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Societas Criticus, revue de critique sociale et politique, Vol. 12

no 3: www.societascriticus.com

Societas Criticus, Revue de critique sociale et politique

On n'est pas vache…on est critique!


D.I. revue d’actualité et de culture

Où la culture nous émeut!


Regard sur le Monde d'une perspective montréalaise!

On est Sceptique, Cynique, Ironique et Documenté!


Revues Internet en ligne, version archive pour bibliothèques

Vol. 12 no. 3, du 5 juin au 14 aout 2010.


Depuis 1999!













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C.P. 182, Succ. St-Michel

Montréal (Québec) Canada H2A 3L9


Le Noyau!


Michel Handfield, M.Sc. sociologie (U de M), cofondateur et éditeur;

Gaétan Chênevert, M.Sc. (U de Sherbrooke), cofondateur et interrogatif de service;

Luc Chaput, diplômé de l'Institut d'Études Politiques de Paris, recherche et support documentaire.


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Pour une nouvelle approche économique, sociale et politique ou réflexions d'après G-20!


Societas Criticus, revue de critique sociale et politique, Vol. 12 no 3, Essais : www.societascriticus.com


Michel Handfield, sociologue et éditeur de Societas Criticus (19 juillet 2010) – Photo d'une affiche sur une boite à lettres de la rue Jean-Talon prise par l'auteur.


Le sommet du G-20 à Toronto, qui a eu lieu les 26 et 27 juin 2010, a conduit à un nombre record d'arrestations: 1090! (1) On en parle depuis, au point qu'on ne sait pas ce qui est sorti de ce sommet, ni le message des opposants! Toute l'attention médiatique a porté sur les manifestations, les arrestations et leurs suites! Peu sur le contenu. Deux semaines après l'évènement, « environ 1000 personnes ont [encore] manifesté pour protester contre le travail des policiers pendant le Sommet du G20 » (2) puis, aujourd'hui, plusieurs organismes ont lancé « une nouvelle coalition arc-en-ciel qui non seulement réclame une enquête publique sur le récent sommet du G20, mais compte soutenir concrètement les personnes aux prises avec des frais judiciaires et même des séquelles psychologiques après un séjour dans les cellules torontoises. » (3) C'est dire que cela a camouflé tout ce qui s'est dit à ce sommet, puis de la part des opposants. On n'en retient que la casse, ce qui est triste. Qui peut nous parler du contenu aujourd'hui?


Il faut cependant admettre que ces sommets donnent souvent peu de résultats, car ils se concluent sur des vœux pieux et pas très contraignants. (4) Pas surprenant, car la plupart des gouvernements n'aiment pas se lier au point de se mettre dans le trouble. À preuve:


« Le premier ministre Stephen Harper rejette la suggestion de ses fonctionnaires d'éliminer les allègements fiscaux pour l'exploration pétrolière, a appris La Presse canadienne. Au dernier Sommet du G20 à Pittsburgh, les pays membres se sont entendus pour examiner les cas où les gouvernements subventionnaient la consommation et la production de fossiles combustibles, puis éliminer ces subventions. » (5)


On peut donc jouer sur les mots et dire qu'un engagement n'est pas un contrat! Déjà, l'une des principales causes mises de l'avant par Stephen Harper à Toronto fut immédiatement réinterprétée par les différents pays membres du G-20 suite à leur signature:


« Le premier ministre s'est félicité d'avoir obtenu de ses 19 homologues l'engagement qu'il sollicitait en matière de réduction de leur déficit et de leur dette. Mais la question est maintenant de savoir si cet engagement fera une quelconque différence: la France a affirmé qu'elle ne se sentait pas liée par l'objectif canadien, la Grande-Bretagne et les États-Unis avaient déjà une cible aussi ambitieuse et le Japon a obtenu une exception. » (6)


Plus symbolique que contraignant, finalement, que ces sommets! D'ailleurs, une des choses qui fut ratifiée à Toronto fut la proposition de M. Harper contre l'imposition « d'une taxe sur les banques ou encore d'une taxe internationale sur les transactions financières. » (7) C'est tout dire. On vise la libéralisation du commerce, pas sa contrainte. Mais, pour le peuple, on ne semble pas avoir les mêmes préoccupations.


En effet, la libre circulation des personnes est loin d'être au même niveau que celle des biens, des services ou des capitaux! Peut-être est-ce plus sécuritaire? J'en conviens, mais si certaines contraintes sont nécessaires pour les individus, pourquoi n'en est-il pas ainsi pour les entreprises et les milieux financiers. Parce qu'on ne peut contraindre le marché, cette chose qui se passe entre vendeurs et acheteurs consentants que l'on appelle aussi l'offre et la demande? On juge bien certains produits illégaux malgré l'existence d'un marché! La drogue en est un bon exemple. Alors, pourquoi ne pas mettre des limites à d'autres produits et services pour des raisons de santé, de sécurité ou humanitaires? Si c'est vrai pour la drogue, ce devrait l'être pour les produits dommageables à l'environnement ou le commerce inéquitable. Pensons à l'eau par exemple. C'est là qu'on voit que ces forums internationaux ont aussi une teinte idéologique. Certains organismes ont raison de le dire.


Mais, souvent, le message ne passe pas dans les médias, sauf, parfois, un entrefilet. Il faut des gestes d'éclats pour être en première page, comme de la casse. Cependant, cela efface le message et la crédibilité: on ne retient que « des casseurs » ou « des barbares »! Qui se soucie du message? Qui le rapporte, sauf dans les pages d'opinions? Ainsi, cette opinion de Francis Dupuis-Déri, professeur de sciences politiques à l'Université du Québec à Montréal, parue dans la section « idées » du Devoir:


« En suivant la manifestation anticapitaliste du samedi 26 juin, j'ai pu constater son respect pour les autres manifestantes et manifestants, puisqu'elle s'est détachée de la marche des syndicats et des organisations non gouvernementales avant de commencer à lancer des frappes. J'ai aussi pu observer des dizaines et des dizaines de vitres éclatées et de façades couvertes de graffitis (et dire qu'un milliard de dollars a été dépensé pour la sécurité). Dans 99 % des cas, il s'agissait de cibles qui avaient une signification politique claire: banques, McDonald's, Starbucks, Nike, American Apparel (malgré son hypocrite discours sympathique), des panneaux publicitaires, un bar de danseuses nues, quelques véhicules de médias d'État ou privés et des voitures de la police. » (8)


Cette stratégie n'est pas nécessairement la bonne, car si on présente les briseurs aux informations on ne prend pas le temps d'expliquer leurs choix! Pourtant, il y a des motivations à expliquer, comme le fait que la loi n'oblige pas «  l’étiquetage obligatoire pour les aliments avec OGM » (9, 10) ou d'inscrire le pourcentage (%) d'OGM dans ces aliments, car ils ne sont pas nécessairement génétiquement modifiés à 100%. Une manière de manipuler le consommateur en ne lui permettant pas d'avoir toute l'information à laquelle il a droit pour un choix éclairé, ce qui ne veut pas dire qu'il éviterait tous ces produits. Mais, il pourrait faire des choix. D'ailleurs, quand on nous parle du marché, on fait toujours référence à un choix éclairé des consommateurs. Alors, pourquoi retenir cette information? Pour ne pas nuire à certaines entreprises? Mais, n'est-ce pas nuire à celles qui font dans les produits sans OGM? Une manière d'avantages indus pour certaines entreprises, gracieuseté du gouvernement.


Il faudrait peut-être se poser enfin la question: que sont devenus nos gouvernements? Des facilitateurs du commerce? Des ambassadeurs économiques? Car ils sont de moins en moins pour les régulations et de plus en plus pour la dérèglementation. Il ne faut pas nuire au milieu des affaires nous dit-on! C'est ainsi que, depuis des années, on a vu les États aller vers le non-interventionnisme dans la sphère économique tout en soutenant les entreprises par de généreux programmes de subventions! Des magazines sérieux parlent même de « corporate welfare », genre de bienêtre social des entreprises. Une recherche Google avec cette expression m'a donné environ 6 990 000 résultats, dont l'article original du Time que j'ai lu en 1998! (11) Le préjugé favorable aux entreprises s'est même accru sous le régime de George W. Bush aux États-Unis, ce que suit Stephen Harper au Canada même si ce sont les démocrates qui sont présentement au pouvoir au sud de notre frontière. En matière économique, l'État se retire de plus en plus de certains de ses champs de compétence au profit des entreprises, car il ne faut pas nuire aux marchés. En matière sociale, il le fait au profit des compagnies d'assurance et des fondations privées et religieuses. Ainsi, sous l'ancienne administration républicaine aux États-Unis, qui est le modèle que suivent les conservateurs canadiens…


« Aside from its proselytizing mandate, the federal government will be reduced to the protection of property rights and "homeland" security.* Some Dominionists (not all of whom accept the label, at least not publicly) would further require all citizens to pay "tithes" to church organizations empowered by the government to run our social-welfare agencies, and a number of influential figures advocate the death penalty for a host of "moral crimes," including apostasy, blasphemy, sodomy, and witchcraft. The only legitimate voices in this state will be Christian. All others will be silenced. » (12)


On s'est donc tourné vers la libéralisation économique; la moralisation du support social, avec des organismes qui se sont vus coupés des fonds vu leurs positions éthiques (13) et politiques (14) difficilement tenables pour les conservateurs; et un renforcement des règles sur la délinquance individuelle; ce qui fait que vous risquez maintenant d'être davantage puni pour avoir brisé une vitrine dans une manifestation que pour avoir mis en marché des produits financiers qui ont créé la première crise économique du XXIe siècle! Il faut savoir où mettre ses priorités n'est-ce pas?! De toute manière, plusieurs fondamentalistes chrétiens américains sont pour le libre marché et la propriété privée d'une part (15), mais sont aussi méfiants des villes d'autre part (16), ce qui inclut des partisans de la droite canadienne! (17)


Cette idéologie conservatrice va plus loin encore que le néolibéralisme. Quant le privé devient la réponse toute faite et s'accompagne du désengagement de l'État, on n'est pas loin de l'anarchisme. Que dit l'anarchisme: à bas l'État! Que dit cette idéologie: l'État minimal, si possible ne conservant qu'un rôle policier (18) envers les citoyens, mais surtout pas une entrave au libre marché et aux entreprises! On est si près des anarcho-capitalstes (19) que les analystes de la politique ont forgé le terme de « libertarisme » pour qualifier ce nouveau courant, fusion entre les termes « libéral » et « libertaire », un synonyme d'anarchisme! (20) Mais, un anarchisme de droite, conservateur et capitaliste, qui accepte un État minimal et non interventionniste en matière économique. Ainsi, pendant qu'on en a contre les anarchistes de gauche, qui font de la casse pendant les sommets (que ce soit le G-8, le G-20 ou les travaux de l'organisation mondiale du commerce), les anars de droite, cravatés, y négocient la réduction de l'État, voir la privatisation des ressources! Normal, car ces anars sont diplômés en économie de grandes écoles qui suivent la pensée de l'école de Chicago! (21)


Bref, il y a des choses qui doivent être dites. Mais, des vitrines qui volent en éclat dans une manifestation ne sont pas la meilleure façon de le faire savoir. L'éducation serait mieux. De l'éducation populaire par exemple. Pourquoi ne pas ouvrir des locaux dans les écoles (22) pour le faire avec des gens qualifiés, car il y en a? Combien de diplômés universitaires en sciences humaines et sociales ont des difficultés d'employabilité? Plusieurs, dont un certain nombre pourrait monter des formations en éducation populaire par exemple. On nous dit d'être créatifs et de créer nos emplois, mais on ne devrait pas avoir à refaire la roue à chaque fois. Des infrastructures existent, il faut savoir les mettre au service de la population. Combien de débats tournent en rond faute de nouvelles façons de les approcher? Un exemple: le débat concernant l'État versus le privé! On entend souvent dire que l'État coute cher, question de privilèges, comme l'ancienneté, qui ne favorisent pas toujours les plus vaillants. Mais, est-ce une question d'État versus de privé ou d'organisation? Certaines grandes entreprises ne sont-elles pas construites sur le même modèle? Inversement, n'avoir aucune protection, n'est-ce pas favoriser l'arbitraire et le copinage? Puis, si le secteur public coute parfois cher, on a vu le privé gonfler indument la facture dans certains contrats avec l'État! Alors, privé ou public, ce n'est pas aussi simple que le disent les commentateurs! Pourtant, il existe d'autres voies.


Pourquoi ne propose-t-on pas des alternatives comme des entreprises en cogestion ou des coopératives de travail? Ce sont des possibles, mais qui en parle? Il est pourtant beaucoup moins facile de faire de la collusion dans une coopérative de travail ou financière qu'entre deux amis dans un « marché du siècle » en partenariat public-privé! Ces formations populaires seraient l'occasion de regarder vers d'autres modèles; des alternatives au changement de main entre les tenants du privé et du public au gré des scandales que révèlent les médias. On a parfois l'impression d'être conduit par des joueurs de poker qui s'échangent la main! Bref, on tourne en rond.


D'autres modèles économiques existent et il ne s'agit pas nécessairement du communisme. Loin de là d'ailleurs, car un État qui a la main haute sur tout peut être étouffant pour une société et tuer la créativité. Mais, le libéralisme a plus d'une couleur et nous offre plusieurs visages, incluant même la social-démocratie! On n'a qu'à penser au libéralisme social par exemple:


« Tout État est affaibli par une trop grande disproportion entre les citoyens. Chacun, si c'est possible, devrait jouir des fruits de son travail, par la pleine possession de tout ce qui est nécessaire à la vie, et de plusieurs des choses qui la rendent agréable. Nul ne peut douter qu'une telle égalité soit ce qui s'accorde le mieux avec la nature humaine et qu'elle ôte bien moins au bonheur du riche qu'elle n'ajoute à celui du pauvre. Elle augmente aussi le pouvoir de l'État, et elle est cause que les taxes ou impositions extraordinaires seront payées de meilleur gré. Là où les riches s'engraissent sur le dos d'un petit nombre, il faut que leur contribution aux nécessités publiques soit très large; mais dès lors que les richesses sont répandues sur une multitude, le fardeau semble léger à chaque épaule, et les taxes n'apportent pas de différence bien sensible dans la façon de vivre de chacun. » (23)


On peut aussi penser au modèle brésilien, à la fois procommercial et propauvres. Non pas un modèle à la Chavez (24), mais à la Lula (25); soit pour le social, mais aussi pour le commerce et la liberté d’entreprise. Une forme de libéralisme social contrairement au libéralisme économique états-unien, où le gouvernement est parfois perçu comme un ennemi du peuple; régime souvent proche de l’anarcho-capitalisme (26) selon moi, ce dont les États-Uniens ne semblent pas très conscients. Suffit de les regarder manifester contre toutes interventions de l’État, si minimes soient-elles, pour le comprendre! Seul son rôle policier et militaire semble toléré, mais, encore, il ne faut pas toucher le droit des citoyens de porter une arme (27)!


Parlant du Brésil, ceci me fait toujours remonter à une vie antérieure alors que j’étais consultant sur un modèle participatif de cellules de travail au Québec. Deux ans! À l’époque j’avais assisté à une conférence de Ricardo Semler, président de Semco S.A., du Brésil (28), à l’hôtel Hilton Bonaventure, où il présentait son modèle participatif! C’était le 25 novembre 1993! (29) Alors que la participation des employés dans l’entreprise fut une mode ici, Semco fonctionne toujours selon ce modèle et a vu son succès continuer! (30) Cette entreprise a toujours conservé sa façon de faire à ce que j’ai lu sur leur site: The Semco way (31)! (32) C'est dire que l'on pourrait aussi changer des choses dans nos entreprises et parler d'une véritable participation des employés.


Pour revenir aux formations populaires que je propose, on pourrait aussi y parler de coopération économique internationale et de commerce solidaire. La conscientisation est toujours mieux que de briser les vitrines d'un café-bistro du centre-ville! Mais, si nous pensons global, il faut agir localement! Alors, pourquoi ne pas aussi – voir surtout! – parler des couts de l'automobile et de l'étalement urbain dans cette nouvelle éducation populaire, mais aussi des solutions possibles comme la complémentarité et l'intermodalité régionale plutôt que l'affrontement entre la ville et ses banlieues sur le droit sacré à l'automobile et aux autoroutes! Il faut penser le transport autrement pour ne pas suffoquer, mais il faut aussi éduquer pour conscientiser la population! Sans éducation, difficile de changer les choses. Et, l'environnement a besoin de changements! Notre survie en dépend à long terme.


Le commerce aussi pourrait être repensé. Pourquoi reproduire le même modèle partout avec les mêmes bannières? La «Wal-martisation» de l'espace commercial n'est pas un passage obligé. Il peut y en avoir, mais il doit aussi y avoir autre chose. Pourquoi les gouvernements, ce qui inclut les municipalités, sont-ils quasi obligés de donner des permis sur demande comme s'il s'agissait d'un droit? Pour ne pas entraver le commerce? Mais, n'est-ce pas entraver la liberté de choix en limitant ainsi l'offre? Certaines zones peuvent accepter des « power-centers », mais d'autres doivent en être protégées pour créer un véritable libre marché, sinon cela conduira à la multiplication des mêmes commerces et à une diminution de l'offre pour les consommateurs. On ne peut faire confiance aux commerçants et aux manufacturiers comme l'a déjà écrit le maitre du capitalisme: Adam Smith lui-même! (33) En conséquence, entre l'État et l'entreprise privée il devrait y avoir autre chose, comme des mutuelles et des coopératives par exemple. D'ailleurs, au risque de nous répéter, ces entreprises sont beaucoup plus difficiles à contrôler par quelques-uns vu la multiplicité des parties prenantes. En concurrence avec les entreprises privées, elles peuvent conduire à un assainissement des manières de faire.


Ceci nous conduit à un autre point: les anarchistes! On en a beaucoup parlé au sommet du G-20 comme étant des casseurs. L'anarchie est souvent synonyme de chaos et de désorganisation dans les médias. Par extension, elle l'est aussi dans la population en général. Pourtant, elle nous a donné de grandes choses comme le soulignaient deux profs des HEC dans l'introduction de leur livre il y a quelques années:


« Proudhon fait là encore figure de précurseur en ce domaine. Il sera à la base d'idées telles que le mutualisme, l'autogestion, le syndicalisme, le régionalisme, le fédéralisme et le coopératisme. » (34)


Dans « Liberation management », Tom Peters, un gourou du monde des affaires des années 1990 a même titré une section d'un de ses livres « Toward productive anarchy »! (35) C'est tout dire. Avant de parler de la désorganisation que l'on associe à l'anarchie, il faudrait au moins lire ces quelques lignes de Malatesta:


« Si nous croyons qu'il ne pourrait pas y avoir d'organisation sans autorité, nous serions des autoritaires, parce que nous préfèrerions encore l'autorité qui entrave et rend triste la vie à la désorganisation qui la rend impossible. » (36)


La pensée anarchiste ne se réduit pas aux gestes de quelques casseurs et la réduire à cela serait injuste et malhonnête pour ce courant très à propos encore aujourd'hui. (37) Encore là, de la formation populaire est nécessaire pour bien comprendre ces modèles qui traversent nos débats – que ce soit le libéralisme, le communisme, l'anarchisme ou le conservatisme par exemple - et desquels on a retenu quelques éléments dans l'histoire de nos sociétés tout en en oubliant les origines tellement ils sont intégrés. Si on avait aussi parlé de ces éléments et fait un peu d'histoire en plus de parler des casseurs, cela aurait au moins eu un aspect éducatif. Mais, on ne l'a pas fait, car il est peut-être plus avantageux pour la classe dirigeante, ce qui inclut les milieux d'affaires, de présenter les opposants comme des casseurs et des pas de tête, ce qui leur enlève toute crédibilité dans la population et amenuise les chances de voir poindre des solutions de rechange de ce côté du spectre des idées. À défaut d'alternatives plausibles, l'élite s'assure de sa pérennité et de la poursuite du modèle qui la sert le mieux! Mais, comme l'a dit Adam Smith: «  l'intérêt particulier de ceux qui exercent une branche particulière de commerce ou de manufacture est toujours, à quelques égards, différent et même contraire à celui du public. » (38) À ce sujet, on peut penser aux péripéties du contrat de renouvèlement des wagons du métro de Montréal ou à la construction du Centre hospitalier de l'Université de Montréal, dit le CHUM, mais qui ressemble parfois à une mauvaise histoire de « chums » autour d'une bière qui parlent et qui parlent sans qu'il y ait grand-chose qui avance!


