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Societas Criticus et DI, Revues Internet en ligne

 

Societas Criticus

Revue de critique sociale et politique

On n'est pas vache…on est critique!

&

D.I. revue d’actualité et de culture

Où la culture nous émeut!

       

 

 

 

 

 

 

 

 

 

www.societascriticus.com 

 

Vol. 10 no. 2

(Du 3 mars au 12 avril 2008)

Cette revue est éditée à compte d'auteurs.

 

Pour nous rejoindre:

societascriticus@yahoo.ca

Societas Criticus

C.P. 182, Succ. St-Michel

Montréal (Québec) Canada H2A 3L9

 

Le Noyau!

Michel Handfield, M.Sc. sociologie (U de M), cofondateur et éditeur;

Gaétan Chênevert, M.Sc. (U de Sherbrooke), cofondateur et interrogatif de service;

Luc Chaput, diplômé de l'Institut d'Études Politiques de Paris, recherche et support documentaire.

 

Soumission de texte:

Les envoyer à societascriticus@yahoo.ca. Si votre texte est en fichier attaché, si possible le sauvegarder en format "rtf" (rich text format) sans notes automatiques.

 

Index de ce numéro :

 

La section Societas Criticus, revue de critique sociale et politique

 

Édito 

 

Changements pour l’environnement!

Le français, langue seconde? Pourquoi pas langue d’ici!

Le hockey junior, c’est simple à régler!

Stéphane, qu’attends-tu?

 

Le Journal/Fil de presse

 

Ce René est un faux… Je le sais… C’est le mien

T comme Tibet

Les harceleurs sont parmi nous...Mohamed Lotfi, Journaliste et réalisateur radio

 

La section D.I., Delinkan Intellectuel,  revue d’actualité et de culture

 

Commentaires livresques : Sous la jaquette!

 

Lipovetsky, Gilles, 2002, Métamorphoses de la culture libérale, Éthique, médias, entreprises

 

Nouveaux livres reçus

 

De Cock, Laurence et al., (Sous la direction de),  2008, Comment Nicolas Sarkozy écrit l’histoire de France, France : Agone

 

Arts et Culture

 

La saison du TNM 2008-2009. Tout est sur le site, alors, parlons du reste!

24e vues d’Afrique

DJ XL5 a présenté le RETRO KITSCH PARTY au Cinéma du Parc

La France, une histoire de famille depuis 400 ans.

 

Cinéma et Théâtre (Ciné, Théâtre et quelques annonces d’événements) 

 

Festival des films sur les droits de la personne

 

Killing Time / Temps mort

 Do-It-Yourself

Freedom from Abuse of Power: Torture and Unlawful Imprisonment

Ghosts of Abu Ghraib

 Le prix de l’exode

Mexico illégal

Letters from the Other Side

L’ÉTOILE DU SOLDAT

Americano

Le Déshonneur des Casques bleus

Un coin du ciel (Un documentaire sur le quartier de Parc-Extension)

Une girafe sous la pluie

 

Au festivalissimo

 

Matar a todos

L’Année où mes parents sont partis en vacances

Yo/Moi

 

Quelques films du FIFA 2008!

ANDY WARHOL: DENIED  

VENISE 1575 

EN ATTENDANT LES HOMMES  

LOOKING FOR AN ICON  

LIBRARY ON ICE — LUTZ FRITSCH IN THE ANTARCTIC

 

Programme régulier

 

It's a Free World (Un monde sans frontières)

Et puis les touristes

Caramel

Dr. Seuss Horton entend un qui!

La petite pièce en haut de l’escalier (théâtre)

LA LIGNE BRISÉE

 

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Index

 

Nos éditos!

 

Changements pour l’environnement!

Michel Handfield

 

12 avril 2008

 

        Il ne se passe pas une semaine sans nouvelles sur la santé et l’environnement. Alors, si on doit faire de grands gestes, on doit aussi en faire de plus petits, mais à grande échelle. La déduction fiscale pour la carte autobus-métro en est un. Des déductions pour l’achat d’un vélo en seraient un autre, tant en terme de réduction des gaz à effet de serre que de promotion de la santé. (1) Mais, cela ne doit pas concerner que l’État. Les entreprises doivent aussi faire leur part. Pourquoi pas le stationnement payant et la livraison gratuite sur présentation de notre carte de transport en commun ou d’une preuve que nous ne sommes pas en automobile. Une façon simple d’en réduire l’usage. 

 

Au lieu de subventionner une entreprise comme Bombardier pour des raisons aussi futiles que les variations des taux de change, l’on pourrait lier ces subventions au développent utile en matière de transport collectif. Subventionner  l’implantation d’un réseau de transport interurbain sur rail pour les rives Sud et Nord de Montréal par exemple, ce qui offrirait une vitrine à Bombardier transport (2) et améliorerait du même coup l’offre de service pour les citoyens.

 

Naturellement, l’offre de transport collectif doit s’accompagner d’une diminution du transport automobile et d’entrée de nouveaux fonds pour qu’il soit le plus accessible possible. On doit donc agir à ce niveau aussi. On pourrait ainsi mettre une taxe  spéciale sur tous les produits qui émettent des gaz à effet de serre, que ce soit un aérosol ou du pétrole par exemple. Mais, à la fin de l’année, on aurait droit à un crédit d’impôt représentant la consommation moyenne raisonnable par individu, par famille ou par foyer selon des modalités à déterminer. Cependant, contrairement aux crédits de TPS et de TVQ, ce crédit serait sans égard au revenu, ce qui fait qu’une famille qui émettrait un taux raisonnable de gaz à effet de serre pourrait recevoir un retour d’argent équivalent à ce qu’elle aura payé en taxe verte, peut-être même un peu plus. Par contre, une famille qui aurait surproduit des gaz à effet de serre recevra beaucoup moins que ce qu’elle aurait payé en taxe verte. Ce pourrait être le cas d’une famille qui a une piscine chauffée au mazout et qui ne ménage pas ses déplacements en automobile par exemple. Quant à la famille qui utiliserait le vélo, la marche et le transport en commun plus que de moyenne, elle pourrait recevoir bien davantage que sa contribution. Ainsi, la surproduction de gaz à effet de serre serait punie et sa sous-production récompensée. Les villes pourraient même ajouter un permis de stationnement dont le coût serait exponentiel suivant le nombre de voitures par foyer. La première voiture pourrait être à 100$/an, la seconde à 250$, la troisième à 500$ et la quatrième à 1000 $!

 

Des points d’employabilités pourraient aussi être accordés en fonction de la proximité du travail et du lieu de résidence, car embaucher quelqu’un à 100 km de son lieu de travail crée davantage de gaz à effet de serre que quelqu’un qui demeure dans le même quartier que son emploi, si la personne peut faire le travail naturellement. Mais, la différence entre deux ou trois candidats n’est pas toujours assez grande pour justifier un tel éloignement.  Des points de proximités devraient donc être accordés. Par contre, le candidat le plus éloigné, s’il était le premier choix, pourrait s’engager à ne pas produire davantage de gaz à effet de serre que le plus proche en s’engageant à voyager en transport en commun, à s’acheter un véhicule hybride ou électrique ou en se rapprochant du lieu de travail.  

 

Bref, il faut user de créativité et repenser notre fiscalité, nos normes du travail, et nos programmes de subventions pour atteindre ces objectifs environnementaux dont nous nous targuons tant. On ne peut changer les choses sans bousculer quelques habitudes et quelques vaches sacrées. Cela ferait certainement quelques mécontents, mais gouverner c’est choisir et choisir ne contente jamais tout le monde!   

 

Notes : 

 

1. Pour la santé, on pourrait déduire l’inscription à un gym ou à un centre sportif de son revenu imposable par exemple. Remarquez que dans certains territoires (pays, provinces ou régions) le gym comme le vélo sont peut-être déductibles d’impôt ou le seront un jour, selon certaines modalités naturellement, car la fiscalité est une chose complexe et différenciée d’une région à une autre. C’est aussi une chose qui change dans le temps. Comme je ne suis pas fiscaliste, c’est une question à vérifier au moment de faire votre déclaration de revenus, même à revérifier annuellement, car en ce domaine les choses ne sont pas statiques.   

 

2. www.transportation.bombardier.com

 

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Le français, langue seconde? Pourquoi pas langue d’ici!

Michel Handfield

 

31 mars 2008

 

Dans le journal de mon quartier (1) de cette semaine, il y a une annonce de « cours de français langue seconde » du ministère de l’immigration et des communautés culturelles du Québec. Je ne sais pas si elle est parue dans plusieurs hebdos, ni si elle a attiré votre attention, mais, moi, elle m’a questionné. Vu tous les débats entourant la place du français au Québec, à savoir si notre langue se maintient ou si elle recule, j’ai eu un flash : pourquoi langue seconde? Pourquoi ne pas annoncer « Cours de français, langue d’ici » à la place? C’est peu, mais cela enverrait un message clair, car l’immigrant c’est la langue d’ici qu’il veut maîtriser, la première langue d’ici. Et si le français est la seconde langue, c’est que l’anglais est la première langue en genre et en nombre en en Amérique! Voilà le message qu’on lui confirme.

 

        Je sais qu’en réalité on dit langue seconde parce que pour l’immigrant c’est sa seconde langue après sa langue maternelle, car je connais quand même le sens des mots. Sauf que l’image est parfois tout autre. Inconsciente. C’est pour cela qu’il faut mettre le français un cran au dessus, le qualifiant de langue d’ici. Cela lui donne alors un statut différent. Un prestige. Parfois un geste aussi simple peut faire toute une différence dans les choix des gens. Pensez au marketing : si des gens sont prêts à payer des milliers de dollars pour une montre Rolex, ce n’est certainement pas pour avoir l’heure, car ils ont déjà l’heure sur leur cellulaire, leur portable ou leur PALM et pourraient très bien s’acheter une montre de quelques dollars qui ferait tout aussi bien le travail. S’ils paient plus, c’est pour le prestige que leur donne la ROLEX. C’est pour cela que si l’on place le français comme la langue seconde, on le met sur le même pied que l’anglais langue seconde. Il est nécessairement perdant en Amérique du Nord dans ces conditions. Par contre, si on lui donne un statut supérieur, différent, distinctif, « la langue d’ici », il sera probablement gagnant au Québec. Du moins, je l’espère. Et ça ne coûte rien de l’essayer, car je vous la donne mon idée!

 

Note :

1. Journal de St-Michel, 30 mars 2008, p. 2. www.journaldestmichel.com

 

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Le hockey junior, c’est simple à régler!

Michel Handfield

 

24 mars 2008

 

On fait comme pour les motards: on ferme le chapitre et on retire le permis de la ligue de hockey junior majeur du Québec pour tout le reste de la saison et de la saison prochaine. Ceci devrait leur laisser le temps de revoir toute leur organisation et leurs règlements. De faire un grand ménage pour parler clairement! 

 

L’an prochain les jeunes iront à l’école, liront et iront voir du théâtre plutôt que de jouer au hockey. Ça leur donnera de la culture, ce qui ne serait pas un luxe.  

 

Si le junior n’est pas capable de se discipliner durant cette période, on laissera cette ligue fermé le temps qu’il le faudra. Restera toujours le hockey collégial et universitaire, ce qui serait peut être mieux finalement, car je ne suis pas contre le sport, mais contre les imbécillités que l’on a vu récemment dans la ligue de hockey junior majeur du Québec. Si cette ligue n’est pas capable de se discipliner, fermons là, car ce qu’on y voit n’est pas que disgracieux, mais à la limite de l’agression et du geste criminel. 

 

Puis, tant qu’à avoir une ligue de hockey, aussi bien avoir une ligue qui  instruit les jeunes en même temps, comme le hockey collégial et universitaire.

 

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Stéphane, qu’attends-tu?

Michel Handfield

7 mars 2008

 

        Quand je regarde les nouvelles, les  politiques conservatrices qui ont actuellement cours me désolent. (1) Les doigts me démangent, je ne peux me retenir. Il faut que j’écrive.

 

D’abord, au Fédéral, les conservateurs veulent ramener la censure au nom de la morale, mais laquelle? Celle de leur église. Désolé, mais je ne suis pas de la chapelle conservatrice qui parle de Dieu gros comme le bras, mais ne s’intéresse pas aux questions sociales préoccupantes, comme la pauvreté ou les toxicomanies par exemple, sauf pour punir. On devrait plutôt se demander quelles en sont les causes et  comment agir sur celles-ci? Mais, on n’offre peu, sinon rien, de ce côté des choses. Ce n’est donc pas de censure qu’il faut parler, mais d’éducation. D’ailleurs, le cinéma et la télé jouent souvent un rôle éducatif et les scènes « hard core » peuvent y trouver pleinement leur place si elles sont bien utilisées. Elles peuvent aussi avoir une valeur artistique. Il ne faudrait pas oublier qu’il y a des chefs d’œuvres érotiques. Si elles sont de mauvais goûts, inutiles ou mal utilisées, le public est capable de juger, mais ce n’est pas au gouvernement de le faire avant même le tournage d’un film comme le propose ce projet de loi. Une telle loi est une injure au bon sens des citoyens, n’en déplaise à quelques bigots d’Église! (2)       

 

        À un autre niveau, Montréal voudrait réglementer la vitesse sur son territoire, mais ne peut le faire comme il le voudrait. En effet, après avoir demandé la permission à Québec pour réduire la vitesse à 40 km/heure (3), Montréal a appris que le gouvernement provincial « a modifié la loi de telle sorte que chaque ville, chaque arrondissement est libre d’établir les limites de vitesse. » (4) Bref, la ville est toujours à la remorque du provincial, car, constitutionnellement, elle est une création de la province même si elle est vielle de 366 ans  et que la province est sa cadette! (5) Québec ne se gêne pas pour nous faire sentir petit et à sa merci, et ce, depuis longtemps. Il suffit de penser aux fusions municipales imposées par le PQ et à tout le gâchis des défusions qui a suivi par la suite, don du PLQ! Alors qu’on aurait dû consulter les montréalais pour savoir ce qu’ils voulaient comme organisation pour leur île, Québec a imposé sa façon de faire avec ses gros sabots. (6) Puis, après, on vient nous dire que ce serait mieux si le Québec  avait tous les pouvoirs. Là, Québec les avaient les pleins pouvoirs, puisque le municipal est de sa juridiction, et tout ce qu’il a trouvé à faire c’est gâchis par-dessus gâchis! Il faudrait peut-être le rappeler à ceux qui croient que le Québec pourrait tout régler par enchantement s’il était souverain. 

 

Stéphane (7), si je te parle de Montréal, ce n’est pas un hasard. C’est parce que tu es au Fédéral et qu’il faudrait enfin reconnaître les villes comme un pouvoir régional dans la constitution canadienne au même titre qu’on reconnaît les provinces, c'est-à-dire avec des champs de compétence, des pouvoirs et des moyens conséquents. Il est temps de moderniser cette constitution d’un autre âge.  La majorité de la population canadienne vit maintenant en milieu urbain sans reconnaissance constitutionnelle. C’est là un non-sens qui mérite correction, car s’il était vrai qu’en 1867 la majorité de la population était rurale, c’est maintenant l’inverse. (8) Tu es donc placé pour proposer des changements.

 

Voilà donc des chevaux de bataille pour toi: la censure, les questions sociales et la reconnaissance constitutionnelle des villes. Puis, il y a toujours l’environnement, puisque « Le gouvernement canadien en fait bien peu en matière d'environnement, selon le commissaire fédéral à l'environnement, Ron Thompson. » (9)

 

Pour en profiter, il faut par contre que tu cesses d’avoir peur de ton ombre. Les sondages ne sont qu’un instantané. Avec de bons arguments, tu peux foncer à moins que tu n’aie pas confiance en toi. Mais, alors, la question est pourquoi t’es-tu présenté au leadership du parti libéral si tu ne veux pas l’exercer ce leadership? C’est beau d’attendre, mais de trop attendre tu as l’air de moins en moins à ta place. Fonce ou retourne à l’enseignement si tu veux faire des scénarios sans jamais te mouiller. On va en politique pour plonger, pas pour rester assis à côté de la piscine.

 

Notes :

 

1. Je pense naturellement au gouvernement  conservateur de Stephen Harper en premier lieu. Mais, je pense aussi à Québec, où le chef du PLQ et premier ministre actuel est un ancien ministre conservateur du gouvernement de Brian Mulroney,  venu du fédéral vers le provincial en 1998 après avoir été chef des conservateurs fédéraux suite à leur débâcle de 1993. Il est d’ailleurs à noter que je préfère dire PLQ plutôt que libéraux provinciaux, car ce parti est davantage le lieu des fédéralistes de toutes tendances  plutôt que de libéraux seulement, d’où un chef conservateur, mais fédéraliste, à leur tête. Le  PQ a aussi vu son aile de droite prendre le dessus sur sa gauche avec l’arrivée de Lucien Bouchard, qui était lui aussi un ancien ministre conservateur du gouvernement de Brian Mulroney avant de claquer la porte et de devenir chef du Bloc québécois à Ottawa. Cette aile n’a jamais perdu la main depuis, que ce soit avec Bernard Landry, André Boisclair ou Pauline Marois tous aussi à l’aise avec la droite nationaliste que l’était Lucien Bouchard. Ce parti est le lieu de ralliement des nationalistes de toutes tendances, allant des nationalistes mous aux nationalistes durs. Quant à l’ADQ, elle se situe tout simplement plus à droite que ses deux grands frères au plan économique,  desquels sont issus plusieurs de ses membres d’ailleurs, car elle est de tendance néolibérale. Au plan constitutionnel, elle est  autonomiste, car elle ne veut ni être fédéraliste, ni souverainiste. L’ADQ navigue donc entre les deux et peut faire le plein des indécis sur la question nationale même si elle est plus à droite au niveau économique.  

 

2. « Christian crusader says he pressured cabinet ministers and PMO officials to deny tax credits to productions deemed too offensive. » (BILL CURRY AND GAYLE MACDONALD, Evangelist takes credit for film crackdown,   From Friday's Globe and Mail, February 29, 2008 at 4:00 AM EST: www.theglobeandmail.com/servlet/story/RTGAM.20080229.wculture29/BNStory/National/home) 

 

3. « La ville de Montréal entend réduire dès l'automne prochain les limites de vitesse permise sur le territoire de l'île. Après avoir maintes fois réclamé de Québec le pouvoir de modifier à sa guise la limite de vitesse des automobilistes à Montréal, l'administration Tremblay-Zampino a finalement obtenu gain de cause auprès de la ministre des Transports, Julie Boulet. » (Jeanne Corriveau,  Montéal réduira la vitesse à 40 km/h dans les rues de la ville, Le Devoir, Édition du vendredi 07 décembre 2007 : www.ledevoir.com/2007/12/07/167580.html

 

4. Jeanne Corriveau, Montréal est ralenti dans sa volonté de réduire la vitesse sur l'île, in Le Devoir, édition du mardi 04 mars 2008 : www.ledevoir.com/2008/03/04/178817.html

 

5. La fondation de Montréal date de 1642. Ce n’est cependant qu’en 1663 que Louis XIV donne à la Nouvelle-France le statut de province royale. Mais, 1663 c’est aussi l’année de la conquête. Il faudra donc attendre l'Acte de Québec, adoptée en 1774, pour marquer le début d’un nouveau régime, car cette loi sera en fait la première constitution québécoise. 132 ans après la fondation de Montréal! Source : www.gouv.qc.ca/portail/quebec/pgs/commun/portrait?id=portrait.repereshistoire&lang=fr; www.justice.gouv.qc.ca/francais/ministere/histori.htm)

 

6. Moi, par exemple, j’aurais proposé une communauté urbaine élue et responsable de tout ce qui concerne l’île (comme la police, les pompiers, l’eau, une partie de l’urbanisme, et les grands parcs par exemple) et j’aurais conservé les municipalités pour ce qui est des services de proximité, ce qui aurait respecté notre sentiment d’appartenance à nos villes tout en nous impliquant davantage pour notre île. Naturellement, on aurait pu en profiter pour repartager les conseillers entre conseillers ville et conseillers de la CUM pour ne pas surcharger le contribuable. On n’aurait pas eu les petits villages que l’on a actuellement et que l’on appelle arrondissements! On aurait élu un(e) président(e) de la CUM et un(e) maire de ville, mais pas un maire par arrondissement. 

 

7. Stéphane Dion est chef du Parti Libéral du Canada depuis le 2 décembre 2006 : www.liberal.ca/members_f.aspx?id=2369

 

8. Selon Statistiques Canada, en 1861, 16% de la population était urbaine. En 1871, c’était 19%. En 1921 on était à quasi égalité (49%). Puis, on a franchi les 80% avec le nouveau millénaire (2001). Source : http://www40.statcan.ca/l02/cst01/demo62a_f.htm

 

9. Environnement : Piètre bilan, Radio-Canada/Nouvelles/Politiques, mise à jour le jeudi 6 mars 2008 à 19 h 09 : www.radio-canada.ca/nouvelles/Politique/2008/03/06/003-rapport-enviro-commissaire.shtml

 

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Index
 

Le Journal/Fil de presse

 

Ce René est un faux… Je le sais… C’est le mien.

 

Reçu le 10 avril 2008, 11h53

 

Le René Lévesque que vous voyez dans la série n’est pas  René Lévesque. Il n’était pas disponible pour le rôle.

 

Emmanuel Bilodeau a fait un travail remarquable pour créer un René possible. Ce n’est toutefois pas le René que Parizeau a connu, ni celui de Morin. Pas plus qu’il ne ressemble au René de Corinne ni à celui de Tremblay ou de Beaudoin. Ce n’est pas non plus celui des joueurs de poker avec lesquels il traversait certaines nuits ou celui de ses conquêtes, en chemin…

 

C’est un René construit à partir de ce que tous m’ont confié sans le savoir à travers les mémoires de Lévesque, l’autobiographie de Parizeau, les écrits de Morin, les milliers de pages de Pierre Godin, les centaines d’articles de journaux, les propos des commentateurs politiques, les émissions de télé, les documentaires, la magnifique  série radio de Radio Canada, les rencontres et… les propos recueillis auprès de Corinne Côté. Malheureusement, personne ne raconte tout à fait la même histoire et les contradictions sont souvent stupéfiantes. Alors je choisis le point de vue qui me semble pertinent ou bien je tente de bâtir un « consensus ». Évidemment ce ne sera jamais votre René…

 

Et puis toujours la même indignation chaussée de gros sabots, véhiculée  par les mêmes personnes depuis la parution de la biographie de Pierre Godin.  Une argumentation si pauvre quelle nous porte à se questionner sur les vrais intentions. Des mots assassins pour masquer le vide ?  Ou pour miner toute crédibilité au cas où…? Une technique qui vient des longues années en politique. Gérer le message, contrôler l’image…

 

Et la caricature ?… J’ai visionné  l’équivalent de vingt quatre heures d’archives. On ne peut pas dire que la mode de cette époque aide beaucoup à la sobriété...  La vivacité d’esprit de Garon, le bonheur sautillant de Charron, rien n’a été inventé.  Pour ce qui est du reste, il a fallu dessiner les personnages en trois coups de pinceau afin de les reconnaître, ils passent si vite… C’est quand même  dommage que personne n’ait remarqué le magnifique discours que René tient aux étudiants, juste avant les élections de ’76. Tellement actuel… Mais, bon, la politique n’intéresse plus personne même que certains font tout ce qu’ils peuvent pour entretenir le cynisme.

 

Qui a raison, qui n’a rien à dire, qui tente de contrôler le message ? Autant de gens, autant de points de vue. Mais il existe une passion commune qu’il aurait été préférable de partager avec les jeunes générations qui, bientôt, ne se souviendront plus de leur histoire plutôt que de s’enfarger dans les fleurs du tapis… Mais bon, le sens des priorités n’est pas donné à tous. Bas de gamme vous disiez madame Tremblay ?… Vous auriez fait un formidable personnage dans Bunker le cirque  Merci pour le cours de réalisation, Madame Beaudoin.  J’en avais bien besoin après mes trois Gémeaux en fiction et mes deux prix internationaux pour le documentaire sur Riopelle… Un autre personnage que j’ai eu tout faux…

 

Pierre Houle

Réalisateur.

 

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T comme Tibet

  

À tous les futurs médaillés québécois des Jeux Olympiques de Pékin.

 

      Malgré les multiples appels au boycotte, l'évènement olympique chinois aura lieu cet été.   Vous y participerez en représentant le Canada et le Québec.  Je présume que certains parmi vous se sont déjà demandés, face aux images qui nous parviennent du Tibet, comment participer à de tels jeux sans paraître complices des atteintes aux droits de l'Homme dont les tibétains sont victimes ? 

