Societas Criticus, Revue de critique sociale et politique

On n'est pas vache…on est critique!

 

D.I. revue d’actualité et de culture

Où la culture nous émeut!

 

Regard sur le Monde d'une perspective montréalaise!

On est Sceptique, Cynique, Ironique et Documenté!

 

Revues Internet en ligne, version archive pour bibliothèques

Vol. 11 no. 6 , du 9 octobre 2009  au 6 décembre 2009.

 

1999-2009, 10 ans déjà !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

www.societascriticus.com 

Cette revue est éditée à compte d'auteurs.

 

societascriticus@yahoo.ca

C.P. 182, Succ. St-Michel

Montréal (Québec) Canada H2A 3L9

 

Le Noyau!

Michel Handfield, M.Sc. sociologie (U de M), cofondateur et éditeur;

Gaétan Chênevert, M.Sc. (U de Sherbrooke), cofondateur et interrogatif de service;

Luc Chaput, diplômé de l'Institut d'Études Politiques de Paris, recherche et support documentaire.

 

Soumission de texte: Les faire parvenir à societascriticus@yahoo.ca. Si votre texte est en fichier attaché, si possible le sauvegarder en format "rtf" (rich text format) sans notes automatiques.

 

Avis : Comme il y a de la distance dans le temps entre la mise en ligne des textes et la production du numéro pour bibliothèque, il se peut que quelques fautes d’orthographe, de ponctuation ou de graphie aient été corrigées, mais le texte n’est pas changé à quelques virgules près! On a beau lire un texte 2, 3, 4 et même 5 fois… quand on vient de l’écrire on dirait qu’on ne voie pas certaines coquilles. On le revoit sur écran quelques semaines plus tard et les coquilles nous sautent aux yeux comme un nez dans la face! Ainsi va la vie.    

 

Index de ce numéro :

Societas Criticus, revue de critique sociale et politique

 

Édito 

 

Notre édito des fêtes : Le ron-ron…

2010 en politique canado-québécoise

La grippe se propage facilement…

 

Essais

 

La place de la femme, il n’y a pas si longtemps : épouse ou sœurs?! Qu’en disent les hommes? Ou commentaires de Michel Handfield autour de « Love and savagery », « Marre d’être la fée du logis? » et « la domination masculine »!

 

Les accommodements… et les croyances!

 

Le Journal/Fil de presse

 

LE DOCUMENTAIRE QUÉBÉCOIS «BOMBES À RETARDEMENT»

 

D.I., Delinkan Intellectuel,  revue d’actualité et de culture

 

Avis

 

Commentaires livresques : Sous la jaquette!

 

Pour le prochain Salon du livre!

RENOIR AU XXe SIÈCLE

 

Sortie de Disques!

 

DES PAS DANS LA NEIGE de Maryse Letarte

DEUXIÈME ALBUM DE MIN RAGER « FIRST STEPS »

JEAN-NICOLAS TROTTIER QUARTET

 

Cinéma et Théâtre (Ciné, Théâtre et quelques annonces d’événements) 

 

L'Imposture (Théâtre)

Fais-moi plaisir

LA FLÛTE ENCHANTÉE (Opéra)

La donation

DEMAIN DÈS L’AUBE

Deux films pour éclairer nos débats actuels: Fausta et la journée de la jupe!

Trois films vus au Festival du Nouveau Cinéma 2009

LES DAMES EN BLEU

AN EDUCATION

ANTICHRIST

 

ABSURDISTAN

LES PETITS GÉANTS

 

Documents à ne pas taire! (Notre section documentaire)

 

The world Next supermodel

 

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Societas Criticus, revue de critique sociale et politique

 

Index

 

Nos éditos!

 

Notre édito des fêtes : Le ron-ron…

Michel Handfield, M.Sc. sociologie, éditeur de Societas Criticus

 

3 décembre 2009

 

                  Depuis quelques années déjà nous avons pris l’habitude de faire un édito des fêtes (1) qui attire l’attention sur un point de changement. Donner de la culture par exemple, en lieu et place de bébelles.

 

        Mais, quelle année avons-nous passé en 2009? Les scandales dans le monde municipal québécois, particulièrement à Montréal; les coûts des partenariats publics privés au Québec; les jeux mafieux dans le monde de la construction; les faux-fuyants du parti conservateur et l’impossibilité pour l’opposition libérale de le renverser, le vote étant trop divisé et friable pour assurer une majorité à quelques autres  partis que ce soit au Canada actuellement, à moins d’une coalition libérale-néodémocrate vers laquelle il faudra aller en toute logique;  l’entreprise de diaboliser l’assurance-santé proposée par le président Barack Obama aux États-Unis, que les Républicains qualifient d’ailleurs de communiste! Quel changement face à l’espoir que suscitait son élection il y a un an à peine!

 

Il y eut aussi la perte rapide de la crédibilité du Canada au plan international, alors que nous avons mis à la poubelle nos objectifs en matière d’environnement d’une part et que nous recourrons maintenant à la torture dans nos missions de paix d’autre part, nous qui étions encore considérés comme porteurs de valeurs pacifiques il y a quelques années à peine. Nous sommes maintenant en complète rupture de banc avec la politique qui nous avait inspirées depuis l’ère Pearson;  davantage en harmonie avec les politiques de l’ancienne administration Bush aux États-Unis, comme si nous marchions dorénavant un pas en arrière! Enfin, que dire de l’enlisement de la politique internationale dans les idéologies religieuses, nouvelles lignes de fracture du monde! Où il faudrait de l’éducation et de la solidarité, il n’y a qu’alliances stratégiques, intérêt  économique et faux-fuyants. Quel horizon pour demain?!

 

        Comme le citoyen vit de plus en plus un sentiment d’impuissance, il se replie sur lui-même, écoute sa musique et lit de moins en mois les grands quotidiens! C’est le journal télévisé qui a pris la place. L’essentiel dans un clip! (2) On lira le journal du lendemain matin, souvent un gratuiciel distribué dans le métro, pour en savoir davantage. Quant aux affaires internationales, pas assez vendeuses, on les écarte pour du « people » et du local! Les articles les plus attirants ont naturellement la meilleure place. Quant à la nouvelle internationale, elle  est reléguée dans des espaces réduits, moins en vue, entre deux pubs alléchantes, et on titre la colonne « En bref! » à moins qu’elle ne soit réellement sensationnaliste, donc vendeuse! Alors, les journaux du lendemain la joueront en une. Les médias se nourrissent souvent eux-mêmes!

 

On crée parfois la nouvelle, surtout dans le variété, pour susciter de l’intérêt. Le journal nourrit ici la télé et la télé nourrit la revue! L’empire est heureux, le citoyen diverti. Il oublie ses problèmes, la politique et l’économie. De la musique et du sport pour oublier la morosité de la vie comme autrefois du pain et des jeux! C’est le modèle des médias privés. Pas surprenant que ces groupes rationalisent dans leurs médias plus traditionnels, mais se concurrencent avec des gratuiciels, manière d’aller chercher les lecteurs qui n’achètent pas le journal. En fait, plus la même information, remaniée, attire de l’achalandage, plus le groupe médiatique gagne son beurre, car le groupe ne vend pas de l’information, mais  de la visibilité aux annonceurs! Le gratuiciel est donc rentable dans cette optique. Ce n’est donc pas un hasard s’il y a tant de gratuiciels qui se disputent le marché du transport en commun, car il y a là un marché semi-captif, puisqu’on peut toujours amener sa propre lecture ou son baladeur. Mais, une majorité prend un des journaux disponibles dans le métro pour le lire en chemin. Ça se voit!  

 

        Remarquez que la chaîne publique suit un peu le même modèle, compétition oblige, mais avec un angle d’affaires publiques et internationales, reprenant sous divers angles une même nouvelle selon qu’elle s’adresse aux auditeurs de la radio, de la télé ou de l’internet. Ainsi, nous aurons droit aux images à la télé, mais nous aurons davantage d’entrevues de fonds et d’analyse à la radio. Nous trouverons des hyperliens et des références sur le site internet ainsi que des images d’archives non disponibles ailleurs. Comme elle est publique, la  radio/télé d’État aura plus ou moins fréquemment recours à des collaborateurs des médias privés de l’écrit.

 

Si le citoyen écoute le journal télévisé du soir et lit les nouvelles du matin, une fois au travail cependant, son cerveau doit être orienté vers une tâche ou un but précis. Fini la distraction et la discussion. (3) Prière de ne pas penser est parfois la devise:

 

« Employee are compelled to lead a double existence : outside their work they may enjoy considerable liberties, independence and self-confidence, although their capacity to structure and restructure social life to any significant degree is quite limited; in their place of work they are subject to strict authority and control, particularly those at the lower end of the hierarchy, and to forces of technological and social organizational change over wich they have little or no control – in Touraine’s phrase, “dependant participation”. » (4)

 

Ce fut écrit en 1979. Avec la mondialisation et la rationalisation du personnel que l’on a connu depuis, les choses ne se sont pas améliorées. Le surtravail fait qu’on a de moins en moins de temps pour s’occuper des enfants ou de la bouffe, le système capitaliste compensant alors par les garderies et les repas préparés; les traiteurs pour les plus riches! Brûlé, on ne s’occupe plus de l’autre et de moins en moins de la communauté, de la cité ou de la politique. On laisse cela à des militants de carrière; professionnels de la communication ou de la politique, membres des cabinets de relations publiques ou de groupes reconnus pour le faire. Les individus qui ont encore le temps de représenter le petit monde et de manifester en leur nom sont surtout les travailleurs d’organismes communautaires et les sans-emploi, genre de militants professionnels et critiques qui vivent bien souvent de peu : des programmes de subventions, le chômage ou  l’aide sociale! Mais, le système met tout  en œuvre pour les dénigrer, ce qui fait qu’on voudrait bien qu’ils aillent travailler à la place de militer, quitte à leur couper les subsides gouvernementaux pour les y forcer. On veut des citoyens qui entrent dans le rang et une démocratie qui ne nous dérange pas, genre de dictature élue qui nous gère en nous laissant dormir. Quand on ne sait pas, on est heureux!  L’humanité perdue comme le dit Alain Finkielkraut! (5)

 

        On est maintenant dans le règne de l’individualité. On s’en plaint, mais on y participe. Les baladeurs les plus populaires sont d’ailleurs les modèles sans radio, car on veut être dans notre bulle avec notre musique. Le ron-ron quotidien; la musique pour oublier son effet! Surtout ne pas savoir, car cela accroît le stress. Marcher pour la démocratie ou la communauté!? Revendiquer!? Pas le temps ou inutile. On laisse ça aux contestataires professionnels, gauchistes, anarchistes  et utopistes! Puis, de toute manière, nous écoute-t-on? Peut-être ne sommes-nous plus assez nombreux pour être écoutés! On passe donc dans l’indifférence collective à moins qu’il n’y ait suffisamment de casse pour passer dans les nouvelles! Ce n’est pas un hasard que les manifestations où il y a le moins de gens soient parfois si violentes, car la violence assure une visibilité à l’ère des médias! Visibilité relayée par « You Tube » (6) à la planète!  

 

Le modèle chinois est finalement celui de l’avenir : travailler, consommer et, surtout, laisser les politiciens nous gérer en nous en laissant savoir le moins possible! Malheureusement, il y a encore quelques journalistes qui nous informent plutôt que de nous divertir! Alors,  ne pas s’informer pour continuer sa routine sans s’inquiéter. Ni vu, ni connu! Ce n’est pas pour rien que le tirage des quotidiens est en baisse : On ne veut pas le savoir! 

 

De toute façon, on a trop d’élections! À preuve, les taux de participation sont en chute libre. Par désintérêt bien souvent, même si j’aimais mieux que ce soit par contestation! Il y a tant d’autres choses à faire. L’agora est vide, le centre commercial est plein. C’est le nouveau centre du monde. On choisit la société de consommation par nos actes.  Si un jour on perd notre liberté de choix, là on voudra certainement revenir en arrière, mais il sera trop tard. Pourtant, si on ne s’occupe pas de la politique, le Politique s’occupera de nous (7) avec ses amis du monde des affaires! C’est à souhaiter que cela n’arrive pas, mais…

 

Dans une société d’individualités, le tissu social ne peut que se défaire. Une chance que certains réseaux numériques prennent le relais. Mais, est-ce suffisant? En cette année de crise de l’information, je vous  donne un cadeau : des sources d’informations à mettre dans vos baladeurs à défaut d’avoir le temps de lire. Je les ai éprouvées et je peux vous dire qu’elles sont de qualité. Vous serez ainsi moins seul sous vos écouteurs, connecté à la société autrement. Une expérience à faire!

 

Sur le site de ballado diffusion de Radio-Canada (www.radio-canada.ca/mesAbonnements/baladodiffusion/), je vous recommande :

 

- Les coulisses du pouvoir

- Euromag

- L'après-midi porte conseil

- Christiane Charrette

 

Parmi les émissions de France inter (http://sites.radiofrance.fr/franceinter/pod/), je vous suggère:

 

- 2000 ans d'histoire

- L'autre économie

- Interception

- Reporters

- La revue de presse

 

Enfin, de France culture (http://sites.radiofrance.fr/chaines/france-culture/podcast/), les Enjeux internationaux sont un must! 

 

Quant à notre souhait criticus de cette année: dites bonjour à votre voisin et qu’il vous réponde, car c’est le début d’une reprise en main de nos collectivités. Petit à petit, mot à mot, voisin par voisin! On ne veut pas avoir l’air de se mêler de ce qui ne nous regarde pas, mais il faut bien voir que l’humain a franchi l’histoire parce qu’il était capable de solidarité sociale. Sinon, il n’aurait jamais été assez fort pour faire face au monde ambiant. (8) Nous avons devoir de mémoire,  de perpétuation et de solidarité! Se mêler de nos affaires est parfois une renonciation ou un abandon! Rien de moins.   

 

Notes:

 

1. Sur la photo des fêtes, vous voyez Socrate, notre oiseau, qui représente la discussion ou les dialogues socratiques; une vache pour Societas Criticus; le fanal pour Diogène le cynique; le globe terrestre pour le monde, car on est une revue internet donc mondiale; l’appui livre en forme de masque pour l’Afrique, trop souvent oubliée; la radio à ondes courtes pour l’information et les écouteurs pour montrer qu’on peut aussi être branchée sur le monde et non seulement dans sa bulle musicale! Question de choix. Quant aux livres, ce sont :

 

- Saul, John Ralston, 1992, Voltaire's Bastards, Toronto: Penguin book.

 

- Barreau, Jean-Claude, et Bigot, Guillaume, 2005, Toute l'histoire du monde de la préhistoire à nos jours, France : Fayard (Histoire)

 

- Hosbawm, Eric, 1999, Age of extremes. The short Twentieth century, 1914-1991, London: Abacus

 

- FINKIELKRAUT, Alain, 1996, L'humanité perdue, Paris: Seuil, coll. points.

 

Ces choix ne sont pas innocents ! Puis, l’illustration d’Age of extremes est une scène du film « Hitler, A film from Germany » (1977) de Hans Jurgen Syberberg selon la jaquette du livre. Mais, les cinéphiles auront reconnu qu’il s’agit d’une image tirée d’un film de Charlie Chaplin : « The great dictator » (1940). Ceci boucle donc la boucle avec le cinéma, objet d’étude de Societas Criticus comme révélateur social!

 

2. Une courte analyse.

 

3. Discuter d’actualités et de politique avec  les collègues est parfois mal vu. Cela pourrait-il en venir à mériter un avertissement ou le renvoi dans certains cas jugés sensibles, surtout si cela touche des enjeux ethnoculturels ou religieux? Mieux vaut alors parler de sports, plus rassembleur. Que ceux qui émettent ces politiques ne soient  pas surprit du désintérêt des citoyens pour la chose publique. Au temps de Socrate, on discutait ferme! Cela faisait partie du processus démocratique. Maintenant, la discussion est perçue comme une chose négative. Mais, que reste-t-il de la démocratie sans dialogues, débats ou discussions entre les citoyens? Quand, la dernière fois, avez-vous débattu d’un enjeu politique avec un confrère de travail, un voisin ou un citoyen assis à côté de vous dans le métro ou le bus? En fait, quand avez-vous même discuté d’un enjeu public ou politique en famille? 

 

4.  Baumgartner, Tom, BURNS, Tom R., et De Ville, Philippe, “Work, Politics, and Social structuring under capitalism: impact and limitation of industrial democracy reforms under capitalist relations of production and social reproduction”,  p. 182 in BURNS, Tom R., KARLSSON, Lars Erik, and RUS, Valjko, 1979, Work and Power, England/U.S.A.: Sage publ.

 

5. L'humanité perdue est le titre d’un livre d’Alain FINKIELKRAUT (1996, Paris: Seuil, coll. points) qui parle justement de ce que nous devrions savoir du XXe siècle, mais qu’on ignore parfois délibérément, parfois parce qu’on n’enseigne plus qu’un succédané d’histoire : ce bris d’humanité! L’arrière de couverture dit :

 

« Ce livre est, d'un bout à l'autre, hanté par les événements qui font du XXe siècle la plus terrible période de l'histoire des hommes. Il ne se veut ni panorama, ni bilan, mais méditation obstinée et narration inédite de ce qui, depuis 1914, est advenu à l'humanité et plus précisément à cette idée d'humanité si difficilement conquise par les Temps modernes. Il cherche à comprendre pourquoi l'affirmation la plus radicale de l'unité du genre humain a pu, comme son désaveu le plus fanatique, produire un univers concentrationnaire.

 

À la fois mortelle et meurtrière, l'idée d'humanité ne peut plus être maniée ni pensée innocemment. Il nous faut la défendre et la concevoir autrement, veiller à ce qu'elle vive et faire en sorte qu'elle ne recommence pas à tuer. »     

 

6. www.youtube.com/ 

 

7. « Si vous ne vous intéressez pas à la politique, la politique s'occupera de vous » est une expression passée dans le langage courant. J’ai  aussi trouvé  «Vous avez beau ne pas vous occuper de politique, la politique s'occupe de vous tout de même.» Cette expression serait redevable à Charles de Montalembert. Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_de_Montalembert

 

8. A ce sujet lire Barreau, Jean-Claude, et Bigot, Guillaume, 2005, Toute l'histoire du monde de la préhistoire à nos jours, France : Fayard (Histoire) (Distribution Hachette)

 
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2010 en politique canado-québécoise

Michel Handfield (2 décembre 2009)

 

        Le Parti Libéral du Canada (PLC) a des difficultés depuis le scandale des commandites. (1) S’il  a subi un vote de protestation en 2004, où le Parti prend le pouvoir, mais minoritaire, ce sera la défaite en 2006 et en 2008, car l’opposition de droite a su profiter de l’occasion pour se souder davantage autour du nouveau Parti Conservateur (PC) issu de l’union de l’ancien Parti Progressiste Conservateur avec l’Alliance Canadienne. Si les conservateurs n’ont pu encore prendre le pouvoir de façon majoritaire, ça pourrait cependant arriver si l’opposition continue à être divisée au centre et à la gauche du PC.  

 

        Face à cette union de la droite, la division du vote de centre gauche entre le Nouveau Parti Démocratique (NPD) et le PLC fait mal. À cette division s’ajoute le vote nationaliste au Québec pour le Bloc Québécois (BQ), vote d’affirmation nationale pour ne pas se fondre dans le Canada. Mais, ce vote n’est pas un appui automatique à l’indépendance du Québec, car devenir un petit pays à côté des États-Unis n’est pas nécessairement plus rassurant pour certains Québécois. On est donc pris dans un pays qui sera de moins en moins facile à  gouverner pour plaire à tous, certaines parties du Canada étant plus à droite, d’autres plus à gauche et le Québec plus autonomiste à défaut d’avoir l’indépendance. On ne haït pas être dans ce pays tout en sachant qu’on n’a pas non plus signé pour le rapatriement de la constitution en 1982 : on couche dans notre chambre, mais avec la fenêtre ouverte sur le monde! On a un sentiment d’indépendance à défaut d’être indépendant, car on se réserve toujours le droit de sortir par la fenêtre!

 

        Si on a des élections en 2010, quel sera alors le portrait? Difficile à dire, mais il est clair que la division du centre vers la gauche fait mal. Il faudrait peut-être penser à une union des progressistes libéraux (PLC), néodémocrates (NPD) et peut-être mêmes bloquistes (BQ)  qui seraient prêts à tenter cette aventure sous un nouveau chapeau. Pourquoi pas les démocrates-libéraux ou, plus simplement, les démocrates comme chez notre voisin du Sud? Le programme pourrait être totalement remodelé, incluant plus d’ouverture à une décentralisation constitutionnelle vers les provinces. Pourquoi pas les Provinces-Unies du Canada? Sincèrement, il faut remodeler le Canada,  sinon nous allons vers un mur, la constitution étant trop rigide et les provinces trop disparates. Il faut un nouveau contrat social canadien. Rien de moins. Et cela, nous ne n’y arriverons pas sans une nouvelle proposition politique, comme un parti unissant une large frange progressiste canadienne incluant le Québec.

 

Reste à trouver comment amener ces discussions au centre gauche de l’échiquier politique canadien. Avec Bob Rae, un ancien premier ministre néodémocrate ontarien maintenant au PLC? Avec Stéphane Dion (2) au PLC  et sa femme, Janine Krieber (3), au NPD? Avec des militants qui prendraient des cartes de deux des partis en cause, par exemple PLC-NPD pour les fédéralistes de centre gauche et Bloc-NPD pour les nationalistes de centre gauche, le NPD reconnaissant le droit à l’autonomie du Québec! C’est à voir, mais face à une droite unie, les autres doivent bouger. Ça presse, d’autant plus que des élections sont toujours possibles en 2010!

 

Notes :

 

1. www.thecanadianencyclopedia.com/index.cfm?PgNm=TCE&Params=F1ARTF0009864

 

2.     Je regrette Stéphane Dion et son plan vert, « le Tournant vert. Bâtir l’économie canadienne du XXIe siècle »,  que j’avais lu et commenté dans Societas Criticus : Handfield, Michel, Plus vert que chez le voisin!, in Societas Criticus, Vol. 10 no. 4 (Du  27 mai 2008 au 4 août 2008), section Essais. Il me semble qu’on en aurait bien besoin aujourd’hui! Mais, on s’est arrêté à l’image de Stéphane plutôt qu’au contenu…  

 

3.     Madame a jeté un pavé dans la marre du PLC et à fait bien des vagues en écrivant…

 

« Le parti libéral est en pleine déconfiture, il ne s'en remettra pas. Comme tous les partis libéraux d'Europe, il deviendra une pauvre petite chose à la merci des coalitions éphémères. »

 

C’était là un commentaire privé de Janine Krieber publié sur son facebook, mais coulé dans les médias.

