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Societas Criticus, Vol 13 no 2. 2011-01-10 – 2011-02-01. www.societascriticus.com

Societas Criticus, Revue de critique sociale et politique

On n'est pas vache…on est critique!


D.I. revue d’actualité et de culture

Où la culture nous émeut!


Regard sur le Monde d'une perspective montréalaise!

On est Sceptique, Cynique, Ironique et Documenté!


Revues Internet en ligne, version archive pour bibliothèques

Vol. 13 no. 2, du 2011-01-10 au 2011-02-01.


Depuis 1999!













www.societascriticus.com

Cette revue est éditée à compte d'auteurs.


societascriticus@yahoo.ca

7355, boul St-Michel

C.P. 73580

Montréal H2A 2Z9


Le Noyau!


Michel Handfield, M.Sc. sociologie (U de M), cofondateur et éditeur;

Gaétan Chênevert, M.Sc. (U de Sherbrooke), cofondateur et interrogatif de service;

Luc Chaput, diplômé de l'Institut d'Études Politiques de Paris, recherche et support documentaire.


Soumission de texte: Les faire parvenir à societascriticus@yahoo.ca. Si votre texte est en fichier attaché, si possible le sauvegarder en format "rtf" (rich text format) sans notes automatiques.


Note de la rédaction


Depuis 2009 nous faisons cette revue en Open Office, maintenant Libre Office (www.documentfoundation.org/), façon de promouvoir le logiciel libre. Dans le but d'utiliser la graphie rectifiée, nous avons placé les options de correction de notre correcteur à « graphie rectifiée », façon de faire le test de la nouvelle orthographe officiellement recommandée sans toutefois être imposée. Voir www.orthographe-recommandee.info/. Cependant, comme nous passons nos textes à un correcteur ajusté en fonction de la nouvelle orthographe, il est presque certain que certaines citations et autres références soient modifiées en fonction de l’orthographe révisée sans même que nous nous en rendions compte, les automatismes étant parfois plus rapide que l’œil. Ce n'est cependant pas davantage un sacrilège que de relire les classiques du français en français moderne. On y comprendrait parfois peu si on les avait laissés dans la langue du XVe, XVI ou XVIIe siècle. Les langues évoluent et il faut suivre. L'important est davantage de ne pas trafiquer les idées, ou le sens des citations et autres références, que de modifier l'orthographe de notre point de vue.


Les paragraphes sont aussi justifiés sans retrait à la première ligne pour favoriser la compatibilité des différents formats de formatage entre la version pour bibliothèque (revue) et en ligne.


« Work in progress »:


Comme il y a de la distance dans le temps entre la mise en ligne des textes et la production du numéro pour bibliothèque, il se peut que quelques fautes d’orthographe, de ponctuation ou de graphie aient été corrigées, mais le texte n’est pas changé à quelques virgules près! On a beau lire un texte 2, 3, 4 et même 5 fois… quand on vient de l’écrire on dirait qu’on ne voie pas certaines coquilles. On les revoit cependant sur écran quelques semaines plus tard! Ainsi va la vie.


Index


Societas Criticus, revue de critique sociale et politique

Éditos


Pourquoi un règlement d'urbanisme, si c'est pour le contourner ?

Victime de pourriels !

Faut vérifier l'info avant de renvoyer un message!


Essais


Triptyque sur le plus vieux métier du monde! Métier ou mensonge? (Texte autour des films Le plus vieux mensonge du monde et L'imposture d'Ève Lamont, ainsi que la pièce Nature morte dans un fossé)


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d’actualité et de culture


Avis


Nouveaux livres reçus


LA TÉLÉ NUIT-ELLE À VOTRE SANTÉ ?

DI a Vu! - Ciné, Théâtre, Expositions et quelques annonces d’événements (Avec index)


FUNKYTOWN

Werther : tempête et passion

ANOTHER YEAR DE MIKE LEIGH

Triptyque sur le plus vieux métier du monde! Métier ou mensonge? (Texte autour des films Le plus vieux mensonge du monde et L'imposture d'Ève Lamont, ainsi que la pièce Nature morte dans un fossé dans notre section Essais)

UNE VIE QUI COMMENCE

La Belle et la Bête (Théâtre)



Les festivals!


Festival international Montréal/Nouvelles Musiques: 5e édition (2011)


Documents à ne pas taire! (Notre section documentaire)


The Desert of Forbidden Art (RIDM 2010)


The Parking Lot Movie (RIDM 2010)





Societas Criticus, revue de critique sociale et politique


Index


Nos éditos!


Pourquoi un règlement d'urbanisme, si c'est pour le contourner ?


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 13 no 2, Textes ciné et culture : www.societascriticus.com


Michel Handfield (2011-02-01)


Nous avons reçu un communiqué du Musée des beaux-arts de Montréal qui ne peut que nous interpeler, mais aussi interpeler tous citoyens d'une grande ville à qui on demande de respecter la règlementation en vigueur ! Nous pensions le placer sur notre page « Fil de presse », mais, vu son importance pour la démocratie, car la démocratie est dans le respect du contrat social, nous avons choisi de le placer ici, en page éditos !


Le contrat social, car il faut parfois le rappeler à nos élus, est le contrat entre les citoyens et ses institutions. Si le citoyen doit le respecter, ses institutions aussi doivent le faire sinon il y a rupture de contrat.


Comme la philosophie et l'éducation politique n'ont pas toute la place qu'elles mériteraient dans notre système d'éducation, il faut y suppléer par soi même. En conséquence, avant d'aller de l'avant avec de tels projets pour plaire à des promoteurs, je suggère fortement à nos élus de lire Jean-Jacques Rousseau, 1762, Du contrat social. Cet ouvrage se trouve facilement en livre de poche. Mais, il est aussi disponible en ligne pour ne pas défoncer votre budget : http://fr.wikisource.org/wiki/Du_contrat_social.


Si nul n'est censé ignorer la loi, à plus grande raison, nul ne devrait être censé ignorer le contrat social. À commencer par nos élus bien entendu.


Le communiqué


Montréal, le 27 janvier 2011 – Le 8 novembre dernier, les conseillers de l’arrondissement Ville‐Marie ont adopté à la majorité une résolution autorisant une dérogation au zonage du site de la maison Redpath, située au 3455‐3457, avenue du Musée, permettant ainsi à un promoteur immobilier de construire une tour de 25 mètres de hauteur, ce qui est non conforme à la règlementation municipale en vigueur qui ne permet de construire qu’à une hauteur maximale de 16 mètres.


Depuis quelques semaines, ce dossier préoccupe grandement les membres du conseil d’administration du Musée des beaux‐arts de Montréal (MBAM). Compte tenu de l’importance capitale que revêt ce projet pour le Musée et son quartier historique, les membres du conseil d’administration du MBAM n’ont eu d’autre choix que d’adopter mardi soir dernier, à l’unanimité, une résolution demandant aux élus de l’arrondissement Ville‐Marie de mettre fin au processus d’adoption du projet de règlement qui autoriserait la construction d’une tour de 25 mètres de hauteur située sur le site de la maison Redpath (située au 3455‐3457 avenue du Musée), et d’exiger du promoteur concerné le respect des normes d’urbanisme en vigueur, soit de construire à une hauteur maximale de 16 mètres. De plus, le conseil du MBAM a demandé que tout développement immobilier dans ce secteur ait l’obligation de respecter les normes d’urbanisme en vigueur.


L’automne prochain, le MBAM inaugurera un nouveau pavillon d’art québécois et canadien, le pavillon Claire et Marc Bourgie, et une nouvelle salle de concert de 450 places aménagée dans l’ancienne église Erskine and American que le Musée a acquise pour sauvegarder un bâtiment désigné lieu historique national.


L’architecture de ce nouveau pavillon a été définie en fonction d’une ascension vers la lumière, les ouvertures dévoilant de plus en plus le paysage urbain, le dernier étage s’ouvrant par une grande verrière sur le Mont‐Royal, joyau de notre ville. L’implantation d’un immeuble d’une hauteur dépassant les 16 mètres – et le précédent étant créé, potentiellement par la suite l’implantation de multiples autres immeubles dépassant cette hauteur nuisible – détruirait ce design architectural puisque la perspective et la vue sur la montagne en seraient occultées. Ce concept a bien sûr été choisi précisément parce qu’il était impensable qu’une telle dérogation puisse être accordée.


Ce pavillon, qui sera accessible gratuitement en tout temps pour tous, permettra aux 600 000 visiteurs qui fréquentent le Musée annuellement, dont plusieurs touristes, de découvrir notre patrimoine artistique. Grâce au soutien des gouvernements du Québec et du Canada et de nombreux donateurs, le Musée a délibérément pris le parti de redonner vie à un bâtiment patrimonial, car la vocation muséale cadre bien avec la réutilisation de l’église et lui assure une seconde vie. Ce choix du Musée est un geste majeur posé en faveur de l’embellissement de la ville. C’est aussi une reconversion architecturale qui veut avoir force d’exemplarité à l’international, car peu d’équivalents existent dans le monde occidental, alors que la situation alarmante du patrimoine religieux au Québec est bien connue.


Les architectes de ce projet, la firme Provencher Roy et Associés, et la direction du Musée ont travaillé depuis des années à respecter les normes d’urbanisme en vigueur afin que ce nouveau pavillon s’intègre le plus harmonieusement possible dans le quadrilatère du Musée situé dans le quartier du Golden Square Mile. Le Musée a organisé plusieurs rencontres avec les dirigeants de la Ville de Montréal, avec les résidents du quartier et de l’avenue du Musée au fil des dernières années afin de respecter les attentes de tous, les règlementations municipales, les demandes du voisinage et des comités de consultation de la Ville, présumant que la vue sur la montagne serait libre pour longtemps compte tenu de ladite règlementation municipale empêchant tout promoteur de construire plus haut que la norme établie et en vigueur. Ce principe de respect de zonage devrait être appliqué par tout promoteur immobilier souhaitant développer des projets dans ce secteur afin de ne pas nuire au Musée et à son quartier.


Le conseil d’administration du Musée a donc été étonné de réaliser que la Ville de Montréal avait accordé à un promoteur une dérogation au zonage du site de la maison Redpath et ce, à quelques dizaines de mètres du futur pavillon du Musée. Non seulement cette décision va‐t‐elle à l’encontre de la règlementation de zonage du quartier du Musée, mais aussi peut‐elle entraîner un irréparable précédent pour le Musée, ses 600 000 visiteurs et son quartier. Le Musée n’est pas contre l’implantation d’un nouvel immeuble sur le site de la maison Redpath mais demande que le règlement de zonage imposant une hauteur maximale de 16 mètres soit respecté.


Le Musée a fait preuve de son engagement citoyen et de sa complète transparence en choisissant de sauvegarder et de restaurer l’ancienne église Erskine and American qui abritera désormais un pavillon d’art québécois et canadien unique au pays, un projet rassembleur qui embellira la ville de Montréal et qui est déjà lauréat du 2010 Canadian Architect Awards of Excellence.



Victime de pourriels !


Societas Criticus, revue de critique sociale et politique, Vol. 13 no 2, Éditos : www.societascriticus.com


Michel Handfield (01/26/2011)


Des pourriels ont été envoyés avec notre identifiant societascriticus@hotmail.com à une partie de notre bottin le 22 janvier dernier alors que notre ordinateur et même notre accès internet étaient fermés, car nous étions à l'opéra de Montréal.