 

      Si vous cherchez  à souligner votre désaccord devant de telles atteintes sans pour autant boycotter les jeux, il se présente à vous une occasion en or pour l'exprimer en donnant un sens historique à vos victoires.

 

      Ce qui fera de votre médaille un objet unique, ce n'est pas l'incrustation d'un disque de jade au revers de chaque médaille, comme on peut l'apprendre dans un communiqué de l'organisation des jeux.  Ce qui en fera une innovation audacieuse dans l'histoire de la confection des trophées olympiques, un objet de collection unique, c'est le sens que vous lui donnerez vous-mêmes en posant un petit geste.

 

      Une fois sur le podium, après la réception de votre médaille personne ne peut vous empêcher de la dédier au peuple tibétain.   Avec votre médaille dans la main, il vous suffit simplement d'exécuter face au monde entier un signe de ''Time out'' faisant allusion à la lettre T.  T comme Tibet.

 

      Suite à votre geste, vous n'êtes pas obligés de faire un discours ni aucune déclaration à la presse. Pas besoin de crier des slogans genre ''Nous sommes tous des tibétains''.  Tout le monde aura compris votre message. 

 

Voici cinq raisons pour justifier et motiver un tel geste:

 

1- Le Tibet existe comme pays et comme peuple depuis 127 av JC.  La Chine a violé la souveraineté du territoire tibétain en 1950.

 

2-  La souveraineté d'un peuple ainsi que la protection de sa culture est un droit inaliénable reconnu par l'Organisation des Nations Unies.

 

3- Revendiquer le droit des tibétains à leur territoire et à la pratique pleine et entière de leur culture, c'est plus qu'un geste de compassion. C'est un devoir de solidarité internationale envers un peuple qui a choisi longtemps la non violence comme politique de résistance.  

 

4- Les impacts d'un tel geste, les chinois seront les premiers à en bénéficier.  Le respect des droits de l'Homme au Tibet, des millions de chinois le désirent pour eux-mêmes.  Pour une Chine véritablement moderne.  Liberté d'expression, liberté de presse, ouverture sur Internet.

 

5- À quoi ça sert de gagner une médaille olympique, aussi unique soi-elle, si elle contribue à déshumaniser les Jeux et par le fait même, une certaine humanité..?

 

Si certains parmi vous doutent de la pertinence d'un tel geste ou de son impact auprès du gouvernement chinois, je vous cite l'extrait d'un article  publié au journal le Devoir le 22 mars 2008 où Gil Courtemanche nous apprend ceci:

 

« En 1968 à Mexico, les Américains John Carlos et Tommie Smith, médaillés du 200 mètres, avaient brandi un poing ganté de noir pour protester contre la discrimination raciale dans leur pays. Ils sont passés à l'histoire, et aujourd'hui, sur le campus de la State University de San Jose, une statue rappelle leur geste courageux et exemplaire » (1)

 

40 ans plus tard, des millions d'américains blancs envisagent sérieusement de choisir un homme noir comme Président.

 

Si parmi vous, médaillés québécois, certains réussissent à accomplir un tel geste, sans doute que d'autres médaillés d'autres pays suivront votre exemple.  Si au cours des Jeux, vous êtes de plus en plus nombreux à faire un T de vos deux mains, si votre petit geste fait boule de neige, votre plus grande victoire, votre véritable exploit, sera d'avoir réussi à redonner aux jeux olympiques leur dimension initiale, celle que Pierre Coubertin prônait, à savoir que « le sport est un moyen de redressement de l’esprit ».  

 

Un petit geste pacifique très rarement vu dans l'histoire pour faire réfléchir une partie de l'humanité, dont plus d'un milliard de chinois, sur le sort d'un peuple.   Un geste qui peut s'avérer plus efficace que toutes les pétitions et de tous les scénarios de boycottage. Également, un geste qui fera sourire le Dallai Lama,  lui-même pratiquant d'une résistance pacifique et spirituelle.   

 

Au cours de l'histoire, le sport n'a t-il pas contribué à éviter des guerres et peut-être même des conflits mondiaux.  En appuyant les tibétains et leur chef dans leur résistance pacifique,  votre victoire sera aussi de faire mentir ceux qui prétendent que les enjeux et les intérêts commerciaux avec la Chine l'emportent sur les droits fondamentaux d'un peuple de 5 millions.  

 

Allez,  osez donner une leçon d'honneur à tous ces chefs d'État du monde qui tremblent devant le ''monstre chinois'' en prétendant le faire dans notre intérêt..!! 

 

Le premier parmi vous qui osera cet été, du haut de son podium avec sa médaille à la main, porter assistance à un peuple en danger, entrera indéniablement dans l'histoire. 

 

Mohamed Lotfi

Journaliste et réalisateur radio..

 

1. NDLR : Gil Courtemanche, Le cas chinois, Le Devoir, Édition du samedi 22 et du dimanche 23 mars 2008 :

www.ledevoir.com/2008/03/22/181770.html

 

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Les harceleurs sont parmi nous...

Mohamed Lotfi, Journaliste et réalisateur radio

 

Reçu le 8, publié le 22 mars 2008 avec la permission de l’auteur.

 

Le Québec est devenu la première juridiction en Amérique du Nord à adopter une loi sur le harcèlement psychologique au travail. Dans la première année de son adoption en juin 2004,  3500 plaintes ont été déposées. 

 

Malgré l'embauche d'une trentaine d'enquêteurs supplémentaires, la Commission des normes du travail ne disposait pas assez d'avocats pour défendre les victimes. Un an et demi après l'adoption de la loi, une seule décision a été prise, en février 2006, en faveur d’une plaignante. 

 

Colette Ganley travaillait comme gérante pour un restaurant Subway.  Dans cette première décision en matière de harcèlement psychologique au travail, le Commissaire Michel Denis a reconnu que la plaignante a été victime. 

 

La moitié des plaintes de harcèlement psychologique au travail déposées en 2005 se sont avérées fondées, indique un rapport soumis au gouvernement du Québec, deux ans après l'entrée en vigueur de la loi contre le harcèlement au travail.  Dans la majorité des cas, les entreprises et administrations, publiques et privées, préfèrent obtenir des règlements à l'amiable. 

 

Comment une commission peut-elle gagner de la crédibilité si elle ne produit pas plus de jugements pour rendre justice et dissuader les harceleurs ?  Malgré l'adoption d'une loi sur le harcèlement au travail, la guerre d'usure contre les victimes, continue.

 

Le harcèlement psychologique en milieu de travail est une guerre en silence. Elle tue à petites doses des hommes et des femmes dans la plus totale indifférence.  Ils sont de plus en plus nombreux et nombreuses, près de votre bureau, à mourir d'une mort lente.  À chaque jour d'une semaine de travail, des milliers de gestes sont posés dans le but de transformer la vie d'un employé en enfer.   Si des caméras cachées de CNN ou de TVA pouvaient les capter, vous seriez aussi terrifiés que devant les images d'une guerre civile en Irak.

 

Faut-il le voir et le vivre pour le croire ?  Les images de guerre n’empêchent plus personne de dormir.   Être victime ou témoin de harcèlement au travail peut porter gravement atteinte à la qualité de vie. Les caméras de télé n'investissent pas des milieux de travail, elles ne sont pas encore partout, mais les murs écoutent, regardent et ils leur arrivent, à l'occasion, d'avoir envie de hurler ASSISTANCE À PERSONNE EN DANGER.   

 

Le harcèlement psychologique en milieu de travail est devenu un art digne d'un gala hebdomadaire.  Comme dans n'importe quel art, certains excellent plus que d'autres.  Suite à plusieurs attaques réussies, au bout de sa cinquième journée de guerre, le harceleur s'auto désigne le meilleur et s'autoproclame ''le harceleur de la semaine''. 

 

Le harceleur de la semaine est un animal féroce qui a toutes les apparences d'un humain muni d'un cerveau programmé pour accomplir le crime parfait.  Il arrive au travail, toujours avec un plan bien mijoté pour croquer sa proie sans laisser de traces.    Vous ne saurez jamais le nom d'un harceleur de la semaine, vous ne verrez jamais son visage dans le journal. 

 

Par définition, les harceleurs de la semaine sont anonymes. Entre eux, ils s'échangent volontiers des trucs et des procédés pour raffiner leur art.  On atteint l'excellence dans le harcèlement en milieu de travail en provoquant des situations où le harceleur réussit à passer, auprès de ses patrons, pour un harcelé.  Le harceleur de la semaine, fin renard, se plaint avant qu'on ne se plaigne de lui.  Il est programmé pour écrire à ses patrons à la moindre occasion.  Sa plainte arrive avant celle de sa victime.  Parfois, il n'en revient pas lui-même d'obtenir gain de cause.   Le harceleur de la semaine ne travaille pas, il tue.  

 

Le harceleur de la semaine est une personne dont le cœur est gravement asséché.  Incapable d'aimer ou d'être aimé.  Toute son intelligence est mise au service d'une machine à tuer l'autre.   Le harceleur de la semaine est en guerre perpétuelle contre l'humanité. 

 

Les victimes du harcèlement en milieu de travail ne sont pas du même métal.  Certaines résistent mieux que d'autres.  Certaines se font justice elles-mêmes en tuant les attaques dans l'œuf.   Mais la plupart des harcelés encaissent et souffrent en silence.  Le harceleur de la semaine est assez malin pour ne pas s'attaquer à n'importe qui.   Il sait apprendre de ses premières erreurs pour savoir reconnaître la victime parfaite.   Par ordre de priorité, les précaires, les immigrants et les femmes, par leurs conditions, sont des cibles de choix pour faire l'objet d'offensive.  L'employé qui réunit ces trois critères de vulnérabilités est forcément encore plus susceptible à faire objet d'agression.

 

Le pire des harcelés est celui qui refuse de se reconnaître comme victime.   Il incarne le syndrome du survivant.  Il se ment à lui-même durant des mois et des années.  Il met les comportements harcelants qu'il subit sur le dos des conditions de travail.  Il se voit plutôt victime de situations conflictuelles passagères et non de harcèlement psychologique.  Telle que certaines femmes battues, le pire des harcelés trouve des excuses à son agresseur et lui pardonne. 

 

Et ça continue ainsi durant des années jusqu'à ce que son corps sonne l'alarme.   Il n'en peut plus de subir.  Stress, angoisses et dépressions cumulés en silence finissent par donner lieu à des maladies graves.   Dans certains cas, le suicide n'est pas exclu comme solution pour mettre fin au calvaire.

 

Dans certains milieux de travail, ce qui pourrait rajouter à la souffrance d'une victime de harcèlement, c'est le silence complice de son employeur et de ses collègues.  Tout le monde sait, mais chacun fait semblant de ne pas savoir.  Selon la loi sur les normes de travail, il est indiqué aux employés et aux employeurs de garder confidentiels les rapports, les plaintes et les avertissements. 

 

Les silences renforcent le pouvoir du harceleur. Personne n'ose parler ou témoigner contre lui.  Pour justifier leur impuissance, employeurs et employés évoquent le manque de preuves solides.   En réalité, les collègues du harcelé ont peur d'être à leur tour victimes de harcèlement.  

 

Quand à l'employeur du harcelé,  il arrive que par son impuissance, il développe à son tour un art autrement plus mesquin.   Celui de laisser croire au harcelé qu'il serait peut-être un peu responsable de ce qui lui arrive.  On atteint le comble de l'absurde lorsque le harcelé le croit.  Il se dit qu'il n'est pas faux que nous soyons en partie tous responsables du comportement des autres envers nous.   Avec un tel raisonnement, le harcelé aggrave sa situation et devient effectivement en partie responsable de ce qui lui arrive.

 

Selon la loi sur les normes du travail,  article 81.19, ''Le salarié a droit à un milieu de travail exempt de harcèlement psychologique. L'employeur a l’obligation de prendre les moyens raisonnables pour prévenir et faire cesser le harcèlement psychologique lorsqu’il est informé d’une telle conduite''.   Par son impuissance à sanctionner l'harceleur, l'employeur finit par se constituer complice.   Certains employeurs poussent l'absurde jusqu'à préférer renvoyer le harcelé que de punir le harceleur.   Il est plus facile de se débarrasser du précaire que du syndiqué.   

 

Selon les mêmes normes de travail au Québec,  ''Les dispositions concernant le harcèlement psychologique s’appliquent à tous les salariés syndiqués ou non syndiqués et à tous les niveaux de la hiérarchie organisationnelle y compris les cadres supérieurs. Toutes les entreprises du Québec – autant du secteur privé que du secteur public sont visées par de telles normes''.    Dans la réalité, la parole d'un précaire ne vaut pas celle d'un syndiqué encore moins celle d'un patron.   

 

J'aurais bien aimé conclure en disant que tôt ou tard, le harceleur en milieu de travail finit par goûter à sa propre médecine, parce que le crime parfait n'existe pas.  Hélas,  les harceleurs sont parmi nous, plus nombreux qu'on ne le pense.  Terroristes invisibles. Véritables ennemis de la paix.  Des milliers de victimes de harcèlement en milieu de travail croupissent sous l'incompréhension et l'insensibilité de leurs collègues et leurs employeurs. 

 

Aussi longtemps que le  harcèlement en milieu de travail n’est pas considéré comme une responsabilité collective, tant que le silence des témoins persiste et  tant que la nouvelle loi sur  les normes de travail ne rend pas des jugements qui brisent le silence,  les harceleurs  seront encore plus présents et plus nombreux parmi nous.

 

Qui ne dit mot consent...

 

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Commentaires livresques : Sous la jaquette!

 

Lipovetsky, Gilles, 2002, Métamorphoses de la culture libérale, Éthique, médias, entreprises, Montréal (QC), Canada : Liber,  ISBN: 2-89578-009-9. www.editionsliber.org 

 

Commentaires de Michel Handfield

 

Ce livre nous offre quatre textes de Gilles Lipovetsky qui s’articulent autour des idées de complexité et de responsabilité (p. 8) : la condition postmoderne, l’éthique, le monde des affaires et les médias. Des questions importantes d’un point de vue sociopolitique. D’ailleurs, les conceptions de responsabilité et d’éthique sont peut être ce qui distingue le plus une société libérale d’une société conservatrice ou autoritaire.  L’idée libérale est de favoriser un « individualisme responsable », non pas une forme d’anarchie ou un moralisme austère. Nos sociétés libérales seront-elles vouées à n’être que des communautés sans foi ni loi, sans projets ni morale? (p 10) La réponse est  non n’en déplaise aux conservateurs. La responsabilité et l’implication individuelle et collective, notamment sur l’environnement et l’économie sociale, prendront la place d’une morale toute faite. L’éthique et les valeurs individuelles seront en hausses. Tout ne fout donc pas le camp comme on le pense parfois. Mais, les choses changent. 

 

Autre question importante dans la société libérale est le rapport entre individualité et collectivité. La société a un besoin urgent d’individus responsables et de développer de nouvelles solidarités. De trouver de nouvelles façons de faire qui feront reculer « l’individualisme irresponsable ». Il faut faire les choses différemment plutôt que d’appliquer une recette idéologique de façon  absolue et invariable, comme pour une religion! Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que l’on associe souvent l’économie à une religion, l’argent à un Dieu et les médias à une grande messe!

 

En cette ère post ou pré-référendaire du Parti Québécois, car on ne sait plus trop si l’option existe encore ou si elle est remisée au musée des idéologies et des utopies politiques, l’auteur nous explique que la patrie est en perte de vitesse parce que ses grands mandarins s’intéressent davantage à l’économie qu’à l’individu. (p. 40) On ne peut certes pas le contredire sur ce point et la plupart des élites politiques auraient intérêt à le lire en cette période où la pensée unique (néolibérale) semble régner en matière économique du moins. A la place …   

 

« Il nous faut surtout des institutions politiques et économiques plus justes, plus intelligentes, plus efficaces. » (p. 50)

 

On n’atteindra pas ce but avec les coups de sape que l’ont fait dans l’État pour assurer une baisse d’un point de TPS ou de cent dollars d’impôts par tranche de 10 000$  de revenu annuel, car on haussera les tarifs et l’on sabrera d’autant dans les services. Le citoyen n’y gagnera pas, même si cette baisse d’impôt et de taxe le fait rêver. Tout ce qui brille n’est pas or, mais il craque toujours pour des pacotilles et de la verroterie! Il y a beaucoup de travail et d’éducation à faire et ce type de livre y contribue. En effet, l’auteur pose plusieurs questions en regard de la complexité de la société moderne. Des questions intéressantes, tant politiquement que philosophiquement. Mais, aussi, des questions très concrètes parce qu’elles ont un impact sur nos vies même si on ne le réalise pas toujours. Poser la question des médias est, par exemple, très concrète quand on constate le nombre d’heures que nous regardons la télé, vu l’orientation de son discours. On peut nier son influence, mais elle est incontestable.

 

Certains diront à quoi bon se poser ces questions. Des gens le font déjà à notre place, comme les militants politiques. Ne font-ils pas des programmes sur lesquels nous  votons aux élections? Il est vrai que certaines de ces questions trouvent réponse dans ces programmes, mais pas toutes. Et ces réponses sont souvent orientées. Puis, si le citoyen est d’accord avec quelques unes des idées qu’un parti met de l’avant, il est rarement d’accord avec toutes les idées qu’un parti politique met dans sa plate forme électorale (pp. 109-110), car le programme est fait pour répondre à des clientèles diverses et parfois  opposées d’électeurs. On doit ratisser large pour être porté au pouvoir. C’est d’ailleurs pour cela que des citoyens se réveillent ensuite et scandent « on n’a pas voté pour ça! » d’où la nécessité de cette connaissance de la culture libérale et de ses métamorphoses, car même si nous avons des gouvernements conservateurs, libéraux ou socialistes, nous sommes dans une société libérale  en occident. On ne parle pas ici de partis politiques, mais bien de modèle sociétal. C’est peut être ce que nous devrions souhaiter de mieux aux autres.   

 

Arrière de couverture :

 

Ce livre réunit quatre textes qui ont d'abord fait l'objet de conférences, au Canada, en novembre 2001. Si on excepte le premier, qui est l'allocution d'ouverture de la cérémonie au cours de laquelle l'université de Sherbrooke remettait à Lipovetsky un doctorat honoris causa, les trois autres portent respectivement sur la condition postmoderne, l'éthique des affaires et les médias.

 

«Bien qu'abordant des univers forts différents, ils s'articulent autour de deux thématiques communes, celle de la complexité et celle de la responsabilité. Complexité, parce qu'on ne saurait se contenter d'analyses simplificatrices pour rendre compte des tensions qui animent la société postmoderne. Car, bien souvent, la compréhension de l'essence paradoxale de nos sociétés libérales, qui valorisent l'individu sans pour autant désagréger le collectif (elles le recomposent plutôt), n'est guère prise en compte aujourd'hui. Que ce soit à propos de l'individu, que l'on relègue au statut de monade fermée sur elle-même, de la morale, dont on déplore la perte, du monde économique, envisagé seulement sous l'angle d'un capitalisme sauvage qui aurait pour conséquence inéluctable une mondialisation inéquitable, ou encore des médias, responsables de tous les maux du monde contemporain, le jugement est chaque fois tranché et sans nuances. Ce que Gilles Lipovetsky propose au contraire, c'est une description à géométrie variable de nos sociétés libérales, seule apte à rendre compte de l'intégralité du phénomène postmoderne. Quant au thème de la responsabilité, il en découle naturellement. Puisque la complexité est ce qui caractérise le monde postmoderne, il convient d'être responsable en refusant les catégorisations faciles et en comprenant que nous avons un rôle à jouer individuellement et collectivement. Responsabilité individuelle quand il s'agit pour chacun de faire progresser, au niveau qui est le sien, l'individualisme responsable; responsabilité collective quand la fonction occupée amène à prendre des décisions qui influent sur la vie d'un nombre considérable d'êtres humains (chefs d'entreprise, politiciens, journalistes, publicistes)». (Sébastien Charles)

 

Préface de Sébastien Charles

 

Gilles Lipovetsky enseigne la philosophie à Grenoble. Il a publié, aux éditions Gallimard, L'ère du vide (1983), L'empire de l'éphémère (1987), Le crépuscule du devoir (1992) et La troisième femme (1997). 

 

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Nouveaux livres reçus

 

Reçu le 8 avril 2008 : De Cock, Laurence, Madeline, Fanny, Offenstadt, Nicolas et Wahnich, Sophie, (Sous la direction de), 2008, Comment Nicolas Sarkozy écrit l’histoire de France, France : Agone/Passé & Présent (ISBN : 978-2-7489-0093-4 / 208 pages / 12 x 19 cm)

 

http://atheles.org/editeurs/agone/

 

Comment Nicolas Sarkozy écrit l'histoire de FranceArrière de couverture:

 

Guy Môquet, Jaurès, les colonies et tant d’autres… Nicolas Sarkozy en campagne, puis au début de son mandat, n’a cessé d’utiliser et de brandir des références historiques. Cet usage immodéré de l’histoire a alors mobilisé autant de mises en scène grandiloquentes que de discours de filiation destinés à dessiner les contours d’une France mythique du candidat puis du président.

 

Comment voir clair dans tous ces personnages et événements sans cesse mélangés et associés les uns aux autres en dehors de tout contexte ? Comment comprendre le brouillage de références qui empruntent autant aux grandes figures de la gauche qu’à celles de la droite ? Quels sont les enjeux et les effets politiques de telles constructions historico-politiques ?

 

Une vingtaine d’historiens ont disséqué les usages que fait de l’histoire Nicolas Sarkozy pour permettre de saisir les mécaniques à l’œuvre dans cette vaste entreprise de reconstruction d’un roman national. Sous la forme d’un dictionnaire, un véritable parcours critique dans l’histoire de France revue et corrigée par une droite qui entend refabriquer de l’« identité nationale »...

 

Sommaire :

 

Affaire Dreyfus, par Thomas Loué

Afrique, par Laurence de Cock

Maurice Barrès, par Gérard Noiriel

Marc Bloch, par Gérard Noiriel

Léon Blum, par Gérard Noiriel

Cascade du bois de Boulogne, par Jean-Marie Guillon

Charlemagne, par Fanny Madeline

Choc des civilisations, par Françoise Micheau

Georges Clemenceau, par Nicolas Offenstadt

Communautarisme, par Éric Soriano

La Commune, par Olivier Le Trocquer

Condorcet, par Yannick Bosc

Croisades, par Françoise Micheau

De Gaulle, Sarkozy : une drôle d’histoire, par Annie Collovald

Édit de Nantes, par Jérémie Foa

Esclavage dans les colonies françaises, par Éric Mesnard

État capétien, par Yann Potin

Féodalités, par Fanny Madeline

Jules Ferry, par Olivier Le Trocquer

Fille aînée de l’Église, par Fanny Madeline & Yann Potin

Fin de l’histoire, par Michèle Riot-Sarcey

La « France éternelle », un paysage de campagne ?, par Pierre Schill

Glières, par Jean-Marie Guillon

Victor Hugo, par Sylvie Aprile

Jean Jaurès, par Blaise Wilfert-Portal

Jeanne d’Arc, par Nicolas Offenstadt

Claude Lévi-Strauss, par Éric Soriano

Litanie, par Laurence de Cock

Lumières, par Sophie Wahnich

Lutte des classes, par Éric Soriano

Lyautey, par Catherine Coquery-Vidrovitch

Mai 68, ou L’actualité de la mémoire, par Michèle Riot-Sarcey & Thierry Aprile

Georges Mandel, par Jean-Marie Guillon

Guy Môquet, par Pierre Schill

Jean Moulin, par Michel Fratissier

Napoléon Bonaparte, par Marc Belissa

Napoléon III, par Olivier Le Trocquer

Passé colonial, par Gilles Manceron

Pavillon de la lanterne, par Yann Potin

Repentance, par Sandrine Lefranc

Résistance, par Jean-Marie Guillon

Rêve, par Laurence de Cock

Révolution française, révolution, par Sophie Wahnich

Révolution française, ses « grands hommes », par Marc Belissa

Rois de France, par Fanny Madeline

La Terreur, terreur, par Sophie Wahnich

Totalitarisme(s), par Sonia Combe

Verdun, par Nicolas Offenstadt

Vichy, par Jean-Marie Guillon

 

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Arts et Culture

 

Comme tout sur la saison 2008-9 est sur www.tnm.qc.ca

Alors, parlons du reste!

