Societas Criticus, Revue de critique sociale et
politique
On n'est pas vache…on est critique!
D.I. revue d’actualité et de
culture
Où la culture nous émeut!
Revues Internet en ligne, version archive pour bibliothèques
Vol. 11 no. 3, du 3 avril 2009
au 8 juin 2009
1999-2009,
10 ans déjà !
Cette revue est éditée à compte d'auteurs.
Pour nous rejoindre:
C.P. 182, Succ. St-Michel
Montréal (Québec) Canada H2A 3L9
Le Noyau!
Michel Handfield, M.Sc. sociologie (U de M), cofondateur
et éditeur;
Gaétan
Chênevert, M.Sc. (U de Sherbrooke), cofondateur et interrogatif de service;
Luc Chaput, diplômé de l'Institut
d'Études Politiques de Paris, recherche et
support documentaire.
Soumission de texte:
Les envoyer à societascriticus@yahoo.ca.
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"rtf" (rich text format) sans notes automatiques.
Societas Criticus, revue de critique
sociale et politique
Est ce que
la croyance est un droit?
L’action
bénévole… une bonne affaire!
La vitesse et ses limites au CCA
D.I., Delinkan Intellectuel, revue d’actualité et de culture
Deux nouveautés
Jazz dont nous avons assisté au lancement: Nathalie Renault, La chance;
André Leroux, Corpus Callosum
Cinéma et Théâtre (Ciné, Théâtre et quelques annonces
d’événements)
Deux films d’écoliers! (J’ai
tué ma mère de Xavier Dolan et La
belle personne de Christophe Honoré)
L’Angoisse érotique de DON JUAN
(Théâtre)
LUCIA DI LAMMERMOOR (Opéra)
UN BARRAGE CONTRE LE PACIFIQUE
Amadeus (Théâtre)
Mes Vues d'Afrique : Ça ment pas; Ceux
de la colline; L’absence; Mo’Better Blues; Paris à tout prix; Triomf; Dans
l’ombre d’une autre; Conclusion.
GHOSTS OF GIRLFRIENDS PAST / HANTÉ PAR
SES EX
Le Bal des actrices de Maïwenn
Documents à ne pas taire! (Notre
section documentaire)
We all fall down: The American Mortgage Crisis
Les
films que nous avons retenus :
DOMENICO FONTANA : ENGINEER, ARCHITECT, URBANIST
GELUCK,
L'HOMME À LA TÊTE DE CHAT
MAESTRO: PORTRAIT OF VALERY GERGIEV
SHOPPING À LA FOLIE / MALLS R US
ZORA NEALE HURSTON: JUMP AT THE SUN
Bilan de notre 4e édition du Festival de films sur les droits de
la personne
Les
films que nous avons retenus :
Birmanie,
la révolution par l’image
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Societas Criticus, revue de critique sociale
et politique
Est ce que la croyance est un droit?
Michel Handfield (8 juin 2009)
Depuis
plusieurs mois on débat de la religion à l’école comme étant un droit. On
croyait pourtant la question réglée avec la déconfessionnalisation des
commissions scolaires, en 1997, qui devinrent linguistiques. Cependant, la loi
laissait les écoles confessionnelles. (1) Ce ne sera qu’en 2005 que Québec
annoncera « qu'il n'y aura plus
d'enseignement religieux confessionnel à compter de l'automne 2008. » (2)
Un nouveau « programme d'éthique et
de culture religieuse » (3) prendra la place des anciens cours de
religion et de morale, mais obligatoire pour tous! (4) Les enfants seront
exposés à un topo généralisé des religions peu importe la foi de leurs parents.
Là, des parents diront leurs droits brimés, l’éducation de la foi étant leur
responsabilité. Mais, l’éducation
générale n’est-elle pas celle de l’école?
Attention, pour comprendre, il y a
au moins un a priori : la croyance religieuse, ce n’est pas un droit, mais
une liberté! L’article 2 de la Charte
canadienne des droits et libertés (5) et est très clair sur le sujet :
« Chacun a les libertés fondamentales suivantes :
a) liberté de conscience et de religion;
b) liberté de pensée, de croyance, d'opinion et d'expression, y
compris la liberté de la presse et des autres moyens de communication;
c) liberté de réunion pacifique;
d) liberté d'association. »
Quant à l’article 3 de la Charte des droits et libertés de la personne du Québec (6), il va
comme suit et est tout aussi limpide :
« Toute personne est titulaire des libertés fondamentales telles la
liberté de conscience, la liberté de religion, la liberté d'opinion, la liberté
d'expression, la liberté de réunion pacifique et la liberté d'association. »
La religion est donc une liberté.
Alors, comment juger de la place de l’enseignement religieux à l’école? Comme
pour les autres libertés et croyances tout simplement. Comparons!
Comme c’est de l’école dont on
parle ici, prenons une comparaison scolaire. Si on veut savoir comment
conjuguer un verbe en « er », comme aimer par exemple, on peut prendre
un verbe en « ir », comme finir, pour en vérifier la conjugaison. Ainsi « j’ai
aimer » sera « j’ai aimé » puisqu’on ne dit pas « j’ai
finir », mais « j’ai fini ».
Alors, sur l’obligation de l’enseignement religieux que certains
revendiquent, vérifions avec l’enseignement d’une autre croyance :
l’horoscope! Enseigne-t-on l’horoscope à l’école par exemple? Peut-on
s’absenter d’un examen parce que l’horoscope du journal nous dit un matin que
« le capricorne est mieux de ne pas
donner de réponses aujourd’hui »? Non! Pourtant, l’horoscope est une
croyance au même titre que la religion. Des leaders du monde d’aujourd’hui
consultent leur astrologue comme d’autres le curé. (7) Alors, l’une comme
l’autre s’équivalent. Mais, l’une comme l’autre ne devraient pas avoir un accès
privilégié à l’école puisque ce sont des croyances, pas de la science!
On ne devrait pas pouvoir empêcher
un enfant d’apprendre la science ou l’histoire parce que les parents croient
que la science est une invention romanesque; que Darwin est un « cave »; que la terre est plate; ou
que l’histoire va contre leurs croyances que la terre n’a que 10.000 ans! (8)
On ne devrait pas non plus poursuivre ce jeu religieux en enseignant la
religion ou l’éthique et la culture religieuse à l’école. Du moins, pas sous la
forme d’un cours consacré à cette seule matière. Ainsi, on ne heurte plus les
croyances, car on les met à leur place hors de l’école, et on instruit les
enfants.
Par contre, il n’est pas dit que
les enfants, vivant dans un monde de plus ouvert, ne doivent pas savoir de quoi
il s’agit en matière de croyances religieuses, que ce soit celles de leurs
parents ou des autres, car ces croyances ont un impact social et politique
important même dans un monde dit déconfessionnalisé. On le voit par les débats
qui traversent nos sociétés modernes que ce soit ici ou ailleurs. Il suffit de
regarder les nouvelles pour le comprendre. Comme on parle ici de croyances qui
ont influencé l’histoire et qui influencent encore la politique dans certaines
régions du monde, on devrait intégrer cela aux cours d’histoire et de
géographie, où cela aurait davantage sa place, car cela enlèverait la charge
religieuse et émotive qui demeure autour de ce terme de religion dans un
système qui se dit – et se veut – laïque et ouvert. (9) Quant à la partie
éthique et citoyenne on devrait faire un nouveau programme sur ce sujet :
Vie sociale ou Société 101 par exemple!
En conclusion, on ne peut brimer
le droit à l’éducation de l’enfant pour les croyances des parents, même si « Les parents ou les personnes qui en tiennent lieu ont le droit
d'assurer l'éducation religieuse et morale de leurs enfants conformément à
leurs convictions, dans le respect des droits de leurs enfants et de l'intérêt
de ceux-ci. » (10) Mais, il ne
faudrait pas oublier les derniers mots de cet article : « l'intérêt
de ceux-ci », ce qui ne va pas nécessairement avec les croyances des
parents. Ils doivent donc avoir une éducation plus large et neutre à l’école
qu’à la maison dans leur propre intérêt. Aux parents de leur enseigner des
balivernes s’ils le veulent, mais ils ne doivent pas imposer à l’école de les
enseigner à leur place ni les retirer du cursus éducatif au nom de ces
croyances, car ce ne sont que des croyances! Au moins, s’ils ont une bonne
éducation à l’école, ils pourront toujours choisir en connaissance de cause
plus tard. L’école doit former des citoyens, pas des crédules! Moi aussi j’ai
des croyances, mais j’ai aussi des doutes, car je suis conscient que ce ne sont
que des croyances. C’est ce qui fait que je mettrais cet avis sur toutes les
églises : « Attention, le
danger croit avec l’usage! » Comme pour la cigarette, car parfois la
religion peut devenir aussi nocive. C’est là qu’on voit la nécessaire
séparation de l’État et de l’église quelle qu’elle soit! Et cela commence en
éliminant l’enseignement religieux de l’école sans compromis, ce qui inclut de
mettre fin aux écoles confessionnelles même privées.
Notes :
1. Claude Gauvreau, Éthique
et culture religieuse à l'école (au sujet du livre de Georges Leroux,
« Éthique, culture religieuse,
dialogue », paru chez Fides), in Journal L'UQAM, vol. XXXIV, no 8 (7
janvier 2008) : www.uqam.ca/entrevues/2008/e2008-003.htm
2. Ibid.
3. Ibid. Pour connaître ce programme : www.mels.gouv.qc.ca/sections/ecr/pdf/EthiqueCultRel_Primaire.pdf.
5. http://lois.justice.gc.ca/fr/Charte/index.html
6. Charte des droits et libertés de la
personne : http://www2.publicationsduquebec.gouv.qc.ca/dynamicSearch/telecharge.php?type=2&file=/C_12/C12.HTM
7. « Politiques,
artistes, financiers, stars des médias, patrons... personne ne résiste à ces
gourous des temps modernes. A tort ou à raison? » Voilà la présentation de cet article étonnant de Marie Huret : «
L'étonnante influence des astrologues »
publié le 07/12/2000 dans l’express
et que nous retrouvons encore sur le site de cette revue : www.lexpress.fr/informations/l-etonnante-influence-des-astrologues_640693.html
8. Je suis convaincu, même, que certains parents auraient dû
avoir une meilleure éducation scientifique plutôt que religieuse. Les choses
n’en seraient que mieux!
9. La même chose est vraie de l’horoscope. Si un
personnage historique ou un homme politique avait un astrologue, c’est le cours
d’histoire que cela regarde. Si c’est un personnage contemporain qui est
reconnu pour avoir recours à ce genre de conseiller, c’est alors le cours de
géographie que cela concerne si on y parle de lui. Mais, on n’en fera pas pour
autant un cours sur l’astrologie pas plus qu’on devrait en faire un cours sur
la religion.
10. On ne retrouve pas cet article dans la charte
canadienne, car l’éducation est de compétence provinciale. C’est donc la charte
québécoise (voir note 5 pour la référence) qui devrait avoir préséance ici,
surtout que les deux chartes reconnaissent que la religion est une liberté de
croyance, pas un droit.
Hyperliens :
Historique de la déconfessionnalisation des écoles
québécoises (Source : Soleil - 18 mars
2006, page D-2) repris avec la permission du journal sur www.paroissendf.ca/Doc/060318_Sol-Deconfession.pdf
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L’action bénévole… une bonne affaire!
Michel Handfield
24 mai 2009
Du
19 au 25 avril dernier c’était la semaine d’action bénévole. (1) Nous l’avions
affiché sur notre page calendrier. A cette occasion nous avions été invité à
une conférence de presse des « bénévoles
d’affaires », mais nous n’en avions pas parlé, pris par d’autres
événements.
Comme
les artistes et artisans du milieu culturel sont souvent des entrepreneurs qui
s’ignorent et les entrepreneurs des artistes qui ne savent pas qu’ils le sont,
la Chambre de commerce a eu une initiative heureuse pour établir des liens
entre eux : faire un réseau pour mailler des gens d’affaires à des
artistes selon leurs besoins. C’est là une aide précieuse aux milieux
culturels. Pensons au théâtre qui voit un spécialiste du marketing ou du
financement rejoindre bénévolement son C.A. Cela apparaît fort intéressant et
mérite d’être souligné. Nous avons donc fait une rubrique « implication communautaire » sur
notre page Ressources,
où vous trouverez ce lien et d’autres qui s’y ajouteront avec le temps.
Mais,
la question que cela a soulevé au délinkan intellectuel que je suis est la
suivante : Est-ce que cela pourrait aussi être fait dans l’autre sens? Des
artistes pour aider les gens d’affaires – et parfois de la politique – car bien
des fois ces milieux auraient besoins de créativité artistiques! Ce serait
comme un petit « plus » qui pourrait les aider eux-aussi. Prochaine
étape peut être, ce qui s’insérerait très bien dans la suite du livre de Patricia Pitcher, « Artistes,
artisans et technocrates »
(1994, Montréal: HEC-Québec/Amérique) qui a pris de l’âge, mais n’a pas
vieilli tant que cela non plus. A suivre.
Note :
1. Voici les prochaines
dates :
18 au 24 avril 2010
17 au 23 avril 2011
15 au 21 avril 2012
Hyperliens :
Voir notre page Ressources :
www.societascriticus.com/ressources.html
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Michel Handfield, éditeur
de Societas Criticus
13 avril 2009
Cette nuit, vers 1 heure du matin, nous a quitté une
collaboratrice ailée qui se tenait souvent sur mon épaule, me mordant l’oreille
lorsqu’elle me trouvait dissipé devant mon ordinateur. 15 ans qu’elle
m’accompagnait, étant là quand je cogitais l’idée de faire Societas Criticus.
Informée, elle comptait parmi les auditrices de Radio-Canada, écoutait le
téléjournal, des émissions de sciences et des DVD choisit par l’éditeur. Elle
n’aurait pas coupé les budgets de la Société Radio-Canada ni à l’exportation de
la culture. Bref, elle aurait dû se mériter le droit de vote, car elle était
plus informée que certaines gens qui croient davantage aux histoires
religieuses et à l’horoscope qu’à la
science. (1) Ce n’est pas peu dire. Cela montre tout le chemin à parcourir pour
sortir d’un certain obscurantisme qui existe encore, surtout quand un oiseau
est plus informé qu’un ministre conservateur, soit le ministre d’État aux
Sciences et à la Technologie du Canada, Gary Goodyear, « qui refuse depuis quelques jours d'admettre
clairement que la théorie de Darwin sur l'évolution est la théorie qui explique
les formes de vie sur terre, laissant l'impression qu'il est plutôt
créationniste. » (2)
Qu’ajouter
à cela, sauf salut Bozo. Tu me manqueras dans ce monde où l’obscurantisme
religieux et conservateur passe comme un gros nuage au dessus de nos têtes.
Toi, tu étais un oiseau brillant. Je ne
peux en dire autant de certaines gens qui nous gouvernent. Si vous êtes un ou
une idéologue de Dieu ou politique, qui connaissez la bible sur le bout de vos
doigts, mais ne connaissez ni Marx, ni Diogène, passez votre chemin et ne
sonnez pas à ma porte pour me conter vos histoires, car vous écouter serait
faire injure à la mémoire de cet oiseau qui avait plus de savoirs que
vous.
Notes :
1. Moi aussi j’ai des
croyances, mais je suis conscient que ce sont des croyances. Alors, j’ai
toujours une certaine dose de doute et de scepticisme qui m’accompagne.
Parfois, je me demande si certains prophètes respectés de ma propre tradition
religieuse (catholique) ne seraient pas sous médication aujourd’hui, car ils
attendaient la voix de Dieu ou de ses anges aux endroits les plus insolites et
improbables, n’en déplaise aux fondamentalistes, même chrétiens. J’ai donc des
doutes, je suis de gauche, mais j’ai une certaine foi et je ne l’abdique pas,
car je ne peux me résoudre à laisser la foi aux seuls fondamentalistes et
idéologues de droite, trop sûrs d’eux et dangereux pour cette seule raison. Si
on a crucifié Jésus, c’est peut être qu’il était révolutionnaire. Ne disait-il
pas « aimez-vous les uns les autres » comme Marx dira plus tard « unissez-vous! »
2. Lina Dib de La Presse
Canadienne, Ottawa, Des communicateurs
scientifiques réclament la démission du ministre Goodyear, in
cyberpresse.ca, 19 mars 2009 : www.cyberpresse.ca/actualites/quebec-canada/politique-canadienne/200903/19/01-838280-des-communicateurs-scientifiques-reclament-la-demission-du-ministre-goodyear.php
Sur le même sujet, voici
une autre citation, du Devoir celle-là :
« Le
ministre d'État aux Sciences et à la Technologie, Gary Goodyear, ne devait pas
s'attendre à ce qu'une entrevue au Globe and Mail le plonge dans pareil
embarras. Cependant, en refusant de dire ce qu'il pensait de la théorie de
l'évolution parce qu'il considérait ne pas avoir à répondre de ses croyances
religieuses, ce fervent évangéliste et créationniste s'est retrouvé au cœur
d'une polémique. Une vraie tuile pour le gouvernement, qui tente de démontrer
que son budget ne néglige pas le soutien à la recherche. » (Manon
Cornellier, Revue de presse - Cocktail
explosif, Le Devoir, Édition du samedi 21 et du dimanche 22 mars
2009 : www.ledevoir.com/2009/03/21/240902.html)
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Index
Essais
La vitesse et ses limites au CCA
(Speed limits)
Du
19 mai au 12 octobre 2009
L'exposition traite de la place prépondérante
qu'occupe la vitesse dans la vie moderne, de l'art à l'architecture et à
l'urbanisme, en passant par les arts graphiques, l'économie et la culture
matérielle de l'ère industrielle et de celle de l'information. Elle souligne le
centième anniversaire du futurisme italien.
Jeffrey T. Schnapp, du Stanford Humanities Lab, est le
commissaire de cette exposition.
« La vitesse et ses limites » est une
exposition organisée par le CCA et la Wolfsonian-Florida International
University (Miami Beach)
Commentaires de Michel Handfield (26 mai 2009)
Je
parlerais d’une exposition qui fait réfléchir sur l’accélération. Mais,
pourquoi l’accélération? Accélérer pour accélérer ou pour gagner le temps de
vivre? Et, si on pouvait trouver une lenteur bienheureuse dans ce monde en
accélération! Bienvenue dans le paradoxe de la vitesse et de la lenteur. Quand
la Ferrari est prise dans le trafic, il est plus rapide de marcher ou de
pédaler, voire de bixier maintenant! C’est d’ailleurs ce que j’ai fait en
quittant cette exposition : j’ai essayé le nouveau bixi entre les stations
de métro Guy et Sherbrooke. Durée du trajet : 15 minutes! (Voir www.bixi.com)
J’étais
justement en retard à la conférence de presse parce que j’avais pris le temps
d’activer ma clef électronique bixi avant de quitter la maison. Après
l’exposition, j’ai par contre gagné du temps tout en faisant une balade
agréable au centre ville de Montréal. Gagner du temps pour mieux en disposer!
Paradoxe de la vitesse.
C’est
aussi sur ce paradoxe, qui nous suit tout au long de nos vies, que sont
construites l’organisation sociale et l’organisation du travail. Stress et
accident du travail sont dus à
l’accélération de la vie et de la production, ce dont nous nous plaignons tous.
Mais, en contrepartie nous demandons de plus en plus d’instantanéité dans nos
modes de consommation : télécharger le dernier tube de l’été ou lire le
Figaro (www.lefigaro.fr) sur le champ sans égard à la
distance! Ce n’était pas possible le 20 février 1909 quand « le Manifeste du futurisme » du
poète italien F. T. Marinetti est paru à
la une de ce journal! Vous pourrez cependant voir cette page du Figaro dans
cette exposition. Mais, si vous êtes pressé de la voir, elle est aussi
disponible sur l’internet! (1) Instantanéité!
Par
contre, cette vie où tout doit être rapide nous exige plus de productivité. De
plus, maîtriser ces technologies demande du temps, ce qui fait que la vie
moderne, même si elle semble nous faire gagner
du temps, en consomme aussi. Si elle nous laisse quand même un peu plus
de temps qu’autrefois, ce qu’elle demande en surplus, ne serait-ce que pour
seulement se tenir à jour, consomme de l’énergie, ce qui nous laisse parfois
trop fatigué pour prendre le temps de lire et d’écouter de l’information. Pour
décrocher, on préfère souvent la musique (2)
et des émissions comme « Star
académie »; l’humour; le sport; et le sulfureux, pour vivre par
procuration ce qu’on ne peut faire dans la vraie vie, d’où le succès
d’émissions comme et « Loft story
»!
Moins
informé, l’État s’occupe alors de gérer ses citoyens. Le peuple se divise ainsi en clients et, si certains
grognent un peu quand ils ne sont pas satisfaits, perd de sa force. Des clients
peuvent plus difficilement revendiquer qu’une masse de citoyens en colère!
Clients dans une démocratie qui n’en porte plus que le nom, nous sommes passés
à l’ère de la technocratie depuis les années 1970! (3) D’abord, technocratie
mixte entre l’État et les entreprises, puis, maintenant, une technocratie de
plus en plus privée, car même l’État a de plus en plus recours à l’entreprise
privée là où il était autrefois maître d’œuvre. (4)
De
plus, comme la majorité semble maintenant voir le système comme une
technostructure imposée de l’extérieur, il est de plus en plus difficile
d’avoir une implication citoyenne pour changer les choses. On laisse les questions importantes aux
technocrates, comme si elles nous dépassaient au point de n’être plus de notre
ressort, et on voit la participation électorale en baisse constante dans les
démocraties occidentales sauf exception d’un candidat plus inspirant que la
moyenne. Mais, les Barack Obama ne sont pas légion. Même les chefs d’État ont
pour la plupart ce réflexe. Les experts proposent et les États avalisent leurs
choix. Quelquefois seulement, ils en disposent! Cela se voit particulièrement
au niveau économique, où c’est la mondialisation et le marché qui dictent
l’ordre des choses aux États et au Politique! On veut tout simplement être géré
vite et bien pour faire autre chose!
Pourtant,
ces structures furent construites par des humains pour des buts particuliers en
un temps donné. Rien n’empêche de les modifier, de les changer ou de les mettre
au rancart s’ils ne répondent plus aux objectifs recherchés ou si ces objectifs
ont été atteints. Mais, on les a si souvent reconduits en fermant les yeux
qu’ils se sont plutôt cristallisés au point de devenir immuables, donc de
passer du mouvement, si lent soit-il, à l’arrêt! On ne parle même plus de
vitesse ici, mais d’immobilisme pur et simple. Sur ce point, je suis très
tourainien : la société doit se construire par elle-même. (5)
Nos
politiciens devraient justement être là pour
régulariser ces systèmes, incluant la mondialisation et le marché, et
non pas dire qu’ils n’ont pas le choix, ce qui laisse croire que ces systèmes
sont autonomes et autosuffisants, ce qui n’est pas vrai. L’économie n’est pas
dans un monde à part comme on nous la présente trop souvent. Cette excuse est
le signe que nos élites sont elles-mêmes
dépassées par ces systèmes. Alors, le simple citoyen, écrasé par cette
structure qu’il ne comprend pas, se cantonne dans son rôle de client, le seul
qu’il peut encore maîtriser. Son dernier refuge, la consommation lui faisant
oublier son impuissance! Ce n’est pas pour rien que la voiture sport ou le gros
camion étaient si populaire avant la crise, car c’étaient des symboles de
puissance, très « premier degré », pour s’illusionner face à une
impuissance bien réelle et sentie des citoyens face à l’économisme dominant.
Mais,
on ne peut tout mettre sur le compte des autres non plus, que ce soit la
politique, la société ou l’entreprise. Ils font ce qu’ils font pour
répondre en partie (car ils nous imposent
aussi certains choix par leur marketing et la limitation de l’offre) aux
demandes de leurs clients, donc nos demandes. Ainsi, l’entreprise qui en
demande plus à ses employés le fait peut-être pour répondre aux impératifs de
notre gestionnaire de REER à qui on a demandé une pension 5 ans plus tôt que
possible par exemple! (6) Faudrait que chacun de nous regarde ses demandes pour
voir quelle est sa part de responsabilité dans ce nouveau contrat social. (7)
Puis, s’il ne fait pas l’affaire, à nous de nous impliquer pour le faire
changer. Cela commence en choisissant pour quel programme politique nous
voterons; pas la face la plus télévisuelle! Mais, peut-être aimons-nous
mieux suivre le courant, car c’est moins
exigeant et « time consuming » que de lire les programmes qu’on nous
propose. Qui a d’ailleurs lu intégralement les programmes de tous les partis
politiques avant une élection, même les versions abrégées? Peu de
citoyens! Même moi, je n’ai pas le temps
de tout lire, car il y a surabondance d’informations. Mais, cela s’explique,
car les technocrates, pour conserver le pouvoir, savent qu’en noyant
l’information sensible dans plusieurs documents, elle risque de passer
inaperçue et de leur donner la liberté d’action qu’ils désirent. C’est
planifié. Cela aussi fait partie de la vitesse, car le bombardement
d’information à une vitesse folle comme nous la connaissons devient, par un
mouvement de renverse assez singulier, qui s’appelle la contre productivité
(8), de la désinformation. En effet, il vient un temps où nous nous bloquons à toutes informations pour
combattre la surinformation dont nous sommes victimes! On perd alors de
l’information sensible par le fait même d’être bombardé de trop d’informations.
