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Societas Criticus et DI, Revues Internet en ligne

 

Societas Criticus

Revue de critique sociale et politique

On n'est pas vache…on est critique!

&

D.I. revue d’actualité et de culture

Où la culture nous émeut!

       

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

www.societascriticus.com 

 

Vol. 10 no. 4

(Du  27 mai 2008 au 4 août 2008)

Cette revue est éditée à compte d'auteurs.

 

Pour nous rejoindre:

societascriticus@yahoo.ca

Societas Criticus

C.P. 182, Succ. St-Michel

Montréal (Québec) Canada H2A 3L9

 

Le Noyau!

Michel Handfield, M.Sc. sociologie (U de M), cofondateur et éditeur;

Gaétan Chênevert, M.Sc. (U de Sherbrooke), cofondateur et interrogatif de service;

Luc Chaput, diplômé de l'Institut d'Études Politiques de Paris, recherche et support documentaire.

 

Soumission de texte:

Les envoyer à societascriticus@yahoo.ca. Si votre texte est en fichier attaché, si possible le sauvegarder en format "rtf" (rich text format) sans notes automatiques.

 

Index de ce numéro :

 

La section Societas Criticus, revue de critique sociale et politique

 

Édito 

 

Bon 6e anniversaire à la nouvelle ville de Québec!

 

Essais

 

EXPELLED: NO INTELLIGENCE ALLOWED

Plus vert que chez le voisin!

Question de sémantique politique!

 

Le Journal/Fil de presse

 

Le Québec exclu des tablettes (Source : alternatives, le journal, Vol 14, no 10, juillet/août 2008)

 

La section D.I., Delinkan Intellectuel,  revue d’actualité et de culture

 

Commentaires livresques : Sous la jaquette!

 

La face cachée de Robert Lepage : La face cachée de la lune  et Le projet Andersen

 

Nouveaux livres reçus

 

Perla Serfaty-Garzon, 2008, Marre d'être la fée du logis ? Paradoxes de la femme d'aujourd'hui

 

Possibles, Volume 31 no 3 et 4 Été/automne 2008, Le documentaire art engagé

 

Arts et Culture

 

LES CONTES DE BEATRIX POTTER, UN BALLET POUR TOUTE LA FAMILLE AU CINÉMA EX-CENTRIS!

 

Cinéma et Théâtre (Ciné, Théâtre et quelques annonces d’événements) 

SWING VOTE

ENFANCES

24 Mesures

UN ÉTÉ SANS POINT NI COUP SÛR

INFINIMENT QUÉBEC

LA GRAINE ET LE MULET

BIENVENUE CHEZ LES CH’TIS

THE WACKNESS

LES TOILETTES DU PAPE

VOYAGE AU CENTRE DE LA TERRE

ASTÉRIX AUX JEUX OLYMPIQUES

BAGHEAD

Les animaux amoureux

EXPELLED: NO INTELLIGENCE ALLOWED (Essai)

CRUISING BAR 2

Mongol

Helvetica

QUATRE MINUTES (Vier Minuten)

99F avec Jean Dujardin

SEX AND THE CITY

 

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Index

 

Nos éditos!

 

Bon 6e anniversaire à la nouvelle ville de Québec!

 

Suite à la lecture de « Quel est l’âge du Canada? », de Jean-François Cliche, paru dans Le Soleil du dimanche 06 juillet 2008 sur cyberpresse.ca, voici le mot que cela a inspiré au montréalais que je suis. À prendre avec humour bien entendu!  

 

***

 

Désolé pour vous, mais l’histoire de Québec s’est arrêté le 31 décembre 2001. Le premier janvier 2002 commençait l’histoire de la méga ville de Québec, cadeau d’un gouvernement péquiste qui vous a dit, comme il nous a dit à nous montréalais, que les villes n’avaient pas d’histoire et étaient une création de la province! Une unité administrative. Alors la nouvelle ville de Québec n’a que 6 ans! Il est donc normal que tout le monde veuille son morceau de votre 400e, puisqu’il fait davantage partie de la mythologie que de la réalité. Mais, le plus paradoxal est de voir le PQ s’en prendre à la relecture de l’histoire que fait le Fédéral alors que ce parti, lorsqu’il était au pouvoir, voulait effacer l’histoire! Bon 400e quand même au vieux Québec, car vos bâtiments et votre présence font un pied de nez à ces hélices qui tournent en rond, mais que l’on appelle encore  des élites politiques dans certains milieux.  

 

Michel Handfield

Délinkan intellectuel

Éditeur de Societas Criticus, revue de critique sociale et politique

 

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Index
 
Essais
 

EXPELLED: NO INTELLIGENCE ALLOWED

www.getexpelled.com (USA)

www.expelledthemovie.com (Canada)

 

Sortie : 27 juin 2008

 

Le documentaire controversé mettant en vedette Ben Stein

 

Commentaires de Michel Handfield (29 juin 2008)

 

« EXPELLED: NO INTELLIGENCE ALLOWED. »  On pourrait traduire ce titre par « Écarté : intelligence non permise! » Mais, c’est un titre trompeur, car l’intelligence dont on parle ici est la théorie du dessein intelligent (intelligent design). Une théorie qui remet en cause  Darwin et la théorie de l’évolution, mais très questionnable sur des bases scientifiques.

 

Malgré toutes mes réserves face à cette théorie du dessein intelligent, je conseille néanmoins ce film, car pour comprendre les dangers de cette mécanique qui consiste à élever une pseudoscience au rang de science il faut voir comment fonctionne le phénomène. On le voit dans ce film. Puis, mieux est faite cette pseudoscience, plus on peut se laisser prendre. Quoi de plus séduisant que de dire que ce qu’on ne peut expliquer pourrait l’être par un dessein intelligent mis au cœur des choses par une force supérieure. Une explication qui comble les vides! Sauf que la science n’a pas pour but de combler les vides, mais de chercher des réponses qui ne semblent pas fausse. Elle ne pourra jamais accepter le dessein intelligent, car il ne relève pas de la démarche scientifique. Ce qui fait la validité de la science ce n’est pas la réponse, mais la démarche pour y arriver. Dans le dessein intelligent, la réponse est intuitive  ou dogmatique. Elle n’est pas  scientifique pour des raisons épistémologiques et méthodologiques. Point à la ligne. 

 

        Ceci étant dit, il y a objet à analyse dans ce film et je vous invite à lire la suite de ce texte, que vous décidiez d’aller le voir où non, car il nous permet d’examiner la différence entre science, foi et philosophie, ces genres se mélangeant trop souvent dans la culture populaire et ouvrant toute grande la porte à des virus idéologiques un peu comme le font les ordinateurs mal protégé pour les virus informatiques! 

 

Un acte de foi!

 

Un acte de foi n’est pas prouvable, mais la foi veut parfois une reconnaissance scientifique, ce qui pose problème. C’est le cas du dessein intelligent (1), car c’est un acte de foi enrobé dans la science. Ce sont deux voies distinctes qui peuvent parfois se croiser, mais qui  sont rarement parallèles et encore moins côte à côte, car la foi se solidifie rapidement en un dogme alors que la science est appelée à changer, se questionnant toujours sur la validité des choses.  C’est ainsi que la terre fut plate beaucoup plus longtemps dans le monde religieux que dans le monde scientifique ou que l’homme fut créé  plutôt que le résultat d’une évolution. On tente même de revenir à la création sous couvert de science. C’est le dessein intelligent, qui dit que « certaines caractéristiques de l’univers et des choses de la vie sont mieux expliquées par une cause intelligente, non un processus non directif comme la sélection naturelle. » (2) On ne peut s’en remettre au hasard pour contrer Dieu, même si on ne parle pas de Dieu. Mais, qu’est-ce qu’une « cause intelligente » sinon Dieu? L’ADN? Les extra-terrestres? Bref, on nous ramène Dieu par la porte d’en arrière, sans le nommer, sous couvert scientifique.

 

Le dessein intelligent est donc de la pseudoscience même si des scientifiques en parlent, car un scientifique peut aussi nous tromper, notamment s’il parle d’un domaine qui n’est pas le sien en se couvrant d’une chape du savoir universel ou en se servant de son statut de  scientifique pour vendre ce qui n’est qu’une croyance. C’est un processus connu, parfois involontaire. Certains idéologues peuvent par contre profiter de leur bonne fois et l’exploiter à leurs fins, c’est-à-dire les utiliser comme caution à l’idéologie qu’ils défendent. 

 

 Il faut faire attention de ne pas tomber dans le piège que ce film nous tend et croire que le dessein intelligent doit être mis sur le même pied que la théorie de l’évolution et, surtout,  enseigné au même titre qu’elle dans les écoles même si c’est l’objectif recherché depuis des années par les tenants de cette théorie. Une simple recherche Google avec les mots « intelligent design in school » suffit pour le constater.  De plus, le site web du film est assez clair là-dessus : il est écrit dans la section « resources for leaders »  que « ce matériel va vous donner une formation rapide sur la science des origines de la vie et vous rendre capable de créer un événement, un enseignement, un sermon, une discussion ou un débat pour engager et éduquer les autres. » (3)  On cherche à convaincre et le film fait partie des outils pour le faire!

 

Puis, si on essuie une fin de non recevoir, ce que les milieux scientifique ont fait subir aux tenants de cette théorie plus d’une fois,  on se dit alors persécuté, car on est rebelle! Pourtant ce sont les milieux conservateurs et religieux (4) qui sont derrière le dessein intelligent.  On n’a plus les rebelles qu’on avait! 

 

La science n’a que faire des croyances! 

 

Imaginer qu’il y aurait eu plus d’une variété d’humains depuis les débuts de l’humanité, voire même deux concurrentes à une certaine époque, va contre l’idée que Dieu nous a fait à son image, sinon, quel Homme aurait été à son image? Nous ou les anciens, maintenant disparus? Pourtant, voici ce qu’il en est :

 

«      D’abord, s’il y eut plusieurs groupes de primates qui s’humanisaient, il ne reste plus aujourd’hui que les descendants d’un seul de ces groupes, celui des sapiens sapiens. Parmi les autres, l’un notamment se multiplia assez pour qu’on en retrouve des ossements jusqu’en Europe : il s’agit du sapiens neandertalensis.

 

L’homme de Neandertal était d’apparence plus simiesque. Il était, par exemple, affublé d’un bourrelet osseux au-dessus des yeux qui le faisait ressembler aux gorilles actuels. Cependant, il avait un cerveau plus gros que le nôtre. Il connaissait l’art et la religion. Il enterrait ses morts selon des rites compliqués.

 

Notons au passage que les objets d’art et les tombes sont des preuves indiscutables d’humanité. Mais les tombes les plus anciennes que nous ayons découvertes n’ont pas plus de quarante ou cinquante mille ans; quant aux peintures rupestres, elles sont plus récentes encore. Cela n’a rien d’étonnant: statistiquement, les commencements échappent toujours à l’archéologue, qui a davantage de chances de retrouver les objets déjà nombreux.

 

Or l’homme de Neandertal a complètement disparu il y a vingt mille ans, sans que nous puissions comprendre pourquoi. Nous savons que le sapiens sapiens et le sapiens neandertalensis ont coexisté sur les mêmes territoires pendant quelques milliers d’années. Se sont-ils fait la guerre? Étaient-ils interféconds? On n’en sait rien. Plus probablement nos ancêtres mieux adaptés ont pris tout le gibier pour eux, condamnant les autres à la famine. Quoi qu’il en soit, tous les hommes vivant actuellement sur la Terre, si variées soient leurs apparences physiques, descendent de quelques milliers de sapiens sapiens africains. La génétique le prouve.

 

Nous savons aussi que ces sapiens ont peuplé progressivement la Terre entière. (…) » (5)

 

        La science et la religion ne sont donc pas au même diapason, la religion ayant reçu une vérité divine qu’on ne peut changer, un dogme, alors que la science est constamment en recherche de la vérité.  Mais, attention, ça  ne veut pas dire que la vérité change tous les jours, tous les mois ou tous les ans. Même pas toutes les décennies. Certaines théories peuvent être valables plus d’une centaine d’années.  C’est d’ailleurs le cas de la théorie de Darwin (6), la sélection naturelle (7), qui date de 1859!

 

On n’est pas dans les croyances ici : avant de changer de paradigme, il faut des preuves solides, non seulement des intuitions. D’ailleurs, même si je ne suis pas diplômé en sciences pures, mais en sciences sociales, le premier principe que j’ai appris en méthodologie est qu’une chose n’est pas vraie, mais plutôt qu’elle n’est pas fausse, car elle peut être remise en cause dans le temps. Sauf que, pour changer un paradigme qui explique des choses, il faut un paradigme beaucoup plus fort, qui explique non seulement ce que le paradigme précédent expliquait, mais aussi ce qu’il n’expliquait pas. Ce n’est pas un processus linéaire, mais révolutionnaire (8) comme je l’ai ensuite appris en épistémologie. Alors, d’arriver avec une réponse mi-magique, mi-scientifique pour expliquer l’inexplicable ne passe pas et ne passera jamais! C’est pourtant ce qu’est le dessein intelligent : ce qu’on ne peut expliquer vient d’une intelligence supérieure.  Mais, elle vient d’où cette intelligence supérieure? De Dieu ou d’extra-terrestres? À moins que les gènes aient mémorisé des éléments dans leur évolution! On revient alors à la théorie de l’évolution, mais à un niveau microbiologique. On ne change donc pas de théorème, mais de niveau pour ne pas dire de taille, car si les gènes ont enregistré ces éléments dans leur évolution, on reste toujours dans la théorie de l’évolution n’en déplaise aux tenants du dessein intelligent! (9) Preuve qu’ils ont tort.

 

Croire n’est pas une preuve!

 

Si c’est si simple à régler, alors pourquoi cette controverse dure? Du côté scientifique il y a longtemps que la cause est entendue et réglée. Mais, c’est le jeu de cette secte de faire durer le débat en espérant  passer pour une théorie scientifique équivalente et concurrente à l’évolutionnisme darwinien. Plus la cause dure, plus elle a le temps de gagner des alliés qui mêleront leurs croyances personnelles et la science, même dans la communauté scientifique, une façon de gagner en crédibilité par association. Sur cette base les disciples du dessein intelligent se permettent même d’accuser la science de dogmatisme alors qu’eux se basent sur un dogme! En effet, la science rejette le dessein intelligent parce qu’elle cherche une cause surnaturelle, un dessein intelligent mis au cœur des gènes pour remplacer la théorie de la sélection naturelle. Pourtant, cette dernière explique «  de façon naturaliste la complexité adaptative des êtres vivants, sans avoir recours au finalisme ni à une intervention surnaturelle, d'origine divine, par exemple. » (10)

 

Les tenants du dessein intelligent ne tentent même pas de répondre à la question d’où vient ce dessein : de Dieu; des extra-terrestres; du hasard; ou de l’évolution génétique, ce qui fait qu’on en reviendrait à Darwin! Ils accusent plutôt leurs objecteurs de dogmatisme parce qu’ils rejettent leur explication sans vouloir les entendre. Mais, la science cherche à comprendre les choses, pas à entendre des réponses toutes faites.

 

La science, ce n’est pas la liberté de penser. C’est une démarche; une méthode de recherche; et des principes acceptés jusqu’à preuve du contraire. Il faut des preuves solides pour changer un théorème, encore plus pour changer une théorie. Des milliards de personnes auraient beau croire en la réincarnation, ça n’en fera jamais une vérité scientifique par le fait même, pas plus que de croire que la terre est plate! Croire au dessein intelligent n’en fait pas davantage une vérité, même si des scientifiques y croient! La science n’est pas une intuition même si le scientifique peut parfois partir d’une intuition. Mais, après l’intuition il a une démarche à suivre, ce qu’on appelle le  protocole de recherche.

 

Doit-on leur accorder une nouvelle chance?

 

Ne pas permettre à cette théorie de se défendre est-ce antiscientifique? Voilà l’autre question que soulèvent les tenants du dessein intelligent dans le film pour dire que la science officielle est aussi dogmatique que la religion puisqu’elle leur ferme ses portes! Mais, généralement, en science, rien n’est prédéterminé. On a par contre des protocoles à respecter avant d’avoir droit de parole ou de publication. Même des auteurs connus, des sommités, s’y sont frappés et ont vu des textes et des communications refusés par des comités de lecture composé des pairs, soit d’autres scientifiques du même niveau qui examinent les idées défendues. Quiconque écoute des émissions scientifiques, comme Les années lumières à Radio-Canada (11), le sait. Cela est vrai des sciences pures, mais aussi des sciences sociales. Ainsi, sur le site de Sociologie et Sociétés on peut lire :

 

« La revue Sociologie et sociétés publie des textes originaux et inédits. Chaque texte fait l’objet d’une évaluation de la part de spécialistes anonymes, du ou des responsables d’un numéro et de la direction de la revue. » (12)

 

Si l’idée du dessein intelligent se frappe continuellement à ces portes, c’est qu’elle pose problème. Soit qu’elle n’apporte rien, soit qu’elle a un biais. Si elle relèverait de la science, on abandonnerait l’idée une fois prouvé son invalidité. Alors, où on se rallierait à la théorie darwinienne, qui est la plus explicative actuellement, même sans être parfaite, ou on prendrait de nouvelles pistes de recherche.  Mais, ce n’est pas ce que font les tenants du dessein intelligent. Ils s’entêtent à dire qu’ils ont raison et que tous les autres scientifiques sont des obscurantistes. Pourtant, la méthode est claire et la même pour tous!

 

En fait, les défenseurs du dessein intelligent procèdent un peu comme la mafia le fait pour passer d’une économie de l’ombre à une économie de la lumière avec le blanchiment de l’argent. On tente de s’insérer par tous les orifices possibles du côté officiel des choses. Nous y reviendrons en conclusion.

 

D’un point de vue philosophique!

 

Par contre, il est vrai qu’on ne connait pas l’origine. Comment tout a commencé. Même pour les opposants au dessein intelligent, on ne sait pas quel était le point de départ. Un hasard ou Dieu? Qui a mis les éléments du hasard en place? Dieu? Mais, qui a créé Dieu?  Dieu aurait-il créé les Hommes et les Hommes l’auraient-ils créé en retour? L’un serait-il le miroir de l’autre finalement! Ni la science, ni la religion, ni la philosophie n’ont la réponse. La religion se bloque sur un dogme; la science cherche hors des dogmes; le philosophe se questionne!  Mais, tous se buttent à la question du commencement! Il y eut un début! C’est tout ce que l’on peut en dire.

 

Si le dessein intelligent était accepté comme théorie scientifique, on chercherait quoi? De qui est ce dessein intelligent! De Dieu? Des extra-terrestres? Du hasard? Des vents astraux? Ce n’est donc pas scientifique, mais philosophique, voir spirituel, mais la spiritualité ne devrait pas interférer avec la science. C’est incompatible, car la science doit toujours être à l’écoute alors que la spiritualité est une réponse sentie : une croyance, voir une révélation! A preuve, si la science rejette l’idée de Raël selon laquelle ce sont des extra-terrestres qui ont créé la vie sur terre en utilisant l’ADN (13), elle est quand même ouverte à l’idée que la vie peut venir d’ailleurs, car la science n’est pas fermée aux idées même si elle l’est aux dogmes. Elle ne veut pas des croyances, mais des preuves! Alors, on ne sera pas surpris d’apprendre que  la vie est venue de l'espace :

 

« L'analyse montre que les bases azotées contiennent une forme de carbone lourd qui n'a pu se former que dans l'espace. Les matériaux formés sur Terre contiennent une variété de carbone plus légère. — Dr Zita Martins, Imperial College » (14)

 

Par contre, ce n’est pas la vie extra-terrestre au sens raélien du terme. Ce serait même un certain hasard, le carbone météorite ayant rencontré les éléments nécessaires à la création de la vie sur terre! (15) Il aurait bien pu ne pas les trouver, ni y trouver les conditions pour se développer. A moins que tout n’était pensé dans un grand dessein divin. Mais, on revient hors de la science, et, là, on peut spéculer. Si Dieu n’était qu’un ion, une clef, un déclencheur, qui, au contact de poussières terrestres et sous bonnes conditions aurait créé la vie?  Nous serions part de Dieu et Dieu part de nous! On rejoindrait alors le panthéisme, « seule façon logique de considérer Dieu et l'univers » selon Spinoza. (16) Dieu, une clef de carbone venue d’ailleurs!

 

On en revient donc à la question de croire ou de savoir? En fait, science et religions se rejoignent sur un point : elles partent d’intuitions et cherchent l’origine. Après, on essaie de prouver les choses, les unes par des méthodes scientifiques, les autres par des textes saints et  la pensée d’exégètes, de philosophes, de mystiques et d’illuminés!  Personnellement, je fais davantage confiance à la méthode scientifique, ce qui n’empêche pas une certaine foi, mais dosée d’une part de scepticisme. Cela est nécessaire à mon équilibre. 

 

Conclusion

 

        Ce film doit être pris avec une part de doute. Malgré qu’il dénonce  la science officielle comme étant dogmatique, on ne doit pas se laisser berner par ce renversement de sens. Ce n’est cependant  pas une raison pour ne pas aller le voir, car il montre sans le vouloir les mécanismes de réinterprétation à l’œuvre. C’est ainsi que pour discréditer la sélection naturelle on fait un parallèle avec le nazisme, les deux faisait une sélection des Hommes! De là à qualifier la science de religion sans Dieu ni morale, donc païenne et sans espoir, il n’y a qu’un pas. Mais, c’est oublier que le nazisme a fait une sélection idéologique alors que le darwinisme parle de sélection naturelle au cours du processus d’évolution, un processus lent qui s’est  étendu sur des millions d’années. Le changement climatique tend pourtant à prouver le darwinisme puisqu’aux variations de climat sont associés la disparition de certains milieux de vie et des espèces (végétales et animales) qui en dépendent, car ces espèces n’ont pas le temps de s’adapter. On pourrait donc utiliser le même raccourci et accuser la droite religieuse et les milieux conservateurs de ces maux puisqu’elle a élu George W. Bush, aux Etats-Unis, qui ne reconnaît pas Kyoto! De là à dire que la droite religieuse menace l’humanité il n’y a qu’un pas! Raccourci facile et certainement pas honnête, mais c’est le genre de processus qu’on utilise ici. Je ne puis être d’accord avec cela, mais il faut voir ce film pour comprendre les principes idéologiques derrière cette approche. 

 

C’est même fondamental de comprendre ces principes, car on tend à faire accepter cette idéologie par contamination. On assiste à des colloques pour défendre ces idées, ne serait-ce que dans les périodes des questions si on ne peut y avoir de voix officielles; on les soumet à des publications scientifiques reconnues, mais aussi plus marginales, en espérant que quelques textes passent les barrières et  gagnent ainsi une certaine reconnaissance; on publie dans les revues « spécialisées » défendant ces théories, façon de les disséminer dans le grand public et de les faire accréditer puisque « si c’est écrit, ça doit être vrai! »; on tente d’investir l’enseignement à partir de la petite école; puis, on a aussi des églises qui défendent ces idées en chaire.  Maintenant, avec ce film, on s’associe aux prophètes de la vérité stigmatisé par l’obscurantisme scientifique! Si la position de la victime est payante, pourquoi ne pas la prendre! C’est ainsi que cette théorie pseudo-scientifique fait son chemin et gagne en visibilité. Elle sera alors bien placée pour dénoncer la science officielle d’être dogmatique et exiger des débats d’égal à égal avec elle. Une façon de devenir crédible pour ensuite imposer ses dogmes à la communauté scientifique. L’idéologie à l’œuvre, mais en position de victime, car cela rapporte de la sympathie. C’est ce que l’on voit dans ce film. Un film à voir pour être prêt à répondre à ces idéologues quand ils voudront investir nos écoles si ce n’est déjà commencé. (17)

 

Rien n’empêche cependant le scientifique comme le citoyen ordinaire d’avoir sa foi et ses croyances. C’est même une liberté constitutionnelle, mais pas un droit, je le souligne, au Canada! (18) Cependant, il doit être capable de faire la part des choses entre sa foi et la démarche scientifique, car elle ne relève pas des mêmes processus, sinon la science ne serait plus de la  science. A lui de gérer ses dissonances cognitives. S’il ne peut le faire, les comités des pairs le feront et distingueront entre ce qui est science et ce qui est croyance ou foi. Les comités scientifiques, je le rappelle,  ont décidé que le dessein intelligent relève de la foi ou de la croyance, mais non de la science, jusqu’à maintenant. Ce n’est pas pour rien. Ainsi est!

 

Si on continue à en débattre cependant, c’est que les tenants du dessein intelligent sont des idéologues qui voudraient voir leur croyance passer au rang de science et qui continuent le combat espérant un relâchement de la garde scientifique ou que les pressions populaires la feront céder. On ne doit surtout pas leur ouvrir la porte des écoles, car ce serait le premier pas pour s’insérer dans la tête des enfants et ainsi voir cette idéologie migrer vers d’autres lieux par la suite, car, de croyance, cette théorie gagnerait la crédibilité d’un enseignement : si on l’a appris à l’école, ce doit donc être vrai! Cela deviendrait une forme de contamination. Non, l’école doit enseigner la pensée critique bien avant le dessein intelligent! Il faut donc voir ce film pour ce qu’il n’est pas : une mise en garde contre le dessein intelligent. Je le recommande donc avec une bonne dose d’intelligence critique!            

 

Notes :

 

1. intelligent design : www.intelligentdesign.org/, une branche de Discovery Institute (www.discovery.org/), cité dans le film. Une autre de ses branches est le Intelligent Design The Future (www.idthefuture.com/).