 

Commentaires de Michel Handfield (8 avril 2008)

 

« La parole culturelle est trop absente du discours politique » a dit Lorraine Pintal dans sa présentation. Je ne peux qu’être d’accord avec elle. La politique, gestion de l’État par et pour les citoyens, ne peut pas se fonder que sur l’économie. En fait, l’économie doit être un moyen de faire les choses, donc au service du Politique et des gens. Un moyen d’échange et de création, fruits d’interactions! Mais, elle est devenue une fin en soi. On n’a plus une économie pour créer, mais une économie qui fonctionne en vase clos, prenant l’écosystème comme un simple pourvoyeur de ressources : ressources énergétiques, matérielles et humaines toutes jetables après consommation.

 

L’économie doit revenir à l’économie politique et à la culture. (1) Science humaine qui a pour origine la philosophie, elle n’est plus que l’ombre d’elle même : technique statistique et modélisation mathématique faisant fi de l’humain, sauf comme consommateur! On doit donc remettre l’humain au cœur de l’économie et,  pour cela, on doit passer par la culture et les sciences sociales. La fiction et le théâtre comme révélateur de la réalité!

 

Combien de classiques sont en lien avec aujourd’hui, cela tant dans le propos que les caractères? Plusieurs. Et le TNM ne se gène pas d’en monter quelques uns à chaque saison. De les revisiter même, comme un classique grec  jouée en jeans; ce qui me plaisait, car on avait ainsi toute la contemporanéité du texte en pleine face. Toute sa pertinence encore aujourd’hui nous frappait de plein fouet, car on perdait cette notion de passé et on ne pouvait que suivre un texte qui nous était autant adressé qu’il le fut jadis aux grecs. Ceux qui m’ont déjà lu savent que je fais ici référence à « L’Iliade d’après Homère » joué en début de saison 2007-2008 au TNM. (2)

 

En fait, la culture c’est la réalité! Si on veut savoir ce qu’était la vie au temps de César et des romains on ne lit pas le rapport annuel de la banque romaine, mais bien les classiques du temps! Comme le remarque justement John Saul: « great fiction can be true for its time, as well as somehow timeless, and true for our times. » (3) Il n’aurait pas pu mieux dire du TNM.       

 

D’ailleurs, le thème de la nouvelle saison est « Plein la vue ». Oui, il y aura des classiques, comme « Le Mariage de Figaro » de Beaumarchais, mais il y aura aussi des créations qui risqueront de devenir les classiques de demain, comme « Nebbia », mêlant théâtre et cirque. Nous aurons aussi droit à une remontée dans le temps, avec « La Déraison d'amour », un texte établi par Jean-Daniel Lafond, en collaboration avec Marie Tifo, sur Marie de l’Incarnation, où Marie incarnera Marie.

 

        Lorraine Pintal a aussi profité de l’occasion pour souligner le fait, qui est remarquable entre nous, que le TNM compte 11 000 abonnées, nombre qui devrait s’accroitre, car le TNM, c’est aussi la formation d’une relève, avec des spéciaux pour les 25 ans et moins et des matinées étudiantes. Cependant, comme toutes les informations sont sur le site du TNM, www.tnm.qc.ca, et qu’il y en a même davantage que je n’aurais pu en noter, j’en ai plutôt  profité pour observer autour de moi, surtout qu’on était sur la scène du théâtre.

 

        Première réflexion : j’aurais dû apporter mon appareil photo pour en prendre une des cordages et des contrepoids  qui servent à la levée des décors et des rideaux, car ce n’est pas tous les jours que l’on voit ça. C’est donc un réflexe à développer, surtout que j’ai déjà été maniaque de la photo.

 

        Parlant de photographie, quand je voyais tous ces flashs autour des artistes, je me disais que ça doit être fatiguant des fois ces flashs dans les yeux. Tu parles avec un confrère, une consœur de travail, un ami et slash/slash/slash tu es mitraillé, tu dois t’arrêter et prendre la pose. Imaginez le libraire, le chauffeur d’autobus ou même le journaliste qui parle avec quelqu’un et slash/slash/slash! Vraiment pas évident.  

 

Mais pire, ce sont les questions, parfois les indiscrétions, des professionnels, mais aussi de n’importe quel quidam qui vous rencontre au bistro, chez le dentiste ou à l’épicerie. Ils auraient le droit de vous demander n’importe quoi, n’importe quand parce que vous leur appartenez! N’êtes vous pas dans leur salon à l’occasion, sinon à tous les soirs, par la télé? Les accompagnez-vous  au travail ou  en auto par la radio? Bref, vous êtes toujours dans leur entourage! Cela permet des familiarités. Si tel est le cas, c’est que l’on ne considère pas les artistes comme des travailleurs ordinaires, des travailleurs des arts et de la communication finalement, car ils nous font rêver et comblent les vides de nos vies. Mais, à la moindre défaillance, s’ils n’atteignent pas ce qu’on imagine, et je dis bien ce qu’on imagine d’eux, même s’ils se dépassent, on les descend sans davantage de retenue qu’on a eu à les idolâtrer. Ils sont donc toujours sur la corde raide de nos aspirations par procuration. 

 

Plus nous nous identifions à eux, plus ils ont  droit à nos sautes d’humeurs. Injustement naturellement, car ce sont des travailleurs, des interprètes, des messagers. Mais, en quelque part, peut être interprètent-ils notre inconscient. C’est là tout le problème. Si leur personnage nous déçoit, c’est parfois signe qu’il nous touche profondément. Nous les attaquons souvent pour nous défendre. « Moi, j’aurais pas fait ça de même! » « Il l’aurait su! »  Oui, mais, il l’aurait su parce que la dernière fois tu ne lui a pas dis à « chose là » et tu l’as encore sur le cœur! Il te déçoit parce que tu t’es déçu toi-même. Tu aurais tant voulu que ton idole, à qui tu t’identifie, fasse justement ce que tu n’as pas fais dans les mêmes circonstances.

 

Cette relation aux artistes et aux personnages est assez trouble et fascinante pour qui l’analyse. Pour qui regarde cela avec un œil extérieur. C’est d’ailleurs pour cela que je ne fais pas de l’analyse artistique, mais de contenu. Quand je regarde une pièce ou un film, pour moi, c’est du texte, des caractères et  des émotions portés par des interprètes qui ont à livrer un message ou une vision du monde. Dans une autre pièce ou un autre film, c’est autre chose. Ce n’est donc pas X, Y ou Z que je revois, même si je les ai vu 20 fois déjà, mais d’autres personnages qui livrent un contenu. Un autre contenu. Pourquoi et dans quel but? Quel est le message? À quoi réfèrent-ils? Voilà ce qui m’intéresse. X, Y ou Z n’en sont que les instruments. Des travailleurs de l’interprétation comme autrefois le messager ou le troubadour livrait la pensée de quelqu’un à un autre.

 

Il faut cependant  des caractères bien trempés pour être artistes et il faut les saluer pour cela. Mais, qui le dit? On leur reprochera plutôt leur caractère à la moindre occasion. Mais, s’ils n’en avaient pas, seraient-ils ce qu’ils sont? Il faut aussi se poser cette question, mais surtout le reconnaître : il faut du caractère pour ainsi changer de peau.     

  

Remarquez, que ce n’est pas évident non plus pour ceux qui ont à faire un topo de télé. J’observais la journaliste de Flash (www.flashmag.ca/) qui préparait son topo, et elle devait à la fois penser son sujet, préparer son mot d’entrée et écouter pour  résumer le tout en moins de 4 minutes, cela sans manquer un punch s’il y en a un. Peut être même faire une entrevue pour en conserver quelques secondes seulement. Ce n’est pas pour rien qu’on appelle ça des « rushes » (4), car ils « rush » (5) pour sortir ces quelques minutes qui doivent accrocher le téléspectateur souvent le soir même. C’est différent de moi qui ai le temps de penser avant d’écrire sur mon sujet, étant dans l’analyse davantage que dans l’immédiateté de l’événement, même si parfois je me dois de faire plus rapidement. (6) 

 

Comme cet événement a commencé à midi et s’est terminé un peu après 13h, il est facile de comprendre toute l’importance que prend le buffet dans de tels événements. Ce n’est pas pour soudoyer les journalistes. En fait, c’est plutôt un essentiel pour les journalistes, caméramans et preneurs de son qui doivent souvent se taper quelques événements du genre les uns après les autres (visionnement de presse, conférences, lancements, entrevues, etc.) sans avoir le temps d’aller manger, même sur le pouce. Alors, oui le buffet les attire, mais parce qu’ils n’ont pas le choix. Ce n’est surtout pas parce que ce sont des piques assiettes comme le dit la rumeur dans certains milieux qui ne voient cela que de loin. De l’intérieur, c’est un tout autre point de vue. Les conférences de presse  sur l’heure du diner n’ont donc pas d’autres choix que d’avoir un excellent buffet. Cela semblait le cas, car les journalistes et les artisans du théâtre semblaient très heureux du buffet. Ça se voyait. Il ne faut pas oublier que le TNM a un excellent café-bistro sur place. (7) Si je dis semblait, c’est que j’aime bien  observer et noter ce qui se passe, donc avoir les mains libre. Je mange donc très rarement dans ces événements, mais, j’observe beaucoup. C’est le propre de l’analyste : voir sans se mouiller.    

 

Pour tous les détails sur la saison à venir :

www.tnm.qc.ca/saison-2008-2009/index.html  

 

Notes :

 

1. A titre d’exemple, voici le titre d’un livre : Perret, Bernard, et Roustang, Guy, 1993, L'économie contre la société. Affronter la crise de l’intégration sociale et culturelle, Paris: Seuil/coll. Esprit.

 

2. Handfield, Michel, 18 septembre 2007, L’Iliade d’après Homère, D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Societas Criticus Vol. 9 no 7, Textes ciné et culture. L’Iliade fut rédigée entre 850 et 750 av. J.-C. d’après Wikipédia : http://fr.wikipedia.org/wiki/L%27Iliade

 

3. Saul, John Ralston, 2001 (2002), On equilibrium, Canada: Penguin book, p. 205 pour la citation, mais toute la partie « The intuitive creation » est d’intérêt ici. (pp. 204-212)

 

4. Documents  bruts, qui seront utilisés au montage et en postproduction. (http://fr.wikipedia.org/wiki/Rush_%28cin%C3%A9ma%29)

 

5. Faire ça vite, rapidement selon le dictionnaire anglais d’Encarta 2007 (« move fast: to move, act, or proceed quickly »)

 

6. Ce n’était pas le cas ici, car le TNM a depuis longtemps un lien permanent sur notre page « Liens Cinés, Arts et Culture, Spectacles! ». Tout leur  programme est  donc à quelques clics de souris de nos lecteurs.  

 

7. www.tnm.qc.ca/cafe-du-nouveau-monde/cafe-du-nouveau-monde.html

 

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24e vues d’Afrique (www.vuesdafrique.org/)

Michel Handfield

 

3 avril 2008

 

JPG - 38.1 koL’histoire humaine a débuté il y a longtemps. Chez « les spécialistes des animaux on parle de deux à trois millions d’années à partir des grands primates ». Chez les anthropologues, on pense à deux ou trois cents mille ans! Mais, on ne parlait pas encore d’humanité, car « le propre de l’humanité fut la mutation culturelle à rythme accéléré par le langage. » Cette histoire « s’est produit[e] en Afrique orientale il y a quelques centaines de milliers d’années. » A partir de là, l’Homme a colonisé la terre! (1)

 

Ce festival est donc plus qu’un regard sur un continent étranger. C’est un croisement de regards, car nous avons tous cette origine commune : l’Afrique. Mais, comme il y a eu la dérive des continents, il y a aussi eu la dérive des gens. Chacun a formé sa famille, son petit groupe, sa communauté, son peuple, puis s’est donné des règles et une culture propre au point de devenir étranger à l’autre. Maintenant, par de tels événements, on se retrouve, on échange, on compare nos différences et on voit nos convergences, car il y en a. Humain, nous venons tous d’Afrique. Ces 24e vues d’Afrique nous  le rappelle :

 

- 120 points de vue de 30 pays différents : www.vuesdafrique.org/spip.php?id_rubrique=26&page=rub_branche&artdate=2008-04-11;

 

-3 colloques : www.vuesdafrique.org/spip.php?article267; 

 

- Des expositions: www.vuesdafrique.org/spip.php?rubrique15 

 

De plus, même si on n’en a pas parlé dans le cadre de cet événement, il y a aussi l’exposition « papillons d’Afrique » au jardin botanique de Montréal jusqu’au 27 avril 2008. (2)   De quoi en avoir plein la vue avec l’Afrique finalement! 

 

Notes :

 

1. Barreau, Jean-Claude, et Bigot, Guillaume, 2005, Toute l'histoire du monde de la préhistoire à nos jours, France : Fayard (Histoire) (Distribution Hachette), pp. 15, 16, 18 et 23.

 

Aussi, voir le portail « Origine et évolution du vivant » sur wikipédia :

 

http://fr.wikipedia.org/wiki/Portail:Origine_et_%C3%A9volution_du_vivant et la page consacré à l’Humanité : http://fr.wikipedia.org/wiki/Humanit%C3%A9

 

2. http://www2.ville.montreal.qc.ca/jardin/jardin.htm

 

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DJ XL5 a présenté le RETRO KITSCH PARTY au Cinéma du Parc

Bande Annonce : http://fr.youtube.com/watch?v=7PCJmqGhIDY

 

Commentaires de Michel Handfield (le 28 mars 2008)

 

Histoire de la promotion de la musique pop avant MTV. On part d’ailleurs des années 40, avec les films 16 mm des scopitones (http://fr.wikipedia.org/wiki/Scopitone), aux premiers clips de MTV en passant par quelques bandes annonces de films musicaux et d’émissions jeunesses! Ce ne sont pas les clips vedettes qu’a cherché DJ XL5, mais les clips marquants et significatifs de ces époques. On trouve donc du connu, mais aussi de l’inédit. J’avais pris une trentaine de feuillets de notes sur mon palm, mais, finalement, rien ne vaut le film et la présentation qu’en fait DJ XL5, car il connaît la musique et en a une culture historique. Vous y verrez, entre autres, Chuck Berry, Elvis, Michèle Richard, Nancy Sinatra, Brigitte Bardot et plusieurs autres. Des chansons qui ont mal traversées le temps et d’autres où l’assistance réagissait encore comme l’ont probablement fait leurs parents et leurs grands-parents avant eux, car la musique étaient encore très actuelle et vivante.  

 

Ce film permet aussi de constater les changements des canons de la mode, comme des filles qui étaient plus en chaire et naturelles. Mais, le corps de la femme était et est toujours un objet qui fait vendre. Dans certains cas on pouvait même se demander si on nous vendait la voix ou le corps de la chanteuse.

 

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La France, une histoire de famille depuis 400 ans

http://ca.franceguide.com/

Par Michel Handfield

 

25 mars 2008

 

Jeudi en 20, j’ai assisté à la présentation « Bourses France 2008 » sur l’offre touristique française aux québécois. Cela se passait à l’hôtel Fairmont le Reine Élizabeth.

 

Quel accueil. La France sait recevoir, pas surprenant que ce soit le premier lieu touristique mondial. Le menu de ce rendez-vous annuel était normand. A mettre l’eau à la bouche :

 

- Gelée de sole, moules et crevettes en mosaïque à la normande

 

- Suprême de pintadeau de lait à la crème

 

- Arpège de pommes au Calvados

 

- Les vins : Picpoul de Pinet et Château Roquetaillade La Grange (1)

 

La Normandie était donc à l’honneur pour sa gastronomie, mais aussi pour ses attraits. Pensons au Mont-Saint-Michel; au débarquement de Normandie, dont ce sera le 65e anniversaire l’an prochain (2); à la Nouvelle-France, plusieurs de ses premiers habitants venant de Normandie ou ayant passé par un port normand pour venir s’établir au Canada!

 

Marcel Fournier, historien et généalogiste, a d’ailleurs travaillé à l’élaboration d’une base de données de quelques milliers de colons qui ont quitté vers la Nouvelle-France au début de la colonie. On peut donc trouver les racines françaises de plusieurs familles québécoises  sur http://ca.franceguide.com/. Cet ajout n’est pas surprenant, le tourisme généalogique étant, somme toute, assez important.

 

Parlant de tourisme, c’est la première activité économique mondiale. La France, quant à elle, est la première destination touristique avec 82 millions de visiteurs; 6,3% du PIB; 990 000 touristes canadiens, tout cela dans une industrie non délocalisable! (3)

 

La Normandie, ce sont aussi des paysages impressionnants, voir impressionnistes! Les jardins de Givenchy de Monet par exemple, c’est la Normandie. C’est d’ailleurs là qu’est est né l’impressionnisme. Bref, la Normandie c’est la France par excellence dit-on. Pas convaincu, Un village au hasard : Camembert! Ça vous dit quelque chose? Convaincant, n’est-ce pas?

 

La Normandie, des villes à tailles humaine, des petits villages, des routes rurales planes… à faire rêver le cycliste que je suis! Et pour s’y rendre, on nous dit qu’Air France a encore amélioré son service!

 

Notes :

 

1. Picpoul de pinet : www.picpoul-de-pinet.com

 

Château Roquetaillade La Grange  rouge : www.bordeauxwineweb.com/produits/87/2/chateau%20roquetaillade%20la%20grange%20%3Cbr%3Evin%20eleve%20en%20fûts%20de%20chene.html

 

Château Roquetaillade La Grange blanc : 

www.bordeauxwineweb.com/produits/88/2/chateau%20roquetaillade%20la%20grange.html

 

2. Moreau, Jean-Bernard, 2002, Le débarquement et la bataille de Normandie,  Caen : le Mémorial de Caen, 199 p. BN 38876632 02-29978 :

 

LE DEBARQUEMENT ET LA BATAILLE DE NORMANDIEEn provenance des ports du sud de l’Angleterre, une armada  de bateaux, de tous types et de toutes tailles, se présente à l’aube du 6 juin 1944 devant les côtes de la baie de Seine. De juin à août, l’afflux massif et continu de forces alliés transforme la Normandie en un vaste champ de bataille où, trois mois durant, les opérations ne connaissent aucun répit. Après l’assaut des plages, vinrent les combats de la « guerre des haies » et ceux pour la prise des villes. Dans un style vivant, ce livre offre une vue aussi globale et complète que possible des faits en respectant les divers éclairages : celui des Alliés comme celui des Allemands, sans oublier celui des premiers témoins, les Normands eux-mêmes.

 

www.memorial-caen.fr/fr/lib/catalog/product_info.php?cPath=1100_1112&products_id=311

 

3. Chiffres de 2006 je crois.

 

Hyperliens :

 

Maison de la France : http://ca.franceguide.com/

 

Hôtel Fairmont le Reine Élizabeth : www.fairmont.com/Fr/Queenelizabeth/

 

Air France : www.airfrance.ca    www.airfrance.fr/ 

 

Normandie : www.normandie-tourisme.fr

 

Débarquement : www.debarquement-normandie.com

 

Quelques liens glanés au salon :

 

Centre Juno Beach : www.junobeach.org

 

Centre des monuments nationaux : www.monuments-nationaux.fr

 

Chamonix/Mont-Blanc: www.chamonix.com

 

Provence-Alpes-Côte d’Azur : www.decouverte-paca.fr

 

St-Martin/Caraïbes françaises : www.st-martin.org

 

Mémorial de Caen : www.memorial-caen.fr

 

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Index

 

Cinéma et Théâtre

(Ciné, Théâtre et quelques annonces d’événements)

 

Attention : Dans les commentaires cinés, de théâtres ou de spectacles, les citations sont rarement exactes, car même si l’on prend des notes il est rare de pouvoir tout noter. C’est généralement l’essence de ce qui est dit qui est retenue, pas le mot à mot.

 

Je ne fais pas non plus dans la critique, mais dans le commentaire, car de ma perspective, ma formation de sociologue, le film est un matériel et nourrit une réflexion qui peut le dépasser. Certains accrocheront sur les décors, les plans de caméra,  le jeu des acteurs ou la mise en scène, ce qui m’atteint moins. Moi, j’accroche sur les problématiques qu’il montre et les questions qu’il soulève. Le film est un matériel sociologique, un révélateur social : psychosocial, socioéconomique ou sociopolitique par exemple. C’est ainsi que sur de très bons films selon la critique, je n’ai fait que de courts textes alors que sur des films qui ont décriés en cœur, j’ai pu faire de très longues analyses, car je n’ai pas la même grille, le même angle, qu’eux dans la tête. Je prends d’ailleurs des notes durant les projections de presse que je ne peux renier par la suite, même si je discute avec des confrères qui ne l’ont pas apprécié de la même manière que moi, car je travaille d’un autre angle. J’encourage donc le lecteur à lire plusieurs points de vue pour se faire une idée. Ce n’est pas un hasard si nos pages offrent plusieurs hyperliens de références, car cette diversité de points de vue est nécessaire. Il faut la protéger.

 

Michel Handfield 

 

Festival des films sur les droits de la personne 

Du 27 mars au 3 avril 2008

www.ffdpm.com

 

13 mars 2008

 

Créer un espace de réflexion par le cinéma! Le film comme appel à l’action et à la solidarité. Des films de qualité, mais non commerciaux. Des films d’auteurs. Voilà de ce dont il s’agit à ce Festival.

 

Dans la présentation j’ai notamment noté « discours d’eau » que j’ai manqué au Rencontres internationales du documentaire de Montréal. Bref, du film social et politique comme je les aime. Mais, comme toujours, je ne pourrais pas tout voir ce que je voudrais question d’horaires et d’obligations, car il faut bien tenir ce magazine. On ne peut tout voir et écrire en même temps. Des choix douloureux en perspective.  

 

Tous les détails et la programmation sur www.ffdpm.com

 

 

Michel Handfield

 

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Killing Time / Temps mort

 

Canada 2007 /69 min / doc / v.o. anglais, népali / s.-t. f. / Réal., Prod., Dir Photo : Annika Gustafson. / Mont.: Phil Jandaly  / Son: Mélanie Gauhtier  / Mus. : Ganesh Anandan

      

Killing Time relate l’histoire inconnue des réfugiés du Bhoutan. À la fin des années 1980, le roi bouddhiste du Bhoutan impose des lois culturelles très sévères qui affectent directement la vie et la liberté religieuse de la population hindoue du sud du pays. Des manifestations éclatent. Le roi réplique en envoyant son armée. Plus de 100 000 personnes sont forcées à l'exil. 17 ans plus tard, le Bhoutan a la réputation d’être un royaume bouddhiste pacifique de l’Himalaya, le promoteur de l’Indice de Bonheur National. Pendant ce temps, les Bhoutanais du sud luttent pour leur survie dans des camps de réfugiés surpeuplés, dans l’est du Népal. Les jeunes sont impatients. Pour eux, la seule solution pour avoir la paix, c’est la guerre.

 

Sélections

 

Visions du Réel - Festival de film documentaire, Nyon, Suisse ; Calgary International Film Festival ; Gothenburg Film Festival, Sweden.

 

Annika Gustafson

 

Originaire de Suède, Annika Gustafson a étudié le cinéma au Canada. Depuis, elle a exercé la plupart des métiers du cinéma et de la télévision autant en Suède qu’au Canada. Pour Killing Time, son premier long métrage, elle a passé cinq ans à la recherche de l’histoire des réfugiés oubliés du Bhoutan. Elle travaille actuellement à un projet de documentaire sur le bonheur.

  

Commentaires de Michel Handfield (12 avril 2008)

 

Le Royaume du Bhoutan dans l’Himalaya. Pays tranquille jusqu’au jour où le roi a décidé que si c’était un seul royaume, ce devait aussi être un seul peuple et une seule langue (dzongkha)! Les Népalais du Bhoutan devaient se soumettre et on y a mis les moyens, au point qu’une large part de la population a quitté le pays. Volontairement ou fortement incité à le faire! Maintenant réfugié dans des camps au Népal, le Bhoutan ne les reconnaît plus. Apatride, n’ayant pas la citoyenneté népalaise et ayant perdu leur citoyenneté Bhoutanaise.

 

Le roi avait promis la démocratie, mais a eu peur qu’en reconnaissant la différence, cela ne devienne une menace à la culture bhoutanaise, les bhoutanais étant minoritaires  dans le pays. Quand on est incertain de la survie, tout le reste perd son importance.

 

De l’autre côté, ces bhoutanais de langue népalaise qui ont fui dans les camps s’ennuient de leur pays. Ils sont bhoutanais sans aucun doute dans leur esprit et célèbrent encore leur roi. 

