Societas Criticus, Revue de critique sociale et
politique
On n'est pas vache…on est critique!
D.I. revue d’actualité et de culture
Où la culture nous émeut!
Regard
sur le Monde d'une perspective montréalaise!
On est
Sceptique, Cynique, Ironique et Documenté!
Revues Internet en ligne, version archive
pour bibliothèques
Vol. 11 no. 6 , du 9 octobre
2009 au 6 décembre 2009.
1999-2009,
10 ans déjà !
Cette revue est éditée à compte d'auteurs.
C.P. 182, Succ. St-Michel
Montréal (Québec) Canada H2A 3L9
Le Noyau!
Michel Handfield, M.Sc. sociologie (U de M), cofondateur
et éditeur;
Gaétan
Chênevert, M.Sc. (U de Sherbrooke), cofondateur et interrogatif de service;
Luc Chaput, diplômé de l'Institut
d'Études Politiques de Paris, recherche et
support documentaire.
Soumission de
texte: Les faire parvenir à
societascriticus@yahoo.ca.
Si votre texte est en fichier attaché, si possible le sauvegarder en format
"rtf" (rich text format) sans notes automatiques.
Avis : Comme il y a de la distance dans le temps
entre la mise en ligne des textes et la production du numéro pour bibliothèque,
il se peut que quelques fautes d’orthographe, de ponctuation ou de graphie
aient été corrigées, mais le texte n’est pas changé à quelques virgules près! On
a beau lire un texte 2, 3, 4 et même 5 fois… quand on vient de l’écrire on
dirait qu’on ne voie pas certaines coquilles. On le revoit sur écran quelques
semaines plus tard et les coquilles nous sautent aux yeux comme un nez dans la
face! Ainsi va la vie.
Societas Criticus, revue de critique
sociale et politique
Notre édito
des fêtes : Le ron-ron…
2010 en
politique canado-québécoise
La grippe se
propage facilement…
Les accommodements…
et les croyances!
LE DOCUMENTAIRE QUÉBÉCOIS «BOMBES À
RETARDEMENT»
D.I., Delinkan Intellectuel, revue d’actualité et de culture
Commentaires livresques :
Sous la jaquette!
Pour le prochain Salon du livre!
DES PAS DANS LA NEIGE de Maryse Letarte
DEUXIÈME ALBUM
DE MIN RAGER « FIRST STEPS »
Cinéma et Théâtre (Ciné, Théâtre et quelques annonces
d’événements)
LA FLÛTE ENCHANTÉE (Opéra)
Deux films pour éclairer
nos débats actuels: Fausta et la journée de la jupe!
Trois films vus au
Festival du Nouveau Cinéma 2009
Documents à ne pas taire! (Notre
section documentaire)
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Societas Criticus, revue de critique sociale
et politique
Notre édito des fêtes : Le ron-ron…
Michel Handfield, M.Sc. sociologie, éditeur de Societas Criticus
3 décembre 2009
Depuis quelques années déjà nous
avons pris l’habitude de faire un édito des fêtes (1) qui attire l’attention
sur un point de changement. Donner de la culture par exemple, en lieu et place
de bébelles.
Mais, quelle année avons-nous passé en 2009? Les scandales
dans le monde municipal québécois, particulièrement à Montréal; les coûts des
partenariats publics privés au Québec; les jeux mafieux dans le monde de la
construction; les faux-fuyants du parti conservateur et l’impossibilité pour
l’opposition libérale de le renverser, le vote étant trop divisé et friable
pour assurer une majorité à quelques autres
partis que ce soit au Canada actuellement, à moins d’une coalition
libérale-néodémocrate vers laquelle il faudra aller en toute logique; l’entreprise de diaboliser l’assurance-santé
proposée par le président Barack Obama aux États-Unis, que les Républicains
qualifient d’ailleurs de communiste! Quel changement face à l’espoir que
suscitait son élection il y a un an à peine!
Il
y eut aussi la perte rapide de la crédibilité du Canada au plan international,
alors que nous avons mis à la poubelle nos objectifs en matière d’environnement
d’une part et que nous recourrons maintenant à la torture dans nos missions de
paix d’autre part, nous qui étions encore considérés comme porteurs de valeurs
pacifiques il y a quelques années à peine. Nous sommes maintenant en complète
rupture de banc avec la politique qui nous avait inspirées depuis l’ère Pearson; davantage en harmonie avec les politiques de
l’ancienne administration Bush aux États-Unis, comme si nous marchions
dorénavant un pas en arrière! Enfin, que dire de l’enlisement de la politique
internationale dans les idéologies religieuses, nouvelles lignes de fracture du
monde! Où il faudrait de l’éducation et de la solidarité, il n’y a qu’alliances
stratégiques, intérêt économique et
faux-fuyants. Quel horizon pour demain?!
Comme le citoyen vit de plus en plus un sentiment
d’impuissance, il se replie sur lui-même, écoute sa musique et lit de moins en
mois les grands quotidiens! C’est le journal télévisé qui a pris la place.
L’essentiel dans un clip! (2) On lira le journal du lendemain matin, souvent un
gratuiciel distribué dans le métro, pour en savoir davantage. Quant aux
affaires internationales, pas assez vendeuses, on les écarte pour du « people » et du local! Les articles
les plus attirants ont naturellement la meilleure place. Quant à la nouvelle
internationale, elle est reléguée dans
des espaces réduits, moins en vue, entre deux pubs alléchantes, et on titre la
colonne « En bref! » à
moins qu’elle ne soit réellement sensationnaliste, donc vendeuse! Alors, les
journaux du lendemain la joueront en une. Les médias se nourrissent souvent
eux-mêmes!
On
crée parfois la nouvelle, surtout dans le variété, pour susciter de l’intérêt.
Le journal nourrit ici la télé et la télé nourrit la revue! L’empire est
heureux, le citoyen diverti. Il oublie ses problèmes, la politique et
l’économie. De la musique et du sport pour oublier la morosité de la vie comme
autrefois du pain et des jeux! C’est le modèle des médias privés. Pas
surprenant que ces groupes rationalisent dans leurs médias plus traditionnels,
mais se concurrencent avec des gratuiciels, manière d’aller chercher les
lecteurs qui n’achètent pas le journal. En fait, plus la même information,
remaniée, attire de l’achalandage, plus le groupe médiatique gagne son beurre,
car le groupe ne vend pas de l’information, mais de la visibilité aux annonceurs! Le
gratuiciel est donc rentable dans cette optique. Ce n’est donc pas un hasard
s’il y a tant de gratuiciels qui se disputent le marché du transport en commun,
car il y a là un marché semi-captif, puisqu’on peut toujours amener sa propre
lecture ou son baladeur. Mais, une majorité prend un des journaux disponibles
dans le métro pour le lire en chemin. Ça se voit!
Remarquez
que la chaîne publique suit un peu le même modèle, compétition oblige, mais
avec un angle d’affaires publiques et internationales, reprenant sous divers
angles une même nouvelle selon qu’elle s’adresse aux auditeurs de la radio, de
la télé ou de l’internet. Ainsi, nous aurons droit aux images à la télé, mais
nous aurons davantage d’entrevues de fonds et d’analyse à la radio. Nous
trouverons des hyperliens et des références sur le site internet ainsi que des
images d’archives non disponibles ailleurs. Comme elle est publique, la radio/télé d’État aura plus ou moins
fréquemment recours à des collaborateurs des médias privés de l’écrit.
Si
le citoyen écoute le journal télévisé du soir et lit les nouvelles du matin,
une fois au travail cependant, son cerveau doit être orienté vers une tâche ou
un but précis. Fini la distraction et la discussion. (3) Prière de ne pas
penser est parfois la devise:
« Employee are compelled to
lead a double existence : outside their work they may enjoy considerable
liberties, independence and self-confidence, although their capacity to
structure and restructure social life to any significant degree is quite
limited; in their place of work they are subject to strict authority and
control, particularly those at the lower end of the hierarchy, and to forces of
technological and social organizational change over wich they have little or no
control – in Touraine’s phrase, “dependant participation”. » (4)
Ce
fut écrit en 1979. Avec la mondialisation et la rationalisation du personnel
que l’on a connu depuis, les choses ne se sont pas améliorées. Le surtravail
fait qu’on a de moins en moins de temps pour s’occuper des enfants ou de la
bouffe, le système capitaliste compensant alors par les garderies et les repas
préparés; les traiteurs pour les plus riches! Brûlé, on ne s’occupe plus de
l’autre et de moins en moins de la communauté, de la cité ou de la politique.
On laisse cela à des militants de carrière; professionnels de la communication
ou de la politique, membres des cabinets de relations publiques ou de groupes
reconnus pour le faire. Les individus qui ont encore le temps de représenter le
petit monde et de manifester en leur nom sont surtout les travailleurs
d’organismes communautaires et les sans-emploi, genre de militants
professionnels et critiques qui vivent bien souvent de peu : des
programmes de subventions, le chômage ou
l’aide sociale! Mais, le système met tout en œuvre pour les dénigrer, ce qui fait qu’on
voudrait bien qu’ils aillent travailler à la place de militer, quitte à leur
couper les subsides gouvernementaux pour les y forcer. On veut des citoyens qui
entrent dans le rang et une démocratie qui ne nous dérange pas, genre de
dictature élue qui nous gère en nous laissant dormir. Quand on ne sait pas, on
est heureux! L’humanité perdue comme le dit Alain Finkielkraut!
(5)
On est maintenant dans le règne de l’individualité. On s’en
plaint, mais on y participe. Les baladeurs les plus populaires sont d’ailleurs
les modèles sans radio, car on veut être dans notre bulle avec notre musique.
Le ron-ron quotidien; la musique pour oublier son effet! Surtout ne pas savoir,
car cela accroît le stress. Marcher pour la démocratie ou la communauté!?
Revendiquer!? Pas le temps ou inutile. On laisse ça aux contestataires
professionnels, gauchistes, anarchistes
et utopistes! Puis, de toute manière, nous écoute-t-on? Peut-être ne
sommes-nous plus assez nombreux pour être écoutés! On passe donc dans
l’indifférence collective à moins qu’il n’y ait suffisamment de casse pour
passer dans les nouvelles! Ce n’est pas un hasard que les manifestations où il
y a le moins de gens soient parfois si violentes, car la violence assure une
visibilité à l’ère des médias! Visibilité relayée par « You Tube » (6) à la planète!
Le
modèle chinois est finalement celui de l’avenir : travailler, consommer
et, surtout, laisser les politiciens nous gérer en nous en laissant savoir le
moins possible! Malheureusement, il y a encore quelques journalistes qui nous
informent plutôt que de nous divertir! Alors,
ne pas s’informer pour continuer sa routine sans s’inquiéter. Ni vu, ni
connu! Ce n’est pas pour rien que le tirage des quotidiens est en baisse :
On ne veut pas le savoir!
De
toute façon, on a trop d’élections! À preuve, les taux de participation sont en
chute libre. Par désintérêt bien souvent, même si j’aimais mieux que ce soit
par contestation! Il y a tant d’autres choses à faire. L’agora est vide, le
centre commercial est plein. C’est le nouveau centre du monde. On choisit la
société de consommation par nos actes.
Si un jour on perd notre liberté de choix, là on voudra certainement revenir
en arrière, mais il sera trop tard. Pourtant, si on ne s’occupe pas de la
politique, le Politique s’occupera de nous (7) avec ses amis du monde des
affaires! C’est à souhaiter que cela n’arrive pas, mais…
Dans
une société d’individualités, le tissu social ne peut que se défaire. Une
chance que certains réseaux numériques prennent le relais. Mais, est-ce
suffisant? En cette année de crise de l’information, je vous donne un cadeau : des sources
d’informations à mettre dans vos baladeurs à défaut d’avoir le temps de lire.
Je les ai éprouvées et je peux vous dire qu’elles sont de qualité. Vous serez
ainsi moins seul sous vos écouteurs, connecté à la société autrement. Une
expérience à faire!
Sur le site de ballado
diffusion de Radio-Canada (www.radio-canada.ca/mesAbonnements/baladodiffusion/),
je vous recommande :
- Les coulisses du pouvoir
- Euromag
- L'après-midi porte
conseil
- Christiane Charrette
Parmi les émissions de
France inter (http://sites.radiofrance.fr/franceinter/pod/),
je vous suggère:
- 2000 ans d'histoire
- L'autre économie
- Interception
- Reporters
- La revue de presse
Enfin, de France
culture (http://sites.radiofrance.fr/chaines/france-culture/podcast/), les Enjeux
internationaux sont un must!
Quant
à notre souhait criticus de cette année: dites bonjour à votre voisin et
qu’il vous réponde, car c’est le début d’une reprise en main de nos
collectivités. Petit à petit, mot à mot, voisin par voisin! On ne veut pas
avoir l’air de se mêler de ce qui ne nous regarde pas, mais il faut bien voir
que l’humain a franchi l’histoire parce qu’il était capable de solidarité
sociale. Sinon, il n’aurait jamais été assez fort pour faire face au monde
ambiant. (8) Nous avons devoir de mémoire,
de perpétuation et de solidarité! Se mêler de nos affaires est parfois
une renonciation ou un abandon! Rien de moins.
Notes:
1. Sur la photo des fêtes,
vous voyez Socrate, notre oiseau, qui représente la discussion ou les dialogues
socratiques; une vache pour Societas Criticus; le fanal pour Diogène le
cynique; le globe terrestre pour le monde, car on est une revue internet donc mondiale;
l’appui livre en forme de masque pour l’Afrique, trop souvent oubliée; la radio
à ondes courtes pour l’information et les écouteurs pour montrer qu’on peut
aussi être branchée sur le monde et non seulement dans sa bulle musicale!
Question de choix. Quant aux livres, ce sont :
-
Saul, John Ralston, 1992, Voltaire's
Bastards, Toronto: Penguin book.
-
Barreau, Jean-Claude, et Bigot, Guillaume, 2005, Toute l'histoire du monde de la préhistoire à nos jours, France :
Fayard (Histoire)
- Hosbawm, Eric, 1999, Age of
extremes. The short Twentieth century, 1914-1991, London: Abacus
-
FINKIELKRAUT, Alain, 1996, L'humanité perdue, Paris: Seuil, coll. points.
Ces choix ne sont pas
innocents ! Puis, l’illustration d’Age of extremes est une scène du film « Hitler, A film from Germany »
(1977) de Hans Jurgen Syberberg selon la jaquette du livre. Mais, les
cinéphiles auront reconnu qu’il s’agit d’une image tirée d’un film de Charlie
Chaplin : « The great dictator »
(1940). Ceci boucle donc la boucle avec le cinéma, objet d’étude de Societas
Criticus comme révélateur social!
2. Une courte analyse.
3. Discuter d’actualités et
de politique avec les collègues est
parfois mal vu. Cela pourrait-il en venir à mériter un avertissement ou le
renvoi dans certains cas jugés sensibles, surtout si cela touche des enjeux
ethnoculturels ou religieux? Mieux vaut alors parler de sports, plus
rassembleur. Que ceux qui émettent ces politiques ne soient pas surprit du désintérêt des citoyens pour
la chose publique. Au temps de Socrate, on discutait ferme! Cela faisait partie
du processus démocratique. Maintenant, la discussion est perçue comme une chose
négative. Mais, que reste-t-il de la démocratie sans dialogues, débats ou
discussions entre les citoyens? Quand, la dernière fois, avez-vous débattu d’un
enjeu politique avec un confrère de travail, un voisin ou un citoyen assis à
côté de vous dans le métro ou le bus? En fait, quand avez-vous même discuté
d’un enjeu public ou politique en famille?
4. Baumgartner, Tom, BURNS, Tom R., et De Ville,
Philippe, “Work, Politics, and Social
structuring under capitalism: impact and limitation of industrial democracy reforms under capitalist
relations of production and social reproduction”, p. 182 in BURNS, Tom R., KARLSSON, Lars Erik,
and RUS, Valjko, 1979, Work and Power, England/U.S.A.: Sage publ.
5. L'humanité perdue est le titre d’un livre d’Alain FINKIELKRAUT
(1996, Paris: Seuil, coll. points) qui parle justement de ce que nous devrions
savoir du XXe siècle, mais qu’on ignore parfois délibérément, parfois parce
qu’on n’enseigne plus qu’un succédané d’histoire : ce bris d’humanité!
L’arrière de couverture dit :
« Ce livre
est, d'un bout à l'autre, hanté par les événements qui font du XXe siècle la
plus terrible période de l'histoire des hommes. Il ne se veut ni panorama, ni
bilan, mais méditation obstinée et narration inédite de ce qui, depuis 1914,
est advenu à l'humanité et plus précisément à cette idée d'humanité si
difficilement conquise par les Temps modernes. Il cherche à comprendre pourquoi
l'affirmation la plus radicale de l'unité du genre humain a pu, comme son
désaveu le plus fanatique, produire un univers concentrationnaire.
À la fois mortelle et
meurtrière, l'idée d'humanité ne peut plus être maniée ni pensée innocemment.
Il nous faut la défendre et la concevoir autrement, veiller à ce qu'elle vive
et faire en sorte qu'elle ne recommence pas à tuer. »
7. « Si
vous ne vous intéressez pas à la politique, la politique s'occupera de vous
» est une expression passée dans le langage courant. J’ai aussi trouvé
«Vous avez beau ne pas vous
occuper de politique, la politique s'occupe de vous tout de même.» Cette
expression serait redevable à Charles de Montalembert. Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_de_Montalembert
8. A ce sujet lire Barreau,
Jean-Claude, et Bigot, Guillaume, 2005, Toute l'histoire du monde de la
préhistoire à nos jours, France : Fayard (Histoire) (Distribution Hachette)
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2010 en politique
canado-québécoise
Michel Handfield (2
décembre 2009)
Le Parti Libéral du Canada (PLC) a des difficultés depuis le
scandale des commandites. (1) S’il a subi
un vote de protestation en 2004, où le Parti prend le pouvoir, mais
minoritaire, ce sera la défaite en 2006 et en 2008, car l’opposition de droite
a su profiter de l’occasion pour se souder davantage autour du nouveau Parti
Conservateur (PC) issu de l’union de l’ancien Parti Progressiste Conservateur
avec l’Alliance Canadienne. Si les conservateurs n’ont pu encore prendre le
pouvoir de façon majoritaire, ça pourrait cependant arriver si l’opposition
continue à être divisée au centre et à la gauche du PC.
Face
à cette union de la droite, la division du vote de centre gauche entre le
Nouveau Parti Démocratique (NPD) et le PLC fait mal. À cette division s’ajoute
le vote nationaliste au Québec pour le Bloc Québécois (BQ), vote d’affirmation
nationale pour ne pas se fondre dans le Canada. Mais, ce vote n’est pas un
appui automatique à l’indépendance du Québec, car devenir un petit pays à côté
des États-Unis n’est pas nécessairement plus rassurant pour certains Québécois.
On est donc pris dans un pays qui sera de moins en moins facile à gouverner pour plaire à tous, certaines
parties du Canada étant plus à droite, d’autres plus à gauche et le Québec plus
autonomiste à défaut d’avoir l’indépendance. On ne haït pas être dans ce pays
tout en sachant qu’on n’a pas non plus signé pour le rapatriement de la
constitution en 1982 : on couche dans notre chambre, mais avec la fenêtre
ouverte sur le monde! On a un sentiment d’indépendance à défaut d’être
indépendant, car on se réserve toujours le droit de sortir par la fenêtre!
Si on a des élections en 2010, quel sera alors le portrait?
Difficile à dire, mais il est clair que la division du centre vers la gauche
fait mal. Il faudrait peut-être penser à une union des progressistes libéraux
(PLC), néodémocrates (NPD) et peut-être mêmes bloquistes (BQ) qui seraient prêts à tenter cette aventure
sous un nouveau chapeau. Pourquoi pas les démocrates-libéraux ou, plus
simplement, les démocrates comme chez notre voisin du Sud? Le programme
pourrait être totalement remodelé, incluant plus d’ouverture à une
décentralisation constitutionnelle vers les provinces. Pourquoi pas les Provinces-Unies
du Canada? Sincèrement, il faut remodeler le Canada, sinon nous allons vers un mur, la
constitution étant trop rigide et les provinces trop disparates. Il faut un
nouveau contrat social canadien. Rien de moins. Et cela, nous ne n’y arriverons
pas sans une nouvelle proposition politique, comme un parti unissant une large
frange progressiste canadienne incluant le Québec.
Reste
à trouver comment amener ces discussions au centre gauche de l’échiquier
politique canadien. Avec Bob Rae, un ancien premier ministre néodémocrate
ontarien maintenant au PLC? Avec Stéphane Dion (2) au PLC et sa femme, Janine Krieber (3), au NPD? Avec
des militants qui prendraient des cartes de deux des partis en cause, par
exemple PLC-NPD pour les fédéralistes de centre gauche et Bloc-NPD pour les
nationalistes de centre gauche, le NPD reconnaissant le droit à l’autonomie du
Québec! C’est à voir, mais face à une droite unie, les autres doivent bouger.
Ça presse, d’autant plus que des élections sont toujours possibles en 2010!
Notes :
1. www.thecanadianencyclopedia.com/index.cfm?PgNm=TCE&Params=F1ARTF0009864
2. Je regrette Stéphane Dion et son plan vert, « le Tournant vert. Bâtir l’économie canadienne du XXIe siècle », que j’avais lu et commenté dans Societas
Criticus : Handfield, Michel, Plus vert que chez le voisin!, in Societas Criticus, Vol. 10 no. 4
(Du 27 mai 2008 au 4 août 2008), section
Essais. Il me semble qu’on en aurait bien besoin aujourd’hui! Mais, on s’est
arrêté à l’image de Stéphane plutôt qu’au contenu…
3. Madame a jeté un pavé dans la marre du PLC et à fait bien des
vagues en écrivant…
«
Le parti libéral est en pleine
déconfiture, il ne s'en remettra pas. Comme tous les partis libéraux d'Europe,
il deviendra une pauvre petite chose à la merci des coalitions éphémères. »
C’était là un commentaire
privé de Janine Krieber publié sur son facebook, mais coulé dans les médias.
