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Societas Criticus, revue de critique sociale et politique, Vol. 12

no 1: www.societascriticus.com

Societas Criticus, Revue de critique sociale et politique

On n'est pas vache…on est critique!


D.I. revue d’actualité et de culture

Où la culture nous émeut!


Regard sur le Monde d'une perspective montréalaise!

On est Sceptique, Cynique, Ironique et Documenté!


Revues Internet en ligne, version archive pour bibliothèques

Vol. 12 no. 1, du 7 décembre 2009 au 4 mars 2010.


Depuis 1999!













www.societascriticus.com

Cette revue est éditée à compte d'auteurs.


societascriticus@yahoo.ca

C.P. 182, Succ. St-Michel

Montréal (Québec) Canada H2A 3L9


Le Noyau!

Michel Handfield, M.Sc. sociologie (U de M), cofondateur et éditeur;

Gaétan Chênevert, M.Sc. (U de Sherbrooke), cofondateur et interrogatif de service;

Luc Chaput, diplômé de l'Institut d'Études Politiques de Paris, recherche et support documentaire.


Soumission de texte: Les faire parvenir à societascriticus@yahoo.ca. Si votre texte est en fichier attaché, si possible le sauvegarder en format "rtf" (rich text format) sans notes automatiques.


Avis : Comme il y a de la distance dans le temps entre la mise en ligne des textes et la production du numéro pour bibliothèque, il se peut que quelques fautes d’orthographe, de ponctuation ou de graphie aient été corrigées, mais le texte n’est pas changé à quelques virgules près! On a beau lire un texte 2, 3, 4 et même 5 fois… quand on vient de l’écrire on dirait qu’on ne voie pas certaines coquilles. On les revoit cependant sur écran quelques semaines plus tard! Ainsi va la vie.


Ce volume est aussi l'occasion d'un passage à Open Office. Nous avons fait des tests en 2009, là on plonge!


Index


Societas Criticus, revue de critique sociale et politique

Édito


Vu le débat sur l'habillement et les croyances religieuses...

Lettre au PLC

Du petit Maghreb au dossier de l'ex-carrière Francon!


Essais


Suite de crise!


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d’actualité et de culture


Avis


Commentaires livresques : Sous la jaquette!


Assogba, Yao (sous la direction de), 2007, Regard sur... la jeunesse en Afrique subsaharienne


Nouveaux livres reçus

D.I. a Vu! (Ciné, Théâtre, Expositions et quelques annonces d’événements)


UN PROPHÈTE

Vilaine

LE RUBAN BLANC

LE DERNIER POUR LA ROUTE

Romaine par moins 30

Après-midi aux musées!

TOSCA de Giacomo Puccini (Opéra)

L'affaire Farewell de Christian Carion

L'amour incurable (Théâtre)

LUCKY LUKE

Creation

Le Bourgeois gentilhomme de Molière (Théâtre)

8 ½  (Parc)

Le coffret Jacques Drouin

Trois films différents, mais dont on peut trouver des liens!

NINE / NEUF

Étreintes brisées
L’IMAGINARIUM DU DOCTEUR PARNASSUS 

THE YOUNG VICTORIA


Documents à ne pas taire! (Notre section documentaire)


L’affaire Coca Cola

LES POINGS SERRÉS

JE PORTE LE VOILE

Le pays d'octobre / OCTOBER COUNTRY (Vu au RIDM)

Le cycle idiotic / The IDIOT CYCLE (Vu au RIDM)


D.I. Musique!


Le Gala du 30e anniversaire de l’Opéra de Montréal... sur CD!


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Index


Societas Criticus, revue de critique sociale et politique


Index


Nos éditos!


Vu le débat sur l'habillement et les croyances religieuses...

Michel Handfield


Societas Criticus, revue de critique sociale et politique, Vol. 12 no 1, Éditos : www.societascriticus.com


4 mars 2010



Je suis d'accord avec la liberté de croyance et religieuse, mais il faut bien voir que ce n'est pas un droit, mais une liberté. Elle se limite donc à la personne. Elle ne doit pas contaminer les autres.


Une croyance, incluant la croyance religieuse, n'est pas non plus une vérité. Elle ne devrait donc pas avoir force de loi. En conséquence, toute croyance doit être jugée en parallèle avec d'autres croyances pour éviter les préjugés. On devrait ainsi prendre des comparables un peu comme on le fait en grammaire. Par exemple, pour conjuguer le participe passé d'aimer on peut prendre un verbe étalon comme finir. La même chose devrait être vraie pour les croyances religieuses: si on a le droit pour la croyance en l'horoscope, on a le droit pour celle religieuse ou aux extras terrestres! Mais, si on n'a pas le droit pour l'une, on n'a pas le droit pour l'autre! Ainsi, si mon horoscope me dit de prendre congé aujourd'hui ou de m'habiller en rose et que c'est accepté par mon employeur, la même chose doit être vraie pour la religion. Mais, si je suis juge et que je n'ai pas le droit de m'habiller en rose, même à cause de mon horoscope, ni de prendre congé pour cette raison, je n'ai pas davantage de droits pour des principes religieux, car ce sont des préceptes personnels et culturels, non fondés scientifiquement, qui s'appliquent. Bref, des croyances! Une liberté n'est pas un droit. Et la liberté des uns s'arrête où celle des autres commence. De toute manière, on n'a aucun texte écrit par Dieu lui-même pour fonder tous ces comportements, parfois contradictoires, qui se réclament de lui. Ces préceptes viennent tous de gens, des prophètes, qui disent que Dieu leur a dit, mais Dieu n'a rien écrit. Mieux vaut parfois s'en remettre à la science qu'aux croyances, surtout en matière de droits et de libertés! Combien d'êtres humains sont sacrifiés aux croyances, aux mythes et aux idéologies d'ailleurs? L'histoire regorge de telles histoires d'horreurs! Des génocides ont été faits sur des croyances et des idéologies.


De plus, même si je voudrais faire témoigner Dieu de toutes mes forces, je ne le peux pas. Au mieux, je pourrais faire témoigner quelqu'un qui a les mêmes croyances que moi, mais ça ne prouverait rien puisque d'autres ont d'autres croyances, parfois contraires! Mieux vaut savoir que les croyances ne sont que des croyances, jamais des vérités vérifiables. Il ne faut pas en faire des droits! Ni pour moi, ni pour les autres! En conséquence, dans le domaine des croyances, c'est le principe d'égalité qui doit s'appliquer et nul autre. Elles doivent aussi être placées sous le droit et la science, jamais au-dessus. En conclusion, mon principe de jugement en matière de croyances se résume à ceci: si c'est permis, ce doit l'être pour toutes les croyances. Si ce ne l'est pas, ce l'est pour aucune, incluant pour ceux qui croient aux extras terrestres, au vide sidéral ou que leur casquette est vissée sur leur tête! Pour le reste, il y a le droit et la science, incluant les sciences humaines!


Post-scriptum:


Au sujet des libertés fondamentales, l'article 2 de la « Charte canadienne des droits et libertés » se lit ainsi:


Chacun a les libertés fondamentales suivantes :


a) liberté de conscience et de religion;


b) liberté de pensée, de croyance, d'opinion et d'expression, y compris la liberté de la presse et des autres moyens de communication;


c) liberté de réunion pacifique;


d) liberté d'association.


Pour consulter la « Charte canadienne des droits et libertés » en son entièreté: http://lois.justice.gc.ca/fr/charte/1.html



Lettre au PLC


Societas Criticus, revue de critique sociale et politique, Vol. 12 no 1, Éditos : www.societascriticus.com


Montréal, 3 mars 2010


A/S Michael Ignatieff

Chambre des communes

Ottawa (Ontario)

K1A 0A6

cc:

Parti libéral du Canada

81, rue Metcalfe, bureau 400

Ottawa (Ontario) K1P 6M8


Je fus jadis péquiste, mais le virage à droite de Lucien Bouchard m'avait fait décrocher. Comme je m'intéressais d'abord à « où l'on va » plutôt que « d'où on vient », je croyais, et je crois toujours que l'on devra un jour aller vers un fédéralisme continental à l'européenne. J'avais donc pris une carte des libéraux fédéraux non par militantisme extrême, mais par goût de l'avancement du débat politique. Libre penseur, je n'ai jamais été à l'aise avec les drapeaux, mais je le suis avec les idées. Plutôt libéral de gauche, je préférais le PLC au NPD parce que, parti de pouvoir, c'est un tremplin pour que certaines idées finissent par se concrétiser. Pas toutes, je le sais, mais au moins quelques-unes.


Je n'ai donc pas eu trop de difficultés à faire ce mouvement vers un parti fédéral, car je ne me suis jamais senti bloquiste à ce niveau, même quand j'étais péquiste. En effet, j'ai toujours cru que la question du Québec ne devait pas se poser à Ottawa, mais au Québec. Au Fédéral, ce sont d'autres questions et d'autres enjeux dont on doit débattre. Comme ils nous touchent aussi, on doit s'impliquer dans les partis qui en décident tant qu'on fait partie du Canada, donc les partis fédéraux, si on ne veut pas être gouverné par les autres! C'est ainsi que même lorsque j'étais péquiste, je votais PLC ou NPD au fédéral. Seule chose, je n'aurais pas été à l'aise de prendre une carte de membre d'un parti fédéral alors que j'étais membre du PQ. Comme ces partis sont des genres de coalitions pancanadiennes sans le nom, une fois que je n'étais plus membre du Parti Québécois, je pouvais donc être membre du Parti libéral du Canada pour les questions qui m'intéressent au fédéral tout en votant vert ou Québec solidaire au provincial. Je me sens même plus à l'aise ainsi que de voter PLQ au Québec, ce parti étant trop conservateur à mon goût! N'oublions pas que M. Charrette tout comme M. Bouchard viennent de la même mouvance des progressistes-conservateurs! Vous aurez compris que je ne veux surtout pas d'un État de droite, mais un État de droit! Question de point de vue.


Pour moi, la souveraineté étant d'abord environnementale, j'ai bien aimé le plan vert de Stéphane Dion. (1) Ça me parlait. De centre gauche, j'espérais aussi beaucoup de Michael Ignatieff sur la liberté, notamment celle d'expression. Mais, quand je vois qu'il veut s'acoquiner aux conservateurs pour s'opposer à la dénonciation d'Israël (2), je ne suis pas tout à fait d'accord tout comme je ne le suis pas davantage avec toute diabolisation d'Israël. C'est une question éminemment idéologique qui mérite la nuance. Je ne peux appuyer le terrorisme arabo-palestinien, ni la construction d'un mur israélien autour de ce qui reste du territoire palestinien, car cela me fait trop penser au ghetto de Varsovie que l'on voit dans le film « Le pianiste » de Roman Polanski! (3) Le « vous êtes avec nous ou contre nous » de l'ère Bush, très peu pour moi.


Peut-être que l'événement en question, la Semaine contre l'apartheid israélien (4), soulève des questions. Mais, il y a quand même 500 artistes québécois qui ont signé une lettre dénonçant la politique israélienne (5) sur le site de Tadamon (6). Ce n'est quand même pas rien, d'autant plus qu'on y retrouve des noms comme Paul Ahmarani, acteur; Anaïs Barbeau-Lavalette, réalisatrice; Hugo Latulippe, cinéaste; Gilles Vigneault, artiste, pour ne nommer que ceux-là . Pas des fous, ni des êtres insensibles!


D'ailleurs, pourquoi ne peut-on pas questionner Israël ici alors que « la gauche israélienne critique les violations des droits de la personne commise par l'État et ces gens ne sont pas moins juifs que les autres! » (7) On ne le peut pas parce qu'Israël est un pays démocratique selon M. Ignatieff. Ainsi, au sujet de la motion d'un député conservateur d'arrière-ban, Tim Uppal, qui dit en substance que le parlement est un ami de l'État d'Israël et qu'il doit donc condamner cette « Semaine contre l'apartheid israélien » pour cause d'antisémitisme (8), il semble que...

« Selon toute vraisemblance, le Parti libéral appuiera cette motion. «Je suis contre ces semaines parce qu'elles établissent une comparaison injuste entre un pays démocratique, de droits et d'égalité juridique, Israël, et un pays, l'Afrique du Sud, qui n'était pas démocratique», a déclaré le chef Michael Ignatieff lors d'un point de presse hier midi. » (9)


Mais, au siècle dernier des partis fascistes furent pourtant portés au pouvoir dans des démocraties. Ce n'est donc pas une raison de ne pas surveiller les démocraties selon moi. Il faut toujours être à l'affût des dérapages même dans les démocraties.

Cependant, vu le côté piégé de cette question, l'une et l'autre des parties prenantes de cette guerre fratricide, juifs et palestiniens étant des Sémites (10) que l'idéologie religieuse et politique divise, j'aurais préféré que M. Ignatieff dise qu'il s'abstiendra de voter sur cette question, car il n'appuie pas certaines politiques d'Israël qui vont à l'encontre des déclarations de l'ONU, mais ne peut non plus condamner cet État démocratique sur toute la ligne, vu le caractère idéologique, négationniste et violent de certains États opposés à Israël. Il devrait être clair que les abus des uns ne permettent pas ceux des autres! Ce qu'il faut, c'est une solution diplomatique qui ne passe pas par la violence. En conséquence, une abstention bien sentie du PLC lors de ce vote serait la bienvenue selon moi! Mais, à la place, on envoie déjà le message qu'il sera à côté du parti conservateur encore une fois! C'en est trop.

Moi qui trouve que les choses sont rarement noires ou blanches et qui suis pour une saine critique, je trouve le chef libéral trop conservateur à mon goût. D'ailleurs, il a appuyé si souvent le parti de M. Harper, que c'est comme si je voyais les conservateurs au pouvoir appuyé d'ex-progressistes conservateurs qui avaient noyauté les libéraux! Je ne le comprends pas. Si vous pouviez au moins vous abstenir plutôt que de voter avec le gouvernement, ce serait déjà se tenir droit, car on sait bien que vous ne pouvez pas renverser le gouvernement Harper pour des raisons stratégiques et d'argent, mais de là à l'appuyer aussi souvent, il y a une marge ! En conséquence, je ne renouvelle plus ma carte du PLC. Quant aux quelques semaines qu'il reste à ma carte, je vous les redonne! Si cela peut vous faire réfléchir à l'avenir du parti et à un retour vers le centre gauche, ce sera déjà une bonne chose. Peut-être qu'une fusion avec le NPD serait même souhaitable pour faire un parti démocrate-libéral. Ce serait aussi une occasion de faire un bilan des réalisations du dernier siècle au niveau de certains principes constitutionnels et juridiques et de les revoir à l'aune du XXIe siècle. Une nécessité de mon point de vue.


Pour ma part, déçu de cet alignement du parti de M. Ignatieff avec les conservateurs, c'est davantage le parti vert qui m'attire pour la prochaine élection fédérale. Comme libre penseur, je ne sais cependant pas si je vais reprendre une carte de membre d'un parti même si j'aime l'implication politique. Je suis tiraillé sur cette question. Naturellement, j'aurais pu laisser aller ma carte de membre et ne rien dire pour le peu de temps qu'il me restait, mais je crois que c'est davantage vous rendre service que de vous interpeller ainsi en espérant que cela serve à votre réflexion, car je ne crois pas être le seul à penser ainsi au pays.

Bien à vous,


Michel Handfield, M.Sc. Sociologie

(Ma carte accompagnait ma lettre à M. Ignatieff)

Notes:


1. Plus vert que chez le voisin! Societas Criticus, Vol 10 no 4/Essais.


2. Buzzetti, Hélène, Ottawa s'oppose à la dénonciation d'Israël, in Le Devoir, 2 mars 2010:

www.ledevoir.com/politique/canada/284151/ottawa-s-oppose-a-la-denonciation-d-israel


3. Polanski, Roman, The Pianist (Le pianiste), DVD TVA Films, 05052T


4. http://apartheidweek.org


5. www.tadamon.ca/post/5824#more-5824


6. « Tadamon! (« solidarité » en arabe) est un collectif montréalais qui travaille en solidarité avec les luttes pour l’autodétermination, l’égalité et la justice, au «Moyen-Orient» et dans les communautés de la diaspora à Montréal et ailleurs. » (http://www.tadamon.ca/about-us/information) Leur site est www.tadamon.ca.


7. Castonguay, Alec, Quand le politique s'arroge tous les droits, Le Devoir, Samedi et dimanche 27-28 février 2010: www.ledevoir.com/politique/canada/283974/la-crise-a-droits-et-democratie-quand-le-politique-s-arroge-tous-les-droits


8. Voici le passage exact du Devoir:


« Un député conservateur d'arrière-banc, Tim Uppal, déposera une motion cette semaine au Parlement stipulant que «cette Chambre se considère comme une amie de l'État d'Israël; que cette Chambre s'inquiète des manifestations d'antisémitisme sous le couvert de la Semaine contre l'apartheid israélien; et que cette Chambre condamne explicitement toute action, au Canada et au palier international [sic], consistant à assimiler l'État d'Israël à la politique raciste et rejetée de l'apartheid». » ( Buzzetti, Hélène, Op. Cit.)


9. Buzzetti, Hélène, Ibid.


10. Le nouveau petit Robert 2007 (CD-ROM) nous dit que sémite « Se dit des différents peuples provenant d'un groupe ethnique originaire d'Asie occidentale et parlant des langues apparentées. Les Arabes, les Éthiopiens, les Juifs sont des Sémites. »



Du petit Maghreb au dossier de l'ex-carrière Francon!


Societas Criticus, revue de critique sociale et politique, Vol. 12 no 1, Éditos : www.societascriticus.com


Michel Handfield (18 décembre 2009)


En refaisant les pages de Societas Criticus, j'ai vu qu'il y a plus d'un an que je n'ai pas écrit sur le sujet de l'ex-carrière Francon et du projet de Smart Center. Rien ne semble bouger dans ce dossier depuis un certain temps, sauf ce mot dans le bulletin de Vivre Saint-Michel en Santé cette semaine:


« Le projet de développement commercial dans la carrière Saint- Michel est en attente de la réponse du promoteur concernant les conditions imposées par la Ville; » (1)


Crise économique? Exigences trop élevées au goût du promoteur? Peu importe, ce délai donne le temps de penser autre chose, car en même temps, le petit Maghreb se développe sur la rue Jean-Talon et vise à grandir. Les membres de l'Association du Petit Maghreb «  veulent que le Petit Maghreb devienne une destination commerciale et touristique au même titre que le Quartier chinois ou la petite Italie » ont-ils dits au journal Métro cet été.(2) Normal, mais cela crée aussi des problèmes aux résidents du secteur de la rue Jean-Talon, car la vocation de ce secteur était mixte (résidentielle avec des commerces de proximité) jusqu'à tout récemment et aller vers une vocation commerciale et culturelle plus large peut être problématique pour les citoyens.


Le premier irritant est le stationnement sur les rues transversales, d'autant plus que nous avons déjà des gens qui viennent stationner sur nos rues pour aller prendre le métro St-Michel. Des Maghrébins de l'extérieur du quartier, qui viennent sur la rue Jean-Talon, m'ont même dit qu'ils n'aimeraient pas demeurer dans les alentours. Au moment des fêtes de la victoire de l'Algérie au soccer, ce qui n'est pas un exemple probant, car ponctuel, il y en a même un qui m'a demandé pourquoi j'étais venu vivre dans le petit Maghreb puisque je suis Canadien-français d'origine, ce à quoi je lui ai répondu que c'est le petit Maghreb qui est venu dans mon quartier, puisque je suis né ici près de Jean-Talon! Ça permet par contre de jaser!


Cette rue, a vocation locale, n'est peut-être pas la plus appropriée pour être transformée en artère à vocation régionale et touristique. Déjà, faute de place, des gens s'assoient sur les marches des résidents pour jaser tard le soir, car ils sont dans le Petit Maghreb et n'ont pas vraiment d'autres places où s'assoir. Quant aux résidents, qui se disent chez eux et qui veulent une certaine tranquillité, ils n'ont jamais choisi de vivre sur une rue commerciale à vocation régionale. Ils se font parfois dire des choses comme «  vous avez juste à ne pas vivre dans le petit Maghreb » comme deux personnes âgées de rue Jean-Talon me l'ont rapportée cet été. Peut-être des faits isolés de jeunes frondeurs, mais qui pourront s'accentuer si cette artère prend de l'importance. Rien à en faire une histoire, mais cela permet de comprendre qu'il faudrait des aménagements pour permettre cette transformation sans heurts dans le futur, surtout si elle se poursuit et s'accélère, car le quartier n'est pas maghrébin, mais multiethnique. On y trouve des Canadiens français, polonais, Ukrainiens, Italiens, Vietnamiens, Haïtiens, « Latinos » et maintenant des Maghrébins, car ce fut toujours un quartier d'accueil, même dans les années 30 à ce que me disaient mes parents. Si certains ne furent que de passage, le temps de s'intégrer et d'aller ailleurs, d'autres ont adopté le quartier et sont devenus Michelois! (3) Ils se sont enracinés! Il est difficile pour ces gens de se faire dire qu'ils vivent maintenant dans le petit Maghreb, car le petit Maghreb n'est pas un quartier, mais un bout de rue commerciale au cœur d'un quartier pluriethnique duquel les médias ne donnent pas toujours l'image la plus juste.


Avant de transformer la rue Jean-Talon, qui n'est peut-être pas la plus appropriée pour en faire une rue à vocation commerciale régionale, on pourrait regarder ce qui pourrait être fait avec l'ex-carrière Francon, car rien n'a bougé dans ce dossier depuis plusieurs mois. Pourquoi pas, au lieu d'un projet de centre commercial « big boxes » comme on en connaît déjà plusieurs dans la région métropolitaine, y faire un projet multifonctionnel privé, public et communautaire avec lieux touristiques, places commerciales, marché public, souk, etc., ce qui plairait autant à la clientèle multiethnique du quartier qu'à la grande région de Montréal, car le site est situé près des grands axes de transports régionaux en plus d'être desservi par le transport en commun dans son pourtour! Ce pourrait être à l'image du quartier et davantage porteur économiquement. De plus, socialement, ce serait un point de rencontre interculturel pour le quartier et la métropole. Imaginez les fêtes de la culture et du sport qu'on pourrait y tenir, car il y aurait de la place pour le faire! On désenclaverait ainsi les résidents du quartier, trop longtemps séparé par les carrières. Cela deviendrait certainement un carrefour à fréquenter pas très loin du pôle de la cité des arts du cirque. De quoi faire quelque chose de bien!


Par la même occasion, la rue Jean-Talon retrouverait son statut de rue locale, avec des commerces de proximité, incluant quelques commerces maghrébins qui sont bien intégrés à cette réalité, et peut être quelques services professionnels, ce qu'il n'y a pas tant que ça sur la rue Jean-Talon. On éviterait ainsi les commerces de grande surface qui entreront certainement en collision avec la rue Jean-Talon et le centre d'achat Boulevard (coin Pie-IX et Jean-Talon) si ce type d'établissements est développé dans l'ex-carrière Francon. On ne peut soutenir à la fois une rue commerciale et ce qui la concurrencera à 1 km à peine. C'est pourtant ce que la ville risque de faire si elle ne change pas son approche face à l'ex-carrière Francon et poursuit avec le projet de centre d'achat.


Notes:


1. VSMS en bref, Semaine du 14 décembre 2009: www.vsmsante.qc.ca


2. STÉPHANE ROLLAND, Le Petit Maghreb à Montréal: un tronçon à saveur maghrébine, in MÉTRO, 20 août 2009 02:00: http://journalmetro.com


3. Bien des gens des communautés culturelles de la région de Montréal sont d'abord passés par St-Michel, Parc-Extension ou Côte-Des-Neiges avant de s'établir ailleurs à mesure que leur statut socioéconomique s'est amélioré. C'est d'ailleurs pour cela, demande oblige, que des services communautaires et d'aide aux immigrants se sont développés dans ces quartiers. Maintenant que les services y sont, cela ne peut faire autrement que d'y attirer des nouveaux arrivants qui sont des demandeurs de ces services. La vague maghrébine ne sera probablement pas différente des autres et dans quelques années certains iront dans d'autres quartiers et s'achèteront même des maisons en banlieues comme l'ont fait toutes les vagues d'immigrants avant eux.


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Index


Essais


Suite de crise!

Michel Handfield (21 février 2010)


Societas Criticus, revue de critique sociale et politique, Vol. 12 no 1, Essais : www.societascriticus.com


Présentation


Suite à la crise économique de 2007-2009, de laquelle on n'est pas encore sortie même si nous sommes dans une accalmie, résultat de la crise des prêts à haut risque (« subprimes »), de l'éclatement de la bulle immobilière et de la crise du marché hypothécaire, qui s'est transformée en crise financière, contaminant ainsi l'ensemble de l'économie étasunienne, puis, par vases communicants, de l'économie mondiale, nous avons vu apparaître des plans de sauvetage du système financier. (1) Mais, on n'a pas touché la base du problème, soit l'organisation du système économique, notamment la mondialisation.


Les économies se sont spécialisées depuis le milieu des années 80, transférant les productions à forte main-d'œuvre vers les pays en développement, de façon à réduire leurs coûts de production. Mais, ce faisant, elles ont aussi perdu des emplois rentables qui permettaient à des familles de vivre et de consommer, ce qui est la base du système capitaliste. L'économie de service ne pouvait pas remplacer tous ces emplois, car les salaires ne sont pas les mêmes dans un comptoir de « burger-frites » que sur une chaîne de montage de Ford ou de GM! À ce transfert s'est ajoutée l'automatisation du travail qui venait encore réduire le nombre d'ouvriers spécialisés. (2) Pour un nombre d'automobiles données, moins de travailleurs étaient nécessaires à leur production. La sauvegarde de l'emploi passait dorénavant par la hausse de la consommation et la baisse des coûts. Les fabricants se sont alors tournés vers les économies émergentes et les pays en développement pour se fournir à grande échelle en pièces et produits meilleurs marchés! On a aussi accru le crédit et déréglementé des pans entiers de l'économie pour réduire les coûts et favoriser la consommation de masse (3), voir la surconsommation. Ce n'est pas étranger aux défis environnementaux qui se profilent à l'horizon.


