Societas Criticus, Revue de critique sociale et politique

On n'est pas vache…on est critique!

 

D.I. revue d’actualité et de culture

Où la culture nous émeut!

 

Revues Internet en ligne,     version archive pour bibliothèques

Vol. 11 no. 3, du 3 avril 2009 au 8 juin 2009

 

1999-2009, 10 ans déjà !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

www.societascriticus.com 

Cette revue est éditée à compte d'auteurs.

 

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Societas Criticus

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Le Noyau!

Michel Handfield, M.Sc. sociologie (U de M), cofondateur et éditeur;

Gaétan Chênevert, M.Sc. (U de Sherbrooke), cofondateur et interrogatif de service;

Luc Chaput, diplômé de l'Institut d'Études Politiques de Paris, recherche et support documentaire.

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Index de ce numéro :

 

Societas Criticus, revue de critique sociale et politique

 

Édito 

 

Est ce que la croyance est un droit?

L’action bénévole…  une bonne affaire!

Salut Bozo

 

Essais

 

La vitesse et ses limites au CCA

 

D.I., Delinkan Intellectuel,  revue d’actualité et de culture

 

Avis

 

Arts et Culture

 

Sortie de Disques!

 

Deux nouveautés Jazz dont nous avons assisté au lancement: Nathalie Renault, La chance; André Leroux, Corpus Callosum

Lorraine Desmarais, Big Band

 

Cinéma et Théâtre (Ciné, Théâtre et quelques annonces d’événements) 

 

Deux films d’écoliers!  (J’ai tué ma mère de Xavier Dolan et La belle personne de Christophe Honoré)

CARCASSES

L’Angoisse érotique de DON JUAN (Théâtre)

LUCIA DI LAMMERMOOR (Opéra)

PLUS TARD TU COMPRENDRAS

UN BARRAGE CONTRE LE PACIFIQUE

Il Divo de Paolo Sorrentino

Amadeus (Théâtre)

Anges et démons

Mes Vues d'Afrique : Ça ment pas; Ceux de la colline; L’absence; Mo’Better Blues; Paris à tout prix; Triomf; Dans l’ombre d’une autre; Conclusion.

GOMORRA

GHOSTS OF GIRLFRIENDS PAST / HANTÉ PAR SES EX

Le Bal des actrices de Maïwenn

 

Documents à ne pas taire! (Notre section documentaire)

 

We all fall down: The American Mortgage Crisis

 

Bilan de notre FIFA 2009!

Les films que nous avons retenus :

CINDY SHERMAN  

COLVILLE

DOMENICO FONTANA : ENGINEER, ARCHITECT, URBANIST  

GELUCK, L'HOMME À LA TÊTE DE CHAT  

HITLER'S HIT PARADE  

MAESTRO: PORTRAIT OF VALERY GERGIEV  

SHOPPING À LA FOLIE  / MALLS R US  

ZORA NEALE HURSTON: JUMP AT THE SUN  

 

Bilan de notre 4e édition du Festival de films sur les droits de la personne

Les films que nous avons retenus :

8

Pray the Devil Back to hell

Témoins indésirables

Birmanie, la révolution par l’image

Journalist

Faces (face 2 face)

 

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Societas Criticus, revue de critique sociale et politique

 

Index

 

Nos éditos!

 

Est ce que la croyance est un droit?

Michel Handfield (8 juin 2009)

 

        Depuis plusieurs mois on débat de la religion à l’école comme étant un droit. On croyait pourtant la question réglée avec la déconfessionnalisation des commissions scolaires, en 1997, qui devinrent linguistiques. Cependant, la loi laissait les écoles confessionnelles. (1) Ce ne sera qu’en 2005 que Québec annoncera  « qu'il n'y aura plus d'enseignement religieux confessionnel à compter de l'automne 2008. » (2) Un nouveau « programme d'éthique et de culture religieuse » (3) prendra la place des anciens cours de religion et de morale, mais obligatoire pour tous! (4) Les enfants seront exposés à un topo généralisé des religions peu importe la foi de leurs parents. Là, des parents diront leurs droits brimés, l’éducation de la foi étant leur responsabilité.  Mais, l’éducation générale n’est-elle pas celle de l’école?

 

Attention, pour comprendre, il y a au moins un a priori : la croyance religieuse, ce n’est pas un droit, mais une liberté! L’article 2 de la Charte canadienne des droits et libertés (5) et est très clair sur le sujet :

     

« Chacun a les libertés fondamentales suivantes :

 

a) liberté de conscience et de religion;

 

b) liberté de pensée, de croyance, d'opinion et d'expression, y compris la liberté de la presse et des autres moyens de communication;

 

c) liberté de réunion pacifique;

 

d) liberté d'association. »

     

Quant à l’article 3 de la Charte des droits et libertés de la personne du Québec (6), il va comme suit et est tout aussi limpide :

     

« Toute personne est titulaire des libertés fondamentales telles la liberté de conscience, la liberté de religion, la liberté d'opinion, la liberté d'expression, la liberté de réunion pacifique et la liberté d'association. »

     

La religion est donc une liberté. Alors, comment juger de la place de l’enseignement religieux à l’école? Comme pour les autres libertés et croyances tout simplement. Comparons!

 

Comme c’est de l’école dont on parle ici, prenons une comparaison scolaire. Si on veut savoir comment conjuguer un verbe en « er », comme aimer par exemple, on peut prendre un verbe en « ir », comme finir, pour en  vérifier la conjugaison. Ainsi « j’ai aimer » sera « j’ai aimé » puisqu’on ne dit pas « j’ai finir », mais « j’ai fini ».  Alors, sur l’obligation de l’enseignement religieux que certains revendiquent, vérifions avec l’enseignement d’une autre croyance : l’horoscope! Enseigne-t-on l’horoscope à l’école par exemple? Peut-on s’absenter d’un examen parce que l’horoscope du journal nous dit un matin que « le capricorne est mieux de ne pas donner de réponses aujourd’hui »? Non! Pourtant, l’horoscope est une croyance au même titre que la religion. Des leaders du monde d’aujourd’hui consultent leur astrologue comme d’autres le curé. (7) Alors, l’une comme l’autre s’équivalent. Mais, l’une comme l’autre ne devraient pas avoir un accès privilégié à l’école puisque ce sont des croyances, pas de la science!

 

On ne devrait pas pouvoir empêcher un enfant d’apprendre la science ou l’histoire parce que les parents croient que la science est une invention romanesque; que Darwin est un « cave »; que la terre est plate; ou que l’histoire va contre leurs croyances que la terre n’a que 10.000 ans! (8) On ne devrait pas non plus poursuivre ce jeu religieux en enseignant la religion ou l’éthique et la culture religieuse à l’école. Du moins, pas sous la forme d’un cours consacré à cette seule matière. Ainsi, on ne heurte plus les croyances, car on les met à leur place hors de l’école, et on instruit les enfants.  

 

Par contre, il n’est pas dit que les enfants, vivant dans un monde de plus ouvert, ne doivent pas savoir de quoi il s’agit en matière de croyances religieuses, que ce soit celles de leurs parents ou des autres, car ces croyances ont un impact social et politique important même dans un monde dit déconfessionnalisé. On le voit par les débats qui traversent nos sociétés modernes que ce soit ici ou ailleurs. Il suffit de regarder les nouvelles pour le comprendre. Comme on parle ici de croyances qui ont influencé l’histoire et qui influencent encore la politique dans certaines régions du monde, on devrait intégrer cela aux cours d’histoire et de géographie, où cela aurait davantage sa place, car cela enlèverait la charge religieuse et émotive qui demeure autour de ce terme de religion dans un système qui se dit – et se veut – laïque et ouvert. (9) Quant à la partie éthique et citoyenne on devrait faire un nouveau programme sur ce sujet : Vie sociale ou Société 101 par exemple!       

     

En conclusion, on ne peut brimer le droit à l’éducation de l’enfant pour les croyances des parents,   même si « Les parents ou les personnes qui en tiennent lieu ont le droit d'assurer l'éducation religieuse et morale de leurs enfants conformément à leurs convictions, dans le respect des droits de leurs enfants et de l'intérêt de ceux-ci. »  (10) Mais, il ne faudrait pas oublier les derniers mots de cet article : « l'intérêt de ceux-ci », ce qui ne va pas nécessairement avec les croyances des parents. Ils doivent donc avoir une éducation plus large et neutre à l’école qu’à la maison dans leur propre intérêt. Aux parents de leur enseigner des balivernes s’ils le veulent, mais ils ne doivent pas imposer à l’école de les enseigner à leur place ni les retirer du cursus éducatif au nom de ces croyances, car ce ne sont que des croyances! Au moins, s’ils ont une bonne éducation à l’école, ils pourront toujours choisir en connaissance de cause plus tard. L’école doit former des citoyens, pas des crédules! Moi aussi j’ai des croyances, mais j’ai aussi des doutes, car je suis conscient que ce ne sont que des croyances. C’est ce qui fait que je mettrais cet avis sur toutes les églises : « Attention, le danger croit avec l’usage! » Comme pour la cigarette, car parfois la religion peut devenir aussi nocive. C’est là qu’on voit la nécessaire séparation de l’État et de l’église quelle qu’elle soit! Et cela commence en éliminant l’enseignement religieux de l’école sans compromis, ce qui inclut de mettre fin aux écoles confessionnelles même privées.  

 

Notes :

 

1. Claude Gauvreau, Éthique et culture religieuse à l'école (au sujet du livre de Georges Leroux, « Éthique, culture religieuse, dialogue », paru chez Fides), in Journal L'UQAM, vol. XXXIV, no 8 (7 janvier 2008) : www.uqam.ca/entrevues/2008/e2008-003.htm

 

2. Ibid.

 

3. Ibid. Pour connaître ce programme : www.mels.gouv.qc.ca/sections/ecr/pdf/EthiqueCultRel_Primaire.pdf.

 

4. Il y a encore des exceptions religieuses nous apprenait Le Devoir cette semaine. Voir Clairandrée Cauchy, Écoles juives orthodoxes - Une solution dans les zones grises, Le Devoir, Édition du samedi 06 et du dimanche 07 juin 2009 : www.ledevoir.com/2009/06/06/253651.html

 

Puis, il y a ceux qui utilisent la voie légale pour briser cette obligation :

 

« Après des parents de Granby qui revendiquent auprès des commissions scolaires la possibilité d'exempter leurs enfants du nouveau cours d'éthique et culture religieuse (ECR), voilà maintenant qu'un collège catholique anglophone réclame la possibilité de le remplacer par un programme local, qui n'abandonnerait pas la perspective catholique. »

 

Et ces deux cas se retrouvent en cour, façon de tester la validité de la loi! Voir  Clairandrée Cauchy, La cause du Loyola High School en cour - Les jésuites contestent à leur tour le nouveau cours d'éthique, Le Devoir, Édition du lundi 08 juin 2009 : www.ledevoir.com/2009/06/08/253885.html

 

5. http://lois.justice.gc.ca/fr/Charte/index.html

 

6. Charte des droits et libertés de la personne :  http://www2.publicationsduquebec.gouv.qc.ca/dynamicSearch/telecharge.php?type=2&file=/C_12/C12.HTM

 

7. « Politiques, artistes, financiers, stars des médias, patrons... personne ne résiste à ces gourous des temps modernes. A tort ou à raison? » Voilà la présentation de cet article étonnant de Marie Huret : « L'étonnante influence des astrologues » publié le 07/12/2000 dans l’express et que nous retrouvons encore sur le site de cette revue : www.lexpress.fr/informations/l-etonnante-influence-des-astrologues_640693.html

 

8. Je suis convaincu, même, que certains parents auraient dû avoir une meilleure éducation scientifique plutôt que religieuse. Les choses n’en seraient que  mieux!

 

9. La même chose est vraie de l’horoscope. Si un personnage historique ou un homme politique avait un astrologue, c’est le cours d’histoire que cela regarde. Si c’est un personnage contemporain qui est reconnu pour avoir recours à ce genre de conseiller, c’est alors le cours de géographie que cela concerne si on y parle de lui. Mais, on n’en fera pas pour autant un cours sur l’astrologie pas plus qu’on devrait en faire un cours sur la religion.  

 

10. On ne retrouve pas cet article dans la charte canadienne, car l’éducation est de compétence provinciale. C’est donc la charte québécoise (voir note 5 pour la référence) qui devrait avoir préséance ici, surtout que les deux chartes reconnaissent que la religion est une liberté de croyance, pas un droit.  

 

Hyperliens :

 

Historique de la déconfessionnalisation des écoles québécoises (Source : Soleil - 18 mars 2006, page D-2) repris avec la permission du journal sur www.paroissendf.ca/Doc/060318_Sol-Deconfession.pdf

 
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L’action bénévole…  une bonne affaire!

Michel Handfield

 

24 mai 2009

 

Du 19 au 25 avril dernier c’était la semaine d’action bénévole. (1) Nous l’avions affiché sur notre page calendrier. A cette occasion nous avions été invité à une conférence de presse des « bénévoles d’affaires », mais nous n’en avions pas parlé, pris par d’autres événements.

 

Comme les artistes et artisans du milieu culturel sont souvent des entrepreneurs qui s’ignorent et les entrepreneurs des artistes qui ne savent pas qu’ils le sont, la Chambre de commerce a eu une initiative heureuse pour établir des liens entre eux : faire un réseau pour mailler des gens d’affaires à des artistes selon leurs besoins. C’est là une aide précieuse aux milieux culturels. Pensons au théâtre qui voit un spécialiste du marketing ou du financement rejoindre bénévolement son C.A. Cela apparaît fort intéressant et mérite d’être souligné. Nous avons donc fait une rubrique « implication communautaire » sur notre page Ressources, où vous trouverez ce lien et d’autres qui s’y ajouteront avec le temps. 

 

Mais, la question que cela a soulevé au délinkan intellectuel que je suis est la suivante : Est-ce que cela pourrait aussi être fait dans l’autre sens? Des artistes pour aider les gens d’affaires – et parfois de la politique – car bien des fois ces milieux auraient besoins de créativité artistiques! Ce serait comme un petit « plus » qui pourrait les aider eux-aussi. Prochaine étape peut être, ce qui s’insérerait très bien dans la suite du livre de  Patricia Pitcher,  « Artistes, artisans et technocrates »  (1994, Montréal: HEC-Québec/Amérique) qui a pris de l’âge, mais n’a pas vieilli tant que cela non plus. A suivre. 

 

Note :

 

1. Voici les prochaines dates :

 

18 au 24 avril 2010

17 au 23 avril 2011

15 au 21 avril 2012

 

Hyperliens :

 

Voir notre page Ressources :

www.societascriticus.com/ressources.html

 

 

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Salut Bozo

Michel Handfield, éditeur de Societas Criticus

 

13 avril 2009

 

        Cette nuit, vers 1 heure du matin, nous a quitté une collaboratrice ailée qui se tenait souvent sur mon épaule, me mordant l’oreille lorsqu’elle me trouvait dissipé devant mon ordinateur. 15 ans qu’elle m’accompagnait, étant là quand je cogitais l’idée de faire Societas Criticus. Informée, elle comptait parmi les auditrices de Radio-Canada, écoutait le téléjournal, des émissions de sciences et des DVD choisit par l’éditeur. Elle n’aurait pas coupé les budgets de la Société Radio-Canada ni à l’exportation de la culture. Bref, elle aurait dû se mériter le droit de vote, car elle était plus informée que certaines gens qui croient davantage aux histoires religieuses et à l’horoscope  qu’à la science. (1) Ce n’est pas peu dire. Cela montre tout le chemin à parcourir pour sortir d’un certain obscurantisme qui existe encore, surtout quand un oiseau est plus informé qu’un ministre conservateur, soit le ministre d’État aux Sciences et à la Technologie du Canada, Gary Goodyear, « qui refuse depuis quelques jours d'admettre clairement que la théorie de Darwin sur l'évolution est la théorie qui explique les formes de vie sur terre, laissant l'impression qu'il est plutôt créationniste. » (2) 

 

Qu’ajouter à cela, sauf salut Bozo. Tu me manqueras dans ce monde où l’obscurantisme religieux et conservateur passe comme un gros nuage au dessus de nos têtes. Toi, tu étais un oiseau brillant.  Je ne peux en dire autant de certaines gens qui nous gouvernent. Si vous êtes un ou une idéologue de Dieu ou politique, qui connaissez la bible sur le bout de vos doigts, mais ne connaissez ni Marx, ni Diogène, passez votre chemin et ne sonnez pas à ma porte pour me conter vos histoires, car vous écouter serait faire injure à la mémoire de cet oiseau qui avait plus de savoirs que vous. 

 

Notes :

 

1. Moi aussi j’ai des croyances, mais je suis conscient que ce sont des croyances. Alors, j’ai toujours une certaine dose de doute et de scepticisme qui m’accompagne. Parfois, je me demande si certains prophètes respectés de ma propre tradition religieuse (catholique) ne seraient pas sous médication aujourd’hui, car ils attendaient la voix de Dieu ou de ses anges aux endroits les plus insolites et improbables, n’en déplaise aux fondamentalistes, même chrétiens. J’ai donc des doutes, je suis de gauche, mais j’ai une certaine foi et je ne l’abdique pas, car je ne peux me résoudre à laisser la foi aux seuls fondamentalistes et idéologues de droite, trop sûrs d’eux et dangereux pour cette seule raison. Si on a crucifié Jésus, c’est peut être qu’il était révolutionnaire. Ne disait-il pas  « aimez-vous les uns les autres » comme Marx dira plus tard « unissez-vous! »

 

2. Lina Dib de La Presse Canadienne, Ottawa, Des communicateurs scientifiques réclament la démission du ministre Goodyear, in cyberpresse.ca,  19 mars 2009 : www.cyberpresse.ca/actualites/quebec-canada/politique-canadienne/200903/19/01-838280-des-communicateurs-scientifiques-reclament-la-demission-du-ministre-goodyear.php

 

Sur le même sujet, voici une autre citation, du Devoir celle-là :

 

« Le ministre d'État aux Sciences et à la Technologie, Gary Goodyear, ne devait pas s'attendre à ce qu'une entrevue au Globe and Mail le plonge dans pareil embarras. Cependant, en refusant de dire ce qu'il pensait de la théorie de l'évolution parce qu'il considérait ne pas avoir à répondre de ses croyances religieuses, ce fervent évangéliste et créationniste s'est retrouvé au cœur d'une polémique. Une vraie tuile pour le gouvernement, qui tente de démontrer que son budget ne néglige pas le soutien à la recherche. » (Manon Cornellier, Revue de presse - Cocktail explosif, Le Devoir, Édition du samedi 21 et du dimanche 22 mars 2009 :  www.ledevoir.com/2009/03/21/240902.html)

 
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Index
 
Essais
 

La vitesse et ses limites au CCA (Speed limits)

 

Du 19 mai au 12 octobre 2009

 

L'exposition traite de la place prépondérante qu'occupe la vitesse dans la vie moderne, de l'art à l'architecture et à l'urbanisme, en passant par les arts graphiques, l'économie et la culture matérielle de l'ère industrielle et de celle de l'information. Elle souligne le centième anniversaire du futurisme italien.

 

Jeffrey T. Schnapp, du Stanford Humanities Lab, est le commissaire de cette exposition.

 

« La vitesse et ses limites » est une exposition organisée par le CCA et la Wolfsonian-Florida International University (Miami Beach)

 

 

Commentaires de Michel Handfield (26 mai 2009)

 

Je parlerais d’une exposition qui fait réfléchir sur l’accélération. Mais, pourquoi l’accélération? Accélérer pour accélérer ou pour gagner le temps de vivre? Et, si on pouvait trouver une lenteur bienheureuse dans ce monde en accélération! Bienvenue dans le paradoxe de la vitesse et de la lenteur. Quand la Ferrari est prise dans le trafic, il est plus rapide de marcher ou de pédaler, voire de bixier maintenant! C’est d’ailleurs ce que j’ai fait en quittant cette exposition : j’ai essayé le nouveau bixi entre les stations de métro Guy et Sherbrooke. Durée du trajet : 15 minutes! (Voir www.bixi.com)

 

J’étais justement en retard à la conférence de presse parce que j’avais pris le temps d’activer ma clef électronique bixi avant de quitter la maison. Après l’exposition, j’ai par contre gagné du temps tout en faisant une balade agréable au centre ville de Montréal. Gagner du temps pour mieux en disposer! Paradoxe de la vitesse.

 

C’est aussi sur ce paradoxe, qui nous suit tout au long de nos vies, que sont construites l’organisation sociale et l’organisation du travail. Stress et accident du travail sont dus  à l’accélération de la vie et de la production, ce dont nous nous plaignons tous. Mais, en contrepartie nous demandons de plus en plus d’instantanéité dans nos modes de consommation : télécharger le dernier tube de l’été ou lire le Figaro (www.lefigaro.fr) sur le champ sans égard à la distance! Ce n’était pas possible le 20 février 1909 quand « le Manifeste du futurisme » du poète italien F. T. Marinetti  est paru à la une de ce journal! Vous pourrez cependant voir cette page du Figaro dans cette exposition. Mais, si vous êtes pressé de la voir, elle est aussi disponible sur l’internet! (1) Instantanéité!

 

Par contre, cette vie où tout doit être rapide nous exige plus de productivité. De plus, maîtriser ces technologies demande du temps, ce qui fait que la vie moderne, même si elle semble nous faire gagner  du temps, en consomme aussi. Si elle nous laisse quand même un peu plus de temps qu’autrefois, ce qu’elle demande en surplus, ne serait-ce que pour seulement se tenir à jour, consomme de l’énergie, ce qui nous laisse parfois trop fatigué pour prendre le temps de lire et d’écouter de l’information. Pour décrocher, on préfère souvent la musique (2)  et des émissions comme « Star académie »; l’humour; le sport; et le sulfureux, pour vivre par procuration ce qu’on ne peut faire dans la vraie vie, d’où le succès d’émissions comme et « Loft story »! 

 

Moins informé, l’État s’occupe alors de gérer ses citoyens. Le peuple  se divise ainsi en clients et, si certains grognent un peu quand ils ne sont pas satisfaits, perd de sa force. Des clients peuvent plus difficilement revendiquer qu’une masse de citoyens en colère! Clients dans une démocratie qui n’en porte plus que le nom, nous sommes passés à l’ère de la technocratie depuis les années 1970! (3) D’abord, technocratie mixte entre l’État et les entreprises, puis, maintenant, une technocratie de plus en plus privée, car même l’État a de plus en plus recours à l’entreprise privée là où il était autrefois maître d’œuvre. (4)

 

De plus, comme la majorité semble maintenant voir le système comme une technostructure imposée de l’extérieur, il est de plus en plus difficile d’avoir une implication citoyenne pour changer les choses.  On laisse les questions importantes aux technocrates, comme si elles nous dépassaient au point de n’être plus de notre ressort, et on voit la participation électorale en baisse constante dans les démocraties occidentales sauf exception d’un candidat plus inspirant que la moyenne. Mais, les Barack Obama ne sont pas légion. Même les chefs d’État ont pour la plupart ce réflexe. Les experts proposent et les États avalisent leurs choix. Quelquefois seulement, ils en disposent! Cela se voit particulièrement au niveau économique, où c’est la mondialisation et le marché qui dictent l’ordre des choses aux États et au Politique! On veut tout simplement être géré vite et bien pour faire autre chose!

 

Pourtant, ces structures furent construites par des humains pour des buts particuliers en un temps donné. Rien n’empêche de les modifier, de les changer ou de les mettre au rancart s’ils ne répondent plus aux objectifs recherchés ou si ces objectifs ont été atteints. Mais, on les a si souvent reconduits en fermant les yeux qu’ils se sont plutôt cristallisés au point de devenir immuables, donc de passer du mouvement, si lent soit-il, à l’arrêt! On ne parle même plus de vitesse ici, mais d’immobilisme pur et simple. Sur ce point, je suis très tourainien : la société doit se construire par elle-même. (5)

 

Nos politiciens devraient justement être là pour  régulariser ces systèmes, incluant la mondialisation et le marché, et non pas dire qu’ils n’ont pas le choix, ce qui laisse croire que ces systèmes sont autonomes et autosuffisants, ce qui n’est pas vrai. L’économie n’est pas dans un monde à part comme on nous la présente trop souvent. Cette excuse est le signe que nos élites  sont elles-mêmes dépassées par ces systèmes. Alors, le simple citoyen, écrasé par cette structure qu’il ne comprend pas, se cantonne dans son rôle de client, le seul qu’il peut encore maîtriser. Son dernier refuge, la consommation lui faisant oublier son impuissance! Ce n’est pas pour rien que la voiture sport ou le gros camion étaient si populaire avant la crise, car c’étaient des symboles de puissance, très « premier degré », pour s’illusionner face à une impuissance bien réelle et sentie des citoyens face à l’économisme dominant.