Spécialiste
du terrorisme et de la sécurité internationale, Mme Krieber enseigne au niveau universitaire. Mais, elle
est aussi la femme de l’ex-chef du PLC, Stéphane Dion, ce qui donne d’autant
plus de poids à ce mot dans lequel elle…
«
(…) affirme amorcer une « réflexion
sérieuse » pour rejoindre éventuellement un « parti dédié, qui ne conteste pas
son chef à chaque hoquet des sondages. Un parti où la règle serait le principe
de plaisir et non l'assassinat. Un parti où l'éthique du travail et de la
compétence seraient respectés et où les sourires ne seraient pas factices. » »
C’est ce que nous apprenait
le site des nouvelles de Radio-Canada le 23 novembre dernier. De quoi penser au
NPD!
Sources :
Parti libéral du Canada : Mme Dion règle ses comptes sur Facebook,
radio-canada.ca/nouvelles/Politique, Mise à jour le lundi 23 novembre 2009 à 18
h 27 : www.radio-canada.ca/nouvelles/Politique/2009/11/21/002-Janine-Krieber-critique-plc.shtml
http://pipl.com/directory/name/Krieber/Janine
http://en.wikipedia.org/wiki/Janine_Krieber
---
« La grippe se propage facilement.
Faites-vous
vacciner. »
« Le vaccin contre la grippe
A (H1 N1) est offert sur une base volontaire. Il est gratuit et sécuritaire.
Même si vous êtes en bonne santé, vous devriez vous faire vacciner. »
Voilà
les premières lignes de l’appel au public qui paraît régulièrement dans les
journaux ces jours-ci. Après, on nous dit… mais, pas vous ou pas trop vite!
Le
problème est qu’on n’a peut-être pas commandé les vaccins à temps du côté fédéral,
à ce qu’on a entendu en Chambre de la part de l’opposition libérale. (1) En
cette matière, je suis de leur bord!
Quant
à la procédure de distribution, avec réception, déballage, remballage et
redistribution du côté du gouvernement du Québec, cela me semble beaucoup de
procédures et de risque d’erreurs. Pourquoi ne pas distribuer directement aux
centres régionaux à partir du fournisseur? On pourrait toujours mettre des
responsables gouvernementaux sur place si c’est exigé par un protocole de
sécurité ou pour rassurer le public. De toute manière, ne serait-ce pas plus
sécuritaire de faire la distribution à la source pour éviter les manipulations
répétées du vaccin?
Cette
« procédurite » semble
propre au vaccin A (H1 N1), mais j’admets qu’il faudrait d’abord voir ce qu’il
en est de la distribution du vaccin de la grippe saisonnière pour comparer.
Passe-t-elle par autant d’étapes avant d’arriver aux cabinets des médecins ou
arrive-t-elle directement du fournisseur?
Si cette procédure n’est pas régulière, retarde-t-elle indûment les
choses? Si on ne peut changer la procédure actuellement, il faudra certainement
en faire le bilan après coup. On devra se demander si cette façon de faire fut
utile ou non? Il faudra aussi rendre ce processus d’évaluation public! Rien de
moins. Pour l’instant, j’ai des doutes sur ce processus, mais je ne peux en
juger raisonnablement, car on n’a pas toute l’information. Un bilan clair
et transparent devra donc être fait
après cet épisode de grippe.
Michel Handfield,
sociologue
Éditeur de
societascriticus.com
15 novembre 2009
Note :
1. MARIE VASTEL, H1N1: la mauvaise planification du
gouvernement a coûté des vies, dit le PLC,
La presse canadienne, in http://qc.news.yahoo.com/s/capress/091029/nationales/20091029_grippe_critiques_federal.
Cette nouvelle s’est retrouvée dans plusieurs médias, dont Le Métro de
Montréal.
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Index
Essais
2 décembre 2009
1969. County Clare, Irlande.
D’abord, on remarque que la
musique irlandaise ressemble à notre
musique « trad » comme si on en avait assimilé une part au
contact des Anglo-Irlandais d’ici et qu’on l’avait francisée, tout comme on a
francisé une part des Irlandais! On n’est pas si « pure laine » qu’on se plaît à le dire parfois. Par contre, il
y a une différence fondamentale : le conservatisme était encore présent là
bas en 69, alors qu’ici, suite à Duplessis, la libération avait débuté. On ouvrait les fenêtres et fissions de l’air! La
religion a été au moins dépoussiérée quand elle ne fut pas tout simplement
remisée au grenier! On la sort au besoin depuis. À l’inverse, dans la
communauté irlandaise où se déroule l’action, la religion est encore très
présente; les valeurs traditionnelles et religieuses étant tricotées serré, une
maille à l’endroit, une maille à l’envers!
Les valeurs sont si serrées que
lorsque Michael, géologue et poète de passage pour étudier le Burren et ses
plateaux calcaires, rencontre Cathleen O'Connell, qui travaille à l’hôtel et au bar de Ballyclochan
(1), où il a pris une chambre, s’en éprend, commencent les allusions de la
laisser tranquille, dont un billet glissé sous sa porte:
«
Please leave Cathleen. She has chosen her
path. »
Puis, comme il est de plus en plus
épris de Cathleen, qui est loin d’être
insensible, les problèmes s’aggravent. Les villageois veillent à
ses bonnes mœurs, car elle doit devenir
religieuse comme elle l’avait promise à l’âge de 13 ans! Une promesse est une
promesse, surtout lorsqu’elle est faite à Dieu.
On n’aurait pas vu cela ici: se
préparer à entrer dans les ordres et travailler dans un bar en même temps.
Mais, dans cette Irlande catholique et conservatrice, cela semble tout naturel.
De toute manière, elle a le village comme chaperon! Pour lui, qui vient du
Canada, cela apparaît inconcevable, surtout que cette promesse de devenir
religieuse est une affaire d’enfance! Cependant, dans ce coin de pays, où la
tradition doit être respectée, c’est jugé d’avance. Croyances contre nature et
science, appuyées sur une culture sociale très puissante, ce qui va au-delà de
la rationalité et de la logique!
On se trouve donc au point
d’équilibre entre raison et passion sur le continuum psychologique et entre
science et croyances sur celui de la culture locale, qui est très religieuse.
Il faut dire que l’Irlande était traversée à l’époque par de grands conflits
religieux entre catholiques et protestants même si on n’en est pas témoin dans
ce film. D’ailleurs, le religieux est omniprésent partout, même dans les
chambres d’hôtel, où l’on retrouve des images pieuses.
On est donc dans un film socio
romantique qui balance entre passion et promesse; cœur et culture! Même si ce
sont des adultes, parfois la culture est plus forte que leur volonté, vu la
pression sociale. On sent la lourdeur
des mentalités. Pas loin du comportement de certains peuples face aux filles
pourrait-on dire. Mais, ces mentalités viennent aussi de notre passé, parfois
pas très lointain, mais parfois beaucoup plus loin, au point que les filles
d’aujourd’hui ne savent même pas d’où vient cette tradition qu’elles respectent
comme étant romantique :
« Le jour de ses noces, l’épousée est voilée parce qu’elle est offrande
d’une famille et d’une maison à une autre : « Car ce qui est voilé
est donné (initiation, sacrifice), ou réservé, retiré du monde commun et
profane. (i) » D’ailleurs, l’épousée ne franchit pas elle-même le seuil
de sa porte pour marquer qu’elle n’entre pas dans ce foyer par l’effet de sa
propre volonté et « qu’elle ne doit plus désormais sortir de cette maison
selon son bon plaisir, mais seulement selon la volonté de son époux
(ii). » On reconnaît là, d’ailleurs, l’image traditionnelle, mais encore
vivante, du marié portant la mariée au moment de franchir le seuil de leur
maison commune, sans que, selon toute probabilité, la mariée, ni le nouvel
époux ne devinent que la scène simule le rapt de la femme, comme au temps des
Romains, et qu’elle illustre l’idée que l’épousée est « offrande » de
sa famille à celle de son époux. » (2)
Deux choix s’offraient dans cette
Irlande : épouse ou religieuse! Des
femmes emprisonnées, car les sœurs le sont elles aussi selon la
symbolique chrétienne, « qui
signifie qu’elles sont devenues épouses du Christ. » (3) Ce voile, pour lequel on critique parfois le
musulman, est aussi chrétien :
« Le voile limite. Il crée l’inconfort du corps, en empêche la liberté de
mouvement et restreint la portée du regard que les femmes portent sur le monde
environnant. Il peut prendre une signification quasi carcérale :
« Élève autour de ton sexe un mur qui ne laisse sortir tes regards ni
entrer les regards d’autrui (i). »
L’injonction date du IIe siècle et vient du théologien chrétien
Tertullien. » (4)
Puis, avant l’ère chrétienne, les
femmes sortent « accompagnées de
servantes, de dames de compagnie et d’un chevalier servant qui forment ainsi
une véritable « prison mobile ». (5)
Naturellement, « Marre
d’être la fée du logis? » va
plus loin que cela. Je n’ai ici donné que des exemples historiques, mais cela
montre tout le construit social et culturel autour de la femme. Parfois, un
construit oublié dans certaines cultures, mais que d’autres nous rappellent. On
ne sait pas toujours que nous sommes déjà passé par là il n’y a pas si
longtemps – 40 ans dans le cas de ce film – et il suffirait parfois qu’un vent
de droite se lève pour y revenir au non des bonnes mœurs! Mais, définie par
qui?
J’aurais
pu parler d’autres aspects de ce livre aussi, sauf que mon but n’est pas de
vous en faire faire le tour ni un résumé, mais d’en montrer tout l’intérêt,
tant historique que contemporain, pour comprendre que madame la Présidente est
aussi la reine du foyer parfois, cela sans difficulté. Et vice versa! Et, si
les femmes avaient appris à gérer à la maison? L’Art ménager (6) et le
multitâche! Elles étaient donc prêtes quand la révolution des sexes est
arrivée. Leurs bases, solides! Plus que pour certains hommes d’ailleurs! La
déroute des sexes, c’est peut-être celle des hommes qui se cherchent
maintenant. Suffit de comparer les rendements scolaires et les taux de
décrochage entre garçons et filles pour le voir.
Mais, des
hommes qui refusent tout changement et prônent la supériorité du mâle ça existe
encore! Bienvenue chez les masculinistes, une minorité qui dit parler pour les
vrais gars! C’est le sujet du documentaire « la domination masculine ». On y parle des hommes et des
femmes; de leurs relations et de la domination féminine vue de leur point de
vue! Les femmes ont pris plus que le pouvoir selon eux; elles les ont castrés!
La réponse de certains : récupérer ce pouvoir en se faisant allonger le
pénis! « Un cm de pénis de plus,
c’est un km dans la tête! » Wow, quelle affirmation. A ce niveau je
répondrais « une p’tite
travaillante, c’est mieux qu’une grande paresseuse! » Une chance : si le film débute à ce
niveau, il suit d’autres pistes par la suite. Il monte en intérêt à mesure
qu’on explore le sujet!
On peut critiquer
les masculinistes tout comme on peut critiquer les féministes, mais il faut
bien voir qu’il y a des niveaux dans ces idéologies. Si certaines féministes
aiment voir les hommes relégués au rang de faux-bourdons (7), ce n’est le cas
que de quelques marginales. La majorité cherche davantage une égalité. Mais, il
y aussi des femmes qui recherchent ce type d'homme dominant. On en voit dans ce
doc!
Comme les féministes ont des
alliés chez les hommes, ces masculinistes radicaux en ont aussi chez les femmes.
Ils aimeraient revenir à ces années de la femme dominée et fière de son homme!
Cette Irlande des années 60 dont parle « Love and sauvagery »! Mais, ils ont plutôt le modèle québécois
dans la face : « 20 ans
d’avance sur les pays européens! »
Pourquoi pas
la femme police ou pompière si elle peut le faire? Mais, et c’est moi qui pose
la question, pourquoi pas davantage d’hommes dans des rôles traditionnellement
féminins s’ils veulent le faire? Car, ce devrait être l’étape « postféministe » : des mesures de
discrimination positive pour les hommes qui ne sont pas des hommes de chantier
ou de la construction, mais davantage des commis de bureau, secrétaire ou
enseignant. On peut même se demander si le manque de gars en éducation ne
renforce pas une impression de division homme/femme dans la tête des jeunes, certaines
« jobs » étant celle des femmes, comme de s’occuper et d’éduquer les
enfants. Questions culturelles aussi,
car la culture, le mimétisme et les jeux renforcent l’intériorisation de
certains rôles traditionnels. On ne vend
pas beaucoup d’électroménagers miniatures pour les petits gars, alors que c’est
toujours un « hit » pour
les petites filles nous dit-on dans le film! Puis, les filles jouent-elles
encore davantage à l’école que les garçons, car c’était le cas en mon temps? Si
l’école est ainsi perçue comme une affaire de filles, cela expliquerait-il le
décrochage des garçons? Simple question, car on ne peut faire de relation
causale sur cette simple observation ici, mais la question est importante.
Ce film s’avance dans des
observations et certaines tentatives d’explications. Par exemple, avec les
avancées du féminisme, on a aussi vu une
montée des intégrismes religieux qui diminuent la femme. Mais, il n’est pas dit
que les masculinistes se convertissent à ces religions, ni que les femmes de
ces mouvances en sortent en guise de protestation. Ce sont deux phénomènes en
parallèles entre lesquels on ne peut établir de lien causal selon moi. C’est
davantage la fin du communisme soviétique qui expliquerait ce phénomène, car
avec la chute du communisme on a assisté à la montée des autres idéologies qui
étaient toutes étouffées par la
mégaconfrontation entre communisme et capitaliste depuis 50 ans! Chacune veut maintenant
faire sa place dans ce nouveau monde en redéfinition. Les idéologies
religieuses, comme les autres, veulent profiter de ce vide pour s’imposer comme
modèle explicatif du monde.
Qui parle de domination ou de
guerre des sexes ne peut s’empêcher de parler de violence. La violence masculine
est donc examinée ici. D’abord verbale, mais aussi physique. 85 % de la
violence conjugale est masculine, 15% féminine y dit-on. Par contre, je me
demande si la violence féminine n’est pas sous représentée pour des questions
culturelles : un homme serait-il aussi à l’aise de porter plainte contre
sa femme pour violence physique? Je pense ici à un film allemand, « L’un contre l’autre », fort
intéressant sur le sujet, car c’est l’histoire d’un policier battu par sa femme
à la maison, mais qui ne peut porter plainte vu sa position. S’ajoute aussi une
violence psychologique intense, ce qui permet de soulever cet autre
point : certaines violences psychologiques ne sont peut-être pas encore
traitées à leur juste valeur. (8) Mais, une chose est sûre : la violence
féminine n’est pas le sujet le plus traité qui soit et elle a changé dans le
temps. De rares études existent cependant. (9) On commence aussi à regarder la
violence entre filles, car elles en sont capables comme les garçons (10) même
si le phénomène n’a pas la même ampleur. Avec l’égalité et la montée des femmes
dans toutes les sphères de la société, les patterns de violence vont peut-être
eux aussi se « désexuer »!
Les justifications aussi : « Excuse
mon chou, c’est le stress du bureau. Ce n’est pas toi que je visais
personnellement! »
S’il y a une part sociale dans ce
phénomène, il y a aussi une part psychologique et culturelle, car filles et
garçons ont été élevés par des parents
pour la plupart normaux, non par des professionnels de la psychologie. Mais,
comment et dans quel climat? Le garçon reproduira-t-il la violence du
père ou, de plus en plus, de la mère rentrant du boulot exténuée? Ou, serait-ce sa sœur qui la reproduira? Car
papa est peut-être au foyer maintenant, alors que maman est au boulot! Mai, si
les enfants ont majoritairement des pères et des mères comme modèle, ils ont
aussi les voisins, l’école, la télé, le cinéma et les jeux vidéo! Quelle est
donc la part de chacun dans leur développement?
Un film à
voir, mais surtout à discuter, car s’il porte sur des gens qui voudraient
revenir en arrière, il repose en fait sur une autre lutte : celle du
pouvoir. Car hommes et femmes sont de plus en plus en lutte pour le
pouvoir : économique, politique et social. Le vieux principe
britannique à l’œuvre dans le champ des genres: diviser pour régner! La
vraie question devient donc : si on divise les hommes et les femmes au
point qu’ils en viennent à lutter les uns contre les autres, cela fait
l’affaire de qui? Imaginez les fractures syndicales, par exemple, entre hommes
et femmes! Le patron en bénéficierait-il? Les conflits dans les couples? Vente
de livres et consultation psychologique en hausse. Diviser les genres en
marchés, un autre truc du capitalisme pour ne pas parler d’humains et de
valeurs communes? Briser les solidarités et créer des individualités, ce qui
accroît les besoins et la consommation. Où il y avait un appartement, il en
faut maintenant deux! On se partage les enfants et on n’a plus le temps de
militer pour les droits humains, sociaux, environnementaux et j’en passe! Le
politique laissé aux professionnels qui nous gèrent pendant qu’on s’essouffle à
vivre nos vies! Trop exténué pour s’opposer, le peuple devient docile. La
dictature sans souffrance!
Notes:
1. Tel qu’écrit dans le film, mais j’ai trouvé “
ballyvaughan » sur l’internet!
2.
Serfaty-Garzon, Perla, 2008, Marre d'être
la fée du logis ? Paradoxes de la femme d'aujourd'hui, Paris : Armand
Colin, 198 p. ISBN : 978-2-200-35038-3 http://www.armand-colin.com/, p. 24. Cité dans le
texte :
i) Agascinski S., Métaphysique
des sexes, Masculin/Féminin aux sources du christianisme, Paris, Éditions
du Seuil, La librairie du XXIe siècle, 2005, p. 178.
ii) Ibid.,
p. 177.
3. Ibid.,
p. 24
4. Ibid., p. 25
i) Tertulien, Le
voile des vierges, XVI, 5, cité in Agascinski S., Op. Cit., p. 175
5. Ibid., p. 24
6.
« Il faut gérer mais, comme vous le
savez, le mot anglais manager vient du français « ménagère »,
nettoyer la maison. » (Saul, John Ralston,
1994, Le citoyen dans un cul-de-sac?,
Québec: Musée de la civilisation/Éditions Fides, p. 19)
7. « Leur rôle
se limite strictement à la fécondation des jeunes reines, lors du vol nuptial.
Ceux qui ont la «chance» de s’accoupler à une reine meurent peu de temps après.
Quant aux autres faux-bourdons, les ouvrières cessent, à la fin de l’été, de
nourrir ces bouches inutiles et, de plus en plus affaiblis à mesure que
l’automne approche, ils finissent par être impitoyablement rejetés de la ruche
et par mourir, épuisés. Ils ont des yeux qui comportent sept mille facettes. »
(Apis (genre) : http://fr.wikipedia.org/wiki/Apis_(genre)
)
8. L’un contre
l’autre, un film de Jan Bonny. 2007 / Allemagne / 96 minutes. Avec Victoria
Trauttmansdorf, Matthias Brandt, Wotan Wilke Möhring, Jochen Striebeck. Voir
Societas Criticus, Vol. 10 no. 5 (Du 5
août 2008 au 8 octobre 2008).
9. Eva Wyss, Violence féminine: mythes et réalités. La violence domestique n’est
pas l’apanage des hommes. Quatrième rapport de la Commission cantonale de
l’égalité.
www.sta.be.ch/site/fr/gleichstellung-frauengewalt_fk06_dt.pdf
10. Suzanne Décarie, La violence des adolescentes, in Madame : www.madame.ca/Votrevie/famille/la-violence-des-adolescentes-n3274p1.html
Hyperliens:
www.facebook.com/pages/Love-and-Savagery/154654240348
County
Clare, Irlande sur Google Map :
http://en.wikipedia.org/wiki/County_Clare
www.clareireland.net/fr/index.html
ballyvaughan Irlande :
www.ballyvaughanireland.com/
Annexes :
LOVE AND SAVAGERY
À l’affiche dès le 6 novembre au cinéma AMC Forum!
Le réalisateur John N. Smith de
Montréal et le scénariste Des Walsh de St. John ont fait équipe sur Love and
Savagery, l’histoire lyrique d’un amour impossible. Le film, qui a pour toile de fond l’Irlande de
1969, est une adaptation de l’ouvrage de poésie éponyme de Walsh publié en
1989. Après une présentation au Festival des Films du Monde, le film prendra
l’affiche le 6 novembre à Montréal et le 13 novembre ailleurs au Canada.
Le géologue et poète Michael
(l’acteur terre-neuvien Allan Hawco) quitte sa Terre-Neuve natale et se rend
sur la côte ouest de l’Irlande pour étudier le Burren, une région aux
fascinants paysages reconnue pour ses plateaux calcaires. Dans un village voisin, Michael fait la
rencontre d’une ravissante jeune femme nommée Cathleen (l’actrice irlandaise
Sarah Greene), ceux-ci se retrouvent inéluctablement attirés l’un par l’autre,
malgré qu’elle soit sur le point de devenir religieuse. La sauvagerie survient
lorsque Michael entre en conflit avec
les villageois déterminés à les séparer. Cathleen choisira-t-elle l’amour d’un
homme ou celui de Dieu?
Le film rend magnifiquement
l’atmosphère qui régnait en 1969 au sein d’une communauté irlandaise enracinée
dans la tradition. De la rude vie menée
dans un village de pêcheurs à l’importance de la musique, en passant par la
puissance exercée par la religion, si les expériences que vit Michael lui
semblent aussi familières que les souvenirs qu’il a de Terre-Neuve, on le
considère néanmoins ici comme un « étranger ».
Tourné à County Clare (Irlande) et
à St. John (Terre-Neuve), le film met en vedette Martha Burns dans le rôle de
la mère supérieure et le chanteur Sean Panting dans celui de l’ami de Michael
faisant preuve de pragmatisme. La
distribution comprend également Macdara O’Fatharta et Nicolas Campbell.