On ferme le journal, on change de poste de radio et on va vers le divertissement télévisuel.
Finalement,
tout est dans le but de la vitesse : gagner du temps pour soi ou pour un
système de plus en plus exigeant?
« La vitesse et ses limites », une
exposition qui fait réfléchir, mais ne donne pas de réponses. J’appelle cela de
l’interactivité! D’ailleurs, parlant d’interactivité et de vitesse, j’ai envoyé
les dates de l’exposition sur mon « Facebook »
et mon « Twitter » alors
que j’étais encore à la conférence de presse. On ne parle plus de vitesse, mais
bien d’instantanéité à ce point!
Notes :
1. Reproduction de cette
page du Figaro dans le cadre d’une exposition au Centre Pompidou:
www.centrepompidou.fr/education/ressources/ENS-futurisme2008/images/xl/ouverture_catalog.jpg
2. Suffit de regarder le
nombre d’Ipod autour de nous pour le
comprendre, surtout que ce modèle n’a pas de radio intégrée. Mais, on peut
toujours écouter la balladodiffusion d’émissions d’informations avec ces
appareils. J’en conviens, puisque c’est ce que je fais. Je sais aussi que je ne
représente pas le courant majoritaire.
3. « Des sociétés d’un type nouveau se forment
sous nos yeux.
On les appellera sociétés post-industrielles si on veut marquer la
distance qui les sépare des sociétés d’industrialisation qui les ont précédées
et qui se mêlent encore à elles aussi bien sous leur forme capitaliste que sous
leur forme socialiste. On les appellera sociétés technocratiques si on veut les
nommer du nom du pouvoir qui les domine. On les appellera sociétés programmées
si on cherche à les définir d’abord par la
nature de leur mode de production et d’organisation économique. Ce
dernier terme, parce qu’il indique le plus directement la nature du travail et
de l’action économique me paraît le plus utile. »
(TOURAINE, Alain, 1969, La société post‑industrielle,
Paris: Denoël, coll. Médiations, p. 7)
4. A ce sujet, j’invite le
lecteur à lire « Le Devoir d'histoire - Élection municipale 2009: que
ferait Jean Drapeau? » de Richard Bergeron, Chef et fondateur de Projet
Montréal, diplômé en architecture et docteur en aménagement, paru dans Le
Devoir du samedi 9 et dimanche 10 mai
2009 : www.ledevoir.com/2009/05/09/249615.html.
Cet article se trouve aussi sur le site de Projet Montréal : www.projetmontreal.org/document/
5.
De Touraine, qui parle de la construction de la société par elle-même! Je pense
ici à :
TOURAINE, Alain, 1965, Sociologie de l’action, Paris: Seuil ;
TOURAINE, Alain, 1969, La société post‑industrielle, Paris: Denoël, coll. Médiations ;
TOURAINE, Alain, 1993 (1973), Production de la société, Paris: Le livre de
poche, biblio essais.
6. Je pense ici au discours
de Vincent Lemieux (François Papineau) dans Papa à la chasse aux lagopèdes (Long
métrage de fiction de Robert Morin / 91 min / 2008 / v.o.f.)
7.
Rousseau, Jean-Jacques, 1992 [1762], Du contrat social, France: Grands écrivains.
8.
Dans Némésis
médicale (1975, Paris: Seuil, coll. point) Ivan Illich définit la contre productivité
comme étant toute chose poussée à l’extrême à l’effet contraire à celui
recherché !
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D.I., Delinkan Intellectuel, revue d’actualité et de culture
Révisé le 21 décembre 2008
Dans
les commentaires cinés, de théâtres ou de spectacles, les citations sont
rarement exactes, car même si l’on prend des notes il est rare de pouvoir tout
noter exactement. C’est généralement
l’essence de ce qui est dit qui est retenue, pas le mot à mot.
Je
ne fais pas non plus dans la critique, mais dans le commentaire, car de ma
perspective, ma formation de sociologue, le film est un matériel et nourrit une
réflexion qui peut le dépasser. Certains accrocheront sur les décors, les plans
de caméra, le jeu des acteurs ou la mise
en scène, ce qui m’atteint moins. Moi, j’accroche sur les problématiques qu’il
montre et les questions qu’il soulève. Le film est un matériel sociologique; un
révélateur social, psychosocial, socioéconomique ou sociopolitique par exemple.
C’est ainsi que sur de très bons films selon la critique, je peux ne faire
qu’un court texte alors que sur des films décriés en cœur, je peux faire de
très longues analyses, car le film me fournit du matériel. Je n’ai pas la même
grille, le même angle, d’analyse qu’un cinéphile. Je prends d’ailleurs des
notes durant les projections de presse que je ne peux renier par la suite, même
si je discute avec des confrères qui ne l’ont pas apprécié de la même manière
que moi, Je peux par contre comprendre leur angle et je leur laisse.
J’encourage donc le lecteur à lire plusieurs points de vue pour se faire une
idée plus juste.
Peut
être suis-je bon public aussi diront certains, mais c’est parce que je prends
le film qu’on me donne et non celui que j’aurais fait, car je ne fais pas de
cinéma, mais de l’analyse sociale! (Je me demande parfois ce que cela donnerait
avec une caméra cependant.) Faut dire que je choisis aussi les films que je
vais voir sur la base du résumé et des « previews », ce qui fait que si je ne saute pas au plafond à
toutes les occasions, je suis rarement déçu aussi. Si je ne suis pas le public
cible, je l’écris tout simplement. Si je n’ai rien à dire ou que je n’ai pas
aimé, je passerai plutôt mon tour et n’écrirai rien, car pourquoi je priverais
le lecteur de voir un film qui lui tente.
Il pourrait être dans de meilleures dispositions pour le recevoir et
l’aimer que moi. Alors, qui suis-je pour lui dire de ne pas le voir? Une
critique, ce n’est qu’une opinion après tout. Une indication qu’il faut savoir
lire, mais jamais au grand jamais une prescription à suivre à la lettre. C’est
d’ailleurs pour cela que je fais du commentaire et non de la critique.
Michel Handfield, d’abord
et avant tout sociologue.
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Deux nouveautés Jazz dont nous
avons assisté au lancement
(Notes prises de leur site et de leur compagnie de disque)
Nathalie Renault, La chance (www.plages.net)
www.myspace.com/nathalierenault
La
première fois
Cet amour m'engage
La chance
Le blues de minuit
Quelqu'un t'attend
Moi-même
Ferme les yeux
Les oiseaux blessés
Doué pour la vie
Être belle
Vieillir
La chanson des vieux amants
La
pianiste et chanteuse Nathalie Renault nous présente «La Chance», onze
nouvelles chansons, un disque qu'elle a concocté avec Charles Papasoff qui
s'est mérité le Félix du réalisateur de l'année en 2004. Nathalie s'est entouré
de superbes musiciens tels Coral Egan, Sylvain Provost, Kevin Dean, et Richard
Gagnon. Auteure, compositrice et interprète de talent, Nathalie Renault est
fière de ses racines acadiennes. Son univers musical est bâti à la lumière de
sa passion et des émotions que porte sa voix aux parfums de pop et de jazz.
Celle que l'on considère comme la perle du paysage musical pop jazz actuel
partage sa créativité avec d'autres paroliers tels que Jules Boudreau, France
Bonneau et Patrick Gonzàlez. Les musiques portent toutes la signature Renault.
Elle est récipiendaire des prix Artiste féminin de l'année en 2003, de
l'Artiste jazz de l'année et du prix SOCAN au Gala de l'Association des radios
communautaires acadiennes du Nouveau- Brunswick (ARCANB) pour son album
précédent, Creuser des océans (2002). Nathalie a parcouru le Québec, le
Nouveau-Brunswick et l'Europe au cours des dernières années. Elle a partagé la
scène avec Laurence Jalbert, Pierre Flynn, Philippe LaFontaine, Louise
Forestier, Claude Léveillé et Daniel Bélanger. Une interprétation marquante de
La chanson des Vieux Amants de Jacques Brel boucle avec inspiration cette suite
de délices auditifs. Saisissiez la chance!
Les musiciens :
Nathalie Renault :
Piano, Voix et chœurs
Charles Papassoff :
Sax soprano/ sax ténor / flûte traversière / Guitare « Doué pour la
vie »
Karl Surprenant :
Contrebasse
Alain Boyer : Batterie
Kevin Dean :
Flugelhorn / trompette
Richard Gagnon :
Trombone
Sacha Daoud :
Percussions
Guillaume Bourque :
Clarinette
Sylvain Provost :
Guitare « La chance, Cet amour m’engage et Doué pour la vie »
Coral Egan : Guitare
« Quelqu’un t’attend »
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André Leroux, Corpus Callosum (www.effendirecords.com)
Speed
Machine
Sa Ka Vin
Big
Black Bird
All
of Them
Elvin's
Mood
Ode à John
Cadenza for Nationz
Offertoire
''Ce premier disque est le résultat de la rencontre de vieux amis musiciens qui partagent avec moi cette même passion pour le jazz. Durant trois jours de retraite fermée, dans un lieu merveilleux et propice à la creation, l'oeuvre entière s'est révélée à nous dans un crescendo d'intensité; une veritable thérapie de groupe où nos instincts les plus refoulées ont été libérés...
Apres avoir commémoré l'oeuvre de John Coltrane (1926-1967) pendant deux ans, nous avons voulu rendre hommage à l'esprit de sa musique à travers nos compositions.''
André
Les musiciens :
André Leroux: Saxophones
ténor & soprano, flûte, clarinette basse
Frédéric Alarie :
Contrebasse
Normand Deveault:
Piano
Christian Lajoie :
Batterie
Alain Labrosse: Percussions
---
Lorraine Desmarais, Big Band (Analekta: AN 2 9869)
La
pianiste de jazz et compositrice Lorraine Desmarais est reconnue aux États-
Unis, en Europe en Asie et en Afrique pour ses prestations
en solo, en trio et avec big band. Elle s’est également produite avec plusieurs
orchestres symphoniques dont l’Orchestre symphonique de Montréal, l’Orchestre
Métropolitain du Grand-Montréal, l’Orchestre symphonique de Laval et l’Orquesta
Sinfonica de Galicia, en Espagne.C’est en 1984 qu’elle a pris son envol sur la
scène du jazz au pays alors que le Festival International de jazz de Montréal
lui décernait un premier prix. Elle compte maintenant à son actif neuf albums
de compositions originales, incluant parfois quelques standards de jazz.
Compositeur: Desmarais,
Lorraine
Interprètes: Lorraine
Desmarais, piano et chef; Frédéric
Alarie, contrebasse; Camil Bélisle, batterie.
Et le Lorraine Desmarais
Big Band :
Basse : Bob Ellis;
Saxophones :
Jean-Pierre Zanella, alto & soprano (solo); David Bellemare, alto; André
Leroux, ténor; Richard Beaudet, ténor;
Jean Fréchette, baryton
Trompettes : Jocelyn
Couture (solo); Ron Di Lauro; Jocelyn Lapointe; Aron Doyle, flugelhorn;
Trombones : Muhammad
Al-Khabyyr (solo); Dave Grott; Richard Gagnon
Commentaires de Michel Handfield (17 avril 2009)
D’abord,
au moment du lancement j’ai mis quelques impressions en ligne sur Facebook et
Twitter (1), car le Gainzbar, où cela se passait, est wifi! Intéressant comme
endroit aussi.
Tout
de blanc vêtue, Lorraine Desmarais paraissait bien, accompagnée de tous ses
hommes. Quinze, que j’ai comptés! Dans cette petite place, ça sonnait! Ce fut
d’ailleurs fort apprécié. Elle avait du plaisir, ça paraissait. J’ai
l’impression qu’elle a eu ce même plaisir à enregistrer cet album, car ça
s’entend.
Quelques
écoutes du CD mon confirmé mes premières impressions. Pour amateur de jazz,
mais accessible pour le novice, car le swing est plus rassembleur que le jazz
expérimental. Mais, attention : on y trouve de la profondeur. On n’est pas
dans la compromission pour faire du commerce.
Je
l’ai donc mis sur mon baladeur, entre « Kind of blue » de Miles Davis et « Giants of jazz play
Brassens », moins connu, puis, après quelques
écoutes là aussi, je peux vous confirmer qu’il y est à sa place. C’est donc un
CD que je vous recommande.
Note :
1. http://twitter.com/laboetie. Sur www.facebook.com/
vous me trouverez sous mon nom. Mon image est un pont.
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(Ciné, Théâtre et quelques annonces d’événements)
J’ai tué ma mère de Xavier Dolan
La belle personne DE CHRISTOPHE HONORÉ
Commentaires de Michel Handfield
D’abord, dans « j’ai tué ma mère », Hubert ne tuera pas physiquement sa mère,
qui l'énerve au plus haut point, mais il la tuera symboliquement à l’école.
Elle viendra d’ailleurs le hanter quand elle saura ça!
C’est un film sur l'a-communication entre un
ado, qui se sait différent des autres, car il est homosexuel et l’assume, en
même temps qu’il vit sa crise d’adolescence, et sa mère qui le traite comme un
enfant et ne sait pas pour son homosexualité. Cela fausse son rapport à son
fils, d’autant plus qu’elle ne l’écoute que distraitement, quand elle l’écoute,
et se dédit souvent. Trop souvent au goût d’Hubert. Je le comprends, car il est
rationnel même s’il semble émotif. Puis,
comme à l’adolescence on voit les incohérences (alors que la vie est
souvent faite d’incohérences, de dissonances et de compromis), il prend ça dur
le p’tit gars! Mais, d’avoir des parents cool, ce n’est pas toujours mieux. Les
parents parfaits, ça n’existe pas davantage que les enfants idéaux, sauf dans
les contes de Disney!
Bref, un film sur la crise ou la
« crisse » d'adolescence fait par un jeune qui en sort à peine, ce
qui nous en donne une vision de l’intérieur plutôt que d’un adulte qui disserte
sur le sujet! C’est là que ce film est rafraîchissant même si Hubert et sa mère
sont parfois énervants, mais c’est cela l’adolescence : on énerve les
autres et les autres nous énervent! C’est très bien rendu. Le jeu d’Anne Dorval
est d’ailleurs excellent sur ce point. Quant à Xavier Dolan, il joue très bien
son personnage; mais jusqu’à quel point le joue-t-il? Il a du talent, mais ce
n’est qu’avec le temps que nous pourrons séparer Xavier d’Hubert!
Quant aux parents qui comparent leur(s)
enfant(s) avec les autres et qui leur montrent des modèles, parfois, s’ils
savaient ce qu'il y a derrière ces modèles, ils ne les citeraient tout
simplement pas. De quoi rendre les parents peu crédibles, surtout aux yeux de
jeunes qui ont accès à toutes sortes d’informations via l’internet! A leurs
yeux, de ne pas savoir pour des parents est une erreur. Ils ont à apprendre
qu’on ne sait pas tout et qu’eux aussi se frapperont à cette réalité un
jour.
Quant
à « La belle personne »,
film français cette fois-ci, il est sur
les relations adolescentes. Les professeurs ont même beaucoup de place, car on
ne voit pas les parents. La différence d’âge à ce niveau n’est parfois pas très grande entre certains étudiants et de jeunes
professeurs; que quelques années tout au plus, d'où des histoires ambiguës
entre eux. Un prof peut tomber en amour avec certaines de ses étudiantes et
vice versa, cela assez ouvertement même. Même chose pour les garçons avec leurs
professeurs féminins, mais avec un peu plus de discrétion dans ce cas. Un peu
comme au cégep diront certains, car cette fin de lycée, avec le calcul
différentiel et intégral, ressemble à notre niveau collégial. L’âge coïncide
aussi. Un peu plus jeune cela aurait cependant fait des vagues dans le milieu,
soit à l’école ou à la commission
scolaire, du moins ici. Ce genre
d’histoire trouverait aussi son chemin vers les médias, que ce soit par les
parents ou une étudiante éconduite et blessée dans son amour propre par ce prof
qui la quitte pour une autre du même lycée!
Cependant, peu importe l’âge, qu’en est-il de l’éthique? Cette question
se pose toujours dans ces cas-là. Mais, on ne la pose pas vraiment dans le
film.
Cela
peut d’ailleurs engendrer des relations troubles entre les jeunes, question
d’amitiés particulières entre gars et filles, surtout si s’y insère un prof.
Qui propos et questions d’identités sexuelles sont donc au rendez-vous, ce qui
donne toujours un potentiel dramatique. Mais, le pire demeure le trio amoureux.
C’est le cas de Junie, seize ans, prise entre Otto et Nemours, son professeur
d'italien. Sujet intéressant que le trio, traité autant en littérature, cinéma
qu’en opéra. Pensons justement à « Lucia
Di Lammermoor » dont un étudiant parle en classe. Il en fait même écouter
un extrait avec Maria Callas. Fascinant, car nous avons parlé de cet opéra il y
a quelques jours à peine.
Deux
films à voir pour leur traitement différencié des relations adolescentes, l’un
québécois, l’autre français, mais complémentaire. Différences culturelles,
d’approches et de points de vue qui se complètent bien.
J’ai tué ma mère (Sortie le 5 juin)
Présenté en première mondiale à la Quinzaine
des Réalisateurs du festival de Cannes le lundi 18 mai, J’ai tué ma mère écrit,
réalisé et interprété par Xavier Dolan prendra l’affiche à Montréal le
prochain.
Le film raconte l’histoire de Hubert Minel, 17
ans, qui n’aime pas sa mère et la jauge avec mépris, ne voit que ses pulls
ringards, sa décoration kitch et les miettes de pain qui se logent à la
commissure de ses lèvres quand elle mange bruyamment. Au-delà des irritantes
surfaces, il y a aussi la manipulation et la culpabilisation, mécanismes chers
à sa génitrice. Confus par cette relation haine / amour qui l’obsède chaque
jour de plus en plus, Hubert vague dans les arcanes d’une adolescence à la fois
marginale et typique – découvertes artistiques, ouverture à l’amitié,
ostracisme, sexe – rongé par la hargne qu’il éprouve à l’égard d’une femme
qu’il aimait pourtant jadis. Au terme d’épreuves décisives et d’épisodes
tragiques, Hubert retrouvera sa mère sur la berge écumeuse du Fleuve
Saint-Laurent, là où il a grandi. Dans les caquètements des oies sauvages, sous
le crépuscule rouge, un moment de paix surgira, comme venu du passé, et un
meurtre sera perpétré : celui de l’enfance.
Anne Dorval, Suzanne Clément, François Arnaud,
Patricia Tulasne, Niels Schneider et Monique Spaziani sont les acteurs de ce
film dont la photographie est signée Stéphanie Weber-Biron et le montage Hélène
Girard. C’est Sylvain Grassard qui a assuré la conception sonore et Nicolas
L’Herbier qui a composé la musique originale. J’ai tué ma mère est une
production de Xavier Dolan et de Daniel Morin comme producteur associé avec
Carole Mondello comme productrice déléguée. Le film est distribué au Canada par
K-Films Amérique et à l’International par REZO Films (Paris).
La belle personne (Sortie le 5 juin au
Cinéma Parallèle.)
Métropole
Films est heureuse d’annoncer que le film La Belle personne prendra l’affiche
le 5 juin prochain au Cinéma Parallèle. Dernier long métrage de Christophe
Honoré (Dans Paris, Les Chansons d’amour), le film a été sélectionné en 2008 au
festival de San Sebastien.
Junie,
seize ans, change de lycée en cours d'année suite à la mort de sa mère. Elle intègre
une nouvelle classe dont fait partie son cousin Matthias. Il devient son
ambassadeur auprès de sa bande d'amis. Junie est vite courtisée par les garçons
du groupe, elle consent à devenir la fiancée du plus calme d'entre eux, Otto.
Mais bientôt, elle sera confrontée au grand amour, celui de Nemours, son
professeur d'italien. La passion qui naît entre eux sera vouée à l'échec. Ne
voulant pas céder à ses sentiments, Junie s'obstine à refuser le bonheur, car
il n'est à ses yeux qu'une illusion.
Transposition
libre et moderne de La Princesse de Clèves, de Madame de La Fayette, La Belle
personne met en vedette deux stars montantes du cinéma français, Grégoire
Leprince-Riguet et Léa Seydoux, ainsi que l’acteur fétiche de Christophe
Honoré, Louis Garrel. Considéré par le réalisateur comme le troisième tome
d’une trilogie amorcée avec Dans Paris et Les Chansons d’amour, La Belle
personne complète le portrait en trois volets de la jeunesse parisienne et de
ses amours.
Hyperliens, avec la
coopération de Luc Chaput :
www.labellepersonne-lefilm.com
http://fr.wikipedia.org/wiki/Lafayette
http://fr.wikipedia.org/wiki/Marie-Madeleine_Pioche_de_la_Vergne,_comtesse_de_La_Fayette
http://princessedecleves.blogspot.com/
http://fr.wikipedia.org/wiki/La_Lettre_(film,_1999)
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«CARCASSES», de Denis Côté
SÉLECTION OFFICIELLE
QUINZAINE DES RÉALISATEURS - FESTIVAL DE CANNES
À L'AFFICHE DEPUIS LE
29 MAI
FunFilm
Distribution est fière d’annoncer la sortie du film CARCASSES, le quatrième
long métrage de Denis Côté (Les États nordiques, Nos vies privées, Elle veut le
chaos). Sélectionné par la Quinzaine des réalisateurs dans le cadre du Festival
de Cannes qui se tiendra du 13 au 24 mai prochain, le film prendra ensuite
l’affiche à Montréal et à Québec le 29 mai.
Jean-Paul
Colmor entasse depuis plus de 40 ans des centaines de carcasses d’automobiles
sur son terrain au bout d’un rang. Plus qu’un recycleur et vendeur de pièces de
toutes sortes, Colmor propose un lieu impensable, chargé de mémoire. Chaque
jour il revisite son terrain, trimballe la ferraille, recense ses pièces et
autres joyaux rouillés… Toute aussi étrange est sa petite maison, sorte d’abri
où se démarquent dans le fouillis cuisine, salle de bain et chambre à coucher.
Puis un jour, d’autres arrivent et voudraient bien partager un peu de la
solitude et de la marginalité excentrique de Jean-Paul…
Œuvre
atypique mariant le documentaire et la fiction, Carcasses est le premier film
de Denis Côté à être sélectionné à Cannes. Ses précédents longs métrages ont
été présentés dans une trentaine de prestigieux festivals à travers le monde
dont celui de Locarno où Elle veut le
chaos et Les États nordiques ont
respectivement remportés le Léopard d’argent du meilleur réalisateur en 2008 et
le Léopard d’or vidéo en 2005.
Carcasses
a été écrit et réalisé par Denis Côté et produit par Sylvain Corbeil et
Stéphanie Morissette pour nihilproductions. Le film sera présenté le 21 mai à à
Cannes et prendra l’affiche au cinéma Parallèle à Montréal et au Clap à Québec
le vendredi 29 mai prochain.
Commentaires de Michel Handfield (8 juin 2009)
Un film sur la valeur et la désuétude des choses,
car il n’y a qu’un fil qui sépare les deux. Ainsi, ces autos jadis bichonnées
par leur propriétaire sont entassées sur ce terrain et dépérissent. Trop de
rouille, leurs pièces ne valent plus rien pour un collectionneur qui veut
réparer son bijou de collection. Pourtant, quelques mois auparavant, cette pièce
aurait pu être celle qu’il cherchait avec amour. Il aurait pu en donner cher!
Mais, Jean-Paul Colmor voit quand même de la valeur
dans tout ces amas de tôles, de bibelots, de jouets et de babioles qu’il
entasse sur cette terre ou dans sa maison, car cet homme est d’abord et avant
tout un ramasseur! Il fait les encans, les marchés aux puces et
probablement les vidanges pour ramasser
des choses « au cas où
quelqu’un en aurait besoin un de ces jours ». Il a de tout! Mais, qui sait si
ce jour viendra où quelqu’un en aura besoin. En attendant, ce qui est à
l’extérieur se dégrade, rouille, pourrit. Et la nature pousse au travers, ce
qui donne certaines images surréalistes d’arbres poussant au travers de
carcasses de voitures sans valeurs maintenant.
Par contre, dans quelques millénaires ce terrain
sera vraiment une mine d’or… pour les archéologues. Imaginez ce que pourront dire les historiens
du futur à notre sujet quand ils feront des fouilles sur ces terrains et trouveront
les restes d’une vieille « Pontiac Trans-Am 73 » avec des cassettes
« 8 tracks » d’Elvis, de Ginette Reno et de James Last dedans! Puis,
quand ils ouvriront ce qui restera du coffre à gant et qu’ils tomberont sur les
restes d’un vieux numéro de Penthouse avec un drapeau du Québec, quelle tête
feront- ils? La maladie du « ramasseux » aura quand même son utilité
pour documenter notre civilisation de l’hyperconsommation.
