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Societas
Criticus et DI, Revues Internet en ligne
Societas Criticus
Revue de critique sociale et politique
On n'est pas vache…on est critique!
&
D.I. revue d’actualité et de culture
Où
la culture nous émeut!
Vol. 10 no. 4
(Du 27 mai 2008 au 4 août 2008)
Cette revue
est éditée à compte d'auteurs.
Pour nous rejoindre:
C.P. 182,
Succ. St-Michel
Montréal (Québec) Canada H2A 3L9
Le Noyau!
Michel Handfield, M.Sc. sociologie (U
de M), cofondateur et éditeur;
Gaétan
Chênevert, M.Sc. (U de Sherbrooke), cofondateur et interrogatif de
service;
Luc Chaput, diplômé de l'Institut d'Études
Politiques de Paris, recherche et support
documentaire.
Soumission de texte:
Les envoyer à societascriticus@yahoo.ca. Si votre
texte est en fichier attaché, si possible le sauvegarder en format
"rtf" (rich text format) sans notes automatiques.
Index de ce numéro :
La section Societas Criticus, revue de critique sociale et politique
Bon 6e anniversaire à la nouvelle ville
de Québec!
EXPELLED: NO INTELLIGENCE ALLOWED
Question de sémantique
politique!
Le Québec exclu des tablettes
(Source : alternatives, le journal, Vol 14, no 10, juillet/août 2008)
La
section D.I., Delinkan Intellectuel,
revue d’actualité et de culture
Commentaires livresques : Sous la jaquette!
La face cachée de Robert Lepage : La face cachée de la lune et Le
projet Andersen
Perla Serfaty-Garzon, 2008, Marre d'être la fée du
logis ? Paradoxes de la femme d'aujourd'hui
Possibles,
Volume 31 no 3 et 4 Été/automne 2008, Le
documentaire art engagé
LES CONTES DE BEATRIX POTTER, UN BALLET POUR TOUTE LA FAMILLE AU
CINÉMA EX-CENTRIS!
Cinéma et Théâtre (Ciné, Théâtre et quelques annonces d’événements)
EXPELLED: NO INTELLIGENCE ALLOWED
(Essai)
###
Bon 6e anniversaire à
la nouvelle ville de Québec!
Suite
à la lecture de « Quel est l’âge du
Canada? », de Jean-François Cliche, paru dans Le Soleil du dimanche 06 juillet 2008 sur cyberpresse.ca, voici le
mot que cela a inspiré au montréalais que je suis. À prendre avec humour bien entendu!
***
Désolé
pour vous, mais l’histoire de Québec s’est arrêté le 31 décembre 2001. Le
premier janvier 2002 commençait l’histoire de la méga ville de Québec, cadeau
d’un gouvernement péquiste qui vous a dit, comme il nous a dit à nous
montréalais, que les villes n’avaient pas d’histoire et étaient une création de
la province! Une unité administrative. Alors la nouvelle ville de Québec n’a
que 6 ans! Il est donc normal que tout le monde veuille son morceau de votre
400e, puisqu’il fait davantage partie de la mythologie que de la
réalité. Mais, le plus paradoxal est de voir le PQ s’en prendre à la relecture
de l’histoire que fait le Fédéral alors que ce parti, lorsqu’il était au
pouvoir, voulait effacer l’histoire! Bon 400e quand même au vieux
Québec, car vos bâtiments et votre présence font un pied de nez à ces hélices
qui tournent en rond, mais que l’on appelle encore des élites politiques dans certains milieux.
Michel Handfield
Délinkan intellectuel
Éditeur de Societas Criticus, revue de critique
sociale et politique
###
Index
Essais
EXPELLED: NO INTELLIGENCE
ALLOWED
www.getexpelled.com (USA)
www.expelledthemovie.com (Canada)
Sortie : 27 juin 2008
Le documentaire controversé
mettant en vedette Ben Stein
Commentaires de Michel Handfield (29 juin 2008)
« EXPELLED: NO INTELLIGENCE ALLOWED. » On pourrait traduire ce titre par « Écarté : intelligence non permise! »
Mais, c’est un titre trompeur, car l’intelligence dont on parle ici est la
théorie du dessein intelligent (intelligent
design). Une théorie qui remet en cause
Darwin et la théorie de l’évolution, mais très questionnable sur des
bases scientifiques.
Malgré
toutes mes réserves face à cette théorie du dessein intelligent, je conseille
néanmoins ce film, car pour comprendre les dangers de cette mécanique qui
consiste à élever une pseudoscience au rang de science il faut voir comment
fonctionne le phénomène. On le voit dans ce film. Puis, mieux est faite cette
pseudoscience, plus on peut se laisser prendre. Quoi de plus séduisant que de
dire que ce qu’on ne peut expliquer pourrait l’être par un dessein intelligent
mis au cœur des choses par une force supérieure. Une explication qui comble les
vides! Sauf que la science n’a pas pour but de combler les vides, mais de
chercher des réponses qui ne semblent pas fausse. Elle ne pourra jamais
accepter le dessein intelligent, car il ne relève pas de la démarche
scientifique. Ce qui fait la validité de la science ce n’est pas la réponse,
mais la démarche pour y arriver. Dans le dessein intelligent, la réponse est
intuitive ou dogmatique. Elle n’est
pas scientifique pour des raisons
épistémologiques et méthodologiques. Point à la ligne.
Ceci étant dit, il y a objet à analyse dans ce film et je
vous invite à lire la suite de ce texte, que vous décidiez d’aller le voir où
non, car il nous permet d’examiner la différence entre science, foi et
philosophie, ces genres se mélangeant trop souvent dans la culture populaire et
ouvrant toute grande la porte à des virus idéologiques un peu comme le font les
ordinateurs mal protégé pour les virus informatiques!
Un
acte de foi!
Un
acte de foi n’est pas prouvable, mais la foi veut parfois une reconnaissance scientifique,
ce qui pose problème. C’est le cas du dessein intelligent (1), car c’est un
acte de foi enrobé dans la science. Ce sont deux voies distinctes qui peuvent
parfois se croiser, mais qui sont
rarement parallèles et encore moins côte à côte, car la foi se solidifie
rapidement en un dogme alors que la science est appelée à changer, se
questionnant toujours sur la validité des choses. C’est ainsi que la terre fut plate beaucoup
plus longtemps dans le monde religieux que dans le monde scientifique ou que
l’homme fut créé plutôt que le résultat
d’une évolution. On tente même de revenir à la création sous couvert de
science. C’est le dessein intelligent, qui dit que « certaines caractéristiques de l’univers et des choses de la vie sont
mieux expliquées par une cause intelligente, non un processus non directif
comme la sélection naturelle. » (2) On ne peut s’en remettre au hasard
pour contrer Dieu, même si on ne parle pas de Dieu. Mais, qu’est-ce qu’une
« cause intelligente »
sinon Dieu? L’ADN? Les extra-terrestres? Bref, on nous ramène Dieu par la porte
d’en arrière, sans le nommer, sous couvert scientifique.
Le
dessein intelligent est donc de la pseudoscience même si des scientifiques en
parlent, car un scientifique peut aussi nous tromper, notamment s’il parle d’un
domaine qui n’est pas le sien en se couvrant d’une chape du savoir universel ou
en se servant de son statut de
scientifique pour vendre ce qui n’est qu’une croyance. C’est un
processus connu, parfois involontaire. Certains idéologues peuvent par contre
profiter de leur bonne fois et l’exploiter à leurs fins, c’est-à-dire les
utiliser comme caution à l’idéologie qu’ils défendent.
Il faut faire attention de ne pas tomber dans
le piège que ce film nous tend et croire que le dessein intelligent doit être
mis sur le même pied que la théorie de l’évolution et, surtout, enseigné au même titre qu’elle dans les
écoles même si c’est l’objectif recherché depuis des années par les tenants de
cette théorie. Une simple recherche Google avec les mots « intelligent design in school » suffit
pour le constater. De plus, le site web
du film est assez clair là-dessus : il est écrit dans la section « resources for leaders » que « ce
matériel va vous donner une formation rapide sur la science des origines de la
vie et vous rendre capable de créer un événement, un enseignement, un sermon,
une discussion ou un débat pour engager et éduquer les autres. »
(3) On cherche à convaincre et le film
fait partie des outils pour le faire!
Puis,
si on essuie une fin de non recevoir, ce que les milieux scientifique ont fait
subir aux tenants de cette théorie plus d’une fois, on se dit alors persécuté, car on est
rebelle! Pourtant ce sont les milieux conservateurs et religieux (4) qui sont
derrière le dessein intelligent. On n’a
plus les rebelles qu’on avait!
La science n’a que faire des croyances!
Imaginer
qu’il y aurait eu plus d’une variété d’humains depuis les débuts de l’humanité,
voire même deux concurrentes à une certaine époque, va contre l’idée que Dieu
nous a fait à son image, sinon, quel Homme aurait été à son image? Nous ou les
anciens, maintenant disparus? Pourtant, voici ce qu’il en est :
« D’abord, s’il y eut plusieurs groupes
de primates qui s’humanisaient, il ne reste plus aujourd’hui que les descendants
d’un seul de ces groupes, celui des sapiens
sapiens. Parmi les autres, l’un notamment se multiplia assez pour qu’on
en retrouve des ossements jusqu’en Europe : il s’agit du sapiens neandertalensis.
L’homme de Neandertal était
d’apparence plus simiesque. Il était, par exemple, affublé d’un bourrelet
osseux au-dessus des yeux qui le faisait ressembler aux gorilles actuels.
Cependant, il avait un cerveau plus gros que le nôtre. Il connaissait l’art et
la religion. Il enterrait ses morts selon des rites compliqués.
Notons au passage que les
objets d’art et les tombes sont des preuves indiscutables d’humanité. Mais les
tombes les plus anciennes que nous ayons découvertes n’ont pas plus de quarante
ou cinquante mille ans; quant aux peintures rupestres, elles sont plus récentes
encore. Cela n’a rien d’étonnant: statistiquement, les commencements échappent
toujours à l’archéologue, qui a davantage de chances de retrouver les objets
déjà nombreux.
Or l’homme de Neandertal a
complètement disparu il y a vingt mille ans, sans que nous puissions comprendre
pourquoi. Nous savons que le sapiens sapiens et le sapiens neandertalensis ont
coexisté sur les mêmes territoires pendant quelques milliers d’années. Se
sont-ils fait la guerre? Étaient-ils interféconds? On n’en sait rien. Plus
probablement nos ancêtres mieux adaptés ont pris tout le gibier pour eux,
condamnant les autres à la famine. Quoi qu’il en soit, tous les hommes vivant
actuellement sur la Terre, si variées soient leurs apparences physiques,
descendent de quelques milliers de sapiens sapiens africains. La génétique le
prouve.
Nous savons aussi que ces
sapiens ont peuplé progressivement la Terre entière. (…) » (5)
La science et la religion ne sont donc pas au même diapason,
la religion ayant reçu une vérité divine qu’on ne peut changer, un dogme, alors
que la science est constamment en recherche de la vérité. Mais, attention, ça ne veut pas dire que la vérité change tous les
jours, tous les mois ou tous les ans. Même pas toutes les décennies. Certaines
théories peuvent être valables plus d’une centaine d’années. C’est d’ailleurs le cas de la théorie de
Darwin (6), la sélection naturelle (7), qui date de 1859!
On
n’est pas dans les croyances ici : avant de changer de paradigme, il faut
des preuves solides, non seulement des intuitions. D’ailleurs, même si je ne
suis pas diplômé en sciences pures, mais en sciences sociales, le premier
principe que j’ai appris en méthodologie est qu’une chose n’est pas vraie, mais
plutôt qu’elle n’est pas fausse, car elle peut être remise en cause dans le
temps. Sauf que, pour changer un paradigme qui explique des choses, il faut un
paradigme beaucoup plus fort, qui explique non seulement ce que le paradigme
précédent expliquait, mais aussi ce qu’il n’expliquait pas. Ce n’est pas un
processus linéaire, mais révolutionnaire (8) comme je l’ai ensuite appris en
épistémologie. Alors, d’arriver avec une réponse mi-magique, mi-scientifique
pour expliquer l’inexplicable ne passe pas et ne passera jamais! C’est pourtant
ce qu’est le dessein intelligent : ce qu’on ne peut expliquer vient d’une
intelligence supérieure. Mais, elle
vient d’où cette intelligence supérieure? De Dieu ou d’extra-terrestres? À
moins que les gènes aient mémorisé des éléments dans leur évolution! On revient
alors à la théorie de l’évolution, mais à un niveau microbiologique. On ne
change donc pas de théorème, mais de niveau pour ne pas dire de taille, car si
les gènes ont enregistré ces éléments dans leur évolution, on reste toujours
dans la théorie de l’évolution n’en déplaise aux tenants du dessein
intelligent! (9) Preuve qu’ils ont tort.
Croire n’est pas une preuve!
Si
c’est si simple à régler, alors pourquoi cette controverse dure? Du côté
scientifique il y a longtemps que la cause est entendue et réglée. Mais, c’est
le jeu de cette secte de faire durer le débat en espérant passer pour une théorie scientifique
équivalente et concurrente à l’évolutionnisme darwinien. Plus la cause dure,
plus elle a le temps de gagner des alliés qui mêleront leurs croyances
personnelles et la science, même dans la communauté scientifique, une façon de
gagner en crédibilité par association. Sur cette base les disciples du dessein
intelligent se permettent même d’accuser la science de dogmatisme alors qu’eux
se basent sur un dogme! En effet, la science rejette le dessein intelligent
parce qu’elle cherche une cause surnaturelle, un dessein intelligent mis au
cœur des gènes pour remplacer la théorie de la sélection naturelle. Pourtant, cette dernière explique « de façon naturaliste la complexité
adaptative des êtres vivants, sans avoir recours au finalisme ni à une
intervention surnaturelle, d'origine divine, par exemple. » (10)
Les
tenants du dessein intelligent ne tentent même pas de répondre à la question
d’où vient ce dessein : de Dieu; des extra-terrestres; du hasard; ou de
l’évolution génétique, ce qui fait qu’on en reviendrait à Darwin! Ils accusent
plutôt leurs objecteurs de dogmatisme parce qu’ils rejettent leur explication
sans vouloir les entendre. Mais, la science cherche à comprendre les choses,
pas à entendre des réponses toutes faites.
La
science, ce n’est pas la liberté de penser. C’est une démarche; une méthode de
recherche; et des principes acceptés jusqu’à preuve du contraire. Il faut des
preuves solides pour changer un théorème, encore plus pour changer une théorie.
Des milliards de personnes auraient beau croire en la réincarnation, ça n’en
fera jamais une vérité scientifique par le fait même, pas plus que de croire
que la terre est plate! Croire au dessein intelligent n’en fait pas davantage
une vérité, même si des scientifiques y croient! La science n’est pas une
intuition même si le scientifique peut parfois partir d’une intuition. Mais,
après l’intuition il a une démarche à suivre, ce qu’on appelle le protocole de recherche.
Doit-on leur accorder une nouvelle chance?
Ne
pas permettre à cette théorie de se défendre est-ce antiscientifique? Voilà
l’autre question que soulèvent les tenants du dessein intelligent dans le film
pour dire que la science officielle est aussi dogmatique que la religion
puisqu’elle leur ferme ses portes! Mais, généralement, en science, rien n’est
prédéterminé. On a par contre des protocoles à respecter avant d’avoir droit de
parole ou de publication. Même des auteurs connus, des sommités, s’y sont
frappés et ont vu des textes et des communications refusés par des comités de
lecture composé des pairs, soit d’autres scientifiques du même niveau qui
examinent les idées défendues. Quiconque écoute des émissions scientifiques,
comme Les années lumières à
Radio-Canada (11), le sait. Cela est vrai des sciences pures, mais aussi des
sciences sociales. Ainsi, sur le site de Sociologie et Sociétés on peut
lire :
« La revue Sociologie et
sociétés publie des textes originaux et inédits. Chaque texte fait l’objet
d’une évaluation de la part de spécialistes anonymes, du ou des responsables
d’un numéro et de la direction de la revue. » (12)
Si
l’idée du dessein intelligent se frappe continuellement à ces portes, c’est
qu’elle pose problème. Soit qu’elle n’apporte rien, soit qu’elle a un biais. Si
elle relèverait de la science, on abandonnerait l’idée une fois prouvé son
invalidité. Alors, où on se rallierait à la théorie darwinienne, qui est la
plus explicative actuellement, même sans être parfaite, ou on prendrait de
nouvelles pistes de recherche. Mais, ce
n’est pas ce que font les tenants du dessein intelligent. Ils s’entêtent à dire
qu’ils ont raison et que tous les autres scientifiques sont des obscurantistes.
Pourtant, la méthode est claire et la même pour tous!
En
fait, les défenseurs du dessein intelligent procèdent un peu comme la mafia le
fait pour passer d’une économie de l’ombre à une économie de la lumière avec le
blanchiment de l’argent. On tente de s’insérer par tous les orifices possibles
du côté officiel des choses. Nous y reviendrons en conclusion.
D’un
point de vue philosophique!
Par
contre, il est vrai qu’on ne connait pas l’origine. Comment tout a commencé.
Même pour les opposants au dessein intelligent, on ne sait pas quel était le
point de départ. Un hasard ou Dieu? Qui a mis les éléments du hasard en place?
Dieu? Mais, qui a créé Dieu? Dieu
aurait-il créé les Hommes et les Hommes l’auraient-ils créé en retour? L’un
serait-il le miroir de l’autre finalement! Ni la science, ni la religion, ni la
philosophie n’ont la réponse. La religion se bloque sur un dogme; la science
cherche hors des dogmes; le philosophe se questionne! Mais, tous se buttent à la question du
commencement! Il y eut un début! C’est tout ce que l’on peut en dire.
Si
le dessein intelligent était accepté comme théorie scientifique, on chercherait
quoi? De qui est ce dessein intelligent! De Dieu? Des extra-terrestres? Du
hasard? Des vents astraux? Ce n’est donc pas scientifique, mais philosophique,
voir spirituel, mais la spiritualité ne devrait pas interférer avec la science.
C’est incompatible, car la science doit toujours être à l’écoute alors que la
spiritualité est une réponse sentie : une croyance, voir une révélation! A
preuve, si la science rejette l’idée de Raël selon laquelle ce sont des
extra-terrestres qui ont créé la vie sur terre en utilisant l’ADN (13), elle
est quand même ouverte à l’idée que la vie peut venir d’ailleurs, car la
science n’est pas fermée aux idées même si elle l’est aux dogmes. Elle ne veut
pas des croyances, mais des preuves! Alors, on ne sera pas surpris d’apprendre
que la vie est venue de l'espace :
« L'analyse montre que les bases azotées
contiennent une forme de carbone lourd qui n'a pu se former que dans l'espace.
Les matériaux formés sur Terre contiennent une variété de carbone plus légère.
— Dr Zita Martins, Imperial College » (14)
Par
contre, ce n’est pas la vie extra-terrestre au sens raélien du terme. Ce serait
même un certain hasard, le carbone météorite ayant rencontré les éléments
nécessaires à la création de la vie sur terre! (15) Il aurait bien pu ne pas
les trouver, ni y trouver les conditions pour se développer. A moins que tout
n’était pensé dans un grand dessein divin. Mais, on revient hors de la science,
et, là, on peut spéculer. Si Dieu n’était qu’un ion, une clef, un déclencheur,
qui, au contact de poussières terrestres et sous bonnes conditions aurait créé
la vie? Nous serions part de Dieu et
Dieu part de nous! On rejoindrait alors le panthéisme, « seule façon logique de considérer Dieu et
l'univers » selon Spinoza. (16) Dieu, une clef de carbone venue
d’ailleurs!
On
en revient donc à la question de croire ou de savoir? En fait, science et
religions se rejoignent sur un point : elles partent d’intuitions et
cherchent l’origine. Après, on essaie de prouver les choses, les unes par des
méthodes scientifiques, les autres par des textes saints et la pensée d’exégètes, de philosophes, de
mystiques et d’illuminés!
Personnellement, je fais davantage confiance à la méthode scientifique,
ce qui n’empêche pas une certaine foi, mais dosée d’une part de scepticisme.
Cela est nécessaire à mon équilibre.
Conclusion
Ce film doit être pris avec une part de doute. Malgré qu’il
dénonce la science officielle comme
étant dogmatique, on ne doit pas se laisser berner par ce renversement de sens.
Ce n’est cependant pas une raison pour
ne pas aller le voir, car il montre sans le vouloir les mécanismes de
réinterprétation à l’œuvre. C’est ainsi que pour discréditer la sélection
naturelle on fait un parallèle avec le nazisme, les deux faisait une sélection
des Hommes! De là à qualifier la science de religion sans Dieu ni morale, donc
païenne et sans espoir, il n’y a qu’un pas. Mais, c’est oublier que le nazisme a
fait une sélection idéologique alors que le darwinisme parle de sélection
naturelle au cours du processus d’évolution, un processus lent qui s’est étendu sur des millions d’années. Le
changement climatique tend pourtant à prouver le darwinisme puisqu’aux
variations de climat sont associés la disparition de certains milieux de vie et
des espèces (végétales et animales) qui en dépendent, car ces espèces n’ont pas
le temps de s’adapter. On pourrait donc utiliser le même raccourci et accuser
la droite religieuse et les milieux conservateurs de ces maux puisqu’elle a élu
George W. Bush, aux Etats-Unis, qui ne reconnaît pas Kyoto! De là à dire que la
droite religieuse menace l’humanité il n’y a qu’un pas! Raccourci facile et
certainement pas honnête, mais c’est le genre de processus qu’on utilise ici.
Je ne puis être d’accord avec cela, mais il faut voir ce film pour comprendre
les principes idéologiques derrière cette approche.
C’est
même fondamental de comprendre ces principes, car on tend à faire accepter cette
idéologie par contamination. On assiste à des colloques pour défendre ces
idées, ne serait-ce que dans les périodes des questions si on ne peut y avoir
de voix officielles; on les soumet à des publications scientifiques reconnues,
mais aussi plus marginales, en espérant que quelques textes passent les
barrières et gagnent ainsi une certaine
reconnaissance; on publie dans les revues « spécialisées » défendant
ces théories, façon de les disséminer dans le grand public et de les faire
accréditer puisque « si c’est écrit,
ça doit être vrai! »; on tente d’investir l’enseignement à partir de
la petite école; puis, on a aussi des églises qui défendent ces idées en
chaire. Maintenant, avec ce film, on
s’associe aux prophètes de la vérité stigmatisé par l’obscurantisme
scientifique! Si la position de la victime est payante, pourquoi ne pas la
prendre! C’est ainsi que cette théorie pseudo-scientifique fait son chemin et
gagne en visibilité. Elle sera alors bien placée pour dénoncer la science
officielle d’être dogmatique et exiger des débats d’égal à égal avec elle. Une
façon de devenir crédible pour ensuite imposer ses dogmes à la communauté
scientifique. L’idéologie à l’œuvre, mais en position de victime, car cela
rapporte de la sympathie. C’est ce que l’on voit dans ce film. Un film à voir
pour être prêt à répondre à ces idéologues quand ils voudront investir nos
écoles si ce n’est déjà commencé. (17)
Rien
n’empêche cependant le scientifique comme le citoyen ordinaire d’avoir sa foi
et ses croyances. C’est même une liberté constitutionnelle, mais pas un droit,
je le souligne, au Canada! (18) Cependant, il doit être capable de faire la
part des choses entre sa foi et la démarche scientifique, car elle ne relève
pas des mêmes processus, sinon la science ne serait plus de la science. A lui de gérer ses dissonances
cognitives. S’il ne peut le faire, les comités des pairs le feront et
distingueront entre ce qui est science et ce qui est croyance ou foi. Les
comités scientifiques, je le rappelle,
ont décidé que le dessein intelligent relève de la foi ou de la
croyance, mais non de la science, jusqu’à maintenant. Ce n’est pas pour rien.
Ainsi est!
Si
on continue à en débattre cependant, c’est que les tenants du dessein
intelligent sont des idéologues qui voudraient voir leur croyance passer au
rang de science et qui continuent le combat espérant un relâchement de la garde
scientifique ou que les pressions populaires la feront céder. On ne doit
surtout pas leur ouvrir la porte des écoles, car ce serait le premier pas pour
s’insérer dans la tête des enfants et ainsi voir cette idéologie migrer vers
d’autres lieux par la suite, car, de croyance, cette théorie gagnerait la
crédibilité d’un enseignement : si on l’a appris à l’école, ce doit donc
être vrai! Cela deviendrait une forme de contamination. Non, l’école doit enseigner la pensée critique bien avant le dessein
intelligent! Il faut donc voir ce film pour ce qu’il n’est pas : une mise
en garde contre le dessein intelligent. Je le recommande donc avec une bonne
dose d’intelligence critique!
Notes :
1. intelligent
design : www.intelligentdesign.org/,
une branche de Discovery
Institute (www.discovery.org/), cité dans le film. Une
autre de ses branches est le Intelligent
Design The Future (www.idthefuture.com/).
Voir aussi le Dessein intelligent sur Wikipédia: http://fr.wikipedia.org/wiki/Dessein_intelligent
2.
« The
theory of intelligent design holds that certain features of the universe and of
living things are best explained by an intelligent cause, not an undirected
process such as natural selection.
Through the study and analysis of a system's components, a design theorist is
able to determine whether various natural structures are the product of chance,
natural law, intelligent design, or some combination thereof. Such research by
observing the types of information produced when intelligent agents act.