Vérification faite de mon ordinateur par un antivirus et un antiespiogiciel, je n'ai rien trouvé. Ont-ils eu accès au compte par une faille du fournisseur ou reprit une liste provenant d'anciens messages qui ont déjà contenu des noms non cachés ? C'est possible, cette liste pouvant se trouver dans n'importe quel compte client ayant reçu ce message. Désolé pour ceux qui l'ont reçu et si cela se reproduit encore. Cela semble hors de notre contrôle, mais nous prenons tout de même nos précautions.


C'est d'ailleurs pour cette raison que je préfère utiliser les listes de noms cachés, sauf que pour des raisons techniques, comme de récupérer un bottin effacé par accident, j'ai dû, il y a quelques mois, envoyer des messages avec la liste de noms apparente pour les récupérer moi-même, toutes autres tentatives ayant été infructueuses.


On a beau être prudent, il y en a qui ne font que cela : chercher des failles dans la sécurité pour tricher le système ou vendre leur camelote. Nous nous excusons donc des inconvénients que cela a pu vous poser même si ce n'était pas de notre ressort et nous vous souhaitons surtout que cela ne vous arrive pas.



Faut vérifier l'info avant de renvoyer un message!


Societas Criticus, revue de critique sociale et politique, Vol. 13 no 2, Éditos : www.societascriticus.com


Michel Handfield (01/21/2011)


Comme j'ai reçu quelques dizaines de chaines de lettres depuis cet été annonçant "ce vendredi c'est la Journée mondiale contre le cancer", voici la vraie information: c’est le 4 février 2011! L'autre vendredi 4 février, c'était en 2005! Est-ce dire que ce message circule sur internet depuis ce temps? C'est possible, les gens le renvoyant à tout leur bottin sans vérifier l'information. Suffit pourtant de la googler pour trouver la vraie réponse:


Journée mondiale contre le cancer

4 février 2011


Le cancer constitue la première cause de mortalité dans le monde. L'OMS estime que le cancer aura fait 84 millions de morts entre 2005 et 2015 si aucune mesure n’est prise. Chaque année, l’OMS, aux côtés de l’Union internationale contre le cancer, met en avant des moyens susceptibles de faire reculer la charge de cette maladie partout dans le monde.

www.who.int/mediacentre/events/annual/world_cancer_day/fr/index.html


Pour savoir quelles sont les journées mondiales, voici au moins 3 sources :


Calendrier des journées mondiales de l'ONU

journée-mondiale.com

http://fr.wikipedia.org/wiki/Journée_internationale



Index


Essais


Triptyque sur le plus vieux métier du monde! Métier ou mensonge?


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 13 no 2, Textes ciné et culture : www.societascriticus.com


Commentaires de Michel Handfield (01/26/2011)


Projection du film Le plus vieux mensonge du monde, samedi 15 janvier à 17h à l'Espace libre dans le cadre de la présentation de la pièce Nature morte dans un fossé, un polar théâtral avec la prostitution en arrière-plan. Voilà une occasion pour moi de faire un dossier sur ce sujet à la fois social et politique, d'autant plus que j'ai vu L'imposture d'Ève Lamont aux Rencontres Internationales du Documentaire de Montréal (2010) et que ce film est attendu pour février en salle. Nous avons aussi parlé de prostitution à quelques occasions dans Societas Criticus, dont lors de la présentation de La dame aux camélias au TNM il y a quelques années (1).


Mais, c'est un sujet qui m'intéresse depuis bien plus longtemps, car à l'époque où j'étais sur le C.A. d'un organisme communautaire en environnement et urbanisme de mon quartier, le PARI St-Michel, il y avait eu une journée de discussion sur le sujet à la maison des citoyens de St-Michel, vu une problématique sur une grande artère nord/sud de mon quartier. Par la suite, j'ai toujours été sensible à cette question, car à la problématique urbaine s'ajoutent des causes et des problématiques plus individuelles et sociales ; des histoires de vie et des parcours parfois atypiques. S'il y a une prostitution pour la drogue, il y en a aussi une pour boucler les fins de mois dans certains quartiers populaires. Des mères monoparentales qui veulent donner un plus à leurs enfants par exemple, l'aide sociale n'étant parfois pas un minimum dans une grande ville, où les couts de la vie sont supérieurs à ceux en régions, notamment pour se loger. Par contre, la ville y offre aussi des services que les régions n'offrent pas, ce qui y attire des gens en difficultés, mais sans leur donner les moyens d'y vivre décemment. De quoi les pousser au travail au noir, à la petite criminalité et à la prostitution occasionnelle par exemple.


Le plus vieux mensonge du monde (2009) en présence d'Ève Lamont


Ce film était une commande de la Concertation des luttes contre l'exploitation sexuelle, ou CLES (2), qui voulait un outil pédagogique et de prévention pour les jeunes.


Cependant, malgré que ce film fut une commande, la réalisatrice croit au sujet, car elle a côtoyé des filles qui ont travaillé dans le secteur du sexe et rares sont celles qui n'ont aucune séquelle selon elle. Elle en a parlé longuement, car elle a fait plusieurs rencontres avant de faire ses deux films et toutes les discussions qu'elle a eues avec des filles du milieu convergent sur ce point. Pour elle, la majorité des filles veulent s'en sortir malgré ce que disent des organismes de défense des travailleuses et travailleurs du sexe. Elle croît que ces organismes défendent un point de vue minoritaire, mais d'une minorité qui a des moyens de se faire entendre. Serait-ce parce qu'existe toute une industrie autour de ces filles? Ce sont des questions d'ailleurs soulevées par le film. Questions intéressantes s'il en est!


En effet, plusieurs acteurs de l'économie légale profitent de l'industrie du sexe, ne serait-ce que les journaux qui ont des pages d'annonces concernant les hôtesses, clubs de danseuses et agences d'escortes par exemple. Quant aux gouvernements, ils profitent des taxes professionnelles, foncières et sur la vente de boissons alcoolisées. Bref, tout un pan de l'économie vit aux dépens de ces filles, car le film d'Ève Lamont ne regarde pas le pendant masculin de cette industrie. C'est toute une industrie construite sur le corps de la femme et son entrejambe. Ici et ailleurs ! (3)


Si c'est trop dur pour ces travailleuses, on leur vend alors de la facilité chimique : de la drogue ! Sexe-argent-drogue, le trio infernal qui fait que si les filles sont entrées par choix, elles n'ont plus la capacité, ni la liberté, d'en sortir après quelque temps, surtout si elles ont accumulé une dette de drogue. Le choix demeure théorique, mais n'existe plus dans les faits. La plupart en viennent alors à se droguer pour oublier le travail et à travailler pour se payer la drogue qui leur fait oublier leur vie ! Plus elles se défoncent, plus elles s'éloignent des « jobs » jet-set pour s'approcher du trottoir. L'argent file vite sans qu'elles ne puissent s'en mettre de côté. Comme une des filles le disait : « J'ai fait de l'argent, mais au final j'en suis sorti plus pauvre que je ne suis entré dans ce milieu! » (4) Par contre, comme elle le faisait remarquer, les propriétaires de clubs et d'agences ainsi que tous ceux qui tournent autour d'elles s'enrichissent ! Ils ne sont alors pas intéressés à perdre leurs filles. C'est ainsi qu'au trio infernal sexe-argent-drogue peut s'ajouter la violence, pouvoir suprême.


On les brise pour qu'ils entrent dans la prostitution, ce qui va du gars qui dit à sa blonde « Peux tu le faire juste une fois parce que ça me dépannerait » jusqu'au viol collectif de la jeune fille naïve, en fugue ou en dépendance affective. On le fait aussi sous forme de jeu, drogue incluse pour faciliter la chose, et les accrocher au sexe comme à un simple jeu ! On dissocie ainsi sexualité, morale et estime de soi. Une fois sur le marché, on les bat et on les menace pour ne pas qu'elles en sortent, car elles rapportent gros ! Toute l'industrie repose d'ailleurs sur leur cul ! Le rêve de l'argent et de la vie facile s'avère souvent un cauchemar.


Par contre, qui sont les coupables à part ces filles qui se prostituent? À peu près personne, sauf un souteneur de temps en temps! Comme le dit le sociologue Richard Poulin, de l'Université d'Ottawa, « il y a là une hypocrisie de la loi, où les établissements sont légaux, mais pas la sollicitation de la part des filles! » (5) On annonce même dans les journaux, au grand jour et à pleine page. Mais, à part arrêter les filles, l'État offre très peu de service pour les aider à quitter la prostitution. Pire, on les laisse à elles-mêmes, car il est difficile de porter plainte à la police pour violence, viol ou pour s'être fait voler par un client si notre activité est illicite ! Elles sont donc « moins que rien » aux yeux du système.


Pourtant, l'État retire des taxes sur les services entourant leur travail, comme la vente de boissons alcoolisées dans les clubs où elles recrutent ou la location de chambres à l'heure dans certains secteurs chauds de la ville. Sans leur présence autour et dans ces établissements, il n'y aurait pas d'achalandage. Voilà la triste réalité. Elles font partie du système économique. Doublement exploitée donc, car elles font rouler l'économie, mais sont ignorées comme si elles n'existaient pas. C'est dans ce contexte que se pose la question de la légalisation de la prostitution.


Si ce peut être une façon de les reconnaitre et de leur offrir un support, cela pose cependant un autre problème : comment expliquer que c'est un métier comme un autre ? Puis, en est-ce vraiment un? Peut-on imaginer une jeune fille de secondaire 3 prenant le parcours professionnel « prostitution » à son école secondaire, où on lui montrera l'autodéfense, la gestion de son avoir, les dangers des drogues, mais aussi à simuler l'orgasme pour avoir un meilleur rendement? Et son stage? Poser la question sous cet angle, c'est déjà y répondre! (6)


Par contre, la criminalisation n'est pas non plus la solution. Ne reste alors qu'un moyen terme entre ces deux pôles: la décriminalisation. Ce serait une façon de ne pas marquer les filles qui sont victimes d'un milieu, de circonstances, voir d'une fatalité, qu'elles aient consciemment choisi leur situation ou non, car ce n'est pas un métier comme un autre et même les défenseurs les plus acharnés de la légalisation de la prostitution le reconnaissent. Ils n'inciteraient certainement pas leurs filles à aller dans cette voie avec la même intensité qu'ils les inciteraient à aller en médecine par exemple !


Ainsi libérées de l'étiquette criminelle, les filles qui font cette activité pourraient au moins faire valoir leurs droits sans crainte. Il serait alors plus facile pour elles de porter plainte en cas de violences diverses, mais aussi de se présenter face aux services sociaux et de santé pour obtenir l'aide et le support dont elles ont besoin, avec moins de risque d'être jugés, que ce soit pour se reprendre en main et sortir de ce milieu ou pour obtenir de l'aide médicale. Leurs premiers pas hors de l'ombre (dans le système légal) seraient au moins facilité.


J'ai cependant deux légers bémols sur ce film de commande. D'abord, il n'est pas vrai qu'on ne peut plus taper un mot sur Google sans tomber sur du sexe. Cela m'arrive parfois, mais très rarement. Il faut dire que je fais surtout de la recherche sociale, politique et culturelle. (7) Ensuite, le lien entre porno, publicité et image féminine m'a fait sursauter, car bien des revues, comme l'actualité ou Harper's magazine, n'offrent pas à outrance cette image du corps féminin idéal. En fait, j'ai l'impression de voir bien davantage de ces images idéalisant certains corps de femmes dans des revues féminines que généralistes, car on y vend la beauté et la jeunesse éternelle ! Quel idéal ?! Même les revues pour jeunes filles jouent sur cette image, car cela est vendeur auprès d'elles. Pourquoi? Socialisation ou imitation ?