 

Spécialiste du terrorisme et de la sécurité internationale, Mme Krieber  enseigne au niveau universitaire. Mais, elle est aussi la femme de l’ex-chef du PLC, Stéphane Dion, ce qui donne d’autant plus de poids à ce mot dans lequel elle…

 

« (…)  affirme amorcer une « réflexion sérieuse » pour rejoindre éventuellement un « parti dédié, qui ne conteste pas son chef à chaque hoquet des sondages. Un parti où la règle serait le principe de plaisir et non l'assassinat. Un parti où l'éthique du travail et de la compétence seraient respectés et où les sourires ne seraient pas factices. » »

 

C’est ce que nous apprenait le site des nouvelles de Radio-Canada le 23 novembre dernier. De quoi penser au NPD!

 

Sources :

 

Parti libéral du Canada : Mme Dion règle ses comptes sur Facebook, radio-canada.ca/nouvelles/Politique, Mise à jour le lundi 23 novembre 2009 à 18 h 27 :  www.radio-canada.ca/nouvelles/Politique/2009/11/21/002-Janine-Krieber-critique-plc.shtml

 

http://pipl.com/directory/name/Krieber/Janine

 

http://en.wikipedia.org/wiki/Janine_Krieber

 
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« La grippe se propage facilement.

Faites-vous vacciner. »

 

« Le vaccin contre la grippe A (H1 N1) est offert sur une base volontaire. Il est gratuit et sécuritaire. Même si vous êtes en bonne santé, vous devriez vous faire vacciner. »

 

Voilà les premières lignes de l’appel au public qui paraît régulièrement dans les journaux ces jours-ci. Après, on nous dit… mais, pas vous ou pas trop vite!

 

Le problème est qu’on n’a peut-être pas commandé les vaccins à temps du côté fédéral, à ce qu’on a entendu en Chambre de la part de l’opposition libérale. (1) En cette matière, je suis de leur bord!

 

Quant à la procédure de distribution, avec réception, déballage, remballage et redistribution du côté du gouvernement du Québec, cela me semble beaucoup de procédures et de risque d’erreurs. Pourquoi ne pas distribuer directement aux centres régionaux à partir du fournisseur? On pourrait toujours mettre des responsables gouvernementaux sur place si c’est exigé par un protocole de sécurité ou pour rassurer le public. De toute manière, ne serait-ce pas plus sécuritaire de faire la distribution à la source pour éviter les manipulations répétées du vaccin?  

 

Cette « procédurite » semble propre au vaccin A (H1 N1), mais j’admets qu’il faudrait d’abord voir ce qu’il en est de la distribution du vaccin de la grippe saisonnière pour comparer. Passe-t-elle par autant d’étapes avant d’arriver aux cabinets des médecins ou arrive-t-elle directement du fournisseur?  Si cette procédure n’est pas régulière, retarde-t-elle indûment les choses? Si on ne peut changer la procédure actuellement, il faudra certainement en faire le bilan après coup. On devra se demander si cette façon de faire fut utile ou non? Il faudra aussi rendre ce processus d’évaluation public! Rien de moins. Pour l’instant, j’ai des doutes sur ce processus, mais je ne peux en juger raisonnablement, car on n’a pas toute l’information. Un bilan clair et  transparent devra donc être fait après cet épisode de grippe.

 

Michel Handfield, sociologue

Éditeur de societascriticus.com

15 novembre 2009

 

Note :

 

1. MARIE VASTEL, H1N1: la mauvaise planification du gouvernement a coûté des vies, dit le PLC,  La presse canadienne, in http://qc.news.yahoo.com/s/capress/091029/nationales/20091029_grippe_critiques_federal. Cette nouvelle s’est retrouvée dans plusieurs médias, dont Le Métro de Montréal.  

 

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Index
 
Essais
 

La place de la femme, il n’y a pas si longtemps : épouse ou sœurs?! Qu’en disent les hommes? Ou commentaires de Michel Handfield autour de « Love and savagery », « Marre d’être la fée du logis? » et « la domination masculine »!

 

2 décembre 2009

 

1969. County Clare, Irlande.

 

D’abord, on remarque que la musique irlandaise ressemble à notre   musique « trad » comme si on en avait assimilé une part au contact des Anglo-Irlandais d’ici et qu’on l’avait francisée, tout comme on a francisé une part des Irlandais! On n’est pas si « pure laine » qu’on se plaît à le dire parfois. Par contre, il y a une différence fondamentale : le conservatisme était encore présent là bas en 69, alors qu’ici, suite à Duplessis, la libération avait débuté. On  ouvrait les fenêtres et fissions de l’air! La religion a été au moins dépoussiérée quand elle ne fut pas tout simplement remisée au grenier! On la sort au besoin depuis. À l’inverse, dans la communauté irlandaise où se déroule l’action, la religion est encore très présente; les valeurs traditionnelles et religieuses étant tricotées serré, une maille à l’endroit, une maille à l’envers!  

 

Les valeurs sont si serrées que lorsque Michael, géologue et poète de passage pour étudier le Burren et ses plateaux calcaires, rencontre Cathleen O'Connell, qui  travaille à l’hôtel et au bar de Ballyclochan (1), où il a pris une chambre, s’en éprend, commencent les allusions de la laisser tranquille, dont un billet glissé sous sa porte:

 

«  Please leave Cathleen. She has chosen her path. »

 

Puis, comme il est de plus en plus épris de Cathleen, qui est loin d’être  insensible, les problèmes s’aggravent. Les villageois veillent à ses  bonnes mœurs, car elle doit devenir religieuse comme elle l’avait promise à l’âge de 13 ans! Une promesse est une promesse, surtout lorsqu’elle est faite à Dieu.

 

On n’aurait pas vu cela ici: se préparer à entrer dans les ordres et travailler dans un bar en même temps. Mais, dans cette Irlande catholique et conservatrice, cela semble tout naturel. De toute manière, elle a le village comme chaperon! Pour lui, qui vient du Canada, cela apparaît inconcevable, surtout que cette promesse de devenir religieuse est une affaire d’enfance! Cependant, dans ce coin de pays, où la tradition doit être respectée, c’est jugé d’avance. Croyances contre nature et science, appuyées sur une culture sociale très puissante, ce qui va au-delà de la rationalité et de la logique!  

 

On se trouve donc au point d’équilibre entre raison et passion sur le continuum psychologique et entre science et croyances sur celui de la culture locale, qui est très religieuse. Il faut dire que l’Irlande était traversée à l’époque par de grands conflits religieux entre catholiques et protestants même si on n’en est pas témoin dans ce film. D’ailleurs, le religieux est omniprésent partout, même dans les chambres d’hôtel, où l’on retrouve des images pieuses. 

 

On est donc dans un film socio romantique qui balance entre passion et promesse; cœur et culture! Même si ce sont des adultes, parfois la culture est plus forte que leur volonté, vu la pression sociale.  On sent la lourdeur des mentalités. Pas loin du comportement de certains peuples face aux filles pourrait-on dire. Mais, ces mentalités viennent aussi de notre passé, parfois pas très lointain, mais parfois beaucoup plus loin, au point que les filles d’aujourd’hui ne savent même pas d’où vient cette tradition qu’elles respectent comme étant romantique :

 

« Le jour de ses noces, l’épousée est voilée parce qu’elle est offrande d’une famille et d’une maison à une autre : « Car ce qui est voilé est donné (initiation, sacrifice), ou réservé, retiré du monde commun et profane. (i) » D’ailleurs, l’épousée ne franchit pas elle-même le seuil de sa porte pour marquer qu’elle n’entre pas dans ce foyer par l’effet de sa propre volonté et « qu’elle ne doit plus désormais sortir de cette maison selon son bon plaisir, mais seulement selon la volonté de son époux (ii). » On reconnaît là, d’ailleurs, l’image traditionnelle, mais encore vivante, du marié portant la mariée au moment de franchir le seuil de leur maison commune, sans que, selon toute probabilité, la mariée, ni le nouvel époux ne devinent que la scène simule le rapt de la femme, comme au temps des Romains, et qu’elle illustre l’idée que l’épousée est « offrande » de sa famille à celle de son époux. » (2)

 

Deux choix s’offraient dans cette Irlande : épouse ou religieuse! Des  femmes emprisonnées, car les sœurs le sont elles aussi selon la symbolique chrétienne, « qui signifie qu’elles sont devenues épouses du Christ. » (3)  Ce voile, pour lequel on critique parfois le musulman, est aussi chrétien :

 

«  Le voile limite. Il crée l’inconfort du corps, en empêche la liberté de mouvement et restreint la portée du regard que les femmes portent sur le monde environnant. Il peut prendre une signification quasi carcérale : « Élève autour de ton sexe un mur qui ne laisse sortir tes regards ni entrer les regards d’autrui (i). »  L’injonction date du IIe siècle et vient du théologien chrétien Tertullien. » (4)

 

Puis, avant l’ère chrétienne, les femmes sortent « accompagnées de servantes, de dames de compagnie et d’un chevalier servant qui forment ainsi une véritable « prison mobile ». (5)

 

Naturellement,  « Marre d’être la fée du logis? »  va plus loin que cela. Je n’ai ici donné que des exemples historiques, mais cela montre tout le construit social et culturel autour de la femme. Parfois, un construit oublié dans certaines cultures, mais que d’autres nous rappellent. On ne sait pas toujours que nous sommes déjà passé par là il n’y a pas si longtemps – 40 ans dans le cas de ce film – et il suffirait parfois qu’un vent de droite se lève pour y revenir au non des bonnes mœurs! Mais, définie par qui?

 

        J’aurais pu parler d’autres aspects de ce livre aussi, sauf que mon but n’est pas de vous en faire faire le tour ni un résumé, mais d’en montrer tout l’intérêt, tant historique que contemporain, pour comprendre que madame la Présidente est aussi la reine du foyer parfois, cela sans difficulté. Et vice versa! Et, si les femmes avaient appris à gérer à la maison? L’Art ménager (6) et le multitâche! Elles étaient donc prêtes quand la révolution des sexes est arrivée. Leurs bases, solides! Plus que pour certains hommes d’ailleurs! La déroute des sexes, c’est peut-être celle des hommes qui se cherchent maintenant. Suffit de comparer les rendements scolaires et les taux de décrochage entre garçons et filles pour le voir.  

 

        Mais, des hommes qui refusent tout changement et prônent la supériorité du mâle ça existe encore! Bienvenue chez les masculinistes, une minorité qui dit parler pour les vrais gars! C’est le sujet du documentaire « la domination masculine ». On y parle des hommes et des femmes; de leurs relations et de la domination féminine vue de leur point de vue! Les femmes ont pris plus que le pouvoir selon eux; elles les ont castrés! La réponse de certains : récupérer ce pouvoir en se faisant allonger le pénis! « Un cm de pénis de plus, c’est un km dans la tête! » Wow, quelle affirmation. A ce niveau je répondrais « une p’tite travaillante, c’est mieux qu’une grande paresseuse! »  Une chance : si le film débute à ce niveau, il suit d’autres pistes par la suite. Il monte en intérêt à mesure qu’on  explore le sujet!

 

        On peut critiquer les masculinistes tout comme on peut critiquer les féministes, mais il faut bien voir qu’il y a des niveaux dans ces idéologies. Si certaines féministes aiment voir les hommes relégués au rang de faux-bourdons (7), ce n’est le cas que de quelques marginales. La majorité cherche davantage une égalité. Mais, il y aussi des femmes qui recherchent ce type d'homme dominant. On en voit dans ce doc!

 

Comme les féministes ont des alliés chez les hommes, ces masculinistes radicaux en ont aussi chez les femmes. Ils aimeraient revenir à ces années de la femme dominée et fière de son homme! Cette Irlande des années 60 dont parle « Love and sauvagery »! Mais, ils ont plutôt le modèle québécois dans la face : « 20 ans d’avance sur les pays européens! »

 

        Pourquoi pas la femme police ou pompière si elle peut le faire? Mais, et c’est moi qui pose la question, pourquoi pas davantage d’hommes dans des rôles traditionnellement féminins s’ils veulent le faire? Car, ce devrait être l’étape « postféministe » : des mesures de discrimination positive pour les hommes qui ne sont pas des hommes de chantier ou de la construction, mais davantage des commis de bureau, secrétaire ou enseignant. On peut même se demander si le manque de gars en éducation ne renforce pas une impression de division homme/femme  dans la tête des jeunes, certaines « jobs » étant celle des femmes, comme de s’occuper et d’éduquer les enfants.  Questions culturelles aussi, car la culture, le mimétisme et les jeux renforcent l’intériorisation de certains rôles traditionnels.  On ne vend pas beaucoup d’électroménagers miniatures pour les petits gars, alors que c’est toujours un « hit » pour les petites filles nous dit-on dans le film! Puis, les filles jouent-elles encore davantage à l’école que les garçons, car c’était le cas en mon temps? Si l’école est ainsi perçue comme une affaire de filles, cela expliquerait-il le décrochage des garçons? Simple question, car on ne peut faire de relation causale sur cette simple observation ici, mais la question est importante.

 

Ce film s’avance dans des observations et certaines tentatives d’explications. Par exemple, avec les avancées du  féminisme, on a aussi vu une montée des intégrismes religieux qui diminuent la femme. Mais, il n’est pas dit que les masculinistes se convertissent à ces religions, ni que les femmes de ces mouvances en sortent en guise de protestation. Ce sont deux phénomènes en parallèles entre lesquels on ne peut établir de lien causal selon moi. C’est davantage la fin du communisme soviétique qui expliquerait ce phénomène, car avec la chute du communisme on a assisté à la montée des autres idéologies qui étaient toutes étouffées  par la mégaconfrontation entre communisme et capitaliste depuis 50 ans! Chacune veut maintenant faire sa place dans ce nouveau monde en redéfinition. Les idéologies religieuses, comme les autres, veulent profiter de ce vide pour s’imposer comme modèle explicatif du monde.     

 

Qui parle de domination ou de guerre des sexes ne peut s’empêcher de parler de violence. La violence masculine est donc examinée ici. D’abord verbale, mais aussi physique. 85 % de la violence conjugale est masculine, 15% féminine y dit-on. Par contre, je me demande si la violence féminine n’est pas sous représentée pour des questions culturelles : un homme serait-il aussi à l’aise de porter plainte contre sa femme pour violence physique? Je pense ici à un film allemand, « L’un contre l’autre », fort intéressant sur le sujet, car c’est l’histoire d’un policier battu par sa femme à la maison, mais qui ne peut porter plainte vu sa position. S’ajoute aussi une violence psychologique intense, ce qui permet de soulever cet autre point : certaines violences psychologiques ne sont peut-être pas encore traitées à leur juste valeur. (8) Mais, une chose est sûre : la violence féminine n’est pas le sujet le plus traité qui soit et elle a changé dans le temps. De rares études existent cependant. (9) On commence aussi à regarder la violence entre filles, car elles en sont capables comme les garçons (10) même si le phénomène n’a pas la même ampleur. Avec l’égalité et la montée des femmes dans toutes les sphères de la société, les patterns de violence vont peut-être eux aussi se « désexuer »! Les justifications aussi : « Excuse mon chou, c’est le stress du bureau. Ce n’est pas toi que je visais personnellement! »       

 

S’il y a une part sociale dans ce phénomène, il y a aussi une part psychologique et culturelle, car filles et garçons ont été élevés par des  parents pour la plupart normaux, non par des professionnels de la psychologie.  Mais,  comment et dans quel climat? Le garçon reproduira-t-il la violence du père ou, de plus en plus, de la mère rentrant du boulot exténuée?  Ou, serait-ce sa sœur qui la reproduira? Car papa est peut-être au foyer maintenant, alors que maman est au boulot! Mai, si les enfants ont majoritairement des pères et des mères comme modèle, ils ont aussi les voisins, l’école, la télé, le cinéma et les jeux vidéo! Quelle est donc la part de chacun dans leur développement? 

 

        Un film à voir, mais surtout à discuter, car s’il porte sur des gens qui voudraient revenir en arrière, il repose en fait sur une autre lutte : celle du pouvoir. Car hommes et femmes sont de plus en plus en lutte pour le pouvoir : économique, politique et social. Le vieux principe britannique à l’œuvre dans le champ des genres: diviser pour régner! La vraie question devient donc : si on divise les hommes et les femmes au point qu’ils en viennent à lutter les uns contre les autres, cela fait l’affaire de qui? Imaginez les fractures syndicales, par exemple, entre hommes et femmes! Le patron en bénéficierait-il? Les conflits dans les couples? Vente de livres et consultation psychologique en hausse. Diviser les genres en marchés, un autre truc du capitalisme pour ne pas parler d’humains et de valeurs communes? Briser les solidarités et créer des individualités, ce qui accroît les besoins et la consommation. Où il y avait un appartement, il en faut maintenant deux! On se partage les enfants et on n’a plus le temps de militer pour les droits humains, sociaux, environnementaux et j’en passe! Le politique laissé aux professionnels qui nous gèrent pendant qu’on s’essouffle à vivre nos vies! Trop exténué pour s’opposer, le peuple devient docile. La dictature sans souffrance!    

 

Notes:

 

1. Tel qu’écrit dans le film, mais j’ai trouvé “ ballyvaughan » sur l’internet!

 

2. Serfaty-Garzon, Perla, 2008, Marre d'être la fée du logis ? Paradoxes de la femme d'aujourd'hui, Paris : Armand Colin, 198 p. ISBN : 978-2-200-35038-3  http://www.armand-colin.com/, p. 24. Cité dans le texte :

i) Agascinski S., Métaphysique des sexes, Masculin/Féminin aux sources du christianisme, Paris, Éditions du Seuil, La librairie du XXIe siècle, 2005, p. 178.

ii) Ibid., p. 177.

 

3. Ibid., p. 24

 

4. Ibid., p. 25

i) Tertulien, Le voile des vierges, XVI, 5, cité in Agascinski S., Op. Cit., p. 175

 

5. Ibid., p. 24

 

6. « Il faut gérer mais, comme vous le savez, le mot anglais manager vient du français « ménagère », nettoyer la maison. » (Saul, John Ralston, 1994, Le citoyen dans un cul-de-sac?, Québec: Musée de la civilisation/Éditions Fides, p. 19)

 

7. « Leur rôle se limite strictement à la fécondation des jeunes reines, lors du vol nuptial. Ceux qui ont la «chance» de s’accoupler à une reine meurent peu de temps après. Quant aux autres faux-bourdons, les ouvrières cessent, à la fin de l’été, de nourrir ces bouches inutiles et, de plus en plus affaiblis à mesure que l’automne approche, ils finissent par être impitoyablement rejetés de la ruche et par mourir, épuisés. Ils ont des yeux qui comportent sept mille facettes. » (Apis (genre) :  http://fr.wikipedia.org/wiki/Apis_(genre) )

 

8. L’un contre l’autre, un film de Jan Bonny. 2007 / Allemagne / 96 minutes. Avec Victoria Trauttmansdorf, Matthias Brandt, Wotan Wilke Möhring, Jochen Striebeck. Voir Societas Criticus, Vol. 10 no. 5 (Du  5 août 2008 au 8 octobre 2008).

 

9. Eva Wyss,  Violence féminine: mythes et réalités. La violence domestique n’est pas l’apanage des hommes. Quatrième rapport de la Commission cantonale de l’égalité.

www.sta.be.ch/site/fr/gleichstellung-frauengewalt_fk06_dt.pdf

 

10. Suzanne Décarie, La violence des adolescentes, in Madame : www.madame.ca/Votrevie/famille/la-violence-des-adolescentes-n3274p1.html

 

Hyperliens:

 

www.facebook.com/pages/Love-and-Savagery/154654240348

 

County Clare, Irlande sur Google Map :

 

http://maps.google.ca/maps?hl=fr&rlz=1G1GGLQ_FRCA283&num=30&newwindow=1&q=Ireland%3A%20Ballyclochan&um=1&ie=UTF-8&sa=N&tab=wl

 

http://en.wikipedia.org/wiki/County_Clare

www.clareireland.net/fr/index.html

 

ballyvaughan Irlande : www.ballyvaughanireland.com/

 

Annexes :

 

LOVE AND SAVAGERY

À l’affiche dès le 6 novembre au cinéma AMC Forum!

 

Le réalisateur John N. Smith de Montréal et le scénariste Des Walsh de St. John ont fait équipe sur Love and Savagery, l’histoire lyrique d’un amour impossible.  Le film, qui a pour toile de fond l’Irlande de 1969, est une adaptation de l’ouvrage de poésie éponyme de Walsh publié en 1989. Après une présentation au Festival des Films du Monde, le film prendra l’affiche le 6 novembre à Montréal et le 13 novembre ailleurs au Canada.

 

Le géologue et poète Michael (l’acteur terre-neuvien Allan Hawco) quitte sa Terre-Neuve natale et se rend sur la côte ouest de l’Irlande pour étudier le Burren, une région aux fascinants paysages reconnue pour ses plateaux calcaires.  Dans un village voisin, Michael fait la rencontre d’une ravissante jeune femme nommée Cathleen (l’actrice irlandaise Sarah Greene), ceux-ci se retrouvent inéluctablement attirés l’un par l’autre, malgré qu’elle soit sur le point de devenir religieuse. La sauvagerie survient lorsque  Michael entre en conflit avec les villageois déterminés à les séparer. Cathleen choisira-t-elle l’amour d’un homme ou celui de Dieu?

 

Le film rend magnifiquement l’atmosphère qui régnait en 1969 au sein d’une communauté irlandaise enracinée dans la tradition.  De la rude vie menée dans un village de pêcheurs à l’importance de la musique, en passant par la puissance exercée par la religion, si les expériences que vit Michael lui semblent aussi familières que les souvenirs qu’il a de Terre-Neuve, on le considère néanmoins ici comme un « étranger ».