Il faut vraiment regarder de nouveaux modèles économiques, mais cela ne peut se faire sans éduquer la population pour qu'elle comprenne les débats et vote en connaissance de cause et non pas seulement sur l'allure du candidat! Si le XXIe siècle en est un du savoir, il faut d'abord investir dans l'éducation. Mais, au G-20, il me surprendrait que ce fût réellement une préoccupation majeure. Quant aux opposants, si cela faisait partie des leurs, quel média l'a relayé, car on confond trop souvent encore vendre de la copie et informer! Le sensationnalisme a généralement meilleur gout dans la presse commerciale que l'analyse!


Addenda:


Un autre modèle de capitalisme est celui de Rhénan, plus social. Mais, je n'en ai pas parlé ici même si j'en ai déjà parlé dans d'autres textes. Pour ceux que cela intéresse, voir le livre de Michel Albert en biographie.


Notes:


1. Alec Castonguay , Le G20 de Toronto - La dérive, Le Devoir, 3 juillet 2010: www.ledevoir.com/politique/canada/291907/le-g20-de-toronto-la-derive


2. Sommet du G20, Manifestation dans la Ville Reine, Radio-Canada nouvelles, mise à jour le samedi 10 juillet 2010 à 18 h 32: www.radio-canada.ca/regions/Ontario/2010/07/10/002-g20_manifestation_toronto.shtml


3. Amélie Daoust-Boisvert, G20: une coalition en appui aux détenus, in Le Devoir, 19 juillet 2010: www.ledevoir.com/politique/canada/292845/g20-une-coalition-en-appui-aux-detenus


4. Pour les conclusions du G-20 de Toronto, voir:

http://g20.gc.ca/fr/sommet-de-toronto/documents-du-sommet/


5. Ottawa continuera de donner un coup de pouce à l'exploitation pétrolière. La Presse canadienne in Le Devoir, 28 juin 2010: www.ledevoir.com/politique/canada/291676/ottawa-continuera-de-donner-un-coup-de-pouce-a-l-exploitation-petroliere


6. Hélène Buzzetti, G20: Harper crie victoire, mais..., in Le Devoir, 28 juin 2010: www.ledevoir.com/international/actualites-internationales/291689/g20-harper-crie-victoire-mais


7. Hélène Buzzetti, Ibid.


8. Francis Dupuis-Déri, G20: n'attendez plus les barbares, ils sont là!, Le Devoir, Idées, Mardi 29 juin 2010, A 7: www.ledevoir.com/international/actualites-internationales/291694/g20-n-attendez-plus-les-barbares-ils-sont-la


9. www.ogm.gouv.qc.ca/regl_etiquetage.html


10. OGM ou Organisme génétiquement modifié. Voir:

http://fr.wikipedia.org/wiki/Organisme_génétiquement_modifié

http://www.greenpeace.org/france/campagnes/ogm


11. Donald L. Barlett and James B. Steele, Corporate welfare, Time, Monday, Nov. 9, 1998. Voir

www.time.com/time/magazine/article/0,9171,989508-1,00.html#ixzz0tlYwnhdS


12. D'abord, la note du texte (*) est la suivante:


« When George W. Bush was first elected, Pat Robertson resigned as head of the Christian Coalition, a sign to many that Bush was the first in an expected line of regents that will herald the coming of the Messiah. »


Quant à la référence du texte: Chris Hedges, Feeling the hate with the National Religious Broadcasters, Harper's magazine,May 2005, p. 58


13. Un exemple parmi d'autres:


« Alors que le gouvernement conservateur a coupé les vivres à plus de 12 groupes de femmes [qui avaient dénoncé le refus des conservateurs de financer l'avortement à l'étranger], les libéraux s'étonnent que des groupes religieux aient touché, eux, des fonds de l'Agence canadienne de développement international (ACDI). Ottawa a en effet versé plus de 800 000 $ à deux organisations, une formant des porteurs de la parole de Jésus, l'autre veillant à la traduction de la Bible dans différents dialectes. » (Hélène Buzzetti, Des sous pour la parole de Dieu, mais pas pour les femmes, Le Devoir, 6 mai 2010: www.ledevoir.com/politique/canada/288401/des-sous-pour-la-parole-de-dieu-mais-pas-pour-les-femmes)


L'ajout entre [] est tiré d'un autre texte sur le sujet aussi d'Hélène Buzzetti: Ottawa prive d'aide 12 groupes de femmes. Ils ont critiqué le gouvernement Harper à propos de l'avortement, Le Devoir, 5 mai 2010: www.ledevoir.com/politique/canada/288371/ottawa-prive-d-aide-12-groupes-de-femmes. On apprend aussi dans ce texte qu'« Une pléiade de groupes de femmes avaient déjà vu leurs subventions abolies il y a deux ans par le gouvernement conservateur, qui ne reconnaît plus la défense des droits comme un objectif légitime devant être financé. L'association nationale Femmes et Droit a dû fermer pour cette raison. »

Voir aussi Hélène Buzzetti, La droite religieuse contrôle-t-elle le gouvernement?, Le Devoir, 22 mai 2010: www.ledevoir.com/politique/canada/289516/la-droite-religieuse-controle-t-elle-le-gouvernement


14. A ce sujet, par exemple...


« M. Benoît explique que l'ACDI se concentre désormais sur un plus petit nombre de pays dans trois domaines: l'aide alimentaire, l'enfance et la croissance économique. La gouvernance n'est plus considérée comme une priorité. C'est de cette direction générale que provenait le financement de KAIROS. » (Hélène Buzzetti, Les vivres coupées - Ottawa se défend de punir KAIROS, Le Devoir, 9 décembre 2009: www.ledevoir.com/politique/canada/278892/les-vivres-coupees-ottawa-se-defend-de-punir-kairos)


Voir aussi...


Marco Bélair-Cirino, Le couperet tombe sur Alternatives, Le Devoir, 7 décembre 2009: www.ledevoir.com/societe/actualites-en-societe/278762/le-couperet-tombe-sur-alternatives


Libre opinion: Un Conseil menacé, par Brian Barton - Président de l'Association québécoise des organismes de coopération internationale, Le Devoir, 10 juin 2010 Canada: www.ledevoir.com/politique/canada/290582/libre-opinion-un-conseil-menace


15. Jeff Sharlet, Inside America's most powerful megachurch, Harper's magazine, May 2005, p. 47. Ce passage se lit ainsi:


« According to Ted, it was this army of Christian capitalists that took to the streets. "They're profree markets, they're pro-private property," he said. "That's what evangelical stands for. »


16. «  Cities, therefore, are especially dangerous. » Et, cet autre passage, plus loin, sur la même page:


« Part of their antipathy is literally biblical: the Hebrew Bible is the scripture of a provincial desert people, suspicious of the cosmopolitan powers that threatened to destroy them, and fundamentalists read the New Testament as a catalogue of urban ills-sophistication, cynicism, lust-so deadly that one would be better off putting out one's own eye than partaking in their alleged pleasures. » (Jeff Sharlet, Ibid., p. 49)


17. J'ai choisi le terme américain plutôt qu'étatsunien justement pour montrer l'inclusion d'une frange canadienne. En effet, « Le créationnisme, une affaire d'Américains... et d'Albertains » nous apprenait Le Devoir du 16 juillet 2010 sous la signature d'Hélène Buzzetti (www.ledevoir.com/societe/actualites-en-societe/292691/le-creationnisme-une-affaire-d-americains-et-d-albertains). Le premier ministre Harper demeure justement en Alberta...


18. Même ce rôle est en partie privatisé par le recours à des firmes privées pour assurer des mandats sécuritaires, que ce soit des patrouilles dans les cités ou du travail de mercenaire et de garde du corps dans des zones de conflits et de guerre.


19. Lemieux, Pierre, 1988, L'anarcho-capitalisme, Paris: PUF, que sais-je?


20. Arnsperger, Christian, et Van Parijs, Philippe, 2000, Éthique économique et sociale, France : La Découverte/repères – Chapitre II, Le libertarisme.


21. « L'École de Chicago est un groupe informel d'économistes libéraux. Ils sont généralement associés à la théorie néoclassique des prix, au libre marché libertarien et au monétarisme ainsi qu'à une opposition au keynésianisme. Leur nom vient du département d'économie de l'Université de Chicago dont la majorité des professeurs étaient membres de cette école de pensée.» (http://fr.wikipedia.org/wiki/École_de_Chicago_(économie))


22. Il y a environ 180 jours d'école par année au Québec... sur 365 jours dans une année. On pourrait donc facilement prendre une cinquantaine de jours par année pour offrir de l'éducation populaire près des gens!

23. David Hume (1711-1776), La liberté comme nécessité historique, in Le libéralisme, 1998, Paris: GF Flammarion, coll. Corpus, p. 63

24. Chàvez : http://en.wikipedia.org/wiki/Hugo_Chávez


25. Lula : http://en.wikipedia.org/wiki/Luiz_Inácio_Lula_da_Silva


26. Lemieux, Pierre, 1988, L'anarcho-capitalisme, Paris: PUF, que sais-je? Arnsperger, Christian, et Van Parijs, Philippe, 2000, Éthique économique et sociale, France : La Découverte/repères – Chapitre II, Le libertarisme.


27. « Les marchands d'armes américains ont de quoi être heureux. Par cinq voix contre quatre, la Cour suprême des États-Unis a décrété que le deuxième Amendement de la Constitution, qui garantit le droit de tout individu de posséder une arme, s'applique aux États et aux localités. Dans les attendus, les juges soulignent, en guise de justification, que le droit à l'autodéfense est au coeur de la conception américaine de la liberté «ordonnée», en prenant soin de ne pas se prononcer sur la constitutionnalité des lois des États où la propriété de pistolets et fusils est interdite. » (Serge Truffaut, La Cour suprême des États-Unis - À droite toute!, In Le Devoir, 30 juin 2010: www.ledevoir.com/international/etats-unis/291760/la-cour-supreme-des-etats-unis-a-droite-toute)


28. www.semco.com.br/pt/


29. Ricardo Semler avait écrit un livre à l’époque pour présenter son modèle : Maverick, 1993, U.S.A.: Warner books.


30. Deux références sur le sujet, mis à part le site officiel de Semco (note 28) :


http://en.wikipedia.org/wiki/Ricardo_Semler


www.duperrin.com/2007/05/24/il-ny-a-pas-que-la-pensee-unique-qui-permet-de-reussir/


31. The Semco Way:

www.semco.com.br/en/content.asp?content=3&contentID=605


32. Ces deux paragraphes viennent en partie de Commentaires de Michel Handfield (6 novembre 2009) sur « The world Next supermodel » (www.icarusfilms.com/new2009/wns.html), Societas Criticus, Vol. 11 no 6, Textes ciné et culture : www.societascriticus.com


33. Voici ce passage:


« Cependant l'intérêt particulier de ceux qui exercent une branche particulière de commerce ou de manufacture est toujours, à quelques égards, différent et même contraire à celui du public. L'intérêt du marchand est toujours d'agrandir le marché et de restreindre la concurrence des vendeurs. Il peut souvent convenir assez au bien général d'agrandir le marché, mais de restreindre la concurrence des vendeurs lui est toujours contraire, et ne peut servir à rien, sinon à mettre les marchands à même de hausser leur profit au-dessus de ce qu'il serait naturellement, et de lever, pour leur propre compte, un tribut injuste sur leurs concitoyens. Toute proposition d'une loi nouvelle ou d'un règlement de commerce, qui vient de la part de cette classe de gens, doit toujours être reçue avec la plus grande défiance, et ne doit jamais être adoptée qu'après un long et sérieux examen, auquel il faut apporter, je ne dis pas seulement la plus scrupuleuse, mais la plus soupçonneuse attention. Cette proposition vient d'une classe de gens dont l'intérêt ne saurait jamais être exactement le même que l'intérêt de la société, qui ont en général intérêt à tromper le public et même à le surcharger, et qui en conséquence ont déjà fait l'un et l'autre en beaucoup d'occasions. » (Adam Smith (1776), 1976, Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, France: Gallimard/idées, pp. 122-3. Ce livre se trouve aussi en version numérique, produit par Jean-Marie Tremblay, professeur de sociologie au Cégep de Chicoutimi dans le cadre de la collection « Les classiques des sciences sociales »: une collection développée en collaboration avec la Bibliothèque Paul-Émile-Boulet de l'Université du Québec à Chicoutimi. Cette citation est alors en p.64. Pour le document électronique: http://classiques.uqac.ca/classiques/Smith_adam/richesse_des_nations_extraits/richesse_nations_extraits.pdf.)


34. CHANLAT, Jean Francois, SEGUIN BERNARD, Francine, 1983, L'analyse des organisations une anthologie sociologique tome I: les

théories de l'organisation, Saint Jean (Qc): éd. Préfontaine, p. 48


35. Peters, Tom, 1994, Liberation Management, New York: Fawcett Columbine, p. 596.


36. Malatesta, E., L'Agitazione, Ancône, Nos 13 et 14, 4 et 11 juin 1897, cité in Révolution et réaction, in Guérin, Daniel, 1970, 1976, Ni Dieu ni Maître, Paris: FM/petite collection Maspero, tome III. Ce texte est aussi reproduit dans Chanlat, Jean-François, et Séguin-Bernard, Francine, 1983, Op. Cit., p. 332)


37. « Aujourd'hui, lorsqu'on lit ou relit les anarchistes, dégagé des nombreux stéréotypes qu'on leur a accolés, on ne peut s'empêcher d'être frappé par la modernité de leurs critiques et l'actualité de leurs propos. La réaffirmation de l'importance de la personne, la critique de la bureaucratie et de l'étatisme, le désir de démocratie industrielle, la volonté de rendre le pouvoir au citoyen et de décentraliser les organisations, l'intention de désétatiser tout en socialisant ne constituent-ils pas en effet les thèmes majeurs de nos débats contemporains? Les récents travaux sur les effets pervers des grandes organisations, sur la contre-productivité organisationnelle et sur l'utilité des petites unités de production ne sont-ils pas également les vrais héritiers de l'intention anarchiste originale? » (Chanlat, Jean-François, et Séguin-Bernard, Francine, 1983, Ibid.,p. 49)


38. Déjà cité à la note 33.


Biographie ou quelques livres et articles que j'aurais pu citer aussi!


Albert, Michel, 1991, Capitalisme contre capitalisme, Paris: Seuil, l'histoire immédiate (copie 2 dans la coll. Points Actuels)


Arvon, Henri, 1974, L’anarchisme, Paris: PUF, que-sais-je?


Courville Léon, 1994, Piloter dans la tempête, Montréal: Québec/Amérique-Presses HEC


GROUPE DE LISBONNE, 1995, Limites à la compétitivité, Québec: Boréal


GUERIN, Daniel, 1965, L'anarchisme, France, Gallimard, coll. Idées.


Klein, Naomi, Disaster capitalism: The new economy of catastrophe, Harper's magazine, October 2007, pp. 47-58


Lapham, Lewis H., Tentacles of rage: The Republican propaganda mill, a brief history, Harper's magazine, September 2004, pp31-41


Neurrisse, André, 1983, L'économie sociale, Paris: P.U.F.: coll. que sais-je?


Phillips, Kevin P., Numbers racket: Why the economy is worse than we know, Harper's magazine, May 2008, pp. 43-47

Quelques hyperliens sur les libertariens:


http://fr.wikipedia.org/wiki/Libertarianisme


http://en.wikipedia.org/wiki/Libertarianism


http://fr.wikipedia.org/wiki/Parti_libertarien_(États-Unis)


http://plato.stanford.edu/entries/libertarianism/


http://www.libertarianism.com/


http://fr.wikipedia.org/wiki/Robert_Nozick


http://fr.wikipedia.org/wiki/David_Friedman


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D.I., Delinkan Intellectuel, revue d’actualité et de culture


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AVIS


Révisé le 21 décembre 2008


Dans les commentaires cinés, de théâtres ou de spectacles, les citations sont rarement exactes, car même si l’on prend des notes il est rare de pouvoir tout noter exactement. C’est généralement l’essence de ce qui est dit qui est retenue, pas le mot à mot.


Je ne fais pas non plus dans la critique, mais dans le commentaire, car de ma perspective, ma formation de sociologue, le film est un matériel et nourrit une réflexion qui peut le dépasser. Certains accrocheront sur les décors, les plans de caméra, le jeu des acteurs ou la mise en scène, ce qui m’atteint moins. Moi, j’accroche sur les problématiques qu’il montre et les questions qu’il soulève. Le film est un matériel sociologique; un révélateur social, psychosocial, socioéconomique ou sociopolitique par exemple. C’est ainsi que sur de très bons films selon la critique, je peux ne faire qu’un court texte alors que sur des films décriés en cœur, je peux faire de très longues analyses, car le film me fournit du matériel. Je n’ai pas la même grille, le même angle, d’analyse qu’un cinéphile. Je prends d’ailleurs des notes durant les projections de presse que je ne peux renier par la suite, même si je discute avec des confrères qui ne l’ont pas apprécié de la même manière que moi, Je peux par contre comprendre leur angle et je leur laisse. J’encourage donc le lecteur à lire plusieurs points de vue pour se faire une idée plus juste.

Peut être suis-je bon public aussi diront certains, mais c’est parce que je prends le film qu’on me donne et non celui que j’aurais fait, car je ne fais pas de cinéma, mais de l’analyse sociale! (Je me demande parfois ce que cela donnerait avec une caméra cependant.) Faut dire que je choisis aussi les films que je vais voir sur la base du résumé et des « previews », ce qui fait que si je ne saute pas au plafond à toutes les occasions, je suis rarement déçu aussi. Si je ne suis pas le public cible, je l’écris tout simplement. Si je n’ai rien à dire ou que je n’ai pas aimé, je passerai plutôt mon tour et n’écrirai rien, car pourquoi je priverais le lecteur de voir un film qui lui tente. Il pourrait être dans de meilleures dispositions pour le recevoir et l’aimer que moi. Alors, qui suis-je pour lui dire de ne pas le voir? Une critique, ce n’est qu’une opinion après tout. Une indication qu’il faut savoir lire, mais jamais au grand jamais une prescription à suivre à la lettre. C’est d’ailleurs pour cela que je fais du commentaire et non de la critique.