Puis, la fiction se mêle du film avec l’arrivée de
trisomiques dans le décor. Des gens mis de côté par une société de consommation
et de production qui recherche la productivité avant tout. Il y a là un
parallèle avec Jean Paul, car eux aussi sont des marginaux. Mais, plus puissant
encore, il y a un parallèle avec ce lieu : comme ces vieilles voitures, on
les met de côté jusqu’à les oublier, car ils ne sont pas productifs selon les
standards de la société moderne; société qui se dit pourtant inclusive! Mais,
inclusive pour qui? Ils deviennent donc des carcasses déshumanisées, car on ne
leur donne pas la chance d’être utiles, ne serait-ce que socialement, la
société étant d’abord gérée par des critères purement économiques. Être
comptabilisé ou ne pas être! Voilà de quoi nous faire réfléchir.
---
L’Angoisse érotique de DON
JUAN (théâtre, en anglais sous-titré)
Production The Old Trout Puppet Workshop
Espace
Libre
Ce
fut présenté du 26 au 30 mai 09 dans le cadre de l’Off T.A. tenu en marge du
Festival TransAmériques!
Avec
la collaboration de Vanessa Porteous,
Mercedes
Bátiz-Benét & George Fenwick
À la fin de sa vie, Don Juan, cet infâme
séducteur, est jeté en enfer pour toute l’éternité. Chargé de chaînes, il se
fera traîner sur scène pour se repentir de ses fautes et nous raconter sa
terrible histoire dans l’espoir que nous échapperons à son destin syphilitique.
Mais, se repent-il vraiment? Est-il en réalité
un monstre cynique ou un saint mystique? Devrait-on le condamner ou chercher à
l’imiter?
Savons-nous
ce qu’est l’Amour? Le faisons-nous bien? Connaîtrons-nous un jour le bonheur?
Le fantôme de Don Juan est revenu pour nous
inciter à éviter l’erreur du mariage, en nous livrant à l’amour libre. Ses
bourreaux démoniaques, les marionnettistes des Old Trout, nous présentent sa
vie, de la naissance à la damnation, sa recherche du paradis, ses erreurs et
ses illuminations amoureuses. À la fin du sermon, nous sommes libérés; la
soirée culmine en une orgie transcendantale où le public brise ses chaînes et
plonge dans un grand océan d’Amour cosmique. La plupart des soirs en tout cas.
Tout dépend du public.
Créée sur plusieurs années, entre autres
pendant trois mois intenses au Mexique, L’Angoisse érotique de Don Juan est une
fantaisie dans la tradition de la troupe Old Trout. C’est aussi une grande collaboration fondée sur plusieurs
talents, avec des marionnettes très variées, créées par la troupe. The Old
Trout Puppet Workshop est un groupe d’artistes de diverses disciplines qui ont
comme mission de repenser l’art de la marionnette. Les trois membres
fondateurs, Peter Balkwill, Pityu Kenderes et Judd Palmer, assurent la
codirection artistique. La compagnie présente des spectacles de marionnettes
pour adultes depuis près de dix ans. Récemment, elle a présenté Famous Puppet
Death Scenes, qui est encore en tournée en
Amérique
du Nord et ailleurs. The Old Trout est davantage une coopérative d’artistes
qu’une compagnie de théâtre de marionnettes. Elle a produit plusieurs courts
métrages, construit une machine horloge cosmologique pour marionnettes haute de
quinze mètres, écrit des livres pour enfants et donné des ateliers, et elle a
même ses musiciens maison, l’Erreur ! La compagnie loge dans un entrepôt de
Calgary en Alberta.
Mise
en scène Vanessa Porteous Co-auteur Mercedes Bátiz-Benét Compositeur/musique
George Fenwick Avec Peter Balkwill, Pityu Kenderes, Jackson Andrews et Anne
Lalancette.
Commentaires de Michel Handfield
(8 juin 2009)
Mes pas m’ont conduit en enfer. Je vais vous conter
mon histoire pour que vous ne fassiez pas les mêmes erreurs que moi. Voilà en
gros la proposition scénique de Don Juan au départ de la pièce. Puis, il
reprend le dessus. Chassez le naturel, il revient au galop!
Ii est important de connaître sa propre
nature. Élevé par les chiens, êtres entiers dont la sexualité n’est pas
réfrénée, que ce soit socialement ou
moralement, cela justifie, pour Don Juan, son comportement. Il ne pouvait pas
se contrôler, puisqu’il n’avait pas appris le contrôle en cette matière. Puis,
l’amour est devenu une façon de fuir la
solitude…
De cette justification, il passe finalement au
destin. Son destin. Si Dieu décide de tout, nous sommes donc programmés! Et,
s’il m’a programmé pour aimer les femmes, il ne peut me condamner aux enfers
pour les avoir trop aimés dira en substance Don Juan! Voilà donc sa défense
contre la condamnation de Dieu puisqu’il n’est finalement qu’une pauvre victime
du destin que lui avait choisi Dieu! C’est donc la grâce de Dieu qu’il
demandera à la fin. Comme Jésus, il dira « aimez vous les uns les autres », mais il osera ajouter
« dans une sainte orgie! »
C’est une pièce inventive et intéressante qui
pose les enjeux de la sexualité au plan personnel, mais aussi social et
moral. La sexualité est un choix, mais
aussi un comportement programmé ne serait-ce que par la biologie. Dans le
contexte d’aujourd’hui on peut cependant se demander l’influence de l’image
(publicité, télévision et cinéma) sur elle. Est-elle responsable de
l’hypersexualisation que l’on voit apparaître de plus en plus tôt chez les
jeunes, bombardés d’images à connotation sexuelle? Si, adulte, on en vient à ne
plus les voir, les intègre-t-on de façon subliminale?
On reproche souvent aux jeunes leur
banalisation des comportements sexuels, séparant amour et sexe au point d’avoir
créé un nouveau type de relation, le « fuck-friend »
(1), et d’avoir des relations comme si c’était un jeu de société (2), mais
serait-ce une conséquence de leur surexposition à des images sexuées de plus en
plus tôt dans leur vie? Il ne faut jamais oublier que lorsqu’on banalise une
chose, que ce soit la sexualité, la drogue ou la cigarette, on ne s’en fait
plus avec la surexposition ou la surconsommation de cette chose puisqu’elle est
devenue banale. C’est pourtant là qu’elle risque de faire le plus mal. En ce
sens, cette pièce nous indique qu’on ne doit pas banaliser la sexualité, car,
contrairement à Don Juan, nous n’avons pas été élevés par des chiens qui se
sentaient le cul en signe de reconnaissance.
A souligner, enfin, le plaisir de voir cette
pièce sous-titrée en français! C’était une bonne idée, car si un mot ou une
expression nous échappait, on pouvait se reprendre sans perdre le fil de
l’histoire. C’est aussi un moyen d’ouvrir sur l’autre public, ce théâtre
anglophone s’adressant ainsi à un public francophone à l’Espace Libre. Cette idée
serait à répéter et à élargir. Certains soirs il devrait y avoir sous titrage
dans les théâtres, que ce soit de pièces en français ou en anglais. La même
chose pour les films : il devrait y avoir davantage de films sous-titrés.
Ce serait une façon de briser les solitudes ethnolinguistiques et d’apprendre à
partager. Puis, on améliorerait ainsi notre compréhension d’une seconde et même
d’une troisième langue. Éducatif, donc!
En conclusion, cette soirée théâtrale fut à la
fois agréable et enrichissante. Quant à ceux qui croient qu’il ne se passe rien
à l’ouest du Québec et surtout au pays de Stephen Harper, c’est faux, car cette
pièce venait de Calgary en Alberta! Bonjour préjugé!
Notes :
1.
Juste à googler « fuck-friend » pour en savoir plus
que ce que vous voulez réellement savoir si vous n’avez pas encore compris ce
qu’est un partenaire de baise!
2.
Les médias ont fait du millage pendant un temps sur ce phénomène du « gang bang » chez les adolescents et
pré-adolescents, soit des relations sexuelles en groupe, parfois aussi jeune
qu’à 11 ou 12 ans. Cela se rapproche de « la tournante » qui est par contre une forme de viol collectif,
car les victimes ne sont pas
consentantes. Toutefois, chez les ados et les pré-ados, les personnes
impliqués dans ces jeux sont-elles consentantes ou en mesure de donner un
consentement éclairé? La question se pose.
Hyperlien :
Projet
Outiller les jeunes face à l'hypersexualisation :
www.hypersexualisationdesjeunes.uqam.ca
---
LUCIA
DI LAMMERMOOR, Opéra de Gaetano Donizetti
Genre : Drame tragique
Structure : En trois actes
Langue : En italien avec surtitres français et anglais
Livret : Salvatore Cammarano d’après “The Bride
of Lammermoor” de Walter Scott.
Création : Naples, Teatro San Carlo, le 26 septembre
1835
Production : Dallas Opera
Dernière production à la compagnie : février 2001
Salle Wilfrid-Pelletier, Place des Arts
23 · 27 · 30 mai · 1 & 4 juin 2009 à 20 h
L’Opéra de Montréal
clôture sa 29e saison avec une production éclatante, véritable chef-d’œuvre du
bel canto, Lucia di Lammermoor de Gaetano Donizetti. Œuvre tragique la plus
célèbre du compositeur italien, Lucia di Lammermoor remporte toujours les
suffrages des amants de l’art lyrique depuis 1835 !
En Écosse, à la fin
du 17e siècle, un château dans des landes brumeuses. Enrico veut donner sa sœur
Lucia en mariage à Arturo, union qui pourrait rétablir la situation financière
précaire de sa famille. Mais, Lucia aime l’ennemi juré de son frère, Edgardo,
avec qui elle a échangé des serments d’amour éternel. Enrico fait pression sur
sa sœur qui, désespérée, finit par céder. Au beau milieu de la célébration du
mariage, Edgardo surgit pour accuser Lucia de l’avoir trahi. Devenue folle,
Lucia assassine Arturo pendant la nuit de noces et meurt de douleur. Edgardo,
ne pouvant vivre sans elle se poignarde sur la tombe de ses ancêtres.
Tout cela se passe
sur fond de luttes entre familles rivales et dans le contexte des guerres entre
catholiques et protestants. Le livret est une habile adaptation du roman de
Walter Scott, « La fiancée de
Lammermoor » (1819), lui-même inspiré d’un fait divers qui s’est déroulé
en Écosse au XVIIe siècle au cours duquel une noble jeune femme avait
assassiné, la nuit de ses noces, son époux détesté, et était devenue folle à la
suite de ce crime.
Plus d’une
interprète ont immortalisé le rôle de Lucia et chanté la partition exigeante de
l’héroïne de Donizetti, qu’on pense à Nelly Melba (1889), Lily Pons (1935), et
plus près de nous, Maria Callas (1952) et Nathalie Dessay (2002 – version
française).
DISTRIBUTION :
Lucia : EGLISE GUTIERREZ, soprano (Cuba)
Edgardo : STEPHEN COSTELLO, ténor (États-Unis)
Enrico : JORGE LAGUNES, baryton (Mexique)
Raimondo : ALAIN COULOMBE, basse (Canada)
Lord Arturo Bucklaw : ANTOINE BÉLANGER, ténor
(Canada)
Normanno : PIERRE-ÉTIENNE BERGERON, baryton-basse
(Canada)
Alisa : SARAH MYATT, mezzo-soprano (Canada)
PRODUCTION :
Chef : STEVEN WHITE (États-Unis)
Metteur en scène : DAVID GATELY (États-Unis)
Concepteur des décors : HENRY BARDON
(Tchéquie/États-Unis)
Conceptrice des éclairages : ANNE-CATHERINE
SIMARD-DERASPE (Canada)
Chef de chœur : CLAUDE WEBSTER (Canada)
Commentaires
de Michel Handfield (3 juin 2009)
Dès le départ on
est dans l’émotion, ne serait-ce que par la musique. On sent qu’il y aura un
drame. Puis, on voit un homme qui surprend une jeune femme avec un autre homme!
S’ils ont le temps de fuir, ils ont été vus! Les dés sont jetés!
Triangle amoureux?
Non, mais un espion apprendra au frère de Lucia (Eglise Gutierrez, soprano),
Enrico (Jorge Lagunes, baryton), que sa
sœur est en amour avec Edgardo (Stephen Costello,
ténor), son ennemi juré. Le sort en sera décidé par son frère : faire
cesser cette union!
Quand il y a amour
entre gens de bandes rivales, comme dans « West Side Story » par
exemple, la haine n’est jamais très loin. Le drame au tournant! Enrico usera
donc de manipulation, de chantage et de mensonge pour faire céder Lucia et
ainsi concrétiser son plan : la marier à Lord Arturo Bucklaw (Antoine
Bélanger, ténor) par cupidité et intérêt, car la famille est appauvrie et lui
menacé dans cette Écosse conflictuelle (1), où la reine Marie fut elle-même
emprisonnée et exécutée (2). Ce mariage pourrait cependant redonner du lustre à
la famille et à leur demeure, qui tombe en ruine, car Lord Arturo est riche et
pourrait refaire le château. Il constituerait aussi un protecteur pour Enrico.
On a donc droit à
la méchanceté fait homme en Enrico; très machiavélique auprès de sa sœur pour
en arriver à ses fins. Ne dit-on pas que la fin justifie les moyens? C’est justement à cette démonstration que
l’on assiste tout au long de cet opéra en crescendo.
Cependant, on ne
badine pas avec l’amour pur, noble et romantique; le sentiment de Lucia pour
Edgardo. Si cela semble aujourd’hui très normal, voir banal, l’amour pour
l’amour était révolutionnaire à cette époque où le mariage était souvent obligé
pour des raisons économiques. Les gens ne se mariaient pas parce qu’ils
s’aimaient, mais apprenaient à s’aimer parce qu’on les avait mariés! Des
mariages forcés pour sceller des alliances de paix dans la noblesse ou agrandir
la terre cultivable dans la paysannerie! Des unions familiales étaient ainsi
scellées par le mariage. A défaut d’amour, c’était, au mieux, des mariages de
raison entre époux consentants. (3) Bien souvent, le consentement n’était même
pas requis, car un père (ou un frère, en cas de père absent) pouvait
« donner » la main de sa fille pour des avantages! Cela est encore vrai dans
certaines cultures. (4)
D’aller contre cet
amour par méchanceté et cupidité ne paiera pas Enrico, car la déraison d’amour
sera plus forte que la raison d’État! Lucia craquera, avec des conséquences
funestes pour son époux; son amour perdu; et pour elle-même. La chute
éclaboussera son frère. On sait qu’il ne s’en relèvera pas.
Opéra
complexe sur l’amour et la folie, car on parle ici d’amour pur (Lucia et
Edgardo) et d’amour de soi, cet amour fou qui conduit Enrico à abuser de sa
sœur au point de la vendre, par un mariage arrangé, pour son propre intérêt. Ce
n’est pas le sort de sa sœur qui l’intéresse, mais son sort à lui qui à besoin
de ce mariage pour se sortir du pétrin. C’est donc la soumission de sa sœur
qu’il monnaye, ce qui est demander davantage qu’un mariage de raison,
puisqu’elle n’en retire aucun bénéfice! Ce mariage représente donc le drame de
sa vie pour Lucia, ce qu’elle refusera fatalement en assassinant son nouvel
époux. Inconsciemment, elle préférera sombrer dans la folie à en mourir que de
mourir de chagrin!
Mais, si la folie
de Lucia semble le sujet de la pièce, car très apparente, il ne faudrait pas
oublier la folie cupide et machiavélique d’Enrico qui prépare la chute de sa
sœur et de cet opéra. Finalement, et fatalement pourrais-je ajouter, on y
trouvera une morale : la machination politique et la cupidité ne peuvent
venir à bout de l’amour pur, car cet amour ne s’achète pas et ne se pervertit
pas! Enrico aura d’ailleurs à assumer
les conséquences de ce drame dont il aura lui-même mis en place l’échafaudage
même si on n’en voit pas les conséquences pour lui, cet opéra s’arrêtant sur la
mort des amoureux. Mais, on sait qu’il aura à en répondre après la tombée du
rideau.
Un grand opéra sur
les caractères humains et le noble sentiment
d’amour, cet objet du désir que certains voudraient monnayer et
travestir par cupidité. Un opéra qui a fait réagir les spectateurs à plus d’une
occasion, car captivant. On descend au fondement de l’humain dans ses coins les
plus sombre, mais aussi les plus nobles, comme les deux faces d’une même pièce
de monnaie. Un grand opéra dans le genre tragédie humaine. Un opéra
psychologique!
Notes :
1. On peut aussi penser à « Macbeth
ou l’obsession du Pouvoir » joué à
l’Opéra de Montréal en janvier dernier : Societas Criticus, Vol. 11 no 1, du 15
décembre 2008 au 7 février 2009.
2. http://fr.wikipedia.org/wiki/Marie_Stuart
3. Cependant, le mariage de raison semble revenir à
l’avant scène. « Le mariage de raison : ça peut marcher » peut-on
lire sur www.psychologies.com sous le clavier d’Anne-Laure Gannac :
« Sans coup de foudre ni passion, les unions
raisonnables font leur retour. Surtout pour une génération marquée par les
divorces. Souvent plus solides que les mariages d’amour, elles peuvent même
faire des envieux. »
Source :
4. Je pense ici à « NILOOFAR »
(France - Iran - Liban / Compétition mondiale des premières œuvres / 2008 /
Couleur / 82 min), vu au FFM 2008 (Societas Criticus, Vol. 10 no. 5, du 5 août 2008 au 8 octobre 2008)
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En salle le 22 mai
Les
Films Séville sont heureux d’annoncer que le long métrage Plus tard tu
comprendras prendra l’affiche le 22 mai 2009. Ce film d’Amos Gitaï
d’après le roman de Jérôme Clément met en vedette Jeanne Moreau et Hippolyte
Girardot.
Paris,
aujourd'hui ; Victor, un homme d'une quarantaine d'années, seul, se recueille
devant un grand mur où l'on devine des noms gravés. Le mur à la mémoire des
déportés.
Paris,
1987. Alors que le procès de Klaus Barbie est retransmis en direct, on découvre
Victor entouré de documents où il tente de découvrir la vérité à propos de son
passé familial.
De
son côté, Rivka, sa mère, s’active à préparer un repas. De la télévision, on
entend très distinctement le début du même procès, le témoignage d’une
rescapée. Lors du diner, Victor tente de faire parler sa mère qui s’y refuse.
Elle fait mine de ne rien entendre ou change de conversation, elle veut finir
tranquillement sa vie, au milieu d’objets et de souvenirs et entourée de ses
enfants et petits enfants. Son attitude ne fait que renforcer l’agitation de
Victor. Sa femme Françoise va le soutenir dans cette reconquête de la mémoire
familiale.
Commentaires de Michel Handfield (30 mai 2009)
Que
s’est-il passé à l’époque de l’occupation? Cette question ne laisse pas de
répit à Victor, né d’un mariage mixte entre un père français, peut être
collaborateur et antisémite, et une mère juive dont la trace des parents se
perd à cette époque. Ses grands-parents auraient-ils été victimes d’une
dénonciation de son père ou de la famille de celui-ci? Et sa mère qui se tait;
cette mère qui lui a cachée ses origines juives. Pourquoi?
Un
film sur les racines; ces racines desquelles sortent des pousses où nous ne les
attendons pas. Construit par couches, j’aimerais le revoir pour mieux le
comprendre, car il y a des détails du film qui se révèleront peut être des
clefs à la fin. A voir et à revoir.
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« UN BARRAGE CONTRE LE PACIFIQUE » DE
RITHY PANH
http://www.unbarrage-lefilm.com/
AVEC ISABELLE HUPPERT
À L’AFFICHE DÈS LE 15
MAI
Métropole
Films est heureuse d’annoncer que le film Un barrage contre le Pacifique, du
réalisateur cambodgien Rithy Panh, prendra l’affiche le 15 mai prochain au
Cinéma Quartier Latin. Mettant en vedette Isabelle Huppert, le film a été présenté
en 2008 au Festival de Rome.
Indochine,
1931. Dans le Golfe du Siam, au bord de l'Océan Pacifique, une mère survit tant
bien que mal avec ses deux enfants, Joseph (20 ans) et Suzanne (16 ans),
qu'elle voit grandir et dont elle sait le départ inéluctable. Abusée par
l'administration coloniale, elle a investi toutes ses économies dans une terre
régulièrement inondée, donc incultivable. Se battant contre les bureaucrates
corrompus qui l'ont escroquée, et qui menacent à présent de l'expulser, elle
met toute son énergie dans un projet fou : construire un barrage contre la mer
avec l'aide des paysans du village. Ruinée et obsédée par son entreprise, elle
laisse à Joseph et Suzanne une liberté quasi-totale. C'est alors que M. Jo,
fils d'un riche homme d'affaires chinois tombe sous le charme de Suzanne. La
famille va tenter d'en tirer profit...
Adaptation
du roman éponyme de Marguerite Duras, Un barrage contre le Pacifique a été
porté une première fois à l’écran en 1958 par René Clément sous le titre
«Barrage contre le Pacifique». Après plusieurs documentaires sur la tragédie de
son pays le Cambodge, dont La terre des âmes errantes (1999) et S21, la machine
de mort Khmère rouge (2004), le réalisateur du merveilleux Les Gens de la
rizière, Rithy Panh, revient à la fiction avec ce drame familial porté par
une Isabelle Huppert merveilleuse dans le rôle de la mère.
Commentaires de Michel Handfield (30 mai 2009)
Le
résumé officiel en dit déjà beaucoup. Puis, le roman existe, car ce film en est
tiré. En partie autobiographique (1), je n’ai pas grand-chose à ajouter, sauf
qu’il s’agit d’une histoire de vie. C’est intéressant d’un point de vue
historique et ethnologique, puisqu’on est dans une colonie française d’Indochine (2), le Cambodge (3),
qui obtiendra son indépendance plus tard (1953), mais passera aussi sous la
coupe communiste avec le régime dictatorial de Pol Pot (4), ce qu’on ne voit
pas dans le film, puisqu’il s’arrête en
1932 (5) sauf pour un regard sur une rizière d’aujourd’hui à la fin du
film. La rizière que sa mère (Isabelle Huppert) aurait réussi à faire survivre
grâce à son barrage? C’est ce que je suppose. Une façon de dire qu’elle aurait
finalement gagné son pari!
Socialement,
il est cependant intéressant de voir que ce n’était pas tous les coloniaux qui
avaient la draguée haute. Certains, comme sa mère, qui en arrachaient
économiquement, étaient condamnés à la débrouille. Elle dira d’ailleurs à
quelque reprise « Salauds de
bureaucrates, ils doivent bien rire! » C’est clair que la corruption a
suivi le colonialisme diront certains. Cependant, il n’y avait pas que les
coloniaux qui la maîtrisaient. M. Jo, le fils d'un riche homme d'affaires
chinois, qui est en amour avec Suzanne (Astrid Berges-Frisbey), en possède tous
les rudiments. La corruption est donc humaine, tout autant que l’envie dont
elle serait la fille selon moi.
On
voit toutes les ficelles que tirent les profiteurs dans ce film, car il démonte
les mécanismes de l’exploitation devant nos yeux : vente de terrains qui ne rapporteront pas assez pour payer
l’hypothèque et lotissement de terres déjà habitées par exemple, que l’on vend
au dépends des habitants qui les cultivent déjà, car ils ne savent pas qu’ils
doivent acheter ce qui est déjà leur bien depuis des générations par l’occupation
du sol. Priver ainsi de leur dignité les habitants fut probablement la pire
erreur du colonialisme.
Lucide,
la mère de Suzanne voit tout cela et
essaiera d’organiser la communauté. Cependant, par nécessité, elle tentera
aussi de marier sa fille à M. Jo. Mais, Suzanne se montrera meilleure que sa
mère dans cet art pour obtenir ce qu’elle veut de M. Jo sans faire ce que sa
mère voudrait d’elle, car elle « vendrait » bien sa fille au loup...
pour se tirer d’affaire. Cela n’arrivera pas, je vous le dis.
Donc,
un film sur les profondeurs de l’Homme; psychologique et autobiographique en
même temps, car c’est en partie la vie de Marguerite Duras, représentée ici par
Suzanne.
Notes :
1.Duras, Marguerite,
Un barrage contre le Pacifique [1950] , 384 pages, Collection Folio (No 882) (1978), Gallimard
roman.
2. L’Indochine
française recouvrait ce que l’on connaît maintenant comme le Laos, le Cambodge et le Viêt Nam.
3. http://fr.wikipedia.org/wiki/Cambodge
4. http://fr.wikipedia.org/wiki/Pol_Pot
5. « En 1932, Marguerite Donnadieu vient en
France où elle fait des études de droit, de mathématiques et de sciences
politiques. » nous apprend sa biographie (http://www.alalettre.com/duras.php)
Hyperliens avec Luc Chaput
http://artsetspectacles.nouvelobs.com/p2303/a391591.html
http://pagesperso-orange.fr/jeanmi.b/sihanoukville.htm
http://www.lepetitjournal.com/content/view/26578/1841/
http://histoireduroussillon.free.fr/Duras/Biographie.php
http://fr.wikipedia.org/wiki/Rithy_Panh
http://fr.wikipedia.org/wiki/S21,_la_machine_de_mort_Khm%C3%A8re_rouge
http://fr.wikipedia.org/wiki/The_Killing_Fields
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Il Divo de Paolo Sorrentino (2008)
À L’AFFICHE DÈS LE 22
MAI
Métropole
Films est heureuse d’annoncer que le film Il Divo, du réalisateur italien Paolo
Sorrentino, prendra l’affiche le 22 mai prochain. Présenté en sélection
officielle lors du dernier festival de Cannes où il s’est mérité le Prix du
jury, le film dresse le portrait de l’homme politique italien Giulio Andreotti,
figure emblématique de son pays.