 

Mais, on ne peut tout mettre sur le compte des autres non plus, que ce soit la politique, la société ou l’entreprise. Ils font ce qu’ils font pour répondre  en partie (car ils nous imposent aussi certains choix par leur marketing et la limitation de l’offre) aux demandes de leurs clients, donc nos demandes. Ainsi, l’entreprise qui en demande plus à ses employés le fait peut-être pour répondre aux impératifs de notre gestionnaire de REER à qui on a demandé une pension 5 ans plus tôt que possible par exemple! (6) Faudrait que chacun de nous regarde ses demandes pour voir quelle est sa part de responsabilité dans ce nouveau contrat social. (7) Puis, s’il ne fait pas l’affaire, à nous de nous impliquer pour le faire changer. Cela commence en choisissant pour quel programme politique nous voterons; pas la face la plus télévisuelle! Mais, peut-être aimons-nous mieux  suivre le courant, car c’est moins exigeant et « time consuming »  que de lire les programmes qu’on nous propose. Qui a d’ailleurs lu intégralement les programmes de tous les partis politiques avant une élection, même les versions abrégées? Peu de citoyens!  Même moi, je n’ai pas le temps de tout lire, car il y a surabondance d’informations. Mais, cela s’explique, car les technocrates, pour conserver le pouvoir, savent qu’en noyant l’information sensible dans plusieurs documents, elle risque de passer inaperçue et de leur donner la liberté d’action qu’ils désirent. C’est planifié. Cela aussi fait partie de la vitesse, car le bombardement d’information à une vitesse folle comme nous la connaissons devient, par un mouvement de renverse assez singulier, qui s’appelle la contre productivité (8), de la désinformation. En effet, il vient un temps où  nous nous bloquons à toutes informations pour combattre la surinformation dont nous sommes victimes! On perd alors de l’information sensible par le fait même d’être bombardé de trop d’informations. On ferme le journal, on change de poste de radio et  on va vers le divertissement télévisuel.

 

Finalement, tout est dans le but de la vitesse : gagner du temps pour soi ou pour un système de plus en plus exigeant?

 

« La vitesse et ses limites », une exposition qui fait réfléchir, mais ne donne pas de réponses. J’appelle cela de l’interactivité! D’ailleurs, parlant d’interactivité et de vitesse, j’ai envoyé les dates de l’exposition sur mon « Facebook » et mon « Twitter » alors que j’étais encore à la conférence de presse. On ne parle plus de vitesse, mais bien d’instantanéité à ce point!

 

Notes :

 

1. Reproduction de cette page du Figaro dans le cadre d’une exposition au Centre Pompidou:

www.centrepompidou.fr/education/ressources/ENS-futurisme2008/images/xl/ouverture_catalog.jpg

 

2. Suffit de regarder le nombre d’Ipod autour de nous pour le comprendre, surtout que ce modèle n’a pas de radio intégrée. Mais, on peut toujours écouter la balladodiffusion d’émissions d’informations avec ces appareils. J’en conviens, puisque c’est ce que je fais. Je sais aussi que je ne représente pas le courant majoritaire. 

 

3. « Des sociétés d’un type nouveau se forment sous nos yeux.

 

On les appellera sociétés post-industrielles si on veut marquer la distance qui les sépare des sociétés d’industrialisation qui les ont précédées et qui se mêlent encore à elles aussi bien sous leur forme capitaliste que sous leur forme socialiste. On les appellera sociétés technocratiques si on veut les nommer du nom du pouvoir qui les domine. On les appellera sociétés programmées si on cherche à les définir d’abord par la  nature de leur mode de production et d’organisation économique. Ce dernier terme, parce qu’il indique le plus directement la nature du travail et de l’action économique me paraît le plus utile. » (TOURAINE, Alain, 1969, La société post‑industrielle, Paris: Denoël, coll. Médiations, p. 7)

 

4. A ce sujet, j’invite le lecteur à lire « Le Devoir d'histoire - Élection municipale 2009: que ferait Jean Drapeau? » de Richard Bergeron, Chef et fondateur de Projet Montréal, diplômé en architecture et docteur en aménagement, paru dans Le Devoir du samedi 9 et  dimanche 10 mai 2009 : www.ledevoir.com/2009/05/09/249615.html. Cet article se trouve aussi sur le site de Projet Montréal :  www.projetmontreal.org/document/

 

5. De Touraine, qui parle de la construction de la société par elle-même! Je pense ici à :

 

TOURAINE, Alain, 1965, Sociologie de l’action, Paris: Seuil ;

 

TOURAINE, Alain, 1969, La société post‑industrielle, Paris: Denoël, coll. Médiations ;

TOURAINE, Alain, 1993 (1973), Production de la société, Paris: Le livre de poche, biblio essais.

 

6. Je pense ici au discours de Vincent Lemieux (François Papineau) dans Papa à la chasse aux lagopèdes (Long métrage de fiction de Robert Morin / 91 min / 2008 / v.o.f.)

 

7. Rousseau, Jean-Jacques, 1992 [1762], Du contrat social, France: Grands écrivains.

 

8. Dans Némésis médicale (1975, Paris: Seuil, coll. point)  Ivan Illich définit la contre productivité comme étant toute chose poussée à l’extrême à l’effet contraire à celui recherché !

 

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D.I., Delinkan Intellectuel,  revue d’actualité et de culture

 

AVIS

 

Révisé le 21 décembre 2008

 

Dans les commentaires cinés, de théâtres ou de spectacles, les citations sont rarement exactes, car même si l’on prend des notes il est rare de pouvoir tout noter exactement.  C’est généralement l’essence de ce qui est dit qui est retenue, pas le mot à mot.

 

Je ne fais pas non plus dans la critique, mais dans le commentaire, car de ma perspective, ma formation de sociologue, le film est un matériel et nourrit une réflexion qui peut le dépasser. Certains accrocheront sur les décors, les plans de caméra,  le jeu des acteurs ou la mise en scène, ce qui m’atteint moins. Moi, j’accroche sur les problématiques qu’il montre et les questions qu’il soulève. Le film est un matériel sociologique; un révélateur social, psychosocial, socioéconomique ou sociopolitique par exemple. C’est ainsi que sur de très bons films selon la critique, je peux ne faire qu’un court texte alors que sur des films décriés en cœur, je peux faire de très longues analyses, car le film me fournit du matériel. Je n’ai pas la même grille, le même angle, d’analyse qu’un cinéphile. Je prends d’ailleurs des notes durant les projections de presse que je ne peux renier par la suite, même si je discute avec des confrères qui ne l’ont pas apprécié de la même manière que moi, Je peux par contre comprendre leur angle et je leur laisse. J’encourage donc le lecteur à lire plusieurs points de vue pour se faire une idée plus juste.

 

Peut être suis-je bon public aussi diront certains, mais c’est parce que je prends le film qu’on me donne et non celui que j’aurais fait, car je ne fais pas de cinéma, mais de l’analyse sociale! (Je me demande parfois ce que cela donnerait avec une caméra cependant.) Faut dire que je choisis aussi les films que je vais voir sur la base du résumé et des « previews », ce qui fait que si je ne saute pas au plafond à toutes les occasions, je suis rarement déçu aussi. Si je ne suis pas le public cible, je l’écris tout simplement. Si je n’ai rien à dire ou que je n’ai pas aimé, je passerai plutôt mon tour et n’écrirai rien, car pourquoi je priverais le lecteur de voir un film qui lui tente.  Il pourrait être dans de meilleures dispositions pour le recevoir et l’aimer que moi. Alors, qui suis-je pour lui dire de ne pas le voir? Une critique, ce n’est qu’une opinion après tout. Une indication qu’il faut savoir lire, mais jamais au grand jamais une prescription à suivre à la lettre. C’est d’ailleurs pour cela que je fais du commentaire et non de la critique.  

 

Michel Handfield, d’abord et avant tout sociologue.  

 

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Arts et Culture

 

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Sortie de Disques!

 

Deux nouveautés Jazz dont nous avons assisté au lancement

(Notes prises de leur site et de leur compagnie de disque)

 

Nathalie Renault, La chance (www.plages.net)

www.nathalierenault.com 

www.myspace.com/nathalierenault 

 

La première fois

Cet amour m'engage

La chance

Le blues de minuit

Quelqu'un t'attend

Moi-même

Ferme les yeux

Les oiseaux blessés

Doué pour la vie

Être belle

Vieillir

La chanson des vieux amants

 

La pianiste et chanteuse Nathalie Renault nous présente «La Chance», onze nouvelles chansons, un disque qu'elle a concocté avec Charles Papasoff qui s'est mérité le Félix du réalisateur de l'année en 2004. Nathalie s'est entouré de superbes musiciens tels Coral Egan, Sylvain Provost, Kevin Dean, et Richard Gagnon. Auteure, compositrice et interprète de talent, Nathalie Renault est fière de ses racines acadiennes. Son univers musical est bâti à la lumière de sa passion et des émotions que porte sa voix aux parfums de pop et de jazz. Celle que l'on considère comme la perle du paysage musical pop jazz actuel partage sa créativité avec d'autres paroliers tels que Jules Boudreau, France Bonneau et Patrick Gonzàlez. Les musiques portent toutes la signature Renault. Elle est récipiendaire des prix Artiste féminin de l'année en 2003, de l'Artiste jazz de l'année et du prix SOCAN au Gala de l'Association des radios communautaires acadiennes du Nouveau- Brunswick (ARCANB) pour son album précédent, Creuser des océans (2002). Nathalie a parcouru le Québec, le Nouveau-Brunswick et l'Europe au cours des dernières années. Elle a partagé la scène avec Laurence Jalbert, Pierre Flynn, Philippe LaFontaine, Louise Forestier, Claude Léveillé et Daniel Bélanger. Une interprétation marquante de La chanson des Vieux Amants de Jacques Brel boucle avec inspiration cette suite de délices auditifs. Saisissiez la chance!

 

Les musiciens :

 

Nathalie Renault : Piano, Voix et chœurs

Charles Papassoff : Sax soprano/ sax ténor / flûte traversière / Guitare « Doué pour la vie »

Karl Surprenant : Contrebasse

Alain Boyer : Batterie

Kevin Dean : Flugelhorn / trompette

Richard Gagnon : Trombone

Sacha Daoud : Percussions

Guillaume Bourque : Clarinette

Sylvain Provost : Guitare « La chance, Cet amour m’engage et Doué pour la vie »

Coral Egan : Guitare « Quelqu’un t’attend »

 

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André Leroux, Corpus Callosum (www.effendirecords.com)

 

www.andreleroux.net/

 

FND089 | André Leroux | Corpus CallosumSpeed Machine       

Sa Ka Vin        

Big Black Bird     

All of Them       

Elvin's Mood       

Ode à John       

Cadenza for Nationz       

Offertoire 

 

          ''Ce premier disque est le résultat de la rencontre de vieux amis musiciens qui partagent  avec moi cette même passion pour le jazz. Durant trois jours de retraite fermée, dans un lieu merveilleux et propice à la creation, l'oeuvre entière s'est révélée à nous dans un  crescendo d'intensité; une veritable thérapie de groupe où nos instincts les plus refoulées  ont été libérés...
 
           Apres avoir commémoré l'oeuvre de John Coltrane (1926-1967) pendant deux ans, nous  avons voulu rendre hommage à l'esprit de sa musique à travers nos compositions.''
                                                                                                                André

Les musiciens :

 

André Leroux: Saxophones ténor & soprano, flûte, clarinette basse

Frédéric Alarie : Contrebasse 

Normand Deveault: Piano 

Christian Lajoie : Batterie                

Alain Labrosse: Percussions

 

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Lorraine Desmarais, Big Band (Analekta: AN 2 9869)

 

La pianiste de jazz et compositrice Lorraine Desmarais est reconnue aux États- Unis, en Europe en Asie et en Afrique pour ses prestations en solo, en trio et avec big band. Elle s’est également produite avec plusieurs orchestres symphoniques dont l’Orchestre symphonique de Montréal, l’Orchestre Métropolitain du Grand-Montréal, l’Orchestre symphonique de Laval et l’Orquesta Sinfonica de Galicia, en Espagne.C’est en 1984 qu’elle a pris son envol sur la scène du jazz au pays alors que le Festival International de jazz de Montréal lui décernait un premier prix. Elle compte maintenant à son actif neuf albums de compositions originales, incluant parfois quelques standards de jazz.

 

Compositeur: Desmarais, Lorraine

 

Interprètes: Lorraine Desmarais, piano et chef;  Frédéric Alarie, contrebasse; Camil Bélisle, batterie.

 

Et le Lorraine Desmarais Big Band :

 

Basse : Bob Ellis;

Saxophones : Jean-Pierre Zanella, alto & soprano (solo); David Bellemare, alto; André Leroux, ténor; Richard Beaudet, ténor;  Jean Fréchette, baryton

Trompettes : Jocelyn Couture (solo); Ron Di Lauro; Jocelyn Lapointe; Aron Doyle, flugelhorn;

Trombones : Muhammad Al-Khabyyr (solo); Dave Grott; Richard Gagnon

 

Commentaires de Michel Handfield (17 avril 2009)

 

D’abord, au moment du lancement j’ai mis quelques impressions en ligne sur Facebook et Twitter (1), car le Gainzbar, où cela se passait, est wifi! Intéressant comme endroit aussi.

 

Tout de blanc vêtue, Lorraine Desmarais paraissait bien, accompagnée de tous ses hommes. Quinze, que j’ai comptés! Dans cette petite place, ça sonnait! Ce fut d’ailleurs fort apprécié. Elle avait du plaisir, ça paraissait. J’ai l’impression qu’elle a eu ce même plaisir à enregistrer cet album, car ça s’entend.

 

Quelques écoutes du CD mon confirmé mes premières impressions. Pour amateur de jazz, mais accessible pour le novice, car le swing est plus rassembleur que le jazz expérimental. Mais, attention : on y trouve de la profondeur. On n’est pas dans la compromission pour faire du commerce.

 

Je l’ai donc mis sur mon baladeur, entre « Kind of blue » de Miles Davis et « Giants of jazz play Brassens », moins connu, puis, après quelques écoutes là aussi, je peux vous confirmer qu’il y est à sa place. C’est donc un CD que je vous recommande.

 

Note :

 

1. http://twitter.com/laboetie. Sur www.facebook.com/ vous me trouverez sous mon nom. Mon image est un pont.

 

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Cinéma et Théâtre

(Ciné, Théâtre et quelques annonces d’événements)

 

Deux films d’écoliers! 

J’ai tué ma mère de Xavier Dolan

La belle personne DE CHRISTOPHE HONORÉ

 

Commentaires de Michel Handfield

 

D’abord, dans «  j’ai tué ma mère », Hubert ne tuera pas physiquement sa mère, qui l'énerve au plus haut point, mais il la tuera symboliquement à l’école. Elle viendra d’ailleurs le hanter quand elle saura ça! 

 

C’est un film sur l'a-communication entre un ado, qui se sait différent des autres, car il est homosexuel et l’assume, en même temps qu’il vit sa crise d’adolescence, et sa mère qui le traite comme un enfant et ne sait pas pour son homosexualité. Cela fausse son rapport à son fils, d’autant plus qu’elle ne l’écoute que distraitement, quand elle l’écoute, et se dédit souvent. Trop souvent au goût d’Hubert. Je le comprends, car il est rationnel même s’il semble émotif. Puis,  comme à l’adolescence on voit les incohérences (alors que la vie est souvent faite d’incohérences, de dissonances et de compromis), il prend ça dur le p’tit gars! Mais, d’avoir des parents cool, ce n’est pas toujours mieux. Les parents parfaits, ça n’existe pas davantage que les enfants idéaux, sauf dans les contes de Disney!

 

Bref, un film sur la crise ou la « crisse » d'adolescence fait par un jeune qui en sort à peine, ce qui nous en donne une vision de l’intérieur plutôt que d’un adulte qui disserte sur le sujet! C’est là que ce film est rafraîchissant même si Hubert et sa mère sont parfois énervants, mais c’est cela l’adolescence : on énerve les autres et les autres nous énervent! C’est très bien rendu. Le jeu d’Anne Dorval est d’ailleurs excellent sur ce point. Quant à Xavier Dolan, il joue très bien son personnage; mais jusqu’à quel point le joue-t-il? Il a du talent, mais ce n’est qu’avec le temps que nous pourrons séparer Xavier d’Hubert! 

 

Quant aux parents qui comparent leur(s) enfant(s) avec les autres et qui leur montrent des modèles, parfois, s’ils savaient ce qu'il y a derrière ces modèles, ils ne les citeraient tout simplement pas. De quoi rendre les parents peu crédibles, surtout aux yeux de jeunes qui ont accès à toutes sortes d’informations via l’internet! A leurs yeux, de ne pas savoir pour des parents est une erreur. Ils ont à apprendre qu’on ne sait pas tout et qu’eux aussi se frapperont à cette réalité un jour. 

 

Quant à « La belle personne », film français cette fois-ci, il est  sur les relations adolescentes. Les professeurs ont même beaucoup de place, car on ne voit pas les parents. La différence d’âge à ce niveau n’est parfois pas très  grande entre certains étudiants et de jeunes professeurs; que quelques années tout au plus, d'où des histoires ambiguës entre eux. Un prof peut tomber en amour avec certaines de ses étudiantes et vice versa, cela assez ouvertement même. Même chose pour les garçons avec leurs professeurs féminins, mais avec un peu plus de discrétion dans ce cas. Un peu comme au cégep diront certains, car cette fin de lycée, avec le calcul différentiel et intégral, ressemble à notre niveau collégial. L’âge coïncide aussi. Un peu plus jeune cela aurait cependant fait des vagues dans le milieu, soit à l’école ou à  la commission scolaire, du moins ici. Ce  genre d’histoire trouverait aussi son chemin vers les médias, que ce soit par les parents ou une étudiante éconduite et blessée dans son amour propre par ce prof qui la quitte pour une autre du même lycée!  Cependant, peu importe l’âge, qu’en est-il de l’éthique? Cette question se pose toujours dans ces cas-là. Mais, on ne la pose pas vraiment dans le film.    

 

Cela peut d’ailleurs engendrer des relations troubles entre les jeunes, question d’amitiés particulières entre gars et filles, surtout si s’y insère un prof. Qui propos et questions d’identités sexuelles sont donc au rendez-vous, ce qui donne toujours un potentiel dramatique. Mais, le pire demeure le trio amoureux. C’est le cas de Junie, seize ans, prise entre Otto et Nemours, son professeur d'italien. Sujet intéressant que le trio, traité autant en littérature, cinéma qu’en opéra. Pensons justement à « Lucia Di Lammermoor » dont un étudiant parle en classe. Il en fait même écouter un extrait avec Maria Callas. Fascinant, car nous avons parlé de cet opéra il y a quelques jours à peine. 

 

Deux films à voir pour leur traitement différencié des relations adolescentes, l’un québécois, l’autre français, mais complémentaire. Différences culturelles, d’approches et de points de vue qui se complètent bien. 

 

 J’ai tué ma mère (Sortie le 5 juin)

 

Présenté en première mondiale à la Quinzaine des Réalisateurs du festival de Cannes le lundi 18 mai, J’ai tué ma mère écrit, réalisé et interprété par Xavier Dolan prendra l’affiche à Montréal le prochain.

 

Le film raconte l’histoire de Hubert Minel, 17 ans, qui n’aime pas sa mère et la jauge avec mépris, ne voit que ses pulls ringards, sa décoration kitch et les miettes de pain qui se logent à la commissure de ses lèvres quand elle mange bruyamment. Au-delà des irritantes surfaces, il y a aussi la manipulation et la culpabilisation, mécanismes chers à sa génitrice. Confus par cette relation haine / amour qui l’obsède chaque jour de plus en plus, Hubert vague dans les arcanes d’une adolescence à la fois marginale et typique – découvertes artistiques, ouverture à l’amitié, ostracisme, sexe – rongé par la hargne qu’il éprouve à l’égard d’une femme qu’il aimait pourtant jadis. Au terme d’épreuves décisives et d’épisodes tragiques, Hubert retrouvera sa mère sur la berge écumeuse du Fleuve Saint-Laurent, là où il a grandi. Dans les caquètements des oies sauvages, sous le crépuscule rouge, un moment de paix surgira, comme venu du passé, et un meurtre sera perpétré : celui de l’enfance.

 

Anne Dorval, Suzanne Clément, François Arnaud, Patricia Tulasne, Niels Schneider et Monique Spaziani sont les acteurs de ce film dont la photographie est signée Stéphanie Weber-Biron et le montage Hélène Girard. C’est Sylvain Grassard qui a assuré la conception sonore et Nicolas L’Herbier qui a composé la musique originale. J’ai tué ma mère est une production de Xavier Dolan et de Daniel Morin comme producteur associé avec Carole Mondello comme productrice déléguée. Le film est distribué au Canada par K-Films Amérique et à l’International par REZO Films (Paris).

 

La belle personne (Sortie le 5 juin au Cinéma Parallèle.)

 

Métropole Films est heureuse d’annoncer que le film La Belle personne prendra l’affiche le 5 juin prochain au Cinéma Parallèle. Dernier long métrage de Christophe Honoré (Dans Paris, Les Chansons d’amour), le film a été sélectionné en 2008 au festival de San Sebastien.

 

Junie, seize ans, change de lycée en cours d'année suite à la mort de sa mère. Elle intègre une nouvelle classe dont fait partie son cousin Matthias. Il devient son ambassadeur auprès de sa bande d'amis. Junie est vite courtisée par les garçons du groupe, elle consent à devenir la fiancée du plus calme d'entre eux, Otto. Mais bientôt, elle sera confrontée au grand amour, celui de Nemours, son professeur d'italien. La passion qui naît entre eux sera vouée à l'échec. Ne voulant pas céder à ses sentiments, Junie s'obstine à refuser le bonheur, car il n'est à ses yeux qu'une illusion.

 

Transposition libre et moderne de La Princesse de Clèves, de Madame de La Fayette, La Belle personne met en vedette deux stars montantes du cinéma français, Grégoire Leprince-Riguet et Léa Seydoux, ainsi que l’acteur fétiche de Christophe Honoré, Louis Garrel. Considéré par le réalisateur comme le troisième tome d’une trilogie amorcée avec Dans Paris et Les Chansons d’amour, La Belle personne complète le portrait en trois volets de la jeunesse parisienne et de ses amours.

 

 

Hyperliens, avec la coopération de Luc Chaput : 

 

www.labellepersonne-lefilm.com

 

http://fr.wikipedia.org/wiki/Lafayette

http://fr.wikipedia.org/wiki/Marie-Madeleine_Pioche_de_la_Vergne,_comtesse_de_La_Fayette


http://princessedecleves.blogspot.com/

http://fr.wikipedia.org/wiki/La_Lettre_(film,_1999)

 

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«CARCASSES», de Denis Côté

 

SÉLECTION OFFICIELLE QUINZAINE DES RÉALISATEURS - FESTIVAL DE CANNES

 

À L'AFFICHE DEPUIS LE 29 MAI

 

FunFilm Distribution est fière d’annoncer la sortie du film CARCASSES, le quatrième long métrage de Denis Côté (Les États nordiques, Nos vies privées, Elle veut le chaos). Sélectionné par la Quinzaine des réalisateurs dans le cadre du Festival de Cannes qui se tiendra du 13 au 24 mai prochain, le film prendra ensuite l’affiche à Montréal et à Québec le 29 mai.

 

Jean-Paul Colmor entasse depuis plus de 40 ans des centaines de carcasses d’automobiles sur son terrain au bout d’un rang. Plus qu’un recycleur et vendeur de pièces de toutes sortes, Colmor propose un lieu impensable, chargé de mémoire. Chaque jour il revisite son terrain, trimballe la ferraille, recense ses pièces et autres joyaux rouillés… Toute aussi étrange est sa petite maison, sorte d’abri où se démarquent dans le fouillis cuisine, salle de bain et chambre à coucher. Puis un jour, d’autres arrivent et voudraient bien partager un peu de la solitude et de la marginalité excentrique de Jean-Paul…

 

Œuvre atypique mariant le documentaire et la fiction, Carcasses est le premier film de Denis Côté à être sélectionné à Cannes. Ses précédents longs métrages ont été présentés dans une trentaine de prestigieux festivals à travers le monde dont celui de Locarno où Elle veut le chaos et Les États nordiques ont respectivement remportés le Léopard d’argent du meilleur réalisateur en 2008 et le Léopard d’or vidéo en 2005.

 

Carcasses a été écrit et réalisé par Denis Côté et produit par Sylvain Corbeil et Stéphanie Morissette pour nihilproductions. Le film sera présenté le 21 mai à à Cannes et prendra l’affiche au cinéma Parallèle à Montréal et au Clap à Québec le vendredi 29 mai prochain.

 

Commentaires de Michel Handfield (8 juin 2009)

 

Un film sur la valeur et la désuétude des choses, car il n’y a qu’un fil qui sépare les deux. Ainsi, ces autos jadis bichonnées par leur propriétaire sont entassées sur ce terrain et dépérissent. Trop de rouille, leurs pièces ne valent plus rien pour un collectionneur qui veut réparer son bijou de collection. Pourtant, quelques mois auparavant, cette pièce aurait pu être celle qu’il cherchait avec amour. Il aurait pu en donner cher!

 

Mais, Jean-Paul Colmor voit quand même de la valeur dans tout ces amas de tôles, de bibelots, de jouets et de babioles qu’il entasse sur cette terre ou dans sa maison, car cet homme est d’abord et avant tout un ramasseur! Il fait les encans, les marchés aux puces et probablement  les vidanges pour ramasser des choses « au cas où  quelqu’un en aurait besoin un de ces jours ». Il a de tout! Mais, qui sait si ce jour viendra où quelqu’un en aura besoin. En attendant, ce qui est à l’extérieur se dégrade, rouille, pourrit. Et la nature pousse au travers, ce qui donne certaines images surréalistes d’arbres poussant au travers de carcasses de voitures sans valeurs maintenant.