 

Voir aussi le Dessein intelligent sur Wikipédia: http://fr.wikipedia.org/wiki/Dessein_intelligent

 

2. « The theory of intelligent design holds that certain features of the universe and of living things are best explained by an intelligent cause, not an undirected process such as natural selection. Through the study and analysis of a system's components, a design theorist is able to determine whether various natural structures are the product of chance, natural law, intelligent design, or some combination thereof. Such research by observing the types of information produced when intelligent agents act. Scientists then seek to find objects which have those same types of informational properties which we commonly know come from intelligence. Intelligent design has applied these scientific methods to detect design in irreducibly complex biological structures, the complex and specified information content in DNA, the life-sustaining physical architecture of the universe, and the geologically rapid origin of biological diversity in the fossil record during the Cambrian explosion approximately 530 million years ago. » (www.intelligentdesign.org/whatisid.php) 

 

 

3. « These materials will give you a quick education on the science of the origins of life, and enable you to create an event, teaching, sermon, discussion, or debate to engage and educate others. »  www.getexpelled.com/ordermaterials.php

 

4. Quelques supporteurs du film selon leur site web (http://getexpelled.com/channelpartners.php) :

 

- The American Family Association [who] represents and stands for traditional family values: www.afa.net/

 

- Bible.com! Que dire de plus? www.bible.com/.

 

- Discovery Institute et ses différentes branches, déjà cité en note 1. On peut cependant ajouter ici ce qu’on peut lire sur leur site :

 

« Discovery Institute's mission is to make a positive vision of the future practical. The Institute discovers and promotes ideas in the common sense tradition of representative government, the free market and individual liberty. Our mission is promoted through books, reports, legislative testimony, articles, public conferences and debates, plus media coverage and the Institute's own publications and Internet website  (http://www.discovery.org).

 

Current projects explore the fields of technology, science and culture, reform of the law, national defense, the environment and the economy, the future of democratic institutions, transportation, religion and public life, government entitlement spending, foreign affairs and cooperation within the bi-national region of "Cascadia." The efforts of Discovery fellows and staff, headquartered in Seattle, are crucially abetted by the Institute's members, board and sponsors. » (www.discovery.org/about.php)

 

- New Ethos (Films). Dans leur mission nous pouvons lire « New Ethos works in continuity and collaboration with existing Catholic-Christian and other faith-based ministries to serve the spiritual needs of entertainment professionals. » (http://new-ethos.org/mission.php). Leur site:  http://new-ethos.org. 

 

The Dove Foundation. Sur leur site on peut lire « Our standards and criteria are based on Judeo/Christian values, free from the pressure of commercial interests. »  (www.dove.org/aboutdove.asp) Leur site :  www.dove.org/. 

 

Association of Christian Schools International (ACSI). Que dire de plus! www.acsi.org/ Paradoxalement, le lien sur le site avait une erreur de frappe au moment où nous l’avons visité  et envoyait au site de l’Art & Science Collaborations, Inc (www.asci.org/), ce qui n’est pas du tout  pareil!

 

5. Barreau, Jean-Claude, et Bigot, Guillaume, 2005, Toute l'histoire du monde de la préhistoire à nos jours, France : Fayard (Histoire) (Distribution Hachette), pp. 23-24.

 

6. Darwin: http://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_Darwin

 

Sur le Larousse en ligne, voir: www.larousse.fr/encyclopedie/ et rechercher  « Charles Darwin »

 

7. Sélection naturelle: http://fr.wikipedia.org/wiki/S%C3%A9lection_naturelle

 

Sur le Larousse en ligne, voir : www.larousse.fr/encyclopedie/ et rechercher « sélection naturelle »

 

8. KUHN, Thomas S., 1972, La structure des révolutions scientifiques, Paris: Flammarion.

 

9. S’ils ne rejettent pas la théorie de l’évolution, voici ce qu’ils en disent sur le site de www.intelligentdesign.org:

 

  Is intelligent design theory incompatible with evolution?

 

It depends on what one means by the word "evolution." If one simply means "change over time," or even that living things are related by common ancestry, then there is no inherent conflict between evolutionary theory and intelligent design theory. However, the dominant theory of evolution today is neo-Darwinism, which contends that evolution is driven by natural selection acting on random mutations, an unpredictable and purposeless process that "has no discernable direction or goal, including survival of a species." (NABT Statement on Teaching Evolution). It is this specific claim made by neo-Darwinism that intelligent design theory directly challenges. (www.intelligentdesign.org/faq.php)

 

10. http://fr.wikipedia.org/wiki/S%C3%A9lection_naturelle

 

11. www.radio-canada.ca/actualite/v2/anneeslumiere/

 

12. www.erudit.org/revue/documentation/protocoleRedacSOCSOC.pdf

 

13. « DES SCIENTIFIQUES VENUS D'UNE AUTRE PLANÈTE ONT CRÉÉ TOUTES FORMES DE VIE SUR TERRE EN UTILISANT L'ADN » apprend-ton sur le site des raéliens! Source : http://fr.rael.org/rael_content/rael_summary.php

 

14. La vie venue de l'espace, Radio-Canada/Nouvelles/Science-Santé,  mercredi le 18 juin 2008 à 8 h 36: 

www.radio-canada.ca/nouvelles/Science-Sante/2008/06/17/003-espace-vie.shtml

 

15. J’ai trouvé le résumé de l’article en question sur www.sciencedirect.com/ :

 

« Carbon-rich meteorites, carbonaceous chondrites, contain many biologically relevant organic molecules and delivered prebiotic material to the young Earth. We present compound-specific carbon isotope data indicating that measured purine and pyrimidine compounds are indigenous components of the Murchison meteorite. Carbon isotope ratios for uracil and xanthine of δ13C = + 44.5‰ and + 37.7‰, respectively, indicate a non-terrestrial origin for these compounds. These new results demonstrate that organic compounds, which are components of the genetic code in modern biochemistry, were already present in the early solar system and may have played a key role in life's origin. » (Zita Martins, Oliver Botta, Marilyn L. Fogel, Mark A. Sephton, Daniel P. Glavin, Jonathan S. Watson, Jason P. Dworkin, Alan W. Schwartz and Pascale Ehrenfreund, Extraterrestrial nucleobases in the Murchison meteorite, in Earth and Planetary Science Letters, Earth and Planetary Science Letters, Volume 270, Issues 1-2, 15 June 2008, Pages 130-136)

 

16. On rejoint ici le panthéisme, « doctrine philosophique selon laquelle tout est Dieu. » : http://fr.wikipedia.org/wiki/Panth%C3%A9isme

 

Sur le Larousse en ligne, voir www.larousse.fr/LaroussePortail/encyclo/XHTML/EUL.Online/explorer.aspx#larousse/57365/11/panth%C3%A9isme

 

17. Aux États-Unis ce l’est depuis longtemps. Ici, je crois qu’il y a eu quelques cas déjà. Une recherche Google pourrait être utile si le sujet vous intéresse. Je n’ai répertorié qu’un site en exemple mais il y en a des milliers: http://atheisme.free.fr/Revue_presse/Creationnisme_2005.htm

 

18. La constitution canadienne comporte des droits et libertés. Au niveau des droits nous pouvons lire, par exemple, que « Tout citoyen canadien a le droit de vote et est éligible aux élections législatives fédérales ou provinciales. » (Article 3) Par contre, article 2, « Chacun a les libertés fondamentales suivantes :

 

a) liberté de conscience et de religion;

b) liberté de pensée, de croyance, d'opinion et d'expression,

y compris la liberté de la presse et des autres moyens de communication;

c) liberté de réunion pacifique;

d) liberté d'association. »

 

Source : http://lois.justice.gc.ca/fr/Charte/index.html#garantie

 

Autres références trouvées pour cet article, mais non utilisé dans le texte :

 

i) Les débats de l'Obs. Complot contre Darwin.  Nouvel Observateur, No 2204,  SEMAINE DU JEUDI 01 Février 2007 :

http://hebdo.nouvelobs.com/p2204/articles/a331765.html

 

En bref :

 

« Né en 1961, Jacques Arnould, frère dominicain, ingénieur agronome, docteur en histoire des sciences et en théologie, est actuellement chargé de mission au Cnes (Centre national d’Études spatiales). Il est l’auteur d’une quinzaine d’ouvrages traitant du rapport entre science et religion, dont « les Créationnistes » (Cerf). Il vient de publier chez Albin Michel « Dieu versus Darwin. Les créationnistes vont-ils triompher de la science ? ». Il s’alarme des attaques répétées contre la théorie pourtant universellement admise de l’évolution des espèces. »

 

Marie Lemonnier

Le Nouvel Observateur

 

ii) Rasoir d'Occam : http://fr.wikipedia.org/wiki/Rasoir_d%27Occam

 

iii) Discovery Institute sur Wikipedia: http://en.wikipedia.org/wiki/Discovery_Institute

 

iv) Sur Ben Stein, qui a fait ce film, voir http://en.wikipedia.org/wiki/Ben_Stein

 

Résumé officiel du film (en anglais) :

 

In a controversial new satirical documentary, author, former presidential speechwriter, economist, lawyer and actor Ben Stein travels the world, looking to some of the best scientific minds of our generation for the answer to the biggest question facing all Americans today:

 

Are we still free to disagree about the meaning of life?

Or has the whole issue already been decided… while most of us weren’t looking?

 

Ben realizes that he has been “Expelled,” and that educators and scientists are being ridiculed, denied tenure and even fired – for the “crime” of merely believing that there might be evidence of “design” in nature, and that perhaps life is not just the result of accidental, random chance.

 
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Plus vert que chez le voisin!

Michel Handfield

 

25 juin 2008

 

Attention : les caractères gras sont de nous, façon d’attirer l’attention du lecteur sur certains points précis.

 

 

Le Parti libéral du Canada a lancé son nouveau programme économique si je puis dire : « le Tournant vert. Bâtir l’économie canadienne du XXIe siècle.  » (1) Étant pro environnemental, je suis pour par défaut. Mais,  j’ai quand même fait mes devoirs. Je l’ai lu et j’ai quelques commentaires à faire sur le sujet. 

 

        D’abord, ce plan est plus ou moins un tournant vert : c’est plutôt un programme de changement fiscal pour le Canada, changement qui tient compte d’objectifs environnementaux, mais aussi sociaux et fiscaux. On rebrasse la soupe fiscale. C’est ce qui explique que « pour chaque dollars perçu grâce à la nouvelle taxe, il y aura une baisse d’impôt correspondante pour les canadiens. » (p. 28) Les 15 milliards que nous irons chercher avec une nouvelle taxe sur le carbone (40$ la tonne dans 4 ans) seront donc redistribués aux canadiens, mais pas nécessairement pour récompenser des gestes environnementaux : baisse des taux d’imposition; prestation fiscale pour enfants; crédit pour emploi remboursable; aides aux canadiens vivant en régions rurales et nordiques; réduction de l’impôt sur les bénéfices des sociétés et des petites entreprises; déduction pour amortissement accéléré des technologies vertes; encouragements à la R &D. (pp. 7-10) Puis, de poursuivre :

 

« Cette initiative complète d’autres engagements libéraux en faveur d’une économie verte, comme l’Encouragement à la production d’énergie renouvelable, qui fera plus que doubler les sources d’énergie propres disponibles pour les Canadiens, et le Fonds pour la prospérité et les industries de pointe, doté de 1 milliard de dollars, qui stimulera la production manufacturière verte, et l’engagement important en faveur de l’infrastructure qui vise à améliorer nos infrastructures durables, comme les transports en commun, en y consacrant tout surplus budgétaire inattendu du gouvernement. Notre plan inclut également des réglementations et des incitatifs complémentaires destinés aux Canadiens pour la rénovation des logis, l’achat d’appareils électroménagers et d’automobiles éconergétiques, des exploitations agricoles et des pratiques forestières faibles en émissions de carbone, de même que d’autres moyens d’aider les Canadiens à réduire leur empreinte sur l’environnement, à être plus éconergétique et à économiser sur leurs factures d’énergie. » (p. 11)

 

        Il y a donc beaucoup d’objectifs dans ce plan, ce  qui dépasse la seule économie verte. De plus, comme à « chaque dollars perçu grâce à la nouvelle taxe » correspondra « une baisse d’impôt » (p. 28), cela n’aura-t-il pas un effet neutre finalement? En fait, on aurait dû affubler ce document de son  sous titre : « Bâtir l’économie canadienne du XXIe siècle », ce qui aurait été plus juste comme titre. Son premier chapitre aurait pu être « le tournant vert », les deux autres : « la réforme fiscale » et « un nouveau plan social ». Remarquez qu’une fois traduit en programme politique, passé sous le crible des membres et bonifié par eux, c’est la tangente qu’il pourra prendre, car la plupart des éléments y sont. 

 

Ceci étant dit, on ne doit pas rejeter ce plan du revers de la main comme le font les autres partis, surtout pas pour des questions de syntaxe. Mais, la politique étant ce qu’elle est, ça fait un meilleur « front page » de déchirer sa chemise sur la place publique pour des questions partisanes  plutôt que de montrer une ouverture à la discussion, surtout pour le Bloc et le NPD. Pour les Conservateurs, il est sûr qu’ils sont à l’opposé idéologiques de ces propositions.  Tous ces gens ont des publics à satisfaire, des votes à conserver et d’autres à gagner. On n’est pas dans une discussion intellectuelle, mais dans des débats partisans ici. C’est une des raisons pour lesquelles Stéphane Dion a autant de difficultés dans ce milieu : ce n’est pas un politicien, mais un politologue fils de politicologue! (2)

 

        Naturellement, on pourrait aller plus loin, mais cela se fera par étape pour ne pas susciter trop de craintes chez l’électorat, car si on souhaite tous le changement, on veut rarement voir bousculer ses habitudes du jour au lendemain. Il faut d’abord éduquer et conscientiser.  N’empêche qu’on pourrait rêver à plus et plus vite. Si le PLC ne peut le faire trop rapidement,  pour des raisons électorales, nous pouvons le faire ici! Voici donc nos recommandations pour l’avenir.

 

Recommandations pour aller plus loin sur…

 

Le plan vert :

 

Que l’on taxe la production de CO2 je veux bien, car en accroissant le prix on en réduira la consommation, surtout la consommation excessive. Mais, cette taxe doit elle être égale pour tout et se limiter à 40$/tonne?  Il faudrait se comparer avec ailleurs, voir les prix sur la bourse du carbone (3) et ce que demande le plan de Kyoto. (4)  Taxer le carbone ou mettre un plafond? Il s’agit d’un plafond (5), quoi qu’on puisse le contourner par la bourse du carbone où se transigent les parts d’émissions inutilisées. Tout gouvernement se négocie une porte de sortie.

 

Dans ces conditions, la taxe sur le carbone de Stéphane Dion n’est pas une mauvaise chose, ni incompatible avec la bourse du carbone, l’entreprise payant sa taxe, mais pouvant aussi vendre ses unités de carbone non utilisé sur les marchés internationaux si elle a  bien su faire. Elle recevra donc des entrées pour l’aider à payer son dû, réduisant d’autant ce nouveau fardeau. A l’inverse, si elle utilise davantage de carbone qu’elle n’a droit, elle devra acheter des « droits d'émission de gaz à effet de serre »  ailleurs.  (6) Elle payera alors  beaucoup plus cher cette surproduction de carbone, car aux droits achetés s’ajoutera la taxe sur le CO2.  Une forme d’incitatif à faire mieux. 

 

Pour le citoyen, on dit qu’on lui remettra le fruit de cette taxe en baisse d’impôt : « taxer la pollution tout en allégeant les impôts sur le revenu » nous dit ce document à la page 17! Mais, cela n’aura-t-il pas un effet neutre sur le citoyen, car il pourrait conserver ses mauvaises habitudes sans être pénalisé, la baisse d’impôt compensant pour la taxe sur le CO2. Il est vrai que s’il change de comportement, il aura une économie, ce qui est un incitatif, mais ce n’est pas très punitif pour les mauvais comportements. 

 

Au lieu de redonner le fruit de cette taxe en baisse d’impôt on pourrait la redistribuer en incitatifs économiques environnementaux  par l’investissement dans le transport collectif par exemple. Taxer la pollution pour réduire les impôts ne devrait pas être un automatisme! Le citoyen qui voudrait économiser aurait à changer certains comportements, comme de prendre le transport en commun plutôt que son automobile, surtout s’il est davantage subventionné qu’il ne l’est actuellement. Et s’il n’a pas de transport collectif dans son coin, il commencera peut être à faire des  pressions pour en avoir. Trop souvent les gens vont en banlieue pour payer moins de taxe, sans tenir compte que cette économie se fait sur le dos de l’environnement. Cette économie relative a cependant un impact collectif par l’ajout de voitures sur les routes et la destruction de milieux naturels et agricoles. L’étalement urbain n’est pas environnemental et il faudrait que les responsables en assument les coûts. En partie du moins, car il faut reconnaître que la ville ne peut absorber toute la population qu’elle génère, surtout pour une île comme Montréal, ce qui est un cas particulier. Mais, il y a certainement des modèles plus écologiques à faire  que les banlieues champignons espacées que l’on connaît.   

 

 On pourrait aussi donner un crédit sur l’achat d’un vélo ou d’une voiture à faible consommation d’essence ou hybride, mais imposer une taxe supplémentaire à l’émission de CO2  pour les véhicules qui dépassent une certaine norme de CO2/passager! Peut être  une taxe ascenseur allant avec l’émission de gaz à effet de serre. Plus un véhicule émet de CO2/passager, plus il est taxé selon un tarif en escalier. Ainsi, le Hummer serait davantage taxé qu’une Ford Focus; un scooter 2 temps plus qu’une moto 4 temps! Inversement, le titre de transport en commun pourrait être réduit au lieu d’être déductible d’impôt, car l’environnement n’est pas qu’une affaire fiscale, du moins pour le citoyen. Quant aux entreprises ce pourrait être un peu différent. Celles qui fourniraient un titre de transport en commun, un abonnement à un service d’autopartage (Communauto par exemple),  ou une voiture hybride à leurs employés, elles auraient droit à une  déduction de 125% de ce montant, façon d’inciter ces nouveaux comportements.   

 

Je ferais une exception temporaire pour le chauffage de la maison, car il faut distinguer entre la nécessité et la promenade en Hummer sur Crescent. Ainsi, la taxe CO2 sur l’huile à chauffage pourrait être réduite pour une période tampon (maximum 5 ans) dans laquelle les entreprises seraient invitées à trouver des alternatives au mazout et à l’huile à chauffage, comme des combustibles allongés par l’ajout de graisses végétales ou animales recyclées,  ce qui se fait bien pour le diesel, qui est pourtant comparable à l’huile à chauffage.  (7) Ça  rapporterait à tous finalement.  Voilà pour le plan vert. On vise l’environnement ici. Pour la fiscalité, c’est le point suivant.

 

La réforme fiscale :

 

La réforme fiscale est un autre objectif. On doit adopter notre fiscalité au XXIe siècle. Tout le monde sera d’accord là-dessus, mais pas sur les moyens. C’est normal, car en matière de fisc tout le monde dit payer trop alors que l’autre n’en paie jamais assez! Que l’on donne des prestations fiscales pour enfant et que l’on réduise les taux d’impositions (p.7), je n’ai rien contre. Ni que l’on aide les personnes handicapées, les petits salariés et les sans emploi! Mais, on ne doit pas prendre la taxe verte pour cela, à moins que ce ne soit qu’une ponction marginale. On doit le faire par une révision de la fiscalité globale : taxes et impôts. Par exemple, on pourrait accroitre la taxe en fonction du luxe des produits : taxer davantage les parfums que les bas ou le déodorant; taxer les bijoux et les boissons en fonction de leur gamme de prix (taxe ascenseur); taxer les boissons gazeuses, mais non les jus de fruits par exemple! On pourrait aussi simplifier le rapport d’impôt, car il y a peut être bien des calculs pour rien, surtout pour les bas revenus. Si j’ai fait 10 000$, mon impôt est de 0. Si on est une famille de 3 sur les 10 000$, on m’invite à passer à un bureau du gouvernement pour voir ma situation et les services/plans d’aide dont je peux bénéficier. Naturellement, le citoyen est libre de ne pas y aller, mais il ne peut alors exiger le soutien correspondant. A 50 000$ ou plus, il peut y avoir des déductions, comme pour les études des enfants, mais pas nécessairement pour le Hummer qui sert au déplacement du psychiatre qui pratique à Montréal. On limite la déduction au prix d’un véhicule moyen, le surplus n’ayant pas à être assumé par la collectivité, car une déduction fiscale c’est parfois cela : faire assumer ses choix par la collectivité. Le prix du camion du plombier sera aussi celui du modèle moyen de sa catégorie, pas celui du modèle de luxe fini en cuir. Simple logique, ce qui ne l’empêche pas de choisir le modèle qu’il veut, mais il devra assumer sa part de luxe hors déduction. Naturellement, le médecin en région éloigné aura droit de déduire un utilitaire moyen selon la même logique. La déduction sert à déduire la partie utilitaire de votre achat pour le travail et non votre véhicule de rêve. On parle ici de fiscalité responsable.

 

La même optique devrait guider la fiscalité corporative et institutionnelle. On accordera davantage de déduction à la construction de facilités de recherche et développement ou de production qu’à un entrepôt qui servira à stocker ce qu’on fait produire ailleurs (délocalisation du travail) par exemple, car la fiscalité doit encourager l’investissement dans notre économie, pas le contraire!  

 

Un nouveau plan social :

 

La réduction de la pauvreté est aussi un objectif louable. Elle nécessite donc un plan spécifique. On pourrait ainsi regarder une forme de revenu minimum garanti pour les bas revenus, une aide au logement et  à l’éducation. C’est bien de lutter contre la pauvreté des enfants, mais cela ne peut se faire qu’en luttant contre celle des familles. Puis, pourquoi pas une aide à la créativité pour ceux qui font œuvre utile, intellectuelle ou artistique, mais hors des cadres traditionnels du travail ou de l’entreprise?  Combien de créateurs ou d’intellectuels ne peuvent s’insérer dans les liens traditionnels du travail? Ce serait une façon d’encourager une ingéniosité et une créativité qui existe, mais souvent tenue à bout de bras (et de souffle!) par les créateurs eux mêmes. Trop souvent on facilite la vie aux soi-disant créateurs de richesses matérielles, comme les grandes multinationales, qui peuvent pourtant être délocalisé/relocalisé ailleurs sur simple décision du siège social, mais on ne considère pas, ou très peu, les créateurs de richesses culturelles, qui sont pourtant davantage ancrés dans leur milieu. Des rêveurs? Mais, s’il n’y avait pas eu de rêveurs, le pays n’existerait pas, car ce n’étaient que des arpents de neige dans la tête des rationalistes d’un autre temps. Des arpents de neige qu’il ne valait pas la peine de défendre!  

 

Combien mettent leur savoir ou leur talent au service de la collectivité, que ce soit par la créativité, les arts ou du bénévolat,  même si ce savoir, utile, n’est pas monnayable? En terme marxien, leur valeur d’usage est plus grande que leur valeur d’échange! (8) En terme capitaliste, on parle de choses qui n’ont pas de prix. Une valeur qu’on ne peut estimer, encore moins payer, mais pourtant utile et nécessaire. (9) En contrepartie de cet apport, on pourrait accorder une certaine aide. Naturellement, on devrait instaurer des contrôles plus sévères contre la fraude, car si on doit être équitable, on ne doit  pas être dupe.    

 

On dit bien que notre plus grand capital est le savoir. On ne peut alors subventionner que les grandes entreprises, souvent des chaînes de montage facilement délocalisable au moindre changement dans les conditions mondiales! On l’a d’ailleurs vu avec GM au Québec et on le voit maintenant en Ontario. (10)  La même chose est vraie dans la plupart des industries, même celle des communications, où on peut fermer une salle des nouvelles ou mettre les employés d’un journal en lock-out et fonctionner quand même en diffusant des textes faits à l’extérieur du journal, que ce soit par d’autres filiales du groupe ou achetés à des agences de presse indépendantes (11), car ce sont les chiffres qui mènent le bal dans ces grosses boîtes. Le créateur, comme le journaliste internet dans son sous-sol, ont autant de valeur et qui sait où ils se rendraient avec un certain encouragement de l’État. Pas des millions, mais au moins un signe d’encouragement!

 

On ne peut bâtir une nouvelle économie sans changer les dogmes, n’en déplaise aux conservateurs! Voilà jusqu’où on devrait aller. Naturellement, avant d’en arriver là, il faudra un changement de mentalité des citoyens. En attendant, ce plan Libéral est un premier pas dans la bonne direction. Mais, il faudra aller plus loin et, surtout, plus vite pour ne pas faire du surplace. C’est donc un début, mais il faut poursuivre la réflexion même si cela doit chambarder quelques dogmes et bien des habitudes.   

 

 Notes :

 

1. téléchargeable en version pdf à partir du site  www.letournantvert.ca/.