Michel Handfield, d’abord et avant tout sociologue.


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Lancement!


J'étais au lancement d'URBANIA #27 : SPÉCIAL ÂGE D'OR!


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 12 no 3, Livres : www.societascriticus.com


Commentaires de Michel Handfield (1er juillet 2010)


Pour finir le mois de juin en beauté, ce lancement a eu lieu sur la terrasse du Palais des Congrès le 30 juin dernier en soirée. L'âge d'or avait accès à des escaliers mécaniques, les plus jeunes aussi. « Les jeunes ont bien fait » ont d'ailleurs pensé les plus vieux! L'entrée, le magazine et la bière à volonté, de 18h à 20h, coutaient un modique 10 $. De quoi ne pas ruiner les pensionnés! Mais, on y comptait surtout des jeunes branchés et quelques vieux encore sortables pour leur âge! En passant, on peut avoir sa carte de l'âge d'or à partir de 50 ans! (1)


Le sociologue en moi a pris plaisirs à observer cette jeune faune urbaine et branchée de Montréal! Ça se jasait, tweetait et s'envoyait des SMS pour savoir qui était là. Ça se comprend, car il y avait du monde! Selon la page Facebook, 815 invités étaient confirmés et 444 avaient dit « peut-être », dont moi! Je n'ai d'ailleurs pas vu les gens que je connaissais, mais ce fut l'occasion d'en connaitre d'autres comme dans tous ces évènements.


Quant à ce numéro d'Urbania, le premier que je regarde, j'ai aimé le point de vue cynique, mais souvent vrai, de ce magazine de qualité. Comme je suis moi-même cynique au sens ancien du terme, soit « de questionner et de confronter les idées reçues » (2), je ne peux qu'apprécier le ton.


Je sens poindre la question chez le lecteur: comment se fait-il que tu fusses là si tu ne connais pas? C'est par des contacts Facebook que j'ai été mis au parfum de cet évènement. J'ai ma carte de la FADOQ , mais je suis branché! En parlant de « branché », une remarque pour le Palais des congrès: pourquoi pas un réseau wifi? J'aurais souhaité « twitter » de mon iPod! Ils pourraient au moins offrir « ile sans fil »! (3)


Notes:


1. www.fadoq.ca


2. Pris directement dans le dictionnaire de Societas Criticus: http://bibnum2.banq.qc.ca/pgq/2006/3212333/3212333.htm


3. Pour ceux qui ne connaissent pas: www.ilesansfil.org


Hyperliens:


URBANIA: http://urbania.ca


Palais des congrès: www.congresmtl.com


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DI a vu! (Ciné, Théâtre, Expositions et quelques annonces d’événements)


GET LOW

http://www.youtube.com/watch?v=y17Me8uL6mA


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 12 no 3, Textes ciné et culture : www.societascriticus.com


À l’affiche dès le 6 août au cinéma AMC Forum dans sa version originale anglaise.


Robert Duvall, Bill Murray, Sissy Spacek et Lucas Black se partagent la vedette dans Get Low, une histoire vaguement inspirée d’un fait réel (qui depuis est devenu une légende américaine) sur un ermite du Tennessee ayant décidé d’organiser ses propres « funérailles de son vivant » dans les années 1930.


Mélange d’humour pince-sans-rire et de drame rustique, le film est le premier long métrage du réalisateur Aaron Schneider dont le court métrage Two Soldiers lui a valu un Oscar.


Depuis des années, Felix (Duvall), un reclus aux cheveux hirsutes qui vit loin de la civilisation depuis près de quarante ans, est un sujet de terreur pour ses concitoyens. Les gens racontent qu’il s’est livré à toutes sortes d’atrocités. Puis, un jour, Felix débarque en ville avec un fusil de chasse et un paquet de fric en disant qu’il veut assister à ses propres funérailles alors qu’il serait encore en vie, et où tous pourraient venir y raconter une histoire sur lui.


Frank (Murray), un entrepreneur de pompes funèbres à la langue bien pendue, fait appel à son jeune et distingué apprenti (Black) pour mener à bien le plan de Felix. À l’aide de circulaires et d’une émission de radio, Frank trame d’insuffler de la « fête » à la cérémonie. Plus les funérailles approchent, plus le mystère entourant le passé de Felix – auquel sont mêlés une veuve (Spacek) et un prédicateur (Bill Cobbs) – s’épaissit. Cependant, le grand jour venu, Felix révèlera tout.


Même si l’histoire du film a été embellie, celle-ci est fondée sur la réalité. Le véritable Felix « Bush » Breazeale a vécu dans les bois du Tennessee et a planifié ses propres funérailles. Tout comme Felix dans le film, il a également organisé une loterie, offrant sa terre comme prix à réclamer après sa mort. On prétend que pas moins de 12 000 « amis du défunt » provenant d’au moins 14 états différents se sont présentés le 26 juin 1938 – dont un photographe du Life
Magazine – pour exprimer leur respect et suivre le déroulement de l’évènement.


Pour donner vie aux forêts appalachiennes et aux villes de l’époque du New Deal, le film a été tourné en Géorgie dans des lieux ayant peu changé depuis la Crise de 1929 – notamment le petit village de Crawfordville (572 habitants) et la Gaither Plantation, une plantation de coton historique (et soi-disant hantée) des années 1800.


La musique originale bluegrass est de Jan A. P. Kaczmarek, alors que le groupe Steeldrivers de Nashville a été recruté pour jouer sa musique rootsy aux obsèques (le véritable Felix « Bush » avait engagé le Friendly Eight Octet de Chattanooga). Le scénario est une collaboration de Chris Provenzano (série télévisée Mad Men) et de C. Gaby Mitchell (Blood Diamond).


Commentaires de Michel Handfield (3 aout 2010 – mis en ligne le 8)


Felix « Bush » Breazeale a un vœu: avoir un party funéraire avant sa mort, auquel il peut assister et dans lequel les gens vont raconter des anecdotes à son sujet!


La réalité: il racontera son histoire, car il y a 40 ans qu'il est reclus et que des rumeurs circulent à son sujet. Si les choses n'avaient pas eu lieu comme on les raconte? Si cet homme n'était pas ce que l'on croit? Les apparences sont parfois trompeuses. C'est ce que l'on saura à la fin.


L'inconnu, l'étranger, le reclus, est souvent source de rumeurs, car il permet de canaliser les peurs et les mythes sur une personne ou un groupe. C'est là un aspect psychosocial intéressant de ce film. J'ai même pensé à « La rumeur d'Orléans » (Edgar Morin, 1969, France: Seuil) à quelques occasions. Puis, il y a la reconstitution d'une autre époque... dont les débuts des médias de masse. On est en 1938, la même année que l'annonce d'une invasion de Martiens sur les ondes de la radio par Orson Welles (1), ce qui avait suscité un mouvement de panique à l'époque! On voit donc la force d'attraction de ce nouveau médium de communication dans ce film, puisque des milliers de personnes viendront d'un peu partout assister à ces fausses funérailles très médiatisées. Tiens, c'est un peu comme aujourd'hui, où des millions de téléspectateurs assistent maintenant à la fausse vie qu'offrent les téléréalités dans le monde! La force du médium suscite l'intérêt, car « Le message, c'est le médium »! (2) Felix « Bush » Breazeale aura connu son heure de gloire au point de devenir une icône états-unienne. (3)


Bref, ce film saura intéresser plus d'un public, car il touche tant le genre historique, les médias que le film psychosocial!


Notes:


1. http://fr.wikipedia.org/wiki/Orson_Welles#L.27annonce_du_30_octobre_1938


2. McLuhan, Marshall, 1968, Pour comprendre les médias, Montréal : HMH


3. http://www.clanbreazeale.com/UncleBush/index.htm


Hyperliens (collaboration de Luc Chaput):


www.mercurytheatre.info


Sur le Tennessee après la guerre civile, puisque le début se passe vers 1895:

http://en.wikipedia.org/wiki/Tennessee

En particulier, la section « Civil War, Reconstruction and Jim Crow »:

http://en.wikipedia.org/wiki/Tennessee#Civil_War.2C_Reconstruction_and_Jim_Crow


Sur le fait que ce soit un pasteur noir d'Illinois qui soit son ami:

http://en.wikipedia.org/wiki/Great_Migration_%28African_American%29



Salt
www.salt-lefilm.com


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 12 no 3, Textes ciné et culture : www.societascriticus.com


Un film de Phillip Noyce. Avec ANGELINA JOLIE, LIEV SCHREIBER, CHIWETEL EJIOFOR, DANIEL OLBRYCHSKI et ANDRE BRAUGHER


Evelyn Salt (Jolie) a fait serment au devoir, à l'honneur et au pays en sa capacité d'officier de la CIA. Sa loyauté sera durement mise à épreuve lorsqu'un transfuge l'accuse d'être une espionne à la solde des Russes. Salt prend la fuite, usant de sa longue expérience dans l'ombre pour éviter la capture. Les efforts de Salt pour prouver son innocence ne servent qu'à attiser les soupçons qui pèsent sur elle, alors que les efforts pour découvrir sa véritable identité redoublent, et que la question demeure : « Qui est Salt ? »


Source: www.sonypictures.ca/french/movies/salt


Commentaires de Michel Handfield (30 juillet 2010)


Ce film débute en Corée du Nord alors que l'agent Salt est libéré suite à une campagne médiatique de son conjoint, ce qui a attiré l'attention sur elle. Deux ans plus tard, on la retrouve à Washington DC. Agente de la CIA, elle vise un poste plus tranquille, sauf que le destin en décidera autrement quand arrive un transfuge russe qu'elle doit interroger. Il fera des révélations sur un complot ourdi de longue date: des enfants ont été transformés en taupe dormante et vivent aux États-Unis depuis des années, voire des décennies. Il suffit d'instructions pour qu'ils se réveillent et agissent contre les États-Unis pour redonner tout son lustre à l'ex-URSS! Un mythe des années 60 selon ses confrères. Mais, selon cet informateur, l'agent Salt serait une de ces enfants. On la met donc aux arrêts. Elle se sauve alors, mais est-ce pour déjouer ce complot ou parce qu'elle en est?


S'ensuit un film d'action avec une Salt déchainée. Si la plausibilité des scènes est faible, l'adrénaline est au max! Les amateurs du genre seront servis. Quant aux amateurs de politique, deux éléments sont à souligner pour eux.


D'abord, cette hypothèse d'enfants élevés pour s'intégrer à une société d'accueil et agir en temps voulu contre cette société est fort intéressante, car elle renvoie aux cellules dormantes du terrorisme moderne; ces taupes qui attendent le signal, parfaitement intégré à leur voisinage, pour faire une action d'éclat que personne n'aurait pu prévoir. Depuis un certain 11 septembre, on sait que cela se peut! Difficiles à trouver, car ces agents sont parfaitement intégrés à leur environnement. Ils ont un travail, parfois professionnel; une maison; même une famille, puis, sur un signal, ils se transforment en kamikaze. Parfaitement, imprévisible, voire invisible! Cela ne peut que faire peur et créer une certaine paranoïa. Cette peur fait d'ailleurs partie de l'arsenal qu'utilise le terrorisme islamique pour limiter la liberté occidentale par exemple, sa principale cible. Mais, d'autres types de terrorismes l'utilisent aussi, notamment le terrorisme politique.


Ensuite, c'est l'observation des conflits entre les services et les juridictions, qui est intéressante, car cela vient mettre du sable dans l'engrenage d'une machine qui aurait bien besoin de travailler avec toutes ses ressources contre une menace si diffuse. C'est peut-être caricatural, ce que disent certains, mais, comme toutes les caricatures, cela attire l'attention sur des éléments d'intérêts à qui sait lire entre les lignes! Ainsi, ces conflits dans la machine gouvernementale ont de quoi faciliter la tâche de ceux que le système devrait justement surveiller! Prise dans ses luttes intestines, elle ne peut les voir. On ne cesse pourtant pas d'avoir des révélations à ce sujet, mais rien ne change, comme si ce n'était jamais assez gros pour imprégner les consciences. Ce film nous le montre alors comme un gros dessin. Peut-être cela aura-t-il plus d'effets sur la prise de conscience, à moins que ce soit si gros, qu'on ne le prenne pas au sérieux. Trop gros pour être vrai!


Mais, pour qui s'intéresse à la politique, ce film est intéressant, car il démontre des choses sous sa couche d'actions. Faut-il encore saisir les codes secrets du monde de Salt, car elle évolue dans une politique-fiction. Ils sont cachés sous des tonnes d'effets au point que les amateurs du film d'action ne les verront pas, mais ils sont là. Ainsi, sous des airs de films de série B, il y a davantage si on prend la peine de regarder ce film comme un jeu de codes politiques pour initiés. Plus d'une fois, j'avais des références qui me passaient en tête! À vous de les découvrir. Cependant, si vous suivez le moindrement l'actualité états-unienne et internationale, vous devriez en trouver quelques-unes vous aussi.



Cabotins

www.cabotins-lefilm.com


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 12 no 3, Textes ciné et culture : www.societascriticus.com


1985, donc, Marcel, 60 ans, ex-comédien-producteur de variétés, courailleux semi-alcoolo retiré dans ses terres, apprend que sa femme l’a quitté il y a neuf jours (il ne s’en était pas rendu compte) et qu’il est ruiné pour cause de mauvais placements. Il décide donc d’aller recruter ses anciens comparses à Montréal: Lady Moon, un travesti sexagénaire en deuil; Lucie, 60 ans, une comique indomptable; et Roger, 55 ans, crooneur gominé un peu salace. Les trois veulent embarquer dans le « show de retrouvailles » mais à la condition que Marcel embauche Pedro, son fils.


Or, Marcel et Pedro ne s’entendent pas très bien. Entre autres, ils n’ont pas la même vision du théâtre populaire. Au finish, dans la Grange à Marcel se jouera une comédie de l’héritage, entre tradition burlesque et nouveau théâtre. Mais, des circonstances exceptionnelles forceront tout le monde à réinventer l’amitié, l’amour filial et l’idée même de famille.


Fiche technique

Scénariste : Ian Lauzon

Réalisateur : Alain Desrochers

Producteur : Jacques Bonin


Commentaires de Michel Handfield (30 juillet 2010)


On est en 1985. La télé, les discos, c'est une autre époque, car les cabarets n'existent plus depuis longtemps. Le burlesque est un souvenir, mis à part le « théâtre des variétés » de Gilles Latulippe (qui a fermé en 2000) (1); quelques « comiques » et chanteurs de charmes qui s'accrochent dans de petits bars d'Hochelaga-Maisonneuve et du Sud-Ouest (St-Henri, Côte St-Paul) par exemple; et, peut-être, quelques théâtres d'été qui maintiennent le genre! Mais, la belle époque des « nuits de Montréal » (2), des cafés et des cabarets de la métropole, qui offraient des « stand-up » comiques, n'est plus qu'un souvenir. Même la métropole n'est plus, déclassée par Toronto!


Les années 80 marquèrent une fin et une après-carrière difficile pour ces comédiens du burlesque. C'est « Il y a de l'amour dans l'air », interprété par Martine Saint-Clair, qui est le tube à la radio! (3) On y entend de moins en moins souvent des gens comme Claude Blanchard (4) ou Gilda (5) qui ont été des vedettes de la scène burlesque et de la télé populaire une ou deux décennies plus tôt, surtout à Télé-Métropole, ancêtre de TVA d'aujourd'hui:


« Le chanteur et animateur Robert L’Herbier est affecté à la programmation et met l’accent sur la culture populaire. Des artistes de cabaret comme Olivier Guimond, Denis Drouin et Manda Parent sont les vedettes d’émissions comiques inspirées du burlesque. » (6)


Une décennie plus tard, Claude Blanchard se fera un nouveau nom grâce à Virginie à la télé d'État, considéré plus culturelle. Pas tout à fait surprenant quand on y pense, car pour faire du burlesque il fallait du métier! On ne l'avait malheureusement pas vu, prenant ces gens de haut et, parfois, avec mépris dans certains milieux. Il y avait le théâtre et le burlesque ou la culture avec un « » majuscule et la culture avec un petit « »! Ce film nous le fait bien voir.


Il a le mérite de remettre le burlesque dans la trame historique du Québec et de le replacer dans sa culture. Il nous fait remémorer quelques noms pour ceux qui les ont vus à la télé ou au théâtre des variétés. Pensons à Ti-zoune fils (Olivier Guimond), qui avait une façon unique de jouer avec les escaliers (7) et qui fut dans l'ombre de son père à ses débuts. Malgré ses efforts, Rémy Girard ne peut arriver à maitriser l'escalier tel qu'Olivier le faisait, mais il fait un bel effort. J'ai aussi pensé à Rose Ouellette, dite La Poune (8), avec son petit chapeau; à Manda Parent (9); Juliette Petrie (10) et Paul Desmarteaux (11). Les ancêtres de l'impro en quelque sorte, car ils partaient d'un canevas de quelques lignes pour faire des sketchs et parfois toute une pièce au gré des soirs, des spectateurs et de l'inspiration, parfois avec un verre de trop dans le nez! Mais, ça faisait partie du métier à l'époque.


À la télé, i y eut un retour du genre entre 1987 et 1993 avec « Les démons du midi », mettant en vedette Gilles Latulippe et Suzanne Lapointe (12), où le premier fait des gags et des sketchs dans le pur genre burlesque et où Suzanne rie de bon cœur d'un rire communicatif! Cette émission a aussi servi de planche de lancement pour de nouveaux visages du monde de la scène, que ce soit en chanson ou en humour, qui venaient sur ce plateau aux côtés de vieux routiers que l'on voyait moins à la télé. Pensons à Roméo Pérusse, qui a justement travaillé comme recherchiste à cette émission (13), mais qui a aussi été le mentor de Stéphane Rousseau. (14) Parlant des « démons du midi », Suzanne Lapointe a déjà joué au « Théâtre des variétés » de Gilles Latulippe . Je l'ai vu avec lui et Georges Guétary (15), alors que j'étais adolescent, car mes parents avaient décidé de m'emmener avec eux aux variétés. Je m'en rappelle encore, car elle était jolie en plus d'avoir un rire communicateur à l'époque! (16)


Cependant vint un jour où le burlesque fut considéré comme quétaine. Mais, on y reviendra peut être, car c'est maintenant vintage et on en trouve des extraits sur « You Tube » pour s'en inspirer! (17) On est donc dans un film nostalgico-historique: nostalgique pour certains qui ont connu cette époque et historique pour les plus jeunes. C'était un autre temps, d'autres mœurs, mais cela pourra revenir comme d'autres modes sont revenues! Pas tout à fait pareil, mais « redessiné, genre », comme le disent les plus jeunes.