 

Par contre, dans quelques millénaires ce terrain sera vraiment une mine d’or… pour les archéologues.  Imaginez ce que pourront dire les historiens du futur à notre sujet quand ils feront des fouilles sur ces terrains et trouveront les restes d’une vieille « Pontiac Trans-Am 73 » avec des cassettes « 8 tracks » d’Elvis, de Ginette Reno et de James Last dedans! Puis, quand ils ouvriront ce qui restera du coffre à gant et qu’ils tomberont sur les restes d’un vieux numéro de Penthouse avec un drapeau du Québec, quelle tête feront- ils? La maladie du « ramasseux » aura quand même son utilité pour documenter notre civilisation de l’hyperconsommation.

 

Puis, la fiction se mêle du film avec l’arrivée de trisomiques dans le décor. Des gens mis de côté par une société de consommation et de production qui recherche la productivité avant tout. Il y a là un parallèle avec Jean Paul, car eux aussi sont des marginaux. Mais, plus puissant encore, il y a un parallèle avec ce lieu : comme ces vieilles voitures, on les met de côté jusqu’à les oublier, car ils ne sont pas productifs selon les standards de la société moderne; société qui se dit pourtant inclusive! Mais, inclusive pour qui? Ils deviennent donc des carcasses déshumanisées, car on ne leur donne pas la chance d’être utiles, ne serait-ce que socialement, la société étant d’abord gérée par des critères purement économiques. Être comptabilisé ou ne pas être! Voilà de quoi nous faire réfléchir.      

 

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L’Angoisse érotique de DON JUAN (théâtre, en anglais sous-titré)

Production The Old Trout Puppet Workshop

www.theoldtrouts.org

 

Espace Libre

www.espacelibre.qc.ca

Ce fut présenté du 26 au 30 mai 09 dans le cadre de l’Off T.A. tenu en marge du Festival TransAmériques!

 

Avec la collaboration de Vanessa Porteous,

Mercedes Bátiz-Benét & George Fenwick

 

 

À la fin de sa vie, Don Juan, cet infâme séducteur, est jeté en enfer pour toute l’éternité. Chargé de chaînes, il se fera traîner sur scène pour se repentir de ses fautes et nous raconter sa terrible histoire dans l’espoir que nous échapperons à son destin syphilitique.

 

Mais, se repent-il vraiment? Est-il en réalité un monstre cynique ou un saint mystique? Devrait-on le condamner ou chercher à l’imiter?

Savons-nous ce qu’est l’Amour? Le faisons-nous bien? Connaîtrons-nous un jour le bonheur?

 

Le fantôme de Don Juan est revenu pour nous inciter à éviter l’erreur du mariage, en nous livrant à l’amour libre. Ses bourreaux démoniaques, les marionnettistes des Old Trout, nous présentent sa vie, de la naissance à la damnation, sa recherche du paradis, ses erreurs et ses illuminations amoureuses. À la fin du sermon, nous sommes libérés; la soirée culmine en une orgie transcendantale où le public brise ses chaînes et plonge dans un grand océan d’Amour cosmique. La plupart des soirs en tout cas. Tout dépend du public.

 

Créée sur plusieurs années, entre autres pendant trois mois intenses au Mexique, L’Angoisse érotique de Don Juan est une fantaisie dans la tradition de la troupe Old Trout. C’est aussi une  grande collaboration fondée sur plusieurs talents, avec des marionnettes très variées, créées par la troupe. The Old Trout Puppet Workshop est un groupe d’artistes de diverses disciplines qui ont comme mission de repenser l’art de la marionnette. Les trois membres fondateurs, Peter Balkwill, Pityu Kenderes et Judd Palmer, assurent la codirection artistique. La compagnie présente des spectacles de marionnettes pour adultes depuis près de dix ans. Récemment, elle a présenté Famous Puppet Death Scenes, qui est encore en tournée en

Amérique du Nord et ailleurs. The Old Trout est davantage une coopérative d’artistes qu’une compagnie de théâtre de marionnettes. Elle a produit plusieurs courts métrages, construit une machine horloge cosmologique pour marionnettes haute de quinze mètres, écrit des livres pour enfants et donné des ateliers, et elle a même ses musiciens maison, l’Erreur ! La compagnie loge dans un entrepôt de Calgary en Alberta.

 

Mise en scène Vanessa Porteous Co-auteur Mercedes Bátiz-Benét Compositeur/musique George Fenwick Avec Peter Balkwill, Pityu Kenderes, Jackson Andrews et Anne Lalancette.

 

Commentaires de Michel Handfield (8 juin 2009)

 

Mes pas m’ont conduit en enfer. Je vais vous conter mon histoire pour que vous ne fassiez pas les mêmes erreurs que moi. Voilà en gros la proposition scénique de Don Juan au départ de la pièce. Puis, il reprend le dessus. Chassez le naturel, il revient au galop!

 

Ii est important de connaître sa propre nature. Élevé par les chiens, êtres entiers dont la sexualité n’est pas réfrénée, que ce soit   socialement ou moralement, cela justifie, pour Don Juan, son comportement. Il ne pouvait pas se contrôler, puisqu’il n’avait pas appris le contrôle en cette matière. Puis, l’amour est devenu une façon de fuir la  solitude…

 

De cette justification, il passe finalement au destin. Son destin. Si Dieu décide de tout, nous sommes donc programmés! Et, s’il m’a programmé pour aimer les femmes, il ne peut me condamner aux enfers pour les avoir trop aimés dira en substance Don Juan! Voilà donc sa défense contre la condamnation de Dieu puisqu’il n’est finalement qu’une pauvre victime du destin que lui avait choisi Dieu! C’est donc la grâce de Dieu qu’il demandera à la fin. Comme Jésus, il dira « aimez vous les uns les autres », mais il osera ajouter « dans une sainte orgie! »

 

C’est une pièce inventive et intéressante qui pose les enjeux de la sexualité au plan personnel, mais aussi social et moral.  La sexualité est un choix, mais aussi un comportement programmé ne serait-ce que par la biologie. Dans le contexte d’aujourd’hui on peut cependant se demander l’influence de l’image (publicité, télévision et cinéma) sur elle. Est-elle responsable de l’hypersexualisation  que l’on voit  apparaître de plus en plus tôt chez les jeunes, bombardés d’images à connotation sexuelle? Si, adulte, on en vient à ne plus les voir, les intègre-t-on de façon subliminale?

 

On reproche souvent aux jeunes leur banalisation des comportements sexuels, séparant amour et sexe au point d’avoir créé un nouveau type de relation, le « fuck-friend » (1), et d’avoir des relations comme si c’était un jeu de société (2), mais serait-ce une conséquence de leur surexposition à des images sexuées de plus en plus tôt dans leur vie? Il ne faut jamais oublier que lorsqu’on banalise une chose, que ce soit la sexualité, la drogue ou la cigarette, on ne s’en fait plus avec la surexposition ou la surconsommation de cette chose puisqu’elle est devenue banale. C’est pourtant là qu’elle risque de faire le plus mal. En ce sens, cette pièce nous indique qu’on ne doit pas banaliser la sexualité, car, contrairement à Don Juan, nous n’avons pas été élevés par des chiens qui se sentaient le cul en signe de reconnaissance.  

 

A souligner, enfin, le plaisir de voir cette pièce sous-titrée en français! C’était une bonne idée, car si un mot ou une expression nous échappait, on pouvait se reprendre sans perdre le fil de l’histoire. C’est aussi un moyen d’ouvrir sur l’autre public, ce théâtre anglophone s’adressant ainsi à un public francophone à l’Espace Libre.  Cette idée serait à répéter et à élargir. Certains soirs il devrait y avoir sous titrage dans les théâtres, que ce soit de pièces en français ou en anglais. La même chose pour les films : il devrait y avoir davantage de films sous-titrés. Ce serait une façon de briser les solitudes ethnolinguistiques et d’apprendre à partager. Puis, on améliorerait ainsi notre compréhension d’une seconde et même d’une troisième langue. Éducatif, donc!

 

En conclusion, cette soirée théâtrale fut à la fois agréable et enrichissante. Quant à ceux qui croient qu’il ne se passe rien à l’ouest du Québec et surtout au pays de Stephen Harper, c’est faux, car cette pièce venait de Calgary en Alberta! Bonjour préjugé!     

 

Notes :

 

1. Juste à googler « fuck-friend » pour en savoir plus que ce que vous voulez réellement savoir si vous n’avez pas encore compris ce qu’est un partenaire de baise!

 

2. Les médias ont fait du millage pendant un temps sur ce phénomène du « gang bang » chez les adolescents et pré-adolescents, soit des relations sexuelles en groupe, parfois aussi jeune qu’à 11 ou 12 ans. Cela se rapproche de « la tournante » qui est par contre une forme de viol collectif, car les victimes ne sont pas  consentantes. Toutefois, chez les ados et les pré-ados, les personnes impliqués dans ces jeux sont-elles consentantes ou en mesure de donner un consentement éclairé? La question se pose.

 

Hyperlien :

 

Projet Outiller les jeunes face à l'hypersexualisation :

www.hypersexualisationdesjeunes.uqam.ca

 

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LUCIA DI LAMMERMOOR, Opéra de Gaetano Donizetti  

 

Genre : Drame tragique

Structure : En trois actes

Langue : En italien avec surtitres français et anglais

Livret : Salvatore Cammarano d’après “The Bride of Lammermoor” de Walter Scott.

Création : Naples, Teatro San Carlo, le 26 septembre 1835

Production : Dallas Opera

Dernière production à la compagnie : février 2001

Salle Wilfrid-Pelletier, Place des Arts

23 · 27 · 30 mai · 1 & 4 juin 2009 à 20 h

 

L’Opéra de Montréal clôture sa 29e saison avec une production éclatante, véritable chef-d’œuvre du bel canto, Lucia di Lammermoor de Gaetano Donizetti. Œuvre tragique la plus célèbre du compositeur italien, Lucia di Lammermoor remporte toujours les suffrages des amants de l’art lyrique depuis 1835 !

 

En Écosse, à la fin du 17e siècle, un château dans des landes brumeuses. Enrico veut donner sa sœur Lucia en mariage à Arturo, union qui pourrait rétablir la situation financière précaire de sa famille. Mais, Lucia aime l’ennemi juré de son frère, Edgardo, avec qui elle a échangé des serments d’amour éternel. Enrico fait pression sur sa sœur qui, désespérée, finit par céder. Au beau milieu de la célébration du mariage, Edgardo surgit pour accuser Lucia de l’avoir trahi. Devenue folle, Lucia assassine Arturo pendant la nuit de noces et meurt de douleur. Edgardo, ne pouvant vivre sans elle se poignarde sur la tombe de ses ancêtres.

 

Tout cela se passe sur fond de luttes entre familles rivales et dans le contexte des guerres entre catholiques et protestants. Le livret est une habile adaptation du roman de Walter Scott, « La fiancée de Lammermoor » (1819), lui-même inspiré d’un fait divers qui s’est déroulé en Écosse au XVIIe siècle au cours duquel une noble jeune femme avait assassiné, la nuit de ses noces, son époux détesté, et était devenue folle à la suite de ce crime.

 

Plus d’une interprète ont immortalisé le rôle de Lucia et chanté la partition exigeante de l’héroïne de Donizetti, qu’on pense à Nelly Melba (1889), Lily Pons (1935), et plus près de nous, Maria Callas (1952) et Nathalie Dessay (2002 – version française).

 

DISTRIBUTION :

 

Lucia : EGLISE GUTIERREZ, soprano (Cuba)

Edgardo : STEPHEN COSTELLO, ténor (États-Unis)

Enrico : JORGE LAGUNES, baryton (Mexique)

Raimondo : ALAIN COULOMBE, basse (Canada)

Lord Arturo Bucklaw : ANTOINE BÉLANGER, ténor (Canada)

Normanno : PIERRE-ÉTIENNE BERGERON, baryton-basse (Canada)

Alisa : SARAH MYATT, mezzo-soprano (Canada)

 

PRODUCTION :

 

Chef : STEVEN WHITE (États-Unis)

Metteur en scène : DAVID GATELY (États-Unis)

Concepteur des décors : HENRY BARDON (Tchéquie/États-Unis)

Conceptrice des éclairages : ANNE-CATHERINE SIMARD-DERASPE (Canada)

Chef de chœur : CLAUDE WEBSTER (Canada)

 

Commentaires de Michel Handfield (3 juin 2009)

 

Dès le départ on est dans l’émotion, ne serait-ce que par la musique. On sent qu’il y aura un drame. Puis, on voit un homme qui surprend une jeune femme avec un autre homme! S’ils ont le temps de fuir, ils ont été vus! Les dés sont jetés!

 

Triangle amoureux? Non, mais un espion apprendra au frère de Lucia (Eglise Gutierrez, soprano), Enrico (Jorge Lagunes, baryton),  que sa sœur est en amour avec  Edgardo (Stephen Costello, ténor), son ennemi juré. Le sort en sera décidé par son frère : faire cesser cette union!  

 

Quand il y a amour entre gens de bandes rivales, comme dans « West Side Story » par exemple, la haine n’est jamais très loin. Le drame au tournant! Enrico usera donc de manipulation, de chantage et de mensonge pour faire céder Lucia et ainsi concrétiser son plan : la marier à Lord Arturo Bucklaw (Antoine Bélanger, ténor) par cupidité et intérêt, car la famille est appauvrie et lui menacé dans cette Écosse conflictuelle (1), où la reine Marie fut elle-même emprisonnée et exécutée (2). Ce mariage pourrait cependant redonner du lustre à la famille et à leur demeure, qui tombe en ruine, car Lord Arturo est riche et pourrait refaire le château. Il constituerait aussi un protecteur pour Enrico.  

 

On a donc droit à la méchanceté fait homme en Enrico; très machiavélique auprès de sa sœur pour en arriver à ses fins. Ne dit-on pas que la fin justifie les moyens?  C’est justement à cette démonstration que l’on assiste tout au long de cet opéra en crescendo.  

 

Cependant, on ne badine pas avec l’amour pur, noble et romantique; le sentiment de Lucia pour Edgardo. Si cela semble aujourd’hui très normal, voir banal, l’amour pour l’amour était révolutionnaire à cette époque où le mariage était souvent obligé pour des raisons économiques. Les gens ne se mariaient pas parce qu’ils s’aimaient, mais apprenaient à s’aimer parce qu’on les avait mariés! Des mariages forcés pour sceller des alliances de paix dans la noblesse ou agrandir la terre cultivable dans la paysannerie! Des unions familiales étaient ainsi scellées par le mariage. A défaut d’amour, c’était, au mieux, des mariages de raison entre époux consentants. (3) Bien souvent, le consentement n’était même pas requis, car un père (ou un frère, en cas de père absent) pouvait « donner » la main de sa fille pour des avantages! Cela est encore vrai dans certaines cultures. (4)     

 

D’aller contre cet amour par méchanceté et cupidité ne paiera pas Enrico, car la déraison d’amour sera plus forte que la raison d’État! Lucia craquera, avec des conséquences funestes pour son époux; son amour perdu; et pour elle-même. La chute éclaboussera son frère. On sait qu’il ne s’en relèvera pas.  

 

        Opéra complexe sur l’amour et la folie, car on parle ici d’amour pur (Lucia et Edgardo) et d’amour de soi, cet amour fou qui conduit Enrico à abuser de sa sœur au point de la vendre, par un mariage arrangé, pour son propre intérêt. Ce n’est pas le sort de sa sœur qui l’intéresse, mais son sort à lui qui à besoin de ce mariage pour se sortir du pétrin. C’est donc la soumission de sa sœur qu’il monnaye, ce qui est demander davantage qu’un mariage de raison, puisqu’elle n’en retire aucun bénéfice! Ce mariage représente donc le drame de sa vie pour Lucia, ce qu’elle refusera fatalement en assassinant son nouvel époux. Inconsciemment, elle préférera sombrer dans la folie à en mourir que de mourir de chagrin!

 

Mais, si la folie de Lucia semble le sujet de la pièce, car très apparente, il ne faudrait pas oublier la folie cupide et machiavélique d’Enrico qui prépare la chute de sa sœur et de cet opéra. Finalement, et fatalement pourrais-je ajouter, on y trouvera une morale : la machination politique et la cupidité ne peuvent venir à bout de l’amour pur, car cet amour ne s’achète pas et ne se pervertit pas! Enrico  aura d’ailleurs à assumer les conséquences de ce drame dont il aura lui-même mis en place l’échafaudage même si on n’en voit pas les conséquences pour lui, cet opéra s’arrêtant sur la mort des amoureux. Mais, on sait qu’il aura à en répondre après la tombée du rideau.

 

Un grand opéra sur les caractères humains et le noble sentiment  d’amour, cet objet du désir que certains voudraient monnayer et travestir par cupidité. Un opéra qui a fait réagir les spectateurs à plus d’une occasion, car captivant. On descend au fondement de l’humain dans ses coins les plus sombre, mais aussi les plus nobles, comme les deux faces d’une même pièce de monnaie. Un grand opéra dans le genre tragédie humaine. Un opéra psychologique!  

 

Notes :

 

1. On peut aussi penser à  « Macbeth ou l’obsession du Pouvoir » joué à  l’Opéra de Montréal en janvier dernier : Societas Criticus, Vol. 11 no 1, du  15 décembre 2008 au 7 février 2009. 

 

2. http://fr.wikipedia.org/wiki/Marie_Stuart

 

3. Cependant, le mariage de raison semble revenir à l’avant scène. « Le mariage de raison : ça peut marcher » peut-on lire sur www.psychologies.com sous le clavier d’Anne-Laure Gannac :

 

« Sans coup de foudre ni passion, les unions raisonnables font leur retour. Surtout pour une génération marquée par les divorces. Souvent plus solides que les mariages d’amour, elles peuvent même faire des envieux. »

 

Source :

www.psychologies.com/Couple/Vie-de-couple/Mariage/Articles-et-Dossiers/Le-mariage-de-raison-ca-peut-marcher

 

4. Je pense ici à « NILOOFAR » (France - Iran - Liban / Compétition mondiale des premières œuvres / 2008 / Couleur / 82 min), vu au FFM 2008 (Societas Criticus, Vol. 10 no. 5, du  5 août 2008 au 8 octobre 2008)

 

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PLUS TARD TU COMPRENDRAS

En salle le 22 mai

 

Les Films Séville sont heureux d’annoncer que le long métrage Plus tard tu comprendras prendra l’affiche le 22 mai 2009.  Ce film d’Amos Gitaï d’après le roman de Jérôme Clément met en vedette Jeanne Moreau et Hippolyte Girardot.

 

Paris, aujourd'hui ; Victor, un homme d'une quarantaine d'années, seul, se recueille devant un grand mur où l'on devine des noms gravés. Le mur à la mémoire des déportés.

 

Paris, 1987. Alors que le procès de Klaus Barbie est retransmis en direct, on découvre Victor entouré de documents où il tente de découvrir la vérité à propos de son passé familial.

 

De son côté, Rivka, sa mère, s’active à préparer un repas. De la télévision, on entend très distinctement le début du même procès, le témoignage d’une rescapée. Lors du diner, Victor tente de faire parler sa mère qui s’y refuse. Elle fait mine de ne rien entendre ou change de conversation, elle veut finir tranquillement sa vie, au milieu d’objets et de souvenirs et entourée de ses enfants et petits enfants. Son attitude ne fait que renforcer l’agitation de Victor. Sa femme Françoise va le soutenir dans cette reconquête de la mémoire familiale.

 

Commentaires de Michel Handfield (30 mai 2009)

 

Que s’est-il passé à l’époque de l’occupation? Cette question ne laisse pas de répit à Victor, né d’un mariage mixte entre un père français, peut être collaborateur et antisémite, et une mère juive dont la trace des parents se perd à cette époque. Ses grands-parents auraient-ils été victimes d’une dénonciation de son père ou de la famille de celui-ci? Et sa mère qui se tait; cette mère qui lui a cachée ses origines juives. Pourquoi?  

 

Un film sur les racines; ces racines desquelles sortent des pousses où nous ne les attendons pas. Construit par couches, j’aimerais le revoir pour mieux le comprendre, car il y a des détails du film qui se révèleront peut être des clefs à la fin.  A voir et à revoir.

 

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« UN BARRAGE CONTRE LE PACIFIQUE » DE RITHY PANH

http://www.unbarrage-lefilm.com/

AVEC ISABELLE HUPPERT

À L’AFFICHE DÈS LE 15 MAI

 

Métropole Films est heureuse d’annoncer que le film Un barrage contre le Pacifique, du réalisateur cambodgien Rithy Panh, prendra l’affiche le 15 mai prochain au Cinéma Quartier Latin. Mettant en vedette Isabelle Huppert, le film a été présenté en 2008 au Festival de Rome.

 

Indochine, 1931. Dans le Golfe du Siam, au bord de l'Océan Pacifique, une mère survit tant bien que mal avec ses deux enfants, Joseph (20 ans) et Suzanne (16 ans), qu'elle voit grandir et dont elle sait le départ inéluctable. Abusée par l'administration coloniale, elle a investi toutes ses économies dans une terre régulièrement inondée, donc incultivable. Se battant contre les bureaucrates corrompus qui l'ont escroquée, et qui menacent à présent de l'expulser, elle met toute son énergie dans un projet fou : construire un barrage contre la mer avec l'aide des paysans du village. Ruinée et obsédée par son entreprise, elle laisse à Joseph et Suzanne une liberté quasi-totale. C'est alors que M. Jo, fils d'un riche homme d'affaires chinois tombe sous le charme de Suzanne. La famille va tenter d'en tirer profit...

 

Adaptation du roman éponyme de Marguerite Duras, Un barrage contre le Pacifique a été porté une première fois à l’écran en 1958 par René Clément sous le titre «Barrage contre le Pacifique». Après plusieurs documentaires sur la tragédie de son pays le Cambodge, dont La terre des âmes errantes (1999) et S21, la machine de mort Khmère rouge (2004), le réalisateur du merveilleux Les Gens de la rizière, Rithy Panh, revient à la fiction avec ce drame familial porté par une Isabelle Huppert merveilleuse dans le rôle de la mère.

 

Commentaires de Michel Handfield (30 mai 2009)

 

Le résumé officiel en dit déjà beaucoup. Puis, le roman existe, car ce film en est tiré. En partie autobiographique (1), je n’ai pas grand-chose à ajouter, sauf qu’il s’agit d’une histoire de vie. C’est intéressant d’un point de vue historique et ethnologique, puisqu’on est dans une colonie française d’Indochine (2), le Cambodge (3), qui obtiendra son indépendance plus tard (1953), mais passera aussi sous la coupe communiste avec le régime dictatorial de Pol Pot (4), ce qu’on ne voit pas dans le film, puisqu’il s’arrête en  1932 (5) sauf pour un regard sur une rizière d’aujourd’hui à la fin du film. La rizière que sa mère (Isabelle Huppert) aurait réussi à faire survivre grâce à son barrage? C’est ce que je suppose. Une façon de dire qu’elle aurait finalement gagné son pari!  

 

Socialement, il est cependant intéressant de voir que ce n’était pas tous les coloniaux qui avaient la draguée haute. Certains, comme sa mère, qui en arrachaient économiquement, étaient condamnés à la débrouille. Elle dira d’ailleurs à quelque reprise « Salauds de bureaucrates, ils doivent bien rire! » C’est clair que la corruption a suivi le colonialisme diront certains. Cependant, il n’y avait pas que les coloniaux qui la maîtrisaient. M. Jo, le fils d'un riche homme d'affaires chinois, qui est en amour avec Suzanne (Astrid Berges-Frisbey), en possède tous les rudiments. La corruption est donc humaine, tout autant que l’envie dont elle serait la fille selon moi. 

 

On voit toutes les ficelles que tirent les profiteurs dans ce film, car il démonte les mécanismes de l’exploitation devant nos yeux : vente de terrains  qui ne rapporteront pas assez pour payer l’hypothèque et lotissement de terres déjà habitées par exemple, que l’on vend au dépends des habitants qui les cultivent déjà, car ils ne savent pas qu’ils doivent acheter ce qui est déjà leur bien depuis des générations par l’occupation du sol. Priver ainsi de leur dignité les habitants fut probablement la pire erreur du colonialisme.

 

Lucide, la mère de Suzanne voit tout cela  et essaiera d’organiser la communauté. Cependant, par nécessité, elle tentera aussi de marier sa fille à M. Jo. Mais, Suzanne se montrera meilleure que sa mère dans cet art pour obtenir ce qu’elle veut de M. Jo sans faire ce que sa mère voudrait d’elle, car elle « vendrait » bien sa fille au loup... pour se tirer d’affaire. Cela n’arrivera pas, je vous le dis.

 

Donc, un film sur les profondeurs de l’Homme; psychologique et autobiographique en même temps, car c’est en partie la vie de Marguerite Duras, représentée ici par Suzanne. 

 

Notes :

 

1.Duras, Marguerite, Un barrage contre le Pacifique [1950] , 384 pages,  Collection Folio (No 882) (1978), Gallimard roman.