 

2.  Politicologue et politologue :     Spécialiste de politologie. REM. Politicologue, subst. masc., var. rare ou vieillie. (Trésor de la langue française informatisé : http://atilf.atilf.fr/)

 

3. Bourse du Carbone: http://fr.wikipedia.org/wiki/Bourse_du_carbone

Chicago Climate Exchange (CCX) : www.chicagoclimatex.com/

European Climate Exch. (ECX): www.europeanclimateexchange.com

Montreal Climate Exchange (MCeX): www.mcex.ca/index_fr

 

4. Protocole de Kyōto:

http://fr.wikipedia.org/wiki/Protocole_de_Ky%C5%8Dto

 

http://unfccc.int/portal_francophone/essential_background/kyoto_protocol/items/3274.php

 

PROTOCOLE DE KYOTO,  LA CONVENTION-CADRE DES NATIONS UNIES SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES : http://unfccc.int/resource/docs/convkp/kpfrench.pdf

 

5. « Les Parties visées à l’annexe I font en sorte, individuellement ou conjointement, que leurs émissions anthropiques agrégées, exprimées en équivalent-dioxyde de carbone, des gaz à effet de serre indiqués à l’annexe A ne dépassent pas les quantités qui leur sont attribuées,  calculées en fonction de leurs engagements chiffrés en matière de limitation et de réduction des émissions inscrits à l’annexe B et conformément aux dispositions du présent article, en vue de réduire le total de leurs émissions de ces gaz d’au moins 5 % par rapport au niveau de 1990 au cours de la période d’engagement allant de 2008 à 2012. » (PROTOCOLE DE KYOTO,  p.3)

 

Voir aussi l’article de Louis-Gilles Francoeur, Taxe carbone ou tache d'huile glissante?, Le Devoir, édition du samedi 21 et du dimanche 22 juin 2008 : www.ledevoir.com/2008/06/21/194943.html

 

6. SRC, Les bourses du carbone, 8 décembre 2005 à 12 h 07 :  http://www.radio-canada.ca/nouvelles/Politique/2005/12/05/002-bourses-du-carbone.shtml

 

7. On colore d’ailleurs différemment le diesel et l’huile à chauffage, façon de pincer ceux qui roulent leur moteur diesel à l’huile à chauffage pour sauver des taxes! Si un moteur diesel peut rouler à l’huile à chauffage ou à la graisse recyclée, pourquoi pas une chaudière à mazout? 

 

8. MARX, Karl, 1977, Le Capital, tome 1,2, et 3, [1 ère édition1867], Paris: éditions sociales.

 

9.  J’ai pensé ici à George Simmel, L’argent dans la culture moderne et autres essais sur l’économie de la vie, Québec : PUL (www.pulaval.com) / Éditions de la maison des sciences de l’homme, Paris (www.msh-paris.fr/) Publié avec le concours du Goethe-Institut.

 

10. Quelques semaine après la signature de la convention collective (16 mai), GM a annoncé  la fermeture de sa principale usine d'Oshawa au début de juin 2008, cela malgré l’aide reçu des différents paliers de  gouvernement au cours des ans! Plusieurs textes sur le sujet peuvent être trouvés par Google. J’en ai retenu un en exemple, car il résume bien le tout :

 

Presse Canadienne,  Avec la fermeture, GM pourrait devoir rembourser 435 M$, 3 juin 2008 - 14h29, in  lapresseaffaires.cyberpresse.ca : http://lapresseaffaires.cyberpresse.ca/article/20080603/LAINFORMER/80603029

 

11. C’est ainsi que Lise Payette a écrit, à son arrivée au Devoir :

 

« Moi qui viens de passer 20 ans de ma vie à écrire des téléromans et qui viens de quitter Le Journal de Montréal parce que, par principe, je ne traverse pas des piquets de grève, j'ai toujours pensé que ma fiche personnelle ne m'ouvrirait jamais les portes du Devoir. J'ai toujours été convaincue que ce monde m'était fermé pour toujours. De là mon étonnement quand on m'a offert cette chronique. » (Lise Payette, Qui aime bien châtie bien, Le Devoir, Édition du vendredi 23 novembre 2007 : www.ledevoir.com/2007/11/23/165507.html)

 

Dans un autre dossier, « Vendredi midi, les employés du réseau Télévision Quatre-Saisons (TQS) à Sherbrooke, Trois-Rivières et Montréal ont à nouveau manifesté pour dénoncer l'intention de Remstar Diffusion de liquider une partie des équipements de production. » puisque Remstar entend s’atteler à la diffusion et confier la production à la sous-traitance. (Radio-Canada/nouvelles/Estrie, De nouveaux rebondissements, Mise à jour le vendredi 20 juin 2008 à 16 h 09 : www.radio-canada.ca/regions/estrie/2008/06/20/009-manif_tqs_vendredi_n.shtml)

 

Hyperliens :

 

Communauto (au Québec) : www.communauto.com/

 
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Question de sémantique politique!

Michel Handfield

 

4 juin 2008

 

Depuis sa nomination on a entendu davantage parler de la gouverneure générale du Canada, la très honorable Michaëlle Jean,  que de tous ses  prédécesseurs. Ce fut d’abord cette nomination qui fit parler, elle et Jean-Daniel Lafond étant  proches des nationalistes québécois à ce qu’on disait. Puis, récemment, ce fut  leur voyage en France et la révision historique qui fit les manchettes et le bonheur des tribuns. Pourtant, elle n’est pas la seule à faire de la révision historique. C’est le propre de tous les idéologues politiques, souverainistes inclus. Puis, là, dans la suite de ce voyage, c’est le texte de Victor-Lévy Beaulieu, aussi nommé VLB, qui a fait saliver les commentateurs. (1) « Chocking », VLB parle de « La Reine nègre » pour la qualifier. Racisme?  Un blanc a-t-il le droit d’utiliser le mot nègre, car nous sommes encore un peu des nègres blancs d’Amérique? Peut-on féminiser « roi nègre » en « reine nègre » sans en détourner le sens? Voilà des questions que j’aurais aimé voir débattre.

 

Les médias étant ce qu’ils sont, ayant aussi leurs couleurs politiques, on n’est jamais allé sur le fond. Je le ferai donc, même si je n’ai pas le droit d’être dans une association de journalistes, car je ne travaille pas pour un média électronique (radio ou télé), un journal ou un magazine, mais à compte d’auteur et, de surcroît, sur internet! Un autre texte qui prouvera que l’essayiste internet peut se confronter au chroniqueur et mériterait sa place dans les associations professionnelles, surtout en ces temps où le journalisme est menacé par les intérêts économiques, politiques  et idéologiques des groupes de presse. Des conglomérats qui ont de plus en plus de moyens pour orienter la couverture journalistique, que ce soit directement ou indirectement, ou même pour la faire taire si elle dérange, que ce soit par des mises en demeure, des baillons légaux ou des poursuites d’un groupe contre l’autre. (2) Après, comment ces groupes seront perçus quand ils diront défendre la liberté de presse et le droit du public à l’information? Fermons cette parenthèse, car je m’éloigne. 

 

Roi nègre signifie « ceux qui trahissaient les intérêts nationaux » nous dit Pierre Dubuc dans une mise au point de l’aut’journal paru au début de la controverse. (3) On pourrait aussi dire que c’est un colonisé qui travaille pour le bien du colonisateur ou encore, dans une approche marxienne, un employé qui travaille pour le bien du patron contre les siens, soit les autres employés, les membres de sa profession ou de sa fraternité syndicale par exemple. Mais, pour appliquer ce terme à madame Jean, il faudrait d’abord qu’elle trahisse nos intérêts nationaux. Sauf qu’elle représente le Canada, ce que nous avons choisi par deux fois par référendum. Puis, nous ne semblons pas vouloir quitter le Canada de si tôt selon les sondages. Alors, en défendant le Canada, elle ne nous trahit pas. 

 

Par contre, si on la juge d’un point de vue souverainiste, c’est une autre grille qui s’applique, surtout que plusieurs indépendantistes québécois croyaient ce couple des leurs. On peut remonter à la conquête et dire qu’elle représente le conquérant britannique, d’autant plus qu’elle est la représentante de sa majesté la reine. Mais, le Canada et le Québec d’aujourd’hui ont-ils à voir avec les colonies du temps? Je ne le crois pas, même si l’indépendance canadienne s’est faite lentement et patiemment, en conservant un lien avec la couronne Britannique et le Commonwealth. De façon diplomatique en fait, par rapport à l’indépendance des États-Unis qui fut beaucoup plus violente par exemple. Nous n’avons donc pas connu de guerre d’indépendance, mais cela ne fait pas de nous des colonisés. D’ailleurs, le projet  d’accession à la souveraineté québécoise relève du même modèle : démocratique, non violent et patient, avec la volonté de conserver un lien avec le Canada. On n’est pas dans une guerre d’indépendance. Peut-être même retrouverons-nous des vertus au fédéralisme avec le temps, car nous lui en avons déjà trouvé et d’autres pays lui en trouvent encore. Puis, ce système, on a participé à l’élaborer (4), alors on pourrait le réviser un jour plutôt que d’en sortir pour entrer dans un autre système qui pourrait être beaucoup plus contraignant, surtout s’il nous est imposé par notre puissant voisin du Sud. En effet, si nous devons négocier avec les États-Unis, advenant notre indépendance,  pour entrer dans une nouvelle alliance « nord-américaine », on n’aura pas droit à de grandes concessions. C’est plutôt nous qui devront en faire.

 

 Paradoxe des paradoxes, Michaëlle Jean est québécoise d’origine haïtienne, mariée à un Français, Jean-Daniel Lafond, et représentante de la couronne Britannico-Canadienne, la reine étant Reine d’Angleterre et du Canada! On aurait pu changer cela au moment du rapatriement de la constitution et devenir une république par exemple, mais ce ne fut pas fait.  Alors, si on veut parler de réunion symbolique ou de récupération politique,  selon les points de vue où l’on se place, on est servi de tous les  côtés, car on est à la croisée de nos origines, française et britannique, et du rêve  multiculturel canadien, tout ça en la personne de Madame la gouverneure générale.  De quoi l’aimer ou la détester selon nos opinions. De quoi faire parler les tribuns aussi. Mais, surtout, de quoi faire rêver les français, ce qui explique leur engouement pour Michaëlle Jean, ce qui a tant dérangé les nationalistes purs et durs de ce côté ci de l’Atlantique, car ils veulent l’imprimatur de la « patrie » française juste pour eux!  Déception alors si la France aime mieux le Canada.  On doit avoir l’air bébé vu d’ailleurs. Le Président Sarkosy (France) l’a bien compris et a profité de la remise de  l'ordre de chevalier de la Légion d'honneur  à notre Céline nationale (Céline Dion), qui unit si bien le Québec et le Canada en une seule personne, pour déclarer enfin « Je fais partie de ces Français qui considèrent que le Québec sont nos frères et que le Canada sont nos amis. Je n'oppose pas les deux. » (5) Fin de cette tragédie?  Jusqu’à la prochaine déclaration qui semblera remettre notre identité en cause. De quoi avoir l’air colonisé! (6)

 

Tout le problème est qu’on peut se définir Canadien, Québécois ou nord-américain selon nos intérêts du moment, à quoi s’ajoutent toutes les déclinaisons ethnoculturelles possibles! On peut être d’ici depuis des générations et se qualifier – ou être encore qualifié – d’Anglais, d’Africain, d’Haïtien ou d’Italien par exemple. Plus rarement on se fera qualifier de Français, même si on fait attention à notre langue, vu notre accent. (7)  De quoi être confus, d’autant plus que, selon les circonstances, l’on peut choisir notre déclinaison. Ainsi, durant le mondial mes voisins sont Italiens ou Brésiliens, mais à la St-Jean, québécois, et le 1er juillet, canadien! Le problème n’est donc pas la fonction de madame Jean, ni l’identité de Michaëlle, mais bien notre identité variable. À quand une commission québécoise sur l’identité? On est quoi? On est qui? Moi, tanné de ces débats, je suis montréalais et américain, car j’habite une île qui s’appelle Montréal et un continent qui s’appelle l’Amérique. Le reste (villes, provinces et pays) ne sont que de petites lignes sur des cartes. Rien d’immuable dans le temps, quoique j’ai un attachement à mon quartier : Saint-Michel. 

 

Pour en revenir à ce terme de « roi nègre » : est-il encore en usage? Ça, c’est une autre question. Probablement à l’occasion, mais il ne fait même pas l’objet d’une entrée dans le TLF (8), ni dans Le petit Robert. Je ne l’ai pas davantage trouvé dans l’encyclopédie Larousse en ligne! (9) Pas assez courant.  Remarquez que ce n’est pas une raison suffisante pour ne pas l’utiliser, mais, ceci nous conduit à nous demander si un autre terme n’aurait pas été plus approprié. Fantoche, marionnette ou « exécuteur de basses œuvres» par exemple aurait été aussi clair et moins litigieux. Cela aurait soulevé des débats, mais moins de hargne.

 

Fait intéressant concernant cette expression de roi nègre : une recherche internet nous apprend que ce terme est  « une expression très présente dans la littérature pour enfant » (10). De quoi illustrer la hauteur de ce débat qui s’étale en justifications parfois douteuses, ce qui nous conduit à l’autre point : est-ce du racisme que d’utiliser le terme roi nègre?

 

On ne peut répondre facilement à cette question. Il faut d’abord faire un détour. Si le terme nègre peut être vu comme péjoratif, ce terme est « en voie de perdre ce caractère péj., probablement en raison de la valorisation des cultures du monde noir (v. négritude) » nous apprend le TLF. Ce terme a aussi d’autres sens, qui ne s’appliquent pas qu’à la communauté noire, comme celui d’un  « Auxiliaire qui prépare le travail de quelqu'un et en partic. personne anonyme qui rédige pour une personnalité, qui compose les ouvrages d'un auteur connu. » Il peut donc être employé s’il concerne une fonction. On pourrait donc dire de quelqu’un qu’il est le nègre d’un autre. Un roi nègre aussi. Mais, et là est toute la nuance, ce mot devrait-il être invariable? Dire d’Adèle qu’elle est la négresse d’Adam, auteur connu, n’aurait pas la même signification que dire qu’elle est le nègre d’Adam? Si roi nègre est un qualificatif de comportement ou de fonction, VLB a-t-il eu tort de le féminiser pour Mme Jean? En l’accordant ainsi à sa personne, n’est-ce pas là le préjudice? De terme générique, il devenait une attaque très personnelle! Avoir intitulé son texte « Le roi nègre » aurait-il suscité autant de réactions? Poser la question c’est un peu y répondre.

 

Cependant, cela ouvre sur un autre débat. La féminisation des termes. Doit-on féminiser tous les termes au risque de quelques dérapages ou accepter que certains termes ne se féminisent pas tout comme d’autres ne se masculinisent pas? De toute manière, tous les hommes qui ont une tête n’ont pas le choix : celle-ci est féminine. De l’autre côté, toutes les femmes qui ont un sexe n’ont pas davantage le choix : celui-ci est doublement masculin! (11)  Mais, étant sociologue, je laisse ce débat aux linguistes quel que soit leur genre!

 

Notes :

 

1.

Victor-Lévy Beaulieu La Reine nègre, l’aut’journal, 23 mai 2008 :

www.lautjournal.info/default.aspx?page=3&NewsId=888

 

2. Deux épisodes récents. Dans le premier,  c’est Le Journal de Montréal qui a reçu « à la mi-avril, une mise en demeure de La Presse, lui enjoignant de ne pas reprendre les informations de la publication militante indépendantiste Le Québécois, concernant une entente signée entre Radio-Canada et le groupe Gesca en janvier 2001. » (Paul Cauchon, Médias - Guerre de tranchées entre grands groupes, in Le Devoir, Édition du lundi 12 mai 2008 : http://www.ledevoir.com/2008/05/12/189340.html

 

Puis, le dernier épisode en date de cette guerre, en attendant le prochain :  « Estimant que leur réputation a été «malicieusement salie» par deux articles traitant de leur couverture de l’affaire Julie Couillard, TVA et trois de ses employés ont intenté mercredi une poursuite de 1,3 million de dollars contre La Presse, Le Soleil, Cyberpresse et deux journalistes. » (Martin Croteau, TVA poursuit deux journalistes pour 1,3 million, La Presse, mercredi 28 mai 2008 :

www.cyberpresse.ca/article/20080528/CPACTUALITES/80528249/-1/CPACTUALITES)

 

3. À propos de l’article de VLB « La reine-nègre », 26 mai 2008 :

www.lautjournal.info/default.aspx?page=3&NewsId=880

 

 

4. A ce sujet, je pense ici à l’excellent livre de John Ralston Saul, 1998, Reflection of a siamese twin, Canada at the end of the twentieth century, Canada: Penguin book

 

5. Christian Rioux,  Sarkozy corrige le tir sur le Québec, Le Devoir, Édition du vendredi 23 mai 2008 : www.ledevoir.com/2008/05/23/190883.html

 

6. A ce sujet, voici un passage du Projet Anderson de Robert Lepage :

 

« Je suis venu ici pour me faire valider… Parce que c’est ça qu’on fait, nous, les Québécois. Quand on veut être pris au sérieux, on vient se faire valider en France. Parce qu’on s’imagine que Paris est encore le centre du monde mais, de toute évidence, il l’est plus. Il faut juste se faire à l’idée. » (2007, L’instant scène/E m, p. 87)

 

7. Une anecdote à ce sujet. Je me suis déjà fait demander « d’où es-tu? », vu mon accent. Quel accent? J’ai eu la réponse par hasard beaucoup plus tard,  quand deux personnes âgées, l’une dans un autobus de côte des neiges et l’autre dans un magasin de l’Est de Montréal, m’ont abordé en me disant que j’avais l’accent montréalais! C’est fort possible, ma famille maternelle (les Benoît) étant de Montréal depuis des générations! Un accent probablement oublié vu les mouvements de population à Montréal comme dans toutes les grandes villes.

 

8. Le TLF : Trésor de la langue française informatisée : http://atilf.atilf.fr/ . Ce terme se retrouve dans la citation suivante seulement :

 

« La cervelle du roi nègre jaillit au dehors en bouillie blanche; au son du tabala et des cymbales de fer, il tomba au milieu de ses prêtres, empêtré dans ses longs chapelets d'amulettes » (LOTI, Spahi, 1881, p. 361).

 

9. www.larousse.fr/encyclopedie/

 

10. Voici le passage entier :

 

« Une expression très présente dans la littérature pour enfant et particulièrement intéressante à étudier en terme de réduction de tête, c'est "roi nègre". Deux termes incompatibles qui se disqualifient mutuellement et qui métamorphosent l'autorité politique du sauvage en en guignol. Malikoko Roi nègre au théâtre du Châtelet ou Bouboul 1er roi nègre au cinéma, voici des titres qui sont à eux seuls tout un programme humoristique. L'idée que le nègre se prenne pour un roi, alors qu'il ne peut être qu'un fantoche avec le déguisement d'un roi, en fait un prototype de clown, un croque-mitaine destiné à amuser les enfants, rien de plus. »  (Sylvie Chalaye, Africultures, « Ces mots réducteurs de tête », in Zoom, la revue de presse sur un thème d’actualité,  « Mots et mémoires de l'immigration », janvier 2004: http://revues-plurielles.org/php/index.php?nav=zoom&no=6&no_article=2442.) 

 

Après quelques recherches, je crois que ce texte est tiré d’un colloque : « Des mots pour le dire : mémoires & migrations », journée publique gratuite avec animation théâtrale, conférences et tables-rondes organisée par les 15 revues plurielles dont fait partie Africultures et dont Zoom offre un regard en ligne, le tout sur www.revues-plurielles.org/. Ce colloque aurait probablement eu lieu le 6 décembre 2003. Pour le programme :

www.africultures.com/index.asp?menu=affiche_evenement&no_evenement=2271&rech=1

 

11. Voici quelques exemples tirés du TLF :

 

Tête, subst. Fém.

SEXE, subst. masc.

VAGIN, subst. masc.

 

Hyperliens

 

Site officiel de la Gouverneure générale : www.gg.ca/

 

Michaëlle Jean : http://fr.wikipedia.org/wiki/Micha%C3%ABlle_Jean

 

Jean-Daniel Lafond : http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Daniel_Lafond

 

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Le Journal/Fil de presse

 

Le Québec exclu des tablettes

 

Avis :

 

Dans alternatives, le journal, Vol 14, no 10, juillet/août 2008, p. 3, un article a attiré notre attention et nous avons décidé de le reproduire sur notre page Le journal/Fil de presse vu son intérêt : Le Québec exclu des tablettes. Cette reproduction est légale, car il est écrit en page 4 de ce numéro que « La reproduction des textes est autorisée. Veuillez mentionner la source », ce que nous faisons avec plaisir.  Nous invitons même nos lecteurs à visiter le site d’alternatives (www.alternatives.ca/) si ce n’est déjà fait, car c’est une excellente source d’informations. 

 

Michel Handfield, éditeur de societascriticus.com.

 

La concentration en catimini de la distribution alimentaire.

Le Québec exclu des tablettes

 

Vendredi 27 juin 2008 par Camille Beaulieu

 

Les producteurs agricoles et petits industriels de l’alimentation sont expulsés par centaines des épiceries québécoises ces dernières années. La part du Québec dans la transformation alimentaire canadienne a chuté de 25% à 20%. Parallèlement, les importations de produits transformés à l’étranger ont bondi à un milliard de dollars.

 

« Les produits québécois ont plus de difficulté que leurs équivalents étrangers à se retrouver sur les tablettes de nos épiceries, » s’étonne Dominique Arseneault, propriétaire d’un marché IGA à Coaticook.

 

« Le Québec est un cas unique au monde, explique Jacques Légaré, président-directeur général du Conseil de la transformation agroalimentaire et des produits de consommation. Nulle par ailleurs, à l’exception de l’Australie, ne trouve-t-on une telle concentration dans la distribution alimentaire. »

 

La politique des centrales d’achat

 

Discrètement et depuis au moins dix ans, Loblaw-Provigo, Sobeys-IGA et Metro qui vendent 80% des aliments et des boissons au Québec, centralisent leurs approvisionnements. Les chaînes réclament dorénavant de gros volumes, livrables selon la formule « juste à temps » dans un entrepôt de la région de Montréal. Elles approvisionnent ensuite les épiceries de tout le Québec.

 

Les propriétaires de marchés franchisés ont joui longtemps d’une certaine latitude pour offrir des produits régionaux ou du terroir. Ce qui leur permettait de se démarquer de la concurrence. Cette liberté rétrécit comme peau de chagrin, constate Louise Ménard, propriétaire de quatre IGA à Montréal. « On rogne davantage chaque année sur mes achats de produits locaux et régionaux ! On me dit que les fournisseurs doivent être « listés » au siège social. Alors, ils font de l’argent au siège social et ils font de l’argent sur ce qu’ils me vendent. Et en plus, on demande aux petits producteurs de fournir toute la chaîne… c’est une aberration. »

 

En effet, tout se monnaye dans ce commerce. Les fournisseurs paient des frais de référencement (introduction d’un nouvel article sur la liste des produits offerts par la chaîne : c’est le fameux listing). Les fournisseurs sortent ensuite le carnet de chèques pour la publicité. Certains paient aussi pour trôner à un endroit stratégique sur la tablette. D’autres, pour de la gomme, du chocolat ou un magazine, allongent des centaines de milliers de dollars pour voisiner les caisses.

 

Les petits fournisseurs ne sont donc plus dans la course. « Les chaînes ne s’intéressent qu’aux gros volumes, conclut Daniel Mercier Gouin, directeur du Département d’économie agroalimentaire et des sciences de la consommation à l’Université Laval. Les petits n’ont pas les capacités de se faire référencer. La marge de manœuvre des franchisés s’est réduite. Les marchés étalent des produits locaux, mais en petites quantités. »

 

Au diable l’autosuffisance alimentaire

 

Les géants de l’alimentation « tolèrent tout au plus 10 % de produits régionaux hors des centrales d’achat et du listing », accuse Philippe Mollé, chef et chroniqueur gastronomique.

 

Ghyslain Trudel, qui démarche pour des entreprises hétéroclites comme l’ail mariné de la ferme Chant-O-vent de Saint-Esprit, les canards de la ferme Aux Champs Élysé de Marieville, et des fromages du Lac Saint-Jean, de l’Estrie ou des Iles-de-la-Madeleine abonde dans le même sens : « Lorsqu’on réussit à entrer dans l’une des trois chaînes, ils nous font sentir que c’est une faveur ! Les chaînes centralisent leurs opérations pour éviter de concurrencer des produits déjà sur leurs tablettes », affirme ce promoteur de produits régionaux.

 

« La sélection est féroce, confirme Françoise Pitt, qui fut rédactrice en chef pendant 13 ans du journal L’Alimentation. Ne resteront bientôt, parmi les petits producteurs, que ceux qui offrent un produit de niche, un produit du terroir. »

 

Beaucoup de boîtes, peu de produits

 

Les trois chaînes, contraintes d’espace oblige, ne tiennent que quelques marques d’un produit. Une marque maison, pour le haut de gamme (Choix du président, Sélection, Nos compliments) et une marque sans nom. Plus deux marques nationales — les beurres d’arachides Kraft, par exemple, et Skippy, de Bestfoods Canada.

 

Cette concentration, à l’intérieur même des épiceries, permet à trois boulangeries industrielles de vendre 88 % du pain frais tranché au Québec. Elle explique aussi pourquoi, selon une étude de l’Université Laval (Lambert et al. 2004), les coûts de production ont davantage diminué que les prix des aliments payés par les consommateurs depuis l’entrée en vigueur de l’ALÉNA en 1994, ce qui fait que les marges de profits sont supérieures.

 

Loblaw-Provigo, Sobeys-IGA et Metro Richelieu se simplifient encore l’existence en exigeant des fournisseurs capables d’alimenter tous leurs points de vente au pays. Les petits produits sans prestige ou moins rentables sont biffés du listing.