 

Le camp que l’on voit dans ce film semble assez bien, dans la mesure où il peut être bien d’être dans un camp. Ils reçoivent une éducation en anglais à ce que l’on voit. De quoi les outiller à aller vivre ailleurs si le Bhoutan leur demeure fermé. Par contre, s’ils demeurent au Népal, sans statut, ils vont faire quoi? Si on les laisse ainsi dans des camps sans avenir, cette situation va devenir explosive à plus ou moins brève échéance, d’autant plus qu’ils reçoivent une bonne éducation, ce qui ne peut que susciter des aspirations. Mais, des aspirations bloquées, ce peut être révoltant aussi. De quoi provoquer un soulèvement. Le pire ennemi, c’est donc le temps. Cela peut devenir explosif soit pour le pays où ils sont, soit pour le Bhoutan, s’ils tentent un retour en force chez eux, où on ne les reconnaît plus.

 

        En attendant, ils font des bébés, car il n’y a rien d’autre à faire. On parle de 20 000 naissances sans statut depuis le début des camps. La population explose, mais cela ne fait qu’accroître le problème, ces natifs des camps n’ayant aucune citoyenneté. Aucune citoyenneté et aucun papier, cela en fait aussi des proies faciles pour la traite des femmes, le Népal étant la plaque tournante de ce lucratif commerce.

 

Pour l'instant, c’est la survie grâce aux organismes internationaux, mais qu’est-ce qui arrivera si les Nations Unies se retirent? L’idée de province pourrait-elle être avancée comme solution?

 

On voit bien, encore une fois, le problème des Nations Unies ici. C’est un géant aux pieds et aux mains d’argiles, car au-dessus des nations, l’ONU ne peut pas agir de son plein gré. Les Nations Unies n’ont pas de pouvoirs autres que ceux que les nations lui délèguent à la pièce.  Et si l’affaire est politique, l’ONU se voit imposer des droits de véto et des bâtons dans les roues. Voilà ce qu’on comprend malgré toutes les précautions de ses hauts fonctionnaires pour ne pas le dire. Ils ont beau être rompus au maniement de la langue de bois diplomatique, on peut toujours décoder ce qu’il en est avec un peu de culture politique et d’esprit critique.

 

Hyperliens :

 

www.killingtimethefilm.com/

Bhoutan : http://fr.wikipedia.org/wiki/Boutan

 

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Do-It-Yourself

 

Belgique 2007 /13 min / Animation / v.o. français / s.-t. a / Réal., Scén., Anim., Prod. : Éric Ledune / Mont.: Éric Ledune & Yves Van Herstraeten / Son: Etienne Curchod / Mus.: Christian Leroy  /Décors : Diane Delfontaine

 

        « Si vous ne violez pas les droits de l’homme de temps à autre, probablement que vous faites mal votre travail. » Anonyme de la CIA (Washington Post – 26 décembre 2002)

 

Inspiré d’un véritable manuel de torture rédigé par la CIA dans les années 1970 à l’usage des dictatures d’Amérique latine, Do-It-Yourself explore de façon ludique et didactique les différentes manières de procéder pour parvenir sans se tromper à une variété de supplices réussis et charmants. La torture a souvent été décriée car associée à des régimes dictatoriaux. Mais qu’en est-il dans nos démocraties?

 

Sélections :

 

Festival d’Annecy (France) / ANIMADRID (Espagne) / Festival des Libertés (Belgique) / Festival of European Films on Wheels (Turquie) / Interfilm Short Film Festival (Allemagne) / Short Cuts Cologne (Allemagne).

 

Éric Ledune :

 

Né en Belgique en 1963, Éric Ledune a suivi une formation de plasticien. Il est photographe, créateur et enseignant en audiovisuel et films d’animation. Dans le cadre d’un dossier pédagogique conçu par Amnesty International Belgique, son film Do-it-yourself –sélectionné dans de nombreux festivals - est utilisé pour sensibiliser l’opinion publique à la banalisation de la torture.

  

Commentaires de Michel Handfield (12 avril 2008)

 

On nous présente le mode d’emploi de l’intimidation et de la  torture « made in USA » comme un document pour écolier. Ça frappe dans le « dash », c’est le moins que l’on puisse dire :

 

La démocratie, c’est nous! Il est important que les autres peuples le comprennent. (Noté dans mon PALM)

 

Ça vous fait penser à quelque chose? Vous avez raison! Inspiré d’un véritable manuel de torture rédigé par la CIA dans les années 1970, on perçoit tout le poids de l’impérialisme États-Uniens dans ce court film. Impérialisme qui se poursuit encore aujourd’hui avec le « Vous êtes avec nous ou contre nous » de George W. Bush.    

 

Hyperlien :

 

http://users.skynet.be/patachon/01got/films/filmf02.htm#01

 

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Freedom from Abuse of Power: Torture and Unlawful Imprisonment

 

USA / 2007 / 27 min / doc / v.o. anglais / Réal., Prod. : Ross Tuttle / Dir. Photo: Jojo Pennebaker / Mont.: Matt Martin /Mus.: Ed Barguiarena /Mont. & Mix. Son: Kenny Klimak, Barking Dog Sound / Prod. ex.: Robert Greenwald

 

Ce film montre comment la torture, l’enlèvement et la détention illégale, utilisées par le gouvernement des États-Unis dans la "guerre contre le terrorisme" est en train de saper les fondements mêmes de la démocratie dans ce pays. Il contient des témoignages de personnes détenues à Guantanamo ou torturées dans des prisons secrètes à l’étranger, dans le cadre du programme de "remise extraordinaire de prisonniers". Des vétérans de la guerre en Irak, outrés par les atrocités commises par le gouvernement expliquent pourquoi ils se battent maintenant sur un autre front, afin de protéger les libertés civiques qui nous sont si chères.

 

Ross Tuttle

 

Producteur, réalisateur de documentaires et journaliste américain. Il travaille sur de nombreux projets pour la télévision, le cinéma et la presse écrite. Parmi ses œuvres les plus récentes, notons la production du documentaire applaudi par la critique, King of Kong, ainsi que trois épisodes de la série documentaire Freedom Files, qu’il a réalisé pour la ACLU (American Civil Liberties Union). Il prépare actuellement un documentaire sur la situation de réfugiés cambodgiens qui ont grandi aux États-Unis, et qui sont renvoyés au Cambodge après avoir commis des crimes aux États-Unis.

  

Commentaires de Michel Handfield (12 avril 2008)

 

Les États-Unis, dans leur guerre au terrorisme, font-ils aussi une guerre aux libertés? Selon ce film la réponse est oui, cela avec l’aide de dictatures de complaisance!

 

En effet, la CIA et le Foreign Office  utilisent les facilités des pires dictatures amies pour obtenir des confessions de leurs prisonniers dans le cadre de leur guerre au terrorisme. Mais, même si les « clients » à faire parler sont livrés par les USA, les États-Unis se disent irresponsables de ce qui leur arrive, car cela ne se passe pas sur leur territoire. Belle hypocrisie. En fait, ce serait comme si le commanditaire d’un crime n’était pas responsable, car il ne l’aurait pas commis lui-même. Les donneurs d’ordre de la mafia auraient ainsi l’immunité. Voilà ce que signifie cette politique.

 

S’il faut un coupable pour faire baisser la pression intérieure aux States, ils peuvent prendre n’importe qui et lui accoler l’étiquette de terroriste. Ils n’auront qu’à s’excuser après… 

 

Cela a cependant commencé bien avant le 11 septembre 2001, notamment en Amérique latine. On parle alors des années 50-70!  Mais, si c’est cela l’image de la démocratie que les États-Unis diffusent dans le monde, ils ne doivent pas être surpris de la réponse qu’ils reçoivent parfois!  

 

Hyperlien :

www.aclu.tv

 

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Ghosts of Abu Ghraib

 

USA / 2007 / 78 min / Doc / Anglais (v.o.) / s.-t.a. / Real.: Rory Kennedy / scen.: Jack Youngelson / Dir. photo: Tom Hurwitz / mont.: Sari Gilman / mus. : Miriam Cutler / Prod. : Rory Kennedy, Liz Garbus, Jack Youngelson

 

L’homme est capable de perpétrer des actes inhumains quand on le lui ordonne: c’est ce que démontrent les images d’archives d’une expérience sur l’obéissance, conduite à Yale dans les années 1960, en ouverture du film Ghosts of Abu Ghraib. Aujourd’hui, le scandale associé à cette prison en est la preuve. Les photos de détenus irakiens torturés par l’armée américaine, révélées au grand public en 2004, hantent encore les esprits. Comment ces abus ont-ils pu devenir une pratique acceptée? Par des entretiens avec les victimes et les soldats impliqués dans la torture, et une enquête en profondeur sur les décisions prises par l’armée et le gouvernement des États-Unis, à l’encontre des accords de Genève, le film propose de comprendre comment un pays qui se dit défenseur des droits humains peut commettre et banaliser la torture.

 

Sélection :

 

American Documentary Competition, 2007, Sundance Film Festival, USA.

 

Rory Kennedy

 

Co-fondatrice et co-présidente de Moxie Firecracker Films, est une des documentaristes indépendantes les plus prolifiques des États-Unis. Ses œuvres portent sur des thèmes tels que la pauvreté, la violence domestique, les droits de la personne et le SIDA. Elle a réalisé et produit plus de 20 films diffusés à la télévision et qui ont remporté des prix dans plusieurs festivals.

  

Commentaires de Michel Handfield (12 avril 2008)

 

Le film débute sur l’expérience de Milgram en 1961, où on demandait à des individus de donner des chocs électriques à un individu caché, mais dont on entendait les cris, car il les méritait. Et les gens s’y pliaient, car la demande venait d’une personne en autorité. (1) Cela résume le film. Si les éléments d’Abu Ghraib (2) ont eu lieu, ce n’était pas parce que les militaires s’amusaient des prisonniers irakiens, mais bien parce qu’ils en avaient reçu l’ordre, car un soldat est d’abord formé à respecter la hiérarchie. Si ces événements ont eu lieu, c’est qu’ils étaient planifiés, car on ne peut agir sans les ordres dans l’armée! Mais, quand cela s’est su, on a fait passer ces événements sur le dos des plus petits. Si on sacrifie la « rule of law » pour le bien suprême de l’État, on ne sacrifie pas la tête quand il faut un coupable, même si les ordres partaient d’en haut de la chaîne de commandement. Peut-être même du Politique. Probablement à mots couverts pour se protéger, comme « n’hésitez pas à prendre les moyens qu’il faut », assez clairement pour être compris des subalternes. Mais, après, on peut toujours dire qu’on « n’a jamais dit de poser des actes illégaux »!

 

En effet, le politique doit se tenir loin de la décision, en apparence du moins, car autoriser la torture de prisonniers ne respecte pas la convention de Genève signé en 1949 par les États-Unis. Cependant, on a déjà trouvé une faille pour se défiler : ces hommes ne sont pas des prisonniers militaires, mais des terroristes. La convention de Genève ne s’applique donc plus. Cette étiquette de « terroriste » est donc bien commode, car elle permet de se défiler et de se justifier.

 

Il est vrai que les terroristes ne respectent pas les autres par contre, cela au nom d’une ligne idéologique qui les aveugle. Cependant, le bat blesse quand le Pouvoir fait pareil au nom d’une idéologie, comme c’est le cas de l’administration de George W. Bush. Les uns et les autres font dire ce qu’ils veulent aux statistiques, aux lois, ou à Dieu au dépend de la vérité! Voilà tout le problème. 

 

Finalement, dans cette guerre irakienne, et particulièrement dans le cas de la prison  d’Abu Ghraib, les États-Unis semblent avoir emprunté les méthodes de Saddam Hussein, à moins que ce soit eux qui les lui avaient enseignés quand ils étaient encore des alliés!

 

Si les intellectuels peuvent questionner cet état de fait, on peut se demander quelle place on leur laisse cependant pour le dire. C’est bien la liberté de parole des intellos, mais si elle n’est pas largement diffusée, sauf dans des milieux restreints et déjà au courant, à quoi sert cette prise de parole? Ce film passerait-il sur CNN? Puis, après, on nous dira qu’on ne savait pas. Cela, les médias de masse le diffuseront!

 

Notes :

 

1. Expérience de Milgram : http://fr.wikipedia.org/wiki/Exp%C3%A9rience_de_Milgram

 

2. Prison d’Abou Graib :  http://fr.wikipedia.org/wiki/Prison_d%27Abou_Ghraib

 

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Le prix de l’exode

 

Canada / 2006 / 28 min / doc / v.o. français, bambara, souaré / s.-t. f. / Réal.: Bruno Boulianne / Journaliste-recherchiste : Loreto Garrido / Camera : Geoffroy Beauchemin / Mont.: Vincent Guignard

 

Chaque année, et au péril de leur vie, des milliers d’Africains s’exilent à l’étranger en quête d’un avenir meilleur. Au Mali, comme dans l’ensemble des pays de la région, la situation est catastrophique. Parmi ceux qui partent, on retrouve les plus défavorisés, mais aussi ceux qui pourraient contribuer au développement du pays. Or, les emplois sont rares et l’avenir semble sans issue. Le prix de l’exode donne la parole à des jeunes qui rêvent de partir, des naufragés du désert qui tentent encore leur chance, et quelques militants qui luttent pour leur venir en aide.

 

Prix

 

Prix ONF du meilleur film dans la section Regards d’ici sur l’Afrique et les pays créoles au Festival Pan-Africa international 2007 (Festival Vues d’Afrique 2007).

 

Bruno Boulianne

 

De retour de La Course Europe-Asie en 1991, Bruno Boulianne signe Un cirque sur le fleuve, un premier documentaire qui gagne plusieurs prix. Cinéaste à l’ONF, il y réalise Aviature et Des hommes de passage. Il tourne ensuite Le Compteur d’oiseaux qui a mérité le Grand Prix au Festival de films de Portneuf sur l’environnement 2005. Il réalise pour Télé-Québec des reportages en Bolivie, au Vietnam et au Mali. Il termine ensuite le documentaire 50 tonnes d’épinettes.

 

Commentaires de Michel Handfield (12 avril 2008)

 

Film qui remonte la piste de ces africains qui veulent aller en Europe pour améliorer leur sort. On y découvre que les risques sont grands, très grands.

 

La première question est « Pourquoi? »

 

La Moitié de la population africaine a moins de 25 ans et un avenir bloqué. 70% des jeunes veulent donc partir. Ils ont moins peur du danger que de la misère. Comme cette jeunesse voit des possibilités de l’autre côté de la Méditerranée, elle la traverse. L’Europe, pour l’Afrique, c’est comme l’Amérique du Nord pour les sud-américains. Le risque vaut la peine d’être couru. Et qui dit forts désirs d’immigration, dit marché pour une immigration clandestine bien organisée. Le film parle donc de cette forme de criminalité tout comme de ceux qui veulent quitter.

 

La seconde question est « Comment éviter cela? »

 

Leur donner des alternatives, des possibilités de crée. Faire des projets pour créer des emplois locaux et durables serait la seule réponse contre cet exode,  car il est coûteux en pertes humaines et de ressources créatrices. Le développement de l’Afrique se doit de passer par l’Afrique,  mais, pour cela, il faut conserver ces gens qui sont capables d’aider.

 

Comme le dit Aminata Traore (1) dans ce documentaire : « Protéger ses frontières et ouvrir son économie est un crime. »  Je ne peux qu’être d’accord avec elle et je l’ai déjà écrit à d’autres occasions : cette mondialisation n’est pas faite pour les citoyens, mais pour les entreprises. Là est tout le problème. 

 

Note :

 

1. En l’entendant parler, je savais que je l’avais déjà entendu ailleurs. Une petite recherche dans mes archives et sur l’internet m’a permis de trouver qu’elle était témoin dans Bamako, film dont j’ai parlé dans le Vol. 9 no 3 de Societas Criticus : Bamako, Mali /Québec /Canada! Elle a aussi donné une excellente entrevue à Christiane Charette, car c’est une intellectuelle qui n’a pas peur de la prise de parole.

 

Voir :

www.bamako-film.com/index.php?liste&lang=fr

 

Entrevue de Christiane Charrette avec Aminata Traore (7 septembre 2007:

www.radio-canada.ca/radio/christiane/modele-document.asp?docnumero=43208&numero=1880

 

Sur Wikipédia :

http://fr.wikipedia.org/wiki/Aminata_Dramane_Traor%C3%A9

 

Sur l'Afrique écrite au féminin :

http://aflit.arts.uwa.edu.au/TraoreAminata.html

 

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Mexico illégal

 

Canada / 2007 / 24 min / doc / v.o. espagnol / s.-t. f. / 

Réal., Prod. : Lisa-Marie Gervais et Pedro Ruiz / Dir. Photo: Pedro Ruiz / Mus.: Banda de Gaza, Jorane, Los tigres del Norte

 

Chaque année, en moyenne 300 000 sans papiers venus d’Amérique centrale fuient la pauvreté et traversent le Mexique pour se rendre aux États-Unis, parfois même au Canada. Pour eux, le train demeure le moyen de transport le plus populaire pour traverser tout le Mexique. Mais cette longue route est parsemée de dangers. Près d’un millier d’entre eux tombent du train chaque année. Pour les mutilés du train, le deuil du rêve américain sera difficile à faire. Pour les autres, arriver aux portes des États-Unis est déjà une victoire en soi. Leur odyssée est pourtant loin d’être terminée…

 

Lisa-Marie Gervais

 

Diplômée en journalisme et en sciences politiques, Lisa-Marie Gervais est journaliste pour la presse écrite (La Gazette des femmes, Le Devoir). Elle a réalisé plusieurs reportages en Europe, en Amérique latine et en Afrique pour des magazines québécois.

 

Pedro Ruiz

 

Né en 1970 au Venezuela, Pedro Ruiz est photographe et cinéaste. Il a travaillé depuis 1991 à de nombreuses productions documentaires un peu partout en Amérique latine. Il collabore au quotidien Le Devoir comme photojournaliste depuis 2004 et vit aujourd’hui à Montréal.

  

Commentaires de Michel Handfield (12 avril 2008)

 

Fuir la pauvreté, si cela se passe en Afrique, cela se passe aussi en Amérique. Des centroaméricains sans travail ou à faible revenu, qui font du travail aux champs ou à 1$ par jour dans des usines, fuient à pied par le Mexique pour essayer de traverser aux États-Unis. Comme pour l’Afrique, c’est une route aux mille périples, car il faut transiger avec les policiers corrompus, les petits gangs, et les mafias de l’immigration. Vol et viols font partie des risques. Puis, il y a les risques d’accident lorsqu’on  « jump » les trains. Plusieurs seront d’ailleurs amputés d’un ou deux membres suite à une chute lors de cet exercice périlleux. D’autres y laisseront leur vie pour avoir essayé d’en gagner une meilleure. Des services ont même été créés par des organismes religieux pour accueillir ces victimes du voyage.

 

Le système est ainsi dans un cercle vicieux : d'un côté, on abolit les frontières pour les échanges économiques,  ce qui entraîne une délocalisation du travail, notamment vers l’Asie, et crée de la pauvreté et de l’insatisfaction dans les populations ouvrières; puis, de l’autre, on ferme les frontières aux gens pour des raisons sécuritaires et empêcher les flux de travailleurs immigrants (immigration économique). Puis, par l’exportation de produits télévisuels et cinématographiques, on leur vente l’ « american way of life »! Après on est surpris d’avoir des milliers de travailleurs qui veulent venir dans ce pays de rêve, même illégalement, situé à quelques milliers de kilomètres tout au plus de chez eux. Ce n’est pourtant pas surprenant, surtout que leurs pays peuvent difficilement   satisfaire les besoins de base de leur propre population.

 

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Letters from the Other Side

 

Mexico / USA / 2006 / 74 min / doc v. o. espagnol & anglais / s.-t. a / Réal., Prod. : Heather Courtney / Mont.: Kyle Henry, Sandra Guardado / Photo: Heather Courtney, René Peñaloza Galván / Mus. : Alex Chavez (Arbolito)

 

Dans Letters from the Other Side, Heather Courtney fait se croiser des vidéos que s’adressent des familles entre les États-Unis et le Mexique, donnant la parole aux femmes délaissées au Mexique. S’intéressant à la vie des personnes les plus affectées par l’échec actuel des politiques d’immigration et de marché, le film raconte l’histoire complexe de ces familles déchirées par la situation économique et la mort des communautés, et des gouvernements qui ne peuvent pas ou ne veulent pas agir sur cette question.

 

Sélection

 

San Diego Latino Film Festival, 2006; San Francisco Documentary Film Festival, 2006 ; The Haifa International Film Festival, Israel, 2006 ; The Los Angeles Latino International Film Festival, 2006 ; The Boston Latino International Film Festival, 2006.

 

Heather Courtney

 

Basée à Austin, au Texas, Heather Courtney est réalisatrice, cinéaste et photographe. Avant d’obtenir son diplôme en cinéma, elle a travaillé pendant huit ans en tant que rédactrice et photographe pour le compte de l’ONU et de plusieurs organismes de défense de droits des réfugiés et immigrants, dont les camps de réfugiés rwandais après le génocide rwandais de 1994.

  

Commentaires de Michel Handfield (12 avril 2008)

 

On voit celles qui sont touchées par l’immigration d’un proche, mari ou enfant, du Mexique vers les États-Unis.  Plusieurs sont illégaux. Certains en ont même payé de leur vie ce rêve américain!

 

Tous partent avec l’idée d’envoyer de l’argent, puisqu’on peut trouver de l’argent dans la rue aux États-Unis selon la rumeur. Une fois là, l’argent ne sera jamais envoyé aux familles, car il est beaucoup plus rare que ce que le mythe en dit. Puis, les illégaux travaillent pour un minimum et le coût de la vie est plus élevé. Ils ne s’enrichissent donc pas comme ils s’y attendaient. Bienvenue au pays des désillusions.

 

Mais, être demeuré au Mexique, c’était aussi la pauvreté. Depuis le libre échange, le marché mexicain est inondé de produits moins cher que les produits locaux grâce au soutien du gouvernement États-unien à ses agriculteurs par exemple. Le dumping! Une façon de pousser les Mexicains vers les maquiladoras? Je dis ça de même, mais cela mériterait réflexion. (1)

 

Par contre, des gens s’organisent. Il se crée des coopératives. Des paysannes font de nouvelles productions artisanales, à base de cactus (Nopal) par exemple : savons, confitures… (2) D’autres se sont lancé dans les pâtisseries et les pains, mais le conseiller d’État vient leur mettre des bâtons dans les roues en voulant les aider, car il veut appliquer des modèles économiques et managériaux inadaptés aux communautés locales et à ces productions artisanales. On leur a par exemple fourni des équipements industriels qu’ils n’ont pas les moyens d’utiliser! Ce sont des réseaux de vente et de distribution dont ils auraient besoin, car c’est bien de savoir faire, mais il faut être organisé pour vendre ensuite. C’est là qu’il faudrait placer le support.

 

Film intéressant qui, tout en rétablissant les contacts  entre ces gens restés au Mexique et leurs proches de l’autre côté de la frontière, nous montre leurs conditions de vie et ce qu’ils font pour s’en sortir. Leurs espoirs et leurs difficultés. Les différences et les convergences entre le nord et le sud d’un même continent.

 

Mais, le plus fascinant, c’est qu’on utilise cette main-d’œuvre bon marché dont on dit ne pas avoir besoin aux États-Unis. La limitation de l’immigration permet-elle de se créer un bassin de main-d’œuvre illégale prête à tout pour travailler, car ce sont les plus débrouillards qui ont réussi à passer comme illégaux. Une main-d'œuvre dont on a besoin et qui serait beaucoup moins docile et plus dispendieuses si elle était légale. 

 

Notes :

 

1. Voici deux livres auxquels j’ai pensé :

 

Labrecque, Marie-France, 2005, Être Maya et travailler dans une maquiladora. État, identité, genre et génération au Yucatan, Mexique, PUL, Collection Mondes autochtones

 

Chossudovsky, Michel, 1998, La mondialisation de la pauvreté, Montréal: écosociété

 

2. http://comptoir.canalblog.com/archives/2006/11/23/3250591.html

 

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L’ÉTOILE DU SOLDAT

FILM D’OUVERTURE du 3e FFDPM

 

Film de CHRISTOPHE DE PONFILLY

 

L’étoile du soldat, présenté en première nord-américaine, ouvrira le 3e FESTIVAL DE FILMS SUR LES DROITS DE LA PERSONNE DE MONTRÉAL le jeudi 27 mars 2008, en présence de l’acteur principal, Sacha Bourdo [soirée ouverte au public : 7$]. Une deuxième projection publique aura lieu le samedi 29 mars à 20 h 30 au Cinéma du Parc, dans le cadre du FFDPM, également en présence de Sacha Bourdo.