Il s’agit de la troisième
collaboration de John N. Smith, de Des Walsh et du directeur de la
photographie, Pierre Letarte, après les deux miniséries saluées par les
critiques The Boys of St. Vincent (1992) et Random Passage (2002). Smith et
Letarte ont récemment collaboré à la minisérie The Englishman’s Boy qui leur a
également valu des éloges. Barbara Doran
et Lynne Wilson (Young Triffie) ainsi que Kevin Tierney (Bon Cop, Bad Cop) sont
les producteurs du film.
L’ouvrage Love and Savagery de Des
Walsh a été réédité par Talonbooks. Love and Savagery est distribué au Québec
par Métropole Films Distribution.
Marre d'être la fée du logis ?
Reçu dans la semaine du 16 juin 2008 : Perla Serfaty-Garzon,
2008, Marre d'être la fée du logis ? Paradoxes de la femme d'aujourd'hui, Paris
: Armand Colin, 198 p. ISBN : 978-2-200-35038-3
http://www.armand-colin.com/
Les femmes d'aujourd’hui
sont-elles des fées du logis ?
L’expression est désuète, sent un
peu l’ironie, paraît même insultante à certaines. Leurs mères en étaient, oui…
Elles, non… Elles se rebiffent à l’idée. Car toutes ont une vie qui ne se
résume plus à leur foyer et la majorité d’entre elles ont un métier auquel
elles tiennent. Elles savent s’affirmer.
Et puis, pensant à tout ce
qu’elles s’imposent pour que tout aille bien chez elles, elles se disent :
après tout… Savoir faire éclore le bonheur au quotidien et le protéger ne
reste-t-il pas de la vraie magie ?
Les tâches et le souci de la
maison sont à partager, c’est sûr. Mais n’y a-t-il pas des pouvoirs qu’on n’a
aucune envie d’abdiquer ?
L’auteure nous entraîne au coeur
des paradoxes du quotidien au féminin. Une exploration vivante, intime,
émouvante. Et l’éclairage qu’elle apporte est neuf et original.
Perla Serfaty-Garzon,
psychosociologue, est connue pour ses études sur le chez-soi et l’intimité.
La domination
masculine
Réalisateur(s) : Jean, Patric
Pays :
Belgique, France
Langue(s) originale(s) : français
Langue des sous-titres : anglais
Durée : 98
Année de production : 2009
« Il est plus facile de se battre contre la réalité que contre une
illusion. » Cette illusion, c’est celle de l’égalité homme/femme, que
Patric Jean déboulonne en montrant diverses facettes de sociétés occidentales
qui, du lit au bureau, sont toujours patriarcales. De Léo Ferré, misogyne en
chef, à Hélène Pedneault (à qui le film est dédié), en passant par la violence
conjugale, les stéréotypes sexuels véhiculés dès la tendre enfance et les
conséquences à long terme de la tuerie de Polytechnique : une analyse éclatée
des rapports de forces entre hommes et femmes. Et un excellent point de départ
pour un débat brûlant d’actualité. Éric Fourlanty
---
Les accommodements… et les
croyances!
Michel Handfield, M.Sc.
sociologie
La loi est aussi
culturellement marquée que son territoire!
15 octobre 2009
Deux
débats font actuellement couler beaucoup d’encre dans les médias. L’un au
Québec, l’autre à l’étranger. Au Québec, c’est le débat autour du projet de loi
16 « favorisant l’action de
l’Administration à l’égard de la diversité culturelle » qui soulève
des passions. Au plan international, la France et les États-Unis au premier
rang, mais aussi dans l’ensemble des pays occidentaux, c’est l’affaire Roman
Polanski qui soulève des débats! Deux choses en apparence éloignées, mais très
près l’une de l’autre, surtout pour nous au Québec. J’explique, où d’autres
accusent!
D’abord,
le projet de loi 16 (1), nous dit des choses comme « Ce projet de loi vise à favoriser l’action de l’Administration à
l’égard de la diversité culturelle résultant des particularités
ethnoculturelles et en matière de lutte contre la discrimination fondée sur la
race, la couleur, la religion ou l’origine ethnique ou nationale. »
(p. 2) Ou, encore, « qu’il importe de favoriser davantage la
pleine participation des personnes des communautés culturelles à la société
québécoise ». (p. 3) Des a priori qui semblent logiques à première
vue. Mais, vu certains accommodements qui vont à l’encontre de l’égalité, comme
de permettre « à un juif hassidique
de refuser de subir un examen de conduite donné par une femme et de se voir
plutôt offrir les services d’un homme » (2), ce qui a eu lieu au cours
des derniers mois, des passages comme «
le projet de loi 16 donne à la
ministre la tâche d'élaborer et de proposer une politique gouvernementale «pour
favoriser l'ouverture de la société à la diversité culturelle et pour lutter
contre la discrimination fondée sur la race, la couleur, la religion ou
l'origine ethnique ou nationale». » font peur. (3) Si nous devons nous
ouvrir, les autres ne doivent-ils pas aussi
s’adapter pour s’intégrer? N’y a-t-il pas du donnant-donnant ou un bout de chemin à faire des deux côtés; des
manières et des coutumes à abandonner pour vivre avec l’autre, comme cela se
fait dans un couple? D’ailleurs, la première considération de ce projet de loi
se lit ainsi :
« CONSIDÉRANT que, conformément aux principes
énoncés par la Charte des droits et libertés de la personne, le respect de la
dignité de l’être humain, l’égalité entre les femmes et les hommes et la
reconnaissance des droits et libertés dont ils sont titulaires constituent le
fondement de la justice, de la liberté et de la paix; » (p. 3)
Cela pose les principes
d’ici. Ce projet ne devrait donc pas faire peur, vu sous cet angle du moins.
Pourtant, il suscite des craintes dans certains milieux informés. Pourquoi?
C’est
que l’égalité des sexes, reconnue dans le premier « considérant »,
semble abolie quand il s’agit d’ouverture ethnoculturelle, car à part ce
passage on ne parle nulle part ailleurs d’égalité
entre les femmes et les hommes! Par contre, on y parle beaucoup plus
souvent de lutte contre la discrimination basée sur la religion! C’est comme si
la religion prenait le pas sur les autres droits dans les faits. Ceci pose
problème, la religion n’étant pas un droit, mais une liberté, donc non fondée
sur des faits vérifiables, comme la science, mais une croyance, ce qu’est aussi
l’horoscope ou croire que le sexe est un choix pour les enfants, voir bon pour
eux comme le soutiennent certains défenseurs de la liberté sexuelle (4),
ce sans discrimination d’âge, car
certains en font une question de santé! (5) Distinctions sémantiques sur le
sujet, mais dans lesquelles les législateurs ne sont pas encore tombés, parlant
plutôt d’âge de consentement! (6)
Voyez-vous poindre le lien avec l’affaire Polanski? Nous allons d’ailleurs y
revenir plus loin.
Si je n’ai pas de problème à ce qu’on favorise « la pleine participation de toute personne
au progrès économique, social et culturel du Québec » ou qu’on favorise « davantage la pleine participation des personnes des communautés
culturelles à la société québécoise » (p. 3), cependant j’aurais
des réserves avant « d’affirmer la
volonté de l’ensemble de la société québécoise de se mobiliser afin de mettre
en œuvre solidairement des actions visant à favoriser l’épanouissement des
personnes sans égard à leur race, leur couleur, leur religion ou leur origine
ethnique ou nationale » (p. 3), surtout si certaines de ces valeurs
vont à l’encontre des nôtres et sont mises de l’avant par la même occasion.
Favoriser l’épanouissement des personnes, oui, mais des cultures, croyances et
religions, pas nécessairement. Le « sans
égard » peut être ici trompeur!
C’est encore la religion qui pose problème, non seulement parce que l’on
est dans une société dite laïque, mais parce que certaines croyances
religieuses vont à l’encontre de droits
que l’on considère non négociables! En fait, c’est donner beaucoup de poids à
des croyances. Des questions se posent alors :
- Jusqu’où va l’accommodement aux cultures et aux
croyances, surtout la religion?
- L’accommodement doit-il être égal pour tout,
sur tout et pour tous?
- Toutes religions et toutes croyances
sont-elles de même valeur?
- En cas de conflits interreligieux ou de
croyances, laquelle prédomine? On appelle Dieu ou la science à la rescousse
pour départager?
On doit mesurer ces questions aux extrêmes
pour voir où poser les limites, car extrêmes il y a. Et pour ceux qui ne
croient pas aux extrêmes en cette matière, je vous souligne que le nazisme peut
aussi être considéré comme une religion! Vous ne saviez pas? Moi non plus avant
de lire « Le
nazisme comme religion » de Kathleen Harvill-Burton
aux Presses de l’Université Laval! (7) Avant d’accommoder, on devrait donc bien
soupeser la question pour ne pas laisser la porte ouverte à tous vents
idéologiques, car on pourrait avoir de mauvaises surprises. S’il faut de l’air frais dans la maison, on
doit cependant éviter les tempêtes! Pas seulement celles qui viennent
d’ailleurs, car on pointe souvent à tort l’immigration en ces domaines, mais
aussi celles d’ici, car nous avons des sectes qui pourraient profiter d’un tel
laxisme de notre part !
Maintenant, reprenons l’affaire Roman Polanski
dans ce contexte de l’accommodement culturel et religieux! Polanski a été
arrêté le 27 septembre dernier en Suisse pour une affaire de mœurs :
« Le réalisateur
de Chinatown et Rosemary's
Baby a fui les Etats-Unis en 1978, après avoir plaidé coupable
dans une affaire de mœurs. Il est accusé d'avoir eu une relation sexuelle avec
une jeune fille de 13 ans. Polanski avait au départ fait l'objet de six chefs
d'inculpation, et notamment de viol, pour avoir eu une relation sexuelle avec
elle après lui avoir fait consommer du champagne et de la drogue. Il a rejeté
l'accusation de viol mais a plaidé coupable de relation sexuelle avec une
mineure, ce qui est passible de 20 ans de prison. » (8)
Le
point de vue légaliste dit qu’il doit faire face à ses accusations et ses
responsabilités. Cela est clair d’un point de vue de juriste. Par contre, ce
l’est moins d’un point de vue culturel si je me fie à ce que j’ai lu, même si,
personnellement, je suis loin d’être d’accord avec tous ces points de vue. Cela
est cependant important dans le contexte
de la future loi 16, car, si elle est acceptée telle qu’elle, ne dit-elle pas
que l’on doit « favoriser l’ouverture de la société à la diversité culturelle »?
(Voir note 3) Devrait-on alors tenir compte de la culture de Polanski
puisque certains de ces défenseurs
soutiennent que vu le milieu où cela s’est passé, milieu très libéral s’il en
est, et la situation de la fille,
« une adolescente qui posait dénudée
pour Vogue homme » rappelle Alain Finkielkraut,
ce n’était pas un cas d’abus comme les autres, car ce n’était déjà plus une
fillette. « C'est quand même une chose à prendre
en considération » poursuit le philosophe! (9) D’autres
pourront aussi dire des artistes que c’est
un milieu différent et plus libéral, donc plus ouverts à ce genre de chose.
Les fréquenter serait donc accepter en quelque sorte! On pourrait aussi poser
la question « où étaient les
parents? » et étaient-ils « consentants
par omission »? Des façons de
dire qu’un même crime n’a pas le même poids selon le milieu où cela se passe! Culturellement,
ou parler pour parler, tous les arguments semblent bons. Mais, il y a aussi de
quoi les remettre en cause! (10)
On
pourra toujours objecter que les juristes sauront faire la part des choses là
où elle s’impose, mais rappelons qu’il y a eu des dérapages ici aussi. Je pense
à un jugement qui a eu lieu il y a quelques années, où l'honorable juge Monique
Dubreuil a laissé sortir deux violeurs avec une peine à purger «dans la collectivité» vu le «contexte
culturel particulier à l'égard des relations avec les femmes» chez les
Haïtiens, ce dont j’ai déjà parlé. (11) Même d’un point de vue juridique, il y
toujours des questions de culture!
D’ailleurs, dans certains pays, des relations avec une fille de 13 ans
ne seraient pas un crime. La loi est aussi culturellement marquée que son
territoire!
Ainsi, à la lumière de ce nouvel éclairage que la loi 16
forcerait si elle était passée telle qu’elle, Roman Polanski pourrait-il avoir
recours à son bagage culturel comme défense? Cela constituerait-il des
circonstances atténuantes ou aggravantes? Dans cette optique, et en comparaison
avec Polanski, comment jugerions-nous alors…
-
Un curé qui aurait fait des actes d’attouchement avec une fillette de 13 ans,
après qu’elle eut bu du vin de messe, cela il y a 30 ans?
-
Un musulman de 50 ans qui arrive ici avec sa femme de 12 ans, légalement mariée
dans son pays?
-
Un illustre inconnu dont on n’a jamais entendu parler auparavant, soit avant
que le Journal local ne sorte son histoire, mais qui dit que son horoscope de
cette journée lui disait qu’il initierait une jeune personne à des plaisirs de
la vie? Comme il croyait, il l’a fait! Et il dit toujours croire profondément à
l’horoscope, ce qui est une croyance au même titre que la religion est une
croyance. L’horoscope a d’ailleurs connu
ses heures de gloire dans l’histoire, certains chefs d’État ayant leur
astrologue comme d’autres leur confesseur! Pensons à François Mitterrand, Ronald Reagan, Catherine de Médicis, Richard
Nixon, Hassan II… (12)
-
Un Africain qui arrive avec ses 3 femmes, lui aussi légalement marié dans son
pays?
-
Un musulman de 60 ans, marié depuis 20 ans à une femme qui a maintenant 32 ans?
C’est dire qu’il l’a mariée à 12 ans, soit dès qu’elle a montré des signes de
puberté!
Il
peut être intéressant de reprendre cet exercice du jugement en mettant 14, 15
ou 16 ans à la place des âges déjà mentionnés pour voir si le jugement
changerait selon les cas. Changerait-il dans tous les cas? Question de culture
ou de perception? Certains principes sont-ils immuables? C’est à voir pour
chacun de nous, mais faire l’exercice est enrichissant et révélateur sur nous
et nos valeurs. Essayez-le pour voir à défaut de pouvoir faire cet exercice
collectivement, ce qui serait certes instructif sur la société québécoise et
ses valeurs. Mais, nous n’en avons pas les moyens. Le gouvernement ou une firme
de sondage pourrait peut être le faire cependant.
Pas facile de juger des droits à partir de la liberté de
croyance. C’est pour cela que le projet
de loi 16 doit être bien étudié sans nécessairement céder aux lobbies de la
peur et du repli, mais ne pas non plus s’ouvrir plus que nécessaire pour se
montrer meilleurs que les autres. Dans les excès, il y a toujours danger de
dérapages d’un côté comme de l’autre. Si l’affaire Polanski soulève des débats,
imaginons maintenant d’avoir à juger de tels cas en favorisant le point de vue
de l’autre, que ce point de vue soit ethnique, culturel, religieux ou de toutes
autres croyances, incluant l’horoscope et les songes, car Dieu peut toujours
nous parler dans nos rêves! Comment juger alors?
Notes :
1. Projet de loi no 16, Loi favorisant l’action de l’Administration à l’égard de la diversité
culturelle, présenté par Madame Yolande James, Ministre
de l’Immigration et des Communautés culturelles, Éditeur officiel du Québec,
2009 : www.assnat.qc.ca/fra/39legislature1/Projets-loi/Publics/09-f016.pdf. Dans notre
texte, les pages entre parenthèses (p.) font références à cette version pdf de
ce projet de loi, la couverture comptant pour la page 1.
2. Robert Dutrisac, Loi 16 - Une petite loi aux ramifications imprévues,
Le Devoir, Édition du samedi 10 et du dimanche 11
octobre 2009 :
www.ledevoir.com/2009/10/10/271092.html
3. Robert Dutrisac, Ibid. Mais, nous nous devons d’être honnêtes. Dans la version pdf
de la loi nous n’avons pas trouvé ce passage intégralement. Il est probablement
un montage des deux paragraphes suivants :
« Ce projet de loi vise à
favoriser l’action de l’Administration à l’égard de la diversité culturelle
résultant des particularités ethnoculturelles et en matière de lutte contre la
discrimination fondée sur la race, la couleur, la religion ou l’origine
ethnique ou nationale.
« Le projet de loi confie
au ministre, chargé de conseiller le
gouvernement à l’égard de la diversité culturelle, l’élaboration et la
mise en œuvre de mesures visant à accroître l’ouverture de la société à la
diversité culturelle et à favoriser la pleine participation des personnes des
communautés culturelles à la société québécoise. Le projet de loi confie aussi
au ministre la réalisation et la mise en œuvre d’une politique gouvernementale
et d’un plan d’action pour favoriser l’ouverture de la société à la diversité
culturelle et lutter contre la discrimination. Le projet de loi crée également
l’obligation pour les organismes de l’Administration d’adopter une politique de
gestion de la diversité culturelle et d’en rendre compte. »
(Projet de
loi no 16, Op. Cit., p. 2)
4. C’est là le type de discours tenu par certaines personnes, dont des
spécialistes et des intellectuels. A ce sujet,
Denise Bombardier a d’ailleurs fait éclat en s’en prenant à Gabriel
Matzneff, qui avouait « son penchant pour des jouvencelles » sur le plateau d’Apostrophe en
mars 1990 (www.ina.fr/media/entretiens/video/CPB90002010/la-fidelite.fr.html) rappelle Le figaro dans un texte
tout simplement intitulé « Denise
Bombardier Gabriel Matzneff » (www.lefigaro.fr/livres/2009/01/22/03005-20090122ARTFIG00443-denise-bombardier-gabriel-matzneff-.php). Selon Wikipédia, cet auteur « ne revendique que des amours partagées avec
des jeunes filles et des jeunes garçons pubères: Le « troisième sexe » définit
ainsi pour lui « les filles ou les garçons ayant entre dix ans et seize ans
(Cf. son ouvrage Les Moins de seize ans » ». (http://fr.wikipedia.org/wiki/Gabriel_Matzneff).
A l’émission « Campus, qui a remplacé celle de Bernard Pivot sur France 2 »,
où était invité Gabriel Matzneff en 2001,
« La romancière Christine
Angot, l'auteure de L'Inceste, a critiqué elle-aussi l'attitude de Denise
Bombardier », dix ans après! (Canoë, LIVRES, Bombardier contre Matzneff, PC, 23-11-2001, 09h07 : http://fr.canoe.ca/divertissement/livres/nouvelles/2001/11/23/1739381-ca.html). Façon de prendre la défense de Matzneff.
Facteur culturel que l’amour des jeunes? Je ne sais
pas, mais on semble trouver plusieurs défenseurs de cette fantaisie chez les
intellectuels français. Il faut dire que la littérature en a donné maints exemples au cours de l’histoire. Quelques
heures de recherche sur Google avec de multiples mots clefs le prouvent, mais
j’ai préféré limiter les exemples vu le sujet.
Après toutes ces recherches, voici néanmoins un dernier lien en référence : L’Histoire
du militantisme pédophile sur Wikipédia :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_du_militantisme_pédophile
5.
Le 4e point de la « DÉCLARATION
DES DROITS SEXUELS » de la « World
Association for Sexual Health » se lit ainsi :
« Le droit à l'équité sexuelle. Cela se réfère
à la liberté de se dégager de toutes formes de discrimination sans distinction
de sexe, de préjugé, de penchant sexuel, d'âge, de race, de classe sociale, de
religion, ou d'invalidité physique et émotionnelle. » (www.worldsexology.org/about_sexualrights_france.asp)
6. En effet, on parle de majorité sexuelle, de pubère et de prépubère par
exemple. Cela varie selon les pays, mais aussi dans l’histoire. A une certaine
époque la ligne fut par exemple fixée à onze ans. Maintenant, elle est
généralement fixée plus tard, soit entre 14 et 16 ans pour la plupart des pays
occidentaux. Une référence sur le sujet est le site français de Jeunes
Violences Écoute : www.jeunesviolencesecoute.fr/index.php?module=page&action=Display&pageref=13235&cmplang=fr
Pour le Canada, consulter « ÂGE
REQUIS AU CANADA POUR CONSENTIR À DES ACTES SEXUELS » sur le site de
la bibliothèque du parlement : www.parl.gc.ca/information/library/prbpubs/prb993-f.htm
Quant à la puberté d’un point de vue médical, celle-ci peut être différente
de celle légale ! Voir le dictionnaire médical en ligne MedicoPedia: www.medicopedia.net/term/19392,1,xhtml
7. Harvill-Burton, Kathleen, 2006, Le
nazisme comme religion. Quatre théologiens déchiffrent le code religieux nazi
(1932-1945), Québec : Presses de l’Université Laval, 252 pages ISBN: 2-7637-8336-8, Prix: 30,00$
8. LEMONDE.FR, 27.09.09, 12h22 (Mis à jour le 28.09.09, 08h45), Le cinéaste
Roman Polanski arrêté à Zurich : www.lemonde.fr/culture/article/2009/09/27/le-cineaste-roman-polanski-arrete-a-zurich_1245878_3246.html
9. NOUVELOBS.COM,
09.10.2009, 18:40: POLEMIQUE, Finkielkraut
défend Polanski : à treize ans, « ce n'était pas une enfant » :
11. Handfield, Michel, Le multiculturalisme à l’encontre de l’égalité?, Opinion in La Presse, 28 janvier 1998, p. B
2.
Il y a aussi un dossier
de Sirma BILGE, de l’Université de
Montréal, «La « différence culturelle » et le traitement au pénal de
la violence à l’endroit des femmes minoritaires : quelques exemples canadiens»,
paru dans le journal international de
victimologie / International journal of victimology, Année 3, Numéro 3, Avril
2005, qui devrait être consulté. Il était disponible sur internet au moment où
j’ai écrit ces lignes : www.jidv.com/BILGE-S-JIDV2005_10.htm,.