 

Que reste-t-il de l’autosuffisance alimentaire dans ce contexte ? Réconciliées pour une fois, Loblaw et Sobeys gardent un silence pudique sur le pourcentage de produits québécois sur leurs tablettes. Metro avance 50 %. En réalité : « On est dans le noir le plus total, » tranche Jean Larose, directeur général de l’UPA.

 

L’avenir des produits québécois en supermarché demeure impossible à prédire, mais pour Jacques Légaré, président du Conseil de la transformation agroalimentaire et des produits de consommation, la concentration est inéluctable. « Dans 5 ou 10 ans, il y aura beaucoup moins de distributeurs et de fournisseurs à travers le monde. Ici comme ailleurs. »

 

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Commentaires livresques : Sous la jaquette!

 

La face cachée de Robert Lepage

Michel Handfield

 

10 juillet 2008

 

        L’an dernier j’ai assisté au lancement de deux livres de Robert Lepage au TNM : La face cachée de la lune  et Le projet Andersen. (1) Loraine Pintal, directrice du TNM, avait souligné à cette occasion toute l’importance de mettre le théâtre en livre. Pour Robert Lepage, cet acte était cependant un deuil, parce que la pièce devenait  figée dans une forme définitive! Cela est vrai tout en ne l’étant pas, car des relectures peuvent être faites plus tard, tout comme Robert Lepage l’a lui-même fait pour « Songe d’une nuit d’été » de Shakespeare (1600)  et « Galilée » de Bertolt Brecht (1938) au TNM. D’autres pourront aussi remonter ses textes dans l’avenir, même les réactualiser! 

 

***

 

Robert Lepage (texte du spectacle de), La face cachée de la lune avec une préface d’André Brassard, Coll. « L’instant scène », 84 pages, ill., ISBN 978-2-89502-244-2, www.instantmeme.com/

 

Quand j’ai vu le film, je me posais des questions sur le contenu de cette pièce, comme de savoir si Constantin Tsiolkovski et Aleksei Leonov étaient des personnages bien réels. Quand j’ai lu la pièce, il m’apparaissait comme tel. Une recherche internet me le confirme : Lepage n’écrit pas n’importe quoi. Ces personnages sont bien vrais. C’est une œuvre fondée!

 

Ayant vu le film à défaut de la pièce, il y avait plusieurs détails qui m’intéressaient, mais que je n’avais pu prendre en note, comme le fait que le personnage de Philippe étudiait en « philosophie de la culture »! Ce sont tous ces détails qu’il est intéressant de retrouver dans le livre! Des réflexions aussi, comme celle-ci de Philippe, « éternel candidat au doctorat », quand il parle de son frère, André :

 

« Il fait la météo. Canal Météo. Celui avec le bouc. Le bouc. Le bouc du Canal Météo! Pis il est pathétique, pathétique! Il est là devant son image satellite pis, là, monsieur est convaincu que, vue de l’espace, la Terre, ça ressemble à ça! Qu’il y a des pointillés pis des petites flèches pour t’aider à comprendre comment les choses sont placées, qu’il y a des frontières, vues de l’espace, que tu les vois! Ça, ici, c’est le Kosovo, pis là, ça, c’est la Serbie. Ça, c’est l’Afrique du Sud pis ça, c’est la bande de Gaza. Ça, c’est la province de Québec avec toutes les autres provinces canadiennes, pis toutes les affaires sont à leur place dans leurs petits compartiments! Pis la pire chose qui peut nous arriver, c’est qu’il   tombe de la pluie verglaçante ou ben qu’il grêle, calice! Il a pas l’air de se rendre compte qu’il y a des affaires qui sont pas mal plus compliquées, qu’il y a des affaires qui sont pas mal plus difficiles à comprendre, pis que la Terre, vue de l’espace, c’est comme une grosse pizza où les gens ont de la difficulté à se réconcilier, justement!

 

C’est sûr que je suis jaloux. Je suis pas jaloux de son cash pis de sa maison à la campagne, je suis jaloux de son peu de conscience universelle, de son peu de culture, de son peu d’éducation pis de son peu de curiosité. Toutes les affaires qui me rendent malheureux, comme ma grande conscience universelle pis ma grande compassion humaine... Lui, comprends-tu, la compassion, ça lui passe là, là! En tout cas... » (pp. 48-9)

 

Bref, une pièce qui en dit beaucoup sur notre époque, la science, la Culture, et la culture populaire. Mais, aussi une pièce qui se penche sur un monde compétitif, beaucoup trop compétitif. Compétition de classes (sociales), de société (USA/URSS),  et fratricides : entre deux frères qui sont aux antipodes, mais « cherchant continuellement dans le regard de l’autre un miroir pour y contempler leurs propres blessures, ainsi que leur propre vanité. » (p. 15) Pas assez coopératif.   

 

Une pièce d’anthologie pour les ethnologues de demain! A voir, pour le langage non verbal (le film existe en DVD), et à lire, pour ne rien manquer des subtilités du texte!

 

Arrière de couverture

 

La face cachée de la lune raconte en parallèle la relation tendue de deux frères à la suite du décès de leur mère et la course folle à la conquête de l’espace entre Américains et Soviétiques. Philippe, un éternel candidat au doctorat jaloux du succès de son cadet, présentateur vedette de la météo, se passionne pour l’espace. Souhaitant que sa thèse, portant sur le grand Tsiolkovski, soit publiée, il prépare une bande vidéo destinée à un éventuel auditoire extraterrestre.

 

Conçu, mis en scène et interprété par Robert Lepage, ce quatrième spectacle solo (après Vinci, Les Aiguilles et l’Opium et Elseneur) est peut-être la plus autobiographique de ses œuvres. La critique a dit de La face cachée de la lune que Lepage y redéfinissait le one man show. Jouant tous les rôles, l’interprète crée, à partir d’un minimum d’accessoires (une planche à repasser, le hublot d’une machine à laver, une étagère), une table, une mobylette, une bicyclette, un appareil de musculation, un engin spatial, un hublot, un bocal à poisson, un téléviseur, dans une poésie de l’apesanteur.

 

Reprise à la scène par Yves Jacques, la pièce a été adaptée pour l’écran par l’auteur lui-même.

 

***

 

Robert Lepage (le texte du spectacle de), Le projet Andersen (accompagné d’un DVD) avec une préface de Lars Seeberg, Coll. « L’instant scène », 97 pages, ISBN 978-2-89502-241-1, www.instantmeme.com/

Parmi les contes d’Andersen on peut penser à La petite fille aux allumettes; Le Vilain Petit Canard; La Petite Sirène et David Copperfield, tous fort connus. Lepage, lui, s’est inspiré de La Dryade, de L’Ombre et « de quelques épisodes parisiens de la vie du célèbre auteur danois » pour faire cette pièce. Mais, qui était  Andersen?

 

C’est ce que nous découvrons par analogie dans ce conte de Lepage. Par exemple :

 

« OK, OK... Ben, you should read, because The Dryad is presque un conte érotique : une jeune nymphe vierge who come out of a tree to go Paris to feel, smell, and taste... It’s un conte very... sensuel... It’s like a métaphore for Andersen, who want to corne out of the closet and go to Paris to have sex with the boys and the girls and tout ce qui bouge...

 

Oui, je sais, he neyer had sex in his life, but he had a lot of sex dans sa tête, because he did a lot of... plaisir solitaire... five finger solo?

 

Non, j’invente pas ça... In the journal personnel, il y a des traces partout.

 

Non, non, des traces écrites... And he write: today, I do it and it’s good and today, not so good and I do it again... Because, selon Andersen, la masturbation and storytelling, ça produit le même effet chez les enfants: it développe their imagination and it help them to go to sleep faster. » (p. 39)

 

On apprend aussi que si les contes d’Anderson semblent rose bonbon parfois, ce sont davantage leur adaptation que leur réalité qui est rose bonbon. Ainsi, à la fin de cette pièce, le personnage principal se « dit, ironiquement, que tout ça allait se terminer cruellement, comme dans un conte d’Anderson. Où les êtres humains qui ont de trop grands désirs et de trop grandes ambitions sont toujours punis et où seuls les animaux sont heureux et ont beaucoup d’enfants. » (p. 92)   Morale luthérienne,  la vaste majorité du Peuple Danois étant de cette confession ? (2)

 

« La morale? Je ne sais pas. J’imagine qu’Andersen tente de nous dire qu’il y a, en chacun de nous, une part d’ombre et que, si nous la laissons nous dominer, elle finit par nous détruire » (p. 69).

 

        Bref, pour découvrir Anderson autrement que par ses contes, mais par un conte quand même : le conte d’Anderson de Robert Lepage! (3)

 

Arrière de couverture

 

Répondant à une commande de l’Opéra Garnier, un auteur québécois s’installe à Paris, rue Saint-Denis, afin de créer le livret d’une œuvre lyrique pour enfants tirée d’un conte de Hans Christian Andersen. Il y côtoie un administrateur d’opéra aux penchants insoupçonnés, un jeune concierge maghrébin passionné de graffitis, et un chien dont on se demande s’il n’est pas le véritable guide du récit.

 

S’inspirant librement de deux contes d’Andersen («La Dryade» et «L’Ombre») et de quelques épisodes parisiens de la vie du célèbre auteur danois, Robert Lepage explore, dans Le projet Andersen, les territoires troubles de l’identité sexuelle, des fantasmes inassouvis et de la soif de reconnaissance qui se dessinent en filigrane dans la vie et l’œuvre d’Andersen.

 

Comme toujours chez Robert Lepage, c’est par le voyage, le mouvement vers l’Autre, l’étranger, qu’un Québécois tente de découvrir ce qui le touche et l’anime.

 

Notes :

 

1. D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 9 no 4, Livres 

 

2. Danemark : http://fr.wikipedia.org/wiki/Danemark#Religion

 

3. Andersen: http://fr.wikipedia.org/wiki/Hans_Christian_Andersen

 

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Nouveaux livres reçus

 

Reçu dans la semaine du 16 juin 2008 : Perla Serfaty-Garzon, 2008, Marre d'être la fée du logis ? Paradoxes de la femme d'aujourd'hui, Paris : Armand Colin, 198 p. ISBN : 978-2-200-35038-3  http://www.armand-colin.com/

 

Les femmes d'aujourd’hui sont-elles des fées du logis ?

 

L’expression est désuète, sent un peu l’ironie, paraît même insultante à certaines. Leurs mères en étaient, oui… Elles, non… Elles se rebiffent à l’idée. Car toutes ont une vie qui ne se résume plus à leur foyer et la majorité d’entre elles ont un métier auquel elles tiennent. Elles savent s’affirmer.

 

Et puis, pensant à tout ce qu’elles s’imposent pour que tout aille bien chez elles, elles se disent : après tout… Savoir faire éclore le bonheur au quotidien et le protéger ne reste-t-il pas de la vraie magie ?

 

Les tâches et le souci de la maison sont à partager, c’est sûr. Mais n’y a-t-il pas des pouvoirs qu’on n’a aucune envie d’abdiquer ?

 

L’auteure nous entraîne au coeur des paradoxes du quotidien au féminin. Une exploration vivante, intime, émouvante. Et l’éclairage qu’elle apporte est neuf et original.

 

Perla Serfaty-Garzon, psychosociologue, est connue pour ses études sur le chez-soi et l’intimité.

 

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Reçu le 3 juin 2008, Possibles (www.possibles.cam.org/), Volume 31 no 3 et 4 Été/automne 2008, Le documentaire art engagé

 

Très claires sur Le plan conceptuel, les frontières entre fiction et documentaire, de même qu’entre l’acte créateur et l’intervention, sont plus nébuleuses sur te terrain des pratiques. Doit-on situer un Michael Moore plus près de l’activisme politique d’un Chomsky ou de la narrativité d’un Oliver Stone? Et alors est-il accidentel qu’au moment même où l’on constate partout un déclin du militantisme dans les partis politiques, des films documentaires à la  charge dénonciatrice ou mobilisatrice, qu’on programme même dans des salles commerciales, semblent accompagner dans le temps de nouvelles formes d’engagement collectif, sans que le public de ces films se réduise aux groupes activement engagés?

 

Le phénomène interroge tant les organisations militantes que les milieux cinématographiques. Aurait-on institué des cloisonnements contre-nature entre l’action et l’imaginaire? Entre le monde de l’émotion privée et celui des solidarités et conflits plus larges? Où situer dans l’éventail des actions visant te changement social, dans l’ensemble de la production cinématographique, dans la galaxie de l’information médiatique, ces documentaires qu’on dit (parfois avec hésitation) engagés?

 

14$ / ISSN 0703713-9

 

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Arts et Culture

 

LES CONTES DE BEATRIX POTTER

UN BALLET POUR TOUTE LA FAMILLE AU CINÉMA EX-CENTRIS!

Le dimanche 8 juin à 13h00 à Ex-Centris  (www.ex-centris.com)

 

Montréal, le vendredi 23 mai 2008 – Le dimanche 8 juin à 13h, le cinéma Ex-Centris vous invite à découvrir l’adaptation dansée des contes de Beatrix Potter par le Royal Ballet, Les Contes de Beatrix Potter. Cette représentation unique tournée au réputé Royal Opera House, exclusivement pour le cinéma, s’inscrit dans le cadre de la série printanière annoncée récemment par Ex-Centris. Les parents et leurs enfants de 6 ans et plus seront renversés par la chorégraphie de Frederick Ashton, un des plus grands chorégraphes britanniques du XXe siècle. Réunissant tous les adorables personnages des contes de Beatrix Potter (Jeremy Fisher, Mrs Tiggywinke, Jemima Puddleduck, Squirrel Nutkin, Pigling Bland, etc.), ce ballet est interprété par les danseurs du Royal Ballet sur une musique de John Lanchbery. Une occasion unique de faire découvrir cette forme d’art aux enfants!

 

Née en 1866, Beatrix Potter, auteure anglaise de livres pour enfants, a énormément contribué à la littérature britannique. On lui doit de célèbres livres pour enfants comme l'histoire de Pierre Lapin (publié en 1902), le premier livre d'une série mondialement connue. Elle s'est alors imposée comme dessinatrice à une époque où son milieu la condamnait à une tranquille oisiveté. Beatrix Potter vit toujours à travers les aventures de Pierre Lapin et ses amis et continue d’enchanter des millions de petits et de grands. Ses contes, traduits dans de nombreuses langues, figurent définitivement parmi les classiques de la littérature mondiale.

 

Le Royal Ballet est une compagnie de ballet britannique fondée à Londres en 1928 par Ninette de Valois. Installée à l'origine au Sadlers Wells Theater sous le nom de Sadley's Wells Ballet, elle s'établit en 1946 à Covent Garden et prend le nom de Royal Ballet en 1957.

 

Présenté en association avec DigiScreen, une pionnière dans l’acquisition et la distribution de contenu numérique de haute qualité destinée à des présentations dans les cinémas, ce spectacle impressionnant sera projeté dans les principales villes du Canada.

 

Pour en savoir plus sur le Royal Ballet et le Royal Opera, rendez-vous au www.roh.org.uk.

 

Commentaires de Michel Handfield (6 juin 2008)

 

Dès les premières notes, la magie opère. J’entends les « ahhh » et les « ohhhh » dans ma tête, mais on est à la Royal Opéra House! On se retient, sauf qu’on est transporté quand même! Enchanteur!

 

Casse noisette n’est plus seul pour initier les enfants à la grande musique! On a maintenant « LES CONTES DE BEATRIX POTTER » pour les initier à la grande musique et au ballet.

 

La musique est celle de  John Lanchbery (1923-2003), qui était reconnu pour ses arrangements de ballets. Ce n’est pas un hasard que ce soit sur sa musique que l’on a droit à cette magie, car il avait fait les arrangements pour le film « The Tales of Beatrix Potter » en 1970. (1) On est donc dans la suite des choses… pour notre plus grand bonheur. C’est exactement ça : un film pour notre plus grand bonheur! On est au ballet et on se croit devant un dessin animé tellement c’est bien fait. Quelle production.

 

Je réitère que ces films doivent être disponibles en DVD, surtout celui-ci, car il permettrait une initiation des plus jeunes aux arts de la danse et de la musique orchestrale à la maison. 

 

Note :

 

1. John Lanchbery in Wikipedia: http://en.wikipedia.org/wiki/John_Lanchbery

 

Obituaries in the Times: www.timesonline.co.uk/tol/comment/obituaries/article1114128.ece

 

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Cinéma et Théâtre

(Ciné, Théâtre et quelques annonces d’événements)

 

 

Attention : Dans les commentaires cinés, de théâtres ou de spectacles, les citations sont rarement exactes, car même si l’on prend des notes il est rare de pouvoir tout noter. C’est généralement l’essence de ce qui est dit qui est retenue, pas le mot à mot.

 

Je ne fais pas non plus dans la critique, mais dans le commentaire, car de ma perspective, ma formation de sociologue, le film est un matériel et nourrit une réflexion qui peut le dépasser. Certains accrocheront sur les décors, les plans de caméra,  le jeu des acteurs ou la mise en scène, ce qui m’atteint moins. Moi, j’accroche sur les problématiques qu’il montre et les questions qu’il soulève. Le film est un matériel sociologique, un révélateur social : psychosocial, socioéconomique ou sociopolitique par exemple. C’est ainsi que sur de très bons films selon la critique, je n’ai fait que de courts textes alors que sur des films qui ont décriés en cœur, j’ai pu faire de très longues analyses, car je n’ai pas la même grille, le même angle, qu’eux dans la tête. Je prends d’ailleurs des notes durant les projections de presse que je ne peux renier par la suite, même si je discute avec des confrères qui ne l’ont pas apprécié de la même manière que moi, car je travaille d’un autre angle. J’encourage donc le lecteur à lire plusieurs points de vue pour se faire une idée. Ce n’est pas un hasard si nos pages offrent plusieurs hyperliens de références, car cette diversité de points de vue est nécessaire. Il faut la protéger.

 

Michel Handfield 

 

SWING VOTE

http://swingvote.movies.go.com/

 

Une présentation de Touchstone Pictures, à l'affiche dès vendredi 1er août

 

Réalisateur: Joshua Michael Stern

Producteur: Jim Wilson, Kevin Costner

Scénario: Joshua Michael Stern, Jason Richman

Distribution: Kevin Costner, Paula Patton, Kelsey Grammer, Dennis Hopper, Nathan Lane, Stanley Tucci, Judge Reinhold, George Lopez, Willie Nelson, Mare Winningham, Richard Petty and introducing Madeline Carroll

 

Synopsis

 

À cause de circonstances incroyables, le résultat des élections présidentielles américaines sont sur les épaules d'un seul homme.

 

Source : www.lecinema.ca/film/2799/

 

Commentaires de Michel Handfield (4 août 2008)

 

La route 66 au début de ce film m’a fait penser à Easy Rider  (1969) avec ses 2 « bikers » de la contre culture!  Mais, ici, Dennis Hopper, qui était dans ce film culte,  incarne plutôt l’aspirant président. Un démocrate au moins! Quant à Kevin Costner, s’il n’était pas d’Easy Rider,  en Bud Johnson,  semble être resté accroché à cette période.  Pourquoi voter puisque tout est décidé? Maître de la procrastination, il préfère boire sa bière et dormir. Bien dormir. Sa fille doit toujours le réveiller pour qu’il aille au travail, où il paresse aussi! La petite est tout son contraire : sérieuse et appliquée, au point où elle semble l’adulte de la maison.

 

Elle est aussi idéaliste. Le vote, c’est partie du contrat social dit-elle. C’est juste pour dire qu’elle ne cite pas Jean-Jacques (1), sauf que la politique ne respecte pas toujours sa part du contrat social, mais, cela, elle le découvrira.  Elle a donc inscrit son père sur la liste électorale et verra à ce qu’il vote. Par un hasard que je ne vous raconte pas, son vote devient le vote manquant nécessaire pour briser l’égalité entre les deux candidats à la présidence. Bud devient donc le point de mire des médias et de toutes les attentions des deux candidats et de leurs organisations.

 

Les spécialistes de l’analyse et de la communication des deux partis mettent donc tout en œuvre pour saisir qui est Bud; savoir tout ce qu’il pense, consciemment ou non, et, surtout, le séduire. On va jusqu’à trafiquer la pensée de chaque candidat à la présidence  et du parti pour le faire,  car Bud est le client ultime à mettre dans sa poche! Par l’absurde de la situation on saisit tous les rouages du clientélisme, cette façon qu’ont les partis politiques de tailler leur message pour différentes clientèles au point d’être en dissonance cognitive, surtout quand on regarde les grandes lignes de leur programme versus les promesses des présidentiables à un groupe ou à l’autre. C’est ainsi que dans la campagne réelle, Obama était plus à gauche contre Hillary Rodham Clinton qu’il ne l’est face à John McCain par exemple. (2) Mais, les communicateurs ne s’en formalisent pas. Au contraire, car c’est leur travail de créer des messages spécifiques pour séduire chaque groupe.

 

Ici, en vous faisant rire de bon cœur, on en profite pour vous montrer la machine qui vous manipule peu importe le parti.  Qui suit la politique le voit  très bien dans la campagne présidentielle États-unienne, où les démocrates tiennent un discours taillé pour leur clientèle dans un État et un autre pour séduire les républicains mous d’États républicains. La même chose est vraie du clan républicain ou de nos partis politiques au Québec ou au Canada. Le clientélisme est le modus operandi de toutes les campagnes électorales. Il faut juste savoir doser les choses pour être capable de revenir en arrière sans avoir l’air fou une fois au pouvoir! Ce n’est pas pour rien que les partis politiques ont tous une équipe de scripteurs et de stratèges pour bien peser les mots du candidat avant même qu’il ne les prononce. C’est un produit, comme un savon ou un désodorisant. Il faut faire croire qu’il lave mieux et sent meilleur que l’adversaire! Machiavel avait déjà tout compris cela il y a quelques siècles. (3)       

 

Chaque clientèle ayant ses émissions et ses réseaux, seul un certain public, qui se passionne d’informations, va être courant des contradictions des candidats. La plupart des autres n’y porteront pas attention. De toute manière, on fera attention de respecter les cloisonnements géographiques et idéologiques entre les différents groupes. A titre d’exemple, combien de citoyens d’ici lisent à la fois le Journal de Montréal, Le Devoir,  The Gazette, La Presse et, même, The Globe and Mail? Très peu! La même chose est vraie aux États-Unis. Alors, si on sait distancer les messages qui s’adressent à des clientèles différentes, très peu d’électeurs feront ces rapprochements. Et certaines promesses faites à des groupes spécifiques (4), surtout lors de blitz  électoraux, ne seront diffusés que dans leur réseau, parfois dans un ou deux média locaux, car tout n’est pas nécessairement repris par les médias nationaux. Et, si la nouvelle était reprise, à moins d’un scoop ou d’une frasque importante, ce ne sera pas nécessairement en une. L’idée est de ne pas tout faire en même temps, ni dans la même région et, surtout, de ne pas créer de vague. Ainsi, ce qui intéressera Barron au Wisconsin  ne passera pas nécessairement dans le New-York Times, ni ce qui intéressera Texico, Nouveau Mexique, à moins que le vote ne soit décidé par… Bud! (5) Là, tous les médias y seront et CNN le suivra continuellement ou presque. (6) 

 

Un tel film permet de faire ressortir toute l’incongruité des promesses électorales et des messages ciblés. Ainsi, quand Bud dit préférer la vie, on le classe comme « pro-vie » et on taille un message spécifique pour lui, où le candidat démocrate renie ses principes pour le séduire, lui, l’américain moyen, probablement buveur de Bud! (7) Le candidat républicain et actuel président, pour sa part, sauvera la rivière où notre homme pêche, même s’il avait prévu tout autre chose pour celle-ci, loin des préoccupations de Bud naturellement.  Mais, comme son vote compte, on ne lésine pas sur le marchandage!

 

L’éthique journalistique aussi en prend un coup, car le chef de bureau fait bien comprendre à sa reporter vedette, qui est sur le coup, que si elle veut aller dans un plus grand marché, New-York ou Los-Angeles par exemple, elle doit livrer la marchandise. Les scrupules éthiques, c’est pour la faculté de journalisme. Sur le terrain, il faut offrir plus que les autres pour entrer chez les gens. L’information est un produit qui fait vendre d’autres produits en passant de la  pub! (8) Et, pour vendre, il faut être vu! C’est assez clair comme message.

 

Ne soyez pas déçu de ne pas savoir l’issue du vote à la fin, car le vote c’est secret. De toute façon, tel n’est pas le but du film. C’est  de vous montrer l’arrière scène de la politique sous des airs de comédie. Swing vote, un scénario où Machiavel rencontre Jean de La Fontaine! Societas Criticus enverrait bien ce scénario directement aux OSCARS. Rien de moins.

 

Notes :

 

1. En l’écoutant parler, j’ai immédiatement pensé à Jean-Jacques Rousseau, 1992 [1762], Du contrat social, France: Grands écrivains.

 

2. Donald Lambro,  Obama's move to center irks left, The Washington Times,

Saturday, July 5, 2008 : www.washingtontimes.com/news/2008/jul/05/obamas-move-to-center-irks-left-wing/

 

3. Machiavel, Nicolas, 1992, [1532], Le Prince, Paris : GF Flammarion (Traduction et présentation par Yves Lévy)

 

4. Des gens d’affaires ou une organisation communautaire, sportive, ethnique, religieuse ou autre par exemple, comme le groupe de défense de la rivière pure et poissonneuse! 