Notes:


1. http://fr.wikipedia.org/wiki/Théâtre_des_Variétés_(Montréal)

http://fr.wikipedia.org/wiki/Gilles_Latulippe


2. Chanson de Jacques Normand retrouvé sur You Tube: http://www.youtube.com/watch?v=UCk3aTEXlXs


3. Martine Saint-Clair - Il y a de l'amour dans l'air: http://www.youtube.com/watch?v=hAJMJ8TYkiQ


4. Claude Blanchard:

http://fr.wikipedia.org/wiki/Claude_Blanchard_(acteur)


5. Guilda: http://fr.wikipedia.org/wiki/Guilda


6. Ouverture de Télé-Métropole, le 19 février 1961: www.revolutiontranquille.gouv.qc.ca/index.php?id=104&tx_ttnews[tt_news]=130&cHash=07401b55393e855132659cb4e54e7047

7.Un classique du Bye-Bye de 1970: www.youtube.com/watch?v=KjkJnwvn5B8 . Pour plus de détails sur Olivier, voir: http://fr.wikipedia.org/wiki/Olivier_Guimond


8. www.madame.ca/LOISIRS_CULTURE/personnalites/rose-ouellette-dite-la-poune-n3095p2.html


http://fr.wikipedia.org/wiki/Rose_Ouellette


9. Manda Parent: http://fr.wikipedia.org/wiki/Manda_Parent


10. Juliette Petrie: http://fr.wikipedia.org/wiki/Juliette_Petrie


11. Paul Desmarteaux: http://fr.wikipedia.org/wiki/Paul_Desmarteaux


12. Sur Suzanne Lapointe, voir:

http://coffreauxsouvenirs.starquebec.net/L/lapointe_suzanne.htm


13. Roméo Pérusse: http://fr.wikipedia.org/wiki/Roméo_Pérusse Voir aussi ce court extrait sur You Tube: www.youtube.com/watch?v=kV59EsKNRzM


14. « Stéphane began his career early and like the old pros used to start, appearing in cabarets and clubs when he was only 13. He toured the province of Quebec accompanied by his mentor, the legendary Romeo Perusse, who noticed Stéphane in a cabaret in Saint-Henri. Trained in improvisation and inspired by American stand-up comics, Stéphane Rousseau made his first appearance on a "real" stage in 1992 at the Théâtre Saint-Denis when he performed his first solo show. » (STÉPHANE ROUSSEAU BIO, source:

www.tribute.ca/people/St%C3%A9phane+Rousseau/9943)


15. Georges Guétary: http://fr.wikipedia.org/wiki/Georges_Guétary


16. Était-ce la pièce « La course au mariage » , car selon le coffre aux souvenirs de Suzanne elle a joué dans cette pièce et dans une autre en 1973 au Théâtre de Gilles, mais celle-ci comprenait Georges Guétary dans la distribution. On en a même tiré un disque à l'époque! La musique était de Vic Vogel! Voir: http://users.skynet.be/patrickboulanger/lacourseaumariage.htm


17. Notamment les séquences d'Olivier Guimond sur You Tube: www.youtube.com/results?search_query=olivier+guimond



PIÈCE MONTÉE DE DENYS GRANIER-DEFERRE


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 12 no 3, Textes ciné et culture : www.societascriticus.com


Métropole Films est fière d'annoncer la sortie du film PIÈCE MONTÉE, du réalisateur français Denys Granier-Deferre (Que les gros salaires lèvent le doigt!, Blanc de Chine). Adaptation cinématographique du roman Une pièce montée de Blandine Le Callet.


Bérengère et Vincent se marient dans le respect des traditions bourgeoises. Selon la coutume, familles et amis se réunissent à la campagne par une belle journée de printemps. Journée joyeuse pour certains, douloureuse pour d'autres, dans tous les cas déterminante et inoubliable pour tous. Mais comme les liens du sang ne sont pas toujours ceux du cœur, cette journée va vite devenir « l'heure de vérité », toute génération confondue...


Près de 20 ans après son dernier long métrage Blanc de Chine, Denys Granier-Deferre revient au cinéma avec une comédie romantique mettant en vedette une pléiade d’acteurs français dont : Danielle Darrieux, Jean-Pierre Marielle, Christophe Alévêque, Julie Depardieu, Julie Gayet, Charlotte de Turckheim et Dominique Lavanant ainsi que Clémence Poésy et Jérémie Renier dans le rôle des 2 mariés malchanceux…


Commentaires de Michel Handfield (30 juillet 2010)


Un mariage ne serait pas un mariage sans un oncle qui prend un verre de trop, une tante qui dérape, une sœur plus égocentrique... et les manigances familiales! Cela, c'est sans compter sur la belle famille qui y met du sien pour aider au dérapage! Bref, tout y est et l'ensemble fournit l'occasion de faire le tour des caractères avec un cynisme que j'aime. En plus, le curé est un maitre du genre qui en vu bien d'autres, sauf la grand-mère de la mariée qui le surprendra au point d'en perdre tous ses moyens! Si vous aimez le cynisme et les films 2e degré, on peut dire que « C'est extra », comme le dit cette chanson de Ferré qu'écoute la sœur dépareillée de la mariée en auto! J'ai aimé il va sans dire, ce autant la deuxième fois que la première, car je suis retourné voir ce film avec ma conjointe avant d'écrire ce texte.



I AM LOVE


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 12 no 3, Textes ciné et culture : www.societascriticus.com


Tilda Swinton tient la vedette dans I Am Love (Io sono l'amore) de Luca Guadagnino, un drame renversant qui porte sur une riche famille milanaise. Mode dernier cri, haute gastronomie, intrigues amoureuses et trame sonore envoutante s’assemblent pour faire de ce film un véritable régal pour les sens.


Dans le château des Recchi, riche famille d'industriels milanais, Emma (Tilda Swinton) coule des jours monotones, enfermée dans son mariage et son sens du devoir. Au printemps, elle fait la connaissance d'Antonio (Edoardo Gabbriellini), surdoué en cuisine et meilleur ami de son fils. Leur rencontre déclenche des passions longtemps réprimées et l’emmène sur le chemin d'un retour à la vie.

Le personnage d’Emma possède le chic de Grace Kelly et ses costumes sont des créations sont du designer Raf Simons pour Jil Sander. D’autre part, les costumes masculins ont été créés par Silvia Fendi de la maison Fendi.


La distribution comprend également Marisa Berenson dans le rôle de l’épouse aristocratique du patriarche des Recchi et Maria Paiato dans celui de leur fidèle domestique. Le film est une réalisation de Luca Guadagnino dont The Protagonists (1999) mettait déjà en vedette Tilda Swinton.


Inspiré d’un récit de Guadagnino, le scénario est cosigné par Barbara Alberti, Ivan Cotroneo, Walter Fasano et Guadagnino. La musique est du compositeur John Adams. Guidagnino et Swinton figurent parmi les producteurs du film.


Commentaires de Michel Handfield (30 juillet 2010)


Riche, mais pas nécessairement heureux. On fait de notre mieux sans la passion. Mais, cette passion demeure toujours dans la pièce d'à côté. Suffit parfois d'une étincelle....


Ce film, comme le précédent, joue dans les malaises familiaux. Mais, dans un autre registre. Plus feutré et plus dur.


Piché entre ciel et terre


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 12 no 3, Textes ciné et culture : www.societascriticus.com


Grâce à son instinct et à son passé tumultueux, Robert Piché trouve la force et le sang-froid nécessaires pour poser son avion en panne d’essence et sauver ainsi les 306 personnes qui s’y trouvent. En traitement dans une clinique de désintoxication pour un problème d’alcool au lendemain de cet acte héroïque, il doit revivre non seulement ce moment fort, mais aussi son passage en prison. Il ne pourra redonner un sens à sa vie que lorsqu’il aura assumé son passé.


Le film PICHÉ : ENTRE CIEL ET TERRE raconte comment cet homme assoiffé d’aventure a toujours su rebondir. Il montre aussi que derrière celui qui a sauvé ces passagers il y a 8 ans, derrière celui qui ne cesse depuis de fasciner et d’attirer les foules et qui a vu sa biographie se vendre à plus de 65 000 exemplaires; derrière ce héros donc, il y a l’être humain, avec ses sensibilités et ses faiblesses qui nous le rendent encore plus vrai et plus fort que nature.


Commentaires de Michel Handfield (30 juillet 2010)


On est dans l'humain. Après un tel évènement, que tout le monde connait, soit d'avoir réussi à faire atterrir son avion les réservoirs vides, le commandant Piché devra passer devant les caméras. Malgré les « briefings », ce sera la pression d'être livré à des journalistes qui en veulent davantage pour leur média. On déterrera donc son passé, car c'est le « people interest » qui fait vendre de la copie. Et, dans son passé, on a trouvé une séquence d'emprisonnement aux États-Unis pour avoir conduit un avion transportant de la drogue...


Il cherche donc l'oublie dans l'alcool, lui qui a déjà fêté très fort. En cure de désintox, il passera du temps à repenser sa vie pour la reprendre en main. On suit donc son parcours, ses chutes et sa reprise en main. C'est l'occasion de plonger dans ce monde de la désintox et de saisir partiellement, car à chacun son histoire, le mode de pensée d'un alcoolique et la difficulté de sa reconstruction. Dans ce milieu, j'ai bien aimé le personnage du thérapeute, car tous ses non-dits et son langage non verbal parlent fort, très fort! Ce film vaut la peine d'être vu pour son côté humain.


Je termine sur cette phrase du commandant Piché que j'ai noté dans le film:


« Aujourd'hui, tout le monde est sur les pilules. Ça, c'est légal et payé par l'Assurance-maladie, mais nous (les pilotes) on n'a pas droit aux pilules, alors c'est le vin notre antidépresseur! »


Simples questions comme ça: Devrait-on repenser nos modes de vie et d'organisation du travail? Faire moins d'heures pour être plus heureux par un nouveau partage du travail? Même avec moins de salaires, si on est plus nombreux à se partager les charges fiscales, pourrait-on être mieux en terme de qualité de vie? Ne répondez pas trop vite. Prenez le temps de développer votre réponse juste pour voir...



LES HERBES FOLLES d’Alain Resnais


Avec SABINE AZÉMA, ANDRÉ DUSSOLLIER, ANNE CONSIGNY, EMMANUELLE DEVOS et MATHIEU AMALRIC


Les Herbes folles d’Alain Resnais, nommé pour le César du meilleur film en 2010. Rappelons aussi qu’Alain Resnais a reçu, pour l’ensemble de sa carrière et pour ce film, le Prix exceptionnel du Jury du Festival de Cannes en 2009.


Marguerite n’avait pas prévu qu’on lui volerait son sac à la sortie du magasin. Encore moins que le voleur jetterait le contenu dans un stationnement. Quant à Georges, s’il avait pu se douter, il ne se serait pas baissé pour le ramasser.


D’après le roman L’Incident de Christian Gailly, le film met en vedette Sabine Azéma, Anne Consigny, Emmanuelle Devos, Mathieu Amalric et André Dussolier qui a déclaré à propos du film : « Le film parle de cet imaginaire qui est en chacun de nous et qui fait irruption de manière incontrôlable. Ces Herbes rappellent celles qui poussent dans les villes à travers le béton. Elles symbolisent les pulsions, les choix irrationnels qui dorment en chacun de nous et qui émergent parfois. Ça se traduit chez les personnages par une brutalité immédiate qui prend à contre-pied les conventions sociales. À l’opposé du langage et du comportement consensuels de notre époque. » (Le Journal du Dimanche, 1er novembre 2009)


Commentaires de Michel Handfield (11 juillet 2010)


Parfois, un évènement peut ouvrir différentes portes dans l'imaginaire, mais à partir du moment où cet imaginaire déborde dans le réel, cela peut devenir incontrôlable. George, dont on ne sait finalement rien, sauf qu'il a peur de la police, a un imaginaire assez particulier, ce qui le conduit vers l'impossible....


A-t-il fait un geste qu'il ne se pardonne pas dans le passé ou est-il romancier? Qui sait, mais ce portefeuille trouvé par hasard déclenche en lui toute une série de pensées et d'actions pour le moins particulières!


Et pour cette femme, Marguerite, qui s'est fait voler son sac, l'insistance de George à la rencontrer lui fait peur. Mais, cela lui plait aussi! Répulsion et attirance sont comme les deux faces d'une même pièce ici.


Quant à la femme de George, elle n'a pas l'air surpris. Pourquoi?


Tout au long de ce film, on est dans le malaise et l'ironie! Du grand art, mais que tous n'apprécieront pas au même degré. Les amateurs de pataphysique seront cependant bien servis par ce film.



LE CONCERT de Radu Mihaileanu


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 12 no 3, Textes ciné et culture : www.societascriticus.com


La sortie de ce film a été reportée au 30 juillet!


À l'époque de Brejnev, Andrei Filipov était le plus grand chef d’orchestre d'Union soviétique et dirigeait le célèbre Orchestre du Bolchoï. Mais après avoir refusé de se séparer de ses musiciens juifs, dont son meilleur ami Sacha, il a été licencié en pleine gloire. Trente ans plus tard, il travaille toujours au Bolchoï, mais comme homme de ménage. Un soir, alors qu'Andrei est resté très tard pour astiquer le bureau du maitre des lieux, il tombe sur un fax adressé au directeur : il s'agit d'une invitation du Théâtre du Châtelet conviant l'orchestre à venir jouer à Paris. Soudain, Andrei a une idée de folie : pourquoi ne pas réunir ses anciens copains musiciens, qui vivent aujourd'hui de petits boulots, et les emmener à Paris, en les faisant passer pour le Bolchoï ? L'occasion tant attendue de prendre enfin leur revanche…


Quatrième long métrage de Radu Mihaileanu (Va, vis et deviens; Train de vie), Le concert met en vedette Mélanie Laurent, Miou-Miou, Aleksei Guskov, Dimitry Nazarov, Valeri Barinov et Lionel Abelanski. Le film s'est mérité le Prix du public lors du dernier Festival de films francophones Cinémania de Montréal en novembre dernier où il était présenté en clôture.


Commentaires de Michel Handfield (8 juillet 2010)


Le concert pour violon et orchestre de Tchaïkovski est dans la tête d'Andrei Filipov depuis trente ans. Arrêté en plein concert parce qu'il défendait les juifs de son orchestre, cet épisode le hante depuis. Un moyen de s'en exorciser: faire enfin ce concert et le finir! Mais, Andrei est relégué depuis au rang de concierge de son célèbre orchestre et ses musiciens ont été congédiés. Dispersés dans de petits boulots, la plupart n'ont plus retouché à la musique! Alors, un concert!? Mais, à défaut d'avoir joué depuis, ils ont ce Tchaïkovski dans le sang pour diverses raisons que l'on découvrira, ce qui viendra chercher l'âme sensible en vous à la fin. Quant au nouveau Bolchoï, il n'a plus rien à voir avec eux, car la nouvelle Russie capitaliste a perdu cette culture aux dépens de celle du profit. Un orchestre technique, non plus de cœur comme ils l'étaient!


Si le communisme n'est plus, les canaux du pouvoir sont toujours là cependant. De toute manière, dictature communiste ou dictature du marché, on parle de dictature quand même! Puis, un propagandiste fera toujours de la propagande! C'est ainsi que certains gauchistes sont devenus des défenseurs de la droite conservatrice et de l'économisme dominant, que ce soit en Russie ou en Occident. Ce film aurait pu être l'occasion de regarder plus profondément de ce côté, mais il ne le fait pas, car il demeure dans la comédie. Grand public, mais de qualité. On comprend cependant que certains ont l'avancement de leurs intérêts à cœur, peu importe la couleur dans laquelle ils se drapent! Ils sauront même changer de couleur pour le Pouvoir! (1) D'autres, plus idéologues, ont une idée fixe, comme ces communistes purs et durs qui manifestent tous les dimanches pour le retour de l'ancien régime. (2)


Inversement, les musiciens déchus, sous la direction de leur ancien chef d'orchestre, ont, eux, toutes les raisons d'embarquer pour faire un pied de nez à ces dirigeants qui les ont humiliés à une autre époque. C'est ce que l'on croit d'abord, mais ils ont aussi des raisons personnelles d'aller en France...


Naturellement, 30 ans de décalage avec le monde, ça fait de la matière à comédie, car ils ne sont jamais sortis de leur Russie depuis ce temps. Agréable film donc, où l'on navigue entre caricature et sentimentalité, ce qui explique très bien le Prix du public reçu lors du dernier Festival de films francophones Cinémania de Montréal.


Notes:

1. Je pense ici aux professionnels de la politique ou de la haute administration publique qui naviguent d'un parti à l'autre et se renient par intérêt. J'en exclus le simple citoyen qui le fait au gré de ses recherches et de sa compréhension. Me prenant en exemple, je fus un temps péquiste, mais comme je crois depuis longtemps qu'il faut aller vers un parlement de l'Amérique, comme il y a un parlement européen, j'ai aussi été membre du Parti Libéral du Canada, pour assister à quelques colloques. De toute façon, au PQ ces sujets n'étaient pas envisageables, car on ne peut parler de parlement à l'Européenne de leur point de vue avant d'être souverain, le parlement européen regroupant des États souverains! Mais, j'avoue qu'au PLC cette question n'est pas encore une préoccupation non plus. En fait, elle ne l'est pas pour grand monde. On ne doit pas être nombreux à s'y intéresser pour ne pas dire que je dois être presque fin seul! Mais, un jour il faudra bien y arriver, car les États vont perdre en importance face aux forces montantes que sont les régions et les continents. Dans cette nouvelle optique, la division banlieue/ville devra peut être faire place à une nouvelle approche régionale plus intégrée plutôt que de se concurrencer et de s'affaiblir les uns les autres.


2. Dans un entretien avec le réalisateur Radu Mihaileanu paru sur le site de cinemotions.com on peut lire ce passage:


D’emblée, le film démarre sur une touche d’ironie avec la manifestation d’anciens communistes qui sont en fait des figurants...


Quand je suis parti en Russie avec Alain-Michel Blanc, on a été frappés par cette manifestation qui se déroule tous les dimanches matin à Moscou et qui cristallise le paradoxe de la nouvelle société russe : d’un côté d’anciens communistes empreints de nostalgie, des vendeurs de médailles qui écoulent leur marchandise auprès des manifestants et touristes, et, de l’autre, les nouveaux capitalistes purs et durs. Au milieu d’un tas de gens, dont certains paumés. Je trouve ce contraste à la fois tragique et drôle.


Source: Le Concert, Entretien avec Radu Mihaileanu, réalisateur du Concert:

www.cinemotions.com/modules/Interviews/interview/78831



Quand Je est un autre! Ou discussions autour du baiser du barbu et d'un rapt!


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 12 no 3, Textes ciné et culture : www.societascriticus.com


Commentaires de Michel Handfield (28 juin 2010)


Quand Je est un autre! Ce titre n'est pas de moi. Il est de Jean-Claude Kaufmann. C'est le titre d'un livre que j'ai lu récemment (Paris : Armand Colin, Collection Individu et Société) et dont je voulais parler. Mais, j'attendais l'occasion. Là, j'en ai eu la démonstration avec « Le baiser du barbu » et « Rapt », deux films différents, mais qui se rejoignent sur un point: si on dit qu'on ne connait jamais une personne, la personne elle-même se connait-elle vraiment? Rarement serait la réponse, quoi qu'elle en dise!