À
Rome, à l'aube, quand tout le monde dort, il y a un homme qui ne dort pas. Cet
homme s'appelle Giulio Andreotti.
Il
ne dort pas car il doit travailler, écrire des livres, mener une vie mondaine
et en dernière analyse, prier. Calme, sournois, impénétrable, Andreotti est le
pouvoir en Italie depuis quatre décennies. Au début des années
quatre-vingt-dix, sans arrogance et sans humilité, immobile et susurrant,
ambigu et rassurant, il avance inexorablement vers son septième mandat de
président du Conseil.
À
bientôt 70 ans, Andreotti est un gérontocrate qui, à l'instar de Dieu, ne
craint personne et ne sait pas ce qu'est la crainte obséquieuse. Habitué comme
il l'est à voir cette crainte peinte sur le visage de tous ses interlocuteurs.
Sa satisfaction est froide et impalpable. Sa satisfaction, c'est le pouvoir.
Avec lequel il vit en symbiose. Un pouvoir comme il l'aime, figé et immuable
depuis toujours. Où tout, les batailles électorales, les attentats terroristes,
les accusations infamantes, glisse sur lui au fil des ans sans laisser de
trace.
Il
reste insensible et égal à lui-même face à tout. Jusqu'à ce que le
contre-pouvoir le plus fort de ce pays, la Mafia, décide de lui déclarer la
guerre. Alors, les choses changent. Peut-être même aussi pour l'inoxydable et
énigmatique Andreotti. Mais, et c'est là la question, les choses changent ou
n'est-ce qu'une apparence ? Une chose est certaine : il est difficile
d'égratigner Andreotti, l'homme qui mieux que nous tous, sait se mouvoir dans
le monde.
Commentaires de Michel Handfield (20 mai 2009)
L’Italie
politique; l’Italie de la mafia, comme si elles étaient intimement liées. Car
la mafia semble imbriquée partout comme du lierre sur la vigne italienne! On
suit plus particulièrement Andreotti et la démocratie chrétienne. De quoi parler
de la quadrature du cercle: Église, politique, affaires et mafia!
On est en pleine saga machiavélienne :
perpétuer le mal pour faire le bien! C’est cela le pouvoir semble-t-il dans
cette Italie d’Andreotti. Pourtant on parle d’un gouvernement chrétien, proche
de l’église catholique qui se dit la seule descendante de Jésus Christ et de
Pierre. Une église qui connaitra aussi son lot de scandales et dont celui de la
banque du Vatican ne sera pas le moindre. Comme si religion et politique
étaient aussi liés que politique et mafia dans un triangle infernal. « Sur quoi il y a lieu
d’observer que la haine est autant le fruit des bonnes actions que des
mauvaises; d’où il suit, comme je l’ai dit, qu’un prince qui veut se maintenir
est souvent obligé de n’être pas bon; car lorsque la classe de sujets dont il
croit avoir besoin, soit peuple, soit soldats, soit grands, est corrompue, il
faut à tout prix la satisfaire pour ne l’avoir point contre soi; et alors les
bonnes actions nuisent plutôt qu’elles ne servent. » (Machiavel, p. 140) Prince de l’église, prince politique ou prince de la mafia, tous
taillés dans la même étoffe! Pas surprenant qu’on les retrouve parfois ensemble
là où on ne s’y entendrait pas.
Manipulateur
et comploteur, sans jamais « manquer de raisons légitimes pour colorer
l’inexécution de ce qu’il a promis » (Machiavel, p. 128) et justifier ce qu’il
a fait, Andreotti sera blanchi des accusations qui seront portées contre lui.
Petit homme à l’air fragile, il se sera montré très fort, car il ne succombera
pas à la vague d’attentats et de suicides qui auront lieu dans son entourage ni
à la justice italienne. Il aura su s’en tirer. Pourquoi?
Pour
ma part, je regarderais qui nomme les juges, car le pouvoir c'est une machine
qui dépasse chacun de ses membres pour le bien de l’organisation : État,
église, entreprises… Imaginons maintenant que l’Organisation les recouvre tous!
Cela donne des possibles à défaut d’une réponse claire, car personne n’avouera
que la mafia s’intègre dans tout et intègre tout comme un immense réseau de
contacts, de communication et d’organisation finalement. Elle aplanit ainsi les
difficultés où il y en a, faisant céder sur un prix et fermer les yeux saur une
norme finalement! Club social de négociation pour contourner les lois en
secret. Avant que ça se sache les principaux acteurs auront tous passé par les
services d’un autre de leur partenaire, l’église, et ne seront plus là pour en
répondre de toute manière…
Voilà
le contexte de ce film et de ce gouvernement de la démocratie chrétienne. Un film à voir en complément de « Gomorra », car les deux se
complètent. On est dans les mêmes eaux, mais en des lieux différents. Sauf que
l’eau c’est l’eau comme la mafia est la mafia peu importe l’angle! Bene!
Références et hyperliens, avec la coopération de
Luc Chaput:
Machiavel, Nicolas,
1996 [1532], Le prince, Paris :
Booking International, p. 140
http://en.wikipedia.org/wiki/Giulio_Andreotti
http://fr.wikipedia.org/wiki/Giulio_Andreotti
http://it.wikipedia.org/wiki/La_Repubblica
http://fr.wikipedia.org/wiki/La_Repubblica
http://it.wikipedia.org/wiki/Eugenio_Scalfari
http://en.wikipedia.org/wiki/Cosa_Nostra
http://fr.wikipedia.org/wiki/Mafia
http://en.wikipedia.org/wiki/Salvatore_Riina
http://fr.wikipedia.org/wiki/Toto_Riina
http://en.wikipedia.org/wiki/Lucky_Luciano
http://fr.wikipedia.org/wiki/Lucky_Luciano
http://en.wikipedia.org/wiki/Cesare_Mori
http://fr.wikipedia.org/wiki/Cesare_Mori
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Amadeus (Théâtre)
Une
pièce de Peter Shaffer
Mise
en scène et traduction de René Richard Cyr
Avec
Benoît McGinnis, Michel Dumont, Pascale Montreuil, Jean-Pierre Chartrand,
Robert Lalonde, Frédéric Paquet, Denis Roy, Guillaume Baillargeon, Marc Beaupré,
Geoffrey Gaquère, Étienne Pilon.
Décor
: Olivier Landreville
Costumes
: François Barbeau
Éclairages
: Martin Labrecque
Musique
: Alain Dauphinais
Accessoires
: Normand Blais
Un fantôme erre à Vienne. Ce fantôme hurlant
et déchiré, c’est Antonio Salieri, jadis musicien réputé et compositeur
officiel à la cour de l’empereur Joseph II. Dès l’enfance, Salieri s’est voué
tout entier au service de Dieu, s’engageant à Le célébrer par sa musique. Pour
prix de ses sacrifices, il réclamait la gloire éternelle.
Mais en 1781, un jeune prodige arrive à
Vienne, précédé d’une très flatteuse réputation : Wolfgang Amadeus Mozart,
reconnu comme le plus prestigieux compositeur de son siècle.
Réalisant la menace que représente pour lui ce
surdoué arrogant et vulgaire dont il admire le génie musical, Salieri mettra
tout en œuvre pour l’évincer.
La musique adoucit-elle vraiment les mœurs?
Amadeus, une œuvre géniale, superbement
écrite, un chef-d’œuvre qui baigne dans la plus belle musique du monde.
LES PRIX
Evening Standard
Drama Award
London Theatre
Critics Award
Tony
Award de la meilleure pièce
Commentaires de Michel Handfield
(20 mai 2009)
Antonio Salieri, jadis musicien et compositeur
officiel à la cour de l’empereur Joseph II, au seuil du grand départ, se confesse
d’avoir tué Mozart il y a 32 ans! Il y avait bien eu des rumeurs, mais, là, une
confession avec un Salieri qui répète « Pardon Mozart, pardonne à ton assassin. » Puis, il nous raconte son histoire. Cela vous
dit quelque chose? C’est que cette pièce de Peter Shaffer fut popularisée par
le film du même nom de Milos Forman en 1984.
Adapté
d’une réalité, c’est néanmoins une fiction. Non, Salieri n’a pas empoisonné
Mozart! Ce n’était que rumeurs et colportage! Mais, comme la rumeur est souvent
plus intéressante – et tenace! - que la vérité, cela fait d’Amadeus une bonne
pièce. Mais, Mozart serait plutôt mort d’une fièvre rhumatismale selon ce qu’on
en sait aujourd’hui. (1) L’information existe pour qui veut la trouver. Amadeus
est donc une caricature, c'est-à-dire que l’on trafique des traits de la
réalité pour faire ressortir une opposition qui a existé entre les deux hommes,
mais qui ne fut pas toujours à ce point dramatique. Salieri fut certes opposé à
Mozart, mais savait aussi apprécier son génie nous apprend l’Histoire. Il a même enseigné au fils de Mozart, Karl, qui
devint un compositeur mineur mais respecté. (2)
S’il y a caricature de l’Histoire, il y a
aussi exagération des personnages. Salieri n’était pas nul en musique et Mozart
pas si fol que cela! Par contre, que Mozart soit un génie et Salieri plus
conservateur est fort plausible. Mais, Salieri
n’était pas con. Il ne faut pas oublier qu’il a eu Beethoven comme élève
et on connait le résultat. A ce que j’ai trouvé sur internet, il fut plutôt bon
pédagogue même, car de grands compositeurs furent ses élèves. Qu’il fut jaloux
du génie de Mozart, c’est fort possible, mais pas d’une jalousie destructrice
au point de l’assassiner. C’était plutôt une jalousie admirative, car il
suivait ce que faisait Mozart. De là à alimenter la rumeur qu’il le suivait à
le rendre fou, s’amusait à lui mettre des embuches, le torturait … il n’y eut
qu’un pas de franchi si allègrement qu’on en retint la rumeur qu’il
l’empoisonnât! Tout au plus, il lui empoisonna parfois la vie, car il était un
rival au plan professionnel. Mais, un rival de taille :
« [Mozart]
avait les revenus imprévisibles d’un
pigiste, vulnérables aux lois économiques, aux goûts du public viennois, et au
sabotage de ses ennemis. Le succès de L'enlèvement
a été obtenu, par exemple, malgré les machinations menées par Antonio Saleri,
chef de l’Opéra de Vienne et un compositeur favori de l’empereur Joseph II.
Salieri fit de son mieux pour ridiculiser et abattre son rival et ce, incluant
la présence dans la salle de personnes pour chahuter durant la représentation.
Dans ce cas, le stratagème n’a pas fonctionné mais Salieri serait un rival
formidable. Il entrera dans l’histoire non en tant que compositeur mais en
temps que némésis de Mozart. » (3)
Cependant, en exagérant les caractères de
Salieri, au point d’en faire l’assassin de Mozart pour punir Dieu qui le lui a
mis dans les pattes (4), et de Mozart, en le dépeignant comme fol et sans
manière, cette pièce nous fait comprendre que la vérité se trouve ailleurs que
dans cette rumeur persistante. La pièce s’ouvre d’ailleurs sur des gens qui se
racontent les dernières rumeurs pendant que Salieri attend la mort! Mais, là
est aussi la vérité et le mérite de cette pièce: montrer que la rumeur est
parfois plus intéressante que la vérité au point qu’elle passe mieux le temps. C’est elle que
l’on retient. On en sait ainsi davantage sur la rumeur de l’assassinat de Mozart que sur les vraies
causes de sa mort encore aujourd’hui! (5) On pourrait dire la même chose de l’assassinat
de John F. Kennedy : les rumeurs et les scénarios de complot semblent plus
vraies que les explications officielles! Pourquoi?
C’est d’abord que les explications officielles
sont parfois aseptisées par des relationnistes professionnels, ce qui fait
qu’on a la nette impression que l’on nous cache quelque chose. Comme la rumeur
se construit toujours sur une part de
vraie de façon à être plausible, mais avec un soupçon d’inavouable et de
complot qui la rend irrésistible et intéressante à répéter, cela lui donne de
la crédibilité par le fait même! Puis, comme elle suscite de l’intérêt, elle se
perpétue rapidement, parfois au point d’effacer la vérité! (6) « Les
protocoles des sages de Sion » en sont l’exemple parfait! (7) Quant à
l’hypothèse du meurtre de Mozart par Salieri (8), qui a dû s’estomper
avec le temps, elle fut ressortie par l’écrivain russe Pouchkine dans « Mozart et Salieri » (1830) mis en musique par Rimski-Korsakov. (9) Puis il y eut cet Amadeus
de Peter Shaffer (1979) repris par le film Amadeus de Milos Forman 5 ans plus
tard. (10) De fausses causalités comme on dit en sciences sociales, mais
tenaces, car suscitant de l’intérêt.
Si cette pièce est sociologiquement
intéressante sur la question des rumeurs, elle joue aussi sur les caractères
opposés de Salieri et de Mozart, ce qui en fait une comédie psychologique
jamais dénudé d’humour. Elle ironise sur le contraste entre les deux hommes.
Mozart et Salieri comme la cigale et la fourmi,
Mozart étant à court le sou (11)
et Salieri plus conservateur. Avec de bons mots d’esprit, la recette se
révèle excellente et fait parfois lever la salle, car si on sourit tout au long de la pièce, on
a aussi droit à quelques rires gras dignes des comédies d’été.
Naturellement, Mozart n’aurait pas dû être
aussi simplet que la pièce nous le
présente, mais comme enfant prodige il a dû souffrir d’un certain déséquilibre,
c’est-à-dire que la musique a dû prendre une place disproportionnée par rapport
au reste dans sa vie, ce qui ne pouvait que le faire paraître moins
qu’ordinaire en d’autres domaines qui ne l’intéressaient pas. Il n’y avait
qu’un pas à faire pour le caricaturer ainsi en niais hors de la musique, sauf
que ce n’est que caricature, soit une déformation de la réalité, ce qui ne veut
pas dire que tout est faux. Question de contexte aussi! (12)
La rumeur utilise d’ailleurs ce même procédé
pour pénétrer notre esprit, sauf que dans le cas de la rumeur elle se déguise
en vérité et se présente sous l’aspect de confidences, ce qui est plus insidieux,
car la rumeur est une fiction qui se fait passer pour vraie. Adjointe à de
mauvaises intentions, ça peut devenir une arme si on sait bien l’utiliser
contre un opposant ou un concurrent, que ce soit un individu, une entreprise,
une organisation ou même un gouvernement. On pourrait faire pendre quelqu’un ou
déclencher une révolution sur la base de rumeurs bien aiguillées! Avec la
manipulation, la rumeur constitue une paire de joker à qui sait en jouer. Mais,
mal utilisé, elle peut aussi détruire son auteur, surtout s’il laisse des
traces. Puis, hors de contrôle, elle peut faire plus de tort que de biens même
à ceux qui l’ont fomenté, car si on peut lancer une rumeur, il est difficile de
l’arrêter. Une fois partie, elle n’appartient plus à ses auteurs et peut
donc s’estomper sans trop de dommages ou
prendre des proportions qui les dépassent et même se retourner contre eux.
Politiquement, c’est donc une arme terrible, mais probablement utilisée avec
parcimonie vu les risques qu’elle se retourne même vers ceux qui l’auront
partie. Cela est sans compter que des journalistes ne puissent remonter à la
source de la rumeur, ce qui peut être un coup fatal à ses auteurs.
Si Salieri a empoisonné Mozart, je vous le
répète, c’est au sens figuré, car il lui a peut être empoisonné la vie, mais
pas l’homme. Il l’admirait trop pour cela malgré sa jalousie. Mais, la rumeur
en a fait son assassin. Pour cela, cette pièce en dit beaucoup plus sur les
rapports entre les Hommes qu’il n’y parait au premier regard. On est donc dans
une pièce psychosociologique. Rien de moins, même si elle est jouée sous
couvert d’humour! Un « cover up » bien réussit.
A souligner que dans la pièce on en a contre
la création du « Mariage de Figaro »
par Mozart, que l’on trouve trop dansant et injurieux pour le Pouvoir du
Prince. Et bien, ce mariage a bien eu lieu en février dernier au TNM pour la
pièce de Beaumarchais. (13) Quant à Mozart, il sera sur la scène de l’opéra de
Montréal en novembre prochain avec la
flute enchantée! Et Salieri n’y sera pas, car c’est Mozart qui a le mieux
traversé le temps. Mais, le fantôme de Salieri pourra toujours être dans les
coulisses de l’opéra de Montréal pour ce Mozart enchanté!
Notes :
1.
« La cause de la mort de Mozart a
été établie, sur le fait, à une « fièvre militaire », un diagnostic vague. Les
recherches suggèrent que la cause serait la « fièvre rhumatismale » laquelle
aurait été empirée par l’action de ses docteurs qui ont prescrit une saignée,
une procédure commune et souvent fatale. En d’autres termes, ni la pauvreté ni
l’abandon ni le poison ne sont responsables de la mort de Mozart mais plutôt un
décret aléatoire des mêmes dieux qui l’avaient si merveilleusement
façonné. » http://www.uquebec.ca/musique/catal/mozart/mozwabio.html
Sur
un autre site consacré à Mozart on peut lire : « Les diagnostics modernes parlent d’une fièvre rhumatismale récurrente
ainsi que d’une insuffisance rénale importante. » (http://www.wa-mozart.net/finvie.htm)
Et sur Wiki : « The most
widely accepted version, however, is that he died of acute rheumatic fever; he
is known to have had three or even four attacks of it since his childhood, and this
disease has a tendency to recur, with increasingly serious consequences each
time, such as rampant infection and damage to the heart valves. » (http://en.wikipedia.org/wiki/Wolfgang_Amadeus_Mozart#Final_illness_and_death)
Les
renvoi à cette maladie sont: http://en.wikipedia.org/wiki/Rheumatic_fever http://fr.wikipedia.org/wiki/Rhumatisme_articulaire_aigu
Pour
la rumeur de l’empoisonnement au plomb de Mozart, voir la note 5 plus bas.
2.
La citation complète :
« Il y eut aussi un service commémoratif à
Vienne, et Antonio Salieri en dirigeait la musique. Pour plusieurs années, une
rumeur voulait qu’il ait empoisonné Mozart. Quoique Salieri ait possiblement
fait obstruction à la carrière de Mozart ici et là, cette rumeur est sans
fondement et elle n’a eu aucun effet sur la réputation de Salieri. En effet, un
peu avant la mort de Mozart, Salieri a assisté à une représentation de La Flûte enchantée assis au côté du
compositeur et il a applaudi chaque numéro. Salieri devint un pédagogue vénéré
qui a enseigné entre autres à Beethoven, Schubert, et Liszt ainsi qu’au fils de
Mozart, Karl qui devint un compositeur mineur mais respecté. Le librettiste
Lorenzo Da Ponte vint en États-Unis où il a enseigné l’italien à l’université
Columbia et dirigea une épicerie, avec une petite opération de contrebande
d’alcool en arrière plan. Quant à Constanze, elle devint la veuve
professionnelle du compositeur. Elle épousa un diplomate danois dont la pierre
tombale se lit comme suit : « Ici repose le second époux de la veuve de Mozart
» ». (www.uquebec.ca/musique/catal/mozart/mozwabio.html)
3.
www.uquebec.ca/musique/catal/mozart/mozwabio.html
4.
« Michel Dumont considère captivant le parcours que suit Salieri : « De l’envie et de la jalousie dirigée vers
Mozart, il entre dans un conflit avec Dieu et enfin avec lui-même. Salieri voit
le talent de Mozart comme une trahison de Dieu. Lui qui considère avoir tout
donné à l’Être suprême se considère méritant du talent. Pour lui, le génie de
Mozart représente un échec, une
insulte de la part de Dieu. Son cheminement vise donc en quelque sorte à se
venger de Dieu et à détruire l’instrument divin. »
qu’est Mozart naturellement!
(http://duceppe.com/Documents/Cyberprog/Cyberprogramme_amadeus.pdf, p. 11)
5.
De plus, la médecine étant de beaucoup moins avancé qu’aujourd’hui, il n’y a
pas eu de diagnostic clair, ce qui a laissé la porte ouverte aux suppositions
scientifiques, mais aussi aux rumeurs les plus farfelues. Et comme il n’y a pas
eu d’autopsie pour affirmer une vérité hors de tous doutes, quel beau terreau
pour perpétuer rumeurs, mythes et mystères! On entend encore dire qu’il serait
mort d’un empoisonnement au plomb par exemple. Pourtant, rien de cela sur
l’internet, sauf pour Beethoven :
« Si le
crâne de Mozart garde précieusement ses secrets, celui de Ludwig Van Beethoven
a été beaucoup plus éloquent. Non seulement a-t-il été authentifié par des
tests d'ADN, mais des examens aux rayons X, effectués par un laboratoire du
département américain de l'Énergie, ont révélé la cause du décès du compositeur
allemand: un empoisonnement au plomb. » (Charles-Philippe Giroux, Requiem pour un crâne, sur cybersciences.com/)
Le
lien complet :
www.cybersciences.com/cyber/fr/actualites/etre_humain_et_societe/requiem_pour_un_crane.html
Cet
article de Charles-Philippe Giroux souligne aussi que « Le crâne qui est attribué à Mozart depuis
plus d’un siècle n’est peut-être pas celui du compositeur autrichien »
suite à des
tests de l'Institut de médecine légale d'Innsbruck (Autriche) et du Laboratoire
d'identification de l'ADN de l’armée américaine de Rockville au Maryland.
« Les deux organisations ont comparé
l’ADN du crâne à celui de fragments osseux prélevés dans le caveau familial des
Mozart, au cimetière Saint-Sébastien de Salzbourg » pour en arriver à
cette conclusion.
6.
Je ne peux penser ici qu’à l’excellent livre d’Edgar Morin, La rumeur d'Orléans, sur
les rumeurs justement ! (1969, France: Seuil)
7. Les protocoles furent constitués sur la base du « Dialogue aux enfers entre Machiavel et
Montesquieu » de Maurice Joly par un faussaire antisémite russe, aussi
informateur de la police politique tsariste, Mathieu Golovinski dans le but de
faire croire qu’un conseil de sages juifs avaient mis au point un programme
pour anéantir la chrétienté et de dominer le monde. Rien de moins !
Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Protocoles_des_Sages_de_Sion
8. « La rivalité entre ces deux
hommes a fait couler beaucoup d’encre au fil du temps. Toutefois, une rumeur
persiste : Salieri aurait-il assassiné Mozart? Bien que la question soit dénuée
de preuves réelles, on se plaît à y croire un peu. Est-ce parce que Beethoven,
élève de
Salieri, semblait abonder dans
le sens de ce commérage? Ou plutôt parce qu’après la mort de Mozart, Salieri,
peut-être rongé par la culpabilité, s’affaira avec fougue et passion à faire
découvrir et reconnaître l’œuvre du jeune prodige? L’écrivain Pouchkine en a
même rédigé un drame en 1830 dans lequel il est explicitement question de
meurtre. D’un suspense prenant, cette rumeur ne sera jamais confirmée : la
dépouille de Mozart, inhumée à Saint-Marx en banlieue de Vienne, restera à
jamais silencieuse. Telle une véritable légende urbaine d’antan, la relation
conflictuelle entre Mozart et Salieri est une
matière riche, éternelle et
dont s’est librement servi Shaffer pour écrire Amadeus. »
(http://duceppe.com/Documents/Cyberprog/Cyberprogramme_amadeus.pdf)
9.
Sur Alexandre Pouchkine, voir :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Alexandre_Pouchkine
SurRimski-Korsakov,
voir :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Rimski-Korsakov
10.
Voir :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Peter_Shaffer
http://fr.wikipedia.org/wiki/Milos_Forman
http://fr.wikipedia.org/wiki/Amadeus_(film)
11. Rumeur là aussi :
« Au cours de la dernière année
de sa vie, alors que la légende veut que Mozart était sur le point de mourir de
faim, il a probablement connu sa meilleure année, au plan financier, alors
qu’il a eu des revenus équivalents à 100,000$. »
Mais, plus loin, cette explication :
« Évidemment, ils n’étaient pas
réellement riches et ne le seront jamais même s’il obtenait les meilleurs
cachets alors payés aux artistes. Il pouvait obtenir l’équivalent de 6 000$
pour une soirée de concert soit autant que certains officiers de la cour
recevaient pour une année entière. Il avait les revenus imprévisibles d’un
pigiste, vulnérables aux lois économiques, aux goûts du public viennois, et au
sabotage de ses ennemis. »
(www.uquebec.ca/musique/catal/mozart/mozwabio.html)
12. « À l’été de 1763, Leopold et ses enfants partirent en
tournée qui allait durer trois ans et qui les mena dans toutes les cours et les
salles de concert à travers l’Europe et Londres. À partir de ce moment et
jusqu’à l’âge de quinze ans, Wolfgang passa la moitié de son temps en tournée.