 

France/Allemagne/Afghanistan, 2006, 105 min,

Fiction, v.o. multilingue, s.-t.f.

Scén. : Rim Turki - Prod. : Albert Films - Dir. Photo : Laurent Fleutot – Son : Alain Curvelier - Mont. : Anja Lüdcke -Musique : Jean Baptiste Loussier

 

Avec : Sacha Bourdo, Najmudine, Patrick Chauvel, Moalemalef Sourat, Murad Ibrahimbayo, Gol Ghoutey Voix off : Philippe Caubère

Distribution : Les Films du Losange

 

 

11 septembre 2001. Du haut des montagnes afghanes, Vergos, journaliste français, apprend l'attaque des tours du World Trade Center par les terroristes d'Al-Qaïda. Il se souvient... 1984. Nikolaï, jeune musicien soviétique, débarque en Afghanistan comme des milliers d'autres conscrits pour livrer une guerre qui n'est pas la sienne. La peur au ventre à chaque instant, il se retrouve plongé dans un monde de violence et de mort.

 

Un jour, lors d'une opération commandée, il est capturé par des Moudjahidins du Commandant Massoud qui l'emmènent au cœur des montagnes où se terrent les résistants afghans et Vergos, venu clandestinement en Afghanistan. Tandis que certains veulent sa mort, d'autres se prennent de compassion pour lui. Peu à peu, des liens d'amitié et de complicité se nouent entre le soldat soviétique, le journaliste français, et les Moudjahidin...

 

BIOGRAPHIE

 

Fils d'un écrivain franco-russe, Christophe de Ponfilly, auteur, réalisateur autodidacte, producteur et journaliste, a réalisé plus d'une quarantaine de reportages et de documentaires. En juillet 1981, il se rend clandestinement en Afghanistan pour témoigner de la résistance du peuple afghan contre l'occupation soviétique. Il devient alors l'ami du commandant Massoud et ne cesse de témoigner, dans ses œuvres diverses, du drame afghan à travers les hommes et les femmes qui s'y trouvaient piégés. En 1998, il réalise le documentaire désormais célèbre Massoud, l'Afghan, qui obtient des prix dans plusieurs festivals internationaux. Il décède en 2006 à l'âge de 55 ans, peu après la réalisation de L'Étoile du soldat, son premier et seul long-métrage de fiction inspiré de sa propre histoire.

 

De vrais Moudjahidin

 

Une trentaine d'ex-Moudjahidin du commandant Massoud ont été conviés, quelques semaines avant le début du tournage, à une projection de Massoud l'Afghan. Ayant apprécié le travail du réalisateur, ils ont accepté de participer au tournage de L'étoile du soldat.

 

Plus qu'un film, une envie

 

Christophe de Ponfilly avait depuis longtemps envie de réaliser un film de fiction destiné au cinéma pour dire « avec plus de force encore, ce [qu'il] avait tenté de faire savoir à l'époque où l'occident ignorait que tout ce qui se tramait en Afghanistan le concernait aussi ». Les événements du 11 septembre 2001 ont, selon les termes du réalisateur, « rendus pressants la réalisation de ce film ». Létoile du soldat représente, pour Christophe de Ponfilly, un travail de mémoire indispensable.

 

Un scénario tiré d'une histoire vraie

 

Le scénario de L'étoile du soldat est inspiré de ce qu'a vécu le réalisateur lors de son arrivée clandestine en Afghanistan en 1984. Le jeune soldat russe Nikolaï interprété par Sacha Bourdo a réellement existé. Christophe de Ponfilly écrit d'ailleurs, dans le roman éponyme publié en 2006, qu'il a toujours gardé la photo de ce jeune soldat russe libéré par « ses amis afghans » puis tué par des Pakistanais. De plus, le nom du personnage interprété par Patrick Chauvel (Vergos) est celui d'un ami du réalisateur assassiné à Peshawar.

 

Un dernier hommage

 

Quelques jours avant que ses confrères du jury du prix Albert Londres, auquel il appartenait de longue date en sa qualité d'ancien lauréat, ne remettent leur prix à Marseille, Christophe de Ponfilly s'est suicidé. Le 16 mai 2006, le réalisateur de L'étoile du soldat nous a quittés, laissant une lettre expliquant son geste. Christophe de Ponfilly ne s'était jamais remis de l'assassinat de son ami le commandant Massoud. L’étoile du soldat résonne donc comme un dernier hommage à cet homme d'une grande éthique.

 

Commentaires de Michel Handfield (28 mars 2008)

 

Nikolaï, jeune musicien russe pour qui son pays n’est pas l’URSS, mais la musique. Sauf qu’il est obligé de faire son service militaire en Afghanistan en 1983 pour l’URSS. Des destins s’y croiseront. Ce sera aussi l’occasion d’en apprendre davantage sur cette région du monde qui fait encore les manchettes 25 ans plus tard. L’URSS n’y est plus, mais nous y sommes, cadeau des États-Unis.

 

Comme l’URSS était l’ennemi des États-Unis et que les ennemis de l’URSS étaient les amis des États-Unis, ces derniers ont soutenu les islamistes contre les russes, incluant probablement les plus radicaux d’entre eux et même les talibans, avec les conséquences que l’on sait maintenant. Mais, attention, ça ne veut pas dire qu’il aurait fallu soutenir les soviétiques contre les afghans, car les soviets ne sont pas très sympathiques non plus selon ce film : s’ils tuent des chèvres pour manger, ils tuent aussi des paysans. Ils sont donc loin d’être des libérateurs même s’ils se présentent ainsi! D’ailleurs, ils ne sont même pas sympathiques pour leurs propres soldats : « Si l’un d’entre vous déserte, tous le régiment sera fusillé! » Vraiment pas sympathique.

 

En fait, le peuple était pris en otage entre les soviétiques et les radicaux religieux, dont les talibans à l’époque soviétique. Ils sont maintenant pris au centre d’une autre bataille idéologique, cette fois ci faite par l’occident pour éteindre les braises que la CIA a dispersé sur le monde en soufflant sur le feu allumé par les russes.

 

Quelques groupes, comme celui du commandant Massoud, étaient probablement plus modérés, mais trop peu soutenu,  perdu dans cette masse des opposants au régime soviétique que la CIA et les États-Unis soutenaient. Massoud fut d’ailleurs assassiné le 9 septembre 2001, à la veille des célèbres attentats que l’on sait. On a finalement réussit à faire de ce conflit une guerre civile : Afghans contre Afghans!

 

On se rend compte d’une chose que l’on sait déjà, car nous l’ont appris bien des dictatures : le pouvoir du fusil et de l’uniforme militaire rend puissant les cons de tous les pays! Mais, il faut toujours répéter ces choses là, car bien des hommes politiques ne jurent encore que par le pouvoir militaire. Les États-Unis soutiennent encore bien des dictateurs… qui n’ont de brillant que leurs chaussures bien cirées!

 

Si on avait à investir en quelque part après cette guerre, ce devrait être en éducation, car la plupart des afghans croient encore que la terre est plate et s’arrête aux confins des montagnes. Montagnes et grottes afghanes qui donnent un avantage à la guérilla qui connaît bien son  terrain cependant.

 

        Un film intéressant qui nous donne le recul qu’il faut pour comprendre un peu plus ce qui se passe dans cette région du monde. Si peu encore, mais déjà plus que ce que les clips télé en disent, surtout s’ils sont contrôlés par les services de communication et de relations publiques de l’État, du Pentagone et de l’armée.  

 

Hyperliens :

 

Massoud : http://fr.wikipedia.org/wiki/Ahmed_Chah_Massoud

 

Taliban : http://fr.wikipedia.org/wiki/Taliban

 

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Americano

(Reprise de Vol. 10 no 1, 26e RENDEZ-VOUS DU CINÉMA QUÉBÉCOIS)

 

Beta Numérique / Noir et blanc et couleur / 109 min / 2007 / v.o.française, espagnole, anglaise / s.-t.français

 

Documentaire

 

De la Patagonie à l’Arctique, Carlos Ferrand visite des amis de longue date rencontrés à travers ses vagabondages américains : des membres de la famille, des cinéastes, un médecin, une cuisinière, un orpailleur… Des histoires personnelles et identitaires fortes et signifiantes, mais souvent oubliées.

 

Réalisateur : Carlos Ferrand, Scénario : Carlos Ferrand, Photo : Carlos Ferrand, Montage : Dominique Sicotte, Son : Catherine Van Der Donckt, Benoît Dame, Musique : Kevin Dean, Producteur : Les films du tricycle / Sylvain L'Espérance, Distributeur : S.O., Interprètes : S.O. Carlos Ferrand

 

Carlos Ferrand est né au Pérou. Il est scénariste et réalisateur de documentaires et de fictions. Il a signé une quarantaine de films et des vidéos dont Visionnaires (1998) et Il parle avec les loups (2002). Il a collaboré, en tant que directeur de la photographie, à plus d’une cinquantaine d’oeuvres : Du pic au coeur de Céline Baril, Lumière des oiseaux de Jean-Philippe Duval et Dans les villes de Catherine Martin.

 

Commentaires de Michel Handfield (29 février 2008)

 

Lima au Pérou, un pays où il reste tant à faire. Carlos Ferrand se demande donc s’il aurait dû rester ou s’il a bien fait de partir, car avait-il la force d’entreprendre ce qu’il y avait à faire, comme ces quartiers auto construits?  Peut être que ce retour sur l’Amérique latine avec l’œil de l’expatrié est sa meilleure contribution, car il nous fait sentir de l’intérieur ce qui nous intéresse de l’extérieur. 

 

S’il s’intéresse d’abord au Pérou, d’où partent ses racines, il remonte l’Amérique jusqu’au grand nord et nous fait rencontrer des gens qui font les choses différemment dans cette Amérique qui est loin d’être monolithique comme certains médias de masse nous la représentent. Des gens qui travaillent à changer les choses. Des gens qui l’ont marqué et qu’ils considèrent au point de nous les présenter « personnellement », comme ce médecin de gauche qui travaille avec des autochtones en Californie (1) et qui remarque que la peur du maccarthisme a marqué les états-uniens depuis la 2e guerre mondiale, ce qui fait qu’on ne s’identifie pas trop de gauche et surtout pas comme  communiste aux États-Unis! En fait, il est peut être plus facile d’être chrétien de gauche que politiquement de gauche aux « States »! C’est notamment le cas de cette professeure de New-York que l’on voit dans une école du Bronx revalorisée, mais que l’on voit aussi à l’église, ce qui m’a davantage dérangé vu le genre « preacher » de la chose.  

 

Ce film et ces rencontres sont aussi l’occasion de quelques leçons d’histoire et d’observations sociopolitiques. C’est ainsi que l’on apprend qu’il y a eu des esclaves chinois en Amérique latine ou qu’on payait pour éliminer des indiens à la paire d’oreille rapportée, ce qui fut le cas pour les Selk’nam. (2) Il observe aussi qu’à la télévision tout le monde est blanc avec des yeux bleus, donc de style européen, alors que dans la rue la population est plus métissée, indienne! Pourtant, pour les indiens, le diable a les yeux bleus!

 

La TV serait-elle diabolique? Peut être, puisqu’elle ne valorise pas nécessairement la culture d’origine, comme si l’on avait honte de notre mère patrie, mais elle présente plutôt celle d’ailleurs comme modèle! Pourtant, la télévision pourrait jouer un autre rôle, un rôle plus éducatif, puisqu’il y a des besoins de ce côté comme il le montre. Ainsi, en Bolivie le peuple est assoiffé de savoirs sur le monde. Puis, la culture est importante dans tous les  processus de libération. Quant au Mexique, il y aurait du travail d’éducation à faire concernant les droits des femmes, car ce pays est au prise avec une « idéologie du droit viril ». Les femmes y ont des difficultés, notamment avec la violence qui reste impunie. La télé pourrait alors y jouer un rôle d’éducation, surtout que l’internet n’est pas encore accessible aux masses alors que la TV se retrouve dans presque tous les foyers. Bref, il ouvre des possibles. Son film devrait aussi être montré le long de son parcours.  

 

Post-scriptum :

 

Dans ce film on voit une personne qui a perdu son frère pour des raisons politiques. La dictature. Je ne l’ai malheureusement pas noté. Ceci m’a cependant fait penser  à un article récent sur cette question des disparitions politiques au Guatemala. Si cela vous intéresse, il s’agit de :

 

Doyle, Kate, The atrocity files: Deciphering the archives of Guatemala's dirty war, Harper’s magazine, December 2007, pp. 52-64: www.harpers.org/

 

Notes :

 

1. Sur un mur de son local j’ai pu noter un site internet : www.fcnl.org . C’est pour « The Friends Committee on National Legislation »,  le plus grand lobby pacifiste à  Washington.

 

2. www.limbos.org/sur/selknfr.htm

 

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Le Déshonneur des Casques bleus

(Reprise de Vol. 9 no 8 - Societas Criticus au 10e RIDM)

 

En présence des cinéastes. La projection sera suivie du débat : Femmes cinéastes et pays en guerre. Représentants armés des Nations Unies, leur rôle consiste à séparer les belligérants et à protéger les populations civiles. Ils apportent l’espoir et la sécurité dans des pays ravagés par la guerre. Du moins, c’est le mandat qui leur a été confié. Mais depuis quelque temps, de nombreux observateurs s’interrogent : et si les Casques bleus faisaient partie du problème plutôt que de la solution ? Brutalité, abus, viols de mineurs, les accusations s’accumulent. Sommes-nous vraiment au courant du comportement des Casques bleus ? Tourné essentiellement en République démocratique du Congo, le documentaire-choc de Raymonde Provencher fait le point sur une situation intolérable. À l’écoute des victimes et des témoins, il remet radicalement en question la réputation de héros des temps modernes que s’étaient taillée jusqu’à présent les Casques bleus de la paix.

 

Réalisateur(s) : Provencher, Raymonde

Pays : Québec

Durée : 75 min.

Année de production : 2007

Langue(s) originale(s) : albanais, anglais, français, swahili avec sous-titres : s.-t.f.

 

Commentaires de Michel Handfield (14 décembre 2007)

 

Au Congo, des fillettes sont victimes des casques bleus, ces soldats de l’ONU que nous payons pour protéger les populations vulnérables. Des fillettes de 12 à 16 ans  violées par des militaires. Des femmes de plus en plus jeunes prises de force par des militaires, miliciens et paras, car ils ont peur du SIDA. Une exception : le cas d’une dame de 65 ans!

 

 Ces fillettes sont doublement victimes de ces actes, car elles sont ensuite rejetées par leur famille qui les accuse d’être responsables de leur viol. Elles peupleront la rue…

 

La MONUC (Mission de l’ONU au Congo) empire donc le malheur du peuple à cause de ces viols. Il y a donc perte de confiance dans ceux-là mêmes qui devaient aider. Si on n’en parle pas trop, c’est qu’il y a un complot du silence, car beaucoup reçoivent de l’argent de l’ONU.

 

Je voyais ce film et je me disais qu’on devrait leur donner des boîtes de kleenex pour qu’ils soulagent leur montée d’hormones, car ce sont  souvent des jeunes militaires. Et si Dieu est contre la masturbation, je ne vois pas pourquoi il serait davantage pour le viol! Quant à poursuivre ces  militaires, cela dépend toujours des lois du pays d’où ils viennent, car l’ONU n’a pas de pouvoir à ce niveau. Devrait-on changer sa constitution ou en faire un gouvernement?

 

À ce qui est dis dans ce film, probablement que les 2/3 des accusations seraient fondées, mais il n’y a pas moyen de vérifier, ni de  porter des accusations, car la population bouge, les militaires aussi, et il n’y a pas de papiers d’identification dans bien des cas. Il faudrait une banque d’ADN des militaires et des tests sur les bébés. Mais, l’ONU n’a pas ce pouvoir. Si certains pays l’ont, pour d’autres ce n’est pas un crime.

 

L’ONU n’a pas non plus les moyens de surveiller ses troupes, comptant sur 5 policiers militaires pour 3 à 4 000 soldats, jeunes et pleins de testostérone! Alors, que faire au moins pour les bébés laissés derrière ces missions et les jeunes mères rejetées par leur famille et leur communauté? Un film qui fait réfléchir. 

 

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Un coin du ciel - 75 pays, 30 langues, 5 religions, 1001 histoires (Reprise du Vol. 9 no 8)

 

Un documentaire sur le quartier de Parc-Extension déposé à la Commission Bouchard-Taylor est projeté en primeur lors des 10e Rencontres internationales du documentaire de Montréal (RIDM) les 16 et 17novembre prochains

 

Un coin du ciel jette un regard chaleureux et sans compromis sur Parc-Extension, étonnant village dans la ville où tant d’exilés rêvent de trouver un coin de ciel paisible à installer au-dessus de leur tête. La trame du documentaire s’inscrit dans cette petite Babylone moderne qu’est devenu le CLSC Parc-Extension, plongé bien malgré lui en plein cœur de la controverse entourant les pratiques d’accommodements raisonnables. Le film, loin d’attiser les antagonismes, documente les liens précieux qui unissent les Québécois d’ici et d’ailleurs dans un des quartiers les plus cosmopolites de Montréal. 

 

Tourné sur deux ans, en toute complicité avec les protagonistes, le film sera déposé à la Commission Bouchard-Taylor lors des audiences des 14 et 15 novembre à Laval. Un coin du ciel sera également présenté en première mondiale lors des 10e Rencontres internationales du documentaire (RIDM), les 16 novembre à 18 h 00 à la Grande Bibliothèque et 17 novembre à 18 h 15 à la Cinémathèque québécoise.

 

Des défis du travail transculturel aux difficultés d'une grossesse en exil, Un coin du ciel nous plonge au cœur du quotidien de Québécois tricotés sous toutes les latitudes. Par son accès privilégié aux coulisses du CLSC, le documentaire explore les méandres de l’intégration, le choc des cultures, mais aussi le racisme ordinaire et la place rassurante de la religion dans la vie de plusieurs immigrants.

 

En se glissant dans les pas discrets d’Hélène, la travailleuse sociale native de Québec, dans ceux énergiques de Tassia, d’origine grecque, sorte d’ombudsman improvisée du CLSC, le film fait vivre aux spectateurs la course à obstacles et les stratégies de résistance des exilés. Au fil des mille et une histoires qui s’entrechoquent au CLSC Parc-Extension, Un coin du ciel esquisse avec humour et tendresse les contours complexes et mouvants d'un Québec en pleine mutation.

 

Misant sur la sobriété, sur une caméra qui écoute autant qu’elle regarde, le documentaire de Karina Goma  (La Course Europe-Asie, Les Justes, Todo Incluido) illustre avec éloquence combien immigrants et Québécois de tous horizons s’ingénient à trouver des solutions au quotidien et retissent, ensemble, des fils d’humanité.

  

Commentaires de Michel Handfield (12 décembre 2007)

 

Le CLSC comme un hôpital, mais pour les maux sociaux. Le Réno-Dépôt des solutions. C’est souvent le cas des petites communautés. C’est aussi le cas dans Parc-Ex, à Montréal, car il s’agit d’une enclave particulière.

 

D’abord, géographiquement, Parc-extension est une enclave limitée à l’Est et au Sud par des voies ferrées; au Nord par l’autoroute métropolitaine et à l’Ouest par la clôture de ville Mont-Royal. Comme le quartier longe en plus la partie Ouest du parc Jarry, il y a peu de rues qui vont vers l’Est de l’arrondissement Villeray/Saint-Michel/Parc-Extension. En fait, il n’y a que Jean-Talon, Jarry et Crémazie (qui longe l’autoroute) qui relient ce quartier au reste de son arrondissement. Vers le Nord, il y a l’Acadie et Querbes, qui se termine au marché central pour cette dernière. Vers le Sud, c’est l’avenue du Parc (1), qui a donné son nom à ce quartier je crois! Vers l’Ouest il y a Crémazie, Jean-Talon et Beaumont. Enclavé dans son propre arrondissement si je puis dire. Par contre, le quartier est bien  desservie par le métro, avec les stations Parc à l’extrémité Est et l’Acadie à l’extrémité Ouest du quartier sur la ligne 5/bleue.

 

Ensuite, c’est une enclave linguistique. Quartier d’immigration, 62% de sa population est née hors du Canada (2). Plusieurs ne parlent ni le français, ni l’anglais même si l’anglais y est largement majoritaire pour ceux qui parlent au moins une des langues officielles du Canada. (3) Par contre, la francisation fait son chemin chez les jeunes. Pensons à un autre documentaire tourné dans ce quartier : la classe de Madame Lise! 

 

Comme ce documentaire tourne autour du CLSC, on voit davantage de nouveaux arrivants et de personnes âgées qui ne parlent pas le  français, ce qui donne une certaine teinte à ce film qu’il faut nuancer quelque peu. Alors qu’au tournant des années 80 on trouvait difficilement La Presse dans les dépanneurs du quartier – je me rappelle m’être fait demander « What is it? » - on a maintenant La Presse, Le Devoir, Le journal de Montréal, des livres et des revues en français au Loblaws du Parc! C’est déjà ça. 

 

Ce n’est pas un ghetto, mais il existe une isolation individuelle du fait des barrières linguistiques propre à ce quartier, plusieurs citoyens ne pouvant communiquer entre eux, n’ayant pas de langue commune. En même temps, vu les barrières physiques et la concentration d’ethnies sur ce territoire, ce qui est différent d’une concentration ethnique, des services communautaires s’y sont développés pour répondre aux besoins particuliers de cette population, ce qui fait que certaines personnes s’impliquent, que ce soit à la CDÉC; à la période de question du conseil d’arrondissement; ou dans les organisations politiques du milieu. J’en parle d’expérience, car j’habite l’arrondissement Villeray/Saint-Michel/Parc-Extension et j’en voie. L’isolation se brise lentement.

 

Naturellement, c’est un quartier de passage, comme St-Michel où j’habite. A part un noyau dur d’anciens résidents, plusieurs changent de quartier quand ils se sont intégrés, remplacés par de nouveaux arrivants, puisque les services sont disponibles pour les accueillir. C’est ce qui fait qu’on peut parfois avoir l’impression que les choses ne changent pas alors qu’elles changent, même si c’est parfois lent selon nos critères! (4) Le milieu fait son travail d’intégration, les ethnies intégrés allant ensuite accroitre la population d’autres quartiers de Montréal ou de la banlieue.    

 

Quant à ceux qui ont des difficultés à s’intégrer ou à apprendre la langue, ils sortent peu du quartier, y trouvant une sécurité et des services leur facilitant la vie, dont la bibliothèque de Parc-Extension, où le multiculturalisme est à l'honneur avec plus de 75 000 documents en 12 langues! (5) Adjacent à la bibliothèque, au sein du Centre de francisation William-Hingston de la CSDM (6), on trouve aussi la Salle de diffusion de Parc-Extension, où il y a différentes activités. S’y est tenu cet été une exposition sur Armand Vaillancourt que j’ai visité. Les citoyens en difficultés d’intégration y trouvent donc un milieu de vie rassurant et stable qui les incite à demeurer dans le quartier. Ont voit plusieurs de ces personnes dans le documentaire de Karina Goma d’ailleurs, le CLSC contribuant à cette offre de services.

 

Pour ceux qui ne connaissent pas ce quartier, ni ce milieu, ce sera une découverte. Pour moi c’était la normale.

 

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Malgré que je connaisse déjà le quartier, j’ai quand même appris quelques affaires, comme le fait que les mariages arrangés sont importants pour les « pakis » (Pakistanais), parce que ça fait plaisir à Jésus Christ! Autre culture, autres mœurs, car on a beau les côtoyer dans l’arrondissement, on ne sait pas tout d’eux. Loin de là! J’ai bien aimé aussi cette expression de « parler le Tarzan », c’est-à-dire de parler par gestes! Un film pour découvrir un autre Montréal. Mais, il est aussi intéressant d’aller « marcher » les commerces de la rue Jean-Talon à partir du Métro du Parc pour découvrir ce quartier par la rue et ses gens.  

 

Notes :

 

1. Voir le répertoire toponymique de la ville de Montréal (www.ville.montreal.qc.ca/toponymie) pour des détails sur les avenues Querbes, du Parc et autres rues de Montréal.