L'imposture, des RIDM... en salle !


Dans l'imposture, aussi d'Ève Lamont, on retrouve la même idée, mais sans l'habillage pour les jeunes à qui Le plus vieux mensonge du monde s'adresse. C'est plus direct et cru ! On s'adresse à des adultes avec un film coup-de-poing. On y apprend ainsi que dans le monde du sexe, il n'y a aucune limite. Que l'on commence parfois enfant à fréquenter ce milieu et que cela marque, comme cette jeune fille qui a commencé à chanter dans les clubs à l'âge de 10 ans, puis qui, de fil en aiguille, n'a pas terminée ses études et s'est retrouvée dans l'industrie du sexe. Maintenant, elle veut reprendre ses études et se refaire une vie. Une vie après le sexe !


C'est toujours une vie qui marque, car une double vie! En effet, comme ce n'est pas une chose que les filles avouent facilement que de dire « je suis danseuse », « je suis escorte » ou « je suis prostituée », les filles s'inventent une autre vie et espèrent que les gens de leur milieu ne le découvriront pas. On ne dit pas « je fais des danses à dix » ou quelques clients comme on dit « je travaille dans une épicerie », dans un bureau ou comme coiffeuse ou enseignante ! Faire face aux autres et surtout à soi-même, cela coute parfois cher : drogue, boisson, voir son intégrité et sa fierté mise à néant. Bien des thérapies en perspective pour l'avenir.


Puis, difficile de se faire une vie de famille, car ce n'est pas n'importe quel homme qui accepterait de voir sa blonde faire ce travail pour d'autres. (8) La plupart des bons gars ont peur de leur vie, même lorsque c'est du passé disent-elles ! Quant aux filles, elles doivent aussi avoir peur que leur copain aille en voir d'autres, elles qui en ont tant vu et entendus.


S'il n'existe rien pour les aider à s'en sortir, le système n'offre pas nécessairement les remparts pour les empêcher d'y entrer. Une enfance difficile par exemple, surtout si elles ont été victimes d'incestes de leur entourage. Il y a aussi la pression de jeunes et de moins jeunes qui voient leur valeur sexuelle et savent les manipuler ou abuser de leur fragilité, car les services n'existent pas toujours en nombre suffisant pour traiter toutes les jeunes filles en manque d'estime de soi par exemple. On manque de ressources professionnelles tant dans les écoles que les services sociaux et cela a des conséquences. Ce peut en être une. Inversement, si on manque de ressources en prévention, on n'en manque pas pour les recruter, car ces filles sont des machines à imprimer de l'argent pour ceux qui les contrôlent. Ce n'est pas par hasard que les gangs de rues s'y sont intéressés, d'autant plus que si elles sont mineures elles ont plus de valeurs sur le marché et n'auront pas de dossier criminel. La même chose pour les jeunes recruteurs! Il est alors difficile pour les intervenants de faire le poids face à cette industrie qui a de l'argent et le montre. À 15, 16 ou 17 ans, quand tu vois le jeune de ton âge conduire une Accura de l'année et que tu n'es même pas sure de te trouver un emploi au salaire minimum, il y a comme un déséquilibre quand il s'intéresse à toi et te dis que tu pourras facilement faire des centaines de dollars en te montrant juste belle et fine! Ce sera encore plus séduisant s'il est plus vieux que la fille et la promène avec lui dans sa décapotable de luxe! (9)


De toute manière, la beauté féminine fait vendre et se vend, même hors de la prostitution. Le markéting fait d'ailleurs un usage intensif de la beauté des jeunes filles, parfois pré pubère, tant pour séduire une clientèle masculine que féminine. Suffit de regarder certaines annonces de parfums et de mode pour le voir ! C'est un fait qui saute aux yeux si on regarde la publicité avec un œil le moindrement critique.


Une belle fille aura aussi beaucoup plus de chances d'avoir une meilleure position et un meilleur salaire qu'une fille plus moche à compétence égale. C'est un fait que certaines études montrent. (10) Triste réalité, mais il en est ainsi. Il en est de même dans la prostitution : la beauté détermine la valeur et le type de clientèle auquel la fille aura droit. Certaines auront ainsi accès à l'élite, comme semble le montrer l'affaire « Ruby » en Italie, qui risque de faire tomber Silvio Berlusconi, le premier ministre italien, pour affaires avec une mineure! (11) D'autres auront les fonds de ruelles. Par contre, il sera beaucoup plus facile de pincer la fille qui fait une « job » dans un char dans le fond d'une ruelle ou dans un stationnement mal éclairé que celle qui est dans un hôtel 5 étoiles avec un membre du gouvernement ou un cadre supérieur d'une grande entreprise. Mais, psychologiquement, les deux pourront avoir des séquelles plus tard pour ce qu'elles font maintenant. Les deux peuvent aussi se droguer pour oublier. Le niveau de luxe n'est pas garant que ce soit plus facile à faire. C'est une des choses que l'on comprend avec ce film.


D'ailleurs, cette image de la fille objet, projetée par le markéting, aurait-elle un impact sur les jeunes filles d'aujourd'hui? Quand on lit dans Le Devoir que « Les adolescentes sont plus nombreuses à se droguer que les garçons du même âge », la question devient pertinente. (12) Et si la drogue exige de l'argent et que l'argent se gagne plus facilement par la prostitution... y a-t-il un lien possible ? Ainsi, pour se payer sa drogue on peut faire de la prostitution occasionnelle et pour oublier, on consomme davantage. Le cercle infernal commence alors et les ressources pour aider ne sont pas toujours là.


Nature morte dans un fossé


En soirée, nous avons assisté à la pièce Nature morte dans un fossé qui revenait sur le même thème, mais d'un autre angle : celui de la jeunesse et de l'occasion de faire un peu d’argent! Suite à un accident de voiture, le cadavre d'une jeune fille nue et morte est découvert dans un fossé. Alors, il y a enquête. Nous suivons donc l'enquêteur dans son cheminement avec les questions d'usages :


Qui était-elle?

Où avait-elle passé la soirée?

Avec qui était-elle partie?

Qui d'autres a-t-elle pu rencontrer?


On s’aperçoit rapidement que dans le club que les jeunes fréquentent, il y a des clans qui ne se connaissent pas vraiment. Comme dans l'espace public, on est ensemble, mais sans vraiment l'être! Les universitaires, les paumés et les petits mafieux se croisent, mais ne se connaissent pas vraiment. Par contre, des histoires d'amour peuvent naitre et traverser ces frontières, car elles ne sont pas hermétiques. On est dans un monde ouvert. (13)


La même chose est vraie du secteur de la prostitution : il est ouvert! On y trouve ainsi les prostituées de métiers et les occasionnelles, pour faire des sous un soir ou pour avoir un trip d'adrénaline ! Montrer qu'on a le « guts » de le faire, mais sans ce sens du danger qui se développe avec le temps chez les prostituées d'expériences, ce qui fait qu'on vérifie la tête du client avant de s'embarquer.


Chez les clients, c'est pareil : il y a les habitués; ceux qui veulent savoir c'est quoi une fois dans leur vie et, finalement, ceux qui y sont entrainés alors que ce n'est pas du tout leur place et qu'ils auraient préféré être ailleurs. Quand ces derniers rencontrent celles dont ce n'est pas davantage la place, surtout s'ils se connaissent, il n'y a plus de codes, ni de moyens de défenses sociales possibles qui tiennent. Que des vérités nues qui peuvent faire mal, très mal. Dérapages assurés sans un excellent autocontrôle de ses émotions. Mais, la rationalité n'est pas toujours au rendez-vous dans ces situations extrêmement émotives, déjà que le client à l'impression de se trahir en trichant quelqu'un d'autre connu des deux!



Une jeune fille trouvée morte dans un fossé. L'inspecteur fait son enquête et on découvre que des gens de tous les milieux – bums, revendeurs de drogues, fonctionnaires, étudiant(e)s universitaires, prostituées - peuvent se croiser dans la rue, les bars, et sur le marché de la prostitution pour ne pas dire dans vie de tous les jours, car savez-vous qui est votre voisin ou la personne arrêtée au même feu rouge que vous? Fait divers pour les médias, mais drame pour la famille. Vu les séquelles, peut-on encore parler de la prostitution de façon banale, laissant croire que l'on peut faire cela sans conséquence et tout oublier le lendemain? La question se pose tant pour celle qui le fait que pour le client qui en use. Ce sont des questions à aborder en société. Ouvertement. C'est pour cette raison que même si cette pièce sera terminée au moment où mon texte sera en ligne (14), je recommanderais qu'elle soit reprise en tournée et dans des écoles secondaires/cégeps pour discussion. À défaut, sa lecture pourrait être recommandée pour les étudiants, car cette pièce fut publiée en français. (15)


Notes :


1. La dame aux camélias in Societas Criticus, Vol. 8 no 6 (septembre- novembre 2006), section Ciné et culture. Nous avons aussi parlé de prostitution dans Pour sortir des ornières de l’école et de la cour! (Édito du 31 aout 2003) in Societas Criticus, Vol. 5 no. 2 (Hiver 2003); Hypocrisie 101 (Édito du 28 janvier 2004) in Societas Criticus, Vol.6 no. 1; Nina (RIDM 08) in Societas Criticus, Vol. 10 no. 6 (Du 8 octobre 2008 au 4 décembre 2008).

2. www.lacles.org


3. Existe aussi toute une autre industrie qui profite du tourisme sexuel. Certains viennent ici, alors que d'autres, d'ici, vont ailleurs pour en profiter! Sur ce sujet, voir le Dossier de La presse sur le Tourisme sexuel en République dominicaine :

www.cyberpresse.ca/actualites/dossiers/tourisme-sexuel-en-republique-dominicaine/


4. Cela dit dans mes mots, mais c'est l'idée qu'elle présentait.


5. Richard Poulin est professeur de sociologie à l'Université d'Ottawa. (www.sciencessociales.uottawa.ca/soc/fra/profdetails.asp?id=297) Il a fait son doctorat à l'Université de Montréal, où je l'ai connu, car il était chargé de cours au moment où j'ai commencé mon bac en socio.

    6. Ces questions ne viennent pas du film, mais de moi, car j'ai déjà regardé de près le dossier « prostitution » alors que j'étais sur le C.A. d'un organisme communautaire de mon quartier. Ce n'est donc pas un hasard que je m'intéresse à cette question, d'autant plus que je suis aussi sociologue et que la prostitution pose des questions sur nos limites et notre organisation sociale. D'une part on la condamne en certains lieux, mais, d'autre part, on la tolère en d'autres places, certain(e)s y étant condamnés pour survivre. Elle pose donc des questions économiques, sociales, urbanistiques et éthiques. Je ne peux surtout pas prendre le terme de morale ici, car quelle est la morale d'une société qui condamne parfois des femmes à avoir recours à la prostitution pour survivre et la condamne en même temps du haut de sa morale?


7. Par contre, une fois ce fut mémorable, car je cherchais de l'information sur la communauté urbaine de Montréal et j'avais tapé CUM sur un moteur de recherche dont je ne sais plus le nom, car c'était bien avant Google, dans les années 90! À l'époque, il n'y avait pas non plus Wikipédia pour me dire que c'était « A sexual term, meaning to orgasm ». Quelle surprise de voir ainsi la CUM comme un étalage pornographique!