12. CNRS : Astrologie et pouvoir : un tandem gagnant ?,
voir http://www2.cnrs.fr/presse/thema/481.htm
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LE DOCUMENTAIRE QUÉBÉCOIS «BOMBES À RETARDEMENT» FORCE LE GOUVERNEMENT CANADIEN À COMPENSER
LES ANCIENS COMBATTANTS IMPLIQUÉS DANS LES ESSAIS NUCLÉAIRES DU NEVADA
Montréal, le mercredi 7 octobre
Sorti
à l’automne 2007, le documentaire Bombes
à retardement (Time Bombs) des
producteurs et réalisateurs Guylaine
Maroist et Éric Ruel, relatait
l’histoire des soldats canadiens utilisés comme cobayes dans les essais
nucléaires du Nevada en 1957. Une histoire cachée par nos autorités depuis 50
ans. Le documentaire a remporté le prestigieux Ruban d’or pour le meilleur
documentaire diffusé à la télévision
canadienne en 2008 ainsi que le Grand Prix du Jury au Festival du Film indépendant de New York.
Depuis,
les choses ont bougé. Le Gouvernement
Canadien compense présentement les soldats ou leur famille, puisque
plusieurs sont décédés des suites d’un cancer ou d’une maladie pouvant être
liée aux radiations et aux retombées nucléaires des bombes. Les victimes vont
recevoir 24 000$ pour les préjudices
subis. Plus de 400 soldats et scientifiques canadiens ont été liés à ces tests
nucléaires, qui se sont déroulés entre 1945 et 1962.
Guylaine Maroist
et Éric Ruel, les co-producteurs et
réalisateur du documentaire choc, avaient organisé une conférence de presse sur
la Colline parlementaire avec l’association des vétérans canadiens des essais
nucléaires (Canadian Atomic Veterans Association - CAVA). Combiné à la
diffusion pan canadienne du documentaire (Canal D et Global), l’affaire a eu un
impact retentissant dans les médias. Le Gouvernement n’avait plus le choix de bouger.
« Le film a été une aide précieuse pour faire bouger le Gouvernement » affirme
Jim Huntley, président de l’Association des anciens combattants du nucléaire. « Nous avons mené une lutte pendant 15 ans
pour être reconnus. Personne ne répondait à nos demandes. Nous étions
complètement ignorés. Avec le film, on nous a pris au sérieux. On a même obtenu
une rencontre avec le Ministre de la Défense! »
C’est pourquoi
l’Association des vétérans, basée à Calgary en Alberta, a tenu à organiser
l’été dernier une réception très émouvante pour remercier les cinéastes.
Guylaine Maroist et Eric Ruel, aussi producteurs et réalisateur de la série J’ai la mémoire qui tourne, qui
obtient un vif succès sur la chaîne Historia, ont été approchés par
L’Association des vétérans américains des essais nucléaires pour qu’ils
réalisent un film sur l’expérience des soldats américains. Une histoire dont le
peuple américain ignore tous les détails.
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D.I., Delinkan Intellectuel, revue d’actualité et de culture
Révisé le 21 décembre 2008
Dans
les commentaires cinés, de théâtres ou de spectacles, les citations sont
rarement exactes, car même si l’on prend des notes il est rare de pouvoir tout
noter exactement. C’est généralement
l’essence de ce qui est dit qui est retenue, pas le mot à mot.
Je
ne fais pas non plus dans la critique, mais dans le commentaire, car de ma
perspective, ma formation de sociologue, le film est un matériel et nourrit une
réflexion qui peut le dépasser. Certains accrocheront sur les décors, les plans
de caméra, le jeu des acteurs ou la mise
en scène, ce qui m’atteint moins. Moi, j’accroche sur les problématiques qu’il
montre et les questions qu’il soulève. Le film est un matériel sociologique; un
révélateur social, psychosocial, socioéconomique ou sociopolitique par exemple.
C’est ainsi que sur de très bons films selon la critique, je peux ne faire
qu’un court texte alors que sur des films décriés en cœur, je peux faire de
très longues analyses, car le film me fournit du matériel. Je n’ai pas la même
grille, le même angle, d’analyse qu’un cinéphile. Je prends d’ailleurs des
notes durant les projections de presse que je ne peux renier par la suite, même
si je discute avec des confrères qui ne l’ont pas apprécié de la même manière
que moi, Je peux par contre comprendre leur angle et je leur laisse.
J’encourage donc le lecteur à lire plusieurs points de vue pour se faire une
idée plus juste.
Peut
être suis-je bon public aussi diront certains, mais c’est parce que je prends
le film qu’on me donne et non celui que j’aurais fait, car je ne fais pas de
cinéma, mais de l’analyse sociale! (Je me demande parfois ce que cela donnerait
avec une caméra cependant.) Faut dire que je choisis aussi les films que je
vais voir sur la base du résumé et des « previews », ce qui fait que si je ne saute pas au plafond à
toutes les occasions, je suis rarement déçu aussi. Si je ne suis pas le public
cible, je l’écris tout simplement. Si je n’ai rien à dire ou que je n’ai pas
aimé, je passerai plutôt mon tour et n’écrirai rien, car pourquoi je priverais
le lecteur de voir un film qui lui tente.
Il pourrait être dans de meilleures dispositions pour le recevoir et
l’aimer que moi. Alors, qui suis-je pour lui dire de ne pas le voir? Une
critique, ce n’est qu’une opinion après tout. Une indication qu’il faut savoir
lire, mais jamais au grand jamais une prescription à suivre à la lettre. C’est
d’ailleurs pour cela que je fais du commentaire et non de la critique.
Michel Handfield, d’abord
et avant tout sociologue.
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Commentaires livresques : Sous la
jaquette!
Pour le prochain Salon du livre!
Michel
Handfield (1er décembre 2009)
La 32e édition du Salon du livre de Montréal s’est
tenue du 18 au 23 novembre dernier. Comme j’y vais chaque année depuis les
débuts ou presque, cette année j’ai fait un tour d’observation sociale du
salon! C’est dans notre mandat de revue de critique sociale de le faire ainsi.
J’y ai observé des gens qui marchent dans les
allées, mais ne semblent pas regarder autour d’eux. Ils ont encore moins
l’intention de s’arrêter, comme s’ils avaient un but précis en tête : un
auteur ou un éditeur peut-être! De l’autre côté, j’ai parlé avec des auteurs
dont l’espace n’était pas très achalandé pour avoir leur point de vue, dont Gilles
Dubois, Jean Séguin et Réal-Gabreil Bujold. (1) Eux aussi constataient que bien
des gens passent leur chemin. Quelques un s’arrêtent tout de même, attirés par
un titre ou la tête de l’auteur lui-même! C’est un peu ingrat pour les auteurs,
mais c’est le commerce.
Plusieurs auteurs nous lancent d’ailleurs un sourire
ou un bonjour, comme à la pêche! Moi, je leur souriais gentiment, parfois
m’arrêtais pour échanger quelques mots. Mais, des noms attirent probablement
davantage que d’autres, car j’ai aussi vu des files à certains stands où l’on
trouvait des noms fortement médiatisés! Un titre attirait parfois mon attention
dois-je dire. Question de couverture ou de placement de produit, car dans un
tel salon le livre est un produit! Lecteur d’essais, c’était par contre plus
souvent le titre d’un roman qui aurait pu être aussi celui d’un essai qui me
faisait arrêter. Mais, l’essai fut rare
dans ma pêche. En badaud cette année, j’ai vu ce salon du point de vue de la
foule plutôt que du lecteur! Il faut cependant dire que si l’on se donne deux
ou trois heures pour faire le salon, on n’a pas le temps de s’arrêter partout.
Je n’y ai été que trois fois et ce fut un survol de mon point de vue! A titre
comparatif, l’an dernier j’y étais allé 5 fois et je considère ne pas l’avoir
fait en profondeur, car il y a beaucoup à voir! C’est plus qu’une immense
librairie comme le croient certaines personnes qui ne le fréquentent pas.
Parlant avec des auteurs, cela m’a permis de
conclure qu’il serait intéressant de classer les livres par thème :
romans, biographies, essais…
Mais, vérification faite, ce serait difficile pour
des raisons techniques, car on devrait alors diviser les maisons d’édition et
multiplier les stands! Alors, il faudrait trouver autre chose, car les lecteurs
qui vont d’un gros stand à un autre passent parfois à côté d’un éditeur
étranger qui aurait peut-être quelque chose d’intéressant à leur présenter et
qu’ils ne retrouveront plus après, trop pointus pour être conservé dans le
commerce grand public. C’est notamment le cas dans les essais, moins visibles
que les romans par exemple. Il faut donc trouver un système pour mieux faire
voir ces ouvrages. À défaut de disperser les éditeurs en sous-groupes, des
circuits et des codes de couleurs pourraient être pensés : essais, romans,
biographies, livres jeunesses, livres utiles (botanique par exemple), beaux
livres, B.D. et recettes pour nommer les catégories les plus importantes et
englobantes! Dans les librairies, les livres sont d’ailleurs classés ainsi, rarement
par éditeurs. Puis, pour les petits éditeurs spécialisés, comme pour les
éditions universitaires et gouvernementales, il y aurait peut-être moyen de les
regrouper dans un même pôle du salon pour créer une masse critique! Une autre
façon de voir ce salon. À suivre l’an prochain.
Note :
1. En guise d’appréciation d’avoir parlé avec eux, voici
une présentation des livres de ces auteurs :
Dubois, Gilles, 2009, La
piste sanglante, Ottawa (Ontario) :
Éditions L'Interligne, Collection «
Cavales », 200 pages, ISBN : 978-2-923274-20-1, 12.95 $
Hiver 1883, à Grand-Bouleau, aux portes de l’Arctique.
Les villageois isolés dans les
montagnes doivent faire face à une menace terrifiante. C’est le moment pour
Akuna, le jeune meneur de chiens, de montrer son courage. L’adolescent
téméraire souhaite prouver qu’il est l’un des meilleurs parmi les hommes du
village, et défier aussi son mentor, le vieil Amarok, légende vivante du Nord,
son ami autant que son rival.
Dans un décor aussi rude que
grandiose, Gilles Dubois emmène avec passion son lecteur à l’aventure, sur les
pistes enneigées du Grand Nord, où hommes et bêtes luttent pour leur survie.
L’auteur nous livre aussi le récit poignant d’une histoire de filiation,
empreinte de la pudeur qui caractérise les personnages forts tels qu’Anuka et
Amarok.
Séguin, Jean, Recueil
d’expressions et de mots québécois – Volume 2, Québec :
Broquet, ISBN :
978-2-89654-109-6, 640 p. 29.95 $
Fort de l’expérience acquise à
la rédaction de son premier livre, l’auteur vous suggère une nouvelle aventure
dans le monde des mots anciens de notre patrimoine québécois. Cette fois-ci,
grâce aux recherches faites dans les années 1960-1970 sur l’ensemble du
territoire québécois (Est du Canada) par Gaston Dulong et Gaston Bergeron et la
Société du parler français au Canada (1902-1962) et surtout à la mise en place
d’un site Internet facilitant la recherche des mots inventoriés subventionné
par le Bureau de la recherche de la Faculté des lettres de l’Université Laval
(1998-1999), il nous est permis de retracer de vieux mots avec facilité,
d’authentifier leurs usages selon les régions mais aussi d’en connaître les
variations de sens.
Chemin faisant, les références à
des ouvrages divers se font plus nombreuses ce qui enrichit notre connaissance historique
et étymologique des substantifs, verbes et expressions explorés. La forme
littéraire diffère quelque peu du premier tome : elle se distingue
principalement par plus de références aux auteurs québécois, par la présence de
la carte géographique du Québec avec ses termes répertoriés en fonction des
régions et finalement, par la présentation de mots plus rares dans l’usage actuel
de la langue.
Le sujet y est traité avec la
même passion que son livre précédent. Son voyage fait en France en 2007 juste
avant l’édition de son dernier livre l’a remis en contact avec ses sources
françaises.
Réal-Gabriel Bujold : Si
l’auteur y présentait surtout « Pommes de lune », c’est davantage de « LA DÉFORME
SCOLAIRE » que nous avons parlé et que je vous présente ici, vu mes
intérêts pour l’éducation, une question hautement sociopolitique!
Ce livre raconte les aventures
d’un enseignant au primaire. Il se veut à la fois un témoignage troublant de
ses trente-six années dans un monde de femmes et une critique acerbe du système
scolaire tel qu’on le connaît aujourd’hui.
Bujold, Réal-Gabriel, 2005, LA DÉFORME SCOLAIRE, Rosemère (Québec) : nouvelle optique,
Collection Circonstances, ISBN: 2-89396-270-x, 199 pages, 21.95 $
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Patry,
Sylvie, 2009, RENOIR AU XXe SIÈCLE, France:
Découvertes Gallimard/Réunion des Musées Nationaux (imprimé en Italie par
Zanardi Group), 48 pages, ill., rel., sous couv. ill., 120 x 170 mm. Collection
Hors série à l occasion de l’exposition RENOIR
AU XXe SIÈCLE présentée aux Galeries nationales du Grand Palais à Paris du
23 septembre 2009 au 4 janvier 2010, ISBN 9782070337446, 8,40 € : http://www.gallimard.fr/
Commentaires de Michel Handfield
(6 novembre 2009)
Petit
poids lourd, c’est la première chose que j’ai remarquée alors qu’il était
encore dans l’enveloppe. Quand j’ai ouvert, j’ai compris : les pages se
déplient parfois en 4/4 pour faire paraître des reproductions de 23,5 X 32 cm alors que ce livre en fait à
peine 12,5 X 17,5! Comme ce livre ne fait qu’environ 1 cm d’épaisseur (1),
c’est dire que la qualité du papier y est pour quelque chose dans le poids. La
qualité de la gravure, elle, y fait quelque chose pour le plaisir de l’œil, car
c’est un livre d’art avec une impression de qualité. Le texte est clair, concis
et intéressant. On apprend, ainsi, que :
« (…) les tableaux de Renoir et de ses amis
Monet, Pissarro, Cézanne, Morisot ou Sisley, peinent à s’imposer au Salon
officiel. En réaction, ils organisent en 1874 une première exposition
indépendante, suivie de sept autres. Leur peinture libre et esquissée est
qualifiée par dérision d’ « impressionniste ». Dès la fin
des années 1870 toutefois, Renoir se détache d’un mouvement dont il remet en
cause la stratégie et le style. »
Cet extrait est tiré de la
section « Le commencement d’un
triomphe », car ce livre n’est pas paginé, mais divisé en sections.
Suivant
cette section, nous avons « Une famille en peinture », où on
apprend que les principaux sujets de Renoir sont ses proches; « Nouveaux cercles, nouveaux amateurs »,
où on apprend cette fois que Renoir à pris ses distances face au courant
impressionniste, mais a conservé « des
contacts avec ses amis de jeunesse ». Je dirais que Renoir est devenu
Renoir! On parle ensuite de la « nouvelle
manière de Renoir »! Cette manière, c’est la vie! Il peint sa femme,
ses enfants, la « Boulangère »,
une comédienne, mais en les retravaillant. « C’est le peintre qui fait le
modèle » comme le dit si bien le titre de cette 4e section.
À 67 ans, « il s’installe dans la maison des Collettes à
Cagnes-sur-Mer, non loin de Nice. » Après des années à Paris et en voyage!
L’auteur parle donc d’ « Une
nouvelle Arcadie »! (2) Artiste, il expérimentera différentes
techniques et d’autres formes d’art, comme la sculpture par exemple. « Le don de la décoration, le goût de
l’expérimentation », c’est Renoir, même si c’est un Renoir moins connu!
De son temps, il fera aussi des nus au début du XXe siècle comme pour bien
d’autres peintres. Mais, il les placera en plein air. La femme, symbole des la
nature, s’y mariera dans une célébration de la vie et de la beauté. C’est le
« Testament : nus et odalisques »,
qu’il laissera! Il aura marqué son temps et ceux qui le suivront. Picasso le
consacrera « Le « pape de la
peinture » », titre de la dernière section de ce livre d’art!
Si ce livre donne le goût de voir l’exposition, ce qui n’est
pas possible pour tous, il est aussi un concentré de celle-ci pour ceux qui
n’ont pas la chance d’aller à Paris, comme moi qui demeure à Montréal! Une
excellente idée-cadeau pour ceux qui aiment Renoir par exemple, qu’on vous
l’offre ou que vous vous l’offriez vous-même, car on n’est jamais mieux servi
que par soi-même! Si vous ne le trouvez pas en librairie, il y a certainement
moyen de le commander par internet.
Notes :
1. Mesures approximatives
que j’ai prises avec une règle!
2. Selon Wikipédia on
parlerait d’une utopie, d’un lieu idéal; pastoral et harmonique! Voir :
http://en.wikipedia.org/wiki/Arcadia_(utopia)
http://fr.wikipedia.org/wiki/Arcadie_(poésie)
Arrière de couverture
On
oublie souvent que Renoir, né en 1841 et devenu l'une des grandes figures de
l'impressionnisme des années 1870, continua d'être un peintre actif et admiré
au début du XXe siècle : cinq ans avant sa mort en 1919, alors qu'il est riche
et célèbre, il déclarait « commencer à savoir peindre ». Les dernières années
de Renoir se caractérisent en effet par un profond renouvellement de sa
peinture et un goût constant de l'expérimentation, qui le conduit vers de
nouvelles techniques comme la sculpture. Renoir invente une peinture conciliant
la référence à la tradition, de l'Antiquité au XVIIIe siècle en passant par
Titien ou Rubens. Peintre de figures, comme il aime à le proclamer, il explore
un nombre limité de thèmes et place le nu féminin à la source de toutes les
audaces : libération de la couleur, affranchissement des règles de l'anatomie
et de la perspective, au profit d'une nouvelle Arcadie inspirée du Sud de la
France. Cette nouvelle manière lui vaut l'admiration de nouvelles générations
d'artistes, tels Matisse, Picasso, Maillol ou Bonnard qui, pour certains, font
le pèlerinage à Cagnes-sur-Mer, près de Nice, où Renoir est installé une partie
de l'année. Ils y saluent un homme courageux et un peintre libre, moderne et
classique tout à la fois.
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DES PAS DANS LA NEIGE de
Maryse Letarte
Commentaires de Michel Handfield
(3 décembre 2009)
Cette année j’ai demandé une copie de
presse de ce CD de Maryse Letarte, car je regrettais de ne pas l’avoir fait
l’an dernier. Et, pourquoi ne l’avais-je pas demandé? C’est que je ne suis pas
très disque de Nowel! Mais, je l’ai regretté quand j’en ai entendu des extraits
à la radio.
Mon commentaire sera donc bref pour
une rare fois: NE VOUS PRIVEZ PAS DE CE PLAISIR!
Ma blonde aime la tonalité et la
musique. Elle trouve qu’il s’écoute bien!
Moi, je l’aime parce que c’est un album intelligent et contemporain dans
le texte. Ainsi, « Entre Noël et le
jour de l’an » est poétique. Par contre « Ô traineau dans le ciel » est plus social. Les premières
lignes donnent le ton :
Ô
traineau dans le ciel
N’oublie
pas l’essentiel
Ô
traineau dans le ciel
Puis,
on peut penser à la surconsommation du temps des fêtes, où on court pour
acheter des cadeaux en oubliant l’essentiel : que c’est une fête
relationnelle que l’on a transformée en une fête de la consommation comme si
l’argent, qui fait tourner le système, pouvait aussi acheter le bonheur!
Nos
cœurs vidés en rage
Nous
font courir en fou
Comme
des souris en cage
Qui
font tourner la roue
Cet album nous change de certaines chansons de
Nowel un peu trop sirupeuses à mon goût. Ici, on est dans l’intelligence en
douceur et en émotion. Ça passe bien comme un bon cognac après la dinde. On en
conserve le goût et l’arome longtemps en tête. C’est mieux que du sirop! C’est
de la tarte que nous sert Maryse!
Ce CD de Noël est maintenant disponible en
format 33 tours. Le recueil de
partitions est aussi disponible pour ceux qui veulent chanter en famille, en
groupe en cœur ou a capella!
Communiqué annonçant la sortie 33
tours de cet album
Maryse
Letarte, une fée des étoiles pas comme les autres!
Montréal, 17 novembre 2009 – Tout le monde se
souvient de la révolution provoquée par la sortie du disque DES PAS DANS LA
NEIGE, l’année dernière à pareille date. Plus de 10,000 copies vendues en
quelques semaines, ont confirmées l’enthousiasme général. Tous se sont entendus
incluant les plus rébarbatifs « combattants
anti-musique-de-Noël » pour vanter la beauté et l’originalité de ce disque
composé de chansons et de musiques de Noël inédites.
Au moment de créer cet album, Maryse fixait sur
disque dur les notes du piano familial, dans l’espoir d’immortaliser le son de
son ancien ami en acajou. Il ne manquait plus au plaisir d’écouter ce disque
irrésistible que celui de tenir entre nos mains, la belle et grande pochette du
vinyle. Et parce que DES PAS DANS LA NEIGE est résolument un disque de Noël
d’aujourd’hui et de demain, le téléchargement gratuit de la version MP3 est
inclus à l’achat du format 33 tours. Quand les traditions se marient au moderne
!!!!
Aussi, à l’initiative des éditions « Chant de
mon Pays », on retrouve maintenant les chansons du disque DES PAS DANS LA NEIGE
réunies en un recueil de textes et de partitions. Une confirmation
supplémentaire que les chansons de Noël inédites de Maryse Letarte sont déjà
des classiques.
Notez qu’après avoir été nommée dans la
catégorie «Album de l'année - Populaire»
au dernier Gala de l’Adisq, Maryse est nommée dans la catégorie «Auteur-Compositeur de l'Année Francophone»
aux Canadian Folk Music Awards qui se tiendront à Ottawa, le 21 novembre
prochain.
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SORTIE EN MAGASIN DU DEUXIÈME ALBUM DE MIN RAGER « FIRST STEPS »
Montréal, le lundi 19 octobre 2009
Le label
montréalais Effendi Records est fier de vous annoncer la sortie du deuxième
album de la pianiste Min Rager, intitulé « First Steps ».
Disponible en
magasin et sur les plateformes de téléchargement (Itunes, Zik.ca, Emuzic), dès
le mardi 27 octobre 2009 (Distribution Select).