Mais, l'économie financière, qui jouait sur les disparités géographiques et culturelles, devenait rentable au point de cacher ces problèmes. Ce qu'on perdait en salaire, on le gagnait en valeur comptable. On bénéficiait aussi d'une certaine baisse des prix, cela venant des disparités régionales, mais jamais autant que les entreprises en bénéficiaient pour accroître leurs profits par contre! C'est ainsi que le T-shirt qui se vend entre 30 et 40$ en magasin peut coûter environ 2$ pièce, incluant le transport, aujourd'hui! (4) Mais, on en trouve aussi à 10$ ou moins dans certains « magasins d'escomptes » et à grand volume, le logo en moins! Le marketing, ça se paie parfois cher.


En prêtant sur le profit à terme, notamment la hausse de la valeur des maisons, on pouvait soutenir la consommation, en hypothéquant pour s'acheter un 4X4 ou un bateau par exemple, sauf qu'un jour la bulle éclata! (5) Là, le système s'effrita, car il était de moins en moins basé sur la production, mais de plus en plus sur la spéculation! Il est bien d'avoir une économie de service, mais encore faut-il avoir une base industrielle pour soutenir l'édifice! On s'en rend compte aujourd'hui! (6) On est donc dans le paradoxe du rendement, thème sur lequel j'ai écrit il y a 14 ans.

Le paradoxe du rendement

Texte paru dans le Journal Les Affaires, 27 janvier 1996, en page éditoriale (p. 6)!


Une des choses qui me fascine quand je lis les nouvelles économiques, c'est le nombre de fois que l'on peut appliquer le principe de la contreproductivité (Ivan Illich, 1975, Némésis médicale, Seuil).


À long terme, les décisions ont souvent l'effet inverse à celui recherché.


Au nom de la recherche du profit, les entreprises ont localisé leurs productions consommatrices de main-d'oeuvre dans les pays où les salaires sont moins élevés et ont automatisé leurs opérations dans les pays développés.

Cela a eu pour effet de réduire le bassin de consommateurs. On parle alors de surcapacité de production, mais l'on pourrait aussi parler de sous-consommation.


On a cru que le tertiaire serait davantage créateur de richesse et l'on a eu un engouement pour les secteurs de pointe.


Ce qui n'était pas de pointe pouvait être produit ailleurs. À nous les emplois qualifiés et payants!


Sauf que tous ne peuvent obtenir cette qualification, car tous n'ont pas les mêmes capacités intellectuelles et la même dextérité.


On se retrouve alors avec une pénurie de main-d'oeuvre dans certains secteurs en même temps que nous avons des surplus de travailleurs ailleurs.


On a cru que le tertiaire pouvait se tenir sans les niveaux d'en-dessous!


La résultante est le nombre élevé de sans-emplois, ce qui accroît nos charges sociales et diminue notre productivité et notre compétitivité.


On doit couper dans les dépenses publiques (santé, éducation, recherche et développement), ce qui hypothèque demain.


Les secteurs primaire et secondaire ont une certaine utilité, ne serait-ce que pour rendre productif les travailleurs que le tertiaire ne peut absorber et ainsi faire rouler l'économie. Ils consomment davantage s'ils ont des emplois et ils ne constituent pas une charge pour les autres.


Il n'y a pas de mauvaise production, de mauvais secteurs économiques. Des entreprises minières ou manufacturières bien gérées peuvent aussi bien bien [sic] faire, sinon mieux, que certaines entreprises tertiaires.


Il ne peut y avoir qu'une mauvaise gestion ou de mauvaises stratégies.


Dans les années 1980 les constructeurs automobiles américains ont en partie abandonné le créneau des voitures bon marché aux Asiatiques parce-que le profit n'était pas intéressant. Les japonnais ont saisi l'occasion: ils ont pris ce marché et ont su fidéliser la clientèle. Ils ont élaboré leur gamme à mesure que cette clientèle s'élevait dans l'échelle sociale. Ainsi, Honda est passé de la Civic à l'Accord et maintenant à l'Acura. Chrysler a compris cette stratégie et a fait la Néon, son modèle d'entrée de sa gamme. On ne peut qu'avoir la crème, il faut aussi utiliser le lait et le petit lait pour être rentable.


Même si certains produits ne rapportent pas, ils peuvent servir à fidéliser la clientèle.


Leur rendement est alors positif pour l'entreprise. Malheureusement, ces considérations sont rarement prises en compte, car on est dans l'ère du court terme. Cela est vrai dans les affaires comme en politique, même si l'on est plus critique du second que du premier.


Les décideurs devraient penser à l'impact à long terme de leurs décisions, car celles-ci ont souvent un effet boomerang qui les rejoint plus tard.


Les décideurs pensent cependant avoir trouvé la solution: baisser les coûts de production en ayant recours à de la main-d'oeuvre précaire.


Essayez-donc d'emprunter pour accéder à la consommation si vous êtes un travailleur précaire. Il est peut être temps que nos décideurs changent leurs paradigmes.


Mchel Handfield,

M.Sc. Sociologie,

Montréal


Conclusion


La société états-unienne voit donc son gouvernement intervenir pour aider les banques et les entreprises. Elle n'aime pas ça. Mais, on veut sauver le système capitaliste plutôt que de le réformer, car ce serait en partie donner raison à Marx qui disait que, comme tous les autres systèmes avant lui, celui-ci serait un jour dépassé et remplacé. Son erreur fut de croire que ce serait par le système qu'il proposait.


On pourrait cependant aller vers une forme plus sociale de capitalisme, comme l'Europe ou le Brésil (7), si les États-Uniens étaient moins anarchocapitalistes, car ils refusent l'interventionnisme d'État au nom de la liberté individuelle. On le voit avec la question de la réforme du régime d'assurance santé aux États-Unis. C'est la pierre d'achoppement qui peut faire dérailler la présidence de Barack Obama. Les États-Uniens espèrent tous s'en tirer seuls et devenir riches. Des « self-made man »!


Nos voisins du Sud croient toujours que l'esprit entrepreneurial les sortira de l'impasse, sauf qu'à l'ère des firmes multinationales, la petite entreprise est bien petite pour porter le sort du pays. On est dans l'idéologie de l'entrepreneuriat salutaire ici et le refus de voir la réalité en face: les grandes entreprises qui pourraient être porteuses, car très profitables, ne sont déjà plus nationales, mais multinationales. Elles se sont libérées de contraintes de la nation pour assurer leur profitabilité et tiennent dorénavant à cette liberté, car elles sont ainsi au dessus des États et peuvent les faire chanter à leur guise! Elles ne s'en privent d'ailleurs pas, jouant les nations les unes contre les autres pour en tirer le plus d'avantages possible contre la moindre promesse d'investissement. Au besoin, elles n'hésiteront pas à menacer leur pays d'origine, sachant que les électeurs pourraient tenir rigueur au gouvernement pour le départ d'un fleuron national, mais pas à elles si elles savent y mettre la forme! Parfois, une bonne campagne de relation publique peut être très payante! Suffit de bien savoir manipuler l'opinion! C'est ainsi que les choses ne pourront plus jamais être comme avant, les entreprises ayant le dessus sur des États prisonniers de leurs frontières nationales et des citoyens dépendant de ces États! Seule une réglementation mondiale pourrait changer la donne, mais les États ont plutôt choisi l'inverse: la dérèglementation, ce dès les années 1980.


Puis, ce fut la chute du communisme, qui, en libérant les forces en présence de l'obligation de choisir un des deux camps, communiste ou capitaliste, a permis une renaissance des idéologies religieuses et nationalistes. Ces idéologies ne tardèrent pas à s'affirmer dans des mouvements de revendication et de libération, soit nationale, soit idéologique! Le terrorisme en est un résultat.


Maintenant, ce sont les États-Unis, l'Europe, la Chine et la Russie qui s'affrontent pour un réalignement des forces d'influences du monde, certains voulant conserver leur position, d'autres empêcher de revenir à un monde bipolaire, préférant les garanties que pourrait offrir la multipolarité.


On est donc loin d'une voix unifiée des États face aux entreprises. Elles le savent. Celles-ci ont donc le haut du pavé et ne cesseront pas de si tôt d'imposer leurs désirs aux États qui veulent avoir des emplois sur leur territoire, allant jusqu'à demander des changements aux lois nationales si celles-ci ne font pas leurs affaires! Ce n'est donc pas demain que l'on pourra réformer le capitalisme malgré les vœux d'intellectuels et de penseurs allant en ce sens. Les patrons des grands groupes multinationaux semblent avoir la draguée haute encore pour un certain temps, le monde étant divisé sur des questions idéologiques pendant qu'eux en exploitent les faiblesses. Diviser pour régner. Ce vieux principe colonial fonctionne toujours, mais les colonisés sont maintenant ces citoyens devenus des clients. Quant aux colonisateurs, ce sont les grands entrepreneurs de ce monde qui savent en exploiter toutes les disparités! (8)


Notes:


1. http://en.wikipedia.org/wiki/Financial_crisis_of_2007–2009


2. C'était là l'objet de mon mémoire de maîtrise dans les années 80: « La Division Internationale du Travail et les Nouvelles Formes d'Organisation du Travail: une nouvelle perspective »


3. Phillips, Kevin, Numbers racket. Why the economy is worse than we know, Harper's magazine, May 2008, pp. 43-47


4. « Like Kim at Kie & Kie, Chang needed additional information, but he said that GW could offer a rate of about $2 per piece, which would include shipping. Not bad for a T-shirt that would probably retail at trendy stores for around $30 or $40. » (Silverstein, Ken, Shopping for sweat, in Harper's magazine, January 2010, p. 43)


5. We all fall down: The American Mortgage Crisis, 2009,

www.icarusfilms.com/new2009/fall.html. Nous en avons parlé dans Societas Criticus, Vol. 11 no 3, Textes ciné et culture.

6. Tonelson, Alan, Notebook: Up from Globalism , in Harper's magazine, January 2010, pp. 7-9.


7. The world Next supermodel, 2009, www.icarusfilms.com/new2009/wns.html, 48 minutes / colorD.I., in Societas Criticus, Vol. 11 no 6, Textes ciné et culture


8. Diviser pour régner. J'ai lu cette formule il y a longtemps dans un texte de Stephen A. Marglin, Origines et fonctions de la parcellisation des tâches. À quoi servent les patrons? (pp. 53 et 55) in GORZ, A., 1973, Critique de la division du travail, Paris, éd. Du Seuil, coll. Point.


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D.I., Delinkan Intellectuel, revue d’actualité et de culture


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AVIS


Révisé le 21 décembre 2008


Dans les commentaires cinés, de théâtres ou de spectacles, les citations sont rarement exactes, car même si l’on prend des notes il est rare de pouvoir tout noter exactement. C’est généralement l’essence de ce qui est dit qui est retenue, pas le mot à mot.


Je ne fais pas non plus dans la critique, mais dans le commentaire, car de ma perspective, ma formation de sociologue, le film est un matériel et nourrit une réflexion qui peut le dépasser. Certains accrocheront sur les décors, les plans de caméra, le jeu des acteurs ou la mise en scène, ce qui m’atteint moins. Moi, j’accroche sur les problématiques qu’il montre et les questions qu’il soulève. Le film est un matériel sociologique; un révélateur social, psychosocial, socioéconomique ou sociopolitique par exemple. C’est ainsi que sur de très bons films selon la critique, je peux ne faire qu’un court texte alors que sur des films décriés en cœur, je peux faire de très longues analyses, car le film me fournit du matériel. Je n’ai pas la même grille, le même angle, d’analyse qu’un cinéphile. Je prends d’ailleurs des notes durant les projections de presse que je ne peux renier par la suite, même si je discute avec des confrères qui ne l’ont pas apprécié de la même manière que moi, Je peux par contre comprendre leur angle et je leur laisse. J’encourage donc le lecteur à lire plusieurs points de vue pour se faire une idée plus juste.

Peut être suis-je bon public aussi diront certains, mais c’est parce que je prends le film qu’on me donne et non celui que j’aurais fait, car je ne fais pas de cinéma, mais de l’analyse sociale! (Je me demande parfois ce que cela donnerait avec une caméra cependant.) Faut dire que je choisis aussi les films que je vais voir sur la base du résumé et des « previews », ce qui fait que si je ne saute pas au plafond à toutes les occasions, je suis rarement déçu aussi. Si je ne suis pas le public cible, je l’écris tout simplement. Si je n’ai rien à dire ou que je n’ai pas aimé, je passerai plutôt mon tour et n’écrirai rien, car pourquoi je priverais le lecteur de voir un film qui lui tente. Il pourrait être dans de meilleures dispositions pour le recevoir et l’aimer que moi. Alors, qui suis-je pour lui dire de ne pas le voir? Une critique, ce n’est qu’une opinion après tout. Une indication qu’il faut savoir lire, mais jamais au grand jamais une prescription à suivre à la lettre. C’est d’ailleurs pour cela que je fais du commentaire et non de la critique.


Michel Handfield, d’abord et avant tout sociologue.


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Commentaires livresques : Sous la jaquette!


Assogba, Yao (sous la direction de), 2007, Regard sur... la jeunesse en Afrique subsaharienne, Québec : PUL, Sciences humaines, Éducation et IQRC, 168 pages, ISBN : 978-2-89224-356-7




D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 12 no 1, Livres : www.societascriticus.com


Commentaires de Michel Handfield (17 décembre 2009)


Regard sur... la jeunesse en Afrique subsaharienne est un livre intéressant, car on nous parle rarement de l’Afrique dans les médias à moins qu’il n’y ait des problèmes graves, comme une guerre civile, un coup d’État ou une famine! Mais, l’Afrique c’est plus que ça. Des auteurs, comme René Dumont, l'ont montré par le passé. (1) On le voit aussi par le cinéma, ce dont nous avons parlé à plusieurs occasions. (2)


En Afrique, oui, on trouve de la misère et des problèmes sociopolitiques et économiques, comme sur tous les autres continents d'ailleurs, mais on y trouve aussi de la débrouillardise, de la créativité et de l’entrepreneuriat. On y trouve aussi de plus en plus de filles entreprenantes, même si la culture constitue parfois un frein. Mais, certaines foncent!


Ce qui m'a le plus inquiété si je puis dire, c'est la question de l'instruction. Même si l'éducation donne « un véritable pouvoir de transformation sur son environnement » et qu'il y a une « démocratisation de l'enseignement » (p. 17), il semble que beaucoup de jeunes gens instruits sont exclus de leur société, « au point même où les jeunes médecins, ingénieurs et autres diplômés universitaires deviennent chômeurs. » (p. 49) Des difficultés d’employabilité qui les amènent à vouloir partir vers l'occident! Pourtant, l'Afrique aurait besoin de ces ressources. Là, on semble former des diplômés en vue de les exporter en espérant qu’ils aident leur famille et le pays de l’étranger; en leur faisant parvenir de l’argent par exemple. (3) Mais, ces diplômés ne seront pas nécessairement reconnus à l’étranger s’ils réussissent à s’y rendre, car l'aventure n'est pas facile. Beaucoup resteront donc en Afrique – ou y seront retournés - et ne serviront pas, faute de les embaucher ! Ça touche leur amour propre et leur capacité future, car sans travail, ils ont moins de chance de se marier et de fonder une famille.


Les Africains doivent prendre leur continent en main, mais cela commence par leur communauté et leur pays. Cependant, il faudrait que le mouvement soit assez fort pour exercer une contagion au continent.


Il ne faut par contre pas regarder l'Afrique de haut, en la comparant avec nos pays occidentaux, car, d'abord, les pays occidentaux ont aussi des zones de pauvretés et d'exclusions sociales; ensuite, l'Afrique, ce n'est pas un pays, mais un continent! Les pays africains ne sont pas tous égaux, comme les pays américains ou européens ne sont pas tous pareils! Haïti, c'est aussi l'Amérique tout comme les millions d'Étasuniens sans protection médicale digne de ce nom et qui peuvent se ramasser à la rue si la maladie les frappe! Pourtant, on ne parle pas d'africanisation des États-Unis même si on le pouvait!


C'est donc un livre intéressant pour regarder une partie de l'Afrique. Il ne s'intitule pas « Regard sur... la jeunesse en Afrique subsaharienne » pour rien!

Notes:


1.Sur René Dumont, voir http://fr.wikipedia.org/wiki/René_Dumont

2. En effet, nous avons tant parlé de documentaires sur l'Afrique que de fictions africaines, car nous suivons depuis quelques années le Festival du film africain: www.vuesdafrique.org


3. Voici ce que j'écrivais dans Societas Criticus, Vol 11 no 3 (du 3 avril 2009 au 8 juin 2009), concernant le film « L'Absence » du réalisateur Mama Keïta il y a quelques mois à peine à l'occasion de « Vues d'Afrique » 2009:


« Pays d’inégalités sans système de redistribution sociale, il y aurait pourtant tant à faire, ce qui nous conduit à un autre problème africain : celui de la fuite des cerveaux. Quand il va visiter son ancien prof, celui-ci lui parle  de ce besoin de voir les jeunes qu’ils ont soutenus, notamment en les envoyant étudier en occident, revenir pour reconstruire cette Afrique qui en aurait bien besoin. « Vous devez être conscient que la collectivité a payé pour vous » lui dira ce vieux prof en substance. Mais, s’il a en partie raison, Adama aura aussi raison de  lui répondre que « l’Afrique a aussi des diplômés au chômage » comme si elle était incapable d’utiliser ses ressources. Alors, vaut mieux être ailleurs et envoyer de l’argent qu’être sous-utilisé ou, pire, de ne rien faire ici! Deux points de vue irréconciliables pour l’instant. »  

Arrière de couverture


Plus de 50 % de la composante des populations africaines au sud du Sahara se retrouve dans la catégorie d’âge de 15 à 35 ans. Cette jeunesse a hérité des conséquences néfastes de la crise économique et sociale des années 1980. Le quotidien pour elle est fait de précarité, de sous-emploi, de chômage, d’exclusion sociale… Mais ces jeunes ne faiblissent pas devant les problèmes sociaux qu’ils vivent. Ils se manifestent de diverses façons pour exprimer leurs aspirations et leurs ambitions. Ils sont dynamiques, inventifs et créatifs dans tous les secteurs de la société. Ils abordent avec philosophie leurs conditions de jeunes et participent en tant qu’acteurs sociaux aux dynamiques mouvantes de l’Afrique contemporaine.


Dans cet ouvrage collectif, des chercheurs de milieux universitaires et journalistiques résidant en Afrique, en Europe et au Québec présentent une analyse des principales réalités sociales des jeunes d’Afrique subsaharienne. Les auteurs s’appliquent, d’une part, à montrer les dynamiques des rapports de cette jeunesse au système d’éducation, au marché du travail, à l’emploi, au politique, à la culture et au social, et expliquent, d’autre part, les logiques et les stratégies que les jeunes Africains développent pour faire face aux défis que posent leurs conditions de vie. Sans aucun doute, la jeunesse représente une des principales forces sociales qui travaillent l’Afrique subsaharienne en mutation.


Un autre livre de Assogba, Yaoqui peut aussi intéresser les lecteurs:

2007, La raison démasquée. Sociologie de l’acteur et recherche sociale en Afrique, Québec : PUL, Sciences humaines, 108 pages, ISBN : 978-2-7637-8397-0


Cet ouvrage succinct éclaire les conditions de l’émergence d’une sociologie de la rationalité en Afrique et souligne sa grande capacité à faire comprendre des phénomènes sociaux énigmatiques au premier abord. L’observateur se retrouve ainsi devant un acteur social daté et situé, et ayant de « bonnes raisons » de croire ce qu’il croit ou de se comporter comme il se comporte. Partant du postulat selon lequel le développement des sciences sociales réside dans les enquêtes concrètes, l’auteur prend bien soin de montrer les relations de complémentarité entre la recherche qualitative et la sociologie de la rationalité de l’acteur dans le contexte africain.


Ce qui impressionne dans ce petit livre tonifiant, c’est le tranchant du regard et sa pertinence. La clarté de l’exposé et de l’écriture, la cohérence de son cadre analytique et l’originalité du principal message en font un ouvrage de prédilection, aussi bien pour les étudiants et les chercheurs des sciences humaines que pour un large public.


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Nouveaux livres reçus


Reçu le 16 décembre 2009: Hefez, Serge, 2009, ANTIMANUEL DE PSYCHOLOGIE. Toi, moi… et l'amour!, France: BRÉAL, 2009, 264 p., Format : 14X20,5, ISBN 9782749509181. Distribution pour le Québec: www.somabec.com


ANTIMANUEL DE PSYCHOLOGIEQue se passe-t-il dans notre tête et dans celle des autres? Comment ça marche, l'inconscient? Le désir? L'angoisse? Le sexe? Le couple? La famille? Pourquoi les hommes et les femmes sont-ils si différents? Et, d'ailleurs, sont-ils si différents? Peut-on aimer sans se tromper?


En inventant la psychanalyse il y a à peine un siècle, Freud ne se doutait pas que notre société tout entière allait s'organiser autour de la quête du bien-être personnel, et que l'on attendrait des psys qu'ils expliquent sur quoi se fonde le bonheur, puisque c'est censé être leur spécialité.


Dans cet Antimanuel de psychologie, Serge Hefez ne donne ni conseils ni recettes. Avec son enthousiasme habituel, il suit le fil de la construction du lien amoureux pour nous emmener à l'intérieur des cerveaux, des inconscients, des âmes, des histoires, des vies. Il raconte comment se fabriquent les humains, et pourquoi vivre ensemble est, souvent, si compliqué, mais aussi si étonnant, joyeux, douloureux, sexy, décourageant, troublant, déstabilisant, créatif, épuisant, inépuisable. Non pas pour nous apprendre des règles et des modes d'emploi, mais plutôt pour nous faire découvrir la richesse et la complexité extraordinaires des liens qui tissent notre humanité. Et pour comprendre, un peu mieux, comment l'amour vient aux humains, et pourquoi cette question les passionne autant.


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DI a vu! (Ciné, Théâtre, Expositions et quelques annonces d’événements)


UN PROPHÈTE

www.unprophete.ca


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 12 no 1, Textes ciné et culture : www.societascriticus.com


Métropole Films est heureuse d’annoncer la sortie du film UN PROPHÈTE, du cinéaste français Jacques Audiard (De battre, mon cœur s'est arrêté). Déjà auréolé du Grand Prix du Festival de Cannes 2009, le film est en nomination pour l'Oscar du Meilleur film étranger, ainsi que pour un nombre record de 13 César. Un Prophète prendra l'affiche le 26 février prochain.


Condamné à six ans de prison, Malik El Djebena ne sait ni lire, ni écrire. A son arrivée en Centrale, seul au monde, il paraît plus jeune, plus fragile que les autres détenus. Il a 19 ans. D'emblée, il tombe sous la coupe d'un groupe de prisonniers corses qui fait régner sa loi dans la prison. Le jeune homme apprend vite. Au fil des "missions", il s'endurcit et gagne la confiance des Corses. Mais, très vite, Malik utilise toute son intelligence pour développer discrètement son propre réseau...


Considéré comme l'un des films les plus attendus de l'année, UN PROPHÈTE est une œuvre captivante, un film social ultra-réaliste portant sur la dure réalité du monde carcéral. Porté par la prestation de Tahar Rahim, un jeune acteur quasi-inconnu découvert par Jacques Audiard, le film met également en vedette l'acteur français Niels Arestrup.


Commentaires de Michel Handfield (4 mars 2010)


La vie en dedans; les clans qui se forment et prennent le contrôle des prisons, même du personnel! Ici les Corses, prisonniers politiques, ont le dessus sur les musulmans. Mais, ils adopteront un des leurs: Malik, qui les servira, puis qui montera en grade à l'intérieur des murs de la prison, car il veut y survivre et s'y faire un espace de vie plus confortable.


Ce n'est pas un film facile, mais à montrer aux jeunes qui se croient au dessus de tout. Mieux vaut être intelligent et débrouillard si on est condamné à la prison. Malik El Djebena l'était, même s'il ne savait ni lire, ni écrire, à son arrivée. Il apprendra, car il prendra des cours, mais il y apprendra aussi à survivre et à devenir un vrai criminel, car c'est la place pour savoir ce qui n'a pas marché, de ceux qui se sont fait prendre, et se faire des contacts qui comptent. Quand on en sort, si on n'est pas réhabilité, on risque d'être devenu un meilleur criminel! C'est paradoxal, mais c'est ce qu'on voit avec Malik: il s'est transformé en vrai caïd sous prétexte de réhabilitation avec la bénédiction du système!


Un film à voir et qui mérite amplement ses nominations pour l'Oscar du meilleur film étranger et ses nombreux prix aux César! (1)


Note:


1. Voir www.lescesarducinema.com/?#palmares



Vilaine


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 12 no 1, Textes ciné et culture : www.societascriticus.com


De Jean-Patrick Benes et Allan Mauduit avec Marilou Berry


Après un passage au Festival de films romantiques de Montréal, A-Z Films est heureuse d’annoncer l’arrivée sur les écrans du film français Vilaine de Jean-Patrick Benes et Allan Mauduit dès le 26 février. Marilou Berry, actrice principale du film, a d’ailleurs été en nomination comme meilleur jeune espoir féminin aux César 2009. Le film a connu plus d’un million d’entrées en France. Le film met aussi en vedette Frédérique Bel, Pierre-François Martin-Laval, Joséphine de Meaux et Chantal Lauby.