8. C'était justement la problématique que nous soulevions dans notre texte sur La dame aux camélias!


9. Un autre film sur le sujet, BO (Belgique / Regards sur les cinémas du monde / 2010 / Couleur / 90 min), vu au FFM et dont nous avons parlé dans Societas Criticus, Vol. 12 no 4. Ce film raconte l'histoire d'une jeune fille de 15 ans, Deborah, qui veut fuir sa banlieue et gouter aux plaisirs de la ville. Elle accompagnera donc Jennifer, sa nouvelle copine de 18 ans, qui l'entrainera dans la vie nocturne et la profession d'escorte!


10. Dans notre texte sur Rigoletto (Societas Criticus, Vol. 12 no 4) nous disions qu' « À talent égal, je crois que la très belle fille peut passer devant bien des gens, ce que semble confirmer un article de l'actualité ! » Et cet article, nous le citions dans une note :


« La beauté permet de modifier sa position sociale. Les écarts liés à l'apparence physique sont équivalents à plusieurs années d'études. Ils peuvent même être plus importants que les différences associées au sexe ou à la couleur de la peau », précise le sociologue français Jean-François Amadieu, directeur de l'Observatoire des discriminations et professeur de gestion à l'Université Paris I. (Source: Mercier, Noémi, Société: Bien paraître, ça rapporte!, l'actualité, 13 Août 2010: www.lactualite.com/societe/bien-paraitre-ca-rapporte).


11. Isabelle Hachey, Une prostituée pourrait faire tomber Silvio Berlusconi, in La Presse, publiée le 21 janvier 2011 :

www.cyberpresse.ca/international/europe/201101/21/01-4362259-une-prostituee-pourrait-faire-tomber-silvio-berlusconi.php

Une recherche Google avec Berlusconi + Ruby est aussi forte instructive !


12. Caroline Montpetit, La drogue happe les jeunes filles, in Le Devoir, 19 janvier 2011 : www.ledevoir.com/societe/actualites-en-societe/314957/la-drogue-happe-les-jeunes-filles


13. Un monde ouvert comme dans Montréal, ville ouverte même si l'action de la pièce se passe en Italie. On a des similitudes plus qu'on ne le veut avec ce pays. C'est que Montréal, qui fut une ville portuaire et ferroviaire, porte d'entrée du Canada au début du XXe siècle, à peu de distance des États-Unis, mais sans les problèmes raciaux de son voisin du Sud, était finalement un lieu de rencontre des cultures et d'amusements. Y foisonnaient les clubs de jazz (pensons au film Jack Paradise dont nous avons parlé dans notre Vol. 6 no. 1, début 2004), les cabarets, le jeu et la prostitution, bref tout ce qui attire la mafia. D'ailleurs, et les actualités le prouvent, notre mafia est bien réseautée avec les mafias italiennes et états-uniennes. Voir :


http://archives.radio-canada.ca/societe/criminalite_justice/clips/2851/


http://fr.wikipedia.org/wiki/Montr%C3%A9al_ville_ouverte


www.thecanadianencyclopedia.com/index.cfm?PgNm=TCE&Params=f1ARTf0005979


14. Vu l'importance du sujet et l'épaisseur de la documentation que j'avais, soit les deux films et la pièce, je ne pouvais pas aller au plus simple et au plus vite. Je me devais d'approfondir le sujet, question d'honnêteté intellectuelle.


15. Nature morte dans un fossé de Fausto Paravidino aux éditions L'Arche. Pour le livre : www.arche-editeur.com/arche.php?page=fick&num=437. Pour les droits de la pièce, dont une traduction québécoise, justement celle de Paul Lefebvre que nous avons vu à l'espace libre : www.arche-editeur.com/arche.php?page=fic&num=955


Hyperliens de références :


Vu l'importance de cette question, la prostitution, voici quelques liens pour en savoir davantage et trouver des ressources sur le sujet.


www.lacles.org (Concertation des luttes contre l'exploitation sexuelle, ou CLES)


Deux liens qui viennent de deux documents distribués par des bénévoles à la file de gens qui attendaient à la Grande Bibliothèque avant la projection de L'imposture aux RIDM 2010, cet automne :


www.maisondemarthe.com (Québec, QC)


http://sisyphe.org/ (Un regard féministe sur le monde)


Liens de notre page ressources :


www.chezstella.org (Par et pour les travailleuses du sexe)


www.centredollardcormier.qc.ca (s'adresse à toutes les personnes présentant un problème de dépendance ou d'abus d'alcool, de drogues ou de jeu résidant sur l'île de Montréal)


www.asrsq.ca (Ass. Services Réhabilitation Sociale du Qc)


Mouvement Ni Putes Ni Soumises : www.npns.fr


Quelques liens par Google :


www.amicaledunid.org (association d'aide et d'accueil des personnes prostituées, France)


www.sosfemmes.com


Prostitution, contacts et associations fournies par Doctissimo. Voir :

www.doctissimo.fr/html/sexualite/mag_2004/mag1029/8173-prostitution-contacts-aide.htm


Annexe


Le plus vieux mensonge du monde d'Ève Lamont


Des jeunes femmes témoignent de leur expérience dans la prostitution. Elles ont 13, 15 ou 21 ans. Qu’elles viennent d’un grand centre urbain ou d’une région éloignée, qu’elles résident au Québec ou en Colombie-Britannique, leurs parcours se recoupent. À travers leur histoire, ces femmes révèlent l’envers du décor, déboulonnent bien des mythes sur la prostitution et soulèvent les intérêts et les enjeux occultés.

Production LA CLES, 2009 — Durée : 30 min. 25 sec. Bande annonce :

www.youtube.com/watch?v=E-VooasD4T0


Ève Lamont a également réalisé L’imposture, un long métrage documentaire qui traite plus en profondeur de la prostitution, le fruit de quatre années de travail basé sur plus 75 entretiens. Celui-ci a récemment été présenté au RIDM et sortira en salle très bientôt.


La problématique de la prostitution est une dimension importante de Nature morte dans un fossé, pièce-choc de Fausto Paravidino. C’est pourquoi l’équipe d’Espace Libre et le metteur en scène Christian Lapointe ont décidé d’organiser des moments de réflexion sur ce sujet.


Dans ce film documentaire des jeunes femmes témoignent de leur expérience dans la prostitution. Elles ont 13, 15 ou 21 ans. Qu’elles viennent d’un grand centre urbain ou d’une région éloignée, qu’elles résident au Québec ou en Colombie-Britannique, leurs parcours se recoupent. À travers leur histoire, ces femmes révèlent l’envers du décor, déboulonnent bien des mythes sur la prostitution et soulèvent les intérêts et les enjeux occultés.

L'imposture d'Ève Lamont

http://vimeo.com/16641741

http://www.rapideblanc.ca/


QUELLES POLITIQUES ADOPTER POUR VENIR EN AIDE AUX VICTIMES DE LA PROSTITUTION?


Brisées, violées, écœurées, dans le trou... Les prostituées en ont vraiment ras le bol. Pourtant, la prostitution est un cercle vicieux où il est beaucoup plus facile d’entrer que de sortir. Dans son plus récent film, Ève Lamont (Squat, Pas de pays sans paysans) s’attaque au dossier chaud des « vendeuses de rêves ». Pendant plus d’un an, elle suit quelques-unes de ces adolescentes et de ces femmes dans leur démarche de réintégration à la société. Un chemin long et solitaire, puisque les politiques sociales pour leur venir en aide sont inexistantes, et que leur unique support provient d’organismes communautaires. Un chemin abrupt qui les mènera possiblement à l’appropriation de leur vie... ou à la délivrance dans la mort. (SG)


Pays : Québec

Année : 2010

V.O : Français

Durée : 93 min

Image : Ève Lamont

Montage : Louise Dugal

Son : Claude Beaugrand

Production : Les Productions du Rapide-Blanc

Filmographie : Squat ! (2003), Pas de pays sans paysans (2005)

Séances : 18 NOV, 20 NOV 2010 à la Grande Bibliothèque


Nature morte dans un fossé

Théâtre Blanc et Théâtre l’Escaouette

www.theatreblanc.qc.ca

www.escaouette.com

CODIFFUSION Espace Libre

www.espacelibre.qc.ca



Nature morte dans un fossé est un polar théâtral. Une jeune fille est retrouvée morte dans un fossé. Est-ce que mourir est un choix? Les victimes connaissent-elles toujours leur assassin? Leur vie court-elle vers ce rendez-vous-là?


La trame de ce thriller narratif est construite comme un Rubik’s Cube où la solution apparaît soudainement au dernier mouvement. Utilisant toujours la forme monologuée, les personnages de cette pièce se situent dans plusieurs espace-temps à la fois : passé, présent et futur. L'absence de certains personnages, simplement cités, donne place à un travail de choralité propre au genre tragique. Ce texte offre tous les ancrages nécessaires à l'élaboration d'un langage théâtral inusité, mais qui frappe au cœur.


Après Faisceau d'épingles de verre de Claude Gauvreau et Shopping and F***ing de Mark Ravenhill, Nature morte dans un fossé est la troisième mise en scène de Christian Lapointe hors de sa propre compagnie. Il montre à travers l’écriture talentueuse de Fausto Paravidino, jeune auteur prodige italien, l’audace qu’on lui connaît dans ses propres créations. Le spectacle est une magnifique synthèse de plusieurs collaborations, portant sa signature caractéristique : le Théâtre de L’Escaouette de Moncton, le Théâtre Blanc de Québec et le collectif de concepteurs Cinaps, dont le metteur en scène fait également partie. Créée en 2009 à Québec, la production a aussi été présentée à Moncton et à Ottawa.


L’Arche Éditeur, pour la version française originale


AUTEUR : FAUSTO PARAVIDINO

TRADUCTION : PAUL LEFEBVRE

MISE EN SCÈNE : CHRISTIAN LAPOINTE

SCÉNOGRAPHIE, ÉCLAIRAGES ET ACCESSOIRES : JEAN HAZEL ET JEAN-FRANÇOIS LABBÉ

VIDÉO : LIONEL ARNOULD

CONCEPTION SONORE : MATHIEU CAMPAGNA

RECHERCHE COSTUMES : HUGUETTE LAUZÉ

DISTRIBUTION : MARCIA BABINEAU, STÉPHANIE DAVID, JEAN-MICHEL DÉRY, CHRISTIAN ESSIAMBRE, KEVIN MCCOY, MARIO MERCIER

PHOTO : NICOLAS FRANK VACHON



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D.I., Delinkan Intellectuel, revue d’actualité et de culture


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AVIS


Révisé le 21 décembre 2008


Dans les commentaires cinés, de théâtres ou de spectacles, les citations sont rarement exactes, car même si l’on prend des notes il est rare de pouvoir tout noter exactement. C’est généralement l’essence de ce qui est dit qui est retenue, pas le mot à mot.