 

Tourné à County Clare (Irlande) et à St. John (Terre-Neuve), le film met en vedette Martha Burns dans le rôle de la mère supérieure et le chanteur Sean Panting dans celui de l’ami de Michael faisant preuve de pragmatisme.  La distribution comprend également Macdara O’Fatharta et Nicolas Campbell.

 

Il s’agit de la troisième collaboration de John N. Smith, de Des Walsh et du directeur de la photographie, Pierre Letarte, après les deux miniséries saluées par les critiques The Boys of St. Vincent (1992) et Random Passage (2002). Smith et Letarte ont récemment collaboré à la minisérie The Englishman’s Boy qui leur a également valu des éloges.  Barbara Doran et Lynne Wilson (Young Triffie) ainsi que Kevin Tierney (Bon Cop, Bad Cop) sont les producteurs du film.

 

L’ouvrage Love and Savagery de Des Walsh a été réédité par Talonbooks. Love and Savagery est distribué au Québec par Métropole Films Distribution.

 

Marre d'être la fée du logis ?

 

Reçu dans la semaine du 16 juin 2008 : Perla Serfaty-Garzon, 2008, Marre d'être la fée du logis ? Paradoxes de la femme d'aujourd'hui, Paris : Armand Colin, 198 p. ISBN : 978-2-200-35038-3  http://www.armand-colin.com/

 

Les femmes d'aujourd’hui sont-elles des fées du logis ?

 

L’expression est désuète, sent un peu l’ironie, paraît même insultante à certaines. Leurs mères en étaient, oui… Elles, non… Elles se rebiffent à l’idée. Car toutes ont une vie qui ne se résume plus à leur foyer et la majorité d’entre elles ont un métier auquel elles tiennent. Elles savent s’affirmer.

 

Et puis, pensant à tout ce qu’elles s’imposent pour que tout aille bien chez elles, elles se disent : après tout… Savoir faire éclore le bonheur au quotidien et le protéger ne reste-t-il pas de la vraie magie ?

 

Les tâches et le souci de la maison sont à partager, c’est sûr. Mais n’y a-t-il pas des pouvoirs qu’on n’a aucune envie d’abdiquer ?

 

L’auteure nous entraîne au coeur des paradoxes du quotidien au féminin. Une exploration vivante, intime, émouvante. Et l’éclairage qu’elle apporte est neuf et original.

 

Perla Serfaty-Garzon, psychosociologue, est connue pour ses études sur le chez-soi et l’intimité.

 

La domination masculine 

www.ladominationmasculine.net

 

Réalisateur(s) : Jean, Patric

Pays :  Belgique, France

Langue(s) originale(s) :  français

Langue des sous-titres :  anglais

Durée : 98

Année de production : 2009

 

« Il est plus facile de se battre contre la réalité que contre une illusion. » Cette illusion, c’est celle de l’égalité homme/femme, que Patric Jean déboulonne en montrant diverses facettes de sociétés occidentales qui, du lit au bureau, sont toujours patriarcales. De Léo Ferré, misogyne en chef, à Hélène Pedneault (à qui le film est dédié), en passant par la violence conjugale, les stéréotypes sexuels véhiculés dès la tendre enfance et les conséquences à long terme de la tuerie de Polytechnique : une analyse éclatée des rapports de forces entre hommes et femmes. Et un excellent point de départ pour un débat brûlant d’actualité. Éric Fourlanty

 
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Les accommodements… et les croyances!

Michel Handfield, M.Sc. sociologie

 

La loi est aussi culturellement marquée que son territoire!

 

15 octobre 2009

 

Deux débats font actuellement couler beaucoup d’encre dans les médias. L’un au Québec, l’autre à l’étranger. Au Québec, c’est le débat autour du projet de loi 16 « favorisant l’action de l’Administration à l’égard de la diversité culturelle » qui soulève des passions. Au plan international, la France et les États-Unis au premier rang, mais aussi dans l’ensemble des pays occidentaux, c’est l’affaire Roman Polanski qui soulève des débats! Deux choses en apparence éloignées, mais très près l’une de l’autre, surtout pour nous au Québec. J’explique, où d’autres accusent! 

 

D’abord, le projet de loi 16 (1), nous dit des choses comme « Ce projet de loi vise à favoriser l’action de l’Administration à l’égard de la diversité culturelle résultant des particularités ethnoculturelles et en matière de lutte contre la discrimination fondée sur la race, la couleur, la religion ou l’origine ethnique ou nationale. » (p. 2) Ou, encore,  « qu’il importe de favoriser davantage la pleine participation des personnes des communautés culturelles à la société québécoise ». (p. 3) Des a priori qui semblent logiques à première vue. Mais, vu certains accommodements qui vont à l’encontre de l’égalité, comme de permettre « à un juif hassidique de refuser de subir un examen de conduite donné par une femme et de se voir plutôt offrir les services d’un homme » (2), ce qui a eu lieu au cours des derniers mois, des passages comme «   le projet de loi 16 donne à la ministre la tâche d'élaborer et de proposer une politique gouvernementale «pour favoriser l'ouverture de la société à la diversité culturelle et pour lutter contre la discrimination fondée sur la race, la couleur, la religion ou l'origine ethnique ou nationale». » font peur. (3) Si nous devons nous ouvrir, les autres ne doivent-ils pas aussi  s’adapter pour s’intégrer? N’y a-t-il pas du donnant-donnant ou  un bout de chemin à faire des deux côtés; des manières et des coutumes à abandonner pour vivre avec l’autre, comme cela se fait dans un couple? D’ailleurs, la première considération de ce projet de loi se lit ainsi : 

 

« CONSIDÉRANT que, conformément aux principes énoncés par la Charte des droits et libertés de la personne, le respect de la dignité de l’être humain, l’égalité entre les femmes et les hommes et la reconnaissance des droits et libertés dont ils sont titulaires constituent le fondement de la justice, de la liberté et de la paix; » (p. 3)

 

Cela pose les principes d’ici. Ce projet ne devrait donc pas faire peur, vu sous cet angle du moins. Pourtant, il suscite des craintes dans certains milieux informés. Pourquoi?

 

C’est que l’égalité des sexes, reconnue dans le premier « considérant », semble abolie quand il s’agit d’ouverture ethnoculturelle, car à part ce passage on ne parle nulle part ailleurs d’égalité entre les femmes et les hommes! Par contre, on y parle beaucoup plus souvent de lutte contre la discrimination basée sur la religion! C’est comme si la religion prenait le pas sur les autres droits dans les faits. Ceci pose problème, la religion n’étant pas un droit, mais une liberté, donc non fondée sur des faits vérifiables, comme la science, mais une croyance, ce qu’est aussi l’horoscope ou croire que le sexe est un choix pour les enfants, voir bon pour eux comme le soutiennent certains défenseurs de la liberté sexuelle (4), ce  sans discrimination d’âge, car certains en font une question de santé! (5) Distinctions sémantiques sur le sujet, mais dans lesquelles les législateurs ne sont pas encore tombés, parlant plutôt d’âge de consentement!  (6) Voyez-vous poindre le lien avec l’affaire Polanski? Nous allons d’ailleurs y revenir plus loin.   

 

Si je n’ai pas de problème à ce qu’on favorise «  la pleine participation de toute personne au progrès économique, social et culturel du Québec » ou  qu’on favorise « davantage la pleine participation des personnes des communautés culturelles à la société québécoise »  (p. 3), cependant j’aurais des réserves avant « d’affirmer la volonté de l’ensemble de la société québécoise de se mobiliser afin de mettre en œuvre solidairement des actions visant à favoriser l’épanouissement des personnes sans égard à leur race, leur couleur, leur religion ou leur origine ethnique ou nationale » (p. 3), surtout si certaines de ces valeurs vont à l’encontre des nôtres et sont mises de l’avant par la même occasion. Favoriser l’épanouissement des personnes, oui, mais des cultures, croyances et religions, pas nécessairement. Le « sans égard » peut être ici trompeur!

 

C’est encore la religion qui pose problème, non seulement parce que l’on est dans une société dite laïque, mais parce que certaines croyances religieuses  vont à l’encontre de droits que l’on considère non négociables! En fait, c’est donner beaucoup de poids à des croyances. Des questions se posent alors :

 

- Jusqu’où va l’accommodement aux cultures et aux croyances, surtout la religion?

 

- L’accommodement doit-il être égal pour tout, sur tout et pour tous? 

 

- Toutes religions et toutes croyances sont-elles de même valeur?

 

- En cas de conflits interreligieux ou de croyances, laquelle prédomine? On appelle Dieu ou la science à la rescousse pour départager? 

 

On doit mesurer ces questions aux extrêmes pour voir où poser les limites, car extrêmes il y a. Et pour ceux qui ne croient pas aux extrêmes en cette matière, je vous souligne que le nazisme peut aussi être considéré comme une religion! Vous ne saviez pas? Moi non plus avant de lire « Le nazisme comme religion » de Kathleen Harvill-Burton aux Presses de l’Université Laval! (7) Avant d’accommoder, on devrait donc bien soupeser la question pour ne pas laisser la porte ouverte à tous vents idéologiques, car on pourrait avoir de mauvaises surprises.  S’il faut de l’air frais dans la maison, on doit cependant éviter les tempêtes! Pas seulement celles qui viennent d’ailleurs, car on pointe souvent à tort l’immigration en ces domaines, mais aussi celles d’ici, car nous avons des sectes qui pourraient profiter d’un tel laxisme de notre part !    

 

Maintenant, reprenons l’affaire Roman Polanski dans ce contexte de l’accommodement culturel et religieux! Polanski a été arrêté le 27 septembre dernier en Suisse pour une affaire de mœurs :

 

« Le réalisateur de Chinatown et Rosemary's Baby a fui les Etats-Unis en 1978, après avoir plaidé coupable dans une affaire de mœurs. Il est accusé d'avoir eu une relation sexuelle avec une jeune fille de 13 ans. Polanski avait au départ fait l'objet de six chefs d'inculpation, et notamment de viol, pour avoir eu une relation sexuelle avec elle après lui avoir fait consommer du champagne et de la drogue. Il a rejeté l'accusation de viol mais a plaidé coupable de relation sexuelle avec une mineure, ce qui est passible de 20 ans de prison. » (8)

 

Le point de vue légaliste dit qu’il doit faire face à ses accusations et ses responsabilités. Cela est clair d’un point de vue de juriste. Par contre, ce l’est moins d’un point de vue culturel si je me fie à ce que j’ai lu, même si, personnellement, je suis loin d’être d’accord avec tous ces points de vue. Cela est  cependant important dans le contexte de la future loi 16, car, si elle est acceptée telle qu’elle, ne dit-elle pas que l’on doit « favoriser l’ouverture de la société à la diversité culturelle »? (Voir note 3) Devrait-on alors tenir compte de la culture de Polanski puisque  certains de ces défenseurs soutiennent que vu le milieu où cela s’est passé, milieu très libéral s’il en est,  et la situation de la fille, « une adolescente qui posait dénudée pour Vogue homme » rappelle Alain Finkielkraut, ce n’était pas un cas d’abus comme les autres, car ce n’était déjà plus une fillette. « C'est quand même une chose à prendre en considération » poursuit le philosophe! (9) D’autres pourront aussi dire des artistes que c’est un milieu différent et plus libéral, donc plus ouverts à ce genre de chose. Les fréquenter serait donc accepter en quelque sorte! On pourrait aussi poser la question « où étaient les parents? » et étaient-ils « consentants par omission »?  Des façons de dire qu’un même crime n’a pas le même poids selon  le milieu où cela se passe! Culturellement, ou parler pour parler, tous les arguments semblent bons. Mais, il y a aussi de quoi les remettre en cause! (10)

 

On pourra toujours objecter que les juristes sauront faire la part des choses là où elle s’impose, mais rappelons qu’il y a eu des dérapages ici aussi. Je pense à un jugement qui a eu lieu il y a quelques années, où l'honorable juge Monique Dubreuil a laissé sortir deux violeurs avec une peine à purger «dans la collectivité» vu  le «contexte culturel particulier à l'égard des relations avec les femmes» chez les Haïtiens, ce dont j’ai déjà parlé. (11) Même d’un point de vue juridique, il y toujours des questions de culture!   D’ailleurs, dans certains pays, des relations avec une fille de 13 ans ne seraient pas un crime. La loi est aussi culturellement marquée que son territoire!

 

        Ainsi, à la lumière de ce nouvel éclairage que la loi 16 forcerait si elle était passée telle qu’elle, Roman Polanski pourrait-il avoir recours à son bagage culturel comme défense? Cela constituerait-il des circonstances atténuantes ou aggravantes? Dans cette optique, et en comparaison avec Polanski, comment jugerions-nous alors…

   

- Un curé qui aurait fait des actes d’attouchement avec une fillette de 13 ans, après qu’elle eut bu du vin de messe, cela il y a 30 ans?  

 

- Un musulman de 50 ans qui arrive ici avec sa femme de 12 ans, légalement mariée dans son pays?

 

- Un illustre inconnu dont on n’a jamais entendu parler auparavant, soit avant que le Journal local ne sorte son histoire, mais qui dit que son horoscope de cette journée lui disait qu’il initierait une jeune personne à des plaisirs de la vie? Comme il croyait, il l’a fait! Et il dit toujours croire profondément à l’horoscope, ce qui est une croyance au même titre que la religion est une croyance. L’horoscope a  d’ailleurs connu ses heures de gloire dans l’histoire, certains chefs d’État ayant leur astrologue comme d’autres leur confesseur! Pensons à François Mitterrand,  Ronald Reagan, Catherine de Médicis, Richard Nixon, Hassan II… (12)

 

- Un Africain qui arrive avec ses 3 femmes, lui aussi légalement marié dans son pays?

 

- Un musulman de 60 ans, marié depuis 20 ans à une femme qui a maintenant 32 ans? C’est dire qu’il l’a mariée à 12 ans, soit dès qu’elle a montré des signes de puberté!

 

Il peut être intéressant de reprendre cet exercice du jugement en mettant 14, 15 ou 16 ans à la place des âges déjà mentionnés pour voir si le jugement changerait selon les cas. Changerait-il dans tous les cas? Question de culture ou de perception? Certains principes sont-ils immuables? C’est à voir pour chacun de nous, mais faire l’exercice est enrichissant et révélateur sur nous et nos valeurs. Essayez-le pour voir à défaut de pouvoir faire cet exercice collectivement, ce qui serait certes instructif sur la société québécoise et ses valeurs. Mais, nous n’en avons pas les moyens. Le gouvernement ou une firme de sondage pourrait peut être le faire cependant.     

 

        Pas facile de juger des droits à partir de la liberté de croyance.  C’est pour cela que le projet de loi 16 doit être bien étudié sans nécessairement céder aux lobbies de la peur et du repli, mais ne pas non plus s’ouvrir plus que nécessaire pour se montrer meilleurs que les autres. Dans les excès, il y a toujours danger de dérapages d’un côté comme de l’autre. Si l’affaire Polanski soulève des débats, imaginons maintenant d’avoir à juger de tels cas en favorisant le point de vue de l’autre, que ce point de vue soit ethnique, culturel, religieux ou de toutes autres croyances, incluant l’horoscope et les songes, car Dieu peut toujours nous parler dans nos rêves! Comment juger alors?

 

Notes :

 

1. Projet de loi no 16, Loi favorisant l’action de  l’Administration à l’égard de la diversité culturelle,  présenté par Madame Yolande James, Ministre de l’Immigration et des Communautés culturelles, Éditeur officiel du Québec, 2009 : www.assnat.qc.ca/fra/39legislature1/Projets-loi/Publics/09-f016.pdf. Dans notre texte, les pages entre parenthèses (p.) font références à cette version pdf de ce projet de loi, la couverture comptant pour la page 1.

 

2. Robert Dutrisac, Loi 16 - Une petite loi aux ramifications imprévues,

Le Devoir, Édition du samedi 10 et du dimanche 11 octobre 2009 :

www.ledevoir.com/2009/10/10/271092.html

 

3. Robert Dutrisac, Ibid. Mais, nous nous devons d’être honnêtes. Dans la version pdf de la loi nous n’avons pas trouvé ce passage intégralement. Il est probablement un montage des deux paragraphes suivants :

 

«      Ce projet de loi vise à favoriser l’action de l’Administration à l’égard de la diversité culturelle résultant des particularités ethnoculturelles et en matière de lutte contre la discrimination fondée sur la race, la couleur, la religion ou l’origine ethnique ou nationale.

 

«      Le projet de loi confie au ministre, chargé de conseiller le

gouvernement à l’égard de la diversité culturelle, l’élaboration et la mise en œuvre de mesures visant à accroître l’ouverture de la société à la diversité culturelle et à favoriser la pleine participation des personnes des communautés culturelles à la société québécoise. Le projet de loi confie aussi au ministre la réalisation et la mise en œuvre d’une politique gouvernementale et d’un plan d’action pour favoriser l’ouverture de la société à la diversité culturelle et lutter contre la discrimination. Le projet de loi crée également l’obligation pour les organismes de l’Administration d’adopter une politique de gestion de la diversité culturelle et d’en rendre compte. » (Projet de loi no 16, Op. Cit., p. 2)

 

4. C’est là le type de discours tenu par certaines personnes, dont des spécialistes et des intellectuels. A ce sujet,  Denise Bombardier a d’ailleurs fait éclat en s’en prenant à Gabriel Matzneff, qui avouait « son penchant pour des jouvencelles » sur le plateau d’Apostrophe en mars 1990 (www.ina.fr/media/entretiens/video/CPB90002010/la-fidelite.fr.html) rappelle Le figaro dans un texte tout simplement intitulé « Denise Bombardier Gabriel Matzneff »  (www.lefigaro.fr/livres/2009/01/22/03005-20090122ARTFIG00443-denise-bombardier-gabriel-matzneff-.php). Selon Wikipédia, cet auteur « ne revendique que des amours partagées avec des jeunes filles et des jeunes garçons pubères: Le « troisième sexe » définit ainsi pour lui « les filles ou les garçons ayant entre dix ans et seize ans (Cf. son ouvrage Les Moins de seize ans » ».  (http://fr.wikipedia.org/wiki/Gabriel_Matzneff).

 

A l’émission « Campus, qui a remplacé celle de Bernard Pivot sur France 2 », où était invité Gabriel Matzneff en 2001,   « La romancière Christine Angot, l'auteure de L'Inceste, a critiqué elle-aussi l'attitude de Denise Bombardier », dix ans après! (Canoë, LIVRES, Bombardier contre Matzneff, PC, 23-11-2001, 09h07 : http://fr.canoe.ca/divertissement/livres/nouvelles/2001/11/23/1739381-ca.html). Façon de prendre la défense de Matzneff.  

 

Facteur culturel que l’amour des jeunes? Je ne sais pas, mais on semble trouver plusieurs défenseurs de cette fantaisie chez les intellectuels français. Il faut dire que la littérature en a donné maints  exemples au cours de l’histoire. Quelques heures de recherche sur Google avec de multiples mots clefs le prouvent, mais j’ai préféré limiter les exemples vu le sujet.  Après toutes ces recherches, voici néanmoins un dernier lien en référence : L’Histoire du militantisme pédophile sur Wikipédia :

 http://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_du_militantisme_pédophile

 

5. Le 4e point de la « DÉCLARATION DES DROITS SEXUELS » de la « World Association for Sexual Health » se lit ainsi :

 

« Le droit à l'équité sexuelle. Cela se réfère à la liberté de se dégager de toutes formes de discrimination sans distinction de sexe, de préjugé, de penchant sexuel, d'âge, de race, de classe sociale, de religion, ou d'invalidité physique et émotionnelle. » (www.worldsexology.org/about_sexualrights_france.asp)

 

6. En effet, on parle de majorité sexuelle, de pubère et de prépubère par exemple. Cela varie selon les pays, mais aussi dans l’histoire. A une certaine époque la ligne fut par exemple fixée à onze ans. Maintenant, elle est généralement fixée plus tard, soit entre 14 et 16 ans pour la plupart des pays occidentaux. Une référence sur le sujet est le site français de Jeunes Violences Écoute : www.jeunesviolencesecoute.fr/index.php?module=page&action=Display&pageref=13235&cmplang=fr   

 

Pour le Canada, consulter « ÂGE REQUIS AU CANADA POUR CONSENTIR À DES ACTES SEXUELS » sur le site de la bibliothèque du parlement : www.parl.gc.ca/information/library/prbpubs/prb993-f.htm

 

Quant à la puberté d’un point de vue médical, celle-ci peut être différente de celle légale ! Voir le dictionnaire médical en ligne MedicoPedia: www.medicopedia.net/term/19392,1,xhtml

 

7. Harvill-Burton, Kathleen, 2006, Le nazisme comme religion. Quatre théologiens déchiffrent le code religieux nazi (1932-1945), Québec : Presses de l’Université Laval,  252 pages ISBN: 2-7637-8336-8, Prix: 30,00$

 

8. LEMONDE.FR, 27.09.09, 12h22  (Mis à jour le 28.09.09, 08h45), Le cinéaste Roman Polanski arrêté à Zurich :   www.lemonde.fr/culture/article/2009/09/27/le-cineaste-roman-polanski-arrete-a-zurich_1245878_3246.html

 

9. NOUVELOBS.COM,  09.10.2009, 18:40: POLEMIQUE, Finkielkraut défend Polanski : à treize ans, « ce n'était pas une enfant » :  

http://tempsreel.nouvelobs.com/actualites/culture/20091009.OBS4087/finkielkraut_defend_polanski__a_treize_ans_ce_netait_pa.html

 

Un autre défenseur de Polanski est Bernard-Henri Lévy. Nous ne l’avons finalement pas cité, mais pour ceux que cela intéresse, voir : Le Post, « BHL ardent défenseur de Polanski sur Il Corriere », Par LorenZoo : www.lepost.fr/article/2009/10/07/1729869_bhl-ardent-defenseur-de-polanski-sur-il-corriere.html Mais, attention, on trouve un avis comme quoi il s’agit d’une information non vérifiée par la rédaction et qui n’engage que son auteur, mais celui-ci a aussi mis un lien vers l’article italien intégral, ce qui donne une certaine crédibilité à son texte :

 

IL CASO DI ROMAN POLANSKI Bernard-Henri Lévy: «Ma è la celebrità a renderlo bersaglio dei giustizieri»,  in  Corriere della Sera,  07 ottobre 2009 : www.corriere.it/cronache/09_ottobre_07/polanski-levy_0136c852-b315-11de-b362-00144f02aabc.shtml

 

10. A ce sujet, lire les deux textes suivants, mais il y en avait plusieurs autres tout aussi intéressants:

 

Gil Courtemanche,  Plus libre que les autres?, Le Devoir, Édition du samedi 10 et du dimanche 11 octobre 2009 : www.ledevoir.com/2009/10/10/271059.html

 

Yves Boisvert, La pédophilie politiquement correcte, La Presse, 2 octobre 2009 : www.cyberpresse.ca/opinions/chroniqueurs/yves-boisvert/200910/01/01-907617-la-pedophilie-politiquement-correcte.php

 

11. Handfield, Michel, Le multiculturalisme à l’encontre de l’égalité?,  Opinion in La Presse, 28 janvier 1998, p. B 2.

 

Il y a aussi un dossier de  Sirma BILGE, de l’Université de Montréal, «La « différence culturelle » et le traitement au pénal de la violence à l’endroit des femmes minoritaires : quelques exemples canadiens», paru dans  le journal international de victimologie / International journal of victimology, Année 3, Numéro 3, Avril 2005, qui devrait être consulté. Il était disponible sur internet au moment où j’ai écrit ces lignes : www.jidv.com/BILGE-S-JIDV2005_10.htm,.