Scientists then seek to find objects which have those same types of
informational properties which we commonly know come from intelligence.
Intelligent design has applied these scientific methods to detect design in
irreducibly complex biological structures, the complex and specified
information content in DNA, the life-sustaining physical architecture of the
universe, and the geologically rapid origin of biological diversity in the
fossil record during the Cambrian explosion approximately 530 million years
ago. » (www.intelligentdesign.org/whatisid.php)
3.
« These materials will give you a quick education on the
science of the origins of life, and enable you to create an event, teaching,
sermon, discussion, or debate to engage and educate others. » www.getexpelled.com/ordermaterials.php
4. Quelques supporteurs du film selon leur site web (http://getexpelled.com/channelpartners.php) :
- The American Family Association [who] represents and stands for
traditional family values: www.afa.net/
- Bible.com!
Que dire de plus? www.bible.com/.
-
Discovery
Institute et ses différentes branches, déjà cité en note 1. On peut
cependant ajouter ici ce qu’on peut lire sur leur site :
« Discovery Institute's
mission is to make a positive vision of the future practical. The Institute
discovers and promotes ideas in the common sense tradition of representative
government, the free market and individual liberty. Our mission is promoted
through books, reports, legislative testimony, articles, public conferences and
debates, plus media coverage and the Institute's own publications and Internet
website (http://www.discovery.org).
Current
projects explore the fields of technology, science and culture, reform of the
law, national defense, the environment and the economy, the future of
democratic institutions, transportation, religion and public life, government
entitlement spending, foreign affairs and cooperation within the bi-national
region of "Cascadia." The efforts of Discovery fellows and staff,
headquartered in Seattle, are crucially abetted by the Institute's members,
board and sponsors.
» (www.discovery.org/about.php)
- New Ethos (Films). Dans
leur mission nous pouvons lire « New
Ethos works in continuity and collaboration with existing Catholic-Christian
and other faith-based ministries to serve the spiritual needs of entertainment
professionals. » (http://new-ethos.org/mission.php). Leur site: http://new-ethos.org.
The
Dove Foundation. Sur leur site on peut lire « Our standards and criteria are based on
Judeo/Christian values, free from the pressure of commercial interests.
» (www.dove.org/aboutdove.asp) Leur site : www.dove.org/.
Association of Christian Schools International (ACSI). Que dire de plus! www.acsi.org/
Paradoxalement, le lien sur le site avait une erreur de frappe au moment où
nous l’avons visité et envoyait au site
de l’Art & Science Collaborations, Inc (www.asci.org/),
ce qui n’est pas du tout pareil!
5.
Barreau, Jean-Claude, et Bigot, Guillaume, 2005, Toute l'histoire du monde de la préhistoire à nos jours, France :
Fayard (Histoire) (Distribution Hachette), pp. 23-24.
6. Darwin: http://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_Darwin
Sur le Larousse en ligne, voir: www.larousse.fr/encyclopedie/ et rechercher « Charles Darwin »
7. Sélection naturelle: http://fr.wikipedia.org/wiki/S%C3%A9lection_naturelle
Sur le Larousse en ligne,
voir : www.larousse.fr/encyclopedie/
et rechercher « sélection naturelle »
8.
KUHN, Thomas S., 1972, La structure des révolutions scientifiques, Paris: Flammarion.
9. S’ils ne rejettent pas
la théorie de l’évolution, voici ce qu’ils en disent sur le site de www.intelligentdesign.org:
Is intelligent design
theory incompatible with evolution?
It depends on what one means by the word
"evolution." If one simply means "change over time," or
even that living things are related by common ancestry, then there is no
inherent conflict between evolutionary theory and intelligent design theory.
However, the dominant theory of evolution today is neo-Darwinism, which
contends that evolution is driven by natural selection acting on random mutations,
an unpredictable and purposeless process that "has no discernable
direction or goal, including survival of a species." (NABT Statement on
Teaching Evolution). It is this specific claim made by neo-Darwinism that
intelligent design theory directly challenges. (www.intelligentdesign.org/faq.php)
10.
http://fr.wikipedia.org/wiki/S%C3%A9lection_naturelle
11.
www.radio-canada.ca/actualite/v2/anneeslumiere/
12.
www.erudit.org/revue/documentation/protocoleRedacSOCSOC.pdf
13. « DES SCIENTIFIQUES
VENUS D'UNE AUTRE PLANÈTE ONT CRÉÉ TOUTES FORMES DE VIE SUR TERRE EN UTILISANT
L'ADN » apprend-ton sur le site des raéliens! Source : http://fr.rael.org/rael_content/rael_summary.php
14. La vie venue de l'espace, Radio-Canada/Nouvelles/Science-Santé,
mercredi le 18 juin 2008 à 8 h 36:
www.radio-canada.ca/nouvelles/Science-Sante/2008/06/17/003-espace-vie.shtml
15. J’ai trouvé le résumé
de l’article en question sur www.sciencedirect.com/
:
« Carbon-rich meteorites, carbonaceous
chondrites, contain many biologically relevant organic molecules and delivered
prebiotic material to the young Earth. We present compound-specific carbon
isotope data indicating that measured purine and pyrimidine compounds are
indigenous components of the Murchison meteorite. Carbon isotope ratios for
uracil and xanthine of δ13C = + 44.5‰ and + 37.7‰,
respectively, indicate a non-terrestrial origin for these compounds. These new
results demonstrate that organic compounds, which are components of the genetic
code in modern biochemistry, were already present in the early solar system and
may have played a key role in life's origin. »
(Zita Martins, Oliver Botta, Marilyn L. Fogel, Mark A. Sephton, Daniel P.
Glavin, Jonathan S. Watson, Jason P. Dworkin, Alan W. Schwartz and Pascale
Ehrenfreund, Extraterrestrial nucleobases
in the Murchison meteorite, in Earth and Planetary Science Letters, Earth
and Planetary Science Letters, Volume 270, Issues 1-2, 15 June 2008, Pages
130-136)
16. On rejoint ici le
panthéisme, « doctrine philosophique
selon laquelle tout est Dieu. » : http://fr.wikipedia.org/wiki/Panth%C3%A9isme
Sur le Larousse en ligne,
voir www.larousse.fr/LaroussePortail/encyclo/XHTML/EUL.Online/explorer.aspx#larousse/57365/11/panth%C3%A9isme
17. Aux États-Unis ce l’est
depuis longtemps. Ici, je crois qu’il y a eu quelques cas déjà. Une recherche
Google pourrait être utile si le sujet vous intéresse. Je n’ai répertorié qu’un
site en exemple mais il y en a des milliers: http://atheisme.free.fr/Revue_presse/Creationnisme_2005.htm
18. La constitution
canadienne comporte des droits et libertés. Au niveau des droits nous pouvons
lire, par exemple, que « Tout
citoyen canadien a le droit de vote et est éligible aux élections législatives
fédérales ou provinciales. » (Article 3) Par contre, article 2,
« Chacun a les libertés
fondamentales suivantes :
a) liberté de conscience et de religion;
b) liberté de pensée, de croyance, d'opinion et d'expression,
y compris la liberté de la presse et des autres moyens de communication;
c) liberté de réunion pacifique;
d) liberté d'association. »
Source : http://lois.justice.gc.ca/fr/Charte/index.html#garantie
Autres références trouvées pour cet article, mais non utilisé dans le
texte :
i) Les débats de l'Obs. Complot
contre Darwin. Nouvel
Observateur, No 2204, SEMAINE DU JEUDI
01 Février 2007 :
http://hebdo.nouvelobs.com/p2204/articles/a331765.html
En bref :
« Né en 1961, Jacques Arnould, frère dominicain, ingénieur agronome,
docteur en histoire des sciences et en théologie, est actuellement chargé de
mission au Cnes (Centre national d’Études spatiales). Il est l’auteur d’une
quinzaine d’ouvrages traitant du rapport entre science et religion, dont « les Créationnistes » (Cerf). Il vient de
publier chez Albin Michel « Dieu versus Darwin. Les créationnistes vont-ils
triompher de la science ? ». Il s’alarme des attaques répétées contre la théorie
pourtant universellement admise de l’évolution des espèces. »
Marie Lemonnier
Le Nouvel Observateur
ii) Rasoir d'Occam : http://fr.wikipedia.org/wiki/Rasoir_d%27Occam
iii) Discovery Institute sur
Wikipedia: http://en.wikipedia.org/wiki/Discovery_Institute
iv) Sur Ben Stein, qui a
fait ce film, voir http://en.wikipedia.org/wiki/Ben_Stein
Résumé officiel du film (en anglais) :
In
a controversial new satirical documentary, author, former presidential
speechwriter, economist, lawyer and actor Ben Stein travels the world, looking
to some of the best scientific minds of our generation for the answer to the
biggest question facing all Americans today:
Are
we still free to disagree about the meaning of life?
Or
has the whole issue already been decided… while most of us weren’t looking?
Ben
realizes that he has been “Expelled,” and that educators and scientists are
being ridiculed, denied tenure and even fired – for the “crime” of merely
believing that there might be evidence of “design” in nature, and that perhaps
life is not just the result of accidental, random chance.
---
Michel
Handfield
25 juin 2008
Attention : les caractères gras sont de nous,
façon d’attirer l’attention du lecteur sur certains points précis.
Le
Parti libéral du Canada a lancé son nouveau programme économique si je puis
dire : « le Tournant vert. Bâtir l’économie canadienne du XXIe
siècle. » (1) Étant pro environnemental, je suis pour par défaut.
Mais, j’ai quand même fait mes devoirs.
Je l’ai lu et j’ai quelques commentaires à faire sur le sujet.
D’abord, ce plan est plus ou moins un tournant vert : c’est
plutôt un programme de changement fiscal pour le Canada, changement qui tient
compte d’objectifs environnementaux, mais aussi sociaux et fiscaux. On rebrasse
la soupe fiscale. C’est ce qui explique que « pour chaque dollars perçu grâce à la nouvelle taxe, il y aura une
baisse d’impôt correspondante pour les canadiens. » (p. 28) Les 15
milliards que nous irons chercher avec une nouvelle taxe sur le carbone (40$ la
tonne dans 4 ans) seront donc redistribués aux canadiens, mais pas
nécessairement pour récompenser des gestes environnementaux : baisse des
taux d’imposition; prestation fiscale pour enfants; crédit pour emploi
remboursable; aides aux canadiens vivant en régions rurales et nordiques;
réduction de l’impôt sur les bénéfices des sociétés et des petites entreprises;
déduction pour amortissement accéléré
des technologies vertes; encouragements
à la R &D. (pp. 7-10) Puis, de poursuivre :
« Cette initiative complète d’autres
engagements libéraux en faveur d’une économie verte, comme l’Encouragement à la production d’énergie renouvelable, qui fera
plus que doubler les sources d’énergie propres disponibles pour les Canadiens,
et le Fonds pour la prospérité et les industries de pointe, doté de 1 milliard
de dollars, qui stimulera la production
manufacturière verte, et l’engagement important en faveur de
l’infrastructure qui vise à améliorer
nos infrastructures durables, comme les transports en commun, en y consacrant
tout surplus budgétaire inattendu du gouvernement. Notre plan inclut
également des réglementations et des incitatifs complémentaires destinés aux
Canadiens pour la rénovation des logis,
l’achat d’appareils électroménagers et
d’automobiles éconergétiques, des exploitations
agricoles et des pratiques forestières faibles en émissions de carbone, de
même que d’autres moyens d’aider les
Canadiens à réduire leur empreinte sur l’environnement, à être plus éconergétique et à économiser sur
leurs factures d’énergie. » (p. 11)
Il y a donc beaucoup d’objectifs dans ce plan, ce qui dépasse la seule économie verte. De plus,
comme à « chaque dollars perçu grâce
à la nouvelle taxe » correspondra « une baisse d’impôt » (p. 28), cela n’aura-t-il pas un effet
neutre finalement? En fait, on aurait dû affubler ce document de son sous titre : « Bâtir l’économie canadienne du XXIe siècle », ce qui aurait
été plus juste comme titre. Son premier chapitre aurait pu être « le tournant vert », les deux
autres : « la réforme
fiscale » et « un nouveau
plan social ». Remarquez qu’une fois traduit en programme politique, passé
sous le crible des membres et bonifié par eux, c’est la tangente qu’il pourra
prendre, car la plupart des éléments y sont.
Ceci
étant dit, on ne doit pas rejeter ce plan du revers de la main comme le font
les autres partis, surtout pas pour des questions de syntaxe. Mais, la
politique étant ce qu’elle est, ça fait un meilleur « front page » de déchirer sa chemise sur la place publique pour
des questions partisanes plutôt que de
montrer une ouverture à la discussion, surtout pour le Bloc et le NPD. Pour les
Conservateurs, il est sûr qu’ils sont à l’opposé idéologiques de ces
propositions. Tous ces gens ont des
publics à satisfaire, des votes à conserver et d’autres à gagner. On n’est pas
dans une discussion intellectuelle, mais dans des débats partisans ici. C’est
une des raisons pour lesquelles Stéphane Dion a autant de difficultés dans ce
milieu : ce n’est pas un politicien, mais un politologue fils de
politicologue! (2)
Naturellement, on pourrait aller plus loin, mais cela se fera
par étape pour ne pas susciter trop de craintes chez l’électorat, car si on
souhaite tous le changement, on veut rarement voir bousculer ses habitudes du
jour au lendemain. Il faut d’abord éduquer et conscientiser. N’empêche qu’on pourrait rêver à plus et plus
vite. Si le PLC ne peut le faire trop rapidement, pour des raisons électorales, nous pouvons le
faire ici! Voici donc nos recommandations pour l’avenir.
Recommandations
pour aller plus loin sur…
Le
plan vert :
Que
l’on taxe la production de CO2 je veux bien, car en accroissant le prix on en
réduira la consommation, surtout la consommation excessive. Mais, cette taxe
doit elle être égale pour tout et se limiter à 40$/tonne? Il faudrait se comparer avec ailleurs, voir
les prix sur la bourse du carbone (3) et ce que demande le plan de Kyoto.
(4) Taxer le carbone ou mettre un
plafond? Il s’agit d’un plafond (5), quoi qu’on puisse le contourner par la
bourse du carbone où se transigent les parts d’émissions inutilisées. Tout
gouvernement se négocie une porte de sortie.
Dans
ces conditions, la taxe sur le carbone de Stéphane Dion n’est pas une mauvaise
chose, ni incompatible avec la bourse du carbone, l’entreprise payant sa taxe,
mais pouvant aussi vendre ses unités de carbone non utilisé sur les marchés
internationaux si elle a bien su faire.
Elle recevra donc des entrées pour l’aider à payer son dû, réduisant d’autant
ce nouveau fardeau. A l’inverse, si elle utilise davantage de carbone qu’elle
n’a droit, elle devra acheter des « droits
d'émission de gaz à effet de serre »
ailleurs. (6) Elle payera
alors beaucoup plus cher cette
surproduction de carbone, car aux droits achetés s’ajoutera la taxe sur le CO2. Une forme d’incitatif à faire mieux.
Pour
le citoyen, on dit qu’on lui remettra le fruit de cette taxe en baisse
d’impôt : « taxer la pollution
tout en allégeant les impôts sur le revenu » nous dit ce document à la page
17! Mais, cela n’aura-t-il pas un effet neutre sur le citoyen, car il pourrait
conserver ses mauvaises habitudes sans être pénalisé, la baisse d’impôt
compensant pour la taxe sur le CO2. Il est vrai que s’il change de
comportement, il aura une économie, ce qui est un incitatif, mais ce n’est pas
très punitif pour les mauvais comportements.
Au
lieu de redonner le fruit de cette taxe en baisse d’impôt on pourrait la
redistribuer en incitatifs économiques environnementaux par l’investissement dans le transport
collectif par exemple. Taxer la pollution pour réduire les impôts ne devrait
pas être un automatisme! Le citoyen qui voudrait économiser aurait à changer
certains comportements, comme de prendre le transport en commun plutôt que son
automobile, surtout s’il est davantage subventionné qu’il ne l’est
actuellement. Et s’il n’a pas de transport collectif dans son coin, il
commencera peut être à faire des
pressions pour en avoir. Trop souvent les gens vont en banlieue pour
payer moins de taxe, sans tenir compte que cette économie se fait sur le dos de
l’environnement. Cette économie relative a cependant un impact collectif par
l’ajout de voitures sur les routes et la destruction de milieux naturels et
agricoles. L’étalement urbain n’est pas environnemental et il faudrait que les
responsables en assument les coûts. En partie du moins, car il faut reconnaître
que la ville ne peut absorber toute la population qu’elle génère, surtout pour
une île comme Montréal, ce qui est un cas particulier. Mais, il y a
certainement des modèles plus écologiques à faire que les banlieues champignons espacées que
l’on connaît.
On pourrait aussi donner un crédit sur l’achat
d’un vélo ou d’une voiture à faible consommation d’essence ou hybride, mais
imposer une taxe supplémentaire à l’émission de CO2 pour les véhicules qui dépassent une certaine
norme de CO2/passager! Peut être une
taxe ascenseur allant avec l’émission de gaz à effet de serre. Plus un véhicule
émet de CO2/passager, plus il est taxé selon un tarif en escalier. Ainsi, le
Hummer serait davantage taxé qu’une Ford Focus; un scooter 2 temps plus qu’une
moto 4 temps! Inversement, le titre de transport en commun pourrait être réduit
au lieu d’être déductible d’impôt, car l’environnement n’est pas qu’une affaire
fiscale, du moins pour le citoyen. Quant aux entreprises ce pourrait être un
peu différent. Celles qui fourniraient un titre de transport en commun, un
abonnement à un service d’autopartage (Communauto par exemple), ou une voiture hybride à leurs employés,
elles auraient droit à une déduction de
125% de ce montant, façon d’inciter ces nouveaux comportements.
Je
ferais une exception temporaire pour le chauffage de la maison, car il faut
distinguer entre la nécessité et la promenade en Hummer sur Crescent. Ainsi, la
taxe CO2 sur l’huile à chauffage pourrait être réduite pour une période tampon
(maximum 5 ans) dans laquelle les entreprises seraient invitées à trouver des
alternatives au mazout et à l’huile à chauffage, comme des combustibles
allongés par l’ajout de graisses végétales ou animales recyclées, ce qui se fait bien pour le diesel, qui est pourtant
comparable à l’huile à chauffage. (7)
Ça rapporterait à tous finalement. Voilà pour le plan vert. On vise
l’environnement ici. Pour la fiscalité, c’est le point suivant.
La
réforme fiscale :
La
réforme fiscale est un autre objectif. On doit adopter notre fiscalité au XXIe
siècle. Tout le monde sera d’accord là-dessus, mais pas sur les moyens. C’est
normal, car en matière de fisc tout le monde dit payer trop alors que l’autre
n’en paie jamais assez! Que l’on donne des prestations fiscales pour enfant et
que l’on réduise les taux d’impositions (p.7), je n’ai rien contre. Ni que l’on
aide les personnes handicapées, les petits salariés et les sans emploi! Mais,
on ne doit pas prendre la taxe verte pour cela, à moins que ce ne soit qu’une
ponction marginale. On doit le faire par une révision de la fiscalité
globale : taxes et impôts. Par exemple, on pourrait accroitre la taxe en
fonction du luxe des produits : taxer davantage les parfums que les bas ou
le déodorant; taxer les bijoux et les boissons en fonction de leur gamme de prix
(taxe ascenseur); taxer les boissons gazeuses, mais non les jus de fruits par
exemple! On pourrait aussi simplifier le rapport d’impôt, car il y a peut être
bien des calculs pour rien, surtout pour les bas revenus. Si j’ai fait
10 000$, mon impôt est de 0. Si on est une famille de 3 sur les
10 000$, on m’invite à passer à un bureau du gouvernement pour voir ma
situation et les services/plans d’aide dont je peux bénéficier. Naturellement,
le citoyen est libre de ne pas y aller, mais il ne peut alors exiger le soutien
correspondant. A 50 000$ ou plus, il peut y avoir des déductions, comme
pour les études des enfants, mais pas nécessairement pour le Hummer qui sert au
déplacement du psychiatre qui pratique à Montréal. On limite la déduction au
prix d’un véhicule moyen, le surplus n’ayant pas à être assumé par la
collectivité, car une déduction fiscale c’est parfois cela : faire assumer
ses choix par la collectivité. Le prix du camion du plombier sera aussi celui
du modèle moyen de sa catégorie, pas celui du modèle de luxe fini en cuir.
Simple logique, ce qui ne l’empêche pas de choisir le modèle qu’il veut, mais
il devra assumer sa part de luxe hors déduction. Naturellement, le médecin en
région éloigné aura droit de déduire un utilitaire moyen selon la même logique.
La déduction sert à déduire la partie utilitaire de votre achat pour le travail
et non votre véhicule de rêve. On parle ici de fiscalité responsable.
La
même optique devrait guider la fiscalité corporative et institutionnelle. On
accordera davantage de déduction à la construction de facilités de recherche et
développement ou de production qu’à un entrepôt qui servira à stocker ce qu’on
fait produire ailleurs (délocalisation du travail) par exemple, car la
fiscalité doit encourager l’investissement dans notre économie, pas le
contraire!
Un
nouveau plan social :
La
réduction de la pauvreté est aussi un objectif louable. Elle nécessite donc un
plan spécifique. On pourrait ainsi regarder une forme de revenu minimum garanti
pour les bas revenus, une aide au logement et
à l’éducation. C’est bien de lutter contre la pauvreté des enfants, mais
cela ne peut se faire qu’en luttant contre celle des familles. Puis, pourquoi
pas une aide à la créativité pour ceux qui font œuvre utile, intellectuelle ou
artistique, mais hors des cadres traditionnels du travail ou de
l’entreprise? Combien de créateurs ou
d’intellectuels ne peuvent s’insérer dans les liens traditionnels du travail?
Ce serait une façon d’encourager une ingéniosité et une créativité qui existe,
mais souvent tenue à bout de bras (et de souffle!) par les créateurs eux mêmes.
Trop souvent on facilite la vie aux soi-disant créateurs de richesses
matérielles, comme les grandes multinationales, qui peuvent pourtant être
délocalisé/relocalisé ailleurs sur simple décision du siège social, mais on ne
considère pas, ou très peu, les créateurs de richesses culturelles, qui sont
pourtant davantage ancrés dans leur milieu. Des rêveurs? Mais, s’il n’y avait
pas eu de rêveurs, le pays n’existerait pas, car ce n’étaient que des arpents
de neige dans la tête des rationalistes d’un autre temps. Des arpents de neige
qu’il ne valait pas la peine de défendre!
Combien
mettent leur savoir ou leur talent au service de la collectivité, que ce soit
par la créativité, les arts ou du bénévolat,
même si ce savoir, utile, n’est pas monnayable? En terme marxien, leur
valeur d’usage est plus grande que leur valeur d’échange! (8) En terme
capitaliste, on parle de choses qui n’ont pas de prix. Une valeur qu’on ne
peut estimer, encore moins payer, mais pourtant utile et nécessaire. (9) En
contrepartie de cet apport, on pourrait accorder une certaine aide.
Naturellement, on devrait instaurer des contrôles plus sévères contre la
fraude, car si on doit être équitable, on ne doit pas être dupe.
On
dit bien que notre plus grand capital est le savoir. On ne peut alors
subventionner que les grandes entreprises, souvent des chaînes de montage
facilement délocalisable au moindre changement dans les conditions mondiales!
On l’a d’ailleurs vu avec GM au Québec et on le voit maintenant en Ontario.
(10) La même chose est vraie dans la
plupart des industries, même celle des communications, où on peut fermer une
salle des nouvelles ou mettre les employés d’un journal en lock-out et
fonctionner quand même en diffusant des textes faits à l’extérieur du journal,
que ce soit par d’autres filiales du groupe ou achetés à des agences de presse
indépendantes (11), car ce sont les chiffres qui mènent le bal dans ces grosses
boîtes. Le créateur, comme le journaliste internet dans son sous-sol, ont
autant de valeur et qui sait où ils se rendraient avec un certain encouragement
de l’État. Pas des millions, mais au moins un signe d’encouragement!
On
ne peut bâtir une nouvelle économie sans changer les dogmes, n’en déplaise aux
conservateurs! Voilà jusqu’où on devrait aller. Naturellement, avant d’en
arriver là, il faudra un changement de mentalité des citoyens. En attendant, ce
plan Libéral est un premier pas dans la bonne direction. Mais, il faudra aller
plus loin et, surtout, plus vite pour ne pas faire du surplace. C’est donc un
début, mais il faut poursuivre la réflexion même si cela doit chambarder
quelques dogmes et bien des habitudes.
Notes :
1. téléchargeable en
version pdf à partir du site www.letournantvert.ca/.
2. Politicologue
et politologue : Spécialiste de politologie. REM.