Je ne fais pas non plus dans la critique, mais dans le commentaire, car de ma perspective, ma formation de sociologue, le film est un matériel et nourrit une réflexion qui peut le dépasser. Certains accrocheront sur les décors, les plans de caméra, le jeu des acteurs ou la mise en scène, ce qui m’atteint moins. Moi, j’accroche sur les problématiques qu’il montre et les questions qu’il soulève. Le film est un matériel sociologique; un révélateur social, psychosocial, socioéconomique ou sociopolitique par exemple. C’est ainsi que sur de très bons films selon la critique, je peux ne faire qu’un court texte alors que sur des films décriés en cœur, je peux faire de très longues analyses, car le film me fournit du matériel. Je n’ai pas la même grille, le même angle, d’analyse qu’un cinéphile. Je prends d’ailleurs des notes durant les projections de presse que je ne peux renier par la suite, même si je discute avec des confrères qui ne l’ont pas apprécié de la même manière que moi, Je peux par contre comprendre leur angle et je leur laisse. J’encourage donc le lecteur à lire plusieurs points de vue pour se faire une idée plus juste.

Peut être suis-je bon public aussi diront certains, mais c’est parce que je prends le film qu’on me donne et non celui que j’aurais fait, car je ne fais pas de cinéma, mais de l’analyse sociale! (Je me demande parfois ce que cela donnerait avec une caméra cependant.) Faut dire que je choisis aussi les films que je vais voir sur la base du résumé et des « previews », ce qui fait que si je ne saute pas au plafond à toutes les occasions, je suis rarement déçu aussi. Si je ne suis pas le public cible, je l’écris tout simplement. Si je n’ai rien à dire ou que je n’ai pas aimé, je passerai plutôt mon tour et n’écrirai rien, car pourquoi je priverais le lecteur de voir un film qui lui tente. Il pourrait être dans de meilleures dispositions pour le recevoir et l’aimer que moi. Alors, qui suis-je pour lui dire de ne pas le voir? Une critique, ce n’est qu’une opinion après tout. Une indication qu’il faut savoir lire, mais jamais au grand jamais une prescription à suivre à la lettre. C’est d’ailleurs pour cela que je fais du commentaire et non de la critique.


Michel Handfield, d’abord et avant tout sociologue.


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Nouveaux livres reçus


Bohler, Sébastien, 2010, LA TÉLÉ NUIT-ELLE À VOTRE SANTÉ ?, France : Dunod, Avec un index, à souligner pour un livre en langue française! www.somabec.com


Pour mieux comprendre comment les médias vous manipulent


Pourquoi zappons-nous en permanence devant notre télévision? Pourquoi lisons-nous la presse people? Pourquoi aime-t-on manger des chips en regardant un film d'angoisse? Pourquoi les pubs font-elles rire? Pourquoi retient-on plus facilement les publicités pour les grandes marques? Pourquoi ne supportez-vous pas que le journaliste coupe la parole à son invité?


Cet ouvrage, en retraçant plus de 150 expériences effectuées en laboratoire ou en conditions réelles, détaille les méthodes utilisées par les médias pour façonner nos goûts, nos préférences, nos haines ou nos envies. Un livre salutaire... pour mieux comprendre comment on vous manipule !


DUNOD, 2e éd., 2010, 256 p.

Collection : PETITES EXPERIENCES DE PSYCHOLOGIE

Format : 14X22

ISBN 9782100551668 $32.95



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DI a vu! (Ciné, Théâtre, Expositions et quelques annonces d’événements)


FUNKYTOWN

www.funkytown-lefilm.com/fr/


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 13 no 2, Textes ciné et culture : www.societascriticus.com


RÉALISÉ PAR DANIEL ROBY ET ÉCRIT PAR STEVE GALLUCCIO

Mettant en vedette Patrick Huard, Justin Chatwin, Paul Doucet, Sarah

Mutch, Raymond Bouchard, François Létourneau, Geneviève Brouillette et Sophie

Cadieux. Distribué par Remstar et produit par Caramel Films


FUNKYTOWN nous plonge dans le Montréal des années ’70. Écrit par Steve Galluccio et réalisé par Daniel Roby, ce long métrage nous ramène en 1976.


Le Québec se croyait à la veille de devenir un pays, Montréal voulait devenir la

métropole la plus courue en Amérique du Nord, et une mode appelée « Disco »

influençait toute une génération.


FUNKYTOWN raconte l’histoire de sept personnages qui tentent de se tailler une place dans cet univers d’excès où tout était permis alors que, pour l’espace d’un moment, le disco était roi.


Commentaires de Michel Handfield (02/01/2011)


Montréal 1976.


La vie à 150 à l'heure. Bastien Lavallée (Patrick Huard) fait de l'animation au Starlight (on reconnait le Limelight), à la radio, à la télé et pour des commanditaires. Il est hot! Mais, est-il heureux ? Était-ce son plan de vie ? On peut penser à Alain Montpetit (1), animateur vedette de CKMF (2) à l'époque disco. Si on parle de CKMF, on ne peut oublier Douglas Coco Leopold, que l'on reconnait ici dans Jonathan (Paul Doucet). Extraverti, mais intelligent, naturellement communicatif et cultivé ! Le film rend bien le personnage public de l'époque qu'était Coco Leopold ; celui qui faisait de la promotion en décrétant ce qui est in et out à Montréal. Tous deux sont bien placés pour en tirer des avantages. Mais, la plupart des animateurs le faisaient, car ils attiraient des gens dans les clubs et restaurants où ils allaient et incitaient leurs auditeurs à consommer ce dont ils parlaient ! C'était de la business!


Cependant, Douglas Leopold était venu faire une allocution à l'Université de Montréal au tournant des années 80 et on voyait qu'il avait des bases solides, ce que ne percevaient pas nécessairement les auditeurs qui écoutaient le personnage. (3)


À l'époque, si j'écoutais majoritairement Radio-Can, j'écoutais aussi CKMF. J'avais même fait un travail de sociologie sur l'observation des caractères sociaux dans les discothèques. C'était en 1979. De mémoire j'étais allé à l'Octogone (au bord de la Rivière des Prairies), disco Plaza (rue St-Hubert), le 727 (Place Ville-Marie) et une disco au sous-sol d'un hôtel du centre-ville,le Windsor je crois ! Par contre, je n'avais pas fait le Limelight. Pour prendre des notes, même discrètement, ça n'aurait probablement pas passé. Bref, avec l'expérience des discos que j'ai eue entre 78-79, car c'était à la mode, je trouve que ce film décrit bien l'époque.


Puis, au tournant des années 80, arrivent de nouveaux phénomènes musicaux, comme le new-wave et le punk. Quelques années plus tard ouvraient les foufounes électriques! (4) Le rock reprenait aussi sa place. Que sont devenus Village People qui chantaient YMCA ? (5) Par comparaison, les Rolling Stones sont revenus à l'avant-scène (6) et la première édition du Festival international de jazz de Montréal (7) a eu lieue en 1980 ! Ce festival fêtera ses 31 ans cette année alors que le disco fait l'objet d'un film historique ! Que cette musique ait fait danser les gars, ce n'était cependant pas rien ! Pour voir les filles bien souvent, mais, quand même, la danse sociale n'a jamais aussi bien réussi que le disco à faire se trémousser l'hétéro !


Le fait que l'on pouvait se trémousser seul, sans partenaire, et même être extraverti, cela a fait que tant l'homosexuel que l'hétéro pouvaient danser sans trop se faire remarquer et même se côtoyer sur la même piste de danse. Ce fut certainement une période qui a contribué à ouvrir les esprits. D'ailleurs, le Limelight (dont le Starlight est le clone !) avait un étage réservé aux homosexuels dans les années 70 à Montréal ! Tout un changement de mentalité avec les années précédentes où la communauté gaie était davantage cachée. On venait de passer des « tapettes » aux gaies, soit une évolution des mentalités. Après cela, ça ne pouvait qu'évoluer au point qu'on a maintenant un quartier gai à Montréal et que bien des gais ont maintenant une vie anonyme comme les autres ! Mais, il fallait d'abord qu'ils se montrent pour être reconnus et enfin en arriver là, ce à quoi la mode disco a contribué. Pensons notamment au groupe Village People, un symbole du mouvement gai à l'époque (8), mais aussi populaire chez les hétéros !


Cette époque en était une d'apparences ! Mimi (Geneviève Brouillette), la chanteuse laissée sur le carreau par la vague disco, arrive en autobus et débarque à quelques coins de rue pour marcher jusqu'au Starlight, où il faut être vu ! Elle saura par contre profiter du lift de Bastien Lavallée pour entrer sous les projecteurs ! Le milieu artistique local voulait profiter de la manne et se mettait au disco! Des vedettes pops ont d'ailleurs repris des tubes « dances » en français ! Mais, Mimi ne passerait pas selon son producteur.


Elle aura sa revanche avec les jeunes punks qui propulsent sa musique « démodée » vers de nouveaux horizons. J'ai cherché qui elle aurait pu être, car s'il y eut une Mimi Hétu dont elle aurait pu être inspirée, cette dernière n'est plus dans le domaine de la musique. (9) D'après une entrevue autour du film, le personnage de Mimi est un montage de diverses chanteuses. (10)


Pour les jeunes, d'être vue dans une discothèque en vue ou dans une émission de danse en direct, ça avait son effet. C'était avant la téléréalité et l'internet. C'est ce qu'on représente avec le couple de jeunes, Tino et Tina, qui se font remarquer sur le plancher du Starlight. Ils sont illico repêchés pour danser dans Party disco danse, animée par Bastien à la télé.


Aujourd'hui, les clubs peuvent avoir leur « Hall of Fame » sur l'internet (11), mais les discothèques sont beaucoup moins nombreuses qu'autrefois et s’appellent rarement ainsi. Ce sont maintenant des « dance club » ou des boites de nuit. (12) Plus spécialisées, si certaines boites font dans le disco, d'autres font dans le country, le Latin et les années'80 par exemple. À côté, d'autres types de clubs et de cabarets, incluant les cafés, existent, diffusant des musiques alternatives, jazz, blues, rock, métal, et du monde pour ne nommer que celles-là! Puis, de nouvelles musiques sont nées sur les cendres du disco, comme l’House par exemple. (13) Bref, s'il y a une chose à retenir, c'est que les choses se sont complexifiées ! La restauration s'est aussi développée comme expérience de sorties. D'ailleurs, la mode qui était autrefois aux émissions musicales à la télé est maintenant aux émissions culinaires. Chaque canal a maintenant ses émissions de cuisines et ses chefs vedettes !


Tino cèdera cependant à Jonathan, mais se donnera des justifications. C'est que sa blonde ne veut pas coucher avant le mariage ! Puis, de toute manière, ce n'est pas lui qui offre son cul à l'autre. Il agit en homme, car il pénètre ! Si cela a fait rire l'assistance, il y a là un fondement psychologique. À preuve, ce passage d'un livre récent (2009) sur « Toi, moi… et l'amour! », soit l'Antimanuel de psychologie :


« Les garçons, eux, doivent renoncer au féminin en ayant une conscience très précise du danger que cela représenterait d'être rattrapé par lui. C'est à ce moment-là que, pour eux, le féminin devient une menace, la menace absolue : celle d'être castré et de retourner à la passivité fondamentale. Puisque le masculin pénètre et que le féminin est pénétré en ne s'en extrayant pas, il risque d'être pénétré passivement, et c'est la pire chose qui puisse lui arriver... La pire chose et la meilleure, puisqu'il garde en lui le délice de ses mois de petite enfance où il se laissait passivement porter, soigner, envelopper, baigner et pénétrer par l'amour de sa mère. » (14)


Ce film nous fait un descriptif intéressant de l'époque, avec l'envers du décor. Par exemple, certains font leur travail parce que ça rapporte, mais dans leur for intérieur, c'est autre chose qu'ils auraient préféré faire, comme d'être un comédien reconnu pour Bastien.