Mélanie est une fille trop gentille. Sa mère, son patron, ses copines, sa voisine et même le chien de sa voisine le savent... et en profitent. Un jour, suite à une ultime humiliation, Mélanie décide de changer. Désormais elle va se venger de tous ceux qui lui ont pourri la vie. Sauf que la méchanceté, ça ne s'apprend pas en deux jours, surtout quand on a été une gentille fille toute sa vie... Marilou Berry fait ses premiers pas à l'écran à 8 ans dans Ma vie est un enfer, une comédie réalisée par sa mère, Josiane Balasko, et dans laquelle joue son oncle, Richard Berry - son père étant le sculpteur Philippe Berry. Elle s'inscrit au Conservatoire du VIIe arrondissement et enchaîne les stages sur les plateaux de tournage.


Marilou Berry s'impose comme une des révélations de l'année 2004 grâce à deux rôles d'ados rondes et complexées, qui trouvent leur salut dans la musique : Lolita, écrasée par la notoriété de son père éditeur et férue d'art lyrique, dans Comme une image d'Agnès Jaoui, et Hannah, féministe avant l'heure et virtuose de la contrebasse, dans La Première fois que j'ai eu 20 ans. La comédienne s'oriente rapidement vers la comédie : après avoir expérimenté les jolies colonies de vacances en compagnie de Jean-Paul Rouve (Ces Jours heureux, 2006), elle incarne Mélanie dans Vilaine en 2008 puis la même année, une fille rebelle devant la caméra de sa mère (Cliente).


Détenteur d’un DESS de Droit Audiovisuel à Aix en Provence, Jean-Patrick Benes a fait ses premières armes chez CTV International et s’atèle à l’écriture de scénario notamment pour Thierry Lhermitte. De son côté, Allan Mauduit a fait des études de lettres, cinéma et théâtre à Caen ainsi qu’une Maîtrise en Cinéma à l’Université de Jussieu. Il a participé à plusieurs projets documentaires en tant qu’aide-cadreur et développe des projets de scénario pour le cinéma et débute sa collaboration avec M6 où il partagera son bureau avec M. Benes. En 2001, ils quittent la télévision pour se lancer en cinéma. C’est ainsi qu’ils coécrivent et réalisent les courts métrages Patiente 69 (2005) et Chair fraîche (2006). Plus récemment, ils ont scénarisé Les Dents de la nuit de Vincent Lobelle et Sephen Cafiero et des épisodes de la série télé Nos enfants chéris.


Commentaires de Michel Handfield (4 mars 2010)


Mélanie, ça a mal commencé. Trop gentille, on rit d'elle et on en abuse. On l'a toujours déconsidéré. Une vie plate jusqu'à la rencontre du Prince charmant sur l'internet.


Dans ce film, on joue avec finesse sur les préjugés, les lieux communs et « l'image-inaire » médiatisée! Comme ce caractère type de la blonde catin, mais manipulatrice, qu'est sa cousine! Un film sur la méchanceté des filles entre elles, tourné dans un genre « Le fabuleux destin d'Amélie Poulain »! Un exemple de cette méchanceté: Sa mère qui lui dit « Toi t'es jamais malade, même les virus ne veulent pas de toi! » J'ai aimé.



LE RUBAN BLANC

PALME D'OR DU 62e FESTIVAL DE CANNES


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 12 no 1, Textes ciné et culture : www.societascriticus.com


Métropole Films est heureuse d’annoncer la sortie du film LE RUBAN BLANC, du cinéaste autrichien Michael Haneke. Récipiendaire, entre autres, de la Palme d'or de Cannes 2009, du Golden Globe du meilleur film en langue étrangère et des European Film Awards du meilleur film, meilleur réalisateur et meilleur scénario, le film prendra l'affiche au Québec le 5 février prochain.


Un village protestant de l'Allemagne du Nord à la veille de la Première Guerre mondiale (1913/1914). L'histoire d'enfants et d'adolescents d'une chorale dirigée par l'instituteur du village et celle de leurs familles : le baron, le régisseur du domaine, le pasteur, le médecin, la sage-femme, les paysans... D'étranges accidents surviennent et prennent peu à peu le caractère d'un rituel punitif. Qui se cache derrière tout cela ?


LE RUBAN BLANC est le 4e film de Michael Haneke a avoir été présenté en compétition officielle à Cannes, après Funny Games, La Pianiste et Caché. Plusieurs fois récompensé, c'est toutefois la première fois que le réalisateur arrive à mettre la main sur la très convoitée Palme d'or. Il s'agit de son premier film à être tourné en Allemand depuis Funny Games en 1997.


Commentaires de Michel Handfield (3 mars 2010)


L'austérité allemande. Le pasteur en est l'illustration parfaite, avec le châtiment corporel et un ruban blanc qu'il met au bras de ses enfants pour leur rappeler leur « devoir » de pureté. Ils doivent être exemplaire. L'humiliation comme exercice du pouvoir.


Avec le baron, le régisseur du domaine et le médecin, nous avons l'illustration parfaite d'un pouvoir féodal. Si les « laborieux », paysans et ouvriers, ne peuvent s'opposer ouvertement, peut-être le font-ils en cachette? On ne le saura jamais. Mais, s'ils se font prendre, ils ont beaucoup plus à perdre que les enfants, qui se mériteront une fessée.


Il est beaucoup plus plausible que ce soit les enfants qui punissent des parents qui n'ont peut être pas les principes aussi solides que ce qu'ils demandent à leurs enfants d'être. On peut alors supposer que les plus punis soient les plus coupables... par mépris pour leurs victimes, qui ne sont pas parfaites, ou par défi de l'autorité paternelle.


Un très bon film sur cette Allemagne rigoriste d'avant guerre. On saisit tout ce climat allemand pour ne pas dire qu'on en est imprégné. On n'est pas loin de « L'Éthique protestante et l'esprit du capitalisme » de Max Weber, paru en 1904-1905, ce film se passant quelques années plus tard seulement. (1) Palme d'or bien méritée.


Note:

1. http://fr.wikipedia.org/wiki/L'%C3%89thique_protestante_et_l'esprit_du_capitalisme


LE DERNIER POUR LA ROUTE DE PHILIPPE GODEAU


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 12 no 1, Textes ciné et culture : www.societascriticus.com


Métropole Films est heureuse d’annoncer la sortie du film LE DERNIER POUR LA ROUTE, de Philippe Godeau. Adaptation cinématographique du roman autobiographique à succès d'Hervé Chabalier, actuel directeur de l'agence Capa (www.capatv.com) et ancien grand reporter au Nouvel Observateur (http://tempsreel.nouvelobs.com), le film a pris l'affiche à Montréal le 29 janvier dernier.


Journaliste et patron d'une agence de presse, Hervé est au bout du rouleau. Las de sa dépendance à l'alcool et des dégâts que celle-ci a causé au sein de sa propre famille, il décide d'entamer une cure de désintoxication dans un centre spécialisé au bord du lac Léman. Sur place il y rencontre d'autres malades qui tentent eux aussi d'échapper à l'étau de la boisson. Il partage sa chambre avec Pierre, très grand buveur atteint d'une cirrhose et avec qui il se lie très vite d'amitié. Il y rencontre aussi Magali, une jeune femme de vingt-trois ans qui l'intrigue. Ils côtoient également Carol et Marc, ses deux thérapeutes anciens malades alcooliques eux-aussi. Si l'alcool est désigné comme l'ennemi commun, chacun doit faire face à ses propres démons, son propre passé, ses propres expériences. Le premier ennemi de chacun est soi-même et Hervé doit lui aussi commencer par reconnaître sa maladie avant d'entamer un lent processus de reconstruction, loin des siens et de son travail. Sur le chemin il prendra la pleine mesure des dégâts causés.


Premier long métrage en tant que réalisateur du producteur et distributeur Philippe Godeau, LE DERNIER POUR LA ROUTE met en vedette l'acteur français François Cluzet (Ne le dis à personne), qui incarne avec brio le rôle-titre d'Hervé, ainsi que Mélanie Thierry (Largo Winch), Michel Vuillermoz (Un long dimanche de fiançailles) et Anne Consigny (Un conte de Noël).


Commentaires de Michel Handfield (23 février 2010)


Ce film de Philippe Godeau m'est apparu fort intéressant, mais où le classer? Fiction, car c'en est une; documentaire, car il informe sur un sujet délicat, l'alcoolisme, et une thérapie pour contenir cette dépendance, du genre alcoolique anonyme.


On entre en institut avec lui. On suit les psychothérapies de groupe, les consultations privées et les interactions du groupe. On a droit au déni tout comme à la prise de conscience et aux rechutes des membres du groupe. Tout y est: des amitiés aux jeux de séduction qui peuvent se développer dans un tel milieu, fermé, car on peut compenser l'absence d'une dépendance – l'alcool ici - par une autre: affective par exemple! On peut aussi se faire souffrir pour oublier une vie qu'on refuse de vivre, que ce soit par l'alcool ou autrement si la boisson n'est pas disponible.


Puis, il y a ces dénis circonstanciels: on avait une bonne raison de boire cette journée-là. Sauf que, cette journée-là, c'était le lendemain d'une autre cuite et la veille d'une défonce. C'était devenu coutume! Mais, même sans alcool les autres problématiques demeurent. La rechute est toujours au tournant. Une bonne fiction documentaire.


À défaut de retomber dans l'alcool, je crois qu'on peut plonger dans de nouvelles dépendances. C'est ainsi que certains tomberont dans la religion à l'extrême, comme certains « born again Christians » par exemple. C'est du moins mon opinion. Ce film ouvre la porte sur une problématique et ceux qui le veulent pourront aller plus loin sur le sujet, car il y a beaucoup sur internet à ce propos. Suffit de googler « alcoolisme ». Mais, il y a aussi des objections. A souligner le livre d'Amnon Jacob Suissa, Pourquoi l'alcoolisme n'est pas une maladie, paru chez Fides. Si je ne l'ai pas lu, j'ai trouvé les quelques entrevues de ce professeur de l’École de travail social de l’Université du Québec à Montréal fort intéressantes. (1)


Note:


1. Pour lire une entrevue sur le sujet avec l'auteur: www.uqam.ca/entrevues/2007/e2007-086.htm


Hyperliens:


Pour des ressources montréalaises:


www.maisonjeanlapointe.com

www.centredollardcormier.qc.ca


Surtout googler « ressources alcoolisme »


Romaine par moins 30


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 12 no 1, Textes ciné et culture : www.societascriticus.com


Un film d’Agnès Obadia avec Sandrine Kiberlain, Louis Morissette et Pierre-Luc Brillant


Romaine par moins 30, une coproduction entre la France (Agat Films, Nicolas Blanc) et le Canada (Max Films, Roger Frappier et Luc Vandal – Cinémaginaire, Denise Robert et Daniel Louis), est le troisième long métrage écrit et réalisé par Agnès Obadia. Le film, presque entièrement tourné au Québec, nous plonge au cœur de l’hiver, nous amenant de Montréal à Val-d'Or, en Abitibi-Témiscamingue.


Romaine a 30 ans. Justin, son fiancé, décide de l'emmener à Noël dans le Grand Nord québécois pour y mener une nouvelle vie. Mais au-dessus de l'Atlantique, Romaine apprend que l'avion va s'écraser et décide de ne pas mourir sans avoir avoué à Justin une vérité qu'elle lui a toujours cachée. Cependant, rien ne va se passer comme prévu...


Romaine par moins 30 a pris l’affiche à travers le Québec le 12 février dernier. Le film est distribué au Canada par TVA Films.


Commentaires de Michel Handfield (23 février 2010)


Dû à des circonstances particulières, entendant ce qu'elle croît être une conversation entre deux hôtesses de l'air dans la toilette de l'avion, Romaine est sure d'une catastrophe! Elle dira alors tout ce qu'elle a toujours caché à son « chum », ce qui causera la catastrophe du couple à défaut de celle de l'avion...

Il en résultera ensuite toute une série de qui propos et de catastrophes pour elle, ce qu'on suivra. Mais, elle s'en tirera toujours bien.


On est dans un drôle de film, avec un drôle de jeu et une drôle de vision d'ici, comme lorsqu'elle se marie sans le savoir! Parfois, je trouvais qu'on était dépeint un peu trop colon à mon goût, mais d'autres fois on a le sourire si on accepte le jeu et qu'on prend ce film au second degré! Bref, c'est un film qui navigue entre l'humour a gros trait et une certaine finesse second degré avec des pointes d'humour absurde. Il devrait trouver son public. Mais, la plus grosse vedette, c'est l'hiver!


Après-midi aux musées!


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 12 no 1, Textes ciné et culture : www.societascriticus.com


Commentaires de Michel Handfield (10 février 2010)


Il y a quelques semaines, le 17 janvier très exactement, car mes annotations sont datées dans mon iPod, j'ai visité deux musées par un beau dimanche après-midi: le Musée des Beaux Arts de Montréal (MBA) et le Musée d'Art Contemporain (MAC). Comme les expositions que j'ai vue sont finies, vous comprendrez bien que ce n'est pas de cela dont je veux vous parler, mais des musées.


Ils offrent de belles expositions et sont populaires. Tant mieux, car cela assure leur avenir. Mais, parfois, il y a tellement de monde devant certaines cartes explicatives qu'il est difficile de savoir ce que l'on veut savoir. Y aurait-il moyen d'user des nouvelles technologies, comme le Wi-Fi ou une application iPhone/iTouch pour les visiteurs qui ont accès à ces technologies de manière à pouvoir lire les informations directement sur nos écrans plutôt que sur les affichettes? Ainsi, dans l'exposition de John William Waterhouse au MBA, dont les œuvres font références à des saints, à la mythologie et à des contes, j'aurais parfois « googlé » certaines toiles si le musée avait eu un réseau Wi-Fi ouvert. On pourra toujours m'objecter que c'est trop moderne pour un musée! Mais, on est rendu là. On l'a dans certains parcs et dans la majorité des cafés, alors pourquoi pas au musée?


Comme le MBA n'était pas Wi-Fi, j'ai ensuite été au musée d'arts contemporains, cet antre de la culture moderne, pour voir. Comme ils offrent une carte « Branché sur le MAC » que j'aime bien, j'anticipais que le MAC soit branché! Mais, non le MAC ne l'est pas davantage que le MBA. Alors, à quand le Wi-Fi dans ces musées? La question est posée; l'idée est lancée! Par comparaison, les fois où j'ai assisté à des conférences de presse au Centre Canadien d’Architecture (CCA), j'ai toujours trouvé un réseau WiFi! Par exemple ce « tweet » envoyé de mon iPod: « La vitesse, du 20 mai au 12 oct au CCA » (4:14 PM May 19th, 2009 from mobile web) Alors, à quand?


Post-Scriptum « Tiffany »


Suite à un visionnement de presse, je suis allé voir la préexposition Tiffany au MBA hier. C'était ouvert pour les journalistes sur invitation. Pour le public, cette exposition s'ouvre le 12 février et s'étendra jusqu'au 2 mai.


Superbe. On y découvre que Tiffany c'est autre chose que le style de lampe nommé en son nom. Ce sont surtout des vitraux et autres pièces en verre. Un créateur et des artisans verriers qui fabriquaient même leur verre. La production de lampe vint plus tard, notamment avec les retailles de verre, même si c'est ce qui est le plus connu du grand public. Le vrai Tiffany est au MBA: www.mbam.qc.ca/tiffany/fr/index.html


Hyperliens

www.mbam.qc.ca
www.macm.org

www.cca.qc.ca
http://twitter.com/M_Handfield


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TOSCA de Giacomo Puccini (Opéra)


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 12 no 1, Textes ciné et culture : www.societascriticus.com


PRODUCTION 30e ANNIVERSAIRE DE L'OPÉRA DE MONTRÉAL

TOSCA de Giacomo Puccini à la salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts

30 janvier 3, 6, 8, 11 février 2010 à 20 h & 13 février 2010 à 14 h

Genre : Drame tragique

Structure : En trois actes

Langue : En italien avec surtitres français et anglais

Livret : Giuseppe Giacosa et Luigi Illica (d’après la pièce de Victorien Sardou)

Création : Rome, Teatro Costanzi, le 14 janvier 1900

Production : San Diego Opera

Dernière production à la compagnie : mars 2002


Commentaires de Michel Handfield (10 février 2010)


Il y a 30 ans, l’Opéra de Montréal lançait sa compagnie avec le drame et la passion de Tosca de Giacomo Puccini (1) d'après une pièce de Victorien Sardou. (2) Pour ses trente ans d’existence, l’Opéra de Montréal remet à l’affiche cette œuvre dans une nouvelle production du San Diego Opera.


Dès que le rideau s'ouvre, déjà des applaudissements pour le décor, car il est fabuleux. Chaque acte mérite son décor, tous aussi beau les uns que les autres. On les doit à Jean-Pierre Ponnelle, un grand metteur en scène qui a laissé sa marque sur plusieurs opéras des plus grandes maisons d’Europe et des États-Unis. Mais, il fait, ici, ses « débuts à l’OdM » nous apprennent les notes reçues, cela 22 ans après son départ pour un autre monde. De quoi faire des décors divins pouvons nous dire! (3)


Au début du premier acte, je me sentais dans une pièce politique, avec les « voltairiens, ennemis du gouvernement »! (4) Puis, l'armée de Napoléon (5) aux portes de la ville. Mais, par la suite, on quitte ce contexte (6) pour passer un cran plus bas: la politique vécue en privé, c'est-à-dire en interaction avec les intérêts personnels. Là, on pénètre l'abus de pouvoir incarné par Scarpia, le chef de la police qui poursuit Angelotti, consul de la République romaine, qui s'est évadé du château de Saint-Ange (7) pour se réfugier dans cette église; puis Cavaradossi, qui en peint les fresques, parce qu'il l'a aidé à se cacher, mais surtout parce qu'il est l'amant de la belle Tosca que le chef de police a à l'œil. A la fin de cet acte, il dira clairement « Tosca! Tosca, tu me fais oublier Dieu! » C'est clair qu'il confond son intérêt personnel avec le pouvoir de sa fonction. Il usera d'ailleurs de ce pouvoir pour avoir la belle! Quand on a le bâton, il est parfois tentant de s'en servir. Cet aspect de l'opéra est toujours actuel, les abus policiers étant toujours à l'ordre du jour, même dans nos démocraties modernes. Il sera toujours tentant pour quelques-uns d'abuser de leur pouvoir. On peut justement y penser cette semaine où « [an] Britain's highest-ranking Asian police officer was jailed for four years yesterday after being convicted of falsely arresting a man and then inventing a claim of assault against him. » (8)


Par chance, il y a davantage de contrôles, mais ils ne sont pas toujours pertinents. Parfois, ils n'empêchent ni les abus, ni les bévues tout en mettant des bâtons dans les roues de la justice, ce qui fait l'affaire des groupes criminels qui en profitent pour travailler sans être importunés. Il y a la justice et l'apparence de justice!

Scarpia, qui envie Cavaradossi d'avoir une maîtresse et protectrice comme Tosca, se fait donc un confesseur redoutable aux confidences de Tosca. Alors, quand cette dernière lui confesse de soupçonner son amant d'avoir une autre flamme – celle qu'il a peinte, soit la marquise Attavanti, la soeur d'Angelotti – il ne met pas longtemps à comprendre que l'homme recherché se cachait à l'église et que le peintre lui est venu en aide. Il ne sera pas long à lancer ses hommes à sa poursuite, car en se débarrassant du peintre, il aura la belle. Justicier et bourreau se retrouveront ainsi dans le même homme par concupiscence!


Le deuxième acte constitue le pivot dramatique de l’œuvre: l'affrontement à huis clos des trois protagonistes que sont Scarpia, Cavaradossi et Tosca. Scarpia n'hésitera pas à faire torturer Cavaradossi pour faire parler Tosca, car il représente la force de l'ordre, ce qui signifie, dans ses mots, « de faire gicler le sang pour faire respecter la loi! » Il saura ainsi où se cache Angelotti et le fera chercher, mais celui-ci se suicidera. Cavaradossi sera alors condamné à mort, mais criera sa joie de savoir la victoire de Napoléon contre les tyrans à Marengo. (9)


Tosca profitera de la situation pour demander à Scarpia la clémence pour son amant, mais celui fera plutôt un chantage pour obtenir des faveurs sexuelles de sa part, car il la désire. Mais, la cantatrice a du caractère et il en paiera le prix. Malheureusement, s'il a donné l'ordre d'une fausse exécution devant elle, par en arrière il a bien fait comprendre à son serviteur de procéder quand même, ce qui nous conduit au dernier acte!


Cet acte est bref. Il s'ouvre sur le désespoir de Cavaradossi. Puis, Tosca lui ramènera une certaine joie, le prévenant de bien simuler sa mort, car il sera sauvé. Mais, le serpent de Scarpia ne fut pas de parole et la cantatrice ne pourra qu'exécuter son chant du cygne pour échapper à ce qui l'attend. On est dans le drame humain, ce qui a un côté solennel à l'opéra.


Ce drame est en partie dû au caractère de Scarpia, qui n'hésite pas à user de son pouvoir pour atteindre ses fins, mais aussi au contexte politique qui lui donnait le prétexte dont il avait besoin pour s'en prendre au peintre dont il enviait la maîtresse: Tosca, cette femme! Dans un autre contexte, il n'aurait pas eu ce prétexte. On rejoint donc l'adage « l’occasion fait le larron »! (10) On n'est pas loin de Rousseau dont une large part de l'œuvre est traversée par l'idée que l'Homme naît bon, c'est la société le corrompt (11), car Scarpia usurpe en toute impunité un pouvoir qui lui est donné pour faire respecter la loi de façon à atteindre ses propres fins sans que personne ne l'en empêche, car, à l'époque, on ne parlait pas de droits de la personne pour les contrevenants. Tosca, qui protégeait son amant, pouvait ainsi être perçue comme telle par l'infâme Scarpia. Puis, il y avait encore moins de droits en temps de guerre. Le vol des richesses, le rapt et le viol des femmes faisaient partie des avantages des militaires et des policiers. Dans certains conflits, cela existe encore malgré le droit international (12), car ce ne sont pas tous les États qui acceptent ce droit, ni la Cour pénale internationale (13).


Cependant, depuis le procès de Nuremberg, les militaires peuvent être accusés de crime de guerre au plan individuel, car ils doivent savoir ce qui se passe et refuser les ordres. Leur responsabilité est donc entamée. (14) Mais, la psychologie a mainte fois démontrée que les personnes obéissent aux gens en autorité même si cela va contre leurs principes et la logique, ce qu'a démontré l'expérience de Milgram (15). Pensons au génocide rwandais, où « Sur les ondes de la Radio des Mille Collines, radio de propagande de l'Akazu, le signal du début du génocide fut, dit-on, la phrase entendue depuis quelques jours : « Abattez les grands arbres » » (16). Un ordre suivit, comme pour l'expérience de Milgram. Tuer était devenu un travail ou une routine, comme en abattoir. On normalise probablement la situation pour ne pas être en situation de dissonance cognitive avec nos valeurs en se disant que ce ne sont pas des humains comme nous; qu'ils ont fait quelque chose pour le mériter! C'est probablement le résultat de tout un travail de sape idéologique qui se fait depuis des années, voir des décennies, parfois même des siècles. Pensons au nazisme (17), forme extrême d'antisémitisme (18), où le mal était identifié aux juifs, accusé injustement d'avoir spolié le rang de peuple élu aux Aryens par tout un système idéologique qui réécrivait l'histoire et la diffusait (19), ce qui a conduit à la Shoah (20) et à la guerre 39-45 (21).


Cependant, ces accusations pour crimes de guerre ont plus souvent lieux face aux vaincus qu'aux vainqueurs et aux petits pays qu'aux grandes puissances, même si celles-ci n'ont certainement pas toujours respecté la bienséance en situation de force. Nous n'avons qu'à penser aux États-Unis dans leur guerre au terrorisme pour le constater. Mais, les États-Unis ne reconnaissent pas la plupart des traités internationaux de toutes manières (22). Et, s'il y a des accusations à porter pour faire taire l'opinion publique, ce sont rarement les têtes dirigeantes qui sont intimées. On trouvera des coupables individuels dans le « petit personnel »! Le système sait se défendre; la hiérarchie l'utiliser pour se protéger. J'avais l'impression que quelques lignes de cet opéra avaient été dictées par le prince de la stratégie politique: Machiavel lui-même! (23) Un opéra qui permet d'aller plus loin à qui fait des liens et est intellectuellement curieux. Un opéra toujours actuel.



Addenda cinématographique de Luc Chaput


Le château Saint-Ange est aussi un lieu important du roman de Dan Brown « Angels and Demons » et du film qui s'en inspire. Un prince de l'Église y est enfermé par un sbire à la solde des Illuminati. Voir http://en.wikipedia.org/wiki/Angels_&_Demons


Une très bonne version télé de cet opéra (www.imdb.com/title/tt0105625/)

a été tournée dans les lieux véritables, dont le Palais Farnèse, maintenant ambassade de France (http://fr.wikipedia.org/wiki/Palais_Farn%C3%A8se), et le château Saint-Ange.