 

5. Wikipéedia nous apprend que Barron, Wisconsi, comptait  3,248 habitants selon le recensement de l’an 2000  (http://en.wikipedia.org/wiki/Barron%2C_Wisconsin)  et que Texico, New Mexico,  en comptait 1,065: http://en.wikipedia.org/wiki/Texico,_New_Mexico. Pour d’autres détails sur Texico, voir www.city-data.com/city/Texico-New-Mexico.html

 

6 CNN : www.cnn.com/

 

7. N’étant pas buveur de bière, je n’ai pas porté attention à ce détail. Ce n’est qu’au moment d’écrire ce texte que j’ai fait ce lien entre Bud et Budweiser (www.budweiser.com/). 

 

8. C’est Patrick Le Lay, PDG de TF1, qui l’a dit! « Le Lay (TF1) vend « du temps de cerveau humain disponible » », Publié le dimanche 11 juillet 2004 sur L’observatoire des médias/ACRIMED :  www.acrimed.org/article1688.html

 

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ENFANCES

 

À l’affiche à Montréal dès le vendredi 1er août au Cinéma Parallèle (Ex-Centris)

 

Un film d’Ismaël Ferroukhi, Joana Hadjithomas & Khalil Joreige, Isild Le Besco, Corinne Garfin, Yann Le Gal et Safy Nebbou

  

FunFilm Distribution est fière d’annoncer la sortie en salle à Montréal du film Enfances (France, 2007), réalisé par six jeunes réalisateurs français. Le film prendra l’affiche au Cinéma Parallèle (Ex-Centris) le vendredi 1er août prochain.

 

Une idée ambitieuse d’un véritable amoureux du cinéma : Yann Le Gal s’intéresse à un événement charnière de l’enfance de six grands réalisateurs, anecdote qui forgera l’adulte et surtout l’artiste. C’est ainsi qu’est né Enfances, un long métrage composé de six courts qui nous raconte un épisode de l’enfance de Fritz Lang, Orson Welles, Jacques Tati, Jean Renoir, Alfred Hitchcock et Ingmar Bergman. « On a souhaité se recentrer sur des cinéastes qui ont fondé le cinéma tel qu’il est aujourd’hui, explique Le Gal au magazine Studio. Mais il fallait que chaque histoire fonctionne indépendamment de leur nom pour qu’on puisse apprécier ces courts sans connaître leur œuvre dans le détail. » Cela donne un film captivant, harmonieux et sensible qui profite d’une distribution prestigieuse.

 

La paire de chaussures d’Ismaël Ferroukhi (l’enfance de Jean Renoir)

 

Jean, fils d’une famille aisée, part en vacances, comme chaque été, dans leur maison de campagne. Seulement cette année, Jean fait la rencontre de Godefer, un garçon de son âge qui passe son temps dans la forêt à chaparder, à braconner… En échange de la belle paire de chaussures que porte Jean, Godefer lui fera découvrir tout un monde qu’il ignore.

 

Open the door, please de Joana Hadjithomas & Khalil Joreige (l’enfance de Jacques Tati)

 

À 12 ans, Jacques mesure plus d’un mètre 80 alors que ses camarades mesurent 30 à 40 centimètres de moins. Ce matin, c’est le jour de la photo de classe que le photographe tente en vain de composer selon « les règles de l’art » recherchant une belle symétrie… Mais comment mettre Jacques dans le même cadre que les autres ?

 

Le regard d’un enfant d’Isild Le Besco (l’enfance d’Orson Welles)

 

Tout le monde dit de cet enfant qu’il est surdoué. Le jour où sa mère tombe gravement malade, il se retrouve totalement désemparé. Pas longtemps cependant, car il est bientôt convaincu qu’elle ne mourra pas s’il ne la quitte pas un instant des yeux. L’enfant veille sur sa mère et lutte contre le sommeil en la fixant du regard…

 

Short Night de Corinne Garfin (l’enfance d’Alfred Hitchcock)

 

Alfred est un enfant passionné de théâtre. Mais ce soir, il est privé de spectacle. Sa mère, autoritaire et injuste, a estimé qu’il avait été désobéissant. Elle lui ordonne de se coucher pendant que son mari et elle vont assister à la représentation. Quand Alfred se réveille en pleine nuit, ses parents ne répondent pas à ses appels. Commence alors pour lui, abandonné dans la grande maison, une nuit de terreur.

 

Un secret derrière la porte de Yann Le Gal (l’enfance de Fritz Lang)

 

Autriche 1900. Les idées antisémites commencent à émerger dans le pays et il est bien difficile pour un enfant d’une dizaine d’années de ne pas être influencé. Il ignore toutefois que ces idées à la mode vont provoquer une révolution au sein de sa famille.

 

Une naissance de Safy Nebbou (l’enfance d’Ingmar Bergman)

 

Tout allait bien pour les deux frères. Ils avaient leur place, leurs jeux, leurs habitudes. Malheureusement pour eux, tout change quand arrive une petite sœur. Que faire pour rétablir l’harmonie rompue ?

 

Ismaël Ferroukhi s’est surtout fait remarquer par son premier long métrage, Le grand voyage, qui a remporté le Lion du Futur (meilleure première œuvre) à la Mostra 2004. Joana Hadjithomas & Khalil Joreige ont déjà réalisé A perfect day et Autour de la maison rose. Connue d’abord comme comédienne (Sade), Isild Le Besco a aussi réalisé Charly. Les courts métrages de Corinne Garfin ont fait le tour du monde et des festivals. Le cou de la girafe fut le premier long métrage de Safy Nebbou. Quant à Yann Le Gal, l’instigateur du projet, il surtout connu comme scénariste (Marie-Antoinette).

 

Enfances de Ismaël Ferroukhi, Joana Hadjithomas & Khalil Joreige, Isild Le Besco, Corinne Garfin, Yann Le Gal et Safy Nebbou

2007 / France / 80 minutes

Avec Elsa Zylberstein, Clothilde Hesme, Isild Le Besco, Julie Gayet

À l’affiche dès le vendredi 1er août au Cinéma Parallèle (Ex-Centris, 3536 boul. Saint-Laurent)

 

Commentaires de Michel Handfield (4 août 2008)

 

        Tous ces courts métrages sont bons, mais voici ceux que j’ai préféré et pourquoi!

 

Un secret derrière la porte de Yann Le Gal (l’enfance de Fritz Lang)

 

Petit, il est chrétien et antisémite. Il défend la pureté de la race et dit comprendre la politique. Il souhaite le rapprochement de l’Allemagne et de l’Autriche. Il terrorise aussi son grand frère qui ne sort pas à cause d’une maladie de peau, le psoriasis selon moi! Un vrai nazis en devenir. Voilà ce que fait l’idéologie sur les enfants. Mais, un événement fera qu’il devra se raviser.   Plus tard, il prendra position par son cinéma, mais c’est déjà une autre histoire. 

 

La paire de chaussures d’Ismaël Ferroukhi (l’enfance de Jean Renoir)

 

C’est la rencontre du fils d’un « Auguste » peintre, qui passe du temps à la campagne, avec le fils d’un paysan qui rapine ce qui lui manque. Mais, c’est aussi l’opposition des connaissances et des savoirs, que ce soit les « bonnes manières » ou l’observation de la nature! Le Savoir et le savoir de la débrouille. Le savoir survivre. Un savoir fort utile parfois. 

 

Renoir, d’un milieu intellectuel où l’on parlait de la séparation de l’Église et de l’État, découvrira la nature, mais surtout la nature des Hommes au contact de ce garçon! Déjà baigné dans l’humanisme et le naturalisme de par son père, il découvrira une certaine dureté de la vie par cette amitié de courte durée, car le père de ce garçon l’enverra où « il doit être » suite à un incident qui n’en était pas un. La justice, c’est parfois l’injustice. Cela marquera aussi une forme de vision politique dans son cinéma. Il sera d’ailleurs près des communistes avant d’aller vivre aux États-Unis. (1)   

 

Short Night de Corinne Garfin (l’enfance d’Alfred Hitchcock)

 

Austérité, théâtre et peur du vice, voilà ce qui marque l’enfance d’Alfred. Marqué au point qu’il en deviendra Hitchcock! Film tourné en noir et blanc comme un bon thriller du maître.  

 

Note :

 

1. Voir Jean Renoir sur Wikipédia : http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Renoir

 

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24 Mesures

En salle le 1er août

 

1 h 22 minutes

Grand gagnant du dernier Festival du film de Tremblant.

 

Présenté à la Mostra de Venise en 2007 et lauréat du prix du meilleur film et de la meilleure actrice à Lubna Azabal au dernier Festival du film de Tremblant, 24 Mesures prendra l’affiche le 1er août. Scénarisé et réalisé par Jalil Lespert, le film met aussi en vedette Benoît Magimel, Sami Bouajila et Bérangère Allaux.

 

Le temps d’une nuit, la veille de Noël, quatre destins se télescopent. Une jeune mère, Helly, qui tente de récupérer la garde de son fils, monte dans le taxi de Didier. C’est le début d’une série de rencontres qui la conduiront aussi de plein fouet vers Marie, puis vers Chris. Au cœur de cette virée nocturne, les existences basculent. Tous ont des comptes à régler avec la vie, avec leur famille, et avec eux-mêmes. Ils n’ont rien en commun, mais ils cherchent la même chose, un peu moins de solitude, un peu plus d’amour…

 

Jalil Lespert a été remarqué pour la première fois alors qu’il accompagnait son père, acteur de théâtre, au casting du court métrage Jeux de la plage de Laurent Cantet. Père et fils sont engagés pour jouer… Par la suite, il tourne dans deux autres films de Laurent Cantet, Les Sanguinaires en 1997 et Ressources humaines en 1999, dans lequel il est le seul acteur professionnel de la distribution. Ce rôle lui vaudra le César du meilleur espoir masculin.

 

Il enchaîne alors les films : Nos vies heureuses, le film fleuve de Jacques Maillot, Un dérangement considérable de Bernard Stora, Sade de Benoît Jacquot, Vivre me tue de Jean-Pierre Sinapi ainsi que Pas sur la bouche d’Alain Resnais.

 

En 2005, on le retrouve dans Le Promeneur du champ de Mars de Robert Guédiguian et dans Le Petit lieutenant de Xavier Beauvois. Puis, en 2006, il obtient un rôle dans Ne le dis à personne de Guillaume Canet et travaille une fois de plus avec Robert Guédiguian dans Voyage en Arménie.

 

24 Mesures est son premier film en tant que réalisateur.

 

Commentaires de Michel Handfield (31 juillet 2008, mis en ligne le 1er août)

 

Des vies comme des atomes  qui se rencontrent au hasard. Pulsions et répulsions pour former des destins. Tout est possible, mais aussi impossible. On est plongé au cœur des hasards de la vie, parfois près du roman noir. Mais, c’est aussi ça la vie.  Des dépendants qui se sauvent de leur vie et se trouvent au hasard, comme des ions qui se repoussent et s’attirent pour former quelque chose d’indéfini.

 

On est dans le vide de l’univers, où les choses se créent et se défont; entre la vie et la mort, question d’atomes et de circonstances! De hasard! Pourquoi l’univers s’est fait? Pourquoi la vie sur terre? Pourquoi lui? Pourquoi elle? Pourquoi ils s’aiment ou se détruisent? Attendre le dénouement ou le forcer? Est-ce qu’on contrôle réellement les choses ou sont-ce les atomes qui nous forment qui les contrôlent? On est fait des mêmes particules cosmiques que l’univers, que notre fils que l’on ne voit pas ou que le fusil que l’on tient, si froid sur notre tempe, mais si chaud dans notre main. Tout est question d’atomes, d’un déplacement d’atomes. Le hasard? L’amour qui nous attend ou qui nous quitte? Question de chimie et d’attirance! De molécules!

 

Des gens, comme des électrons libres qui se croisent pour le meilleur et le pire. Certains trouveront, d’autres non. Mais, le bal des électrons libres se poursuivra avec ou sans eux. Fataliste finalement. 

 

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UN ÉTÉ SANS POINT NI COUP SÛR

www.unetesanspointnicoupsur.com  

Le 1er août prochain!

 

Un film réalisé par FRANCIS LECLERC, produit par BARBARA SHRIER,  écrit par MARC ROBITAILLE et mettant en vedette PATRICE ROBITAILLE, PIER-LUC FUNK, JACINTHE LAGUË et ROY DUPUIS.  

 

L’action se passe en 1969, en banlieue de Montréal. Ce film raconte l'histoire de Martin, un jeune garçon de 12 ans qui rêve de jouer un jour pour les Expos, les nouveaux héros de l'équipe de baseball locale. Son seul problème : il doit s'intégrer à l'équipe des Aristocrates, l'équipe Pee-Wee du coin, dirigée par M. Turcotte. Ses rêves semblent balayés le jour où il apprend qu'il n'est pas repêché, mais ses espoirs renaissent lorsque son père s'improvise entraîneur d'une équipe B, composée de tous les laissés-pour-compte. Après l'euphorie initiale, le garçon réalise que son équipe a un seul talent : celui de toujours trouver des façons de perdre. Il réalise du même coup que son père ne connaît pas grande chose au baseball, ni aux garçons de son âge, ni à son propre fils.

 

« UN ÉTÉ SANS POINT NI COUP SÛR » est une production Palomar et est distribué par Alliance Vivafilm. C'est un rendez-vous pour toute la famille sur les écrans du Québec.

 

Alliance Vivafilm est la filiale québécoise de Alliance Films, un des plus grands distributeurs de longs métrages au Canada qui opère également dans le marché de la distribution de films au Royaume-Uni et en Espagne.  Alliance Vivafilm distribue des longs métrages à des salles de cinéma, sur vidéo et DVD, ainsi qu'auprès des entreprises de télédiffusion.   

 

www.vivafilm.com  

 

Commentaires de Michel Handfield (29 juillet 2008, mis en ligne le 1er août)

 

Un père conservateur et de principes : « Avec les scouts ton été est planifié. » Sa mère, plus moderne, le comprend et temporise. On n’est pas long avant de s’apercevoir qu’on est dans un tournant; que les choses changent tout autour pour ne plus jamais être les mêmes. Remarquez qu’on ne le savait pas à l’époque, surtout à 11 ou 12 ans.

 

1969, c’est l’arrivée des Expos, mais c’est aussi le premier pas de l’homme sur la lune. C’est 2 ans après que nous ayons découvert le  monde avec l’Expo 67; un an après la révolte de mai 68; la libération de la femme, avec la pilule, d’où un contrôle des naissances, une appropriation de leur sexualité et un gain de temps, puisqu’elles auront moins d’enfants, ce qui leur ouvrira des possibilités d’études et de carrières. En éducation, ce sont les classes mixtes! Quand les filles comprendront ces nouvelles ouvertures, elles se donneront plus à fond que les garçons dans les études. Plus matures qu’eux au même âge, elles en tireront avantage. En sciences, avec les premiers pas de l’Homme sur la lune, ce sera une nouvelle révolution. A la maison, avec le désir d’émancipation de la mère, on sera au point de rupture avec la société traditionnelle. La disparition de l’Union nationale et des créditistes approche; la montée du PQ aussi. Dans 7 ans ce sera le 15 novembre 1976!  On espérait la société des loisirs, on aura cependant la mondialisation à la fin du siècle! La fin du travail, mais pas celle espérée par les ouvriers. Elle sera beaucoup plus abrupte comme on le verra avec la crise qui marquera la production industrielle. On n’en est d’ailleurs pas sortie quand on voit des entreprises comme GM au bord de la faillite.   

 

Paradoxalement, si on est dans le rêve américain, les groupes de l’heure sont Britanniques : les Stones et les Beatles! J’avais moi-même 11 ans à l’époque et j’entrais au secondaire en 70-71! C'était « le début d'un temps nouveau » de Stéphane Venne, chanté par Renée Claude pour la première fois en 1969, mais enregistré en 1970! (1) Un films sur les charnières : celles de l’enfance et du temps. 1969, l’année du passage aux années 70 et à ce qui allait suivre! Non, ce ne fut jamais pareil. 

 

En passant, les voitures étaient grosses, les valises de char énormes! On voyageait lourd! Fallait s’habiller propre. Avec le jeans on voyage maintenant  plus léger! Le jeans, qui a commencé dans ces années comme  symbole de la contestation, est devenu l’uniforme de rigueur en occident. Cependant, il est de plus en plus produit dans les pays en développement. C’est dire que l’occident perd le contrôle de ses symboles fédérateurs.   

 

Note :

 

1. Danielle Tremblay. Petit essai de typologie de la chanson populaire québécoise contemporaine des années 1950 à nos jours trouvé sur internet : www.chansonduquebec.com/recherche/essai.html

 

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INFINIMENT QUÉBEC

Précédé de 60 cycles

 

Un film de Jean-Claude Labrecque

 

Porté par la narration de Gilbert Sicotte et par l’envoutante musique de Jorane, entre autres, le documentaire retrace l'histoire de la Vieille Capitale, depuis Samuel de Champlain jusqu'à nos jours. À l'aide de divers documents d’archives et de la savante caméra de Labrecque, le film offre une vision particulière de la ville où l’architecture ancestrale coexiste avec le modernisme. De par sa démarche, Infiniment Québec propose une réflexion sur l’évolution de la ville de Québec, sur les plans historiques, architecturaux et culturels.  Ceci dit, le film n’est pas un film didactique ou pédagogique, il est un poème visuel, un vibrant hommage aux saisons, aux visages, aux paysages urbains et à l’âme du berceau des francophones d'Amérique.

 

Québec. 2008. Réalisé par Jean-Claude Labrecque. 35 mm. 52 min.

Version originale française

 

Commentaires de Michel Handfield (31 juillet 2008, mis en ligne le 1er août)

 

60 cycles

 

Des courses de vélos des années 60, ça rappelle des souvenirs, notamment des courses autour du parc octogonal (maintenant François-Perrault) dans St-Michel. Puis, il y avait aussi les 6 jours au centre Paul Sauvé. J’étais petit gars à l’époque.

 

Le vélo a déjà été suivi ici! Maintenant, on en fait, mais on le suit beaucoup moins! Il existe encore des compétitions cyclistes, mais on en parle peu, à part s’il y a un cas de dopage. Là, ça fait les manchettes. Ainsi va la vie. 

 

INFINIMENT QUÉBEC

 

Québec! Ville marquée par de très longs hivers! Ce n’est pas un hasard que ce soit la ville du carnaval. Ce film a une photographie de carte postale. Il est très beau. C’est aussi un message d’amour de Jean-Claude Labrecque à sa ville. Mais, une déclaration qui pourrait en faire tiquer quelques-uns quand il dit que « Montcalm et Wolf sont morts pour des patries différentes qui se sont fondues en une seule qui est devenue la notre! »

 

Certains ne veulent voir, dans les célébrations du 400e anniversaire de Québec, que l’aspect français de notre histoire. Cependant, fêter un anniversaire c’est aussi rappeler un temps de vie. Ainsi, quand on a fêté les 80 ans de ma belle-mère, en cette même année 2008, on n’a pas fêté que sa naissance, mais bien ses 80 ans de vie, avec différentes anecdotes. Alors, les 400 ans de Québec, ce sont ses 400 ans de vie, avec des origines française, mais aussi une conquête britannique et un remaniement de tout cela dans une identité canadienne, n’en déplaise à quelques uns. Canadienne, non pas au sens de fédéraliste, mais d’’identification à la terre d’ici par opposition à la mère patrie, qu’elle soit française ou britannique. Des canadiens en lieux et place des anglais et des français! La rébellion de 1837 concernait aussi le haut Canada. William Lyon Mackenzie et Louis-Joseph Papineau étaient en contact. (1) C’était la révolution des canadiens par opposition à ceux qui s’identifiaient encore à Londres ou à Paris. Aux colonisés! On rejetait le statut de colonie un peu comme chez notre voisin du Sud. Mais, au lieu d’une guerre d’indépendance, nous aurons finalement fait une indépendance tranquille, préfiguration d’une future révolution tranquille elle aussi!    

 

Dans les suites de la polémique sur la place des anglos à Québec, avec la présence de Paul McCartney à ces fêtes, cette affirmation constitue une prise de position. Mais, en fait, tel ne devrait pas être le cas, car les 400 ans de Québec, ça doit être comme les 80 ans de ma belle mère : son histoire, ce qui inclus tant les français, que les anglos, les irlandais et bien d’autres groupes qui ont en partie été assimilée avec le temps. Johnson, ça ne fait pas très français par exemple. Pourtant, c’est québécois! Cette famille a même donné trois premiers ministres au Québec, chacun dans un parti qui a marqué son temps. Ça fait partie de l’histoire.

 

D’ailleurs, Québec a peut être mieux intégré ses immigrants que Montréal n’a su le faire, car à Montréal les différentes communautés linguistiques se côtoient et se voisinent, mais ne s’intègrent pas nécessairement. Il faut rendre au cap diamant ce qui est à Québec et à Labrecque son franc parlé!  Il ose dire que  Québec fut « une ville française, anglaise, puis, maintenant, nord américaine! » Et il a raison. Les 400 ans de Québec, c’est cette histoire que l’on célèbre même s’il ne faut pas le dire trop fort. C’est du moins l’opinion de certains  nationalistes chialeux : les nationaleux!

 

Note :

 

1. Saul, John Ralston, 1998, Reflection of a siamese twin, Canada at the end of the twentieth century, Canada: Penguin book, p. 63, mais, en fait, c’est tout ce livre qui est intéressant.

 

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LA GRAINE ET LE MULET

À L’AFFICHE AU QUÉBEC DÈS LE 1er AOÛT 2008

 

UN FILM D’ ABDELLATIF KECHICHE

 

Montréal, le mercredi 9 juillet 2008 – Métropole Films est heureuse de recevoir le réalisateur Abdellatif Kechiche et l’actrice Hafsia Herzi au Québec afin de présenter le film La Graine et le mulet lors de l’avant-première du film à l’Impérial le mercredi 30 juillet à 18h30.

 

Le très attendu nouvel opus d’Abdellatif Kechiche s’est démarqué à la Mostra de Venise 2007 en remportant, entres autres, le Prix de la critique internationale. Il est ensuite ressorti grand vainqueur de la 9e édition des Étoiles d’or (récompenses décernées par 700 journalistes et critiques français) en raflant 4 prix dont celui du meilleur film Français. Le film a répété l’exploit lors des Césars en l’emportant dans 4 catégories majeures : meilleur film de l'année, meilleur réalisateur, meilleur jeune espoir féminin (Hafsia Herzi) et meilleur scénario original.

 

Hafsia Herzi

 

Gagnante du Prix de la révélation de l’année au dernier Festival de Venise, elle rencontre Abdellatif Kechiche en 2005. Rencontre qui s'avère décisive, puisque ce dernier lui offre le premier rôle de La Graine et le mulet, dans lequel elle incarne brillamment et avec sincérité le personnage de Rym.

 

N'ayant jamais pris de cours pour exercer le métier d'actrice, elle quitte Marseille et part s'installer à Paris, où elle s'inscrit en droit à l'université, se met à suivre des cours de théâtre au Conservatoire et prend même des cours de diction pour atténuer son accent méditerranéen. Elle décide de se consacrer exclusivement au cinéma, et obtient rapidement les rôles principaux de Française et de L'Aube du monde. En 2008, on la retrouvera sous la direction de Francis Huster dans Un homme et son chien, aux côtés de Jean-Paul Belmondo.

 

Abdellatif Kechiche

 

Originaire de Tunisie, arrivé à Nice à 6 ans, le jeune Abdellatif Kechiche prend des cours de comédie au Conservatoire d'Antibes. Passionné par le théâtre, il enchaîne les spectacles, comme acteur mais aussi comme metteur en scène. Sollicité par le cinéma, il décroche le rôle principal du Thé à la menthe d'Abdelkrim Bahloul.

 

Après avoir joué les gigolos chez André Téchiné dans Les Innocents, en 1987, puis dans le très remarqué Bezness de Nouri Bouzid, Abdellatif Kechiche décide ensuite de passer derrière la caméra. C’est avec La Faute à Voltaire (Lion d'Or de la meilleure première œuvre à Venise en 2000) qu’il débute sa carrière de cinéaste. En 2003, il réalise avec peu de moyens son second long métrage, L’Esquive, saluée par une critique unanime avant d'être le vainqueur surprise des César : le film empoche 4 trophées, dont celui du meilleur film. La Graine et le mulet est son troisième long métrage.

 

La Graine et le mulet

 

Sète, le port. Monsieur Beiji, la soixantaine fatiguée, se traîne sur le chantier naval du port dans un emploi devenu pénible au fil des années. Père de famille divorcé, s'attachant à rester proche des siens, malgré une histoire familiale de ruptures et de tensions que l'on sent prêtes à se raviver, et que les difficultés financières ne font qu'exacerber, il traverse une période délicate de sa vie où tout semble contribuer à lui faire éprouver un sentiment d'inutilité. Une impression d'échec qui lui pèse depuis quelque temps, et dont il ne songe qu'à sortir en créant sa propre affaire : un restaurant. Seulement, rien n'est moins sûr, car son salaire insuffisant et irrégulier, est loin de lui offrir les moyens de son ambition. Ce qui ne l'empêche pas d'en rêver, d'en parler, en famille notamment. Une famille qui va peu à peu se souder autour d'un projet, devenu pour tous le symbole d'une quête de vie meilleure. Grâce à leur sens de la débrouille, et aux efforts déployés, leur rêve va bientôt voir le jour... Ou, presque...