En effet, suffit d'un évènement pour qu'elle change, comme de se laisser pousser la barbe par exemple (dans « Le baiser du barbu ») pour acquérir cette assurance qui lui manquait jusque-là! Ridicule? Pas tant que ça, car l'individu n'est jamais stable, mais dans un équilibre précaire qu'il croit solide comme le roc! Ne se dit-on pas souvent bien ancré ou « groundé »? Ce n'est qu'illusion, notre univers étant continuellement remis en cause au contact des autres! Sans même nous en apercevoir, nous nous redéfinissons continuellement en fonction de nos interactions et d'évènements quotidiens:


« Nous portons régulièrement en nous plusieurs candidats-moi rivaux, se succédant parfois à l'avant-scène sur un rythme élevé. » (p. 19)


Généralement, nous gérons assez bien pour montrer une apparente continuité aux autres et nous illusionner nous-mêmes, mais suffit d'un évènement plus dissonant qu'à l'habitude pour que la rupture soit totale et que le « Je » se recompose tout autrement à nos propres dépends. On devra alors se recomposer une histoire, notre histoire, pour insérer ces éléments dans une trame continue et normale pour mettre fin à cette dissonance. Pour ce faire, on pourra remonter jusqu'à notre petite enfance pour retrouver des éléments explicatifs qui nous rééquilibrerons! Ce sera le cas de Vicky qui cherche pourquoi elle réagit tant à la nouvelle barbe de son « chum » (1) dans « Le baiser du barbu ». Elle ira jusqu'à consulter un professionnel pour l'aider à comprendre.


Dans « Rapt », ce sont plutôt nos multiples « Je » qui sont à l'honneur. Ainsi, dès que Stanilas Graff, industriel près des pouvoirs publics et de la présidence de la République, fut enlevé, la presse se mettra sur son cas. Elle fouillera son passé et sortira des éléments inconnus jusque-là de ses intimes, car il naviguait dans différents cercles qu'il s'efforçait de tenir étanche les uns des autres. Tous ne connaissaient donc pas la même personne, exception faite de son image publique. Selon le contexte, il était entrepreneur, mari ou un joueur qui misait gros dans des milieux mal fréquentés!


« Ses valeurs et ses pensées s'adaptent à l'environnement nouveau, parfois son univers émotionnel, sa façon de parler, ses postures corporelles. D'où la pénibilité ressentie quand les divers cercles de socialisation se croisent. » (p. 60)


Tout le long de ces deux films, je voyais l'illustration « parfaite » de ce livre comme s'il était porté à l'écran. Un excellent ouvrage pour comprendre que l'on n'est pas si unifié ni si solide que l'on croît, mais un montage, parfois tiraillé, de gouts, d'expériences et d'influences qui nous redéfinissent continuellement. « Je » est en mouvement perpétuel aux dépens de notre propre conscience de soi!


« L'individu est un processus, mouvant et composite; il n'existe aucun centre du soi. (…) Il faut définitivement abandonner l'idée que l'individu possèderait au fond de lui-même son être authentique et sa vérité. L'expression courante « être soi-même » ne signifie rien d'un point de vue scientifique. » Elle est très répandue justement parce qu'elle correspond à une aspiration généralisée de l'époque, le rêve (impossible) d'une unité de soi enfin réalisée. » (p. 57)


« Le baiser du barbu », comédie romantique sur la vie de couple et leur entourage, joue forcément sur les personnalités multiples, le personnage principal incarnant un comédien amateur qui doit justement s'incarner en d'autres pour être en plus d'être barman pour survivre; les qui propos propos; et, enfin, les conflits d'intérêts pour faire rire, comme ce couple d'amis qui essaie par tous les moyens de trouver des raisons de refiler leur condo à Vicky, la blonde du barbu! C'est ce film qui exploite le plus ce « je » qui est parfois autre selon les circonstances, car c'est toujours un sujet de comédie.


Dans le cas de « Rapt », on est loin de la comédie. Il s'agit d'un suspense basé sur l’histoire du Baron Empain (1) arrivée en 1978. L'histoire de l'enlèvement d'un industriel pour une rançon. Mais, dès lors, le personnage principal devient l'objet d'une négociation qui lui échappera en vue d'évaluer sa valeur, soit le montant de la rançon. Il y a ce que veulent ses ravisseurs et ce que sont prêts à payer ses associés et sa famille! Puis, à mesure que sortent des révélations à son sujet, sa valeur change comme s'il s'agissait d'une action d'entreprise. Le capitaliste victime de son propre système de valeurs. C'est là un autre angle que j'aurais pu prendre. Il est aussi intéressant de voir comment son entourage réagit en fonction des révélations pour conserver leur unité - leur « Je » - passée. Sur ce terrain, son bras droit est intéressant à suivre, car il y voit l'occasion de changer de place: « Je », veux être un autre!


Ses ravisseurs ne seront plus maitres du jeu assez rapidement, car dès que les projecteurs seront sur lui, il deviendra un bien de commodité pour des journalistes qui fouilleront sa vie et son passé, ce qui aura un impact sur sa valeur et la sympathie qu'il impose. Comme en bourse, il pourrait monter ou descendre! Mais, plus sa réputation sera entachée par son passé, moins l'entreprise aura de l'intérêt à le conserver à sa tête, son impact sur les affaires devenant négatif. Du moment où il ne sera plus dans leurs plans, il ne vaudra plus rien pour l'entreprise sauf un peu de compassion humaine. On ne sera pas prêt à payer le gros prix pour lui.


Puis, plus sa vie privée sera étalée au grand jour, moins il aura de sympathies du public et de sa famille, ce qui fera qu'on en parlera de moins en moins dans les médias au point que l'affaire sera presque oubliée, sauf de ses proches, après quelque temps. D'autres manchettes auront pris la relève. Il vaudra alors beaucoup moins pour ses ravisseurs jusqu'à devenir un fardeau pour eux! À voir pour le suspense, si ce n'est pour la psychologie du personnage et cette manipulation montée en système que l'on nous montre ici dans tout son éclat! La valeur d'un Homme tient finalement à bien peu: bien souvent à un plan de communication et des apparences favorables!


Notes:


1. Conjoint, copain, au Québec.


2. http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89douard_Jean_Empain


Annexes


Kaufmann, Jean-Claude, 2008, Quand Je est un autre. Pourquoi et comment ça change en nous, Paris : Armand Colin, Collection Individu et Société, 264 p. ISBN 9782200353711, www.somabec.com


Certaines expressions résument l’esprit d’une époque. L’obligation « d'être soi-même » est le mot d’ordre de la nôtre. Mais, passé l’évidence du droit à l’autonomie personnelle, rien n’est clair.


« Soi-même » existe-t-il vraiment?


Jean-Claude Kaufmann, pour avoir perçu le sens de nos comportements les plus anodins, nous connait mieux que personne. Il inflige ici, mine de rien mais preuves à l’appui, une sévère et utile correction à quelques-unes de nos croyances les mieux ancrées.


Non, il n’existe pas de « soi » traversant la vie égal à lui-même. Il n’existe même pas de « centre » à l’intérieur de nous. Notre identité est extraordinairement multiple et changeante: tissée de moments parfois infimes où bascule tout ce que nous sommes. Je n’est jamais autant je que lorsqu’il s’invente différent. Et c’est très bien ainsi.


Ce livre novateur, où la réflexion s’appuie sur le concret des grandes enquêtes menées par l’auteur (Premier matin, Agacements), ouvre la voie de ce nouveau savoir-être, ni rigidité illusoire, ni absence de repères, auquel nous aspirons tous.


LE BAISER DU BARBU

www.youtube.com/watch?v=vKJd5aco7JA


Réalisation: Yves Pelletier


Distribution: David Savard, Isabelle Blais, Louis-José Houde, Ricardo Trogi, David Boutin, Pierre-François Legendre, Hélène Bourgeois-Leclerc et Benoît Gouin.


Benoit (David Savard), un comédien qui survit grâce à un emploi de barman, suit le conseil de son frère Frank (Ricardo Trogi), un ex-joueur de hockey devenu son agent. Il décide de se faire pousser la barbe pour un rôle dans un souper-spectacle. Sa blonde Vicky (Isabelle Blais), une ex-dramaturge devenue bibliothécaire, accepte mal cette nouvelle lubie car elle retarde leur projet d’acheter le condo de leurs amis Caro (Hélène Bourgeois-Leclerc) et Vincent (Pierre-François Legendre), qui tiennent un salon de coiffure et d’esthétique. Mais la barbe de Benoit semble magique : il commence à avoir du succès. Vicky, elle, développe une mystérieuse allergie à la pilosité de son chum.


Rapt

www.rapt-lefilm.com


Réalisé par Lucas Belvaux, France, Belgique, 2009, 125 minutes


Homme d'industrie et de pouvoir, Stanislas Graff est enlevé un matin comme les autres devant son immeuble par un commando de truands. Commence alors un calvaire qui durera plusieurs semaines. Amputé, humilié, nié dans son humanité, il résiste en ne laissant aucune prise à ses ravisseurs. Il accepte tout sans révolte, sans cri, sans plainte, c'est par la dignité qu'il répond à la barbarie. Coupé du monde, ne recevant que des bribes d'informations par ses geôliers, Graff ne comprend pas que personne ne veuille payer la somme qui le délivrerait. Au-dehors, son monde se fissure au fur et à mesure de la révélation de sa personnalité. Tout ce qu'il avait réussi à garder d'intimité, son jardin secret, est révélé à sa famille par l'enquête de police ou celle de la presse. Chacun découvre un homme qui est loin de ressembler à celui qu'il imaginait.




Xajoj Tun Rabinal Achi: une expérience théâtrale étonnante à eXcentris


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 12 no 3, Textes ciné et culture : www.societascriticus.com


Commentaires de Luc Chaput (28 juin 2010)

Crédit photo: Martine Doyon. On y voit Catherine Joncas au centre avec les deux détenteurs du texte en arrière-plan.


Mise en scène : Yves Sioui Durand.

Avec, sur scène, Charles Bender, Marco Collin, Nicoletta Dolce, Yves Sioui Durand, Patricia Iraola, Hélène Ducharme, Catherine Joncas, Lara Kramer, Mireya Bayancela Ordonez, Rodrigo Ramis, Leticia Vera et la précieuse collaboration de Jose Leon Coloch Garniga et Jose Manuel Coloch Xolop du Guatémala. Les concepteurs Jonas Veroff Bouchard, Linda Brunelle, Nicolas Grou, Claude Rodrigue et Guy Simard.



À l’occasion de son 25e anniversaire, la compagnie de théâtre autochtone québécoise Ondinnok (1) a présenté, dans le cadre du 20e anniversaire du Festival Présence autochtone (2), la pièce de théâtre danse maya Xajoj Tun Rabinal Achi (3). Transmise clandestinement de génération en génération depuis la conquête de l’Amérique centrale par les Espagnols, cette oeuvre, redécouverte au XIXe siècle par Charles Étienne Brasseur de Bourbourg (4), a été finalement correctement traduite en français, en espagnol et en anglais (5) et a atteint le statut de patrimoine intangible de l’Humanité décerné par l’UNESCO en 2005 (6).


Sa version originale, qui peut durer une dizaine d’heures, est jouée chaque année lors de la fête de Saint-Paul, le 25 janvier, sur le parvis de l’église San Pablo de Rabinal au Guatémala par le El Baile Danza Rabinal Achi dirigé par Jose Leon Coloch Garniga et son fils Jose Manuel Coloch Xolop. Elle aurait des similitudes avec les mystères du Moyen-âge européen par son évocation de personnages mythiques dans une lutte entre la lumière et la noirceur.


La version qui fut présentée à la salle Fellini d’eXcentris durait approximativement 90 minutes et était mise en scène par le cofondateur d’Ondinnok, Yves Sioui Durand, dans une présentation en théâtre à l’italienne, intégrant des éléments sonores et visuels venant d'univers amérindiens de toute l’Amérique et même de beaucoup plus loin, comme des instruments de musique tibétaine.


Narration du sacrifice d’un prince ennemi vaincu qui évoque sa vie, la multiplicité des langues, malgré la prédominance du français, rendait la compréhension plus ardue, surtout qu’une mauvaise calibration des divers éléments sonores rendait quelquefois l’écoute plus difficile. Patricia Iraola, par sa chorégraphie, effaçait le plus souvent ces moments plus flottants par des interactions entre deux ou plusieurs interprètes qui atteignaient au sublime, nous faisant ainsi passer par un large éventail d’émotions. La participation d’apparence plus brute des deux détenteurs de la pièce ancrait d’une manière différente cette actualisation d’un texte qui intégrait ici des éléments de squelette d’animaux nordiques et des costumes chamarrés du sud.


Certains lecteurs, même s'ils n'ont pu voir cette pièce, voudront approfondir cette connaissance de la civilisation maya et trouveront sur internet de nombreuses pistes pour le faire. (7)


Notes:


1. www.ondinnok.org/fr/index.php?m=accueil


2. Cette pièce fut présentée du 18 au 27 juin à l'EXcentris. Pour tout ce qui entoure le Festival Présence autochtone: www.nativelynx.qc.ca


3. www.authenticmaya.com/rabinal_achi.htm


4. http://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_%C3%89tienne_Brasseur_de_Bourbourg


Pour un point de vue plus critique

www.biographi.ca/009004-119.01-f.php?BioId=38977


5. www.rtjournal.org/vol_7/no_1/londre.html


6. www.gutenberg.org/etext/15309


Le texte de la pièce comprend des extraits du Popol Vuh et du Chilam Balam de Chumayel:

www.cirac.org/infos-fr/popolvuh.htm

http://diglib.princeton.edu/xquery?_xq=getCollection&_xsl=collection&_pid=c0940


7. Voir www.persee.fr Site des revues universitaires françaises où la recherche de Rabinal Achi ou Popol Vuh donne accès à plusieurs articles.


LES AMOURS IMAGINAIRES

UN FILM DE XAVIER DOLAN


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 12 no 3, Textes ciné et culture : www.societascriticus.com


Ce film met en vedette Monia Chokri, Niels Schneider et Xavier Dolan. Distribué par Remstar.

Le film raconte l’histoire de Francis et Marie, deux amis qui, épris de la même personne, se livrent à un duel malsain pour la conquérir. De rendez-vous en rendez-vous, la tension monte et, bientôt, chacun interprète de manière obsessionnelle les comportements ambigus et destructeurs de l'objet de leur désir.


Commentaires de Michel Handfield (15 juin 2010)


Tourné comme un vidéo, on est dans l'imaginaire de l'attente, où tous les espoirs sont (encore) permis. Puis, viennent le doute, la déception et le refus de l'évidence! De quoi se chicaner avec son meilleur ami, surtout si les deux ont l'œil sur le même adonis! Amours imaginaires, mais douleurs bien réelles en perspective.


Comme on navigue entre les sentiments intérieurs et les impressions, la bande musicale prend toute son importance ici pour nous faire saisir les états d'âme des protagonistes. Les regards aussi, très bien filmés d'ailleurs!


Mais, il y a de ces amours qui ne sont pas partagés, ni partageables, comme ici ces deux amis - un gars, une fille - qui ont l'œil sur le même garçon! Au mieux, l'un des deux aura de la peine. Au pire, ce seront les trois qui pâtiront de cette histoire. Cependant, comme on est dans leur monde intérieur, ils sont de peu de mots! Peut-être davantage à la recherche du concept d'amour lui-même que de l'amoureux, car l'amour peut parfois se confondre avec le désir de posséder pour s'évanouir ensuite! Effervescence de la chose...


Certains doivent se demander comment peut-on comprendre cette histoire s'il y a peu de dialogues. Comme je l'ai dit plus haut: c'est tourné comme de la vidéo, ce qui permet d'insérer de courtes entrevues sur des peines d'amour fictives pour documenter la chose. Cela vient donc éclairer le sujet en mettant des mots là où les regards ne suffisent pas à tous pour comprendre. Puis, il y a cette bande musicale. Elle est partie intégrante du film et de sa compréhension.


On est face à un film d'auteur. Mais, comme Xavier Dolan ose aller plus loin, le public devrait aussi oser. Je vous encourage donc à voir ce film pour ses intérieurs: sa psychanalyse du sentiment amoureux vu de l'intérieur!



MICMACS À TIRE-LARIGOT de Jean-Pierre Jeunet


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 12 no 3, Textes ciné et culture : www.societascriticus.com


Les Films Séville, une filiale de E1 Entertainment, est heureuse d'annoncer la sortie du dernier opus du réalisateur français Jean-Pierre Jeunet (Le Fabuleux destin d’Amélie Poulain; Un long dimanche de fiançailles), MICMACS À TIRE-LARIGOT.


Une mine qui explose au cœur du désert marocain et, des années plus tard, une balle perdue qui vient se loger dans son cerveau... Bazil n'a pas beaucoup de chance avec les armes. La première l'a rendu orphelin, la deuxième peut le faire mourir subitement à tout instant. À sa sortie de l'hôpital, Bazil se retrouve à la rue. Par chance, ce doux rêveur, à l'inspiration débordante, est recueilli par une bande de truculents chiffonniers aux aspirations et aux talents aussi divers qu'inattendus, vivant dans une véritable caverne d'Ali-Baba : Remington, Calculette, Fracasse, Placard, la Môme Caoutchouc, Petit Pierre et Tambouille. Un jour, en passant devant deux bâtiments imposants, Bazil reconnait le sigle des deux fabricants d'armes qui ont causé ses malheurs. Aidé par sa bande d'hurluberlus, il décide de se venger. Seuls contre tous, petits malins contre grands industriels cyniques, nos chiffonniers rejouent, avec une imagination et une fantaisie dignes de Bibi Fricotin et de Buster Keaton, le combat de David et Goliath...


Avec ce sixième long métrage, Jean-Pierre Jeunet nous plonge à nouveau dans son univers particulier et filme un Paris se situant entre le traditionnel et le moderne. Il dirige pour la première fois Dany Boon (Bienvenue chez les Ch’tis) dans le rôle de Bazil. Le film met également en vedette André Dussollier, qui faisait la narration dans Le Fabuleux destin d’Amélie Poulain; Yolande Moreau (Séraphine), Jean-Pierre Marielle (Da Vinci code) et Nicolas Marié (Le Vilain).


Commentaires de Michel Handfield (10 juin 2010)


On est dans la BD des malchanceux et des exclus, mais pas des malheureux. Film clin d'œil au cinéma Étasuniens des années 1950, on y passe des moments heureux. D'ailleurs, le public du Beaubien riait de bon cœur.


Mais, ce film est aussi une critique du cynisme des dirigeants d'entreprises d'armements qui profitent des conflits pour faire des profits. En fait, ils ne font pas qu'en profiter, ils les alimentent en vendant des armes à tous les belligérants pour mieux se remplir les poches! On est dans l'indécence des élites.