Benoît Jacquot, dans sa version filmée de cet opéra, oppose le noir de Scarpia et le rouge de la révolution dans un symbolisme stendhalien. Voir

www.art-et-essai.org/actions_promotion/soutiens_2001/tosca.htm

www.musicweb-international.com/SandH/2001/Dec01/toscafilm.htm


L'Italien anticlérical Luigi Magni a réalisé au moins quatre films historiques sur la Rome du XIXe siècle soit La Tosca, In nome del papa re, In nome del popolo sovrano et La Carbonara. Voir http://it.wikipedia.org/wiki/Luigi_Magni et

http://www.imdb.com/name/nm0536238/


Notes:


1. http://fr.wikipedia.org/wiki/Giacomo_Puccini


2. Puccini pense à mettre en musique la pièce de Sardou dès 1896, mais doit d'abord obtenir l’autorisation de l’auteur qui accepte la suppression d’un acte, mais exige le maintien de la fin rapide et violente de l’œuvre. Voir:

Sur Victorien Sardou: http://fr.wikipedia.org/wiki/Victorien_Sardou

Le texte de Tosca de Sardou: http://www.gutenberg.org/etext/19540


Pour ceux qui s'intéressent à la généalogie, je vous renvoie à la page d'homonymie des Sardou: http://fr.wikipedia.org/wiki/Sardou


3. Jean-Pierre Ponnelle (France, 1932-1988) a été un grand metteur en scène qui a laissé sa marque sur plusieurs opéras, auprès des plus grandes maisons d’Europe et des États-Unis. Il fit ses débuts en Allemagne en 1952 avec la conception de l’opéra Boulevard Solitude de Henze. Après avoir fait les décors et la mise en scène de Tristan und Isolde en 1962, il décida de s’occuper de tous les aspects de la mise en scène d’opéra. Il fut un partisan de la première heure des coproductions internationales, dans lesquelles deux ou plusieurs compagnies d’opéra partagent le succès d’une nouvelle mise en scène. Parmi ses œuvres, on compte de nombreuses productions au Metropolitan Opera et au San Francisco Opera, mais aussi des versions filmées d’opéras pour la télévision et le cinéma. Débuts à l’OdM. (Communiqué / annonce de la production daté du 4 janvier 2010)


4. Les voltairiens, qu'est-ce? Wikipédia n'en parle pas, mais il y a des sites voltairiens divers sur l'internet. En très bref, voltaire est un libéral qui critique l'emprise religieuse catholique. Il est pour la science et le savoir. Dans cette optique, la meilleure définition de voltairien serait celle-ci, trouvée dans le « Trésor de la langue française »: «  [En parlant d'une pers.] Qui critique, combat les valeurs établies, surtout morales et religieuses; qui se veut indépendant d'esprit. » Références:

http://atilf.atilf.fr/dendien/scripts/tlfiv4/showps.exe?p=combi.htm;java=no;

http://fr.wikipedia.org/wiki/Voltaire


5. http://fr.wikipedia.org/wiki/Napoléon_Ier


6. Le livret sera de Giacosa et d’Illica qui resserreront la trame narrative et en évacueront pratiquement tout le contexte historico-politique pour concentrer l’action sur l’affrontement entre Tosca, Cavaradossi et Scarpia. (D'après le Communiqué / annonce de la production daté du 4 janvier 2010). Pour plus de détails, voir

http://fr.wikipedia.org/wiki/Tosca_(Puccini)

http://fr.wikipedia.org/wiki/Giuseppe_Giacosa


7. Ce château servait de prison politique à la papauté. Voir http://fr.wikipedia.org/wiki/Château_Saint-Ange


8. Mark Hughes, Crime Correspondent, « Four years in jail for top officer branded « criminal in uniform » », The Independant, Tuesday, 9 February 2010: www.independent.co.uk/news/uk/crime/four-years-in-jail-for-top-officer-branded-criminal-in-uniform-1893310.html


9. http://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_Marengo


10. http://fr.wiktionary.org/wiki/l’occasion_fait_le_larron


11. Je croyais que c'était dans Émile que je retrouverais cette formule textuellement, mais je n'y ai retrouvé que l'idée, non la formulation exacte. Je ne l'ai pas davantage trouvée dans Le contrat social, dans son Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes ou encore son Discours sur les sciences et les arts qui à remporté le prix de l'Académie de Dijon. Mais, l'idée y est toujours. On trouvera ces œuvres dans Les classiques des sciences sociales: http://classiques.uqac.ca/classiques/Rousseau_jj/rousseau.html


12. http://fr.wikipedia.org/wiki/Droit_international_public


13. http://fr.wikipedia.org/wiki/Cour_pénale_internationale


14. http://www.yrub.com/histoire/crimeguerre.htm


15. http://fr.wikipedia.org/wiki/Expérience_de_Milgram


16.http://fr.wikipedia.org/wiki/Génocide_au_Rwanda#Les_premiers_jours


Je pense aussi au film « Un dimanche à Kigali » (Societas Criticus, Vol 8 no 3, Mai 2006) Voir aussi:

http://fr.wikipedia.org/wiki/Génocide_au_Rwanda

http://fr.wikipedia.org/wiki/Rwanda


17. http://fr.wikipedia.org/wiki/Nazisme


18. http://fr.wikipedia.org/wiki/Antis%C3%A9mitisme


19. Je résume à l'extrême ici. Pour ceux que la question intéresse, lire Harvill-Burton, Kathleen, 2006, Le nazisme comme religion. Quatre théologiens déchiffrent le code religieux nazi (1932-1945), Québec : Presses de l’Université Laval (www.pulaval.com), 252 pages, ISBN : 2-7637-8336-8, Prix :$ 30,00

Nous en avons parlé dans le Vol. 11 no 4.


20. http://fr.wikipedia.org/wiki/Shoah


21. http://fr.wikipedia.org/wiki/Seconde_Guerre_mondiale


22. « En fait, au sens strict, les États-Unis n'ont jamais signé de conventions, et, lorsqu'ils l'ont fait, ce qui est très rare, ils imposent systématiquement une clause de réserve dont les termes exacts sont: «Ne peut s'appliquer aux États-Unis.»

Chomsky, Noam, 2001, De la guerre comme politique étrangère des États-Unis, Marseille : Agone/ Montréal : Comeau & Nadeau, p. 183


23. Machiavel, Nicolas, 1996 [1532], Le prince, Paris: Booking International.

http://fr.wikisource.org/wiki/Le_Prince


Annexe!


PréOpéra


Conférence sur l’œuvre, donnée par le musicologue Pierre Vachon avant chaque représentation, à 18 h 45 (soirée) ou 12 h 45 (matinée), au Piano Nobile de la PDA.


Apéro à l’Opéra


La grande gagnante du projet Apéro à l’Opéra, la soprano Annie Sanschagrin (Crabtree), participera également à la production de Tosca : dans les décors et avec orchestre, elle chantera le grand air Vissi d’arte et le duo du premier acte avec le ténor de la production David Pomeroy lors de la représentation du 13 février 2010 et ce, après la représentation régulière. Apéro à l’Opéra fait l’objet d’une série documentaire de sept épisodes en collaboration avec La Presse Télé et diffusée sur ARTV dès le mardi 26 janvier à 19 h (rediffusion : les samedi à 15 h 30 et dimanche à 9 h et 18 h); cette série présentera toutes les coulisses du projet et le travail des six candidats qui ont suivi une formation intensive de chanteurs d’opéra tout l’automne à l’Opéra de Montréal.


DISTRIBUTION


Floria Tosca: Nicola Beller Carbone, soprano (Allemagne)


Directrice artistique du Piccolo Teatro Sant’Andrea et membre de Le Arti Orafe Academy de Lucques, Nicola Beller Carbone étudie d’abord l’art dramatique avant de se tourner vers le chant. Parmi ses engagements des dernières saisons, on remarque le rôle-titre de Salome à l’Aalto Theater d’Essen, au Deutsches Nationaltheater de Weimar, au Teatro Regio de Turin et au Grand Théâtre de Genève ; le rôle-titre dans Tosca au Staatstheater de Darmstadt, à l’Opéra de Nice, à l’Opéra de Nantes et à l’Opéra National de Grèce ; Marie (Wozzeck) à l’Aalto Theater d’Essen ; Jenny (Rise and Fall of the City of Mahagonny) et Santuzza (Cavalleria rusticana) au Deutsche Oper de Berlin. Débuts à l’OdM.


Cavaradossi: David Pomeroy, ténor (Canada)


Doté d’une riche voix de ténor et de notes aiguës sensationnelles, David Pomeroy a attiré l’attention des directeurs artistiques partout à travers le monde. Ses engagements récents lui ont permis d’aborder Ladislov (Les deux veuves) au Edinburgh Festival en Écosse, Pinkerton (Madame Butterfly) à l’Opera Theatre de St. Louis et au Michigan Opera Theatre, Ruggero (La Rondine) aussi au Michigan Opera Theatre, Skuratov (De la maison des morts) à la Canadian Opera Company, le Duc de Mantoue (Rigoletto) au Calgary Opera et Don José (Carmen) au Vancouver Opera. Il a aussi chanté avec la plupart des orchestres et sociétés chorales d’importance au Canada, en plus de participer à des enregistrements pour la compagnie Centrediscs. Dernière présence à l’OdM : Débuts à l’OdM.


Scarpia: Greer Grimsley, baryton-basse (États-Unis)


Greer Grimsley est reconnu à travers le monde pour ses dons remarquables de chanteur et d’acteur, en plus d’être un chef de file parmi les interprètes du répertoire wagnérien. Il a fait ses débuts au Metropolitan Opera dans le rôle du Capitaine Balstrode (Peter Grimes) pour ensuite y interpréter Escamillo (Carmen), Jokanaan (Salomé), Scarpia (Tosca), Telramund (Lohengrin) et Amfortas (Parsifal). Il a d’abord retenu l’attention internationale dans Escamillo (La tragédie de Carmen) partout à travers le monde. Parmi ses plus récentes apparitions sur scène on remarque Don Pizzarro (Fidelio) avec l’Opera Company of Philadelphia, le Portland Opera et l’Opéra National Portugais, ainsi que Scarpia (Tosca) avec le San Diego Opera. Dernière présence à l’OdM : Le château de Barbe-Bleue (2004).


Le Sacristain: Alexandre Sylvestre, baryton-basse (Canada)


Ancien membre de l’Atelier lyrique de l’Opéra de Montréal, Alexandre Sylvestre a fait ses débuts à l’Opéra de Montréal dans les rôles de Zalzal et du Chef de police (L’étoile) en 2005, pour être ensuite invité à chanter au Gala 2006. Parmi ses plus récentes prises de rôle : le Duc de Vérone (Roméo et Juliette), le Prince Yamadori (Madame Butterfly) et Jack Wallace (La fanciulla del West) à l’Opéra de Montréal, le deuxième Prêtre (La Flûte enchantée) pour le Pacific Opera de Victoria et Orchestra London, ainsi que le Stabat Mater de Haydn avec Les Violons du Roy. Dernière présence à l’OdM : Le Gala (2009).


Angelotti: Stephen Hegedus baryton-basse (Canada)


Un ancien de l’Atelier lyrique de l’Opéra de Montréal, Stephen Hegedus a été décrit comme « un acteur charmant et, mieux encore, un chanteur au potentiel énorme » (Opera Canada). Il a fait ses débuts à l’Opéra de Montréal dans le rôle de Silvano (Un bal masqué) et y revient en Grégorio (Roméo et Juliette), Fiorello (Le barbier de Séville) et Il Commissario (Madame Butterfly). Parmi ses engagements récents : le rôle-titre des Noces de Figaro au Teatro Municipal de Santiago, le rôle de Don Alfonso (Così fan tutte), avec l’Atelier lyrique, et la Messe en si mineur de Bach au Carnegie Hall. Dernière présence à l’OdM : Macbeth (2009).


Spoletta: AARON FERGUSON, TÉNOR (Canada)


Présentement en première année à l’Atelier lyrique de l’Opéra de Montréal, il chantera Charles Gill (Nelligan) dans la production de l’Atelier et Le Doyen de la Faculté (Cendrillon) à l’Opéra de Montréal. Aussi, il est soliste du spectacle Noël à l’opéra avec l’Orchestre Métropolitain et dans le Requiem de Mozart avec l’Orchestre symphonique de Laval. Récemment, il a chanté Apollo (Semele) et un Cénobite (Thaïs) au Pacific Opera Victoria, de même que dans l’Ode to St. Cecilia’s Day de Handel avec le Victoria Symphony. Dernière présence à la compagnie : Le Gala (2009).


Sciarrone: Roy del Valle, baryton (MEXIQUE)


Natif du Mexique, Roy Del Valle en est à sa deuxième saison à l’Atelier lyrique de l’Opéra de Montréal. Il a chanté dans plusieurs productions canadiennes notamment au Banff Centre for the Arts, à l’Institut d’études méditerranéennes de Montréal, avec le McGill Chamber Orchestra, l’Orchestre Métropolitain et l’Atelier lyrique et l’Opéra de Montréal. À l’Opéra de Montréal, il chantera Le Surintendant des Plaisirs (Cendrillon). Dernière présence à la compagnie : Macbeth (2009).


Geôlier: Pierre Rancourt, baryton (Canada)


En première année à l’Atelier lyrique de l’Opéra de Montréal, Pierre Rancourt participe cette saison aux productions de Gianni Schicchi, La Flûte enchantée, Tosca et Cendrillon à l’Opéra de Montréal et à celle de Nelligan de l’Atelier lyrique. Avant son entrée à l’Atelier, il a chanté Don Magnifico (La Cenerentola) à Opera NUOVA, Giove (La Calisto) à l’Atelier d’opéra de l’Université Laval et la Messe Nelson de Haydn avec l’Ensemble Polyphonia de Québec. Dernière présence à la compagnie : La Flûte enchantée (2009).


Berger : Suzanne Rigden, SOPRANO (CANADA)


En première année à l’Atelier lyrique, Suzanne Rigden a déjà reçu de nombreux prix de chant, dont le Metropolitan Opera First Encouragement Award 2009; elle est l’une des lauréates du concours des Jeunes ambassadeurs lyriques 2009. On a pu l’entendre récemment sur notre scène dans l’un des trois esprits dans La Flûte enchantée et chantera Gertrude (Nelligan) dans la production de l’Atelier lyrique de l’Opéra de Montréal. Dernière présence à la compagnie : La Flûte enchantée (2009).


Chef d’orchestre: Paul Nadler (États-Unis)


L’un des chefs les plus enthousiasmants les plus respectés au monde, il a dirigé plus de 50 représentations au Metropolitan Opera, parmi lesquelles Rigoletto, Un bal masqué, Aida, Le barbier de Séville, Tannhäuser, Don Carlo, Andrea Chénier, La traviata, Carmen et Fidelio, avec des vedettes telles Luciano Pavarotti, Plácido Domingo, Karita Mattila, Bryn Terfel et Ben Heppner. Il a aussi collaboré avec des solistes renommés : Garrick Ohlsson, Emmanuel Ax, Misha Dichter, Elmar Olivera et Glenn Dicterow. Il est le directeur musical honoraire du Southwest Florida Symphony Orchestra, principal chef invité du Filarmonica de Stat Iasi (Roumanie), Co directeur et fondateur de l’International Vocal Arts Institute et fondateur du Cincinnati Chamber Orchestra. Dernière présence à l’OdM : Le Gala (2008).


Metteur en scène: Michael Cavanagh (Canada)


L’un des metteurs en scène les plus polyvalents et les plus populaires de tout le Canada, il a dirigé des opéras partout au pays : au Vancouver Opera (L’Italienne à Alger, Carmen, The Rake's Progress, Don Giovanni, Madame Butterfly), au Edmonton Opera (Macbeth, Of Mice and Men, La traviata, La bohème, The Rake's Progress), Opera Lyra Ottawa (La fille du régiment, Un bal masqué, Les pêcheurs de perles), à l’Opéra de Montréal (Turandot, Madame Butterfly), au Manitoba Opera (Cavalleria rusticana, Pagliacci) et au Calgary Opera (Tosca, Le barbier de Séville, La traviata, La Cenerentola). Aux États-Unis, il a travaillé pour plusieurs compagnies, parmi lesquelles le Minnesota Opera, le Hawaii Opera Theatre, l’Arizona Opera, l’Austin Lyric Opera et le Tulsa Opera. Dernière présence à l’OdM : Roméo et Juliette (2007).


Éclairages: ANNE-CATHERINE SIMARD-DERASPE (Canada)


Au théâtre, elle a conçu les éclairages pour Les fourberies de Scapin (Théâtre Denise-Pelletier), Le caillou de saturne (Théâtre du p'tit loup), Le père Léonidas et la Réaction (Montreal Arts Interculturel), Ce fou de Platonov (Théâtre Prospero); Molière en hiver (Bain St-Michel) et Théâtre sans animaux (Théâtre La Licorne) À l’opéra, elle a réalisé les éclairages pour Il tabarro/Suor Angelica (Opéra de Montréal, 2006) et était assistante aux éclairages pour Thaïs (Palm Beach Opera). Directrice technique et conceptrice pour I Musici de Montréal, elle est présentement directrice technique au Centre d'Arts Orford. Dernière présence à la compagnie : La flûte enchantée (2009).


Vente de Billets


Abonnement pour les 18 à 30 ans : La Banque TD t’emmène à l’opéra

Grâce au soutien de TD Canada Trust, l’Opéra de Montréal poursuit son offre spéciale d’abonnement destinée aux jeunes de 18 à 30 ans : 30 $ le billet avec l’abonnement ! Achat minimal requis de deux opéras de la saison régulière. Abonnements offerts à la billetterie de la Place des Arts.


Billets À la Pièce :


Billetterie de la Place des Arts : 514-842-2112 • 1 866 842-2112

À partir de 46 $.

www.operademontreal.com


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L'affaire Farewell de Christian Carion

www.laffairefarewell-lefilm.com


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 12 no 1, Textes ciné et culture : www.societascriticus.com


Commentaires de Michel Handfield, incluant le résumé officiel (4 février 2010)


Moscou, au début des années 80, en pleine Guerre Froide. Sergueï Grigoriev, de son vrai nom Vladimir Ippolitovich Vetrov (1), colonel du KGB déçu du régime de son pays, décide de faire tomber le système. Il prend contact avec un jeune ingénieur français en poste à Moscou, Pierre Froment, de son vrai nom Xavier Ameil (2). Les informations extrêmement confidentielles qu'il lui remet ne tardent pas à intéresser les services secrets occidentaux. Mitterrand lui-même est alerté et décide d'informer le président Reagan : un gigantesque réseau d'espionnage permet aux Soviétiques de tout connaître des recherches scientifiques, industrielles et militaires à l'Ouest! Les deux hommes d'État décident alors d'exploiter ces données ultras sensibles transmises par une mystérieuse source moscovite que les Français ont baptisée : «  Farewell ». Homme sans histoires, Pierre Froment se retrouve précipité au cœur d'une des affaires d'espionnage les plus stupéfiantes du XXe siècle. Une affaire qui le dépasse et qui menacera bientôt sa vie et celle de sa famille...


Troisième long métrage de Christian Carion (Une hirondelle a fait le printemps, Joyeux Noël), « L'affaire Farewell » nous plonge en plein cœur de l'univers des services secrets durant la Guerre froide. Le film met en vedette le duo Guillaume Canet (Ensemble, c’est tout) et Emir Kusturica (Maradona by Kusturica).


Le système d'espionnage soviétique est très puissant, mais il a aussi ses maillons faibles. Comme tout système, peu importe les contrôles, il y a toujours des zones moins contrôlées que les humains chercheront à affaiblir pour se faire de la place, voir une place confortable. (3) D'autres, comme Sergueï Grigoriev, colonel du KGB, utiliseront cet espace pour nuire à un système qu'ils ne tolèrent plus, cela au nom de leurs valeurs, ici la Liberté et de la Justice avec majuscule! Le geste sera d'autant plus héroïque qu'il ne le pose pas pour lui, mais pour l'avenir de son fils et de la communauté. C'est par idéalisme, car ils n'en tirent aucun bénéfice. Au contraire, il pourrait être sévèrement puni pour ce geste. Mais, ce geste, mis avec d'autres, aura une importance capitale. Des changements devront être faits, qui feront des brèches dans le système, puis conduiront à la chute du régime soviétique.


Naturellement, il aura été utopique de la part de ces personnes héroïques de croire qu'après tout sera pour le mieux, car d'autres systèmes seront mis en place. La liberté, dans le système capitaliste occidental, ce n'est pas l'absence de contrôles, ni d'idéologies, mais la présence de moyens de contrôle idéologique moins apparents. À la place de murs physique, on peut en créer dans votre tête par l'éducation ou la religion par exemple, qui sont aussi des outils de formation et de contrôle idéologique. (4) Plus édulcorées, on peut parler d'auto-contrôle et d'autocensure. Peut être plus humains aussi, mais avec d'autres maux. Il est difficile de réformer un système si on s'autocontrôle ou qu'on écarte volontairement les critiques négatives. Le règne de la pensée positive en entreprise, par exemple, est une forme douce de contrôle, mais contrôle quand même sur la pensée et les façons de faire! Mis en interaction avec le statut socio-économique, on peut aussi parler de moyens de reproduction sociale. Par exemple, avoir les moyens d'envoyer ses enfants dans les meilleures écoles privées peut être synonyme de reproduction sociale pour la classe dirigeante et de barrière pour les autres, car il n'y a qu'une minorité qui réussit à franchir cette barrière à la mobilité sociale à chaque génération.


Dans ce film, on pénètre les rouages de la diplomatie, de l'espionnage et du contre-espionnage. Du donnant/donnant, comme le Président de la République qui dit à un de ses subalternes: « Je vous couvre tant que vous me serez fidèle. » Cela a le mérite d'être clair. Entre pays, c'est la même chose. S'il y a de la coopération entre la France et les États-Unis ici, ce n'est pas aussi simple. Il y a aussi de la compétition entre eux, les États-Unis essayant néanmoins de doubler la France, car elle est conduite par un socialiste, François Mitterand (5), qui parle de nommer des ministres communistes (6) dans son cabinet, ce qui ne plaît pas du tout à Ronald Reagan (7) et son entourage. Ils ne veulent surtout pas de ministres communistes en Occident, mais Mitterand en nommera quand même quelques-uns:


« Après la victoire de François Mitterrand, le PCF participe au gouvernement de Pierre Mauroy avec les ministres Charles Fiterman (Transports), Anicet Le Pors (Fonction publique), Jack Ralite (Santé) et Marcel Rigout (Formation professionnelle). (…) En 1984, les communistes décident de quitter le gouvernement pour protester contre la nouvelle orientation libérale du Parti socialiste. » (8)

Notre contact, Pierre Froment, qui n'était pas vraiment préparé à ce genre de chose, espère être remplacé bientôt, mais ne le sera pas, car une certaine relation se développera entre lui et Sergueï Grigoriev, colonel du KGB et francophile, qui les dépasseront et les obligeront à collaborer jusqu'à la fin. (9) Cette relation est intéressante à suivre, car elle est au point de jonction entre le psychosociologique et le sociopolitique, le courant ayant passé entre les deux hommes sur des goûts communs! Ils peuvent échanger au vrai sens du terme, c'est-à-dire non seulement des informations! Au plan psychosocial, n'oublions pas la relation de Pierre à sa femme dans cette situation de mensonge obligé, ne serait-ce que pour sa sécurité! Il y a là situation propice à une analyse des questions de la dissonance et des valeurs à un niveau personnel et professionnel d'autant plus qu'il y a raison d'État, car s'il répond à ses valeurs personnelles, il met en danger ses valeurs professionnelles, mais aussi personnelles, notamment sur la liberté! Mais, il met aussi d'autres personnes en danger. Puis, s'il suit ses valeurs professionnelles, c'est somme toute la même chose! Il est piégé, car, dans les valeurs, certaines se contredisent et se confrontent dans certaines situations. Pour illustrer cela, voici une question simple qui ne vient pas du film: si on valorise le libre arbitre et la vie, comment se situe-t-on face à l'avortement? Et, si la personne répond: « c'est l'avortement ou le suicide? » C'est ainsi que certaines valeurs, dans certaines situations, prennent un tout autre sens! Laquelle on favorise? Peut-on trancher ou doit-on manœuvrer? Pierre manœuvrera au mieux pour ne pas dire au pif!


On en apprend aussi sur l'histoire de l'ex-URSS au quotidien, comme ces Soviétiques qui se faisaient prendre en photo de mariage près d'un tank! Fiction ou réalité? Connaissant la nature de l'Homme, je pencherais pour la seconde hypothèse! Quant à la grande histoire, Grigoriev reconnaît que la révolution russe fut nécessaire pour passer du moyen âge, qui était encore présent en 1917 en Russie, au XXe siècle. Ce sont les dérives totalitaires qui ont tout gâché par la suite. Mais, cela n'est-il pas le cas de toutes les révolutions? Une fois seule aux commandes, une idéologie devient totalitaire au point d'être contreproductive. Après la chute du communisme, le capitalisme s'est trouvé seul et à dérivé vers l'ultra capitalisme, mieux connu sous le nom de néolibéralisme, avec les conséquences que l'on sait! (10) Mais, le communisme a aussi servi l'occident dira Sergueï. Par exemple, les vacances ont été instaurées en France par un gouvernement communiste! Effectivement, en 1936, le Front Populaire fera voter par le Parlement les premiers congés payés (2 semaines) et la semaine de travail de 40 heures! (11) Ce n'est pas rien.


Quant à la VPK, « c'est-à-dire la Commission de l’industrie militaire, chargée de planifier et d’organiser systématiquement l’espionnage scientifique et technologique » (12), elle dépense plus en espionnage industriel qu'en développement. C'est là une faille du système soviétique que les Américains utiliseront contre eux en leur fournissant des faux de façon à enrayer la machine communiste qui dépensera pour rester dans une course technologique perdue d'avance contre les États-Unis et l'occident qui ont beaucoup plus de moyens économiques. Une des causes de la chute du régime? Peut-être. Du moins, cette hypothèse sera entendue parfois, car ses problèmes économiques, qui viennent en partie de sa course contre l'occident, mais aussi de l'enlisement dans certains conflits, comme le conflit afghan, feront en sorte que la moindre brèche dans le régime sera enfoncée par le peuple qui en a assez des privations. Cette brèche fut une ouverture des frontières, d'abord en Hongrie, puis en Allemagne. (13) Dès que ce fut connu, le peuple a franchi allègrement la frontière par soif de liberté, mais aussi pour quitter un régime de moins en moins viable économiquement! Il avait enfin la chance d'aller voir ailleurs et l'a fait! On ne pouvait plus fermer les portes. Cette brèche entraîna le rideau de fer en entier!