 

La Graine et le mulet est distribué au Québec par Métropole Films Distribution et dans le reste du Canada par Mongrel Media.

 

Commentaires de Michel Handfield (31 juillet 2008, mis en ligne le 1er août)

 

La fin du travail?  On voit que les bateaux de pêche sont graduellement remplacés par les yachts  de plaisance. La pêche se fait ailleurs; à moindre coûts, où les lois sont moins restrictives. De toute façon, et c’est l’histoire de la pêche, on a surexploité la ressource et on n’a plus le poisson qu’on avait. Comme ici pour la morue. Le travail change. On fait maintenant des tours touristiques. C’est le début du film.

 

        Beiji, la soixantaine, 35 ans de métier dans la réparation des bateaux, se fait dire qu’il n’est plus productif. On le pousse à la porte en lui coupant des jours de travail. C’est que le client n’a plus les moyens de payer pour améliorer son bateau, mais va à l’essentiel pour qu’il flotte, car la pêche ne rapporte plus ce qu’elle rapportait, vu la concurrence mondiale. (1)  Le vieux répond « Tu dis 2 jours de travail, mais moi je vois ce qu’il y a à faire, que c’est beaucoup plus! » Sauf, qu’on ne peut plus payer pour plus. Et il y a 2 fois  moins de bateaux à réparer qu’il y a 10 ans! Le chantier est écrasé, on écrase donc le vieux, c’est à dire qu’on le pousse à la retraite, mais qu’on ne reconnaît pas toutes ses années de travail; que celles où il était déclaré, soit à peu près la moitié du temps où il s’est esquinté sur ce chantier.  La mondialisation et la productivité écrasent donc les plus petits, que ce soit les ouvriers ou les petites entreprises, parce qu’ailleurs la main-d’œuvre est moins chères! On est en concurrence avec des pays qui ont de moindres normes de travail et environnementales par exemple, lorsque ce n’est pas tout simplement le laisser-faire! Le stress de la vie économique a débarqué dans les vies personnelles!

 

Son gendre lui dira qu’ils vont revoir le personnel de toute façon,  car ils ne veulent plus de français, ce qui inclut des ouvrier magrébins-français comme eux, mais des nouveaux arrivants à la place, parce qu’ils ne font pas de problèmes. La main-d’œuvre étrangère, dépendante, qui accepte moins que les normes pour concurrencer le travail délocalisé! On rejoint ainsi « It's a Free World» de Ken Loach, qui tourne tout entier autour de cette problématique. 

 

On pénètre aussi la famille; le clan! Car, dans cette communauté arabo française, la famille a le dessus sur la personne. On contrôle et cache des choses pour le bien du clan, ce qui amène des conflits exacerbés, surtout lorsque ça se découvre par accident. Tout le rapport à la culture d’origine, la culture française et l’interculturel, car avec les générations il y a eu des mariages mixtes, est ici examiné. On s’attarde sur les personnages et leurs rapports aux autres dans un cadre psychosocial et sociopolitique, notamment touts les démarches de Beiji et de sa belle-fille pour avoir les autorisations de faire un restaurant arabe sur un ancien bateau qu’il retape avec des membres de sa famille. En terme cinématographique, cela fait des longueurs. En terme ethnométhodologique, cela est intéressant, car on a l’impression de pénétrer une culture de l’intérieur.

 

Il y a parfois une certaine sensualité des images, notamment quand sa belle fille mange avec lui dans sa chambre. Mais, il ne faut pas oublier que c’est un premier film. Il donne aussi l’impression d’être tourné avec des membres de la communauté à l’occasion. La gérante de banque, par exemple,   ressemble vraiment à gérante de banque! Comme portrait d’un milieu, c’est intéressant. On comprend les différences de classes et de culture, quand la famille habille les fresques du garçon devant sa femme par exemple! Mais on ne peut toujours tout contrôler. Le soir de la première du restaurant tout semblait  pourtant bien aller, sauf que…

 

Note :

 

1. La production alimentaire fut d’ailleurs le point d’achoppement de la ronde 2008 des négociations de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) qui se sont terminées sur un échec, le 29 juillet 2008, cela après 9 jours de négociation! 

 

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BIENVENUE CHEZ LES CH’TIS

Débarque au Québec le 25 juillet prochain

 

Montréal, le mardi 17 juin 2008 – Le distributeur Link Productions a le plaisir d’annoncer la sortie en salles québécoises du film Bienvenue chez les Ch’tis le 25 juillet prochain. Vue au cinéma par plus de 20 millions de Français depuis sa sortie dans l’hexagone en février dernier, cette comédie écrite et réalisée par Dany Boon a pulvérisé les records d’assistance anciennement détenus par La Grande Vadrouille (17,3 millions d’entrées), Astérix et Obélix – Mission Cléopâtre (14,6 millions d’entrées), Les Visiteurs (environ 14 millions d’entrées) et Le Dîner de cons (environ 9 millions d’entrées), devenant ainsi le plus grand succès français de tous les temps.

 

Produit par Claude Berri et Jérôme Seydoux, Bienvenue chez les Ch’tis met en vedette Kad Merad et Dany Boon, ainsi que Zoé Félix, Anne Marivin, Philippe Duquesne, Line Renaud, Stéphane Freiss et Michel Galabru.

 

Philippe (Kad Merad), directeur de la poste de Salon-en-Provence, apprend qu’il est muté à Bergues, petite ville du Nord-Pas-de-Calais. Pour épargner des désagréments à sa femme (Zoé Félix), il décide de s’y rendre seul les premières semaines. À sa grande surprise, Philippe se liera d’amitié avec ses nouveaux collègues de la poste, dont Antoine (Dany Boon), facteur et carillonneur du village, aux prises avec une mère possessive (Line Renaud) et une ex-petite amie (Anne Marivin) dont il est toujours amoureux. Toutes les deux semaines, Philippe retourne auprès de sa femme et lui raconte les difficultés de sa nouvelle vie parmi les ch’timis. Tout se déroule bien, jusqu’à ce que celle-ci décide, pour lui servir de réconfort, de l’accompagner au pays des Ch’tis…

 

Voyant le phénomène ch’ti envahir la planète web, Link Productions a lancé un blogue dédié au film, sur lequel on trouvera des extraits du film, ainsi que des parodies et autres curiosités inspirées par cette langue étrange que parlent les Ch’tis : le ch’timi. www.chtiblogue.com

 

Aussi, en ligne dès aujourd’hui, le site officiel québécois du film sur lequel on pourra notamment visionner la bande-annonce. www.cinoche.com/bienvenuechezleschtis/

 

Ancien président de Lions Gate Entertainment Corp (de 2000 à 2006), cofondateur de Cinépix Inc et producteur d’une soixantaine de films depuis la fin des années soixante, André Link revient à la distribution en mettant sur le marché, sous la bannière Link Productions, le film Bienvenue chez les Ch’tis.

 

La première québécoise de Bienvenue chez les Ch’tis aura lieu le samedi 12 juillet dans le cadre du Festival du Film Juste pour rire (anciennement nommé Comédia). Le film prendra l’affiche le 25 juillet à travers la province.  

 

Commentaires de Michel Handfield (24 juillet 2008)

 

Une Os’Ch’tis de bonne comédie humaine! Voilà qui résume tout.

 

Philippe, fonctionnaire aux postes, a demandé une mutation dans le Sud, ce qui déplait à sa femme. Mais, il ne l’a pas, car on a passé un handicapé devant lui à cause du plan, un programme de discrimination positive pour l’un qui est nécessairement négative pour l’autre, même si dans l’ensemble on cherche à créer un équilibre égalitaire! Elle est alors déçue. Il s’essaie donc à nouveau en se faisant passer pour un handicapé. Il sera puni, car on l’enverra alors dans le nord de la France, presque le Canada dans l’imagerie populaire! Une place si froide qu’on ne dit pas la vraie température à la télé lui dit sa femme. Bienvenu les préjugés. Il a peur; il sera ravi.

 

Commence alors une histoire de mensonge pour ne pas déplaire à sa femme, de qui il est plus près que jamais les week-ends, et d’amour avec cette région et ces gens qu’il devait détester, ce qui le placera en dissonance cognitive pour notre plus grand bonheur, car c’est à la fois émotionnant et comique; léger et profond! Un film tout en nuance sous des airs de comédie. Qui a dit que l’étranger venait d’un autre pays? Il est parfois  étranger dans son propre pays! Suffit de penser aux différentes francophonies canadiennes et à ses accents : Acadie, Gaspésie, Lac St-Jean, Montréal…     

 

Quant à la langue Ch’tis, on s’y fait. Mais, après cela il n’y a pas de quoi fouetter le joual! De quoi adapter Michel Tremblay au cinéma sans avoir à le sous titrer pour la France!  

 

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THE WACKNESS

Dès le 25 juillet au cinéma AMC Forum!

 

Avec son histoire audacieuse sur le passage à l’âge adulte se déroulant pendant l’été 1994, The Wackness de Jonathan Levine a fait fureur au Festival du film de Sundance 2008, où il a remporté le Prix du public.  Outre Josh Peck, Ben Kingsley et Olivia Thirlby, la distribution comprend également Famke Janssen, Mary-Kate Olsen et Method Man.

 

Les rues de New York bougent au rythme du hip-hop et une agréable odeur de marijuana y flotte – même si les signes précurseurs d’un changement se multiplient.  Le nouveau maire, Rudy Giuliani, commence à peine à mettre en œuvre ses mesures anti-amusement pour contrer des « crimes » comme les radios portatives bruyantes, les graffitis et l’ivresse publique.

 

C’est sur cette toile de fond que Luke (Peck) passe son dernier été avant son entrée universitaire, à vendre de l’herbe et à en fournir à son psy (Kingsley) en échange de séances de thérapie.  Il tombe également amoureux de la belle-fille (Thirlby) de celui-ci.  Ce n’est toutefois pas exactement ce que son psy a en tête lorsqu’il suggère à Luke de « baiser ».

 

Famke Janssen tient le rôle de la femme du psy nettement plus jeune que lui, Mary-Kate Olsen celui d’une hippie de Central Park et Method Man celui du fournisseur de Luke.

 

Le film saisit bien l’esprit de 1994, des expressions argotiques (peace out pour au revoir, à tout à l’heure; wack pour très mauvais, le pire) à la bande sonore (des pièces de hip-hop de l’époque, notamment de Nas, Notorious B.I.G., A Tribe Called Quest et autres).

 

Même si le film n’est pas autobiographique, le scénariste et réalisateur Jonathan Levine est né et a grandi à New York.  Il a également obtenu son diplôme de fin d’études secondaires à l’été 1994, moment où il est devenu accro du hip-hop pour ne plus en démordre – « Je n’ai jamais vendu d’herbe, je vous jure. », dit-il toutefois. Il s’agit de son deuxième long-métrage (après All the Boys Love Mandy Lane).

 

The Wackness est distribué au Québec par Métropole Films Distribution et dans le reste du Canada par Mongrel Media.

 

Commentaires de Michel Handfield (21 juillet 2008, mis en ligne le 24)

 

Le mal être de l’adolescence. Qui je suis? Suis-je à la hauteur pour avoir cette fille? N’est-elle pas trop bien pour moi? J’y rêve, mais je ne lui parle pas. Bref, les malaises de l’adolescence. Les questions sur l’avenir aussi. On saisit bien le climat de cet âge ingrat, entre la jeunesse et l’âge adulte. Et pour ajouter à la difficulté, Luke passe son été à vendre de la drogue en prévision de son entrée à l’université! Il a de quoi consulter un psy. 

 

Mais, son psy a aussi ses problèmes, dont une femme plus jeune que lui  et qui lui est souvent indifférente, occupé à s’occuper d’elle-même! Il s’évade donc dans les paradis artificiels et est un bon client de Luke! Ils se ressemblent d’ailleurs et un bon soir ils feront la fête ensemble.

 

        Bref, on pose un regard sur cette société new-yorkaise qui se situe entre les années de liberté qui se terminent et le conservatisme qui s’en vient, ce qu’elle ne sait pas encore. Film à la fois macrosociologique, en suivant Luke à travers les parcs et les rues de New-York où se trouve sa clientèle, et psychosocial, par le focus sur Luke et son entourage plus immédiat : son psy, sa femme et sa belle-fille, avec qui Luke aura une aventure alors qu’il croyait au grand amour, et ses parents, qui ont aussi leurs problèmes.

 

        Façon originale de dresser le portrait d’une société en changement quand on pense à tout le chemin parcouru depuis ces années de liberté. Régression, comme on fait une régression dans une psychanalyse? Tant mieux si c’est pour mieux avancer, mais quand on voit l’alignement à droite des deux candidats à la présidentielle États-uniennes, je ne suis pas sûr, à moins que ce ne soit qu’un virage stratégique du candidat démocrate? (1)

 

Note :

 

1. « En effet, le Parti démocrate, bien que composé majoritairement de progressistes aujourd'hui, est moins progressiste qu'il y a 10 ans. Pourquoi? «À cause de la diabolisation réussie du progressisme à laquelle on assiste aux États-Unis depuis les années 70 et Richard Nixon, et aussi parce que l'aile gauche du Parti démocrate a été marginalisée par la capacité de George Bush de continuer une guerre en Irak que la plupart des Américains veulent pourtant voir se terminer, explique Jules Whitcover. Le centrisme n'est pas du tout fini au sein du Parti démocrate et la preuve en est qu'Obama joue de plus en plus vers le centre.» » (Marie-Christine Bonzom, « Présidentielles américaines - Barack Obama à la tête d'un parti divisé et difficile à diriger », in Le Devoir, Édition du samedi 12 et du dimanche 13 juillet 2008 : www.ledevoir.com

 

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LES TOILETTES DU PAPE

(El baño del papa)

 

UN FILM DE CESAR CHARLONE À L’AFFICHE DÈS LE 18 JUILLET 2008

 

Montréal, vendredi 4 juillet 2008 – Métropole Films est heureuse de présenter Les Toilettes du pape, de Cesar Charlone (Uruguay). Après un passage au festival de Cannes dans la section Un Certain regard, le film a été récompensé par la critique à La Havane (Prix Glauber Rocha) et au Festival de San Sebastian avec le Prix Horizontes. Les Toilettes du pape prendra l’affiche le 18 juillet 2008 exclusivement au Cinéma Parallèle à Ex-Centris en version originale sous-titrée en français.

 

Nous sommes en 1988, et Melo, petite ville uruguayenne à la frontière brésilienne qui survit essentiellement de la contrebande, attend fébrilement la visite du pape Jean-Paul II. Les médias annoncent des centaines de visiteurs, des milliers de pèlerins en quête de nourriture, boissons, drapeaux, souvenirs, médailles commémoratives... Beto, notre héros, pense avoir trouvé la meilleure source de revenus, des toilettes publiques où les pèlerins pourront venir se soulager. Mais avant de pouvoir construire ses toilettes, et malgré l'hostilité de sa famille, Beto va devoir multiplier les allers-retours de plus en plus risqués à la frontière, sur son vieux vélo, pour passer des produits de contrebande...

 

Pour bien comprendre l’univers dans lequel le film nous entraîne, le scénariste, Enrique Fernandez, raconte cette anecdote : « A l’époque, je devais avoir à peu près 10 ans. Beto était le genre de voisin à débarquer tous les matins, juste pour dire bonjour. Sa chemise dégoulinait sur son pantalon et ses maigres jambes faisaient penser à des cure-dents quand il enfourchait son vélo complètement déglingué. Beto vivait avec sa belle-mère, doña Leocadia, une vieille dévote qui s’était prise d’amitié pour ma mère. Pour lui prouver son affection, elle lui avait même offert, un jour, le vieux dentier dont elle n’avait plus l’usage. Deux jours plus tard, ma mère se confondait en excuses et lui rendait ses dents. Elle m’avoua plus tard qu’elle les avait essayées, mais qu’elles ne lui allaient pas…

 

Les Toilettes du pape  est distribué au Québec par Métropole Films Distribution et dans le reste du Canada par Mongrel Media.

 

Commentaires de Michel Handfield (24 juillet 2008)

 

Le pape Jean-Paul II est-il vraiment allé à Melo, petite ville uruguayenne, en 1988? La réponse est oui. Dans son 37e voyage, du 7 au 18 mai 1988, il a visité  l’Uruguay, la Bolivie, Lima (Pérou), le Paraguay et Curaçao. (1) Il a aussi célébré « la Parole sur l'« Explanada del Barrio La Concordia » à Melo » le 8 mai 1988 nous apprend le site du Vatican. (2) Le cadre du film est donc réel.

 

Melo est une ville de plus de 50 000 habitants avec un aéroport qui offre une liaison avec Paris! (3)  C’est  d’ailleurs une destination touristique apprend-t-on sur le net! (4) Cependant, étant près de la frontière brésilienne, il y a certainement du commerce de contrebande à faire. Il s’y trouvera donc des gens pour le faire. C’est le cas des « exclus », vivant à la périphérie de la ville et du système économique, comme Beto et ses amis, qui sont l’objet de ce film. Mais, Melo ne se réduit pas à ce milieu, ce qu’une recherche internet nous montre. Cependant, cela ne change pas l’intérêt du film. Au contraire, car donner la parole à cette communauté périphérique, en partie exclue, attire l’attention sur les différences de classes; sur les problèmes des « exclus », qui sont ainsi condamnés à l’exclusion parce qu’ils font de la contrebande, mais qui n’ont peut être pas le choix d’en faire pour survivre, car tous systèmes ne peut intégrer tout le monde. Ce serait d’ailleurs un des rôles de l’État de voir à ce que les exclus puissent vivre dans une certaine décence, du moins dans les pays développés. Mais, avec le néolibéralisme, qui prône le désengagement de l’État au nom du libre marché, ce rôle de l’État est de moins en moins vrai même dans les pays développés. On peut alors s’imaginer ce qu’il en est dans les pays  en développement comme l’Uruguay. Alors, quand le pape vient parler de la pauvreté et des travailleurs à Melo, de « construir de modo solidario un mundo mejor » (5), mais qu’en même temps ce pape  s’oppose au militantisme politique et de gauche des prêtres, en  condamnant la théologie de la libération par exemple, on comprend la contradiction, car parler contre la pauvreté sans agir politiquement revient à laisser faire ce néolibéralisme qui en était encore à ses débuts il y a 20 ans!

 

La condamnation sans action revient au même que de donner  des droits sans les moyens de les faire respecter! Et là, on rejoint les gens que l’on suit dans ce film, car ils n’ont pas les moyens de faire respecter leurs droits, en commençant par le droit à un revenu décent pour vivre, et doivent jouer un jeu de cache-cache avec les pouvoirs (représenté par les douaniers ici) pour survivre, car ils vendent le fruit de leurs traversés de l’autre côté de la frontière aux marchands de Melo. On ne parle pas de trafic de drogue, mais bien de produits légaux, qui sont soit en manque, soit trop dispendieux lorsque distribué par les canaux normaux, car, dans le libre marché économique, on n’est pas si libre que ça! Les grandes entreprises peuvent très bien limiter leur distribution pour des impératifs économiques, ce qui laisse des populations dans le besoin. Des populations à qui on vante pourtant le libre marché sans qu’ils n’y aient accès. Cela peut paraître très théorique, mais un exemple illustre très bien de quoi il s’agit. Un exemple d’ici en plus. Quand le Coke ou le Pepsi est en vente dans une grande chaîne on voit souvent des propriétaires de dépanneurs passer à la caisse avec des paniers plein de liqueurs, car Coke ou Pepsi ne semble pas les approvisionner au même prix que ces grandes chaînes vendent leurs produits au grand public! Il y a donc un incitatif économique à s’y approvisionner même si c’est à l’extérieur du circuit de distribution. Maintenant, imaginez qu’il y aurait une police qui vérifierait ces mouvements entre le dépanneur et la grande chaîne et vous verriez apparaître des spécialistes de la contrebande pour le faire à leur place! C’est le cas de Melo.

 

Cependant, en même temps qu’on condamne le citoyen pour contrebande, les entreprises peuvent jouer sur les disparités économiques régionales pour importer/exporter des produits, mais aussi le travail, dans le cadre de l’Organisation Mondiale du Commerce, car le libre marché existe bien, mais pour quelques-uns seulement! Il est ainsi interdit de passer les frontières canado-états-uniennes avec des aliments pour le simple citoyen, mais vous trouverez des produits des États-Unis qui feront concurrences à nos produits locaux dans toutes les grandes chaînes d’alimentation, car,  pour la grande entreprise, c’est permis! Le pouvoir se nourrit de l’argent et du sang des plus faibles. Et dans les pays en développement, cela représente la manne pour les grandes entreprises qui jouent sur les disparités économiques et une occasion d’affaires pour les laisser pour compte de l’économie officielle. 

 

Comme tous rêvent de s’en sortir, l’on se relève les manches et l’on espère le miracle. Pour ces habitants de la frange de Melo, vivant de la contrebande, la venue du pape  dans leur communauté devenait  l’occasion rêvée, car il y aura certainement des touristes avec de l’argent. Des gens à qui vendre notre savoir faire pour enfin en vivre dignement, ne serait-ce que quelques mois! Cependant, qui ira à Melo voir le pape? Les riches d’ailleurs ou les pauvres qui espèrent aussi s’en sortir? La manne ne sera peut être pas au rendez-vous…

 

Ces sera la grande désillusion,  triste et pathétique. « Dieu, s’il n’aide pas les pauvres, il aide qui? » Voilà la question!  Il reste toujours le  rêve de la fille de Beto, qui veut faire de la radio. S’en sortir par les études. Quel beau rêve, à moins que la réalité du coin, un garçon, l’amour et un bébé ne la retienne au même milieu qu’elle veut quitter. Mais, mieux vaut rêver de changer les choses par les études que par un miracle. Accroche-toi à ton rêve petite et bonne chance!

 

Notes :

 

1. Liste des visites pastorales du pape Jean-Paul II hors d'Italie : http://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_visites_pastorales_du_pape_Jean-Paul_II_hors_d'Italie

 

http://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Toilettes_du_Pape

 

2. www.vatican.va/holy_father/john_paul_ii/homilies/1988/index_fr.htm

 

3. http://fr.wikipedia.org/wiki/Melo

 

4. www.welcomeuruguay.com/melo/index_i.html

 

5. HOMILÍA DEL SANTO PADRE JUAN PABLO II, Melo (Uruguay), Domingo 8 de mayo de 1988 www.vatican.va/holy_father/john_paul_ii/homilies/1988/documents/hf_jp-ii_hom_19880508_melo_sp.html

 

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VOYAGE AU CENTRE DE LA TERRE

À l’affiche aux quatre coins du Québec dès le 11 juillet

 

Le Québec en vedette dans ce film d’aventure pour toute la famille avec l’équipe d’Hybride derrière 234 effets visuels

 

        Montréal, le 26 juin 2008 — L’aventure sera au rendez-vous au cinéma dès le 11 juillet prochain avec la sortie en salles du film pour toute la famille « JOURNEY TO THE CENTER OF THE EARTH » (VOYAGE AU CENTRE DE LA TERRE en version française). Mettant en vedette Brendan Fraser, le long métrage sera présenté sur 11 écrans en version 3D numérique et en présentation régulière aux quatre coins du Québec. Il s’agit d’ailleurs du premier film de fiction à avoir utilisé une toute nouvelle technologie 3D et la toute première fois que cette nouvelle technologie sera disponible en français sur grand écran. « JOURNEY TO THE CENTER OF THE EARTH » sera présenté en présentation 3D numérique dans les cinémas suivants : Scotia Bank, Kirkland, Quartier latin, AMC Forum, Méga-Plex Taschereau, Méga-Plex Spheretech, Méga-Plex Marché-Central, Méga-Plex Terrebonne, Méga-Plex Deux-Montagnes, Méga-Plex Pont-Viau et Méga-Plex Centre Jacques Cartier dès le 11 juillet prochain. Le Québec est également en vedette dans ce film réalisé par Eric Brevig avec notamment l’équipe d’Hybride qui est derrière 234 effets visuels numériques en stéréoscopie.

 

        Les séquences sur fond bleu et vert ont été filmées dans un studio montréalais et la mission d’Hybride consistait à produire les effets visuels numériques en stéréoscopie ; un défi de taille, relevé à maintes reprises lors de projets antérieurs, par la firme québécoise. Hybride a créé un univers visuel dont le résultat se traduit par des images époustouflantes. Au total, les 80 employés d’Hybride ont contribué au projet qui s’est échelonné sur une période de 15 mois. Parmi les personnages et les objets animés par Hybride, on retrouve les oiseaux lumineux, un crâne de dinosaure et des plantes carnivores géantes. Les artistes d’Hybride ont également créé des environnements virtuels, intérieurs et extérieurs, tels que la chambre de diamants, le volcan, la grotte, le lagon, la forêt de champignons géants ainsi que la rivière thermale, en plus d’animer des particules comme les tisons, la lave, la fumée, les vapeurs d’eau et finalement, les pistils de pissenlits.

 

        « Notre plus gros défi a été de faire interagir les comédiens et les différents objets dans des environnements stéréoscopiques 3D », relate Pierre Raymond, directeur des effets visuels sur le projet chez Hybride. Non seulement les animations devaient être naturelles, réalistes et fluides; elles devaient également tenir compte de l’espace tridimensionnel dans lequel les objets étaient intégrés, poursuit-il. « Un autre défi que nous avions à relever était d’obtenir une stéréoscopie maximale tout en préservant le confort visuel tout au long des 234 plans sur lesquels nous avons eu à travailler. C’est donc avec ces paramètres en tête que nous avons abordé ce projet audacieux qui nous permettait de mettre à profit l’ensemble de nos départements et tout notre savoir-faire ».