 

12. CNRS : Astrologie et pouvoir : un tandem gagnant ?, voir  http://www2.cnrs.fr/presse/thema/481.htm

 

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Le Journal/Fil de presse

 

LE DOCUMENTAIRE QUÉBÉCOIS «BOMBES À RETARDEMENT» FORCE LE GOUVERNEMENT CANADIEN À COMPENSER LES ANCIENS COMBATTANTS IMPLIQUÉS DANS LES ESSAIS NUCLÉAIRES DU NEVADA

 

Montréal, le mercredi 7 octobre

 

Sorti à l’automne 2007, le documentaire Bombes à retardement (Time Bombs) des producteurs et réalisateurs Guylaine Maroist et Éric Ruel, relatait l’histoire des soldats canadiens utilisés comme cobayes dans les essais nucléaires du Nevada en 1957. Une histoire cachée par nos autorités depuis 50 ans. Le documentaire a remporté le prestigieux Ruban d’or pour le meilleur documentaire diffusé à la télévision canadienne en 2008 ainsi que le Grand Prix du Jury au Festival du Film indépendant de New York.

 

Depuis, les choses ont bougé. Le Gouvernement Canadien compense présentement les soldats ou leur famille, puisque plusieurs sont décédés des suites d’un cancer ou d’une maladie pouvant être liée aux radiations et aux retombées nucléaires des bombes. Les victimes vont recevoir 24 000$ pour les préjudices subis. Plus de 400 soldats et scientifiques canadiens ont été liés à ces tests nucléaires, qui se sont déroulés entre 1945 et 1962.

 

Guylaine Maroist et Éric Ruel, les co-producteurs et réalisateur du documentaire choc, avaient organisé une conférence de presse sur la Colline parlementaire avec l’association des vétérans canadiens des essais nucléaires (Canadian Atomic Veterans Association - CAVA). Combiné à la diffusion pan canadienne du documentaire (Canal D et Global), l’affaire a eu un impact retentissant dans les médias. Le Gouvernement n’avait plus le choix de bouger.

 

« Le film a été une aide précieuse pour faire bouger le Gouvernement » affirme Jim Huntley, président de l’Association des anciens combattants du nucléaire. « Nous avons mené une lutte pendant 15 ans pour être reconnus. Personne ne répondait à nos demandes. Nous étions complètement ignorés. Avec le film, on nous a pris au sérieux. On a même obtenu une rencontre avec le Ministre de la Défense! »

 

C’est pourquoi l’Association des vétérans, basée à Calgary en Alberta, a tenu à organiser l’été dernier une réception très émouvante pour remercier les cinéastes.

 

Guylaine Maroist et Eric Ruel, aussi producteurs et réalisateur de la série J’ai la mémoire qui tourne, qui obtient un vif succès sur la chaîne Historia, ont été approchés par L’Association des vétérans américains des essais nucléaires pour qu’ils réalisent un film sur l’expérience des soldats américains. Une histoire dont le peuple américain ignore tous les détails.

 

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D.I., Delinkan Intellectuel,  revue d’actualité et de culture

 

AVIS

 

Révisé le 21 décembre 2008

 

Dans les commentaires cinés, de théâtres ou de spectacles, les citations sont rarement exactes, car même si l’on prend des notes il est rare de pouvoir tout noter exactement.  C’est généralement l’essence de ce qui est dit qui est retenue, pas le mot à mot.

 

Je ne fais pas non plus dans la critique, mais dans le commentaire, car de ma perspective, ma formation de sociologue, le film est un matériel et nourrit une réflexion qui peut le dépasser. Certains accrocheront sur les décors, les plans de caméra,  le jeu des acteurs ou la mise en scène, ce qui m’atteint moins. Moi, j’accroche sur les problématiques qu’il montre et les questions qu’il soulève. Le film est un matériel sociologique; un révélateur social, psychosocial, socioéconomique ou sociopolitique par exemple. C’est ainsi que sur de très bons films selon la critique, je peux ne faire qu’un court texte alors que sur des films décriés en cœur, je peux faire de très longues analyses, car le film me fournit du matériel. Je n’ai pas la même grille, le même angle, d’analyse qu’un cinéphile. Je prends d’ailleurs des notes durant les projections de presse que je ne peux renier par la suite, même si je discute avec des confrères qui ne l’ont pas apprécié de la même manière que moi, Je peux par contre comprendre leur angle et je leur laisse. J’encourage donc le lecteur à lire plusieurs points de vue pour se faire une idée plus juste.

 

Peut être suis-je bon public aussi diront certains, mais c’est parce que je prends le film qu’on me donne et non celui que j’aurais fait, car je ne fais pas de cinéma, mais de l’analyse sociale! (Je me demande parfois ce que cela donnerait avec une caméra cependant.) Faut dire que je choisis aussi les films que je vais voir sur la base du résumé et des « previews », ce qui fait que si je ne saute pas au plafond à toutes les occasions, je suis rarement déçu aussi. Si je ne suis pas le public cible, je l’écris tout simplement. Si je n’ai rien à dire ou que je n’ai pas aimé, je passerai plutôt mon tour et n’écrirai rien, car pourquoi je priverais le lecteur de voir un film qui lui tente.  Il pourrait être dans de meilleures dispositions pour le recevoir et l’aimer que moi. Alors, qui suis-je pour lui dire de ne pas le voir? Une critique, ce n’est qu’une opinion après tout. Une indication qu’il faut savoir lire, mais jamais au grand jamais une prescription à suivre à la lettre. C’est d’ailleurs pour cela que je fais du commentaire et non de la critique.  

 

Michel Handfield, d’abord et avant tout sociologue.  

 

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Commentaires livresques : Sous la jaquette!

 

Pour le prochain Salon du livre!

Michel Handfield (1er décembre 2009)

 

La 32e édition du Salon du livre de Montréal s’est tenue du 18 au 23 novembre dernier. Comme j’y vais chaque année depuis les débuts ou presque, cette année j’ai fait un tour d’observation sociale du salon! C’est dans notre mandat de revue de critique sociale de le faire ainsi.

 

J’y ai observé des gens qui marchent dans les allées, mais ne semblent pas regarder autour d’eux. Ils ont encore moins l’intention de s’arrêter, comme s’ils avaient un but précis en tête : un auteur ou un éditeur peut-être! De l’autre côté, j’ai parlé avec des auteurs dont l’espace n’était pas très achalandé pour avoir leur point de vue, dont Gilles Dubois, Jean Séguin et Réal-Gabreil Bujold. (1) Eux aussi constataient que bien des gens passent leur chemin. Quelques un s’arrêtent tout de même, attirés par un titre ou la tête de l’auteur lui-même! C’est un peu ingrat pour les auteurs, mais c’est le commerce. 

 

Plusieurs auteurs nous lancent d’ailleurs un sourire ou un bonjour, comme à la pêche! Moi, je leur souriais gentiment, parfois m’arrêtais pour échanger quelques mots. Mais, des noms attirent probablement davantage que d’autres, car j’ai aussi vu des files à certains stands où l’on trouvait des noms fortement médiatisés! Un titre attirait parfois mon attention dois-je dire. Question de couverture ou de placement de produit, car dans un tel salon le livre est un produit! Lecteur d’essais, c’était par contre plus souvent le titre d’un roman qui aurait pu être aussi celui d’un essai qui me faisait arrêter.  Mais, l’essai fut rare dans ma pêche. En badaud cette année, j’ai vu ce salon du point de vue de la foule plutôt que du lecteur! Il faut cependant dire que si l’on se donne deux ou trois heures pour faire le salon, on n’a pas le temps de s’arrêter partout. Je n’y ai été que trois fois et ce fut un survol de mon point de vue! A titre comparatif, l’an dernier j’y étais allé 5 fois et je considère ne pas l’avoir fait en profondeur, car il y a beaucoup à voir! C’est plus qu’une immense librairie comme le croient certaines personnes qui ne le fréquentent pas.   

 

Parlant avec des auteurs, cela m’a permis de conclure qu’il serait intéressant de classer les livres par thème : romans, biographies, essais… 

 

Mais, vérification faite, ce serait difficile pour des raisons techniques, car on devrait alors diviser les maisons d’édition et multiplier les stands! Alors, il faudrait trouver autre chose, car les lecteurs qui vont d’un gros stand à un autre passent parfois à côté d’un éditeur étranger qui aurait peut-être quelque chose d’intéressant à leur présenter et qu’ils ne retrouveront plus après, trop pointus pour être conservé dans le commerce grand public. C’est notamment le cas dans les essais, moins visibles que les romans par exemple. Il faut donc trouver un système pour mieux faire voir ces ouvrages. À défaut de disperser les éditeurs en sous-groupes, des circuits et des codes de couleurs pourraient être pensés : essais, romans, biographies, livres jeunesses, livres utiles (botanique par exemple), beaux livres, B.D. et recettes pour nommer les catégories les plus importantes et englobantes! Dans les librairies, les livres sont d’ailleurs classés ainsi, rarement par éditeurs. Puis, pour les petits éditeurs spécialisés, comme pour les éditions universitaires et gouvernementales, il y aurait peut-être moyen de les regrouper dans un même pôle du salon pour créer une masse critique! Une autre façon de voir ce salon. À suivre l’an prochain.

 

Note :

 

1. En guise d’appréciation d’avoir parlé avec eux, voici une présentation des livres de ces auteurs :

Dubois, Gilles, 2009, La piste sanglante,  Ottawa (Ontario) : Éditions L'Interligne, Collection  « Cavales », 200 pages, ISBN : 978-2-923274-20-1, 12.95 $

 

Hiver 1883, à Grand-Bouleau, aux portes de l’Arctique.

 

Les villageois isolés dans les montagnes doivent faire face à une menace terrifiante. C’est le moment pour Akuna, le jeune meneur de chiens, de montrer son courage. L’adolescent téméraire souhaite prouver qu’il est l’un des meilleurs parmi les hommes du village, et défier aussi son mentor, le vieil Amarok, légende vivante du Nord, son ami autant que son rival.

 

Dans un décor aussi rude que grandiose, Gilles Dubois emmène avec passion son lecteur à l’aventure, sur les pistes enneigées du Grand Nord, où hommes et bêtes luttent pour leur survie. L’auteur nous livre aussi le récit poignant d’une histoire de filiation, empreinte de la pudeur qui caractérise les personnages forts tels qu’Anuka et Amarok.

Séguin, Jean,  Recueil d’expressions et de mots québécois – Volume 2, Québec : Broquet, ISBN : 978-2-89654-109-6, 640 p. 29.95 $

 

Fort de l’expérience acquise à la rédaction de son premier livre, l’auteur vous suggère une nouvelle aventure dans le monde des mots anciens de notre patrimoine québécois. Cette fois-ci, grâce aux recherches faites dans les années 1960-1970 sur l’ensemble du territoire québécois (Est du Canada) par Gaston Dulong et Gaston Bergeron et la Société du parler français au Canada (1902-1962) et surtout à la mise en place d’un site Internet facilitant la recherche des mots inventoriés subventionné par le Bureau de la recherche de la Faculté des lettres de l’Université Laval (1998-1999), il nous est permis de retracer de vieux mots avec facilité, d’authentifier leurs usages selon les régions mais aussi d’en connaître les variations de sens.

 

Chemin faisant, les références à des ouvrages divers se font plus nombreuses ce qui enrichit notre connaissance historique et étymologique des substantifs, verbes et expressions explorés. La forme littéraire diffère quelque peu du premier tome: elle se distingue principalement par plus de références aux auteurs québécois, par la présence de la carte géographique du Québec avec ses termes répertoriés en fonction des régions et finalement, par la présentation de mots plus rares dans l’usage actuel de la langue.

 

Le sujet y est traité avec la même passion que son livre précédent. Son voyage fait en France en 2007 juste avant l’édition de son dernier livre l’a remis en contact avec ses sources françaises. 

 

Réal-Gabriel Bujold : Si l’auteur y présentait surtout « Pommes de lune »,  c’est davantage de « LA DÉFORME SCOLAIRE » que nous avons parlé et que je vous présente ici, vu mes intérêts pour l’éducation, une question hautement sociopolitique!

 

Ce livre raconte les aventures d’un enseignant au primaire. Il se veut à la fois un témoignage troublant de ses trente-six années dans un monde de femmes et une critique acerbe du système scolaire tel qu’on le connaît aujourd’hui.

 

Bujold, Réal-Gabriel, 2005, LA DÉFORME SCOLAIRE, Rosemère (Québec) : nouvelle optique, Collection Circonstances, ISBN: 2-89396-270-x, 199 pages, 21.95 $

 

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Patry, Sylvie, 2009, RENOIR AU XXe SIÈCLE, France: Découvertes Gallimard/Réunion des Musées Nationaux (imprimé en Italie par Zanardi Group), 48 pages, ill., rel., sous couv. ill., 120 x 170 mm. Collection Hors série à l occasion de l’exposition RENOIR AU XXe SIÈCLE présentée aux Galeries nationales du Grand Palais à Paris du 23 septembre 2009 au 4 janvier 2010, ISBN 9782070337446, 8,40 € :  http://www.gallimard.fr/ 

 

Commentaires de Michel Handfield (6 novembre 2009)

 

Petit poids lourd, c’est la première chose que j’ai remarquée alors qu’il était encore dans l’enveloppe. Quand j’ai ouvert, j’ai compris : les pages se déplient parfois en 4/4 pour faire paraître des reproductions de  23,5 X 32 cm alors que ce livre en fait à peine 12,5 X 17,5! Comme ce livre ne fait qu’environ 1 cm d’épaisseur (1), c’est dire que la qualité du papier y est pour quelque chose dans le poids. La qualité de la gravure, elle, y fait quelque chose pour le plaisir de l’œil, car c’est un livre d’art avec une impression de qualité. Le texte est clair, concis et intéressant. On apprend, ainsi, que :

 

« (…) les tableaux de Renoir et de ses amis Monet, Pissarro, Cézanne, Morisot ou Sisley, peinent à s’imposer au Salon officiel. En réaction, ils organisent en 1874 une première exposition indépendante, suivie de sept autres. Leur peinture libre et esquissée est qualifiée par dérision d’ « impressionniste ». Dès la fin des années 1870 toutefois, Renoir se détache d’un mouvement dont il remet en cause la stratégie et le style. »

 

Cet extrait est tiré de la section « Le commencement d’un triomphe », car ce livre n’est pas paginé, mais divisé en sections.

 

Suivant cette section, nous avons  « Une famille en peinture », où on apprend que les principaux sujets de Renoir sont ses proches; « Nouveaux cercles, nouveaux amateurs », où on apprend cette fois que Renoir à pris ses distances face au courant impressionniste, mais a conservé « des contacts avec ses amis de jeunesse ». Je dirais que Renoir est devenu Renoir! On parle ensuite de la « nouvelle manière de Renoir »! Cette manière, c’est la vie! Il peint sa femme, ses enfants, la « Boulangère », une comédienne, mais en les retravaillant. « C’est le  peintre qui fait le modèle » comme le dit si bien le titre de cette 4e section.

 

        À 67 ans, « il s’installe dans la maison des Collettes à Cagnes-sur-Mer, non loin de Nice. » Après des années à Paris et en voyage! L’auteur parle donc d’ « Une nouvelle Arcadie »! (2) Artiste, il expérimentera différentes techniques et d’autres formes d’art, comme la sculpture par exemple. « Le don de la décoration, le goût de l’expérimentation », c’est Renoir, même si c’est un Renoir moins connu! De son temps, il fera aussi des nus au début du XXe siècle comme pour bien d’autres peintres. Mais, il les placera en plein air. La femme, symbole des la nature, s’y mariera dans une célébration de la vie et de la beauté. C’est le « Testament : nus et odalisques », qu’il laissera! Il aura marqué son temps et ceux qui le suivront. Picasso le consacrera « Le « pape de la peinture » », titre de la dernière section de ce livre d’art!

 

        Si ce livre donne le goût de voir l’exposition, ce qui n’est pas possible pour tous, il est aussi un concentré de celle-ci pour ceux qui n’ont pas la chance d’aller à Paris, comme moi qui demeure à Montréal! Une excellente idée-cadeau pour ceux qui aiment Renoir par exemple, qu’on vous l’offre ou que vous vous l’offriez vous-même, car on n’est jamais mieux servi que par soi-même! Si vous ne le trouvez pas en librairie, il y a certainement moyen de le commander par internet.                   

 

Notes :

 

1. Mesures approximatives que j’ai prises avec une règle! 

 

2. Selon Wikipédia on parlerait d’une utopie, d’un lieu idéal; pastoral et harmonique! Voir :

http://en.wikipedia.org/wiki/Arcadia_(utopia)

http://fr.wikipedia.org/wiki/Arcadie_(poésie)

 

Arrière de couverture

 

On oublie souvent que Renoir, né en 1841 et devenu l'une des grandes figures de l'impressionnisme des années 1870, continua d'être un peintre actif et admiré au début du XXe siècle : cinq ans avant sa mort en 1919, alors qu'il est riche et célèbre, il déclarait « commencer à savoir peindre ». Les dernières années de Renoir se caractérisent en effet par un profond renouvellement de sa peinture et un goût constant de l'expérimentation, qui le conduit vers de nouvelles techniques comme la sculpture. Renoir invente une peinture conciliant la référence à la tradition, de l'Antiquité au XVIIIe siècle en passant par Titien ou Rubens. Peintre de figures, comme il aime à le proclamer, il explore un nombre limité de thèmes et place le nu féminin à la source de toutes les audaces : libération de la couleur, affranchissement des règles de l'anatomie et de la perspective, au profit d'une nouvelle Arcadie inspirée du Sud de la France. Cette nouvelle manière lui vaut l'admiration de nouvelles générations d'artistes, tels Matisse, Picasso, Maillol ou Bonnard qui, pour certains, font le pèlerinage à Cagnes-sur-Mer, près de Nice, où Renoir est installé une partie de l'année. Ils y saluent un homme courageux et un peintre libre, moderne et classique tout à la fois. 

 

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Sortie de Disques!

 

DES PAS DANS LA NEIGE de Maryse Letarte

www.maryseletarte.com

 

Commentaires de Michel Handfield (3 décembre 2009)

 

        Cette année j’ai demandé une copie de presse de ce CD de Maryse Letarte, car je regrettais de ne pas l’avoir fait l’an dernier. Et, pourquoi ne l’avais-je pas demandé? C’est que je ne suis pas très disque de Nowel! Mais, je l’ai regretté quand j’en ai entendu des extraits à la radio.

 

        Mon commentaire sera donc bref pour une rare fois: NE VOUS PRIVEZ PAS DE CE PLAISIR!

 

        Ma blonde aime la tonalité et la musique. Elle trouve qu’il s’écoute bien!  Moi, je l’aime parce que c’est un album intelligent et contemporain dans le texte. Ainsi, « Entre Noël et le jour de l’an » est poétique. Par contre « Ô traineau dans le ciel » est plus social. Les premières lignes donnent le ton :

 

Ô traineau dans le ciel 

N’oublie pas l’essentiel

Ô traineau dans le ciel 

 

Puis, on peut penser à la surconsommation du temps des fêtes, où on court pour acheter des cadeaux en oubliant l’essentiel : que c’est une fête relationnelle que l’on a transformée en une fête de la consommation comme si l’argent, qui fait tourner le système, pouvait aussi acheter le bonheur! 

 

Nos cœurs vidés en rage

Nous font courir en fou

Comme des souris en cage

Qui font tourner la roue

 

Cet album nous change de certaines chansons de Nowel un peu trop sirupeuses à mon goût. Ici, on est dans l’intelligence en douceur et en émotion. Ça passe bien comme un bon cognac après la dinde. On en conserve le goût et l’arome longtemps en tête. C’est mieux que du sirop! C’est de la tarte que nous sert Maryse!  

 

Ce CD de Noël est maintenant disponible en format 33 tours. Le  recueil de partitions est aussi disponible pour ceux qui veulent chanter en famille, en groupe en cœur ou a capella! 

 

Communiqué annonçant la sortie 33 tours de cet album

Maryse Letarte, une fée des étoiles pas comme les autres!

 

Montréal, 17 novembre 2009 – Tout le monde se souvient de la révolution provoquée par la sortie du disque DES PAS DANS LA NEIGE, l’année dernière à pareille date. Plus de 10,000 copies vendues en quelques semaines, ont confirmées l’enthousiasme général. Tous se sont entendus incluant les plus rébarbatifs « combattants anti-musique-de-Noël » pour vanter la beauté et l’originalité de ce disque composé de chansons et de musiques de Noël inédites.

 

Au moment de créer cet album, Maryse fixait sur disque dur les notes du piano familial, dans l’espoir d’immortaliser le son de son ancien ami en acajou. Il ne manquait plus au plaisir d’écouter ce disque irrésistible que celui de tenir entre nos mains, la belle et grande pochette du vinyle. Et parce que DES PAS DANS LA NEIGE est résolument un disque de Noël d’aujourd’hui et de demain, le téléchargement gratuit de la version MP3 est inclus à l’achat du format 33 tours. Quand les traditions se marient au moderne !!!!