Quelques années plus tard, la Chine, ayant appris de cette erreur des Soviétiques, fera des réformes économiques importantes pour libérer la pression venant du peuple tout en conservant un régime politique dominant! (14) Ceci donnera ce régime particulier chinois, où le citoyen produit pour l'occident, peut consommer s'il en a les moyens, mais ne peut « googler » pour savoir ce qui se passe au plan politique dans son pays! Tant que cela fonctionne. Mais, n'était-ce pas Juvénal qui disait « Donnons-leur du pain et des jeux »? (15) Cela risque donc de fonctionner longtemps. Bien des citoyens occidentaux seraient d'ailleurs heureux de ne pas avoir à penser à la politique si on leur assurait la liberté de choix et de consommation en échange d'une gestion centralisée! (16)


« L'affaire Farewell » est un très bon film. On y apprend que tout est question de confiance et de mesure, même pour les démocraties. Le jour où la confiance tombe, que le peuple descend en masse dans la rue, pas un gouvernement ne peut l'arrêter. Mais, cela est aussi vrai entre les partenaires internationaux. Ici, les États-Unis ont pris de court les Français pour les doubler, mais une autre fois les Français pourront les coincer au tournant, en signant une entente avec un régime qui ne fait pas l'affaire des États-Unis par exemple, juste pour les embêter! C'est ce qui explique que des États ont parfois des relations étranges avec des pays douteux, ne serait-ce que pour des raisons diplomatiques et avoir un pouvoir de négociation face à une puissance qui voudrait les dominer. Une forme d'agacement diplomatique de bon aloi!


Notes:


1. http://en.wikipedia.org/wiki/Vladimir_Vetrov

http://fr.wikipedia.org/wiki/Vladimir_Vetrov

http://de.wikipedia.org/wiki/Wladimir_Ippolitowitsch_Wetrow


2. http://fr.wikipedia.org/wiki/Xavier_Ameil


3. « La liberté des acteurs est un fait : l'existence de systèmes organisés et cohérents en est un autre. Comment ces deux réalités s'articulent-elles ? Michel Crozier, l'auteur du Phénomène bureaucratique, associé à Erhard Friedberg, montre, contre tous les mirages d'une rationalité totalitaire, le caractère essentiellement "opportuniste" des stratégies humaines et la part irréductible de liberté qui existe dans toute relation de pouvoir.


« Ce livre n'est pas un manuel de sociologie des organisations - discipline dont Michel Crozier est l'un des fondateurs en France - mais bien une sociologie de l'action organisée. Il constitue une véritable critique de la raison collective. » (Arrière de couverture, Crozier, Michel, et Friedberg, Erhard, 1977 (1981), L'acteur et le système, France: Seuil, col point politique.)


4. À ce sujet, j'aime bien le passage où les enfants sont transformés en saucisse à l'école dans le film « The wall », ce qui va avec la musique d'« Another brick into the wall, part 2 », car cela dit ce que ça veut dire. (Voir http://fr.wikipedia.org/wiki/Another_Brick_in_the_Wall) Puis, cette reprise de « The wall », avec Roger Waters, à Berlin pour souligner la chute du mur! Il me semble que ça dit tout: le lien entre les idéologies et les systèmes de contrôle est évident! Des systèmes plus libres ont des formes de contrôle moins coercitives, mais ont des contrôles idéologiques quand même! C'est ainsi qu'on n'enseigne pas les idéologies politiques à l'école, même pour mettre en garde les adultes de demain contre les idéologies, mais qu'on peut leurs enseigner les croyances religieuses comme étant des vérités!


5. http://fr.wikipedia.org/wiki/François_Mitterrand


6. http://fr.wikipedia.org/wiki/Parti_communiste_français


7. http://fr.wikipedia.org/wiki/Ronald_Reagan

8. http://fr.wikipedia.org/wiki/Parti_communiste_français section 1.7 L'incompatibilité avec la participation gouvernementale (1981-1989), le déclin


9. Il ne demandera jamais d'argent, mais des produits français, surtout culturels, comme des disques (Léo Ferré) et des livres, mais aussi certaines boissons alcoolisées comme du cognac et du champagne! Il lui donnera d'ailleurs un Lagarde & Michard sur le XIXe siècle duquel il tirera son explication du sacrifice, basé sur le poème La mort du loup d'Alfred de Vigny (pp. 130-132), ce loup qui se sacrifia pour sauver sa femelle et ses petits, comme lui femme et enfant. Un solitaire qui se sacrifie pour les autres; il y a de quoi de judéo-chrétien là dedans!


Sur le Lagarde & Michard, lire Marine Polselli, « Lettres de noblesse. Réédition du Lagarde et Michard », in Evene.fr - Décembre 2008: www.evene.fr/livres/actualite/lagarde-michard-bordas-1726.php


10. Albert, Michel, 1991, Capitalisme contre capitalisme, Paris: Seuil, l'histoire immédiate


11. http://fr.wikipedia.org/wiki/Front_populaire_(France)


12. http://reflexionsettemoignages.20minutes-blogs.fr/tag/farewell


13. Le 2 mai 1989, « le ministre hongrois des Affaires étrangères, Gyula Horn, et son homologue autrichien, Alois Mock, commencent à démanteler le réseau de fils de fer barbelés électrifiés qui séparent depuis quelque quatre décennies la Hongrie de l'Autriche, l'Est de l'Ouest, le monde de l'oppression, de la pauvreté et du mensonge de celui de la liberté et de l'oppulence. » (De Tinguy, Anne, 2004, La grande migration. La Russie et les Russes depuis l’ouverture du rideau de fer, Paris : Plon, p. 24) 6 mois après, le mur de Berlin tombera à son tour sous la pression! (Ibid.; Hosbawm, Eric, 1999, Age of extremes. The short Twentieth century, 1914-1991, London: Abacus) Puis, c’en sera fait du régime soviétique!


14. Hosbawm, Ibid., p. 486-7


15. http://fr.wikipedia.org/wiki/Juvenal


16. Je pense ici à ce que fait dire Maurice Joly à Machiavel sur l'État dans «Dialogue aux enfers entre Machiavel et Montesquieu», format Livre électronique du Project Guten­berg: www.gutenberg.net . Mais, attention, il ne lui fait pas dire n'importe quoi, car ce qu'il dit est tiré de l'oeuvre du maître en grande partie.

Autres hyperliens/références:


Le livre sur lequel ce film est basé: Kostine, Sergueï, Adieu Farewell. La vérité sur la taupe de la DST qui a modifié le cours de l'histoire, Robert Laffont.


Le film que regarde le personnage de Ronald Reagan dans ce film: The Man Who Shot Liberty Valance, 1962, de John Ford: www.imdb.com/title/tt0056217/


Entretien avec Christian Carion:

www.commeaucinema.com/notes-de-prod/l-affaire-farewell,99118-note-68741


L'amour incurable (Théâtre)


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 12 no 1, Textes ciné et culture : www.societascriticus.com


Espace Libre /Découverte / Les trois arcs

www.amourincurable.ca


Dans ce conte de fées pour adultes, un père et ses trois fils se confrontent dans un grand jeu fantaisiste, mais aussi radical que celui de la vie et de la mort. Ici, une chatte parle, des mains n'ont plus de corps, un humain s'envole comme l'oiseau et le vent est un dur guerrier. Mais, l'amour finit par triompher des combats que livre le destin à ces drôles de personnages qui semblent venus

d'on ne sait où, quelque part entre le rêve et la réalité.


Commentaires de Michel Handfield (4 février 2010)


L'action débute sur une ferme. Le père parle de tout donner avant de nourrir, mais fait un jeu pour atteindre son but: celui qui m'apportera le plus petit chien aura mon héritage. Les enfants, qui ne sont jamais sortis de leur coin, partent à la recherche de ce que leur père a demandé. Le fait-il pour leur faire découvrir le monde ou pour vraiment choisir son héritier? À moins que ce ne soit que pour jouer, car à leur retour il jugera que le jeu doit recommencer!


Dans cette histoire, on suit le plus jeune qui trouvera refuge dans une jolie maison tenue par une chatte. Il y a là toute une symbolique, car il tombe en amour avec cette femme-chat et devra apprendre le lâcher-prise et avoir la foi en cet irréel qui lui semble bien vrai! Sinon, commet croire à cette femme-là?


Dans sa relation avec cette chatte, il s'ouvre à elle, car c'est une relation profonde. On le sent. C'est aussi l'occasion d'en apprend sur le passé de cette famille. Cette mère, décédée trop tôt de maladie, mais encore très présente en eux et par eux! Ce père, qui s'est probablement éteint au décès de sa femme, mais qui essaie de revivre en jouant avec ses trois fils. Mais, plus simplement, c'est une leçon de vie qu'il leur donne avant son départ, car cette pièce se joue dans le monde de la symbolique. D'autres diront du conte!


On peut être dans les suppositions tout le long de la pièce, mais il s'agit d'une belle métaphore sur la transmission. Il leur aura finalement fait prendre le chemin de leur vie dans un but très précis, ce que nous saurons à la fin. Une pièce à texte signifiant que j'ai bien aimée.



LUCKY LUKE

De James Huth avec Jean Dujardin

En salle dès le 29 janvier 2010


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 12 no 1, Textes ciné et culture : www.societascriticus.com

 

MONTRÉAL, lundi 18 janvier 2010


TVA FILMS est fière d’annoncer la sortie du film LUCKY LUKE, du réalisateur français James Huth (Brice de Nice, Hellphone). Adaptation au grand écran des bandes dessinées cultes de Morris et Goscinny, le film prendra l'affiche au Québec le 29 janvier prochain.

 

Jean Dujardin est "l'homme qui tire plus vite que son ombre" : LUCKY LUKE. Le seul, l'unique, toujours accompagné de son fidèle Jolly Jumper. Au cours de sa mission à Daisy Town, la ville qui l'a vu grandir, il va croiser Billy the Kid, incarné par Michaël Youn, Calamity Jane par Sylvie Testud, Pat Poker par Daniel Prévost, Jesse James par Melvil Poupaud et Belle par Alexandra Lamy.

 

Lucky Luke a été plusieurs fois adapté à la télévision et au cinéma en dessin animé, mais il s'agit seulement du deuxième long métrage non animé à être consacré au célèbre cow-boy solitaire, 19 ans après Lucky Luke, du réalisateur Terence Hill. LUCKY LUKE marque la troisième collaboration à l'écran entre le réalisateur James Huth et l'acteur Jean Dujardin, après Brice de Nice et Hellphone. Ils y retrouvent également leur complice Bruno Salomone (Brice de Nice) qui prête sa voix à Jolly Jumper.

 

Commentaires de Michel Handfield (4 février 2010)


Commençons par la remarque que j'ai le plus entendue: les Daltons n'y sont pas! Par le plus grand des hasards, j'ai un album de Lucky Luke à la maison qui date de 1968 (« À l'ombre des Derricks » – éditions Dupuis), et les Daltons n'y sont pas, ni Rantanplan! En fait, ces personnages bien aimés ne sont pas apparus au début de la série (1946 dans Spirou), mais plus tard. Rantanplan est apparu dans « Sur la piste des Dalton » en 1960 alors que les Daltons sont apparus dans « Les Cousins Dalton » deux ans plus tôt. (1) Cependant, dans Lucky Luke, le film d'animation (1971), les Daltons étaient présents à Daisy Town (2), d'où la déception de certains. Puis, on est tellement habitué à eux! Mais, ici, nous avons droit à d'anciens personnages de Lucky Luke comme Billy the Kid, Jesse James et Calamity Jane par exemple. (3)


L'histoire se passe à Daisy Town. L'intérêt est que l'on explique d'où vient Lucky Luke! Mais, il ne faut pas arriver en retard pour le savoir, car c'est au tout début du film. La musique, de style blues-folk-country est aussi excellente, avec la Québécoise Térez Montcalm qui double Alexandra Lamy (Belle) quand elle chante, car Belle est une chanteuse de cabaret qui séduit Lucky!


Quelques journalistes riaient à l'occasion dans la salle, mais d'autres n'ont pas aimé, probablement déçus d'attendre les Daltons et de ne pas les voir! Moi, j'ai souvent souri devant ces acteurs qui jouent aux cowboys. On est dans un Lucky Luke qui se situe quelque part entre le film et la BD dans la façon dont il fut tourné et monté. Un peu dans la caricature aussi, comme avec Calamity Jane (Sylvie Testud) en précurseure du féminisme! Bref, un divertissement!


Si Lucky Luke n'est pas seulement synonyme des Daltons pour vous, vous aurez du plaisir à voir ce film, mais si vous vous attendez de les voir arriver à tout instant au coin d'une rue poussiéreuse, vous serez déçus. Ils sont quelque part, à l'ombre des murs d'une prison, à préparer leur entrée pour le prochain film j'espère. Succès assuré, alors! Mais, en entendant, l'homme qui tire plus vite que son ombre vous attend au cinéma. Ne boudez pas le plaisir que vous pourriez avoir même sans les Daltons, car il rencontre d'autres personnages hauts en couleur! Il n'y a pas que les Daltons dans la vie. Il y a aussi Jolly Jumper!


Notes:


1. http://fr.wikipedia.org/wiki/Lucky_Luke


2.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Lucky_Luke_(film_d'animation)


3. http://fr.wikipedia.org/wiki/Lucky_Luke#Personnages_historiques



Creation

AU CINÉMA AMC LE 22 JANVIER 2010

Durée: 104 minutes


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 12 no 1, Textes ciné et culture : www.societascriticus.com


Commentaires de Michel Handfield, intégré à la description officielle pour éviter les redondances! (1)


26 janvier 2010


« Creation », le plus récent film du réalisateur Jon Amiel met en vedette le célèbre acteur britannique Paul Bettany (Master and Commander: The Far Side of the World, The Da Vinci Code, A Beautiful Mind) dans le rôle de Darwin (2) et sa compagne, l’actrice lauréate d’un oscar Jennifer Connelly (The Day the Earth Stood Still, A Beautiful Mind, Requiem For a Dream), dans la peau de son épouse, mais aussi cousine, Emma Wedgewood (3). Ce duo d'acteurs nous livre une performance passionnée et fascinante. « Creation » présente un portrait intimiste de Charles Darwin, l’homme dont les concepts scientifiques ont changé à tout jamais la face du monde.


Présenté lors de la soirée d’ouverture du Toronto International Film Festival en 2009, « Creation » a été réalisé par Jon Amiel (The Singing Detective, Entrapment, Sommersby) à partir d’un scénario écrit par John Collee (Master and the Commander: The Far Side of the World). L’histoire est tirée du livre Annie’s Box, écrit par l’arrière arrière-petit-fils de Charles Darwin, Randal Keynes (4), et relate les difficultés qu’a rencontrées le naturaliste pour terminer son légendaire ouvrage qui allait jeter les bases de la biologie évolutionniste: L’origine des espèces (5). Ce n'est qu'après avoir reçu une longue lettre de 20 pages du scientifique Alfred Russel Wallace (6), décrivant une théorie très similaire à la sienne, que le naturaliste est pressé de terminer son ouvrage.


En cette année 1858, Charles Darwin, qui vient tout juste de revenir de son grand périple d’exploration géologique sur le HMS Beagle (7), a décidé de s’établir dans le calme de la campagne anglaise. C’est là qu’il commence l’écriture de « L’origine des espèces », un ouvrage qui deviendra le livre de biologie le plus lu de toute l’histoire. Il y dévoile sa théorie de l’évolution, qui repose sur la sélection naturelle. Inspirée de ses découvertes sur la transmutation des espèces, ce livre bouleversera les croyances religieuses de l’époque et fera longtemps parler de lui. On en parle encore aujourd'hui d'ailleurs, les créationnistes et les néo créationnistes, défenseurs de la théorie du design intelligent, s'en prenant encore à lui et demandant que sa théorie ne soit pas la seule enseignée à l'école par exemple, mais qu'elle soit mise en perspective avec la création et le design intelligent! (8) Malgré ces conservateurs ultras religieux, qui s'en prennent au principe de l'évolution des espèces depuis ce temps, la théorie de Darwin a fait son chemin au point d'être largement acceptée dans les milieux scientifiques sérieux. Déjà, du vivant de Darwin, « L’origine des espèces » obtient un succès inouï et édicta un nouveau paradigme qui marqua une ère nouvelle dans l’étude de la biologie.


Au lieu de s’en tenir à raconter le récit de détails déjà bien connus de la vie du célèbre naturaliste, le réalisateur John Amiel a choisi d’explorer l’hypothèse que l’histoire est définie par la nature humaine plutôt que par l’adhésion stricte aux faits. Darwin et son épouse, qui est très religieuse, ont vu leur fille ainée, Annie (jouée par la charmante et audacieuse Martha West), être emportée par la maladie alors qu’elle n’était âgée que de neuf ans. (9) Le scientifique s’est battu pour ne pas succomber à une double culpabilité, la petite étant décédée alors que Charles l'a amené suivre de l'hydrothérapie (10) à Malvern, qui est reconnu pour ses eaux (11), ce sans amener sa femme qui voulait les accompagner d'une part, et au fait d'avoir marié sa cousine d'autre part, associant les problèmes de santé et le décès de la petite à la consanguinité.


Suite à cela sa santé se dégrada, car en plus d'avoir des difficultés à surmonter son deuil, il voyait sa relation avec Emma s’étioler. Cette dernière constatait avec tristesse et horreur que son mari devenait de plus en plus malade chaque jour et qu’il s’éloignait de leurs quatre autres enfants, ce qui situe le temps puisque le couple en aura 10 au total. Il suivra lui aussi une cure d'hydrothérapie, se faisant même construire une installation pour le faire à la maison, mais sans grand résultat. Comme ce film est dédié à ceux qui ont eu « a post-infectious disease syndrome » (12), on peut croire que Darwin souffrait de cette maladie, car les symptômes s'accordent à ce que l'on voit dans le film concernant la santé vacillante de Charles Darwin.


Mais, on suit surtout Annie, décédé à 9 ans, car sa vivacité et sa curiosité plaisaient à son père. Pour elle, il se décidera à écrire sa célèbre théorie, car dans la communauté (13) on reproche à Annie de répéter ce qu'il dit concernant l'évolution alors que la religion prône la création! Ce film nous fait donc pénétrer la famille de Charles Darwin et « découvrir », avec un peu de romance, comment fut écrit son célèbre livre sur l'origine des espèces! « Après avoir tué Dieu, il est temps d'écrire votre livre » lui disait son éditeur! Mais, il était souvent arrêté. On est donc témoin du conflit entre science et religion dans une famille victorienne du XIXe siècle, avec la tradition et la pression sociale en prime. Ce fut l'œuvre d'un travail acharné qui lui causa bien des maux, dus au surmenage entre autres.


Comme Annie est décédée à 9 ans, le cinéaste la fait cependant revivre dans des conversations imaginaires entre Darwin et sa fille, ce qui sert de toile de fond et établit la structure narrative du film.


Un de ses opposants, mais qui se rallia à l'évidence, fut Thomas Henry Huxley (14), biologiste et philosophe, dont le petit fils, Aldous, sera connu pour son livre « Le meilleur des mondes »! (15) Un film fort intéressant pour qui aime la science et suit ce combat toujours en cours avec la religion!

« Creation » met également en vedette les acteurs britanniques de renom Jeremy Northam (Dean Spanley, Gosford Park), Toby Jones (Frost/Nixon, W, Infamous) et Benedict Cumberbatch (The Other Boleyn Girl, Atonement, Amazing Grace). Martha West fait ses débuts au cinéma dans l’important rôle d’Annie Darwin.


Notes, avec la collaboration de Luc Chaput:


1. Le document de presse citait aussi une partie du « Synopsis du catalogue du TIFF », Toronto International Film Festival: http://tiff.net/


2. http://fr.wikipedia.org/wiki/Darwin


3. http://fr.wikipedia.org/wiki/Emma_Darwin

Plus détaillé en anglais:

http://en.wikipedia.org/wiki/Emma_Darwin


4. http://en.wikipedia.org/wiki/Randal_Keynes


5. L'origine des espèces: http://www.gutenberg.org/etext/14158


6. http://en.wikipedia.org/wiki/Alfred_Russel_Wallace


7. http://en.wikipedia.org/wiki/HMS_Beagle


8. D'abord, voir notre texte « EXPELLED: NO INTELLIGENCE ALLOWED » in Societas Criticus, Vol. 10 no 4, Essais, sur ce film sur le design intelligent! Nous y faisons une critique fouillée de ces concepts. Voir aussi:


http://fr.wikipedia.org/wiki/Créationnisme


http://fr.wikipedia.org/wiki/Néo-créationnisme


http://fr.wikipedia.org/wiki/Dessein_intelligent


9. http://en.wikipedia.org/wiki/Anne_Darwin


10. http://en.wikipedia.org/wiki/Hydrotherapy


11. http://en.wikipedia.org/wiki/Malvern_Water

http://en.wikipedia.org/wiki/James_Manby_Gully

http://en.wikipedia.org/wiki/Malvern,_Worcestershire


12. « Many post-infectious syndromes have been recognized in the last 50 years, some following viral infections and others closely related to bacterial disease. The occurrence of prolonged fatigue following an apparent viral illness of varying severity is also well documented. » (www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC2428896/) Pour d'autres détails, voir le « syndrome de fatigue chronique »:

http://fr.wikipedia.org/wiki/Syndrome_de_fatigue_chronique

http://en.wikipedia.org/wiki/Chronic_fatigue_syndrome


13. A l'église et à l'école, on défendait la création à cette époque, mais probablement aussi dans la communauté. Alors, elle a dû se le faire dire par les autres enfants. En fait, tous les enfants de Charles Darwin ont dû subir quelques moqueries et méchancetés à cause de cela.


14. http://fr.wikipedia.org/wiki/Thomas_Henry_Huxley


15. http://fr.wikipedia.org/wiki/Aldous_Huxley


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Le Bourgeois gentilhomme de Molière (Théâtre)


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 12 no 1, Textes ciné et culture : www.societascriticus.com


Mise en scène de Benoît Brière

Durée du spectacle : 2 h 45 incluant l'entracte


TNM, du 12 janvier au 6 février 2010

Supplémentaires du 9 au 13 février 2010

Présenté en tournée lors des Sorties du TNM du 23 février au 20 mars 2010

www.tnm.qc.ca


DISTRIBUTION : Olivier Aubin / Gary Boudreault / Stéphane Breton / Normand Carrière / Kseniya Chernyshova / Luc-Martial Dagenais / François-Xavier Dufour / Stéphanie M. Germain / Émilie Gilbert / Christine Harvey / Guy Jodoin / Rénald Laurin / Sylvie Léonard / Nathalie Mallette / Denis Mercier / Nicholas Rousselle / Monique Spaziani / Christian Thomas / Claude Tremblay / Alain Zouvi


ÉQUIPE DE CONCEPTEURS : Jean Bard / Suzanne Crocker / Ghislain Gagnon / Judy Jonker / Rénald Laurin / Jacques-Lee Pelletier / Nicolas Ricard / Christian Thomas / Rachel Tremblay


Le marquis imaginaire! Monsieur Jourdain est un homme d’affaires prospère qui, comme son père, a fait fortune en vendant des draps. Or, comme il vit à Paris sous le règne de Louis XIV, ce n’est pas suffisant pour son ambition sociale et pour tromper sa femme avec une jolie marquise. Pour cela, il lui faut appartenir à la noblesse et, à défaut d’être noble, faire comme si: suivre les extravagances de la mode, savoir danser, manier une épée et philosopher avec esprit. Dur programme. Il n’a peur de rien, monsieur Jourdain, surtout pas du ridicule, et pas même d’accepter un titre de noblesse … qu’on lui confère dans une extravagante turquerie.


Lorsqu’il crée sa spectaculaire et hilarante comédie-ballet, Molière est au sommet de son art : son humour fait mouche comme jamais et il maîtrise de façon confondante l’art de marier le théâtre à de grandioses numéros chorégraphiques. Chaque bourde de Jourdain – et Dieu sait qu’il les accumule – est pour l’auteur une occasion d’épingler les conventions sociales de son temps. Mais, surtout, Molière a décrit pour l’éternité un type humain universel : le naïf prêt à tout subir pour satisfaire ses idées de grandeur.


Avec les deux Sganarelle qu’il a joués au TNM, Benoît Brière a signé des interprétations moliéresques qui ont fait date au Québec. C’est dire à quel point il sait faire jaillir tout l’humour et toute l’humanité des comédies de l’auteur le plus illustre du théâtre français. Et sa grandissante réputation de metteur en scène a fait qu’on ne pouvait confier à nul autre que lui ce Bourgeois gentilhomme pour lequel il dirige vingt-et-un comédiens et danseurs. Guy Jodoin, avec son irrésistible sens du comique et sa tête de monsieur Tout-le-Monde, revient au TNM par la grande porte pour endosser les habits d’un homme ordinaire aux lubies extraordinaires : monsieur Jourdain.


Rédaction: Paul Lefebvre


Commentaires de Michel Handfield (22 janvier 2010)


Monsieur Jourdain est ce que l'on appelle ici « quelqu'un qui pète plus haut que le trou! » Mais, c'est qu'il ne fait pas que se vanter, M. Jourdain. Il se croit, alors on en abuse, car s'il paie bien pour atteindre ses ambitions, sa bourse a cependant plus de profondeur que lui! Un bourgeois ignorant - et de mauvais goût de surcroît - qui rêve d'accéder au rang de gentilhomme en singeant les gens de la haute, car il n'aime pas et ne comprend pas vraiment ce qu'il fait, que ce soit la danse ou la musique par exemple. Il le fait pour avoir l'air! De quoi rire de lui, car en quelque sorte il méprise ceux qu'il juge ne pas être à son niveau, mais aussi la culture, qu'il assimile à une simple recette: une façon de paraître plutôt que d'être!