 

2. GROUPE DE TRAVAIL SUR LES PORTRAITS DES QUARTIERS

VILLERAY, SAINT-MICHEL ET PARC-EXTENSION,

SEPTEMBRE 2004, Portrait du Quartier Parc-extension, Ville de Montréal (Villeray/Saint-Michel/Parc-Extension) et CDÉC Centre-nord, p. 1:

www.cdec-centrenord.org/fr/Docs/portraits/Parc-Extension.pdf

 

3. « L'anglais est la première langue officielle parlée par 50% de la population du quartier contre 19% pour le français. L’anglais est aussi la langue de travail pour la majorité des travailleurs de Parc-Extension. Mais une part importante de la population (13%) ne connaît aucune des deux langues officielles. » (Ibid. p. 1)

 

4.  Selon nos critères, une chose est parfois vieille après 6 mois! On dit d’ailleurs qu’en politique, 6 mois c’est une éternité! Dans l’apprentissage d’une langue et d’une culture 6 mois, c’est quelques heures en comparaison. On peut parfois parler de générations.

 

5. http://ville.montreal.qc.ca/portal/page?_pageid=91,1983175&_dad=portal&_schema=PORTAL

 

6. Centre de francisation William-Hingston de la CSDM. Le site web est à venir au moment d’écrire ces lignes : www.csdm.qc.ca/william-hingston/

 

Autres hyperliens :

 

CLSC Parc-extension : www.clscparc-extension.qc.ca/

 

CDÉC : www.cdec-centrenord.org

 

Arrondissement Villeray—Saint-Michel—Parc-Extension: http://ville.montreal.qc.ca/portal/page?_pageid=91,1983020&_dad=portal&_schema=PORTAL

 

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Une girafe sous la pluie, Belgique

(Reprise de Vol. 9 no 6 - Spécial FFM de Montréal 2007)

 

Compétition mondiale

2007 / 35 mm / Couleur / 12 min

Réalisateur : Pascale Hecquet

Scénariste : Pascale Hecquet

 

Au village des girafes, toute l'eau est monopolisée pour alimenter la luxueuse piscine de Sir Lion. Une girafe téméraire décide que cette situation a assez duré.

 

Pascale Hecquet

 

Diplômée avec brio de l'Académie des beaux-arts de Tournai (Belgique), Pascale Hecquet signe de nombreux films d'animation destinés tant aux enfants qu'aux adultes, parmi lesquels L'Obstination d'Iris (2000), La Claque de Pierrot (2005).

 

Commentaires de Michel Handfield (28 août 2007)

 

Petit 12 minutes sur les inégalités économiques et politiques; inégalités qui sont aussi  environnementales, car on parle de l’accès aux ressources essentielles de la vie, comme l’eau et la nourriture, dans ce film.

 

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Au festivalissimo

 

Matar a todos

L’Année où mes parents sont partis en vacances

Yo/Moi

 

Matar a todos

www.mataratodos.com/

 

Commentaires de Michel Handfield (28 mars 2008)

 

Un chimiste, Eugenio Berríos, tenu en otage, se sauve et se rend à la police. Mais, il sera récupéré et assassiné. Entre temps, il aurait été vu par un médecin alors qu’il était au poste de police. L’assistante du procureur, qui mènera l’enquête, voudra naturellement rencontrer ce médecin qui pourrait l’éclairer. Comble du hasard, ce médecin sera tué lors du vol de sa radio d’auto!

 

Ce chimiste n’était cependant pas qu’un simple chimiste. Il était près du régime Pinochet et collaborait avec les autres dictatures sud-américaines. Il en savait donc beaucoup sur cette période trouble de la dictature en  Amérique latine et ses élites politiques. Devenu dangereux, il fallait l’éliminer. C’est l’histoire de cette enquête et des tentatives de la faire avorter que nous suivons dans ce film.

 

***

 

Uruguay 1993. Le climat en semble un de corruption et de relations privilégiées entre police, armée et gouvernement malgré la démocratie naissante. On a beau être en démocratie, l’élite n’a pas réellement changée et a toujours ses entrées privilégiées au Pouvoir.

 

D’ailleurs, Julia Gudari, qui mène cette enquête et que l’on suit dans ce film, vient d’une famille proche de l’ancien régime. Comme elle était de gauche, elle fut torturée dans sa jeunesse même si elle a quand même bénéficié d’une certaine protection de son père, haut gradé militaire. Dans son enquête, elle sera confrontée à son frère, lui aussi militaire et probablement dans le secret d’État, qui ne collaborera pas. La démocratie existe peut être, mais c’est toujours la même élite qui gouverne par en arrière. Et le secret d’État est là pour les protéger, comme si la démocratie n’était qu’une façade ou affaire de relations publiques finalement!

 

***

 

Film intéressant et lucide qui nous permet de comprendre qu’entre le changement annoncé et des choses qui changent vraiment, surtout au niveau politique, il y a décalage. Décalage que gomment les courtisans du pouvoir qui font tout pour dire que ce qui est arrivé n’est jamais arrivé par exemple!

 

Je ne peux en dire vraiment davantage, sauf que ce film est construit comme un thriller, ce qui le rend cinématographiquement intéressant aussi.  

 

Hyperlien :

  

Eugenio Berríos:  http://en.wikipedia.org/wiki/Eugenio_Berr%C3%ADos

 

Histoire:

 

This case takes place within the context of the Condor Plan, which meant the coordination between the military governments and the intelligence services of the dictatorships of the Southern Cone of Latin America. They used State terrorism to end with opposition. Eugenio Berríos was both part and victim.

 

He was murdered in 1993 in Uruguay, and his body was found at the beach in Parque del Playa in 1995. The reason for the death of this chemical engineer from the DINA (National Intelligence Department), who was very close to dictator Augusto Pinochet, was that he allegedly knew a lot of information about several murders, among others, that of Orlando Letelier (former Chilean Chancellor in the United States). If he testified in the trials, he would put many crimes committed by Pinochet´s regime on the spotlight.

 

Berríos was also famous for perfecting the sarin gas, which was ideal to eliminate enemies as it was almost untraceable. This poison was discovered by the Nazis during the Second World War. Its use was also considered a weapon of mass destruction in the event of a war with Peru, Bolivia or Argentina.

 

The former DINA chemical engineer also experimented with bacteriological weapons. It is believed that it was due to one of these that former President Eduardo Frei Montalva, one of the most well-known opposers to the dictatorial regime, also died. Once, Berríos stated that “there is no better way to get rid of the undesirable than a drop of staphylococcus”.

 

Besides, Berríos experimented with cocaine in order to eliminate the smell, as among his fiends there were several members of international drug trafficking.

 

Eugenio Berríos is brought to Uruguay by the DINE military (Military Intelligence Department) with the help of Uruguayan military.

 

He remains under custody for some years until he is murdered. Some Chilean military were tried for this felony, but many others who were involved have not been tried yet. This case is an example of how the Condor Plan is still alive in the recovered democracies.

 

Le film:

 

When democracy starts to impose itself over the weakened Latin American dictatorships, a man flees through the forest of a Uruguayan seaside resort. He is from Chile and hides at a police station of the town. He desperately denounces that he has been kidnapped, that they want to kill him and that he is called Berríos.

 

The denunciation reaches Judge SANTACRUZ, who asks his assistant, lawyer Julia Gudari, to take charge of the investigation. Julia shortly finds out that the police have tried to erase all traces of the case. She does not find any answers at the Embassy of Chile either. JULIA finds out that the Chilean citizen is a biochemical engineer who worked secretly for Pinochet, who was convinced he would be able to “gas Buenos Aires with chemical weapons”.

  

Julia starts to unravel a dark story which involves her directly, as both her father, General Gudari, and her brother, Ivan, are part of the alliance and will do everything they can to keep Julia away from the truth.

 

My purpose as the author

 

I consider myself part of a generation that, at the end of the 80s, burst into the sleepy cultural world of my country “holding a camera in their hand”. It was a time when the “Latin American video movement” was fully in force and I emphatically participated in it.   

 

Later in time I had the chance to make a telefilm (“El Viñedo” [The Vineyard], 2000) which had the aim of exploring alternative regional television co-productions. The result was then turned into 35mm and presented at cinemas. I had the chance to travel around my country presenting this film, and each time I said that “… I want to live in a country that makes movies”.

 

MATAR A TODOS is a work that aims at making its place in Latin American cinematography. It is a historical film and, at the same time, extemporal. It tells a story about the past but it interrogates our future. It does so from a living testimony, that of a woman who is afraid of having been conceived by the devil but, at the same time, who is afraid of chasing it; a woman who knows that “the past is what changes the most” and who also knows that she needs to solve her past in order to build her future.  

 

MATAR A TODOS is my first feature film project. It is also an act of individual healing.  I know what political prison is and also experienced the death of my close family members in the worst circumstances of the recent political history of the Latin American Southern Cone. I think I have the courage to make this movie – a movie of killers´ killers – but a movie that shall insist on hope. I believe that sharing our tragedies and universalizing our stories makes us better individuals.

 

My aim when making this movie is to contribute to the construction of positive reflection about our existence as human beings.

 

Esteban Schroeder

 

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L’Année où mes parents sont partis en vacances

 

Ce film prendra l’affiche le 28 mars 2008 en version originale portugaise sous-titrée en anglais et en version originale sous-titrée en français. Le film sera aussi présenté au Festival des 3 Amériques à Québec et prendra l’affiche le 11 avril au Cinéma Le Clap.

 

Brésil, 1970, la Coupe du Monde de football bat son plein et le régime politique se durcit. C'est dans ce contexte chaotique que les parents de Mauro, 12 ans, décident de "partir en vacances". En réalité, ils fuient la dictature et confient leur fils à son grand-père. Mais celui-ci n'est pas au rendez-vous et Mauro est recueilli par la communauté haute en couleur du quartier juif de Sao Paulo. L'été de tous les dangers devient celui de tous les bonheurs.

 

Né en 1962 à São Paulo, Cao Hamburger a tourné une série de courts métrages et a réalisé plus de 200 clips publicitaires. L’Année où mes parents sont partis en vacances est son deuxième long métrage. Son premier film, Le Château Ra-Tim-Bum (1999), a été salué par le jeune public.

 

Commentaires de Michel Handfield (25 mars 2008)

 

1970, Pelé a compté son 1000e but et le Brésil file vers la coupe du monde de foot qu’il remportera contre l’Italie! C’est dans ce contexte que Mauro, 12 ans, est conduit chez son grand père, car ses parents, activistes politiques de gauche, doivent se sauver. Mais, dans ce Brésil répressif, le foot soude les gens. Que Dieu bénisse Pelé!

 

Mauro y découvrira un autre monde, multiculturel. Il découvrira aussi ses racines, juives, qu’on lui avait cachées jusque là, car il n’est même pas circoncis! Il découvrira l’amitié et les filles. Un parfum d’amour. Bref, un film clair sur une période sombre, où la solidarité sociale est à l’honneur.

 

Hyperliens :

Site officiel : www.oano.com.br/

 

Coupe du monde de football de 1970 : http://fr.wikipedia.org/wiki/Coupe_du_monde_de_football_de_1970

 

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Yo / Moi (Espagne) (1)

Commentaires de Michel Handfield

Rafa Cortés/2005/100 min./V.O. esp – S.T. anglais/35 mm

 

15 mars 2008

 

« Un village de Majorque. (2) Un ouvrier allemand, fraîchement arrivé. Une atmosphère de non-dits. Un emploi à conserver.» (3) On sent un profond malaise dès le début. Il est gêné; les habitants secrets. Pour ajouter au malaise, il vient remplacer un autre ouvrier qui a tout quitté sans laisser de trace et qui s’appelait Hans lui aussi! La situation sera donc confuse, d’autant plus qu’il ne semble pas très sûr de lui. Et les villageois qui ont eu des histoires avec son homonyme ne pourront s’empêcher de le regarder un peu bizarrement.       C’est donc a un « swing » culturel que nous assistons. Toutes les conditions improbables sont là. Un Hans disparu et un autre qui arrive; allemand dans un village Espagnol; intrus dans des histoires que l’autre avait amorcé.

 

        Sociologiquement parlant, on suit celui qui arrive et qui doit se faire accepter, mais qui a l’impression d’être coupable d’être là. Juste d’être là. Il a tellement peur d’être mal jugé, qu’il risque toujours le dérapage. De passer pour un voleur alors qu’il veut bien faire par exemple. Je me sentais mal pour lui. Ce n’est pas un film à analyser, mais à vivre en quelque sorte. Un peu comme une toile qui se fait devant nous. On en apprend peu à peu par petites touches… sur les deux Hans et sur le sentiment d’être étranger. Je pensais à l’expérience de ces immigrants qui arrivent ici. Autre culture, autre mœurs. Toute la difficulté d’accepter la situation et d’être accepté avant même de penser s’intégrer. Et ce désir de ne pas faire de vagues; de ne pas déranger. Tout ce qu’on peut faire pour cela. Jusqu’à franchir la ligne du raisonnable et de la légalité parfois…

 

Notes :

 

1. Gagnant du Fripesci, prix révélation de l’année – Cannes 2007; Prix de la critique internationale – Rotterdam 2007. Le site officiel du film est www.yo-thefilm.com

 

2. http://fr.wikipedia.org/wiki/Majorque

 

3. Notes de présentation du film sur www.festivalissimo.ca

 

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Quelques films du FIFA 2008!

 

ANDY WARHOL: DENIED  

VENISE 1575 

EN ATTENDANT LES HOMMES  

LOOKING FOR AN ICON  

LIBRARY ON ICE — LUTZ FRITSCH IN THE ANTARCTIC

 

ANDY WARHOL: DENIED 

ANDY WARHOL: DENIEDRoyaume-Uni/2006/Betacam/couleur/52 min/anglais 

Réalisation : Chris Rodley / Production: BBC One, Imagine

 

 

Les rouages complexes, contradictoires, et même carrément surprenants de l'authentification d'une œuvre d'art signée Andy Warhol, l'un des artistes les plus originaux et influents du 20e siècle. Le présentateur Alan Yentob a rencontré à New York les proches collaborateurs de Warhol pour tenter de comprendre les critères d'authentification du Andy Warhol Art Authentification Board (AWAAB), l'un des clubs les plus sélects du monde de l'art, selon l'expert en art Peter Falk. La situation est complexe, car Warhol avait adopté des techniques de production en série et se faisait aider d'assistants pour réaliser une grande variété d'œuvres à la Factory, son célèbre atelier new-yorkais. Il laissait même à d'autres le soin de signer ses œuvres... Joe Simon, collectionneur de Warhol, tente depuis quatre ans de faire authentifier, à l'encontre de l'expertise de l'AWAAB, le tableau de Warhol en sa possession. Enfin, l'avocat de l'AWAAB, Ronald Spencer, apporte un éclairage nouveau sur la complexité de la situation.

 

Biographie

 

Chris Rodley travaille à Londres comme réalisateur indépendant depuis 25 ans. Il a réalisé principalement des documentaires et des séries sur l'art pour la télévision britannique. Il a également publié deux livres, l'un sur David Lynch et l'autre sur David Cronenberg.

 

Filmographie

 

Making Naked Lunch (1992), 11e FIFA ; This Is Modern Art (1999) ; Pornography: A Secret History of Civilization (2000) ; Andy Warhol: The Complete Picture (2002), 21e FIFA ; Lord Byron: An Exile on Fame Street (2002), 22e FIFA ; Johnny Cash: The Last Great American (2004) ; Impressionism: Revenge of the Nice (2005) ; The Genius of Photography (2006), série.  

 

Commentaires de Michel Handfield (19 mars 2008)

 

La fondation Warhol (www.warholfoundation.org/) et le Andy Warhol Art Authentification Board ont le contrôle de l’œuvre du maître et de son authentification. Cela pose problème, surtout que le comité d’authentification est dans le secret des dieux. Il n’y a pas de débats possibles : c’est In ou c’est Out. Ils se réservent même le droit de changer d’opinion avec le temps, ce qui crée une incertitude supplémentaire et continuelle comme une épée de Damoclès au dessus de leurs œuvres. Des doutes sont aussi  soulevés sur la qualification des membres de ce comité. Bref, le film soulève bien des questions. 

 

Pour ma part, je me suis moi aussi posé plusieurs question sur ce cas, mais aussi sur le marché de l’art, car c’est un commerce ne l’oublions pas! D’abord, avec la demande qui s’accroit, s’il y a intérêt à faire des faux, il y a aussi intérêt à réduire la circulation des originaux pour en accroitre la valeur. Cependant, ça ne veut pas dire que le comité classe sciemment des vrais comme étant des faux. C’est beaucoup plus complexe que cela, surtout une fois qu’un artiste n’est plus, physiquement ou mentalement. On authentifie donc les pièces sur des critères rationnels. Mais, un artiste peut avoir dévié de ses propres sentiers, que ce soir pour des amis ou pour des raisons pédagogiques par exemple, ce qui pourrait être vrai de certains cas présentés ici.  L’authentification devient alors difficile. Inversement, un faux qui suivrait certains critères pourrait passer le test, car il y a quelque chose de subjectif dans l’art!

 

Pour ajouter au problème, c’est qu’Andy Warhol ne produisait pas seul à la Factory (1): il avait des collaborateurs qui travaillaient avec lui. Il pouvait donc signer l’œuvre qui correspondait à l’esprit Warhol, mais certains collaborateurs pouvaient aussi la signer à sa demande. C’était l’esprit  Warhol qu’on produisait et qu’on authentifiait! Mais, pour compliquer encore plus les choses, certaines œuvres étaient aussi faites par processus industriel, par impression par exemple. De quoi se tirer les cheveux pour qui a une œuvre de Warhol et pour qui a à l’authentifier dans ces conditions. On comprend donc toute la difficulté à authentifier ces œuvres, mais aussi toute la frustration d’avoir un Warhol qui nous a été donné par le maître et qui est déclaré faux par le comité! Bref, l’art fait Pop ici!

 

Note :

 

1.     http://fr.wikipedia.org/wiki/Factory

www.warhol.org/interactive/silkscreen/main.html

www.nyc-architecture.com/MID/MID025.htm

 

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VENISE 1575 

France/2006/Betacam/couleur/52 min/français 

Réalisation : Jean-Loïc Portron

Production : Palette Production/ARTE France Les foyers de création

 

Commentaires de Michel Handfield (13 mars 2008)

 

Venise était une république riche. Ville d’eau et de commerce, avec l’orient et les musulmans, le risque est élevé, mais le profit à sa mesure. Elle se fait donc belle, car la beauté exprime la puissance. Riche et puissante, elle attire les meilleurs artistes. 

 

        C’est là un documentaire intéressant non seulement sur la ville et l’art, mais sur l’histoire. Une histoire « miraculeuse » du point de vue des vénitiens, car Venise est sortie de la boue d’une lagune. Les vénitiens se considèrent d’ailleurs comme des élus de Dieu pour cette raison.

 

Capitalisme, pouvoirs, mondialisation… tout existait déjà à Venise. Cependant, quand on attire la convoitise, on excite aussi l’envie. Guerre ou terrorisme ne sont pas loin. Se défendre coûte cher…

 

Un documentaire intéressant sur le passé, mais qui éclaire le présent comme une toile nous offre une fenêtre sur nous même. Le passé n’est-il pas garant de l’avenir d’ailleurs?

 

Notes du FIFA

 

Comment préserver son indépendance quand on est cerné par des puissances considérables ? Comment exister face à ces géants que sont l'empire espagnol de Philippe II ou l'empire ottoman du sultan Selim II ? Un des éléments de réponse se trouve dans la splendeur de Venise. L'art soutient le prestige de Venise, il suggère sa puissance, en donne l'illusion. L'audace et la liberté d'esprit du Tintoret (1518-1594), de Véronèse (1528-1588) et surtout de Titien (1488/90-1576) s'accordent avec l'insolence de la ville-État, qui n'accepte pas qu'on lui dicte sa conduite et trouve toujours moyen de suivre sa propre voie, quels que soient les obstacles. Vers 1575, il n'y a pas de ville plus riche ni plus glorieuse que Venise. Le visiteur qui l'aborde est transporté dans un univers étrange, sans égal. Le mouvement des bateaux, les reflets de la lumière sur l'eau, la beauté des femmes, tout surprend. Dans la réalité, le triomphe de Venise est sans doute moins éclatant. D'autres États se posent en rivaux, notamment les empires turc et espagnol, plus vastes et qui ne cessent de s'étendre. Mais Venise ne veut rien laisser paraître. Elle s'en remet à ses architectes et à ses peintres qui ont tous un même but : accroître sans cesse la beauté de la ville pour en maintenir la gloire. En 1575, Titien, Véronèse et Le Tintoret sont à l'œuvre et leur génie rejaillit sur Venise. Aucune autre ville n'a su mêler aussi intimement son destin à l'art.

 

Biographie

 

Après un DEA en lettres, Jean-Loïc Portron rejoint en 1980 l'équipe des Ateliers Varan, des ateliers de formation et de réalisation documentaire.

 

Filmographie

 

Enquête sur un paysage tranquille (1992) ; La Marne ou l'invention du dimanche (1993) ; la série Paysages (1991-2000), qu'il a écrite et coréalisée ; L'Écosse et La Norvège, dans la série Voyages, voyages ; Bruges au XVe siècle (2001), 21e FIFA, Rome, 1785 (2002), Séville, 1640 (2003), New York, 1943 (2004), 23e FIFA, dans la série Les foyers de la création ; plusieurs titres de la collection Arts du mythe, dont Figure d'ombres chinoises (2007).

 

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EN ATTENDANT LES HOMMES 

Belgique, Mauritanie/2007/Betacam/couleur/56 min/arabe s.-t. français 

Réalisation : Kati Lena Ndiaye

Participation : Khady, Massouda, Cheicha

Production Neon Rouge

 

Commentaires de Michel Handfield (13 mars 2008)

 

La parole est donnée à des femmes que l’on n’est pas habitué d’entendre. Des musulmanes du désert. Si certaines sont plus réservées, ces 3 femmes parlent. Il y en a même une qui ose beaucoup,  Khady je crois. Elle travaille au dispensaire. Comme elle le dit, il n’est pas équipé pour faire des avortements, mais elle mentionne que ça se fait quand même ailleurs, au noir, avec des risques naturellement. En parler, c’est déjà quelque chose dans cette société normée par la coutume ancestrale et la religion.

 

On est encore loin d’ici cependant, car le premier mari est choisit par les parents. Ces femmes le comprennent, car on fait cela pour éviter les accidents, c’est-à-dire perdre sa virginité ou tomber enceinte. Après, par contre, la femme décide. Elle peut divorcer et se remarier à sa guise. Khady en était à son 5e mari je crois.

 

On considère souvent que les femmes sont faibles, mais, pour elles, elles sont souvent plus fortes que les hommes, sauf qu’elles sont plus facilement déstabilisées! Si ces femmes parlent librement, la culture pose quand même un certain frein. Elles reconnaissent elles mêmes que « l’éducation et les mœurs empêchent d’exprimer nos sentiments. » Ça ne veut donc pas dire qu’elles n’ont pas des gouts qui seraient comparables aux femmes occidentales, mais ça ne leur est pas encore accessible. C’est à s’en rappeler, car quand on les enferme dans leur culture, au nom d’un certain multiculturalisme de bon aloi, on nuit peut être à leur émancipation. L’enfer n’est-il pas pavé de bonnes intentions?

 

Il faut écouter ces femmes d’ailleurs, car on y trouve des ressemblances. Pourront-elles un jour changer les choses ou leur culture constituera-t-elle toujours un frein? Le changement sera long, mais si on regarde les changements qu’a connu le Québec au cours du XXe siècle, en passant du droit de vote au travail des femmes, cela est possible même si le chemin peut être long et ardu.

 

Notes du FIFA

 

Oualata, la ville rouge à l'extrême est du désert mauritanien. Dans cet îlot, rempart contre les sables, la vie s'écoule comme un long fleuve tranquille. La plupart des hommes sont partis chercher fortune dans les grandes villes du pays, laissant les épouses seules avec les vieillards et les enfants. Les femmes s'adonnent à l'art de la peinture, elles décorent les murs des maisons de la ville. Dans une société qui semble dominée par la tradition, la religion et les hommes, trois d'entre elles, Khady, Massouda et Cheicha, s'expriment avec une surprenante liberté sur leur perception de la relation entre hommes et femmes. La première est très espiègle, la deuxième s'exprime avec humour et la troisième est plus réservée. Sourires, silences, soupirs. Drapées dans leur melhafa, ce voile de coton léger aux couleurs chatoyantes qui les cache en même temps qu'il les pare et leur apporte une séduction magique, elles livrent ici leurs propos intimes à la réalisatrice en toute confiance.