 

Aussi, à l’initiative des éditions « Chant de mon Pays », on retrouve maintenant les chansons du disque DES PAS DANS LA NEIGE réunies en un recueil de textes et de partitions. Une confirmation supplémentaire que les chansons de Noël inédites de Maryse Letarte sont déjà des classiques.

 

Notez qu’après avoir été nommée dans la catégorie «Album de l'année - Populaire» au dernier Gala de l’Adisq, Maryse est nommée dans la catégorie «Auteur-Compositeur de l'Année Francophone» aux Canadian Folk Music Awards qui se tiendront à Ottawa, le 21 novembre prochain.

 

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SORTIE EN MAGASIN DU DEUXIÈME ALBUM DE MIN RAGER « FIRST STEPS »

 

Montréal, le lundi 19 octobre 2009

 

        Le label montréalais Effendi Records est fier de vous annoncer la sortie du deuxième album de la pianiste Min Rager, intitulé « First Steps ».

 

        Disponible en magasin et sur les plateformes de téléchargement (Itunes, Zik.ca, Emuzic), dès le mardi 27 octobre 2009 (Distribution Select).

 

        Min Rager est, sans aucun doute, une des pianistes de jazz les plus prometteuses au Canada. Ce nouveau disque confirme autant son talent pour la composition que sa virtuosité pianistique. Elle s’est entourée ici de certains des meilleurs musiciens de la scène jazz montréalaise et bénéficie de leurs grandes aptitudes pour présenter une belle collection de ses propres compositions. Alternant blues, ballades, hard bop et bossa-nova, Min Rager offre aussi dans ce deuxième album de beaux hommages aux grands John Coltrane et Miles Davis. Chaque pièce laisse place à des improvisations plus saisissantes les unes que les autres. Une merveilleuse musique jouée par de grands musiciens!

 

« FIRST STEPS» (FND097)

Min Rager - piano

Kevin Dean  - trompette

Donny Kennedy  - saxophone alto

Fraser Hollins (2, 5, 6, 7) and Alec Walkington (1, 8, 9) - basse

André White  - batterie

Walt Weiskopf - saxophone ténor (4)

Josh Rager - piano (10)

 

SORTIE EN MAGASIN DU PREMIER ALBUM DE JEAN-NICOLAS TROTTIER QUARTET

 

        Effendi Records est fier de vous annoncer la sortie du premier album en quartet signé par le tromboniste Jean-Nicolas Trottier.

 

        Disponible en magasin et sur les plateformes de téléchargement (iTunes, Zik.ca, eMusic), dès le mardi 27 octobre 2009 (Distribution Select).

 

        Le tromboniste Jean-Nicolas Trottier est un musicien très actif de la scène jazz montréalaise. Après avoir sorti au mois de juillet dernier un album avec le Jean-Nicolas Trottier Big Band, dont il est le compositeur, arrangeur et chef d’orchestre, il présente ici un premier album en quartet. Ce disque est le fruit de plus de deux ans de travail : une période de création mais aussi d’exploration et d’apprentissage ayant pour but de mettre en avant la liberté d'improvisation, les jeux de textures et les formes diverses. Un résultat des plus originaux qui saura sans doute vous plaire!

 

        Outre les formations qu’il a fondées, Jean-Nicolas Trottier a joué avec de grands ensembles tels que le Montréal Jazz Big Band, Trombones Actions, le quintet de jazz ID, et aussi les big band de Joe Sullivan, Vic Vogel, Lorraine Desmarais et Alain Caron. Il a également travaillé en tant qu’arrangeur entre autres pour Ariane Moffat, Amylie Boisclair, Patrick Watson et DJ Champion.

 

 

« JEAN-NICOLAS TROTTIER QUARTET» (FND094)

Jean-Nicolas Trottier – trombone

Alexandre Côté – saxophones alto & soprano

Sébastien Pellerin – contrebasse

Michel Berthiaume – batterie

 

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Index

 

Cinéma et Théâtre

(Ciné, Théâtre et quelques annonces d’événements)

 

Notre section ciné et théâtre est dédiée à la mémoire de Gilles Carle (31 juillet 1928 - 28 novembre 2009), dont la fiction cinématographique contenait une bonne part d’observation.  L’œil avisé saura y voir une fine critique sociale et politique!

 

L'Imposture (Théâtre)

D’Evelyne de la Chenelière (création inédite!)

Mise en scène d'Alice Ronfard

DU 17 NOVEMBRE AU 12 DÉCEMBRE 2009

 

Durée du spectacle : 1 h 50 sans entracte

 

DISTRIBUTION :  David Boutin  /  Sophie Cadieux  /  Violette Chauveau  /  Francis Ducharme  /  Jacinthe Laguë  /  Hubert Proulx  /  Yves Soutière  /  Erwin Weche

 

Une pièce peut en cacher une autre. Ève, romancière, écrit un roman. Léo, son fils, est le narrateur du roman. Est-ce le vrai Léo qui se souvient vraiment du souper d’amis après lequel ses parents l’ont conçu – ou bien est-ce le Léo fictif écrit par sa mère? Par contre, pas de doute, c’est la vraie mère écrivaine qui demande à son vrai fils de signer le roman à sa place : un jeune, une nouvelle voix, ça marcherait tellement mieux...

 

Mais, la vie est une femme et la vie n’a que faire des romans. Et ici, la vie s’appelle Justine, la fille d’Ève, et elle est un cauchemar. Un vrai. Peut-être le pire.

 

Derrière le personnage d’Ève et ses angoisses d’écriture, il y a nous tous qui ne savons plus très bien ce que devrait être une femme, un homme, un enfant, une famille, tiraillés que nous sommes entre désirs et discours, entre la soif d’inconnu et la nostalgie, entre les idées du temps et l’éternité humaine. Ève voudrait donner forme à la vie pour la contenir dans les courbes élégantes de ses phrases, mais sa vie coule entre ses mots comme l’eau entre nos doigts.

 

Avec son théâtre moqueur au regard grave, Evelyne de la Chenelière, l’auteure des rafraîchissantes Fraises en janvier, fait enfin son entrée au TNM, guidée par une metteure en scène d’une exceptionnelle sensibilité à l’univers féminin : Alice Ronfard. Pour porter ce texte où les émotions ne sont jamais celles qu’on attend, elles ont rassemblé une distribution idéale d’artistes rompus aux jeux entre sincérité et ironie où l’on distingue, pour donner toute sa complexité au personnage d’Ève, la singulière et inventive Violette Chauveau et, pour jouer son fils à l’insondable mémoire, Francis Ducharme, à la jeunesse fougueuse.

 

Rédaction Paul Lefebvre

 

ÉQUIPE DE CONCEPTEURS :  Simon Carpentier  /  Éric Champoux  /  Yves Labelle  /  Ginette Noiseux  /  Jacques-Lee Pelletier  /  Bethzaïda Thomas  /  Rachel Tremblay  /  Gabriel Tsampalieros

 

Commentaires de Michel Handfield (1er décembre 2009)

 

J’ai attendu une semaine avant de débuter mon texte, car j’avais pris tellement de notes que je voulais l’oublier pour voir l’essentiel : l’histoire! 

 

Pour la petite histoire, c’est celle d’une auteure qui fait passer son fils pour l’auteur, car cela vend mieux. Mais, cette histoire vient-elle vraiment d’elle ou raconte-t-elle la vision que son fils a de leur vie familiale, c’est à dire ses souvenirs et son interprétation. Alors, qui est l’auteur de l’histoire? L’écrivain ou le conteur que l’écrivain a mis en livre? (1) On est dans l’imposture ou la position de l'écrivain!

 

Tout au long de cette pièce, on voyage sur le sens métaphysique de la littérature même si on est dans la petite histoire : celle d’une famille, où la mère est écrivaine! La petite histoire avec ses peines et ses misères, comme celle de voir sa fille prendre une route sur laquelle on n’aurait pas voulu la voir s’engager. Mais, elle l’a choisie. C’est donc une histoire de famille qui fait son possible, mais qui ne peut tout contrôler comme toutes les familles. Ce qu'on fait n’est pas que le fruit de nos influences parentales, mais celui de toute une série d’influences, dont les amis, les médias et la rue! La culpabilité, elle, est bien parentale : qu’est-ce que j’ai manqué avec cet enfant?   

 

Sous le prétexte de la mère écrivaine, cette pièce parle aussi du complexe culturel québécois, car on se fait souvent croire qu’on est un peuple de génies!  C’est là l’occasion d’une certaine critique sociale et historique. Comme cette critique des idéologies, dont le féminisme, par le regard critique sur les valeurs transmises aux enfants et leurs limites, car ils se font aussi leurs propres valeurs. Comme  sa fille qui a choisi de servir les hommes…

 

Comme cette pièce va et vient sur les mêmes sentiers de différents angles et points de vue, on peut parler d’un théâtre situé au point de jonction entre psychologie et ethnométhodologie (2), car on construit, déconstruit et reconstruit la réalité pour la comprendre. Cela peut parfois laisser quelques spectateurs pantois, comme à la fin, où le dernier repas semble irréel avec ce qu’on a vu auparavant. C’est qu’elle s’est créée sa famille parfaite, dans sa tête du moins! À moins qu’elle n’ait inventé une famille dysfonctionnelle dans son roman, car plus vendeur qu’une famille sans histoire! L’imposture, finalement, elle est où? Dans la signature ou dans l’histoire? Comme pour le film basé sur des faits réels, mais dont on ne peut dire qu’elle est la part de la réalité et de la fiction? Et, si la fiction était plus intéressante que la réalité? Ou, si la réalité dépassait la fiction? Image ou réalité; vérité ou marketing? La culture est aussi un produit qui doit se vendre comme tous autres produits! On est alors dans la critique culturelle!

 

Pièce urbaine, car cela pourrait facilement se passer sur le Plateau Mont-Royal, elle critique une certaine imposture médiatique, car ce qu’on voit à la télé, soit les parties vidéo de la pièce, sont présentées et, surtout, perçues comme étant la réalité. Mais, à mesure que la pièce avance on comprendra que ce peut aussi être une imposture. En fait, le théâtre, les médias et le roman, tous des sujets de cette pièce, pigent dans la réalité pour la reconstruise à leur façon. (3) Alors, qu’elle est la réalité de cette pièce, jouée sur trois niveaux : celle jouée sur scène, soit disant la réalité de leur vie; celle des entrevues  télévisuelles (les extraits vidéo)  qui disent la vérité; ou, finalement, celles qui réfèrent au roman,  qui est soi-disant autobiographique?  Peu importe la position, on reconstruit l’histoire finalement! Il faut donc se méfier : la vérité pourrait être partout et nulle part. Comme en science, où on ne peut jamais dire d’une chose qu’elle est vraie, mais tout simplement qu’elle n’est pas fausse… jusqu’à preuve du contraire! C’est la différence avec les idéologies cependant, qui, elles, affirment détenir la vérité absolue sans autres preuves que la foi!

 

Notes :       

 

1. Je n’ose dire en mots, car le conteur met aussi la vie en mots!

 

2. Pour ceux qui ne savent pas ce qu’est l’ethnométhodologie, le nouveau petit Robert (édition électronique 2007) en dit «   Courant critique de la sociologie qui analyse les faits sociaux à partir de l'observation du déroulement des actes quotidiens. » Pour ceux qui veulent en savoir plus, je conseille de lire COULON, Alain, 1987, L'ethnométhodologie, France: P.U.F., col. « Que sais‑je? ». Dans cette veine, je conseille aussi, pour aller plus loin dans la compréhension culturelle comme matériel social, la lecture de Mattelart, Armand, et Neveu, Érik, 2003, Introduction aux Cultural Studies, Paris : La Découverte, col. Repères.

 

3. On pourrait aussi y ajouter le cinéma.

 

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Fais-moi plaisir

A l’affiche le 20 novembre

 

Après Un baiser s’il vous plaît, Emmanuel Mouret est de retour avec Fais-moi plaisir, qu’il a aussi écrit et réalisé. Rappelons que ses films Vénus et Fleur et Changement d’adresse ont respectivement été présentés en 2003 et 2006 à la Quinzaine des Réalisateurs du Festival de Cannes. Le film sera présenté en ouverture du festival Cinémania le 5 novembre, avant de prendre l’affiche le 20 novembre.

 

Outre Emmanuel Mouret, Fais-moi plaisir met en vedette Judith Godrèche, Déborah François, Frédérique Bel, Dany Brillant et a profité de la participation amicale de Jacques Weber.

 

Ariane est persuadée que son compagnon Jean-Jacques fantasme sur une autre femme. Pour sauver son couple, elle lui demande d’avoir une aventure avec celle-ci pensant qu’il s’agit du meilleur remède pour le libérer. Lorsque Jean-Jacques se rend chez cette femme qu’il connaît à peine, il ne sait pas encore qu’il s’agit de la fille du Président de la République…

 

Originaire de Marseille Emmanuel Mouret réalise un premier court-métrage à l’âge de dix-neuf ans, avant de monter à Paris. Il se lance dans le cinéma en commençant comme assistant régie et mise en scène pour divers films publicitaires, il prend également des cours d’Art Dramatique au Conservatoire du IXe arrondissement à Paris. S’étant plongé dans l’écriture au travers de manuels, il est reçu à la FEMIS dont il sort diplômé en 1998 en section réalisation. La même année, il tourne le moyen-métrage Promène toi donc tout nu. Avec Fais-moi plaisir, il signe son 5e long-métrage.

 

Fais-moi plaisir est distribué par K-Films Amérique et prendra l’affiche dans plusieurs salles au Québec dont, avec sous-titres anglais, au Forum. Il a aussi ouvert Cinémania.

 

Commentaires de Michel Handfield (15 novembre 2009)

 

On est dans une comédie romantique qui joue sur la différence entre l’amour au masculin et au féminin. Il y a là une porte largement ouverte à nombre de qui-propos! Cela nous place dans une comédie psycho-philosophique si on ne prend que le dialogue, mais on est dans une comédie de situation au niveau du non verbal. J’ai souvent pensé aux films de situations des années 1930; à l’époque de « Laurel et Hardy »! De grands bouts, je me sentais comme dans un ancien film muet, où le non verbal disait tout! Cela prend un excellent jeu, car c’est l’émotion, le regard et le geste qui fait passer le contenu. C’est particulièrement le cas quand on suit Jean-Jacques hors de son milieu, soit chez la fille du Président de la République, et qu’il perd tous ses moyens en même temps que tous ses repères!

 

Un film sur le désir et la rétention (sociale, sexuelle et psychologique) qui se situe au point de jonction entre la philosophie et le  théâtre de variété!

 

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LA FLÛTE ENCHANTÉE de Wolfgang Amadeus Mozart

30 ANS ET ENCORE L’ENCHANTEMENT !

www.operademontreal.com 

Salle Wilfrid-Pelletier, Place des Arts

7, 11, 14, 16, 19 novembre 2009 à 20 h & 21 novembre 2009 à 14 h

 

Genre : Singspiel (opéra comique)

Structure : En deux actes

Langue : En allemand avec surtitres français et anglais  

Livret : Emanuel Schikaneder (d’après Lulu ou la flûte enchantée de Christoph Martin Wieland)

Création : Vienne, Theater auf der Wieden, le 30 septembre 1791

Production : San Francisco Opera

Dernière production à la compagnie : mars 2003

 

PréOpéra - conférence sur l’œuvre, donnée par le musicologue Pierre Vachon avant chaque représentation, à 18 h 45 (soirée) ou 12 h 45 (matinée), au Piano Nobile de la PDA.

 

Tous les opéras sont présentés en langue originelle, avec surtitres bilingues projetés au-dessus de la scène.

 

Argument :

 

      Le prince Tamino, menacé par un énorme serpent, est sauvé par trois dames voilées. Arrive l’oiseleur, Papageno, qu, se prétend être le sauveur. Pour son mensonge, il se fait poser un cadenas sur la bouche par les dames. Celles-ci montrent à Tamino le portrait d’une jeune femme, Pamina, fille de la Reine de la Nuit, et il s’en éprend aussitôt. La Reine donne pour mission au prince de sauver sa fille, prisonnière de Sarastro, le grand-prêtre d’Isis et Osiris. S’il y parvient, il pourra l’épouser.

 

      Accompagné de Papageno, il se met à la recherche du palais de Sarastro. Pour les aider dans leur combat contre les forces maléfiques, le Prince a reçu une flûte enchantée alors que l’oiseleur a reçu des clochettes magiques. Mais, la Reine de la Nuit se révèle être l’incarnation du Mal et Sarastro un gardien du Bien. Tamino devra affronter de nombreuses épreuves – garder le silence, traverser l’eau et le feu – avant  de retrouver Pamina et d’être initié au culte sacré. Quant à Papageno, il échouera sur la voie de la sagesse, mais trouvera néanmoins sa Papagena.

 

ET LA MAGIE OPÉRA… j’en fus témoin!

Commentaire de Michel Handfield avec appui sur les documents reçus! (15 novembre 2009)

 

D'abord, le spectacle s’ouvre sur une large plage musicale, mettant en vedette la musique de Mozart et l’orchestre. Dans la fosse, l’Orchestre Métropolitain et le Chœur de l’Opéra de Montréal, dirigés par le Québécois Alain Trudel. Mozart étant Mozart, c’est une occasion pour les amateurs de musique classique d’oser l’opéra ne serait-ce que pour la musique! Après, l’opéra de Montréal saura bien les séduire, surtout avec cette production. L’assistance a d’ailleurs réagi plus qu’à l’habitude à cette prestation, car il y avait de quoi de magique en commençant par les costumes et les décors de David Hockney. Ainsi, quand on a eu droit aux animaux, il y eut des ha et des ho dans l’assistance! Le public a réagi là et ailleurs, car la mise en scène venait chercher notre cœur d’enfant à bien des endroits. Je dirais que cet opéra se situe quelque part  entre le théâtre et le dessin animé! Puis, les décors, nombreux, travaillés et parfois très colorés,  participent à cette image de BD! Un opéra qui pourrait ainsi servir à initier les jeunes. Le « casse noisette » de l’opéra de Montréal. 

 

On a aussi donné un côté moderne au jeu. A titre d’exemple,  je pense aux clochettes de Papageno, un genre de xylophone, parfois portées et jouées comme s’il s’agissait d’une guitare électrique. Rien dans la démesure cependant, mais tout dans la démarche artistique! On doit  ici remercier le metteur en scène canadien Kelly Robinson, rompu aux œuvres lyriques et théâtrales, pour avoir ainsi mis en lumière l’univers fantastique et les nombreux symboles que contient cette œuvre. Quant aux éclairages, ils sont signés Anne-Catherine Simard-Deraspe.

 

La Flûte enchantée met en scène une distribution presque entièrement canadienne avec la soprano Karina Gauvin  dans Pamina; la soprano colorature Aline Kutan dans la reine de la Nuit; le ténor John Tessier  en Tamino; le baryton Aaron St-Clair Nicholson en  Papageno; et la basse Reinhard Hagen en Sarastro dans la distribution de cette production du San Francisco Opera reprise à Montréal.

 

Die ZauberflöteLa flûte magique » ou « la flûte ayant un pouvoir d’enchantement »), est un opéra comique en deux actes, donné en allemand sur un livret d’Emanuel Schikaneder (1751-1812), acteur, metteur en scène et directeur du Theater auf der Wieden de Vienne. Il programma plusieurs opéras de Mozart à son théâtre et c’est lui qui avait convaincu le grand Wolfgang d’écrire la Flûte enchantée pour son théâtre populaire de la banlieue de Vienne. Théâtre populaire, cet opéra l’est aussi à la salle Wilfrid-Pelletier. Nous l’avons vu : l’enchantement des spectateurs s’entendait dans la salle. Le jeu des chanteurs, les costumes et les décors y sont tous pour quelque chose, car cet opéra est un beau tout!

 

Conte symbolique, baignant dans un univers féerique et fantastique avec le Prince; l’oiseleur; la Reine de la nuit, déesse du mal; et Sarastro,  le grand-prêtre d’Isis et d’Osiris et aussi gardien du Bien. À souligner la prestance de Reinhard Hagen dans ce  rôle de Sarastro. La Flûte enchantée est donc un conte symbolique entre le bien et le mal; les hommes et les femmes! Sous des airs de conte de fées, on pénètre dans la symbolique psychosociale, avec des hommes qui se disent chevaleresques, mais qui sont rarement aussi braves qu’ils ne le prétendent, et des femmes qui les manipulent sans en avoir l’air! On y découvre que la séduction peut être une arme terrible quand elle sait aiguiser le désir. On peut facilement être aveuglé par une belle image! Le Prince le fut par l’image de Pamina, fille de la Reine de la Nuit, de laquelle il s’éprit aussitôt qu’il la vit comme on l’est encore d’une voiture, d’un portable ou d’un jean que les publicitaires savent présenter comme étant in! Comme on est dans une société de l’image (1), cet opéra nous touche profondément. 

 

C’est ainsi que nos braves partent à l’aventure sans savoir de quoi il en retournera, sur une simple image et une promesse de bonheur! On manipule encore les hommes ainsi aujourd’hui,  avec une image de la beauté féminine et  la promesse d’une poitrine généreuse et réconfortante! Combien tombent encore pour un peu de silicone, et pas des moindres? Même des manipulateurs  aguerris de promesses vides, comme des politiciens, tombent encore sous le pouvoir de ces charmes féminins reconstruits! Ce n’est pas pour rien que certaines femmes se font siliconer, car elles en usent comme d’une arme de Pouvoir; parfois de destruction massive!  