Politicologue, subst. masc., var. rare ou vieillie. (Trésor de la langue française informatisé : http://atilf.atilf.fr/)
3. Bourse du Carbone: http://fr.wikipedia.org/wiki/Bourse_du_carbone
Chicago
Climate Exchange (CCX) : www.chicagoclimatex.com/
European Climate Exch. (ECX): www.europeanclimateexchange.com
Montreal Climate Exchange
(MCeX): www.mcex.ca/index_fr
4. Protocole de
Kyōto:
http://fr.wikipedia.org/wiki/Protocole_de_Ky%C5%8Dto
http://unfccc.int/portal_francophone/essential_background/kyoto_protocol/items/3274.php
PROTOCOLE DE KYOTO, LA CONVENTION-CADRE DES NATIONS UNIES SUR LES
CHANGEMENTS CLIMATIQUES : http://unfccc.int/resource/docs/convkp/kpfrench.pdf
5. « Les Parties visées à l’annexe
I font en sorte, individuellement ou conjointement, que leurs émissions anthropiques agrégées, exprimées en
équivalent-dioxyde de carbone, des gaz à effet de serre indiqués à l’annexe
A ne dépassent pas les quantités qui
leur sont attribuées, calculées en fonction de leurs engagements
chiffrés en matière de limitation et de réduction des émissions inscrits à l’annexe
B et conformément aux dispositions du présent article, en vue de réduire le total de leurs émissions de ces
gaz d’au
moins 5 % par rapport au niveau de 1990 au cours de la période d’engagement allant de 2008 à 2012. »
(PROTOCOLE DE KYOTO, p.3)
Voir aussi l’article de
Louis-Gilles Francoeur, Taxe carbone ou
tache d'huile glissante?, Le Devoir, édition du samedi 21 et du dimanche 22
juin 2008 : www.ledevoir.com/2008/06/21/194943.html
6. SRC, Les bourses du
carbone, 8 décembre 2005 à 12 h 07 :
http://www.radio-canada.ca/nouvelles/Politique/2005/12/05/002-bourses-du-carbone.shtml
7. On colore d’ailleurs
différemment le diesel et l’huile à chauffage, façon de pincer ceux qui roulent
leur moteur diesel à l’huile à chauffage pour sauver des taxes! Si un moteur
diesel peut rouler à l’huile à chauffage ou à la graisse recyclée, pourquoi pas
une chaudière à mazout?
8.
MARX, Karl, 1977, Le Capital, tome 1,2, et 3, [1 ère
édition1867], Paris: éditions sociales.
9. J’ai
pensé ici à George Simmel, L’argent dans la culture moderne et autres
essais sur l’économie de la vie, Québec :
PUL (www.pulaval.com)
/ Éditions de la maison des sciences de l’homme, Paris (www.msh-paris.fr/)
Publié avec le concours du Goethe-Institut.
10. Quelques semaine après
la signature de la convention collective (16 mai), GM a annoncé la fermeture de sa principale usine d'Oshawa
au début de juin 2008, cela malgré l’aide reçu des différents paliers de gouvernement au cours des ans! Plusieurs
textes sur le sujet peuvent être trouvés par Google. J’en ai retenu un en exemple,
car il résume bien le tout :
Presse Canadienne, Avec la
fermeture, GM pourrait devoir rembourser 435 M$, 3 juin 2008 - 14h29,
in
lapresseaffaires.cyberpresse.ca : http://lapresseaffaires.cyberpresse.ca/article/20080603/LAINFORMER/80603029
11. C’est ainsi que Lise
Payette a écrit, à son arrivée au Devoir :
« Moi qui viens de passer 20 ans de ma vie à écrire des téléromans et qui
viens de quitter Le Journal de Montréal parce que, par principe, je ne traverse
pas des piquets de grève, j'ai toujours pensé que ma fiche personnelle ne
m'ouvrirait jamais les portes du Devoir. J'ai toujours été convaincue que ce
monde m'était fermé pour toujours. De là mon étonnement quand on m'a offert
cette chronique. » (Lise Payette, Qui
aime bien châtie bien, Le Devoir, Édition du vendredi 23 novembre
2007 : www.ledevoir.com/2007/11/23/165507.html)
Dans un autre dossier,
« Vendredi midi, les employés du
réseau Télévision Quatre-Saisons (TQS) à Sherbrooke, Trois-Rivières et Montréal
ont à nouveau manifesté pour dénoncer l'intention de Remstar Diffusion de
liquider une partie des équipements de production. » puisque Remstar
entend s’atteler à la diffusion et confier la production à la sous-traitance.
(Radio-Canada/nouvelles/Estrie, De
nouveaux rebondissements, Mise à jour le vendredi 20 juin 2008 à 16 h
09 : www.radio-canada.ca/regions/estrie/2008/06/20/009-manif_tqs_vendredi_n.shtml)
Hyperliens :
Communauto (au
Québec) : www.communauto.com/
---
Question
de sémantique politique!
Michel
Handfield
4 juin 2008
Depuis
sa nomination on a entendu davantage parler de la gouverneure générale du
Canada, la très honorable Michaëlle Jean,
que de tous ses prédécesseurs. Ce
fut d’abord cette nomination qui fit parler, elle et Jean-Daniel Lafond
étant proches des nationalistes
québécois à ce qu’on disait. Puis, récemment, ce fut leur voyage en France et la révision
historique qui fit les manchettes et le bonheur des tribuns. Pourtant, elle
n’est pas la seule à faire de la révision historique. C’est le propre de tous les
idéologues politiques, souverainistes inclus. Puis, là, dans la suite de ce
voyage, c’est le texte de Victor-Lévy Beaulieu, aussi nommé VLB, qui a fait
saliver les commentateurs. (1) « Chocking »,
VLB parle de « La Reine nègre » pour la qualifier. Racisme? Un blanc a-t-il le droit d’utiliser le mot
nègre, car nous sommes encore un peu des nègres blancs d’Amérique? Peut-on
féminiser « roi nègre » en « reine nègre » sans en
détourner le sens? Voilà des questions que j’aurais aimé voir débattre.
Les
médias étant ce qu’ils sont, ayant aussi leurs couleurs politiques, on n’est
jamais allé sur le fond. Je le ferai donc, même si je n’ai pas le droit d’être
dans une association de journalistes, car je ne travaille pas pour un média
électronique (radio ou télé), un journal ou un magazine, mais à compte d’auteur
et, de surcroît, sur internet! Un autre texte qui prouvera que l’essayiste
internet peut se confronter au chroniqueur et mériterait sa place dans les
associations professionnelles, surtout en ces temps où le journalisme est
menacé par les intérêts économiques, politiques
et idéologiques des groupes de presse. Des conglomérats qui ont de plus
en plus de moyens pour orienter la couverture journalistique, que ce soit directement
ou indirectement, ou même pour la faire taire si elle dérange, que ce soit par
des mises en demeure, des baillons légaux ou des poursuites d’un groupe contre
l’autre. (2) Après, comment ces groupes seront perçus quand ils diront défendre
la liberté de presse et le droit du public à l’information? Fermons cette
parenthèse, car je m’éloigne.
Roi
nègre signifie « ceux qui trahissaient
les intérêts nationaux » nous dit Pierre Dubuc dans une mise au point
de l’aut’journal paru au début de la controverse. (3) On pourrait aussi dire
que c’est un colonisé qui travaille pour le bien du colonisateur ou encore,
dans une approche marxienne, un employé qui travaille pour le bien du patron
contre les siens, soit les autres employés, les membres de sa profession ou de
sa fraternité syndicale par exemple. Mais, pour appliquer ce terme à madame
Jean, il faudrait d’abord qu’elle trahisse nos intérêts nationaux. Sauf qu’elle
représente le Canada, ce que nous avons choisi par deux fois par référendum.
Puis, nous ne semblons pas vouloir quitter le Canada de si tôt selon les
sondages. Alors, en défendant le Canada, elle ne nous trahit pas.
Par
contre, si on la juge d’un point de vue souverainiste, c’est une autre grille
qui s’applique, surtout que plusieurs indépendantistes québécois croyaient ce
couple des leurs. On peut remonter à la conquête et dire qu’elle représente le
conquérant britannique, d’autant plus qu’elle est la représentante de sa
majesté la reine. Mais, le Canada et le Québec d’aujourd’hui ont-ils à voir
avec les colonies du temps? Je ne le crois pas, même si l’indépendance
canadienne s’est faite lentement et patiemment, en conservant un lien avec la
couronne Britannique et le Commonwealth. De façon diplomatique en fait, par
rapport à l’indépendance des États-Unis qui fut beaucoup plus violente par
exemple. Nous n’avons donc pas connu de guerre d’indépendance, mais cela ne
fait pas de nous des colonisés. D’ailleurs, le projet d’accession à la souveraineté québécoise
relève du même modèle : démocratique, non violent et patient, avec la volonté
de conserver un lien avec le Canada. On n’est pas dans une guerre
d’indépendance. Peut-être même retrouverons-nous des vertus au fédéralisme avec
le temps, car nous lui en avons déjà trouvé et d’autres pays lui en trouvent
encore. Puis, ce système, on a participé à l’élaborer (4), alors on pourrait le
réviser un jour plutôt que d’en sortir pour entrer dans un autre système qui
pourrait être beaucoup plus contraignant, surtout s’il nous est imposé par
notre puissant voisin du Sud. En effet, si nous devons négocier avec les
États-Unis, advenant notre indépendance,
pour entrer dans une nouvelle alliance « nord-américaine », on
n’aura pas droit à de grandes concessions. C’est plutôt nous qui devront en
faire.
Paradoxe des paradoxes, Michaëlle Jean est québécoise
d’origine haïtienne, mariée à un Français, Jean-Daniel Lafond, et représentante
de la couronne Britannico-Canadienne, la reine étant Reine d’Angleterre et du
Canada! On aurait pu changer cela au moment du rapatriement de la constitution
et devenir une république par exemple, mais ce ne fut pas fait. Alors, si on veut parler de réunion
symbolique ou de récupération politique,
selon les points de vue où l’on se place, on est servi de tous les côtés, car on est à la croisée de nos
origines, française et britannique, et du rêve
multiculturel canadien, tout ça en la personne de Madame la gouverneure
générale. De quoi l’aimer ou la détester
selon nos opinions. De quoi faire parler les tribuns aussi. Mais, surtout, de
quoi faire rêver les français, ce qui explique leur engouement pour Michaëlle
Jean, ce qui a tant dérangé les nationalistes purs et durs de ce côté ci de
l’Atlantique, car ils veulent l’imprimatur de la « patrie » française
juste pour eux! Déception alors si la
France aime mieux le Canada. On doit
avoir l’air bébé vu d’ailleurs. Le Président Sarkosy (France) l’a bien compris
et a profité de la remise de l'ordre de
chevalier de la Légion d'honneur à notre
Céline nationale (Céline Dion), qui unit si bien le Québec et le Canada en une
seule personne, pour déclarer enfin « Je
fais partie de ces Français qui considèrent que le Québec sont nos frères et
que le Canada sont nos amis. Je n'oppose pas les deux. » (5) Fin de cette
tragédie? Jusqu’à la prochaine
déclaration qui semblera remettre notre identité en cause. De quoi avoir l’air
colonisé! (6)
Tout
le problème est qu’on peut se définir Canadien, Québécois ou nord-américain
selon nos intérêts du moment, à quoi s’ajoutent toutes les déclinaisons
ethnoculturelles possibles! On peut être d’ici depuis des générations et se
qualifier – ou être encore qualifié – d’Anglais, d’Africain, d’Haïtien ou
d’Italien par exemple. Plus rarement on se fera qualifier de Français, même si
on fait attention à notre langue, vu notre accent. (7) De quoi être confus, d’autant plus que, selon
les circonstances, l’on peut choisir notre déclinaison. Ainsi, durant le
mondial mes voisins sont Italiens ou Brésiliens, mais à la St-Jean, québécois,
et le 1er juillet, canadien! Le problème n’est donc pas la fonction
de madame Jean, ni l’identité de Michaëlle, mais bien notre identité variable.
À quand une commission québécoise sur l’identité? On est quoi? On est qui? Moi,
tanné de ces débats, je suis montréalais et américain, car j’habite une île qui
s’appelle Montréal et un continent qui s’appelle l’Amérique. Le reste (villes,
provinces et pays) ne sont que de petites lignes sur des cartes. Rien
d’immuable dans le temps, quoique j’ai un attachement à mon quartier :
Saint-Michel.
Pour
en revenir à ce terme de « roi nègre » : est-il encore en usage?
Ça, c’est une autre question. Probablement à l’occasion, mais il ne fait même
pas l’objet d’une entrée dans le TLF (8), ni dans Le petit Robert. Je ne l’ai
pas davantage trouvé dans l’encyclopédie Larousse en ligne! (9) Pas assez
courant. Remarquez que ce n’est pas une
raison suffisante pour ne pas l’utiliser, mais, ceci nous conduit à nous
demander si un autre terme n’aurait pas été plus approprié. Fantoche,
marionnette ou « exécuteur de basses
œuvres» par exemple aurait été aussi clair et moins litigieux. Cela aurait
soulevé des débats, mais moins de hargne.
Fait
intéressant concernant cette expression de roi nègre : une recherche
internet nous apprend que ce terme est « une expression très présente dans la
littérature pour enfant » (10). De quoi illustrer la hauteur de ce
débat qui s’étale en justifications parfois douteuses, ce qui nous conduit à
l’autre point : est-ce du racisme que d’utiliser le terme roi nègre?
On
ne peut répondre facilement à cette question. Il faut d’abord faire un détour.
Si le terme nègre peut être vu comme péjoratif, ce terme est « en voie de perdre ce caractère péj.,
probablement en raison de la valorisation des cultures du monde noir (v. négritude) » nous apprend le
TLF. Ce terme a aussi d’autres sens, qui ne s’appliquent pas qu’à la communauté
noire, comme celui d’un « Auxiliaire qui prépare le travail de
quelqu'un et en partic.
personne anonyme qui rédige pour une personnalité, qui compose les ouvrages
d'un auteur connu. » Il peut donc être employé s’il concerne une
fonction. On pourrait donc dire de quelqu’un qu’il est le nègre d’un autre. Un
roi nègre aussi. Mais, et là est toute la nuance, ce mot devrait-il être
invariable? Dire d’Adèle qu’elle est la négresse d’Adam, auteur connu, n’aurait
pas la même signification que dire qu’elle est le nègre d’Adam? Si roi nègre
est un qualificatif de comportement ou de fonction, VLB a-t-il eu tort de le
féminiser pour Mme Jean? En l’accordant ainsi à sa personne, n’est-ce pas là le
préjudice? De terme générique, il devenait une attaque très personnelle! Avoir
intitulé son texte « Le roi nègre » aurait-il suscité autant de
réactions? Poser la question c’est un peu y répondre.
Cependant,
cela ouvre sur un autre débat. La féminisation des termes. Doit-on féminiser
tous les termes au risque de quelques dérapages ou accepter que certains termes
ne se féminisent pas tout comme d’autres ne se masculinisent pas? De toute
manière, tous les hommes qui ont une tête n’ont pas le choix : celle-ci
est féminine. De l’autre côté, toutes les femmes qui ont un sexe n’ont pas
davantage le choix : celui-ci est doublement masculin! (11) Mais, étant sociologue, je laisse ce débat
aux linguistes quel que soit leur genre!
Notes :
1.
Victor-Lévy Beaulieu La Reine nègre, l’aut’journal, 23
mai 2008 :
www.lautjournal.info/default.aspx?page=3&NewsId=888
2. Deux épisodes récents.
Dans le premier, c’est Le Journal de
Montréal qui a reçu « à la mi-avril,
une mise en demeure de La Presse, lui enjoignant de ne pas reprendre les
informations de la publication militante indépendantiste Le Québécois,
concernant une entente signée entre Radio-Canada et le groupe Gesca en janvier
2001. » (Paul Cauchon, Médias - Guerre
de tranchées entre grands groupes, in Le Devoir, Édition du lundi 12 mai
2008 : http://www.ledevoir.com/2008/05/12/189340.html
Puis, le dernier épisode en
date de cette guerre, en attendant le prochain : « Estimant
que leur réputation a été «malicieusement salie» par deux articles traitant de
leur couverture de l’affaire Julie Couillard, TVA et trois de ses employés ont
intenté mercredi une poursuite de 1,3 million de dollars contre La Presse, Le
Soleil, Cyberpresse et deux journalistes. » (Martin Croteau, TVA poursuit deux journalistes pour 1,3
million, La Presse, mercredi 28 mai 2008 :
www.cyberpresse.ca/article/20080528/CPACTUALITES/80528249/-1/CPACTUALITES)
3. À propos de l’article de VLB « La reine-nègre », 26
mai 2008 :
www.lautjournal.info/default.aspx?page=3&NewsId=880
4. A ce sujet, je pense ici à l’excellent livre de John Ralston Saul,
1998, Reflection of a siamese twin,
Canada at the end of the twentieth century, Canada: Penguin book
5. Christian Rioux,
Sarkozy corrige le tir sur le Québec, Le Devoir, Édition du vendredi 23
mai 2008 : www.ledevoir.com/2008/05/23/190883.html
6. A ce sujet, voici un passage du Projet Anderson de
Robert Lepage :
« Je suis
venu ici pour me faire valider… Parce que c’est ça qu’on fait, nous, les
Québécois. Quand on veut être pris au sérieux, on vient se faire valider en
France. Parce qu’on s’imagine que Paris est encore le centre du monde mais, de
toute évidence, il l’est plus. Il faut juste se faire à l’idée. »
(2007, L’instant scène/E m, p. 87)
7. Une anecdote à ce sujet. Je me suis déjà fait
demander « d’où es-tu? », vu mon accent. Quel accent? J’ai eu la
réponse par hasard beaucoup plus tard,
quand deux personnes âgées, l’une dans un autobus de côte des neiges et
l’autre dans un magasin de l’Est de Montréal, m’ont abordé en me disant que
j’avais l’accent montréalais! C’est fort possible, ma famille maternelle (les
Benoît) étant de Montréal depuis des générations! Un accent probablement oublié
vu les mouvements de population à Montréal comme dans toutes les grandes
villes.
8. Le TLF : Trésor de la langue française
informatisée : http://atilf.atilf.fr/
. Ce terme se retrouve dans la citation suivante seulement :
« La cervelle du roi
nègre jaillit au dehors en bouillie blanche; au son du tabala et des
cymbales de fer, il tomba au milieu de ses prêtres, empêtré dans ses longs
chapelets d'amulettes »
(LOTI, Spahi, 1881, p. 361).
9. www.larousse.fr/encyclopedie/
10. Voici le passage
entier :
« Une expression très présente dans la littérature pour enfant et
particulièrement intéressante à étudier en terme de réduction de tête, c'est
"roi nègre". Deux termes incompatibles qui se disqualifient
mutuellement et qui métamorphosent l'autorité politique du sauvage en en
guignol. Malikoko Roi nègre au théâtre du Châtelet ou Bouboul 1er roi nègre au
cinéma, voici des titres qui sont à eux seuls tout un programme humoristique.
L'idée que le nègre se prenne pour un roi, alors qu'il ne peut être qu'un
fantoche avec le déguisement d'un roi, en fait un prototype de clown, un
croque-mitaine destiné à amuser les enfants, rien de plus. » (Sylvie Chalaye, Africultures, « Ces mots réducteurs de tête », in Zoom, la revue de presse sur un thème
d’actualité, « Mots et mémoires de l'immigration », janvier
2004: http://revues-plurielles.org/php/index.php?nav=zoom&no=6&no_article=2442.)
Après quelques recherches,
je crois que ce texte est tiré d’un colloque : « Des mots pour le dire : mémoires & migrations », journée
publique gratuite avec animation théâtrale, conférences et tables-rondes
organisée par les 15 revues plurielles dont fait partie Africultures et dont
Zoom offre un regard en ligne, le tout sur www.revues-plurielles.org/. Ce colloque aurait
probablement eu lieu le 6 décembre 2003. Pour le programme :
www.africultures.com/index.asp?menu=affiche_evenement&no_evenement=2271&rech=1
11. Voici quelques exemples tirés du TLF :
Tête, subst. Fém.
SEXE, subst. masc.
VAGIN, subst. masc.
Hyperliens
Site officiel de la Gouverneure générale : www.gg.ca/
Michaëlle Jean : http://fr.wikipedia.org/wiki/Micha%C3%ABlle_Jean
Jean-Daniel Lafond : http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Daniel_Lafond
###
Avis :
Dans alternatives,
le journal, Vol 14, no 10, juillet/août 2008, p. 3, un article a attiré
notre attention et nous avons décidé de le reproduire sur notre page Le journal/Fil de presse vu son
intérêt : Le Québec exclu des
tablettes. Cette reproduction est légale, car il est écrit en page 4 de ce
numéro que « La reproduction des
textes est autorisée. Veuillez mentionner la source », ce que nous
faisons avec plaisir. Nous invitons même
nos lecteurs à visiter le site d’alternatives (www.alternatives.ca/) si ce n’est déjà
fait, car c’est une excellente source d’informations.
Michel Handfield, éditeur de societascriticus.com.
La concentration en catimini de la distribution
alimentaire.
Le Québec exclu des tablettes
Vendredi
27 juin 2008 par Camille Beaulieu
Les producteurs agricoles et petits industriels de
l’alimentation sont expulsés par centaines des épiceries québécoises ces
dernières années. La part du Québec dans la transformation alimentaire
canadienne a chuté de 25 % à 20 %. Parallèlement, les importations de produits
transformés à l’étranger ont bondi à un milliard de dollars.
« Les produits québécois ont plus de difficulté
que leurs équivalents étrangers à se retrouver sur les tablettes de nos
épiceries, » s’étonne Dominique Arseneault, propriétaire d’un marché IGA à
Coaticook.
« Le Québec est un cas unique au monde,
explique Jacques Légaré, président-directeur général du Conseil de la
transformation agroalimentaire et des produits de consommation. Nulle par ailleurs,
à l’exception de l’Australie, ne trouve-t-on une telle concentration dans la
distribution alimentaire. »
La
politique des centrales d’achat
Discrètement et depuis au moins dix ans,
Loblaw-Provigo, Sobeys-IGA et Metro qui vendent 80 % des aliments et des
boissons au Québec, centralisent leurs approvisionnements. Les chaînes
réclament dorénavant de gros volumes, livrables selon la formule « juste à
temps » dans un entrepôt de la région de Montréal. Elles approvisionnent
ensuite les épiceries de tout le Québec.
Les propriétaires de marchés franchisés ont joui
longtemps d’une certaine latitude pour offrir des produits régionaux ou du
terroir. Ce qui leur permettait de se démarquer de la concurrence. Cette
liberté rétrécit comme peau de chagrin, constate Louise Ménard, propriétaire de
quatre IGA à Montréal. « On rogne davantage chaque année sur mes achats de
produits locaux et régionaux ! On me dit que les fournisseurs doivent
être « listés » au siège social. Alors, ils font de l’argent au
siège social et ils font de l’argent sur ce qu’ils me vendent. Et en plus, on
demande aux petits producteurs de fournir toute la chaîne… c’est une
aberration. »
En effet, tout se monnaye dans ce commerce. Les
fournisseurs paient des frais de référencement (introduction d’un nouvel
article sur la liste des produits offerts par la chaîne : c’est le fameux
listing). Les fournisseurs sortent ensuite le carnet de chèques pour la
publicité. Certains paient aussi pour trôner à un endroit stratégique sur la
tablette. D’autres, pour de la gomme, du chocolat ou un magazine, allongent des
centaines de milliers de dollars pour voisiner les caisses.
Les petits fournisseurs ne sont donc plus dans la
course. « Les chaînes ne s’intéressent qu’aux gros volumes, conclut Daniel
Mercier Gouin, directeur du Département d’économie agroalimentaire et des
sciences de la consommation à l’Université Laval. Les petits n’ont pas les
capacités de se faire référencer. La marge de manœuvre des franchisés s’est
réduite. Les marchés étalent des produits locaux, mais en petites
quantités. »
Au
diable l’autosuffisance alimentaire
Les géants de l’alimentation « tolèrent tout au
plus 10 % de produits régionaux hors des centrales d’achat et du
listing », accuse Philippe Mollé, chef et chroniqueur gastronomique.
Ghyslain Trudel, qui démarche pour des entreprises
hétéroclites comme l’ail mariné de la ferme Chant-O-vent de Saint-Esprit, les
canards de la ferme Aux Champs Élysé de Marieville, et des fromages du Lac
Saint-Jean, de l’Estrie ou des Iles-de-la-Madeleine abonde dans le même
sens : « Lorsqu’on réussit à entrer dans l’une des trois chaînes, ils
nous font sentir que c’est une faveur ! Les chaînes centralisent leurs
opérations pour éviter de concurrencer des produits déjà sur leurs tablettes »,
affirme ce promoteur de produits régionaux.
« La sélection est féroce, confirme Françoise
Pitt, qui fut rédactrice en chef pendant 13 ans du journal L’Alimentation. Ne
resteront bientôt, parmi les petits producteurs, que ceux qui offrent un
produit de niche, un produit du terroir. »
Beaucoup
de boîtes, peu de produits
Les trois chaînes, contraintes d’espace oblige, ne
tiennent que quelques marques d’un produit. Une marque maison, pour le haut de
gamme (Choix du président, Sélection, Nos compliments) et une marque sans nom.
Plus deux marques nationales — les beurres d’arachides Kraft, par exemple, et
Skippy, de Bestfoods Canada.
Cette concentration, à l’intérieur même des
épiceries, permet à trois boulangeries industrielles de vendre 88 % du
pain frais tranché au Québec. Elle explique aussi pourquoi, selon une étude de
l’Université Laval (Lambert et al. 2004), les coûts de production ont davantage
diminué que les prix des aliments payés par les consommateurs depuis l’entrée
en vigueur de l’ALÉNA en 1994, ce qui fait que les marges de profits sont
supérieures.
Loblaw-Provigo, Sobeys-IGA et Metro Richelieu se
simplifient encore l’existence en exigeant des fournisseurs capables
d’alimenter tous leurs points de vente au pays. Les petits produits sans prestige
ou moins rentables sont biffés du listing.