(…)
En d’autres mots, il était un
enfant-spectacle et sa vie familiale était celle d’un cirque ambulant. (…) En
de telles circonstances, Wolfgang a grandi comme tout enfant de cirque de
toutes les époques, avec une compréhension peu solide du sens pratique des
choses. » (http://www.uquebec.ca/musique/catal/mozart/mozwabio.html)
Puis,
Wolfgang maria Constanze en août 1782 sans la bénédiction de son père. De cette
union, la biographie de Mozart nous apprend que « Constanze, alors âgée de vingt ans, n’était pas la partenaire
intellectuelle ni l’âme sœur mais il semble que ce n’était pas ce que le mari
recherchait. Mozart voulait une compagne de jeu enthousiaste et une partenaire
sexuelle et c’était ce que la pétillante et coquette Constanze semblait être.
Quant au mari, il était un homme-enfant qui pouvait tantôt improviser
sublimement dans un élégant salon tantôt enjamber les meubles et miauler comme
un chat. » (Ibid.)
13. Nous avons parlé de cette pièce dans Societas Criticus, Vol. 11 no. 1,
du 15 décembre 2008 au 7 février 2009.
Hyperliens :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Antonio_Salieri
http://fr.wikipedia.org/wiki/Mozart
http://en.wikipedia.org/wiki/Wolfgang_Amadeus_Mozart
http://www.wa-mozart.net/finvie.htm
---
Sortie :
15 mai
Réalisé
par Ron Howard
Akiva
Goldsman signe le scénario adapté du roman de Brown.
Tom
Hanks incarnera de nouveau Robert Langdon et Bernard Fortin lui prêtera sa
voix.
La
distribution comprend également Ayelet Zurer, doublée au Québec par Marina
Orsini.
L'équipe à l'origine du phénomène mondial Le
Code Da Vinci revient à la charge avec le très attendu Anges & démons, long
métrage basé sur le populaire roman de Dan Brown. Tom Hanks reprend son rôle de
l'expert en signes religieux Robert Langdon. Une fois de plus, ce dernier
constate que les forces et les racines antiques n'arrêteront sous aucun
prétexte, pas même le meurtre, pour parvenir à leurs fins. Ron Howard réalise à
nouveau le film qu'il produit en compagnie de Brian Grazer et John Calley. Le
scénario a été rédigé par Akiva Goldsman et David Koepp.
Quand Robert Langdon découvre la preuve que
l'ancienne et secrète confrérie Illuminati -- la plus puissante organisation
clandestine de l'histoire -- revient à la charge, il est aussi confronté à la
menace mortelle qui plane au-dessus de l'Église catholique, l'ennemi juré de
l'organisation. Lorsque Langdon apprend que le temps est compté avant qu'une
bombe posée par les gens de l'Illuminati n'explose, il s'envole à toute vitesse
pour Rome où il joint ses forces à celles de Vittoria Vetra, une superbe et
énigmatique scientifique italienne. Au coeur d'une chasse sans temps mort qui
les mèneront dans des cryptes scellées, de dangereuses catacombes, des
cathédrales désertées et même au centre de la plus secrète voûte de la terre,
Langdon et Vetra suivront la trace laissée par des anciens symboles datant d'il
y a 400 ans, des symboles qui représenteront le seul espoir de survie du
Vatican.
Commentaires de Michel Handfield
(19 mai 2009)
Dès les premières minutes on passe du Vatican
à l’accélérateur de particules du CERN en Suisse (1), qui a même fait un site
relié au film soit dit en passant! (2) C’est dire la force d’attraction de
cette sortie puisqu’un organisme comme
le Conseil Européen pour la Recherche Nucléaire, le plus grand
laboratoire de physique des particules du monde, en profite pour éduquer sur un
sujet aussi complexe que l’antimatière! C’est là une retombée forte
intéressante de ce film.
Mais, la science pure n’est qu’une partie de
cette construction, car pour dénouer l’énigme il faudra un historien, Robert
Langdon, pour en saisir tous les fils et remonter l’histoire, car nous sommes
dans un thriller qui mélange très bien science, histoire, politique, religion
et philosophie dirais-je.
Depuis qu’ils pensent, les Hommes tentent de
comprendre l’univers et sa création, mais aussi d’où ils viennent. Avec les
avancées modernes, on risque de trouver l’adresse de Dieu. Mais, s’il n’y avait
pas d’occupant? Alors, avant d’en arriver là, des forces occultes veulent
empêcher la science d’aller plus loin. Question de pouvoir avant de savoirs,
car, si Dieu il y a, qui dit qu’il est ce que l’ont croit? S’il n’était
qu’énergie sans domicile fixe? Ou toute autre chose que ce que l’on dit dans
les religions qui affirment qu’il leur a parlé en personne ou à travers des
prophètes? C’est donc une course contre la montre entre fidèles et infidèles
pour des raisons de pouvoirs sur les masses! Pouvoir par Dieu ou pouvoir par un
gouvernement mondial d’illuminés (3) exerçant sa morale à la place d’un Dieu
que l’on n’aurait pas trouvé par exemple!
Anges et démons pour bloquer ces avancées scientifiques qui les
menacent! A moins que ce ne soit l’œuvre d’un manipulateur qui serait à la fois
ange et démon comme les deux facettes d’une même personne… De quoi brouiller bien des pistes et avoir du
plaisir même si certains fins observateurs verront quelques anicroches dans des
détails. Mais, cela n’a rien enlevé au suspens pour moi. Cependant, je me dois
de souligner que je n’ai pas lu les romans, ni vu le Code Da Vinci. Ceci ne m’a
pas empêché d’apprécier ce film non plus. Qu’en sera-t-il pour les adeptes du
roman? Ça, je ne peux le dire.
Finalement, que le Vatican devienne un champ de
bataille entre des tendances fondamentalistes, réformatrices et scientistes est
fort intéressant si l’on considère les débats sur la place des religions dans
le monde moderne. Cependant, hormis le film, je crois que sans ouverture des
religions sur la science tous y perdront de toutes manières. Bref, un film qui
peut faire réfléchir, même si c’est d’abord une fiction dans laquelle j’ai
embarqué.
Notes :
1.
http://public.web.cern.ch/public/Welcome-fr.html
2.
http://angelsanddemons.cern.ch/fr
3.
Les Illuminatis, genre de trilatérale historique si je puis dire!
Pour
des détails, quelques hyperliens avec la coopération de Luc Chaput :
http://www.cinemovies.fr/fiche_info-12800-prod.html#856
www.danbrown.com/secrets/angels_demons/plane.html
Illuminati :
http://en.wikipedia.org/wiki/Illuminati
Franc-maçonnerie:
http://fr.wikipedia.org/wiki/Franc-maçonnerie
Illuminati
selon les théories du complot : http://fr.wikipedia.org/wiki/Illuminati_selon_les_théories_du_complot
Illuminés
de Bavière : http://fr.wikipedia.org/wiki/Illuminati_de_Bavière
“Angels & Demons” -
Separating Fact From Fiction by Matt McDaniel.May 18, 2009:
http://movies.yahoo.com/feature/smg-angels-demons-fact-fiction.html
Une
recherche Google vous fera trouver plein de choses. Mais, à prendre avec des
pincettes, car on circule entre information et fabulation parfois dans un tel
sujet.
---
D’abord, un topo des films que j’ai vu.
Ensuite, une conclusion à lire en cette période de crise du capitalisme, car
l’Afrique aurait tant à faire et à nous
apprendre si elle le voulait.
Michel
Handfield (20 mai 2009)
Ça ment pas (saison 1 - Gohou
Show)
2007,
90', SÉRIE TÉLÉ de 22 épisodes de 7', VIDÉO, FRANÇAIS, INT. : RONA HARTNER, JEAN-LUC
ABEL, GABRIEL IONASCU
Origine
: Côte-d'Ivoire
Réalisateur
: Sankara, Moussa et Sankara, Mamadou
Toute la série se déroule dans un salon de
coiffure chic du quartier d’affaires d’Abidjan. Il est luxueux et est géré par
GOHOU. Ces personnages sont récurrents et toutes les histoires des épisodes
doivent s’articuler autour d’eux. La série montre un autre visage de l’Afrique,
gaie et joyeuse.
Commentaires de Michel Handfield
Différentes histoires qui se déroulent dans un
salon de coiffure avec des coiffeuses sexy et un patron un peu croche sur les
bords. Des combines qui se terminent toujours sur le ton de l’humour! On
joue ici sur les préjugés avec humour.
Une écriture digne d’un Deschamps africain!
Au lieu de traduire des soaps états-uniens, on pourrait passer celui-ci
en version intégrale, car il est déjà en français!
Ceux de la colline
2008,
72’, 35MM, MOORÉ, ANGLAIS, DIOULA, HAOUSSA, PEUL, GOURMANTCHÉ, FRANÇAIS,
SOUS-TITRES FRANÇAIS
Origine
: Burkina Faso-France-Suisse
Réalisateur
: Goldblat, Berni
Autour d’une mine d’or improvisée sur la
colline de Diosso au Burkina Faso vivent des milliers de personnes.
Orpailleurs, dynamiteurs, marchands, prostituées, enfants, guérisseurs,
coiffeurs et marabouts composent cette ville éphémère. Ces hommes et ces femmes
ont tout abandonné dans le même but de faire fortune. Malgré les dangers et les
désillusions, la ruée vers l’or se poursuit inlassablement.
Né en 1970 à Stockholm, Berni Goldblat est de
nationalité suisse. Il réalise et produit des films depuis 1999, principalement
en Afrique de l’Ouest. Il a réalisé entre autres Mokili (2006) une fiction long
métrage nominée quatre fois et qui a reçu le Prix du meilleur montage aux
Africa Movie Academy Awards (AMAA), Nigeria, 2007. En documentaire, on lui doit
de nombreux moyens métrages présentés dans divers festivals internationaux dont
Des maux d’amour (2006) et La Guerre des sexes (2005).
Commentaires de Michel Handfield
L’or, synonyme de richesse. Dans ce pays où
les gens manquent de l’essentiel, sinon de tout, plusieurs sont prêts à tout
pour trouver de l’or. On est donc à sa recherche avec des moyens de fortune sur
une colline. Une colonie de chercheurs d’or avec son lot d’exploitants autour
d’eux, car qui dit or dit argent et qui dit argent dit commerce. Les biens et
services sont donc surévalués, ce qui fait qu’au bout du compte ces chercheurs
d’or seront rarement plus riches, surtout que l’on ne trouve que des pépites,
rarement des filons! Comme on est seul, parfois découragé, car on trouve plus
de terre et de boue que d’or, quand on trouve une pépite, on fête fort :
jeu, boisson femmes…
Quelles sont donc les chances d’attraper une
maladie sexuelle ou le SIDA avec toute cette promiscuité? J’imagine qu’elles
sont assez élevées même si le film n’en parle pas. Probablement plus élevé que
les chances de s’enrichir. Mais, encore plus triste est le fait qu’il n’y a pas
de lois; pas de règles; et pas de sécurité au travail. Les dynamiteurs vont donc se réunir, car il y a trop
d’accidents. Puis, une fois blessé, il faut survivre, mais, dans cette jungle,
un homme vaut moins qu’une poule! Il y aurait donc place au syndicalisme!
Petite question de ma part, donc :
Peut-on exporter des syndicats en même temps
qu’on leur envoie certaines de nos entreprises pour les exploiter? Cela devrait
faire partie du deal : un patron, un syndicaliste!
Mais, écouteraient-ils ou l’appât du gain
l’emporterait sur des considérations de justice? Né ici, « nous sommes des refusants parce qu’on fait
ce qui nous plaît, pas ce qu’on nous demande. » On ne peut donc faire
confiance à personne : « A part
femmes et commerçants du marché tout le monde est voleur » dira un
autre protagoniste du film. Moi, je ne gagerais pas là-dessus.
Quand les trous deviennent trop profonds
et se remplissent d’eau, ils quittent
pour une autre colline et recommencent leur manège. Une colonie de fourmis
voyageuses.
Note :
1.
Je parle de promiscuité, mais j’aurai pu parler de prostitution diront
certains. Sauf que, comme Sari l’a si bien dit, c’est de pauvreté qu’il s’agit.
« S’ils aiment mon fruit, ils
peuvent l’acheter et repartir après la nuit. On parle de prostitution, mais
c’est de pauvreté qu’il s’agit » dit-elle dans sa sagesse de femme qui
en a vu d’autres!
L'Absence
Réalisateur
: Keïta, Mama
2008,
81’, 35MM, FRANÇAIS, INT. : WILLIAM NADYLAM, IBRAHIMA MBAYE, MAME NDOUMBÉ DIOP
Prix
du meilleur scénario, Fespaco 2009
Après de brillantes études effectuées en
France et une absence d’une quinzaine d’années, Adama, polytechnicien de
formation, revient dans son pays natal, le Sénégal. La joie de sa soeur Aïcha
et de sa grand-mère est indicible. Ce jour béni, elles l’ont tant attendu. Au
cours du repas concocté en son honneur, Adama annonce son installation
définitive en France. Aïcha et sa grand-mère sont effondrées. Chaque année, des
milliers d’étudiants issus du tiers-monde, détenteurs de bourses d’état ou
financés par leur famille, vont poursuivre leurs études en Occident. Cette
fuite des cerveaux est une saignée continue qui prive ces jeunes nations d’une
substance vitale, les condamnant à végéter. Un investissement en pure perte.
Né à Dakar en 1956 ce réalisateur
vietnamo-guinéen, possède la double nationalité franco-guinéenne. Après des
études de droit à l'Université de Paris-I, il devient scénariste. En 1998, il
réalise le documentaire David Achkar, une étoile filante, un hommage à son ami
réalisateur. En 1998, David Achkar qui s'apprêtait à tourner Le Fleuve, meurt
d'une leucémie. Il fait promettre à son ami, Mama Keïta de faire ce film à sa
place. Le cinéaste qui ne connaît pas l'Afrique de l'intérieur entame alors un
voyage initiatique de Dakar à Conakry. Le Fleuve (2002) reçoit le Prix de la
Presse au Festival du film de Paris en 2003. En 2006, il signe Le Sourire du
Serpent, en compétition au FESPACO 2007 et au PanAfrica de Montréal en 2008.
Commentaires de Michel Handfield
Adama, de retour chez sa mère pour un court
séjour, constate que la vie a bien
changé depuis qu’il est parti il y a une quinzaine d’années. Il ne connaît plus
sa sœur, muette, et on sent le malaise entre eux. Je me demandais qu’est-ce que
cela cachait? Qu’avait-il fuit? Puis, peu à peu on le découvrira. Mais, en le
suivant, on découvrira aussi cette Afrique dans laquelle il est arrivé, car il
y a un écart entre le monde qu’il a quitté et celui qu’il retrouve, que ce soit
le Sénégal ou sa sœur. C’est une autre Afrique, où la criminalité et la
corruption semblent avoir pris plus de place qu’avant.
Les champs où il jouait petit avec un de ses
amis sont devenu un quartier huppé. Le quartier des mafias en tous genres :
politique et économique; dans le « légal » et l’illégal! En même temps qu’on
suce les ressources de l’Afrique au profit de quelques uns, d’autres vivent
dans la rue!
Pays d’inégalités sans système de redistribution
sociale, il y aurait pourtant tant à faire, ce qui nous conduit à un autre
problème africain : celui de la fuite des cerveaux. Quand il va visiter
son ancien prof, celui-ci lui parle de
ce besoin de voir les jeunes qu’ils ont soutenus, notamment en les envoyant
étudier en occident, revenir pour reconstruire cette Afrique qui en aurait bien
besoin. « Vous devez être conscient
que la collectivité à payé pour vous » lui dira ce vieux prof en
substance. Mais, s’il a en partie raison, Adama aura aussi raison de lui répondre que « l’Afrique a aussi des diplômés au chômage » comme si elle
était incapable d’utiliser ses ressources. Alors, vaut mieux être ailleurs et
envoyer de l’argent qu’être sous utilisé ou, pire, de ne rien faire ici! Deux
points de vue irréconciliables pour l’instant.
Il est donc confronté à ce qu’il a fuit et
nous le suivons dans ce cheminement difficile, car ce n’est pas un film à l’eau
de rose. C’est même un thriller, car il se retrouve comme un corps étranger qui
est venu troubler une mécanique, ce qui aura des conséquences irréversibles.
Les choses ne pourront plus jamais être les même après ces deux jours. De quoi
se demander s’il repartira, maintenant confronté à une nouvelle réalité qu’il
aura en partie créé tout en prenant conscience de la nouvelle réalité de sa
place. Restera-t-il pour tenter de changer les choses ou fuira-t-il vers sa
France? La question reste délibérément ouverte par le cinéaste.
Mo’Better Blues
Origine
: Etats-Unis
1990,
129’, FICTION, 35 MM, ANGLAIS, SOUS-TITRES FRANÇAIS, INT. : WESLEY SNIPES, GIANCARLO ESPOSITO, SPIKE LEE
Réalisateur
: Lee, Spike
Un joueur de trompette délaisse ses deux
maîtresses et se dispute avec son groupe. Son impresario subit des pressions de
la part de ses créanciers qui iront jusqu’au règlement de compte physique : le
trompettiste intervient mais il est blessé à la lèvre, ce qui l’empêchera de
jouer, mais le conduira plus tard à initier son jeune fils aux subtilités du
jazz. « Quand sonne l’heure des grands embrasements, la caméra se met à tourner
sur elle-même, emportant le décor dans une sensation de vertige. [...] Et
baignant tout le reste, omniprésentes, les envolées musicales de Marsalis, de
Coltrane, de Mingus viennent classer Mo’Better Blues au rang des très bons films
de jazz. » (Odile Tremblay, 1990)
Commentaires de Michel Handfield
Ce film débute en 1969 alors que Mo est petit
gars. On passera la fin des années 70 et
les années 80 avec lui, maintenant musicien. Ce film est intéressant pour des
raisons sociohistoriques maintenant, car on y passe du jazz au jazz avec des
accents de rap. On sent que quelque chose s’en vient… que l’on aura connu!
Paris à tout prix
Origine
: Cameroun
2007,
120’, VIDÉO, FRANÇAIS, SOUS-TITRES ANGLAIS, INT. : JOSÉPHINE NDAGNOU, SERGE UZAN,
MEIJI U TUM’SI
Réalisateur
: Ndagnou, Joséphine
Mention
spéciale du jury, Fespaco 2009
Suzy est une jeune fille des quartiers
populaires de Yaoundé. Pour sortir sa famille de la misère, elle s’engage dans
une aventure périlleuse pour atteindre Paris, son eldorado. Après plusieurs
tentatives d’achat de visa et un passage en force manqué par la frontière
maritime entre Cameroun et la Guinée équatoriale, elle n’hésitera pas à vendre
son corps pour atteindre son objectif. L’atterrissage à Paris sera rude et la
désillusion totale.
Commentaires de Michel Handfield
La rumeur publique dit que l’avenir est
bloqué. Le rêve des jeunes : quitter l’Afrique. Il y a donc là un marché
que les magouilleurs ont flairé. Quel bel appât pour mettre la main sur des
économies durement gagnées (1), la naïveté faisant le reste. Ne reste plus aux
professionnels de l’arnaque de laisser le poisson se prendre lui-même dans
leurs filets... pour encaisser. Suffit de savoir se présenter comme ayant des
contacts pour se voir allonger la somme désirée en échange de la promesse de
partir. On suivra donc Suzie qui se fera prendre plus d’une fois à ce jeu,
allant jusqu’à la prostitution pour y arriver.
Mais, pourquoi aimerait-on mieux souffrir de
l’autre côté de la Méditerranée plutôt que chez soi? C’est que l’on se compare avec l’image que
nous envoient les médias d’Europe et d’Amérique sans savoir que cette image
n’est que du marketing. Tous n’ont pas des BMW ou des Mercedes. Tous n’ont pas
les toilettes des magazines, mais c’est l’image que l’on reçoit ici. C’est
celle que l’on veut croire. On peut alors parler de fabrication du désir. Sauf,
que de l’autre côté de la Méditerranée ou de l’Atlantique, le système veut
endiguer cette immigration illégale qu’il provoque par son marketing de masse,
car les pays et les civilisations se vendent sur le marché mondial comme le
faisait autrefois le communisme. Si on informait réellement, on devrait toujours donner une image juste de la
réalité, mais ce n’est pas le cas. On parle volontiers de ces résidences de
Monaco ou de Beverly Hill qui font rêver les jeunes filles, mais plus rarement
de ces pauvres qui n’ont pas les moyens d’être soignés par le système de santé
états-uniens ou qui dorment dans la rue par exemple! On éduquerait sur le fait
que le système capitaliste ne donne pas nécessairement les moyens d’arriver à
ce qu’il promet par la pub. Loin de là même!
Sauf, que le système ne peut l’avouer, car ce serait avouer sa propre
impuissance. Comme les citoyens doivent
penser que c’est possible pour faire fonctionner le système, alors le marketing
créée cette impression pour faire tourner la roue! Mais, il y aura toujours des
perdants, parfois plus quand le système se dégonfle comme on l’a vu avec la
crise financière.
Ce film est aussi l’occasion d’une autre
question importante pour l’Afrique : la fuite des cerveaux. Pourquoi s’en
aller pour se faire un avenir ailleurs alors qu’il y en aurait un à faire ici
en développant l’Afrique? En la développant autrement que l’Europe et les États-Unis
par exemple, car on voit bien avec la crise financière que le modèle néolibéral
qui a tenu le haut du pavé les 20 dernières années n’est peut être plus le
modèle à suivre même si les États-Unis rêvent de le rapiécer pour qu’il
fonctionne comme avant. Désolé, mais ce jouet est brisé et il faudrait peut
être passer à autre chose un jour ou l’autre. Le plus tôt possible serait même
le mieux!
De nouveaux modèles sont donc à penser et à
appliquer. Les africains, au lieu de fuir vers l’Europe et l’Amérique, devraient
donc se tourner vers leurs racines pour développer leur modèle, car ils en sont
capables! (2) Et, qui dit qu’il ne sera pas « successful »? Mais,
pour cela ils doivent d’abord croire en eux et mettre fin aux conflits
interafricains. C’est possible puisque l’Europe, en moins de 50 ans, est passée
de la seconde guerre mondiale à l’union européenne!
Notes :
1.
Parfois toute la famille rêve de voir un des siens partir vers Europe ou l’Amérique. L’Amérique, là c’est la totale,
car l’argent y pousse même dans les arbres selon la rumeur. Je l’ai entendu
dans un autre film dont je ne me souviens plus du titre, mais pas à ce
festival.
2. Je pense ici à René Dumont (http://fr.wikipedia.org/wiki/René_Dumont)
dont j’ai lu Le mal-développement en
Amérique latine (1981, France: Seuil, Points politique) et L'Afrique étranglée (1982, France: Seuil, coll. Point)
écrit avec Marie France Mottin.
Triomf
Origine
: Afrique du sud-France
2008,
120’, 35MM, ANGLAIS, AFRIKAANS, SOUS-TITRES FRANÇAIS, INT. : LIONEL NEWTON,
VANESSA COOKE, EDUAN VAN JAARSVELDT
Réalisateur
: Raeburn, Michael
1994. Cinq jours de la vie d’une famille
afrikaans dans la banlieue de Johannesburg juste avant les premières élections
démocratiques que l’ANC de Nelson Mandela va remporter. Les Afrikaans sont ces
Blancs d’origine hollandaise qui, deux siècles avant les Anglais, ont colonisé
l’Afrique du Sud et y ont imposé l’apartheid. Cette communauté repliée sur
elle-même vit ses derniers instants dans un régime qui les avantageait
outrageusement. La famille Benade est inquiète et rêve de « partir vers le Nord
». Tout dans le quartier change : une famille noire s’installe, des voisins
métis font un barbecue, des manifestants pro-Mandela manifestent en dansant
dans la rue... et pas moyen d’appeler la police pour qu’elle mette un peu
d’ordre!
Né au Caire en 1948, Michael Raeburn passe son
enfance au Zimbabwe. Il obtient une maîtrise de lettres françaises à Londres,
poursuit des études à Aix-en-Provence puis à l'IDHEC à Paris. Il signe des
films engagés autant documentaires que de fiction depuis la Grande Bretagne, la
France, le Zimbabwe. Il a notamment réalisé Soweto (1991) et Home Sweet Home
(co réalisation Heidi Draper, 1999).
Commentaires de Michel Handfield
Quand on pense pauvreté et Afrique du Sud, on
pense aux noirs. Mais, il y a un million de blancs pauvres et marginaux en
Afrique du Sud. On suit une de ces familles affreuse, sale et pas trop méchante
(1), mais pas très gentille non plus, qui vit dans la promiscuité! Ils sont assez déphasés, au point de dire du
chien qui vient de mourir : « J’étais
son humain de compagnie! » Assez particulier comme film.
Note :
1.
Pour ceux qui ne l’auraient pas compris, je paraphrase ici le titre d’un film
italien : Affreux, sale et méchant (1976). Voir http://fr.wikipedia.org/wiki/Affreux,_sales_et_méchants
Dans l'ombre d'une autre
Origine
: Cameroun
2009,
100’, FICTION, VIDÉO, FRANÇAIS, INT. : STÉPHANE TCHONANG, MONIQUE PATOUO, JOYCE
NTALABE
Réalisateur
: Kemegni, Francine
Alain, jeune cadre au ministère du commerce,
est déjà fiancé à Laurence lorsque sa mère lui présente Marie, qu’elle a déjà
dotée pour lui. De peur de se faire maudire par ses parents, Alain épouse
civilement Laurence avant de se marier coutumièrement avec Marie. Alors
commence pour lui une double vie.