 

2. L’Indochine française recouvrait ce que l’on connaît maintenant comme le  Laos, le Cambodge et le Viêt Nam.

 

3. http://fr.wikipedia.org/wiki/Cambodge

 

4. http://fr.wikipedia.org/wiki/Pol_Pot

 

5. « En 1932, Marguerite Donnadieu vient en France où elle fait des études de droit, de mathématiques et de sciences politiques. » nous apprend sa biographie (http://www.alalettre.com/duras.php)

 

Hyperliens avec Luc Chaput

 

http://artsetspectacles.nouvelobs.com/p2303/a391591.html

 

http://pagesperso-orange.fr/jeanmi.b/sihanoukville.htm

 

http://www.lepetitjournal.com/content/view/26578/1841/

 

http://histoireduroussillon.free.fr/Duras/Biographie.php

 

http://fr.wikipedia.org/wiki/Rithy_Panh

http://fr.wikipedia.org/wiki/S21,_la_machine_de_mort_Khm%C3%A8re_rouge

http://fr.wikipedia.org/wiki/The_Killing_Fields

 

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Il Divo de Paolo Sorrentino (2008)

http://www.ildivo-lefilm.com/

À L’AFFICHE DÈS LE 22 MAI

 

Métropole Films est heureuse d’annoncer que le film Il Divo, du réalisateur italien Paolo Sorrentino, prendra l’affiche le 22 mai prochain. Présenté en sélection officielle lors du dernier festival de Cannes où il s’est mérité le Prix du jury, le film dresse le portrait de l’homme politique italien Giulio Andreotti, figure emblématique de son pays.

 

À Rome, à l'aube, quand tout le monde dort, il y a un homme qui ne dort pas. Cet homme s'appelle Giulio Andreotti.

 

Il ne dort pas car il doit travailler, écrire des livres, mener une vie mondaine et en dernière analyse, prier. Calme, sournois, impénétrable, Andreotti est le pouvoir en Italie depuis quatre décennies. Au début des années quatre-vingt-dix, sans arrogance et sans humilité, immobile et susurrant, ambigu et rassurant, il avance inexorablement vers son septième mandat de président du Conseil.

 

À bientôt 70 ans, Andreotti est un gérontocrate qui, à l'instar de Dieu, ne craint personne et ne sait pas ce qu'est la crainte obséquieuse. Habitué comme il l'est à voir cette crainte peinte sur le visage de tous ses interlocuteurs. Sa satisfaction est froide et impalpable. Sa satisfaction, c'est le pouvoir. Avec lequel il vit en symbiose. Un pouvoir comme il l'aime, figé et immuable depuis toujours. Où tout, les batailles électorales, les attentats terroristes, les accusations infamantes, glisse sur lui au fil des ans sans laisser de trace.

 

Il reste insensible et égal à lui-même face à tout. Jusqu'à ce que le contre-pouvoir le plus fort de ce pays, la Mafia, décide de lui déclarer la guerre. Alors, les choses changent. Peut-être même aussi pour l'inoxydable et énigmatique Andreotti. Mais, et c'est là la question, les choses changent ou n'est-ce qu'une apparence ? Une chose est certaine : il est difficile d'égratigner Andreotti, l'homme qui mieux que nous tous, sait se mouvoir dans le monde.

 

Commentaires de Michel Handfield (20 mai 2009)

 

L’Italie politique; l’Italie de la mafia, comme si elles étaient intimement liées. Car la mafia semble imbriquée partout comme du lierre sur la vigne italienne! On suit plus particulièrement Andreotti et la démocratie chrétienne. De quoi parler de la quadrature du cercle: Église, politique, affaires et mafia!

 

On est en pleine saga machiavélienne : perpétuer le mal pour faire le bien! C’est cela le pouvoir semble-t-il dans cette Italie d’Andreotti. Pourtant on parle d’un gouvernement chrétien, proche de l’église catholique qui se dit la seule descendante de Jésus Christ et de Pierre. Une église qui connaitra aussi son lot de scandales et dont celui de la banque du Vatican ne sera pas le moindre. Comme si religion et politique étaient aussi liés que politique et mafia dans un triangle infernal. « Sur quoi il y a lieu d’observer que la haine est autant le fruit des bonnes actions que des mauvaises; d’où il suit, comme je l’ai dit, qu’un prince qui veut se maintenir est souvent obligé de n’être pas bon; car lorsque la classe de sujets dont il croit avoir besoin, soit peuple, soit soldats, soit grands, est corrompue, il faut à tout prix la satisfaire pour ne l’avoir point contre soi; et alors les bonnes actions nuisent plutôt qu’elles ne servent. » (Machiavel, p. 140) Prince de l’église, prince politique ou prince de la mafia, tous taillés dans la même étoffe! Pas surprenant qu’on les retrouve parfois ensemble là où on ne s’y entendrait pas. 

 

Manipulateur et comploteur, sans jamais « manquer de raisons légitimes pour colorer l’inexécution de ce qu’il a promis » (Machiavel, p. 128) et justifier ce qu’il a fait, Andreotti sera blanchi des accusations qui seront portées contre lui. Petit homme à l’air fragile, il se sera montré très fort, car il ne succombera pas à la vague d’attentats et de suicides qui auront lieu dans son entourage ni à la justice italienne. Il aura su s’en tirer. Pourquoi?

 

Pour ma part, je regarderais qui nomme les juges, car le pouvoir c'est une machine qui dépasse chacun de ses membres pour le bien de l’organisation : État, église, entreprises… Imaginons maintenant que l’Organisation les recouvre tous! Cela donne des possibles à défaut d’une réponse claire, car personne n’avouera que la mafia s’intègre dans tout et intègre tout comme un immense réseau de contacts, de communication et d’organisation finalement. Elle aplanit ainsi les difficultés où il y en a, faisant céder sur un prix et fermer les yeux saur une norme finalement! Club social de négociation pour contourner les lois en secret. Avant que ça se sache les principaux acteurs auront tous passé par les services d’un autre de leur partenaire, l’église, et ne seront plus là pour en répondre de toute manière…  

 

Voilà le contexte de ce film et de ce gouvernement de la démocratie chrétienne.  Un film à voir en complément de « Gomorra », car les deux se complètent. On est dans les mêmes eaux, mais en des lieux différents. Sauf que l’eau c’est l’eau comme la mafia est la mafia peu importe l’angle! Bene!  

  

Références et hyperliens, avec la coopération de Luc Chaput:

 

Machiavel, Nicolas, 1996 [1532], Le prince, Paris : Booking International, p. 140

 

http://en.wikipedia.org/wiki/Giulio_Andreotti

http://fr.wikipedia.org/wiki/Giulio_Andreotti

 

http://it.wikipedia.org/wiki/La_Repubblica

http://fr.wikipedia.org/wiki/La_Repubblica

http://www.repubblica.it/

 

http://it.wikipedia.org/wiki/Eugenio_Scalfari

 

http://en.wikipedia.org/wiki/Cosa_Nostra

http://fr.wikipedia.org/wiki/Mafia

 

http://en.wikipedia.org/wiki/Salvatore_Riina

http://fr.wikipedia.org/wiki/Toto_Riina

 

http://en.wikipedia.org/wiki/Lucky_Luciano

http://fr.wikipedia.org/wiki/Lucky_Luciano

 

http://en.wikipedia.org/wiki/Cesare_Mori

http://fr.wikipedia.org/wiki/Cesare_Mori

 

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Amadeus (Théâtre)

Une pièce de Peter Shaffer

Mise en scène et traduction de René Richard Cyr

 

Avec Benoît McGinnis, Michel Dumont, Pascale Montreuil, Jean-Pierre Chartrand, Robert Lalonde, Frédéric Paquet, Denis Roy, Guillaume Baillargeon, Marc Beaupré, Geoffrey Gaquère, Étienne Pilon.

 

Décor : Olivier Landreville

Costumes : François Barbeau

Éclairages : Martin Labrecque

Musique : Alain Dauphinais

Accessoires : Normand Blais

 

Un fantôme erre à Vienne. Ce fantôme hurlant et déchiré, c’est Antonio Salieri, jadis musicien réputé et compositeur officiel à la cour de l’empereur Joseph II. Dès l’enfance, Salieri s’est voué tout entier au service de Dieu, s’engageant à Le célébrer par sa musique. Pour prix de ses sacrifices, il réclamait la gloire éternelle.

 

Mais en 1781, un jeune prodige arrive à Vienne, précédé d’une très flatteuse réputation : Wolfgang Amadeus Mozart, reconnu comme le plus prestigieux compositeur de son siècle.

 

Réalisant la menace que représente pour lui ce surdoué arrogant et vulgaire dont il admire le génie musical, Salieri mettra tout en œuvre pour l’évincer.

 

La musique adoucit-elle vraiment les mœurs?

 

Amadeus, une œuvre géniale, superbement écrite, un chef-d’œuvre qui baigne dans la plus belle musique du monde.

 

LES PRIX

 

Evening Standard Drama Award

London Theatre Critics Award

Tony Award de la meilleure pièce

 

Commentaires de Michel Handfield (20 mai 2009)

 

Antonio Salieri, jadis musicien et compositeur officiel à la cour de l’empereur Joseph II, au seuil du grand départ, se confesse d’avoir tué Mozart il y a 32 ans! Il y avait bien eu des rumeurs, mais, là, une confession avec un Salieri qui répète « Pardon Mozart, pardonne à ton assassin. »  Puis, il nous raconte son histoire. Cela vous dit quelque chose? C’est que cette pièce de Peter Shaffer fut popularisée par le film du même nom de Milos Forman en 1984.

 

 Adapté d’une réalité, c’est néanmoins une fiction. Non, Salieri n’a pas empoisonné Mozart! Ce n’était que rumeurs et colportage! Mais, comme la rumeur est souvent plus intéressante – et tenace! - que la vérité, cela fait d’Amadeus une bonne pièce. Mais, Mozart serait plutôt mort d’une fièvre rhumatismale selon ce qu’on en sait aujourd’hui. (1) L’information existe pour qui veut la trouver. Amadeus est donc une caricature, c'est-à-dire que l’on trafique des traits de la réalité pour faire ressortir une opposition qui a existé entre les deux hommes, mais qui ne fut pas toujours à ce point dramatique. Salieri fut certes opposé à Mozart, mais savait aussi apprécier son génie nous apprend l’Histoire. Il a même enseigné au fils de Mozart, Karl, qui devint un compositeur mineur mais respecté. (2)

 

S’il y a caricature de l’Histoire, il y a aussi exagération des personnages. Salieri n’était pas nul en musique et Mozart pas si fol que cela! Par contre, que Mozart soit un génie et Salieri plus conservateur est fort plausible. Mais, Salieri  n’était pas con. Il ne faut pas oublier qu’il a eu Beethoven comme élève et on connait le résultat. A ce que j’ai trouvé sur internet, il fut plutôt bon pédagogue même, car de grands compositeurs furent ses élèves. Qu’il fut jaloux du génie de Mozart, c’est fort possible, mais pas d’une jalousie destructrice au point de l’assassiner. C’était plutôt une jalousie admirative, car il suivait ce que faisait Mozart. De là à alimenter la rumeur qu’il le suivait à le rendre fou, s’amusait à lui mettre des embuches, le torturait … il n’y eut qu’un pas de franchi si allègrement qu’on en retint la rumeur qu’il l’empoisonnât! Tout au plus, il lui empoisonna parfois la vie, car il était un rival au plan professionnel. Mais, un rival de taille :

 

« [Mozart] avait les revenus imprévisibles d’un pigiste, vulnérables aux lois économiques, aux goûts du public viennois, et au sabotage de ses ennemis. Le succès de L'enlèvement a été obtenu, par exemple, malgré les machinations menées par Antonio Saleri, chef de l’Opéra de Vienne et un compositeur favori de l’empereur Joseph II. Salieri fit de son mieux pour ridiculiser et abattre son rival et ce, incluant la présence dans la salle de personnes pour chahuter durant la représentation. Dans ce cas, le stratagème n’a pas fonctionné mais Salieri serait un rival formidable. Il entrera dans l’histoire non en tant que compositeur mais en temps que némésis de Mozart. » (3)

 

Cependant, en exagérant les caractères de Salieri, au point d’en faire l’assassin de Mozart pour punir Dieu qui le lui a mis dans les pattes (4), et de Mozart, en le dépeignant comme fol et sans manière, cette pièce nous fait comprendre que la vérité se trouve ailleurs que dans cette rumeur persistante. La pièce s’ouvre d’ailleurs sur des gens qui se racontent les dernières rumeurs pendant que Salieri attend la mort! Mais, là est aussi la vérité et le mérite de cette pièce: montrer que la rumeur est parfois plus intéressante que la vérité au point  qu’elle passe mieux le temps. C’est elle que l’on retient. On en sait ainsi davantage sur la rumeur de  l’assassinat de Mozart que sur les vraies causes de sa mort encore aujourd’hui! (5) On pourrait dire la même chose de l’assassinat de John F. Kennedy : les rumeurs et les scénarios de complot semblent plus vraies que les explications officielles! Pourquoi?

 

C’est d’abord que les explications officielles sont parfois aseptisées par des relationnistes professionnels, ce qui fait qu’on a la nette impression que l’on nous cache quelque chose. Comme la rumeur se construit  toujours sur une part de vraie de façon à être plausible, mais avec un soupçon d’inavouable et de complot qui la rend irrésistible et intéressante à répéter, cela lui donne de la crédibilité par le fait même! Puis, comme elle suscite de l’intérêt, elle se perpétue rapidement, parfois au point d’effacer la vérité! (6)  « Les protocoles des sages de Sion » en sont l’exemple parfait! (7)  Quant à  l’hypothèse du meurtre de Mozart par Salieri (8), qui a dû s’estomper avec le temps, elle fut ressortie par l’écrivain russe Pouchkine dans « Mozart et Salieri » (1830) mis en musique par Rimski-Korsakov. (9) Puis il y eut cet Amadeus de Peter Shaffer (1979) repris par le film Amadeus de Milos Forman 5 ans plus tard. (10) De fausses causalités comme on dit en sciences sociales, mais tenaces, car suscitant de l’intérêt.

   

Si cette pièce est sociologiquement intéressante sur la question des rumeurs, elle joue aussi sur les caractères opposés de Salieri et de Mozart, ce qui en fait une comédie psychologique jamais dénudé d’humour. Elle ironise sur le contraste entre les deux hommes. Mozart et Salieri comme la cigale et la fourmi,  Mozart étant à court le sou (11)   et Salieri plus conservateur. Avec de bons mots d’esprit, la recette se révèle excellente et fait parfois lever la salle,  car si on sourit tout au long de la pièce, on a aussi droit à quelques rires gras dignes des comédies d’été.

 

Naturellement, Mozart n’aurait pas dû être aussi simplet que la pièce  nous le présente, mais comme enfant prodige il a dû souffrir d’un certain déséquilibre, c’est-à-dire que la musique a dû prendre une place disproportionnée par rapport au reste dans sa vie, ce qui ne pouvait que le faire paraître moins qu’ordinaire en d’autres domaines qui ne l’intéressaient pas. Il n’y avait qu’un pas à faire pour le caricaturer ainsi en niais hors de la musique, sauf que ce n’est que caricature, soit une déformation de la réalité, ce qui ne veut pas dire que tout est faux. Question de contexte aussi! (12)

 

La rumeur utilise d’ailleurs ce même procédé pour pénétrer notre esprit, sauf que dans le cas de la rumeur elle se déguise en vérité et se présente sous l’aspect de confidences, ce qui est plus insidieux, car la rumeur est une fiction qui se fait passer pour vraie. Adjointe à de mauvaises intentions, ça peut devenir une arme si on sait bien l’utiliser contre un opposant ou un concurrent, que ce soit un individu, une entreprise, une organisation ou même un gouvernement. On pourrait faire pendre quelqu’un ou déclencher une révolution sur la base de rumeurs bien aiguillées! Avec la manipulation, la rumeur constitue une paire de joker à qui sait en jouer. Mais, mal utilisé, elle peut aussi détruire son auteur, surtout s’il laisse des traces. Puis, hors de contrôle, elle peut faire plus de tort que de biens même à ceux qui l’ont fomenté, car si on peut lancer une rumeur, il est difficile de l’arrêter. Une fois partie, elle n’appartient plus à ses auteurs et peut donc s’estomper sans trop de  dommages ou prendre des proportions qui les dépassent et même se retourner contre eux. Politiquement, c’est donc une arme terrible, mais probablement utilisée avec parcimonie vu les risques qu’elle se retourne même vers ceux qui l’auront partie. Cela est sans compter que des journalistes ne puissent remonter à la source de la rumeur, ce qui peut être un coup fatal à ses auteurs.

 

Si Salieri a empoisonné Mozart, je vous le répète, c’est au sens figuré, car il lui a peut être empoisonné la vie, mais pas l’homme. Il l’admirait trop pour cela malgré sa jalousie. Mais, la rumeur en a fait son assassin. Pour cela, cette pièce en dit beaucoup plus sur les rapports entre les Hommes qu’il n’y parait au premier regard. On est donc dans une pièce psychosociologique. Rien de moins, même si elle est jouée sous couvert d’humour! Un « cover up » bien réussit.  

 

A souligner que dans la pièce on en a contre la création du « Mariage de Figaro » par Mozart, que l’on trouve trop dansant et injurieux pour le Pouvoir du Prince. Et bien, ce mariage a bien eu lieu en février dernier au TNM pour la pièce de Beaumarchais. (13) Quant à Mozart, il sera sur la scène de l’opéra de Montréal en novembre prochain avec la flute enchantée! Et Salieri n’y sera pas, car c’est Mozart qui a le mieux traversé le temps. Mais, le fantôme de Salieri pourra toujours être dans les coulisses de l’opéra de Montréal pour ce Mozart enchanté!  

 

Notes :

 

1. « La cause de la mort de Mozart a été établie, sur le fait, à une « fièvre militaire », un diagnostic vague. Les recherches suggèrent que la cause serait la « fièvre rhumatismale » laquelle aurait été empirée par l’action de ses docteurs qui ont prescrit une saignée, une procédure commune et souvent fatale. En d’autres termes, ni la pauvreté ni l’abandon ni le poison ne sont responsables de la mort de Mozart mais plutôt un décret aléatoire des mêmes dieux qui l’avaient si merveilleusement façonné. » http://www.uquebec.ca/musique/catal/mozart/mozwabio.html

 

Sur un autre site consacré à Mozart on peut lire : « Les diagnostics modernes parlent d’une fièvre rhumatismale récurrente ainsi que d’une insuffisance rénale importante. » (http://www.wa-mozart.net/finvie.htm)

 

Et sur Wiki : « The most widely accepted version, however, is that he died of acute rheumatic fever; he is known to have had three or even four attacks of it since his childhood, and this disease has a tendency to recur, with increasingly serious consequences each time, such as rampant infection and damage to the heart valves. » (http://en.wikipedia.org/wiki/Wolfgang_Amadeus_Mozart#Final_illness_and_death)

 

Les renvoi à cette maladie sont: http://en.wikipedia.org/wiki/Rheumatic_fever http://fr.wikipedia.org/wiki/Rhumatisme_articulaire_aigu 

 

Pour la rumeur de l’empoisonnement au plomb de Mozart, voir la note 5 plus bas.

 

2. La citation complète :

 

« Il y eut aussi un service commémoratif à Vienne, et Antonio Salieri en dirigeait la musique. Pour plusieurs années, une rumeur voulait qu’il ait empoisonné Mozart. Quoique Salieri ait possiblement fait obstruction à la carrière de Mozart ici et là, cette rumeur est sans fondement et elle n’a eu aucun effet sur la réputation de Salieri. En effet, un peu avant la mort de Mozart, Salieri a assisté à une représentation de La Flûte enchantée assis au côté du compositeur et il a applaudi chaque numéro. Salieri devint un pédagogue vénéré qui a enseigné entre autres à Beethoven, Schubert, et Liszt ainsi qu’au fils de Mozart, Karl qui devint un compositeur mineur mais respecté. Le librettiste Lorenzo Da Ponte vint en États-Unis où il a enseigné l’italien à l’université Columbia et dirigea une épicerie, avec une petite opération de contrebande d’alcool en arrière plan. Quant à Constanze, elle devint la veuve professionnelle du compositeur. Elle épousa un diplomate danois dont la pierre tombale se lit comme suit : « Ici repose le second époux de la veuve de Mozart » ». (www.uquebec.ca/musique/catal/mozart/mozwabio.html)

 

3. www.uquebec.ca/musique/catal/mozart/mozwabio.html

 

4. « Michel Dumont considère captivant le parcours que suit Salieri : « De l’envie et de la jalousie dirigée vers Mozart, il entre dans un conflit avec Dieu et enfin avec lui-même. Salieri voit le talent de Mozart comme une trahison de Dieu. Lui qui considère avoir tout donné à l’Être suprême se considère méritant du talent. Pour lui, le génie de

Mozart représente un échec, une insulte de la part de Dieu. Son cheminement vise donc en quelque sorte à se venger de Dieu et à détruire l’instrument divin. »  qu’est Mozart naturellement!

(http://duceppe.com/Documents/Cyberprog/Cyberprogramme_amadeus.pdf, p. 11)

 

5. De plus, la médecine étant de beaucoup moins avancé qu’aujourd’hui, il n’y a pas eu de diagnostic clair, ce qui a laissé la porte ouverte aux suppositions scientifiques, mais aussi aux rumeurs les plus farfelues. Et comme il n’y a pas eu d’autopsie pour affirmer une vérité hors de tous doutes, quel beau terreau pour perpétuer rumeurs, mythes et mystères! On entend encore dire qu’il serait mort d’un empoisonnement au plomb par exemple. Pourtant, rien de cela sur l’internet, sauf pour Beethoven :

 

«     Si le crâne de Mozart garde précieusement ses secrets, celui de Ludwig Van Beethoven a été beaucoup plus éloquent. Non seulement a-t-il été authentifié par des tests d'ADN, mais des examens aux rayons X, effectués par un laboratoire du département américain de l'Énergie, ont révélé la cause du décès du compositeur allemand: un empoisonnement au plomb. » (Charles-Philippe Giroux, Requiem pour un crâne, sur cybersciences.com/)

Le lien complet :

 www.cybersciences.com/cyber/fr/actualites/etre_humain_et_societe/requiem_pour_un_crane.html

 

Cet article de Charles-Philippe Giroux souligne aussi que « Le crâne qui est attribué à Mozart depuis plus d’un siècle n’est peut-être pas celui du compositeur autrichien » suite  à des tests de l'Institut de médecine légale d'Innsbruck (Autriche) et du Laboratoire d'identification de l'ADN de l’armée américaine de Rockville au Maryland. « Les deux organisations ont comparé l’ADN du crâne à celui de fragments osseux prélevés dans le caveau familial des Mozart, au cimetière Saint-Sébastien de Salzbourg » pour en arriver à cette conclusion.

6. Je ne peux penser ici qu’à l’excellent livre d’Edgar Morin, La rumeur d'Orléans, sur les rumeurs justement ! (1969, France: Seuil)

 

7. Les protocoles furent constitués sur la base du « Dialogue aux enfers entre Machiavel et Montesquieu » de Maurice Joly par un faussaire antisémite russe, aussi informateur de la police politique tsariste, Mathieu Golovinski dans le but de faire croire qu’un conseil de sages juifs avaient mis au point un programme pour anéantir la chrétienté et de dominer le monde. Rien de moins ! Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Protocoles_des_Sages_de_Sion

 

 

8. « La rivalité entre ces deux hommes a fait couler beaucoup d’encre au fil du temps. Toutefois, une rumeur persiste : Salieri aurait-il assassiné Mozart? Bien que la question soit dénuée de preuves réelles, on se plaît à y croire un peu. Est-ce parce que Beethoven, élève de

Salieri, semblait abonder dans le sens de ce commérage? Ou plutôt parce qu’après la mort de Mozart, Salieri, peut-être rongé par la culpabilité, s’affaira avec fougue et passion à faire découvrir et reconnaître l’œuvre du jeune prodige? L’écrivain Pouchkine en a même rédigé un drame en 1830 dans lequel il est explicitement question de meurtre. D’un suspense prenant, cette rumeur ne sera jamais confirmée : la dépouille de Mozart, inhumée à Saint-Marx en banlieue de Vienne, restera à jamais silencieuse. Telle une véritable légende urbaine d’antan, la relation conflictuelle entre Mozart et Salieri est une

matière riche, éternelle et dont s’est librement servi Shaffer pour écrire Amadeus. »

(http://duceppe.com/Documents/Cyberprog/Cyberprogramme_amadeus.pdf)

 

9. Sur Alexandre Pouchkine, voir :

http://fr.wikipedia.org/wiki/Alexandre_Pouchkine

SurRimski-Korsakov, voir :

http://fr.wikipedia.org/wiki/Rimski-Korsakov

 

10. Voir :

 

http://fr.wikipedia.org/wiki/Peter_Shaffer

http://fr.wikipedia.org/wiki/Milos_Forman

http://fr.wikipedia.org/wiki/Amadeus_(film)

 

11. Rumeur là aussi :

 

« Au cours de la dernière année de sa vie, alors que la légende veut que Mozart était sur le point de mourir de faim, il a probablement connu sa meilleure année, au plan financier, alors qu’il a eu des revenus équivalents à 100,000$. »

 

Mais, plus loin, cette explication :

 

« Évidemment, ils n’étaient pas réellement riches et ne le seront jamais même s’il obtenait les meilleurs cachets alors payés aux artistes. Il pouvait obtenir l’équivalent de 6 000$ pour une soirée de concert soit autant que certains officiers de la cour recevaient pour une année entière. Il avait les revenus imprévisibles d’un pigiste, vulnérables aux lois économiques, aux goûts du public viennois, et au sabotage de ses ennemis. »

(www.uquebec.ca/musique/catal/mozart/mozwabio.html)

 

12. « À l’été de 1763, Leopold et ses enfants partirent en tournée qui allait durer trois ans et qui les mena dans toutes les cours et les salles de concert à travers l’Europe et Londres. À partir de ce moment et jusqu’à l’âge de quinze ans, Wolfgang passa la moitié de son temps en tournée. (…)

 

En d’autres mots, il était un enfant-spectacle et sa vie familiale était celle d’un cirque ambulant. (…) En de telles circonstances, Wolfgang a grandi comme tout enfant de cirque de toutes les époques, avec une compréhension peu solide du sens pratique des choses. » (http://www.uquebec.ca/musique/catal/mozart/mozwabio.html)

Puis, Wolfgang maria Constanze en août 1782 sans la bénédiction de son père. De cette union, la biographie de Mozart nous apprend que « Constanze, alors âgée de vingt ans, n’était pas la partenaire intellectuelle ni l’âme sœur mais il semble que ce n’était pas ce que le mari recherchait. Mozart voulait une compagne de jeu enthousiaste et une partenaire sexuelle et c’était ce que la pétillante et coquette Constanze semblait être. Quant au mari, il était un homme-enfant qui pouvait tantôt improviser sublimement dans un élégant salon tantôt enjamber les meubles et miauler comme un chat. » (Ibid.)