Que reste-t-il de l’autosuffisance alimentaire
dans ce contexte ? Réconciliées pour une fois, Loblaw et Sobeys gardent un
silence pudique sur le pourcentage de produits québécois sur leurs tablettes.
Metro avance 50 %. En réalité : « On est dans le noir le plus
total, » tranche Jean Larose, directeur général de l’UPA.
L’avenir des produits québécois en supermarché
demeure impossible à prédire, mais pour Jacques Légaré, président du Conseil de
la transformation agroalimentaire et des produits de consommation, la
concentration est inéluctable. « Dans 5 ou 10 ans, il y aura beaucoup
moins de distributeurs et de fournisseurs à travers le monde. Ici comme
ailleurs. »
###
Commentaires
livresques : Sous la jaquette!
La
face cachée de Robert Lepage
Michel
Handfield
10 juillet 2008
L’an dernier j’ai assisté au lancement de deux livres de
Robert Lepage au TNM : La face cachée de la lune et Le projet Andersen. (1) Loraine
Pintal, directrice du TNM, avait souligné à cette occasion toute l’importance
de mettre le théâtre en livre. Pour Robert Lepage, cet acte était cependant un
deuil, parce que la pièce devenait figée
dans une forme définitive! Cela est vrai tout en ne l’étant pas, car des
relectures peuvent être faites plus tard, tout comme Robert Lepage l’a lui-même
fait pour « Songe d’une nuit d’été »
de Shakespeare (1600) et « Galilée » de Bertolt Brecht (1938)
au TNM. D’autres pourront aussi remonter ses textes dans l’avenir, même les
réactualiser!
***
Robert
Lepage (texte du spectacle de), La face cachée de la lune avec une
préface d’André Brassard, Coll. « L’instant scène », 84 pages, ill., ISBN
978-2-89502-244-2, www.instantmeme.com/
Quand
j’ai vu le film, je me posais des questions sur le contenu de cette pièce,
comme de savoir si Constantin Tsiolkovski et Aleksei Leonov étaient des
personnages bien réels. Quand j’ai lu la pièce, il m’apparaissait comme tel.
Une recherche internet me le confirme : Lepage n’écrit pas n’importe quoi.
Ces personnages sont bien vrais. C’est une œuvre fondée!
Ayant
vu le film à défaut de la pièce, il y avait plusieurs détails qui
m’intéressaient, mais que je n’avais pu prendre en note, comme le fait que le
personnage de Philippe étudiait en « philosophie
de la culture »! Ce sont tous ces détails qu’il est intéressant de
retrouver dans le livre! Des réflexions aussi, comme celle-ci de Philippe,
« éternel candidat au doctorat »,
quand il parle de son frère, André :
« Il fait la météo. Canal Météo. Celui avec le bouc. Le bouc. Le
bouc du Canal Météo! Pis il est pathétique, pathétique! Il est là devant son
image satellite pis, là, monsieur est convaincu que, vue de l’espace, la Terre,
ça ressemble à ça! Qu’il y a des pointillés pis des petites flèches pour
t’aider à comprendre comment les choses sont placées, qu’il y a des frontières,
vues de l’espace, que tu les vois! Ça, ici, c’est le Kosovo, pis là, ça, c’est
la Serbie. Ça, c’est l’Afrique du Sud pis ça, c’est la bande de Gaza. Ça, c’est
la province de Québec avec toutes les autres provinces canadiennes, pis toutes
les affaires sont à leur place dans leurs petits compartiments! Pis la pire
chose qui peut nous arriver, c’est qu’il
tombe de la pluie verglaçante ou
ben qu’il grêle, calice! Il a pas l’air de se rendre compte qu’il y a des
affaires qui sont pas mal plus compliquées, qu’il y a des affaires qui sont pas
mal plus difficiles à comprendre, pis que la Terre, vue de l’espace, c’est
comme une grosse pizza où les gens ont de la difficulté à se réconcilier,
justement!
C’est sûr que je suis jaloux. Je suis pas jaloux de son cash pis de sa
maison à la campagne, je suis jaloux de son peu de conscience universelle, de
son peu de culture, de son peu d’éducation pis de son peu de curiosité. Toutes
les affaires qui me rendent malheureux, comme ma grande conscience universelle
pis ma grande compassion humaine... Lui, comprends-tu, la compassion, ça lui
passe là, là! En tout cas... » (pp. 48-9)
Bref,
une pièce qui en dit beaucoup sur notre époque, la science, la Culture, et la
culture populaire. Mais, aussi une pièce qui se penche sur un monde compétitif,
beaucoup trop compétitif. Compétition de classes (sociales), de société
(USA/URSS), et fratricides : entre
deux frères qui sont aux antipodes, mais « cherchant continuellement dans le regard de l’autre un miroir pour y
contempler leurs propres blessures, ainsi que leur propre vanité. »
(p. 15) Pas assez coopératif.
Une
pièce d’anthologie pour les ethnologues de demain! A voir, pour le langage non
verbal (le film existe en DVD), et à lire, pour ne rien manquer des subtilités
du texte!
Arrière
de couverture
La
face cachée de la lune raconte en parallèle la relation tendue de deux frères à
la suite du décès de leur mère et la course folle à la conquête de l’espace
entre Américains et Soviétiques. Philippe, un éternel candidat au doctorat
jaloux du succès de son cadet, présentateur vedette de la météo, se passionne
pour l’espace. Souhaitant que sa thèse, portant sur le grand Tsiolkovski, soit
publiée, il prépare une bande vidéo destinée à un éventuel auditoire
extraterrestre.
Conçu,
mis en scène et interprété par Robert Lepage, ce quatrième spectacle solo
(après Vinci, Les Aiguilles et l’Opium et Elseneur) est peut-être la plus
autobiographique de ses œuvres. La critique a dit de La face cachée de la lune
que Lepage y redéfinissait le one man show. Jouant tous les rôles, l’interprète
crée, à partir d’un minimum d’accessoires (une planche à repasser, le hublot
d’une machine à laver, une étagère), une table, une mobylette, une bicyclette,
un appareil de musculation, un engin spatial, un hublot, un bocal à poisson, un
téléviseur, dans une poésie de l’apesanteur.
Reprise
à la scène par Yves Jacques, la pièce a été adaptée pour l’écran par l’auteur
lui-même.
***
Robert Lepage (le texte du
spectacle de), Le projet Andersen (accompagné d’un DVD) avec une préface de
Lars Seeberg, Coll. « L’instant scène », 97 pages, ISBN 978-2-89502-241-1, www.instantmeme.com/
Parmi
les contes d’Andersen on peut penser à La
petite fille aux allumettes; Le
Vilain Petit Canard; La Petite Sirène
et David Copperfield, tous fort
connus. Lepage, lui, s’est inspiré de La
Dryade, de L’Ombre et « de quelques épisodes parisiens de la vie du
célèbre auteur danois » pour faire cette pièce. Mais, qui était Andersen?
C’est
ce que nous découvrons par analogie dans ce conte de Lepage. Par
exemple :
« OK, OK...
Ben, you should read, because The Dryad is presque un conte érotique : une
jeune nymphe vierge who come out of a tree to go Paris to feel, smell, and
taste... It’s un conte very... sensuel... It’s like a métaphore for Andersen,
who want to corne out of the closet and go to Paris to have sex with the boys
and the girls and tout ce qui bouge...
Oui,
je sais, he neyer had sex in his life, but he had a lot of sex dans sa tête,
because he did a lot of... plaisir solitaire... five finger solo?
Non, j’invente pas ça... In
the journal personnel, il y a des traces partout.
Non, non, des traces
écrites... And
he write: today, I do it and it’s good and today, not so good and I do it
again... Because, selon Andersen, la masturbation and storytelling, ça produit
le même effet chez les enfants: it développe their imagination and it help them
to go to sleep faster. » (p.
39)
On
apprend aussi que si les contes d’Anderson semblent rose bonbon parfois, ce
sont davantage leur adaptation que leur réalité qui est rose bonbon. Ainsi, à
la fin de cette pièce, le personnage principal se « dit, ironiquement, que tout ça allait se terminer cruellement, comme
dans un conte d’Anderson. Où les êtres humains qui ont de trop grands désirs et
de trop grandes ambitions sont toujours punis et où seuls les animaux sont
heureux et ont beaucoup d’enfants. » (p. 92) Morale luthérienne, la vaste majorité du Peuple Danois étant de cette
confession ? (2)
« La morale? Je ne sais pas. J’imagine
qu’Andersen tente de nous dire qu’il y a, en chacun de nous, une part d’ombre
et que, si nous la laissons nous dominer, elle finit par nous détruire »
(p. 69).
Bref, pour découvrir Anderson autrement que par ses contes,
mais par un conte quand même : le conte d’Anderson de Robert Lepage! (3)
Arrière de couverture
Répondant
à une commande de l’Opéra Garnier, un auteur québécois s’installe à Paris, rue
Saint-Denis, afin de créer le livret d’une œuvre lyrique pour enfants tirée
d’un conte de Hans Christian Andersen. Il y côtoie un administrateur d’opéra
aux penchants insoupçonnés, un jeune concierge maghrébin passionné de
graffitis, et un chien dont on se demande s’il n’est pas le véritable guide du
récit.
S’inspirant
librement de deux contes d’Andersen («La Dryade» et «L’Ombre») et de quelques
épisodes parisiens de la vie du célèbre auteur danois, Robert Lepage explore,
dans Le projet Andersen, les territoires troubles de l’identité sexuelle, des
fantasmes inassouvis et de la soif de reconnaissance qui se dessinent en
filigrane dans la vie et l’œuvre d’Andersen.
Comme
toujours chez Robert Lepage, c’est par le voyage, le mouvement vers l’Autre,
l’étranger, qu’un Québécois tente de découvrir ce qui le touche et l’anime.
Notes :
1. D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et
de culture, Vol. 9 no 4, Livres
2. Danemark : http://fr.wikipedia.org/wiki/Danemark#Religion
3. Andersen: http://fr.wikipedia.org/wiki/Hans_Christian_Andersen
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Reçu
dans la semaine du 16 juin 2008 : Perla Serfaty-Garzon, 2008, Marre d'être
la fée du logis ? Paradoxes de la femme d'aujourd'hui, Paris : Armand
Colin, 198 p. ISBN : 978-2-200-35038-3
http://www.armand-colin.com/
Les
femmes d'aujourd’hui sont-elles des fées du logis ?
L’expression
est désuète, sent un peu l’ironie, paraît même insultante à certaines. Leurs
mères en étaient,
oui… Elles, non… Elles se rebiffent à l’idée. Car toutes ont une vie qui ne se
résume plus à leur foyer et la majorité d’entre elles ont un métier auquel
elles tiennent. Elles savent s’affirmer.
Et
puis, pensant à tout ce qu’elles s’imposent pour que tout aille bien chez
elles, elles se disent : après tout… Savoir faire éclore le bonheur au
quotidien et le protéger ne reste-t-il pas de la vraie magie ?
Les
tâches et le souci de la maison sont à partager, c’est sûr. Mais n’y a-t-il pas
des pouvoirs qu’on n’a aucune envie d’abdiquer ?
L’auteure
nous entraîne au coeur des paradoxes du quotidien au féminin. Une exploration
vivante, intime, émouvante. Et l’éclairage qu’elle apporte est neuf et
original.
Perla Serfaty-Garzon,
psychosociologue, est connue pour ses études sur le chez-soi et l’intimité.
---
Reçu
le 3 juin 2008, Possibles (www.possibles.cam.org/),
Volume 31 no 3 et 4 Été/automne 2008, Le
documentaire art engagé
Très
claires sur Le plan conceptuel, les frontières entre fiction et documentaire,
de même qu’entre l’acte créateur et l’intervention, sont plus nébuleuses sur te
terrain des pratiques. Doit-on situer un Michael Moore plus près de l’activisme
politique d’un Chomsky ou de la narrativité d’un Oliver Stone? Et alors est-il
accidentel qu’au moment même où l’on constate partout un déclin du militantisme
dans les partis politiques, des films documentaires à la charge dénonciatrice ou mobilisatrice, qu’on
programme même dans des salles commerciales, semblent accompagner dans le temps
de nouvelles formes d’engagement collectif, sans que le public de ces films se
réduise aux groupes activement engagés?
Le
phénomène interroge tant les organisations militantes que les milieux
cinématographiques. Aurait-on institué des cloisonnements contre-nature entre
l’action et l’imaginaire? Entre le monde de l’émotion privée et celui des
solidarités et conflits plus larges? Où situer dans l’éventail des actions
visant te changement social, dans l’ensemble de la production cinématographique,
dans la galaxie de l’information médiatique, ces documentaires qu’on dit
(parfois avec hésitation) engagés?
14$ / ISSN
0703713-9
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UN BALLET
POUR TOUTE LA FAMILLE AU CINÉMA EX-CENTRIS!
Le dimanche 8 juin à 13h00 à Ex-Centris (www.ex-centris.com)
Montréal, le vendredi 23 mai 2008 – Le dimanche 8 juin à 13h, le cinéma Ex-Centris vous invite à découvrir
l’adaptation dansée des contes de Beatrix Potter par le Royal Ballet, Les Contes de Beatrix Potter. Cette représentation unique tournée au réputé
Royal Opera House, exclusivement pour le cinéma, s’inscrit dans le cadre
de la série printanière annoncée récemment par Ex-Centris. Les parents et leurs
enfants de 6 ans et plus seront renversés
par la chorégraphie de Frederick Ashton, un des plus
grands chorégraphes britanniques du XXe siècle. Réunissant tous les
adorables personnages des contes de Beatrix Potter (Jeremy Fisher, Mrs
Tiggywinke, Jemima Puddleduck, Squirrel Nutkin, Pigling Bland, etc.), ce ballet
est interprété par les danseurs du Royal Ballet sur une musique
de John Lanchbery. Une occasion unique de faire découvrir cette
forme d’art aux enfants!
Née en 1866, Beatrix
Potter, auteure anglaise de livres
pour enfants, a énormément contribué à la littérature britannique. On lui doit
de célèbres livres pour enfants comme l'histoire de Pierre Lapin (publié en
1902), le premier livre d'une série mondialement connue. Elle s'est alors
imposée comme dessinatrice à une époque où son milieu la condamnait à une
tranquille oisiveté. Beatrix Potter vit toujours à travers les aventures de
Pierre Lapin et ses amis et continue d’enchanter des millions de petits et de
grands. Ses contes, traduits dans de nombreuses langues, figurent
définitivement parmi les classiques de la littérature mondiale.
Le Royal
Ballet est une compagnie de
ballet britannique fondée à Londres en 1928 par Ninette de Valois. Installée à l'origine au Sadlers Wells Theater sous le nom de Sadley's Wells Ballet, elle s'établit en 1946 à Covent Garden et prend le nom de Royal Ballet en 1957.
Présenté en association avec DigiScreen,
une pionnière dans l’acquisition et la distribution de contenu numérique de
haute qualité destinée à des présentations dans les cinémas, ce spectacle
impressionnant sera projeté dans les principales villes du Canada.
Pour en savoir plus sur le Royal Ballet et le
Royal Opera, rendez-vous au www.roh.org.uk.
Commentaires de Michel Handfield (6 juin 2008)
Dès les premières notes, la magie opère. J’entends
les « ahhh » et les « ohhhh » dans ma tête, mais on est à
la Royal Opéra House! On se retient, sauf qu’on est transporté quand même!
Enchanteur!
Casse noisette n’est plus seul pour initier les
enfants à la grande musique! On a maintenant « LES CONTES DE BEATRIX
POTTER » pour les initier
à la grande musique et au ballet.
La musique est celle
de John Lanchbery (1923-2003), qui était
reconnu pour ses arrangements de ballets. Ce n’est pas un hasard que ce soit
sur sa musique que l’on a droit à cette magie, car il avait fait les
arrangements pour le film « The Tales of Beatrix Potter » en 1970. (1) On
est donc dans la suite des choses… pour notre plus grand bonheur. C’est
exactement ça : un film pour notre plus grand bonheur! On est au ballet et
on se croit devant un dessin animé tellement c’est bien fait. Quelle
production.
Je réitère que ces films
doivent être disponibles en DVD, surtout celui-ci, car il permettrait une
initiation des plus jeunes aux arts de la danse et de la musique orchestrale à
la maison.
Note :
1.
John Lanchbery in Wikipedia: http://en.wikipedia.org/wiki/John_Lanchbery
Obituaries
in the Times: www.timesonline.co.uk/tol/comment/obituaries/article1114128.ece
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(Ciné, Théâtre et quelques annonces d’événements)
Attention :
Dans les commentaires cinés, de théâtres ou de spectacles, les citations sont
rarement exactes, car même si l’on prend des notes il est rare de pouvoir tout
noter. C’est généralement l’essence de ce qui est dit qui est retenue, pas le
mot à mot.
Je ne fais pas
non plus dans la critique, mais dans le commentaire, car de ma perspective, ma
formation de sociologue, le film est un matériel et nourrit une réflexion qui
peut le dépasser. Certains accrocheront sur les décors, les plans de
caméra, le jeu des acteurs ou la mise en
scène, ce qui m’atteint moins. Moi, j’accroche sur les problématiques qu’il montre
et les questions qu’il soulève. Le film est un matériel sociologique, un
révélateur social : psychosocial, socioéconomique ou sociopolitique par
exemple. C’est ainsi que sur de très bons films selon la critique, je n’ai fait
que de courts textes alors que sur des films qui ont décriés en cœur, j’ai pu
faire de très longues analyses, car je n’ai pas la même grille, le même angle,
qu’eux dans la tête. Je prends d’ailleurs des notes durant les projections de
presse que je ne peux renier par la suite, même si je discute avec des
confrères qui ne l’ont pas apprécié de la même manière que moi, car je
travaille d’un autre angle. J’encourage donc le lecteur à lire plusieurs points
de vue pour se faire une idée. Ce n’est pas un hasard si nos pages offrent plusieurs
hyperliens de références, car cette diversité de points de vue est nécessaire.
Il faut la protéger.
Michel
Handfield
http://swingvote.movies.go.com/
Une présentation de
Touchstone Pictures, à l'affiche dès vendredi 1er août
Réalisateur: Joshua
Michael Stern
Producteur: Jim
Wilson, Kevin Costner
Scénario: Joshua Michael Stern, Jason Richman
Distribution: Kevin Costner, Paula Patton, Kelsey Grammer, Dennis
Hopper, Nathan Lane, Stanley Tucci, Judge Reinhold, George Lopez, Willie
Nelson, Mare Winningham, Richard Petty and introducing Madeline Carroll
Synopsis
À
cause de circonstances incroyables, le résultat des élections présidentielles
américaines sont sur les épaules d'un seul homme.
Source : www.lecinema.ca/film/2799/
Commentaires de
Michel Handfield (4 août 2008)
La
route 66 au début de ce film m’a fait penser à Easy Rider (1969) avec ses 2 « bikers » de la
contre culture! Mais, ici, Dennis
Hopper, qui était dans ce film culte,
incarne plutôt l’aspirant président. Un démocrate au moins! Quant à
Kevin Costner, s’il n’était pas d’Easy Rider,
en Bud Johnson, semble être resté
accroché à cette période. Pourquoi voter
puisque tout est décidé? Maître de la procrastination, il préfère boire sa
bière et dormir. Bien dormir. Sa fille doit toujours le réveiller pour qu’il
aille au travail, où il paresse aussi! La petite est tout son contraire :
sérieuse et appliquée, au point où elle semble l’adulte de la maison.
Elle
est aussi idéaliste. Le vote, c’est partie du contrat social dit-elle. C’est
juste pour dire qu’elle ne cite pas Jean-Jacques (1), sauf que la politique ne
respecte pas toujours sa part du contrat social, mais, cela, elle le
découvrira. Elle a donc inscrit son père
sur la liste électorale et verra à ce qu’il vote. Par un hasard que je ne vous
raconte pas, son vote devient le vote manquant nécessaire pour briser l’égalité
entre les deux candidats à la présidence. Bud devient donc le point de mire des
médias et de toutes les attentions des deux candidats et de leurs
organisations.
Les
spécialistes de l’analyse et de la communication des deux partis mettent donc
tout en œuvre pour saisir qui est Bud; savoir tout ce qu’il pense, consciemment
ou non, et, surtout, le séduire. On va jusqu’à trafiquer la pensée de chaque
candidat à la présidence et du parti
pour le faire, car Bud est le client
ultime à mettre dans sa poche! Par l’absurde de la situation on saisit tous les
rouages du clientélisme, cette façon qu’ont les partis politiques de tailler
leur message pour différentes clientèles au point d’être en dissonance
cognitive, surtout quand on regarde les grandes lignes de leur programme versus
les promesses des présidentiables à un groupe ou à l’autre. C’est ainsi que
dans la campagne réelle, Obama était plus à gauche contre Hillary Rodham
Clinton qu’il ne l’est face à John McCain par exemple. (2) Mais, les
communicateurs ne s’en formalisent pas. Au contraire, car c’est leur travail de
créer des messages spécifiques pour séduire chaque groupe.
Ici,
en vous faisant rire de bon cœur, on en profite pour vous montrer la machine
qui vous manipule peu importe le parti.
Qui suit la politique le voit
très bien dans la campagne présidentielle États-unienne, où les
démocrates tiennent un discours taillé pour leur clientèle dans un État et un
autre pour séduire les républicains mous d’États républicains. La même chose
est vraie du clan républicain ou de nos partis politiques au Québec ou au
Canada. Le clientélisme est le modus operandi de toutes les campagnes
électorales. Il faut juste savoir doser les choses pour être capable de revenir
en arrière sans avoir l’air fou une fois au pouvoir! Ce n’est pas pour rien que
les partis politiques ont tous une équipe de scripteurs et de stratèges pour
bien peser les mots du candidat avant même qu’il ne les prononce. C’est un
produit, comme un savon ou un désodorisant. Il faut faire croire qu’il lave
mieux et sent meilleur que l’adversaire! Machiavel avait déjà tout compris cela
il y a quelques siècles. (3)
Chaque
clientèle ayant ses émissions et ses réseaux, seul un certain public, qui se
passionne d’informations, va être courant des contradictions des candidats. La
plupart des autres n’y porteront pas attention. De toute manière, on fera
attention de respecter les cloisonnements géographiques et idéologiques entre
les différents groupes. A titre d’exemple, combien de citoyens d’ici lisent à
la fois le Journal de Montréal, Le Devoir, The Gazette,
La Presse et, même, The Globe and Mail? Très peu! La même
chose est vraie aux États-Unis. Alors, si on sait distancer les messages qui
s’adressent à des clientèles différentes, très peu d’électeurs feront ces
rapprochements. Et certaines promesses faites à des groupes spécifiques (4),
surtout lors de blitz électoraux, ne
seront diffusés que dans leur réseau, parfois dans un ou deux média locaux, car
tout n’est pas nécessairement repris par les médias nationaux. Et, si la
nouvelle était reprise, à moins d’un scoop ou d’une frasque importante, ce ne
sera pas nécessairement en une. L’idée est de ne pas tout faire en même temps,
ni dans la même région et, surtout, de ne pas créer de vague. Ainsi, ce qui
intéressera Barron au Wisconsin ne
passera pas nécessairement dans le New-York Times, ni ce qui intéressera
Texico, Nouveau Mexique, à moins que le vote ne soit décidé par… Bud! (5) Là,
tous les médias y seront et CNN le suivra continuellement ou presque. (6)
Un
tel film permet de faire ressortir toute l’incongruité des promesses
électorales et des messages ciblés. Ainsi, quand Bud dit préférer la vie, on le
classe comme « pro-vie » et on taille un message spécifique pour lui,
où le candidat démocrate renie ses principes pour le séduire, lui, l’américain
moyen, probablement buveur de Bud! (7) Le candidat républicain et actuel
président, pour sa part, sauvera la rivière où notre homme pêche, même s’il
avait prévu tout autre chose pour celle-ci, loin des préoccupations de Bud
naturellement. Mais, comme son vote
compte, on ne lésine pas sur le marchandage!
L’éthique
journalistique aussi en prend un coup, car le chef de bureau fait bien
comprendre à sa reporter vedette, qui est sur le coup, que si elle veut aller
dans un plus grand marché, New-York ou Los-Angeles par exemple, elle doit
livrer la marchandise. Les scrupules éthiques, c’est pour la faculté de
journalisme. Sur le terrain, il faut offrir plus que les autres pour entrer
chez les gens. L’information est un produit qui fait vendre d’autres produits en
passant de la pub! (8) Et, pour vendre,
il faut être vu! C’est assez clair comme message.
Ne
soyez pas déçu de ne pas savoir l’issue du vote à la fin, car le vote c’est
secret. De toute façon, tel n’est pas le but du film. C’est de vous montrer l’arrière scène de la
politique sous des airs de comédie. Swing vote, un scénario où Machiavel
rencontre Jean de La Fontaine! Societas Criticus enverrait bien ce scénario
directement aux OSCARS. Rien de moins.
Notes :
1. En l’écoutant parler, j’ai immédiatement
pensé à Jean-Jacques
Rousseau, 1992 [1762], Du contrat social,
France: Grands écrivains.
2. Donald Lambro, Obama's move to
center irks left, The Washington Times,
Saturday, July 5, 2008 : www.washingtontimes.com/news/2008/jul/05/obamas-move-to-center-irks-left-wing/
3. Machiavel, Nicolas, 1992, [1532], Le Prince, Paris : GF Flammarion (Traduction et présentation
par Yves Lévy)
4. Des gens d’affaires
ou une organisation communautaire, sportive, ethnique, religieuse ou autre par
exemple, comme le groupe de défense de la rivière pure et poissonneuse!