Pour oublier leur rêve et tenir le coup, car ils sont en demande de jour comme de nuit, c'est le recours aux paradis artificiels, à des filles de passage et à la drogue (coke), cette dernière aidant à soutenir le rythme ! De toute façon ils font de l'argent et sont les Kings de la ville. Qu'ont-ils à craindre ?


Certains, comme Bastien, bousilleront leur couple et leur vie, mêlant le réel et l'envers du décor. Avec la drogue on ne sait jamais quand arrivera la descente aux enfers, mais elle viendra un jour ou l'autre si on en abuse. Et comme il est facile d'en abuser, c'est presque inévitable.


Film choral, c'est-à-dire que l'on suit plusieurs personnages, ce mélange des personnages et de leurs réalités trace un excellent topo du Montréal de cette époque. Les derniers moments de liberté avant l'arrivée du sida, car maintenant les jeunes et moins jeunes doivent penser à leurs actes ! Après la fête, il faut se responsabiliser et ramasser les dégâts ! L’insouciance venait de se terminer.


Notes :


1. http://fr.wikipedia.org/wiki/Alain_Montpetit


2. http://fr.wikipedia.org/wiki/CKMF-FM


3. Un extrait de la voix de Douglas Coco Leopold trouvé sur internet : www.radioego.com/ego/listen/1815. Cependant, je n'ai rien trouvé de très significatif sur Douglas Leopold à part cela. Peut-être que le film permettra de documenter ce personnage sur l'internet.


4. www.foufounes.qc.ca


5. http://fr.wikipedia.org/wiki/Village_People


6. www.rollingstones.com

http://fr.wikipedia.org/wiki/The_Rolling_Stones


7. Festival international de jazz de Montréal : www.montrealjazzfest.com


8.Cité de Wikipédia sur Village People. Voir note 4.


9. Sur Mimi Hétu: www.youtube.com/watch?v=7kjwXVmyBgE


10. Funkytown : les années 70 vues par Steve Galluccio, entrevue de Steve Galluccio à François Bernier sur le site d'« être en ligne » : www.etremag.com/2011/01/funkytown-les-annees-70-vues-par-steve-galluccio-2708


11. Trois exemples : www.fuzzylaval.com ; www.tops-laval.com ; et

www.promoclub737.com/2010/french/index.html. D'autres le font sur Facebook ou sur You Tube.


12. www.highwayhome.com/travel/tourismbycity/montreal/montrealnightspots.html


13. http://fr.wikipedia.org/wiki/House_music


14. Hefez, Serge, 2009, Antimanuel de psychologie. Toi, moi… et l'amour!, France: BRÉAL, 2009, 264 p., Format : 14X20,5, ISBN 9782749509181. Distribution pour le Québec: www.somabec.com, p. 167


Hyperliens de références :


http://fr.wikipedia.org/wiki/Disco


Sur le Limelight :

www.myspace.com/limelightmontreal

www.limelightmontreal.com/music.html

www.discomusic.com/clubs-more/6048_0_6_0_C/

http://www.youtube.com/watch?v=mAw053O_eZM


Studio 54 :

http://fr.wikipedia.org/wiki/Studio_54_(discoth%C3%A8que)


Pour différents vidéos d’Où sont passées nos idoles, voir You Tubes :

www.youtube.com



Werther : tempête et passion


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 13 no 2, Textes ciné et culture : www.societascriticus.com


Jules Massenet à l'opéra de Montréal

www.operademontreal.com/fr/programmation/werther.html

À l’affiche les 22.26.29.31 janvier 2011 et 3 février 2011 à 20h


Genre : drame lyrique.

Structure : en quatre actes.

Langue : en français avec surtitres français et anglais.

Livret : Édouard Blau, Paul Milliet et Georges Hartmann, d’après Goethe.

Création : Hofoper de Vienne, 16 février 1892, en allemand ; Paris, Opéra-Comique, 16 janvier 1893, en français

Dernière production à l’Opéra de Montréal (version pour ténor) : septembre 1994.

Première à l’Opéra de Montréal (version pour baryton)

COSTUMES : Les designeures québécoises Barilà : www.barilaclothing.com


Tous les opéras sont présentés en langue originelle, avec surtitres bilingues projetés au-dessus de la scène. Pour tous les renseignements sur l'opéra de Montréal : www.operademontreal.com


Commentaires de Michel Handfield (01/29/2011)


Le roman « Les souffrances du jeune Werther » de l’écrivain allemand Johann Wolfgang Goethe date de 1774. (1) La création de l'opéra date de 1892 et 93, soit à Vienne, le 16 février 1892, en allemand et à l'Opéra-Comique (Paris), le 16 janvier 1893, en français. (2) La musique est de Massenet (3) et le livret d'Édouard Blau, Paul Milliet et Georges Hartmann. (4) C'est dire qu'il a dû être modernisé par rapport au temps du texte, un siècle plus tôt. Mais, le sujet étant psychologique, il se prête bien à des relectures plus contemporaines.


À l'opéra de Montréal, le décor était première moitié du XXe, mais on ne pouvait trop dire exactement, vu l'habillement, le vélo et les meubles de jardin. Disons l'entredeux-guerre ! Le sujet étant psychologique, ce n'est cependant pas un problème que de le moderniser. On pourrait même en faire un opéra futuriste, question de décors et de costumes tout simplement, mais la trame resterait la même.

Tempête et passion !


C'est un drame psychologique, mais cela donne un opéra romantique. Plus théâtral, on n'y voit pas de grandes effusions comme on en voit parfois à l'opéra. Par contre, beaucoup se passe par la musique, ce qui fait que le jeu des chanteurs et chanteuses est très important, car ils ont plusieurs passages à jouer sans chanter, mais doivent quand même faire passer l'émotion. Elle n'est parfois que dans le geste, soutenu par la musique. On dialogue même dans cet opéra ! En ce sens, il est Français !


On a aussi moins de personnages que dans d'autres opéras, pas de grands cœurs non plus et moins de grandes envolées lyriques. Quand il y avait un cœur, c'était celui des quelques enfants sur scène, car on se retrouve dans une famille nombreuse. Cependant, la distribution doit porter l'action, sinon la pièce ne se tiendrait pas. Moi, qui aime tant la musique classique que le théâtre, j'étais au mariage des deux arts par cet opéra. Les frontières s'ouvrent d'ailleurs de plus en plus entre les différents arts de la scène. Ainsi, Elijah Moshinsky, à qui l'on doit la mise en scène originale, œuvre aussi pour le théâtre, le cinéma et la télé. (5) Il est appuyé ici de Christopher Dawes. (6)


Le premier acte s'ouvre en été, vu les champs derrière. Charlotte s'occupe de ses jeunes frères et sœur à la maison familiale, car sa mère est décédée. Puis, Werther, qui passe par là, l'invite au bal du soir, vu que son fiancé est en voyage. Cependant, il en tombe éperdument amoureux de la voir faire avec les enfants...


À son retour du bal, Charlotte a la surprise de trouver son fiancé (Albert) qui l'attend, car il est revenu à l'improviste. Malgré les sentiments de Werther, quelle semble partager, c'est Albert qu'elle épousera comme sa mère lui a fait jurer de le faire sur son lit de mort, car le second acte s'ouvrira sur les noces d'or du pasteur et le couple annoncera à Werther qu'ils sont mariés depuis peu. Ils essaient même de l'aider, mais il n'y a rien à faire : Werther est incapable de passer à autre chose. Même si la sœur cadette de Charlotte, Sophie, lui montre du béguin, il ne la voit tout simplement pas. Accroché dur, il aura beau s'éloigner, il ne l'oubliera pas.


Il revient la veille de Noël (3e acte) toujours aussi éperdu. On a droit à un espace de chaste sentimentalité entre les deux, mais cela ne fera que le bouleverser davantage. Il dira vouloir quitter la ville et empruntera les pistolets d'Albert pour ce long voyage, mais Charlotte sait les sentiments de Werther. Alors, dès qu'elle le pourra (4e acte) elle se rendra à son appartement pour le dissuader, mais elle le trouvera mortellement atteint. Contrairement aux opéras plus classiques, on n'ira pas vers le meurtre, ni le double suicide des amoureux, même si elle lui avouera qu'elle a eu un sentiment pour lui. Il mourra cependant dans ses bras en lui demandant de le garder à sa mémoire. Un accroché vrai pour une seule sortie !


Suicidé d'amour et de peine.


Cet opéra nous fait voir la profondeur abyssale du désespoir. Sociologiquement parlant, on est dans Durkheim, avec le suicide, plutôt que dans le crime passionnel comme on en voit souvent dans les opéras. Le suicidé, Werther, n'entrainera pas avec lui Charlotte, la raison de sa passion !


Il est cependant conscient de ce qu'il fera, car il a annoncé plus d'une fois à Charlotte qu'il se tuerait s'il ne pouvait l'oublier. Il avait même planifié Noël pour passer à l'acte, comme un cadeau empoisonné : je m'enlève du chemin, mais tu auras toujours ce jour en tête !


Comme elle est allée le retrouver pour le dissuader de ses projets funestes, mais trop tard, il se la liera psychologiquement en lui dictant ses dernières volontés : où il veut être enterré s'il n'a pas accès au cimetière, car l'église bannissait les suicidés à cette époque, ce dont il était pleinement conscient (7) ; de le visiter et de fleurir sa tombe pour qu'on ne l'oublie jamais ; pour qu'elle ne l'oublie pas !


Vu le sujet, le désespoir et le suicide, le lecteur trouvera quelques hyperliens vers des organismes de prévention du suicide suite aux notes et avant une courte biographie.


L'essence des classiques !


Personnellement, j'aime ces relectures des classiques, car il en ressort l'essence de l'Être. Comme pour Machiavel, Zola, Socrate, Rousseau ou « La belle et la bête » que nous avons vu au TNM la veille de cet opéra. (8) Ceci nous rattache à l'histoire de l'humanité et est une façon de conserver une mémoire d'où l'on vient. Une façon de nous rappeler que nous ne sommes pas des électrons libres comme on veut trop souvent nous le laisser croire pour des raisons purement commerciales et politiques qui focalisent sur notre individualité en oubliant notre sociabilité. Nous sommes des êtres sociaux et politiques. Sans les autres (interactions) et les institutions, nous ne serions pas ! Sans un effort collectif, il n'y aurait ni école, ni hôpitaux ; ni théâtres, ni opéras ; ni routes, ni métro ; ni sports, ni Rock'n Roll; car c'est l'organisation sociale qui nous permet de nous donner ces choses par notre solidarité, parfois forcée, à travers l'État.


L'Homme est un individu social ! Replié sur lui même, avec une idée fixe, il devient un ermite, une bête ou un suicidé en attente ! Il est piégé par ses propres limites et ne peut plus rien attendre des autres. C'est le désespoir; le désespoir du jeune Werther !