Min Rager
est, sans aucun doute, une des pianistes de jazz les plus prometteuses au
Canada. Ce nouveau disque confirme autant son talent pour la composition que sa
virtuosité pianistique. Elle s’est entourée ici de certains des meilleurs
musiciens de la scène jazz montréalaise et bénéficie de leurs grandes aptitudes
pour présenter une belle collection de ses propres compositions. Alternant
blues, ballades, hard bop et bossa-nova, Min Rager offre aussi dans ce deuxième
album de beaux hommages aux grands John Coltrane et Miles Davis. Chaque pièce
laisse place à des improvisations plus saisissantes les unes que les autres.
Une merveilleuse musique jouée par de grands musiciens!
« FIRST STEPS» (FND097)
Min Rager
- piano
Kevin
Dean - trompette
Donny
Kennedy - saxophone alto
Fraser
Hollins (2, 5, 6, 7) and Alec Walkington (1, 8, 9) - basse
André
White - batterie
Walt Weiskopf
- saxophone ténor (4)
Josh Rager - piano (10)
SORTIE EN MAGASIN DU PREMIER ALBUM DE JEAN-NICOLAS TROTTIER QUARTET
Effendi
Records est fier de vous annoncer la sortie du premier album en quartet signé
par le tromboniste Jean-Nicolas Trottier.
Disponible en
magasin et sur les plateformes de téléchargement (iTunes, Zik.ca, eMusic), dès
le mardi 27 octobre 2009 (Distribution Select).
Le
tromboniste Jean-Nicolas Trottier est un musicien très actif de la scène jazz
montréalaise. Après avoir sorti au mois de juillet dernier un album avec le
Jean-Nicolas Trottier Big Band, dont il est le compositeur, arrangeur et chef
d’orchestre, il présente ici un premier album en quartet. Ce disque est le
fruit de plus de deux ans de travail : une période de création mais aussi
d’exploration et d’apprentissage ayant pour but de mettre en avant la liberté
d'improvisation, les jeux de textures et les formes diverses. Un résultat des
plus originaux qui saura sans doute vous plaire!
Outre les
formations qu’il a fondées, Jean-Nicolas Trottier a joué avec de grands
ensembles tels que le Montréal Jazz Big Band, Trombones Actions, le quintet de
jazz ID, et aussi les big band de Joe Sullivan, Vic Vogel, Lorraine Desmarais
et Alain Caron. Il a également travaillé en tant qu’arrangeur entre autres pour
Ariane Moffat, Amylie Boisclair, Patrick Watson et DJ Champion.
« JEAN-NICOLAS TROTTIER QUARTET» (FND094)
Jean-Nicolas Trottier – trombone
Alexandre Côté – saxophones alto & soprano
Sébastien Pellerin – contrebasse
Michel Berthiaume – batterie
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(Ciné, Théâtre et quelques annonces d’événements)
Notre section ciné et théâtre est dédiée à
la mémoire de Gilles Carle (31 juillet 1928 - 28 novembre 2009), dont la
fiction cinématographique contenait une bonne part d’observation. L’œil avisé saura y voir une fine critique sociale
et politique!
D’Evelyne
de la Chenelière (création inédite!)
Mise
en scène d'Alice Ronfard
DU
17 NOVEMBRE AU 12 DÉCEMBRE 2009
Durée
du spectacle : 1 h 50 sans entracte
DISTRIBUTION
: David Boutin /
Sophie Cadieux / Violette Chauveau /
Francis Ducharme / Jacinthe Laguë /
Hubert Proulx / Yves Soutière
/ Erwin Weche
Une pièce peut en cacher une autre. Ève,
romancière, écrit un roman. Léo, son fils, est le narrateur du roman. Est-ce le
vrai Léo qui se souvient vraiment du souper d’amis après lequel ses parents
l’ont conçu – ou bien est-ce le Léo fictif écrit par sa mère? Par contre, pas de
doute, c’est la vraie mère écrivaine qui demande à son vrai fils de signer le
roman à sa place : un jeune, une nouvelle voix, ça marcherait tellement
mieux...
Mais, la vie est une femme et la vie n’a que
faire des romans. Et ici, la vie s’appelle Justine, la fille d’Ève, et elle est
un cauchemar. Un vrai. Peut-être le pire.
Derrière le personnage d’Ève et ses angoisses
d’écriture, il y a nous tous qui ne savons plus très bien ce que devrait être
une femme, un homme, un enfant, une famille, tiraillés que nous sommes entre
désirs et discours, entre la soif d’inconnu et la nostalgie, entre les idées du
temps et l’éternité humaine. Ève voudrait donner forme à la vie pour la
contenir dans les courbes élégantes de ses phrases, mais sa vie coule entre ses
mots comme l’eau entre nos doigts.
Avec son théâtre moqueur au regard grave,
Evelyne de la Chenelière, l’auteure des rafraîchissantes Fraises en janvier,
fait enfin son entrée au TNM, guidée par une metteure en scène d’une
exceptionnelle sensibilité à l’univers féminin : Alice Ronfard. Pour porter ce
texte où les émotions ne sont jamais celles qu’on attend, elles ont rassemblé
une distribution idéale d’artistes rompus aux jeux entre sincérité et ironie où
l’on distingue, pour donner toute sa complexité au personnage d’Ève, la
singulière et inventive Violette Chauveau et, pour jouer son fils à
l’insondable mémoire, Francis Ducharme, à la jeunesse fougueuse.
Rédaction
Paul Lefebvre
ÉQUIPE
DE CONCEPTEURS : Simon Carpentier / Éric
Champoux / Yves Labelle
/ Ginette Noiseux /
Jacques-Lee Pelletier / Bethzaïda Thomas /
Rachel Tremblay / Gabriel Tsampalieros
Commentaires de Michel Handfield
(1er décembre 2009)
J’ai attendu une semaine avant de débuter mon
texte, car j’avais pris tellement de notes que je voulais l’oublier pour voir
l’essentiel : l’histoire!
Pour la petite histoire, c’est celle d’une
auteure qui fait passer son fils pour l’auteur, car cela vend mieux. Mais,
cette histoire vient-elle vraiment d’elle ou raconte-t-elle la vision que son
fils a de leur vie familiale, c’est à dire ses souvenirs et son interprétation.
Alors, qui est l’auteur de l’histoire? L’écrivain ou le conteur que l’écrivain
a mis en livre? (1) On est dans l’imposture ou la position de l'écrivain!
Tout au long de cette pièce, on voyage sur le
sens métaphysique de la littérature même si on est dans la petite histoire :
celle d’une famille, où la mère est écrivaine! La petite histoire avec ses
peines et ses misères, comme celle de voir sa fille prendre une route sur laquelle
on n’aurait pas voulu la voir s’engager. Mais, elle l’a choisie. C’est donc une
histoire de famille qui fait son possible, mais qui ne peut tout contrôler
comme toutes les familles. Ce qu'on fait n’est pas que le fruit de nos
influences parentales, mais celui de toute une série d’influences, dont les
amis, les médias et la rue! La culpabilité, elle, est bien parentale :
qu’est-ce que j’ai manqué avec cet enfant?
Sous le prétexte de la mère écrivaine, cette
pièce parle aussi du complexe culturel québécois, car on se fait souvent croire
qu’on est un peuple de génies! C’est là
l’occasion d’une certaine critique sociale et historique. Comme cette critique
des idéologies, dont le féminisme, par le regard critique sur les valeurs
transmises aux enfants et leurs limites, car ils se font aussi leurs propres
valeurs. Comme sa fille qui a choisi de
servir les hommes…
Comme cette pièce va et vient sur les mêmes
sentiers de différents angles et points de vue, on peut parler d’un théâtre
situé au point de jonction entre psychologie et ethnométhodologie (2), car on
construit, déconstruit et reconstruit la réalité pour la comprendre. Cela peut
parfois laisser quelques spectateurs pantois, comme à la fin, où le dernier
repas semble irréel avec ce qu’on a vu auparavant. C’est qu’elle s’est créée sa
famille parfaite, dans sa tête du moins! À moins qu’elle n’ait inventé une
famille dysfonctionnelle dans son roman, car plus vendeur qu’une famille sans
histoire! L’imposture, finalement, elle est où? Dans la signature ou dans
l’histoire? Comme pour le film basé sur des faits réels, mais dont on ne peut
dire qu’elle est la part de la réalité et de la fiction? Et, si la fiction
était plus intéressante que la réalité? Ou, si la réalité dépassait la fiction?
Image ou réalité; vérité ou marketing? La culture est aussi un produit qui doit
se vendre comme tous autres produits! On est alors dans la critique culturelle!
Pièce urbaine, car cela pourrait facilement se
passer sur le Plateau Mont-Royal, elle critique une certaine imposture
médiatique, car ce qu’on voit à la télé, soit les parties vidéo de la pièce,
sont présentées et, surtout, perçues comme étant la réalité. Mais, à mesure que
la pièce avance on comprendra que ce peut aussi être une imposture. En fait, le
théâtre, les médias et le roman, tous des sujets de cette pièce, pigent dans la
réalité pour la reconstruise à leur façon. (3) Alors, qu’elle est la réalité de
cette pièce, jouée sur trois niveaux : celle jouée sur scène, soit disant
la réalité de leur vie; celle des entrevues
télévisuelles (les extraits vidéo)
qui disent la vérité; ou, finalement, celles qui réfèrent au roman, qui est soi-disant autobiographique? Peu importe la position, on reconstruit
l’histoire finalement! Il faut donc se méfier : la vérité pourrait être
partout et nulle part. Comme en science, où on ne peut jamais dire d’une chose
qu’elle est vraie, mais tout simplement qu’elle n’est pas fausse… jusqu’à
preuve du contraire! C’est la différence avec les idéologies cependant, qui,
elles, affirment détenir la vérité absolue sans autres preuves que la foi!
Notes :
1.
Je n’ose dire en mots, car le conteur met aussi la vie en mots!
2. Pour ceux qui ne savent pas ce qu’est
l’ethnométhodologie, le nouveau petit Robert (édition électronique 2007) en dit
«
Courant critique de la sociologie qui analyse les faits sociaux à
partir de l'observation du déroulement des actes quotidiens. » Pour
ceux qui veulent en savoir plus, je conseille de lire COULON, Alain, 1987, L'ethnométhodologie, France: P.U.F.,
col. « Que sais‑je? ». Dans
cette veine, je conseille aussi, pour aller plus loin dans la compréhension
culturelle comme matériel social, la lecture de Mattelart, Armand, et
Neveu, Érik, 2003, Introduction aux
Cultural Studies, Paris : La Découverte, col. Repères.
3. On pourrait
aussi y ajouter le cinéma.
---
A l’affiche le 20 novembre
Après
Un baiser s’il vous plaît, Emmanuel
Mouret est de retour avec Fais-moi
plaisir, qu’il a aussi écrit et
réalisé. Rappelons que ses films Vénus et
Fleur et Changement d’adresse ont
respectivement été présentés en 2003 et 2006 à la Quinzaine des Réalisateurs du
Festival de Cannes. Le film sera présenté en ouverture du festival Cinémania le
5 novembre, avant de prendre l’affiche le 20 novembre.
Outre
Emmanuel Mouret, Fais-moi plaisir met
en vedette Judith Godrèche, Déborah François, Frédérique Bel, Dany Brillant et
a profité de la participation amicale de Jacques Weber.
Ariane est persuadée que son
compagnon Jean-Jacques fantasme sur une autre femme. Pour sauver son couple,
elle lui demande d’avoir une aventure avec celle-ci pensant qu’il s’agit du
meilleur remède pour le libérer. Lorsque Jean-Jacques se rend chez cette femme
qu’il connaît à peine, il ne sait pas encore qu’il s’agit de la fille du
Président de la République…
Originaire de Marseille Emmanuel Mouret réalise un
premier court-métrage à l’âge de dix-neuf ans, avant de monter à Paris. Il se
lance dans le cinéma en commençant comme assistant régie et mise en scène pour
divers films publicitaires, il prend également des cours d’Art Dramatique au
Conservatoire du IXe arrondissement à Paris. S’étant plongé dans
l’écriture au travers de manuels, il est reçu à la FEMIS dont il sort diplômé
en 1998 en section réalisation. La même année, il tourne le moyen-métrage Promène toi donc tout nu. Avec Fais-moi plaisir, il signe son 5e
long-métrage.
Fais-moi
plaisir est
distribué par K-Films Amérique et prendra l’affiche dans plusieurs salles au
Québec dont, avec sous-titres anglais, au Forum. Il a aussi ouvert Cinémania.
Commentaires de Michel Handfield
(15 novembre 2009)
On est dans une comédie romantique qui joue sur la différence entre
l’amour au masculin et au féminin. Il y a là une porte largement ouverte à
nombre de qui-propos! Cela nous place dans une comédie psycho-philosophique si
on ne prend que le dialogue, mais on est dans une comédie de situation au
niveau du non verbal. J’ai souvent pensé aux films de situations des années
1930; à l’époque de « Laurel et
Hardy »! De grands bouts, je me sentais comme dans un ancien film
muet, où le non verbal disait tout! Cela prend un excellent jeu, car c’est
l’émotion, le regard et le geste qui fait passer le contenu. C’est
particulièrement le cas quand on suit Jean-Jacques hors de son milieu, soit chez la fille du Président de la République,
et qu’il perd tous ses moyens en même temps que tous ses repères!
Un film sur le désir et la rétention (sociale,
sexuelle et psychologique) qui se situe au point de jonction entre la
philosophie et le théâtre de variété!
---
LA FLÛTE ENCHANTÉE de
Wolfgang Amadeus Mozart
30 ANS ET ENCORE L’ENCHANTEMENT !
Salle
Wilfrid-Pelletier, Place des Arts
7,
11, 14, 16, 19 novembre 2009 à 20 h & 21 novembre 2009 à 14 h
Genre :
Singspiel (opéra comique)
Structure : En deux actes
Langue : En allemand avec surtitres français et
anglais
Livret : Emanuel Schikaneder (d’après Lulu ou la flûte enchantée de Christoph
Martin Wieland)
Création : Vienne, Theater auf der Wieden, le 30
septembre 1791
Production : San Francisco Opera
Dernière
production à la compagnie
: mars 2003
PréOpéra - conférence sur l’œuvre, donnée par le musicologue Pierre Vachon
avant chaque représentation, à 18 h 45 (soirée) ou 12 h 45 (matinée), au Piano
Nobile de la PDA.
Tous
les opéras sont présentés en langue originelle, avec surtitres bilingues
projetés au-dessus de la scène.
Argument :
Le prince Tamino, menacé par un énorme
serpent, est sauvé par trois dames voilées. Arrive l’oiseleur, Papageno, qu, se
prétend être le sauveur. Pour son mensonge, il se fait poser un cadenas sur la
bouche par les dames. Celles-ci montrent à Tamino le portrait d’une jeune
femme, Pamina, fille de la Reine de la Nuit, et il s’en éprend aussitôt. La
Reine donne pour mission au prince de sauver sa fille, prisonnière de Sarastro,
le grand-prêtre d’Isis et Osiris. S’il y parvient, il pourra l’épouser.
Accompagné de Papageno, il se met à la
recherche du palais de Sarastro. Pour les aider dans leur combat contre les
forces maléfiques, le Prince a reçu une flûte enchantée alors que l’oiseleur a
reçu des clochettes magiques. Mais, la Reine de la Nuit se révèle être
l’incarnation du Mal et Sarastro un gardien du Bien. Tamino devra affronter de
nombreuses épreuves – garder le silence, traverser l’eau et le feu – avant de retrouver Pamina et d’être initié au culte
sacré. Quant à Papageno, il échouera sur la voie de la sagesse, mais trouvera
néanmoins sa Papagena.
ET LA MAGIE OPÉRA… j’en fus
témoin!
Commentaire de Michel Handfield
avec appui sur les documents reçus! (15 novembre 2009)
D'abord, le spectacle s’ouvre sur une large
plage musicale, mettant en vedette la musique de Mozart et l’orchestre. Dans la
fosse, l’Orchestre Métropolitain et le Chœur de l’Opéra de Montréal, dirigés par le Québécois Alain
Trudel. Mozart étant Mozart, c’est une occasion pour les amateurs de musique
classique d’oser l’opéra ne serait-ce que pour la musique! Après, l’opéra de
Montréal saura bien les séduire, surtout avec cette production. L’assistance a
d’ailleurs réagi plus qu’à l’habitude à cette prestation, car il y avait de
quoi de magique en commençant par les costumes et les décors de David Hockney. Ainsi, quand on a eu
droit aux animaux, il y eut des ha et des ho dans l’assistance! Le public a réagi
là et ailleurs, car la mise en scène venait chercher notre cœur d’enfant à bien
des endroits. Je dirais que cet opéra se situe quelque part entre le théâtre et le dessin animé! Puis,
les décors, nombreux, travaillés et parfois très colorés, participent à cette image de BD! Un opéra qui
pourrait ainsi servir à initier les jeunes. Le « casse noisette » de l’opéra de Montréal.
On a aussi donné un côté moderne au jeu. A
titre d’exemple, je pense aux clochettes
de Papageno, un genre de xylophone, parfois portées et jouées comme s’il
s’agissait d’une guitare électrique. Rien dans la démesure cependant, mais tout
dans la démarche artistique! On doit ici
remercier le metteur en scène canadien Kelly Robinson, rompu aux œuvres lyriques
et théâtrales, pour avoir ainsi mis en lumière l’univers fantastique et les
nombreux symboles que contient cette
œuvre. Quant aux éclairages, ils sont signés Anne-Catherine Simard-Deraspe.
La
Flûte enchantée met
en scène une distribution presque entièrement canadienne avec la soprano Karina
Gauvin dans Pamina; la soprano
colorature Aline Kutan dans la reine de la Nuit; le ténor John Tessier en Tamino; le baryton Aaron St-Clair
Nicholson en Papageno; et la basse Reinhard Hagen en
Sarastro dans la distribution de cette production du San Francisco Opera
reprise à Montréal.
Die
Zauberflöte
(« La flûte magique » ou « la flûte ayant un pouvoir d’enchantement
»), est un opéra comique en deux actes, donné en allemand sur un livret
d’Emanuel Schikaneder (1751-1812), acteur, metteur en scène et directeur du Theater auf der Wieden de Vienne. Il
programma plusieurs opéras de Mozart à son théâtre et c’est lui qui avait
convaincu le grand Wolfgang d’écrire la Flûte
enchantée pour son théâtre populaire de la banlieue de Vienne. Théâtre populaire, cet opéra l’est
aussi à la salle Wilfrid-Pelletier. Nous l’avons vu : l’enchantement des
spectateurs s’entendait dans la salle. Le jeu des chanteurs, les costumes et
les décors y sont tous pour quelque chose, car cet opéra est un beau tout!
Conte symbolique, baignant dans un univers
féerique et fantastique avec le Prince; l’oiseleur; la Reine de la nuit, déesse
du mal; et Sarastro, le grand-prêtre
d’Isis et d’Osiris et aussi gardien du Bien. À souligner la prestance de Reinhard
Hagen dans ce rôle de Sarastro. La Flûte enchantée est donc un conte
symbolique entre le bien et le mal; les hommes et les femmes! Sous des airs de
conte de fées, on pénètre dans la symbolique psychosociale, avec des hommes qui
se disent chevaleresques, mais qui sont rarement aussi braves qu’ils ne le
prétendent, et des femmes qui les manipulent sans en avoir l’air! On y découvre
que la séduction peut être une arme terrible quand elle sait aiguiser le désir.
On peut facilement être aveuglé par une belle image! Le Prince le fut par
l’image de Pamina, fille de la Reine de la Nuit, de laquelle il s’éprit
aussitôt qu’il la vit comme on l’est encore d’une voiture, d’un portable ou
d’un jean que les publicitaires savent présenter comme étant in! Comme on est
dans une société de l’image (1), cet opéra nous touche profondément.
C’est ainsi que nos braves partent à
l’aventure sans savoir de quoi il en retournera, sur une simple image et une
promesse de bonheur! On manipule encore les hommes ainsi aujourd’hui, avec une image de la beauté féminine et la promesse d’une poitrine généreuse et
réconfortante! Combien tombent encore pour un peu de silicone, et pas des
moindres? Même des manipulateurs
aguerris de promesses vides, comme des politiciens, tombent encore sous
le pouvoir de ces charmes féminins reconstruits! Ce n’est pas pour rien que
certaines femmes se font siliconer, car elles en usent comme d’une arme de
Pouvoir; parfois de destruction massive!
Mais, si les hommes tombent pour les charmes
charnels féminins, les femmes ne se portent plus dans l’espoir d’avoir un homme
attentionné et romantique! Le beau parleur est souvent roi au rayon de la
séduction! Méfiez-vous alors des rusés de l’amour et de la finance, car ils se
ressemblent et n’en ont que pour votre bien! A leur profit bien entendu. C’est
là que cette phrase prend tout son sens :
« Si tous les menteurs avaient un cadenas sur
bouche, l’amour et l’harmonie régneraient enfin! »
La séduction c’est le « baratinage » chez l’homme et le
fardage chez la femme. Des armes différentes pour une lutte de pouvoir dont
l’enjeu est finalement de trouver l’amour. Autrefois, on aurait parlé d’amour
véritable dans le but d’accomplir leur destinée, soit se reproduire et assurer
leur descendance. Aujourd’hui, c’est quelque peu différent. Ce peut toujours
être cela, mais l’amour se décline en plusieurs produits maintenant, allant de
l’amour pour le plaisir, l’amour d’un soir, à l’amour romantique d’une vie!
Mais, le rêve de l’amour d’une vie est toujours enfoui quelque part dans nos
subconscients et c’est ce qui vient tant nous chercher dans cet opéra.
Le prince Tamino passera finalement toutes les épreuves, par
Otis et par Osiris, avant d’enfin trouver Eros! Mais, ces épreuves sont autant
une initiation pour atteindre la belle que pour le faire devenir un homme digne
de mériter sa princesse. Bref, la Flûte enchantée, une représentation
symbolique du passage à l’âge adulte. De quoi intéresser le public adolescent
aussi.