Cependant, la justice officielle n'y peut rien, car c'est tout le système qui carbure ainsi à l'économisme dominant (1) depuis que le Politique a abandonné ses responsabilités de régulation au marché! On le voit, mais les exclus le vivent! S'ils sont de plus en plus nombreux, ils sont aussi mieux informés, car, par un retournement de l'histoire assez singulier (2), les moyens d'informations leurs sont de plus en plus accessibles grâce aux nouvelles technologies. C'est ainsi que ces nouveaux outils démocratisent le savoir en même temps qu'ils s'étendent. (3)


Mais, on découvre de plus en plus que ces outils donnent aussi un pouvoir de changer les choses. Les opposants des G 8, G 20, de l'OMC et autres sommets du genre les utilisent donc, tout comme les dissidents des pays totalitaires, que ce soit pour s'informer, se coordonner et diffuser leurs actions à la face du monde. (4) C'est ainsi que certaines idées font maintenant leur chemin et se disséminent beaucoup plus rapidement à l'échelle de la planète, où elles trouvent des terreaux fertiles. Autrefois, cette dissémination était beaucoup plus lente et localisée. Elle s'arrêtait parfois à des barrières physiques, comme une montagne ou un fleuve; politiques, comme une frontière ou une dictature; ou sociales, comme la langue ou la religion. Ceci est cependant de moins en moins le cas, les informations voyageant de plus en plus au-delà de ces frontières malgré les contrôles mis en place, notamment grâce aux téléphones cellulaires qui sont de plus en plus puissants. Ces informations réussissent aussi à passer outre les frontières sociolinguistiques, pouvant être traduites par des sympathisants qui se feront ensuite un plaisir de les rediffuser à leurs réseaux! (5) À long terme, cela ne peut que créer une accélération des mouvements sociaux et des sympathies internationales.


Par contre, je me nuancerais tout de suite sur ce dernier point, car existe aussi des moyens de créer des contre-mouvements; de noyer cette information dans une surenchère du fait divers; et d'engourdir le citoyen par le divertissement! Ainsi, en même temps qu'on a cette information, on a aussi de plus en plus de baladeurs sans radios intégrées de telle sorte que le citoyen peut perdre contact avec la communauté, bercée par sa musique et ses illusions mêmes au milieu de la foule! Si connecté à ses gouts, qu'il peut être déconnecté de son monde. L'individualisme devient ainsi contrerévolutionnaire! La Chine l'a comprise. C'est ainsi qu'elle s'ouvre au libéralisme économique, pour satisfaire des clients-citoyens de plus en plus revendicatifs, mais demeure une dictature politique pour ne pas les ennuyer avec la politique et la démocratie!


Nos amis ont parfaitement compris tout ce jeu et useront d'astuces pour diviser les marchands d'armes et les montrer dans ce qu'ils ont de plus vils, car avec un peu d'imagination on peut très bien faire sa mise en scène et ensuite diffuser ce qu'on veut faire voir, que ce soit de l'information ou de la propagande, sur le réseau des réseaux! De toute manière, le peuple aura zappé pour autre chose en moins de 3 ou 4 jours! Mais, il aura au moins pris parti dans des discussions autour de la table ou de la machine à café durant ces 3 jours, ce qu'il fait de moins en moins pour les élections! C'est peut-être là la nouvelle forme des débats publics pour l'avenir. Reste à voir comment la démocratie saura l'intégrer pour se réinventer.


Bref, sans le montrer, ce film attire l'attention sur des questions sommes toutes fondamentales comme l'économie, la politique et la démocratie. Mais, sa beauté réside dans le fait que ça ne parait pas! C'est comme aller chez le dentiste et avoir du plaisir. Le rêve!


Notes:


1. On peut penser ici à Richard Langlois, 1995 Pour en finir avec l’économisme, Québec: Boréal; Forrester, Viviane, 1996, L’horreur économique, France: Fayard;

puis, toute une série de livres qui ont suivi critiquant cette approche de l'économisme aux dépens des autres valeurs humaines.


2. Il me semble reprendre ici une formule que j'ai soit lue ou entendue. Mais, je ne sais plus où, ni de qui! À moins que je n'aie assez écrit pour me citer moi-même sans le savoir! 11 ans de Societas Criticus, ça en fait des expressions de forgées!


3. Un exemple: un iPod touch avec un accès internet gratuit dans un café, une bibliothèque ou un parc donne accès aux grands médias du monde! Par exemple, j'ai un accès gratuit à Cyberpresse, Le point, Le Monde, Rue 89, New York Times et plusieurs autres médias de ce genre sur mon iPod. On n'a plus d'excuse de ne pas être informé! On peut aussi photographier ou filmer une manifestation avec un téléphone cellulaire, puis retransmettre l'info à la planète par SMS, « You tube » et des réseaux sociaux! Ça se voit de plus en plus, venant même de pays totalitaires, car ils ne peuvent tout arrêter, les technologies de communication étant de plus en plus puissantes tout en étant aussi de plus en plus miniatures et discrètes.


4. Sur « You-tube » par exemple, car ce canal ne diffuse pas que du divertissement. Il diffuse aussi de l'information citoyenne et de groupes militants organisés; information qui est parfois reprise par les médias de masse dans une forme de diffusion par contamination.


5. Même en l'absence de tels réseaux, pour traduire et rediriger l'information, il existe maintenant des moyens de trouver ces informations et de les traduire via l'internet. Google offre par exemple des traductions automatiques qui permettent une certaine compréhension d'informations autrement inaccessibles, ce même si ce n'est pas toujours une traduction des plus parfaites. Puis, ces outils iront en s'améliorant! Un jour on pourra s'écrire et même se parler chacun dans sa langue, des programmes ou des automates traduisant instantanément nos propos dans la langue de l'autre et vice versa! Les communications en seront changées au même titre que l'internet les aura changées auparavant, car les petites langues pourront alors continuer à exister à côté des plus grandes! Un des livres intéressants sur le sujet est celui de Pierre-Léonard Harvey, 2004, La démocratie occulte, Québec : Les presses de l’université Laval.


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Documents à ne pas taire! (Notre section documentaire)


Hugh Hefner: Playboy, Activist and Rebel suivi de Les belles qui font lire!


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 12 no 3, Textes ciné et culture : www.societascriticus.com


Hugh Hefner: Playboy, Activist and Rebel

UN FILM DE BRIGITTE BERMAN, LAURÉATE D’UN OSCAR

124min.

www.kinosmith.com


« De nos jours, plusieurs personnes jouissent de nombreuses libertés acquises sans avoir la moindre idée qu’elles résultent des luttes menées par Hugh Hefner. Pionnier, il s’est battu à tous les niveaux et au nom de tous. Si vous croyez que c’est seulement en ce qui a trait au sexe, c’est que vous vous contentez de regarder par le trou de la serrure et négligez de voir le portrait en entier. » - Bill Maher, comédien et animateur de talk show


« Tous ceux qui s’intéressent à l’histoire de l’Amérique savent à quel point Hugh Hefner y a joué un rôle déterminant – pour le meilleur ou pour le pire. » - Mike Wallace, journaliste



« Hugh Hefner: Playboy, Activist and Rebel », le nouveau documentaire de la productrice et réalisatrice lauréate d’un Oscar, Brigitte Berman, prend l'affiche à travers le Canada en aout: Toronto le 6; Montréal le 13; et Vancouver le 20.


Une version de travail du documentaire (d’une durée plus longue que celle présentée actuellement) a obtenu un énorme succès lors de sa présentation au Festival du Film de Toronto en 2009, faisant salle comble à chacune de ses projections. Depuis, la réalisatrice a procédé à un nouveau montage et à un nouveau mixage sonore (incluant une nouvelle trame musicale) qui porte la version actuelle du film à 124 minutes.


Ce documentaire présente pour la première fois un portrait intime et révélateur du flamboyant fondateur de l’empire Playboy et des nombreuses luttes acharnées qu’il a livré contre la droite religieuse, les groupes féministes et tous les paliers du gouvernement américain.


On y découvre un Hefner bien sûr fidèle à son image de séducteur hédoniste, mais aussi, et surtout, un homme d’avant-garde, catalyseur de changements et fervent défenseur des droits civils, du premier amendement et des droits humains.


En décembre 1953, Hefner lance le magazine Playboy. Sa première édition – qui présentait une photo de Marilyn Monroe nue dans ses pages centrales – jette un pavé dans la mare et obtient instantanément un succès phénoménal. Hefner devient derechef le porte-étendard de la révolution sexuelle. Pendant des décennies, l’Église et l’État lui livreront une guerre sans merci.


En 2010 on célèbre le 50e anniversaire de l’ouverture du premier Playboy Club à Chicago. Innovateur, le concept du Playboy Club a révolutionné l’univers des boites de nuit dans le monde entier.


Lorsqu’il a accepté de participer au documentaire de Brigitte Berman, Hugh Hefner lui a donné accès à toutes ses archives personnelles, tout en garantissant à la réalisatrice sa liberté créative et éditoriale, ce qu’il n’avait jamais fait auparavant. Grâce à des images inédites et des entrevues fascinantes avec plusieurs des figures de proue de la culture populaire du vingtième siècle, « Hugh Hefner: Playboy, Activist and Rebel » nous permet de découvrir des facettes insoupçonnées de la vie de ce personnage plus grand que nature.


Lauréate d’un Oscar, Brigitte Berman (Artie Shaw: Time is all you’ve got) est une productrice, réalisatrice et scénariste qui travaille dans l’industrie du cinéma et de la télévision depuis plus de 20 ans. Au cours de sa carrière, elle a produit et réalisé plus d’une centaine de documentaires et de longs métrages de fiction tant au Canada qu’aux États-Unis. Plusieurs de ses productions ont remporté d’importants prix internationaux.


Interviews dans « Hugh Hefner: Playboy, Activist and Rebel »


Hugh Hefner et, par ordre alphabétique:


Joan Baez - Folk singer/Activist

Tony Bennett - Singer

Pat Boone – Christian Activist/Singer

Reverend Malcolm Boyd - Author

Ray Bradbury - Author

Jim Brown - Social Activist/Retired NFL Player

Susan Brownmiller – Feminist/Author

Vince Bugliosi - Attorney/Author

James Caan - Actor

Dick Cavett - TV Talk Show Host

Robert Culp - Actor

Tony Curtis - Actor

Linda Gordon – Feminist Writer/Professor

Dick Gregory – Comedian/Civil Rights Activist

Tim Hauser – Singer/Founder of the band “The Manhattan Transfer”

Christie Hefner – Hugh Hefner’s daughter

Keith Hefner - Hugh Hefner’s younger brother

Reverend Jesse Jackson - Civil Rights Activist

Burt Joseph - Civil Rights Lawyer/Chairman of the Playboy Foundation

Dr. Lois Lee – Founder and President of ‘Children of the Night’

Nat Lehrman - Former Editor and Associate Publisher, Playboy magazine

George Lucas - Film Director/Producer

Bill Maher - Comedian/Talk Show Host

Jenny McCarthy - Playmate of the Year 1994, Author/Activist

Vicky McCarty Iovine – Playmate 1979/Writer

Barry Melton – Activist/Co-Founder of the band ‘Country Joe and the Fish’

Mary O’Connor - Executive Assistant to Hugh Hefner

Art Paul – Founding Art Director, Playboy Magazine

Dennis Prager – Conservative Talk Radio Host/Author

Dick Rosenzweig - Executive Vice President, Playboy Enterprises Inc.

Loretta Sanchez - Congresswoman

Pete Seeger – Folk Singer/Activist

Eldon Sellers – Former Executive, Playboy Magazine

Gene Simmons - Rock Star/Entrepreneur

David Steinberg - Comedian/Writer

Shannon Tweed - Playmate of the Year 1982/Actress

Mike Wallace - Journalist

Dr. Ruth Westheimer - Sex Therapist

Gahan Wilson – Cartoonist


Commentaires de Michel Handfield (13 aout 2010)


Les années 50 étaient conservatrices. Le sexe était un crime! Au Canada, c'est Pierre-Elliot Trudeau qui changera cela dans les années 60. On se souvient encore de sa célèbre formule « L'État n'a rien à faire dans la chambre à coucher des gens. » (1) Aux États-Unis, ce fut une bataille plus longue, État par État. Hugh Hefner, qui avait déjà de l'intérêt pour ces questions alors qu'il était aux études, en aura aussi une fois à la tête de Playboy! Mais, il aura alors les moyens de soutenir cette lutte pour la liberté.

Avant Playboy, il a travaillé pour Esquire et Children's Activities. Mais, il vendait aussi à d'autres publications, car il avait autant de talent comme caricaturiste qu'éditeur; talents qu'il avait développés dans les journaux étudiants. (2) De jour, il pouvait illustrer des magazines pour enfants et, de soir, travailler au magazine Playboy chez lui. Comme il fut bon journaliste, il fut aussi visionnaire dans les choix de son magazine. C'est ainsi que le grand public a retenu les images et les intellectuels les articles! Des photos et des textes! Ainsi, cette entrevue avec Marshall McLuhan, dans le Playboy Magazine (March, 1969), que l'on peut retrouver sur le site consacré à McLuhan: www.mcluhanmedia.com/m_mcl_inter_pb_01.html. Plusieurs de ces entrevues furent marquantes, comme avec Martin Luther King Jr. (January 1965); le candidat présidentiel Jimmy Carter (November 1976); ou encore John Lennon et Yoko Ono (January 1981). (3)


Cultivé et hédoniste, Hefner a toujours défendu l'idée que le sexe est naturel et fait partie de la vie! Mais, pour certains conservateurs, comme Charles Keating, qui a fondé « Citizens for Decent Literature » en 1958, « Playboy est aussi dangereux que le socialisme! » (4) Rien de moins. Pourtant, sans l'attirance sexuelle l'espèce humaine ne serait plus là depuis longtemps! C'est un fait indiscutable.


Playboy, ce fut plus qu'un magazine. Ce fut les clubs, mais aussi des spectacles de télévision. Il a fait découvrir des talents, notamment dans le monde du jazz. On a même eu droit au « Playboy jazz festival » en 1959. L'évènement fut repris en 1979 au « Hollywood Bowl » de Los Angeles et s'y tient depuis! (5) C'est ainsi que sa 32e édition a eu lieu le samedi 12 juin dernier. (6)


Il avait du flair et s'il était un promoteur de la libération sexuelle selon certains, on ne peut le limiter qu'à cela. En fait, il voulait libérer – démocratiser – les savoirs et la politique en les rendant accessibles au plus grand nombre. Les articles de Playboy en font foi. Si le lecteur ne s'arrêtait qu'aux images, cela est une autre affaire. Hugh Hefner, lui, a profité de son magazine et de la position qu'il lui conférait pour défendre les droits civils et la liberté. Pour ma part, j'ajouterais même pour éduquer, car l'éducation n'est pas que l'affaire de l'école! Il a d'ailleurs soutenu l'éducation, le cinéma et la télévision par différents moyens.


Notes:


1. http://www.cbc.ca/grandscanadiens/top_ten/nominee/trudeau-pierre.html

Au sujet de cette période, voir aussi:

http://archives.radio-canada.ca/politique/droits_libertes/clips/2810/

http://archives.radio-canada.ca/politique/droits_libertes/dossiers/557/


2. http://www.yuddy.com/celebrity/hugh-hefner/bio

http://en.wikipedia.org/wiki/Hugh_Hefner

http://www.monstersandcritics.com/people/Hugh-Hefner/biography/


3. http://en.wikipedia.org/wiki/Playboy

www.dtmagazine.com/cmopg1924/pb165.html pour la date de Martin Luther King Jr.


4. http://en.wikipedia.org/wiki/Charles_Keating

http://en.wikipedia.org/wiki/Citizens_for_Decent_Literature


5. http://en.wikipedia.org/wiki/Playboy_Jazz_Festival


6. www.hollywoodbowl.com/tickets/performance-detail.cfm?id=4474


Hyperliens:


www.playboyarchive.com



Les belles qui font lire!

Michel Handfield (13 aout 2010)


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 12 no 3, Textes ciné et culture : www.societascriticus.com


Dans un autre ordre, car ce magazine est québécois, je me dois de parler de Summum ici. Depuis quelques mois je recevais le sommaire du magazine dans mon courriel et plusieurs titres d'articles m'interpelaient à chaque fois au point que je les annonçais sur notre page livres. J'ai donc demandé à recevoir le magazine pour voir et je le lis depuis 3 mois!

À chaque numéro j'ai trouvé des articles bien faits. Ainsi, dans le numéro d'aout 2010 il y a deux bons textes de Carl Rodrigue, soit un dossier sur « Google versus Facebook » (pp. 36-39) et un autre sur « L'état du racisme aux États-Unis » (pp. 30-1). En juillet, on a eu droit à un excellent texte sur « L'obésité infantile » (pp. 30-1) du même Carl et en juin dernier Jean-Benoît Legault a livré une enquête sur « Le harcèlement psychologique » (pp. 34-37) très bien faite.


Cela est sans compter les chroniques sur le cinéma et les technologies par exemple. Bref, il y a de quoi lire comme dans tous les magazines généralistes. Naturellement, il y a les photos de filles en petites tenues, mais si cela attire des gars et les faits lire...


Comme le magazine « Nous » autrefois (1), certains s'arrêteront à la couverture et passeront tout droit alors qu'en dedans il y a plus que des photos: il y a des textes très bien faits. Je le sais, car je le lis maintenant!

Note:


1. Je lisais ce magazine alors que j'étais encore à l'école secondaire! Il était spécial et bien fait. Comme l'a dit René Homier-Roy dans une entrevue au magazine Châtelaine, « (...) la préparation et la production du magazine Nous (1973-1980) – sept ans d’amour fou, d’intensité et d’adrénaline »! (Face à face entre René Homier-Roy et Sébastien Diaz !, in Châtelaine, juin 2010: http://fr.chatelaine.com/reportages/entrevues/article.jsp?content=20100510_145621_868) C'était aussi ressenti par les lecteurs M. Homier-Roy!



Retour sur ce que nous avons escamoté faute de temps,

mais surtout pas d'intérêts!


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 12 no 3, Textes ciné et culture : www.societascriticus.com


13 aout 2010


Parfois, je vois beaucoup de films; je lis; je fais de la recherche et j'écris des textes en même temps, ce qui fait que j'en ai toujours en plan malgré leur intérêt. Par contre, comme je conserve la plupart de mes notes, je peux y revenir plus tard, parfois même beaucoup plus tard, en référence dans un autre texte.


Michel Handfield


Index


Retour sur le Festival des films sur les droits de la personne

Eyes Wide Open

Après la chute

Iran: Voices of the Unheard

BAS ! Au-delà du Red Light

Les Super Mémés


Retour sur le Festival International de Films sur l'Art (FIFA)

PHILIPPE NOIRET, GENTLEMAN SALTIMBANQUE

ARIANE MNOUCHKINE, L'AVENTURE DU THÉÂTRE DU SOLEIL

RENOIR, AU-DELÀ DE L'IMPRESSIONNISME

GAUGUIN À TAHITI ET AUX MARQUISES


Collection hommage, Gilles Carle, Coffret - DVD


Retour sur le Festival des films sur les droits de la personne


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 12 no 3, Textes ciné et culture : www.societascriticus.com


Dans le cas de ce festival, je tenais à faire un retour sur celui-ci, même longtemps après coup. Deux raisons à cela. D'abord, le sujet des films. Très sociopolitique, donc dans notre créneau. Ensuite, il me fallait souligner le peu de soutien gouvernemental à ce festival, soit 20.000$ de subventions au total, ce qui fait que les organisateurs sont bénévoles. Tout va aux films; à la location de salles; et à faire venir des gens d'ailleurs, des réalisateurs notamment! Priver ainsi de fonds ces organisations, car on pourrait dire la même chose de plusieurs autres festivals spécialisés, c'est une façon de couper la diffusion de la parole, de l'information et du savoir. Ce qu'on ne voit pas, on ne le sait pas! Une forme de censure par l'absence! « Cheap », mais efficace. Voici donc ce que nous avons retenu de ce festival et dont nous n'avions pas encore parlé.



