Les
caractères, Paris: Booking
International et Machiavel, Nicolas, 1996 [1532], Le prince, Paris: Booking International.
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La petite pièce en
haut de l’escalier (théâtre)
Du 4 au 29 mars 2008
Au TNM
Du mardi au vendredi à 20 h / Les
samedis à 15 h et 20 h
Réservations 514.866.8668
« Dans
une maison immense, il y a un escalier dérobé. En haut de l’escalier, il y a un
couloir étroit. Au bout du couloir étroit, il y a une porte fermée. Devant la
porte fermée, il y a Grâce, qui regarde, comme hypnotisée. » Grâce
FÉMININ PLURIEL
Carole
Fréchette fait son entrée au TNM avec une pièce qui est tout à la fois un
suspense, une fable, un drame de moeurs et une exploration des méandres d’un
théâtre intérieur. Seule auteure québécoise à avoir remporté le prestigieux
prix Siminovitch, la plus haute récompense décernée à un artiste de théâtre au
Canada, traduite dans pas moins de quatorze langues, elle a été jouée du Liban
à l’Islande, du Sénégal à la Biélorussie, et même en Palestine, où sa pièce Le
Collier d’Hélène fut présentée récemment. Lorraine Pintal, qui a multiplié les
créations et recréations de textes québécois au cours de sa carrière et signé
des mises en scène de textes de Chaurette, Dubé, Gauvreau et Nancy Huston,
aborde pour la première fois l’oeuvre fascinante de Carole Fréchette, qui nous
entraîne dans un monde à mi-chemin de la réalité et du fantasme. C’est à la
comédienne Isabelle Blais, qui a joué Juliette, Ophélie et Elvire sur la scène
du TNM, que revient le défi de donner vie à Grâce, cette femme pleine de grâce
sur qui plane l’ombre terrifiante d’un prince charmant porteur de très grands
secrets, interprété par Henri Chassé. Autour d’Isabelle Blais : Louise Turcot,
Julie Perreault, Tania Kontoyanni, la scénographe Danièle Lévesque1, la
conceptrice de costumes Linda Brunelle, une équipe majoritairement composée de
femmes qui, sous le regard attentif de Lorraine Pintal, s’unissent pour faire
entendre la parole troublante et ensorcelante de Carole Fréchette, qui explore
une fois de plus la part de mystère tapi dans la vie quotidienne.
LE SECRET DE LA CHAMBRE OBSCURE
Grâce semble
vivre un conte de fées. Henri, un homme beau, séduisant et riche, lui a proposé
le mariage après seulement quelques mois de fréquentation. Il lui a offert des
voyages et le luxe de multiples propriétés, dont celui d’une immense maison de
vingt-huit pièces. Ces noces ont comblé les rêves de la mère de Grâce,
Jocelyne, issue d’un milieu modeste, et nourri la rage de sa soeur Anne, mariée
à un homme plus humble et qui consacre ses énergies à des actions
communautaires. Grâce est heureuse dans sa nouvelle maison, en compagnie de la
bonne, Jenny, qui répond à tous ses caprices. Il y a toutefois une condition au
bonheur de Grâce : Henri lui a défendu d’ouvrir la porte de la petite pièce en
haut de l’escalier, qui est son refuge, son antre, sa chambre secrète. Qu’y
a-t-il donc de si redoutable et de si attrayant dans cette pièce en haut de
l’escalier ? Mystère.
UNE PAROLE TROUBLANTE ET ENSORCELANTE
Depuis Baby
Blues en 1991, Carole Fréchette accumule les succès et sillonne la planète. Les
Quatre Morts de Marie, Les Sept Jours de Simon Labrosse, La Peau d’Élisa, Jean
et Béatrice, Le Collier d’Hélène : des pièces qui, presque toujours, portent un
prénom dans le titre et qui témoignent du souci de l’auteure d’ancrer ses
drames dans un destin individuel. Mais ici, avec La Petite Pièce en haut de
l’escalier, Carole Fréchette se livre également à une réécriture du mythe de
Barbe-Bleue et propose un objet fabuleux, au sens propre du terme : une pièce
qui fait craquer les coutures du réel et transforme les personnages en
créatures de fable, porteuses de nos désirs et de nos terreurs les plus
profonds.
LES VOIX DE LA CRÉATION
Directrice
artistique du TNM depuis 1992, Lorraine Pintal a toujours fait place à la
création des textes d’ici. Ainsi a-t-on pu assister à la naissance d’œuvres de
Chaurette, Tremblay, Michel Marc Bouchard et Robert Lalonde, à la renaissance
des oeuvres de Robert Gravel et de Wajdi Mouawad, sans oublier les créations de
Robert Lepage. Fidèle à son désir de participer à l’affirmation d’un véritable
répertoire québécois, Lorraine Pintal et tous les artistes engagés dans cette
création nous livrent un conte énigmatique et fascinant sur nos recoins cachés
et nos peurs intérieures, sur les zones d’ombre de notre conscience et les
fantômes enfouis dans les petites pièces de notre édifice psychique. Ils nous
entraînent dans une maison obscure, une maison dont nous serons amenés à
découvrir progressivement la vraie nature. Là, en haut de l’escalier, se trouve
une pièce… comme on n’en a jamais vue!