DISTRIBUTION :
Tamino
John
Tessier, ténor (Canada)
Sur
les scènes internationales de l’opéra, du concert et du récital, John Tessier
retient l’attention et s’attire des éloges pour la beauté et la franchise de sa
voix, son style raffiné et sa grande polyvalence. Il a travaillé sous la baguette
de plusieurs chefs renommés et paru sur des scènes prestigieuses telles le New
York City Opera, l’Edmonton Opera, l’Austin Lyric Opera,
l’Opéra de Québec, le Glimmerglass Opera, le Calgary Opera, le Vancouver Opera,
Opera Lyra Ottawa, l’Arizona Opera, l’Opéra de Montréal et l’Opera Company of
Philadelphia. Au cours de la saison 2008-2009, il s’est produit notamment dans
les rôles d’Almaviva (Le barbier de
Séville) au English National Opera, le Pilote (Le vaisseau fantôme) au Royal Opera House-Covent Garden, ainsi que
Tamino (La flûte enchantée) à Opéra
Lyra Ottawa. Dernière présence à l’OdM : Don Giovanni (2007)
Pamina
Karina
Gauvin, soprano (Canada)
Karina
Gauvin impressionne tant les spectateurs que les critiques avec son timbre
somptueux, sa musicalité et la grande étendue de son registre. Son répertoire
va de Jean-Sébastien Bach à Luciano Berio. Parmi les moments forts de sa
carrière figurent le Requiem de
Mozart et le Magnificat de Bach avec
le Chicago Symphony, la Messe en si
mineur de Bach au Carnegie Hall, Iole (Hercules)
avec l’Akademie für alte Musik de Berlin, Eurydice (Orphée et Eurydice) avec Les Violons du Roy, de même que le
rôle-titre d’Alcina avec le Gabrieli
Consort. Elle a remporté des Prix Juno en 2001 et 2003, pour ses enregistrements
de Silete venti / Apollo e Dafne et
du Requiem de Mozart ; par
ailleurs, son Ariadne sur étiquette
CPO a été en nomination pour un Grammy Award en 2006. Dernière présence à
l’OdM : Les pêcheurs de perles
(2008)
Papageno
Aaron St.
Clair Nicholson, baryton (Canada)
Cet artiste de premier plan a recueilli des éloges
pour ses dons vocaux et pour l’intégrité dramatique de ses interprétations. Au
cours des dernières saisons, il fut plus particulièrement remarqué pour les
rôles de Schaunard (La bohème) et Papageno (La flûte enchantée) au Metropolitan
Opera, Figaro (Le barbier de Séville) au
Glimmerglass Opera, Don Giovanni à
l’Opéra de Montréal et au New York City Opera, et Valentin (Faust) au
Vancouver Opera. En 2008-2009, il a chanté Athanaël (Thaïs) au Pacific Opera Victoria, Frédéric (Lakmé) et le
Comte (Les noces de Figaro) au
Florida Grand Opera ainsi que Figaro (Le barbier de Séville) au Calgary Opera. Ses
engagements pour 2009-2010 : le Pirate King (Pirates of Penzance)
au Edmonton Opera, le Comte Almaviva (Le
nozze di Figaro) à Vancouver et Ping (Turandot)
à Opéra Lyra Ottawa. Dernière présence à
l’OdM : Le barbier de Séville (2008)
La Reine de la nuit
Aline Kutan, soprano
(Canada)
Faisant
carrière à la fois en Europe et en Amérique, elle est étroitement associée aux
rôles de Lakmé et de la Reine de la nuit (La
flûte enchantée), rôles qu’elle a chantés dans des compagnies comme l’Opéra
d’Avignon, l’Opéra de Toulon, l’Opéra de Montréal, le Michigan Opera Theatre, l’Opéra de Tours, le New York City Opera et
l’Opéra de Québec. Elle a aussi à son répertoire Zerbinetta (Ariane à Naxos),
qu’elle a chanté au Théâtre du Capitole de Toulouse, au Teatro San Carlo de
Naples et à l’Opéra de Montréal, Olympia (Les contes d’Hoffmann) à
l’Opéra Royal de Wallonie et au Grand Théâtre de Genève, une Fille-Fleur (Parsifal)
à l’Opéra de Paris-Bastille et Semele (Europa riconosciuta) à La Scala. Dernière présence à l’OdM : Le Gala (2007)
Sarastro
Reinhard
Hagen, basse (Allemagne)
Reinhard Hagen est en train
de devenir rapidement un pilier de quelques-unes des plus grandes maisons
d’opéra et des meilleurs orchestres. Les moments forts de sa carrière
comprennent entre autres Sarastro (La
flûte enchantée) aux opéras de Hambourg et de Munich, au Teatre Liceu de
Barcelone, au Los Angeles Opera, à l’Opéra National de Paris-Bastille et au
Metropolitan Opera ; Rocco (Fidelio)
au Festival de Glyndebourne, au Dallas Opera et au San Diego Opera ;
Fasolt (Das Rheingold) et Hunding (Die Walküre) au San Francisco
Opera ; et enfin le Roi (Aida)
au Metropolitan Opera. Il est à l’aise également au concert et dans les
studios, ayant enregistré notamment Sarastro sur étiquette Erato et plusieurs
cantates de Bach pour la marque DGG Archiv. Débuts à l’OdM
Chef d’orchestre
Alain
Trudel (Canada)
Alain
Trudel jouit d’une réputation de musicien hors-pair. Chef titulaire du CBC
Radio Orchestra et principal chef invité du Victoria Symphony Orchestra, il est également
le chef du Toronto Symphony Youth Orchestra, en plus d’être directeur musical
et chef de l’Orchestre symphonique de Laval. Il a été invité à diriger de
nombreux orchestres ici et ailleurs, parmi lesquels le Toronto Symphony
Orchestra, le Vancouver Symphony Orchestra, l’orchestre du Centre National des
Arts, Les Violons du Roy, l’Orchestre Métropolitain, le City Chamber Orchestra
of Hong Kong, l’Orquestra Sinfonica de Guatemala, le Tokyo Metropolitan Chamber
Orchestra, le Northern Sinfonia au Royaume-Uni et l’Orchestre de Saint-Pétersbourg.
Débuts à l’OdM
Metteur en scène
Kelly Robinson (Canada)
Directeur du programme
« Opera as Theatre » et directeur du théâtre du Centre d’art de
Banff, Kelly Robinson mène une carrière
qui couvre l’opéra, le théâtre, le cinéma et la télévision. Parmi ses
réalisations, on note Les pêcheurs
de perles, Eugène Onéguine, The Turn of the Screw et La Cenerentola, à Edmonton, Victoria, Calgary, Winnipeg et
Vancouver, de même que les premières mondiales de Filumena et Frobisher à
Calgary, en plus de remarquables productions de The Sound of Music et Guys
and Dolls au Festival de Stratford. Aux États-Unis, il a dirigé des
productions très applaudies de La flûte
enchantée, La bohème et La belle Hélène pour des maisons d’opéra
à Dallas, en Utah, à Portland et en Arizona. Débuts à l’OdM
Décors et costumes
David
Hockney (Royaume-Uni)
L’œuvre de David Hockney
comprend des tableaux, des portraits, des photographies, des illustrations pour
des magazines, des livres, des films et des vidéos, mais aussi plusieurs
célèbres séries de gravures et d’autres créations réalisées avec l’aide de
l’ordinateur. Il commence à créer pour la scène en 1986, réalisant des décors
et des costumes pour le Royal Court Theatre de Londres. Il a conçu des
productions de The Rake’s Progress,
La femme sans ombre, L’enfant
et les sortilèges, La
flûte enchantée, Tristan und Isolde, Le rossignol et
Les mamelles de Tirésias pour
de nombreuses compagnies incluant Glyndebourne, le Royal Opera House, le
Metropolitan Opera, le Lyric Opera de Chicago et le San Francisco Opera. Débuts
à l’OdM
Éclairages
ANNE-CATHERINE
SIMARD-DERASPE (Canada)
Au théâtre, elle a conçu les éclairages pour Les fourberies de Scapin (Théâtre
Denise-Pelletier), Le caillou de saturne
(Théâtre du p'tit loup), Le père Léonidas
et la Réaction (Montreal Arts Interculturel), Ce fou de Platonov (Théâtre Prospero); Molière en hiver
(Bain St-Michel) et Théâtre sans animaux (Théâtre La Licorne) À l’opéra, elle a
réalisé les éclairages pour Il
tabarro/Suor Angelica (Opéra de Montréal, 2006) et était assistante aux
éclairages pour Thaïs (Palm Beach Opera). Directrice technique et conceptrice pour I
Musici de Montréal, elle est présentement directrice technique au Centre d'Arts
Orford. Dernière
présence à la compagnie : Lucia di
Lammermoor (2009)
Note :
1. Victoroff, 1978, La publicité et l’image, Paris : Denoël/Gonthier, coll. Médiations
Hyperliens :
La flûte enchantée :
http://fr.wikipedia.org/wiki/La_Flûte_enchantée
Mozart :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Mozart
David
Hockney (en anglais) : http://en.wikipedia.org/wiki/David_Hockney
Emanuel
Schikaneder : http://fr.wikipedia.org/wiki/Emanuel_Schikaneder
Theater auf der Wieden : http://fr.wikipedia.org/wiki/Theater_an_der_Wien
Isis:
http://fr.wikipedia.org/wiki/Isis
Osiris : http://fr.wikipedia.org/wiki/Osiris
Eros :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Eros
Mythologie Grecque (en
anglais): http://en.wikipedia.org/wiki/Greek_mythology
---
La donation de Bernard Émond
www.youtube.com/watch?v=QXufTrPG8uA
À
l’affiche le 6 novembre
Présenté en première québécoise au Festival du
Cinéma International en Abitibi-Témiscamingue le 31 octobre, La Donation de
Bernard Émond, prendra l’affiche à travers le Québec le 6 novembre prochain.
Ce film, 3e volet de la trilogie de Bernard
Émond sur la foi, l’espérance et la charité, a reçu trois prix au 62e Festival
de Locarno : le Prix Don Quichotte remis par la Fédération internationale des
ciné-clubs – International Federation of Film Societies (FICC / IFFS), le 2e
prix du Jury Jeunesse et le Prix Qualité et environnement. Il a été sélectionné
au TIFF et sera bientôt projeté au Festival International du Film de Pusan
(Corée du Sud).
Élise Guilbault reprend le personnage de
Jeanne qu’elle interprétait dans La Neuvaine, premier film de la trilogie de
Bernard Émond. Pour ce rôle, elle a obtenu le Jutra 2006 de la meilleure
actrice tout comme elle obtenait le Jutra 2002 pour son interprétation dans La
Femme qui boit, également réalisé par Bernard Émond.
Produit par Bernadette Payeur de l’ACPAV, le
film met aussi en vedette Jacques Godin. Se joignent à la distribution Éric
Hoziel, Françoise Graton, Angèle Coutu, Monique Gosselin et Sylvain Marcel.
Le docteur Rainville, un vieux médecin de
campagne très attaché à ses patients, doit prendre sa retraite et cherche un
remplaçant. Jeanne Dion, une urgentologue de Montréal, accepte de venir le
remplacer à Normétal pendant quelques semaines, mais elle ne pense pas demeurer
plus longtemps dans ce village éloigné du Québec. Normétal est un village sur
le déclin, dont la seule entreprise majeure, une mine, a fermé il y a trente
ans. La vie y est difficile et le rapport avec les patients, beaucoup plus
intime que celui qu’a connu Jeanne à l’urgence d’un grand hôpital. À la mort du
vieux médecin, Jeanne doit décider si elle reste ou non au village et si elle
accepte une responsabilité qui l’engage bien au-delà de ce qu’elle entrevoyait.
La production du film a bénéficié du support
de Téléfilm Canada et de la SODEC, avec la participation du Fonds Harold
Greenberg et de COGECO. Il a été produit grâce aux programmes de crédit d’impôt
fédéral et provincial, à la collaboration de Radio-Canada, de Super Écran et au
partenariat de Technicolor.
Les Films Séville distribue le film au Canada
et à l’étranger.
Commentaires de Michel Handfield
(15 novembre 2009)
L’histoire du pays, c’est une lutte contre la
nature. On l’a sorti de la forêt. Maintenant que les jeunes quittent pour
travailler en ville ou dans les mines, le bois reprend le terrain perdu et les
terres redeviennent en friche. (1)
On est dans une histoire de vies et
d’arrière-pays, soit celle d’une région que l’on a littéralement fait sortir du
bois suite à la crise économique des années 1930, mais qui y retourne peu à peu
depuis que le processus de mondialisation de l’économie est amorcé; processus
qui condamne les petits marchés, mais aussi les régions qui dépendent de
ressources en perte de demande ou fortement concurrencées par de nouveaux
joueurs étrangers sur les mêmes marchés. C’est le cas de
l’Abitibi-Témiscamingue, car elle fut construite sur des ressources naturelles
– mines, forêt et agriculture – qui ont
été durement frappées par la crise actuelle (2), exception faite de l’or. L’action du film se passe à Normétal, ville
dont la mine fut fermée en 1975. (3)
Le médecin du coin doit maintenant prendre une
vacance, voir sa retraite, et demande
donc un remplacement par le biais des petites annonces de la revue de
l’association médicale. Jeanne, que l’on a vu dans « La neuvaine »,
premier film de cette trilogie, décide de quitter son urgence de Montréal pour
venir passer un mois à Normétal en remplacement du Dr Rainville. D’abord
médecin de la compagnie, il s’est enraciné, ayant littéralement mis au monde
une partie de ce petit hameau abitibien!
On découvre à la fois la grandeur et la
petitesse de ce coin de pays. D’abord, grandeur des paysages, mais aussi des
citoyens, car il fallait être fait fort pour sortir un village de la forêt.
Mais, aussi, petitesse, car on est dans de petites communautés où tout le monde
se connaît. Une forme de promiscuité, ce qui fait qu’il est parfois difficile
de s’affirmer; d’être autrement! Cela peut être étouffant et susciter une forme
d’asphyxie psychosociale, car on manque d’air pour se déployer! Peuvent
s’ensuivre des états dépressifs, de l’alcoolisme ou des polytoxicomanies peu
importe l’âge. Ce sont des cas pour le docteur de la place qui les connaît
comme si c’étaient ses enfants. Une forme de proximité que ne connaît pas une
urgentologue de la grande ville.
On navigue entre la grandeur et beauté
des paysages, mais aussi le manque de ressources pour les citoyens, parfois la
misère. Pas grand chance d’aller à l’opéra ou au théâtre. Mais, à la chasse,
si!
Si Jeanne décide de rester, car le docteur
Rainville aimerait bien prendre sa retraite après ce mois de vacances, ce
serait une forme de don de sa personne, car elle abandonnerait une part
d’elle-même en ville pour eux. Mais, elle recevrait aussi un don de la nature en retour, car la région
est d’une grandeur dont l’on n’a pas idée en ville. Ne serait-ce qu’elle offre
des horizons à perte de vue!
On peut cependant se demander si ces
régions ne sont pas comme un malade sous poumon artificiel : en voie de
disparaître. Mais, tout comme on voit littéralement l’urgentologue de la ville
s’incarner dans ce rôle, on peut croire qu’avec un coup de pouce, comme
l’internet à haute vitesse, ces régions pourraient en profiter pour se
réincarner. Cette technologie permettrait des échanges avec le monde et une
renaissance de plusieurs de ces villages, car les gens qui y sont attachés, et
souvent débrouillards pour vivre dans ces régions éloignées, pourraient trouver
des façons d’utiliser ces moyens pour redonner une nouvelle vie à leur coin de
pays. Cela pourrait aller des cours à distance à la création de liens
d’affaires, car la région a des choses à offrir, mais le marché local ne lui
suffit pas! Avec l’internet, on a la
planète! La mondialisation économique ne doit pas être laissée que dans les
mains de quelques-uns, surtout qu’avec l’internet elle peut se démocratiser!
Aux entreprises peuvent s’ajouter des artisans, mais aussi des coopératives de
travail, modèle que l’on ne regarde pas assez souvent ici au Québec. Pourtant,
l’Abitibi en offre un excellent exemple avec la coopérative de Guyenne. (4)
Film austère diront certains. Mais, une
austérité comme on en voit dans les cathédrales : grandiose et parlante à
qui sait écouter le silence et regarder l’horizon! Il y a des fois où l’image
en dit davantage que des mots ne pourraient le faire. Quand on dit qu’une image
vaut mille mots!
Question sociologique : ce film nous
permet de voir l’organisation sur le terrain pour les professionnels de la
santé en région. Des milliers de km à parcourir; l’ambulance qui est parfois à
une demi-heure de route; et le travail qui doit être partagé entre le cabinet,
les visites à domicile, car la personne âgée n’a pas toujours les moyens de
prendre la route, et le travail d’urgence au centre de santé de la région, qui
peut être un multi ressources s’occupant à la fois des urgences,
d’hospitalisation et de soins de longue durée (hébergement). (5) Une vocation au
vrai sens du terme : Un don de soi.
Notes :
1.
Tout le monde a une idée d’une terre en friche, où les arbres repoussent; où la
forêt reprend du terrain. Mais, il y a aussi des zones urbaines en friche. Même
s’il s’agit d’une ébauche, la page Wikipédia sur le sujet est intéressante
comme explication de base : http://fr.wikipedia.org/wiki/Friche
2.
Abitibi-Témiscamingue :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Abitibi-Témiscamingue
3. « Normétal est située à la
limite Nord-Ouest de l’Abitibi, à 750 km de Montréal. Bâti autour d’une mine de
cuivre exploitée à partir de la fin des années trente et fermée en 1975, le
village comptait 2500 habitants à son apogée dans les années soixante. Ils sont
environ 1000 aujourd’hui. » (Notes de presse du
film)
Voir
le site de la ville pour tout l’historique : www.normetal.ao.ca
Autre
site à visiter sur la région : www.abitibi-ouest.net/
Voir
aussi les documentaires suivants, les deux premiers avec visionnement en
ligne :
Bernard
Gosselin, Pierre Perrault, 1975, Un
royaume vous attend, ONF, 109 min 55 s : www.onf.ca/film/royaume_vous_attend/
Desjardins
Denys, 2007, Au pays des colons,
ONF : 77 min 22 s: www.onf.ca/film/au_pays_des_colons/
Gilles
Groulx, Normétal, ONF, 1959, 17 min 23 s :
http://onf-nfb.gc.ca/fra/collection/film/?id=36
4. On peut ici penser à Guyenne en Abitibi,
ville coopérative. Voir :
www.mrcabitibi.qc.ca/chic.htm.
A lire, aussi: Laplante,
Robert, 1995, L'expérience de Guyenne,
Guyenne, Abitibi (Québec): Corporation de développement de Guyenne. Même si je
suis purement montréalais, j’avais eu du plaisir à lire ce livre il y a
plusieurs années. La raison de cette lecture pour le montréalais que
j’étais : mon implication dans le
mouvement du développement communautaire et mon intérêt pour les
coopératives. Si je suis moins impliqué, Societas Criticus oblige, j’ai
toujours de l’intérêt pour ces mouvements sociaux.
5.
Les images ont été tournées au CSSS des Aurores-Boréales à Macamic nous apprend
un blogue de la région :
http://chez-zoreilles.blogspot.com/.
---
DEMAIN DÈS L’AUBE DE DENIS DERCOURT
AVEC VINCENT PEREZ ET
JÉRÉMIE RENIER
À L’AFFICHE DEPUIS LE
30 OCTOBRE
Métropole
Films est heureuse d’annoncer la sortie du film DEMAIN DÈS L’AUBE, du
réalisateur français Denis Dercourt (Mes enfants ne sont pas comme les autres,
La tourneuse de pages). Présenté en Sélection officielle dans la section Un
Certain Regard lors du dernier Festival de Cannes, le film a été présenté dans
le cadre du 38e Festival du nouveau cinéma
et prendra l’affiche à Montréal le 30 octobre prochain.
La
relation de deux frères dont le plus jeune est passionné de batailles
historiques, au point d'être coupé de la réalité et de ne plus vivre qu'à
travers les jeux de rôles. À la demande de leur mère, Mathieu, l'aîné, va
tenter de sortir Paul de cet univers mystérieux et secret où la frontière entre
jeu et réalité n'existe pas toujours. Pour y parvenir, il n'aura d'autre choix
que d'y basculer à son tour...
Drame
psychologique se situant entre le réel et le virtuel, Demain dès l’aube aborde
le thème de l’addiction à travers un face-à face mettant en vedette Vincent
Perez (The Crow : la cité des anges, Fanfan la Tulipe), que l’on avait pas
vu au cinéma depuis près de cinq ans, ainsi que l’acteur fétiche des frères
Dardenne, Jérémie Renier (Le Silence de Lorna, L’enfant).
Commentaires de Michel Handfield (6 novembre 2009)
Dans
« L’âge des ténèbres », de
Denys Arcand, on a droit à quelques scènes médiévales, car il existe des
groupes qui vivent leur passion pour le passé comme un jeu de rôle. Jean-Marc,
pouvait trouver ça drôle…
Mais,
ici, dans « Demain dès l’aube », ce n’est plus drôle du tout. Cela devient
même dramatique, car on dépasse le jeu de la reconstitution historique, si
précise soit-elle. On fait plus que de recréer le passé : on le vit au
point d’être prêt à le réécrire, en partie du moins; mêlant l’histoire, ce
qu’on voudrait qu’elle soit et les acteurs. Les conflits du jeu deviennent des
conflits réels. Du révisionnisme hard
core, où les règles et les allégeances du passé prennent le pas sur la vie
d’aujourd’hui. Leur personnage devient si incarné qu’il prend leur place. Ils
sont littéralement des soldats de l’armée napoléonienne!
Enrégimenté
au point de tuer pour sauver l’honneur de leur Régiment et de Napoléon! Si
enrégimenté qu’il ne faudrait qu’un ordre pour essayer de renverser la
République s’ils le pouvaient! Ça se sent!