 

        Lors d'une expédition en Islande, un scientifique et son neveu sont bloqués dans une caverne après une tempête. Ils se rendent bien vite compte que le seul chemin sûr qui s'offre à eux mène vers le centre de la Terre. Distribué au Québec par Alliance Vivafilm, « JOURNEY TO THE CENTER OF THE EARTH>  » (VOYAGE AU CENTRE DE LA TERRE en version française) prendra l’affiche aux quatre coins du Québec. C’est un rendez-vous pour toute la famille dès le 11 juillet prochain !

 

        Alliance Vivafilm est la filiale québécoise de Alliance Films, un des plus grands distributeurs de longs métrages au Canada qui opère également dans le marché de la distribution de films au Royaume-Uni et en Espagne.  Alliance Vivafilm distribue des longs métrages à des salles de cinéma, sur vidéo et DVD, ainsi qu'auprès des entreprises de télédiffusion. 

 

        Hybride Technologies est une société québécoise, spécialisée en production d’effets visuels numériques, qui œuvre au service des créateurs du cinéma et de la télévision à l’échelle internationale. Fondée en 1991, l’entreprise compte aujourd’hui plus de 80 employés, répartis dans cinq unités de création.

 

        Hybride offre des services complets de montage numérique, de composition d’images d’animation et de correction de couleurs, et est aujourd’hui reconnue comme l’un des leaders incontestés du domaine des effets visuels numériques. La contribution d’Hybride à l’industrie du cinéma figure parmi plusieurs superproductions internationales incluant les films à succès 300, et Sin City.

 

www.vivafilm.com

 

Commentaires de Michel Handfield (11 juillet 2008)

 

Les effets 3 D sont nettement améliorés, avec verres polarisants plutôt que coloré rouge/vert. Ceci fait que, même un œil fermé, on les voit. Si jamais la télé 3D arrive dans nos foyers, c’est ce processus qu’il faut, car il est beaucoup plus démocratique pour ceux qui ont un problème visuel comme moi, ce qui fait que je ne vois pas en stéréoscopie. (1)

 

        Quant à ce film, j’ai eu du bon temps, car je ne  connaissais pas l’histoire originale de Jules Verne. En effet, à part Bob Morane, je préférais lire le Maclean français (l’ancêtre de l’actualité d’aujourd’hui) et le Sélection du Reader’s digest étant jeune! Je n’étais pas très roman et je le suis encore très peu, même si je me force parfois à en lire un ou deux pour voir. Je suis nettement plus « essais », question de genre! 

 

Ce film de science fiction mêle aventure et côté fantastique. On y trouve certaines bases scientifiques, comme la dérive des continents, mais, aussi,  bien des mythes. Ainsi, le centre de la terre n’est pas un magma en fusion, qui serait davantage symbolique de l’enfer, mais  ressemble au paradis terrestre. Par contre, ce n’est pas le paradis, car y vivent des monstres qui doivent dater des origines de la terre, comme s’ils étaient dans une réserve historique. Le centre de la terre, un grenier historique où sont conservés les souvenirs de sa vie! C’est normal puisque la terre est une  femme. Une déesse grecque en fait : Gaïa selon la mythologie! (2) Bienvenu dans ce monde fantastique qui saura plaire  à toute la famille, car en plus des effets spéciaux et de l’aventure, il y a aussi du romantisme dans cette relecture du roman de Jules  Verne (3) porté à l’écran. Mais, comme toute relecture, les puristes de Verne trouveront certainement à redire.   

 

Notes :

  

1. http://fr.wikipedia.org/wiki/St%C3%A9r%C3%A9oscopie

 

2. http://fr.wikipedia.org/wiki/Ga%C3%AFa

 

3. http://fr.wikipedia.org/wiki/Jules_Verne#Les_voyages_extraordinaires

 http://fr.wikipedia.org/wiki/Voyage_au_centre_de_la_Terre

 

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ASTÉRIX AUX JEUX OLYMPIQUES

www.asterixauxjeuxolympiques.com/

 

A l'affiche aux quatre coins du Québec dès le 8 juillet prochain !

 

        Montréal, le 17 juin 2008 – (…) Distribué au Québec par Alliance Vivafilm, « ASTÉRIX AUX JEUX OLYMPIQUES » met en vedette Clovis Cornillac, Gérard Depardieu, Alain Delon, Benoît Poelvoorde, Stéphane Rousseau, Franck Dubosc, Vanessa Hessler et plusieurs caméos surprises!

 

        Pour remporter les Jeux Olympiques et permettre au jeune Alafolix d'épouser la Princess Irina, Astérix et Obélix devront affronter le machiavélique Brutus, fils de César, au cours d'une Olympiade.

 

        Alliance Vivafilm est la filiale québécoise de Alliance Films, un des plus grands distributeurs de longs métrages au Canada qui opère également dans le marché de la distribution de films au Royaume-Uni et en Espagne.  Alliance Vivafilm distribue des longs métrages à des salles de cinéma, sur vidéo et DVD, ainsi qu'auprès des entreprises de télédiffusion. 

 

www.vivafilm.com 

 

Commentaires de Michel Handfield (4 juillet 2008, mis en ligne le 8!)

 

        Certaines parties de ce film semblent être entre le réel et le dessin, probablement à cause du traitement infographique où l’on n’a rien ménagé! Il en est de même du film : entre la tradition d’Astérix et le modernisme, vu les ajouts des scénaristes Frédéric Forestier, Thomas Langmann et de leur équipe. Dans les notes de presse on peut lire que…

     

«      Ça commence comme un rêve d’enfant. Il y a longtemps en effet que Thomas Langmann rêvait de porter lui-même «Astérix» à l’écran. (…)

 

      (…) Avant d’entamer toutes démarches officielles auprès d’Albert Uderzo, il préfère d’abord travailler sur le scénario. Tout naturellement, il s’implique dans l’écriture avec une équipe de scénaristes - Olivier Dazat, Alexandre Charlot et Franck Magnier - auxquels il donne deux lignes directrices pour compléter l’histoire originale: un duo-duel entre César et Brutus, son fils adoptif, lequel n’aura qu’une idée en tête: devenir César à la place de César; et une histoire d’amour entre un jeune Gaulois et la princesse grecque que convoite aussi Brutus, mais dont la main sera accordée au vainqueur des Jeux Olympiques - c’est là que vont intervenir Astérix et Obélix pour que leur beau compatriote l’emporte et que l’amour triomphe.

     

      (…)

 

      Ce n’est qu’une fois la première version du scénario terminée, qu’il mélange la fidélité à l’humour de la bande-dessinée, les répliques au deuxième degré (notamment dans les scènes d’Alain Delon qui jouent sur la légende et l’image de la star), les situations inattendues et dialogues cocasses. Il va même convaincre Albert Uderzo (qui participera d’ailleurs à quelques séances de travail sur le script), puis Alain Delon et Benoît Poelvoorde, en s’engageant à mettre dans cette nouvelle adaptation tous les moyens nécessaires pour que le film soit spectaculaire. Tous disent oui immédiatement. » (pp. 4-5)

     

        On se fait donc prendre, à moins être un inconditionnel du classicisme astérixois, parce qu’autant ce côté moderne – comme l’usage de l’EPO ou le char qui ressemble à une Ferrari piloté par Shumaker – peut plaire au public d’aujourd’hui, il peut aussi déplaire aux conservateurs, gardiens  du dogme! Car, ne nous trompons pas, Astérix est maintenant un dogme!

 

        Mais, si « César ne doit plus rien à personne, ni au clan des siciliens », les scénaristes ne doivent plus rien à personne, ni au clan des inconditionnels! On fait du cinéma ici, pas de la B.D! On se permet même de plonger dans le conflit freudien entre César et son fils, Brutus, qui rêve de le tuer; et pas juste symboliquement. Quel fils de pute!

 

Si vous aimez Astérix sans être un gardien du dogme, vous aimerez probablement ce film. Sinon, j’ai quelques réserves pour vous, même si, moi, je l’ai apprécié comme divertissement d’été. Je l’aurais par contre resserré un peu plus à un ou deux endroits.

 

        A remarquer : la fin à la Shrek, mais avec des grands noms du sport, comme Zidane (Numérodis) et Tony Parker (Tonus Parker) qui jouent avec le ballon rond!  (1)

 

Note :

 

1. Comme je ne suis pas très sports de salon, j’avais identifié Zidane, mais pas Parker. J’avais plutôt pensé à Michael Jordan.   C’est sous l’entrée « Astérix aux Jeux Olympiques » sur Wikipédia que j’ai trouvé le nom de ce joueur. Voir    http://fr.wikipedia.org/wiki/Ast%C3%A9rix_aux_Jeux_Olympiques_%28film%29. Puis, j’ai lu sa biographie (http://fr.wikipedia.org/wiki/Tony_Parker) et    j’ai compris ce choix :

 

« William Anthony Parker II dit Tony Parker et surnommé TP (prononcé Tipi) est un joueur de basket-ball professionnel français et dernièrement rappeur né à Bruges (Belgique) le 17 mai 1982 d'un père joueur de basket-ball américain, Tony Parker Senior et d'une mère mannequin néerlandaise, Pamela Firestone. » 

 

Quant à Shumaker, c’est une consœur journaliste qui me l’a dit. Non, je ne suis vraiment pas très sport! 

 

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BAGHEAD

 

A l’affiche dès le 8 août au cinéma AMC Forumdans sa version originale anglaise.

 

Commentaires de Michel Handfield (6 juillet 2008)

 

        Ce film a le look d’un film tourné par des amateurs et c’est voulu, ce qui lui donne une crédibilité, comme si on était des observateurs d’un moment de leur vie. Moments filmés par un étranger! Celui qui rode autour du chalet alors qu’il n’est pas désiré ou un complice qui les observe quand il les terrorise, car il a le visage couvert d’un sac. Cela créée des incidents plus ou moins dramatiques, ce qui change la dynamique du groupe et nous fait pénétrer plus profondément dans leur tête! Quelles sont leurs relations, leurs désirs, voir leurs désirs secrets? Seront-ils encore amis après ce week-end?

 

        Un genre particulier de film, le « mumblecore »,  qui ne s’adresse pas à tous les publics. Pour plus de détails, lire la présentation officielle qui suit.

 

Présentation officielle :

 

Les frères Duplass (Jay et Mark) sont les pionniers d’un genre cinématographique américain créé début 2000, le « mumblecore », caractérisé par des budgets restreints, des scénarios misant sur l’improvisation, des comédiens inconnus et un intérêt particulier pour les relations interpersonnelles que vivent les jeunes dans la vingtaine.  Leur précédent film, Puffy Chair, répondait à ces critères.  C’est également le cas de Baghead qui suscite autant les rires que la peur.  Pas étonnant qu’il ait connu un énorme succès au Festival du film de Sundance 2008.

 

Quatre acteurs sans travail arrivent à la conclusion que le seul moyen de décrocher de bons rôles est d’écrire leur propre scénario.  Ils partent donc pour un chalet à la recherche d’idées.

 

Il y a Matt (Ross Partridge), le séduisant chef du groupe, et Chad (Steve Zissis), son meilleur ami plutôt grassouillet.  Chad a le béguin pour Michelle (Greta Gerwig), bien que cette dernière semble plus intéressée par Matt.  Il y a aussi Catherine (Elise Muller) qui est plus âgée que les autres – une comédienne dans la trentaine souhaitant consolider sa relation discontinue avec Matt avant qu’une femme plus jeune qu’elle ne le lui ravisse.  Des regards jaloux aux flirts physiques, la dynamique du groupe commence à se manifester.

 

Puis, voilà que quelqu’un coiffé d’un sac rôde dans la forêt.  S’agit-il d’un étranger malveillant ou d’un de l’un d’eux?  Existe-t-il vraiment?

 

Les frères Duplass ont tourné leur film avec les moyens du bord.  La distribution et l’équipe comptent moins de dix personnes.  Les deux frères ont scénarisé, produit et réalisé le film.  Jay tenait la caméra HD et Mark la perche.  Il n’y a pas eu de répétition pour que les scènes soient naturelles.  Même si les acteurs ont travaillé à partir d’un scénario ficelé serré, ceux-ci avaient l’entière liberté de se déplacer à leur guise et de dire ce qu’ils voulaient à l’intérieur d’une scène donnée.

 

Baghead est distribué au Québec par Métropole Films Distribution et dans le reste du Canada par Mongrel Media.

 

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Les animaux amoureux

www.lesanimauxamoureux.com/

 

500 jours de tournage. 170 espèces filmées - dont plus de 80 apparaissent à l'écran - dans des climats allant de -30°C à +50°C. Deux années à parcourir 16 pays afin de filmer plus de 80 heures de rushes. A chaque saison, la terre entière résonne des chants, des râles et des cris amoureux des animaux.

 

La danse et les offrandes sont souvent les meilleurs instruments pour attirer l’être convoité, donnant lieu à des parades parfois cocasses ou attendrissantes, souvent spectaculaires.

 

Dauphins, lions, poissons clowns, oiseaux de toutes sortes,  kangourous, singes, crabes ou insectes, tous les individus s’évertuent à séduire pour s’accoupler et donner la vie. Leurs rites amoureux constituent un miroir où l’homme se reconnaîtra bien souvent…

 

A travers des images magnifiques et touchantes, LES ANIMAUX AMOUREUX nous invite à un voyage aux quatre coins du monde, au cœur des plus extraordinaires épopées amoureuses.

 

Commentaires de Michel Handfield (5 juillet 2008, mis en ligne le 8!)

 

        L’amour, ça ne pouvait que faire un film poétique! C’est là qu’on voit que la poésie n’est pas réservée qu’à l’Homme. Chaque espèce a  sa poésie; ses formes de tendresse. C’est parfois surprenant, souvent touchant.

 

La qualité visuelle et sonore, incluant la musique lorsqu’il y a lieux, est excellente. J’ai regardé une copie de presse à la maison et mes « cockatiels » ont réagit à plusieurs endroits, non seulement pour les chants d’oiseaux. Ça ne ment pas sur la qualité de ce film, car on ne peut tromper facilement l’instinct de mes oiseaux.

 

Si vous aimez la nature et êtes romantique dans l’âme, c’est un film à voir dans une salle près de chez vous ou en DVD quand il sortira.

 

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CRUISING BAR 2

Sortie : 27 juin

 

Mettant en vedette MICHEL CÔTÉ dans un film de ROBERT MÉNARD et MICHEL CÔTÉ. Le retour au grand écran de Gérard dit le Taureau, Patrice dit le Lion, Jean-Jacques dit le Paon et de Serge dit le Ver de Terre!

 

Près de vingt ans après leur célèbre soirée dans les bars, Gérard dit le Taureau, Patrice dit le Lion, Jean-Jacques dit le Paon et Serge dit le Ver de Terre seront de retour cet été dans de nouvelles aventures! Réalisé par Robert Ménard et Michel Côté, « CRUISING BAR 2 » met une fois de plus en vedette Michel Côté dans le rôle des quatre célèbres personnages sur la « cruise ». Le long-métrage scénarisé par Michel Côté, Robert Ménard et Claire Wojas prendra l’affiche aux quatre coins du Québec le 27 juin prochain.

 

Les voilà de retour, les héros de Cruising Bar! Près de vingt ans plus tard, à peine différents, mais confrontés à de nouvelles réalités. Nous allons leur faire vivre d’autres aventures toutes aussi drôles, que décapantes, qu’attendrissantes. Pour le taureau, la réalité est brutale. Sa femme, tannée de ses tromperies, se décide après trente ans de mariage à le foutre à la porte. Sans le confort du foyer, le taureau n’est plus le même. Le séducteur enjoué connaît la terrible dysfonction érectile. Mais le taureau de nature positive, ne se laissera pas abattre. Il va lutter pour sa survie. Parallèlement, le lion connaît aussi une rupture abrupte. Sa blonde le quitte. Il se retrouve seul, contraint à réapprendre à séduire. Pas évident, la «cruise» de bar en bar quand on ne connaît plus les tendances, la mode du jour, les nouvelles danses et surtout quand au fond, ce que l’on souhaite, c’est un peu d’amour. Puis de son côté, le paon cherche sa véritable identité sexuelle. Avec l’aide d’une psychologue, il fouille sa psyché pour finir en soirée par flâner dans les bars à la recherche de quelqu’un qu’il aimerait plus qu’il ne s’aime lui-même. Quant au ver de terre, sa très longue attente de l’âme sœur sera récompensée. Enfin! Après beaucoup de solitude et de langueur, le ver trouve le bonheur.

 

« CRUISING BAR 2 » est produit par Robert Ménard et Claude Bonin pour Les Productions Vidéofilms Ltée.

 

Alliance Vivafilm distribue des longs métrages à des salles de cinéma, sur vidéo et DVD, ainsi qu'auprès des entreprises de télédiffusion : www.vivafilm.com

 

Commentaires de Michel Handfield (19 juin 2008 – mis en ligne le 27!)

 

        Près de vingt ans se sont écoulés depuis « Cruising bar » (1989) et on reprend où on était. Ils sont les mêmes, protégés des changements extérieurs dans leur monde. On a ce sentiment parfois qu’un individu, un couple, un quartier ou un milieu n’a pas changé comme les autres. Que c’est demeuré un havre de certitude alors que le reste s’est transformé. C’est le cas pour nos quatre personnages. Ils ont  été à l’abri des changements jusque là : Patrice dit le Lion, en couple depuis; Gérard dit le Taureau, toujours en banlieue avec sa  femme, son garage et ses amies;  Jean-Jacques dit le Paon, toujours dans son cocon (centré sur lui-même); Serge dit le Ver de Terre, déphasé et enterré au point de ne pas comprendre ce qui lui arrive! Il est comme un gros point d’interrogation au milieu de ce film! Pour moi, c’est le plus touchant.

 

        Mais, là ils feront face à certains changements. Gérard ne reconnaitra plus sa femme par exemple, car arrive le jour où elle en aura assez! Avec le choc de la cinquantaine, ils auront le choc du futur immédiat! Leur détresse sera l’occasion de scènes comiques et pathétiques, comme de « cruiser » avec 20 ans de décalage. Ça ne se passe plus de la même façon dans les bars! Même les bars ont changé, avec des bars à eau et à air, où vous allez boire de l’eau de glacier ou sniffer de l’air du mont Fuji par exemple!

 

Si on aime encore voir Jean-Jacques, le « successful » BCBG (1), en looser dans sa vie amoureuse, on s’attriste pour ce pauvre Serge qui rêve de réussir. Au moins, s’il avait enfin une chance et ne la ratait pas! C‘est peut être convenu, car chaque personnage est un « type » d’homme, mais on est tous un composé de ceux-ci. En fait, chacun d’eux représente une caractéristique psychologique que l’on trouve chez l’homme depuis l’âge des cavernes, mais à des degrés divers chez chacun d’eux. C’est ce qui fait notre spécificité malgré qu’on se ressemble. Sinon, comment pourrait-on expliquer qu’on soit à la fois si différent et si pareil, ce qui permet au marketing de nous vendre des produits de masse qui nous distinguent! 

 

On est aussi pris avec nos désirs inatteignables : nos rêves de la super « poupoune » (la fille retravaillé sur Photoshop!); de la grosse « job » avec la grosse maison; des relations parfaites, c’est-à-dire avec quelqu’un qui n’est là que pour nous comprendre et j’en passe des meilleures. La pop psycho a même trouvé le moyen de nous y faire croire, nous disant que pour réussir, il faut visualiser! Façon de vendre des livres qui justifient le rêve éveillé et conscient, cela tant aux hommes qu’aux femmes! Mais, ce qu’on cherche vraiment, c’est quelqu’un pour ne pas être seul. Partager, mais, partager quoi? Du sexe ou une vie? A chaque Gérard sa Gertrude, à moins d’être si parfait que personne ne peut nous satisfaire!  Alors, il faut apprendre à être autosuffisant ou accepter les autres tels qu’ils sont. C’est le défi de Jean-Jacques.

 

Quand je parle de déphasage, ce film nous en offre un excellent exemple avec Patrice et sa fille. Autrefois, la communication était de personne à personne. Là, Patrice ne répond plus à la bonne place, sa fille lui parlant, mais parlant aussi à une troisième personne au cellulaire. C’est comique, convenu diraient certains, mais très significatif de notre époque où le médium est le message. Avec Jean-Jacques on est cependant un cran plus loin : l’image, devient le message! Sauf qu’entre le message et la réalité, il y a un déphasage! Vaut mieux apprendre à s’accepter.

 

Quant aux femmes, elles ont pris davantage de place. Elles savent ce qu’elles veulent et entreprennent les choses, pour ne pas dire qu’elles entreprennent les hommes.  Elles ne sont pas qu’accessoires, même si le focus est sur les hommes ici et toute leur détresse psychologique, professionnelle, sociale et sexuelle. Ce n’est donc pas un hasard que le psy soit une psychologue en fait!

 

Bref, vous pouvez prendre ce film comme une comédie légère, avec plusieurs situations comiques qui sont autant de performances de Michel Côté, ce que certains pourraient qualifier de recette, ou encore le  prendre comme autant de caricatures de l’homme d’hier qui doit s’ajuster au monde d’aujourd’hui; caricatures qui sont beaucoup plus profondes qu’elles n’y paraissent au premier regard et qui font réfléchir sur cette espèce qui cherche de nouveaux repères dans le monde actuel. Contrairement à madame, qui lisait peut être sur les changements de société et de relations dans les magazines féminins, monsieur, qui n’a suivi que le sport  et rêvé de s’étendre sur la page centrale du playboy ou du Penthouse, est maintenant dépassé.  Il a du rattrapage à faire.       

 

Note :

 

1. Bon chic, bon genre!

 

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MONGOL

 

Sortie: Vendredi  20 juin (v.o. mandarin avec sous-titres anglais)

 

Academy Awards / Nomination / Meilleur film en langue étrangère

 

Réalisateur:  Sergei Bodrov 

Distribution:  Tadanobu Asano, Honglei Sun

 

L'incroyable destinée de Gengis Khan. De son vrai nom Temudgin, ce légendaire chef des forces armées mongoles fut l'un des plus grands conquérants de l'histoire de l'humanité. Entre la fin du XIIe et le début du XIIIe siècle, il réussit à unir les tribus mongoles et créa un empire colossal comparable en taille à celui d'Alexandre le Grand. 

 

Commentaires de Michel Handfield (24 juin 2008)

 

On part de l’enfance de Temudgin  pour en arriver, après maintes péripéties où il aurait pu être tué plus d’une fois, à l’homme qu’il est devenu :  Gengis Khan le conquérant. Il fera un royaume qui couvrira « une majeure partie de l'Asie, incluant la Chine, la Russie, la Perse, le Moyen-Orient et l'Europe de l'Est » (Wikipédia), mais le film ne se rend pas jusque là, car c’est le premier d’une trilogie.

 

On le dépeint ici comme plus juste que rusé avec les hommes. Mais, les histoires nationales des peuples qu’il a conquis n’ont pas nécessairement retenue cette version. Dans Encarta on parle de « sa réputation d’extrême férocité » et sur Wikipédia on souligne que « dans beaucoup de régions de l'Asie et du Moyen-Orient, lui et ses successeurs ayant été responsables de nombreuses guerres et conquêtes entraînant la mort de dizaines de millions de personnes, il représente un conquérant impitoyable et sanguinaire. » 

 

Quoi qu’il en soit, c’est un film grandiose. Qu’on réinterprète l’histoire n’est pas surprenant, car dans ce monde qui cherche à remplacer l’ancienne bipolarité USA/URSS par une multipolarité États-Unis, Chine, Europe, Russie et, probablement, l’Inde, il faut recréer des mythes fondateurs. En ce sens, l’empire de Gengis Khan en est, puisque de lui sont nés d’autres puissances par la suite, dont la Chine et la Russie, deux des défenseurs de cette multipolarité, mais avec l’espoir d’être l’un des deux, pour la Chine du moins,  en cas d’une nouvelle bipolarité. (1)

 

Il n’est pas surprenant non plus qu’un russe, Sergei Bodrov,  ai fait ce film, car la Mongolie moderne fut unie à l’URSS, ce qui a créé des liens. Et,  parlant de lien intereuropéen dans la géopolitique d’aujourd’hui, ce film est une coproduction Allemagne/Kazakhstan/Russie. Cependant, la Chine n’est pas en reste, car elle « considère Gengis Khan comme un héros national chinois. Pour justifier ce point de vue, on affirme le plus souvent qu'il y a plus de Mongols habitant la Chine que partout ailleurs, y compris en Mongolie. On affirme aussi que son petit-fils, Kubilai Khan, fonda la dynastie Yuan qui réunifia la Chine. » (Wikipédia) De quoi penser à Hero (2002).

 

Si les grandes fresques et les mythes fondateurs vous intéressent, ce film est pour vous.

 

Références :

 

Gengis Khan sur Wikipédia : http://fr.wikipedia.org/wiki/Gengis_Khan 

Gengis Khan dans Microsoft Encarta 2006

 

Note :

 

1. En cas d’une nouvelle bipolarité, la Chine sera certainement un des deux joueurs en place. Pour la Russie, elle s’allierait probablement à l’Europe pour être partie prenante de l’autre partie, car ainsi l’Europe pourrait devancer les États-Unis face à la Chine.

 

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Helvetica

 

Royaume-Uni. 2007. Réal. : Gary Hustwit. Projection numérique. 80 min.