Eyes Wide Open, Première nord-américaine

L'Amérique Latine à la reconquête d'elle-même

France – 2009 – 110 min – Doc – espagnol, portugais, S.-T.A..


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 12 no 3, Textes ciné et culture : www.societascriticus.com


HIST ORIGINALE / ORIGINAL STORY: Gonzalo Arijón

RECHERCHE/ RESEARCH: Hilary Sandison, Gonzalo Arijón

CAMERA: Gonzalo Arijón, Pablo Zubizarreta

SON /SOUND : Fabián Oliver

MONT /ED : Samuel Lajus

MONT ADD/ ADD EDIT: Androoval

MUS : Florencia Di Concilio


Près de 40 ans après la parution de « Veines ouvertes de l’Amérique latine » d’Eduardo Galeano, le réalisateur uruguayen Gonzalo Arijon réévalue la situation. Sa recherche le mène des plantations de soja dans l’Amazonie brésilienne jusqu’à la jungle en Équateur, en passant par les mines d’étain de Bolivie. Il nous montre ici la détermination des nouveaux dirigeants socialistes latino-américains à résister à la dilapidation des ressources naturelles par les grandes multinationales. Dans ce film, le réalisateur donne la parole aux populations locales; on y entend aussi l'auteur Galeano lui-même, Hugo Chávez, Lula et Evo Morales.


GONZALO ARIJON: né à Montevideo en Uruguay, ce réalisateur vit en France depuis 1979 et détient la double citoyenneté. Il a étudié l’anthropologie et le cinéma et, depuis 15 ans, a réalisé de nombreux documentaires. Parmi ces films, citons « Les naufragés des Andes », prix Joris Ivens en 2007, et « Lula, la gestion de l’espoir ».


Commentaires de Michel Handfield (13 aout 2010)


Film intéressant. Comme un miroir, il nous donne une image inversée de l'Amérique. Alors qu'ici, au Nord, on défait le collectif et on refait l'éloge de l'individualisme, là bas on regarde la force que peut donner le collectif! On conscientise le citoyen au sujet des fausses promesses du néolibéralisme pendant qu'ici on espère s'en sortir seul, voir devenir riche aux dépens des autres! Cependant, ce sont les grandes organisations qui en profitent le plus, rarement le petit citoyen dont on flatte l'entrepreneuriat!


Il y a des leçons pour nous dans ce film. Mais, l'avantage du cinéma sur le livre est qu'on les voit et les ressent. Avec l'internet et « You tube », les vidéos documentaires deviendront-ils un équivalent du livre demain, permettant d'explorer différentes nuances allant du pédagogique à l'essai? La question doit se poser. Un jour y aura-t-il des thèses universitaires sous forme de films? Enfin, dirais-je!


Je dis cela, car quelques années après ma maitrise, j'avais proposé une idée particulière à mon ancien directeur de mémoire: au lieu de faire un doctorat traditionnel, j'aurais voulu faire une expérience de réorganisation d'une entreprise avec les employés d'une grande usine de montage de la banlieue nord de Montréal alors menacée de fermeture (1), car je croyais – et je crois toujours – que la sociologie doit aller vers la pratique. (2) C'était dans la première moitié des années 90, donc avant « You-tube ». Je dis cela, car j'aurais voulu que cette expérience soit filmée par un étudiant de cinéma pour être diffusée dans le grand public plutôt que de faire une longue thèse écrite lue par quelques initiés seulement pour être ensuite oubliée sur les rayons de la bibliothèque des arts et des sciences!


Je croyais sincèrement à l'époque, et je le pense toujours, que la sociologie pourrait intervenir dans les problèmes sociaux et organisationnels, dont les groupes et les sous-groupes constituants d'une organisation. S'il y a des problèmes individuels, il y a aussi des problèmes sociaux et collectifs! Bref, à côté de l'approche psychologique et de la psychosociologie, il y a de la place pour une approche pratique de la sociologie. Cela ne pouvant cependant pas se faire dans un cadre universitaire, je suis resté avec mes idées sur le sujet, car je n'avais pas le gout de faire une thèse pour la thèse seulement.


Parlant de thèse, je crois aussi que si l'écrit doit rester, les universités doivent s'ouvrir à d'autres formes communicationnelles, comme le film par exemple. Ce film, « Eyes Wide Open », comme quelques autres, montre que certaines thèses auraient peut-être plus d'impacts sous cette forme que par l'écrit. Mais, il est parfois moins compromettant pour les institutions et les organismes gouvernementaux et publics de voir certains travaux dormir sur des rayons de bibliothèques plutôt que d'être largement diffusés sous forme de films ou sur « You tube » maintenant. Bref, je crois toujours qu'il faut ouvrir de nouveaux territoires, même si on le fait parfois seul et avec peu de moyens. (3) C'est souvent le prix à payer pour sa liberté, que ce soit de parole ou de penser!


Notes:


1. Cela n'étant toujours demeuré qu'à l'étape du rêve, je ne sais pas et je ne saurais jamais qu'elle aurait été la réception de l'entreprise en question si on leur avait proposé l'idée, car elle n'est jamais sortie du bureau du prof, sauf qu'elle est toujours demeurée dans ma tête cette idée. Quant à l'usine en question... elle n'existe plus. En effet, je pensais alors à GM Boisbriand qui était menacée de fermeture à la fin d'un modèle comme cela est arrivé bien souvent avant sa fermeture définitive.


2. J'ai même écrit deux textes sur le sujet à l'époque, parus dans une revue de sociologie:


Pour la pratique de la Sociologie, Society/Société, May 1991 (Bulletin de la Société canadienne de sociologie et d'anthropologie), pp. 19 21

Pour la création d'une section de sociologie appliquée et de groupes d'intérêts en sociologie, Society/Société, Février 1995, pp. 19 22


3. La preuve que j'y ai toujours cru, c'est que j'ai commencé l'aventure de la revue Societas Criticus sur l'internet en 1999 à partir de rien, sauf d'un petit site que j'avais fait pour me présenter comme candidat indépendant aux élections municipales de Montréal en 1998 (District François-Perrault 09)! J'y avais obtenu 247 votes ou 4,5% du suffrage selon le compte officiel (http://www2.ville.montreal.qc.ca/archives/democratie/democratie_fr/media/documents/expo/election_1998_detail.pdf), cela avec un budget de mois de 350$. Mais, j'avais plongé pour amener des idées! J'avais d'ailleurs fait mon premier site internet, delinkan politik, en « WordPerfect » pour les mettre en vue. The Gazette en avait même parlé à l'époque:


« Like other independents,Handfield is campaigning on a more meagre budget. So far, he said, he has spent $350, most of it on posters. But he also has an inexpensive modern weapon to get his message out, his own Web site. » (Linda Gyulai, Independents'day?, in Montreal The Gazette, October 6, 1998, pp. 1-2. On parle de moi en page 2 sous le titre « Party lines irk independents.)


Puis, après les élections, c'est en discutant avec un ami, Gaétan Chênevert, au téléphone qu'est née l'idée de faire Societas Criticus pour ne pas perdre le travail qui avait été fait avec ce premier site maison! C'est ainsi qu'est née la revue. Qui parlait de campagne sur l'internet en 98 et de cybermédias en 99? Pas grand monde. Mais, j'ai toujours aimé faire différent. Provocateur ou précurseur? Probablement un peu des deux.


Notre premier numéro date de septembre 1999. On l'avait alors envoyé à une courte liste de personnes par courriel! Puis, à force de peaufinage est arrivée la revue en ligne de maintenant, mais duquel on tire un format pour bibliothèques! Ce premier numéro de 1999 comme les autres sont disponibles en ligne tant à Blibliothèque et Archives Canada qu'à Bibliothèque et Archives nationales du Québec:


http://epe.lac-bac.gc.ca/100/201/300/societas_criticus/word/index.html http://collections.banq.qc.ca/ark:/52327/61248


Après la chute, Première Nord-Américaine

France – 2009 – 63 min – Fiction – allemand, kurde, S.-T.F.


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 12 no 3, Textes ciné et culture : www.societascriticus.com


SCEN / RÉAL / DIR: Hiner Saleem

CAMERA: Andréas Sinanos, Emre Erkemen

SON / SOUND: Garip Özden, Jean-françois Viguié, Roman Dymny

MONT / ED: Morgane Spacagna

MUS: Carnewa Suleyman

PROD: Dominique Barneaud, Robert Guédiguian, AGAT Films & cie

CO PROD: Mehmet Aktas, MITOS Film


Avril 2003 - Le règne de Saddam Hussein touche à sa fin. Pour tous les exilés d’Irak, c'est le plus beau jour de leur vie. En Allemagne, Azad, exilé kurde, ne peut détacher son regard de la télévision. Il a convié tous ses amis exilés irakiens, qui arrivent les bras chargés de victuailles. Pendant qu’ils dansent, chantent et se réjouissent tous ensemble, la télévision continue à déverser son flot d'images en provenance d’Irak. Mais les rancoeurs, les querelles et les secrets enfouis depuis longtemps refont bientôt surface. La fête se transforme alors en un violent règlement de compte…


HINER SALEEM: Né en 1965 au Kurdistan irakien, Hiner Saleem fuit l’Irak à l’âge de 17 ans, pour poursuivre ses études en Italie. Il travaille aujourd’hui à Paris comme cinéaste, peintre et écrivain. Pour ses deux films précédents, Kilomètre Zéro et Dol, il est retourné dans son pays d’origine. En 2005, dans le cadre du Festival de Cannes, il est sacré Chevalier des Arts et des Lettres par le ministre de la Culture de France.


Festival del film Locarno 2009 - London Kurdish Film Festival 2009 - Dubaï International Film Festival 2009


Commentaires de Michel Handfield (13 aout 2010)


Le Pouvoir n'est pas qu'une question de savoir ou d'argent, mais aussi de force et

de peur, d'où la force du terroriste, car il n'a pas peur de la mort. Il la cherche parfois!


Ici on est chez des exilés kurdes, vivant en Allemagne, qui célèbrent la chute de Sadamm Hussein après 37 ans au pouvoir. Un règne qui a vu 500 000 Kurdes assassinés. Azad fête et a même convié des amis à venir célébrer avec lui. Mais, parmi eux, se retrouve un chiite invité par un de ses amis. Cela ne plait pas à tous, ce qui montre que même s'ils sont heureux de la chute de Sadam, ils ne sont pas nécessairement unis. Des divisions ethniques, culturelles et religieuses existent entre eux.


Dans l'Irak de Sadam, tout le monde se soupçonnait et se tenait tranquille par peur du dictateur, mais, là, les discussions laissent croire que le dictateur parti, les desseins autonomistes et les volontés divergentes des différents groupes vont refaire surface et mener à des affrontements dès le départ des États-Uniens d'Irak. Il leur faudrait un certain fédéralisme, même si tout système politique n'est pas parfait.


On peut aussi se demander si un multiculturalisme à la canadienne serait une solution souhaitable ou s'il ne contribuerait pas plutôt à la reproduction des conflits inter ethniques existants, en assurant chacun de rester tel qu'il est dans une nouvelle union irakienne? Question profonde que je me suis posée à la vue de ce film et auquel il ne répond pas, sauf qu'à voir les divergences poindre entre eux, on peut imaginer ce qui pourrait arriver. Des amis et des frères deviennent des ennemis quand les uns et les autres découvrent que certains d'entre eux ont collaboré avec le régime de Saddam. Ils avaient leurs raisons de le faire croient-ils! Mais, avant même de reconstruire ce pays, il faudra reconstruire la confiance entre les citoyens. Pas facile quand l'Homme est la bête de l'Homme! On verra bien après le retrait des États-Uniens ce qui arrivera, surtout que ce retrait approche.



Iran: Voices of the Unheard, Première canadienne

Canada – 2009- 68 MIN – Doc - farsi – S.-T.A.


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 12 no 3, Textes ciné et culture : www.societascriticus.com


RÉAL /DIR /PROD /SCEN /CAMERA: Davoud Geramifard

EXE C PROD: Carmen Celestini

MONT /ED: George Kaltsounakis

MUS: Kiya Tabassian, Ziya Tabassian

ENR MUS /REC : Dino Emilio Giancola

CONSULTTE CHN: Rouzbeh Heydari

SON /SOUND: Davoud Geramifard

SYN CRO: Rob Hutch ins

EFFETS CONCEPT /EFFECTS DESIGN: Geoff Raffan - Daniel Pellerin

PROD: Ec static Truth Media


À 1000 kilomètres au sud de Téhéran, des nomades luttent pour leur survie, dans un décor stupéfiant. À Shiraz, un vieux révolutionnaire remet en question un système qui a trahi les rêves de toute une génération de radicaux. À Téhéran, un jeune intellectuel lutte contre l’ennui d’une existence sans véritable liberté. Tourné clandestinement, ce film rend hommage à ceux qui vivent sous le regard inquisiteur d’un régime répressif, réduits au silence par leurs représentants. Le cinéaste analyse une journée dans la vie de 3 groupes qui, bien que différents, partagent un même sentiment d’aliénation et de désespoir. Il met l’accent sur les soulèvements de juin 2009, déclenchés par les élections, à l’aide de terribles images des manifestations qui ont choqué le monde.


DAVOUD GERAMIFARD: Ce cinéaste et artiste multimédia, né à Téhéran, a connu l’expérience de la prison dans le ventre de sa mère, pendant que prenait forme la révolution de 1979. Ce traumatisme l’a marqué : bébé, il ne réussissait à se calmer qu’en écoutant des histoires et en regardant des films. Pendant ses années d’université, il a voyagé dans tout le pays avec sa caméra vidéo, tentant de trouver des réponses à ses questions. Il est désormais installé à Toronto.


Best Doks Human Rights Watch International Film Festival (Lo ndon), Human Rights Watch International Film Festival (New York), One World Film Festival


Commentaires de Michel Handfield (13 aout 2010)


L'Iran, ça semble beau comme pays, mais la dictature religieuse pèse lourd. Ce n'est pas par accident que des millions de gens ont quitté ce pays. Sa base constitutionnelle est l'Islam. Pourtant, croire implique que d'autres peuvent ne pas croire! Mais, liberté et religion ne vont pas nécessairement de pairs! Pourtant, dans les pays occidentaux, c'est la première chose que réclament les ressortissants de ces pays: le respect de leurs croyances religieuses! (1) Ces croyances qui limitent justement les libertés! Paradoxal, n'est-ce pas? Il faudra un jour regarder cette question de la liberté religieuse qui limite certains droits et libertés au nom de la liberté justement!


Mais, il y a toujours un certain aveuglement volontaire qui permet de vivre malgré tout. C'est ainsi que des familles font leur vin; qu'on en parle dans des poèmes; mais que c'est formellement interdit par la religion faite par le gouvernement! On espère que la mondialisation va forcer la reconnaissance des droits humains. Mais, pour le commerce, nos gouvernements ferment les yeux ou regardent ailleurs pour ne pas voir! Ils ne peuvent pas vraiment compter sur les dirigeants occidentaux qui ont davantage d'intérêts pour l'économie que les droits humains et la démocratie à l'étranger!


Ce n'est qu'une question de temps avant qu'il n'y ait d'autres affrontements avec le pouvoir religieux en place pour essayer de gagner davantage de liberté, voir même la démocratie! Mais, il y a loin encore d'une séparation des pouvoirs politique et religieux, donc de la laïcité.


Note:


1. À ce sujet: Ludovic Hirtzmann, Peace Village, enclave islamique au Canada, in Le Figaro, 18/03/2010:

www.lefigaro.fr/international/2010/03/18/01003-20100318ARTFIG00464-peace-village-enclave-islamique-au-canada-.php



BAS ! Au-delà du Red Light


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 12 no 3, Textes ciné et culture : www.societascriticus.com


Canada – 2009 – 77 min – Doc – hindi, népalais, anglais, S.-T.F.


SCEN RÉAL /DIR: Wendy Champagne

PROD: Denis Mc Cready, Wendy Champagne, Sylvie

Van Brabant

DIR PHOTO: Katerine Giguère, Guy Mossman

MUS: Tarun Nayar

MONT /ED: Hubert Hayaud

DESSINS -ANIMATIONS: Pierre-Nicolas Riou

MONT AUDIO /SOUND EDIT: Daniel Fontaine-Bégin

CHOR: Nancy Leduc

PHOTO PLATEAU /SET PHOT: Kiran Ambwani, Jessie Kotler


Ce film raconte l'histoire de 13 jeunes filles rescapées des bordels de Mumbai – toutes adolescentes à la recherche de leur avenir – et d’une chorégraphe qui les aide à tourner un vidéoclip. Tout au long du film, elles sont confrontées aux démons de leur vie, passée et actuelle, et nous révèlent la face cachée du marché florissant du trafic d'enfants.


WENDY CHAMPAGNE: Écrivaine et journaliste australienne, elle a signé le scénario du documentaire australien Women of the Earth en 2000. Elle nous présente ici son premier long métrage documentaire en tant que réalisatrice. Elle vit désormais à Montréal.


Commentaires de Michel Handfield (13 aout 2010)


Le trafic d'êtres humains est le crime numéro 1 en 2010. Ce film nous présente 13 anciennes victimes de ce trafic sorties des bordels de Mumbai. Vendues à 10 ou 13 ans, vierges, elles ont souvent été torturées par des souteneurs, parfois payés par des tenancières de bordel pour briser ces filles, avant d'être livrés à des clients qui veulent de la chair jeune et fraiche! Ces filles seront des machines à imprimer de l'argent!


Si certaines ont été enlevées par des étrangers qui les ont vues dans la rue, d'autres auront été victimes d'un voisin ou d'un parent éloigné. Mais, plus dramatique, certaines seront vendues par leurs parents! On est alors dans la marchandisation à l'extrême, soit un libre marché où tout se vend et s'achète. Suffit d'en fixer le « juste » prix! Le capitalisme à l'extrême. Produire pour vendre et vendre pour vivre, que ce soit, des carottes, du hachich ou ses propres enfants. On conserve le nécessaire à la reproduction, comme les enfants les plus forts, et on vend les surplus pour un profit, que ce soit une fille pour le bordel ou le petit chétif pour travailler dans une manufacture! L'offre et la demande fait loi! N'est-ce pas le discours des ultras conservateurs pour qui le marché est roi. Ils devraient voir ce film pour savoir le sens véritable de leurs propos, car je crois qu'ils récitent des mantras sans en réaliser toute la portée. C'est peut être pour ne pas le savoir qu'ils coupent aussi dans le soutien à la production culturelle qui n'est pas dans le « mainstream » et à ce genre de festival, comme le « Festival de films sur les droits de la personne », jugé trop élitiste à leurs yeux. Une façon de ne pas voir la réalité et de continuer à croire en une idéologie dépassée!


Nancy Leduc, chorégraphe québécoise que l'on suit dans ce documentaire, a travaillé là-bas avec ces filles pour les aider à s'extérioriser et à s'exprimer par le tournage d'un vidéoclip où elles danseront ce qu'elles ont à dire! Mais, elles s'expriment aussi devant la caméra. Il y en a une qui veut devenir travailleuse sociale par exemple. Fort intéressant comme travail de reconstruction de ces jeunes filles. Une façon de leur rendre la magie qu'elles n'ont pas eue à l'âge où elles en avaient besoin.