Avec
Isabelle Blais / Henri Chassé / Tania Konto yanni /
Julie
Perreault / Jean Régnier / Louise Turcot
Assistance à
la mise en scène et régie Beth zaïda Thomas /
Décor Dani èle
Lévesque / Costumes Linda Brunele /
Éclairages
Cla ude Cournoyer / Musique Michel Smith /
Accessoires
Normand Blais / Maquillages Jacques -Lee Pelletier / Perruques Rachel Tremblay
Commentaires de Michel Handfield (13 mars 2008)
On est dans un conte. Le mythe de
Barbe-Bleue réécrit aujourd’hui. Au
temps du divorce, plus besoin de tuer ses épouses, mais il y a peut être
d’autres des squelettes dans le placard. Ou dans le plafond?
Grâce (Isabelle Blais) a une vie de rêve dans sa maison de 28 pièces,
mais une petite pièce lui est interdite par Henri (Chassé), son mari. Les
interdits sont toujours un appel, comme la pomme pour Ève! On veut y aller,
même si une voix nous dit d’arrêter. Si on nous cachait le nirvana? L’appel de
la drogue, c’est justement celui là. C’est ce qui fait croire à certains qu’il
serait plus facile de combattre les drogue si elles étaient légales, un peu
comme on le fait pour la cigarette et l’alcool par exemple.
Dans sa tête, Grâce est toujours accompagnée de sa mère (Louise Turcot),
sa sœur (Julie Perreault) et de son mari. Elle dialogue continuellement avec
eux, qu’ils soient là ou non, et avec la bonne parfois (Tania Kontoyanni).
Ainsi, sa mère la pousse vers le rêve : « Ne cherche pas à savoir, profite! » Sa sœur voit plutôt des
complots : « Comment est-il
devenu riche? Et s’il est riche, il ne peut être honnête. » Son
mari se justifie : « Il faut
une pièce vide pour laisser circuler les pensées! »
Naturellement elle entrera dans la petite pièce et trouvera quelque
chose. Des squelettes dans le placard ou des squelettes dans le plafond? Voilà
la question.
***
Je n’en dis pas plus, mais trois hypothèses sont plausibles à ce
point-ci. Si elle voit quelqu’un et qu’il est le fruit de son imagination, ce
peut être parce qu’elle est une rêveuse tout simplement. Déjà, petite, elle
rêvait et pleurait tous les soirs. Son imagination la prédisposerait donc à ces
hallucinations éveillées…
Cela peut aussi être plus grave. Une psychose. Toute cette pièce
tournerait donc autour de celle-ci. On serait au cœur de son drame intérieur.
Pas celui qu’elle croit et nous raconte, mais de celui qu’elle vit devant nous!
Nous serions témoin de sa folie.
Et puis, s’il y avait vraiment quelqu’un que l’on veut cacher. Un enfant
malade, fruit d’une ancienne liaison, ou un parent Alzheimer. Chaque année les
informations nous racontent une ou deux histoires du genre. Quelqu’un que l’on
enfermerait plutôt que de le confier à une institution. Cela part souvent d’une
bonne intention, mais dérape rapidement vers le drame humain, incapable ou
impuissant à en prendre soin devant la gravité du cas. Des histoires
impossibles, mais qui arrivent. Des histoires qui nous font réaliser que malgré
l’évolution technique et le développement économique, les drames humains sont
toujours au tournant, pas loin, parfois par manque de ressources ou de support.
Cette pièce soulève donc des questions et nous fait réfléchir, car elle
n’est pas claire. Un peu comme cette petite pièce en haut de l’escalier, qui
excite la curiosité de Grâce. Cette pièce laisse un coin d’ombres dans notre
mémoire. On n’est pas sûr ce qu’on y a
trouvé et elle nous intrigue. On continue à se questionner bien après. Bienvenu
dans le grenier de notre inconscient, au croisement de Perrault et de Freud.