 

Mais, si les hommes tombent pour les charmes charnels féminins, les femmes ne se portent plus dans l’espoir d’avoir un homme attentionné et romantique! Le beau parleur est souvent roi au rayon de la séduction! Méfiez-vous alors des rusés de l’amour et de la finance, car ils se ressemblent et n’en ont que pour votre bien! A leur profit bien entendu. C’est là que cette phrase prend tout son sens :

 

 « Si tous les menteurs avaient un cadenas sur bouche, l’amour et l’harmonie régneraient enfin! »

 

La séduction c’est le « baratinage » chez l’homme et le fardage chez la femme. Des armes différentes pour une lutte de pouvoir dont l’enjeu est finalement de trouver l’amour. Autrefois, on aurait parlé d’amour véritable dans le but d’accomplir leur destinée, soit se reproduire et assurer leur descendance. Aujourd’hui, c’est quelque peu différent. Ce peut toujours être cela, mais l’amour se décline en plusieurs produits maintenant, allant de l’amour pour le plaisir, l’amour d’un soir, à l’amour romantique d’une vie! Mais, le rêve de l’amour d’une vie est toujours enfoui quelque part dans nos subconscients et c’est ce qui vient tant nous chercher dans cet opéra. 

 

Le prince Tamino  passera finalement toutes les épreuves, par Otis et par Osiris, avant d’enfin trouver Eros! Mais, ces épreuves sont autant une initiation pour atteindre la belle que pour le faire devenir un homme digne de mériter sa princesse. Bref, la Flûte enchantée, une représentation symbolique du passage à l’âge adulte. De quoi intéresser le public adolescent aussi. 

 

DISTRIBUTION :

 

Tamino

John Tessier, ténor (Canada)

Sur les scènes internationales de l’opéra, du concert et du récital, John Tessier retient l’attention et s’attire des éloges pour la beauté et la franchise de sa voix, son style raffiné et sa grande polyvalence. Il a travaillé sous la baguette de plusieurs chefs renommés et paru sur des scènes prestigieuses telles le New York City Opera, l’Edmonton Opera, l’Austin Lyric Opera, l’Opéra de Québec, le Glimmerglass Opera, le Calgary Opera, le Vancouver Opera, Opera Lyra Ottawa, l’Arizona Opera, l’Opéra de Montréal et l’Opera Company of Philadelphia. Au cours de la saison 2008-2009, il s’est produit notamment dans les rôles d’Almaviva (Le barbier de Séville) au English National Opera, le Pilote (Le vaisseau fantôme) au Royal Opera House-Covent Garden, ainsi que Tamino (La flûte enchantée) à Opéra Lyra Ottawa. Dernière présence à l’OdM : Don Giovanni (2007)

 

Pamina

Karina Gauvin, soprano (Canada)

Karina Gauvin impressionne tant les spectateurs que les critiques avec son timbre somptueux, sa musicalité et la grande étendue de son registre. Son répertoire va de Jean-Sébastien Bach à Luciano Berio. Parmi les moments forts de sa carrière figurent le Requiem de Mozart et le Magnificat de Bach avec le Chicago Symphony, la Messe en si mineur de Bach au Carnegie Hall, Iole (Hercules) avec l’Akademie für alte Musik de Berlin, Eurydice (Orphée et Eurydice) avec Les Violons du Roy, de même que le rôle-titre d’Alcina avec le Gabrieli Consort. Elle a remporté des Prix Juno en 2001 et 2003, pour ses enregistrements de Silete venti / Apollo e Dafne et du Requiem de Mozart ; par ailleurs, son Ariadne sur étiquette CPO a été en nomination pour un Grammy Award en 2006. Dernière présence à l’OdM : Les pêcheurs de perles (2008)

 

Papageno

Aaron St. Clair Nicholson, baryton (Canada)

Cet artiste de premier plan a recueilli des éloges pour ses dons vocaux et pour l’intégrité dramatique de ses interprétations. Au cours des dernières saisons, il fut plus particulièrement remarqué pour les rôles de Schaunard (La bohème) et Papageno (La flûte enchantée) au Metropolitan Opera, Figaro (Le barbier de Séville) au Glimmerglass Opera, Don Giovanni à l’Opéra de Montréal et au New York City Opera, et Valentin (Faust) au Vancouver Opera. En 2008-2009, il a chanté Athanaël (Thaïs) au Pacific Opera Victoria, Frédéric (Lakmé) et le Comte (Les noces de Figaro) au Florida Grand Opera ainsi que Figaro (Le barbier de Séville) au Calgary Opera. Ses engagements pour 2009-2010 : le Pirate King (Pirates of Penzance) au Edmonton Opera, le Comte Almaviva (Le nozze di Figaro) à Vancouver et Ping (Turandot) à Opéra Lyra Ottawa. Dernière présence à l’OdM : Le barbier de Séville (2008)

 

La Reine de la nuit

Aline Kutan, soprano (Canada)

Faisant carrière à la fois en Europe et en Amérique, elle est étroitement associée aux rôles de Lakmé et de la Reine de la nuit (La flûte enchantée), rôles qu’elle a chantés dans des compagnies comme l’Opéra d’Avignon, l’Opéra de Toulon, l’Opéra de Montréal, le Michigan Opera Theatre, l’Opéra de Tours, le New York City Opera et l’Opéra de Québec. Elle a aussi à son répertoire Zerbinetta (Ariane à Naxos), qu’elle a chanté au Théâtre du Capitole de Toulouse, au Teatro San Carlo de Naples et à l’Opéra de Montréal, Olympia (Les contes d’Hoffmann) à l’Opéra Royal de Wallonie et au Grand Théâtre de Genève, une Fille-Fleur (Parsifal) à l’Opéra de Paris-Bastille et Semele (Europa riconosciuta) à La Scala. Dernière présence à l’OdM : Le Gala (2007)

 

Sarastro

Reinhard Hagen, basse (Allemagne)

Reinhard Hagen est en train de devenir rapidement un pilier de quelques-unes des plus grandes maisons d’opéra et des meilleurs orchestres. Les moments forts de sa carrière comprennent entre autres Sarastro (La flûte enchantée) aux opéras de Hambourg et de Munich, au Teatre Liceu de Barcelone, au Los Angeles Opera, à l’Opéra National de Paris-Bastille et au Metropolitan Opera ; Rocco (Fidelio) au Festival de Glyndebourne, au Dallas Opera et au San Diego Opera ; Fasolt (Das Rheingold) et Hunding (Die Walküre) au San Francisco Opera ; et enfin le Roi (Aida) au Metropolitan Opera. Il est à l’aise également au concert et dans les studios, ayant enregistré notamment Sarastro sur étiquette Erato et plusieurs cantates de Bach pour la marque DGG Archiv. Débuts à l’OdM

 

Chef d’orchestre

Alain Trudel (Canada)

www.alaintrudel.com/

Alain Trudel jouit d’une réputation de musicien hors-pair. Chef titulaire du CBC Radio Orchestra et principal chef invité du Victoria Symphony Orchestra, il est également le chef du Toronto Symphony Youth Orchestra, en plus d’être directeur musical et chef de l’Orchestre symphonique de Laval. Il a été invité à diriger de nombreux orchestres ici et ailleurs, parmi lesquels le Toronto Symphony Orchestra, le Vancouver Symphony Orchestra, l’orchestre du Centre National des Arts, Les Violons du Roy, l’Orchestre Métropolitain, le City Chamber Orchestra of Hong Kong, l’Orquestra Sinfonica de Guatemala, le Tokyo Metropolitan Chamber Orchestra, le Northern Sinfonia au Royaume-Uni et l’Orchestre de Saint-Pétersbourg. Débuts à l’OdM

 

Metteur en scène

Kelly Robinson (Canada)

Directeur du programme « Opera as Theatre » et directeur du théâtre du Centre d’art de Banff, Kelly Robinson mène une carrière qui couvre l’opéra, le théâtre, le cinéma et la télévision. Parmi ses réalisations, on note Les pêcheurs de perles, Eugène Onéguine, The Turn of the Screw et La Cenerentola, à Edmonton, Victoria, Calgary, Winnipeg et Vancouver, de même que les premières mondiales de Filumena et Frobisher à Calgary, en plus de remarquables productions de The Sound of Music et Guys and Dolls au Festival de Stratford. Aux États-Unis, il a dirigé des productions très applaudies de La flûte enchantée, La bohème et La belle Hélène pour des maisons d’opéra à Dallas, en Utah, à Portland et en Arizona. Débuts à l’OdM

 

Décors et costumes

David Hockney (Royaume-Uni)

www.davidhockney.com/

 

L’œuvre de David Hockney comprend des tableaux, des portraits, des photographies, des illustrations pour des magazines, des livres, des films et des vidéos, mais aussi plusieurs célèbres séries de gravures et d’autres créations réalisées avec l’aide de l’ordinateur. Il commence à créer pour la scène en 1986, réalisant des décors et des costumes pour le Royal Court Theatre de Londres. Il a conçu des productions de The Rake’s Progress, La femme sans ombre, L’enfant et les sortilèges, La flûte enchantée, Tristan und Isolde, Le rossignol et Les mamelles de Tirésias pour de nombreuses compagnies incluant Glyndebourne, le Royal Opera House, le Metropolitan Opera, le Lyric Opera de Chicago et le San Francisco Opera. Débuts à l’OdM

 

Éclairages

ANNE-CATHERINE SIMARD-DERASPE (Canada)

Au théâtre, elle a conçu les éclairages pour Les fourberies de Scapin (Théâtre Denise-Pelletier), Le caillou de saturne (Théâtre du p'tit loup), Le père Léonidas et la Réaction (Montreal Arts Interculturel), Ce fou de Platonov (Théâtre Prospero); Molière en hiver (Bain St-Michel) et Théâtre sans animaux (Théâtre La Licorne) À l’opéra, elle a réalisé les éclairages pour Il tabarro/Suor Angelica (Opéra de Montréal, 2006) et était assistante aux éclairages pour Thaïs (Palm Beach Opera). Directrice technique et conceptrice pour I Musici de Montréal, elle est présentement directrice technique au Centre d'Arts Orford. Dernière présence à la compagnie : Lucia di Lammermoor (2009)

 

Note :

 

1. Victoroff, 1978, La publicité et l’image, Paris : Denoël/Gonthier, coll. Médiations

 

Hyperliens :

 

La flûte enchantée :

http://fr.wikipedia.org/wiki/La_Flûte_enchantée

 

Mozart : http://fr.wikipedia.org/wiki/Mozart

 

David Hockney (en anglais) : http://en.wikipedia.org/wiki/David_Hockney

 

Emanuel Schikaneder : http://fr.wikipedia.org/wiki/Emanuel_Schikaneder

 

Theater auf der Wieden : http://fr.wikipedia.org/wiki/Theater_an_der_Wien

 

Isis: http://fr.wikipedia.org/wiki/Isis

 

Osiris : http://fr.wikipedia.org/wiki/Osiris

 

Eros : http://fr.wikipedia.org/wiki/Eros

 

Mythologie Grecque (en anglais): http://en.wikipedia.org/wiki/Greek_mythology

 

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La donation de Bernard Émond

www.youtube.com/watch?v=QXufTrPG8uA

À l’affiche le 6 novembre

 

Présenté en première québécoise au Festival du Cinéma International en Abitibi-Témiscamingue le 31 octobre, La Donation de Bernard Émond, prendra l’affiche à travers le Québec le 6 novembre prochain.

 

Ce film, 3e volet de la trilogie de Bernard Émond sur la foi, l’espérance et la charité, a reçu trois prix au 62e Festival de Locarno : le Prix Don Quichotte remis par la Fédération internationale des ciné-clubs – International Federation of Film Societies (FICC / IFFS), le 2e prix du Jury Jeunesse et le Prix Qualité et environnement. Il a été sélectionné au TIFF et sera bientôt projeté au Festival International du Film de Pusan (Corée du Sud).

 

Élise Guilbault reprend le personnage de Jeanne qu’elle interprétait dans La Neuvaine, premier film de la trilogie de Bernard Émond. Pour ce rôle, elle a obtenu le Jutra 2006 de la meilleure actrice tout comme elle obtenait le Jutra 2002 pour son interprétation dans La Femme qui boit, également réalisé par Bernard Émond.

 

Produit par Bernadette Payeur de l’ACPAV, le film met aussi en vedette Jacques Godin. Se joignent à la distribution Éric Hoziel, Françoise Graton, Angèle Coutu, Monique Gosselin et Sylvain Marcel.

 

Le docteur Rainville, un vieux médecin de campagne très attaché à ses patients, doit prendre sa retraite et cherche un remplaçant. Jeanne Dion, une urgentologue de Montréal, accepte de venir le remplacer à Normétal pendant quelques semaines, mais elle ne pense pas demeurer plus longtemps dans ce village éloigné du Québec. Normétal est un village sur le déclin, dont la seule entreprise majeure, une mine, a fermé il y a trente ans. La vie y est difficile et le rapport avec les patients, beaucoup plus intime que celui qu’a connu Jeanne à l’urgence d’un grand hôpital. À la mort du vieux médecin, Jeanne doit décider si elle reste ou non au village et si elle accepte une responsabilité qui l’engage bien au-delà de ce qu’elle entrevoyait.

 

La production du film a bénéficié du support de Téléfilm Canada et de la SODEC, avec la participation du Fonds Harold Greenberg et de COGECO. Il a été produit grâce aux programmes de crédit d’impôt fédéral et provincial, à la collaboration de Radio-Canada, de Super Écran et au partenariat de Technicolor.

 

Les Films Séville distribue le film au Canada et à l’étranger.

 

Commentaires de Michel Handfield (15 novembre 2009)

 

L’histoire du pays, c’est une lutte contre la nature. On l’a sorti de la forêt. Maintenant que les jeunes quittent pour travailler en ville ou dans les mines, le bois reprend le terrain perdu et les terres redeviennent en friche. (1)

 

On est dans une histoire de vies et d’arrière-pays, soit celle d’une région que l’on a littéralement fait sortir du bois suite à la crise économique des années 1930, mais qui y retourne peu à peu depuis que le processus de mondialisation de l’économie est amorcé; processus qui condamne les petits marchés, mais aussi les régions qui dépendent de ressources en perte de demande ou fortement concurrencées par de nouveaux joueurs étrangers sur les mêmes marchés. C’est le cas de l’Abitibi-Témiscamingue, car elle fut construite sur des ressources naturelles – mines,  forêt et agriculture – qui ont été durement frappées par la crise actuelle (2), exception faite de l’or.  L’action du film se passe à Normétal, ville dont la mine fut fermée en 1975. (3)

 

Le médecin du coin doit maintenant prendre une vacance, voir sa retraite, et  demande donc un remplacement par le biais des petites annonces de la revue de l’association médicale. Jeanne, que l’on a vu dans « La neuvaine », premier film de cette trilogie, décide de quitter son urgence de Montréal pour venir passer un mois à Normétal en remplacement du Dr Rainville. D’abord médecin de la compagnie, il s’est enraciné, ayant littéralement mis au monde une partie de ce petit hameau abitibien!  

 

        On découvre à la fois la grandeur et la petitesse de ce coin de pays. D’abord, grandeur des paysages, mais aussi des citoyens, car il fallait être fait fort pour sortir un village de la forêt. Mais, aussi, petitesse, car on est dans de petites communautés où tout le monde se connaît. Une forme de promiscuité, ce qui fait qu’il est parfois difficile de s’affirmer; d’être autrement! Cela peut être étouffant et susciter une forme d’asphyxie psychosociale, car on manque d’air pour se déployer! Peuvent s’ensuivre des états dépressifs, de l’alcoolisme ou des polytoxicomanies peu importe l’âge. Ce sont des cas pour le docteur de la place qui les connaît comme si c’étaient ses enfants. Une forme de proximité que ne connaît pas une urgentologue de la grande ville.

 

        On navigue entre la grandeur et beauté des paysages, mais aussi le manque de ressources pour les citoyens, parfois la misère. Pas grand chance d’aller à l’opéra ou au théâtre. Mais, à la chasse, si!

 

Si Jeanne décide de rester, car le docteur Rainville aimerait bien prendre sa retraite après ce mois de vacances, ce serait une forme de don de sa personne, car elle abandonnerait une part d’elle-même en ville pour eux. Mais, elle recevrait aussi  un don de la nature en retour, car la région est d’une grandeur dont l’on n’a pas idée en ville. Ne serait-ce qu’elle offre des horizons à perte de vue!    

 

        On peut cependant se demander si ces régions ne sont pas comme un malade sous poumon artificiel : en voie de disparaître. Mais, tout comme on voit littéralement l’urgentologue de la ville s’incarner dans ce rôle, on peut croire qu’avec un coup de pouce, comme l’internet à haute vitesse, ces régions pourraient en profiter pour se réincarner. Cette technologie permettrait des échanges avec le monde et une renaissance de plusieurs de ces villages, car les gens qui y sont attachés, et souvent débrouillards pour vivre dans ces régions éloignées, pourraient trouver des façons d’utiliser ces moyens pour redonner une nouvelle vie à leur coin de pays. Cela pourrait aller des cours à distance à la création de liens d’affaires, car la région a des choses à offrir, mais le marché local ne lui suffit pas! Avec l’internet,  on a la planète! La mondialisation économique ne doit pas être laissée que dans les mains de quelques-uns, surtout qu’avec l’internet elle peut se démocratiser! Aux entreprises peuvent s’ajouter des artisans, mais aussi des coopératives de travail, modèle que l’on ne regarde pas assez souvent ici au Québec. Pourtant, l’Abitibi en offre un excellent exemple avec la coopérative de Guyenne. (4)

 

Film austère diront certains. Mais, une austérité comme on en voit dans les cathédrales : grandiose et parlante à qui sait écouter le silence et regarder l’horizon! Il y a des fois où l’image en dit davantage que des mots ne pourraient le faire. Quand on dit qu’une image vaut mille mots!

 

Question sociologique : ce film nous permet de voir l’organisation sur le terrain pour les professionnels de la santé en région. Des milliers de km à parcourir; l’ambulance qui est parfois à une demi-heure de route; et le travail qui doit être partagé entre le cabinet, les visites à domicile, car la personne âgée n’a pas toujours les moyens de prendre la route, et le travail d’urgence au centre de santé de la région, qui peut être un multi ressources s’occupant à la fois des urgences, d’hospitalisation et de soins de longue durée (hébergement). (5) Une vocation au vrai sens du terme : Un don de soi. 

 

Notes :

 

1. Tout le monde a une idée d’une terre en friche, où les arbres repoussent; où la forêt reprend du terrain. Mais, il y a aussi des zones urbaines en friche. Même s’il s’agit d’une ébauche, la page Wikipédia sur le sujet est intéressante comme explication de base : http://fr.wikipedia.org/wiki/Friche

 

2. Abitibi-Témiscamingue :

http://fr.wikipedia.org/wiki/Abitibi-Témiscamingue

 

3. « Normétal est située à la limite Nord-Ouest de l’Abitibi, à 750 km de Montréal. Bâti autour d’une mine de cuivre exploitée à partir de la fin des années trente et fermée en 1975, le village comptait 2500 habitants à son apogée dans les années soixante. Ils sont environ 1000 aujourd’hui. » (Notes de presse du film)

 

Voir le site de la ville pour tout l’historique : www.normetal.ao.ca

Autre site à visiter sur la région : www.abitibi-ouest.net/

 

Voir aussi les documentaires suivants, les deux premiers avec visionnement en ligne :

 

Bernard Gosselin, Pierre Perrault, 1975, Un royaume vous attend, ONF, 109 min 55 s : www.onf.ca/film/royaume_vous_attend/

 

Desjardins Denys, 2007, Au pays des colons, ONF : 77 min 22 s: www.onf.ca/film/au_pays_des_colons/

 

Gilles Groulx, Normétal, ONF, 1959, 17 min 23 s :

http://onf-nfb.gc.ca/fra/collection/film/?id=36

 

4. On peut ici penser à Guyenne en Abitibi, ville coopérative. Voir :

www.mrcabitibi.qc.ca/chic.htm. A lire, aussi: Laplante, Robert, 1995, L'expérience de Guyenne, Guyenne, Abitibi (Québec): Corporation de développement de Guyenne. Même si je suis purement montréalais, j’avais eu du plaisir à lire ce livre il y a plusieurs années. La raison de cette lecture pour le montréalais que j’étais : mon implication dans le  mouvement du développement communautaire et mon intérêt pour les coopératives. Si je suis moins impliqué, Societas Criticus oblige, j’ai toujours de l’intérêt pour ces mouvements sociaux. 

 

5. Les images ont été tournées au CSSS des Aurores-Boréales à Macamic nous apprend un blogue de la région :

http://chez-zoreilles.blogspot.com/.  

 

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DEMAIN DÈS L’AUBE DE DENIS DERCOURT

AVEC VINCENT PEREZ ET JÉRÉMIE RENIER

À L’AFFICHE DEPUIS LE 30 OCTOBRE

 

Métropole Films est heureuse d’annoncer la sortie du film DEMAIN DÈS L’AUBE, du réalisateur français Denis Dercourt (Mes enfants ne sont pas comme les autres, La tourneuse de pages). Présenté en Sélection officielle dans la section Un Certain Regard lors du dernier Festival de Cannes, le film a été présenté dans le cadre du  38e Festival du nouveau cinéma et prendra l’affiche à Montréal le 30 octobre prochain.

 

La relation de deux frères dont le plus jeune est passionné de batailles historiques, au point d'être coupé de la réalité et de ne plus vivre qu'à travers les jeux de rôles. À la demande de leur mère, Mathieu, l'aîné, va tenter de sortir Paul de cet univers mystérieux et secret où la frontière entre jeu et réalité n'existe pas toujours. Pour y parvenir, il n'aura d'autre choix que d'y basculer à son tour...

 

Drame psychologique se situant entre le réel et le virtuel, Demain dès l’aube aborde le thème de l’addiction à travers un face-à face mettant en vedette Vincent Perez (The Crow : la cité des anges, Fanfan la Tulipe), que l’on avait pas vu au cinéma depuis près de cinq ans, ainsi que l’acteur fétiche des frères Dardenne, Jérémie Renier (Le Silence de Lorna, L’enfant).

 

Commentaires de Michel Handfield (6 novembre 2009)

 

Dans « L’âge des ténèbres », de Denys Arcand, on a droit à quelques scènes médiévales, car il existe des groupes qui vivent leur passion pour le passé comme un jeu de rôle. Jean-Marc, pouvait trouver ça drôle…

 

Mais, ici, dans « Demain dès l’aube »,  ce n’est plus drôle du tout. Cela devient même dramatique, car on dépasse le jeu de la reconstitution historique, si précise soit-elle. On fait plus que de recréer le passé : on le vit au point d’être prêt à le réécrire, en partie du moins; mêlant l’histoire, ce qu’on voudrait qu’elle soit et les acteurs. Les conflits du jeu deviennent des conflits réels. Du révisionnisme hard core, où les règles et les allégeances du passé prennent le pas sur la vie d’aujourd’hui. Leur personnage devient si incarné qu’il prend leur place. Ils sont littéralement des soldats de l’armée napoléonienne!       