 

13. Nous avons parlé de cette pièce dans Societas Criticus, Vol. 11 no. 1, du 15 décembre 2008 au 7 février 2009.

 

Hyperliens :

 

http://fr.wikipedia.org/wiki/Antonio_Salieri

http://fr.wikipedia.org/wiki/Mozart

http://en.wikipedia.org/wiki/Wolfgang_Amadeus_Mozart

http://www.wa-mozart.net/finvie.htm

 

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Anges et démons

www.angelsanddemons.com

Sortie : 15 mai

 

Réalisé par Ron Howard

Akiva Goldsman signe le scénario adapté du roman de Brown.

 

Tom Hanks incarnera de nouveau Robert Langdon et Bernard Fortin lui prêtera sa voix. 

 

La distribution comprend également Ayelet Zurer, doublée au Québec par Marina Orsini.

 

L'équipe à l'origine du phénomène mondial Le Code Da Vinci revient à la charge avec le très attendu Anges & démons, long métrage basé sur le populaire roman de Dan Brown. Tom Hanks reprend son rôle de l'expert en signes religieux Robert Langdon. Une fois de plus, ce dernier constate que les forces et les racines antiques n'arrêteront sous aucun prétexte, pas même le meurtre, pour parvenir à leurs fins. Ron Howard réalise à nouveau le film qu'il produit en compagnie de Brian Grazer et John Calley. Le scénario a été rédigé par Akiva Goldsman et David Koepp.

 

Quand Robert Langdon découvre la preuve que l'ancienne et secrète confrérie Illuminati -- la plus puissante organisation clandestine de l'histoire -- revient à la charge, il est aussi confronté à la menace mortelle qui plane au-dessus de l'Église catholique, l'ennemi juré de l'organisation. Lorsque Langdon apprend que le temps est compté avant qu'une bombe posée par les gens de l'Illuminati n'explose, il s'envole à toute vitesse pour Rome où il joint ses forces à celles de Vittoria Vetra, une superbe et énigmatique scientifique italienne. Au coeur d'une chasse sans temps mort qui les mèneront dans des cryptes scellées, de dangereuses catacombes, des cathédrales désertées et même au centre de la plus secrète voûte de la terre, Langdon et Vetra suivront la trace laissée par des anciens symboles datant d'il y a 400 ans, des symboles qui représenteront le seul espoir de survie du Vatican.

 

Commentaires de Michel Handfield (19 mai 2009)

 

Dès les premières minutes on passe du Vatican à l’accélérateur de particules du CERN en Suisse (1), qui a même fait un site relié au film soit dit en passant! (2) C’est dire la force d’attraction de cette sortie puisqu’un organisme comme  le Conseil Européen pour la  Recherche Nucléaire, le plus grand laboratoire de physique des particules du monde, en profite pour éduquer sur un sujet aussi complexe que l’antimatière! C’est là une retombée forte intéressante de ce film.

 

Mais, la science pure n’est qu’une partie de cette construction, car pour dénouer l’énigme il faudra un historien, Robert Langdon, pour en saisir tous les fils et remonter l’histoire, car nous sommes dans un thriller qui mélange très bien science, histoire, politique, religion et philosophie dirais-je.

 

Depuis qu’ils pensent, les Hommes tentent de comprendre l’univers et sa création, mais aussi d’où ils viennent. Avec les avancées modernes, on risque de trouver l’adresse de Dieu. Mais, s’il n’y avait pas d’occupant? Alors, avant d’en arriver là, des forces occultes veulent empêcher la science d’aller plus loin. Question de pouvoir avant de savoirs, car, si Dieu il y a, qui dit qu’il est ce que l’ont croit? S’il n’était qu’énergie sans domicile fixe? Ou toute autre chose que ce que l’on dit dans les religions qui affirment qu’il leur a parlé en personne ou à travers des prophètes? C’est donc une course contre la montre entre fidèles et infidèles pour des raisons de pouvoirs sur les masses! Pouvoir par Dieu ou pouvoir par un gouvernement mondial d’illuminés (3) exerçant sa morale à la place d’un Dieu que l’on n’aurait pas trouvé par exemple!  Anges et démons pour bloquer ces avancées scientifiques qui les menacent! A moins que ce ne soit l’œuvre d’un manipulateur qui serait à la fois ange et démon comme les deux facettes d’une même personne…  De quoi brouiller bien des pistes et avoir du plaisir même si certains fins observateurs verront quelques anicroches dans des détails. Mais, cela n’a rien enlevé au suspens pour moi. Cependant, je me dois de souligner que je n’ai pas lu les romans, ni vu le Code Da Vinci. Ceci ne m’a pas empêché d’apprécier ce film non plus. Qu’en sera-t-il pour les adeptes du roman? Ça, je ne peux le dire.

 

Finalement, que le Vatican devienne un champ de bataille entre des tendances fondamentalistes, réformatrices et scientistes est fort intéressant si l’on considère les débats sur la place des religions dans le monde moderne. Cependant, hormis le film, je crois que sans ouverture des religions sur la science tous y perdront de toutes manières. Bref, un film qui peut faire réfléchir, même si c’est d’abord une fiction dans laquelle j’ai embarqué. 

  

Notes :

 

1. http://public.web.cern.ch/public/Welcome-fr.html

 

2. http://angelsanddemons.cern.ch/fr

 

3. Les Illuminatis, genre de trilatérale historique si je puis dire!

 

Pour des détails, quelques hyperliens avec la coopération de Luc Chaput :

 

http://www.cinemovies.fr/fiche_info-12800-prod.html#856

 

www.danbrown.com/secrets/angels_demons/plane.html

 

Steve Connor, Explosive material: Can Angels & Demons make particle physics sexy?, in The independent, Thursday, 7 May 2009: www.independent.co.uk/arts-entertainment/films/features/explosive-material-can-angels--demons-make-particle-physics-sexy-1680311.html

 

Illuminati : http://en.wikipedia.org/wiki/Illuminati

 

Franc-maçonnerie: http://fr.wikipedia.org/wiki/Franc-maçonnerie

 

Illuminati selon les théories du complot : http://fr.wikipedia.org/wiki/Illuminati_selon_les_théories_du_complot

 

Illuminés de Bavière : http://fr.wikipedia.org/wiki/Illuminati_de_Bavière

 

“Angels & Demons” - Separating Fact From Fiction by Matt McDaniel.May 18, 2009:

http://movies.yahoo.com/feature/smg-angels-demons-fact-fiction.html

 

Une recherche Google vous fera trouver plein de choses. Mais, à prendre avec des pincettes, car on circule entre information et fabulation parfois dans un tel sujet.

 

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Mes Vues d'Afrique

 

        D’abord, un topo des films que j’ai vu. Ensuite, une conclusion à lire en cette période de crise du capitalisme, car l’Afrique aurait tant à faire et  à nous apprendre si elle le voulait.

 

Michel Handfield (20 mai 2009)

 

Ça ment pas (saison 1 - Gohou Show)

2007, 90', SÉRIE TÉLÉ de 22 épisodes de 7', VIDÉO, FRANÇAIS, INT. : RONA HARTNER, JEAN-LUC ABEL, GABRIEL IONASCU

Origine : Côte-d'Ivoire

Réalisateur : Sankara, Moussa et Sankara, Mamadou

 

Toute la série se déroule dans un salon de coiffure chic du quartier d’affaires d’Abidjan. Il est luxueux et est géré par GOHOU. Ces personnages sont récurrents et toutes les histoires des épisodes doivent s’articuler autour d’eux. La série montre un autre visage de l’Afrique, gaie et joyeuse.

 

Commentaires de Michel Handfield

 

Différentes histoires qui se déroulent dans un salon de coiffure avec des coiffeuses sexy et un patron un peu croche sur les bords. Des combines qui se terminent toujours sur le ton de l’humour! On joue ici  sur les préjugés avec humour. Une écriture digne d’un Deschamps africain!  Au lieu de traduire des soaps états-uniens, on pourrait passer celui-ci en version intégrale, car il est déjà en français! 

 

Ceux de la colline

2008, 72’, 35MM, MOORÉ, ANGLAIS, DIOULA, HAOUSSA, PEUL, GOURMANTCHÉ, FRANÇAIS, SOUS-TITRES FRANÇAIS

Origine : Burkina Faso-France-Suisse

Réalisateur : Goldblat, Berni

 

Autour d’une mine d’or improvisée sur la colline de Diosso au Burkina Faso vivent des milliers de personnes. Orpailleurs, dynamiteurs, marchands, prostituées, enfants, guérisseurs, coiffeurs et marabouts composent cette ville éphémère. Ces hommes et ces femmes ont tout abandonné dans le même but de faire fortune. Malgré les dangers et les désillusions, la ruée vers l’or se poursuit inlassablement.

 

Né en 1970 à Stockholm, Berni Goldblat est de nationalité suisse. Il réalise et produit des films depuis 1999, principalement en Afrique de l’Ouest. Il a réalisé entre autres Mokili (2006) une fiction long métrage nominée quatre fois et qui a reçu le Prix du meilleur montage aux Africa Movie Academy Awards (AMAA), Nigeria, 2007. En documentaire, on lui doit de nombreux moyens métrages présentés dans divers festivals internationaux dont Des maux d’amour (2006) et La Guerre des sexes (2005).

 

Commentaires de Michel Handfield

 

L’or, synonyme de richesse. Dans ce pays où les gens manquent de l’essentiel, sinon de tout, plusieurs sont prêts à tout pour trouver de l’or. On est donc à sa recherche avec des moyens de fortune sur une colline. Une colonie de chercheurs d’or avec son lot d’exploitants autour d’eux, car qui dit or dit argent et qui dit argent dit commerce. Les biens et services sont donc surévalués, ce qui fait qu’au bout du compte ces chercheurs d’or seront rarement plus riches, surtout que l’on ne trouve que des pépites, rarement des filons! Comme on est seul, parfois découragé, car on trouve plus de terre et de boue que d’or, quand on trouve une pépite, on fête fort : jeu, boisson femmes…

 

Quelles sont donc les chances d’attraper une maladie sexuelle ou le SIDA avec toute cette promiscuité? J’imagine qu’elles sont assez élevées même si le film n’en parle pas. Probablement plus élevé que les chances de s’enrichir. Mais, encore plus triste est le fait qu’il n’y a pas de lois; pas de règles; et pas de sécurité au travail. Les dynamiteurs  vont donc se réunir, car il y a trop d’accidents. Puis, une fois blessé, il faut survivre, mais, dans cette jungle, un homme vaut moins qu’une poule! Il y aurait donc place au syndicalisme! Petite question de ma part, donc :

 

Peut-on exporter des syndicats en même temps qu’on leur envoie certaines de nos entreprises pour les exploiter? Cela devrait faire partie du deal : un patron, un syndicaliste! 

 

Mais, écouteraient-ils ou l’appât du gain l’emporterait sur des considérations de justice? Né ici, « nous sommes des refusants parce qu’on fait ce qui nous plaît, pas ce qu’on nous demande. » On ne peut donc faire confiance à personne : « A part femmes et commerçants du marché tout le monde est voleur » dira un autre protagoniste du film. Moi, je ne gagerais pas là-dessus.

 

Quand les trous deviennent trop profonds et  se remplissent d’eau, ils quittent pour une autre colline et recommencent leur manège. Une colonie de fourmis voyageuses. 

 

Note :

 

1. Je parle de promiscuité, mais j’aurai pu parler de prostitution diront certains. Sauf que, comme Sari l’a si bien dit, c’est de pauvreté qu’il s’agit. « S’ils aiment mon fruit, ils peuvent l’acheter et repartir après la nuit. On parle de prostitution, mais c’est de pauvreté qu’il s’agit » dit-elle dans sa sagesse de femme qui en a vu d’autres!

 

L'Absence

Réalisateur : Keïta, Mama

2008, 81’, 35MM, FRANÇAIS, INT. : WILLIAM NADYLAM, IBRAHIMA MBAYE, MAME NDOUMBÉ DIOP

Prix du meilleur scénario, Fespaco 2009

 

Après de brillantes études effectuées en France et une absence d’une quinzaine d’années, Adama, polytechnicien de formation, revient dans son pays natal, le Sénégal. La joie de sa soeur Aïcha et de sa grand-mère est indicible. Ce jour béni, elles l’ont tant attendu. Au cours du repas concocté en son honneur, Adama annonce son installation définitive en France. Aïcha et sa grand-mère sont effondrées. Chaque année, des milliers d’étudiants issus du tiers-monde, détenteurs de bourses d’état ou financés par leur famille, vont poursuivre leurs études en Occident. Cette fuite des cerveaux est une saignée continue qui prive ces jeunes nations d’une substance vitale, les condamnant à végéter. Un investissement en pure perte.

 

Né à Dakar en 1956 ce réalisateur vietnamo-guinéen, possède la double nationalité franco-guinéenne. Après des études de droit à l'Université de Paris-I, il devient scénariste. En 1998, il réalise le documentaire David Achkar, une étoile filante, un hommage à son ami réalisateur. En 1998, David Achkar qui s'apprêtait à tourner Le Fleuve, meurt d'une leucémie. Il fait promettre à son ami, Mama Keïta de faire ce film à sa place. Le cinéaste qui ne connaît pas l'Afrique de l'intérieur entame alors un voyage initiatique de Dakar à Conakry. Le Fleuve (2002) reçoit le Prix de la Presse au Festival du film de Paris en 2003. En 2006, il signe Le Sourire du Serpent, en compétition au FESPACO 2007 et au PanAfrica de Montréal en 2008.

 

Commentaires de Michel Handfield

 

Adama, de retour chez sa mère pour un court séjour,  constate que la vie a bien changé depuis qu’il est parti il y a une quinzaine d’années. Il ne connaît plus sa sœur, muette, et on sent le malaise entre eux. Je me demandais qu’est-ce que cela cachait? Qu’avait-il fuit? Puis, peu à peu on le découvrira. Mais, en le suivant, on découvrira aussi cette Afrique dans laquelle il est arrivé, car il y a un écart entre le monde qu’il a quitté et celui qu’il retrouve, que ce soit le Sénégal ou sa sœur. C’est une autre Afrique, où la criminalité et la corruption semblent avoir pris plus de place qu’avant.

 

Les champs où il jouait petit avec un de ses amis sont devenu un quartier huppé. Le quartier des mafias en tous genres : politique et économique; dans le « légal » et l’illégal! En même temps qu’on suce les ressources de l’Afrique au profit de quelques uns, d’autres vivent dans la rue!

 

Pays d’inégalités sans système de redistribution sociale, il y aurait pourtant tant à faire, ce qui nous conduit à un autre problème africain : celui de la fuite des cerveaux. Quand il va visiter son ancien prof, celui-ci lui parle  de ce besoin de voir les jeunes qu’ils ont soutenus, notamment en les envoyant étudier en occident, revenir pour reconstruire cette Afrique qui en aurait bien besoin. « Vous devez être conscient que la collectivité à payé pour vous » lui dira ce vieux prof en substance. Mais, s’il a en partie raison, Adama aura aussi raison de  lui répondre que « l’Afrique a aussi des diplômés au chômage » comme si elle était incapable d’utiliser ses ressources. Alors, vaut mieux être ailleurs et envoyer de l’argent qu’être sous utilisé ou, pire, de ne rien faire ici! Deux points de vue irréconciliables pour l’instant.  

 

Il est donc confronté à ce qu’il a fuit et nous le suivons dans ce cheminement difficile, car ce n’est pas un film à l’eau de rose. C’est même un thriller, car il se retrouve comme un corps étranger qui est venu troubler une mécanique, ce qui aura des conséquences irréversibles. Les choses ne pourront plus jamais être les même après ces deux jours. De quoi se demander s’il repartira, maintenant confronté à une nouvelle réalité qu’il aura en partie créé tout en prenant conscience de la nouvelle réalité de sa place. Restera-t-il pour tenter de changer les choses ou fuira-t-il vers sa France? La question reste délibérément ouverte par le cinéaste. 

 

Mo’Better Blues

Origine : Etats-Unis

1990, 129’, FICTION, 35 MM, ANGLAIS, SOUS-TITRES FRANÇAIS, INT. :  WESLEY SNIPES, GIANCARLO ESPOSITO, SPIKE LEE

Réalisateur : Lee, Spike

 

Un joueur de trompette délaisse ses deux maîtresses et se dispute avec son groupe. Son impresario subit des pressions de la part de ses créanciers qui iront jusqu’au règlement de compte physique : le trompettiste intervient mais il est blessé à la lèvre, ce qui l’empêchera de jouer, mais le conduira plus tard à initier son jeune fils aux subtilités du jazz. « Quand sonne l’heure des grands embrasements, la caméra se met à tourner sur elle-même, emportant le décor dans une sensation de vertige. [...] Et baignant tout le reste, omniprésentes, les envolées musicales de Marsalis, de Coltrane, de Mingus viennent classer Mo’Better Blues au rang des très bons films de jazz. » (Odile Tremblay, 1990)

 

Commentaires de Michel Handfield

 

Ce film débute en 1969 alors que Mo est petit gars. On passera la fin des années 70  et les années 80 avec lui, maintenant musicien. Ce film est intéressant pour des raisons sociohistoriques maintenant, car on y passe du jazz au jazz avec des accents de rap. On sent que quelque chose s’en vient… que l’on aura connu!

 

Paris à tout prix

Origine : Cameroun

2007, 120’, VIDÉO, FRANÇAIS, SOUS-TITRES ANGLAIS, INT. : JOSÉPHINE NDAGNOU, SERGE UZAN, MEIJI U TUM’SI

Réalisateur : Ndagnou, Joséphine

Mention spéciale du jury, Fespaco 2009

 

Suzy est une jeune fille des quartiers populaires de Yaoundé. Pour sortir sa famille de la misère, elle s’engage dans une aventure périlleuse pour atteindre Paris, son eldorado. Après plusieurs tentatives d’achat de visa et un passage en force manqué par la frontière maritime entre Cameroun et la Guinée équatoriale, elle n’hésitera pas à vendre son corps pour atteindre son objectif. L’atterrissage à Paris sera rude et la désillusion totale.

 

Commentaires de Michel Handfield

 

La rumeur publique dit que l’avenir est bloqué. Le rêve des jeunes : quitter l’Afrique. Il y a donc là un marché que les magouilleurs ont flairé. Quel bel appât pour mettre la main sur des économies durement gagnées (1), la naïveté faisant le reste. Ne reste plus aux professionnels de l’arnaque de laisser le poisson se prendre lui-même dans leurs filets... pour encaisser. Suffit de savoir se présenter comme ayant des contacts pour se voir allonger la somme désirée en échange de la promesse de partir. On suivra donc Suzie qui se fera prendre plus d’une fois à ce jeu, allant jusqu’à la prostitution pour y arriver.

 

Mais, pourquoi aimerait-on mieux souffrir de l’autre côté de la Méditerranée plutôt que chez soi?  C’est que l’on se compare avec l’image que nous envoient les médias d’Europe et d’Amérique sans savoir que cette image n’est que du marketing. Tous n’ont pas des BMW ou des Mercedes. Tous n’ont pas les toilettes des magazines, mais c’est l’image que l’on reçoit ici. C’est celle que l’on veut croire. On peut alors parler de fabrication du désir. Sauf, que de l’autre côté de la Méditerranée ou de l’Atlantique, le système veut endiguer cette immigration illégale qu’il provoque par son marketing de masse, car les pays et les civilisations se vendent sur le marché mondial comme le faisait autrefois le communisme. Si on informait réellement, on devrait  toujours donner une image juste de la réalité, mais ce n’est pas le cas. On parle volontiers de ces résidences de Monaco ou de Beverly Hill qui font rêver les jeunes filles, mais plus rarement de ces pauvres qui n’ont pas les moyens d’être soignés par le système de santé états-uniens ou qui dorment dans la rue par exemple! On éduquerait sur le fait que le système capitaliste ne donne pas nécessairement les moyens d’arriver à ce qu’il promet par la pub. Loin de là même!  Sauf, que le système ne peut l’avouer, car ce serait avouer sa propre impuissance. Comme les  citoyens doivent penser que c’est possible pour faire fonctionner le système, alors le marketing créée cette impression pour faire tourner la roue! Mais, il y aura toujours des perdants, parfois plus quand le système se dégonfle comme on l’a vu avec la crise financière.    

 

Ce film est aussi l’occasion d’une autre question importante pour l’Afrique : la fuite des cerveaux. Pourquoi s’en aller pour se faire un avenir ailleurs alors qu’il y en aurait un à faire ici en développant l’Afrique? En la développant autrement que l’Europe et les États-Unis par exemple, car on voit bien avec la crise financière que le modèle néolibéral qui a tenu le haut du pavé les 20 dernières années n’est peut être plus le modèle à suivre même si les États-Unis rêvent de le rapiécer pour qu’il fonctionne comme avant. Désolé, mais ce jouet est brisé et il faudrait peut être passer à autre chose un jour ou l’autre. Le plus tôt possible serait même le mieux!

 

De nouveaux modèles sont donc à penser et à appliquer. Les africains, au lieu de fuir vers l’Europe et l’Amérique, devraient donc se tourner vers leurs racines pour développer leur modèle, car ils en sont capables! (2) Et, qui dit qu’il ne sera pas « successful »? Mais, pour cela ils doivent d’abord croire en eux et mettre fin aux conflits interafricains. C’est possible puisque l’Europe, en moins de 50 ans, est passée de la seconde guerre mondiale à l’union européenne!      

 

Notes :

 

1. Parfois toute la famille rêve de voir un des siens partir vers Europe ou  l’Amérique. L’Amérique, là c’est la totale, car l’argent y pousse même dans les arbres selon la rumeur. Je l’ai entendu dans un autre film dont je ne me souviens plus du titre, mais pas à ce festival. 

 

2. Je pense ici à René Dumont (http://fr.wikipedia.org/wiki/René_Dumont) dont j’ai lu Le mal-développement en Amérique latine (1981, France: Seuil, Points politique) et L'Afrique étranglée (1982, France: Seuil, coll. Point) écrit avec Marie France Mottin.

 

Triomf

Origine : Afrique du sud-France

2008, 120’, 35MM, ANGLAIS, AFRIKAANS, SOUS-TITRES FRANÇAIS, INT. : LIONEL NEWTON, VANESSA COOKE, EDUAN VAN JAARSVELDT

Réalisateur : Raeburn, Michael

 

1994. Cinq jours de la vie d’une famille afrikaans dans la banlieue de Johannesburg juste avant les premières élections démocratiques que l’ANC de Nelson Mandela va remporter. Les Afrikaans sont ces Blancs d’origine hollandaise qui, deux siècles avant les Anglais, ont colonisé l’Afrique du Sud et y ont imposé l’apartheid. Cette communauté repliée sur elle-même vit ses derniers instants dans un régime qui les avantageait outrageusement. La famille Benade est inquiète et rêve de « partir vers le Nord ». Tout dans le quartier change : une famille noire s’installe, des voisins métis font un barbecue, des manifestants pro-Mandela manifestent en dansant dans la rue... et pas moyen d’appeler la police pour qu’elle mette un peu d’ordre!

 

Né au Caire en 1948, Michael Raeburn passe son enfance au Zimbabwe. Il obtient une maîtrise de lettres françaises à Londres, poursuit des études à Aix-en-Provence puis à l'IDHEC à Paris. Il signe des films engagés autant documentaires que de fiction depuis la Grande Bretagne, la France, le Zimbabwe. Il a notamment réalisé Soweto (1991) et Home Sweet Home (co réalisation Heidi Draper, 1999).

 

Commentaires de Michel Handfield

 

Quand on pense pauvreté et Afrique du Sud, on pense aux noirs. Mais, il y a un million de blancs pauvres et marginaux en Afrique du Sud. On suit une de ces familles affreuse, sale et pas trop méchante (1), mais pas très gentille non plus, qui vit dans la promiscuité!  Ils sont assez déphasés, au point de dire du chien qui vient de mourir : « J’étais son humain de compagnie! » Assez particulier comme film. 

 

Note :

 

1. Pour ceux qui ne l’auraient pas compris, je paraphrase ici le titre d’un film italien : Affreux, sale et méchant (1976). Voir  http://fr.wikipedia.org/wiki/Affreux,_sales_et_méchants

 

Dans l'ombre d'une autre

Origine : Cameroun

2009, 100’, FICTION, VIDÉO, FRANÇAIS, INT. : STÉPHANE TCHONANG, MONIQUE PATOUO, JOYCE NTALABE

Réalisateur : Kemegni, Francine

 

Alain, jeune cadre au ministère du commerce, est déjà fiancé à Laurence lorsque sa mère lui présente Marie, qu’elle a déjà dotée pour lui. De peur de se faire maudire par ses parents, Alain épouse civilement Laurence avant de se marier coutumièrement avec Marie. Alors commence pour lui une double vie.