5. Wikipéedia nous
apprend que Barron, Wisconsi, comptait
3,248 habitants selon le recensement de l’an 2000 (http://en.wikipedia.org/wiki/Barron%2C_Wisconsin)
et que Texico, New Mexico, en
comptait 1,065: http://en.wikipedia.org/wiki/Texico,_New_Mexico. Pour d’autres détails sur
Texico, voir www.city-data.com/city/Texico-New-Mexico.html
6 CNN : www.cnn.com/
7. N’étant pas buveur
de bière, je n’ai pas porté attention à ce détail. Ce n’est qu’au moment
d’écrire ce texte que j’ai fait ce lien entre Bud et Budweiser (www.budweiser.com/).
8.
C’est Patrick Le Lay, PDG de TF1, qui l’a dit! « Le Lay (TF1) vend « du temps de cerveau humain disponible » »,
Publié le dimanche 11 juillet 2004 sur L’observatoire des
médias/ACRIMED : www.acrimed.org/article1688.html
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À l’affiche à Montréal dès le vendredi 1er août au
Cinéma Parallèle (Ex-Centris)
Un film d’Ismaël Ferroukhi, Joana Hadjithomas &
Khalil Joreige, Isild Le Besco, Corinne Garfin, Yann Le Gal et Safy Nebbou
FunFilm
Distribution est fière d’annoncer la sortie en salle à Montréal du film
Enfances (France, 2007), réalisé par six jeunes réalisateurs français. Le film
prendra l’affiche au Cinéma Parallèle (Ex-Centris) le vendredi 1er août
prochain.
Une
idée ambitieuse d’un véritable amoureux du cinéma : Yann Le Gal
s’intéresse à un événement charnière de l’enfance de six grands réalisateurs,
anecdote qui forgera l’adulte et surtout l’artiste. C’est ainsi qu’est né
Enfances, un long métrage composé de six courts qui nous raconte un épisode de
l’enfance de Fritz Lang, Orson Welles, Jacques Tati, Jean Renoir, Alfred
Hitchcock et Ingmar Bergman. « On a souhaité se recentrer sur des
cinéastes qui ont fondé le cinéma tel qu’il est aujourd’hui, explique Le Gal au
magazine Studio. Mais il fallait que chaque histoire fonctionne indépendamment
de leur nom pour qu’on puisse apprécier ces courts sans connaître leur œuvre
dans le détail. » Cela donne un film captivant, harmonieux et sensible qui
profite d’une distribution prestigieuse.
La paire de chaussures d’Ismaël Ferroukhi (l’enfance de
Jean Renoir)
Jean, fils d’une
famille aisée, part en vacances, comme chaque été, dans leur maison de
campagne. Seulement cette année, Jean fait la rencontre de Godefer, un garçon
de son âge qui passe son temps dans la forêt à chaparder, à braconner… En
échange de la belle paire de chaussures que porte Jean, Godefer lui fera
découvrir tout un monde qu’il ignore.
Open the door, please de Joana Hadjithomas & Khalil
Joreige (l’enfance de Jacques Tati)
À 12 ans, Jacques
mesure plus d’un mètre 80 alors que ses camarades mesurent 30 à 40 centimètres
de moins. Ce matin, c’est le jour de la photo de classe que le photographe
tente en vain de composer selon « les règles de l’art » recherchant
une belle symétrie… Mais comment mettre Jacques dans le même cadre que les
autres ?
Le regard d’un enfant d’Isild Le Besco (l’enfance d’Orson
Welles)
Tout le monde dit de
cet enfant qu’il est surdoué. Le jour où sa mère tombe gravement malade, il se
retrouve totalement désemparé. Pas longtemps cependant, car il est bientôt
convaincu qu’elle ne mourra pas s’il ne la quitte pas un instant des yeux.
L’enfant veille sur sa mère et lutte contre le sommeil en la fixant du regard…
Short
Night de Corinne Garfin (l’enfance d’Alfred Hitchcock)
Alfred est un enfant
passionné de théâtre. Mais ce soir, il est privé de spectacle. Sa mère,
autoritaire et injuste, a estimé qu’il avait été désobéissant. Elle lui ordonne
de se coucher pendant que son mari et elle vont assister à la représentation.
Quand Alfred se réveille en pleine nuit, ses parents ne répondent pas à ses
appels. Commence alors pour lui, abandonné dans la grande maison, une nuit de
terreur.
Un secret derrière la porte de Yann Le Gal (l’enfance de
Fritz Lang)
Autriche 1900. Les
idées antisémites commencent à émerger dans le pays et il est bien difficile
pour un enfant d’une dizaine d’années de ne pas être influencé. Il ignore
toutefois que ces idées à la mode vont provoquer une révolution au sein de sa
famille.
Une naissance de Safy Nebbou (l’enfance d’Ingmar Bergman)
Tout allait bien pour
les deux frères. Ils avaient leur place, leurs jeux, leurs habitudes.
Malheureusement pour eux, tout change quand arrive une petite sœur. Que faire
pour rétablir l’harmonie rompue ?
Ismaël Ferroukhi
s’est surtout fait remarquer par son premier long métrage, Le grand voyage, qui
a remporté le Lion du Futur (meilleure première œuvre) à la Mostra 2004. Joana
Hadjithomas & Khalil Joreige ont déjà réalisé A perfect day et Autour de la
maison rose. Connue d’abord comme comédienne (Sade), Isild Le Besco a aussi
réalisé Charly. Les courts métrages de Corinne Garfin ont fait le tour du monde
et des festivals. Le cou de la girafe fut le premier long métrage de Safy
Nebbou. Quant à Yann Le Gal, l’instigateur du projet, il surtout connu comme
scénariste (Marie-Antoinette).
Enfances de Ismaël
Ferroukhi, Joana Hadjithomas & Khalil Joreige, Isild Le Besco, Corinne
Garfin, Yann Le Gal et Safy Nebbou
2007 / France / 80
minutes
Avec Elsa
Zylberstein, Clothilde Hesme, Isild Le Besco, Julie Gayet
À l’affiche dès le
vendredi 1er août au Cinéma Parallèle (Ex-Centris, 3536 boul. Saint-Laurent)
Commentaires de
Michel Handfield (4 août 2008)
Tous
ces courts métrages sont bons, mais voici ceux que j’ai préféré et pourquoi!
Un secret derrière la porte de Yann Le Gal (l’enfance de
Fritz Lang)
Petit,
il est chrétien et antisémite. Il défend la pureté de la race et dit comprendre
la politique. Il souhaite le rapprochement de l’Allemagne et de l’Autriche. Il
terrorise aussi son grand frère qui ne sort pas à cause d’une maladie de peau,
le psoriasis selon moi! Un vrai nazis en devenir. Voilà ce que fait l’idéologie
sur les enfants. Mais, un événement fera qu’il devra se raviser. Plus tard, il prendra position par son
cinéma, mais c’est déjà une autre histoire.
La paire de chaussures d’Ismaël Ferroukhi (l’enfance de
Jean Renoir)
C’est
la rencontre du fils d’un « Auguste » peintre, qui passe du temps à
la campagne, avec le fils d’un paysan qui rapine ce qui lui manque. Mais, c’est
aussi l’opposition des connaissances et des savoirs, que ce soit les
« bonnes manières » ou l’observation de la nature! Le Savoir et le
savoir de la débrouille. Le savoir survivre. Un savoir fort utile parfois.
Renoir,
d’un milieu intellectuel où l’on parlait de la séparation de l’Église et de
l’État, découvrira la nature, mais surtout la nature des Hommes au contact de
ce garçon! Déjà baigné dans l’humanisme et le naturalisme de par son père, il
découvrira une certaine dureté de la vie par cette amitié de courte durée, car
le père de ce garçon l’enverra où « il doit être » suite à un
incident qui n’en était pas un. La justice, c’est parfois l’injustice. Cela
marquera aussi une forme de vision politique dans son cinéma. Il sera
d’ailleurs près des communistes avant d’aller vivre aux États-Unis. (1)
Short Night de Corinne Garfin (l’enfance d’Alfred
Hitchcock)
Austérité,
théâtre et peur du vice, voilà ce qui marque l’enfance d’Alfred. Marqué au
point qu’il en deviendra Hitchcock! Film tourné en noir et blanc comme un bon
thriller du maître.
Note :
1. Voir Jean Renoir
sur Wikipédia : http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Renoir
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En
salle le 1er août
1 h 22 minutes
Grand gagnant du dernier Festival du film de
Tremblant.
Présenté
à la Mostra de Venise en 2007 et lauréat du prix du meilleur film et de la
meilleure actrice à Lubna Azabal au dernier Festival du film de Tremblant, 24
Mesures prendra l’affiche le 1er août. Scénarisé et réalisé par Jalil Lespert,
le film met aussi en vedette Benoît Magimel, Sami Bouajila et Bérangère Allaux.
Le
temps d’une nuit, la veille de Noël, quatre destins se télescopent. Une jeune
mère, Helly, qui tente de récupérer la garde de son fils, monte dans le taxi de
Didier. C’est le début d’une série de rencontres qui la conduiront aussi de
plein fouet vers Marie, puis vers Chris. Au cœur de cette virée nocturne, les
existences basculent. Tous ont des comptes à régler avec la vie, avec leur
famille, et avec eux-mêmes. Ils n’ont rien en commun, mais ils cherchent la
même chose, un peu moins de solitude, un peu plus d’amour…
Jalil
Lespert a été remarqué pour la première fois alors qu’il accompagnait son père,
acteur de théâtre, au casting du court métrage Jeux de la plage de Laurent
Cantet. Père et fils sont engagés pour jouer… Par la suite, il tourne dans deux
autres films de Laurent Cantet, Les Sanguinaires en 1997 et Ressources humaines
en 1999, dans lequel il est le seul acteur professionnel de la distribution. Ce
rôle lui vaudra le César du meilleur espoir masculin.
Il
enchaîne alors les films : Nos vies heureuses, le film fleuve de Jacques
Maillot, Un dérangement considérable de Bernard Stora, Sade de Benoît Jacquot,
Vivre me tue de Jean-Pierre Sinapi ainsi que Pas sur la bouche d’Alain Resnais.
En
2005, on le retrouve dans Le Promeneur du champ de Mars de Robert Guédiguian et
dans Le Petit lieutenant de Xavier Beauvois. Puis, en 2006, il obtient un rôle
dans Ne le dis à personne de Guillaume Canet et travaille une fois de plus avec
Robert Guédiguian dans Voyage en Arménie.
24 Mesures est son
premier film en tant que réalisateur.
Commentaires de
Michel Handfield (31 juillet 2008, mis en ligne le 1er août)
Des
vies comme des atomes qui se rencontrent
au hasard. Pulsions et répulsions pour former des destins. Tout est possible,
mais aussi impossible. On est plongé au cœur des hasards de la vie, parfois
près du roman noir. Mais, c’est aussi ça la vie. Des dépendants qui se sauvent de leur vie et
se trouvent au hasard, comme des ions qui se repoussent et s’attirent pour
former quelque chose d’indéfini.
On
est dans le vide de l’univers, où les choses se créent et se défont; entre la
vie et la mort, question d’atomes et de circonstances! De hasard! Pourquoi
l’univers s’est fait? Pourquoi la vie sur terre? Pourquoi lui? Pourquoi elle?
Pourquoi ils s’aiment ou se détruisent? Attendre le dénouement ou le forcer?
Est-ce qu’on contrôle réellement les choses ou sont-ce les atomes qui nous
forment qui les contrôlent? On est fait des mêmes particules cosmiques que
l’univers, que notre fils que l’on ne voit pas ou que le fusil que l’on tient,
si froid sur notre tempe, mais si chaud dans notre main. Tout est question
d’atomes, d’un déplacement d’atomes. Le hasard? L’amour qui nous attend ou qui
nous quitte? Question de chimie et d’attirance! De molécules!
Des
gens, comme des électrons libres qui se croisent pour le meilleur et le pire.
Certains trouveront, d’autres non. Mais, le bal des électrons libres se
poursuivra avec ou sans eux. Fataliste finalement.
---
www.unetesanspointnicoupsur.com
Le
1er août prochain!
Un
film réalisé par FRANCIS LECLERC, produit par BARBARA SHRIER, écrit par MARC ROBITAILLE et mettant en
vedette PATRICE ROBITAILLE, PIER-LUC FUNK, JACINTHE LAGUË et ROY DUPUIS.
L’action
se passe en 1969, en banlieue de Montréal. Ce film raconte l'histoire de
Martin, un jeune garçon de 12 ans qui rêve de jouer un jour pour les Expos, les
nouveaux héros de l'équipe de baseball locale. Son seul problème : il doit
s'intégrer à l'équipe des Aristocrates, l'équipe Pee-Wee du coin, dirigée par
M. Turcotte. Ses rêves semblent balayés le jour où il apprend qu'il n'est pas
repêché, mais ses espoirs renaissent lorsque son père s'improvise entraîneur
d'une équipe B, composée de tous les laissés-pour-compte. Après l'euphorie
initiale, le garçon réalise que son équipe a un seul talent : celui de toujours
trouver des façons de perdre. Il réalise du même coup que son père ne connaît
pas grande chose au baseball, ni aux garçons de son âge, ni à son propre fils.
«
UN ÉTÉ SANS POINT NI COUP SÛR » est une production Palomar et est distribué par
Alliance Vivafilm. C'est un rendez-vous pour toute la famille sur les écrans du
Québec.
Alliance
Vivafilm est la filiale québécoise de Alliance Films, un des plus grands
distributeurs de longs métrages au Canada qui opère également dans le marché de
la distribution de films au Royaume-Uni et en Espagne. Alliance Vivafilm
distribue des longs métrages à des salles de cinéma, sur vidéo et DVD, ainsi
qu'auprès des entreprises de télédiffusion.
Commentaires de
Michel Handfield (29 juillet 2008, mis en ligne le 1er août)
Un
père conservateur et de principes : « Avec les scouts ton été est planifié. » Sa mère, plus moderne,
le comprend et temporise. On n’est pas long avant de s’apercevoir qu’on est
dans un tournant; que les choses changent tout autour pour ne plus jamais être
les mêmes. Remarquez qu’on ne le savait pas à l’époque, surtout à 11 ou 12 ans.
1969,
c’est l’arrivée des Expos, mais c’est aussi le premier pas de l’homme sur la
lune. C’est 2 ans après que nous ayons découvert le monde avec l’Expo 67; un an après la révolte
de mai 68; la libération de la femme, avec la pilule, d’où un contrôle des
naissances, une appropriation de leur sexualité et un gain de temps,
puisqu’elles auront moins d’enfants, ce qui leur ouvrira des possibilités
d’études et de carrières. En éducation, ce sont les classes mixtes! Quand les
filles comprendront ces nouvelles ouvertures, elles se donneront plus à fond
que les garçons dans les études. Plus matures qu’eux au même âge, elles en
tireront avantage. En sciences, avec les premiers pas de l’Homme sur la lune,
ce sera une nouvelle révolution. A la maison, avec le désir d’émancipation de
la mère, on sera au point de rupture avec la société traditionnelle. La
disparition de l’Union nationale et des créditistes approche; la montée du PQ
aussi. Dans 7 ans ce sera le 15 novembre 1976!
On espérait la société des loisirs, on aura cependant la mondialisation
à la fin du siècle! La fin du travail, mais pas celle espérée par les ouvriers.
Elle sera beaucoup plus abrupte comme on le verra avec la crise qui marquera la
production industrielle. On n’en est d’ailleurs pas sortie quand on voit des
entreprises comme GM au bord de la faillite.
Paradoxalement,
si on est dans le rêve américain, les groupes de l’heure sont Britanniques :
les Stones et les Beatles! J’avais moi-même 11 ans à l’époque et j’entrais au
secondaire en 70-71! C'était « le
début d'un temps nouveau » de Stéphane Venne, chanté par Renée Claude
pour la première fois en 1969, mais enregistré en 1970! (1) Un films sur les
charnières : celles de l’enfance et du temps. 1969, l’année du passage aux
années 70 et à ce qui allait suivre! Non, ce ne fut jamais pareil.
En
passant, les voitures étaient grosses, les valises de char énormes! On
voyageait lourd! Fallait s’habiller propre. Avec le jeans on voyage
maintenant plus léger! Le jeans, qui a
commencé dans ces années comme symbole
de la contestation, est devenu l’uniforme de rigueur en occident. Cependant, il
est de plus en plus produit dans les pays en développement. C’est dire que
l’occident perd le contrôle de ses symboles fédérateurs.
Note :
1. Danielle Tremblay.
Petit essai de typologie de la chanson populaire québécoise contemporaine des
années 1950 à nos jours trouvé sur internet : www.chansonduquebec.com/recherche/essai.html
---
Précédé
de 60 cycles
Un film de Jean-Claude Labrecque
Porté par la narration de Gilbert
Sicotte et par l’envoutante musique de Jorane, entre autres, le documentaire
retrace l'histoire de la Vieille Capitale, depuis Samuel de Champlain jusqu'à
nos jours. À l'aide de divers documents d’archives et de la savante caméra de
Labrecque, le film offre une vision particulière de la ville où l’architecture
ancestrale coexiste avec le modernisme. De par sa démarche, Infiniment Québec
propose une réflexion sur l’évolution de la ville de Québec, sur les plans
historiques, architecturaux et culturels.
Ceci dit, le film n’est pas un film didactique ou pédagogique, il est un
poème visuel, un vibrant hommage aux saisons, aux visages, aux paysages urbains
et à l’âme du berceau des francophones d'Amérique.
Québec. 2008. Réalisé
par Jean-Claude Labrecque. 35 mm. 52 min.
Version originale
française
Commentaires de
Michel Handfield (31 juillet 2008, mis en ligne le 1er août)
60 cycles
Des
courses de vélos des années 60, ça rappelle des souvenirs, notamment des
courses autour du parc octogonal (maintenant François-Perrault) dans St-Michel.
Puis, il y avait aussi les 6 jours au centre Paul Sauvé. J’étais petit gars à
l’époque.
Le
vélo a déjà été suivi ici! Maintenant, on en fait, mais on le suit beaucoup
moins! Il existe encore des compétitions cyclistes, mais on en parle peu, à
part s’il y a un cas de dopage. Là, ça fait les manchettes. Ainsi va la
vie.
INFINIMENT QUÉBEC
Québec!
Ville marquée par de très longs hivers! Ce n’est pas un hasard que ce soit la
ville du carnaval. Ce film a une photographie de carte postale. Il est très
beau. C’est aussi un message d’amour de Jean-Claude Labrecque à sa ville. Mais,
une déclaration qui pourrait en faire tiquer quelques-uns quand il dit que
« Montcalm et Wolf sont morts pour
des patries différentes qui se sont fondues en une seule qui est devenue la
notre! »
Certains
ne veulent voir, dans les célébrations du 400e anniversaire de
Québec, que l’aspect français de notre histoire. Cependant, fêter un
anniversaire c’est aussi rappeler un temps de vie. Ainsi, quand on a fêté les
80 ans de ma belle-mère, en cette même année 2008, on n’a pas fêté que sa
naissance, mais bien ses 80 ans de vie, avec différentes anecdotes. Alors, les
400 ans de Québec, ce sont ses 400 ans de vie, avec des origines française,
mais aussi une conquête britannique et un remaniement de tout cela dans une
identité canadienne, n’en déplaise à quelques uns. Canadienne, non pas au sens
de fédéraliste, mais d’’identification à la terre d’ici par opposition à la
mère patrie, qu’elle soit française ou britannique. Des canadiens en lieux et
place des anglais et des français! La rébellion de 1837 concernait aussi le
haut Canada. William Lyon Mackenzie et Louis-Joseph Papineau étaient en
contact. (1) C’était la révolution des canadiens par opposition à ceux qui
s’identifiaient encore à Londres ou à Paris. Aux colonisés! On rejetait le
statut de colonie un peu comme chez notre voisin du Sud. Mais, au lieu d’une
guerre d’indépendance, nous aurons finalement fait une indépendance tranquille,
préfiguration d’une future révolution tranquille elle aussi!
Dans
les suites de la polémique sur la place des anglos à Québec, avec la présence
de Paul McCartney à ces fêtes, cette affirmation constitue une prise de
position. Mais, en fait, tel ne devrait pas être le cas, car les 400 ans de
Québec, ça doit être comme les 80 ans de ma belle mère : son histoire, ce
qui inclus tant les français, que les anglos, les irlandais et bien d’autres
groupes qui ont en partie été assimilée avec le temps. Johnson, ça ne fait pas
très français par exemple. Pourtant, c’est québécois! Cette famille a même
donné trois premiers ministres au Québec, chacun dans un parti qui a marqué son
temps. Ça fait partie de l’histoire.
D’ailleurs,
Québec a peut être mieux intégré ses immigrants que Montréal n’a su le faire,
car à Montréal les différentes communautés linguistiques se côtoient et se
voisinent, mais ne s’intègrent pas nécessairement. Il faut rendre au cap
diamant ce qui est à Québec et à Labrecque son franc parlé! Il ose dire que Québec fut « une ville française, anglaise, puis, maintenant, nord américaine! »
Et il a raison. Les 400 ans de Québec, c’est cette histoire que l’on célèbre
même s’il ne faut pas le dire trop fort. C’est du moins l’opinion de
certains nationalistes chialeux :
les nationaleux!
Note :
1. Saul, John Ralston, 1998, Reflection of a
siamese twin, Canada at the end of the twentieth century, Canada: Penguin book,
p. 63, mais, en fait, c’est tout ce livre qui est intéressant.
---
À
L’AFFICHE AU QUÉBEC DÈS LE 1er AOÛT 2008
UN FILM D’ ABDELLATIF KECHICHE
Montréal,
le mercredi 9 juillet 2008 – Métropole Films est heureuse de recevoir le
réalisateur Abdellatif Kechiche et l’actrice Hafsia Herzi au Québec afin de
présenter le film La Graine et le mulet lors de l’avant-première du film à
l’Impérial le mercredi 30 juillet à 18h30.
Le
très attendu nouvel opus d’Abdellatif Kechiche s’est démarqué à la Mostra de
Venise 2007 en remportant, entres autres, le Prix de la critique
internationale. Il est ensuite ressorti grand vainqueur de la 9e édition des
Étoiles d’or (récompenses décernées par 700 journalistes et critiques français)
en raflant 4 prix dont celui du meilleur film Français. Le film a répété
l’exploit lors des Césars en l’emportant dans 4 catégories majeures :
meilleur film de l'année, meilleur réalisateur, meilleur jeune espoir féminin
(Hafsia Herzi) et meilleur scénario original.
Hafsia Herzi
Gagnante
du Prix de la révélation de l’année au dernier Festival de Venise, elle
rencontre Abdellatif Kechiche en 2005. Rencontre qui s'avère décisive, puisque
ce dernier lui offre le premier rôle de La Graine et le mulet, dans lequel elle
incarne brillamment et avec sincérité le personnage de Rym.
N'ayant
jamais pris de cours pour exercer le métier d'actrice, elle quitte Marseille et
part s'installer à Paris, où elle s'inscrit en droit à l'université, se met à
suivre des cours de théâtre au Conservatoire et prend même des cours de diction
pour atténuer son accent méditerranéen. Elle décide de se consacrer
exclusivement au cinéma, et obtient rapidement les rôles principaux de
Française et de L'Aube du monde. En 2008, on la retrouvera sous la direction de
Francis Huster dans Un homme et son chien, aux côtés de Jean-Paul Belmondo.
Abdellatif Kechiche
Originaire
de Tunisie, arrivé à Nice à 6 ans, le jeune Abdellatif Kechiche prend des cours
de comédie au Conservatoire d'Antibes. Passionné par le théâtre, il enchaîne
les spectacles, comme acteur mais aussi comme metteur en scène. Sollicité par
le cinéma, il décroche le rôle principal du Thé à la menthe d'Abdelkrim
Bahloul.
Après
avoir joué les gigolos chez André Téchiné dans Les Innocents, en 1987, puis
dans le très remarqué Bezness de Nouri Bouzid, Abdellatif Kechiche décide
ensuite de passer derrière la caméra. C’est avec La Faute à Voltaire (Lion d'Or
de la meilleure première œuvre à Venise en 2000) qu’il débute sa carrière de
cinéaste. En 2003, il réalise avec peu de moyens son second long métrage,
L’Esquive, saluée par une critique unanime avant d'être le vainqueur surprise
des César : le film empoche 4 trophées, dont celui du meilleur film. La Graine
et le mulet est son troisième long métrage.
La Graine et le mulet
Sète,
le port. Monsieur Beiji, la soixantaine fatiguée, se traîne sur le chantier
naval du port dans un emploi devenu pénible au fil des années. Père de famille
divorcé, s'attachant à rester proche des siens, malgré une histoire familiale
de ruptures et de tensions que l'on sent prêtes à se raviver, et que les
difficultés financières ne font qu'exacerber, il traverse une période délicate
de sa vie où tout semble contribuer à lui faire éprouver un sentiment
d'inutilité. Une impression d'échec qui lui pèse depuis quelque temps, et dont
il ne songe qu'à sortir en créant sa propre affaire : un restaurant. Seulement,
rien n'est moins sûr, car son salaire insuffisant et irrégulier, est loin de
lui offrir les moyens de son ambition. Ce qui ne l'empêche pas d'en rêver, d'en
parler, en famille notamment. Une famille qui va peu à peu se souder autour
d'un projet, devenu pour tous le symbole d'une quête de vie meilleure. Grâce à
leur sens de la débrouille, et aux efforts déployés, leur rêve va bientôt voir
le jour... Ou, presque...