Commentaires de Michel Handfield
On saisit rapidement la différence avec ici.
Pas besoin d’attendre que le père dise à sa fille « je compte sur ton mariage pour assurer mes
vieux jours » pour savoir qu’on est ailleurs. Ni d’avoir des répliques
comme « Depuis quand qu’on demande
l’avis des femmes? » Malgré le côté parfois dramatique, l’auditoire,
composé de plusieurs africains, riait. C’était une salle qui réagissait
beaucoup. Mais, c’est souvent le cas dans ce festival. Différence de culture.
Faut dire qu’Alain,le personnage principal de ce film, a le tour de se mettre
les pieds dans les plats. Il mariera d’ailleurs deux femmes pour faire plaisir
à sa mère. Si la « campagnarde » le sait, celle de ville ne le saura
pas avant qu’il ne soit obligé de le lui dire! Mais, il ne sera pas au bout de
ses peines, car les femmes auront une certaine revanche sur lui. Une revanche
du sort…
La salle aura de quoi réagir jusqu’à la fin,
même dans les discussions d’après film, où une certaine différence de mentalité
était facilement perceptible avec là-bas.
Conclusion
De tous ces films, je conclue que l’Afrique a
du potentiel, mais malheureusement trop de jeunes la quittent au lieu de rester
pour changer les choses. Pourtant, avec les problèmes environnementaux et la
faillite du néolibéralisme, qu’on veut remettre sur les rails en soutenant une
reprise de la consommation comme si cette faillite n’avait jamais eu lieue (1),
elle aurait la chance de montrer que d’autres modèles, plus communautaires,
existent, car ils existent en Afrique. On en a eu des exemples dans des
festivals précédents, que ce soit vues d’Afrique ou le Festival des Droits de
la Personne. L’Afrique devrait donc se reconstruire autrement, soit avec des
infrastructures collectives, comme un bon réseau de trains, plutôt que de rêver
d’avoir sa BMW ou sa Mercedes pour se faire voir sur des routes défoncées. Elle
n’en sortirait que plus forte, surtout si on pense aux richesses naturelles
qu’elle recèle, mais qui sont exploités au profit d’entreprises
étrangères. Il faut qu’elle revienne à
un certain collectivisme. Pas du communisme pur et dur comme au temps de la
guerre froide, mais une forme de libéralisme social, de socialisme démocratique
ou un régime d’économie sociale, car l’Afrique ne pourra pas se reconstruire en
important les valeurs individualistes à
l’occidentale. Il faut qu’elle se trouve et se définisse elle-même, ce qui
n’empêche pas de regarder ce qui se fait ailleurs. Mais, il y a une différence
entre s’inspirer et calquer! Ce n’est qu’à ces conditions qu’elle redeviendra
un continent qui compte sur l’échiquier mondial, car elle montrera qu’il n’y a
pas que l’american way of life dans
la vie. Il y a d’autres façons de faire
et d’évoluer dans le monde. D’ailleurs, l’American
way of life est un mode de vie très destructeur s’il est poussé à l’extrême
et étendu à la grandeur de la planète.
L’Afrique doit prendre prétexte de cette crise
pour se reprendre en main. Quant à l’Amérique, elle devrait apprendre à modérer
ses transports, réduire le gaspillage de ses ressources et celle des autres
qu’elle exploite à son profit. Il en va de même de la Chine qui développe une
économie capitaliste ultralibérale sous un régime politique communiste dans une
fusion des extrêmes!
Avant d’aider les grands de l’automobile, on
devrait plutôt investir dans les infrastructures collectives, dont le transport
en commun (urbain, interurbain et continental) pour sortir plus écologiquement
de cette crise. Réussir à passer d’une économie individualiste à une économie
sociale et politique, c'est-à-dire une économie au service de la société et non
plus une économie qui essaie de tourner seule en vase clos pour son seul profit
comme si la société n’était qu’une utopie. C’est l’économie poussée à l’extrême
qui est utopique puisque l’homme a fait du troc et de l’entraide bien avant de
l’économisme! On devrait avoir appris
qu’en tournant sur elle-même l’économie ne créé parfois qu’un courant d’air qui
peut se dissiper à la moindre crise de confiance, car c’est du vent! Ma formule
dit bien ce qu’il en est en cette période de crise financière, c’est-à-dire la
crise de la spéculation pour la spéculation, car le but était de faire du
profit non pas en produisant pour répondre à une demande bien réelle, mais
plutôt en trouvant le moyen de faire du profit par des astuces comptables comme
si par miracle les chiffres pouvaient se transformer en or! (2) On oubliait
l’humain dans ces calculs de l’esprit. L’Afrique, vaste et peuplée, pourrait
nous le rappeler si elle surmontait ses divisions, souvent le fait de ses
propres élites qui la pillent et de groupes d’intérêts qui leurs sont associés!
Si je dépasse le seul festival Vues d’Afrique dans ma conclusion, c’est
que j’ai vu le festival des films sur les droits de la personne que quelques
jours auparavant et l’Afrique en faisait
aussi partie. On ne peut l’écarter si facilement même si au plan économique
elle ne semble plus partie intégrale du paysage, car on n’entend plus parler
que du triangle Asie-Amérique-Europe. Même si elle n’est plus traitée comme
faisant partie du monde, mais plutôt comme un carré de sable à l’écart de celui-ci,
où on va chercher des ressources comme si elle n’était plus rien d’autre qu’un
grenier, elle est toujours là. Et il y a des gens qui la peuplent! On ne
devrait pas les oublier ainsi. (3) Il est donc bien de rappeler l’Afrique à
notre mémoire, mais il serait encore mieux que les africains prennent la
destinée de leur Afrique en main pour nous surprendre au lieu de la
quitter!
Michel
Handfield
Notes :
1.
A ce sujet, voir le texte critique “How
to Save Capitalism: Fundamental fixes for a collapsing system” in Harper’s
Magazine, November 2008, pp. 35-46. www.harpers.org/
2.
Nouvelle pierre philosophale, ces théories se sont révélées n’être qu’un mythe
elles aussi avec la crise boursière de 2008!
3.
On n’y pense que lorsque les médias occidentaux en parlent pour une mauvaise
nouvelle, comme une famine ou un génocide par exemple. Des fantômes entre les
mauvaises nouvelles…
Et maintenant, les gagnants sont…
SELECTION
INTERNATIONALE FICTION
Le
prix de la communication interculturelle, long métrage offert par Radio-Canada
est remis à Mascarades de Lyes Salem, Algérie / France.
Une
mention spéciale est décernée au film Triomf de Michael Raeburn, Afrique du Sud
/ France.
Le
prix de la communication interculturelle, court métrage, offert par
Radio-Canada, est remis à C’est dimanche de Samir Guesmi, Algérie / France.
Le
prix Images de Femmes de la meilleure actrice d’Afrique sub-saharienne et des
pays créoles, offert par la revue africaine Amina, est remis à Rym Takoucht
pour son rôle de l’épouse de Mounir dans Mascarades, de Lyes Salem, Algérie /
France
Le
prix du meilleur acteur, offert par la revue Fasozine, est remis à Illiès
Boukouirene, pour son rôle d’Ibrahim dans C’est dimanche ! de Samir Guesmi,
Algérie / France.
Le
jury était composé de : Virginie Dubois, Ghila Sroka, Robert Favreau et Yves
Langlois
SELECTION
INTERNATIONALE DOCUMENTAIRE
Le
Prix de la communication interculturelle, offert par TV5 Québec-Canada pour un
long métrage est remis à Victoire Terminus, de Renaud Barret et Florent de la
Tullaye, France
Le
prix de la communication interculturelle, offert par TV5 Québec-Canada pour un
court métrage est remis au film Le Rallye d’Hélène, de Chouna Mangondo, de la
République Démocratique du Congo
Le
prix Micheline Vaillancourt remis à une réalisatrice du sud offert par le
Conseil International des radios et Télévisions d’Expression Française (CIRTEF)
pour un court ou long métrage est remis à Leïla Kilani, pour son film Nos lieux
interdits, Maroc / France
Le
jury était composé de : Karen Cho, Monique Gagné, Yves Bisaillon et Jacques W.
Lina
AFRICA
NUMÉRIQUE
Le
prix du meilleur long ou moyen métrage est remis à Paris à tout prix de
Joséphine Ndagnou, Cameroun. Une mention d’honneur est décernée au film Le
pèlerin du Camp Nou de Abakar Chene Massar et Bentley Brown, du Tchad
Le
prix du meilleur court métrage est remis à Les égarés de l’hémisphère Sud de
Daddy Ruhorahoza, Rwanda
Le
prix de la meilleure série et feuilleton télé est remis à L’As du lycée de
Missa Hébié, Burkina Faso
Le
jury était composé de Angie Bonenfant, Frédéric Dubois et Ian Oliveri
REGARDS
D'ICI
Le
prix ACIC / ONF, offert par l’Office
National du Film du Canada (ONF) pour la meilleure production indépendante est
remis à Les marrons de l’Alphabet, de Dimitri Médard, Canada
Le
prix de la Relève Via Le Monde pour un premier film sur l’Afrique ou les pays
créole (et les communautés africaines et créoles au Canada) est remis à Trois
Rois, de Katia Paradis, Canada
Une
mention d’honneur est décernée au film Le silence est d’or de Alexandra
Sicotte-Lévesque, Canada
Le
jury était composé de : Catherine Drolet, Erika Nimis et Sylvain L’Espérance
---
En salle depuis le 17
avril
Les
Films Séville, une filiale d’E1 Entertainment, est heureuse d’annoncer que le
long métrage Gomorra prendra l’affiche le 17 avril 2009. Ce film de
Matteo Garrone est basé sur le livre de Roberto Saviano, dont la tête a été
mise à prix suite à son enquête sur les milieux de la mafia napolitaine.
Gomorra a remporté le Grand Prix du Jury au plus récent Festival de
Cannes. Il a également été présenté au Festival international du film de
Toronto et au Festival du Nouveau Cinéma à Montréal.
«
On ne partage pas un empire d’une poignée de main, on le découpe au couteau. »
Cet empire c’est Naples et la Campanie. Gomorrhe aux mains de la Camorra.
Là-bas, une seule loi : la violence. Un seul langage : les armes. Un seul rêve
: le pouvoir. Une seule ivresse : le sang.
Nous
assistons à quelques jours de la vie des habitants de ce monde impitoyable. Sur
fond de guerres de clans et de trafics en tous genres, GOMORRA raconte les
destins croisés de : Toto, Don Ciro et Maria, Franco et Roberto, Pasquale,
Marco et Ciro.
Fresque
brutale et violente, GOMORRA décrit avec une incroyable précision les cercles
infernaux de la Camorra napolitaine pour mieux nous y entraîner.
Commentaires de Michel Handfield (2 mai 2009)
La
Camorra napolitaine est infiltrée partout. De la drogue vendue sur la rue aux
grosses combines, comme l’enfouissement de déchets toxiques, fait à rabais et
hors normes. On suit tout cela à travers le parcours de quelques
personnages.
Pour
la petite histoire, cela commence par de petits services, puis on est embarqué
dans un réseau d’échanges: la mafia! Comme la mauvaise herbe, elle prend racine
dans les zones en friche, où le travail au noir et le commerce illicite (drogue
et prostitution notamment) deviennent des moyens d’accéder à la consommation de
masse quand ce ne sont pas tout simplement des moyens de survie. On est dans
les quartiers pauvres; les habitations à loyer modique! Habitations contrôlées
par la mafia, leur homme faisant le tour des veuves et des parents éplorées
d’avoir un fils en prison ou 6 pieds sous terre pour leur donner leur
compensation mensuelle en échange de leur silence. Alors, comment dénoncer la
main qui nous nourrit?
L’exemple
venant ainsi des parents et des voisins, cela devient socialement acceptable
comme avenir pour les jeunes, car, souvent, à cet âge, on retient d’avantage ce
que l’on voit que ce que l’on nous dit! Ce bassin de jeunes devient donc une
pépinière où recruter facilement de nouveaux prospects. Il y aura certainement
quelques têtes fortes dans le nombre, mais on saura s’en charger… ou s’en
décharger s’ils sont une menace à l’organisation.
Ce
système ne peut que se développer, car les prospects sont au portillon pour
prendre la place de ceux qui se font prendre ou qui tombent au combat. Nombreux
et ayant baigné dans ce milieu depuis leur enfance, il est facile de les former
sur le tas. Comme en usine. On les recrute, même gosse, en échange de quelques
pièces pour surveiller si quelqu’un vient pendant que « les grands »
font un coup un peu plus loin par exemple. Puis, les grands lui diront « Eh,
tu n’as rien vu petit! » en lui donnant quelques pièces de plus
en quittant les lieux. La machine à alors commencé son travail….
Comme
chacun a son rôle, personne ne sait qui est la tête. De toute manière, si on
connait qui nous a transmis les ordres, c’est une longue chaîne de
commandement. Cela devient donc une organisation difficile à arrêter, car elle
a de nombreuses ramifications qui se recoupent pour assurer son bon
fonctionnement et brouiller les pistes. Elle est surtout assez étanche et
secrète pour empêcher d’en mettre tous les pions sous les verrous en même
temps. La mafia a su faire bon usage du silence et de l’organisation
taylorienne du travail, chacun ayant sa tâche sans en savoir plus qu’il n’en
faut. C’est peut être ce qui rend cette organisation très efficace sur le
terrain, car chaque personne est facilement remplaçable en cas de pépin, comme
une arrestation par exemple, mais en sait très peu si elle se met à table.
Ainsi, si chaque pion est utile, il n’est pas une très grande menace pour
l’organisation en même temps.
Les
mafieux ont plus à craindre de leurs amis et de l’intérieur de
l’organisation, car certains peuvent
vouloir prendre la place du capot ou aller dans un groupe rival. La guerre
entre familles, clans ou maffias devient donc la menace la plus sérieuse pour
les mafieux, car il n’y a plus d’amis ni de famille à part celle de la mafia.
Comme pour George W Bush, leur slogan est
« Tu es avec nous ou contre nous. »
Ce n’est pas là qu’il y a place à la nuance et à la tolérance. Tu marches droit
ou on organise tes funérailles même si tu es mineur, car tu te disais un homme
quand tu as commencé à faire affaire avec nous… ou contre nous!
Gomorra,
un film intelligent qui montre comment la mafia s’insère dans le tissu social,
politique et économique d’une part et, d’autre part, toute la mécanique psychosociale de son acceptation
par les citoyens au point qu’elle en vient à faire partie du paysage. Le
citoyen en vient à se dire qu’il faut faire avec! Point de non retour? Je
laisse la question ouverte pour l’instant.
Hyperliens :
Roberto
Saviano : http://fr.wikipedia.org/wiki/Roberto_Saviano
Camorra : http://fr.wikipedia.org/wiki/Camorra
-----
GHOSTS OF GIRLFRIENDS PAST / HANTÉ
PAR SES EX
Sortie :
Vendredi 1er mai
Réalisation : Mark Waters
Distribution: Matthew McConaughey, Jennifer Garner, Lacey
Chabert, Emma Stone, Michael Douglas, Amanda Walsh
Un homme est hanté par les fantômes de
ses anciennes petites amies au mariage de son frère.
Commentaires de Michel Handfield (30 avril 2009)
A
la surprise de ma conjointe, j’ai été voir ce visionnement de presse et j’ai
aimé le film! Notre homme, le célèbre photographe Connor Mead (Matthew
McConaughey), aime les femmes qu’il photographie et les autres qu’il
photographierait bien dans son lit! Libertin et cynique sur le mariage, il
détonnera au mariage de son frère jusqu’à ce qu’un oncle mort revienne lui dire
de ne pas faire comme lui. Puis, des anciennes conquêtes, elles aussi
disparues, viendront le hanter pour lui faire comprendre comment son cœur a
changé. On aurait pu tomber dans la comédie d’ados, mais on est plutôt dans un
genre de Scrooge (1) romantique. Avec
morale naturellement, comme dans les versions plus traditionnelles de cette
histoire. J’ai bien aimé même si je n’ai pour ainsi dire pas pris de notes.
Note :
1. Scrooge est en
effet le personnage central d’un chant de
Noël de Charles Dickens (http://fr.wikipedia.org/wiki/Un_chant_de_Noël) qui a fait l’objet de plusieurs
films. En voici donc une nouvelle variation originale.
---
Le Bal des actrices de
Maïwenn
A l’affiche le 10
avril
Après sa présentation au Festival
international du film de l'Outaouais à Gatineau, LE BAL DES ACTRICES de la
réalisatrice française Maïwenn prendra l’affiche au Québec le 10 avril
prochain.
Une réalisatrice veut faire un
documentaire sur les actrices, les populaires, les inconnues, les intellos, les
comiques, les oubliées. Filmant tout, tout, tout,avec ou sans leur accord. La
réalisatrice va se prendre au jeu et se laisser dévorer par ces femmes aussi
fragiles que manipulatrices.
Le film met en vedette : Maïwenn,
Jeanne Balibar, Romane Bohringer, Julie Depardieu, Mélanie Doutey, Marina Foïs,
Estelle Lefebure, Linh Dan Pham, Charlotte Rampling, Muriel Robin, Karole
Rocher, KarinViard, Joey Starr, Pascal Greggory, Jacques Weber, Yvan Attal....dans
leur propre rôle.
Commentaires de Michel Handfield (14 avril 2009)
Le
star system! Les gens, autour d’eux, qui les servent ou leur font attention.
Mais, elles ne sont pas toujours facile les actrices. Elles ont leurs
contradictions et leurs humeurs. Drôle, touchant et exaspérant à la fois! Bref,
réaliste à défaut d’être réel. Pour les gens d’ici, je dirais que c’est entre
« Tout sur moi » (1) et Paris Match! (2) Je l’ai conseillé à ma
blonde même si j’ai pris peu de notes. Ah oui, j’écoute « Tout sur moi » (3) pour ceux qui
voudraient le savoir!
Notes :
1. http://www.radio-canada.ca/emissions/tout_sur_moi/saison3/
3. J’écoute, mais le
regarde peu, car j’écris et je fais ma recherche en écoutant des téléromans ou
des émissions d’informations à la télé de Radio-Canada quand je n’écoute pas la
première chaîne radio de Radio-Canada, de la baladodiffusion ou France inter ou
France culture sur internet! Vous savez tout sur moi maintenant!
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Documents à ne pas
taire! (Notre section documentaire)
We all fall down: The
American Mortgage Crisis
www.icarusfilms.com/new2009/fall.html
65
minutes / color
Closed
Captioned
Release
Date: 2009
Copyright Date: 2009
Sale: $398
Commentaires de Michel Handfield (30 mai 2009)
« Ownership is fundamental to
a capital democracy ». Si vous ne possédez pas de
propriété, vous êtes en difficultés dans le monde capitaliste états-unien, car
la propriété est la base de ce système. Vu cet enjeu stratégique, l’État y a
pris une certaine place comme régulateur dans les années 30. Cependant, avec le
désengagement de l’État depuis les années Reagan, le gouvernement s’est peu à
peu retiré de ce secteur. Puis, avec les vagues de dérégulation des dernières
années, on a vu l’arrivée de prêteurs spécialisés à la place des banques
locales, qui avaient l’avantage de vivre dans leur marché et de bien le
connaître; le passage en bourse (Wall Street) des trusts hypothécaires, ce qui
les forçait à donner plus de rendements aux investisseurs nationaux et
internationaux; et, finalement, la dématérialisation des entreprises avec
l’offre grandissante de produits financiers et hypothécaires via l’internet. Il
n’est même plus nécessaire d’être une banque ou d’avoir une adresse sur rue
pour être dans ce marché, le financement étant devenu un produit dématérialisé
et délocalisé accessible de n’importe où dans le monde via la grande toile!
Ayant délocalisé cette pierre angulaire
de la maison qu’est son financement, on a ainsi créé une bulle financière, ce
qui a fragilisé tout l’édifice économique états-uniens et étranger, car les
investisseurs internationaux ont eux aussi passablement investit dans ce marché
ouvert. Ils croyaient avoir enfin trouvé la pierre philosophale.
Aux
institutions financières solides se sont ajoutés des aventuriers du capitalisme
qui ont pu unir des capitaux assez
importants pour se faire prêteurs. Cependant, cela fut à risque pour eux, mais
aussi pour les emprunteurs, car un tel marché devenait une véritable aubaine
pour les fraudeurs. C’est d’ailleurs ce qui est arrivé, la fraude
hypothécaire passant de 7000 cas en 2003
à 76000 en 2008! (1) Symptomatique d’un système qui devrait être révisé.
Puis,
quand les premières cartes ont commencées à tomber, ce système, victime de la
corruption et du rêve de l’argent vite fait, s’est écroulé, entrainant avec lui
le prix des maisons. Celles-ci, se dévaluant parfois au point de valoir moins
que les hypothèques qu’elles commandaient, ont entraînées des faillites en
cascade. Ce mouvement fut accentué du fait que la maison était devenue une
source de revenu dans ce marché haussier, la plupart des propriétaires
empruntant sur la hausse présumée de la valeur marchande de leur maison pour
consommer dans l’immédiat (s’acheter une télé de 92 pouces ou un Humer par exemple); envoyer leurs
enfants aux études, ce qui est plus sage cependant que de s’acheter un Humer;
ou, plus malheureusement, se payer des soins hospitaliers, car il n’existe pas
de système universel de santé comme au Canada chez notre voisin du sud. La
maison était en quelque sorte devenue le compte d’épargne familial. Celle-ci
touchée, tout le modèle de consommation états-unien était affecté. Cette crise
s’est donc étendue au reste de l’économie, le système états-unien étant ouvert,
ce qui a fait de l’industrie automobile la seconde victime de celle-ci. GM
devrait vraisemblablement se placer sous la protection des tribunaux le 1er
juin pour assurer sa restructuration. (2)
Comme
on est dans un monde fluide, l’économie est moins facile à lire qu’elle ne l’a
déjà été, ce même si les indices peuvent
parfois être haussier, car l’économie financière est beaucoup plus spéculative
que l’économie réelle et pas nécessairement en relation directe avec elle. De
plus, comme le capitalisme états-unien n’offre pas les mêmes protections que
d’autres modèles capitalistes offrent, ce que la droite états-unienne s’acharne
à appeler socialisme même si ce n’est qu’une autre forme de capitalisme plus
social (3), leur population est aussi
plus fragile à ces crises, ce qui contribue à les accentuer. Si, à la
place de la propriété privée et individuelle, il y avait eu davantage
d’habitations coopératives et communautaires par exemple, la crise n’aurait pas
eu le même impact; ni si les prêts immobiliers avaient été séparés des prêts à
la consommation, comme pour l’achat de la télé de 92 pouces ou du
Humer dont nous parlions plus haut, car cela fragilise la propriété.
C’est
à se demander pourquoi ils tiennent tant à ce système. Probablement l’appât du
gain, car leur système économique, en échange de cette insécurité, leur fait
miroiter la chance de gagner à la
loterie du capitalisme! Le système économique de notre voisin, une forme
d’économie casino? Peut-être! Et ce sera difficile à changer, car c’est culturel.
Dès que les choses iront mieux, la tendance sera forte à revenir au capitalisme
individuel, pur et dur, avec la promesse que ce type de crise ne se reproduira
plus puisque les marchés auront compris et s’autoréguleront mieux que l’État ne
pourrait le faire. On dérèglementera à nouveau avec la promesse que les marchés
sont plus murs. Ce sera vrai jusqu’à la prochaine crise, car l’appât du gain
fera qu’il y aura toujours de nouvelles brèches d’ouvertes, surtout dans un système fortement déréglementé pour
faire plus de profits, ce le plus rapidement possible. L’appât du gain est ce
qui motive le plus les investisseurs et les entrepreneurs capitalistes! La
satisfaction du travail bien fait et de l’utilité sociale ne sont pas un moteur
suffisant pour ces gens. Cette crise hypothécaire serait donc davantage
culturelle qu’économique finalement. C’est possible, car dans une autre
culture, avec d’autres façons de faire, elle n’aurait peut être pas eu lieue.
Ce sont là des questions que ce film pose vu du Canada.
Ce
film donne aussi beaucoup d’explications au pourquoi de cette crise en
recourant à plusieurs spécialistes, ce qui devrait intéresser les États-uniens
au premier chef, mais aussi les étudiants et professionnels de la finance des
autres pays occidentaux qui regardent souvent le modèle états-uniens comme
« LE » modèle des affaires. A un autre niveau, il devrait aussi
intéresser un public des sciences sociales et humaines qui ont un regard plus
critique face au modèle économique et social États-Unien. Puis, plus largement,
il pourrait intéresser un plus vaste public encore, soit celui intéressé par
les films documentaires en général, car c’est un public en croissance depuis
quelques années. Ce public devrait être intéressé par cette problématique, car
elle est d’actualité, ayant tenue la une des médias une large partie de l’année
2008 et de 2009 puisqu’on en parle encore à l’occasion même si on parle parfois
de reprise.