 

Commentaires de Michel Handfield

 

On saisit rapidement la différence avec ici. Pas besoin d’attendre que le père dise à sa fille « je compte sur ton mariage pour assurer mes vieux jours » pour savoir qu’on est ailleurs. Ni d’avoir des répliques comme « Depuis quand qu’on demande l’avis des femmes? » Malgré le côté parfois dramatique, l’auditoire, composé de plusieurs africains, riait. C’était une salle qui réagissait beaucoup. Mais, c’est souvent le cas dans ce festival. Différence de culture. Faut dire qu’Alain,le personnage principal de ce film, a le tour de se mettre les pieds dans les plats. Il mariera d’ailleurs deux femmes pour faire plaisir à sa mère. Si la « campagnarde » le sait, celle de ville ne le saura pas avant qu’il ne soit obligé de le lui dire! Mais, il ne sera pas au bout de ses peines, car les femmes auront une certaine revanche sur lui. Une revanche du sort…

 

La salle aura de quoi réagir jusqu’à la fin, même dans les discussions d’après film, où une certaine différence de mentalité était facilement perceptible avec là-bas.

 

Conclusion

 

De tous ces films, je conclue que l’Afrique a du potentiel, mais malheureusement trop de jeunes la quittent au lieu de rester pour changer les choses. Pourtant, avec les problèmes environnementaux et la faillite du néolibéralisme, qu’on veut remettre sur les rails en soutenant une reprise de la consommation comme si cette faillite n’avait jamais eu lieue (1), elle aurait la chance de montrer que d’autres modèles, plus communautaires, existent, car ils existent en Afrique. On en a eu des exemples dans des festivals précédents, que ce soit vues d’Afrique ou le Festival des Droits de la Personne. L’Afrique devrait donc se reconstruire autrement, soit avec des infrastructures collectives, comme un bon réseau de trains, plutôt que de rêver d’avoir sa BMW ou sa Mercedes pour se faire voir sur des routes défoncées. Elle n’en sortirait que plus forte, surtout si on pense aux richesses naturelles qu’elle recèle, mais qui sont exploités au profit d’entreprises étrangères.  Il faut qu’elle revienne à un certain collectivisme. Pas du communisme pur et dur comme au temps de la guerre froide, mais une forme de libéralisme social, de socialisme démocratique ou un régime d’économie sociale, car l’Afrique ne pourra pas se reconstruire en important  les valeurs individualistes à l’occidentale. Il faut qu’elle se trouve et se définisse elle-même, ce qui n’empêche pas de regarder ce qui se fait ailleurs. Mais, il y a une différence entre s’inspirer et calquer! Ce n’est qu’à ces conditions qu’elle redeviendra un continent qui compte sur l’échiquier mondial, car elle montrera qu’il n’y a pas que l’american way of life dans la vie.  Il y a d’autres façons de faire et d’évoluer dans le monde. D’ailleurs, l’American way of life est un mode de vie très destructeur s’il est poussé à l’extrême et étendu à la grandeur de la planète.

 

L’Afrique doit prendre prétexte de cette crise pour se reprendre en main. Quant à l’Amérique, elle devrait apprendre à modérer ses transports, réduire le gaspillage de ses ressources et celle des autres qu’elle exploite à son profit. Il en va de même de la Chine qui développe une économie capitaliste ultralibérale sous un régime politique communiste dans une fusion des extrêmes!

 

Avant d’aider les grands de l’automobile, on devrait plutôt investir dans les infrastructures collectives, dont le transport en commun (urbain, interurbain et continental) pour sortir plus écologiquement de cette crise. Réussir à passer d’une économie individualiste à une économie sociale et politique, c'est-à-dire une économie au service de la société et non plus une économie qui essaie de tourner seule en vase clos pour son seul profit comme si la société n’était qu’une utopie. C’est l’économie poussée à l’extrême qui est utopique puisque l’homme a fait du troc et de l’entraide bien avant de l’économisme!  On devrait avoir appris qu’en tournant sur elle-même l’économie ne créé parfois qu’un courant d’air qui peut se dissiper à la moindre crise de confiance, car c’est du vent! Ma formule dit bien ce qu’il en est en cette période de crise financière, c’est-à-dire la crise de la spéculation pour la spéculation, car le but était de faire du profit non pas en produisant pour répondre à une demande bien réelle, mais plutôt en trouvant le moyen de faire du profit par des astuces comptables comme si par miracle les chiffres pouvaient se transformer en or! (2) On oubliait l’humain dans ces calculs de l’esprit. L’Afrique, vaste et peuplée, pourrait nous le rappeler si elle surmontait ses divisions, souvent le fait de ses propres élites qui la pillent et de groupes d’intérêts qui leurs sont associés!

 

Si je dépasse le seul festival Vues d’Afrique dans ma conclusion, c’est que j’ai vu le festival des films sur les droits de la personne que quelques jours auparavant  et l’Afrique en faisait aussi partie. On ne peut l’écarter si facilement même si au plan économique elle ne semble plus partie intégrale du paysage, car on n’entend plus parler que du triangle Asie-Amérique-Europe. Même si elle n’est plus traitée comme faisant partie du monde, mais plutôt comme un carré de sable à l’écart de celui-ci, où on va chercher des ressources comme si elle n’était plus rien d’autre qu’un grenier, elle est toujours là. Et il y a des gens qui la peuplent! On ne devrait pas les oublier ainsi. (3) Il est donc bien de rappeler l’Afrique à notre mémoire, mais il serait encore mieux que les africains prennent la destinée de leur Afrique en main pour nous surprendre au lieu de la quitter!               

 

Michel Handfield

 

Notes :

 

1. A ce sujet, voir le texte critique “How to Save Capitalism: Fundamental fixes for a collapsing system” in Harper’s Magazine, November 2008, pp. 35-46.  www.harpers.org/ 

 

2. Nouvelle pierre philosophale, ces théories se sont révélées n’être qu’un mythe elles aussi avec la crise boursière de 2008!

 

3. On n’y pense que lorsque les médias occidentaux en parlent pour une mauvaise nouvelle, comme une famine ou un génocide par exemple. Des fantômes entre les mauvaises nouvelles…

 

Et maintenant, les gagnants sont…

 

SELECTION INTERNATIONALE FICTION

 

Le prix de la communication interculturelle, long métrage offert par Radio-Canada est remis à Mascarades de Lyes Salem, Algérie / France.

Une mention spéciale est décernée au film Triomf de Michael Raeburn, Afrique du Sud / France.

 

Le prix de la communication interculturelle, court métrage, offert par Radio-Canada, est remis à C’est dimanche de Samir Guesmi, Algérie / France.

 

Le prix Images de Femmes de la meilleure actrice d’Afrique sub-saharienne et des pays créoles, offert par la revue africaine Amina, est remis à Rym Takoucht pour son rôle de l’épouse de Mounir dans Mascarades, de Lyes Salem, Algérie / France

 

Le prix du meilleur acteur, offert par la revue Fasozine, est remis à Illiès Boukouirene, pour son rôle d’Ibrahim dans C’est dimanche ! de Samir Guesmi, Algérie / France.

 

Le jury était composé de : Virginie Dubois, Ghila Sroka, Robert Favreau et Yves Langlois

 

SELECTION INTERNATIONALE DOCUMENTAIRE

       

Le Prix de la communication interculturelle, offert par TV5 Québec-Canada pour un long métrage est remis à Victoire Terminus, de Renaud Barret et Florent de la Tullaye, France

 

Le prix de la communication interculturelle, offert par TV5 Québec-Canada pour un court métrage est remis au film Le Rallye d’Hélène, de Chouna Mangondo, de la République Démocratique du Congo

 

Le prix Micheline Vaillancourt remis à une réalisatrice du sud offert par le Conseil International des radios et Télévisions d’Expression Française (CIRTEF) pour un court ou long métrage est remis à Leïla Kilani, pour son film Nos lieux interdits, Maroc / France

 

Le jury était composé de : Karen Cho, Monique Gagné, Yves Bisaillon et Jacques W. Lina

 

AFRICA NUMÉRIQUE

 

Le prix du meilleur long ou moyen métrage est remis à Paris à tout prix de Joséphine Ndagnou, Cameroun. Une mention d’honneur est décernée au film Le pèlerin du Camp Nou de Abakar Chene Massar et Bentley Brown, du Tchad

 

Le prix du meilleur court métrage est remis à Les égarés de l’hémisphère Sud de Daddy Ruhorahoza, Rwanda

 

Le prix de la meilleure série et feuilleton télé est remis à L’As du lycée de Missa Hébié, Burkina Faso

 

Le jury était composé de Angie Bonenfant, Frédéric Dubois et Ian Oliveri

 

REGARDS D'ICI

 

Le prix  ACIC / ONF, offert par l’Office National du Film du Canada (ONF) pour la meilleure production indépendante est remis à Les marrons de l’Alphabet, de Dimitri Médard, Canada

 

Le prix de la Relève Via Le Monde pour un premier film sur l’Afrique ou les pays créole (et les communautés africaines et créoles au Canada) est remis à Trois Rois, de Katia Paradis, Canada

 

Une mention d’honneur est décernée au film Le silence est d’or de Alexandra Sicotte-Lévesque, Canada

 

Le jury était composé de : Catherine Drolet, Erika Nimis et Sylvain L’Espérance

 

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GOMORRA

En salle depuis le 17 avril

 

Les Films Séville, une filiale d’E1 Entertainment, est heureuse d’annoncer que le long métrage Gomorra prendra l’affiche le 17 avril 2009.  Ce film de Matteo Garrone est basé sur le livre de Roberto Saviano, dont la tête a été mise à prix suite à son enquête sur les milieux de la mafia napolitaine.  Gomorra a remporté le Grand Prix du Jury au plus récent Festival de Cannes.  Il a également été présenté au Festival international du film de Toronto et au Festival du Nouveau Cinéma à Montréal.

 

« On ne partage pas un empire d’une poignée de main, on le découpe au couteau. » Cet empire c’est Naples et la Campanie. Gomorrhe aux mains de la Camorra. Là-bas, une seule loi : la violence. Un seul langage : les armes. Un seul rêve : le pouvoir. Une seule ivresse : le sang.

 

Nous assistons à quelques jours de la vie des habitants de ce monde impitoyable. Sur fond de guerres de clans et de trafics en tous genres, GOMORRA raconte les destins croisés de : Toto, Don Ciro et Maria, Franco et Roberto, Pasquale, Marco et Ciro.

 

Fresque brutale et violente, GOMORRA décrit avec une incroyable précision les cercles infernaux de la Camorra napolitaine pour mieux nous y entraîner.

 

Commentaires de Michel Handfield (2 mai 2009)

 

La Camorra napolitaine est infiltrée partout. De la drogue vendue sur la rue aux grosses combines, comme l’enfouissement de déchets toxiques, fait à rabais et hors normes. On suit tout cela à travers le parcours de quelques personnages. 

 

Pour la petite histoire, cela commence par de petits services, puis on est embarqué dans un réseau d’échanges: la mafia! Comme la mauvaise herbe, elle prend racine dans les zones en friche, où le travail au noir et le commerce illicite (drogue et prostitution notamment) deviennent des moyens d’accéder à la consommation de masse quand ce ne sont pas tout simplement des moyens de survie. On est dans les quartiers pauvres; les habitations à loyer modique! Habitations contrôlées par la mafia, leur homme faisant le tour des veuves et des parents éplorées d’avoir un fils en prison ou 6 pieds sous terre pour leur donner leur compensation mensuelle en échange de leur silence. Alors, comment dénoncer la main qui nous  nourrit?

 

L’exemple venant ainsi des parents et des voisins, cela devient socialement acceptable comme avenir pour les jeunes, car, souvent, à cet âge, on retient d’avantage ce que l’on voit que ce que l’on nous dit! Ce bassin de jeunes devient donc une pépinière où recruter facilement de nouveaux prospects. Il y aura certainement quelques têtes fortes dans le nombre, mais on saura s’en charger… ou s’en décharger s’ils sont une menace à l’organisation.

 

Ce système ne peut que se développer, car les prospects sont au portillon pour prendre la place de ceux qui se font prendre ou qui tombent au combat. Nombreux et ayant baigné dans ce milieu depuis leur enfance, il est facile de les former sur le tas. Comme en usine. On les recrute, même gosse, en échange de quelques pièces pour surveiller si quelqu’un vient pendant que « les grands » font un coup un peu plus loin par exemple. Puis, les grands lui diront « Eh,  tu n’as rien vu petit! » en lui donnant quelques pièces de plus en quittant les lieux. La machine à alors commencé son travail….   

 

Comme chacun a son rôle, personne ne sait qui est la tête. De toute manière, si on connait qui nous a transmis les ordres, c’est une longue chaîne de commandement. Cela devient donc une organisation difficile à arrêter, car elle a de nombreuses ramifications qui se recoupent pour assurer son bon fonctionnement et brouiller les pistes. Elle est surtout assez étanche et secrète pour empêcher d’en mettre tous les pions sous les verrous en même temps. La mafia a su faire bon usage du silence et de l’organisation taylorienne du travail, chacun ayant sa tâche sans en savoir plus qu’il n’en faut. C’est peut être ce qui rend cette organisation très efficace sur le terrain, car chaque personne est facilement remplaçable en cas de pépin, comme une arrestation par exemple, mais en sait très peu si elle se met à table. Ainsi, si chaque pion est utile, il n’est pas une très grande menace pour l’organisation en même temps.  

 

Les mafieux ont plus à craindre de leurs amis et de l’intérieur de l’organisation,  car certains peuvent vouloir prendre la place du capot ou aller dans un groupe rival. La guerre entre familles, clans ou maffias devient donc la menace la plus sérieuse pour les mafieux, car il n’y a plus d’amis ni de famille à part celle de la mafia. Comme pour George W Bush, leur slogan est  « Tu es avec nous ou contre nous. » Ce n’est pas là qu’il y a place à la nuance et à la tolérance. Tu marches droit ou on organise tes funérailles même si tu es mineur, car tu te disais un homme quand tu as commencé à faire affaire avec nous… ou contre nous!

 

Gomorra, un film intelligent qui montre comment la mafia s’insère dans le tissu social, politique et économique d’une part et, d’autre part, toute  la mécanique psychosociale de son acceptation par les citoyens au point qu’elle en vient à faire partie du paysage. Le citoyen en vient à se dire qu’il faut faire avec! Point de non retour? Je laisse la question ouverte pour l’instant.    

 

Hyperliens :

 

Roberto Saviano : http://fr.wikipedia.org/wiki/Roberto_Saviano

 

Camorra : http://fr.wikipedia.org/wiki/Camorra

 

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GHOSTS OF GIRLFRIENDS PAST / HANTÉ PAR SES EX

Sortie : Vendredi 1er mai 

 

Réalisation :  Mark Waters

Distribution:  Matthew McConaughey, Jennifer Garner, Lacey Chabert, Emma Stone, Michael Douglas, Amanda Walsh

 

        Un homme est hanté par les fantômes de ses anciennes petites amies au mariage de son frère.

 

Commentaires de Michel Handfield (30 avril 2009)

 

A la surprise de ma conjointe, j’ai été voir ce visionnement de presse et j’ai aimé le film! Notre homme, le célèbre photographe Connor Mead (Matthew McConaughey), aime les femmes qu’il photographie et les autres qu’il photographierait bien dans son lit! Libertin et cynique sur le mariage, il détonnera au mariage de son frère jusqu’à ce qu’un oncle mort revienne lui dire de ne pas faire comme lui. Puis, des anciennes conquêtes, elles aussi disparues, viendront le hanter pour lui faire comprendre comment son cœur a changé. On aurait pu tomber dans la comédie d’ados, mais on est plutôt dans un genre de  Scrooge (1) romantique. Avec morale naturellement, comme dans les versions plus traditionnelles de cette histoire. J’ai bien aimé même si je n’ai pour ainsi dire pas pris de notes.

 

Note :

 

1. Scrooge est en effet le personnage central d’un chant de Noël de Charles Dickens (http://fr.wikipedia.org/wiki/Un_chant_de_Noël) qui a fait l’objet de plusieurs films. En voici donc une nouvelle variation originale. 

 

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Le Bal des actrices de Maïwenn

A l’affiche le 10 avril

 

        Après sa présentation au Festival international du film de l'Outaouais à Gatineau, LE BAL DES ACTRICES de la réalisatrice française Maïwenn prendra l’affiche au Québec le 10 avril prochain.

 

        Une réalisatrice veut faire un documentaire sur les actrices, les populaires, les inconnues, les intellos, les comiques, les oubliées. Filmant tout, tout, tout,avec ou sans leur accord. La réalisatrice va se prendre au jeu et se laisser dévorer par ces femmes aussi fragiles que manipulatrices.

  

        Le film met en vedette : Maïwenn, Jeanne Balibar, Romane Bohringer, Julie Depardieu, Mélanie Doutey, Marina Foïs, Estelle Lefebure, Linh Dan Pham, Charlotte Rampling, Muriel Robin, Karole Rocher, KarinViard, Joey Starr, Pascal Greggory, Jacques Weber, Yvan Attal....dans leur propre rôle.

 

Commentaires de Michel Handfield (14 avril 2009)

 

Le star system! Les gens, autour d’eux, qui les servent ou leur font attention. Mais, elles ne sont pas toujours facile les actrices. Elles ont leurs contradictions et leurs humeurs. Drôle, touchant et exaspérant à la fois! Bref, réaliste à défaut d’être réel. Pour les gens d’ici, je dirais que c’est entre « Tout sur moi » (1) et Paris Match! (2) Je l’ai conseillé à ma blonde même si j’ai pris peu de notes. Ah oui, j’écoute « Tout sur moi » (3) pour ceux qui voudraient le savoir! 

 

Notes :

 

1.  http://www.radio-canada.ca/emissions/tout_sur_moi/saison3/

 

2. http://www.parismatch.com/

 

3. J’écoute, mais le regarde peu, car j’écris et je fais ma recherche en écoutant des téléromans ou des émissions d’informations à la télé de Radio-Canada quand je n’écoute pas la première chaîne radio de Radio-Canada, de la baladodiffusion ou France inter ou France culture sur internet! Vous savez tout sur moi maintenant!

 

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Index

 

Documents à ne pas taire! (Notre section documentaire)

 

We all fall down: The American Mortgage Crisis

www.icarusfilms.com/new2009/fall.html

65 minutes / color

Closed Captioned

Release Date: 2009

Copyright Date: 2009

Sale: $398

 

Commentaires de Michel Handfield (30 mai 2009)

 

« Ownership is fundamental to a capital democracy ». Si vous ne possédez pas de propriété, vous êtes en difficultés dans le monde capitaliste états-unien, car la propriété est la base de ce système. Vu cet enjeu stratégique, l’État y a pris une certaine place comme régulateur dans les années 30. Cependant, avec le désengagement de l’État depuis les années Reagan, le gouvernement s’est peu à peu retiré de ce secteur. Puis, avec les vagues de dérégulation des dernières années, on a vu l’arrivée de prêteurs spécialisés à la place des banques locales, qui avaient l’avantage de vivre dans leur marché et de bien le connaître; le passage en bourse (Wall Street) des trusts hypothécaires, ce qui les forçait à donner plus de rendements aux investisseurs nationaux et internationaux; et, finalement, la dématérialisation des entreprises avec l’offre grandissante de produits financiers et hypothécaires via l’internet. Il n’est même plus nécessaire d’être une banque ou d’avoir une adresse sur rue pour être dans ce marché, le financement étant devenu un produit dématérialisé et délocalisé accessible de n’importe où dans le monde via la grande toile! Ayant  délocalisé cette pierre angulaire de la maison qu’est son financement, on a ainsi créé une bulle financière, ce qui a fragilisé tout l’édifice économique états-uniens et étranger, car les investisseurs internationaux ont eux aussi passablement investit dans ce marché ouvert. Ils croyaient avoir enfin trouvé la pierre philosophale.

 

Aux institutions financières solides se sont ajoutés des aventuriers du capitalisme qui ont  pu unir des capitaux assez importants pour se faire prêteurs. Cependant, cela fut à risque pour eux, mais aussi pour les emprunteurs, car un tel marché devenait une véritable aubaine pour les fraudeurs. C’est d’ailleurs ce qui est arrivé, la fraude hypothécaire  passant de 7000 cas en 2003 à 76000 en 2008! (1) Symptomatique d’un système qui devrait être révisé.

 

Puis, quand les premières cartes ont commencées à tomber, ce système, victime de la corruption et du rêve de l’argent vite fait, s’est écroulé, entrainant avec lui le prix des maisons. Celles-ci, se dévaluant parfois au point de valoir moins que les hypothèques qu’elles commandaient, ont entraînées des faillites en cascade. Ce mouvement fut accentué du fait que la maison était devenue une source de revenu dans ce marché haussier, la plupart des propriétaires empruntant sur la hausse présumée de la valeur marchande de leur maison pour consommer dans l’immédiat (s’acheter une télé de 92 pouces  ou un Humer par exemple); envoyer leurs enfants aux études, ce qui est plus sage cependant que de s’acheter un Humer; ou, plus malheureusement, se payer des soins hospitaliers, car il n’existe pas de système universel de santé comme au Canada chez notre voisin du sud. La maison était en quelque sorte devenue le compte d’épargne familial. Celle-ci touchée, tout le modèle de consommation états-unien était affecté. Cette crise s’est donc étendue au reste de l’économie, le système états-unien étant ouvert, ce qui a fait de l’industrie automobile la seconde victime de celle-ci. GM devrait vraisemblablement se placer sous la protection des tribunaux le 1er juin pour assurer sa restructuration. (2) 

 

Comme on est dans un monde fluide, l’économie est moins facile à lire qu’elle ne l’a déjà été, ce même si les  indices peuvent parfois être haussier, car l’économie financière est beaucoup plus spéculative que l’économie réelle et pas nécessairement en relation directe avec elle. De plus, comme le capitalisme états-unien n’offre pas les mêmes protections que d’autres modèles capitalistes offrent, ce que la droite états-unienne s’acharne à appeler socialisme même si ce n’est qu’une autre forme de capitalisme plus social (3), leur population est aussi  plus fragile à ces crises, ce qui contribue à les accentuer. Si, à la place de la propriété privée et individuelle, il y avait eu davantage d’habitations coopératives et communautaires par exemple, la crise n’aurait pas eu le même impact; ni si les prêts immobiliers avaient été séparés des prêts à la consommation, comme pour l’achat de la télé de 92 pouces  ou du  Humer dont nous parlions plus haut, car cela fragilise la propriété.

 

C’est à se demander pourquoi ils tiennent tant à ce système. Probablement l’appât du gain, car leur système économique, en échange de cette insécurité, leur fait miroiter  la chance de gagner à la loterie du capitalisme! Le système économique de notre voisin, une forme d’économie casino? Peut-être! Et ce sera difficile à changer, car c’est culturel. Dès que les choses iront mieux, la tendance sera forte à revenir au capitalisme individuel, pur et dur, avec la promesse que ce type de crise ne se reproduira plus puisque les marchés auront compris et s’autoréguleront mieux que l’État ne pourrait le faire. On dérèglementera à nouveau avec la promesse que les marchés sont plus murs. Ce sera vrai jusqu’à la prochaine crise, car l’appât du gain fera qu’il y aura toujours de nouvelles brèches d’ouvertes, surtout  dans un système fortement déréglementé pour faire plus de profits, ce le plus rapidement possible. L’appât du gain est ce qui motive le plus les investisseurs et les entrepreneurs capitalistes! La satisfaction du travail bien fait et de l’utilité sociale ne sont pas un moteur suffisant pour ces gens. Cette crise hypothécaire serait donc davantage culturelle qu’économique finalement. C’est possible, car dans une autre culture, avec d’autres façons de faire, elle n’aurait peut être pas eu lieue. Ce sont là des questions que ce film pose vu du Canada.

 

Ce film donne aussi beaucoup d’explications au pourquoi de cette crise en recourant à plusieurs spécialistes, ce qui devrait intéresser les États-uniens au premier chef, mais aussi les étudiants et professionnels de la finance des autres pays occidentaux qui regardent souvent le modèle états-uniens comme « LE » modèle des affaires. A un autre niveau, il devrait aussi intéresser un public des sciences sociales et humaines qui ont un regard plus critique face au modèle économique et social États-Unien. Puis, plus largement, il pourrait intéresser un plus vaste public encore, soit celui intéressé par les films documentaires en général, car c’est un public en croissance depuis quelques années. Ce public devrait être intéressé par cette problématique, car elle est d’actualité, ayant tenue la une des médias une large partie de l’année 2008 et de 2009 puisqu’on en parle encore à l’occasion même si on parle parfois de reprise.  

 

Notes :

 

1. J’ai aussi trouvé des références à ce sujet sur l’internet : www.fbi.gov/hq/mortgage_fraud.htm

 

2. General Motors : Ultime offre de Washington, radio-canada.ca/Économie, jeudi 28 mai 2009 à 16 h 43 : www.radio-canada.ca/nouvelles/Economie-Affaires/2009/05/28/003-gm-tresor-offre.shtml

 

3. A ce sujet, lire Michel Albert, 1991, Capitalisme contre capitalisme, Paris: Seuil, Points Actuels

 

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Bilan de notre FIFA 2009!