La
Graine et le mulet est distribué au Québec par Métropole Films Distribution et
dans le reste du Canada par Mongrel Media.
Commentaires de
Michel Handfield (31 juillet 2008, mis en ligne le 1er août)
La
fin du travail? On voit que les bateaux
de pêche sont graduellement remplacés par les yachts de plaisance. La pêche se fait ailleurs; à
moindre coûts, où les lois sont moins restrictives. De toute façon, et c’est
l’histoire de la pêche, on a surexploité la ressource et on n’a plus le poisson
qu’on avait. Comme ici pour la morue. Le travail change. On fait maintenant des
tours touristiques. C’est le début du film.
Beiji,
la soixantaine, 35 ans de métier dans la réparation des bateaux, se fait dire
qu’il n’est plus productif. On le pousse à la porte en lui coupant des jours de
travail. C’est que le client n’a plus les moyens de payer pour améliorer son
bateau, mais va à l’essentiel pour qu’il flotte, car la pêche ne rapporte plus
ce qu’elle rapportait, vu la concurrence mondiale. (1) Le vieux répond « Tu dis 2 jours de travail, mais moi je vois ce qu’il y a à faire, que
c’est beaucoup plus! » Sauf, qu’on ne peut plus payer pour plus. Et il
y a 2 fois moins de bateaux à réparer
qu’il y a 10 ans! Le chantier est écrasé, on écrase donc le vieux, c’est à dire
qu’on le pousse à la retraite, mais qu’on ne reconnaît pas toutes ses années de
travail; que celles où il était déclaré, soit à peu près la moitié du temps où
il s’est esquinté sur ce chantier. La
mondialisation et la productivité écrasent donc les plus petits, que ce soit
les ouvriers ou les petites entreprises, parce qu’ailleurs la main-d’œuvre est
moins chères! On est en concurrence avec des pays qui ont de moindres normes de
travail et environnementales par exemple, lorsque ce n’est pas tout simplement
le laisser-faire! Le stress de la vie économique a débarqué dans les vies
personnelles!
Son gendre lui dira qu’ils vont revoir le
personnel de toute façon, car ils ne
veulent plus de français, ce qui inclut des ouvrier magrébins-français comme
eux, mais des nouveaux arrivants à la place, parce qu’ils ne font pas de problèmes.
La main-d’œuvre étrangère, dépendante, qui accepte moins que les normes pour
concurrencer le travail délocalisé! On rejoint ainsi « It's a Free World» de Ken Loach, qui
tourne tout entier autour de cette problématique.
On
pénètre aussi la famille; le clan! Car, dans cette communauté arabo française,
la famille a le dessus sur la personne. On contrôle et cache des choses pour le
bien du clan, ce qui amène des conflits exacerbés, surtout lorsque ça se
découvre par accident. Tout le rapport à la culture d’origine, la culture
française et l’interculturel, car avec les générations il y a eu des mariages
mixtes, est ici examiné. On s’attarde sur les personnages et leurs rapports aux
autres dans un cadre psychosocial et sociopolitique, notamment touts les
démarches de Beiji et de sa belle-fille pour avoir les autorisations de faire
un restaurant arabe sur un ancien bateau qu’il retape avec des membres de sa
famille. En terme cinématographique, cela fait des longueurs. En terme
ethnométhodologique, cela est intéressant, car on a l’impression de pénétrer
une culture de l’intérieur.
Il
y a parfois une certaine sensualité des images, notamment quand sa belle fille
mange avec lui dans sa chambre. Mais, il ne faut pas oublier que c’est un
premier film. Il donne aussi l’impression d’être tourné avec des membres de la
communauté à l’occasion. La gérante de banque, par exemple, ressemble vraiment à gérante de banque!
Comme portrait d’un milieu, c’est intéressant. On comprend les différences de
classes et de culture, quand la famille habille les fresques du garçon devant
sa femme par exemple! Mais on ne peut toujours tout contrôler. Le soir de la
première du restaurant tout semblait
pourtant bien aller, sauf que…
Note :
1. La production
alimentaire fut d’ailleurs le point d’achoppement de la ronde 2008 des
négociations de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) qui se sont terminées
sur un échec, le 29 juillet 2008, cela après 9 jours de négociation!
---
Débarque
au Québec le 25 juillet prochain
Montréal,
le mardi 17 juin 2008 – Le distributeur Link Productions a le plaisir
d’annoncer la sortie en salles québécoises du film Bienvenue chez les Ch’tis le
25 juillet prochain. Vue au cinéma par plus de 20 millions de Français depuis
sa sortie dans l’hexagone en février dernier, cette comédie écrite et réalisée
par Dany Boon a pulvérisé les records d’assistance anciennement détenus par La
Grande Vadrouille (17,3 millions d’entrées), Astérix et Obélix – Mission
Cléopâtre (14,6 millions d’entrées), Les Visiteurs (environ 14 millions
d’entrées) et Le Dîner de cons (environ 9 millions d’entrées), devenant ainsi
le plus grand succès français de tous les temps.
Produit
par Claude Berri et Jérôme Seydoux, Bienvenue chez les Ch’tis met en vedette
Kad Merad et Dany Boon, ainsi que Zoé Félix, Anne Marivin, Philippe Duquesne,
Line Renaud, Stéphane Freiss et Michel Galabru.
Philippe
(Kad Merad), directeur de la poste de Salon-en-Provence, apprend qu’il est muté
à Bergues, petite ville du Nord-Pas-de-Calais. Pour épargner des désagréments à
sa femme (Zoé Félix), il décide de s’y rendre seul les premières semaines. À sa
grande surprise, Philippe se liera d’amitié avec ses nouveaux collègues de la
poste, dont Antoine (Dany Boon), facteur et carillonneur du village, aux prises
avec une mère possessive (Line Renaud) et une ex-petite amie (Anne Marivin)
dont il est toujours amoureux. Toutes les deux semaines, Philippe retourne
auprès de sa femme et lui raconte les difficultés de sa nouvelle vie parmi les
ch’timis. Tout se déroule bien, jusqu’à ce que celle-ci décide, pour lui servir
de réconfort, de l’accompagner au pays des Ch’tis…
Voyant
le phénomène ch’ti envahir la planète web, Link Productions a lancé un blogue
dédié au film, sur lequel on trouvera des extraits du film, ainsi que des parodies
et autres curiosités inspirées par cette langue étrange que parlent les
Ch’tis : le ch’timi. www.chtiblogue.com
Aussi,
en ligne dès aujourd’hui, le site officiel québécois du film sur lequel on
pourra notamment visionner la bande-annonce. www.cinoche.com/bienvenuechezleschtis/
Ancien
président de Lions Gate Entertainment Corp (de 2000 à 2006), cofondateur de
Cinépix Inc et producteur d’une soixantaine de films depuis la fin des années
soixante, André Link revient à la distribution en mettant sur le marché, sous
la bannière Link Productions, le film Bienvenue chez les Ch’tis.
La
première québécoise de Bienvenue chez les Ch’tis aura lieu le samedi 12 juillet
dans le cadre du Festival du Film Juste pour rire (anciennement nommé Comédia).
Le film prendra l’affiche le 25 juillet à travers la province.
Commentaires de
Michel Handfield (24 juillet 2008)
Une
Os’Ch’tis de bonne comédie humaine! Voilà qui résume tout.
Philippe,
fonctionnaire aux postes, a demandé une mutation dans le Sud, ce qui déplait à
sa femme. Mais, il ne l’a pas, car on a passé un handicapé devant lui à cause
du plan, un programme de discrimination positive pour l’un qui est nécessairement
négative pour l’autre, même si dans l’ensemble on cherche à créer un équilibre
égalitaire! Elle est alors déçue. Il s’essaie donc à nouveau en se faisant
passer pour un handicapé. Il sera puni, car on l’enverra alors dans le nord de
la France, presque le Canada dans l’imagerie populaire! Une place si froide
qu’on ne dit pas la vraie température à la télé lui dit sa femme. Bienvenu les
préjugés. Il a peur; il sera ravi.
Commence
alors une histoire de mensonge pour ne pas déplaire à sa femme, de qui il est
plus près que jamais les week-ends, et d’amour avec cette région et ces gens
qu’il devait détester, ce qui le placera en dissonance cognitive pour notre
plus grand bonheur, car c’est à la fois émotionnant et comique; léger et
profond! Un film tout en nuance sous des airs de comédie. Qui a dit que
l’étranger venait d’un autre pays? Il est parfois étranger dans son propre pays! Suffit de
penser aux différentes francophonies canadiennes et à ses accents : Acadie,
Gaspésie, Lac St-Jean, Montréal…
Quant
à la langue Ch’tis, on s’y fait. Mais, après cela il n’y a pas de quoi fouetter
le joual! De quoi adapter Michel Tremblay au cinéma sans avoir à le sous titrer
pour la France!
---
Dès
le 25 juillet au cinéma AMC Forum!
Avec
son histoire audacieuse sur le passage à l’âge adulte se déroulant pendant
l’été 1994, The Wackness de Jonathan Levine a fait fureur au Festival du film
de Sundance 2008, où il a remporté le Prix du public. Outre Josh Peck, Ben Kingsley et Olivia
Thirlby, la distribution comprend également Famke Janssen, Mary-Kate Olsen et
Method Man.
Les
rues de New York bougent au rythme du hip-hop et une agréable odeur de
marijuana y flotte – même si les signes précurseurs d’un changement se
multiplient. Le nouveau maire, Rudy
Giuliani, commence à peine à mettre en œuvre ses mesures anti-amusement pour
contrer des « crimes » comme les radios portatives bruyantes, les
graffitis et l’ivresse publique.
C’est
sur cette toile de fond que Luke (Peck) passe son dernier été avant son entrée
universitaire, à vendre de l’herbe et à en fournir à son psy (Kingsley) en
échange de séances de thérapie. Il tombe
également amoureux de la belle-fille (Thirlby) de celui-ci. Ce n’est toutefois pas exactement ce que son
psy a en tête lorsqu’il suggère à Luke de « baiser ».
Famke
Janssen tient le rôle de la femme du psy nettement plus jeune que lui,
Mary-Kate Olsen celui d’une hippie de Central Park et Method Man celui du
fournisseur de Luke.
Le
film saisit bien l’esprit de 1994, des expressions argotiques (peace out pour
au revoir, à tout à l’heure; wack pour très mauvais, le pire) à la bande sonore
(des pièces de hip-hop de l’époque, notamment de Nas, Notorious B.I.G., A Tribe
Called Quest et autres).
Même
si le film n’est pas autobiographique, le scénariste et réalisateur Jonathan
Levine est né et a grandi à New York. Il
a également obtenu son diplôme de fin d’études secondaires à l’été 1994, moment
où il est devenu accro du hip-hop pour ne plus en démordre – « Je n’ai
jamais vendu d’herbe, je vous jure. », dit-il toutefois. Il s’agit de son
deuxième long-métrage (après All the Boys Love Mandy Lane).
The
Wackness est distribué au Québec par Métropole Films Distribution et dans le
reste du Canada par Mongrel Media.
Commentaires de
Michel Handfield (21 juillet 2008, mis en ligne le 24)
Le
mal être de l’adolescence. Qui je suis? Suis-je à la hauteur pour avoir cette
fille? N’est-elle pas trop bien pour moi? J’y rêve, mais je ne lui parle pas.
Bref, les malaises de l’adolescence. Les questions sur l’avenir aussi. On
saisit bien le climat de cet âge ingrat, entre la jeunesse et l’âge adulte. Et
pour ajouter à la difficulté, Luke passe son été à vendre de la drogue en
prévision de son entrée à l’université! Il a de quoi consulter un psy.
Mais,
son psy a aussi ses problèmes, dont une femme plus jeune que lui et qui lui est souvent indifférente, occupé à
s’occuper d’elle-même! Il s’évade donc dans les paradis artificiels et est un
bon client de Luke! Ils se ressemblent d’ailleurs et un bon soir ils feront la
fête ensemble.
Bref, on pose un regard sur cette
société new-yorkaise qui se situe entre les années de liberté qui se terminent
et le conservatisme qui s’en vient, ce qu’elle ne sait pas encore. Film à la
fois macrosociologique, en suivant Luke à travers les parcs et les rues de
New-York où se trouve sa clientèle, et psychosocial, par le focus sur Luke et
son entourage plus immédiat : son psy, sa femme et sa belle-fille, avec qui
Luke aura une aventure alors qu’il croyait au grand amour, et ses parents, qui
ont aussi leurs problèmes.
Façon originale de dresser le portrait
d’une société en changement quand on pense à tout le chemin parcouru depuis ces
années de liberté. Régression, comme on fait une régression dans une
psychanalyse? Tant mieux si c’est pour mieux avancer, mais quand on voit
l’alignement à droite des deux candidats à la présidentielle États-uniennes, je
ne suis pas sûr, à moins que ce ne soit qu’un virage stratégique du candidat
démocrate? (1)
Note :
1. « En effet, le Parti démocrate, bien que
composé majoritairement de progressistes aujourd'hui, est moins progressiste
qu'il y a 10 ans. Pourquoi? «À cause de la diabolisation réussie du
progressisme à laquelle on assiste aux États-Unis depuis les années 70 et
Richard Nixon, et aussi parce que l'aile gauche du Parti démocrate a été
marginalisée par la capacité de George Bush de continuer une guerre en Irak que
la plupart des Américains veulent pourtant voir se terminer, explique Jules
Whitcover. Le centrisme n'est pas du tout fini au sein du Parti démocrate et la
preuve en est qu'Obama joue de plus en plus vers le centre.» »
(Marie-Christine Bonzom, « Présidentielles
américaines - Barack Obama à la tête d'un parti divisé et difficile à diriger »,
in Le Devoir, Édition du samedi 12 et du dimanche 13
juillet 2008 : www.ledevoir.com
---
(El baño del papa)
UN FILM DE CESAR CHARLONE À
L’AFFICHE DÈS LE 18 JUILLET 2008
Montréal, vendredi 4 juillet 2008 – Métropole
Films est heureuse de présenter Les Toilettes du pape, de Cesar Charlone
(Uruguay). Après un passage au festival de Cannes dans la section Un Certain
regard, le film a été récompensé par la critique à La Havane (Prix Glauber
Rocha) et au Festival de San Sebastian avec le Prix Horizontes. Les Toilettes
du pape prendra l’affiche le 18 juillet 2008 exclusivement au Cinéma Parallèle
à Ex-Centris en version originale sous-titrée en français.
Nous sommes en 1988, et Melo, petite ville
uruguayenne à la frontière brésilienne qui survit essentiellement de la
contrebande, attend fébrilement la visite du pape Jean-Paul II. Les médias
annoncent des centaines de visiteurs, des milliers de pèlerins en quête de
nourriture, boissons, drapeaux, souvenirs, médailles commémoratives... Beto,
notre héros, pense avoir trouvé la meilleure source de revenus, des toilettes
publiques où les pèlerins pourront venir se soulager. Mais avant de pouvoir
construire ses toilettes, et malgré l'hostilité de sa famille, Beto va devoir
multiplier les allers-retours de plus en plus risqués à la frontière, sur son
vieux vélo, pour passer des produits de contrebande...
Pour bien comprendre l’univers dans lequel le
film nous entraîne, le scénariste, Enrique Fernandez, raconte cette anecdote :
« A l’époque, je devais avoir à peu près 10 ans. Beto était le genre de voisin
à débarquer tous les matins, juste pour dire bonjour. Sa chemise dégoulinait
sur son pantalon et ses maigres jambes faisaient penser à des cure-dents quand
il enfourchait son vélo complètement déglingué. Beto vivait avec sa belle-mère,
doña Leocadia, une vieille dévote qui s’était prise d’amitié pour ma mère. Pour
lui prouver son affection, elle lui avait même offert, un jour, le vieux
dentier dont elle n’avait plus l’usage. Deux jours plus tard, ma mère se
confondait en excuses et lui rendait ses dents. Elle m’avoua plus tard qu’elle
les avait essayées, mais qu’elles ne lui allaient pas…
Les Toilettes du pape est distribué au Québec par Métropole Films
Distribution et dans le reste du Canada par Mongrel Media.
Commentaires de Michel Handfield (24 juillet 2008)
Le pape Jean-Paul II est-il vraiment allé à
Melo, petite ville uruguayenne, en 1988? La réponse est oui. Dans son 37e
voyage, du 7 au 18 mai 1988, il a visité
l’Uruguay, la Bolivie, Lima (Pérou), le Paraguay et Curaçao. (1) Il a
aussi célébré « la Parole sur
l'« Explanada del Barrio La Concordia » à Melo » le 8 mai
1988 nous apprend le site du Vatican. (2) Le cadre du film est donc réel.
Melo est une ville de plus de 50 000 habitants
avec un aéroport qui offre une liaison avec Paris! (3) C’est
d’ailleurs une destination touristique apprend-t-on sur le net! (4)
Cependant, étant près de la frontière brésilienne, il y a certainement du
commerce de contrebande à faire. Il s’y trouvera donc des gens pour le faire.
C’est le cas des « exclus », vivant à la périphérie de la ville et du
système économique, comme Beto et ses amis, qui sont l’objet de ce film. Mais,
Melo ne se réduit pas à ce milieu, ce qu’une recherche internet nous montre.
Cependant, cela ne change pas l’intérêt du film. Au contraire, car donner la
parole à cette communauté périphérique, en partie exclue, attire l’attention
sur les différences de classes; sur les problèmes des « exclus », qui
sont ainsi condamnés à l’exclusion parce qu’ils font de la contrebande, mais
qui n’ont peut être pas le choix d’en faire pour survivre, car tous systèmes ne
peut intégrer tout le monde. Ce serait d’ailleurs un des rôles de l’État de
voir à ce que les exclus puissent vivre dans une certaine décence, du moins
dans les pays développés. Mais, avec le néolibéralisme, qui prône le
désengagement de l’État au nom du libre marché, ce rôle de l’État est de moins
en moins vrai même dans les pays développés. On peut alors s’imaginer ce qu’il
en est dans les pays en développement
comme l’Uruguay. Alors, quand le pape vient parler de la pauvreté et des
travailleurs à Melo, de « construir de modo solidario un mundo
mejor » (5), mais qu’en même temps ce pape
s’oppose au militantisme politique et de gauche des prêtres, en condamnant la théologie de la libération par
exemple, on comprend la contradiction, car parler contre la pauvreté sans agir
politiquement revient à laisser faire ce néolibéralisme qui en était encore à
ses débuts il y a 20 ans!
La condamnation sans action revient au même
que de donner des droits sans les moyens
de les faire respecter! Et là, on rejoint les gens que l’on suit dans ce film,
car ils n’ont pas les moyens de faire respecter leurs droits, en commençant par
le droit à un revenu décent pour vivre, et doivent jouer un jeu de cache-cache
avec les pouvoirs (représenté par les douaniers ici) pour survivre, car ils
vendent le fruit de leurs traversés de l’autre côté de la frontière aux
marchands de Melo. On ne parle pas de trafic de drogue, mais bien de produits
légaux, qui sont soit en manque, soit trop dispendieux lorsque distribué par
les canaux normaux, car, dans le libre marché économique, on n’est pas si libre
que ça! Les grandes entreprises peuvent très bien limiter leur distribution
pour des impératifs économiques, ce qui laisse des populations dans le besoin.
Des populations à qui on vante pourtant le libre marché sans qu’ils n’y aient
accès. Cela peut paraître très théorique, mais un exemple illustre très bien de
quoi il s’agit. Un exemple d’ici en plus. Quand le Coke ou le Pepsi est en
vente dans une grande chaîne on voit souvent des propriétaires de dépanneurs
passer à la caisse avec des paniers plein de liqueurs, car Coke ou Pepsi ne
semble pas les approvisionner au même prix que ces grandes chaînes vendent
leurs produits au grand public! Il y a donc un incitatif économique à s’y
approvisionner même si c’est à l’extérieur du circuit de distribution.
Maintenant, imaginez qu’il y aurait une police qui vérifierait ces mouvements
entre le dépanneur et la grande chaîne et vous verriez apparaître des
spécialistes de la contrebande pour le faire à leur place! C’est le cas de
Melo.
Cependant, en même temps qu’on condamne le
citoyen pour contrebande, les entreprises peuvent jouer sur les disparités
économiques régionales pour importer/exporter des produits, mais aussi le
travail, dans le cadre de l’Organisation Mondiale du Commerce, car le libre
marché existe bien, mais pour quelques-uns seulement! Il est ainsi interdit de
passer les frontières canado-états-uniennes avec des aliments pour le simple
citoyen, mais vous trouverez des produits des États-Unis qui feront
concurrences à nos produits locaux dans toutes les grandes chaînes
d’alimentation, car, pour la grande
entreprise, c’est permis! Le pouvoir se nourrit de l’argent et du sang des plus
faibles. Et dans les pays en développement, cela représente la manne pour les
grandes entreprises qui jouent sur les disparités économiques et une occasion
d’affaires pour les laisser pour compte de l’économie officielle.
Comme tous rêvent de s’en sortir, l’on se
relève les manches et l’on espère le miracle. Pour ces habitants de la frange
de Melo, vivant de la contrebande, la venue du pape dans leur communauté devenait l’occasion rêvée, car il y aura certainement
des touristes avec de l’argent. Des gens à qui vendre notre savoir faire pour
enfin en vivre dignement, ne serait-ce que quelques mois! Cependant, qui ira à
Melo voir le pape? Les riches d’ailleurs ou les pauvres qui espèrent aussi s’en
sortir? La manne ne sera peut être pas au rendez-vous…
Ces sera la grande désillusion, triste et pathétique. « Dieu, s’il n’aide pas les pauvres, il aide
qui? » Voilà la question! Il
reste toujours le rêve de la fille de
Beto, qui veut faire de la radio. S’en sortir par les études. Quel beau rêve, à
moins que la réalité du coin, un garçon, l’amour et un bébé ne la retienne au
même milieu qu’elle veut quitter. Mais, mieux vaut rêver de changer les choses
par les études que par un miracle. Accroche-toi
à ton rêve petite et bonne chance!
Notes :
1.
Liste des visites pastorales du pape Jean-Paul II hors d'Italie : http://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_visites_pastorales_du_pape_Jean-Paul_II_hors_d'Italie
http://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Toilettes_du_Pape
2.
www.vatican.va/holy_father/john_paul_ii/homilies/1988/index_fr.htm
3.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Melo
4.
www.welcomeuruguay.com/melo/index_i.html
5.
HOMILÍA DEL SANTO PADRE JUAN PABLO II, Melo (Uruguay), Domingo 8 de mayo de
1988 www.vatican.va/holy_father/john_paul_ii/homilies/1988/documents/hf_jp-ii_hom_19880508_melo_sp.html
---
À
l’affiche aux quatre coins du Québec dès le 11 juillet
Le
Québec en vedette dans ce film d’aventure pour toute la famille avec l’équipe
d’Hybride derrière 234 effets visuels
Montréal, le 26 juin 2008 — L’aventure
sera au rendez-vous au cinéma dès le 11 juillet prochain avec la sortie en
salles du film pour toute la famille « JOURNEY TO THE CENTER OF THE EARTH »
(VOYAGE AU CENTRE DE LA TERRE en version française). Mettant en vedette Brendan
Fraser, le long métrage sera présenté sur 11 écrans en version 3D numérique et
en présentation régulière aux quatre coins du Québec. Il s’agit d’ailleurs du
premier film de fiction à avoir utilisé une toute nouvelle technologie 3D et la
toute première fois que cette nouvelle technologie sera disponible en français
sur grand écran. « JOURNEY TO THE CENTER OF THE EARTH » sera présenté en
présentation 3D numérique dans les cinémas suivants : Scotia Bank, Kirkland,
Quartier latin, AMC Forum, Méga-Plex Taschereau, Méga-Plex Spheretech,
Méga-Plex Marché-Central, Méga-Plex Terrebonne, Méga-Plex Deux-Montagnes,
Méga-Plex Pont-Viau et Méga-Plex Centre Jacques Cartier dès le 11 juillet
prochain. Le Québec est également en vedette dans ce film réalisé par Eric
Brevig avec notamment l’équipe d’Hybride qui est derrière 234 effets visuels
numériques en stéréoscopie.
Les séquences sur fond bleu et vert ont
été filmées dans un studio montréalais et la mission d’Hybride consistait à
produire les effets visuels numériques en stéréoscopie ; un défi de taille,
relevé à maintes reprises lors de projets antérieurs, par la firme québécoise.
Hybride a créé un univers visuel dont le résultat se traduit par des images
époustouflantes. Au total, les 80 employés d’Hybride ont contribué au projet
qui s’est échelonné sur une période de 15 mois. Parmi les personnages et les
objets animés par Hybride, on retrouve les oiseaux lumineux, un crâne de
dinosaure et des plantes carnivores géantes. Les artistes d’Hybride ont
également créé des environnements virtuels, intérieurs et extérieurs, tels que
la chambre de diamants, le volcan, la grotte, le lagon, la forêt de champignons
géants ainsi que la rivière thermale, en plus d’animer des particules comme les
tisons, la lave, la fumée, les vapeurs d’eau et finalement, les pistils de
pissenlits.
« Notre plus gros défi a été de faire
interagir les comédiens et les différents objets dans des environnements
stéréoscopiques 3D », relate Pierre Raymond, directeur des effets visuels sur
le projet chez Hybride. Non seulement les animations devaient être naturelles,
réalistes et fluides; elles devaient également tenir compte de l’espace
tridimensionnel dans lequel les objets étaient intégrés, poursuit-il. « Un
autre défi que nous avions à relever était d’obtenir une stéréoscopie maximale
tout en préservant le confort visuel tout au long des 234 plans sur lesquels
nous avons eu à travailler. C’est donc avec ces paramètres en tête que nous
avons abordé ce projet audacieux qui nous permettait de mettre à profit
l’ensemble de nos départements et tout notre savoir-faire ».