Si on se rit de lui, les bassesses que l'on peut cependant faire pour l'argent ne sont pas mieux que les tentatives d'élévation de M. Jourdain. Elles procèdent de la même imposture, celle de M. Jourdain nourrissant ses obligées et ceux-ci nourrissant M. Jourdain dans son illusion. Il ne peut accéder à la noblesse dont il rêve, celle-ci n'étant pas de son monde, surtout qu'il la prend pour une mascarade: savoir trois pas de danse, faire semblant d'aimer telle musique... et j'en passe! Tous le savent. Mais, comme il est sensible à la flatterie, on en abuse et il en redemande! Même ceux qui l'aiment et qui veulent lui dire, comme sa femme, se trouvent éconduits, voire ridiculisés, par lui! Travaillant et né de bonne fortune, car il a hérité des affaires de son père, c'est quand même un pauvre homme. Si naïf, qu'il n'est plus ridicule, mais fait plutôt pitié. On aurait le goût de lui dire « Réveille bonhomme! »


Au niveau purement théâtral, cette pièce fonctionne toujours, la salle à témoin, car elle se rit de ce bourgeois qui aime se faire jouer! Cela en dit gros sur la position sociale. En ce sens, cette pièce est une critique de classe, versus le talent, car être né dans la bonne classe donne parfois plus de richesse que d'avoir du talent dans la mauvaise strate sociale! De quoi donner raison à Marx. Cette pièce est donc toujours actuelle, car la position sociale est bien souvent due à qui nous pistonne autant qu'à notre talent, sinon davantage. Ainsi, sa femme et les valets sont bien plus lucides que lui, mais il a la position due à son argent! Il lui manque cependant le talent et de la classe pour mériter le rang qu'il voudrait! Une très bonne satire sociale. Molière savait passer des messages.

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8 ½ (Parc)

www.youtube.com/watch?v=OtDQOF_pU8A


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 12 no 1, Textes ciné et culture : www.societascriticus.com


Italie. 1963. Réal. : Federico Fellini. Projection numérique. 138 min. Avec Marcello Mastroianni, Claudia Cardinale, Anouk Aimée.


À la demande générale, si vous l’avez manqué avant les Fêtes, le Cinéma du Parc vous présente à nouveau le chef-d'œuvre de Fellini; 8 ½, qui a inspiré le spectacle de Broadway et Rob Marshall le réalisateur du film NINE, sur les écrans montréalais depuis le 25 décembre.

À partir de cette oeuvre imprégnée d’humanité, l’onirisme et la fantaisie vont devenir prépondérants. L’imaginaire devient plus réel que le réel. Fellini décrit sa propre angoisse face à la création. Alter Ego de Fellini, Guido est en crise d’inspiration. Il se perd se laissant submerger par un flot incontrôlé de souvenirs, de rêves, de fantasmes, d’hallucinations. C’est le monde d’une conscience créative en crise, d’un découragement. En toute liberté, Fellini adopte un réalisme onirique.


Federico Fellini est non seulement un des plus importants cinéastes italiens, mais également un des plus grands artistes de l'histoire du cinéma mondial. Son cinéma, venu du néo-réalisme, a su dépasser les strictes caractéristiques de celui-ci pour inventer un art unique, personnel, parfois autobiographique ou introspectif. Ses films explorent la dimension baroque et onirique de la vie elle-même.

Premier prix Festival du Film de Moscou


Prix de la critique du cinéma italien pour le meilleur réalisateur, le meilleur producteur, le meilleur sujet, la meilleure photographie et le meilleur rôle féminin secondaire


Prix de la critique du cinéma new-yorkais


Deux Oscars pour le meilleur film étranger et les meilleurs costumes dans un film en noir et blanc


Commentaires de Michel Handfield (12 janvier 2010)


J'ai profité de la programmation du cinéma du Parc pour voir « 8 ½ » de Fellini. Comme ce film date de 1963, j'avais alors 5 ans! Si je l'ai vu à la télé, je n'en avais pas vraiment souvenir, quoiqu'une ou deux scènes me disaient quelque chose. Souvenir de la télé noir et blanc ou d'un documentaire sur Fellini? Quand j'ai vu « Nine », je ne pouvais donc prendre cet angle, même si je savais que ce film était un clin d'œil à « 8 ½ »! Par contre, cela m'a permis de prendre un autre angle: celui de « Chicago », car « Nine » est des mêmes producteurs! Dans un sens, je suis content de ne pas avoir vu « 8 ½ » avant « Nine », car cela m'a permis de voir « Nine » pour ce qu'il était et non seulement pour un hommage à Federico, car ce film est plus que cela!


Comme pour « Nine », je pourrais écrire de « 8 ½ » que ce film porte « sur l'imagination: entre réalité et image! »  Ce n'est cependant pas le même traitement. «  Nine » porte un regard ironique sur la création; « 8 ½ » est psychologique, voire psychanalytique!


On plonge dans l'autopsychanalyse d'un réalisateur de génie sous pression. Alors qu'il s'est enfui dans une station thermale, en proie à la dépression, son entourage l'y poursuit pour qu'il se surpasse encore une fois et termine ce film qu'il a commencé! Il se désagrège par en dedans, sous leurs yeux, mais on croit toujours au génie! Ce qu'il puise dans son passé se mêle alors à son imaginaire pour le submerger. Sa créativité le noie et il s'asphyxie sans qu'on lui porte secours, car on ne sait pas comment l'interpréter. On croit tellement au génie que cela ne fait qu'ajouter à la pression, ce qui l'enfonce davantage dans son délire. Entre confusion et insécurité, cela donne un film très personnel sur les démons intérieurs de la création, démons qui peuvent parfois conduire à la dépression. Personne n'est à l'abri, même les génies!


Ce film pourrait très bien s'inscrire dans la campagne actuelle d'information sur la dépression du gouvernement du Québec (1), car les préjugés n'ont pas vraiment changé sur cette maladie dont personne n'est à l'abri. Un film à voir pour ce qu'il est, que l'on ait vu « Nine » ou non. Mais, si l'on a vu « Nine », il serait alors intéressant de (re)voir « Chicago » et « 8 1/2 », car « Nine » est au croisement de ces deux films!


Note:


1.
http://MaSanteMentale.gouv.qc.ca


www.msss.gouv.qc.ca/sujets/prob_sante/sante_mentale/index.php?Accueil


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Le coffret Jacques Drouin


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 12 no 1, Textes ciné et culture : www.societascriticus.com


Le Communiqué


Montréal, le 24 novembre 2009


C’est avec fierté que l’Office national du film du Canada offre au public, à compter du 2 décembre 2009, le coffret DVD Jacques Drouin – Œuvre complète sur écran d’épingles. Unique, poétique, l’œuvre de Jacques Drouin est indissociable de l’écran d’épingles d’Alexeïeff-Parker, cet appareil mythique dans l’histoire du cinéma d’animation.


La sortie de ce coffret sera soulignée lors d’une séance présentée dans le cadre des Sommets du cinéma d’animation, à la Cinémathèque québécoise, le samedi 5 décembre à 17 h. On y projettera notamment le portrait documentaire Jacques Drouin en relief, réalisé par Guillaume Fortin.


« Jacques Drouin est l’une des figures majeures de l’histoire de l’ONF, précise Julie Roy, la productrice du coffret. Pendant trois décennies, il a été le seul cinéaste au monde à travailler avec l’écran d’épingles, cette merveilleuse machine à rêver mise au point vers 1930 par le grand cinéaste franco-russe Alexandre Alexeïeff. Par la qualité de son œuvre, ses expérimentations et sa vision éminemment personnelle, Drouin a prouvé que l’écran d’épingles permettait d’exprimer d’autres imaginaires que celui de son inventeur. »


Édité dans la prestigieuse collection « Mémoire », le coffret consacré à Jacques Drouin regroupe les six films d’animation qu’il a réalisés à l’ONF, dont le désormais classique Le paysagiste (1976). Dans l’esprit de la collection « Mémoire », chacun des films a fait l’objet d’une restauration numérique. Ceux-ci sont accompagnés de nombreux suppléments : quatre films d’étudiant, deux films promotionnels et des séquences animées commentées par l’auteur. Le DVD comprend aussi Jacques Drouin en relief, un portrait documentaire inédit qui offre un accès nouveau à l’univers de cet artiste exceptionnel. Enfin, le coffret est complété par  un livret bilingue réunissant des textes de spécialistes, des notes du cinéaste ainsi que de précieux documents d’archives.

L’écran d’épingles acquis par l’ONF en 1972 est, depuis le décès de son inventeur, survenu en 1982, le seul à être en fonction dans le monde. Il s’agit d’un appareil constitué de 250 000 épingles insérées dans autant de gaines de vinyle et tenues ensemble dans un cadre rigide. C’est sur cet écran que Jacques Drouin a réalisé ses films, de Trois exercices sur l’écran d’épingles d’Alexeïeff (1974) à Empreintes (2004). La cinéaste Michèle Lemieux ( Nuit d’orage) y travaille actuellement à la réalisation du film Le grand ailleurs et le petit ici, une production de l’ONF dont la sortie est annoncée pour 2011.

Le coffret Jacques Drouin, œuvre complète sur écran d’épingles est une production de l’Office national du film du Canada. Mis en vente dès le 2 décembre 2009 à la téléboutique de l’ONF, on peut se le procurer en téléphonant au 1-800-287-7710 ou en visitant le site onf.ca/boutique.


Commentaire de Luc Chaput (7 janvier 2010)


Depuis l'arrivée d'Internet, il est maintenant possible de voir des courts métrages sur différents sites, mais dans de bonnes conditions quand même. L'Office national du film du Canada a d'ailleurs amélioré son site et permet de visionner des courts ou longs métrages de sa production depuis l'automne d'ailleurs. (1) Toutefois, le DVD continue d'être un support de qualité supérieure pour voir des films sur un écran maison. La collection Mémoire de l'ONF est donc bienvenue pour les cinéphiles, car elle constitue un programme important de mise en valeur de films marquants de l'ONF. Après Suzanne et Francine Desbiens, René Jodoin et Pierre Hébert, voici un autre coffret qui s'ajoute à la collection: celui de Jacques Drouin. Il est à la hauteur de l'œuvre!


Par un concours de circonstances, bien expliqué dans le portrait complet et empathique réalisé par Guillaume Fortin (inclus dans le coffret), Jacques Drouin eut accès, pendant un stage à l'Office National du Film, au «Nouvel Écran d'épingles» que Norman McLaren avait commandé à Alexandre Alexeieff et Claire Parker. (2) De cette rencontre, entre un artiste et un instrument à sa mesure, naquirent tout d'abord trois exercices puis un des plus grands films d'animation de tous les temps: Le Paysagiste. (3) De nombreuses autres œuvres suivront, qui feront de ce cinéaste un important créateur de l'histoire foisonnante de l'ONF.


En plus d'une présentation techniquement parfaite de ces films, le DVD inclut aussi les collaborations à d'autres œuvres et les films étudiants que Drouin réalisa à Los Angeles pendant son séjour à l'UCLA (4) a la fin des années 60. L'un d'eux, Angel Flight Rendez-Vous, a été tourné dans un quartier de Los Angeles,celui de Bunker Hill (5) qui a depuis beaucoup changé et qu'on aperçoit aussi dans la première séquence de The Glenn Miller Story d'Anthony Mann (1954) ainsi que dans The Exiles, film néo-réaliste américain de Kent Mackenzie (1961) sur la vie des Amérindiens exilés de leurs réserves et vivant dans un quartier pauvre d'une grande ville. Le thème de l'ange, représenté ici par un tramway un peu étonnant escaladant une colline dans cette grande ville, pourtant symbole de l'emprise de l'automobile par ses multiples autoroutes, était déjà amorcé dans le film précédent Angel Trap, où un ange est coincé dans une boîte. Ce thème reviendra près de vingt ans plus tard dans L'Heure des anges, coréalisation avec le spécialiste tchèque des marionnettes, Bretislav Pojar (6). Les séquences tournées à l'écran d'épingles sont maintenant en couleur, grâce à un procédé mis au point par Drouin, et servent de moments de rêve à un personnage ayant perdu momentanément l'usage de la vue.


Le coffret contient un livret de 90 pages dans lequel on trouve des textes lumineux de spécialistes de l'œuvre de Drouin ainsi qu'un écrit du cinéaste sur son travail de restauration d'un des écrans d'épingles d'Alexeïeff-Parker qui se trouvent en France. Cet écrit montre bien le respect de l'héritier envers ceux qui lui ont permis de connaître un moyen essentiel d'expression dans le domaine artistique.


Notes:


1. http://www.onf.ca/explore-by/title/?genre=1&lang=fr&title_range=All&decade=&sort=title=


2. http://en.wikipedia.org/wiki/Alexandre_Alexeieff

http://fr.wikipedia.org/wiki/Alexandre_Alexe%C3%AFeff_et_Claire_Parker


3.http://www.awn.com/mag/issue1.4/articles/deneroffini1.4.html

Le Paysagiste est au 13e rang d'un vote de 35 spécialistes organisé dans le cadre du volet culturel des Olympiques de Los Angeles en 1984.


4. http://www.ucla.edu/


5. http://en.wikipedia.org/wiki/Bunker_Hill,_Los_Angeles,_California


Le Prudent Beaudry, qui développa ce quartier de Bunker Hill, fut maire de Los Angeles (http://en.wikipedia.org/wiki/Prudent_Beaudry) et son frère, Jean-Louis, fut maire de Montréal (http://www.biographi.ca/009004-119.01-f.php?&id_nbr=5365&PHPSESSID=1vmg0v399meosj2hoacsq539c7)


6. http://fr.wikipedia.org/wiki/B%C5%99etislav_Pojar



Trois films différents, mais dont on peut trouver des liens!

Michel Handfield


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 12 no 1, Textes ciné et culture : www.societascriticus.com


À première vue, « Nine », « Étreintes brisées » et « L’imaginarium du docteur Parnassus » n'ont pas grand liens entre eux pour les amateurs de cinéma. Trois films différents qui n'attireront pas les mêmes publics. Mais, quand on en fait l'analyse, on peut y trouver un fil conducteur! Bonne lecture!


NINE / NEUF

http://www.nine-movie.com/


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 12 no 1, Textes ciné et culture : www.societascriticus.com


Sortie en salles : Vendredi, 25 décembre en version originale anglaise et en version française québécoise.


5 Nominations aux Golden Globe Awards:


- Meilleur film (comédie ou musical)

- Meilleur acteur (comédie ou musical): Daniel Day-Lewis

- Meilleure actrice (comédie ou musical): Marion Cotillard

- Meilleure actrice de soutien: Penélope Cruz

- Meilleure chanson (Cinema Italiano)


Réalisateur :  Rob Marshall


Distribution :  Daniel Day-Lewis, Marion Cotillard, Penelope Cruz, Nicole Kidman, Judi Dench, Kate Hudson, Sophia Loren


Guido Contini (Daniel Day-Lewis) , metteur en scène, est en pleine crise de la quarantaine. Pendant l'élaboration d'un film, il se retrouve hanté par les femmes de sa vie, de son épouse ( Marion Cotillard) à sa maîtresse (Penelope Cruz) en passant par sa défunte mère (Sophia Loren), sa muse ( Nicole Kidman) et quelques autres femmes!


Commentaires de Michel Handfield (28 décembre 2009)


Un « Chicago » sur le monde du cinéma! Voilà ma première impression. Pas tout à fait surprenant, car c'est un film du même réalisateur.


Au cynisme de « Chicago », « Nine » répond par l'ironie! Le premier se passait dans le monde du cabaret et portait sur la manipulation. « Nine » se passe dans le monde du cinéma et porte sur l'imagination: entre réalité et image! Comme dans « L’imaginarium du docteur Parnassus » dont nous parlerons plus loin.


Cela donne un film où les clins d'œil au cinéma italien et à Fellini (1) sont légions. D'autres ont écrit amplement là dessus. Je leur laisse ce créneau.


Nous avons droit à plusieurs scènes très sensuelles, parfois érotiques, mais sans être dénudées, car les démons de Guido (Daniel Day-Lewis) ressortent quand il est dans la création. Ceci nous permet d'explorer la frontière entre moralité et immoralité! Ce n'est pas une question de pourcentage de peau visible ou de degré de nudité, ce que la loi peut mesurer. C'est une question d'attitude et d'interprétation du voyant, donc de subjectivité et de culture! Deux personnes vont voir la même scène et vont la juger différemment selon leur culture. Ainsi, ce film, classé pour tous (Visa Général) ici, pourrait très bien avoir un visa restreint dans d'autres pays, car la moralité n'est pas nécessairement la même d'un endroit à l'autre. On voit là toute la différence entre morale et éthique! De ce point de vue, ce film serait très intéressant à discuter dans un environnement multiculturel: une classe de cégep par exemple.


Il en va de même de la relation homme/femme: pour l'homme, la séduction n'est parfois qu'un sport ou une performance, voir une statistique, alors que pour les femmes c'est parfois l'art de tisser une toile pour « avoir » son homme, même s'il faut l'enlever à une autre femme, car la femme peut être une prédatrice redoutable où l'homme n'est qu'un rôdeur!


D'un autre point de vue, ce film porte sur le milieu du cinéma, milieu auquel on reconnaît des droits et des comportements propres qu'on ne reconnaît pas à l'ensemble du corps social, puisque c'est un milieu marginal. Pensons à l'homosexualité, qui y fut acceptée bien avant que dans le reste de la société. On peut aussi penser à l'affaire Roman Polanski que bien des gens du milieu ont défendue. Nous avons d'ailleurs écrit sur ce sujet. (2) Cependant, comme le montre cette affaire, il y a des risques à prendre le jeu pour la vie et vive versa.


Si les aventures y deviennent une fuite en avant, sous prétexte d'un besoin dans le processus de création ou d'un exécutoire au stress (trop intense!) de produire, il y a des risques à ce jeu de la séduction, ce autant dans la vraie vie que dans le cinéma. Mais, la vie est aussi un jeu dirions nous! Alors, qu'elle est la frontière entre le vrai et le faux dans le cinéma et, dans une autre mesure, dans l'art et la culture?


Si le faux était plus vrai que le vrai, car une représentation impressionniste de la réalité qui la décrit parfois mieux que le « vrai » ne pourrait le faire, au point de mieux passer la barrière du temps! C'est ainsi que des œuvres littéraires ont mieux passé à travers l'histoire que des essais et des rapports formels pour nous en apprendre sur leur temps! (3) Moi, qui n'est pas très « littéraire » dans mes lectures, mais plutôt du genre « essais », je compense ainsi par le cinéma, ce qui me donne ma dose de fiction nécessaire pour approcher la RÉALITÉ, cette chose inatteignable, car toujours filtrée par notre culture! (4) « Nine », un film qui va beaucoup plus loin que ses prétentions de mon point de vue. A voir.

Notes:


1. http://www.federico-fellini.net/


2. Michel Handfield, M.S, c. Sociologie, Les accommodements… et les croyances!, Societas Criticus, revue de critique sociale et politique, Vol. 11 no 6, Essais 


3. Voir la section « The intuitive creation » (pp. 204-212) in Saul, John Ralston, 2001 (2002), On equilibrium, Canada: Penguin book


4. On est ici à la base de mon cours d'analyse de contenu avec le regretté Gilles Houle, dans les années 80, à l'Université de Montréal , où la connaissance scientifique perçoit une part de la réalité en tant que telle et une part de celle-ci à travers le filtre du sens commun. Mais, comme la réalité est toujours perçue, jamais acquise en sa globalité, on se réfère alors à l'analyse de contenu, l'ethnométhodologie et aux “cultural studies”! Voici deux références pour ceux qui veulent aller plus loin sur le sujet:


- COULON, Alain, 1987, L'ethnométhodologie, France: P.U.F., col. «Que sais je?»;


- Mattelart, Armand, et Neveu, Érik, 2003, Intrduction aux Cultural Studies, Paris : La Découverte, col. Repères.


Étreintes brisées

DE PEDRO ALMODOVAR


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 12 no 1, Textes ciné et culture : www.societascriticus.com


http://www.losabrazosrotos.com/

http://lastrada.free.fr/Almodovar/biographie/biographie.htm

À l'affiche depuis le 18 décembre


Avec Penelope Cruz (Lena), Lluís Homar (Mateo Blanco / Harry Caine), José Luis Gómez (Ernesto Martel), Blanca Portillo (Judit García), Tamar Novas (Diego)


Métropole Films est heureuse d’annoncer la sortie du dernier long métrage du réalisateur espagnol Pedro Almodovar, ÉTREINTES BRISÉES (LOS ABRAZOS ROTOS). Présenté en compétition officielle lors du dernier festival de Cannes ainsi qu’en première québécoise au 38e Festival du nouveau cinéma de Montréal, le film prendra l’affiche au Québec le 18 décembre prochain.


Dans l'obscurité, un homme écrit, vit et aime. Quatorze ans auparavant, il a eu un violent accident de voiture dans l’île de Lanzarote. Dans l’accident, il a non seulement perdu la vue mais aussi Lena, la femme de sa vie.


Cet homme utilise deux noms : Harry Caine, pseudonyme ludique sous lequel il signe ses travaux littéraires, ses récits et scénarios; et Mateo Blanco, qui est son nom de baptême, sous lequel il vit et signe les films qu'il réalise. Après l'accident, Mateo Blanco devient son pseudonyme, Harry Caine. Dans la mesure où il ne peut plus faire de films, il s’impose de survivre avec l'idée que Mateo Blanco est mort à Lanzarote aux côté de sa Lena adorée.


Aujourd’hui, Harry Caine vit grâce aux scénarios qu'il écrit et avec l'aide de son ancienne et fidèle directrice de production, Judit García, et du fils de celle-ci, Diego, qui fait office de secrétaire, dactylo et guide d’aveugle. Depuis qu'il a décidé de vivre et de raconter des histoires, Harry est un aveugle très actif et attractif qui a développé tous ses autres sens pour jouir de la vie, sur fond d'ironie et dans une amnésie volontaire. Il a effacé de sa biographie toute trace de son identité d’origine, celle de Mateo Blanco. Une nuit, Diego a un accident et Harry s’occupe du garçon (sa mère, Judit, se trouve loin de Madrid et ils décident de ne rien lui dire, pour ne pas l’inquiéter). Pendant les premières nuits de sa convalescence, Diego demande à Harry de lui parler de l’époque où il se nommait Mateo Blanco. Après un moment d’étonnement, Harry y consent et raconte à Diego ce qui s’est passé quatorze ans auparavant avec l’intention de le distraire, comme un père dirait un conte à son enfant pour l’endormir.


Avec ÉTREINTES BRISÉES, Pedro Almodovar retrouve Penelope Cruz, bouleversante dans le rôle de Lena. C’est la quatrième fois que le réalisateur espagnol dirige son actrice fétiche, après En chair et en os (1997), Tout sur ma mère (1999) et Volver (2006). Pour cette nouvelle collaboration, les deux artistes sont d’ailleurs respectivement nominés à titre de meilleur réalisateur et meilleure actrice aux European Film Awards qui se dérouleront en Allemagne le 12 décembre prochain.


Commentaires de Michel Handfield (28 décembre 2009)


Une seule vie ne me suffisait pas, alors j'ai pris un deuxième nom... comme une deuxième vie nous dit en substance Harry Caine au début du film. Puis, on entre dans son histoire. Par rétroaction, on remonte sa vie et on comprend d'où il vient. Façon de savoir où il est! Un film construit comme une histoire de vie en sociologie!


En déconstruisant/reconstruisant ainsi la vie d'Harry Caine/Mateo Blanco (Lluís Homar), on comprend non seulement sa vie, mais une époque et un contexte. Celui propre à des gens qui n'auraient peut-être pas dû se croiser, car il en résulte un côté sordide. Mais, n'est-ce pas la vie? Une courtepointe de rencontres et de moments dus au hasard; parfois heureux, parfois banals et parfois sordides! Deux personnes peuvent recréer le monde ou se détruire sans même comprendre pourquoi. Cela est vrai de la vie familiale comme des relations d'affaires ou internationales. Des oppositions personnelles ont provoqué des conflits économiques ou mondiaux par exemple. Alors, quand il s'agit d'un triangle amoureux... les conséquences peuvent être funestes, car on est dans une guerre de pouvoirs et de désirs. Et, pour le désir, le cinéma sait y faire. Matéo était cinéaste.


Ici, la femme, Lena (Penelope Cruz), a le pouvoir de séduction; son conjoint, Ernesto (José Luis Gómez), celui de l'argent, ce qui lui permet de s'acheter des moyens de contrôle, mais pas l'amour! Il souffre de cupidité, car il veut tout posséder, de l'argent aux gens! Matéo, lui, a le pouvoir d'attraction du cinéaste: la promesse de faire de vous une vedette! On assiste alors à la destruction de ce couple, vu du point de vue de l'amant: Mateo Blanco. Cela donne un film intéressant sur l'humain. Un grand film d'amour, mais aussi de déchirement. On rejoint « Nine » dans l'analyse du milieu du cinéma et de la séduction (1), mais aussi  « L’imaginarium du docteur Parnassus », où l'imagination affronte la cupidité! Puis, en prime, on a Penelope Cruz qui joue aussi la maitresse dans « Nine », ce qui lie ces deux films à un autre niveau de l'imaginaire: Penelope en icône de la maîtresse idéale!

Petite note historique. La vie privée a bien changé depuis la grande toile et les réseaux sociaux! Alors qu'autrefois, seuls les riches avaient les moyens de leur jalousie et du contrôle, ces moyens sont de plus en plus démocratiques avec l'informatique de masse et l'internet! Presque n'importe qui peut s'installer une caméra à la maison pour savoir ce qui s'y passe du bureau par exemple. C'est sans compter les traces qu'on laisse sur le cellulaire ou les réseaux sociaux.