 

22 avril 2009

 

        Dans les films que nous avons vu au FIFA, il n’y en a qu’un qui fut primé d’un prix : « Zora Neale Hurston: Jump at the sun » de Sam Pollard (États-Unis), prix du meilleur film éducatif. Ce n’est pas que nous n’avons pas eu la main heureuse; c’est que nous choisissons nos films en vertu de critères sociaux et politiques, ce qui fait que nous n’avons pas expressément choisit ou écarté de films en compétition. S’il y en avait, ce n’était pas un critère de sélection de notre part.  De plus, nous avons appréciés tous les films que nous avons vus, mais nous n’avons pas nécessairement écrit sur tout. Parfois, le sujet n’était pas dans notre angle tout simplement. Voici donc le bilan de notre FIFA 2009 avec du retard, car il fut précédé du Festival des films sur les droits de la personne. Nous avons aussi développé en même temps de nouvelles pages pour appareils portables de style iPhone et iTouch.  Comme revue internet on se doit d’être dans le temps, ce qui prend un certain temps en développement!

 

Michel Handfield

 

Les films que nous avons retenus :

 

CINDY SHERMAN  

COLVILLE

DOMENICO FONTANA : ENGINEER, ARCHITECT, URBANIST  

GELUCK, L'HOMME À LA TÊTE DE CHAT  

HITLER'S HIT PARADE  

MAESTRO: PORTRAIT OF VALERY GERGIEV  

SHOPPING À LA FOLIE  / MALLS R US  

ZORA NEALE HURSTON: JUMP AT THE SUN  

 

CINDY SHERMAN 

Allemagne/2007/Betacam/couleur/26 min/français, anglais s.-t. français 

 

Le musée du Jeu de Paume à Paris consacrait récemment une grande rétrospective à l'artiste américaine Cindy Sherman. Figure centrale de la création contemporaine, Cindy Sherman est aujourd'hui considérée comme une véritable star. Sa cote a littéralement explosé ces dernières années. Certaines de ses photographies ont récemment dépassé les 500 000 dollars. Ses images occupent une place de premier plan dans les grandes collections d'art contemporain du monde. Cindy Sherman vit à New York. Elle a 52 ans. Depuis ses tout premiers travaux il y a plus de 30 ans, elle se sert presque exclusivement de sa propre personne comme modèle. Série après série, elle photographie en studio les personnages qu'elle invente. Tour à tour drôle, grinçante, parfois brutale, cette œuvre met en scène une galerie de figures empruntées aux stéréotypes culturels et sociaux. En filigrane se dessine une analyse subtile de l'identité féminine, ses fantasmes et les pressions qu'elle subit.

 

Biographie

 

Sabine Willkop a fait des études de littérature allemande et de journalisme. Elle est auteure et réalisatrice pour la série Nachtkultur de la chaîne SWR et pour le magazine culturel Métropolis à la chaîne ARTE.

 

Filmographie

 

Thomas Ruff ; Candida Höfer ; Bernd und Hilla Becher ; William Klein ; Robert Frank ; Bettina Rheims ; Helmut Newton ; Gregory Crewdson ; James Mollison ; 2009, année Darwin.  

 

Commentaires de Michel Handfield

 

        Cette photographe se met elle-même en scène et crée du sens par ses photos. Elle passe un message. C’est pour cette raison qu’elle fait chaque fois des séries sur un thème particulier et non des clichés solitaires.

 

        On peut dire qu’elle explore la réalité, mais elle va aussi au-delà de celle-ci par ses constructions. Elle dénonce et dérange par l’image qu’elle envoie, comme celle de ses clowns qui sont  épeurants!  Les clowns qui nous gouvernent? Elle prend donc part aux débats par ses mises en scène photographiques!

 

COLVILLE

Allemagne/2008/Betacam/couleur, n. et b./67 min/anglais

        Illustré d'un grand nombre de toiles intimes et dérangeantes du peintre canadien Alex Colville (né en 1920), ce portrait démontre comment la relation de l'artiste avec son épouse Rhoda Colville, qui dure depuis 60 ans, se reflète dans sa production artistique. En examinant son œuvre à la lumière des jalons importants de sa vie privée, particulièrement les décennies passées à Wolfville, en Nouvelle-Écosse, le film replace l'imagerie austère, d'un réalisme cru, du peintre en contexte. « À titre de vrai réaliste, je dois réinventer le monde », affirme Colville. Le plus célèbre artiste canadien vivant, proche stylistiquement d'Edward Hopper, puise ses sujets de son environnement immédiat, des activités banales du quotidien dans une province Atlantique : la petite ville universitaire de Wolfville, la plage Évangéline avec la silhouette du cap Blomidon qui se découpe à l'horizon, la vallée Gaspereau, les eaux serpentines des marais de Grand Pré. L'œil de Colville saisit en une scène figée, minutieusement contrôlée, le moment présent, son intensité et la fugacité de la vie. Le peintre ne produit que deux à trois tableaux par année. Le pouvoir énigmatique de ses œuvres, où pointe une sourde angoisse, résulte justement de ce temps qu'il s'accorde pour les créer. Pendant six semaines, l'équipe de tournage a saisi l'artiste chez lui, dans sa vie de tous les jours, où, résolument à l'écart du milieu de l'art, dans une solitude qui n'a rien de spectaculaire, il crée néanmoins un corpus spectaculaire d'œuvres qui interpellent le spectateur.

 

Biographie

 

Né à Stuttgart, Andreas Schultz a étudié les beaux-arts à la Hochschule der Künster de Berlin, puis à l'Académie du film et de la télévision Konrad Wolf à Potsdam-Babelsberg. Il vit et travaille à Berlin comme auteur et réalisateur.

 

Filmographie

Larger than Life (2001) ; Hello America (2003).

Commentaires de Michel Handfield

 

        Par ce film on voit le créateur dans sa réalité. Une réalité simple, loin de l’effervescence de la ville. Il est alors évident que la force de son œuvre, c’est la force de son environnement. C’est ce qu’il transmet comme portraitiste de son milieu. C’est cet environnement qu’il sait cadrer de façon à nous faire rêver; rêver d’y être! La simplicité, que ce soit dans ce cours d’eau, ce pont ou ce couple nu qui veut quelque chose à grignoter dans le frigidaire. On est au point de jonction de la vie et de la simplicité volontaire… 

 

        Parfois, il livre aussi un message, comme ce cheval qui court de front face au train, ce cheval d’acier.  Caractéristique de deux époques  ou de deux conceptions du monde qui s’affrontent dans un choc ou aucun ne sera gagnant, car le train peut toujours dérailler sous le choc. N’est-ce pas révélateur de la collision entre le capitalisme industriel et financier que nous venons de connaître? Même si on remet le train sur ses rails, ce ne pourra plus jamais être pareil. (1) Là, est toute la beauté de la peinture et le plaisirs de visiter une exposition : on peut voir ce que l’artiste à vu ou essayer de saisir le message qu’il aurait pu vouloir transmettre ou qui était dans son inconscient! Message qu’il aurait donc transmis sans le savoir comme un art prémonitoire parfois! 

 

Autre intérêt de ce film : la présentation de l’artiste dans sa « plate » quotidienneté, car, contrairement aux attentes que certains auront, il a une vie comme les autres, sauf qu’il fait des toiles alors que d’autres coupent les cheveux ou font des maisons. C’est son travail. Mais, comme tout le monde, il doit aller chez le coiffeur ou faire ses commissions. Comme tout le monde, il aime  regarder un coucher de soleil à une différence près : lui, il pourra toujours y voir un sujet de toile alors que d’autres n’y verront que la beauté banale et répétitive d’un soleil qui se lève et se couche tous les jours. La quotidienneté! Colville, finalement, voit et peint ce que les autres n’ont pas vu. Être artiste, une question de vision!

 

Note :

 

1. On peut y voir bien des symboliques. Le train, machine d’acier,  peut ainsi être un symbole du capitalisme industriel remplaçant le capitalisme des artisans, symbolisé dans le cheval, plus libre. Mais, on peut aussi y voir les ultralibéraux abolissant les règles et courant librement comme le cheval, de front au capitalisme industriel, dans un clash à venir : celui du capitalisme financier, où spéculer devenait plus payant que de produire! Bref, « capitalisme contre capitalisme » comme le titre d’un livre de Michel Albert paru au Seuil (Points Actuels, 1991).   

 

DOMENICO FONTANA : ENGINEER, ARCHITECT, URBANIST 

Suisse/2007/Betacam/couleur/50 min/italien s.-t. anglais 

 

Promenade à travers les principales réalisations, à Rome et à Naples, de l'architecte et urbaniste originaire du Tessin, Domenico Fontana (1543-1607), dont l'influence sur le développement urbanistique de Rome fut déterminante sous le pontificat de Sixtus V (1585-1590). Les gravures et les détails publiés en 1590 par Fontana dans son fameux ouvrage en deux volumes, Della trasportatione dell'obelisco Vaticano et delle fabriche di nostro signore Papa Sisto V fatte del cavalier Domenico Fontana, dédié à son protecteur le pape Sixte Quint, servent de fil conducteur au film. L'auteur y relate l'érection, par ses soins, de l'Obélisque sur la place Saint-Pierre, quatre ans auparavant, l'un des hauts faits d'ingénierie du XVIe siècle. Les œuvres de Fontana sont passées en revue et commentées par des spécialistes, notamment Claudio Strinati, surintendant des Musées de Rome, Maurizio Fagiolo, directeur du Centre d'études sur la culture et l'image de Rome, Paolo Portoghesi, architecte et spécialiste du baroque, Pietro Giovanni Guzzo, surintendant des fouilles archéologiques de Pompéi, et Paolo Mascilli Migliorini, architecte et professeur à l'Université de Naples. Parmi les réalisations de Fontana, on compte la chapelle Sixtine de la basilique Santa Maria Maggiore, la fontaine dell'Acqua Felice, le palais de Latran, la réfection des colonnes de Trajan et Antonina, la palais du Vatican et la bibliothèque pontificale à Rome ainsi que le palais royal de Naples.

 

Biographie

 

Né en Suisse italienne, Adriano Kestenholz est réalisateur indépendant et critique d'art. Il a fait des études de cinéma à l'Université Paris 8 et d'histoire de l'art à l'École des hautes études en sciences sociales, à Paris.

 

Filmographie

 

La toilette de Vénus (1988) ; Félix Vallotton (1988) ; La mano senza volto (1989) ; Adolfo Feragutti Visconti (1991) ; René Auberjonois (1992) ; Estatico Barocco (1994) ; L'isola dei morti (1996) ; Caspar Wolf : le straordinarie vedute delle api (1997) ; Camesi — le théâtre des signes (1997), 16e FIFA ; La Collezione (1998) ; Edoardo Berta (2000) ; Luigi Rossi : Tra Realtà e Simbolo (2000) ; Livio Vacchini : la salle polyvalente de Losone (2001), 20e FIFA ; Le geometrie della luce (2002) ; Carlo Maderno : L'émergence du baroque (2004), 24e FIFA ; Mosaici. Di Piazza Armerina (2005), 25e FIFA ; Wilfrid Moser : Treppen (2006).   

 

Commentaires de Michel Handfield

 

Cet architecte a notamment fait de grandes choses à Rome,  mais, moi, ce qui m’a intéressé, c’est de voir comment, en amenant l’eau  par ses fontaines, se développait un quartier tout autour. De quoi parler d’urbanisation.

 

GELUCK, L'HOMME À LA TÊTE DE CHAT 

France/2008/Betacam/couleur/51 min/français 

 

En 2008, Le Chat fête ses 25 ans. Créé en 1983, Le Chat de Philippe Geluck (né à Bruxelles en 1954) a conquis la notoriété : il s'affiche dans les grands quotidiens belges et français, il a été édité et publié dans plusieurs pays, exposé dans des musées. Il fait l'objet de conférences, d'une thèse universitaire. Il est courtisé par les publicitaires, sollicité pour les manifestations humanitaires. Sa silhouette massive s'affiche sur les abribus aussi bien qu'à la devanture des libraires. Il est partout, dans un musée de Lille, statufié sur une place de Belgique, invité-vedette du Salon du livre de Paris. Le film retrace l'ascension sociale du personnage créé par Geluck, sous ce double aspect qui fait son originalité : le dessin de presse et le dessin sociologique d'une part, la création graphique et la sémantique d'autre part. Les temps forts des 25 années du Chat sont également revisités : l'actualité et l'évolution de la société et du monde, vues par le Chat dans la presse écrite, les journaux télévisés, ou des archives issues de la collection personnelle de Philippe Geluck.

 

Biographie

 

Bérengère Casanova dirige la maison de production Équipage, fondée en 1990, qui conçoit et réalise, pour la télévision, de nombreux magazines, documentaires et émissions spéciales essentiellement dans le domaine de la culture, des événements internationaux et de la géopolitique.

 

Filmographie

Amadou Hampâté Bâ ; Voyages d'Orient ; Soha Arafat ; Tosca ; Robert Carsen, un faiseur de rêves ; Québec-Vancouver, voyage chez les cousins canadiens ; les magazines télévisés Du côté de chez Bernard, Double Je, Bouillon de culture et La Grande Librairie. 

 

Commentaires de Michel Handfield

 

Le Chat a commencé  sa carrière en mars 1983 dans le supplément week-end du Soir. En 1986 il est passé à l’album chez Castermann. Mais, amuseur ou philosophe, le chat? Il est Belge! Ailleurs, il aurait été autrement,  car rire de tout est belge. Peut être un peu québécois aussi dirais-je!

 

Perso, le l’ai connu dans La Presse et j’ai deux albums du chat dans ma bibliothèque avec Malfada, car il attaque les opinions, les clichés et le pouvoir! Peut être moins politique que Malfada, mais d’une ironie qui fait réfléchir. « Chat emblématique de la sagesse, jamais imbécile, toujours philosophe. Le chat épingle toujours l’absurdité » nous dit Michel Onfray. Je ne puis qu’être d’accord. Il est ironique et intemporel comme certains philosophes de la cité l’étaient. Longue vit au chat, ouvrage philosophique de notre temps de l’image.  

 

Hyperlien :

 

http://www.geluck.com/

 

HITLER'S HIT PARADE 

Allemagne/2003/Betacam/couleur, n. et b./75 min/sans dialogue 

 

Entrechoquant les grands succès de la culture populaire du IIIe Reich et les atrocités du régime nazi, cette brillante compilation tente de décrypter les techniques de propagande qui ont été utilisées pour livrer une explication partielle de l'énigme du soutien des masses allemandes à Adolf Hitler. Extraits de comédies musicales, images d'actualités, films de propagande, films de famille, réclames publicitaires et dessins animés du IIIe Reich illustrent le faux idéalisme qui caractérise l'ascension des nazis au pouvoir et démontrent comment ils se sont servi du divertissement pour promouvoir une idéologie meurtrière et entretenir l'illusion de la normalité. Le film est structuré en chapitres thématiques, chacun accompagné d'une chanson et introduit par de grands titres dans le style de l'époque. Loin d'adopter une approche distancée, il incite le spectateur à appréhender de l'intérieur l'univers nazi et le force à s'interroger sur l'attitude qu'il aurait adoptée en pareilles circonstances.

 

Biographie

 

Oliver Axer est auteur, réalisateur et designer. Il est directeur de Deutsche Moderne, une galerie consacrée au design allemand des années 1925 à 1940 et également un label de disques. Susanne Benze détient une maîtrise en histoire et en philosophie de l'Université de Hanovre, et est spécialisée dans l'antisémitisme, le national-socialisme et la musique du IIIe Reich.

 

Filmographie

 

Les refrains du nazisme (2004) 

 

Commentaires de Michel Handfield

 

Montage de films d’archives, de propagandes et de documentaires témoins de cette époque. Nous suivons la montée et la chute du IIIe Reich entre la joie forcée par l’idéologie dominante, notamment à travers les films de propagande du régime nazi, et le grincement de dents propre au peuple qui sent que c’en est fini, mais qui souffre en silence de voir l’agonie d’une utopie ainsi condamnée s’éterniser parce que la machine idéologique qui le gouverne est rôdée pour aller jusqu’au bout. On ne peut pas capituler, alors on doit souffrir tout en sachant que c’en est fini et que l’on ne fait que prolonger l’agonie pour la gloire d’un régime déjà mort, mais qui ne le sait pas encore. (1) Danse macabre alors!  

 

De plus, et c’est ce qui est le plus troublant, on saisit facilement que ce n’était pas l’œuvre d’un seul homme quand on voit toute cette organisation de l’horreur mise en place par le régime hitlérien,  notamment tous ces  trains qui vont vers les camps d’extermination. Il fallait plusieurs têtes pour monter une telle organisation, mais aussi la faire fonctionner. Une large partie du peuple était donc mise à contribution.

 

Je me demande, comme sociologue, comment ce système aurait pu réussir à faire tout ce mal sans une certaine acceptation sociale? En cachant ses fins peut être!  Mais, comment aurait-on pu duper ainsi tout un peuple? Par un excellent système idéologique; un contrôle parfait de l’information ou par un système de terreur? Un peu des trois je crois, à quoi s’ajoute une certaine forme de servitude volontaire (2); mi acceptation, mi obligation bien sentie d’une (large?) part du peuple!

 

Mais, si l’information peut être contrôlée à ce point, alors quelle est la force du peuple dans la démocratie, car le peuple ne contrôle pas les moyens d’informations et de communication? L’État et les entreprises, si! C’est dire que la démocratie est toujours à risque d’un détournement de sens ou d’un renversement. Et, qui en a les moyens? L’État, l’armée, les entreprises et les mafias! Ces groupes peuvent-ils déjà se servir de leurs énormes moyens pour nous contrôler en partie? Probablement, et peut être de plus en plus avec le retrait des États au profit du privé. (3) Avons-nous des contre-pouvoirs à leur opposer?  Probablement peu ou pas pris individuellement, sauf pour quelques personnes qui ont une tribune médiatique sur la base de leur popularité par exemple, mais peut être davantage collectivement. Pensons aux syndicats, mouvements sociaux et groupes alternatifs. Mais, faut-il que la population leur prête davantage attention. Il y a là des questions que nous devrions regarder de plus près et une conscientisation citoyenne à faire. Personnes impliquées demandées pour sauvegarder la démocratie! Voilà à quoi m’a fait penser ce film.  

 

Notes :

 

1. Voir le film « la chute » sur ce point. Nous en avons parlé dans Societas Criticus, Vol 7 no 1 (2005).

 

2. La Boétie, 1995 [1576], Discours de la servitude volontaire, Mille-et-une-nuits.

 

3. Je pense ici au film « La Question Humaine ». Dans le  Vol 9 no 7 (12 septembre – 29 octobre 2007) de Societas Criticus j’écrivais :

 

« J’allais voir un film sur le travail, j’ai vu un film sur la psychologie d’humains qui ont été élevés sous le  nazisme, ou suite à celui-ci, et qui en ont intégré une part sans en être conscients. Des parallèles intéressants peuvent d’ailleurs être tirés sur les façons de faire dans l’entreprise, mais aussi dans la vie. »

 

MAESTRO: PORTRAIT OF VALERY GERGIEV 

États-Unis/2008/Betacam/couleur/56min/anglais 

 

Défenseur infatigable de la riche tradition musicale russe, le dynamo russe Valery Gergiev, la cinquantaine rayonnante, est le chef d'orchestre le plus sollicité de l'heure : directeur général et artistique du légendaire Théâtre Mariinski de Saint-Pétersbourg, réorganisé sous sa tutelle ; chef principal de l'Orchestre symphonique de Londres ; premier chef invité du Metropolitan à New York ; directeur musical à l'Orchestre philharmonique de Rotterdam ; et fondateur et directeur artistique principal du Festival des nuits blanches de Saint-Pétersbourg et du Festival de Pâques de Moscou. En grande forme, Gergiev partage son temps entre les répétitions, les concerts et son exigeant travail d'administrateur du Théâtre Mariinski, un planning extrêmement chargé de direction d'orchestres, de Londres à New York, entre autres grandes capitales. Le maestro évoque sa manière spontanée d'aborder les répétitions, pourtant soigneusement préparées, son action internationale en faveur de ses musiciens et du répertoire russe, et son étroite association avec des personnalités influentes de son pays.

 

Biographie

 

Chef d'orchestre et réalisateur, Allan Miller a produit et réalisé plus de 35 films pour la télévision. Il a réalisé la transmission télévisuelle de plusieurs concerts ainsi que des émissions spéciales sur des orchestres majeurs.

 

Filmographie

 

From Mao to Mozart — Isaac Stern in China, 3e FIFA ; Music for the Movies ; Bowing Out ; Itzhak Perlman — Fiddling in the Future ; I Have Nothing to Say and I am Saying It (1990), 9e FIFA ; Zhao Jiping (1996), 16e FIFA ; The Making of Turandot in the Forbidden City (1998), 18e FIFA ; In Search of Cézanne (2002), 21e FIFA ; Perlman in Shanghai (2002) ; Boats Like Sails (2002), 22e FIFA. 

 

Commentaires de Michel Handfield

 

La musique, c’est vivant. Mais, un orchestre, c’est un atelier qui produit du son; un atelier qui fonctionne selon une organisation taylorienne : chacun sa partition du travail! Le chef, lui, orchestre le travail des créateurs individuels  en un tout qui prend sens: une union sonore qui donne une expérience sensorielle extraordinaire à des auditeurs. Cette expérience, c’est la musique! Le tout me fait penser aux temps moderne de Charlie Chaplin! Peut être une façon hors de l’ordinaire de voir ce film, mais cela m’est apparu très clairement. Voilà pour le travail d’orchestration du chef. Mais, il y a plus. 

 

En effet, il y a un énorme travail de relations publiques de la part du chef d’orchestre. Il est comme un manager qui doit défendre son entreprise. Par exemple, il doit trouver des fonds auprès de fondations et des gouvernements pour que son orchestre survive. Voyager et rencontrer des mécènes. Cela prend du temps. Ce n’est pas un travail de tout repos. C’est à croire que la récompense est de jouer devant les spectateurs…

 

        Un film fort intéressant, surtout si vous aimez la musique classique et que vous avez déjà assisté à une représentation d’un concert symphonique.

 

SHOPPING À LA FOLIE  / MALLS R US 

Canada/2008/Betacam/couleur/78 min/anglais s.-t. français 

 

Qu'ont en commun Al Gore, la Tour de Babel, la science-fiction, les cathédrales gothiques, les artichauts et les montagnes russes ? Ils se retrouvent dans Shopping à la folie, un film qui pose un regard sur l'une des plus populaires institutions nord-américaines : les centres commerciaux... Faire du shopping dans les centres commerciaux est devenue une activité banale et quotidienne. Mais que cache aussi cette réalité ? Mêlant nostalgie, ambition architecturale, culture pop et politique, le film décode l'univers des centres commerciaux, reflet de notre mode de vie, à travers leur histoire, leurs choix architecturaux, parfois démesurés, leur aspect social, leur recours à la culture populaire et leur dimension politique. Il nous entraîne de l'Amérique du Nord, berceau des « malls », jusqu'à leur équivalent en Pologne, au Japon, en Inde et à Dubaï. Analyse inattendue d'un phénomène étonnant qui a transformé notre mode de vie.

 

Biographie

Diplômée de la Nova Scotia School of Art and Design, Helene Klodawsky est productrice, réalisatrice et scénariste indépendante depuis plus de vingt ans. Ses films ont été primés à maintes reprises dans des festivals internationaux.

 

Filmographie

Love's Labour (1986) ; Portraits de notre temps : Sue Coe et son œuvre (1986), 5e FIFA ; Des armes et des larmes (1988) ; Pas le temps d'arrêter (1991) ; Motherland: Tales of Wonder (1994) ; Si jamais... Un portrait de Judith Merrill (1998), 17e FIFA ; In Search of Lucille (2000) ; Partition pour voix de femmes (2001) ; À toi pour toujours (2002) ; No More Tears Sister: Anatomy of Hope and Betrayal (2004) ; Family Motel (2007). 

 

Commentaires de Michel Handfield

 

Acheter, c’est être! Voilà ma première réflexion.

 

Le religieux et le sacré, c’est le partage de mêmes valeurs qui s’incarnent dans la communion. C’est la même chose pour la consommation : le shopping devient une expérience collective entre personnes qui partagent les mêmes valeurs : je suis ce que je projette et j’achète pour projeter l’image de ce que je veux paraître! Comme à l’église autrefois, où on s’habillait pour être vu! Mais, la symbolique religieuse va plus loin encore : dans l’architecture, avec l’eau (les fontaines), la vie (les arbres), la lumière (les puits de lumière) et des plafonds hauts comme des cathédrales parfois. Le centre d’achat est un temple  fait pour conserver les fidèles de la consommation le plus longtemps possible entre ses murs, mais aussi pour les ramener le plus souvent possible en son sein. Si on n’a pas d’achats à faire… on ira prendre un café au centre d’achat! On y voit du monde et on s’y fait voir. Dans certains cas c’est même l’endroit où les jeunes doivent être vus! Dans mon adolescence, les années 1970, on allait à la Place Alexis Nihon. (1) Mais, qu’y cherche-ton? Le bonheur, que ce soit par la consommation ou les rencontres. On y va pour acheter, se faire voir ou briser la solitude!  