Lors d'une expédition en Islande, un
scientifique et son neveu sont bloqués dans une caverne après une tempête. Ils
se rendent bien vite compte que le seul chemin sûr qui s'offre à eux mène vers
le centre de la Terre. Distribué au Québec par Alliance Vivafilm, « JOURNEY TO
THE CENTER OF THE EARTH> » (VOYAGE AU CENTRE DE LA TERRE en version
française) prendra l’affiche aux quatre coins du Québec. C’est un rendez-vous
pour toute la famille dès le 11 juillet prochain !
Alliance Vivafilm est la filiale
québécoise de Alliance Films, un des plus grands distributeurs de longs
métrages au Canada qui opère également dans le marché de la distribution de
films au Royaume-Uni et en Espagne. Alliance Vivafilm distribue des longs
métrages à des salles de cinéma, sur vidéo et DVD, ainsi qu'auprès des
entreprises de télédiffusion.
Hybride Technologies est une société
québécoise, spécialisée en production d’effets visuels numériques, qui œuvre au
service des créateurs du cinéma et de la télévision à l’échelle internationale.
Fondée en 1991, l’entreprise compte aujourd’hui plus de 80 employés, répartis
dans cinq unités de création.
Hybride offre des services complets de
montage numérique, de composition d’images d’animation et de correction de
couleurs, et est aujourd’hui reconnue comme l’un des leaders incontestés du
domaine des effets visuels numériques. La contribution d’Hybride à l’industrie
du cinéma figure parmi plusieurs superproductions internationales incluant les
films à succès 300, et Sin City.
Commentaires de
Michel Handfield (11 juillet 2008)
Les
effets 3 D sont nettement améliorés, avec verres polarisants plutôt que coloré
rouge/vert. Ceci fait que, même un œil fermé, on les voit. Si jamais la télé 3D
arrive dans nos foyers, c’est ce processus qu’il faut, car il est beaucoup plus
démocratique pour ceux qui ont un problème visuel comme moi, ce qui fait que je
ne vois pas en stéréoscopie. (1)
Quant à ce film, j’ai eu du bon temps,
car je ne connaissais pas l’histoire
originale de Jules Verne. En effet, à part Bob Morane, je préférais lire le
Maclean français (l’ancêtre de l’actualité d’aujourd’hui) et le Sélection du
Reader’s digest étant jeune! Je n’étais pas très roman et je le suis encore
très peu, même si je me force parfois à en lire un ou deux pour voir. Je suis
nettement plus « essais », question de genre!
Ce
film de science fiction mêle aventure et côté fantastique. On y trouve
certaines bases scientifiques, comme la dérive des continents, mais,
aussi, bien des mythes. Ainsi, le centre
de la terre n’est pas un magma en fusion, qui serait davantage symbolique de
l’enfer, mais ressemble au paradis
terrestre. Par contre, ce n’est pas le paradis, car y vivent des monstres qui
doivent dater des origines de la terre, comme s’ils étaient dans une réserve
historique. Le centre de la terre, un grenier historique où sont conservés les
souvenirs de sa vie! C’est normal puisque la terre est une femme. Une déesse grecque en fait : Gaïa
selon la mythologie! (2) Bienvenu dans ce monde fantastique qui saura plaire à toute la famille, car en plus des effets
spéciaux et de l’aventure, il y a aussi du romantisme dans cette relecture du
roman de Jules Verne (3) porté à
l’écran. Mais, comme toute relecture, les puristes de Verne trouveront
certainement à redire.
Notes :
1. http://fr.wikipedia.org/wiki/St%C3%A9r%C3%A9oscopie
2. http://fr.wikipedia.org/wiki/Ga%C3%AFa
3. http://fr.wikipedia.org/wiki/Jules_Verne#Les_voyages_extraordinaires
http://fr.wikipedia.org/wiki/Voyage_au_centre_de_la_Terre
---
www.asterixauxjeuxolympiques.com/
A l'affiche aux
quatre coins du Québec dès le 8 juillet prochain !
Montréal, le 17 juin 2008 – (…)
Distribué au Québec par Alliance Vivafilm, « ASTÉRIX AUX JEUX OLYMPIQUES » met
en vedette Clovis Cornillac, Gérard Depardieu, Alain Delon, Benoît Poelvoorde,
Stéphane Rousseau, Franck Dubosc, Vanessa Hessler et plusieurs caméos
surprises!
Pour
remporter les Jeux Olympiques et permettre au jeune Alafolix d'épouser la
Princess Irina, Astérix et Obélix devront affronter le machiavélique Brutus,
fils de César, au cours d'une Olympiade.
Alliance
Vivafilm est la filiale québécoise de Alliance Films, un des plus grands
distributeurs de longs métrages au Canada qui opère également dans le marché de
la distribution de films au Royaume-Uni et en Espagne. Alliance Vivafilm
distribue des longs métrages à des salles de cinéma, sur vidéo et DVD, ainsi
qu'auprès des entreprises de télédiffusion.
Commentaires de
Michel Handfield (4 juillet 2008, mis en ligne le 8!)
Certaines
parties de ce film semblent être entre le réel et le dessin, probablement à
cause du traitement infographique où l’on n’a rien ménagé! Il en est de même du
film : entre la tradition d’Astérix et le modernisme, vu les ajouts des
scénaristes Frédéric Forestier, Thomas Langmann et de leur équipe. Dans les
notes de presse on peut lire que…
« Ça commence comme un rêve d’enfant. Il y a
longtemps en effet que Thomas Langmann rêvait de porter lui-même «Astérix» à
l’écran. (…)
(…) Avant d’entamer toutes démarches
officielles auprès d’Albert Uderzo, il préfère d’abord travailler sur le
scénario. Tout naturellement, il s’implique dans l’écriture avec une équipe de
scénaristes - Olivier Dazat, Alexandre Charlot et Franck Magnier - auxquels il
donne deux lignes directrices pour compléter l’histoire originale: un duo-duel
entre César et Brutus, son fils adoptif, lequel n’aura qu’une idée en tête:
devenir César à la place de César; et une histoire d’amour entre un jeune
Gaulois et la princesse grecque que convoite aussi Brutus, mais dont la main
sera accordée au vainqueur des Jeux Olympiques - c’est là que vont intervenir
Astérix et Obélix pour que leur beau compatriote l’emporte et que l’amour
triomphe.
(…)
Ce n’est qu’une fois la première version
du scénario terminée, qu’il mélange la fidélité à l’humour de la
bande-dessinée, les répliques au deuxième degré (notamment dans les scènes
d’Alain Delon qui jouent sur la légende et l’image de la star), les situations
inattendues et dialogues cocasses. Il va même convaincre Albert Uderzo (qui
participera d’ailleurs à quelques séances de travail sur le script), puis Alain
Delon et Benoît Poelvoorde, en s’engageant à mettre dans cette nouvelle
adaptation tous les moyens nécessaires pour que le film soit spectaculaire.
Tous disent oui immédiatement. » (pp. 4-5)
On
se fait donc prendre, à moins être un inconditionnel du classicisme astérixois,
parce qu’autant ce côté moderne – comme l’usage de l’EPO ou le char qui
ressemble à une Ferrari piloté par Shumaker – peut plaire au public
d’aujourd’hui, il peut aussi déplaire aux conservateurs, gardiens du dogme! Car, ne nous trompons pas, Astérix
est maintenant un dogme!
Mais,
si « César ne doit plus rien à personne, ni au clan des siciliens »,
les scénaristes ne doivent plus rien à personne, ni au clan des
inconditionnels! On fait du cinéma ici, pas de la B.D! On se permet même de
plonger dans le conflit freudien entre César et son fils, Brutus, qui rêve de
le tuer; et pas juste symboliquement. Quel fils de pute!
Si
vous aimez Astérix sans être un gardien du dogme, vous aimerez probablement ce
film. Sinon, j’ai quelques réserves pour vous, même si, moi, je l’ai apprécié
comme divertissement d’été. Je l’aurais par contre resserré un peu plus à un ou
deux endroits.
A
remarquer : la fin à la Shrek, mais avec des grands noms du sport, comme
Zidane (Numérodis) et Tony Parker (Tonus Parker) qui jouent avec le ballon
rond! (1)
Note :
1. Comme je ne suis
pas très sports de salon, j’avais identifié Zidane, mais pas Parker. J’avais
plutôt pensé à Michael Jordan. C’est
sous l’entrée « Astérix aux Jeux
Olympiques » sur Wikipédia que j’ai trouvé le nom de ce joueur. Voir http://fr.wikipedia.org/wiki/Ast%C3%A9rix_aux_Jeux_Olympiques_%28film%29. Puis, j’ai lu sa biographie (http://fr.wikipedia.org/wiki/Tony_Parker) et j’ai compris ce choix :
«
William Anthony Parker II dit Tony Parker
et surnommé TP (prononcé Tipi) est un joueur de basket-ball professionnel
français et dernièrement rappeur né à Bruges (Belgique) le 17 mai 1982 d'un
père joueur de basket-ball américain, Tony Parker Senior et d'une mère
mannequin néerlandaise, Pamela Firestone. »
Quant à Shumaker,
c’est une consœur journaliste qui me l’a dit. Non, je ne suis vraiment pas très
sport!
---
A l’affiche dès le 8
août au cinéma AMC Forumdans sa version originale anglaise.
Commentaires de
Michel Handfield (6 juillet 2008)
Ce film a le look d’un film tourné par
des amateurs et c’est voulu, ce qui lui donne une crédibilité, comme si on
était des observateurs d’un moment de leur vie. Moments filmés par un étranger!
Celui qui rode autour du chalet alors qu’il n’est pas désiré ou un complice qui
les observe quand il les terrorise, car il a le visage couvert d’un sac. Cela
créée des incidents plus ou moins dramatiques, ce qui change la dynamique du
groupe et nous fait pénétrer plus profondément dans leur tête! Quelles sont
leurs relations, leurs désirs, voir leurs désirs secrets? Seront-ils encore
amis après ce week-end?
Un genre particulier de film, le
« mumblecore », qui ne
s’adresse pas à tous les publics. Pour plus de détails, lire la présentation
officielle qui suit.
Présentation officielle :
Les
frères Duplass (Jay et Mark) sont les pionniers d’un genre cinématographique
américain créé début 2000, le « mumblecore », caractérisé par des
budgets restreints, des scénarios misant sur l’improvisation, des comédiens
inconnus et un intérêt particulier pour les relations interpersonnelles que
vivent les jeunes dans la vingtaine.
Leur précédent film, Puffy Chair, répondait à ces critères. C’est également le cas de Baghead qui suscite
autant les rires que la peur. Pas
étonnant qu’il ait connu un énorme succès au Festival du film de Sundance 2008.
Quatre
acteurs sans travail arrivent à la conclusion que le seul moyen de décrocher de
bons rôles est d’écrire leur propre scénario.
Ils partent donc pour un chalet à la recherche d’idées.
Il
y a Matt (Ross Partridge), le séduisant chef du groupe, et Chad (Steve Zissis),
son meilleur ami plutôt grassouillet.
Chad a le béguin pour Michelle (Greta Gerwig), bien que cette dernière
semble plus intéressée par Matt. Il y a
aussi Catherine (Elise Muller) qui est plus âgée que les autres – une
comédienne dans la trentaine souhaitant consolider sa relation discontinue avec
Matt avant qu’une femme plus jeune qu’elle ne le lui ravisse. Des regards jaloux aux flirts physiques, la
dynamique du groupe commence à se manifester.
Puis,
voilà que quelqu’un coiffé d’un sac rôde dans la forêt. S’agit-il d’un étranger malveillant ou d’un
de l’un d’eux? Existe-t-il vraiment?
Les
frères Duplass ont tourné leur film avec les moyens du bord. La distribution et l’équipe comptent moins de
dix personnes. Les deux frères ont
scénarisé, produit et réalisé le film.
Jay tenait la caméra HD et Mark la perche. Il n’y a pas eu de répétition pour que les
scènes soient naturelles. Même si les
acteurs ont travaillé à partir d’un scénario ficelé serré, ceux-ci avaient
l’entière liberté de se déplacer à leur guise et de dire ce qu’ils voulaient à
l’intérieur d’une scène donnée.
Baghead
est distribué au Québec par Métropole Films Distribution et dans le reste du
Canada par Mongrel Media.
---
500 jours de tournage. 170 espèces filmées -
dont plus de 80 apparaissent à l'écran - dans des climats allant de -30°C à
+50°C. Deux années à parcourir 16 pays afin de filmer plus de 80 heures de
rushes. A chaque saison, la terre entière résonne des chants, des râles et des
cris amoureux des animaux.
La danse et les offrandes sont souvent les
meilleurs instruments pour attirer l’être convoité, donnant lieu à des parades
parfois cocasses ou attendrissantes, souvent spectaculaires.
Dauphins, lions, poissons clowns, oiseaux de
toutes sortes, kangourous, singes, crabes
ou insectes, tous les individus s’évertuent à séduire pour s’accoupler et
donner la vie. Leurs rites amoureux constituent un miroir où l’homme se
reconnaîtra bien souvent…
A travers des images magnifiques et
touchantes, LES ANIMAUX AMOUREUX nous invite à un voyage aux quatre coins du
monde, au cœur des plus extraordinaires épopées amoureuses.
Commentaires de Michel Handfield (5 juillet 2008, mis en ligne le 8!)
L’amour, ça ne pouvait que faire un film
poétique! C’est là qu’on voit que la poésie n’est pas réservée qu’à l’Homme.
Chaque espèce a sa poésie; ses formes de
tendresse. C’est parfois surprenant, souvent touchant.
La qualité visuelle et sonore, incluant la
musique lorsqu’il y a lieux, est excellente. J’ai regardé une copie de presse à
la maison et mes « cockatiels » ont réagit à plusieurs endroits, non
seulement pour les chants d’oiseaux. Ça ne ment pas sur la qualité de ce film,
car on ne peut tromper facilement l’instinct de mes oiseaux.
Si vous aimez la nature et êtes romantique
dans l’âme, c’est un film à voir dans une salle près de chez vous ou en DVD
quand il sortira.
---
Sortie : 27 juin
Mettant en vedette MICHEL CÔTÉ dans un film de
ROBERT MÉNARD et MICHEL CÔTÉ. Le retour au grand écran de Gérard dit le
Taureau, Patrice dit le Lion, Jean-Jacques dit le Paon et de Serge dit le Ver
de Terre!
Près de vingt ans après leur célèbre soirée
dans les bars, Gérard dit le Taureau, Patrice dit le Lion, Jean-Jacques dit le
Paon et Serge dit le Ver de Terre seront de retour cet été dans de nouvelles
aventures! Réalisé par Robert Ménard et Michel Côté, « CRUISING BAR 2 » met une
fois de plus en vedette Michel Côté dans le rôle des quatre célèbres
personnages sur la « cruise ». Le long-métrage scénarisé par Michel Côté,
Robert Ménard et Claire Wojas prendra l’affiche aux quatre coins du Québec le
27 juin prochain.
Les voilà de retour, les héros de Cruising
Bar! Près de vingt ans plus tard, à peine différents, mais confrontés à de
nouvelles réalités. Nous allons leur faire vivre d’autres aventures toutes
aussi drôles, que décapantes, qu’attendrissantes. Pour le taureau, la réalité
est brutale. Sa femme, tannée de ses tromperies, se décide après trente ans de
mariage à le foutre à la porte. Sans le confort du foyer, le taureau n’est plus
le même. Le séducteur enjoué connaît la terrible dysfonction érectile. Mais le
taureau de nature positive, ne se laissera pas abattre. Il va lutter pour sa
survie. Parallèlement, le lion connaît aussi une rupture abrupte. Sa blonde le
quitte. Il se retrouve seul, contraint à réapprendre à séduire. Pas évident, la
«cruise» de bar en bar quand on ne connaît plus les tendances, la mode du jour,
les nouvelles danses et surtout quand au fond, ce que l’on souhaite, c’est un
peu d’amour. Puis de son côté, le paon cherche sa véritable identité sexuelle.
Avec l’aide d’une psychologue, il fouille sa psyché pour finir en soirée par
flâner dans les bars à la recherche de quelqu’un qu’il aimerait plus qu’il ne
s’aime lui-même. Quant au ver de terre, sa très longue attente de l’âme sœur
sera récompensée. Enfin! Après beaucoup de solitude et de langueur, le ver
trouve le bonheur.
« CRUISING BAR 2 » est produit par Robert
Ménard et Claude Bonin pour Les Productions Vidéofilms Ltée.
Alliance Vivafilm distribue des longs métrages
à des salles de cinéma, sur vidéo et DVD, ainsi qu'auprès des entreprises de
télédiffusion : www.vivafilm.com
Commentaires de Michel Handfield (19 juin 2008 – mis en ligne le 27!)
Près de vingt ans se sont écoulés depuis
« Cruising bar » (1989) et
on reprend où on était. Ils sont les mêmes, protégés des changements extérieurs
dans leur monde. On a ce sentiment parfois qu’un individu, un couple, un
quartier ou un milieu n’a pas changé comme les autres. Que c’est demeuré un
havre de certitude alors que le reste s’est transformé. C’est le cas pour nos
quatre personnages. Ils ont été à l’abri
des changements jusque là : Patrice dit le Lion, en couple depuis; Gérard
dit le Taureau, toujours en banlieue avec sa
femme, son garage et ses amies;
Jean-Jacques dit le Paon, toujours dans son cocon (centré sur lui-même);
Serge dit le Ver de Terre, déphasé et enterré au point de ne pas comprendre ce
qui lui arrive! Il est comme un gros point d’interrogation au milieu de ce
film! Pour moi, c’est le plus touchant.
Mais, là ils feront face à certains
changements. Gérard ne reconnaitra plus sa femme par exemple, car arrive le
jour où elle en aura assez! Avec le choc de la cinquantaine, ils auront le choc
du futur immédiat! Leur détresse sera l’occasion de scènes comiques et
pathétiques, comme de « cruiser » avec 20 ans de décalage. Ça ne se
passe plus de la même façon dans les bars! Même les bars ont changé, avec des
bars à eau et à air, où vous allez boire de l’eau de glacier ou sniffer de
l’air du mont Fuji par exemple!
Si on aime encore voir Jean-Jacques, le
« successful » BCBG (1), en
looser dans sa vie amoureuse, on s’attriste pour ce pauvre Serge qui rêve de
réussir. Au moins, s’il avait enfin une chance et ne la ratait pas! C‘est peut
être convenu, car chaque personnage est un « type » d’homme, mais on
est tous un composé de ceux-ci. En fait, chacun d’eux représente une
caractéristique psychologique que l’on trouve chez l’homme depuis l’âge des cavernes,
mais à des degrés divers chez chacun d’eux. C’est ce qui fait notre spécificité
malgré qu’on se ressemble. Sinon, comment pourrait-on expliquer qu’on soit à la
fois si différent et si pareil, ce qui permet au marketing de nous vendre des
produits de masse qui nous distinguent!
On est aussi pris avec nos désirs
inatteignables : nos rêves de la super « poupoune » (la fille
retravaillé sur Photoshop!); de la grosse « job » avec la grosse
maison; des relations parfaites, c’est-à-dire avec quelqu’un qui n’est là que
pour nous comprendre et j’en passe des meilleures. La pop psycho a même trouvé
le moyen de nous y faire croire, nous disant que pour réussir, il faut
visualiser! Façon de vendre des livres qui justifient le rêve éveillé et
conscient, cela tant aux hommes qu’aux femmes! Mais, ce qu’on cherche vraiment,
c’est quelqu’un pour ne pas être seul. Partager, mais, partager quoi? Du sexe
ou une vie? A chaque Gérard sa Gertrude, à moins d’être si parfait que personne
ne peut nous satisfaire! Alors, il faut
apprendre à être autosuffisant ou accepter les autres tels qu’ils sont. C’est le défi de Jean-Jacques.
Quand je parle de déphasage, ce film nous en
offre un excellent exemple avec Patrice et sa fille. Autrefois, la
communication était de personne à personne. Là, Patrice ne répond plus à la
bonne place, sa fille lui parlant, mais parlant aussi à une troisième personne
au cellulaire. C’est comique, convenu diraient certains, mais très significatif
de notre époque où le médium est le message. Avec Jean-Jacques on est cependant
un cran plus loin : l’image, devient le message! Sauf qu’entre le message
et la réalité, il y a un déphasage! Vaut mieux apprendre à s’accepter.
Quant aux femmes, elles ont pris davantage de
place. Elles savent ce qu’elles veulent et entreprennent les choses, pour ne
pas dire qu’elles entreprennent les hommes.
Elles ne sont pas qu’accessoires, même si le focus est sur les hommes
ici et toute leur détresse psychologique, professionnelle, sociale et sexuelle.
Ce n’est donc pas un hasard que le psy soit une psychologue en fait!
Bref, vous pouvez prendre ce film comme une
comédie légère, avec plusieurs situations comiques qui sont autant de
performances de Michel Côté, ce que certains pourraient qualifier de recette,
ou encore le prendre comme autant de
caricatures de l’homme d’hier qui doit s’ajuster au monde d’aujourd’hui;
caricatures qui sont beaucoup plus profondes qu’elles n’y paraissent au premier
regard et qui font réfléchir sur cette espèce qui cherche de nouveaux repères
dans le monde actuel. Contrairement à madame, qui lisait peut être sur les
changements de société et de relations dans les magazines féminins, monsieur,
qui n’a suivi que le sport et rêvé de
s’étendre sur la page centrale du playboy ou du Penthouse, est maintenant dépassé. Il a du rattrapage à faire.
Note :
1.
Bon chic, bon genre!
---
Sortie: Vendredi 20 juin (v.o. mandarin
avec sous-titres anglais)
Academy Awards / Nomination / Meilleur film en
langue étrangère
Réalisateur: Sergei Bodrov
Distribution: Tadanobu Asano, Honglei Sun
L'incroyable
destinée de Gengis Khan. De son vrai nom Temudgin, ce légendaire chef des
forces armées mongoles fut l'un des plus grands conquérants de l'histoire de
l'humanité. Entre la fin du XIIe et le début du XIIIe siècle, il réussit à unir
les tribus mongoles et créa un empire colossal comparable en taille à celui
d'Alexandre le Grand.
Commentaires de
Michel Handfield (24 juin 2008)
On
part de l’enfance de Temudgin pour en
arriver, après maintes péripéties où il aurait pu être tué plus d’une fois, à
l’homme qu’il est devenu : Gengis
Khan le conquérant. Il fera un royaume qui couvrira « une majeure partie de l'Asie, incluant la Chine, la Russie, la Perse,
le Moyen-Orient et l'Europe de l'Est » (Wikipédia), mais le film ne se
rend pas jusque là, car c’est le premier d’une trilogie.
On
le dépeint ici comme plus juste que rusé avec les hommes. Mais, les histoires
nationales des peuples qu’il a conquis n’ont pas nécessairement retenue cette
version. Dans Encarta on parle de « sa
réputation d’extrême férocité » et sur Wikipédia on souligne que
« dans beaucoup de régions de l'Asie
et du Moyen-Orient, lui et ses successeurs ayant été responsables de nombreuses
guerres et conquêtes entraînant la mort de dizaines de millions de personnes,
il représente un conquérant impitoyable et sanguinaire. »
Quoi
qu’il en soit, c’est un film grandiose. Qu’on réinterprète l’histoire n’est pas
surprenant, car dans ce monde qui cherche à remplacer l’ancienne bipolarité
USA/URSS par une multipolarité États-Unis, Chine, Europe, Russie et,
probablement, l’Inde, il faut recréer des mythes fondateurs. En ce sens,
l’empire de Gengis Khan en est, puisque de lui sont nés d’autres puissances par
la suite, dont la Chine et la Russie, deux des défenseurs de cette
multipolarité, mais avec l’espoir d’être l’un des deux, pour la Chine du
moins, en cas d’une nouvelle bipolarité.
(1)
Il
n’est pas surprenant non plus qu’un russe, Sergei Bodrov, ai fait ce
film, car la Mongolie moderne fut unie à l’URSS, ce qui a créé des liens.
Et, parlant de lien intereuropéen dans
la géopolitique d’aujourd’hui, ce film est une coproduction
Allemagne/Kazakhstan/Russie. Cependant, la Chine n’est pas en reste, car elle «
considère Gengis Khan comme un héros
national chinois. Pour justifier ce point de vue, on affirme le plus souvent
qu'il y a plus de Mongols habitant la Chine que partout ailleurs, y compris en
Mongolie. On affirme aussi que son petit-fils, Kubilai Khan, fonda la dynastie
Yuan qui réunifia la Chine. » (Wikipédia) De quoi penser à Hero
(2002).
Si
les grandes fresques et les mythes fondateurs vous intéressent, ce film est
pour vous.
Références :
Gengis Khan sur
Wikipédia : http://fr.wikipedia.org/wiki/Gengis_Khan
Gengis Khan dans
Microsoft Encarta 2006
Note :
1. En cas d’une
nouvelle bipolarité, la Chine sera certainement un des deux joueurs en place.
Pour la Russie, elle s’allierait probablement à l’Europe pour être partie
prenante de l’autre partie, car ainsi l’Europe pourrait devancer les États-Unis
face à la Chine.