 

Biographie

 

Née au Sénégal, Katy Léna Ndiaye est journaliste. Très jeune, elle suit ses parents en France, puis choisit de s'établir à Bruxelles. Elle signe ici son deuxième film.

 

Filmographie

 

Traces, empreintes de femmes (2004).   

 

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LOOKING FOR AN ICON 

Pays-Bas/2005/Betacam/couleur, n. et b./55 min/anglais 

Réalisation : Hans Pool, Maaik Krijgsman

Participation : Eddie Adams, Pablo Bartholomew, Jean-Marc Bouju, Mustafa Bozdemir, Malcolm W. Browne, Larry Burrows, Charlie Cole, Arko Datta, Frank Fournier, Hocine, Nick Ut Cong Huynh, Dorothea Lange, Georges Merillon, James Nachtwey, Lucian Perkins, Erik Refner, Oliviero Toscani, David Turnley, Peter Turnley

Producteur : IdtV, NPS, RNTV

Distribution

First Run/Icarus Films

 

Commentaires de Michel Handfield (13 mars 2008)

 

        Le pouvoir de l’image. Une position politique parfois, économique d’autre fois, car l’image fait vendre.

 

LOOKING FOR AN ICONPar la photo, on est à l’intérieur de l’événement. On ressent l’émotion ou la froideur des acteurs. L’image peut être un plus ou dévastatrice. Elle est aussi éditoriale, car il y a un message derrière l’image. C’est ainsi que la photo de « Charlie Cole représentant un étudiant faisant seul face aux tanks sur la place Tienanmen, à Beijing, en 1989 » envoie le message que l’individu peut arrêter le système. Un message symbolique cependant, car on sait que la répression a eu lieu  quand même. Puis, des relations d’affaires se sont développées avec la Chine au point qu’elle est maintenant l’atelier de l’Occident! On a même appris, au moment où nous écrivions ce texte, que les États-Unis ont retiré la Chine de leur liste des pires violateurs des droits de l'Homme! (1) Commerce oblige probablement, car comment commercer avec quelqu’un que l’on condamne en même temps comme un des pires violateurs des droits de l’Homme? Alors, même si cette photo a un petit côté chrétien, le Christ qui s’oppose à la répression, et qu’elle a certainement eu un succès aux États-Unis et ailleurs dans le monde occidental, l’idéologie économique est quand même la plus forte. Ainsi, 20 ans plus tard on se dit que les droits de l’Homme seront assurés par l’ouverture économique! Il en va ainsi des images : elles sont publiées en évidence si elles donnent sens à l’idéologie défendue. Mais, dans un autre contexte idéologique ou un autre temps, elles auraient tout simplement été mises à l’écart.  

 

Si une série de photos peut être une mémoire historique de l’humanité, une photo publiée seule et hors contexte, avec le cadrage approprié ou après avoir passé à « photo shop » (2), peut être un outil de propagande fort puissant. On peut y mettre tous nos désirs ou nos interprétations au point de la transformer en un message fort. Ne dit-on pas qu’une image vaut mille mots? Si la publicité le fait régulièrement, les médias peuvent aussi le faire. Il est important d’en être conscient quand on sait qu’une image peut devenir la réalité!

 

La photo a aussi un aspect commercial, comme le dit Oliviero Toscani reconnu pour ses campagnes publicitaires pour Benetton. (3) Elle doit attirer l’œil pour faire vendre le journal ou  le magazine qui la publie, surtout si elle est en première page. Elle doit aussi faire vendre les annonceurs, ou au moins ne pas aller contre eux. De toutes les manières on peut y voir une récupération commerciale, car autant les articles que les images ciblent le public que l’on vend aux annonceurs. Dans une revue de gauche on n’aura pas la même publicité que dans un magazine de droite par exemple, car ce n’est pas le même public cible. On annoncera davantage l’auto hybride à gauche et le symbole de puissance et de statut social à droite. D’ailleurs, avez-vous déjà remarqué que dans le mot publicité il y a les mots public et cité? Ce n’est certainement pas un hasard. Les médias sont d’abord au service de la consommation, parce que sans consommation ils n’existeraient pas,  et le principal lieu de consommation est la cité. Ce n’est pas pour rien que les médias se concentrent dans les grandes villes et traitent d’abord des affaires de la grande ville avant des affaires régionales, à moins que celles-ci ne rejoignent un large public. Si leur rôle est d’informer, leur objectif est d’abord de rejoindre le plus large public possible pour le bien des annonceurs, car on leur vend du lectorat. Il faut donc que la nouvelle intéresse. Si la nouvelle est importante, mais n’intéresse qu’un faible segment de la population, elle se retrouvera dans les brèves, car peu vendeuse! Ainsi va le commerce de l’information. Seul des médias indépendants et soutenus par leurs artisans, comme Societas Criticus, peuvent faire un peu différent. Mais, on doit aussi faire attention de ne pas nous fermer de portes, car nos moyens sont limités, étant publié à compte d’auteurs.   

 

C’est donc un film fort intéressant et qui fait réfléchir sur l’image et les médias. Par contre, j’y ai vu un autre sujet en  filigrane et qui pourrait faire l’objet d’un autre documentaire : le dilemme du photographe qui prend la photo d’un drame, mais ne peut porter assistance à personne en danger. Comment se sent-il? Croit-il que sa photo pourrait contribuer à changer une situation? Devient-il cynique avec le temps, à mesure qu’il couvre ce type d’événements sans que rien ne change finalement? 

 

C’est un film que j’ai trouvé fort intéressant et qui va loin dans l’analyse des quatre photos suivantes, mais aussi de l’image en général dans l’information et le marketing moderne :

 

- La photo d'Eddie Adams représentant l'exécution publique d'un prisonnier vietcong à Saigon en 1968;

 

- La dernière image du président Salvador Allende à la suite du coup d'État au Chili en 1973, signée d'un photographe anonyme;

 

- Le cliché de Charlie Cole représentant un étudiant faisant seul face aux tanks sur la place Tienanmen, à Beijing, en 1989 (celle dont j’ai le plus parlé ici);

 

- La photo de David Turnley montrant un soldat en pleurs qui vient d'apprendre la mort d'un ami pendant la Guerre du golfe en 1991.

 

Hyperliens :

 

Le site du film : www.frif.com/new2007/icon.html

D’autres infos sur : www.cbc.ca/correspondent/060423.html

 

Notes :

 

1. Sylvie Lanteaume (Agence France-Presse), Droits de l'Homme: Washington retire la Chine de sa liste noire, cyberpresse.ca : mardi 11 mars 2008 : www.cyberpresse.ca/article/20080311/CPMONDE/80311143/6644/CPMONDE. La situation de la Chine serait cependant toujours préoccupante :

 

« La Chine, qui figurait l'an dernier et en 2005 sur cette liste des «pires violateurs systématiques des droits de l'Homme dans le monde», est reléguée en cette année de Jeux olympiques au rang de «pays autoritaire en pleine réforme économique ayant vécu des changements sociaux rapides mais n'ayant pas procédé à des réformes politiques et continuant à nier à ses citoyens les droits de l'Homme et les libertés fondamentales basiques ». 

 

2. www.adobe.com/fr/products/photoshop/photoshop/

 

3. http://fr.wikipedia.org/wiki/Oliviero_Toscani

 

Notes du FIFA

 

Chaque année depuis cinquante ans, un jury professionnel de la fondation World Press Photo désigne les meilleures photos de presse de l'année dans le cadre du plus grand concours dans le domaine du photojournalisme. Certaines de ces images ont eu un tel impact sur la société qu'elles sont devenues des symboles de leur temps. Le film examine comment des photos deviennent des icônes et révèle qu'une fois une photo publiée, les forces sociales entrent en jeu, hors du contrôle du photographe. Quatre photos primées sont commentées par leurs auteurs et par des personnalités éminentes du monde de la photographie : la photo d'Eddie Adams représentant l'exécution publique d'un prisonnier vietcong à Saigon en 1968 ; la dernière image du président Salvador Allende à la suite du coup d'État au Chili en 1973, signée d'un photographe anonyme ; le cliché de Charlie Cole représentant un étudiant faisant seul face aux tanks sur la place Tienanmen, à Beijing, en 1989 ; et enfin la photo de David Turnley montrant un soldat en pleurs qui vient d'apprendre la mort d'un ami pendant la Guerre du golfe en 1991. Les histoires de chacune de ces images mondialement célèbres sont racontées, planches-contact à l'appui.

 

Biographie

 

Hans Pool a étudié le cinéma à l'Académie royale de La Haye, aux Pays-Bas. Il est réalisateur de documentaires et caméraman. Né en 1969, Maaik Krijgsman fait des études de psychologie à l'Université Utrecht. Il est recherchiste, monteur, scénariste et réalisateur. Il collabore régulièrement avec Hans Pool.

 

Filmographie

 

Hans Pool : Polderweg 106 (1992) ; A New Horizon (1994) ; The Wedding (1994) ; Single Luck (1998) ; Three Weeks Party (2000) ; A Principle Choice (2001) ; Tomorrow I Will Be the Bride (2001) ; Boundless Desire (2003) ; All About Theatre (2004) ; De Genco's (2004) ; The Official Tribute to Senna (2005) ; Pain (2006). Maaik Krijgsman : Vechtershart (2003) ; Bint (2006) ; 26.000 gezichten — Shanjar (2005) ; Pijn (2006) ; Profiel: Beckenbauer & Cruijff (2007) ;You Are Your Own Limi — Sofia Boutella (2007) ; See You in Vegas (2007).   

 

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LIBRARY ON ICE — LUTZ FRITSCH IN THE ANTARCTIC 

BIBLIOTHEK IM EIS — LUTZ FRITSCH IN DER ANTARKTIS 

Allemagne/2007/Betacam/couleur/44 min/allemand s.-t. Anglais 

 

Réalisation : Maria Anna Tappeiner, Reinhard Wulf

Production : WDR, 3sat

 

Commentaires de Michel Handfield (13 mars 2008)

LIBRARY ON ICE — LUTZ FRITSCH IN THE ANTARCTIC

        Rien ne décrit mieux l’antarctique que d’y être. La particularité, c’est qu’il n’y a aucun point d’accroche à l’horizon. Tout se confond sur fond blanc. Alors, quelle fut l’idée d’aller installer une bibliothèque en antarctique? Les pingouins auraient-ils commencé à lire? Non, même s’il n’y a que des pingouins sur la banquise. C’est qu’il y a cependant des humains sous celle-ci! Les descendants d’Atlantide que l’on cherchait? Non plus. Plutôt des scientifiques et du personnel technique, car on trouve la base scientifique de Neumayer sous 11 mètres de glace et de neige en Antarctique. C’est à eux qu’à pensé l'artiste colonais Lutz Fritsch en faisant ce projet hors du commun, car artistique et utilitaire à la fois.

 

        Il a en effet décidé de leur offrir un lieu qui ouvre sur l’extérieur. Quoi de mieux qu’une bibliothèque, qui ouvre symboliquement sur le monde par la culture, et de la placer à l’extérieur de la station, donc sur la banquise,  avec une fenêtre qui donne justement sur l’extérieur pour symboliser cette ouverture? Rien, car tout est là.  C’est de ce projet dont rend contre ce film.

 

C’est bien d’avoir l’idée, encore faut-il la réaliser. Cela pose des problèmes techniques et des questions  symboliques, que ce soit de matériaux, de couleurs ou de transport. Lutz nous explique tout cela, mais aussi la particularité de l’antarctique et du projet du point de vue de l’artiste. Fort intéressant. Par exemple, les quincailleries n’existent pas en ce lieu, donc il faut tout prévoir. Ne pas manquer une vis. Il faut aussi des matériaux de qualité pour résister à l’usure du temps. Et des livres pour meubler cette bibliothèque. Mais, lesquels? Lutz a donc demandé à des artistes et des scientifiques de choisir des ouvrages pour ce lieu et de les dédicacer à l’intention de ces gens coupés de toute civilisation. Il a donc eu un large éventail de livres, allant du roman au livre d’art; du format de poche à l’exemplaire unique fait par des artistes pour la circonstance. Une bibliothèque unique en son genre, car elle est comme une arche de Noé de la culture dans ce lieu hors de la civilisation. Mais, en même temps, elle ressemble à tout ce que nous trouvons en librairie! Elle marque la civilisation.

 

        Naturellement, nous avons aussi droit à un point de vue artistique sur ce lieu qu’est l’antarctique. Sur sa beauté, son immensité et sa différence. Fort intéressant.

 

 Notes du FIFA

 

La station antarctique allemande Neumayer est située sur le site de recherche polaire de Ekström-Schelfeis, au nord-est de la mer de Weddell (latitude : 70° 39,00' sud, longitude : 8° 15,00' ouest). Pour des raisons techniques, la station est ensevelie sous onze mètres de neige et de glace. L'espace de travail et de vie des neuf scientifiques qui y résident pendant quinze longs mois est équipé de lumières au néon. Les chercheurs travaillent donc dans le noir des profondeurs glaciaires, car la lumière du jour ne pénètre pas dans ce lieu. À la droite de la station, l'artiste de Cologne Lutz Fritsch a conçu une « bibliothèque sur glace », pouvant être utilisée à la fois comme bibliothèque et comme aire de repos par les chercheurs de la station. Après avoir participé à une expédition en Antarctique pendant l'hiver 1994-1995, Lutz Fritsch a fait l'expérience de l'inhospitalité de cette région polaire et de l'isolement de ceux qui y travaillent. Il a imaginé un lieu de retraite, un espace propice à la contemplation et au calme où il serait possible de méditer sur la vie en Antarctique, sur la nature et la civilisation, et sur notre manière de considérer notre environnement. On y trouve un millier de livres envoyés et dédicacés à sa demande par des artistes, des chercheurs et des scientifiques de toutes disciplines. Lutz Fritsch a photographié et saisi avec une caméra vidéo la création, le transport et la construction de cette bibliothèque unique, au bout du monde.

 

Biographie

 

Maria Anna Tappeiner est historienne d'art. Elle vit à Cologne, où elle travaille comme conservatrice et documentariste indépendante pour la télévision allemande. Responsable des documentaires sur l'art à la chaîne de télévision allemande WDR à Cologne, Reinhard Wulf a aussi été critique et historien du cinéma. Il a écrit sur les réalisateurs Curtis Bernhardt, Douglas Sirk et Billy Wilder.

 

Filmographie

 

Maria Anna Tappeiner : Urs Breitenstein (1998); William Kentridge — Drawing the Passing (1999), coréal. Reinhard Wulf, 18e FIFA; Gary Hill: I Believe It Is an Image (2001), coréal. Reinhard Wulf, 21e FIFA ; The Body as Matrix — Matthew Barney's Cremaster Cycle (2002), 21e FIFA ; Art on Air — Gerry Schum's Television Gallery (2003) ; Richard Serra: Film & Video (2004) ; Sophie Calle: Dirty Work (2004) ; Richard Serra — Thinking on Your Feet (2005), 25e FIFA ; Hiroshi Sugimoto — Visions in My Mind (2007), 26e FIFA. Reinhard Wulf : Michel Deville (1992) ; Claude Sautet (1993) ; Carl Theodor Dreyer's Gertrud (1994) ; New Sight, New Sound — Restoring Silent Films at Photoplay (1998) ; Tom Tykwer (2000) ; James Benning — Circling the Image (2003) ; Christian Petzold (2005).   

 

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Programme régulier

 

It's a Free World (Un monde sans frontières)... de Ken Loach

En salle le 4 avril

 

Montréal, le 20 mars 2008 – It's a Free World, le plus récent long métrage de Ken Loach, prendra l’affiche le 4 avril prochain. Le film a valu à Paul Laverty  (scénariste du précédent film de Ken Loach Le Vent se lève) le Prix du meilleur scénario à la Mostra de Venise 2007.

 

Angie, trentenaire britannique issu de milieu modeste, fille mère d'un jeune garçon, accumule les petits emplois ingrats et mal payés à Londres. Elle est injustement licenciée d’une agence britannique de travail temporaire qui recrute de la main d'œuvre bon marché dans les pays de l'ancien Bloc de l'Est. Pleine de belles idées humanistes, elle décide alors d'ouvrir sa propre agence de travail temporaire avec son amie colocataire Rose, utilisant dans un premier temps comme point de rassemblement l'arrière-cour du pub d'un ami et leur logement comme bureau. D'importants clients incitent rapidement Angie à leur fournir des travailleurs immigrés sans papiers à exploiter en lui faisant miroiter les sommes d’argent importantes à gagner. Malgré les facilités d'abuser des pauvres gens sans recours, Angie se promet de rapidement régulariser son affaire mais l'appât de gains importants et faciles dans des milieux sans états d'âmes finit par avoir raison de son humanisme et de ses belles idées de justice humaine...

 

Réalisateur et documentariste britannique engagé, Ken Loach livre à 71 ans un film sur l’exploitation des travailleurs immigrés en Grande-Bretagne. Depuis ses débuts dans les années 60, le réalisateur a imposé une certaine façon de faire du cinéma, si bien qu’il est considéré par ses pairs comme « le travailleur social du cinéma britannique ».  Réalisateur aux talents multiples, il a marqué une génération de cinéphiles avec des œuvres comme Kes (1969), Family Life (1971), Black Jack (1979), Looks and Smiles (1981), Raining Stones (1993), Ladybird (1994), Bread and Roses (2000), Sweet Sixteen (2002) ou un des courts métrages du collectif 11’09’’01.

 

En 2006, Ken Loach a reçu la Palme d'or lors du 59e Festival de Cannes pour sa vision de la guerre irlandaise d'indépendance dans Le Vent se lève.

 

Le film prendra l’affiche en version originale anglaise sous-titrée en français à Ex-Centris et en version originale anglaise à l’AMC.  It’s a Free World est distribué par Équinoxe Films.

 

Commentaires de Michel Handfield (8 avril 2008)

 

J’ai vu ce film en visionnement de presse, mais j’aurais aussi bien pu le voir dans le cadre du festival des films des droits de la personne vu son sujet : le travailleur comme ressource dans un monde sans frontières. Sans frontières? Vraiment?

 

En fait, si ce monde est sans frontières pour l’entreprise, qui peut fermer une usine à Montréal, Detroit ou New-Glasgow et produire dorénavant à Taipai ou à  Dalian, la migration économique est beaucoup plus difficile pour le citoyen victime de cette mondialisation. C’est ainsi que les émigrants économiques sont menacés de déportation et constituent une main-d’œuvre docile pour ne pas attirer le regard sur eux, par peur de déportation. Les entreprises le savent et en profitent, car la loi n’est pas très sévère à leur égard… surtout si elles ont été bernées (complaisamment) par de faux papiers. Puis, cela leur assure une main-d’œuvre docile et à rabais pour répondre à la concurrence étrangère venant de là où il n’y a pas de normes sociales et de lois du travail, bienfaits d’une mondialisation que nos États défendent. Pourtant, les États devraient être les premiers à vouloir discipliner cette mondialisation s’ils n’étaient pas au service d’entrepreneurs qui veulent en profiter au dépends des autres valeurs humaines. Des capitalistes qui voient qu’il peut être très rentable de produire dans des pays qui n’ont pas de normes environnementales, en sécurité au travail ou de lois concernant le travail des enfants, mais où, en contrepartie, les syndicalistes, les intellectuels et les opposants sont contrôlés, voir emprisonnés! Si on reste les yeux ouverts, on détourne cependant le regard. Voilà dans quoi nous plonge ce film.

 

 On découvre ce monde avec Angie, britannique qui recrute de la main-d’œuvre en Europe de l’est, mais qui perd son job parce qu’elle n’a pas été fine après le travail, au bar, avec des personnes importantes pour l’agence! Quand le Pouvoir est du côté de l’entreprise, l’employé est traité comme une merde! Elle va se relever rapidement et apprendre. Partir sa boite de recrutement en se promettant de faire différemment. D’être plus honnête, sauf que la concurrence et la demande feront qu’elle devra se plier au système et fournir la main-d’œuvre que les entreprises veulent, car elle a beau être patronne de boite, elle n’est qu’un rouage d’un système beaucoup plus gros qu’elle.  Elle va donc apprendre à devenir une capitaliste dans cette jungle que l’État, limité par des frontières, peut difficilement discipliner. Il ne peut que faire semblant, ayant des lois qui ont des dents, mais des amendes et des moyens de les faire respecter des plus risibles, car il ne peut se mettre les entreprises à dos et voir davantage d’emplois s’en aller vers les pays émergents. Il doit donc ménagers ces entreprises même si elles agissent parfois comme des voyous. Voilà la réalité que l’on découvrira au fil de ce film qui nous informe sans en avoir l’air.

 

On découvre le tiers monde Londonien. On apprend avec elle les dessous de la profession; l’intérêt du patron, soit d’avoir un travailleur qui  plie au maximum; et l’individualisme des citoyens, ce qui fait que finalement peu de gens  s’occupent du sort  des autres, trop occupé à courir chacun pour soi, ce qui nous rend vulnérable! C’est ainsi que dans l’indifférence générale se crée un système parallèle aux yeux et au su de tous, mais que personne ne voit, les uns par complaisance, les autres parce qu’ils sont trop occupé pour voir quoi que ce soit dans le monde qui les entoure. Ce n’est pas pour rien que les thérapies individuelles et « nouvelles âgeuses », souvent une forme de pensée magique, montent au même rythme que l’implication syndicale, sociale et politique décroissent. Quant on s’occupe de soi, on ne s’occupe pas des autres. C’est là le nœud du problème, car on est divisé. Des individualités face à des organisations qui ont des moyens disproportionnés de nous imposer leurs vues et leurs façons de faire. Là où nos problèmes sont souvent communs et mériteraient une approche collective, nous préférons nous taire et nous croire seul. Travailler sur soi, en vase clos ou avec notre thérapeute! Comme on l’écrivait autrefois en arrière des livres de la collection Points politique des éditions du Seuil, il faudrait se rappeler que  « Les problèmes politiques sont les problèmes de tout le monde; les problèmes de tout le monde sont des problèmes politiques. »  (1) Mais, si on a recours aux psys en tous genres, on a rarement recours aux sociologues et politologues pour nous aider dans ces dossiers! Malheureusement.

 

Le capitalisme comme zone franche des lois, c’est-à-dire où ce qui n’est pas permis pour les citoyens l’est pour les entreprises, comme de passer outre aux frontières (au nom du libre marché) ou de faire du trafic de gens, en autant que ceux-ci s’appellent des travailleurs! Et, dans ce milieu, l’agence de placement se trouve à être l’interface idéale entre le légal et l’illégal. Le travailleur illégal est ainsi placé dans une entreprise légale pour répondre à l’entreprise étrangère qui produit à moindre coût là où il n’y a pas (ou peu) de lois du travail, cela de façon à inonder les marchés occidentaux avec des produits faits à rabais dans des économies émergentes. Une haute valeur ajoutée pour l’entreprise, ce que la mondialisation autorise, pendant que les travailleurs perdent leurs emplois et s’appauvrissent dans les pays industrialisés occidentaux. Un emploi de vendeur au salaire minimum chez un grand détaillant mondial ne remplacera jamais un emploi industriel syndiqué qui a été relocalisé en Chine justement pour répondre à la demande de ce même marchand! Et, si les travailleurs ou les syndicats veulent faire comme les entreprises et se déplacer là où va le travail, les lois les en empêchent, car cette mondialisation n’est pas faite pour les gens, ni pour les organisations syndicales, mais bien pour les entreprises. Une façon de leurs assurer la main-d’œuvre la moins coûteuse possible et de les dédouaner de leurs responsabilités sociales, que ce soit des mises à pied sauvage ou la fermeture d’une entreprise qui a contaminé une région. L’entreprise n’a qu’à quitter et laisser les problèmes à la communauté locale. Le citoyen, lui, ne bénéficie cependant pas de cette immunité. 

 

Voilà ce dans quoi nous plonge ce film sans jamais nous faire la leçon. Mais, même s’il ne fait pas la leçon, celle-ci porte. Un film à voir.   

 

Note :

 

1. Deux livres sur lesquels nous retrouvons cette maxime au verso :

 

GORZ, A., 1973, Critique de la division du travail, Paris, éd. Du Seuil, coll. Point politique.

 

Morin, Edgar, 1965, Introduction à une politique de l'homme, Paris: Seuil, Points politique

 

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Et puis les touristes (Am Ende kommen Touristen)

 

De Robert Thalheim, Allemagne, 2006-2007, 85 min., 35mm, avec : Alexander Fehling, Ryszard Ronczewski, Barbara Wysocka, Piotr Rogucki, Lena Stolze. En allemand avec sous-titres français.