 

Dans plusieurs cas  le centre d’achat devient un genre de centre ville, surtout dans les banlieues  et les quartiers périphériques, avec ses magasins, cinémas, restaurants et cafés terrasses… sur le mail! C’est la nouvelle place publique, lieu de rencontre de la communauté. Certains centres commerciaux jouent là-dessus en fournissant des espaces communautaires et parfois des lieux de culte.  Ils se disent un lieu public, mais ce n’est qu’illusion, car ils sont très privés. La sécurité y est d’ailleurs très présente. Essayez de filmer ou de photographier dans un centre commercial pour voir...

 

Ce film nous montre donc des centres d’achats existants, d’autres en construction, mais aussi des centres en désuétude, qui sont abandonné parce qu’un nouveau centre commercial ou multifonctionnel, plus gros et plus moderne, à ouvert à quelques km de là. Des temples à la consommation qui se dégradent en attendant d’être démoli, car il n’est pas vrai que tous peuvent survivre avec cette prolifération. Tôt ou tard il y en a qui ferment dans l’indifférence, car ils ont été délaissés par les marchands du temple et les consommateurs. (2) Ce qu’il y a de plus triste, c’est que des commerces de proximité sont aussi fermés, avec la complicité des gouvernements, au profit de nouveaux temples de l’hyperconsommation. Mais, cela a des conséquences pour les citoyens. Des hausses de prix sans nécessairement apporter une amélioration de la qualité du produit ou du service. On voit même un exemple du contraire en Inde, où les consommateurs y perdent au change.

 

L’intérêt majeur de ce film est qu’il offre une optique mondiale du centre commercial, ce qui est fort instructif et moins ethnocentriste qu’un film tourné exclusivement sur le cas États-Uniens, Français ou Canadien par exemple. On y apprend donc beaucoup. J’ai même appris l’existence d’un projet à quelques km de Montréal : celui du lac Mirabel (3), qui se voudrait un paradis! Oui, mais un paradis artificiel créé dans le but de faire consommer. L’enfer, n’est-il pas pavé de bonnes intentions?

 

Notes :

 

1. www.placealexisnihon.com/fr/

 

2. A ce sujet voir le site www.deadmall.com

 

3. http://www.lacmirabel.com/

 

ZORA NEALE HURSTON: JUMP AT THE SUN 

États-Unis/2008/Betacam/couleur, n. et b./90 min/anglais 

 

Flamboyante, scandaleuse, imprévisible. Écrivaine, première anthropologue noire des États-Unis, historienne du folklore noir afro-américain et des traditions ethniques, fille d'un ancien esclave, Zora Neale Hurston (1891-1960) est l'une des figures les plus illustres et les plus controversées du mouvement de la Renaissance de Harlem, dans l'entre-deux-guerres. Elle collabora avec le poète et dramaturge Langston Hughes avec qui elle fonda la revue Fire !!, fut vivement critiquée par l'écrivain Richard Wright et par l'intelligentsia masculine noire, qui lui reprochèrent son absence d'engagement politique, et finit ses jours dans la pauvreté et l'anonymat. Considérée aujourd'hui comme une pionnière de la littérature afro-américaine, elle fut redécouverte par la romancière Alice Walker. Des œuvres comme Their Eyes Were Watching God (Une femme noire), un classique, premier roman explicitement féministe de la littérature afro-américaine, et Dust Tracks on a Road (Des pas dans la poussière) sont aujourd'hui des références essentielles. Le film comprend des archives inédites du Sud rural et des entretiens avec Alice Walker, Dorothy West, Henry Louis Gates Jr., Maya Angelou et des proches de Hurston ainsi qu'une entrevue de l'écrivaine pour la radio qui date de 1943, reconstituée par l'actrice Kim Brocklington.

 

Biographie

À la fois producteur, réalisateur et monteur de longs métrages ainsi que de films et de vidéos pour la télévision, avec plus de 30 ans d'expérience, Sam Pollard enseigne également les études cinématographiques à la Tisch School of the Arts de la NYU. Il collabore régulièrement avec le réalisateur Spike Lee comme monteur et producteur.

 

Filmographie

 

Eyes on the Prize II : America at the Racial Crossroads (1989) ; I'll Make Me A World : Stories of African American Artists and Community (1997) ; The Rise and Fame of Jim Crow (2002).    SÉANCES 

 

Commentaires de Michel Handfield

 

Zora Neale Hurston a silloné une partie des États-Unis, surtout le Sud, pour enregistrer (sauvegarder) la culture folk. On plonge ici aux racines  de l’ethnométhodologie et des « cultural studies » avec cette femme, première anthropologue noire des États-Unis, qui pouvait parler tant avec la femme des bayous que la plus bourgeoise des bourgeoises de Washington, car elle pouvait passer du dialecte des masses au plus bel anglais bourgeois!

 

Une intellectuelle rebelle, qui a fait de la recherché sur la culture Voodoo, a gagné sa place dans la littérature et a fait du journalisme, mais qui est morte dans la pauvreté et l’anonymat. Un film qui la fait redécouvrir pour le plus grand bien des jeunes générations qui ne l’ont pas connu et pour la rappeler à ceux qui l’ont connu. Un film qui la replace dans l’histoire des sciences humaines et de son pays. Un film que j’ai apprécié comme j’ai étudié en sociologie.

 

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Bilan de notre 4e édition du Festival de films sur les droits de la personne de Montréal!

 

Michel Handfield, 21 avril 2009

 

- Nous avons remarqué un public plus nombreux aux représentations auxquelles nous avons assistés;

 

- Faces, de Gérard Maximin, a remporte le Prix du public;

 

Le Grand prix du documentaire fut décerné à Rodrigo Vazquez pour Child Miners;

 

- Finalement, le grand prix du premier Concours de photoreportages sur les droits humains, organisé par Anthropographia, fut décerné à Christophe Chammartin, pour Prison de plastique. Voir : http://anthropographia.org/concours/eng/info.html

 

Les films que nous avons retenus :

 

8

Pray the Devil Back to hell

Témoins indésirables

Birmanie, la révolution par l’image

Journalist

Faces (face 2 face)

 

 

Quelques films vus au festival accompagnés de nos commentaires:

 

8 (www.8themovie.com)

France – 100 min, Doc/ Fiction, Multilingues, S.-T.F.

 

Réalisé par Jane Campion, Gael Garcia Bernal, Jan Kounen, Mira Nair, Gaspar Noé, Abderrahmane Sissako, Gus Van Sant et Wim Wenders, et produit par Lissandra Haulica et Marc Oberon

 

En septembre 2000, 191 gouvernements se sont engagés à réduire de moitié la pauvreté dans le monde d’ici 2015. Ils se sont fixé 8 objectifs : Les Objectifs du Millénaire pour le Développement. « La décision la plus audacieuse prise par l’humanité » a déclaré Muhammad Yunus, récipiendaire du Prix Nobel de la paix en 2006. À mi-parcours de ces objectifs, l’urgence se faisant sentir, huit cinéastes de renom se sont mobilisés pour partager leur vision de ces enjeux fondamentaux. Mis en œuvre par les producteurs d’LDM Productions, Lissandra Haulica et Marc Obéron, 8 désire sensibiliser l’opinion publique à la nécessité d’agir et est destiné aux dirigeants politiques afin qu’ils n’oublient pas leurs engagements.

 

Objectif 1 : Éradiquer l’extrême pauvreté et la faim

Le rêve de Tiya d’ABDERRAHMANE SISSAKO (Fiction tournée à Addis-Abeba, Éthiopie)

 

Objectif 2 : Assurer l’éducation primaire pour tous

La lettre de GAEL GARCIA BERNAL (Fiction tournée à Reykjavik, Islande)

 

Objectif 3 : Combattre le VIH /SIDA, le paludisme et d’autres maladies

SIDA de GASPAR NOE (Documentaire tourné à Ouagadougou, Burkina Faso)

 

Objectif 4 : Promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes

How Can It Be ? de MIRA NAIR (Fiction tournée à Brooklyn)

 

Objectif 5 : Assurer un environnement durable

The Water Diary de JANE CAMPION (Fiction tournée à Cooma, Australie)

 

Objectif 6 : Réduire la mortalité infantile

Mansion on the Hill de GUS VAN SANT (Fiction tournée à San Francisco)

 

Objectif 7 : Améliorer la santé maternelle

L’histoire de Panshin Beka de JAN KOUNEN (Fiction tournée en Amazonie péruvienne)

 

Objectif 8 : Mettre en place un partenariat mondial pour le développement Person To Person de WIM WENDERS (Fiction tournée à Berlin)

 

Commentaires de Michel Handfield

 

        Ce film est à la fois intéressant et inégal de par sa nature, car tous les films ne viennent pas nous chercher de la même façon. Ce sont en effet 8 courts métrages fait par des réalisateurs différents et portant chacun sur un des objectifs du millénaire pour le développement (http://www.un.org/french/millenniumgoals/). Chacun de nous, n’ayant pas les mêmes sensibilités, sera alors touché de façon différente par chacun de ces films. C’est ainsi qu’en parlant avec un autre journaliste, il nous était facile de voir que nous n’avions pas du tout accroché sur les mêmes choses, ce qui est tout à fait normal pour ce genre d’essai cinématographique. Pour ma part j’ai bien aimé les films suivants dans cet opus (par ordre numérique):

 

 

Objectif 2 : Assurer l’éducation primaire pour tous : La lettre de GAEL GARCIA BERNAL (Fiction tournée à Reykjavik, Islande). La réflexion de l’écolier qui dit « Pour réduire la pauvreté, il faut partager la richesse, mais les gens n’aiment pas partager » dit tout de la crise actuelle.

 

Objectif 3 : Combattre le VIH /SIDA, le paludisme et d’autres maladies. SIDA de GASPAR NOE (Documentaire tourné à Ouagadougou, Burkina Faso). Comme pour  tous les problèmes de santé, il y a un problème d’argent pour les soins, mais aussi un problème de conscientisation et d’éducation : faire le test et utiliser le condom. « Il faut changer parce qu’on se contamine » dit le sidatique qui est au centre de ce film. Mais, notre homme dit aussi, vers la fin, que «  la bible interdit ça » et que « la religion m’a sauvé! » On tombe alors dans l’idéologie religieuse. Pas loin du pape tant décrié récemment pour ses déclaration concernant … le condom en Afrique! (1)

 

Objectif 5 : Assurer un environnement durable. The Water Diary de JANE CAMPION (Fiction tournée à Cooma, Australie). L’environnement, mais surtout le problème de l’eau avec la surpopulation et la  surconsommation. La sécheresse se fait sentir. Il faut des solutions immédiates dans certains coins du monde. On a alors recours à la pensée magique, comme le chant de la pluie! Il faudrait plutôt changer des comportements. La crise économique actuelle pourrait en offrir l’occasion, mais on semble vouloir revenir à ce qu’il en était avant sans trop changer. C’est ainsi que l’on parle de soutenir l’industrie automobile plutôt que d’investir dans les transports collectifs, incluant le transport de passagers par trains, par exemple. Mais, comme si on n’avait pas encore compris l’importance de l’environnement, l’économie redevient notre préoccupation principale avec la crise actuelle alors qu’elle pourrait être une occasion de changements structurels et comportementaux.    

 

Objectif 8 : Mettre en place un partenariat mondial pour le développement. Person To Person de WIM WENDERS (Fiction tournée à Berlin). On voit des manifs contre le G8, prédétermination de ce qui est arrivé dernièrement au G20 (Londres) et au sommet de l’OTAN de  Strasbourg (2), car le peuple n’est pas content de ses dirigeants et de son élite économique. En temps de crise, où les petits écopent, les gros se voient montrer la porte avec des bonis astronomiques ou reçoivent de l’aide des États pour remettre à flot les entreprises qu’ils ont eux même menés dans les récifs de la spéculation par leur désir effréné de rendements à court terme et leur vision à courte vue! Ce sont de nouvelles façons de faire qu’il faut. Des façons que les médias montrent peu.

 

Prenant l’Afrique en exemple (3) Wim Wenders plaide pour un partenariat entre les nantis et les moins nantis pour améliorer le développement à partir d’un outil tout simple : le microcrédit mis en place par le Bangladeshi Muhamat Yunus. Si on veut, on peut! « Keep the promesse! » chante Bono à la fin du film et tel est le message de  Wim Wenders, notamment aux communicateurs des médias qui insistent trop souvent sur le fait divers ou la casse qui arrivent toujours dans ces grands événements que sont les sommets économiques et politiques plutôt que sur le message ou l’initiative la plus importante; celle qui appelle un réel changement de perspective, car les altermondialistes ont aussi des choses à dire; des solutions à proposer. Mais, on en parle peu, préférant montrer des images sensationnalistes de jeunes affrontant la police. C’était mon film préféré, car il montre comment l’information officielle peut devenir  désinformation alors qu’avec un simple changement d’angle elle pourrait devenir de la meilleure information. (4) Une chance qu’il y a parfois des blogues et des médias alternatifs pour attirer l’attention sur autre chose, car les journalistes officiels ont eux aussi leurs lacunes ne leur en déplaise, eux qui s’en prennent aux blogueurs et aux médias alternatifs. 

 

Notes:

 

1. « Benoît XVI est par ailleurs entré sur un terrain controversé en déclarant que la distribution de préservatifs n'est pas une solution pour lutter contre l'épidémie de sida qui sévit dans le monde. Loin d'aider à contenir l'épidémie, cette pratique accroît, selon lui, le problème. » (www.radio-canada.ca/,  International / Cameroun : Benoît XVI critique l'usage du condom, Mise à jour le mardi 17 mars 2009. 

http://www.radio-canada.ca/nouvelles/International/2009/03/17/006-pape-afrique-cameroun.shtml

 

2. Il y a des vidéos sur le site du Nouveau parti anticapitaliste (http://www.npa2009.org/) dont nous avons écouté une entrevue du porte-parole, Olivier Besancenot, en podcast sur France Inter. C’était dans le cadre du 7/10  avec Nicolas Demorand que cette entrevue fut réalisée; émission du lundi 6 avril 2009 : www.radiofrance.fr/franceinter/em/septdix/  (Voir aussi http://www.radiofrance.fr/franceinter/video/invite)

 

3. Dans une « ligne » du film Wim Wenders parle de Berlin 1884 qui a fait basculer l’Afrique dans la pauvreté. Berlin 1884? Après avoir Googlé « Berlin 1884 », j’ai trouvé la  conférence de Berlin de 1884 où les puissances occidentales se sont partagées l’Afrique pour ses richesses. Cependant, comme ce partage n’a pas réglé les conflits entre ces puissances coloniales, ces conflits se sont exacerbés et expliquent en partie la première guerre mondiale (1914-1918). Voir Wikipédia, car  c’est le plus explicite sur le sujet:

 

http://fr.wikipedia.org/wiki/Conférence_de_Berlin

 

http://fr.wikipedia.org/wiki/Partage_de_l'Afrique#La_conf.C3.A9rence_de_Berlin_.281884-85.29

 

4. Comme il y avait certaines choses que je n’avais pu noter parfaitement, comme le nom de Muhamat Yunus, j’ai dû chercher longtemps. J’ai finalement trouvé l’info qui me manquait dans le texte de Bahia Allouache, Huit cinéastes se penchent sur les objectifs du Millénaire, 27/11/2008 sur RFI: www.rfi.fr/actufr/articles/107/article_75337.asp

 

Pray the Devil Back to hell

http://www.praythedevilbacktohell.com/v3/

 

GINI RETICKER - USA – 2007 – 72 MIN – DOC – ANGLAIS, S.-T.A.

 

Des femmes courageuses et visionnaires se regroupent pour exiger la paix au Libéria, nation déchirée par des décennies de guerre civile. Ce documentaire nous permet de revoir les expériences des femmes qui ont joué un rôle réel dans l’avènement d’une paix durable.

 

Commentaires de Michel Handfield

 

Le Libéria (1) fut fondé en 1847 par des anciens esclaves états-uniens. Il compte environs 3 millions d’habitants maintenant. Les « guns » y sont disponibles pour aussi peu que 25$. C’est dire que la mentalité de cowboy des États-Unis a suivit les fondateurs et est demeurée bien vivante sur cette terre d’Afrique. Mais, avec l’appât du gain que posent les ressources naturelles de ce pays, dont le diamant, et les conflits entre rivaux, le pays étant composé de plusieurs ethnies, cela a dégénéré. La situation en est devenue une de guerre civile au cours des années 1980. (2) Ethnicité, richesses naturelles, particulièrement le diamant, et libre circulation des armes sont toutes des raisons de poursuivre cette guerre entre différentes factions. Les hommes étant loin de penser la reconstruction sociale et politique du pays, les femmes ont décidé de prendre les choses en main.

 

Cela a commencé petit : faire prier pour la paix. Puis, cela a grandit : chrétiennes et musulmanes se sont unies pour faire des « sit in », grève du sexe (les hommes comprennent ça!) et de l’occupation politique pour que cet état de fait (guerre et manipulation) cesse, ce qui a réussit. C’est cette histoire que raconte ce documentaire plein d’espoir.

 

Notes :

 

1. http://fr.wikipedia.org/wiki/Libéria

http://www.tlfq.ulaval.ca/axl/afrique/liberia.htm

http://allafrica.com/liberia/

 

2. http://fr.wikipedia.org/wiki/Économie_du_Libéria

 

Témoins indésirables

http://www.temoinindesirable-lefilm.com/

JUAN JOSÉ LOZANO – SUISSE /FRANCE – 2008 – 90 MIN – DOC – ESPAGNOL, S.-T.F.

 

La Colombie demeure l’un des pays les plus dangereux au monde pour l’exercice du journalisme. Nous suivons pas à pas le travail du journaliste colombien Hollman Morris, récipiendaire en 2007 du Prix Human Rights Watch Defender, qui, par son émission de

télévision Contravia, se bat pour dénoncer la barbarie du conflit qui frappe son pays.

 

Commentaires de Michel Handfield

 

Le journaliste colombien Hollman Morris est un témoin en zone de conflit. , Il rapporte ce qu’il voit. Mais entre le devoir et le droit de le faire, il y a la police, l’armée ou les belligérants, ce qui le met en danger, car c’est un témoin indésirable. 

 

Dans ce documentaire on voit les militaires qui détruisent les champs de paysans qui font de la coca. Comme on n’a rien à leur offrir en échange, c’est leur moyen de survie que l’on détruit. Pire, on brûle leur vie, car on ne fait pas que détruire la coca, mais on vandalise aussi leur maison quand on ne les brûle pas tout simplement. Après, les  paramilitaires peuvent prendre le contrôle de la région et de la drogue, car elle continue à exister malgré ces actions. Y-a-t-il des liens? C’est ce sur quoi les journalistes peuvent enquêter ou, à tout le moins, questionner le gouvernement, d’où ce besoin de les éloigner, voir de leur faire peur pour qu’ils ne dérangent pas. L’état de droit n’existe pas dans ces coins reculés.

 

C’est pourtant le rôle du journalisme de faire entendre les victimes, ces voix étouffées, et de questionner l’ordre des choses qui n’est pas toujours ordonné!  Mais, ce journaliste, Hollman Morris, a vu sa vie bousculée et sa famille menacée. Il a besoin de gardes du corps pour sa famille, mais, en même temps, l’État le place sur liste des sympathisants criminels parce qu’il les défend dit-on! Pourtant, il fut récipiendaire du Prix Human Rights Watch Defender en 2007.

 

Comme il faut des journalistes libres pour favoriser la libre circulation de l’information et parfois le changement, peut être aime-t-on mieux tenir ces combattants de l’information à l’écart ou sous surveillance, car certains ont intérêt à ce que le système ne change pas,  surtout s’il sert bien leurs intérêts! De qui croyez-vous qu’il s’agit? De gens proche du Pouvoir peut être? Tous les moyens d’intimider ces journalistes deviennent alors légitime pour eux, même d’accuser les journalistes de collusion avec des criminels alors que c’est leur travail d’enquêter et d’informer sur ce qui se passe réellement sur le terrain. Des témoins indésirables!  

 

Hyperliens :

 

http://www.morrisproducciones.com/ 

http://www.contravia.tv/

 

Birmanie, la révolution par l’image

 

CLAUDE SCHAULI - SUISSE – 2007 – 26 MIN – DOC – FRANÇAIS

 

Un journaliste rapporte la répression violente qui a suivi ce qu’on croyait être la révolution en Birmanie. Il était en Norvège, aux côtés des exilés birmans qui ont alimenté les chaînes mondiales en images rares.

 

Commentaires de Michel Handfield

 

Democratic Voice of Brima, une radio et télé internet qui donne une vue terrain de ce qui se passe, mais à risque pour ses correspondants qui prennent des images « illégales » et les transmettent par internet. Ceci montre jusqu’où peuvent aller les nouvelles technologies. Si, d’un côté, elles incluent une logique qui leur est propre et que certains assimilent parfois à une forme d’impérialisme, de l’autre, elles permettent de passer les barrières physiques de la répression. Des images interdites captées par cellulaire peuvent ainsi se retrouver en ligne à la face du monde au grand dam des dirigeants totalitaires! Le journalisme comme activisme… surtout que les ondes passent à travers les murs!

 

Alors qu’ici trop d’élections nous fatiguent, ailleurs on descend dans la rue pour gagner ce droit à des élections libres et démocratiques. Une façon de remettre les pendules à l’heure et de nous rappeler que les élections ne devraient pas être perçues comme une perte de temps comme on semble le croire ici. Si les politiciens et les partis politiques que nous avons ne semblent pas à la hauteur, c’est peut être que nous, citoyens, ne nous impliquons pas assez dans les partis et les mouvements politiques et laissons cela à n’importe qui qui se donne le temps d’investir ces mouvements. Une porte ouverte aux professionnels de la chose publique, idéologues et lobbyistes des  entreprises et du crime organisée, qui voudrait investir ces lieux. Je vous laisse imaginer ce que cela pourrait donner un jour. Si vous imaginez qu’on a connu des scandales, vous n’avez encore rien vu!    

 

Hyperliens :

 

http://english.dvb.no/

http://www.dvb.no/

 

Journalist

 

ALEH DASHKEVICH - BIÉLORUSSIE – 2008 – 52 MIN – DOC –BÉLARUSSE, RUSSE, S.-T.A.

 

Défenseurs de la démocratie, les journalistes doivent souvent choisir entre peur et dignité, ce qui s’avère très difficile en Biélorussie, la dernière dictature d’Europe.

 

Commentaires de Michel Handfield

 

« Film me, I shoot you. » Ce n’est pas dit sur le ton de l’humour ici, ce qui donne le ton du film.

 

Être journaliste indépendant en Biélorussie, ce n’est pas seulement travailler pour un média indépendant des groupes de presse, mais du Pouvoir, car groupe de presse et Pouvoir sont liés! C’est courageux et dangereux, car si tu penses et que tu parles, c’est souvent un crime! En plus, ces journalistes sont peu payés pour ce qu’ils font, car leur journal n’est plus distribué dans le réseau officiel. Travailler par amour de l’information, voilà ce que c’est! Mais, c’est aussi le risque d’être interdit de travail, arrêté et battu! Parfois pire, car certains ont disparu et n’ont pas été revus. Quand l’on pense que l’on est au XXIe siècle, ce n’est pas partout. Certaines places sur la planète l’attendent encore ce XXI siècle surtout qu’ils n’ont pas encore franchit le siècle des lumières (XVIIIe siècle) dans bien des cas! Et il n’y a pas que la  Biélorussie dans ce cas.

 

Hyperliens :

 

http://www.eastsilver.net/taxonomy/term/158

http://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Lumières

 

Faces (face 2 face)

http://face2faceproject.com/

 

GÉRARD MAXIMIN – SUISSE /FRANCE /PAYS-BAS – 2008 – 75 MIN – FRANÇAIS, ANGLAIS, ARABE, HÉBREU, S.-T.A.

 

Pour montrer qu’au-delà de ce qui les sépare, Israéliens et Palestiniens se ressemblent suffisamment pour pouvoir se comprendre. Une impressionnante exposition de photos géantes d’Israéliens et de Palestiniens a été réalisée des 2 côtés du mur.

Récit d’une aventure donquichottesque.

 

Commentaires de Michel Handfield

 

Ce film a remporté le prix du public du Festival, ce qui n’est pas surprenant.

 

Ce que permet l’art quand il s’agit de créer des traits d’union entre les gens des deux côtés d’une frontière, ici le mur entre Israël et la Cisjordanie. (1) Des photos de juifs et de palestiniens prisent avec une focale 28 mm à 10 cm de la personne! Des gens qui ont accepté de jouer le jeu de cette image caricaturale comme une acceptation de leur vulnérabilité, surtout qu’on leur demandait de faire des mimiques. Mais, cela montre qu’ils se ressemblent en même temps, surtout une fois que les visages sont côte à côte des deux côtés du mur. La même race que politique et religion séparent…

 

Des gens de même métier affichés ensemble côte à côte! Un portrait ne va pas sans l’autre… sur le mur! La même exposition des deux côtés! Des figures qui font jaser des deux bords de la palissade aussi, car qui est le juif et qui est le palestinien? On ne sait trop; on prend même l’un pour l’autre! Pas surprenant, car il y a des centaines d’années, ils étaient peut être cousins ou frères. 41 personnes qui se sont prêtées à ce jeu qui fait sourire, mais qui, au-delà, lance un message de paix. Au-delà de la politique et de la religion, ces photos demandent quelle est la différence entre nous? Mais, on ne la voit pas!  A diffuser sur les ondes publiques.  

 

Note :

 

1. http://fr.wikipedia.org/wiki/Barrière_de_séparation_israélienne

 

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