Hyperliens
Barbe-Bleue :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Barbe-Bleue
l’Association
canadienne pour la santé mentale : http://www.cmha.ca/bins/index.asp?lang=2
Fédération
québécoise des sociétés Alzheimer : http://www.alzheimerquebec.ca/
Petit
monde : www.petitmonde.ca/
---
Réalisation:
Louis Choquette
Production
: André Dupuy / Pixcom
Distribution
: Guillaume Lemay-Thivierge, David Boutin, Jacinthe René
Sébastien
Messier et Danny Demers sont amis depuis toujours. Ils ont partagé toutes
sortes de choses, dont la boxe. Après une absence d'un an et demi, Danny
revient à Montréal. Il est au plus creux, rien ne l'attend. Sébastien, au
contraire, est sur sa lancée. Il prépare le combat de sa vie, pour le titre de
champion du monde. Les retrouvailles des deux amis sont émotives, remplies de
souvenirs et de promesses. Jusqu'à ce qu'un événement dramatique vienne briser
leurs trajectoires. Aveuglé par l'ambition, Sébastien a perdu l'essentiel. Il
est à la dérive. C'est le désir de se mesurer à Danny qui lui donne le goût de
reprendre sa vie en main. Au début, Sébastien croit qu'il n'a qu'à retrouver sa
forme physique pour prouver sa supériorité. Mais les fantômes du passé
ressurgissent. Il trouve alors le courage d'affronter ses démons jusqu'à donner
à Danny une preuve ultime de son amitié. La ligne brisée raconte l'histoire de
deux amis qui sont la mesure l'un de l'autre, pour le meilleur et pour le pire.
Elle nous rappelle que se tenir debout dans la vie, c'est pas mal plus
difficile que de rester debout sur un ring.
Commentaires de Michel Handfield (7 mars 2008)
Après un an et demi d’absence,
deux amis se retrouvent. On va au bar et on déconne en gang. Tout y
passe : boxe, folie de jeunesse, succès, et j’en passe. Dany (Guillaume
Lemay-Thivierge), le revenant, et Sébastien (David Boutin), à quelques semaines
de son championnat du monde, repartent ensemble comme au bon vieux temps et on
pense à un chum mort bêtement : une allergie aux arachides alors qu’il se
défonçait tout le temps. On se dit qu’il faut profiter du moment présent à sa
mémoire. Au boute! La bière, l’auto, le déconnage… puis l’événement que l’on
veut oublier. Ce sera comme une nouvelle brasse aux cartes. Des choses
changeront pour Dany et Sébastien, mais ils n’en seront pas conscients
immédiatement.
Puis, on reprend l’histoire 5 ans
plus tard. Dans sa tête Sébastien est toujours le « king » et
Danny jamais sûr de lui, comme s’il ne
contrôlait pas sa vie et dépendait du hasard et du regard des autres. Quelque
chose reste à régler entre eux. Pourront-ils recoller la ligne? C’est là toute
l’intrigue du film, dont il est difficile de parler sans vendre de punchs.
On
est dans l’égo et la confiance en soi. Celle de l’homme. Du combattant. La boxe
est un contexte qui permet d’en saisir toute la profondeur, car dans le ring nous
avons deux hommes face à face. C’est un film d’émotions, mais de peu de mots,
car beaucoup passe par les regards et les silences. Ça n’aurait pas pu être
fait avec le hockey ou le football, même si on peut y régler bien des choses, car on n’est pas seul, mais en
équipe. Ici, c’est entre les deux amis qui ont fait les 400 coups ensemble que
ça doit se passer. Ce qui est bien avec la boxe, c’est qu’on est justement face
à face dans un enclos : le ring. Bienvenu au pays des hommes à fleur de
peau, mais hérissé à la moindre occasion. Au pays des Hilton et de quelques
autres…
Dans l’imagerie populaire le
délinquant n’est jamais loin derrière le boxeur. Il vient souvent d’un milieu
un peu dur et s’est sortie de la délinquance grâce à la boxe qui a canalisé son
trop plein d’énergie et l’a discipliné. La boxe qui donne un but, une
discipline et une famille. Au hockey ou au football, ce ne peut être la même
chose, car on voit des parents payer un équipement assez dispendieux à leurs
jeunes et, surtout, les accompagner à 6
heures du matin pour leurs pratiques. Ce n’est pas le même milieu. La boxe
donne donc quelque chose de plus à cette
histoire : de la crédibilité! Et les acteurs ont travaillé fort pour
donner une crédibilité à leurs personnages en retour. C’est ce qui fait toute
la grandeur du film.
Ce film
utilise la bonne combinaison de psychologie,
d’action, d’humanisme et de romantisme, c'est-à-dire sans en mettre
trop. Jab, jab, droite et un crochet bien placé pour nous toucher! Il ne
s’adresse pas qu’aux gars dont la testostérone est débordante, mais aussi aux
filles, car il s’agit d’abord et avant tout d’un film psychologique se passant
dans un milieu d’hommes, mais pas d’un film d’hommes proprement dit. Il y aurait beaucoup plus à dire, mais j’ai
effacé les trois-quarts de mes notes, car elles pouvaient révéler des punchs et
ce n’était pas chose à faire. Mais, je peux conclure en disant que c’est un
film sur l’attirance et la répulsion, bref sur l’amitié comme un fil qui peut
se briser.
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