On dépasse le jeu pour entrer dans l’idéologie. À fond! On devient
facilement vulnérable à la manipulation
des supérieurs. Un monde dangereux où
suffirait d’un ordre pour que cette armée, qui se croie investie du devoir de
ramener l’histoire où elle aurait dû être selon eux, bouge! Leur rêve, pas si
cachée que cela : la fin de la République et le retour d’un régime
napoléonien! Investir Sarkozy des pouvoirs de l’empereur? Ça fait peur! Un film
d’Halloween pour amant d’histoire et de politique!
---
Deux films pour éclairer
nos débats actuels: Fausta et la journée de la jupe!
Commentaires de Michel
Handfield (23 octobre 2009)
FAUSTA
(LA TETA ASUSTADA)
Écrit
et réalisé par CLAUDIA LLOSA
www.youtube.com/watch?v=Sjvz2M-F1bM
A
l’affiche le 19 octobre
Pérou.
La mère, âgée, et Fausta se remémorent cette
histoire pour la nième fois. Ces hommes qui ont tué son père; ce viol
collectif; puis, on lui a fait manger le pénis de son mari, tout cela alors
qu’elle était enceinte. Fausta fut donc témoin de l’intérieur et, ensuite,
marquée par le « lait de la douleur »
(la teta asustada). Elle n’aurait pas
d’âme selon la croyance populaire, celle-ci s’étant cachée dans la terre pour
échapper à l’horreur. Alors, lorsque Fausta sera malade et ira à l’hôpital, le
médecin lui dira que « Ça n’existe
pas cette maladie. » Mais, la
croyance populaire est plus forte que le docteur!
Sa maladie : des tubercules dans le
vagin, car elle s’y est inséré une pomme
de terre qui y germe. Pourquoi ce geste : pour éloigner les hommes, car
ils seraient dégoûtés s’ils voulaient la violer comme ils l’ont fait à sa mère.
« Seule la répulsion éloigne les
répugnants » dit-elle.
Film intéressant, car il met en lumière
certaines problématiques. D’abord, les blessures qui se transmettent de
génération en génération. On peut facilement imaginer ce que ce peut être dans
les Balkans ou au Moyen-Orient, où il y
a des conflits plusieurs fois centenaires, quand ils ne sont pas millénaires.
Pensons au conflit israélo-palestinien. Reconstruire la confiance n’est pas une
affaire d’années, mais de générations!
Ensuite, si la vie n’est pas facile, imaginez
ce qu’elle est avec les mythes et les peurs en plus, transmis d’une génération
à l’autre alors qu’il faudrait les surmonter pour reconstruire. On est alors
dans un monde marqué par les croyances et une absence de confiance même si le
présent a changé, ce que son oncle lui dit d’ailleurs! Il est sûr que les
traumatismes d’un conflit récent ou de conflits subséquents laissent des traces
dans le pays. Ce qu’il faut, c’est de l’éducation.
Le problème, c’est qu’on transporte parfois,
et même souvent, ces stigmates ailleurs; en immigrant par exemple, comme si on
ne pouvait pas quitter totalement ce qu’on fuit! C’est comme si on s’y
attachait. Cela devient alors notre « culture »
et on la revendique, ce qui nous amène à parler d’un tout autre film : la
journée de la jupe!
« LA JOURNÉE DE
LA JUPE » de Jean-Paul Lilienfeld
Mettant
en vedette ISABELLE ADJANI
www.youtube.com/watch?v=MSs2R2ymjLQ
À
L’AFFICHE DÈS LE 23 OCTOBRE
« J’ai
passé les 18 premières années de ma vie à Créteil. Les cités, la mixité sociale
et ethnique étaient mon quotidien. J’y retourne régulièrement voir ma mère. Je
sais ce que c’était, je vois ce que c’est devenu. J’ai eu envie de parler de ce
qui m’avait permis d’en sortir et qui ne sert plus à ça aujourd’hui : l’école. »
Jean-Paul Lilienfeld, réalisateur. (Notes de presse)
France,
une cité! Ce pourrait être Créteil (1), cité du réalisateur.
Un jour, Sonia Bergerac, interprétée par
Isabelle Adjani (2), trouve un revolver
chargé dans le sac d’un de ses élèves et, la situation dérapant, les prend en
otage. Ils vont cesser de la faire chier et vont enfin écouter ce qu’elle a à
leur dire! Tout y passe : les conflits interpersonnels, ethniques et
adolescents, parfois entremêlés en classe et à l’école. Ces règles du respect
qu’on n’écoute plus, car elles ne sont pas de notre culture!
On examine ici le dérapage multiculturel (3),
car si la société d’accueil peut faire preuve de racisme, qu’en est-il du racisme
envers la société d’accueil? Puis, des racismes entre groupes ethnoculturels et
religieux qui se côtoient à l’école et dans la rue? Des préjugés et des
racismes parfois importés d’ailleurs! Qui en parle?
S’il y a un racisme réel, voire structurel, il
y a aussi une forme de racisme utilitaire qui sert de couverture ou de
laissez-passer pour tout faire sous la menace d’accusations gratuites de
racisme! Un racisme utile à qui sait s’en servir pour se couvrir ou atteindre
ses fins. Un racisme comme une arme tranchante!
Les systèmes, en capitulant par peur
d’accusations de racisme, mettent toute la
responsabilité sur les subalternes et les citoyens qui ne sont pas
nécessairement outillés pour faire face aux problèmes. Comme ces systèmes ne
jouent plus leur rôle d’intégrateur, la société pourrait ne devenir qu’un
agrégat de groupes vivants chacun dans sa culture et dans son coin. Si la
communication ne passe plus entre tous les citoyens, c’est un peu la mort
cérébrale du corps social qui arrive! Des cités, des régions et même des pays
qui deviennent les dortoirs de peuples disséminés sur la planète. Comme on
exporte du fer ou du blé, certains pays exportent des gens, souvent une
main-d’œuvre à bon marché pour ailleurs.
Le maghrébin, le juif, le québécois, le parisien, le londonien,
l’haïtien et le sicilien vivant ailleurs demeurent tous branchés sur la culture
et les coutumes de leur pays d’origine même s’ils sont voisins dans un nouveau
pays. (4) Ils restent de plus en plus attachés à l’origine par les réseaux de
communication moderne (l’internet, la télé et la radio ethnique), peu importe
où ils vivent sur la planète. Ils
écoutent ainsi leurs chaînes nationales ou des chaînes ethniques qui diffusent
dans leur pays d’accueil. Les pays deviennent comme d’immenses dortoirs pour
une main-d’œuvre locale;
délocalisée/relocalisée; ou en mouvement! Seuls les pauvres n’ont pas
vraiment le choix de quitter ou de rester! Ils peuvent rester là faute de
moyens, mais on peut aussi les expulser ou les déporter ailleurs, dans une
autre région par exemple.
A l’école, la culture nationale est ainsi de
plus en plus en concurrence et de moins en moins commune; remplacée par la
culture et les croyances des parents, que celles-ci soient ethniques ou religieuses, mais aussi par la
culture médiatique et commerciale! Elle
est transmise par les parents; les amis; l’internet; la télé; la musique et les
clips; la radio; des livres fondateurs, comme la Bible ou le Coran, mais aussi
des romans et les médias écrits pour ne nommer que ceux-là. L’école n’est plus
le principal vecteur de transmission de
la culture. En fait, si les parents pouvaient choisir à quelle classe leurs
enfants pourraient assister,
c'est-à-dire dans la culture de leur choix, il n’est pas certain que
tous assisteraient aux classes régulières de leur région, ce même s’ils en sont à la deuxième, troisième
ou quatrième génération sur le sol national. Certains parents choisiraient des
classes de la même origine ethnoculturelles qu’eux alors que d’autres choisiraient une culture
qu’ils jugent plus positive que la culture nationale ou que la leur; une
culture qui leur permettrait une mobilité sociale ou géographique supérieure
par exemple! Certaines écoles privées, notamment religieuses,
plurilinguistiques ou avec un programme international ou scientifique de niveau
supérieur, jouent en partie ce rôle pour les parents plus fortunés! Cependant,
avec les nouvelles technologies, bien des parents pourront faire ce choix de la
maison s’ils ne le peuvent déjà. Plutôt que de voir leurs enfants devant la
télé conventionnelle, on les placera devant un cours interactif, diffusé du
pays d’origine ou d’un autre pays, sur un réseau câblé ou par internet. On en
est là! L’école subit maintenant la concurrence de la mondialisation, mais on
ne lui donne pas toujours les moyens de l’assumer.
Avec le temps, les enfants devenant adultes,
ils pourront ne conserver ou ne choisir que ce qui leur plaira dans cet
éventail qui s’offre à eux, la culture devenant de plus en plus un choix individuel
comme pour tout autre produit. On parlera alors de profil individualisé!
Remarquez que cela a aussi du bon, mais on devrait pouvoir en discuter
collectivement. Savoir si un tronc commun est nécessaire pour poursuivre un
projet social ou national. Un vivre ensemble!
Ce mouvement n’a pas commencé aujourd’hui. Il
était déjà bien entamé il y a une décennie. (5) Comment revenir alors au sens
de la communauté? Puis, peut-on vraiment y revenir dans un monde qui parle de
plus en plus d’individualités et de mondialisme? Où est passée la communauté
entre ces deux extrêmes? Assiste-t-on à la fin des nations et au retour de
l’État-cité dans un monde continentalisé et mondialisé? Avec une Afrique unie, nous nous en approcherions certainement! (6)
C’est
donc un film à voir et à discuter. En classe, dans les groupes communautaires,
dans les lignes ouvertes… Un film que je
recommande aussi à l’Assemblée nationale et à la Chambre des communes dans leur
ensemble! Aux juges aussi. S’il ne peut être vu par tous, il devrait être vu
par le plus grand nombre. Si on veut des débats de société, ce film soulève les
questions qu’il faut.
Notes :
1.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Créteil
2.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Isabelle_Adjani
3. Pour ceux que cette question
intéresse, il faut lire FINKIELKRAUT, Alain, 1987 [1989], La défaite de la pensée, France: Gallimard, coll. Folio Essai.
4.
Ils demeurent parfois attachés aux idées du passé national qu’ils ont quitté,
mais qui n’est plus la réalité de leur « nation », car elle peut
avoir changé avec le temps. Un double décalage alors, de temps et d’espace.
5. Sur ce sujet, même si ce livre date, je
vous conseille la lecture de Bauman, Zygmunt, 1999, Le coût humain de la mondialisation, Paris: Hachette
Pluriel.
6. Claude Lévesque, L'entrevue -
Plaidoyer pour des États unis d'Afrique (Entrevue avec Alpha Oumar Konaré, homme d'État et
intellectuel africain), in Le Devoir, Édition du lundi 19 octobre 2009 : www.ledevoir.com/2009/10/19/272361.html
Rappel de quelques textes de
Societas Criticus sur le sujet :
Les
accommodements… et les croyances! (Dans ce même numéro de Societas Criticus)
Michel
Handfield, rédacteur-coéditeur de Societas Criticus, Mémoire sur les accommodements à la lumière de la démocratie et de la
science, in Societas Criticus, revue
de critique sociale et politique, Vol. 9 no. 6, Essais
Michel
Handfield, Le feu n’est pas pris! Ou
commentaires autour des débats actuels sur l’accommodement raisonnable à la
lumière d’Incendies de Wajdi MOUAWAD (France : Actes Sud et Québec : Leméac,
96 pages), Societas Criticus, revue de critique sociale et politique, Vol. 9
no. 2, Essais
Annexes :
FAUSTA (LA TETA ASUSTADA)
Synopsis
Fausta, très belle jeune
femme péruvienne, est atteinte du syndrome de « La teta asustada », transmis
par sa mère qui vient de mourir. L’oncle qui les héberge exige de Fausta
qu’elle parte enterrer sa mère au village natal et finance les funérailles.
La jeune femme, introvertie
et sauvage, devient employée de maison chez une célèbre concertiste, à qui elle
va redonner l’inspiration en lui chantant des poèmes en quechua. Cette
rencontre est pour Fausta un premier pas vers sa libération …
Le contexte de « La teta asustada »
Entre les années 70 et 90,
le Pérou a traversé une des périodes les plus noires de son histoire. Pendant
plus de 20 ans, des milliers de femmes, victimes des violences de la guerre,
ont gardé le silence. Ces crimes ont laissé des blessures et des traumatismes
indélébiles, non seulement dans leurs âmes, mais aussi dans celles de leurs
enfants, qui ont hérité de leur terreur.
«La teta asustada » est une
maladie qui se transmet par le lait maternel. On dit que les enfants sont nés
sans âme parce que leur âme se serait cachée dans la terre pour échapper à
l’horreur.
Fausta n’a pas vécu la guerre,
mais a été témoin du viol de sa mère et du meurtre de son père depuis le ventre
maternel.
La guerre est maintenant
finie et plus personne ne lui fera de mal, pourtant elle est effrayée par tout
ce qui l’entoure. La mort soudaine de sa mère l’oblige à affronter ses peurs et
le secret qu’elle cache à l’intérieur d’elle-même : une pomme de terre qu’elle
s’est introduite dans le vagin, sorte de bouclier protecteur pour repousser
ceux qui oseraient la toucher.
FAUSTA raconte la quête de guérison de Fausta, un voyage de la peur vers
la libération.
LA JOURNÉE DE LA JUPE :
Axia Films est heureux d’annoncer la sortie du
film LA JOURNÉE DE LA JUPE de Jean-Paul Lilienfeld. Quatrième long métrage de Lilienfeld, le film
a été présenté au dernier Festival de Berlin dans la section Panorama. Mettant
en vedette Isaballe Adjani et Denis Podalydès, le film a suscité beaucoup
controverse en France, mais a eu un très beau succès critique et public.
Jean-Paul Lilienfeld, habitué à aborder les
thèmes du racisme et de la mixité offre ici à Isabelle Adjani son premier rôle
au grand écran depuis 2003. Inspiré des émeutes de 2005 dans les banlieues en
France, Lilienfeld brosse un portrait de la complexité des rapports entre
élèves et professeurs, du durcissement des positions de chacun et du recul des
relations entre garçons et filles. Adjani retrouve ici enfin un personnage à la
mesure de son talent.
---
Trois films vus au Festival du Nouveau Cinéma 2009
Claude Demers /
Canada / 2009 / 87 min. / couleur / français
Que
ce soient ses chansons ou les émissions qu’il a animées à la télévision, elles
connaissent bien sûr tout par cœur. Leur hystérie les soirs de concerts n’a
d’ailleurs rien à envier à celle du public des Rolling Stones. Mais pour « ces
dames en bleu », Michel Louvain est bien plus qu’un simple chanteur. Un ami, un
confident, un fantasme même. Héros du 3e âge, icône kitsch, l’homme à la
peignure et à la mise toujours impeccables leur a fait tourner la tête pour de
bon. À la limite de l’obsession. Mais là où certains en auraient profité pour
les observer avec un mépris distancié ou les transformer en objets de raillerie
condescendante, Claude Demers (Barbiers – Une histoire d’hommes) choisit avec
intelligence la voie de la tendresse pour nous faire rencontrer plusieurs de
ces fans qui suivent, depuis ses débuts dans les années 50, l’un des artistes
québécois les plus populaires, encore aujourd’hui. Bourré de documents d’archives,
dévoilant l’intimité de Louvain autant que de ses groupies, ce documentaire
prenant, que le cinéaste a dédié à sa mère, est un film extrêmement touchant,
sensible et généreux qui, à cause d’un regard, nous fait, à notre tour, tomber
amoureux de ces Dames en bleu. | Helen Faradji
Commentaires de Michel Handfield (22 octobre 2009)
SON
public! « C'est comme si on avait 16
ans. On est a veille d'enlever nos p’tites culottes! » Le film parfait
pour comprendre la psychosociologie des « fannes », car ce sont
surtout des dames qui le suivent, certaines depuis leur adolescence à la fin
des années 50 ou au début des années 60! Il a commencé en 1957; 52 ans de
carrière! Des passions de jeunes filles qui se sont poursuivies. Il y en a même
une, Nicole je crois, qui a des photos de Michel dans sa chambre, car il est de
la famille! Si son mari n’avait pas accepté, c’eut été une grosse discussion,
sinon une cause de divorce! C’est « comme
un amour d’enfance qui est resté malgré la vie! »
Quant
aux hommes que compte son public, ce sont très majoritairement des hommes qui
suivent leur femme! Ils ont par contre appris à l’aimer…
Le
public fait le show dans ce film. Les fans seront comblés de toute manière.
S’il aime son public, on réalise toutefois qu’il n’a plus 20 ans. Parfois, il
est fatigué, car ses fans exigent beaucoup de lui : des photos; des
orthographes; de le toucher; de lui parler…
Ce peut être long après ses spectacles, mais il se prête encore au jeu.
J’ai par contre eu l’impression que des fois c’est trop. Il aurait le goût de
dire « Assez! Pépère est
fatigué. » Mais, il se retient, car son public l’aime et il se sent
l’obligation de leur faire plaisir, car, il les fait encore rêver. Des
jeunesses avancées où il y avait autrefois des « jeunesses d’aujourd’hui »!
Ce
film a un côté ethnologique sur le vieillissement, car à travers ces dames et
les quelques hommes qui les accompagnent on a droit à des histoires de vies de
dames allant de la quarantaine, pour la
plus jeune, à 90 printemps pour la plus âgée, mais représentatives du public
que Michel Louvain attire depuis des
décennies. Un portrait d’une tranche de population dont on parle souvent, mais
qu’on voit peu : le vrai monde! On a
droit ici à leur sagesse, parfois touchante, parfois « kétaine », selon certains milieux
du moins, de ce groupe hétéroclite, car à part leur amour de Louvain, il y a
des différences entre eux. Un film qui donne cependant la chance à ces gens de
s’exprimer sur un pan de la culture populaire : leur culture!
L’époque
Louvain est d’ailleurs représentative d’une culture qui est en train de
disparaître depuis la fin du théâtre des variétés! Reste un certain type de
théâtre d’été qui ne disparaîtra pas
complètement avec ce public, mais qui
diminuera certainement vu le multiculturalisme; l’éducation; la
connaissance et la comparaison
grandissante avec ce qui se fait ailleurs, notamment à cause des moyens de communication
modernes; et une offre de plus en plus éclatée, surtout avec les nouveaux
moyens de diffusions qui permettent déjà d’assister à un opéra diffusé en
direct (ou en différé) au cinéma. Demain, ce sera aussi le théâtre ou des
artistes de variété qui pourront rejoindre ainsi plus de spectateurs dans des
zones où il n’est pas rentable de monter leur spectacle autrement, car certains
spectacles exigent une masse pour être rentables, vu leur coût, ce que le
Québec ne peut pas toujours offrir. Cette suroffre entraînera certainement un
réaménagement de l’offre culturelle globale. Pour ces raisons, il serait
intéressant de faire un autre documentaire sur le théâtre d’été avant que ce
genre ne disparaisse lui aussi. Un pan de la culture populaire à documenter
pour les générations futures…
Parlant
de legs aux générations futures, quelque chose transcende cependant les âges chez
les artistes, notamment quand on voit Michel Louvain travailler avec des
groupes plus jeunes, comme les Porns
Flakes et les Lost Fingers, qui
ont d’ailleurs enregistré « La dame
en bleu » sur un de leurs albums : « Rendez-vous rose »! (Pour écouter cet extrait : www.youtube.com/watch?v=E3r37tPN_2g) Certains succès de la culture
populaire sont ainsi revisités et transmis à d’autres générations! Cela est
vrai de la chanson, mais aussi du cinéma et du théâtre par exemple.
Un
film qui peut être touchant, là où certains pourraient n’y voir que du
« kétaine ». Question du point de vue où on se place. Le cinéma est
toujours une question de point de vue d’ailleurs, que ce soit celui du
réalisateur, du public ou du critique.
www.sonyclassics.com/aneducation/
23 octobre au
cinéma AMC Forum dans sa version originale anglaise.
An
Education de Lone Scherfig a été présenté pour la première fois au Festival du
film de Sundance 2009, où il a remporté le Audience Award et le Cinematography
Award dans la catégorie World Cinema Dramatic Competition. Les critiques ont d’ailleurs surnommé
l’actrice Carey Mulligan la It Girl du Festival.
L’histoire
se déroule en 1961, avant l’émergence de la culture des folles années soixante
à Londres. Jenny, première de classe
âgée de 16 ans (Mulligan, qui en avait 22 au moment du tournage), désire
ardemment quitter sa vie ennuyeuse et voit l’université d’Oxford comme un moyen
de s’en sortir. Mais voilà que son
existence est bouleversée par l’arrivée d’un homme charmant (Peter Sarsgaard)
et plus âgé qu’elle qui va lui faire découvrir les cabarets et les voyages à
l’étranger.
Inspiré
des mémoires de la journaliste britannique Lynn Barber, le film –
magnifiquement tourné par John de Borman – dépeint une époque où le
Chanel N°5 et les cigarettes russes constituaient le summum du très
chic. Le film est une réalisation de la
Danoise Lone Scherfig (Italian for Beginners) d’après un scénario de Nick
Hornby, dont le livre An Education: The Screenplay est publié au Canada par les
éditions Penguin. La distribution comprend également Alfred Molina dans le rôle
du père borné de Jenny, Dominic Cooper dans celui de l’élégant ami de son
prétendant et Emma Thompson qui campe la
directrice d’école désapprouvant la situation.
An Education est
distribué au Québec par Métropole Films Distribution.
Commentaires de Michel Handfield (22 octobre 2009)
Pour
se distinguer, dans ce milieu conservateur, Jenny écoute « Sous le ciel de Paris » de Juliette
Greco et rêve de Paris. « Sweet
sixteen », elle tombera sous le charme quand un jeune adulte la « cruisera », car il a les moyens de
la faire rêver. Il la sortira dans les clubs de jazz et l’amènera même à Paris.