Notes :
1. J’ai aussi trouvé des
références à ce sujet sur l’internet : www.fbi.gov/hq/mortgage_fraud.htm
2. General Motors : Ultime offre de Washington,
radio-canada.ca/Économie, jeudi 28 mai 2009 à 16 h 43 : www.radio-canada.ca/nouvelles/Economie-Affaires/2009/05/28/003-gm-tresor-offre.shtml
3. A ce sujet, lire Michel Albert, 1991, Capitalisme
contre capitalisme, Paris: Seuil, Points Actuels
---
22 avril 2009
Dans les films que nous avons vu au FIFA, il n’y en a qu’un
qui fut primé d’un prix : « Zora
Neale Hurston: Jump at the sun » de Sam Pollard (États-Unis), prix du
meilleur film éducatif. Ce n’est pas que nous n’avons pas eu la main heureuse;
c’est que nous choisissons nos films en vertu de critères sociaux et
politiques, ce qui fait que nous n’avons pas expressément choisit ou écarté de
films en compétition. S’il y en avait, ce n’était pas un critère de sélection
de notre part. De plus, nous avons
appréciés tous les films que nous avons vus, mais nous n’avons pas
nécessairement écrit sur tout. Parfois, le sujet n’était pas dans notre angle
tout simplement. Voici donc le bilan de notre FIFA 2009 avec du retard, car il
fut précédé du Festival des films sur les droits de la personne. Nous avons
aussi développé en même temps de nouvelles pages pour appareils portables de
style iPhone et iTouch. Comme revue
internet on se doit d’être dans le temps, ce qui prend un certain temps en
développement!
Michel Handfield
Les films que nous avons
retenus :
DOMENICO FONTANA : ENGINEER, ARCHITECT, URBANIST
GELUCK, L'HOMME
À LA TÊTE DE CHAT
MAESTRO: PORTRAIT OF VALERY GERGIEV
SHOPPING À LA FOLIE / MALLS R US
ZORA NEALE HURSTON: JUMP AT THE SUN
Allemagne/2007/Betacam/couleur/26
min/français, anglais s.-t. français
Le
musée du Jeu de Paume à Paris consacrait récemment une grande rétrospective à
l'artiste américaine Cindy Sherman. Figure centrale de la création
contemporaine, Cindy Sherman est aujourd'hui considérée comme une véritable
star. Sa cote a littéralement explosé ces dernières années. Certaines de ses
photographies ont récemment dépassé les 500 000 dollars. Ses images occupent
une place de premier plan dans les grandes collections d'art contemporain du
monde. Cindy Sherman vit à New York. Elle a 52 ans. Depuis ses tout premiers
travaux il y a plus de 30 ans, elle se sert presque exclusivement de sa propre
personne comme modèle. Série après série, elle photographie en studio les
personnages qu'elle invente. Tour à tour drôle, grinçante, parfois brutale,
cette œuvre met en scène une galerie de figures empruntées aux stéréotypes
culturels et sociaux. En filigrane se dessine une analyse subtile de l'identité
féminine, ses fantasmes et les pressions qu'elle subit.
Biographie
Sabine Willkop a fait des
études de littérature allemande et de journalisme. Elle est auteure et
réalisatrice pour la série Nachtkultur de la chaîne SWR et pour le magazine
culturel Métropolis à la chaîne ARTE.
Filmographie
Thomas Ruff ; Candida Höfer
; Bernd und Hilla Becher ; William Klein ; Robert Frank ; Bettina Rheims ;
Helmut Newton ; Gregory Crewdson ; James Mollison ; 2009, année Darwin.
Commentaires de Michel Handfield
Cette photographe se met elle-même en scène et crée du sens
par ses photos. Elle passe un message. C’est pour cette raison qu’elle fait
chaque fois des séries sur un thème particulier et non des clichés solitaires.
On peut dire qu’elle explore la réalité, mais elle va aussi
au-delà de celle-ci par ses constructions. Elle dénonce et dérange par l’image
qu’elle envoie, comme celle de ses clowns qui sont épeurants!
Les clowns qui nous gouvernent? Elle prend donc part aux débats par ses
mises en scène photographiques!
Allemagne/2008/Betacam/couleur, n. et b./67 min/anglais
Illustré d'un
grand nombre de toiles intimes et dérangeantes du peintre canadien Alex
Colville (né en 1920), ce portrait démontre comment la relation de l'artiste
avec son épouse Rhoda Colville, qui dure depuis 60 ans, se reflète dans sa
production artistique. En examinant son œuvre à la lumière des jalons
importants de sa vie privée, particulièrement les décennies passées à
Wolfville, en Nouvelle-Écosse, le film replace l'imagerie austère, d'un
réalisme cru, du peintre en contexte. « À titre de vrai réaliste, je dois
réinventer le monde », affirme Colville. Le plus célèbre artiste canadien
vivant, proche stylistiquement d'Edward Hopper, puise ses sujets de son
environnement immédiat, des activités banales du quotidien dans une province
Atlantique : la petite ville universitaire de Wolfville, la plage Évangéline
avec la silhouette du cap Blomidon qui se découpe à l'horizon, la vallée
Gaspereau, les eaux serpentines des marais de Grand Pré. L'œil de Colville
saisit en une scène figée, minutieusement contrôlée, le moment présent, son
intensité et la fugacité de la vie. Le peintre ne produit que deux à trois
tableaux par année. Le pouvoir énigmatique de ses œuvres, où pointe une sourde
angoisse, résulte justement de ce temps qu'il s'accorde pour les créer. Pendant
six semaines, l'équipe de tournage a saisi l'artiste chez lui, dans sa vie de
tous les jours, où, résolument à l'écart du milieu de l'art, dans une solitude
qui n'a rien de spectaculaire, il crée néanmoins un corpus spectaculaire
d'œuvres qui interpellent le spectateur.
Biographie
Né à Stuttgart, Andreas Schultz a étudié les beaux-arts à
la Hochschule der Künster de Berlin, puis à l'Académie du film et de la
télévision Konrad Wolf à Potsdam-Babelsberg. Il vit et travaille à Berlin comme
auteur et réalisateur.
Filmographie
Larger
than Life (2001) ; Hello America (2003).
Commentaires de
Michel Handfield
Par ce film on
voit le créateur dans sa réalité. Une réalité simple, loin de l’effervescence
de la ville. Il est alors évident que la force de son œuvre, c’est la force de
son environnement. C’est ce qu’il transmet comme portraitiste de son milieu.
C’est cet environnement qu’il sait cadrer de façon à nous faire rêver; rêver
d’y être! La simplicité, que ce soit dans ce cours d’eau, ce pont ou ce couple
nu qui veut quelque chose à grignoter dans le frigidaire. On est au point de
jonction de la vie et de la simplicité volontaire…
Parfois, il
livre aussi un message, comme ce cheval qui court de front face au train, ce
cheval d’acier. Caractéristique de deux
époques ou de deux conceptions du monde
qui s’affrontent dans un choc ou aucun ne sera gagnant, car le train peut
toujours dérailler sous le choc. N’est-ce pas révélateur de la collision entre
le capitalisme industriel et financier que nous venons de connaître? Même si on
remet le train sur ses rails, ce ne pourra plus jamais être pareil. (1) Là, est
toute la beauté de la peinture et le plaisirs de visiter une exposition :
on peut voir ce que l’artiste à vu ou essayer de saisir le message qu’il aurait
pu vouloir transmettre ou qui était dans son inconscient! Message qu’il aurait
donc transmis sans le savoir comme un art prémonitoire parfois!
Autre intérêt de ce film : la
présentation de l’artiste dans sa « plate »
quotidienneté, car, contrairement aux attentes que certains auront, il a une
vie comme les autres, sauf qu’il fait des toiles alors que d’autres coupent les
cheveux ou font des maisons. C’est son travail. Mais, comme tout le monde, il
doit aller chez le coiffeur ou faire ses commissions. Comme tout le monde, il
aime regarder un coucher de soleil à une
différence près : lui, il pourra toujours y voir un sujet de toile alors
que d’autres n’y verront que la beauté banale et répétitive d’un soleil qui se
lève et se couche tous les jours. La quotidienneté! Colville, finalement, voit
et peint ce que les autres n’ont pas vu. Être artiste, une question de vision!
Note :
1. On peut y voir bien des
symboliques. Le train, machine d’acier,
peut ainsi être un symbole du capitalisme industriel remplaçant le
capitalisme des artisans, symbolisé dans le cheval, plus libre. Mais, on peut
aussi y voir les ultralibéraux abolissant les règles et courant librement comme
le cheval, de front au capitalisme industriel, dans un clash à venir :
celui du capitalisme financier, où spéculer devenait plus payant que de
produire! Bref, « capitalisme contre
capitalisme » comme le titre d’un livre de Michel Albert paru au Seuil
(Points Actuels, 1991).
DOMENICO FONTANA : ENGINEER,
ARCHITECT, URBANIST
Suisse/2007/Betacam/couleur/50
min/italien s.-t. anglais
Promenade
à travers les principales réalisations, à Rome et à Naples, de l'architecte et
urbaniste originaire du Tessin, Domenico Fontana (1543-1607), dont l'influence
sur le développement urbanistique de Rome fut déterminante sous le pontificat
de Sixtus V (1585-1590). Les gravures et les détails publiés en 1590 par
Fontana dans son fameux ouvrage en deux volumes, Della trasportatione
dell'obelisco Vaticano et delle fabriche di nostro signore Papa Sisto V fatte
del cavalier Domenico Fontana, dédié à son protecteur le pape Sixte Quint,
servent de fil conducteur au film. L'auteur y relate l'érection, par ses soins,
de l'Obélisque sur la place Saint-Pierre, quatre ans auparavant, l'un des hauts
faits d'ingénierie du XVIe siècle. Les œuvres de Fontana sont passées en revue
et commentées par des spécialistes, notamment Claudio Strinati, surintendant
des Musées de Rome, Maurizio Fagiolo, directeur du Centre d'études sur la
culture et l'image de Rome, Paolo Portoghesi, architecte et spécialiste du
baroque, Pietro Giovanni Guzzo, surintendant des fouilles archéologiques de
Pompéi, et Paolo Mascilli Migliorini, architecte et professeur à l'Université
de Naples. Parmi les réalisations de Fontana, on compte la chapelle Sixtine de
la basilique Santa Maria Maggiore, la fontaine dell'Acqua Felice, le palais de
Latran, la réfection des colonnes de Trajan et Antonina, la palais du Vatican
et la bibliothèque pontificale à Rome ainsi que le palais royal de Naples.
Biographie
Né en Suisse italienne,
Adriano Kestenholz est réalisateur indépendant et critique d'art. Il a fait des
études de cinéma à l'Université Paris 8 et d'histoire de l'art à l'École des
hautes études en sciences sociales, à Paris.
Filmographie
La toilette de Vénus (1988)
; Félix Vallotton (1988) ; La mano senza volto (1989) ; Adolfo Feragutti
Visconti (1991) ; René Auberjonois (1992) ; Estatico Barocco (1994) ; L'isola
dei morti (1996) ; Caspar Wolf : le straordinarie vedute delle api (1997) ;
Camesi — le théâtre des signes (1997), 16e FIFA ; La Collezione (1998) ;
Edoardo Berta (2000) ; Luigi Rossi : Tra Realtà e Simbolo (2000) ; Livio
Vacchini : la salle polyvalente de Losone (2001), 20e FIFA ; Le geometrie della
luce (2002) ; Carlo Maderno : L'émergence du baroque (2004), 24e FIFA ;
Mosaici. Di Piazza Armerina (2005), 25e FIFA ; Wilfrid Moser : Treppen (2006).
Commentaires de Michel Handfield
Cet
architecte a notamment fait de grandes choses à Rome, mais, moi, ce qui m’a intéressé, c’est de
voir comment, en amenant l’eau par ses
fontaines, se développait un quartier tout autour. De quoi parler
d’urbanisation.
GELUCK, L'HOMME À LA TÊTE DE
CHAT
France/2008/Betacam/couleur/51
min/français
En
2008, Le Chat fête ses 25 ans. Créé en 1983, Le Chat de Philippe Geluck (né à
Bruxelles en 1954) a conquis la notoriété : il s'affiche dans les grands
quotidiens belges et français, il a été édité et publié dans plusieurs pays,
exposé dans des musées. Il fait l'objet de conférences, d'une thèse
universitaire. Il est courtisé par les publicitaires, sollicité pour les
manifestations humanitaires. Sa silhouette massive s'affiche sur les abribus
aussi bien qu'à la devanture des libraires. Il est partout, dans un musée de
Lille, statufié sur une place de Belgique, invité-vedette du Salon du livre de
Paris. Le film retrace l'ascension sociale du personnage créé par Geluck, sous
ce double aspect qui fait son originalité : le dessin de presse et le dessin
sociologique d'une part, la création graphique et la sémantique d'autre part.
Les temps forts des 25 années du Chat sont également revisités : l'actualité et
l'évolution de la société et du monde, vues par le Chat dans la presse écrite,
les journaux télévisés, ou des archives issues de la collection personnelle de
Philippe Geluck.
Biographie
Bérengère Casanova dirige
la maison de production Équipage, fondée en 1990, qui conçoit et réalise, pour
la télévision, de nombreux magazines, documentaires et émissions spéciales
essentiellement dans le domaine de la culture, des événements internationaux et
de la géopolitique.
Filmographie
Amadou Hampâté Bâ ; Voyages
d'Orient ; Soha Arafat ; Tosca ; Robert Carsen, un faiseur de rêves ;
Québec-Vancouver, voyage chez les cousins canadiens ; les magazines télévisés
Du côté de chez Bernard, Double Je, Bouillon de culture et La Grande
Librairie.
Commentaires de Michel Handfield
Le
Chat a commencé sa carrière en mars 1983
dans le supplément week-end du Soir. En 1986 il est passé à l’album chez
Castermann. Mais, amuseur ou philosophe, le chat? Il est Belge! Ailleurs, il
aurait été autrement, car rire de tout
est belge. Peut être un peu québécois aussi dirais-je!
Perso,
le l’ai connu dans La Presse et j’ai deux albums du chat dans ma bibliothèque
avec Malfada, car il attaque les opinions, les clichés et le pouvoir! Peut être
moins politique que Malfada, mais d’une ironie qui fait réfléchir. « Chat emblématique de la sagesse, jamais
imbécile, toujours philosophe. Le chat épingle toujours l’absurdité » nous
dit Michel Onfray. Je ne puis qu’être d’accord. Il est ironique et intemporel
comme certains philosophes de la cité l’étaient. Longue vit au chat, ouvrage
philosophique de notre temps de l’image.
Hyperlien :
Allemagne/2003/Betacam/couleur,
n. et b./75 min/sans dialogue
Entrechoquant
les grands succès de la culture populaire du IIIe Reich et les atrocités du
régime nazi, cette brillante compilation tente de décrypter les techniques de
propagande qui ont été utilisées pour livrer une explication partielle de
l'énigme du soutien des masses allemandes à Adolf Hitler. Extraits de comédies
musicales, images d'actualités, films de propagande, films de famille, réclames
publicitaires et dessins animés du IIIe Reich illustrent le faux idéalisme qui
caractérise l'ascension des nazis au pouvoir et démontrent comment ils se sont
servi du divertissement pour promouvoir une idéologie meurtrière et entretenir
l'illusion de la normalité. Le film est structuré en chapitres thématiques,
chacun accompagné d'une chanson et introduit par de grands titres dans le style
de l'époque. Loin d'adopter une approche distancée, il incite le spectateur à
appréhender de l'intérieur l'univers nazi et le force à s'interroger sur
l'attitude qu'il aurait adoptée en pareilles circonstances.
Biographie
Oliver Axer est auteur,
réalisateur et designer. Il est directeur de Deutsche Moderne, une galerie
consacrée au design allemand des années 1925 à 1940 et également un label de
disques. Susanne Benze détient une maîtrise en histoire et en philosophie de
l'Université de Hanovre, et est spécialisée dans l'antisémitisme, le
national-socialisme et la musique du IIIe Reich.
Filmographie
Les refrains du nazisme
(2004)
Commentaires de Michel Handfield
Montage
de films d’archives, de propagandes et de documentaires témoins de cette
époque. Nous suivons la montée et la chute du IIIe Reich entre la joie forcée
par l’idéologie dominante, notamment à travers les films de propagande du
régime nazi, et le grincement de dents propre au peuple qui sent que c’en est
fini, mais qui souffre en silence de voir l’agonie d’une utopie ainsi condamnée
s’éterniser parce que la machine idéologique qui le gouverne est rôdée pour
aller jusqu’au bout. On ne peut pas capituler, alors on doit souffrir tout en
sachant que c’en est fini et que l’on ne fait que prolonger l’agonie pour la
gloire d’un régime déjà mort, mais qui ne le sait pas encore. (1) Danse macabre
alors!
De
plus, et c’est ce qui est le plus troublant, on saisit facilement que ce
n’était pas l’œuvre d’un seul homme quand on voit toute cette organisation de
l’horreur mise en place par le régime hitlérien, notamment tous ces trains qui vont vers les camps
d’extermination. Il fallait plusieurs têtes pour monter une telle organisation,
mais aussi la faire fonctionner. Une large partie du peuple était donc mise à
contribution.
Je
me demande, comme sociologue, comment ce système aurait pu réussir à faire tout
ce mal sans une certaine acceptation sociale? En cachant ses fins peut
être! Mais, comment aurait-on pu duper
ainsi tout un peuple? Par un excellent système idéologique; un contrôle parfait
de l’information ou par un système de terreur? Un peu des trois je crois, à
quoi s’ajoute une certaine forme de servitude volontaire (2); mi acceptation,
mi obligation bien sentie d’une (large?) part du peuple!
Mais,
si l’information peut être contrôlée à ce point, alors quelle est la force du
peuple dans la démocratie, car le peuple ne contrôle pas les moyens
d’informations et de communication? L’État et les entreprises, si! C’est dire
que la démocratie est toujours à risque d’un détournement de sens ou d’un
renversement. Et, qui en a les moyens? L’État, l’armée, les entreprises et les
mafias! Ces groupes peuvent-ils déjà se servir de leurs énormes moyens pour
nous contrôler en partie? Probablement, et peut être de plus en plus avec le
retrait des États au profit du privé. (3) Avons-nous des contre-pouvoirs à leur
opposer? Probablement peu ou pas pris
individuellement, sauf pour quelques personnes qui ont une tribune médiatique
sur la base de leur popularité par exemple, mais peut être davantage
collectivement. Pensons aux syndicats, mouvements sociaux et groupes
alternatifs. Mais, faut-il que la population leur prête davantage attention. Il
y a là des questions que nous devrions regarder de plus près et une
conscientisation citoyenne à faire. Personnes impliquées demandées pour
sauvegarder la démocratie! Voilà à quoi m’a fait penser ce film.
Notes :
1. Voir le film « la chute » sur ce point. Nous en
avons parlé dans Societas Criticus, Vol 7 no 1 (2005).
2.
La Boétie, 1995 [1576], Discours de la servitude volontaire, Mille-et-une-nuits.
3. Je pense ici au film « La Question Humaine ».
Dans le Vol 9 no 7 (12 septembre – 29
octobre 2007) de Societas Criticus j’écrivais :
« J’allais voir
un film sur le travail, j’ai vu un film sur la psychologie d’humains qui ont
été élevés sous le nazisme, ou suite à
celui-ci, et qui en ont intégré une part sans en être conscients. Des
parallèles intéressants peuvent d’ailleurs être tirés sur les façons de faire
dans l’entreprise, mais aussi dans la vie. »
MAESTRO: PORTRAIT OF VALERY
GERGIEV
États-Unis/2008/Betacam/couleur/56min/anglais
Défenseur infatigable de la
riche tradition musicale russe, le dynamo russe Valery Gergiev, la cinquantaine
rayonnante, est le chef d'orchestre le plus sollicité de l'heure : directeur
général et artistique du légendaire Théâtre Mariinski de Saint-Pétersbourg,
réorganisé sous sa tutelle ; chef principal de l'Orchestre symphonique de
Londres ; premier chef invité du Metropolitan à New York ; directeur musical à
l'Orchestre philharmonique de Rotterdam ; et fondateur et directeur artistique
principal du Festival des nuits blanches de Saint-Pétersbourg et du Festival de
Pâques de Moscou. En grande forme, Gergiev partage son temps entre les
répétitions, les concerts et son exigeant travail d'administrateur du Théâtre
Mariinski, un planning extrêmement chargé de direction d'orchestres, de Londres
à New York, entre autres grandes capitales. Le maestro évoque sa manière
spontanée d'aborder les répétitions, pourtant soigneusement préparées, son
action internationale en faveur de ses musiciens et du répertoire russe, et son
étroite association avec des personnalités influentes de son pays.
Biographie
Chef d'orchestre et
réalisateur, Allan Miller a produit et réalisé plus de 35 films pour la
télévision. Il a réalisé la transmission télévisuelle de plusieurs concerts
ainsi que des émissions spéciales sur des orchestres majeurs.
Filmographie
From
Mao to Mozart — Isaac Stern in China, 3e FIFA ; Music for the Movies ; Bowing
Out ; Itzhak Perlman — Fiddling in the Future ; I Have Nothing to Say and I am
Saying It (1990), 9e FIFA ; Zhao Jiping (1996), 16e FIFA ; The Making of
Turandot in the Forbidden City (1998), 18e FIFA ; In Search of Cézanne (2002),
21e FIFA ; Perlman in Shanghai (2002) ; Boats Like Sails (2002), 22e FIFA.
Commentaires de Michel Handfield
La
musique, c’est vivant. Mais, un orchestre, c’est un atelier qui produit du son;
un atelier qui fonctionne selon une organisation taylorienne : chacun sa partition
du travail! Le chef, lui, orchestre le travail des créateurs individuels en un tout qui prend sens: une union
sonore qui donne une expérience sensorielle extraordinaire à des
auditeurs. Cette expérience, c’est la musique! Le tout me fait penser aux temps
moderne de Charlie Chaplin! Peut être une façon hors de l’ordinaire de voir ce
film, mais cela m’est apparu très clairement. Voilà pour le travail
d’orchestration du chef. Mais, il y a plus.
En
effet, il y a un énorme travail de relations publiques de la part du chef
d’orchestre. Il est comme un manager qui doit défendre son entreprise. Par
exemple, il doit trouver des fonds auprès de fondations et des gouvernements
pour que son orchestre survive. Voyager et rencontrer des mécènes. Cela prend du
temps. Ce n’est pas un travail de tout repos. C’est à croire que la récompense
est de jouer devant les spectateurs…
Un film fort intéressant, surtout si vous aimez la musique
classique et que vous avez déjà assisté à une représentation d’un concert symphonique.
SHOPPING À LA FOLIE / MALLS R US
Canada/2008/Betacam/couleur/78
min/anglais s.-t. français
Qu'ont
en commun Al Gore, la Tour de Babel, la science-fiction, les cathédrales
gothiques, les artichauts et les montagnes russes ? Ils se retrouvent dans
Shopping à la folie, un film qui pose un regard sur l'une des plus populaires
institutions nord-américaines : les centres commerciaux... Faire du shopping
dans les centres commerciaux est devenue une activité banale et quotidienne.
Mais que cache aussi cette réalité ? Mêlant nostalgie, ambition architecturale,
culture pop et politique, le film décode l'univers des centres commerciaux,
reflet de notre mode de vie, à travers leur histoire, leurs choix
architecturaux, parfois démesurés, leur aspect social, leur recours à la
culture populaire et leur dimension politique. Il nous entraîne de l'Amérique
du Nord, berceau des « malls », jusqu'à leur équivalent en Pologne, au Japon,
en Inde et à Dubaï. Analyse inattendue d'un phénomène étonnant qui a transformé
notre mode de vie.
Biographie
Diplômée de la Nova Scotia
School of Art and Design, Helene Klodawsky est productrice, réalisatrice et
scénariste indépendante depuis plus de vingt ans. Ses films ont été primés à
maintes reprises dans des festivals internationaux.
Filmographie
Love's Labour (1986) ;
Portraits de notre temps : Sue Coe et son œuvre (1986), 5e FIFA ; Des armes et
des larmes (1988) ; Pas le temps d'arrêter (1991) ; Motherland: Tales of Wonder
(1994) ; Si jamais... Un portrait de Judith Merrill (1998), 17e FIFA ; In
Search of Lucille (2000) ; Partition pour voix de femmes (2001) ; À toi pour
toujours (2002) ; No More Tears Sister: Anatomy of Hope and Betrayal (2004) ;
Family Motel (2007).
Commentaires de Michel Handfield
Acheter, c’est être!
Voilà ma première réflexion.
Le
religieux et le sacré, c’est le partage de mêmes valeurs qui s’incarnent dans
la communion. C’est la même chose pour la consommation : le shopping
devient une expérience collective entre personnes qui partagent les mêmes
valeurs : je suis ce que je projette et j’achète pour projeter l’image de
ce que je veux paraître! Comme à l’église autrefois, où on s’habillait pour
être vu! Mais, la symbolique religieuse va plus loin encore : dans
l’architecture, avec l’eau (les fontaines), la vie (les arbres), la lumière
(les puits de lumière) et des plafonds hauts comme des cathédrales parfois. Le
centre d’achat est un temple fait pour
conserver les fidèles de la consommation le plus longtemps possible entre ses
murs, mais aussi pour les ramener le plus souvent possible en son sein. Si on
n’a pas d’achats à faire… on ira prendre un café au centre d’achat! On y voit
du monde et on s’y fait voir. Dans certains cas c’est même l’endroit où les
jeunes doivent être vus! Dans mon adolescence, les années 1970, on allait à la
Place Alexis Nihon. (1) Mais, qu’y cherche-ton? Le bonheur, que ce soit par la
consommation ou les rencontres. On y va pour acheter, se faire voir ou briser
la solitude!