 

Qui aurait cru qu’une police de caractères ferait l’objet d’un documentaire primé ? Du nom de la célèbre police créée par Max Miedinger en 1957, Helvetica est un documentaire de Gary Hustwit sur la typographie, le graphisme et plus généralement l’inscription des polices dans notre univers urbain quotidien. Pour ce film, le réalisateur a rencontré les graphistes et designers parmi les plus innovants de la scène internationale (Wim Crouwel, Erik Spiekermann, Jonathan Hoefler, Neville Brody, Stefan Sagmeister, Massimo Vignelli, Matthew Carter, etc.). Et il les a questionné sur leur utilisation de la typographie, leur travail et leur processus de création.

 

Commentaires de Michel Handfield (20 juin 2008)

 

En 1957 est né Helvetica. (1) Caractère d’imprimerie moderne, clair, lisible et  neutre, on dit qu’ Helvetica laisse place au message.

 

Ce film, qui concerne la police de caractère Helvetica, ne s’arrête pas qu’à son alphabet cependant! Il regarde le monde plus large de la création et de l’utilisation des caractères d’imprimerie. Jugé   extraordinaire par plusieurs, on voit Helvetica partout : autant dans les logos des grandes multinationales que les tracts des groupuscules qui les dénoncent par exemple. Helvetica unit tout et son contraire!  Il s’en trouve donc pour  décrier cette police qui est devenue trop commune. Un documentaire intéressant qui nous fait pénétrer un domaine insoupçonné  de l’art: celui de l’art utilitaire, car créer des polices de caractère c’est aussi de l’art! Ce sont d’ailleurs des artistes qui créent ces caractères. Il est là l’intérêt de ce film, car il nous fait réaliser qu’un utilitaire de tous les jours, comme un caractère d’imprimerie ou une police d’ordinateur, est aussi une œuvre artistique. Qui y pense quand il envoie un courriel ou un SMS ou quand il lit un nom de rue, une annonce sur un bus, un logo d’entreprise,  un journal, un tract ou une pochette de CD?  Si  « le médium, c'est le message » (2), la police est le corps du médium!

 

Mais, même si Helvetica est la plus utilisée des polices, il y a d’autres caractères d’intérêts. A vous de bien choisir votre caractère, car il reflétera un trait de votre personnalité!

 

Notes :

 

1. http://fr.wikipedia.org/wiki/Helvetica

 

2. McLuhan, prophète des temps modernes, les archives de Radio-Canada : http://archives.radio-canada.ca/arts_culture/medias/dossiers/323-1675/

 

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QUATRE MINUTES

(Vier Minuten)

www.vierminuten.de

 

UN FILM DE CHRIS KRAUS À L’AFFICHE DÈS LE 13 JUIN 2008

 

Montréal, le lundi 2 juin 2008 – Dans la lignée du succès de nombreux films allemand tels La vie des autres et Les Faussaires, Métropole Films est heureuse de présenter Quatre minutes, deuxième long métrage de Chris Kraus. Quatre minutes a été nommé dans de nombreux festivals où il a remporté plusieurs récompenses bien méritées : Meilleur film au Festival international de Shangaï, Prix du public au Festival de San Francisco, Meilleur film et Meilleure actrice pour Monica Bleibtreu et Hanna Herzsprung au German Film Awards. Quatre minutes prendra l’affiche le 13 juin 2008 au Cinéma Ex-Centris en version originale sous-titrée en français et à l’AMC avec sous-titres anglais.

 

Quatre minutes, c’est la confrontation violente, tant physique que morale de deux femmes également abimées par la vie.

 

Depuis soixante ans, Traude Krüger enseigne le piano à des détenues. Quand elle rencontre Jenny, jeune femme incarcérée pour meurtre, elle comprend immédiatement qu'elle a affaire à une musicienne prodige. Passionnée par le talent de la jeune fille, Traude veut la préparer pour le Concours d'entrée du Conservatoire. Mais la jeune femme, violente et suicidaire, est réfractaire à la moindre discipline. Obstinée, la vieille Traude Krüger ne se désarme pourtant pas.

 

Quatre minutes  est distribué au Québec par Métropole Films Distribution et dans le reste du Canada par Mongrel Media.

 

Commentaires de Michel Handfield (15 juin 2008)

 

Le piano comme moyen de réhabilitation dans une prison pour femmes en Allemagne. Pas nécessairement des femmes faciles. Certaines sont violentes, dont Jenny, reconnue coupable de meurtre. 

 

Quand Jenny arrive face à Traude Krüger, c’est la confrontation. Traude, c’est la droiture, l’ordre, la discipline et le soin de sa personne. Jenny, c’est l’émotion à fleur de peau, la rébellion, la désorganisation, voire le chaos. Mais, Traude découvrira alors un talent insoupçonné dans ce bout de dynamite, car elle massacre un gardien quand on lui interdit de toucher le piano. Et elle joue, mais joue du piano! 

 

Traude ira donc la voir au trou et lui dira « Je ne t’offre pas mon aide, je l’offre au talent que tu possèdes! » Commencera une relation particulière entre ces deux femmes que tout oppose, même la conception du piano. On découvrira peu à peu qui elles sont et d’où elles viennent dans une relation amour/haine qui sera de plus en plus teintée d’un certain respect. Ainsi, Traude a des souvenirs de la 2e guerre et du nazisme. Sa rationalité extrême, une façon de cacher ses émotions? Des relents de nazisme? Une culture imposée et intégrée? (1) D’ailleurs, elle n’aime pas que Jenny joue de la « negro music »  (jazz), car  c’est « de la musique dégénérée ». Quant à Jenny, d’où tient-elle cette maîtrise du piano? Quel est son rapport à l’instrument? Y a-t-il un rapport entre le piano et son rejet de l’autorité? Avec ce qu’elle est devenue? Ce n’est pas un film facile, mais c’est un film intelligent.

 

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Question du sociologue suite à ce film. Est-ce que les fiches signalétiques montées par les nazis durant la guerre 39-45 existent toujours en Allemagne? Question importante s’il en est une, car on peut avoir accès au passé des gens, mais surtout aux soupçons, qu’ils se soient avérés ou non, ce qui peut permettre de les faire chanter.  De mémoire, cette situation hante plusieurs films allemands et d’Europe de l’Est que j’ai vus. (2)  Après une recherche Google, j’ai trouvé une réponse : certaines de ces fiches existent toujours et sont conservées pour les chercheurs. Ainsi :

 

«      Cinquante millions de fiches cartonnées concernent 17,5 millions de personnes. 25 kilomètres de documents se trouvent là, dans d’anciens bâtiments militaires épargnés par les bombardements de la Seconde Guerre mondiale. Les documents à l’encre passée proviennent de 50 camps de concentration et camps de la mort, des archives de la Gestapo et des SS, des centres d’expérimentations médicales ou des usines employant des travailleurs forcés, disséminés aux quatre coins du Reich. »  (NATHALIE VERSIEUX, Des millions de fiches cartonnées sur les traces de vies arrachées, Libération, 29 avril 2008 : www.liberation.fr/actualite/monde/323747.FR.php)

 

        La même chose est aussi vraie d’autres dictatures. Ainsi, les archives de la dictature guatémalienne sont toujours existantes. Des chercheurs ont même travaillé à les réparer, classifier et analyser, car elles nous renseignent sur ces temps troubles comme l’a montré un article de la revue Harper’s il y a quelques mois. (3)  Mais, ce qui existe peut aussi être utilisé à mauvais escient par certains esprits retors s’ils y ont accès. Le risque est donc toujours là, minime peut-être, mais là. De quoi écrire bien d’autres romans et scénarios de films dans l’avenir. Une façon de rompre avec ce passé trouble ou de creuser  ses conséquences possibles, comme si le nazisme avait laissé un héritage.  (4)  

 

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L’apothéose finale, là où Jenny donne toute sa mesure, jouant de façon classique et improvisée, déstructurant et restructurant les notes,  mélangeant le  classique au  piano arrangé (dans le style de John Cage, où elle frappe les cordes de ses mains), au Jazz et à l’afro musique, à quoi s’ajoute une rythmique des mains et des pieds (où j’ai pensé à Joe de Jean-Pierre Perreault et au Gumboot), est extraordinaire. Elle dit tout du génie de cette fille et de son état, entre organisation et désorganisation. Une créativité qui canalise son trop-plein, mais qui explique aussi comment elle peut être lorsqu’elle ne peut s’exprimer musicalement : elle frappe tout, même les gens, à défaut de frapper les noires et les blanches. Extraordinaire! 

 

Cependant, la réalité de cette pièce est la suivante, car cette improvisation n’est pas improvisée nous apprennent les notes de presse :

 

« Chris Kraus a rencontré beaucoup de difficultés pour trouver la musique adéquate du concert final : " (...) Dans le scénario, il était écrit : " Une musique fantastique s'élève, qui relègue Schumann au rang de nullité. " Essayez de trouver, en Allemagne, un compositeur prêt à massacrer Schumann ! Nous avons demandé à tous les compositeurs de musique de film allemands sans exception. Et les mois défilaient. Trois semaines avant le début du tournage, alors que nous étions tous au bord de la crise de nerfs, la radio bavaroise nous a donné le nom d'Annette Focks. Laquelle s'est enfermée deux jours dans le studio et nous a concocté le morceau. Nous l'avons repris tel quel. (...) » (Doc de presse p. 4)

 

Quelle musique, à la fois fantastique et contestataire, car elle est l’incarnation du talent et de la rébellion de Jenny, ce qui en fait tout le génie. La profondeur du film est dans le processus qui amène à cette expression finale. Après, tout est possible : le repli, car elle à tout dit, ou l’éclosion, car Jenny se sera enfin libéré de ses fantômes du passé. Mais, en se libérant, aura-t-elle libéré Traude? Un sourire me laisse croire que oui, mais c’est mon interprétation.

 

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La bande sonore est disponible en Europe : Vier Minuten, Bande originale, SONY BMG, B000KWZ9K4. (5) Elle peut donc être commandée par internet.

 

Notes :

 

1. Un peu comme ici certains de nos préjugés face aux autochtones venaient d’une certaine transmission de l’histoire à l’école, dans les institutions et dans les médias. Une histoire comportant son lot de préjugés. Mais, une fois acquis, il est difficile de les effacer de notre inconscient (personnel et collectif) sans un effort de notre part, même si cette conception historique a changé depuis.  

 

2. Je pense notamment à « LA VIE DES AUTRES » du réalisateur et scénariste allemand Florian Henckel von Donnersmarck :  www.sonyclassics.com/thelivesofothers/.

 

3. Kate Doyle, The atrocity files. Deciphering the archives of Guatemala’s dirty war, Harper’s magazine, December 2007, pp. 52- 64. www.harpers.org/

 

4. De « La Question Humaine » de Nicolas Klotz j’écrivais, le 29 octobre 2007, dans Societas Criticus Vol. 9 no. 7 :

 

« Pourtant, rien n’échappe à l’organisation. Elle vérifie ses employés : leurs habitudes de vie et leurs changements de caractère, car l’information est la pierre angulaire du contrôle. Dans ce monde il y a les pions et les s-pions, pour faire un parallèle avec les SS, car ce film fait un parallèle entre ce qui se passe dans l’organisation et les méthodes de contrôle développées par le régime nazi il y a quelques décennies. »

 

5. www.sonybmg.de/artists2.php?iA=7&artist=42436&product=88697055122

 

Hyperliens:

 

DANSER PERREAULT :

www.artfifa.com/index.php?option=com_film&task=view&id=18&year=23&Itemid=386

 

Jean-Pierre Perreault sur Wikipédia :

http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Pierre_Perreault

 

Tap Dogs Moscow 2007: www.youtube.com/watch?v=Z9bNhSu5ojY

 

Gumboot Dance: www.youtube.com/watch?v=Gg3NlQPWbu4

 

Une famille d'acteurs,  coopération de Luc Chaput :

 

L’actrice qui joue Jenny, Hannah Herzsprung : www.imdb.com/name/nm0381342/

 

En allemand sur wikipédia, car il n’y a rien en français: http://de.wikipedia.org/wiki/Hannah_Herzsprung

 

L’actrice qui joue la professeure, Monica Bleibtreu :

www.cinefil.com/star/monica-bleibtreu/biographie

 

Pour ceux qui en veulent davantage, sa grand-mère, Hedwig Bleibtreu,  était aussi actrice (www.cyranos.ch/smblei-e.htm) et son fils, Moritz Bleibtreu, l’est aussi (www.imdb.com/name/nm0001953/). Ce dernier se retrouve cependant sur Wikipédia en français (http://fr.wikipedia.org/wiki/Moritz_Bleibtreu),  car il a notamment étudié l'art dramatique à Paris, Rome et New York et joué dans des films États-Uniens et Français en plus d’Allemands.

 

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99F avec Jean Dujardin

www.99francs-lefilm.com/

Au cinéma le 6 juin

 

1 h 40 minutes

 

Montréal, le 20 mai 2008 — La publication du roman de Frédéric Beigbeder en 2000 a suscité immédiatement un véritable phénomène de société et il est devenu un succès de vente en librairie. Le producteur Alain Goldman (La Môme, Les rivières pourpres, 1492) y a vu « un sujet de film formidable » et a décidé de produire le film adapté du roman avec Jean Dujardin (OSS 117, Brice de Nice, Le convoyeur) dans le rôle principal et Jan Kounen (Doberman, Blueberry) comme réalisateur.

 

Octave est le maître du monde : Il est rédacteur publicitaire dans la plus grosse agence de pub du monde « La Ross » (Ross & Witchcraft). Il décide aujourd’hui ce que vous allez vouloir demain. Pour lui, « l’homme est un produit comme les autres». Il est couvert d’argent, de filles et de cocaïne. Pourtant il doute. Deux événements vont bouleverser le cours de sa vie. Son histoire d’amour avec Sophie, la plus belle employée de l’agence, et une réunion chez Madone pour vendre un film de pub à ce géant du produit laitier. Le doué Octave déjante alors et décide de se rebeller contre le système qui l’a créé, en sabotant sa plus grande campagne.

 

Jan Kounen a adapté le roman 99F avec la complicité de Frédéric Beigbeder. Le scénario et les dialogues ont été écrits par « Nicolas et Bruno ». À cause de son interprétation de Brice de Nice, Jean Dujardin était, pour le réalisateur, l’Octave idéal. « Jean était une évidence pour moi, car il déclenche l’empathie, le rire, et son univers est extrême » précise-t-il. À ses côtés, on retrouve des acteurs de talent dont Jocelyn Quivrin, Patrick Mille, Vahina Giocante, Elisa Tovati, Nicolas Marié, Antoine Basler et Fosco Perinti.

 

Commentaires de Michel Handfield (8 juin 2008)

 

99F, environs 15 Euro aujourd’hui selon un convertisseur de devises. Cependant, ça sonnerait moins bien! 99F, ça a un petit quelque chose de plus; d’accrocheur! Comme la pub, sujet de ce film.

 

Dès le début on nous annonce : « La pub est payante. Dans ce film, elle est offerte! » Trouvez l’attrape? C’est qu’on la dénonce, mais en même temps elle nous marque. Depuis que j’ai vu les petits yaourts Madone, je pense Danone! Nous découvrons rapidement que nous sommes tous dupes; dupe de ces putains de publicitaires qui nous font faire ce qu’ils veulent finalement! Ils nous font acheter et ils nous vendent. Au fabricant, on lui promet tant de millions d’imbéciles qui vont acheter son produit à la con; à nous on promet  l’air frais de l’Alaska avec ce nouvel anti sudorifique ou le calme de la plage et la silhouette du mannequin en mangeant ce Yaourt! Comme si c’était si simple, mais on veut y croire!

 

Pour eux, tout s’achète, tout se vend. L’Homme est un produit. On se paie une femme, la tête d’un mec ou une bagnole comme un trophée de chasse. La pub est une pute qui « bousille le monde »!

 

On suit Octave,  maître du monde, dans son vol plané. Temps d’un retour sur sa vie et d’une prise de conscience pour ce rédacteur publicitaire de la plus grosse agence de pub du monde : la Ross & Witchcraft. 

 

Il était rien, il devient tout. Le jeune, probablement isolé et sans amis, crée maintenant les tendances. Décalé, il était fait pour ce métier. Chiant, il devient un génie! Pour Descartes, c’était «Je pense, donc je suis. » Pour Octave, c’est « Je suis une grosse merde, [donc je suis] un héro moderne! » Il nous devance, crée la nouveauté (tendance) et la démode pour nous faire dépenser. Il nous impose son désir et pas subtilement. Entre 0 et 18 ans, nous sommes exposés à 350 000 pubs. On en trouve même sur les vêtements de bébés, car une griffe c’est une pub qu’on associe à un standing dans la tête des gens!

 

Un film intelligent, pas rose bonbon, qui nous entraîne dans la profondeur de la futilité! Et on paie pour cela à travers ce qu’on achète et ce qu’on n’achète pas, car la pub est déductible d’impôt pour les entreprises. Bref, on l’assume collectivement puisque ce que les entreprises ne paient pas en impôt, ce sont les contribuables qui le paient. Mais, la pub ce n’est pas de la R & D! Quand on apprend que le budget mondial de la pub est de 500 milliards/an, ce n’est pas des peanuts! Juste l’impôt économisé par les entreprises, grâce à ses 500 milliards de dépenses pour nous faire surconsommer, pourrait être investit ailleurs, que ce soit dans la santé, l’éducation et, surtout, l’alimentation mondiale.  D’un côté de ce monde on fait de la pub à coup de milliards pour nous faire manger et maigrir et de l’autre on ne mange pas à sa faim si on mange! A la fin du film on écrit d’ailleurs qu’avec 10% de cette somme on règlerait le problème de la faim dans le monde! (1)

 

Un film qui nous fait réfléchir et sentir moins con. C’est une occasion, car si vous restez devant votre télé c’est le contraire qui se produit. En effet,  Patrick Le Lay, PDG de TF1, a déjà dit que la  télé vend « du temps de cerveau humain disponible ». Les émissions de télé divertissent et détendent le téléspectateur «  pour le préparer entre deux messages »  à les imbiber comme une éponge!  (2) Voilà à quoi sert votre télé : diffuser ces messages que des gens comme Octave font pour vous vendre n’importe quoi! Pourvu que ça les paie. 

 

Un publicitaire peut toujours se révolter, mais le système capitaliste est très fort. C’est le plus grand récupérateur, d’où son succès à travers les âges et les modes, même les plus contestataires. Il sait transformer la contestation en chic et en fric!  Un coup de pub deviendra  une pub géniale pour certains et le publicisé atteindra ainsi un autre public. Un nouveau bassin de consommateurs.  En plein dans les gencives, mais récupéré! 

 

Je vous conseille de rester jusqu’après le générique, car vous verrez la première pub qui a existé, soit une pub de Sunlight du tournant du siècle dernier (1896). Finalement, dans le générique, j’ai remarqué « Air on G string » de JS Bach. Cout’donc, c’étais-tu de la musique pour une pub de string ça? (3) 

 

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        On peut aussi voir ce film tout autrement si on s’attarde aux personnages. Leur psyché! Des êtres désabusés de la vie, car ils sont au cœur du système de consommation : ce sont eux qui font consommer. Alors, pour demeurer « high »  (créatif) et oublier, ils consomment et essaient ce qui est underground : la drogue par exemple. Mais, si cela aide leur créativité, ils perdent aussi peu à peu le contrôle sur leur vie, leurs repères. Déphasé entre le système qu’ils font tourner et le système parallèle dans lequel ils se réfugient, ils sentent un écart de plus en plus grand se creuser comme un gouffre sous leurs pieds. Un gouffre dans lequel ils tomberont nécessairement, volontairement ou non. Alors, plongeront-ils dans le vide ou essaieront-ils de changer les choses en posant un geste d’éclat?

 

Ce film nous offre ces deux choix, car il y a deux fins. Contrairement aux DVD sur lesquels nous choisissons la fin qu’on veut, nous avons droit aux deux en salle, car elles servent le propos du film, du moins pour l’analyste. Pour le critique plus traditionnel, je ne sais pas. Aurait-il préféré que le réalisateur choisisse une seule fin? Probablement que ce sera partagé comme opinion.   

 

A part le fric, ce n’est peut être pas davantage une vie d’être dans la pub que d’être derrière une friteuse à préparer des frites graisseuses tous les jours!  On s’écœure, puis on veut oublier, tout quitter. Qui sait où cela peut conduire: A déconner? Au suicide ou à une île déserte? À se reprendre en mains et à être qualifié de génie encore une fois?  A faire complètement autre chose? Mais, est-ce si différent que dans d’autres milieux où on presse l’employé comme un citron? Car l’Homme n’est qu’un produit comme un autre! Un produit que l’on paie pour faire d’autres produits que l’on vend, que ce soit des concepts publicitaires ou des frites! Il faut faire tourner la machine, même au dépends de l’Homme qu’elle devait servir. C’est signe que le système à pris le dessus sur nous.  

 

Notes :

 

1. Ou du moins une large partie, car je cite ici de mémoire n’ayant pu noter la phrase.

 

2. « Le Lay (TF1) vend « du temps de cerveau humain disponible » », Action-CRItique-MEDias [Acrimed],  publié le dimanche 11 juillet 2004 : www.acrimed.org/article1688.html

 

3. Si vous n’avez pas compris que c’était une farce, c’en était une. Voici un vidéo de cette pièce de Bach par une violoniste, Sarah Chang : www.youtube.com/watch?v=qOVwokQnV4M

Et à l’harmonica, ce qui est fort intéressant et surprenant : www.youtube.com/watch?v=LyGDO2rFMb8

 

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SEX AND THE CITY

À l’affiche dès le 30 mai prochain

 

Résumé officiel 

 

 « SEX AND THE CITY » relate les aventures et la vie à Manhattan de quatre désormais célèbres amies quatre ans après la fin de la populaire série télé. Alors que les fans de la série découvriront enfin la suite des aventures de Carrie, Samantha, Charlotte et Miranda, les amateurs de comédies et d’histoires d’amour prendront plaisir à découvrir l’univers coloré de ce long métrage qui se promet de plaire également aux hommes ! Le film réalisé par Michael Patrick King met en vedette Sarah Jessica Parker, Kim Cattrall, Cynthia Nixon, Kristin Davis, Chris Noth et la gagnante d’un Oscar® Jennifer Hudson.

 

Le long métrage « SEX AND THE CITY » (SEXE À NEW YORK en version française) prendra l’affiche aux quatre coins du Québec le 30 mai prochain.

 

Alliance Vivafilm est la filiale québécoise de Alliance Films, un des plus grands distributeurs de longs métrages au Canada qui opère également dans le marché de la distribution de films au Royaume-Uni et en Espagne.  Alliance Vivafilm distribue des longs métrages à des salles de cinéma, sur vidéo et DVD, ainsi qu'auprès des entreprises de télédiffusion. 

 

www.vivafilm.com

 

Commentaires de Michel Handfield (30 mai 2008)

 

        « Trouver l’appartement idéal à New-York, c’est comme trouver l’amour idéal », l’amitié idéale, le conjoint idéal, ou le chien qui sied à votre personnalité pouvons nous ajouter! Ces 4 filles ont l’amitié et quand ça ne va pas, leur carte de crédit leur permet le shopping idéal! Remarquez que ma blonde dit qu’aller chez le coiffeur, ça remonte le moral. Moi, je me passe le clipper et c’est ce que j’économise qui me remonte le moral! Si j’ai souri à l’occasion et réfléchis à d’autres, je n’étais pas le public idéal au regard des réactions bruyantes d’une partie de la salle lors de ce visionnement de presse fort populaire.

 

J’y ai par contre trouvé une certaine illustration de la différence homme/femme : elles, émotionnelles; eux, rationnels! Mais, cliché aussi, car devant les « chars », le football (le hockey ici ou le soccer ailleurs), ou une poitrine de femme (1), je ne suis pas sûr que l’homme rationnel tient toujours la route.  Comme la femme rationnelle devant la possibilité du mariage avec un homme compréhensif, tendre et riche! Bref, ce film c’est le conte de fées pour femmes au tournant de la quarantaine. Beaucoup des personnes présentes ont apprécié. Surtout des femmes? Je croirais.

 

Si vous n’êtes pas le public idéal et que vous y accompagniez « quelqu’une », vous ne devriez pas vous y ennuyer même si vous n’êtes pas  le public cible de cette série forte populaire à ce qu’on dit. Remarquez, j’aime bien « Beautés désepérées » (2), alors tout est permis, même pour les hommes! On peut y trouver à rire de certains travers des femmes en toute liberté, mais aussi de certains coups qui nous sont portés, car dans une salle noire on ne nous voit pas! Ça a un petit côté rassurant pour le défoulement des messieurs pendant que les dames s’éclatent franchement à ce que j’ai entendu!  

 

Pour en savoir plus :

 

www.sexandthecity-lefilm.com/

Sur wiki : http://fr.wikipedia.org/wiki/Sex_and_the_City

Sur HBO : www.hbo.com/city/

Sur wat.tv : http://www.wat.tv/video/carrie-filles-sex-and-the-lxim_jczk_.html

 

Notes :

 

1. Ce qui a fait tomber certains politiciens dernièrement encore tant aux États-Unis, au Canada qu’ailleurs dans le monde, mais je n’en dis pas davantage, les journaux commerciaux le faisant très bien.

 

2.  Beautés désepérées : 

http://www.radio-canada.ca/television/beautesdesesperees/

Desperate Housewives:

http://abc.go.com/primetime/desperate/index?pn=index

 

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