Note:


1. Comme pour « Nine », je me suis ici référé à mon cours d'analyse de contenu en sociologie, notamment pour l'histoire de vie, un genre dont on parlait abondamment dans ce cours. Voir la note 3 du film « Nine » plus haut. D'ailleurs, dans « L'idéologie: un mode de connaissance », Gilles Houle utilise une histoire de vie à des fins de recherche. Voir, Sociologie et Sociétés, XI, 1, Critique sociale et création culturelle, Avril 1979, pp. 123-145.

L’IMAGINARIUM DU DOCTEUR PARNASSUS, DE TERRY GILLIAM

AVEC HEATH LEDGER, JUDE LAW, JOHNNY DEPP ET COLIN FARELL


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 12 no 1, Textes ciné et culture : www.societascriticus.com


À L’AFFICHE DÈS LE 25 DÉCEMBRE

http://www.imaginarium-du-docteur-parnassus.com/

http://www.doctorparnassus.com/


Les Films Séville, une filiale de E1 Entertainment, est heureuse d’annoncer la sortie du film L’IMAGINARIUM DU DOCTEUR PARNASSUS, de Terry Gilliam. Présenté Hors Compétition lors du dernier Festival de Cannes, le film prendra l’affiche le 25 décembre prochain.


De ville en ville, le Docteur Parnassus et sa troupe voyagent dans leur roulotte d’un autre temps. Cet homme sans âge possède le pouvoir de projeter les gens dans leur propre imaginaire, mais ce fascinant voyage se conclut toujours par un choix, qui peut mener au meilleur comme au pire. Suite à un pari gagné contre le diable, Mr. Nick, Parnassus devient éternel, mais par amour pour une femme, il demanda la jeunesse en échange de son immortalité. Le diable accepta, à condition que le jour de ses seize ans, le premier des enfants de Parnassus à naître lui appartienne…


La jeune Valentina atteindra l’âge fatidique dans quelques jours et le diable rôde. Dans une tentative désespérée pour sauver son unique enfant, Parnassus va à nouveau jouer avec le feu : le premier de lui ou du diable qui séduira cinq âmes aura gagné. S’amorce alors une course contre la montre.


Fable délirante, L’IMAGINARIUM DU DOCTEUR PARNASSUS est le 10e long métrage de Terry Gilliam (Brazil, Las Vegas Parano, Les Frères Grimm) et son premier scénario original depuis Les Aventures du Baron de Münchausen. Le film met en vedette Christopher Plummer dans le rôle du Docteur Parnassus, mais également dans son dernier rôle, l’acteur australien Heath Ledger. Décédé en cours de tournage, il a été remplacé par Jude Law, Colin Farell et Johnny Depp qui lui rendent hommage en reprenant son personnage de Tony tour à tour.


Commentaires de Michel Handfield (28 décembre 2009)


Londres. On est dans une guerre de pouvoir entre le Docteur Parnassus et le diable. Le premier croit en l'imagination, l'autre à l'avoir. Imagination contre cupidité, mais la cupidité ou l'imagination seule ne suffisent pas. Il faut parfois le marketing, donc l'imagination au service de l'argent ou l'argent au service de l'imagination, pour y arriver, car pour vendre il faut avoir de quoi offrir et des moyens de le rendre attrayant! Le docteur Parnassus aura la chance de s'allier un bon vendeur, Tony, mais pas trop clair! Le loup dans la bergerie?


On est ici dans la fable, entre le film et la BD. D'ailleurs, ce film prend parfois des allures de dessin animé. J'ai apprécié, mais pas vraiment pris de notes. Donc, pas d'analyse profonde de ma part. Cependant, si vous voulez passer un bon moment dans un monde fantastique pour adulte, c'est à voir!


Addenda avec Luc Chaput:


La tentative de suicide de Tony, responsable d'une organisation caritative, sous le pont de Blackfriars à Londres, mais que la troupe a sauvé in extremis, fait penser au suicide du banquier du pape, Roberto Calvi. Une affaire qui remonte à 1982, sous le même pont. Cette affaire fut aussi reprise dans le « Parrain III », avec le personnage de Frederick Keinszig. Dans les deux cas, suicide ou meurtre déguisé? Voir:


http://fr.wikipedia.org/wiki/Roberto_Calvi

http://en.wikipedia.org/wiki/The_Godfather_Part_III

Comme Heath Ledger est décédé en cours de tournage, il a été remplacé par Jude Law, Colin Farell et Johnny Depp qui lui rendent hommage en reprenant son personnage de Tony tour à tour alors qu'il passe dans « L'imaginarium »! Ils ont versé la totalité de leurs cachets à Matilda, la petite fille de Ledger. Il est d'ailleurs écrit dans le générique de fin : «Film by Heath Ledger and friends, directed by Terry Gilliam»


Quant aux dernières séquences de ce film, elles ont été tournées dans l'immeuble central de la Bibliothèque de Vancouver, aussi lieu d'imaginaire:


http://en.wikipedia.org/wiki/Vancouver_Public_Library

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THE YOUNG VICTORIA

À L’AFFICHE DÈS LE 18 DÉCEMBRE PROCHAIN


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 12 no 1, Textes ciné et culture : www.societascriticus.com


Film réalisé par Jean-Marc Vallée mettant en vedette Emily Blunt et Rupert Friend


Après avoir été présenté en clôture du Festival international du film de Toronto, le film « THE YOUNG VICTORIA » prendra l’affiche le 18 décembre prochain. Réalisé par Jean-Marc Vallée (C.R.A.Z.Y.) et écrit par le récipiendaire d’un Oscar® Julian Fellowes (Gosford Park), le film relate l’ascension au trône de la Reine Victoria, des jeunes années turbulentes de son règne à sa légendaire histoire d’amour avec le Prince Albert. La distribution de prestige comprend la récipiendaire d’un Golden Globe® Emily Blunt (The Devil Wears Prada) dans le rôle titre, Rupert Friend (Pride and Prejudice), Paul Bettany (Creation, The Da Vincy Code), Miranda Richardson (Harry Potter and the Goblet of Fire), Jim Broadbent (Indiana Jones and the Kingdom of the Crystal Skull), Mark Strong (Body of Lies) et Thomas Kretschmann (King Kong).


La reine Victoria fut l'une des souveraines les plus importantes du monde. Son tempérament, sa vision et sa personnalité hors norme en ont fait une souveraine d'exception et une femme extraordinaire. Elle monta sur le trône d'Angleterre à l'âge de 18 ans. Le film nous plonge au cœur d'un fascinant destin qui, des premières années chaotiques à sa légendaire histoire d'amour, devint une saga inégalée.


Une production GK Films, « THE YOUNG VICTORIA » est produit par Graham King, Martin Scorsese, Tim Headington et Sarah Ferguson, la Duchesse d’York. Colin Vaines est producteur exécutif alors que Denis O’Sullivan de GK Films agit comme coproducteur. Alliance Films distribue le film au Canada. Distribué au Québec par Alliance Vivafilm, « THE YOUNG VICTORIA » prendra l’affiche le 18 décembre prochain.


Commentaires de Michel Handfield (18 décembre 2009)


La royauté, pouvoir ou manipulation? Dirigeant ou mascotte que le parlement exhibe? Ce sont les questions qui me sont d'abord venues à l'esprit alors qu'on voulait faire abdiquer la jeune Victoria avant même son sacre! Mais, à partir du moment où elle a accepté la fonction qui lui incombait, elle n'est pas devenue reine, mais s'est incarnée reine!


Elle tiendra d'ailleurs tête au Parlement à plus d'une occasion, car les politiciens passent, mais la reine demeure! Comme nos fonctionnaires...


On peut d'ailleurs voir quelques parallèles avec notre histoire, car la reine Victoria a entamé son règne en juin 1837 et la rébellion des Canadiens eut lieu juste après! Lord Melbourne n'était cependant pas étranger à cette affaire. Incapable de gérer la politique étrangère, le gouvernement de Lord Melbourne démissionna d'ailleurs en 1839! (1) S'il conseilla la reine en son début de règne, elle apprendra rapidement et prendra des décisions par elle-même, n'en déplaise au parlement. La rébellion canadienne (2) serait arrivée 10 ans plus tard que la situation eut été différente je crois, car la vie de la reine Victoria fut marquée par un certain goût du changement social si l'on se fie au film. D'ailleurs, un peu de recherche nous permet d'apprendre qu'elle s'est attachée à des réformes en éducation, affaire sociale (welfare) et dans l'industrie. Elle s'est mêlée des affaires de son royaume contrairement à certains monarques d'apparat! De quoi la rendre sympathique. Une suite serait donc intéressante, car cette reine a marqué son époque au point qu'on l'a baptisé victorienne en son honneur!


Naturellement, la plupart s'attacheront à la romance avec Albert, car c'est un film romantique. Il y a par contre quelques divergences entre les époux, divergences qui deviennent parfois affaires politiques, vu leur position. Il ne faut pas oublier, non plus, qu'Albert, son cousin, est aussi allemand! C'est ainsi que les conflits familiaux pouvaient devenir des conflits armés entre nations parentes à l'époque! D'un autre côté, les alliances pouvaient se sceller par un mariage entre petits cousins! Le vrai sens de la vie de famille!


Si ce film nous fait voir le vrai sens de couple royal, il donne le goût de lire sur Victoria, car elle incarne la femme de Pouvoir avant le « women's lib »!


Addenda


Notre parlementarisme est calqué sur le régime britannique. D'ailleurs, même avec l'indépendance possible du Québec, il n'est pas dit que nous changerions tant que cela de régime. Nous passerions peut-être à une forme républicaine ou présidentielle, mais pas nécessairement à la proportionnelle. Le PQ aurait d'ailleurs pu privilégier cette forme de représentativité lorsqu'il était au pouvoir et ne l'a pas fait. On pourrait même choisir de demeurer dans le Commonwealth, même en devenant indépendant du Canada, si nous y voyons des avantages au plan diplomatique, économique, social et politique, car une majorité des pays membres sont maintenant des républiques (3), le Commonwealth ne représentant plus l'Empire britannique, « the British Commonwealth », mais une nouvelle union d'États égaux et librement associés qui supportent des valeurs communes, ce depuis 1949. Ce forum inclut même certains pays de langue française! (4)


Notes:


1. http://fr.wikipedia.org/wiki/Reine_Victoria#Politique


2. On parle souvent des patriotes du Bas-Canada, mais ce mouvement incluait aussi des patriotes canadiens-anglais du Haut-Canada qui voulaient eux aussi s'affirmer face à l'Angleterre, car ils étaient plus canadiens que britanniques! William Lyon Mackenzie et Louis-Joseph Papineau furent en contact tout au long des années 1830 nous dit John Ralston Saul! (p. 62) Suite à l'échec de Mackenzie dans le Haut-Canada, il s'échappa aux États-Unis, d'où il déclara même la République du Canada! (Wikipédia)


Références:


Saul, John Ralston, 1998, Reflection of a siamese twin, Canada at the end of the twentieth century, Canada: Penguin book


http://fr.wikipedia.org/wiki/Louis-Joseph_Papineau

http://fr.wikipedia.org/wiki/Rébellions_de_1837

http://fr.wikipedia.org/wiki/William_Lyon_Mackenzie

http://fr.wikipedia.org/wiki/Rébellion_des_Patriotes


3. Voir www.pch.gc.ca/special/gouv-gov/section4/memb-fra.cfm pour la liste des pays membres et leurs régimes politiques (avec un ou deux pays en exemple): Monarchie (Lesotho), République (Inde) ou Royaume (Canada et Jamaïque par exemple)!


4. « The ‘British Commonwealth’ refers to the Imperial British Empire. The ‘British Commonwealth’ ended in 1949 and a new union of what were defined as ‘freely and equally associated states’ was created.

We include seven French-speaking countries - Cameroon, Canada, Dominica, Mauritius, St Lucia, Seychelles and Vanuatu - and one Lusophone – Portuguese-speaking – which is Mozambique. » (What is the ‘British Commonwealth’? In FAQ. Voir www.thecommonwealth.org/Internal/180380/)

Hyperliens:


http://www.theyoungvictoria.co.uk/

http://fr.wikipedia.org/wiki/Reine_Victoria

http://en.wikipedia.org/wiki/William_Lamb,_2nd_Viscount_Melbourne

http://en.wikipedia.org/wiki/Commonwealth_of_Nations

www.thecommonwealth.org


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Index


Documents à ne pas taire! (Notre section documentaire)


L’affaire Coca Cola

http://films.onf.ca/l-affaire-coca-cola/

Vu aux RIDM (www.ridm.qc.ca)


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 12 no 1, Textes ciné et culture : www.societascriticus.com


Une poignée de travailleurs d’une usine d’embouteillage colombienne accusent Coca-Cola de financer des groupes paramilitaires afin de kidnapper, torturer et assassiner leurs dirigeants syndicaux. Carmen Garcia et Germán Gutiérrez ont scrupuleusement suivi ce combat de David contre Goliath. Des conditions exécrables que subissent les employés jusqu’aux réunions en veston-cravate des actionnaires du géant, de la ténacité des activistes et des avocats des droits du travail jusqu’au lavage de cerveau dans les écoles états-uniennes, des procédures judiciaires labyrinthiques jusqu’à la conclusion de dix-sept mois de négociations acharnées. Mensonges, corruption, avarice et sang, l’empire des boissons gazeuses n’a pas fini de se laver les mains. Sophie Godin


Réalisateurs :


Garcia, Carmen: Variations sur un thème familier (1994), On a marché sur la terre (1996), Journal intime du corps humain (1997), L’effet bœuf (1999), L’école symphonique (2004), Le voyage de Nadia (2006) | Germán Gutiérrez : Café (1983), La Familia latina (1985), Système «D» (1989), Cinq siècles après (1990), Amérique 500 (1992), L'ennemi invisible (1996), Variations sur un thème familier (1994), Vivre en Amazonie (1993), Sociétés sous influence (1997), Survivre (1999), Insectia (1999-2000), Technopolis (2001), Martin Inferno (2002), Mourir (2004), Qui a tiré sur mon frère ? (2006), Le monde selon Lula (2007);


Gutiérrez, Germán


Pays : Québec

Langue(s) originale(s) : anglais, espagnol

Langue des sous-titres : français

Durée : 86 min.

Année de production : 2009


Commentaires de Michel Handfield (3 mars 2010)


Lorsque j'ai vu ce film, Coca Cola demandait d'en couper deux séquences. Maintenant, il prend l'affiche et j'en suis heureux, car c'est un documentaire éclairant sur le capitalisme, du moins une certaine forme de capitalisme!

Si la mondialisation nous est présentée comme un plus, les produits pouvant circuler librement et les entreprises faire des affaires partout sur la planète, emmenant avec elles les « bienfaits » du développement économique, on en oublie trop souvent la contrepartie: la démocratie et le syndicalisme n'ont pas accès à cette mondialisation pour disséminer leurs bienfaits eux aussi! Bloqué aux frontières! Mais, quelques Don Quichotte en font une mission personnelle de solidarité. C'est ce que raconte ce documentaire qui se passe en partie en Colombie, où les droits des travailleurs sont quasi inexistants. Ainsi, ces livreurs de Coca-Cola ont toutes les responsabilités de leur côté, payant la location du camion de livraison à Coke et même les caisses perdues ou volées. Ils travaillent pour peu! Remarquez qu'ici bien des entreprises tentent le même scénario, cherchant à transformer leurs employés en contractuels sur appel pour en faire des « entrepreneurs » ou des « associés » dit-on! Mais, ces entrepreneurs se confondent souvent dans les faits à des travailleurs précaires! La sous-traitance et le travail autonome, on connaît, sauf que c'est davantage civilisé ici quoi que dans certains cas ces travailleurs nouveaux genres échappent aux normes du travail sans avoir les assisses de véritables entreprises. Pas d'assurance chômage, ni les moyens d'imposer leur volonté comme la grande entreprise peut le faire, même face aux gouvernements! Ils tombent dans les craques du système.


Là-bas, ça joue plus dur, ce film parlant d'intimidation, d'enlèvements, de torture et même d'assassinats de syndicalistes. Les entreprises ont recours à des paramilitaires à l'intérieur de leurs murs, mais parfois à l'extérieur aussi. Certains se sentent surveillés jusque dans leur vie privée. Quant on parle d'abus de pouvoirs et d'usage de la force, ce film en donne un bon exemple! L'entreprise se défend cependant en parlant de sous-traitants qui ont des manières non cautionnées par Coke, sauf que c'est elle qui choisit ses sous-traitants et leur laisse les contrats... jusqu'à ce que sa position devienne intenable devant l'opinion publique mondiale. C'est tout le contraire de la joie et de l'harmonie que propose le marketing de Coca-Cola pour vendre son produit vedette selon certains groupes militants comme Killer Coke:


« En 2001, une poursuite a été intenté aux États-Unis contre Coca-Cola par le International Labor Rights Fund (www.laborrights.org) et le syndicat United Steelworks au nom de SINAL TRAINAL – le principal syndicat représentant les travailleurs de Coca-Cola en Colombie – plusieurs de ses membres et les survivants de Isidro Gil, un des dirigeants syndicaux assassinés.


La poursuite accuse les embouteilleurs de Coca-Cola en Colombie d’avoir «engager ou diriger des forces paramilitaires qui ont fait preuve d’une violence extrême et qui ont assassiné, torturé et détenu illégalement ou fait taire des dirigeants syndicaux.»


Un dirigeant de SINALTRAINAL résume bien la gravité de la situation en déclarant : «Si nous perdons la bataille contre Coca-Cola, nous perdrons notre syndicat, puis notre travail et ensuite la vie.» (1)


Ça ressemble à la mafia je trouve! C'est ce que j'avais noté dans mon iPod au moment de la projection. Puis, ces liens incestueux entre gens d'affaires et du pouvoir, c'est éducatif! Surtout qu'on en voit de plus en plus se développer ici aussi. Naturellement, cela se fait de façon plus civilisée, comme les fameux partenariats public-privé (PPP). Mais, quelque part, c'est la même chose: des ententes privées! Alors, comment l'État, qui est supposé mettre des balises et faire des contrôles, peut-il le faire s'il est lié aux gens qu'il devrait contrôler par contrats et intérêts communs? Poser la question, c'est un peu y répondre!


Ce film est donc celui d'une lutte contre ce modèle à travers Coke pris comme un symbole du néolibéralisme (2). Mais, pour qui suit l'actualité économique et politique, bien d'autres entreprises auraient pu être choisies comme symbole, car ce modèle est assez répandu dans le monde. Bien des États se font d'ailleurs complices des multinationales pour les attirer sur leur territoire. On est même prêt à changer des lois et du zonage pour obtenir la manne de leurs investissements, le système fonctionnant à la surconsommation plutôt qu'à la qualité, que ce soit de vie ou des produits! Si le produit a une durée de vie trop longue, on le démode pour que vous le changiez plus rapidement par exemple, car on ne fait pas de profits sur la réparation, mais sur le roulement! On vous vendra ainsi des garanties prolongées qui assureront son remplacement, « car ça ne vaut pas la peine de réparer » comme me l'a dit une vendeuse il y a quelques mois alors que je m'achetais une radio portative! Avec une telle approche comment voudrions-nous que nos gouvernements prennent au sérieux les questions environnementales, la surconsommation faisant fonctionner le système! Pas surprenant que les négociations sur les changements climatiques aient donné si peu. Une chance que nous ayons des gens comme Ray Rogers (3), du Corporate Campaign Inc. (4), que nous voyons dans ce film, car ils prennent en main les causes du travail, des droits humains et environnementaux parce qu'ils y croient. Des militants qui choisissent « l'intégrité plutôt que l'argent » ai-je noté.

Puis, pour terminer, en cette époque où les États nous disent qu'ils manquent de moyens et qu'ils nous préparent à accepter d'autres augmentations des tarifs et des réductions de services, j'ai noté qu' « il faut deux ans aux travailleurs de Coca-Cola [dont on parle dans le film] pour gagner ce que le président gagne en une heure seulement! » Il est où l'endroit le plus rentable où piger pour équilibrer les finances publiques? Mais, les États étant en concurrence, pris dans des frontières, et n'ayant pas de coordination mondiale au plan économique, ils n'y peuvent rien alors que les multinationales peuvent jouer les États les uns contre les autres à leur profit. C'est ainsi que l'on parle de la taxe Tobin (5) depuis près de 40 ans, mais qu'elle n'existe pas encore...

Un film à voir et qui, je l'espère, sera un jour télédiffusé en heure de grande écoute, car s'il traite de Coca-Cola, il informe sur tout un modèle économique que l'on ne voit pas lorsqu'on achète un produit aussi banal qu'une bouteille de boisson gazeuse, mais qui s'incruste dans la culture comme le seul modèle possible! On accepte en disant « On n'y peut rien, c'est le système », mais ce système fut mis en place par des Hommes et n'est pas immuable, sauf si on l'accepte comme imposé d'au-dessus de nous! (6) On prend cette entreprise comme exemple, mais c'est un modèle si commun, le modèle économique dominant en fait, qu'on pourrait certainement faire le même genre de documentaire sur bien d'autres entreprises, même d'ici! À voir.


Notes:


1. Les abus de Coca-Cola envers l’intérêt public mondial, document pdf sur le site de Killer Coke: www.killercoke.org/cokeflyerfr2.pdf


2. http://fr.wikipedia.org/wiki/Néolibéralisme

3. www.corporatecampaign.org/raybio.htm

4. www.corporatecampaign.org

5.« La taxe Tobin, suggérée en 1972 par le lauréat du "prix Nobel d'économie" James Tobin, consiste en une taxation des transactions monétaires internationales afin de ne plus inciter à la spéculation. Le taux choisi serait faible, de 0,05 % à 1 %. » Pour lire la suite: http://fr.wikipedia.org/wiki/Taxe_Tobin

6. Je pense ici aux travaux de deux sociologues: Alain Touraine et Michel Crozier.

Hyperliens:


Killer Coke: www.killercoke.org


LES POINGS SERRÉS


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 12 no 1, Textes ciné et culture : www.societascriticus.com


Vu le samedi 20 février, 19h30, au Cinéma ONF dans le cadre des Rendez-vous du cinéma québécois.


Ce film est en compétition pour les prix suivants : PRIX DU PUBLIC TÉLÉ-QUÉBEC et PRIX PIERRE ET YOLANDE PERRAULT


Dans le quartier St-Michel, Roodsy et Steven fréquentent le club de boxe L’Espoir et partagent, avec intelligence et sensibilité, leur combat personnel. Ils se sont rencontrés grâce à Evens Guercy, le policier ayant mis sur pied ce programme sportif gratuit pour redonner confiance aux jeunes et combattre l’exclusion et la délinquance dans ce secteur.


Mélissa Beaudet (réalisatrice):


Documentariste, recherchiste et enseignante, Mélissa Beaudet a travaillé comme coopérante en Haïti et au Burkina Faso. Elle a également documenté l’immigration clandestine mexicaine, réalisé un court documentaire sur le dumping alimentaire (Si nou organizè nou) et coécrit le livre Le commerce équitable, quand des hommes défient le marché.


Commentaires de Michel Handfield (3 mars 2010)


Dès les premières images, où un jeune court dans une rue, j'ai eu l'impression de reconnaître ma rue. Puis, plus tard, je vois l'école secondaire près de chez moi que j'ai d'ailleurs fréquenté dans les années 70: JFP! (1) Ce film se passe dans mon quartier: St-Michel. Un quartier multiethnique, avec ses problèmes et ses espoirs. Si la moyenne des revenus est de 40% sous le seuil de la pauvreté, c'est un quartier qui s'est également donné un réseau d'organismes communautaires pour s'entraider. Des citoyens s'impliquent, qu'ils résident ou travaillent dans le quartier. C'est le cas d'Evens Guercy, le policier qui a mis sur pied le club de boxe L’Espoir.

La boxe, ça donne des balises et une discipline. Les jeunes y trouvent aussi des mentors. Les profs y voient une façon de les retenir à l'école. C'est sûr que certains vont dire que la boxe c'est violent comparé aux échecs. Pas sûr moi, les échecs étant une stratégie militaire pour prendre le territoire de l'autre! Il faut voir le film avant de dire que la boxe n'a pas sa place à l'école, car c'est une discipline. Si le hockey peut faire l'objet de programmes sport-étude, pourquoi pas la boxe? Par préjugé?


Je regardais ce film et je me suis mis à rêver à un téléroman. Dans les années 60 on a eu droit à Rue des pignons, qui se passait dans un quartier populaire au cœur duquel il y avait un club de boxe. Ça prendrait maintenant une série du même genre qui se passerait dans un quartier populaire et multiethnique d'aujourd'hui: 6-7 St-Michel, le numéro de cet autobus qui traverse notre quartier du Nord au Sud, reflet d'une réalité multiethnique. Une autre réalité à montrer à la télé par rapport à que ce que les médias disent parfois de notre quartier et qui ne reflète pas toujours le vécu de l'intérieur! Un film à voir.

Notes:


1. http://www2.csdm.qc.ca/jfp/

2. Villeray-St-Michel-Parc-Extension:

http://ville.montreal.qc.ca/portal/page?_pageid=91,1983785&_dad=portal&_schema=PORTAL



JE PORTE LE VOILE


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 12 no 1, Textes ciné et culture : www.societascriticus.com

Filmoption International a le plaisir d'annoncer la sortie en salle du documentaire de Périphéria Productions, « Je porte le voile ». Coréalisation de Nathasha Ivisic et Yanick Létourneau, il s'agit d'un documentaire introspectif sur fond d’enquête sociale autour de la question du voile. « Je porte le voile » est le film d'une quête religieuse et identitaire de la coréalisatrice Natasha Ivisic, une femme musulmane québécoise qui incarne les dilemmes de la double identité et de la rencontre de l’occident et de l’Islam.