 

Dans ce deuxième long métrage, le talentueux Robert Thalheim, primé pour son premier film Netto (présenté lors des Découvertes de 2005), aborde avec beaucoup d’intelligence et de manière nuancée le sujet délicat de l’Holocauste et de sa commémoration.

 

Commentaires de Michel Handfield (3 avril 2008)

 

Sven, jeune allemand, a décidé de faire son service civil plutôt que militaire, un choix qui en dit long sur lui. Quant à Auschwitz, ce n’était pas réellement son choix, mais c’est là qu’on l’a envoyé. Allemand et berlinois, la réception ne sera pas chaleureuse au premier abord. Il devra donc se faire accepter. D’abord de monsieur Krzemiński, ancien prisonnier du camp qui y travaille maintenant à réparer les valises des victimes et à parler de son expérience de prisonnier d’Auschwitz par sens du devoir : rappeler l’horreur pour ne pas l’oublier et, surtout, pour ne pas la reproduire. Un monsieur de 80 ans qu’on ne bouscule pas! Il a ses idées et en vu d’autres. Mais, il est conscient qu’on pourrait le remplacer n’importe quand par « la liste de Schindler » (1).

 

***

 

Ce film parle beaucoup, en ce sens que l’on voit le caractère allemand : organisé et ordonné. Une société codifiée. Par exemple, c’est Krzemiński qui a parti ce projet de réparer les valises. Maintenant, on lui coupe ce travail, soit disant qu’il n’est pas fait dans les règles de la conservation. Il n’a pas été à la fac ce Krzemiński, alors que le mémorial d’Auschwitz relève maintenant des musées nationaux. Ceci implique donc une nouvelle organisation et des procédures de restauration bien précises. Bref, on le tasse. Le système l’écrase encore une fois au nom d’une certaine rationalité! L’organisation moderne du travail fait d’ailleurs penser à l’organisation nazie, que ce soit au camp ou à l’usine chimique du village. On cherche la productivité et en deçà d’un certain niveau on n’hésite pas à remplacer les gens, même à délocaliser le travail en Asie, car on ne gère plus des personnes, mais des ressources humaines. D’ailleurs, la compagnie chimique allemande qui soutient ce projet éducatif autour de l’ancien camp nazie (car ce sont de bonnes relations publiques!) peut fermer l’usine n’importe quand au nom de la mondialisation, d’une trop faible productivité ou de la désuétude de l’usine par exemple. Les employés polonais le sentent à défaut de le savoir. J’y ai vu un lien avec « la question humaine » de Nicolas Klotz d’ailleurs. (2)

 

Et il y a ces vieilles rancœurs polonaises toujours présentes. On les sent dans de petits gestes de révolte, un commentaire par exemple, ou une simple moue parfois. Ce sont aussi les jeunes qui se retrouvent au bar à chanter ou à danser sur du « heavy metal » par exemple. Il y a là comme une contestation par rapport à l’ordre allemand. Remarquez que la même révolte se retrouve aussi chez les jeunes allemands. Une révolte contre un ordre pesant parfois, mais discret, souvent plein de civilité et de compassion. (3) Qui n’y parait pas, mais qui est là.   

 

Puis,  il y a cette relation qui se développe entre Sven et Ania, qui travaille aussi au camp, relation qui nous permet de comprendre subtilement le malaise polonais-allemand.  Par exemple, tout le malaise autour d’Auschwitz est soulevé dans ces quelques mots entre eux :

 

- Tu vis ou a eu le plus grand crime de l’humanité. Tu le vis comment ?

 

-Je suis né ici. Et toi, t’es allemand ?

 

La réponse, on l’aura à la fin dans leurs choix. Et, peut être, dans ceux que l’on peut supposer. Mais, c’est une toute autre histoire à écrire.

 

Notes :

 

1. http://fr.wikipedia.org/wiki/La_Liste_de_Schindler

 

2. www.evene.fr/celebre/biographie/nicolas-klotz-29721.php

 

3. Paternaliste, comme on le dit ici.

 

Autre :

 

Et puis les touristes sur Évene.fr: www.evene.fr/cinema/films/et-puis-les-touristes-8982.php

 

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Caramel

 

France / Liban. 2006. De Nadine Labaki. 35mm. 95 min. Avec Nadine Labaki & Yasmine Elmasri.

 

Version originale française et arabe avec s.-t. Français

 

"À Beyrouth, cinq femmes se croisent régulièrement dans un institut de beauté, microcosme coloré où plusieurs générations se rencontrent, se parlent et se confient.

 

À la sauce orientale, le caramel en question est une pâte épilatoire qui mélange du sucre, du citron et de l'eau bouillie jusqu'à devenir ce mélange consistant dont Layale fait un abondant usage. Elle tient un institut de beauté dans un quartier ordinaire de Beyrouth, qui est devenu comme le confessionnal de cinq femmes aux horizons, tempéraments, aspirations et comportements bien tranchés."

–OUEST France

 

"Le premier long métrage lumineux de Nadine Labaki offre un autre visage de la réalité libanaise. Les femmes en occupent la place centrale puisque l'action tourne autour d'un institut de beauté. Sous la caméra chaude et sensuelle de la cinéaste, cet espace de liberté riche en intrigues sentimentales devient le microcosme d'une société fortement occidentalisée qui cherche sa voie entre tradition et modernité. Caramel plonge avec un mélange de légèreté et de gravité au cœur de l'identité féminine et des rapports amoureux encore sous le joug d'archaïsmes lestés de culpabilité." –24 IMAGES

 

Commentaires de Michel Handfield (1 avril 2008)

 

Entre les films du Festivalissimo et du Festival des films sur les droits de la personne j’ai été voir Caramel avec ma conjointe. On a aimé, on a ri. Mais, il y a aussi de la tristesse. Bref, une histoire de filles, car peu importe l’âge, ce sont toujours des filles quand elles se retrouvent au salon de coiffure, surtout que ce sont des amies.

 

Mais, c’est aussi la famille et les voisins. La vie de quartier. On fait avec les problèmes, comme la tante d’une des coiffeuses qui s’interdit l’amour à cause de sa vieille mère perdue, ce qui la retient de s’engager dans une relation amoureuse naissante. La petite vie quoi. Film d’émotions donc! 

 

Mais, il y a aussi des révoltes individuelles dans une société normée par Dieu. Ceux qui croient que les musulmanes sont toutes soumises, détrompez-vous. Préparez-vous aussi à sourire. Si une fille ne peut louer une chambre d’hôtel pour recevoir son amant, car elle n’a pas de preuve de mariage, l’autre peut se faire recoudre l’hymen avant de se marier!  

 

J’y ai même vu des parallèles avec ici, car certaines en ont marre des normes et sont prêtes à les faire sauter. Mais, ça ne se fait pas « seule ». On peut cependant se demander à quelle distance l’on est d’une révolution tranquille libanaise? De faire sauter le carcan religieux et de séculariser la société? Je ne sais pas, mais cela est certainement de l’ordre du possible. Mais, quand? Voilà la question.   

 

Par contre, même si on fait sauter le carcan, certains sont toujours prêts à le remettre volontairement. On revendique ainsi un retour à la religion à l’école au Québec alors qu’on vient à peine d’en sortir… malgré une révolution tranquille qui date de près de 50 ans! Ne vous découragez pas les filles. C’est comme pour le caramel : ça colle longtemps, mais ça s’arrache! (1)

 

Note :

 

1. Le caramel, c’est la mixture qu’elles font pour épiler.

 

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Dr. Seuss Horton entend un qui!

www.horton-lefilm.qc.ca/

Michel Handfield

 

19 mars 2008

 

« Horton l’éléphant entend un beau jour un appel au secours venant d’une minuscule poussière flottant dans les airs. Convaincu de la présence de vie sur cette poussière, il décide de venir en aide à ses habitants. » (1) Mais, parler d’un monde dans une poussière, il y a de quoi passer pour fou et créer des remous autour de soi. Ça fait une bonne histoire que les enfants, présents à ce visionnement spécial auquel j’ai assisté, ont appréciée. Les enfants aimeront ce film. Néanmoins, les adultes aussi.  

 

En fait, ce film présente le mystère de l’univers dans une fable avec une poussière. On est nous aussi un monde dans d’autres mondes. Dans l’infini de l’univers nous ne sommes pas plus gros que cette poussière. Aussi fragile. Pendant ce temps on se chicane sur notre boule de poussière sans réaliser qu’on tient dans le vide sidéral!  

 

Naturellement, il faut être à l’écoute, comme Horton, pour le saisir. Mais, le poids de la tradition et de l’idéologie nous empêchent parfois de saisir certaines choses. Par contre, il ne faut pas non plus que ce qu’on saisit ne  devienne idéologique. Si cette poussière contient une planète, ce ne sont pas toutes les poussières qui en contiennent une! 

 

Le miracle, c’est l’établissement du contact entre ces deux mondes de taille totalement différente. La chance fut que l’éléphant, grâce à ses oreilles surdimensionnées, aie capté un signal si petit. C’est un peu comme le projet SETI@home (2) qui est à l’écoute d’un signal dans l’univers. Même si on ne peut garantir que la vie existe ailleurs, la science est à l’écoute. (3)

 

Naturellement, si on a droit à ces grandes questions, on a aussi droit aux caractères humains. Ainsi, nous retrouvons le politicien qui fonce droit devant en promettant du plaisir alors qu’il y a un mur au premier tournant à l’horizon. Mais, ce type de politicien a plus de succès que celui qui dit prudence et qu’il faut changer nos comportements. ON NE VEUT PAS LE SAVOIR! Bref, nous y retrouvons « les caractères » de La Bruyère et « le prince » de Machiavel. (4)

 

Présenter le secret de l’univers et les caractères humains dans une fable, là est tout le génie de ce film. Et puis, il y a aussi la beauté du dessin. Si c’est la dernière chose dont je parle, c’était par contre la première que j’ai noté.

 

Notes :

 

1. Tiré du site www.horton-lefilm.qc.ca/

 

2.  http://setiathome.berkeley.edu/

 

3. Vouloir connaître chercher, mettre en cause l’ordre établi qui se base sur un savoir immuable, voilà la science. Contrairement aux idéologies et aux croyances qui prennent une vérité pour immuable, la science la prend pour une hypothèse. Un jour on pourra en démontrer les limites, voir la fausseté. Elle est à l’écoute de nouveaux faits. En science, rien n’est vrai; les choses ne sont pas fausses. La science est rationnelle.  

 

4. La Bruyère, Jean de, [1688] 1993, Les caractères, Paris: Booking International et Machiavel, Nicolas, 1996 [1532], Le prince, Paris: Booking International.

 

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La petite pièce en haut de l’escalier (théâtre)

Du 4 au 29 mars 2008

Au TNM

Du mardi au vendredi à 20 h / Les samedis à 15 h et 20 h

Réservations 514.866.8668 

www.tnm.qc.ca

 

« Dans une maison immense, il y a un escalier dérobé. En haut de l’escalier, il y a un couloir étroit. Au bout du couloir étroit, il y a une porte fermée. Devant la porte fermée, il y a Grâce, qui regarde, comme hypnotisée. »  Grâce

 

FÉMININ PLURIEL

 

Carole Fréchette fait son entrée au TNM avec une pièce qui est tout à la fois un suspense, une fable, un drame de moeurs et une exploration des méandres d’un théâtre intérieur. Seule auteure québécoise à avoir remporté le prestigieux prix Siminovitch, la plus haute récompense décernée à un artiste de théâtre au Canada, traduite dans pas moins de quatorze langues, elle a été jouée du Liban à l’Islande, du Sénégal à la Biélorussie, et même en Palestine, où sa pièce Le Collier d’Hélène fut présentée récemment. Lorraine Pintal, qui a multiplié les créations et recréations de textes québécois au cours de sa carrière et signé des mises en scène de textes de Chaurette, Dubé, Gauvreau et Nancy Huston, aborde pour la première fois l’oeuvre fascinante de Carole Fréchette, qui nous entraîne dans un monde à mi-chemin de la réalité et du fantasme. C’est à la comédienne Isabelle Blais, qui a joué Juliette, Ophélie et Elvire sur la scène du TNM, que revient le défi de donner vie à Grâce, cette femme pleine de grâce sur qui plane l’ombre terrifiante d’un prince charmant porteur de très grands secrets, interprété par Henri Chassé. Autour d’Isabelle Blais : Louise Turcot, Julie Perreault, Tania Kontoyanni, la scénographe Danièle Lévesque1, la conceptrice de costumes Linda Brunelle, une équipe majoritairement composée de femmes qui, sous le regard attentif de Lorraine Pintal, s’unissent pour faire entendre la parole troublante et ensorcelante de Carole Fréchette, qui explore une fois de plus la part de mystère tapi dans la vie quotidienne.

 

LE SECRET DE LA CHAMBRE OBSCURE

 

Grâce semble vivre un conte de fées. Henri, un homme beau, séduisant et riche, lui a proposé le mariage après seulement quelques mois de fréquentation. Il lui a offert des voyages et le luxe de multiples propriétés, dont celui d’une immense maison de vingt-huit pièces. Ces noces ont comblé les rêves de la mère de Grâce, Jocelyne, issue d’un milieu modeste, et nourri la rage de sa soeur Anne, mariée à un homme plus humble et qui consacre ses énergies à des actions communautaires. Grâce est heureuse dans sa nouvelle maison, en compagnie de la bonne, Jenny, qui répond à tous ses caprices. Il y a toutefois une condition au bonheur de Grâce : Henri lui a défendu d’ouvrir la porte de la petite pièce en haut de l’escalier, qui est son refuge, son antre, sa chambre secrète. Qu’y a-t-il donc de si redoutable et de si attrayant dans cette pièce en haut de l’escalier ? Mystère.

 

UNE PAROLE TROUBLANTE ET ENSORCELANTE

 

Depuis Baby Blues en 1991, Carole Fréchette accumule les succès et sillonne la planète. Les Quatre Morts de Marie, Les Sept Jours de Simon Labrosse, La Peau d’Élisa, Jean et Béatrice, Le Collier d’Hélène : des pièces qui, presque toujours, portent un prénom dans le titre et qui témoignent du souci de l’auteure d’ancrer ses drames dans un destin individuel. Mais ici, avec La Petite Pièce en haut de l’escalier, Carole Fréchette se livre également à une réécriture du mythe de Barbe-Bleue et propose un objet fabuleux, au sens propre du terme : une pièce qui fait craquer les coutures du réel et transforme les personnages en créatures de fable, porteuses de nos désirs et de nos terreurs les plus profonds.

 

LES VOIX DE LA CRÉATION

 

Directrice artistique du TNM depuis 1992, Lorraine Pintal a toujours fait place à la création des textes d’ici. Ainsi a-t-on pu assister à la naissance d’œuvres de Chaurette, Tremblay, Michel Marc Bouchard et Robert Lalonde, à la renaissance des oeuvres de Robert Gravel et de Wajdi Mouawad, sans oublier les créations de Robert Lepage. Fidèle à son désir de participer à l’affirmation d’un véritable répertoire québécois, Lorraine Pintal et tous les artistes engagés dans cette création nous livrent un conte énigmatique et fascinant sur nos recoins cachés et nos peurs intérieures, sur les zones d’ombre de notre conscience et les fantômes enfouis dans les petites pièces de notre édifice psychique. Ils nous entraînent dans une maison obscure, une maison dont nous serons amenés à découvrir progressivement la vraie nature. Là, en haut de l’escalier, se trouve une pièce… comme on n’en a jamais vue!

 

Avec Isabelle Blais / Henri Chassé / Tania Konto yanni /

Julie Perreault / Jean Régnier / Louise Turcot

Assistance à la mise en scène et régie Beth zaïda Thomas /

Décor Dani èle Lévesque / Costumes Linda Brunele /

Éclairages Cla ude Cournoyer / Musique Michel Smith /

Accessoires Normand Blais / Maquillages Jacques -Lee Pelletier / Perruques Rachel Tremblay

 

Commentaires de Michel Handfield (13 mars 2008)

 

On est dans un conte. Le  mythe de Barbe-Bleue  réécrit aujourd’hui. Au temps du divorce, plus besoin de tuer ses épouses, mais il y a peut être d’autres des squelettes dans le placard. Ou dans le plafond?

 

Grâce (Isabelle Blais) a une vie de rêve dans sa maison de 28 pièces, mais une petite pièce lui est interdite par Henri (Chassé), son mari. Les interdits sont toujours un appel, comme la pomme pour Ève! On veut y aller, même si une voix nous dit d’arrêter. Si on nous cachait le nirvana? L’appel de la drogue, c’est justement celui là. C’est ce qui fait croire à certains qu’il serait plus facile de combattre les drogue si elles étaient légales, un peu comme on le fait pour la cigarette et l’alcool par exemple.  

 

Dans sa tête, Grâce est toujours accompagnée de sa mère (Louise Turcot), sa sœur (Julie Perreault) et de son mari. Elle dialogue continuellement avec eux, qu’ils soient là ou non, et avec la bonne parfois (Tania Kontoyanni). Ainsi, sa mère la pousse vers le rêve : « Ne cherche pas à savoir, profite! » Sa sœur voit plutôt des complots : « Comment est-il devenu riche? Et s’il est riche, il ne peut être honnête. » Son mari se justifie : « Il faut une pièce vide pour laisser circuler les pensées! »

 

Naturellement elle entrera dans la petite pièce et trouvera quelque chose. Des squelettes dans le placard ou des squelettes dans le plafond? Voilà la question.

 

***

 

Je n’en dis pas plus, mais trois hypothèses sont plausibles à ce point-ci. Si elle voit quelqu’un et qu’il est le fruit de son imagination, ce peut être parce qu’elle est une rêveuse tout simplement. Déjà, petite, elle rêvait et pleurait tous les soirs. Son imagination la prédisposerait donc à ces hallucinations éveillées…

 

Cela peut aussi être plus grave. Une psychose. Toute cette pièce tournerait donc autour de celle-ci. On serait au cœur de son drame intérieur. Pas celui qu’elle croit et nous raconte, mais de celui qu’elle vit devant nous! Nous serions témoin de sa folie. 

 

Et puis, s’il y avait vraiment quelqu’un que l’on veut cacher. Un enfant malade, fruit d’une ancienne liaison, ou un parent Alzheimer. Chaque année les informations nous racontent une ou deux histoires du genre. Quelqu’un que l’on enfermerait plutôt que de le confier à une institution. Cela part souvent d’une bonne intention, mais dérape rapidement vers le drame humain, incapable ou impuissant à en prendre soin devant la gravité du cas. Des histoires impossibles, mais qui arrivent. Des histoires qui nous font réaliser que malgré l’évolution technique et le développement économique, les drames humains sont toujours au tournant, pas loin, parfois par manque de ressources ou de support.

 

Cette pièce soulève donc des questions et nous fait réfléchir, car elle n’est pas claire. Un peu comme cette petite pièce en haut de l’escalier, qui excite la curiosité de Grâce. Cette pièce laisse un coin d’ombres dans notre mémoire. On n’est pas sûr  ce qu’on y a trouvé et elle nous intrigue. On continue à se questionner bien après. Bienvenu dans le grenier de notre inconscient, au croisement de Perrault et de Freud.

 

Hyperliens

 

Barbe-Bleue : http://fr.wikipedia.org/wiki/Barbe-Bleue

 

l’Association canadienne pour la santé mentale : http://www.cmha.ca/bins/index.asp?lang=2

 

Fédération québécoise des sociétés Alzheimer : http://www.alzheimerquebec.ca/

 

Petit monde : www.petitmonde.ca/

 

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LA LIGNE BRISÉE

 

Réalisation: Louis Choquette

Production : André Dupuy / Pixcom

Distribution : Guillaume Lemay-Thivierge, David Boutin, Jacinthe René

 

        Sébastien Messier et Danny Demers sont amis depuis toujours. Ils ont partagé toutes sortes de choses, dont la boxe. Après une absence d'un an et demi, Danny revient à Montréal. Il est au plus creux, rien ne l'attend. Sébastien, au contraire, est sur sa lancée. Il prépare le combat de sa vie, pour le titre de champion du monde. Les retrouvailles des deux amis sont émotives, remplies de souvenirs et de promesses. Jusqu'à ce qu'un événement dramatique vienne briser leurs trajectoires. Aveuglé par l'ambition, Sébastien a perdu l'essentiel. Il est à la dérive. C'est le désir de se mesurer à Danny qui lui donne le goût de reprendre sa vie en main. Au début, Sébastien croit qu'il n'a qu'à retrouver sa forme physique pour prouver sa supériorité. Mais les fantômes du passé ressurgissent. Il trouve alors le courage d'affronter ses démons jusqu'à donner à Danny une preuve ultime de son amitié. La ligne brisée raconte l'histoire de deux amis qui sont la mesure l'un de l'autre, pour le meilleur et pour le pire. Elle nous rappelle que se tenir debout dans la vie, c'est pas mal plus difficile que de rester debout sur un ring.

 

Commentaires de Michel Handfield (7 mars 2008)

 

Après un an et demi d’absence, deux amis se retrouvent. On va au bar et on déconne en gang. Tout y passe : boxe, folie de jeunesse, succès, et j’en passe. Dany (Guillaume Lemay-Thivierge), le revenant, et Sébastien (David Boutin), à quelques semaines de son championnat du monde, repartent ensemble comme au bon vieux temps et on pense à un chum mort bêtement : une allergie aux arachides alors qu’il se défonçait tout le temps. On se dit qu’il faut profiter du moment présent à sa mémoire. Au boute! La bière, l’auto, le déconnage… puis l’événement que l’on veut oublier. Ce sera comme une nouvelle brasse aux cartes. Des choses changeront pour Dany et Sébastien, mais ils n’en seront pas conscients immédiatement.

 

Puis, on reprend l’histoire 5 ans plus tard. Dans sa tête Sébastien est toujours le « king » et Danny  jamais sûr de lui, comme s’il ne contrôlait pas sa vie et dépendait du hasard et du regard des autres. Quelque chose reste à régler entre eux. Pourront-ils recoller la ligne? C’est là toute l’intrigue du film, dont il est difficile de parler sans vendre de punchs.

 

        On est dans l’égo et la confiance en soi. Celle de l’homme. Du combattant. La boxe est un contexte qui permet d’en saisir toute la profondeur, car dans le ring nous avons deux hommes face à face. C’est un film d’émotions, mais de peu de mots, car beaucoup passe par les regards et les silences. Ça n’aurait pas pu être fait avec le hockey ou le football, même si on peut y régler bien  des choses, car on n’est pas seul, mais en équipe. Ici, c’est entre les deux amis qui ont fait les 400 coups ensemble que ça doit se passer. Ce qui est bien avec la boxe, c’est qu’on est justement face à face dans un enclos : le ring. Bienvenu au pays des hommes à fleur de peau, mais hérissé à la moindre occasion. Au pays des Hilton et de quelques autres…

 

Dans l’imagerie populaire le délinquant n’est jamais loin derrière le boxeur. Il vient souvent d’un milieu un peu dur et s’est sortie de la délinquance grâce à la boxe qui a canalisé son trop plein d’énergie et l’a discipliné. La boxe qui donne un but, une discipline et une famille. Au hockey ou au football, ce ne peut être la même chose, car on voit des parents payer un équipement assez dispendieux à leurs jeunes et, surtout, les  accompagner à 6 heures du matin pour leurs pratiques. Ce n’est pas le même milieu. La boxe donne donc quelque chose de plus  à cette histoire : de la crédibilité! Et les acteurs ont travaillé fort pour donner une crédibilité à leurs personnages en retour. C’est ce qui fait toute la grandeur du film.  

 

        Ce film utilise la bonne combinaison de psychologie,  d’action, d’humanisme et de romantisme, c'est-à-dire sans en mettre trop. Jab, jab, droite et un crochet bien placé pour nous toucher! Il ne s’adresse pas qu’aux gars dont la testostérone est débordante, mais aussi aux filles, car il s’agit d’abord et avant tout d’un film psychologique se passant dans un milieu d’hommes, mais pas d’un film d’hommes proprement dit.   Il y aurait beaucoup plus à dire, mais j’ai effacé les trois-quarts de mes notes, car elles pouvaient révéler des punchs et ce n’était pas chose à faire. Mais, je peux conclure en disant que c’est un film sur l’attirance et la répulsion, bref sur l’amitié comme un fil qui peut se briser.

 

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