Dans
plusieurs cas le centre d’achat devient un
genre de centre ville, surtout dans les banlieues et les quartiers périphériques, avec ses
magasins, cinémas, restaurants et cafés terrasses… sur le mail! C’est la
nouvelle place publique, lieu de rencontre de la communauté. Certains centres
commerciaux jouent là-dessus en fournissant des espaces communautaires et
parfois des lieux de culte. Ils se
disent un lieu public, mais ce n’est qu’illusion, car ils sont très privés. La
sécurité y est d’ailleurs très présente. Essayez de filmer ou de photographier
dans un centre commercial pour voir...
Ce
film nous montre donc des centres d’achats existants, d’autres en construction,
mais aussi des centres en désuétude, qui sont abandonné parce qu’un nouveau
centre commercial ou multifonctionnel, plus gros et plus moderne, à ouvert à
quelques km de là. Des temples à la consommation qui se dégradent en attendant
d’être démoli, car il n’est pas vrai que tous peuvent survivre avec cette
prolifération. Tôt ou tard il y en a qui ferment dans l’indifférence, car ils ont
été délaissés par les marchands du temple et les consommateurs. (2) Ce qu’il y
a de plus triste, c’est que des commerces de proximité sont aussi fermés, avec
la complicité des gouvernements, au profit de nouveaux temples de
l’hyperconsommation. Mais, cela a des conséquences pour les citoyens. Des
hausses de prix sans nécessairement apporter une amélioration de la qualité du
produit ou du service. On voit même un exemple du contraire en Inde, où les
consommateurs y perdent au change.
L’intérêt
majeur de ce film est qu’il offre une optique mondiale du centre commercial, ce
qui est fort instructif et moins ethnocentriste qu’un film tourné exclusivement
sur le cas États-Uniens, Français ou Canadien par exemple. On y apprend donc
beaucoup. J’ai même appris l’existence d’un projet à quelques km de
Montréal : celui du lac Mirabel (3), qui se voudrait un paradis! Oui, mais
un paradis artificiel créé dans le but de faire consommer. L’enfer, n’est-il
pas pavé de bonnes intentions?
Notes :
1. www.placealexisnihon.com/fr/
2. A ce sujet voir le site www.deadmall.com
ZORA NEALE HURSTON: JUMP AT THE SUN
États-Unis/2008/Betacam/couleur,
n. et b./90 min/anglais
Flamboyante,
scandaleuse, imprévisible. Écrivaine, première anthropologue noire des
États-Unis, historienne du folklore noir afro-américain et des traditions
ethniques, fille d'un ancien esclave, Zora Neale Hurston (1891-1960) est l'une
des figures les plus illustres et les plus controversées du mouvement de la
Renaissance de Harlem, dans l'entre-deux-guerres. Elle collabora avec le poète
et dramaturge Langston Hughes avec qui elle fonda la revue Fire !!, fut
vivement critiquée par l'écrivain Richard Wright et par l'intelligentsia
masculine noire, qui lui reprochèrent son absence d'engagement politique, et
finit ses jours dans la pauvreté et l'anonymat. Considérée aujourd'hui comme
une pionnière de la littérature afro-américaine, elle fut redécouverte par la
romancière Alice Walker. Des œuvres comme Their Eyes Were Watching God (Une
femme noire), un classique, premier roman explicitement féministe de la
littérature afro-américaine, et Dust Tracks on a Road (Des pas dans la
poussière) sont aujourd'hui des références essentielles. Le film comprend des
archives inédites du Sud rural et des entretiens avec Alice Walker, Dorothy
West, Henry Louis Gates Jr., Maya Angelou et des proches de Hurston ainsi
qu'une entrevue de l'écrivaine pour la radio qui date de 1943, reconstituée par
l'actrice Kim Brocklington.
Biographie
À la fois producteur,
réalisateur et monteur de longs métrages ainsi que de films et de vidéos pour
la télévision, avec plus de 30 ans d'expérience, Sam Pollard enseigne également
les études cinématographiques à la Tisch School of the Arts de la NYU. Il
collabore régulièrement avec le réalisateur Spike Lee comme monteur et
producteur.
Filmographie
Eyes
on the Prize II : America at the Racial Crossroads (1989) ; I'll Make Me A
World : Stories of African American Artists and Community (1997) ; The Rise and
Fame of Jim Crow (2002). SÉANCES
Commentaires de Michel Handfield
Zora Neale Hurston a
silloné une partie des États-Unis, surtout le Sud, pour enregistrer
(sauvegarder) la culture folk. On plonge ici aux racines de l’ethnométhodologie et des « cultural
studies » avec cette femme, première anthropologue noire des États-Unis,
qui pouvait parler tant avec la femme des bayous que la plus bourgeoise des
bourgeoises de Washington, car elle pouvait passer du dialecte des masses au
plus bel anglais bourgeois!
Une
intellectuelle rebelle, qui a fait de la recherché sur la culture Voodoo, a
gagné sa place dans la littérature et a fait du journalisme, mais qui est morte
dans la pauvreté et l’anonymat. Un film qui la fait redécouvrir pour le plus
grand bien des jeunes générations qui ne l’ont pas connu et pour la rappeler à
ceux qui l’ont connu. Un film qui la replace dans l’histoire des sciences
humaines et de son pays. Un film que j’ai apprécié comme j’ai étudié en
sociologie.
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Bilan de notre 4e édition du Festival de films sur les droits de la
personne de Montréal!
Michel Handfield, 21 avril
2009
- Nous avons remarqué un
public plus nombreux aux représentations auxquelles nous avons assistés;
- Faces, de Gérard Maximin,
a remporte le Prix du public;
Le Grand prix du
documentaire fut décerné à Rodrigo Vazquez pour Child Miners;
- Finalement, le grand prix
du premier Concours de photoreportages sur les droits humains, organisé par
Anthropographia, fut décerné à Christophe Chammartin, pour Prison de plastique.
Voir : http://anthropographia.org/concours/eng/info.html
Les films que nous avons
retenus :
Birmanie, la
révolution par l’image
Quelques films vus au festival accompagnés de nos commentaires:
France – 100 min, Doc/
Fiction, Multilingues, S.-T.F.
Réalisé
par Jane Campion, Gael Garcia Bernal, Jan Kounen, Mira Nair, Gaspar Noé,
Abderrahmane Sissako, Gus Van Sant et Wim Wenders, et produit par Lissandra
Haulica et Marc Oberon
En
septembre 2000, 191 gouvernements se sont engagés à réduire de moitié la
pauvreté dans le monde d’ici 2015. Ils se sont fixé 8 objectifs : Les Objectifs
du Millénaire pour le Développement. « La décision la plus audacieuse prise par
l’humanité » a déclaré Muhammad Yunus, récipiendaire du Prix Nobel de la paix
en 2006. À mi-parcours de ces objectifs, l’urgence se faisant sentir, huit
cinéastes de renom se sont mobilisés pour partager leur vision de ces enjeux
fondamentaux. Mis en œuvre par les producteurs d’LDM Productions, Lissandra
Haulica et Marc Obéron, 8 désire sensibiliser l’opinion publique à la nécessité
d’agir et est destiné aux dirigeants politiques afin qu’ils n’oublient pas
leurs engagements.
Objectif 1 : Éradiquer
l’extrême pauvreté et la faim
Le rêve de Tiya
d’ABDERRAHMANE SISSAKO (Fiction tournée à Addis-Abeba, Éthiopie)
Objectif 2 : Assurer
l’éducation primaire pour tous
La lettre de GAEL GARCIA
BERNAL (Fiction tournée à Reykjavik, Islande)
Objectif 3 : Combattre
le VIH /SIDA, le paludisme et d’autres maladies
SIDA de GASPAR NOE
(Documentaire tourné à Ouagadougou, Burkina Faso)
Objectif 4 :
Promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes
How Can It Be ? de MIRA
NAIR (Fiction tournée à Brooklyn)
Objectif 5 : Assurer
un environnement durable
The Water Diary de JANE
CAMPION (Fiction tournée à Cooma, Australie)
Objectif 6 : Réduire
la mortalité infantile
Mansion on the Hill de GUS
VAN SANT (Fiction tournée à San Francisco)
Objectif 7 : Améliorer
la santé maternelle
L’histoire de Panshin Beka
de JAN KOUNEN (Fiction tournée en Amazonie péruvienne)
Objectif 8 : Mettre en
place un partenariat mondial pour le développement Person To Person de WIM
WENDERS (Fiction tournée à Berlin)
Commentaires de Michel Handfield
Ce film est à la fois intéressant et inégal de par sa nature,
car tous les films ne viennent pas nous chercher de la même façon. Ce sont en
effet 8 courts métrages fait par des réalisateurs différents et portant chacun
sur un des objectifs du millénaire pour le développement (http://www.un.org/french/millenniumgoals/).
Chacun de nous, n’ayant pas les mêmes sensibilités, sera alors touché de façon
différente par chacun de ces films. C’est ainsi qu’en parlant avec un autre
journaliste, il nous était facile de voir que nous n’avions pas du tout
accroché sur les mêmes choses, ce qui est tout à fait normal pour ce genre
d’essai cinématographique. Pour ma part j’ai bien aimé les films suivants dans
cet opus (par ordre numérique):
Objectif 2 : Assurer
l’éducation primaire pour tous : La
lettre de GAEL GARCIA BERNAL (Fiction tournée à Reykjavik, Islande). La
réflexion de l’écolier qui dit « Pour
réduire la pauvreté, il faut partager la richesse, mais les gens n’aiment pas
partager » dit tout de la crise actuelle.
Objectif 3 : Combattre
le VIH /SIDA, le paludisme et d’autres maladies. SIDA de GASPAR NOE (Documentaire tourné à Ouagadougou, Burkina
Faso). Comme pour tous les problèmes de
santé, il y a un problème d’argent pour les soins, mais aussi un problème de
conscientisation et d’éducation : faire le test et utiliser le condom. « Il faut changer parce qu’on se
contamine » dit le sidatique qui est au centre de ce film. Mais, notre
homme dit aussi, vers la fin, que « la
bible interdit ça » et que « la religion m’a sauvé! » On tombe alors dans l’idéologie
religieuse. Pas loin du pape tant décrié récemment pour ses déclaration
concernant … le condom en Afrique! (1)
Objectif 5 : Assurer
un environnement durable. The Water Diary
de JANE CAMPION (Fiction tournée à Cooma, Australie). L’environnement, mais
surtout le problème de l’eau avec la surpopulation et la surconsommation. La sécheresse se fait
sentir. Il faut des solutions immédiates dans certains coins du monde. On a
alors recours à la pensée magique, comme le chant de la pluie! Il faudrait
plutôt changer des comportements. La crise économique actuelle pourrait en
offrir l’occasion, mais on semble vouloir revenir à ce qu’il en était avant
sans trop changer. C’est ainsi que l’on parle de soutenir l’industrie
automobile plutôt que d’investir dans les transports collectifs, incluant le
transport de passagers par trains, par exemple. Mais, comme si on n’avait pas
encore compris l’importance de l’environnement, l’économie redevient notre
préoccupation principale avec la crise actuelle alors qu’elle pourrait être une
occasion de changements structurels et comportementaux.
Objectif 8 : Mettre en
place un partenariat mondial pour le développement. Person To Person de WIM WENDERS (Fiction tournée à Berlin). On voit
des manifs contre le G8, prédétermination de ce qui est arrivé dernièrement au
G20 (Londres) et au sommet de l’OTAN de
Strasbourg (2), car le peuple n’est pas content de ses dirigeants et de
son élite économique. En temps de crise, où les petits écopent, les gros se
voient montrer la porte avec des bonis astronomiques ou reçoivent de l’aide des
États pour remettre à flot les entreprises qu’ils ont eux même menés dans les
récifs de la spéculation par leur désir effréné de rendements à court terme et
leur vision à courte vue! Ce sont de nouvelles façons de faire qu’il faut. Des
façons que les médias montrent peu.
Prenant
l’Afrique en exemple (3) Wim Wenders plaide pour un partenariat entre les
nantis et les moins nantis pour améliorer le développement à partir d’un outil
tout simple : le microcrédit mis en place par le Bangladeshi Muhamat
Yunus. Si on veut, on peut! « Keep
the promesse! » chante Bono à la fin du film et tel est le message
de Wim Wenders, notamment aux
communicateurs des médias qui insistent trop souvent sur le fait divers ou la
casse qui arrivent toujours dans ces grands événements que sont les sommets
économiques et politiques plutôt que sur le message ou l’initiative la plus
importante; celle qui appelle un réel changement de perspective, car les
altermondialistes ont aussi des choses à dire; des solutions à proposer. Mais,
on en parle peu, préférant montrer des images sensationnalistes de jeunes
affrontant la police. C’était mon film préféré, car il montre comment
l’information officielle peut devenir
désinformation alors qu’avec un simple changement d’angle elle pourrait
devenir de la meilleure information. (4) Une chance qu’il y a parfois des blogues
et des médias alternatifs pour attirer l’attention sur autre chose, car les
journalistes officiels ont eux aussi leurs lacunes ne leur en déplaise, eux qui
s’en prennent aux blogueurs et aux médias alternatifs.
Notes:
1. « Benoît XVI est par ailleurs entré sur un
terrain controversé en déclarant que la distribution de préservatifs n'est pas
une solution pour lutter contre l'épidémie de sida qui sévit dans le monde.
Loin d'aider à contenir l'épidémie, cette pratique accroît, selon lui, le
problème. » (www.radio-canada.ca/, International / Cameroun : Benoît XVI
critique l'usage du condom, Mise à jour le mardi 17 mars 2009.
http://www.radio-canada.ca/nouvelles/International/2009/03/17/006-pape-afrique-cameroun.shtml
2. Il y a des vidéos sur le
site du Nouveau parti anticapitaliste (http://www.npa2009.org/)
dont nous avons écouté une entrevue du porte-parole, Olivier Besancenot, en
podcast sur France Inter. C’était dans le cadre du 7/10 avec Nicolas Demorand que cette entrevue fut
réalisée; émission du lundi 6 avril 2009 : www.radiofrance.fr/franceinter/em/septdix/ (Voir aussi http://www.radiofrance.fr/franceinter/video/invite)
3.
Dans une « ligne » du film Wim Wenders parle de Berlin 1884 qui a
fait basculer l’Afrique dans la pauvreté. Berlin 1884? Après avoir Googlé
« Berlin 1884 », j’ai trouvé la
conférence de Berlin de 1884 où les puissances occidentales se sont
partagées l’Afrique pour ses richesses. Cependant, comme ce partage n’a pas
réglé les conflits entre ces puissances coloniales, ces conflits se sont
exacerbés et expliquent en partie la première guerre mondiale (1914-1918).
Voir Wikipédia, car c’est le plus
explicite sur le sujet:
http://fr.wikipedia.org/wiki/Conférence_de_Berlin
http://fr.wikipedia.org/wiki/Partage_de_l'Afrique#La_conf.C3.A9rence_de_Berlin_.281884-85.29
http://www.praythedevilbacktohell.com/v3/
GINI RETICKER - USA – 2007
– 72 MIN – DOC – ANGLAIS, S.-T.A.
Des
femmes courageuses et visionnaires se regroupent pour exiger la paix au
Libéria, nation déchirée par des décennies de guerre civile. Ce documentaire
nous permet de revoir les expériences des femmes qui ont joué un rôle réel dans
l’avènement d’une paix durable.
Commentaires de Michel Handfield
Le
Libéria (1) fut fondé en 1847 par des anciens esclaves états-uniens. Il compte
environs 3 millions d’habitants maintenant. Les « guns » y sont
disponibles pour aussi peu que 25$. C’est dire que la mentalité de cowboy des
États-Unis a suivit les fondateurs et est demeurée bien vivante sur cette terre
d’Afrique. Mais, avec l’appât du gain que posent les ressources naturelles de
ce pays, dont le diamant, et les conflits entre rivaux, le pays étant composé
de plusieurs ethnies, cela a dégénéré. La situation en est devenue une de
guerre civile au cours des années 1980. (2) Ethnicité, richesses naturelles,
particulièrement le diamant, et libre circulation des armes sont toutes des
raisons de poursuivre cette guerre entre différentes factions. Les hommes étant
loin de penser la reconstruction sociale et politique du pays, les femmes ont
décidé de prendre les choses en main.
Cela
a commencé petit : faire prier pour la paix. Puis, cela a grandit :
chrétiennes et musulmanes se sont unies pour faire des « sit in »,
grève du sexe (les hommes comprennent ça!) et de l’occupation politique pour
que cet état de fait (guerre et manipulation) cesse, ce qui a réussit. C’est
cette histoire que raconte ce documentaire plein d’espoir.
Notes :
1. http://fr.wikipedia.org/wiki/Libéria
http://www.tlfq.ulaval.ca/axl/afrique/liberia.htm
2. http://fr.wikipedia.org/wiki/Économie_du_Libéria
http://www.temoinindesirable-lefilm.com/
JUAN JOSÉ LOZANO – SUISSE
/FRANCE – 2008 – 90 MIN – DOC – ESPAGNOL, S.-T.F.
La
Colombie demeure l’un des pays les plus dangereux au monde pour l’exercice du
journalisme. Nous suivons pas à pas le travail du journaliste colombien Hollman
Morris, récipiendaire en 2007 du Prix Human Rights Watch Defender, qui, par son
émission de
télévision Contravia, se
bat pour dénoncer la barbarie du conflit qui frappe son pays.
Commentaires de Michel Handfield
Le
journaliste colombien Hollman Morris est un témoin en zone de conflit. , Il
rapporte ce qu’il voit. Mais entre le devoir et le droit de le faire, il y a la
police, l’armée ou les belligérants, ce qui le met en danger, car c’est un
témoin indésirable.
Dans
ce documentaire on voit les militaires qui détruisent les champs de paysans qui
font de la coca. Comme on n’a rien à leur offrir en échange, c’est leur moyen
de survie que l’on détruit. Pire, on brûle leur vie, car on ne fait pas que
détruire la coca, mais on vandalise aussi leur maison quand on ne les brûle pas
tout simplement. Après, les
paramilitaires peuvent prendre le contrôle de la région et de la drogue,
car elle continue à exister malgré ces actions. Y-a-t-il des liens? C’est ce
sur quoi les journalistes peuvent enquêter ou, à tout le moins, questionner le
gouvernement, d’où ce besoin de les éloigner, voir de leur faire peur pour
qu’ils ne dérangent pas. L’état de droit n’existe pas dans ces coins reculés.
C’est
pourtant le rôle du journalisme de faire entendre les victimes, ces voix
étouffées, et de questionner l’ordre des choses qui n’est pas toujours
ordonné! Mais, ce journaliste, Hollman
Morris, a vu sa vie bousculée et sa famille menacée. Il a besoin de gardes du
corps pour sa famille, mais, en même temps, l’État le place sur liste des
sympathisants criminels parce qu’il les défend dit-on! Pourtant, il fut
récipiendaire du Prix Human Rights Watch Defender en 2007.
Comme
il faut des journalistes libres pour favoriser la libre circulation de
l’information et parfois le changement, peut être aime-t-on mieux tenir ces
combattants de l’information à l’écart ou sous surveillance, car certains ont
intérêt à ce que le système ne change pas,
surtout s’il sert bien leurs intérêts! De qui croyez-vous qu’il s’agit?
De gens proche du Pouvoir peut être? Tous les moyens d’intimider ces
journalistes deviennent alors légitime pour eux, même d’accuser les
journalistes de collusion avec des criminels alors que c’est leur travail
d’enquêter et d’informer sur ce qui se passe réellement sur le terrain. Des
témoins indésirables!
Hyperliens :
http://www.morrisproducciones.com/
Birmanie, la révolution par
l’image
CLAUDE SCHAULI - SUISSE –
2007 – 26 MIN – DOC – FRANÇAIS
Un
journaliste rapporte la répression violente qui a suivi ce qu’on croyait être
la révolution en Birmanie. Il était en Norvège, aux côtés des exilés birmans
qui ont alimenté les chaînes mondiales en images rares.
Commentaires de Michel Handfield
Democratic
Voice of Brima, une radio et télé internet qui donne une vue terrain de ce qui
se passe, mais à risque pour ses correspondants qui prennent des images
« illégales » et les transmettent par internet. Ceci montre jusqu’où
peuvent aller les nouvelles technologies. Si, d’un côté, elles incluent une
logique qui leur est propre et que certains assimilent parfois à une forme
d’impérialisme, de l’autre, elles permettent de passer les barrières physiques
de la répression. Des images interdites captées par cellulaire peuvent ainsi se
retrouver en ligne à la face du monde au grand dam des dirigeants totalitaires!
Le journalisme comme activisme… surtout que les ondes passent à travers les
murs!
Alors
qu’ici trop d’élections nous fatiguent, ailleurs on descend dans la rue pour
gagner ce droit à des élections libres et démocratiques. Une façon de remettre
les pendules à l’heure et de nous rappeler que les élections ne devraient pas
être perçues comme une perte de temps comme on semble le croire ici. Si les
politiciens et les partis politiques que nous avons ne semblent pas à la
hauteur, c’est peut être que nous, citoyens, ne nous impliquons pas assez dans
les partis et les mouvements politiques et laissons cela à n’importe qui qui se
donne le temps d’investir ces mouvements. Une porte ouverte aux professionnels
de la chose publique, idéologues et lobbyistes des entreprises et du crime organisée, qui
voudrait investir ces lieux. Je vous laisse imaginer ce que cela pourrait
donner un jour. Si vous imaginez qu’on a connu des scandales, vous n’avez
encore rien vu!
Hyperliens :
ALEH DASHKEVICH - BIÉLORUSSIE
– 2008 – 52 MIN – DOC –BÉLARUSSE, RUSSE, S.-T.A.
Défenseurs
de la démocratie, les journalistes doivent souvent choisir entre peur et
dignité, ce qui s’avère très difficile en Biélorussie, la dernière dictature
d’Europe.
Commentaires
de Michel Handfield
« Film me, I shoot you. »
Ce n’est pas dit sur le ton de l’humour ici, ce qui donne le ton du
film.
Être
journaliste indépendant en Biélorussie, ce n’est pas seulement travailler pour
un média indépendant des groupes de presse, mais du Pouvoir, car groupe de
presse et Pouvoir sont liés! C’est courageux et dangereux, car si tu penses et
que tu parles, c’est souvent un crime! En plus, ces journalistes sont peu payés
pour ce qu’ils font, car leur journal n’est plus distribué dans le réseau
officiel. Travailler par amour de l’information, voilà ce que c’est! Mais,
c’est aussi le risque d’être interdit de travail, arrêté et battu! Parfois
pire, car certains ont disparu et n’ont pas été revus. Quand l’on pense que
l’on est au XXIe siècle, ce n’est pas partout. Certaines places sur la planète
l’attendent encore ce XXI siècle surtout qu’ils n’ont pas encore franchit le
siècle des lumières (XVIIIe siècle) dans bien des cas! Et il n’y a pas que
la Biélorussie dans ce cas.
Hyperliens :
http://www.eastsilver.net/taxonomy/term/158
http://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Lumières
GÉRARD MAXIMIN – SUISSE
/FRANCE /PAYS-BAS – 2008 – 75 MIN – FRANÇAIS, ANGLAIS, ARABE, HÉBREU, S.-T.A.
Pour
montrer qu’au-delà de ce qui les sépare, Israéliens et Palestiniens se
ressemblent suffisamment pour pouvoir se comprendre. Une impressionnante
exposition de photos géantes d’Israéliens et de Palestiniens a été réalisée des
2 côtés du mur.
Récit d’une aventure
donquichottesque.
Commentaires de Michel Handfield
Ce
film a remporté le prix du public du Festival, ce qui n’est pas surprenant.
Ce
que permet l’art quand il s’agit de créer des traits d’union entre les gens des
deux côtés d’une frontière, ici le mur entre Israël et la Cisjordanie. (1) Des
photos de juifs et de palestiniens prisent avec une focale 28 mm à 10 cm de la
personne! Des gens qui ont accepté de jouer le jeu de cette image caricaturale
comme une acceptation de leur vulnérabilité, surtout qu’on leur demandait de
faire des mimiques. Mais, cela montre qu’ils se ressemblent en même temps,
surtout une fois que les visages sont côte à côte des deux côtés du mur. La
même race que politique et religion séparent…
Des
gens de même métier affichés ensemble côte à côte! Un portrait ne va pas sans
l’autre… sur le mur! La même exposition des deux côtés! Des figures qui font
jaser des deux bords de la palissade aussi, car qui est le juif et qui est le
palestinien? On ne sait trop; on prend même l’un pour l’autre! Pas surprenant,
car il y a des centaines d’années, ils étaient peut être cousins ou frères. 41
personnes qui se sont prêtées à ce jeu qui fait sourire, mais qui, au-delà,
lance un message de paix. Au-delà de la politique et de la religion, ces photos
demandent quelle est la différence entre nous? Mais, on ne la voit pas! A diffuser sur les ondes publiques.
Note :
1. http://fr.wikipedia.org/wiki/Barrière_de_séparation_israélienne
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