Notes :


1. Ce titre se trouve en anglais The Sorrows of Young Werther par Johann Wolfgang von Goethe sur Project Gutemberg : www.gutenberg.org/ebooks/2527. Voir aussi http://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Souffrances_du_jeune_Werther


2. http://fr.wikipedia.org/wiki/Werther_(opéra)


3. http://fr.wikipedia.org/wiki/Jules_Massenet


4. http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89douard_Blau

http://fr.wikipedia.org/wiki/Paul_Milliet

http://fr.wikipedia.org/wiki/Georges_Hartmann


5. À ce sujet, voir :

www.filmreference.com/film/92/Elijah-Moshinsky.html


6. Malheureusement, son nom ne m'a rien donné de significatif sur Google.


7. L'église reconnait maintenant que ce peut être un malêtre psychologique ou un désespoir maladif. Les suicidés ont donc droit à un service funéraire, sauf de rares exceptions. Mais, comme je ne suis pas expert sur cette question, voir :

http://fr.wikipedia.org/wiki/Point_de_vue_religieux_sur_le_suicide


8. La Belle et la Bête (Théâtre), vu la veille au TNM, de l'autre côté de la rue Sainte-Catherine.


Hyperliens :


Centre de Prévention du Suicide de Québec : www.cpsquebec.ca


Suicide action Montréal : www.suicideactionmontreal.org


Centre de liaison sur l'intervention et la prévention psychosociale :

www.clipp.ca


Psy Internet : www.psynternaute.com


Bibliographie et hyperliens de références :


Durkheim, Émile, Le suicide. Étude de sociologie (1897). Paris: Les Presses universitaires de France, deuxième édition, 1967, 462 pp. Collection: Bibliothèque de philosophie contemporaine. Texte téléchargeable sur http://classiques.uqac.ca/classiques/Durkheim_emile/suicide/suicide.html


Machiavel, 1532, Le prince : http://fr.wikisource.org/wiki/Le_Prince


Rousseau, Jean-Jacques, 1762, Du contrat social :

http://fr.wikisource.org/wiki/Du_contrat_social


Socrate: http://fr.wikipedia.org/wiki/Socrate


Zola : http://fr.wikipedia.org/wiki/Zola


La belle et la bête : http://fr.wikipedia.org/wiki/La_belle_et_la_b%C3%AAte


Annexe :


L’Opéra de Montréal met à l’affiche, pour la première fois, la version pour baryton du classique français Werther de Jules Massenet, d’après le roman épistolaire de Goethe. À l’affiche les 22.26.29.31 janvier 2011 et 3 février 2011 à 20h, à la salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts.


L’œuvre


En 1774, l’écrivain allemand Johann Wolfgang Goethe publie un roman, Les souffrances du jeune Werther. Succès immédiat et durable, cette œuvre demeure un des fondements du romantisme. Le drame tient en quelques mots : Le poète Werther aime Charlotte. Mais, pour obéir à un vœu de sa mère, Charlotte doit épouser Albert. Désespéré, Werther s’enfuit d’abord. Mais à son retour, cet amour impossible finira dans la mort. Sur cette trame dépouillée, Massenet compose une partition puissante et raffinée.


La production


Déjà présenté deux fois au cours des trente-et-un ans d’existence de l’Opéra de Montréal (en 1982 et en 1994), le chef-d’œuvre de Massenet sera interprété cette fois-ci dans la très rare version pour baryton. Bien que le rôle-titre soit habituellement la chasse gardée des ténors, Massenet a réalisé une adaptation pour voix plus grave, afin d’accommoder un baryton qu’il admirait.


Digne d’admiration lui aussi, le baryton canadien Phillip Addis, étoile montante de la scène lyrique, prêtera sa voix à Werther. Déjà applaudi à Montréal en 2008 dans Les pêcheurs de perles, il a connu un triomphe à Paris l’an dernier, en interprétant le rôle écrasant de Pelléas, dans l’opéra mythique de Debussy. Sa Charlotte sera la mezzo Michèle Losier, autre jeune vedette du monde de l’opéra. Depuis ses débuts remarqués au Metropolitan Opera en 2007, elle a foulé les scènes les plus prestigieuses, dont la Scala de Milan, côtoyant au passage des grands noms du chant, tel Plácido Domingo.


Les designeurs Barilà : Sophistication et sobriété


La musique passionnée et élégante de Massenet trouvera son écho dans les costumes des designeures montréalaises parmi les plus réputées du moment : Claudia et Sabrina Barilà. Cette collaboration entre la mode et l’opéra constitue une autre première à MontréalMontréal !


À venir pour la saison 2010-11

www.operademontreal.com

Billetterie de la Place des Arts

514-842-2112 • 1 866 842-2112



ANOTHER YEAR DE MIKE LEIGH

À L’AFFICHE DÈS LE 28 JANVIER


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 13 no 2, Textes ciné et culture : www.societascriticus.com


Montréal, lundi 20 décembre 2010 – Métropole Films est heureuse d’annoncer la sortie du long métrage ANOTHER YEAR, du réalisateur anglais Mike Leigh (Secrets et mensonges; Vera Drake). Présenté en compétition officielle lors du dernier Festival de Cannes, le film prendra l’affiche à Montréal et Québec le 28 janvier prochain.


Printemps, été, automne et hiver. La famille et l'amitié. Amour et réconfort. Joie et peine. Espoir et découragement. La fraternité. La solitude. Une naissance. Une mort. Le temps passe...


S’imposant comme l’un des plus brillants observateurs de l’Angleterre contemporaine, Mike Leigh signe, avec ANOTHER YEAR, son quatrième film à se retrouver en compétition à Cannes, près de 15 ans après avoir remporté la Palme d’or pour Secrets et mensonges (1996). ANOTHER YEAR met en vedette ses acteurs fétiches Jim Broadbent (Topsy Turvy) et Ruth Sheen (Vera Drake).


ANOTHER YEAR prendra l’affiche à Montréal en version originale anglaise et en version sous-titrée en français et à Québec, en version sous-titrée en français le 14 janvier prochain.


Commentaires de Michel Handfield (01/14/2011, mis en ligne le 29-01)


On se retrouve dans une quotidienneté britannique, voire londonienne. Ce qui m'a frappé, du Montréal francophone dont je suis issu malgré mon nom d'origine britannique (1), c'est une certaine ressemblance avec ici, exception faite de la langue. On ressemble peut-être davantage aux Londoniens qu'aux Parisiens dans nos façons d'être.


Un an, jour après jour, ça change dans la quotidienneté sans qu'on s'en rendre vraiment compte. Par contre, pris par tranches saisonnières comme le fait ce film, on voit mieux ces changements de la vie qui apparaissent pourtant imperceptibles autrement. C'est là la beauté du cinéma comme outil de réflexion et de conscientisation.


Printemps, été, automne et hiver. Quatre saisons de l'année, mais aussi quatre temps de la vie ! On le voit avec les parents (automne) qui deviendront surement grands parents (hiver)! Mais aussi avec leur fils (été), qui leur présente son amie, ce qui dérange l'amie de sa mère, une célibataire qui se croit encore en été alors qu'elle est plutôt début octobre ! Elle le trouvait de son gout ! Elle pourrait être pathétique, mais elle souffre vraiment d'un malêtre, ce qui fait que j'avais une certaine sympathie pour elle.


Bref, un film psychosociologique sur la vie ; un film d'observation que j'ai bien aimé pour ce qu'il est finalement : lent, beau et réflexif, car il nous renvoie en quelque sorte notre image!


Note :


1. Mon nom me vient d'un ancêtre du temps de la conquête ! Un très beau site sur la généalogie et l'histoire des Handfield existe d'ailleurs sur l'internet et je me dois de le souligner même si je ne suis pas très généalogie : www.handfield.ca



UNE VIE QUI COMMENCE

À l’affiche depuis le 21 janvier


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 13 no 2, Textes ciné et culture : www.societascriticus.com


Un film de Michel Monty

Produit par Josée Vallée et Pierre Even


Mettant en vedette François Papineau, Julie LeBreton et le jeune Charles-Antoine Perreault. Rita Lafontaine et Raymond Cloutier font également partie de la distribution.


Ce film s’est mérité le Bayard d’Or de la Meilleure première œuvre lors du 25e Festival international du film francophone de Namur. Présenté également en ouverture de la 14e édition de Cinéma du Québec à Paris, le 22 novembre dernier, UNE VIE QUI COMMENCE a obtenu un très bel accueil du public français.


Nous sommes au début des années 60 à Montréal. Jacques Langevin, médecin et père de famille, a tout pour être heureux. La vie de sa famille bascule lorsqu'il disparait subitement. À travers les yeux d'Étienne, l'ainé des trois enfants, nous suivons une famille qui doit composer avec cette nouvelle réalité.


Commentaires de Michel Handfield (01/25/2011)


Les années 60, pas de ceintures de sécurité en auto et un paquet de cigarettes d'urgences dans la trousse du médecin! C'était une autre époque, où l'on fumait dans les chambres d'hôpital ! Par contre, pour les relations sociales, surtout père/fils, les choses ont-elles vraiment changée ? Pas vraiment.


Ces relations sont toujours aussi conflictuelles, le père voulant que le fils atteigne ses rêves et le fils voulant suivre sa propre voie ! Ainsi, Jacques Langevin n'est pas spécialiste et son père le prend de haut. Lui, il veut faire une pratique plus sociale et y intègre l'hypnose, ce qui est nouveau à l'époque, mais pas apprécié de tous à l'hôpital. Surtout pas de son père, qui est aussi sur le C.A. de l'institution. Malheureux dans ce rôle et à même de prendre des médicaments, on peut imaginer la suite.


À la mort de son père, Étienne a donc un choc. Ce père parfait, il le voudrait encore là ! Il tente donc d'être lui, puisqu'il aspirait à être comme son père de toute façon. C'est juste qu'il doit le devenir plus tôt ! Toute une commande qu'il se donne, à commencer par porter son habit neuf en tout temps, car c'est « comme ça que ça s'habille un homme » lui répétait son paternel dont il buvait les paroles!


Tout un poids sur le jeune homme, car il est encore à l'âge de l'idéalisation et de l'imitation, soit quelques mois avant l'âge du rejet de l'autorité paternelle et de la recherche de son soi bien à lui ! Un film d'un certain intérêt pour son côté psychologique.


On a ainsi droit à quelques mois dans la vie du jeune homme, soit jusqu'à ce qu'il lâche prise et accepte enfin le décès de son père pour redevenir le garçon qu'il devait être. Mais, l'adolescence est à moins de 36 mois !



La Belle et la Bête (Théâtre)

www.tnm.qc.ca/saison-2010-2011/La-Belle-et-la-Bete/La-Belle-et-la-Bete.html


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 13 no 2, Textes ciné et culture : www.societascriticus.com


DU 18 JANVIER AU 12 FÉVRIER 2011

SUPPLÉMENTAIRES LES 15 ET 16 FÉVRIER, 20 H

Une création et mise en scène de Michel Lemieux et Victor Pilon

Une création et un texte de Pierre Yves Lemieux

Coproduction Théâtre du Nouveau Monde / Lemieux.Pilon 4d art

Durée du spectacle 1h30 sans entracte


DISTRIBUTION : Violette Chauveau / Bénédicte Décary / Peter James / Andrée Lachapelle / François Papineau


Imaginez un TNM enchanté...Quand le numérique se fait féérique. Elle vient de la nuit des temps cette histoire. Depuis au moins vingt siècles, elle inspire conteurs, romanciers, poètes, cinéastes… Aujourd’hui, les magiciens numériques Michel Lemieux et Victor Pilon, qui en 2005 avaient créé les éblouissants sortilèges de La Tempête de Shakespeare, s’emparent à leur tour de cette fable éternelle pour en inventer une version pour notre temps : imaginez une jeune artiste tourmentée qui peint des êtres abimés, un homme effrayé par l’amour et ses trahisons et une veille femme torturée, qui ne sait si elle est fée ou sorcière. Imaginez que leurs passés et leurs présents se confondent, que leurs vies s’entrecroisent et s’entremêlent. Imaginez que le TNM devienne enchanté comme le château de la Bête : créatures surnaturelles, apparitions spectaculaires, démons intérieurs, transformations mystérieuses. Et comme la plus grande magie du théâtre demeure celle des acteurs, Andrée Lachapelle, Bénédicte Décary et François Papineau, entourés d’une multitude de présences fabuleuses, sont déterminés à vous tenir sous leurs charmes.