 

Enrégimenté au point de tuer pour sauver l’honneur de leur Régiment et de Napoléon! Si enrégimenté qu’il ne faudrait qu’un ordre pour essayer de renverser la République s’ils le pouvaient! Ça se sent!  On dépasse le jeu pour entrer dans l’idéologie. À fond! On devient facilement  vulnérable à la manipulation des supérieurs.  Un monde dangereux où suffirait d’un ordre pour que cette armée, qui se croie investie du devoir de ramener l’histoire où elle aurait dû être selon eux, bouge! Leur rêve, pas si cachée que cela : la fin de la République et le retour d’un régime napoléonien! Investir Sarkozy des pouvoirs de l’empereur? Ça fait peur! Un film d’Halloween pour amant d’histoire et de politique! 

 

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Deux films pour éclairer nos débats actuels: Fausta et la journée de la jupe!

 

Commentaires de Michel Handfield  (23 octobre 2009)

 

FAUSTA (LA TETA ASUSTADA)

Écrit et réalisé par CLAUDIA LLOSA

www.youtube.com/watch?v=Sjvz2M-F1bM

A l’affiche le 19 octobre

 

Pérou.

 

La mère, âgée, et Fausta se remémorent cette histoire pour la nième fois. Ces hommes qui ont tué son père; ce viol collectif; puis, on lui a fait manger le pénis de son mari, tout cela alors qu’elle était enceinte. Fausta fut donc témoin de l’intérieur et, ensuite, marquée par le « lait de la douleur » (la teta asustada). Elle n’aurait  pas d’âme selon la croyance populaire, celle-ci s’étant cachée dans la terre pour échapper à l’horreur. Alors, lorsque Fausta sera malade et ira à l’hôpital, le médecin lui dira que « Ça n’existe pas cette maladie. »  Mais, la croyance populaire est plus forte que le docteur!

 

Sa maladie : des tubercules dans le vagin, car elle s’y est inséré une  pomme de terre qui y germe. Pourquoi ce geste : pour éloigner les hommes, car ils seraient dégoûtés s’ils voulaient la violer comme ils l’ont fait à sa mère. « Seule la répulsion éloigne les répugnants » dit-elle. 

 

Film intéressant, car il met en lumière certaines problématiques. D’abord, les blessures qui se transmettent de génération en génération. On peut facilement imaginer ce que ce peut être dans les Balkans ou au  Moyen-Orient, où il y a des conflits plusieurs fois centenaires, quand ils ne sont pas millénaires. Pensons au conflit israélo-palestinien. Reconstruire la confiance n’est pas une affaire d’années, mais de générations! 

 

Ensuite, si la vie n’est pas facile, imaginez ce qu’elle est avec les mythes et les peurs en plus, transmis d’une génération à l’autre alors qu’il faudrait les surmonter pour reconstruire. On est alors dans un monde marqué par les croyances et une absence de confiance même si le présent a changé, ce que son oncle lui dit d’ailleurs! Il est sûr que les traumatismes d’un conflit récent ou de conflits subséquents laissent des traces dans le pays. Ce qu’il faut, c’est de l’éducation.

 

Le problème, c’est qu’on transporte parfois, et même souvent, ces stigmates ailleurs; en immigrant par exemple, comme si on ne pouvait pas quitter totalement ce qu’on fuit! C’est comme si on s’y attachait. Cela devient alors notre « culture » et on la revendique, ce qui nous amène à parler d’un tout autre film : la journée de la jupe!

 

« LA JOURNÉE DE LA JUPE » de Jean-Paul Lilienfeld

Mettant en vedette ISABELLE ADJANI

www.youtube.com/watch?v=MSs2R2ymjLQ

À L’AFFICHE DÈS LE 23 OCTOBRE

 

« J’ai passé les 18 premières années de ma vie à Créteil. Les cités, la mixité sociale et ethnique étaient mon quotidien. J’y retourne régulièrement voir ma mère. Je sais ce que c’était, je vois ce que c’est devenu. J’ai eu envie de parler de ce qui m’avait permis d’en sortir et qui ne sert plus à ça aujourd’hui : l’école. » Jean-Paul Lilienfeld, réalisateur. (Notes de presse)

 

France, une cité! Ce pourrait être Créteil (1), cité du réalisateur.

 

        Un jour, Sonia Bergerac, interprétée par Isabelle Adjani (2),  trouve un revolver chargé dans le sac d’un de ses élèves et, la situation dérapant, les prend en otage. Ils vont cesser de la faire chier et vont enfin écouter ce qu’elle a à leur dire! Tout y passe : les conflits interpersonnels, ethniques et adolescents, parfois entremêlés en classe et à l’école. Ces règles du respect qu’on n’écoute plus, car elles ne sont pas de notre culture!

 

On examine ici le dérapage multiculturel (3), car si la société d’accueil peut faire preuve de racisme, qu’en est-il du racisme envers la société d’accueil? Puis, des racismes entre groupes ethnoculturels et religieux qui se côtoient à l’école et dans la rue? Des préjugés et des racismes parfois importés d’ailleurs! Qui en parle?

 

S’il y a un racisme réel, voire structurel, il y a aussi une forme de racisme utilitaire qui sert de couverture ou de laissez-passer pour tout faire sous la menace d’accusations gratuites de racisme! Un racisme utile à qui sait s’en servir pour se couvrir ou atteindre ses fins. Un racisme comme une arme tranchante! 

 

Les systèmes, en capitulant par peur d’accusations de racisme, mettent toute la  responsabilité sur les subalternes et les citoyens qui ne sont pas nécessairement outillés pour faire face aux problèmes. Comme ces systèmes ne jouent plus leur rôle d’intégrateur, la société pourrait ne devenir qu’un agrégat de groupes vivants chacun dans sa culture et dans son coin. Si la communication ne passe plus entre tous les citoyens, c’est un peu la mort cérébrale du corps social qui arrive! Des cités, des régions et même des pays qui deviennent les dortoirs de peuples disséminés sur la planète. Comme on exporte du fer ou du blé, certains pays exportent des gens, souvent une main-d’œuvre à bon marché pour ailleurs.  Le maghrébin, le juif, le québécois, le parisien, le londonien, l’haïtien et le sicilien vivant ailleurs demeurent tous branchés sur la culture et les coutumes de leur pays d’origine même s’ils sont voisins dans un nouveau pays. (4) Ils restent de plus en plus attachés à l’origine par les réseaux de communication moderne (l’internet, la télé et la radio ethnique), peu importe où ils  vivent sur la planète. Ils écoutent ainsi leurs chaînes nationales ou des chaînes ethniques qui diffusent dans leur pays d’accueil. Les pays deviennent comme d’immenses dortoirs pour une main-d’œuvre locale;  délocalisée/relocalisée; ou en mouvement! Seuls les pauvres n’ont pas vraiment le choix de quitter ou de rester! Ils peuvent rester là faute de moyens, mais on peut aussi les expulser ou les déporter ailleurs, dans une autre région par exemple.

 

A l’école, la culture nationale est ainsi de plus en plus en concurrence et de moins en moins commune; remplacée par la culture et les croyances des parents, que celles-ci soient  ethniques ou religieuses, mais aussi par la culture médiatique et commerciale!  Elle est transmise par les parents; les amis; l’internet; la télé; la musique et les clips; la radio; des livres fondateurs, comme la Bible ou le Coran, mais aussi des romans et les médias écrits pour ne nommer que ceux-là. L’école n’est plus le   principal vecteur de transmission de la culture. En fait, si les parents pouvaient choisir à quelle classe leurs enfants pourraient assister,  c'est-à-dire dans la culture de leur choix, il n’est pas certain que tous assisteraient aux classes régulières de leur région, ce  même s’ils en sont à la deuxième, troisième ou quatrième génération sur le sol national. Certains parents choisiraient des classes de la même origine ethnoculturelles qu’eux  alors que d’autres choisiraient une culture qu’ils jugent plus positive que la culture nationale ou que la leur; une culture qui leur permettrait une mobilité sociale ou géographique supérieure par exemple! Certaines écoles privées, notamment religieuses, plurilinguistiques ou avec un programme international ou scientifique de niveau supérieur, jouent en partie ce rôle pour les parents plus fortunés! Cependant, avec les nouvelles technologies, bien des parents pourront faire ce choix de la maison s’ils ne le peuvent déjà. Plutôt que de voir leurs enfants devant la télé conventionnelle, on les placera devant un cours interactif, diffusé du pays d’origine ou d’un autre pays, sur un réseau câblé ou par internet. On en est là! L’école subit maintenant la concurrence de la mondialisation, mais on ne lui donne pas toujours les moyens de l’assumer.

 

Avec le temps, les enfants devenant adultes, ils pourront ne conserver ou ne choisir que ce qui leur plaira dans cet éventail qui s’offre à eux, la culture devenant de plus en plus un choix individuel comme pour tout autre produit. On parlera alors de profil individualisé! Remarquez que cela a aussi du bon, mais on devrait pouvoir en discuter collectivement. Savoir si un tronc commun est nécessaire pour poursuivre un projet social ou national. Un vivre ensemble!    

 

Ce mouvement n’a pas commencé aujourd’hui. Il était déjà bien entamé il y a une décennie. (5) Comment revenir alors au sens de la communauté? Puis, peut-on vraiment y revenir dans un monde qui parle de plus en plus d’individualités et de mondialisme? Où est passée la communauté entre ces deux extrêmes? Assiste-t-on à la fin des nations et au retour de l’État-cité dans un monde continentalisé et mondialisé? Avec une Afrique unie, nous nous en approcherions certainement! (6)     

 

        C’est donc un film à voir et à discuter. En classe, dans les groupes communautaires, dans les lignes ouvertes…  Un film que je recommande aussi à l’Assemblée nationale et à la Chambre des communes dans leur ensemble! Aux juges aussi. S’il ne peut être vu par tous, il devrait être vu par le plus grand nombre. Si on veut des débats de société, ce film soulève les questions qu’il faut.

 

Notes :

 

1. http://fr.wikipedia.org/wiki/Créteil

 

2. http://fr.wikipedia.org/wiki/Isabelle_Adjani

 

3. Pour ceux que cette question intéresse, il faut lire FINKIELKRAUT, Alain, 1987 [1989], La défaite de la pensée, France: Gallimard, coll. Folio Essai.

 

4. Ils demeurent parfois attachés aux idées du passé national qu’ils ont quitté, mais qui n’est plus la réalité de leur « nation », car elle peut avoir changé avec le temps. Un double décalage alors, de temps et d’espace.

 

5. Sur ce sujet, même si ce livre date, je vous conseille la lecture de Bauman, Zygmunt, 1999, Le coût humain de la mondialisation, Paris: Hachette Pluriel.

 

6. Claude Lévesque, L'entrevue - Plaidoyer pour des États unis d'Afrique (Entrevue avec Alpha Oumar Konaré, homme d'État et intellectuel africain), in Le Devoir, Édition du lundi 19 octobre 2009 : www.ledevoir.com/2009/10/19/272361.html

 

Rappel de quelques textes de Societas Criticus sur le sujet :

 

Les accommodements… et les croyances! (Dans ce même numéro de Societas Criticus)

 

Michel Handfield, rédacteur-coéditeur de Societas Criticus, Mémoire sur les accommodements à la lumière de la démocratie et de la science,  in Societas Criticus, revue de critique sociale et politique, Vol. 9 no. 6, Essais

 

Michel Handfield, Le feu n’est pas pris! Ou commentaires autour des débats actuels sur l’accommodement raisonnable à la lumière d’Incendies de Wajdi MOUAWAD (France : Actes Sud et Québec : Leméac, 96 pages), Societas Criticus, revue de critique sociale et politique, Vol. 9 no. 2, Essais

 

Annexes :

 

FAUSTA (LA TETA ASUSTADA)

 

Synopsis

 

Fausta, très belle jeune femme péruvienne, est atteinte du syndrome de « La teta asustada », transmis par sa mère qui vient de mourir. L’oncle qui les héberge exige de Fausta qu’elle parte enterrer sa mère au village natal et finance les funérailles.

 

La jeune femme, introvertie et sauvage, devient employée de maison chez une célèbre concertiste, à qui elle va redonner l’inspiration en lui chantant des poèmes en quechua. Cette rencontre est pour Fausta un premier pas vers sa libération …

 

Le contexte de « La teta asustada »

 

Entre les années 70 et 90, le Pérou a traversé une des périodes les plus noires de son histoire. Pendant plus de 20 ans, des milliers de femmes, victimes des violences de la guerre, ont gardé le silence. Ces crimes ont laissé des blessures et des traumatismes indélébiles, non seulement dans leurs âmes, mais aussi dans celles de leurs enfants, qui ont hérité de leur terreur.

 

«La teta asustada » est une maladie qui se transmet par le lait maternel. On dit que les enfants sont nés sans âme parce que leur âme se serait cachée dans la terre pour échapper à l’horreur.

 

Fausta n’a pas vécu la guerre, mais a été témoin du viol de sa mère et du meurtre de son père depuis le ventre maternel.

 

La guerre est maintenant finie et plus personne ne lui fera de mal, pourtant elle est effrayée par tout ce qui l’entoure. La mort soudaine de sa mère l’oblige à affronter ses peurs et le secret qu’elle cache à l’intérieur d’elle-même : une pomme de terre qu’elle s’est introduite dans le vagin, sorte de bouclier protecteur pour repousser ceux qui oseraient la toucher.

 

FAUSTA raconte la quête de guérison de Fausta, un voyage de la peur vers la libération.

 

LA JOURNÉE DE LA JUPE :

 

Axia Films est heureux d’annoncer la sortie du film LA JOURNÉE DE LA JUPE de Jean-Paul Lilienfeld.  Quatrième long métrage de Lilienfeld, le film a été présenté au dernier Festival de Berlin dans la section Panorama. Mettant en vedette Isaballe Adjani et Denis Podalydès, le film a suscité beaucoup controverse en France, mais a eu un très beau succès critique et public.

 

Jean-Paul Lilienfeld, habitué à aborder les thèmes du racisme et de la mixité offre ici à Isabelle Adjani son premier rôle au grand écran depuis 2003. Inspiré des émeutes de 2005 dans les banlieues en France, Lilienfeld brosse un portrait de la complexité des rapports entre élèves et professeurs, du durcissement des positions de chacun et du recul des relations entre garçons et filles. Adjani retrouve ici enfin un personnage à la mesure de son talent.

 

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Trois films vus au Festival du Nouveau Cinéma 2009

 

LES DAMES EN BLEU

www.lesdamesenbleu.com/

Claude Demers / Canada / 2009 / 87 min. / couleur / français

 

Que ce soient ses chansons ou les émissions qu’il a animées à la télévision, elles connaissent bien sûr tout par cœur. Leur hystérie les soirs de concerts n’a d’ailleurs rien à envier à celle du public des Rolling Stones. Mais pour « ces dames en bleu », Michel Louvain est bien plus qu’un simple chanteur. Un ami, un confident, un fantasme même. Héros du 3e âge, icône kitsch, l’homme à la peignure et à la mise toujours impeccables leur a fait tourner la tête pour de bon. À la limite de l’obsession. Mais là où certains en auraient profité pour les observer avec un mépris distancié ou les transformer en objets de raillerie condescendante, Claude Demers (Barbiers – Une histoire d’hommes) choisit avec intelligence la voie de la tendresse pour nous faire rencontrer plusieurs de ces fans qui suivent, depuis ses débuts dans les années 50, l’un des artistes québécois les plus populaires, encore aujourd’hui. Bourré de documents d’archives, dévoilant l’intimité de Louvain autant que de ses groupies, ce documentaire prenant, que le cinéaste a dédié à sa mère, est un film extrêmement touchant, sensible et généreux qui, à cause d’un regard, nous fait, à notre tour, tomber amoureux de ces Dames en bleu. | Helen Faradji

 

Commentaires de Michel Handfield (22 octobre 2009)

 

SON public! « C'est comme si on avait 16 ans. On est a veille d'enlever nos p’tites culottes! » Le film parfait pour comprendre la psychosociologie des « fannes », car ce sont surtout des dames qui le suivent, certaines depuis leur adolescence à la fin des années 50 ou au début des années 60! Il a commencé en 1957; 52 ans de carrière! Des passions de jeunes filles qui se sont poursuivies. Il y en a même une, Nicole je crois, qui a des photos de Michel dans sa chambre, car il est de la famille! Si son mari n’avait pas accepté, c’eut été une grosse discussion, sinon une cause de divorce! C’est « comme un amour d’enfance qui est resté malgré la vie! »

 

Quant aux hommes que compte son public, ce sont très majoritairement des hommes qui suivent leur femme! Ils ont par contre appris à l’aimer… 

 

Le public fait le show dans ce film. Les fans seront comblés de toute manière. S’il aime son public, on réalise toutefois qu’il n’a plus 20 ans. Parfois, il est fatigué, car ses fans exigent beaucoup de lui : des photos; des orthographes; de le toucher; de lui parler…  Ce peut être long après ses spectacles, mais il se prête encore au jeu. J’ai par contre eu l’impression que des fois c’est trop. Il aurait le goût de dire « Assez! Pépère est fatigué. » Mais, il se retient, car son public l’aime et il se sent l’obligation de leur faire plaisir, car, il les fait encore rêver. Des jeunesses avancées où il y avait autrefois des « jeunesses d’aujourd’hui »!

 

Ce film a un côté ethnologique sur le vieillissement, car à travers ces dames et les quelques hommes qui les accompagnent on a droit à des histoires de vies de dames allant  de la quarantaine, pour la plus jeune, à 90 printemps pour la plus âgée, mais représentatives du public que Michel Louvain  attire depuis des décennies. Un portrait d’une tranche de population dont on parle souvent, mais qu’on voit peu : le vrai monde! On a  droit ici à leur sagesse, parfois touchante, parfois « kétaine », selon certains milieux du moins, de ce groupe hétéroclite, car à part leur amour de Louvain, il y a des différences entre eux. Un film qui donne cependant la chance à ces gens de s’exprimer sur un pan de la culture populaire : leur culture!

 

L’époque Louvain est d’ailleurs représentative d’une culture qui est en train de disparaître depuis la fin du théâtre des variétés! Reste un certain type de théâtre d’été qui ne disparaîtra  pas complètement avec ce public, mais qui  diminuera certainement vu le multiculturalisme; l’éducation; la connaissance  et la comparaison grandissante avec ce qui se fait ailleurs, notamment à cause des moyens de communication modernes; et une offre de plus en plus éclatée, surtout avec les nouveaux moyens de diffusions qui permettent déjà d’assister à un opéra diffusé en direct (ou en différé) au cinéma. Demain, ce sera aussi le théâtre ou des artistes de variété qui pourront rejoindre ainsi plus de spectateurs dans des zones où il n’est pas rentable de monter leur spectacle autrement, car certains spectacles exigent une masse pour être rentables, vu leur coût, ce que le Québec ne peut pas toujours offrir. Cette suroffre entraînera certainement un réaménagement de l’offre culturelle globale. Pour ces raisons, il serait intéressant de faire un autre documentaire sur le théâtre d’été avant que ce genre ne disparaisse lui aussi. Un pan de la culture populaire à documenter pour les  générations futures… 

 

Parlant de legs aux générations futures, quelque chose transcende cependant les âges chez les artistes, notamment quand on voit Michel Louvain travailler avec des groupes plus jeunes, comme les Porns Flakes et les Lost Fingers, qui ont d’ailleurs enregistré « La dame en bleu » sur un de leurs albums : « Rendez-vous rose »! (Pour écouter cet extrait : www.youtube.com/watch?v=E3r37tPN_2g) Certains succès de la culture populaire sont ainsi revisités et transmis à d’autres générations! Cela est vrai de la chanson, mais aussi du cinéma et du théâtre par exemple.

 

Un film qui peut être touchant, là où certains pourraient n’y voir que du « kétaine ». Question du point de vue où on se place. Le cinéma est toujours une question de point de vue d’ailleurs, que ce soit celui du réalisateur, du public ou du critique. 

 

AN EDUCATION

www.sonyclassics.com/aneducation/

 

23 octobre au cinéma AMC Forum dans sa version originale anglaise.

 

An Education de Lone Scherfig a été présenté pour la première fois au Festival du film de Sundance 2009, où il a remporté le Audience Award et le Cinematography Award dans la catégorie World Cinema Dramatic Competition.  Les critiques ont d’ailleurs surnommé l’actrice Carey Mulligan la It Girl du Festival.

 

L’histoire se déroule en 1961, avant l’émergence de la culture des folles années soixante à Londres.   Jenny, première de classe âgée de 16 ans (Mulligan, qui en avait 22 au moment du tournage), désire ardemment quitter sa vie ennuyeuse et voit l’université d’Oxford comme un moyen de s’en sortir.  Mais voilà que son existence est bouleversée par l’arrivée d’un homme charmant (Peter Sarsgaard) et plus âgé qu’elle qui va lui faire découvrir les cabarets et les voyages à l’étranger.

 

Inspiré des mémoires de la journaliste britannique Lynn Barber, le film – magnifiquement tourné par John de Borman – dépeint une époque où le Chanel N°5 et les cigarettes russes constituaient le summum du très chic.  Le film est une réalisation de la Danoise Lone Scherfig (Italian for Beginners) d’après un scénario de Nick Hornby, dont le livre An Education: The Screenplay est publié au Canada par les éditions Penguin. La distribution comprend également Alfred Molina dans le rôle du père borné de Jenny, Dominic Cooper dans celui de l’élégant ami de son prétendant et Emma  Thompson qui campe la directrice d’école désapprouvant la situation.

 

An Education est distribué au Québec par Métropole Films Distribution.