Il y a 16 ans, Natasha se convertissait à l’Islam. Trois ans plus tard, suite à la naissance de sa fille Amina, elle décidait de porter le voile. Aujourd’hui, c’est au tour d’Amina de choisir. Elle a l’âge traditionnel pour le mettre, seulement elle doute… Pour l’aider, Natasha décide d’aller à la rencontre de femmes musulmanes aux croyances divergentes. Mais, au fil des rencontres, ses croyances et ses choix sont mis à l’épreuve. Jusqu’où est-elle prête à aller pour conserver son identité?


Commentaires de Michel Handfield (26 janvier 2010)


Deux versets du Coran parlent du voile, alors, pour certaines, ne pas le porter revient à ne pas croire à l'intégrité du Coran. Si Dieu nous demande de le porter, c'est comme un cadeau de le faire! D'ailleurs, quand tu ne portes plus le voile, le monde te noie dans sa multitude. Voilà à peu près la philosophie à laquelle nous avons droit au début du film, Nathasha prenant au départ un point de vu clairement pro voile, le portant elle-même. Puis, la cinéaste rencontrera des femmes d'autres points de vue...


Pour certaines, la foi se porte d'abord dans le cœur! Quelques-unes remarquent d'ailleurs que plusieurs de celles qui le portent sont des femmes d'origine québécoise converties. Comme la cinéaste! Le portent-elles plus que les autres? Pourquoi? Pour se montrer plus fidèle (intègre) à l'Islam? Voilà des questions qui me sont passées en tête, mais dont je n'ai pas eu la réponse, sauf partiellement, car on comprend que lorsque l'on prend une autre culture, on la prend d'abord toute. Intégrale! Puis, avec le temps, on l'intègre et on la juge avec ce que l'on est jusqu'à trouver un équilibre avec nos origines, notre culture et nos valeurs, car on est exposé à une multitude de valeurs, surtout dans les sociétés occidentales oserais-je dire. Pour celles qui arrivent et qui ne portaient peut-être pas le voile dans leur société d'origine, mais qui se mettent à le porter ici, c'est un autre phénomène qui joue: une défense face au bombardement de valeurs multiples qu'elles ne peuvent gérer immédiatement, car elles n'y sont pas préparées. Le même phénomène est probablement vrai chez les hommes: ils peuvent être plus pieux ici qu'ils ne l'étaient dans leur pays d'origine, comme une façon de s'ancrer à ce qu'ils sont pour ne pas se perdre. Puis, ce qui vaut tant pour les femmes que pour les hommes, à mesure que ces nouveaux citoyens acquièrent nos codes et nos moyens de défense face à ce bombardement de points de vues et de valeurs différentes, ils peuvent s'ouvrir davantage. Mais, ce n'est pas garanti.


Revenons-en aux femmes, sujet de ce film. Certaines demeureront imperméables à leur nouvelle société. Elles ne changeront jamais, arrivées avec des valeurs de la société d'origine qu'elles conserveront toute leur vie et qu'elles transmettront à leurs enfants et leurs petits enfants, car si les nouvelles technologies permettent une ouverture sur le monde, elles permettent aussi de demeurer branché sur le monde que l'on a quitté comme si on n'était jamais partie. La société d'accueil n'est qu'un espace économique (pour le travail) ou sécuritaire (pour fuir un conflit), mais pas un monde dont on accepte les valeurs. C'est un peu une banlieue dans un monde globalisé, où on peut dormir en paix et en sécurité tout en vivant selon les us et coutumes d'ailleurs; branchée sur les réseaux et la culture du pays d'origine même si on l'a fui. (1) En fait, on peut l'avoir fui parce que ces valeurs changeaient et qu'on n'acceptait pas ce changement, ce qui fait que la communauté sera dispersée, mais vivante. Elle se reconstituera en grappe, en différents endroits de la planète, et se reconnectera par les réseaux de communication moderne de façon à préserver sa culture. Elle pourra même se fermer aux valeurs des autres au point d'être imperméable aux communautés d'accueil! (2) Ce sera tout le contraire de l'intégration: une mosaïque de cultures partageant un territoire commun. C'est un peu le modèle des grandes villes finalement, mais peut être aussi le modèle multiculturel canadien et, dans une moindre mesure, le modèle interculturel québécois qui semble poindre à l'horizon! Pourrons-nous alors encore parler de société? Cette question est importante, car elle ouvre de nouveaux défis pour les sociétés et leur avenir, mais aussi pour les sociologues qui ont à les suivre. Une question intéressante que je ne pouvais escamoter même si elle n'est pas directement posée dans le film.


Pour en revenir au film, une autre question intéressante qui y est posée est celle de la réception de la famille face à la conversion d'un de ces membres, ce qui est le cas de Nathasha, la cinéaste. Elle nous fait donc rencontrer ses parents. Même si cela fait plus d'une dizaine d'années qu'elle est convertie, ils l'acceptent toujours difficilement. Ainsi, si le « port du voile crée une distance respectueuse avec les hommes », il semble en créer une encore plus grande au sein des familles si l'on se fie à la réaction de ses parents même après tant d'années. Sa mère lui demande encore pourquoi elle ne pouvait pas être fière d'être catholique, car « tu peux approcher Dieu la même chose en étant catholique! » Quant à son père, il croit en l'humain et en soi. La religion, des balivernes! La maman, elle, répète « J'espère que le bon Dieu va te réveiller un jour! » et ne comprend toujours pas pourquoi se cacher ainsi. En fait, on peut parfois se demander ceci: si Dieu avait voulu qu'on soit caché, pourquoi ne nous a t-il pas couvert de fourrure comme les ours?

Cette démarche que la cinéaste avait entreprise avec sa fille pour lui expliquer le voile, car la petite n'était pas convaincue de vouloir le porter, est venue bouleverser ses propres fondements. La question est donc devenue « Pourquoi je le porte? » Elle a donc rencontré des musulmanes qui ne l'ont jamais portée et d'autres qui l'ont abandonnée après l'avoir porté des années. Certaines disent que le Coran prescrit « de se vêtir de façon modeste pour ne pas attirer les regards [d'envie]. On n'est donc pas obligée d'avoir le hijab sur la tête pour être une bonne musulmane! » Certaines le portent donc autrement, comme un foulard autour du cou et tombant sur la poitrine, ce qui cache un décolleté par exemple. D'autres ne font que s'habiller sobrement!


Le conformisme musulman que les médias nous présentent souvent en une, avec tous les débats entourant le port du hijab dans la sphère publique, n'est peut-être pas si majoritaire qu'il paraît au premier coup d'oeil, mais il fait certainement vendre des journaux, car on aime voir et critiquer. Mais, éduque-t-on? Si les musulmanes plus intégristes sont plus visibles, sont-elles majoritaires dans la communauté? Combien ne portent pas le hijab dans la communauté musulmane par exemple? Quelles sont les diverses façons d'être musulmanes? Voilà des choses qu'il faudrait aussi savoir pour comprendre avant de juger. Puis, si les mères le portent, les filles et les petites filles qui seront socialisées ici le porteront-elles à leur tour? Ou, comme pour les Québécois de souche (3), remettront-elles un jour leur religion en doute? Là, la question est cependant plus délicate, car on semble vouloir faire de la religion un droit au Québec alors qu'il s'agit d'une liberté, car la religion n'est pas un fait, mais une croyance. Comme l'horoscope! Moi, par exemple, je ne parlerais pas davantage de religion à l'école qu'on n'y parle d'horoscope, sauf si c'est signifiant dans les cours d'histoire et de géographie! Mais, ce n'est pas moi qui décide du programme scolaire. À la place, on a décidé d'un cours d'éthique et de culture religieuse (4), mais il y a des débats autour de ce cours.


La cinéaste s'est donc mise à chercher sa place entre sa religion et elle-même; entre spiritualité et conformisme; entre terres d'Islam et Québec. Elle a commencé à se demander si elle portait le hijab parce qu'elle y croyait ou pour se montrer meilleure musulmane que les autres! Est-ce que cela va à l'encontre de ce qui est prescrit par le Coran? Cette question m'a intéressé, car il y a une forte communauté musulmane dans mon quartier et je me pose parfois des questions au sujet du hijab que je vois assez régulièrement (5): si c'est pour ne pas être vue à travers les autres, est-ce que cela fonctionne vraiment ici?


Dans un pays où la majorité porte le voile, on verra celle qui ne le porte pas dans une foule, à l'arrêt d'autobus ou au marché, mais ici ce sera plutôt l'inverse: on verra celle qui le porte! Le hijab devient donc une façon d'attirer le regard! Peut-être tout le contraire de ce que cette religion prescrit! En fait, il faudrait être « drable » ou « beige » pour ne pas attirer le regard ici; se vêtir de façon modeste ou porter le hijab comme un foulard par exemple, ce qu'ont d'ailleurs dit certaines musulmanes que nous a fait rencontrer Nathasha. Je suis tout à fait d'accord avec elles là dessus.


Ceci pose la question de la place de la religion dans la société: doivent-elles s'adapter aux sociétés où elles se pratiquent ou, comme elles prétendent venir de Dieu (ce que disent toutes les religions monothéistes), doivent-elles s'imposer? Tout un débat pour les sociétés d'accueil, car c'est s'ouvrir à une forme de dictature divine – le dogme religieux – que de s'ouvrir aux religions. Mais, jusqu'où cette dictature est-elle compatible avec les autres religions; les différentes formes de déisme (6), théisme (7), panthéisme (8) agnosticisme (9) et athéisme (10) qui traversent la société civile sans compter ceux qui croient qu'on vient des extra-terrestres par exemple? Car, dans le domaine des croyances, on en trouve pour tous les goûts! Comment, donc, gérer ces rencontres dans l'espace public? Il y a là des défis pour aujourd'hui, mais aussi pour demain si l'on considère la pratique religieuse comme un droit et non comme une liberté de croyance, car il s'agit bien d'une croyance et non d'une vérité démontrable et vérifiable. Sur ce point, je rejoins les agnostiques.


Enfin, on peut se demander si les groupes, religieux sont davantage conservateurs ou moralisateurs quand ils sont en minorités quelque part? Serait-ce une façon de se protéger en se refermant sur des dogmes qui rassurent et protègent de l'extérieur? Mais, ces dogmes, que ce soit ceux des musulmans, des juifs, des chrétiens ou de tous autres groupes religieux ou sectaires, sont-ils encore nécessaires avec l'évolution de la connaissance scientifique? Doit-on les protéger au point d'en faire des droits? Si on se pose la question face aux croyances des autres, on doit aussi se la poser face à nos propres croyances. La croyance en la religion est-elle vraiment plus que la croyance en l'astrologie par exemple? Ou, les croyances ne sont que des croyances? On est alors libre de croire, mais il faut être conscient que ce n'est qu'une croyance et non un droit, encore moins une vérité vérifiable! Mais, cela va t-il à l'encontre de nos lois, comme celle du multiculturalisme? Science contre religion! Quel serait le verdict des tribunaux? J'espère que la question ne sera jamais posée à ce niveau, car la réponse pourrait être dangereuse. Ce type de débat doit demeurer dans l'arène publique ou politique, mais ne jamais aller dans l'arène juridique pour notre liberté.


Notes:

1. Bauman, Zygmunt, 1999, Le coût humain de la mondialisation, Paris: Hachette Pluriel


2. Un exemple de cela pourrait être la communauté juive des hassidim (hassid au singulier) qui vivent avec peu de contacts avec ceux qui sont « étrangers » à leur groupe. Voir: Rabkin, Yakov M., 2004, L’opposition juive au sionisme, Québec : Les presses de l’université Laval. Voir aussi http://fr.wikipedia.org/wiki/Hassidisme.


3. Je n'aime pas cette expression, car elle distingue les Québécois entre eux alors qu'il faudrait parler ici des canadiens-français, qui, comme ethnie, ont fait une évacuation très rapide de la religion entre les années 50, ultra religieuse, et les années 70, qui le sont beaucoup moins! Maintenant, les églises catholiques canadiennes-françaises ferment alors que quelques autres, ethniques, prennent la place, qu'elles soient catholiques ou d'une autre dénomination chrétienne. De nouvelles confessions nous arrivent aussi avec l'immigration. C'est le cas des musulmans par exemple. C'est ce qui fait qu'avec l'immigration la question religieuse revient dans l'actualité, question que la majorité croyait avoir évacuée depuis longtemps.


4. https://www7.mels.gouv.qc.ca/DC/ECR/


5. Quant au niqab, j'en ai vu que très rarement, mais j'ai rencontré quelques femmes qui le portaient dans mon quartier et une fois dans le métro. Est-ce que je n'en vois pas souvent parce qu'elles sortent peu ou, qu'avec le temps, elles passent au hijab au contact de la communauté? Une forme d'intégration en quelque sorte.


6. http://fr.wikipedia.org/wiki/Déisme


7. http://fr.wikipedia.org/wiki/Théisme


8. http://fr.wikipedia.org/wiki/Panthéisme


9. http://fr.wikipedia.org/wiki/Agnosticisme


10. http://fr.wikipedia.org/wiki/Athéisme


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Le pays d'octobre / OCTOBER COUNTRY (Vu au RIDM)


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 12 no 1, Textes ciné et culture : www.societascriticus.com


Faites la connaissance des Moshel, une famille états-unienne dont la vie est si dénuée de bonne fortune qu’elle en devient surnaturelle. Don, le patriarche, est hanté par les atrocités de la guerre au point de craindre les feux d’artifice. Donna regarde sa fille Daneal, jeune mère monoparentale au mari violent, comme sa propre réflexion dans un miroir déformant. Grand-mère Dottie laisse une énième chance au jeune bohémien qu’elle héberge. Denise, la sorcière, parle aux esprits et aux licornes. La jeune Desi est magique, vraiment. Il en est des fabuleux personnages de films comme des êtres chers : on redoute le moment où on devra les quitter. Les Moshel en sont l’exemple parfait. En s’inspirant des magnifiques clichés du premier, également photographe, Donal Mosher et Michael Palmieri ont réalisé un extraordinaire portrait documentaire, d’octobre à octobre. Après tout, l’Halloween est le meilleur cadre de travail pour approfondir l’idée que chaque famille a ses fantômes… Sophie Godin


Commentaires de Michel Handfield (26 janvier 2010)


« La famille est la seule chose que tu possèdes et que le gouvernement ne peut t'enlever! » C'est très états-unien comme approche, comme si l'individu devait toujours être en porte à faux face au gouvernement: l'État suspect! Mais, en même temps que cette peur de l'État est très présente (1), nos voisins du Sud affichent leur patriotisme à travers le drapeau des États-Unis. Comparé au Québec, il semble être partout, tant sur les propriétés que les pare-chocs des véhicules! Cela me semble très états-unien.


Une famille où tous les malheurs se sont donné rendez-vous, de la violence conjugale à la marginalité, une des membres de la famille se croyant réellement une sorcière! Le plus lucide peut-être: le père, qui dit que son emploi à la fabrique des armes Remington inc. aurait très bien pu être fait par un singe bien dressé! Si l'absence de travail peut tuer un homme, certaines tâches le rendent fou! On peut penser aux « Temps modernes » de Chaplin.


Le plus bel espoir pour l'avenir de cette famille: la petite Desi, qui est pétillante. Peut être qu'elle va mieux s'en sortir que les autres et briser le cycle des malheurs qui va de génération en génération dans cette famille où le mot normal n'est pas du vocabulaire courant!


À part ce côté psycho pathologique de la famille, j'ai aussi aimé le portrait de la région qui en ressortait par petites touches, car il permet de mettre de la viande autour de cette idée de l'américanité. Le soutien à la guerre s'explique par patriotisme ou par la présence d'un plan de la Remington Arms dans le coin, car c'est un gros employeur de la région de Mohawk Valley, New York. Mais, ce n'est pas le seul employeur de la région même si on insiste sur celui-ci dans le film. (2)


Ce documentaire est le portrait d'une Amérique qu'on refuse parfois de voir. J'aimerais cependant savoir où en sera Desi dans 10 ou 15 ans. Cela nous dira si les États-Unis auront su se sortir du bourbier dans lequel ils sont ou s'ils auront préféré ne pas bouger vers leur gauche par peur de l'État au risque de rester dans cette voie de droite qui les a pourtant conduit à la pire crise depuis 1929. On saura aussi si l'élection de Barack Obama n'aura été qu'un accident de l'histoire, lui qui vient de perdre un siège important du Sénat à la droite pour couronner son premier anniversaire à la maison blanche! (3)


Notes:


1. C'est ce qu'on perçoit dans plusieurs films états-uniens, où le héros se bat souvent contre des ennemis et l'État qui lui met des bâtons dans les roues! C'est un terme récurant de leur cinéma! On voit aussi, dans les médias, que nos voisins du Sud sont très anti interventionnistes, car ils sont fondamentalement contre un État qui veut s'insérer dans la vie privée des citoyens, même s'il s'agit d'une protection raisonnable de leur qualité de vie, comme avec le « medicare »! Ils ont un mal viscéral à accepter que l'État se mêle de leurs choses, même pour leur bien, car ils y voient des complots. C'est comme si l'État était toujours au bord de tomber dans la dictature. S'ils n'avaient pas besoin d'un état sécuritaire – c'est à dire qui s'occupe de défense nationale, de sécurité publique, de police et d'opérations militaires ! - il y a longtemps qu'ils auraient laissé tomber leur État. Ce n'est que leur obsession sécuritaire qui les retient de l'anarchisme!


2. Mais ce n'est pas le seul, ni le plus gros employeur de la région contrairement à ce que je pouvais croire en regardant ce film. Remington se classe au 11e rang des employeurs de la région au moment d'écrire ces lignes:

www.mvedge.org/profile.asp#Employers


3. « Scott P. Brown, a once little-known Republican state senator in Massachusetts, was elected on Jan. 19, 2010, to fill the Senate seat that was long held by Edward M. Kennedy in the overwhelmingly Democratic state of Massachusetts. » (BROWN, SCOTT P, in TIMES TOPICS/PEOPLE) Cette défaite démocrate à fait perdre au président sa majorité absolue au sénat, cela une journée avant le premier anniversaire de sa présidence! Défaite amère qui montre que la droite à encore un soutien populaire malgré ses bourdes. Référence:

http://topics.nytimes.com/top/reference/timestopics/people/b/scott_p_brown/index.html


Hyperliens:


Mohawk Valley: www.mvedge.org

Mohawk Valley information source: http://www.uticaod.com/

Remington Arms: www.remington.com


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Le cycle d'idiot / The IDIOT CYCLE (Vu au RIDM)

www.stoptheidiotcycle.com/


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 12 no 1, Textes ciné et culture : www.societascriticus.com


Certaines compagnies pétrochimiques produisent des substances cancérigènes. Ces sociétés financent elles-mêmes les études sur les risques de toxicité qui y sont associés. « Pas de problèmes ! » nous annoncent-elles. Pourtant, le nombre de personnes atteintes du cancer s’accroît à une vitesse vertigineuse. Étonnamment, ces compagnies détiennent aussi un monopole sur la production de médicaments contre le cancer. Celles qui s’enrichissent en nous empoisonnant s’enrichissent également en nous soignant. Maintenant, ces mêmes compagnies pétrochimiques produisent des OGM. Ces sociétés financent elles-mêmes les études sur les risques de toxicité qui y sont associés. « Pas de problèmes ! » nous annoncent-elles. Ça ne vous rappelle rien ? Sophie Godin


Réalisateur(s) : Schick, Emmanuelle

Pays : France

Langue(s) originale(s) : anglais, français

Langue des sous-titres : français

Durée : 92 min.

Année de production : 2009

Filmographie(s) du (des) cinéaste(s) :


Emmanuelle Schick : La petite morte (2003), A Safe Place: Canadian Children Talk About Terrorism (2006), Cancer (2006), 20 ans déjà! Coupe du monde de Rugby 1987 (2007)


Commentaires de Michel Handfield (12 janvier 2010)


Le monde moderne carbure aux pétrodollars, alors, pas surprenant de voir la pétrochimie si omniprésente dans ce monde! On ne peut mieux résumer ce film, les entreprises chimiques produisant les engrais, les OGM, les polluants et les molécules cancérigènes, mais aussi les médicaments pour en soigner les effets indésirables! La chimie est dans tout, que ce soit la peinture, les engrais ou les suppléments alimentaires!


Avec un tel spectre, cette industrie devrait être sous haute surveillance. Mais, comme on croit à l'autodiscipline du milieu, ces industries se surveillent elles-mêmes! Avec le commerce mondial, on ne risque pas d'assister à un durcissement de cette surveillance, surtout que certains pays sont beaucoup plus libéraux pour les entreprises que pour les citoyens! Des normes moins sévères, c'est davantage de profits. Mais, la pollution voyage. On trouve ainsi du mercure de Chine dans les rocheuses nous apprend ce film.


Au nom des accords commerciaux, on ne doit plus entraver le commerce. On s'éloigne donc du principe de précaution des années 70! Puis, pour équilibrer leurs budgets, les politiciens ont coupé dans la recherche et le développement qui relevait de l'État, mais aussi dans les contrôles de ce que fait le privé, s'en remettant de plus en plus à l'autocontrôle des entreprises en matière de sécurité des produits, que ce soit pour un barreau de chaise , des médicaments ou même l'alimentation. On réoriente aussi, tant que faire se peut, les subventions universitaires de la recherche pure vers la recherche appliquée et rapidement commercialisable quand l'État ne se désengage pas tout simplement de la recherche au profit de l'entreprise privée, qui, elle, investira pour obtenir des résultats tangibles! De toute manière, la politique se faisant sous un cycle électoral, les politiciens n'aiment pas trop les études à long terme même si c'est important. C'est ainsi que la plupart de nos scientifiques sont de moins en moins indépendants, mais de plus en plus payés par des fonds industriels.


C'est naturellement un point de vue alarmiste. Si vous êtes hypocondriaque, ce film sera votre film d'horreur de l'année. Louez-le pour vous faire une soirée de peur tout en mangeant du « maïs soufflé » transgénique!


Même si je ne suis pas spécialiste de ces questions, je crois qu'il faut quand même relativiser un peu les choses, car ce film est d'abord un pamphlet. Cependant, il sonne néanmoins des alarmes importantes, même s'il s'agit d'une charge pamphlétaire. Certaines questions mériteraient des réponses, notamment sur le financement de la recherche universitaire. Avec les coupes que nous avons connues pour équilibrer les budgets dans les années 90 et celle que nous risquons de subir dans les années à venir, il serait bon de savoir ce qui se passe au niveau de la recherche fondamentale et dans les laboratoires étatiques par exemple: ont-ils encore les moyens de faire leur travail ou sont-ils condamnés à valider ce que veut bien leur fournir l'industrie?


Les sources officielles ont beau dire qu'ils font bien leur travail pour protéger les citoyens, pourquoi on n'étiquette pas les produits alimentaires contenant des OGM par exemple? Pour ne pas nuire à l'industrie même si les citoyens veulent cet étiquetage! Qu'en est-il du droit à l'information? Le gouvernement doit-il représenter les citoyens ou les entreprises? Qu'on ait à poser la question est signe d'un malaise démocratique et éthique. Un film à voir, même avec une certaine dose de réserve.

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D.I. Musique!


Le Gala du 30e anniversaire de l’Opéra de Montréal... sur CD!

www.atmaclassique.com


Avec la participation de Phillip Addis, Pascale Beaudin, Antoine Bélanger, Caroline Bleau, Layla Claire, Gianna Corbisiero, Gregory Dahl, Etienne Dupuis, Marianne Fiset, Lyne Fortin, Marc Hervieux, Randall Yakobsh, Aline Kutan, Marianne Lambert, Gaétan Laperrière, Marie-Josée Lord, Stephanie Marshall, Allyson McHardy, Aaron St.Clair Nicholson, Raphaëlle Paquette, Annamaria Popescu, Nora Sourouzian, Alexandre Sylvestre.


Orchestre Métropolitain sous la direction d'Alain Trudel


Pour souligner les 30 ans de l’Opéra de Montréal, ATMA Classique s’associe avec cette prestigieuse institution culturelle du Québec, de même qu’avec Espace musique, la radio musicale de Radio-Canada, pour la parution d’un CD double du Concert-Gala du 30e anniversaire.


Enregistré le 6 décembre 2009 à la salle Wilfrid-Pelletier de la Place-des-Arts à Montréal, ce gala réunit une pléiade d’artistes lyriques parmi les plus en vue au Canada dont Marc Hervieux, Marie-Josée Lord, Lyne Fortin, Étienne Dupuis, Marianne Fiset et Aline Kutan, accompagnés par l’Orchestre Métropolitain dirigé par Alain Trudel.


Sous les allures d’une grande fête de l’art lyrique, ce disque propose un florilège des plus grands airs d’opéra, duos et ensembles choisis du répertoire opératique parmi les favoris du public; airs, duos, trios et quatuors tirés d’opéras allant de Carmen de Bizet à Manon de Massenet en passant par Rigoletto de Verdi et La Bohème de Puccini.


Depuis sa fondation en 1980, l’Opéra de Montréal a offert 907 représentations de 90 opéras, deux premières mondiales et 54 nouvelles productions, vues ou entendues par plus de vingt millions de téléspectateurs et d’auditeurs. Comme en fait foi la distribution entièrement canadienne de ce Gala, l’Opéra de Montréal a contribué à l’établissement d’une riche tradition lyrique de chez nous.


La parution du CD coïncide avec la production 30e anniversaire de l’Opéra de Montréal, Tosca de Puccini, à l’affiche à la salle Wilfrid-Pelletier dès le 30 janvier 2010.


Le CD du Gala de l’Opéra de Montréal sera disponible dès le 26 janvier 2010.


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