À souligner tout le travail de la « Rescue Foundation », une ONG qui travaille à sauver et réhabiliter les victimes de ce type de trafic, car elles ont droit à leur vie!


Hyperliens:


www.bas-doc.com

www.rescuefoundation.net



Les Super Mémés, Première mondiale

Canada – 2010 – 45 min – Doc – français, anglais, S.-T.F.


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 12 no 3, Textes ciné et culture : www.societascriticus.com


RECH/RESEARCH : Magnus Isacsson, Carole Roy

RÉAL /DIR: Magnus Isacsson, collaboration de Carole Roy et Peter Haynes

CAMERA: Martin Duckworth

MONT /ED: Étienne Gagnon

SON /SOUND: Magnus Isacsson

PROD: Isabelle Couture

PROD EXE C : Ian Boyd

CON CEPT ET MONT SON /SOUND DESIGN AND ED: Catherine Van der Donckt

TRANS MUSI CALES /MUSI C TRANSITIONS: Robert Marcel Lepage

AVEC/WIT H : Marguerite Bilodeau, Muriel Duckworth, Louise-Édith Hébert, Alma Norman


Armées de charmants sourires, d’une poésie mordante, de chapeaux à fleurs et d’un trésor d’inventivité, les « Raging Grannies » et leurs consoeurs québécoises, les « Mémés déchainées » représentent un défi pour les autorités et un déni des stéréotypes. Sources d’inspiration pour les jeunes et les moins jeunes, elles s’attaquent aux clichés sur le vieillissement et prouvent que la vie peut être pleinement vécue à tous âges. Elles luttent pour la paix, la justice sociale et la protection de l’environnement. Bien au-delà du simple portrait du mouvement et de ses membres, le film soulève des questions universelles pourtant occultées dans l’espace médiatique actuel, comme le rôle des personnes âgées dans notre société.


« … Avec ce documentaire, j’ai souhaité accomplir moi-même ce que ces femmes exceptionnelles font si bien : divertir tout en faisant réfléchir », nous dit le réalisateur.


MAGNUS ISACSSON: Magnus Isacsson a débuté sa carrière comme réalisateur à la radio et à la télévision. Cinéaste indépendant depuis 1986, il soulève dans ses documentaires les questions sociales et politiques actuelles en posant un regard singulier, profondément humain, sur des évènements ou des situations, privilégiant le point de vue des individus qui les vivent de l’intérieur. Au cours des dernières années, il s’est spécialisé dans le documentaire de « long cours », aimant suivre dans leur durée réelle — parfois sur plusieurs années – des situations conflictuelles. Montrés à la télévision, dans des festivals et parfois en salle, plusieurs de ses films ont été primés au Canada et à l’étranger. En 2004, il a reçu le Prix Lumières de l’Association des réalisatrices et réalisateurs du Québec.


Commentaires de Michel Handfield (13 aout 2010)


Ce mouvement a commencé à Victoria en 1987, puis s'est étendu. Quand on fut des militantes, ce n'est pas l'âge qui nous arrête! En vieillissant, on doit même devenir plus radicale, car on a moins de temps à perdre! Voilà à peu près la philosophie de ces femmes d'un certain âge qui luttent pour la paix, l'environnement et la justice sociale. Mais, le sérieux des causes n'empêche pas l'humour. Elles s'habillent même pour attirer l'attention sur leurs causes par le sourire! Mais, ici c'est sur elles que s'est arrêté ce documentaire fort sympathique et intéressant comme ces mémés déchainées.


Comment étaient-elles plus jeunes? Voilà la question qui me trottait en tête à la sortie du film. À passer sur une chaine de télé publique.

Hyperliens:


www.raginggrannies.com

http://en.wikipedia.org/wiki/Raging_Grannies

www.raginggranniesmontreal.ca


Retour sur le Festival International de Films sur l'Art (FIFA)


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 12 no 3, Textes ciné et culture : www.societascriticus.com


Autre festival intéressant sur lequel j'ai écrit, mais sur lequel je n'ai pu tout dire, pris dans une spirale de films à couvrir! Alors, en voici la suite et fin!


Michel Handfield



PHILIPPE NOIRET, GENTLEMAN SALTIMBANQUE

FRANCE/2008/BETA/COULEUR/51 MIN/FRANÇAIS


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 12 no 3, Textes ciné et culture : www.societascriticus.com


Bien avant la mort de l'acteur, le « style Noiret » — d'abord une voix, reconnaissable entre toutes, puis une présence, flegmatique, à la fois élégante et rassurante — était entré dans la légende du cinéma français. Alternant archives rares, extraits de films, notamment Alexandre le Bienheureux, La grande bouffe, Le juge et l'assassin, Coup de torchon et La vie et rien d'autre, et interviews, ce portrait revisite les moments phares du parcours de Philippe Noiret (1930-2006), depuis les heures glorieuses du TNP jusqu'à son retour sur les planches à la fin de sa carrière. Noiret a tourné plus de 120 films, remporté deux césars et mené une prestigieuse carrière au théâtre. Compagnon de plume de Noiret pendant la rédaction de ses mémoires, le réalisateur Antoine de Meaux donne la parole à ceux qui ont tenu les premiers rôles dans sa carrière et sa vie : son épouse Monique Chaumette, et ses amis proches, Jean Rochefort, Thierry Lhermite ou Bertrand Tavernier.


Biographie: Né en 1972, écrivain et réalisateur de documentaires, Antoine de Meaux est l'auteur de L'ultime désert, vie et mort de Michel Vieuchange et de Charles de Foucauld, l'explorateur fraternel.


Filmographie: Simone et Jean, chronique de la compagnie Renaud-Barrault (2006) ; Charles de Beistegui (2006) ; Marquis de Cuevas/Baron de Rédé, (2006); À la recherche de Michel Vieuchange (2007) ; Patrick Modiano, « Je me souviens de tout... » (2007) ; Un village français... Ils y étaient (2009).


Commentaires de Michel Handfield (13 aout 2010)


Noiret, 1930-2006. Il faisait de tout: du film pour cinéphiles au film grand public! Il faisait finalement du cinéma! Mis en pension parce qu'un cancre, il a développé le gout du théâtre grâce à un frère éducateur! Puis, au théâtre national populaire, il a joué avec Jean Villard et Gérard Philippe. Il a côtoyé les grands et en est devenu un! Plus qu'un acteur, il trouvait d'abord le vêtement crédible pour entrer dans le personnage et y entrait. Littéralement! Il avait la capacité de se fondre dans une classe sociale au point d'être naturel dans ses rôles même s'il était toujours Noiret!


Note personnelle:


À souligner « Le vieux fusil » dans sa filmographie.



ARIANE MNOUCHKINE, L'AVENTURE DU THÉÂTRE DU SOLEIL

FRANCE/2009/BETA/COULEUR/75 MIN/FRANÇAIS


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 12 no 3, Textes ciné et culture : www.societascriticus.com


Depuis ses premiers pas sur une scène amateur à la fin des années 1950 jusqu'aux représentations de l'une de ses dernières pièces, Les éphémères, en 2008, en passant par le tournage du film Molière en 1977 ou la solidarité avec les sans-papiers en 1996, ce document met en exergue, à toutes les étapes importantes de la vie de la troupe, la présence active et enthousiaste d'Ariane Mnouchkine (née en 1939), fondatrice du Théâtre du Soleil, à la fois metteure en scène et réalisatrice, artiste et militante. Depuis plus de quarante ans, cette artiste d'exception se consacre à sa passion et a su maintenir la cohésion d'une troupe de 70 personnes dont le rayonnement est international. À travers des scènes de répétition et des extraits de spectacles, des témoignages d'amis et de collaborateurs, des documents inédits sur la naissance du Théâtre du Soleil en 1964 et des images de tournées à l'étranger, Ariane Mnouchkine évoque son enfance, sa conception du théâtre, sa rencontre avec le public et son engagement politique sans faille. Ce faisant, elle dévoile une part plus personnelle d'elle-même et de son parcours indissociable de l'une des plus belles aventures théâtrales contemporaines.


Biographie: Catherine Vilpoux est chef monteuse depuis 1981 pour de nombreux films : documentaires, fictions, adaptations de spectacles et installations vidéo.


Filmographie: Au soleil même la nuit (1996) ; La ville parjure (1998) ; bonus des dvd Tambours sur la digue et Molière (2002-2004).


Commentaires de Michel Handfield (13 aout 2010)


Ariane Mnouchkine. Elle a eu un coup de foudre pour le théâtre, car elle y a trouvé ce qu'elle cherchait depuis son enfance: un moyen d'agir sur le monde et de le transformer peut-être! Elle fait donc du théâtre provocateur avec sa troupe. Ce film est venu me chercher là: dans le théâtre comme provocation à réfléchir, mais aussi dans sa façon de dénoncer la provocation que représente l'acculturation du milieu politique, plus porté sur les chiffres que la culture maintenant! En effet, qui y parle de capital culturel? Très peu de gens! Mais, on y parle d'industrie culturelle cependant! Il faut que la culture rapporte. C'est une marchandise qui doit répondre aux lois du marché. Ce n'est plus un objet culturel en soi, par essence philosophique! C'est ainsi que l'on a détruit les Halles par manque de vision culturelle; ces Halles qu'Ariane Mnouchkine aurait bien aimé occuper avec sa troupe! Elle ne se gène pas pour dire que c'est une
destruction culturelle pour Paris et la France et égratigner Sarko au passage:


« J'ai vécu la destruction des Halles comme une vulgaire connerie... Les Halles, c'est l'échantillon du cynisme et de la bêtise politiques, c'est exactement ce que Sarko est en train de faire à l'échelle de la France entière ». (1)


Elle et son équipe fonctionnent en partie comme une coopérative ouvrière. Chacun son rôle, mais aussi chacun son mot à dire. La recherche intérieure du personnage se fait avec le groupe. On parle donc de théâtre politique, mais duquel ressort une position éthique. C'est ainsi que 350 sans papiers ont pu coucher sur les lieux du théâtre en même temps que 600 spectateurs assistaient à une pièce! Théâtre; Politique; Éthique! Cela donne le gout d'aller au terminus du château de Vincennes voir ce théâtre hors normes!


Note:


1. J'ai trouvé la citation exacte sur http://clioweb.canalblog.com/archives/2009/11/27/15948387.html


Hyperliens:


www.theatre-du-soleil.fr


http://fr.wikipedia.org/wiki/Ariane_Mnouchkine



RENOIR, AU-DELÀ DE L'IMPRESSIONNISME

FRANCE/2009/BETA/COULEUR/52 MIN/FRANÇAIS


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 12 no 3, Textes ciné et culture : www.societascriticus.com


Ce documentaire accompagnait l'exposition Renoir au XXe siècle au Grand Palais l'automne dernier, consacré à l'œuvre de maturité du peintre. Pour rendre à Renoir (1841-1919) sa place légitime, celle d'un précurseur résolument ancré dans le XIXe siècle et largement tourné vers le XXe, le film, sur le mode d'une invitation au voyage, l'accompagne dans un itinéraire balisé par des œuvres majeures — les siennes et celles des « anciens »: ses lieux de création, les correspondances, les photos inédites et aussi les extraits de films. L'évolution de son art, entre 1890 et sa mort en 1919, entre ses années de consécration et sa rupture avec le mouvement impressionniste, a laissé une empreinte incontestable que l'on retrouve aujourd'hui chez Matisse, Bonnard ou encore Denis. Cet éclairage particulier sur les dernières années de création de Renoir rend à l'artiste sa place véritable dans l'évolution artistique.


Biographie: Diplômée en anglais et cinéma de la Sorbonne nouvelle, Cathie Levy est auteure et réalisatrice.


Filmographie: Histoires d'opéra (1991), coréal. Robin Lough ; Ils étaient une fois à Berlin Est ((1991) ; Quand passent les sorcières (1991), série ; Vues de l'Ouest (1993) ; Lévy et les vaches (2003) ; Le temps du repli (2005) ; À la recherche de Frank Burns (2007) ; Rio, gravité zéro (2008) ; Novela na Santa Casa, ou la promesse du bonheur (2008) ; Alain Finkielkraut (2009).


Commentaires de Michel Handfield (13 aout 2010)


Renoir cherche des choses impossibles, ce qui en fait un peintre du dépassement! Mais, du réalisme aussi, car il puise son inspiration dans les mœurs et la lumière, bref la vie! Cet intérêt pour la lumière et de la vie, il la transmettra aussi à son fils Jean qui jouera de la lumière au cinéma!

Artiste, son art monte en lui comme la sève dans l'arbre. Il était fait pour peindre comme la vigne pour donner du raisin, succès ou pas!


Hyperliens:


http://fr.wikipedia.org/wiki/Auguste_Renoir

http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Renoir

http://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_Renoir



GAUGUIN À TAHITI ET AUX MARQUISES

SUISSE, FRANCE/2010/BETA/COULEUR/66 MIN/FRANÇAIS


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 12 no 3, Textes ciné et culture : www.societascriticus.com


Paul Gauguin (1848-1903) abandonne son travail d'employé de banque pour se consacrer à la peinture. Du jour au lendemain, il ne gagne plus rien. Sa femme danoise le quitte et rentre à Copenhague avec leurs cinq enfants. De plus en plus miné par ses difficultés d'argent, Gauguin veut fuir la civilisation occidentale. À l'âge de 43 ans, en 1891, il part pour Tahiti, où il espère trouver un paradis, commencer une nouvelle vie et donner un nouveau souffle à sa peinture. Le film raconte sa vie à Tahiti d'abord et aux Marquises ensuite, où Gauguin mourra en 1903. Les toiles du peintre sont filmées dans la nature, à travers des reproductions, entourées de fleurs, de feuilles, de vagues de la mer. En voix-hors champ, le peintre raconte sa vie, sa solitude, sa pauvreté, ses rêves, son échec, l'incompréhension envers son œuvre. Il mène là-bas, fièrement et douloureusement, la vie d'un homme libre et d'un artiste méconnu. Il dira de lui-même : « Je suis un grand artiste et je le sais. » Ce film intimiste et poétique tente de cerner sa vérité profonde en s'appuyant sur sa propre parole, ses écrits autobiographiques, ses livres Noa Noa et Avant et après et sa correspondance, et en sortant ses tableaux de leur cadre et des musées pour les replacer dans leur décor d'origine.


Biographie: Richard Dindo, autodidacte, vit depuis 1966 entre Zurich et Paris.


Filmographie: Peintres naïfs en Suisse orientale (1972) ; Raimon : Des chansons contre la peur (1977) ; Hans Staub, reporter-photographe et Clément Moreau, graphiste utilitaire (1977) ; Max Frisch — Journal I-III (1981) ; El Suizo — Un amour en Espagne (1985) ; Arthur Rimbaud — Une biographie (1990) ; Charlotte, vie ou théâtre ? (1992), primé au 11e FIFA ; Une saison au paradis (1996) ; L'affaire Grüniger (1997) et Genêt à Chatila (1999) ; Aragon, le roman de Matisse (2003), 22e FIFA ; Qui était Kafka ? (2005).


Commentaires de Michel Handfield (13 aout 2010)


« Artiste, son art monte en lui comme la sève dans l'arbre. Il était fait pour peindre comme la vigne pour donner du raisin, succès ou pas! » écrivais-je de Renoir. La même chose s'applique à Gauguin, mais plus dramatiquement, car la peinture le rendra pauvre, mais, après sa mort, ses toiles rendront riche ceux qui les possèderont!


Cynique face a la civilisation; critique du christianisme et du système européen; puis rêveur incompris, Gauguin est un excellent sujet de film. Comme histoire de vie et de la créativité, le sujet est très riche autant pour ceux qui s'intéressent à lui en particulier, à la peinture en général ou même à l'histoire! Il a voulu établir le droit de tout oser, ce qui nous donne par le fait même une critique des limites de son temps. Une forme de leçon historique et sociale finalement!



Collection hommage, Gilles Carle, Coffret - DVD

www.imavision.com


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 12 no 3, Textes ciné et culture : www.societascriticus.com


Gilles Carle est sans contredit un des cinéastes les plus marquants du Québec. Audacieux et précurseur, il a créé des œuvres qui, en plus d'atteindre un rayonnement international, ont profondément marqué l'imaginaire collectif des Québécois.


Bien qu'il affirme que c'est la constatation, plutôt que la contestation, qui traduit l'essence de ses créations, il n'en demeure pas moins que ses films ont, à plusieurs reprises, ébranlé des convictions et transgressé des tabous.


Retrouvez cinq de ses plus belles productions artistiques, complètement remastérisées, dans ce coffret de collection unique.


La vie heureuse de Léopold Z

1965 – Mettant en vedette : GUY L'ÉCUYER, PAUL HÉBERT, MONIQUE JOLY, SUZANNE VALÉRY et GILLES LATULIPPE


La vraie nature de Bernadette

1972 – Mettant en vedette : MICHELINE LANCTÔT, DONALD PILON, REYNALD BOUCHARD, ROBERT RIVARD et WILLIE LAMOTHE


Les corps célestes

1973 – Mettant en vedette : DONALD PILON, CAROLE LAURE, MICHELINE LANCTÔT, JACQUES DUFILHO et YVON BARRETTE


La mort d'un bûcheron

1973 – Mettant en vedette : CAROLE LAURE, WILLIE LAMOTHE, DANIEL PILON, PAULINE JULIEN et MARCEL SABOURIN


La tête de Normande St-Onge

1975 – Mettant en vedette : CAROLE LAURE, RENÉE GIRARD, REYNALD BOUCHARD, RAYMOND CLOUTIER, CARMEN GIROUX et DENYS ARCAND


Commentaires de Michel Handfield (13 aout 2010)


J'ai reçu ce coffret il y a plus d'un an. J'ai regardé tous les films avec plaisirs. De « La vie heureuse de Léopold Z », je me rappelais l'avoir vu à la télé en noir et blanc! Comme ce film date de 1965, à supposer que je l'aie vu en 1968, j'avais 10 ans! Mais, je m'en rappelais encore. Ou j'ai une bonne mémoire, ou il était marquant. Probablement les deux. Comme tous les autres films du coffret que je me rappelais avoir vus à la télé comme si je les avais vus la semaine d'avant, sauf pour « Les corps célestes » que j'ai eu le plaisir de découvrir par ce coffret. Mais, si c'est un portrait des Québécois d'une autre époque, car on a changé depuis, c'est aussi un portrait physique du Québec; de Montréal et des régions. On voit là le chemin parcouru, mais aussi ce qui n'a pas vraiment changé. On peut donc mesurer notre évolution, mais aussi notre immobilisme, par ces films! Pareil, pas pareil? Voilà la question!


Pour nous redécouvrir, il faut voir ce coffret en entier, car c'est un document qui montre comment la fiction sait parfois être documentaire! Ethnologique!


Au décès de Gilles j'avais tout simplement écrit quelques mots sur notre page ciné. Je les reprends ici en guise de conclusion, car ils disent tout ce que j'ai à dire de ce coffret qui est en quelque sorte l'héritage que nous a laissé Gilles un peu avant son décès:


« Notre section ciné et théâtre est dédiée à la mémoire de Gilles Carle (31 juillet 1928 - 28 novembre 2009), dont la fiction cinématographique contenait une bonne part d’observation[s]. L’œil avisé saura y voir une fine critique sociale et politique! »


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