 

Commentaires de Michel Handfield (22 octobre 2009)

 

Pour se distinguer, dans ce milieu conservateur, Jenny écoute « Sous le ciel de Paris » de Juliette Greco et rêve de Paris. « Sweet sixteen », elle tombera sous le charme quand un jeune adulte la « cruisera », car il a les moyens de la faire rêver. Il la sortira dans les clubs de jazz et l’amènera même à Paris. La belle vie et la vraie musique! Paradoxalement, un an plus tard (1962) les symboles musicaux de la contestation mondiale de la jeunesse seront Britanniques, avec les Beatles et les Rolling Stones qui tournent encore. Le blanc et le noir; les bons et les mauvais garçons! Mais, on est en 1961 : un an avant cette révolution britannique et planétaire de la musique!

 

  Les parents ne seront d’abord pas très chauds à l’idée de voir leur fille fréquenter un homme de quelques années de plus qu’elle, mais il saura séduire la mère pour enlever le père de ses jambes. On la verra passer d’adolescente à femme dans ses bras, puis ce sera le réveil, car elle comprendra qui il est et ce qu’il fait dans la vie. Elle sortira de sa naïveté et reprendra sa vie en main. Ce n’est cependant pas donné à tous, il faut bien le dire. Brillante, elle pourra revenir dans la voie qui était la sienne.

 

        Film intéressant qui montre que la vie peut parfois glisser sur un événement. A voir pour l’histoire, car elle est bien contée, mais aussi parce que c’est une bonne leçon sur ce qu’est la manipulation. On peut d’ailleurs tous tomber sur des manipulateurs un jour, car il y en a de tous les genres et dans toutes les sphères de la société; pas juste en politique ou en affaire comme on tend trop souvent à le croire, influencé que nous sommes par les médias qui traquent surtout ceux-là. Mais, il y a aussi des manipulateurs du cœur, à l’école ou à l’église! Des gens qui savent accrocher les bons sentiments pour en tirer un avantage indu! « An education »… pour s’en prémunir!

 

ANTICHRIST

www.antichristthemovie.com/

 

Lars von Trier / Italie, Pologne, Allemagne, Danemark, France / 2008 / 104 min. / couleur / anglais

 

In any case, I can offer no excuse for Antichrist. Other than my absolute belief in the film – the most important film of my entire career.Lars Von Trier

 

À la mort tragique de son enfant, une femme (intense et magnifique Charlotte Gainsbourg, récipiendaire du Prix d’interprétation à Cannes pour ce film) sombre dans la dépression. Son mari (Willem Dafoe), psychanalyste de renom, prend lui même en charge le cas. Pour régler les choses, les deux s’isolent à «Eden», chalet perdu au cœur d’une angoissante forêt. Et si les délires de la jeune femme étaient prémonitoires et que le Mal était, maintenant, sur le point de descendre sur notre monde? Réflexion sur la nature et les peurs naturelles de l’homme, ce nouveau film de Lars Von Trier est un film d’horreur pur race (attention à la scène choc qui à scandalisé Cannes). Rappelant Possession (Zulawski) et Rosemary’s Baby (Polanski), il est aussi un hommage au cinéma d’Andrei Tarkovsky. Un conte sauvage profondément angoissé, qui inclut sorcières et satanisme, pensé pour être la psychanalyse personnelle d’un Von Trier victime il y a deux ans d’une sérieuse dépression nerveuse. Un vrai film de fou, donc…  / Julien Fonfrède

 

Commentaires de Michel Handfield (22 octobre 2009)

 

Un couple s’aime passionnément. Pendant qu’ils font l’amour, leur jeune  enfant se lève, sort de sa couchette, se promène, monte à la fenêtre de l’appartement et bascule. Leur vie a basculé en même temps! Si monsieur s’en remet, sa femme ne s’en remet pas aussi facilement. Psychanalyste, il prendra donc les choses en main.  Mais, si près, est-il placé pour l’aider? Cela n’accentuera-t-il pas plutôt leur drame?

 

Quand il l’amène à leur maison d’Eden, isolé de tout, il découvre l’hypersensorialité de son épouse, mais aussi des comportements pour le moins étranges de celle-ci. Est-elle en dépression profonde ou possédé par des esprits du mal, car « la nature est l’église de Satan » lui expliquera-t-elle un jour! Les fléaux, comme les ouragans, les tsunamis et quelques autres ne viennent-ils pas de la nature d’ailleurs?

 

Tout est remis en cause dans ce film, en commençant par l’image de douceur de la femme, car ici on fait un parallèle entre femme et mère nature. La nature, c’est féminin! Alors, si la femme trouvait un plaisir érotique dans la violence? Mais, attention, pas par l’amour avec un « bum » ou un être violent, car c’est elle qui sera violente avec lui! Et elle assume son désir de violence. Pourquoi? Il essaiera de comprendre et on suivra cette quête…

 

On est donc dans la psychose, les mythes et les mondes parallèles! Film intéressant, mais pas pour tous.  Film de peur pour psy, intellos et gens avisés! Cœur sensible s’abstenir, car elle va aller loin dans la torture même si on n’abuse pas de ces scènes. La salle a d’ailleurs réagi à quelques occasions au Festival du Nouveau Cinéma même s’il s’agissait d’un public de festival, donc avisé. On est dans l’attente du chaos. Intéressant.

 

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ABSURDISTAN - sortie le 6 novembre, 2009

Rapport  sur le 32e FESTIVAL DES FILMS DU MONDE  (Du 21 août au 1er septembre 2008) in Societas Criticus,  Vol. 10 no. 5

(Du  5 août 2008 au 8 octobre 2008)

 

Allemagne - Azerbaïdjan / Regards sur les cinémas du monde / 2008 / Couleur / 87 min

 

Réalisateur : Veit Helmer

Scénariste : Veit Helmer, Zaza Buadze, Gordan Mihic, Ahmet Golbol

Photographie : George Beridze

Montage : Vicent Assmann

Interprètes : Kristýna Malérova, Maximilian Mauff

 

Quelque part entre l'Asie et l'Europe s'étend le village d'Absurdistan, un coin perdu ne comptant que quatorze familles. Au village, le plus grand problème, c'est le manque d'eau. Mais les femmes trouvent que ce sont les hommes, le vrai problème. Tout simplement parce qu'ils ne lèvent pas le petit doigt pour remédier à cette situation. Amis d'enfance, Aya et Temelko ont atteint l'âge où l'amitié s'est transformée en profonde affection. Sauf qu'il n'est pas question qu'ils consument leur amour avant quatre années et pour tout compliquer, il faudra qu'ils prennent un bain ensemble, selon la tradition. Comment faire dans un endroit où l'eau est presque inexistante?

 

Veit Helmer

 

Né en 1968, Veit Helmer réalise des films depuis l'âge de 14 ans. Il étudie la réalisation à l'Université du cinéma et de la télévision de Munich et coproduit A TRICK OF LIGHT, de Wim Wenders. Il se crée une réputation grâce à l'originalité de ses courts métrages pour lesquels il obtient de nombreux prix dans divers festivals internationaux. Parmi ses films, on retiendra: TUVALU (1999), GATE TO HEAVEN (2003).

 

Commentaires de Michel Handfield (10 septembre 2008)

 

Depuis la chute de l’URSS, ce village n’est plus attaché à aucun pays. Libre! Oui, mais entravé aussi, car c’est la paresse chez les hommes depuis qu’une tragédie a eu lieue alors qu’on voulait amener l’eau au village. Des hommes sont disparus et, depuis, ceux qui restent ne font rien pour remédier à la situation. L’eau arrive donc au goutte-à-goutte quand elle arrive! 

 

Les femmes tentent bien de les faire bouger, mais de vraies têtes de mules que ces hommes. Elles iront jusqu’à la grève du sexe. Heureusement qu’il y a Temelko, qui rêve d’Aya depuis si longtemps qu’il bougera,  car il n'est pas question qu'ils consument leur amour avant de prendre un bain ensemble comme le veut la tradition. Créatif et fantaisiste, on aura droit à quelques surprises de sa part, ce qui  donne un film à la fois joli et divertissant! J’ai eu du plaisir même si j’ai pris très peu de notes.  

 

LES PETITS GÉANTS

Rapport  sur Mes rendez-vous québécois du cinéma 2009! (section Documentaires)! in Societas Criticus,  Vol. 11 no. 2, du 8 février 2009 au 2 avril 2009 - 22 mars 2009

 

Sortie le 23 octobre au cinéma PARALLÈLE: 13h et 18h35. Anaïs Barbeau-Lavalette et Emile Proulx-Cloutier seront  présents chaque jour aux séances de 18h35 pour échanger avec le public!


ANAÏS BARBEAU-LAVALETTE, EMILE PROULX-CLOUTIER / vidéo / coul. / 75 min / 2008 / v.o.f., s.-t.f. SCÉN. Anaïs Barbeau-Lavalette, Émile Proulx-Cloutier IMA. Anaïs Barbeau-Lavalette, Émile Proulx-Cloutier, Philippe Lavalette, Katerine Giguère, Carlos Ferrand MONT. Elric Robichon SON Martyne Morin, Anaïs Barbeau-Lavalette, Émile Proulx-Cloutier MUS. Catherine Major PROD. Pierre L. Touchette – Amérimage-Spectra DIST. Marc S. Grenier – Locomotion Distribution.

 

Les petits géants raconte l’épopée de cinq enfants de cinquième et sixième année du primaire qui participeront, avec 105 autres jeunes, à un projet inusité : élaborer, réaliser et créer un spectacle musical inspiré de l’opéra Un bal masqué de Verdi et y tenir des rôles devant plusieurs salles pleines à craquer!

 

ANAÏS BARBEAU-LAVALETTE cumule à son actif de nombreux documentaires et courts métrages qui ont été présentés dans des festivals  internationaux. Son premier long métrage, Le ring, a été particulièrement bien reçu par la critique. Elle travaille actuellement sur un deuxième long métrage de fiction, Inch’Allah.

Émile Proulx-Cloutier réalise des courts métrages dont l’un a reçu le Jutra du meilleur court métrage en 2005. Habitué du Festival international de Clermont-Ferrand.

 

Commentaires de Michel Handfield

 

Comme c’était la clôture des rendez-vous, on a eu droit à une entrée par un chanteur d’opéra. C’est là qu’on voit que ce théâtre, l’impérial, est sous-utilisé. Cette très belle salle pourrait nous offrir plus que du cinéma : du théâtre, de la musique, voir de l’opéra!

 

Quant au film, il est fort intéressant. On est dans le Sud-ouest (St-Henri) avec des conditions socioéconomiques et familiales  détériorées dans certains cas. Cependant,  chaque enfant à aussi son caractère, issu en parti des parents, mais aussi influencé par l’entourage, l’école, la télé…  Alors, leur faire découvrir un autre monde sera un plus  pour eux. C’est ce que ces jeunes de quelques écoles du primaire font grâce à un projet particulier : monter un spectacle musical, inspiré d’un opéra, avec la collaboration de l’opéra de Montréal. L’année où ce film fut tourné, cet opéra fut le bal masqué de Verdi. Découverte pour ces enfants dont c’est probablement le premier contact avec l’opéra. Par la bande, c’est aussi élargir la culture au milieu, car les parents et les voisins sont mis au courant. Ils assisteront d’ailleurs au spectacle final à la polyvalente du quartier. Ces petits seront chez les grands et, en quelque sorte, initieront les grands à une forme de grande musique. Assez intéressant.  

 

On ne peut que constater que les ambitions ne sont pas les mêmes d’un enfant à l’autre. S’il y en a un qui veut être agent de sécurité, car c’est un bon métier, un autre veut être le plus intelligent au monde! Rien de moins! Alors « je suis obligé de faire des efforts » dit-il! Par contre, même s’il a le QI pour le faire, en aura-t-il les moyens? Être né quelques kilomètres plus au nord (Westmount ou Outremont), il aurait par contre toutes les chances de son côté. Le sociologue en moi voit ici la théorie de l’inégalité sociale à la rencontre de la réalité, sauf que, avec de tels projets culturels, de nouveaux espoirs sont permis. Il faudrait davantage de ses projets, surtout que cela a un impact sur l’éducation; un tel travail nécessitant de développer ses compétences en  lecture, écriture et mémorisation en plus de les motiver et de les responsabiliser, car le groupe compte sur chacun d’eux. C’est donc une occasion d’apprentissage complet.

 

Un excellent documentaire sur une excellente initiative. Les jeunes ont besoin de ce type d’activités, je crois. Nous aussi d’ailleurs, car la jeunesse c’est l’avenir. Il faut donc leur donner plus de chance de réussite avec des projets particuliers et une plus grande ouverture de l’école sur le milieu et la culture, mais sans oublier la transmission du savoir et des compétences premières qui constituent sa mission : leur apprendre à lire, écrire et compter! Il en va de notre réussite collective. Une copie de ce film devrait être envoyée à la ministre de l’Éducation.

 

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Documents à ne pas taire! (Notre section documentaire)

 

The world Next supermodel

www.icarusfilms.com/new2009/wns.html

 

48 minutes / color

Closed Captioned

Release Date: 2009

Copyright Date: 2009

Sale: $375

 

Commentaires de Michel Handfield (6 novembre 2009)

 

« Wall street is bankrupt! » Cela frappe, surtout qu’avec Wall street, c’est aussi les États-Unis qui semblent en banqueroutes. Des gens perdent leur foyer, qui est aussi leur unique capital dans bien des cas.  On peut alors penser à un autre documentaire du même distributeur : « We all fall down: The American Mortgage Crisis » (1).

 

Les problèmes des États-Unis signifient-ils la fin de leur modèle économique? Certains supposent que oui. Trois experts nous présentent donc chacun un modèle susceptible d’être la solution. Ensuite, un trio d'experts en jugera et devra nommer un vainqueur. Quel devrait être le modèle à suivre pour sortir les États-Unis du marasme?

 

Kishore Mahbubani, l’auteur de « The New Asian Hemisphere », nous présente d’abord le modèle asiatique. C’est un finaliste à la feuille de route impressionnante, surtout en matière de  développement économique : libre marché, résilience et bon gouvernement. On y gère aussi une multitude culturelle. Mais, la liberté individuelle n’est pas célébrée partout de la même manière! C’est à mettre au rang des faiblesses.  

 

        Le second modèle est celui du Brésil. Ce modèle nous est présenté par Marcelo Cortes Neri, directeur du  Centro de Políticas Sociais (www.fgv.br/cps/index.asp)  de l’Instituto Brasileiro de Economia (www.ibre.fgv.br/). Ce modèle est à la fois pro-commercial et pro-pauvres. Non pas un modèle à la Chavez, mais à la Lula (2); soit pour le social, mais aussi pour le commerce et la liberté d’entreprise. Une forme de libéralisme social contrairement au libéralisme économique états-unien, où le gouvernement est parfois perçu comme un ennemi du peuple; régime souvent proche de l’anarcho-capitalisme (3) selon moi, ce dont les États-Uniens ne semblent pas assez conscients cependant! Suffit de les regarder manifester contre toutes interventions de l’État, si minime qu’elles soient, pour le comprendre! Seul son rôle policier et militaire semble toléré, mais, encore, il ne faut pas toucher le droit des citoyens de porter une arme!  Les États-Unis pourraient donc apprendre de ce modèle, ce que notent d’ailleurs des membres du jury!

 

Le Brésil m’a particulièrement touché, car il m’a fait remonter à une vie antérieure alors que j’étais consultant sur un modèle participatif de cellules de travail. Deux ans! J’avais assisté à l’époque à une conférence de Ricardo Semler, président de Semco S.A., du Brésil (4), à l’hôtel Hilton Bonaventure, où il présentait son modèle participatif! C’était le 25 novembre 1993! (5) Alors que la participation des employés dans l’entreprise fut une mode ici, Semco fonctionne toujours selon ce modèle et a vu son succès continuer! (6) Cette entreprise a  toujours conservé sa façon de faire selon ce que j’ai lu sur leur site : The Semco way! (7)

 

Wouter Bos, ministre des finances néerlandais dans une coalition, mais aussi chef du Labour party, nous présente finalement le modèle européen. (8) Un modèle mixte de libéralisme économique et politique, le marché poussant le gouvernement à l’efficience! Un modèle d’équilibre et de « push » entre entreprises, États et citoyens. Cependant, c’est un modèle continental, chaque pays ayant accepté de perdre une part de leur souveraineté pour constituer un nouveau palier de gouvernement supranational. Je ne crois pas que les États-Unis soient prêts à perdre une part de leur souveraineté pour s’insérer dans un tel  gouvernement continental de l’Amérique; de toute l’Amérique! J’ai déjà plaidé pour un tel parlement (9), mais de là à le voir bientôt ça me surprendrait. Il n’a pourtant fallu que 50 ans à l’Europe pour le faire au sortir de la deuxième Guerre mondiale!  

 

Les États-Unis ne prendront jamais une solution venue d’ailleurs. Le  jury, composé de Willem Buiter, professeur au London School of Economics, Parag Khanna, du New America Foundation's, et Amy Chua, professeure de droit à Yale, s’entendent là-dessus. Ils assimileront cependant des parties de ces modèles qu’ils trouveront intéressantes, pour se faire un « nouveau super modèle américain »!  Espérons qu’ils regarderont aussi ce qui se fait chez leurs voisins du nord, le Québec et le Canada, notamment en termes d’assurances et d’assistance de l’État pour les citoyens. On ne peut se limiter à ces trois modèles même s’ils sont intéressants. Le modèle de Rhénan devrait aussi être considéré, car il s’agit d’un modèle de capitalisme social qui a déjà fait ses preuves avant la mode du néolibéralisme. (10) Si  Warren E. Buffett croit au retour des trains (11), pourquoi ne pas croire au retour d’un capitalisme plus social à la Rhénan?

 

Mais, peu importe le modèle, une mise en garde s’impose : tous ne doivent pas s’engouffrer dans une copie conforme d’un même modèle, car cela limite son efficacité, niant les particularités de chaque région et leur créativité. Il faut toujours laisser place à l’innovation et à la concurrence, car si le T-shirt « fit all » est une belle invention, ce l’est d’abord parce que nous avons aussi d’autres choix! Puis, comme les modes, les modèles peuvent se fader avant de revenir au goût du jour. Dans les années 80, l’Émilie-Romagne fut un modèle. (12) Qui en parle aujourd’hui? (13) 

 

        Le bien de ce film est d’abord et avant tout d’ouvrir les yeux des états-uniens sur ce qui se fait ailleurs, car il y a autre chose que l’American way of life! Pour nous, non états-unien, il nous présente d’autres modèles socioéconomiques et politiques. Si on entend parler de l’Europe et de l’Asie au Canada, il est par contre plus rare d’entendre parler du Brésil comme d’un modèle, car il est peu fréquent que l’on présente des pays du Sud et plus à gauche comme des modèles de développement. Cela est donc rafraîchissant. Mais, il faudrait peut-être aller plus loin et nous présenter des modèles de prise en main locale, car « Think Globally, Act Locally »! (14) Sujet d’un futur documentaire?

 

Notes :

 

1. www.icarusfilms.com/new2009/fall.html

 

2. Chàvez : http://en.wikipedia.org/wiki/Hugo_Chávez

Lula : http://en.wikipedia.org/wiki/Luiz_Inácio_Lula_da_Silva

 

3. Arnsperger, Christian, et Van Parijs, Philippe, 2000, Éthique économique et sociale, France : La Découverte/repères

 

Lemieux, Pierre, 1988, L'anarcho-capitalisme, Paris: PUF, «que sais-je?»

 

4. www.semco.com.br/pt/

 

5. Ricardo Semler avait écrit un livre à l’époque pour présenter son modèle : Maverick, 1993, U.S.A.: Warner books.

 

6. Deux références sur le sujet, mis à part le site officiel de Semco (note 4) :

http://en.wikipedia.org/wiki/Ricardo_Semler

www.duperrin.com/2007/05/24/il-ny-a-pas-que-la-pensee-unique-qui-permet-de-reussir/

 

7. The Semco Way:

www.semco.com.br/en/content.asp?content=3&contentID=605 

 

8. http://fr.wikipedia.org/wiki/Wouter_Bos

 

9. L’histoire se répète dit-on! (Inclus Moment de réflexion et Pour un Parlement de l’Amérique), in Societas Criticus, éditos, Vol 8 no 2 (mars 2006).

 

10. Albert, Michel, 1991, Capitalisme contre capitalisme, Paris: Seuil, l'histoire immédiate. Voir aussi :

http://en.wikipedia.org/wiki/Rhine_Capitalism

http://fr.wikipedia.org/wiki/Capitalisme_rhénan

http://fr.wikipedia.org/wiki/Michel_Albert

 

11. MICHAEL J. de la MERCED and ANDREW ROSS SORKIN, Buffett Bets Big on Railroads’ Future, in New-York Times: November 3, 2009 : www.nytimes.com/2009/11/04/business/04deal.html?_r=1&em

 

12. Piore, Michael J., Sabel, Charles F, 1984, The second industrial divide, U.S.A. Basic Books; Lazerson, Mark, Small firm growth, American Sociological Review, June 1988, Vol 53-3, pp. 330-342.

 

13. Nicola Bellinilien (traduit par M.-S. Darviche et E. Négrier), Politique industrielle en Émilie-Romagne : un modèle en quête de son avenir, in Pôle Sud, 1996, Vol. 5  No  5, pp. 117-131. Référence internet : www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pole_1262-1676_1996_num_5_1_951

 

14. http://en.wikipedia.org/wiki/Think_Globally,_Act_Locally

 

Jaquette arrière du DVD:

 

With America's version of capitalism seemingly heading for bankruptcy, is there a crisis-proof economic model that can shape the 21st century? In THE WORLD'S NEXT SUPERMODEL, three prominent thinkers argue for competing economic models. Kishore Mahbubani, author of The New Asian Hemisphere, pitches the Asian model, characterized by the economic successes of China, India and Singapore. Wouter Bos, Dutch Minister of Finance, claims that the values of the European model are superior, while Brazilian economist Marcelo Neri praises the economic success of his country.

 

The proposals for these models are discussed by a jury consisting of macro-economist Willem Buiter, professor at the London School of Economics, New America Foundation's Parag Khanna, an expert analyst of global geopolitical issues, and author and Yale law and globalization professor Amy Chua.

 

These expert "judges," in a lively debate, examine the three models on the basis of issues such as social stability, environmental sustainability, government and market relationship, and their crisisproof nature. Their surprising decision is sure to provoke continued debates on this important global issue.

 

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