La belle vie et la vraie musique! Paradoxalement, un an plus tard (1962) les
symboles musicaux de la contestation mondiale de la jeunesse seront
Britanniques, avec les Beatles et les
Rolling Stones qui tournent encore. Le
blanc et le noir; les bons et les mauvais garçons! Mais, on est en 1961 :
un an avant cette révolution britannique et planétaire de la musique!
Les parents ne seront d’abord pas très chauds
à l’idée de voir leur fille fréquenter un homme de quelques années de plus
qu’elle, mais il saura séduire la mère pour enlever le père de ses jambes. On
la verra passer d’adolescente à femme dans ses bras, puis ce sera le réveil,
car elle comprendra qui il est et ce qu’il fait dans la vie. Elle sortira de sa
naïveté et reprendra sa vie en main. Ce n’est cependant pas donné à tous, il
faut bien le dire. Brillante, elle pourra revenir dans la voie qui était la
sienne.
Film intéressant qui montre que la vie
peut parfois glisser sur un événement. A voir pour l’histoire, car elle est
bien contée, mais aussi parce que c’est une bonne leçon sur ce qu’est la
manipulation. On peut d’ailleurs tous tomber sur des manipulateurs un jour, car
il y en a de tous les genres et dans toutes les sphères de la société; pas
juste en politique ou en affaire comme on tend trop souvent à le croire,
influencé que nous sommes par les médias qui traquent surtout ceux-là. Mais, il
y a aussi des manipulateurs du cœur, à l’école ou à l’église! Des gens qui
savent accrocher les bons sentiments pour en tirer un avantage indu! « An education »… pour s’en prémunir!
Lars von Trier /
Italie, Pologne, Allemagne, Danemark, France / 2008 / 104 min. / couleur / anglais
“In any
case, I can offer no excuse for Antichrist. Other than my absolute belief in
the film – the most important film of my entire career.” Lars
Von Trier
À
la mort tragique de son enfant, une femme (intense et magnifique Charlotte
Gainsbourg, récipiendaire du Prix d’interprétation à Cannes pour ce film)
sombre dans la dépression. Son mari (Willem Dafoe), psychanalyste de renom,
prend lui même en charge le cas. Pour régler les choses, les deux s’isolent à
«Eden», chalet perdu au cœur d’une angoissante forêt. Et si les délires de la
jeune femme étaient prémonitoires et que le Mal était, maintenant, sur le point
de descendre sur notre monde? Réflexion sur la nature et les peurs naturelles
de l’homme, ce nouveau film de Lars Von Trier est un film d’horreur pur race
(attention à la scène choc qui à scandalisé Cannes). Rappelant Possession
(Zulawski) et Rosemary’s Baby (Polanski), il est aussi un hommage au cinéma
d’Andrei Tarkovsky. Un conte sauvage profondément angoissé, qui inclut
sorcières et satanisme, pensé pour être la psychanalyse personnelle d’un Von
Trier victime il y a deux ans d’une sérieuse dépression nerveuse. Un vrai film
de fou, donc… / Julien Fonfrède
Commentaires de Michel Handfield (22 octobre 2009)
Un
couple s’aime passionnément. Pendant qu’ils font l’amour, leur jeune enfant se lève, sort de sa couchette, se
promène, monte à la fenêtre de l’appartement et bascule. Leur vie a basculé en
même temps! Si monsieur s’en remet, sa femme ne s’en remet pas aussi
facilement. Psychanalyste, il prendra donc les choses en main. Mais, si près, est-il placé pour l’aider?
Cela n’accentuera-t-il pas plutôt leur drame?
Quand
il l’amène à leur maison d’Eden, isolé de tout, il découvre l’hypersensorialité
de son épouse, mais aussi des comportements pour le moins étranges de celle-ci.
Est-elle en dépression profonde ou possédé par des esprits du mal, car « la nature est l’église de Satan »
lui expliquera-t-elle un jour! Les fléaux, comme les ouragans, les tsunamis et
quelques autres ne viennent-ils pas de la nature d’ailleurs?
Tout
est remis en cause dans ce film, en commençant par l’image de douceur de la
femme, car ici on fait un parallèle entre femme et mère nature. La nature,
c’est féminin! Alors, si la femme trouvait un plaisir érotique dans la
violence? Mais, attention, pas par l’amour avec un « bum » ou un être
violent, car c’est elle qui sera violente avec lui! Et elle assume son désir de
violence. Pourquoi? Il essaiera de comprendre et on suivra cette quête…
On
est donc dans la psychose, les mythes et les mondes parallèles! Film
intéressant, mais pas pour tous. Film de
peur pour psy, intellos et gens avisés! Cœur sensible s’abstenir, car elle va
aller loin dans la torture même si on n’abuse pas de ces scènes. La salle a
d’ailleurs réagi à quelques occasions au Festival du Nouveau Cinéma même s’il
s’agissait d’un public de festival, donc avisé. On est dans l’attente du chaos.
Intéressant.
---
ABSURDISTAN
- sortie le 6 novembre, 2009
Rapport sur le 32e FESTIVAL DES
FILMS DU MONDE (Du 21 août au 1er
septembre 2008) in Societas Criticus,
Vol. 10 no. 5
(Du 5 août 2008 au 8 octobre
2008)
Allemagne - Azerbaïdjan /
Regards sur les cinémas du monde / 2008 / Couleur / 87 min
Réalisateur : Veit Helmer
Scénariste : Veit Helmer,
Zaza Buadze, Gordan Mihic, Ahmet Golbol
Photographie
: George Beridze
Montage
: Vicent Assmann
Interprètes : Kristýna
Malérova, Maximilian Mauff
Quelque part entre l'Asie et l'Europe s'étend
le village d'Absurdistan, un coin perdu ne comptant que quatorze familles. Au village,
le plus grand problème, c'est le manque d'eau. Mais les femmes trouvent que ce
sont les hommes, le vrai problème. Tout simplement parce qu'ils ne lèvent pas
le petit doigt pour remédier à cette situation. Amis d'enfance, Aya et Temelko
ont atteint l'âge où l'amitié s'est transformée en profonde affection. Sauf
qu'il n'est pas question qu'ils consument leur amour avant quatre années et
pour tout compliquer, il faudra qu'ils prennent un bain ensemble, selon la
tradition. Comment faire dans un endroit où l'eau est presque inexistante?
Veit Helmer
Né en 1968, Veit Helmer réalise des films
depuis l'âge de 14 ans. Il étudie la réalisation à l'Université du cinéma et de
la télévision de Munich et coproduit A TRICK OF LIGHT, de Wim Wenders. Il se
crée une réputation grâce à l'originalité de ses courts métrages pour lesquels
il obtient de nombreux prix dans divers festivals internationaux. Parmi ses
films, on retiendra: TUVALU (1999), GATE TO HEAVEN (2003).
Commentaires de Michel Handfield (10 septembre 2008)
Depuis la chute de l’URSS, ce village n’est
plus attaché à aucun pays. Libre! Oui, mais entravé aussi, car c’est la paresse
chez les hommes depuis qu’une tragédie a eu lieue alors qu’on voulait amener
l’eau au village. Des hommes sont disparus et, depuis, ceux qui restent ne font
rien pour remédier à la situation. L’eau arrive donc au goutte-à-goutte quand
elle arrive!
Les femmes tentent bien de les faire bouger,
mais de vraies têtes de mules que ces hommes. Elles iront jusqu’à la grève du
sexe. Heureusement qu’il y a Temelko, qui rêve d’Aya depuis si longtemps qu’il
bougera, car il n'est pas question
qu'ils consument leur amour avant de prendre un bain ensemble comme le veut la
tradition. Créatif et fantaisiste, on aura droit à quelques surprises de sa
part, ce qui donne un film à la fois
joli et divertissant! J’ai eu du plaisir même si j’ai pris très peu de
notes.
Rapport sur Mes rendez-vous québécois du cinéma 2009!
(section Documentaires)! in Societas Criticus, Vol.
11 no. 2, du 8 février 2009 au 2 avril 2009 - 22 mars 2009
Sortie
le 23 octobre au cinéma PARALLÈLE: 13h et 18h35. Anaïs Barbeau-Lavalette et Emile Proulx-Cloutier seront présents chaque jour aux séances de 18h35
pour échanger avec le public!
ANAÏS
BARBEAU-LAVALETTE, EMILE PROULX-CLOUTIER / vidéo / coul. / 75 min / 2008 /
v.o.f., s.-t.f. SCÉN. Anaïs Barbeau-Lavalette, Émile Proulx-Cloutier IMA. Anaïs
Barbeau-Lavalette, Émile Proulx-Cloutier, Philippe Lavalette, Katerine Giguère,
Carlos Ferrand MONT. Elric Robichon SON Martyne Morin, Anaïs Barbeau-Lavalette,
Émile Proulx-Cloutier MUS. Catherine Major PROD. Pierre L. Touchette –
Amérimage-Spectra DIST. Marc S. Grenier – Locomotion Distribution.
Les petits géants
raconte l’épopée de cinq enfants de cinquième et sixième année du primaire qui
participeront, avec 105 autres jeunes, à un projet inusité : élaborer, réaliser
et créer un spectacle musical inspiré de l’opéra Un bal masqué de Verdi
et y tenir des rôles devant plusieurs salles pleines à craquer!
ANAÏS BARBEAU-LAVALETTE
cumule à son actif de nombreux documentaires et courts métrages qui ont été
présentés dans des festivals internationaux. Son premier long métrage, Le
ring, a été particulièrement bien reçu par la critique. Elle travaille
actuellement sur un deuxième long métrage de fiction, Inch’Allah.
Émile Proulx-Cloutier réalise des courts métrages dont l’un a reçu le Jutra du meilleur court
métrage en 2005. Habitué du Festival international de Clermont-Ferrand.
Commentaires de Michel Handfield
Comme c’était la clôture des rendez-vous, on a
eu droit à une entrée par un chanteur d’opéra. C’est là qu’on voit que ce
théâtre, l’impérial, est sous-utilisé. Cette très belle salle pourrait nous
offrir plus que du cinéma : du théâtre, de la musique, voir de l’opéra!
Quant au film, il est fort intéressant. On est
dans le Sud-ouest (St-Henri) avec des conditions socioéconomiques et
familiales détériorées dans certains
cas. Cependant, chaque enfant à aussi
son caractère, issu en parti des parents, mais aussi influencé par l’entourage,
l’école, la télé… Alors, leur faire
découvrir un autre monde sera un plus
pour eux. C’est ce que ces jeunes de quelques écoles du primaire font grâce
à un projet particulier : monter un
spectacle musical, inspiré d’un opéra, avec la collaboration de l’opéra de
Montréal. L’année où ce film fut tourné, cet opéra fut le bal masqué de
Verdi. Découverte pour ces enfants dont c’est probablement le premier contact
avec l’opéra. Par la bande, c’est aussi élargir la culture au milieu, car les
parents et les voisins sont mis au courant. Ils assisteront d’ailleurs au
spectacle final à la polyvalente du quartier. Ces petits seront chez les grands
et, en quelque sorte, initieront les grands à une forme de grande musique.
Assez intéressant.
On ne peut que constater que les ambitions ne
sont pas les mêmes d’un enfant à l’autre. S’il y en a un qui veut être agent de
sécurité, car c’est un bon métier, un autre veut être le plus intelligent au
monde! Rien de moins! Alors « je
suis obligé de faire des efforts » dit-il! Par contre, même s’il a le
QI pour le faire, en aura-t-il les moyens? Être né quelques kilomètres plus au
nord (Westmount ou Outremont), il aurait par contre toutes les chances de son
côté. Le sociologue en moi voit ici la théorie de l’inégalité sociale à la
rencontre de la réalité, sauf que, avec de tels projets culturels, de nouveaux
espoirs sont permis. Il faudrait davantage de ses projets, surtout que cela a
un impact sur l’éducation; un tel travail nécessitant de développer ses
compétences en lecture, écriture et
mémorisation en plus de les motiver et de les responsabiliser, car le groupe
compte sur chacun d’eux. C’est donc une occasion d’apprentissage complet.
Un excellent documentaire sur une excellente
initiative. Les jeunes ont besoin de ce type d’activités, je crois. Nous aussi
d’ailleurs, car la jeunesse c’est l’avenir. Il faut donc leur donner plus de
chance de réussite avec des projets particuliers et une plus grande ouverture
de l’école sur le milieu et la culture, mais sans oublier la transmission du
savoir et des compétences premières qui constituent sa mission : leur
apprendre à lire, écrire et compter! Il en va de notre réussite collective. Une
copie de ce film devrait être envoyée à la ministre de l’Éducation.
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Documents à ne pas
taire! (Notre section documentaire)
www.icarusfilms.com/new2009/wns.html
48 minutes / color
Closed Captioned
Release Date: 2009
Copyright Date: 2009
Sale: $375
Commentaires
de Michel Handfield (6 novembre 2009)
« Wall street
is bankrupt! » Cela frappe, surtout qu’avec Wall street, c’est aussi les États-Unis qui semblent en
banqueroutes. Des gens perdent leur foyer, qui est aussi leur unique capital
dans bien des cas. On peut alors penser
à un autre documentaire du même distributeur : « We all fall down: The American Mortgage Crisis » (1).
Les problèmes des États-Unis signifient-ils la fin
de leur modèle économique? Certains supposent que oui. Trois experts nous
présentent donc chacun un modèle susceptible d’être la solution. Ensuite, un
trio d'experts en jugera et devra nommer un vainqueur. Quel devrait être le
modèle à suivre pour sortir les États-Unis du marasme?
Kishore Mahbubani, l’auteur de « The New Asian Hemisphere », nous
présente d’abord le modèle asiatique. C’est un finaliste à la feuille de route
impressionnante, surtout en matière de
développement économique : libre marché, résilience et bon
gouvernement. On y gère aussi une multitude culturelle. Mais, la liberté
individuelle n’est pas célébrée partout de la même manière! C’est à mettre au
rang des faiblesses.
Le second modèle est celui
du Brésil. Ce modèle nous est présenté par Marcelo Cortes Neri, directeur
du Centro
de Políticas Sociais (www.fgv.br/cps/index.asp) de l’Instituto
Brasileiro de Economia (www.ibre.fgv.br/). Ce modèle
est à la fois pro-commercial et pro-pauvres. Non pas un modèle à la Chavez,
mais à la Lula (2); soit pour le social, mais aussi pour le commerce et la
liberté d’entreprise. Une forme de libéralisme social contrairement au
libéralisme économique états-unien, où le gouvernement est parfois perçu comme
un ennemi du peuple; régime souvent proche de l’anarcho-capitalisme (3) selon
moi, ce dont les États-Uniens ne semblent pas assez conscients cependant!
Suffit de les regarder manifester contre toutes interventions de l’État, si
minime qu’elles soient, pour le comprendre! Seul son rôle policier et militaire
semble toléré, mais, encore, il ne faut pas toucher le droit des citoyens de
porter une arme! Les États-Unis pourraient donc apprendre de
ce modèle, ce que notent d’ailleurs des membres du jury!
Le Brésil m’a particulièrement touché, car il m’a
fait remonter à une vie antérieure alors que j’étais consultant sur un modèle
participatif de cellules de travail. Deux ans! J’avais assisté à l’époque à une
conférence de Ricardo Semler, président de Semco S.A., du Brésil (4), à l’hôtel
Hilton Bonaventure, où il présentait son modèle participatif! C’était le 25
novembre 1993! (5) Alors que la participation des employés dans
l’entreprise fut une mode ici, Semco fonctionne toujours selon ce modèle et a
vu son succès continuer! (6) Cette entreprise a
toujours conservé sa façon de faire selon ce que j’ai lu sur leur
site : The Semco way! (7)
Wouter Bos, ministre des finances néerlandais dans
une coalition, mais aussi chef du Labour
party, nous présente finalement le modèle européen. (8) Un modèle mixte de
libéralisme économique et politique, le marché poussant le gouvernement à
l’efficience! Un modèle d’équilibre et de « push » entre entreprises,
États et citoyens. Cependant, c’est un modèle continental, chaque pays ayant
accepté de perdre une part de leur souveraineté pour constituer un nouveau
palier de gouvernement supranational. Je ne crois pas que les États-Unis soient
prêts à perdre une part de leur souveraineté pour s’insérer dans un tel gouvernement continental de l’Amérique; de
toute l’Amérique! J’ai déjà plaidé pour un tel parlement (9), mais de là à le
voir bientôt ça me surprendrait. Il n’a pourtant fallu que 50 ans à l’Europe pour
le faire au sortir de la deuxième Guerre mondiale!
Les États-Unis ne prendront jamais une solution
venue d’ailleurs. Le jury, composé de
Willem Buiter, professeur au London School of Economics, Parag Khanna, du New
America Foundation's, et Amy Chua, professeure de droit à Yale, s’entendent
là-dessus. Ils assimileront cependant des parties de ces modèles qu’ils
trouveront intéressantes, pour se faire un « nouveau super modèle américain »! Espérons qu’ils regarderont aussi ce qui se
fait chez leurs voisins du nord, le Québec et le Canada, notamment en termes
d’assurances et d’assistance de l’État pour les citoyens. On ne peut se limiter
à ces trois modèles même s’ils sont intéressants. Le modèle de Rhénan devrait
aussi être considéré, car il s’agit d’un modèle de capitalisme social qui a déjà
fait ses preuves avant la mode du néolibéralisme. (10) Si Warren E. Buffett croit au retour des trains
(11), pourquoi ne pas croire au retour d’un capitalisme plus social à la
Rhénan?
Mais, peu importe le modèle, une mise en garde
s’impose : tous ne doivent pas s’engouffrer dans une copie conforme d’un
même modèle, car cela limite son efficacité, niant les particularités de chaque
région et leur créativité. Il faut toujours laisser place à l’innovation et à
la concurrence, car si le T-shirt « fit
all » est une belle invention, ce l’est d’abord parce que nous avons
aussi d’autres choix! Puis, comme les modes, les modèles peuvent se fader avant
de revenir au goût du jour. Dans les années 80, l’Émilie-Romagne fut un modèle.
(12) Qui en parle aujourd’hui? (13)
Le bien de ce film est
d’abord et avant tout d’ouvrir les yeux des états-uniens sur ce qui se fait
ailleurs, car il y a autre chose que l’American
way of life! Pour nous, non états-unien, il nous présente d’autres modèles
socioéconomiques et politiques. Si on entend parler de l’Europe et de l’Asie au
Canada, il est par contre plus rare d’entendre parler du Brésil comme d’un
modèle, car il est peu fréquent que l’on présente des pays du Sud et plus à
gauche comme des modèles de développement. Cela est donc rafraîchissant. Mais,
il faudrait peut-être aller plus loin et nous présenter des modèles de prise en
main locale, car « Think Globally,
Act Locally »! (14) Sujet d’un futur documentaire?
Notes :
1. www.icarusfilms.com/new2009/fall.html
2. Chàvez : http://en.wikipedia.org/wiki/Hugo_Chávez
Lula : http://en.wikipedia.org/wiki/Luiz_Inácio_Lula_da_Silva
3. Arnsperger,
Christian, et Van Parijs, Philippe, 2000, Éthique
économique et sociale, France : La Découverte/repères
Lemieux, Pierre, 1988, L'anarcho-capitalisme,
Paris: PUF, «que sais-je?»
5. Ricardo Semler avait écrit un livre à l’époque pour présenter son
modèle : Maverick,
1993, U.S.A.: Warner books.
6.
Deux références sur le sujet, mis à part le site officiel de Semco (note
4) :
http://en.wikipedia.org/wiki/Ricardo_Semler
www.duperrin.com/2007/05/24/il-ny-a-pas-que-la-pensee-unique-qui-permet-de-reussir/
7. The Semco Way:
www.semco.com.br/en/content.asp?content=3&contentID=605
8. http://fr.wikipedia.org/wiki/Wouter_Bos
9.
L’histoire se répète
dit-on! (Inclus Moment de réflexion
et Pour
un Parlement de l’Amérique), in Societas Criticus, éditos, Vol 8 no 2
(mars 2006).
10. Albert, Michel, 1991, Capitalisme contre capitalisme, Paris:
Seuil, l'histoire immédiate. Voir aussi :
http://en.wikipedia.org/wiki/Rhine_Capitalism
http://fr.wikipedia.org/wiki/Capitalisme_rhénan
http://fr.wikipedia.org/wiki/Michel_Albert
11. MICHAEL J. de la MERCED and ANDREW ROSS SORKIN, Buffett Bets Big on
Railroads’ Future, in New-York Times: November 3, 2009 : www.nytimes.com/2009/11/04/business/04deal.html?_r=1&em
12. Piore, Michael J., Sabel, Charles F, 1984, The second industrial divide, U.S.A. Basic Books; Lazerson, Mark, Small firm growth, American Sociological
Review, June 1988, Vol 53-3, pp. 330-342.
13. Nicola
Bellinilien (traduit par M.-S. Darviche et E. Négrier), Politique industrielle en Émilie-Romagne : un modèle en quête de son
avenir, in Pôle Sud, 1996, Vol. 5
No 5, pp. 117-131. Référence
internet : www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pole_1262-1676_1996_num_5_1_951
14. http://en.wikipedia.org/wiki/Think_Globally,_Act_Locally
Jaquette arrière du DVD:
With America's version of capitalism seemingly
heading for bankruptcy, is there a crisis-proof economic model that can shape
the 21st century? In THE WORLD'S NEXT SUPERMODEL, three prominent thinkers
argue for competing economic models. Kishore Mahbubani, author of The New Asian
Hemisphere, pitches the Asian model, characterized by the economic successes of
China, India and Singapore. Wouter Bos, Dutch Minister of Finance, claims that
the values of the European model are superior, while Brazilian economist
Marcelo Neri praises the economic success of his country.
The proposals for these models are discussed
by a jury consisting of macro-economist Willem Buiter, professor at the London
School of Economics, New America Foundation's Parag Khanna, an expert analyst
of global geopolitical issues, and author and Yale law and globalization
professor Amy Chua.
These expert "judges," in a lively
debate, examine the three models on the basis of issues such as social
stability, environmental sustainability, government and market relationship,
and their crisisproof nature. Their surprising decision is sure to provoke
continued debates on this important global issue.
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