---
Royaume-Uni. 2007. Réal. :
Gary Hustwit. Projection numérique. 80 min.
Qui
aurait cru qu’une police de caractères ferait l’objet d’un documentaire primé ?
Du nom de la célèbre police créée par Max Miedinger en 1957, Helvetica est un
documentaire de Gary Hustwit sur la typographie, le graphisme et plus
généralement l’inscription des polices dans notre univers urbain quotidien.
Pour ce film, le réalisateur a rencontré les graphistes et designers parmi les
plus innovants de la scène internationale (Wim Crouwel, Erik Spiekermann,
Jonathan Hoefler, Neville Brody, Stefan Sagmeister, Massimo Vignelli, Matthew
Carter, etc.). Et il les a questionné sur leur utilisation de la typographie,
leur travail et leur processus de création.
Commentaires de Michel Handfield (20 juin 2008)
En 1957 est né Helvetica. (1) Caractère
d’imprimerie moderne, clair, lisible et
neutre, on dit qu’ Helvetica laisse place au message.
Ce film, qui concerne la police de caractère
Helvetica, ne s’arrête pas qu’à son alphabet cependant! Il regarde le monde
plus large de la création et de l’utilisation des caractères d’imprimerie.
Jugé extraordinaire par plusieurs, on
voit Helvetica partout : autant dans les logos des grandes multinationales
que les tracts des groupuscules qui les dénoncent par exemple. Helvetica unit
tout et son contraire! Il s’en trouve
donc pour décrier cette police qui est
devenue trop commune. Un documentaire intéressant qui nous fait pénétrer un
domaine insoupçonné de l’art: celui de l’art utilitaire, car créer des
polices de caractère c’est aussi de l’art! Ce sont d’ailleurs des artistes qui
créent ces caractères. Il est là l’intérêt de ce film, car il nous fait réaliser
qu’un utilitaire de tous les jours, comme un caractère d’imprimerie ou une
police d’ordinateur, est aussi une œuvre artistique. Qui y pense quand il
envoie un courriel ou un SMS ou quand il lit un nom de rue, une annonce sur un
bus, un logo d’entreprise, un journal,
un tract ou une pochette de CD? Si « le
médium, c'est le message » (2), la police est le corps du médium!
Mais, même si Helvetica est la plus utilisée
des polices, il y a d’autres caractères d’intérêts. A vous de bien choisir
votre caractère, car il reflétera un trait de votre personnalité!
Notes :
1. http://fr.wikipedia.org/wiki/Helvetica
2. McLuhan, prophète des temps modernes, les archives de
Radio-Canada : http://archives.radio-canada.ca/arts_culture/medias/dossiers/323-1675/
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(Vier
Minuten)
UN FILM
DE CHRIS KRAUS À L’AFFICHE DÈS LE 13 JUIN 2008
Montréal, le lundi 2 juin
2008 – Dans la lignée du
succès de nombreux films allemand tels La vie des autres et Les
Faussaires, Métropole Films est heureuse de présenter Quatre minutes,
deuxième long métrage de Chris Kraus. Quatre minutes a été nommé dans de
nombreux festivals où il a remporté plusieurs récompenses bien méritées :
Meilleur film au Festival international de Shangaï, Prix du public au Festival
de San Francisco, Meilleur film et Meilleure actrice pour Monica Bleibtreu et
Hanna Herzsprung au German Film Awards. Quatre minutes prendra l’affiche
le 13 juin 2008 au Cinéma Ex-Centris en version originale sous-titrée en
français et à l’AMC avec sous-titres anglais.
Depuis soixante ans, Traude Krüger enseigne le piano à des détenues.
Quand elle rencontre Jenny, jeune femme incarcérée pour meurtre, elle comprend
immédiatement qu'elle a affaire à une musicienne prodige. Passionnée par le
talent de la jeune fille, Traude veut la préparer pour le Concours d'entrée du
Conservatoire. Mais la jeune femme, violente et suicidaire, est réfractaire à
la moindre discipline. Obstinée, la vieille Traude Krüger ne se désarme
pourtant pas.
Quatre minutes est distribué au Québec par Métropole Films Distribution et dans
le reste du Canada par Mongrel Media.
Commentaires de Michel Handfield (15 juin 2008)
Le piano comme moyen de réhabilitation dans une prison pour femmes en
Allemagne. Pas nécessairement des femmes faciles. Certaines sont violentes,
dont Jenny, reconnue coupable de meurtre.
Quand Jenny arrive face à Traude Krüger, c’est la confrontation. Traude,
c’est la droiture, l’ordre, la discipline et le soin de sa personne. Jenny,
c’est l’émotion à fleur de peau, la rébellion, la désorganisation, voire le
chaos. Mais, Traude découvrira alors un talent insoupçonné dans ce bout de
dynamite, car elle massacre un gardien quand on lui interdit de toucher le
piano. Et elle joue, mais joue du piano!
Traude ira donc la voir au trou et lui dira « Je ne t’offre pas mon aide, je l’offre au talent que tu possèdes! »
Commencera une relation particulière entre ces deux femmes que tout oppose,
même la conception du piano. On découvrira peu à peu qui elles sont et d’où
elles viennent dans une relation amour/haine qui sera de plus en plus teintée
d’un certain respect. Ainsi, Traude a des souvenirs de la 2e guerre
et du nazisme. Sa rationalité extrême, une façon de cacher ses émotions? Des
relents de nazisme? Une culture imposée et intégrée? (1) D’ailleurs, elle
n’aime pas que Jenny joue de la « negro music » (jazz), car
c’est « de la musique dégénérée ». Quant à Jenny, d’où
tient-elle cette maîtrise du piano? Quel est son rapport à l’instrument? Y
a-t-il un rapport entre le piano et son rejet de l’autorité? Avec ce qu’elle
est devenue? Ce n’est pas un film facile, mais c’est un film intelligent.
***
Question du sociologue suite à ce film. Est-ce que les fiches signalétiques
montées par les nazis durant la guerre 39-45 existent toujours en Allemagne?
Question importante s’il en est une, car on peut avoir accès au passé des gens,
mais surtout aux soupçons, qu’ils se soient avérés ou non, ce qui peut
permettre de les faire chanter. De
mémoire, cette situation hante plusieurs films allemands et d’Europe de l’Est
que j’ai vus. (2) Après une recherche
Google, j’ai trouvé une réponse : certaines de ces fiches existent
toujours et sont conservées pour les chercheurs. Ainsi :
« Cinquante millions de fiches cartonnées concernent 17,5 millions de
personnes. 25 kilomètres de documents se trouvent là, dans d’anciens bâtiments
militaires épargnés par les bombardements de la Seconde Guerre mondiale. Les
documents à l’encre passée proviennent de 50 camps de concentration et camps de
la mort, des archives de la Gestapo et des SS, des centres d’expérimentations
médicales ou des usines employant des travailleurs forcés, disséminés aux
quatre coins du Reich. »
(NATHALIE VERSIEUX, Des millions
de fiches cartonnées sur les traces de vies arrachées, Libération, 29 avril
2008 : www.liberation.fr/actualite/monde/323747.FR.php)
La même chose est aussi vraie d’autres dictatures. Ainsi, les
archives de la dictature guatémalienne sont toujours existantes. Des chercheurs
ont même travaillé à les réparer, classifier et analyser, car elles nous
renseignent sur ces temps troubles comme l’a montré un article de la revue Harper’s
il y a quelques mois. (3) Mais, ce qui
existe peut aussi être utilisé à mauvais escient par certains esprits retors
s’ils y ont accès. Le risque est donc toujours là, minime peut-être, mais là.
De quoi écrire bien d’autres romans et scénarios de films dans l’avenir. Une
façon de rompre avec ce passé trouble ou de creuser ses conséquences possibles, comme si le
nazisme avait laissé un héritage. (4)
***
L’apothéose finale, là où Jenny donne toute sa mesure, jouant de façon
classique et improvisée, déstructurant et restructurant les notes, mélangeant le
classique au piano arrangé (dans
le style de John Cage, où elle frappe les cordes de ses mains), au Jazz et à
l’afro musique, à quoi s’ajoute une rythmique des mains et des pieds (où j’ai
pensé à Joe de Jean-Pierre Perreault
et au Gumboot), est extraordinaire.
Elle dit tout du génie de cette fille et de son état, entre organisation et
désorganisation. Une créativité qui canalise son trop-plein, mais qui explique
aussi comment elle peut être lorsqu’elle ne peut s’exprimer musicalement :
elle frappe tout, même les gens, à défaut de frapper les noires et les
blanches. Extraordinaire!
Cependant, la réalité de cette pièce est la suivante, car cette
improvisation n’est pas improvisée nous apprennent les notes de presse :
« Chris Kraus a
rencontré beaucoup de difficultés pour trouver la musique adéquate du concert
final : " (...) Dans le scénario, il était écrit : " Une musique
fantastique s'élève, qui relègue Schumann au rang de nullité. " Essayez de
trouver, en Allemagne, un compositeur prêt à massacrer Schumann ! Nous avons
demandé à tous les compositeurs de musique de film allemands sans exception. Et
les mois défilaient. Trois semaines avant le début du tournage, alors que nous
étions tous au bord de la crise de nerfs, la radio bavaroise nous a donné le
nom d'Annette Focks. Laquelle s'est enfermée deux jours dans le studio et nous
a concocté le morceau. Nous l'avons repris tel quel. (...) » (Doc de presse p. 4)
Quelle musique, à la fois
fantastique et contestataire, car elle est l’incarnation du talent et de la
rébellion de Jenny, ce qui en fait tout le génie. La profondeur du film est
dans le processus qui amène à cette expression finale. Après, tout est
possible : le repli, car elle à tout dit, ou l’éclosion, car Jenny se sera
enfin libéré de ses fantômes du passé. Mais, en se libérant, aura-t-elle libéré
Traude? Un sourire me laisse croire que oui, mais c’est mon interprétation.
***
La bande sonore est
disponible en Europe : Vier Minuten, Bande originale, SONY BMG, B000KWZ9K4. (5) Elle peut donc être
commandée par internet.
Notes :
1. Un peu comme ici
certains de nos préjugés face aux autochtones venaient d’une certaine
transmission de l’histoire à l’école, dans les institutions et dans les médias.
Une histoire comportant son lot de préjugés. Mais, une fois acquis, il est
difficile de les effacer de notre inconscient (personnel et collectif) sans un
effort de notre part, même si cette conception historique a changé depuis.
2. Je pense notamment à
« LA VIE DES AUTRES » du
réalisateur et scénariste allemand Florian Henckel von Donnersmarck : www.sonyclassics.com/thelivesofothers/.
3.
Kate Doyle, The atrocity files. Deciphering
the archives of Guatemala’s dirty war, Harper’s magazine, December 2007,
pp. 52- 64. www.harpers.org/
4. De « La Question Humaine » de Nicolas
Klotz j’écrivais, le 29 octobre 2007, dans Societas Criticus Vol. 9 no. 7 :
« Pourtant, rien n’échappe à l’organisation.
Elle vérifie ses employés : leurs habitudes de vie et leurs changements de
caractère, car l’information est la pierre angulaire du contrôle. Dans ce monde
il y a les pions et les s-pions, pour faire un parallèle avec les SS, car ce
film fait un parallèle entre ce qui se passe dans l’organisation et les
méthodes de contrôle développées par le régime nazi il y a quelques décennies. »
5. www.sonybmg.de/artists2.php?iA=7&artist=42436&product=88697055122
Hyperliens:
DANSER
PERREAULT :
www.artfifa.com/index.php?option=com_film&task=view&id=18&year=23&Itemid=386
Jean-Pierre Perreault sur
Wikipédia :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Pierre_Perreault
Tap Dogs Moscow 2007: www.youtube.com/watch?v=Z9bNhSu5ojY
Gumboot Dance: www.youtube.com/watch?v=Gg3NlQPWbu4
Une famille d'acteurs, coopération de Luc Chaput :
L’actrice qui joue Jenny,
Hannah Herzsprung : www.imdb.com/name/nm0381342/
En allemand sur
wikipédia, car il n’y a rien en français: http://de.wikipedia.org/wiki/Hannah_Herzsprung
L’actrice qui joue la
professeure, Monica Bleibtreu :
www.cinefil.com/star/monica-bleibtreu/biographie
Pour ceux qui en veulent
davantage, sa grand-mère, Hedwig Bleibtreu, était aussi
actrice (www.cyranos.ch/smblei-e.htm) et son fils, Moritz
Bleibtreu, l’est aussi (www.imdb.com/name/nm0001953/). Ce dernier se retrouve
cependant sur Wikipédia en français (http://fr.wikipedia.org/wiki/Moritz_Bleibtreu), car il a notamment étudié l'art dramatique à
Paris, Rome et New York et joué dans des films États-Uniens et Français en plus
d’Allemands.
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99F
avec Jean Dujardin
Au cinéma le 6 juin
1 h 40 minutes
Montréal, le 20 mai 2008 — La publication du
roman de Frédéric Beigbeder en 2000 a suscité immédiatement un véritable
phénomène de société et il est devenu un succès de vente en librairie. Le
producteur Alain Goldman (La Môme, Les rivières pourpres, 1492) y a vu « un sujet de film
formidable » et a décidé de produire le film adapté du roman avec Jean Dujardin
(OSS 117, Brice de Nice, Le convoyeur)
dans le rôle principal et Jan Kounen (Doberman,
Blueberry) comme réalisateur.
Octave est le maître du monde : Il est
rédacteur publicitaire dans la plus grosse agence de pub du monde « La Ross »
(Ross & Witchcraft). Il décide aujourd’hui ce que vous allez vouloir
demain. Pour lui, « l’homme est un produit comme les autres». Il est couvert
d’argent, de filles et de cocaïne. Pourtant il doute. Deux événements vont
bouleverser le cours de sa vie. Son histoire d’amour avec Sophie, la plus belle
employée de l’agence, et une réunion chez Madone pour vendre un film de pub à
ce géant du produit laitier. Le doué Octave déjante alors et décide de se
rebeller contre le système qui l’a créé, en sabotant sa plus grande campagne.
Jan Kounen a adapté le roman 99F avec la
complicité de Frédéric Beigbeder. Le scénario et les dialogues ont été écrits
par « Nicolas et Bruno ». À cause de son interprétation de Brice de Nice, Jean
Dujardin était, pour le réalisateur, l’Octave idéal. « Jean était une évidence
pour moi, car il déclenche l’empathie, le rire, et son univers est extrême »
précise-t-il. À ses côtés, on retrouve des acteurs de talent dont Jocelyn
Quivrin, Patrick Mille, Vahina Giocante, Elisa Tovati, Nicolas Marié, Antoine
Basler et Fosco Perinti.
Commentaires de Michel Handfield (8 juin 2008)
99F, environs 15 Euro aujourd’hui
selon un convertisseur de devises. Cependant, ça sonnerait moins bien! 99F, ça
a un petit quelque chose de plus; d’accrocheur! Comme la pub, sujet de ce film.
Dès le début on nous annonce : « La pub est payante. Dans ce film, elle est
offerte! » Trouvez l’attrape? C’est qu’on la dénonce, mais en même
temps elle nous marque. Depuis que j’ai vu les petits yaourts Madone, je pense
Danone! Nous découvrons rapidement que nous sommes tous dupes; dupe de ces
putains de publicitaires qui nous font faire ce qu’ils veulent finalement! Ils
nous font acheter et ils nous vendent. Au fabricant, on lui promet tant de
millions d’imbéciles qui vont acheter son produit à la con; à nous on
promet l’air frais de l’Alaska avec ce
nouvel anti sudorifique ou le calme de la plage et la silhouette du mannequin
en mangeant ce Yaourt! Comme si c’était si simple, mais on veut y croire!
Pour eux, tout s’achète, tout se vend. L’Homme
est un produit. On se paie une femme, la tête d’un mec ou une bagnole comme un
trophée de chasse. La pub est une pute qui « bousille le monde »!
On suit Octave, maître du monde, dans son vol plané. Temps
d’un retour sur sa vie et d’une prise de conscience pour ce rédacteur
publicitaire de la plus grosse agence de pub du monde : la Ross &
Witchcraft.
Il était rien, il devient tout. Le jeune,
probablement isolé et sans amis, crée maintenant les tendances. Décalé, il
était fait pour ce métier. Chiant, il devient un génie! Pour Descartes, c’était
«Je pense, donc je suis. » Pour
Octave, c’est « Je suis une grosse
merde, [donc je suis] un héro moderne! » Il nous devance, crée la
nouveauté (tendance) et la démode pour nous faire dépenser. Il nous impose son
désir et pas subtilement. Entre 0 et 18 ans, nous sommes exposés à 350 000
pubs. On en trouve même sur les vêtements de bébés, car une griffe c’est une
pub qu’on associe à un standing dans la tête des gens!
Un film intelligent, pas rose bonbon, qui nous
entraîne dans la profondeur de la futilité! Et on paie pour cela à travers ce
qu’on achète et ce qu’on n’achète pas, car la pub est déductible d’impôt pour
les entreprises. Bref, on l’assume collectivement puisque ce que les
entreprises ne paient pas en impôt, ce sont les contribuables qui le paient.
Mais, la pub ce n’est pas de la R & D! Quand on apprend que le budget
mondial de la pub est de 500 milliards/an, ce n’est pas des peanuts! Juste
l’impôt économisé par les entreprises, grâce à ses 500 milliards de dépenses
pour nous faire surconsommer, pourrait être investit ailleurs, que ce soit dans
la santé, l’éducation et, surtout, l’alimentation mondiale. D’un côté de ce monde on fait de la pub à
coup de milliards pour nous faire manger et maigrir et de l’autre on ne mange
pas à sa faim si on mange! A la fin du film on écrit d’ailleurs qu’avec 10% de
cette somme on règlerait le problème de la faim dans le monde! (1)
Un film qui nous fait réfléchir et sentir
moins con. C’est une occasion, car si vous restez devant votre télé c’est le
contraire qui se produit. En effet,
Patrick Le Lay, PDG de TF1, a déjà dit que la télé vend « du temps de cerveau humain disponible ». Les émissions de télé
divertissent et détendent le téléspectateur « pour le préparer entre deux messages » à les imbiber comme une éponge! (2) Voilà à quoi sert votre télé :
diffuser ces messages que des gens comme Octave font pour vous vendre n’importe
quoi! Pourvu que ça les paie.
Un publicitaire peut toujours se révolter,
mais le système capitaliste est très fort. C’est le plus grand récupérateur,
d’où son succès à travers les âges et les modes, même les plus contestataires.
Il sait transformer la contestation en chic et en fric! Un coup de pub deviendra une pub géniale pour certains et le publicisé
atteindra ainsi un autre public. Un nouveau bassin de consommateurs. En plein dans les gencives, mais récupéré!
Je vous conseille de rester jusqu’après le
générique, car vous verrez la première pub qui a existé, soit une pub de
Sunlight du tournant du siècle dernier (1896). Finalement, dans le générique,
j’ai remarqué « Air on G string »
de JS Bach. Cout’donc, c’étais-tu de la
musique pour une pub de string ça? (3)
***
On peut aussi voir ce film tout
autrement si on s’attarde aux personnages. Leur psyché! Des êtres désabusés de
la vie, car ils sont au cœur du système de consommation : ce sont eux qui
font consommer. Alors, pour demeurer « high » (créatif) et oublier, ils consomment et
essaient ce qui est underground : la drogue par exemple. Mais, si cela
aide leur créativité, ils perdent aussi peu à peu le contrôle sur leur vie,
leurs repères. Déphasé entre le système qu’ils font tourner et le système
parallèle dans lequel ils se réfugient, ils sentent un écart de plus en plus
grand se creuser comme un gouffre sous leurs pieds. Un gouffre dans lequel ils
tomberont nécessairement, volontairement ou non. Alors, plongeront-ils dans le
vide ou essaieront-ils de changer les choses en posant un geste d’éclat?
Ce film nous offre ces deux choix, car il y a
deux fins. Contrairement aux DVD sur lesquels nous choisissons la fin qu’on
veut, nous avons droit aux deux en salle, car elles servent le propos du film,
du moins pour l’analyste. Pour le critique plus traditionnel, je ne sais pas.
Aurait-il préféré que le réalisateur choisisse une seule fin? Probablement que ce sera partagé comme opinion.
A part le fric, ce n’est peut être pas
davantage une vie d’être dans la pub que d’être derrière une friteuse à préparer
des frites graisseuses tous les jours!
On s’écœure, puis on veut oublier, tout quitter. Qui sait où cela peut
conduire: A déconner? Au suicide ou à une île déserte? À se reprendre en mains
et à être qualifié de génie encore une fois?
A faire complètement autre chose? Mais, est-ce si différent que dans
d’autres milieux où on presse l’employé comme un citron? Car l’Homme n’est
qu’un produit comme un autre! Un produit que l’on paie pour faire d’autres
produits que l’on vend, que ce soit des concepts publicitaires ou des frites!
Il faut faire tourner la machine, même au dépends de l’Homme qu’elle devait
servir. C’est signe que le système à pris le dessus sur nous.
Notes :
1.
Ou du moins une large partie, car je cite ici de mémoire n’ayant pu noter la
phrase.
2.
« Le Lay (TF1) vend « du temps de
cerveau humain disponible » », Action-CRItique-MEDias [Acrimed], publié le dimanche 11 juillet 2004 : www.acrimed.org/article1688.html
3.
Si vous n’avez pas compris que c’était une farce, c’en était une. Voici un
vidéo de cette pièce de Bach par une violoniste, Sarah Chang : www.youtube.com/watch?v=qOVwokQnV4M
Et
à l’harmonica, ce qui est fort intéressant et surprenant : www.youtube.com/watch?v=LyGDO2rFMb8
---
À l’affiche dès le 30 mai prochain
Résumé
officiel
« SEX AND THE CITY » relate les aventures et
la vie à Manhattan de quatre désormais célèbres amies quatre ans après la fin
de la populaire série télé. Alors que les fans de la série découvriront enfin
la suite des aventures de Carrie, Samantha, Charlotte et Miranda, les amateurs
de comédies et d’histoires d’amour prendront plaisir à découvrir l’univers
coloré de ce long métrage qui se promet de plaire également aux hommes ! Le
film réalisé par Michael Patrick King met en vedette Sarah Jessica Parker, Kim
Cattrall, Cynthia Nixon, Kristin Davis, Chris Noth et la gagnante d’un Oscar®
Jennifer Hudson.
Le long métrage « SEX AND THE CITY
» (SEXE À NEW YORK en version française) prendra l’affiche aux quatre coins du
Québec le 30 mai prochain.
Alliance Vivafilm est la filiale
québécoise de Alliance Films, un des plus grands distributeurs de longs
métrages au Canada qui opère également dans le marché de la distribution de
films au Royaume-Uni et en Espagne. Alliance Vivafilm distribue des longs
métrages à des salles de cinéma, sur vidéo et DVD, ainsi qu'auprès des
entreprises de télédiffusion.
Commentaires de Michel Handfield
(30 mai 2008)
« Trouver l’appartement idéal à New-York,
c’est comme trouver l’amour idéal », l’amitié idéale, le conjoint
idéal, ou le chien qui sied à votre personnalité pouvons nous ajouter! Ces 4
filles ont l’amitié et quand ça ne va pas, leur carte de crédit leur permet le
shopping idéal! Remarquez que ma blonde dit qu’aller chez le coiffeur, ça
remonte le moral. Moi, je me passe le clipper et c’est ce que j’économise qui
me remonte le moral! Si j’ai souri à l’occasion et réfléchis à d’autres, je
n’étais pas le public idéal au regard des réactions bruyantes d’une partie de
la salle lors de ce visionnement de presse fort populaire.
J’y ai par contre trouvé une
certaine illustration de la différence homme/femme : elles, émotionnelles;
eux, rationnels! Mais, cliché aussi, car devant les « chars », le
football (le hockey ici ou le soccer ailleurs), ou une poitrine de femme (1),
je ne suis pas sûr que l’homme rationnel tient toujours la route. Comme la femme rationnelle devant la
possibilité du mariage avec un homme compréhensif, tendre et riche! Bref, ce
film c’est le conte de fées pour femmes au tournant de la quarantaine. Beaucoup
des personnes présentes ont apprécié. Surtout des femmes? Je croirais.
Si vous n’êtes pas le public idéal
et que vous y accompagniez « quelqu’une », vous ne devriez pas vous y
ennuyer même si vous n’êtes pas le
public cible de cette série forte populaire à ce qu’on dit. Remarquez, j’aime
bien « Beautés désepérées » (2), alors tout est permis, même pour les
hommes! On peut y trouver à rire de certains travers des femmes en toute
liberté, mais aussi de certains coups qui nous sont portés, car dans une salle
noire on ne nous voit pas! Ça a un petit côté rassurant pour le défoulement des
messieurs pendant que les dames s’éclatent franchement à ce que j’ai
entendu!
Pour en savoir
plus :
Sur wiki : http://fr.wikipedia.org/wiki/Sex_and_the_City
Sur HBO : www.hbo.com/city/
Sur
wat.tv : http://www.wat.tv/video/carrie-filles-sex-and-the-lxim_jczk_.html
Notes :
1. Ce
qui a fait tomber certains politiciens dernièrement encore tant aux États-Unis,
au Canada qu’ailleurs dans le monde, mais je n’en dis pas davantage, les
journaux commerciaux le faisant très bien.
2. Beautés désepérées :
http://www.radio-canada.ca/television/beautesdesesperees/
Desperate
Housewives:
http://abc.go.com/primetime/desperate/index?pn=index
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