ÉQUIPE DE CONCEPTEURS : Alain Lortie / Isabelle Painchaud / Théa Patterson / Jacques-Lee Pelletier / Anne-Séguin Poirier / Michel Smith / Mathieu St-Arnaud / Rachel Tremblay / Peter Trosztmer


Commentaires de Michel Handfield (01/25/2011)


Dans l'art, la vie, le beau et le laid sont toujours une question de perception, mais de perception majoritaire ! Quoiqu'avec le markéting, on peut changer les perceptions et en créer de nouvelles ! Des toiles qui faisaient rire leurs contemporains sont maintenant des chefs d’œuvres de valeurs inestimables. Question de gout et de markéting, certaines personnes voient du désirable où d'autres ne voient rien et créent ainsi des tendances. C'est vrai de tout ; des arts comme de la bourse ou des personnes ! Certaines valeurs montent alors que d'autres descendent. (1) C'est ainsi que les standards de la beauté changent selon les peuples, les époques et les cultures, dont la contestation des standards de beauté des parents par les plus jeunes.


La belle, qui est une artiste d'un monde « fucké », avec le SIDA, les dictatures, la désintégration des valeurs sociales, l'individualisme à outrance et la mafia qui sort de ses sphères traditionnelles pour s'insérer dans l'économie légale et l'État, conteste la beauté plastique et le vide sidéral de ce monde par une création artistique qui détruit symboliquement l'artificialité; cette artificialité qui fait que l'on peut se faire faire de fausses lèvres, de faux seins ou de fausses cicatrices pour attirer l'attention ! On est dans le markéting personnel, où l'individu se projette à l'attention des autres sur l'écran de la vie publique ! Mais, derrière l'image, quel est le contenu ?


L'individu n'a jamais autant travaillé sur son image, car il doit se vendre, que ce soit pour travailler ou pour trouver l'âme sœur et fonder une famille ! Cependant, derrière l'image, qui est-il ? Pas surprenant que les rayons des librairies soient pleins de livres sur soi, car l'individu se perd dans l'image qu'il projette aux autres et celle qu'on lui renvoie de lui ! « Qui suis-je ? » est devenu la question de l'heure !


Quand la belle rencontre la bête, qui a tout vu, elle ne peut qu'être attirée par lui, car il voit dans son âme, au-delà de son image et de ses dessins. Qu'il ne se mette pas en valeur, mais, au contraire, cherche à rester dans l'ombre ne peut qu’attiser son désir, car il est tout le contraire de ce que l'on trouve dans la société aujourd'hui, jusque dans ces moindres recoins : des gens qui cherchent à se montrer à tout pris. La bête ne fera jamais de téléréalité, ni ne sera sur Facebook. Au contraire, elle fuira cette exposition. Alors, la belle, qui conteste cette société du vu plutôt que du contenu, ne peut qu'être attirée par cet homme qui la rejoint dans ses valeurs profondes. Serait-ce l'amour véritable ?


On est donc face à un classique du conte, La belle et la bête, qui a traversé des millénaires (2), mais qui a encore tant à dire. C'est que ce conte illustre parfaitement la différence entre l'amour de l'image, parfois superficielle et éphémère, et celui de la personne dans sa globalité. Ou, encore, pour le dire autrement, la différence entre le désir qui brule ou l'élévation du couple par l'autre, chacun se motivant et se complétant. Quand on dit « les contraires s'attirent », c'est exactement de cela qu’on parle : la belle et la bête !


La littérature, le cinéma et le théâtre foisonnent d'histoires de ces gens qui ne seraient rien s'ils n'étaient pas ensemble ! On passe les trois quarts d'un film romantique à voir que deux êtres dépareillés seraient le plus beau des couples du monde alors qu'eux ne le voient pas ! Et ça marche à tous coups comme film romantique ! La belle et la bête est LE chef-d'œuvre du genre, ce qui fait qu'on peut l'adapter à tous les temps et toutes les sauces. Cette histoire sera toujours d'époque, car elle plonge en nous et nous montre les deux côtés de l'être humain que nous portons tous : la belle et la bête ! C'est donc une pièce qui nous plonge dans la profondeur et le grandiose de l'Être.


Le texte fut adapté avec les mots et les maux d'aujourd'hui, donc il est très contemporain. De quoi parler aux jeunes. Quant à la mise en scène, elle a de quoi éblouir, car aux personnages en chair et en os se mêlent des personnages numériques, genre d'hologramme ou de projections tridimensionnelles. On voit ainsi passer un cheval blanc sur scène qui a l'air d'un cheval tout droit sorti de Cavalia! (3) Et les comédiens de passer dans ses traces, ce qui fait qu'il est projeté sans écran en 3D! C'est la même chose des personnages virtuels, car ils jouent réellement avec les personnages réels. Cela est très impressionnant. On se doit donc de souligner à gros traits cette mise en scène de Michel Lemieux et Victor Pilon, car cette pièce, telle qu'on la voit ici, serait impossible sans cela.


Notes :


1.En affaires, des noms qui étaient des incontournables du Fortune 500 il y a une ou deux décennies sont maintenant disparus de la carte des affaires ! D'autres, qui étaient inconnus, y sont maintenant au sommet.


2. On en trouve trace au IIe siècle de notre ère nous dit Wikipédia (http://fr.wikipedia.org/wiki/La_Belle_et_la_Bête), mais rien ne dit qu'il n'a pas existé avant dans la tradition orale !


3. www.cavalia.net


Suggestions de livres sur le je et le soi :


Hefez, Serge, 2009, Antimanuel de psychologie. Toi, moi… et l'amour!, France: BRÉAL, 2009, 264 p., Format : 14X20,5, ISBN 9782749509181. Distribution pour le Québec: www.somabec.com


Kaufmann, Jean-Claude, 2008, Quand Je est un autre. Pourquoi et comment ça change en nous, Paris : Armand Colin, Collection Individu et Société, 264 p. ISBN 9782200353711, www.somabec.com


Kaufmann, Jean-Claude, 2004, L’invention de soi. Une théorie de l’identité, France : Armand Colin



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Les Festivals!


Festival international Montréal/Nouvelles Musiques: 5e édition (2011)


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 13 no 2, Le calendrier : www.societascriticus.com


Musiques en mouvements

Du 18 au 26 février 2011


32 concerts, dont 9 avec danse. Le grand foyer culturel, ce nouvel espace public de la Place des arts, accueillera des activités gratuites. Il y aura deux colloques (Musique et danse: dialogues en mouvement et 50 ans de création musicale au Québec) une conférence, une table de discussion et des évènements pour le grand public. De l'expérimentation et un évènement hors de l'ordinaire : Apportez votre cellulaire, le 20 février en l'église St Jean baptiste. Pour quelques explications, car il s'agit d'une activité participative, voir http://smcq.qc.ca/mnm/fr/2011/prog/concert/28151/.


Pour tout savoir : www.festivalmnm.ca/fr/2011/


Bref, ça promet!


Michel Handfield


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Documents à ne pas taire! (Notre section documentaire)


The Desert of Forbidden Art (RIDM 2010)


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 13 no 2, Textes ciné et culture : www.societascriticus.com


Voici un film sur un homme et son œuvre, mais aussi sur une terre fabuleuse et inconnue, sur des destins exceptionnels qui s’entrecroisent, quelque part entre la petite et la grande histoire. Igor Savitsky est un aristocrate envoyé au Karapakalstan, une contrée musulmane désertique de l’URSS. À son étonnement, il découvre que certains des plus grands artistes y ont trouvé refuge, traqués par Staline. Savitsky entreprend alors une quête passionnelle et obsessive: celle d’exhumer ces vies et leurs chefs-d’œuvre disparus. (MB)


Réalisation : Amanda Pope, Tchavdar Georgiev

Pays : Ouzbekistan, Russie, États-Unis

Année : 2010

V.O : Russe, Anglais

Sous-titres : Anglais

Durée : 80 min

Image : Genadi Balitski, Alexander Dolgin

Montage : Tchavdar Georgiev

Son : Joe Dzuban

Production : Desert of Forbidden Art, LLC


Filmographie

Amanda Pope : Stages: Houseman Directs Lear (1982), Jackson Pollock Portrait (1984), The Legend of Pancho Barnes and the Happy Bottom Riding Club (2010)


Tchavdar Georgiev : Kosher Messiah (2000)


Commentaires de Michel Handfield (01/16/2011)


De gauche ou de droite, quand l'État décide de l'art, cela ne fait pas toujours bon ménage avec la liberté des artistes! Ce fut le cas sous Hitler (1), ce le fut aussi sous Staline! Le Pouvoir voulait un art romantique, voire idéologique! Plusieurs artistes se sont donc éloignées du Pouvoir !


Ils se sont retrouvés à 1700 miles de Moscou, dans le Karapakalstan, là où on ne s'y attend pas! Igor Savitsky, un aristocrate, artiste et membre d'une expédition scientifique dans cette région s'en est amouraché et a commencé à collectionner des œuvres artisanales et artistiques locales. Puis, il y a découvert des œuvres de peintres oubliés qui s'y étaient réfugiés. Ainsi, a commencé l'histoire de ce musée impressionnant qui regroupe ces œuvres amassées au fil du temps, dont plusieurs de peintres de l'avant-garde victimes de la répression du bon gout bolchévique. Un musée sans pareil, connu sous le nom du Nukus muséum, du nom de la ville où il est situé.


De tout temps et dans tous les régimes, le Pouvoir décide. En dictature, c'est le pouvoir politique! En démocratie capitaliste, c'est le pouvoir de l'argent! Il n'y a pas de système parfait même s'il y a des systèmes moins imparfaits que d'autres! Peu importe le régime, les dangers des extrêmes sont toujours plus grands que les maux du centre pour la liberté, que ce soit en art ou pour les droits de la personne. Ce film, comme tant d'autres, le démontre bien. Mais, il nous montre aussi que certaines personnes s'élèvent au-dessus de la mêlée pour remettre de l'humanisme et de la culture où il devrait toujours y en avoir : au centre de la vie! C'est le cas de cet homme que nous présente ce film. À sa mort, Igor Savitsky avait rassemblé 44 000 peintures et dessins!


Note :


1. Voir le film « L'expressionnisme allemand », France / 2006 / Betacam / couleur, n. et b. / 62 min. / français. Présenté en 2007 au FIFA. Nous en avons parlé dans Societas Criticus, Vol. 9, no. 2 (22 mars 2007).

Hyperliens de références :


www.savitskycollection.org

http://en.wikipedia.org/wiki/Nukus_Museum_of_Art

http://en.wikipedia.org/wiki/Nukus



The Parking Lot Movie (RIDM 2010)


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 13 no 2, Textes ciné et culture : www.societascriticus.com


Un film sur des employés de stationnement, vraiment ? Oui, vous avez bien lu ! Après tout, Clerks s’intéressait à des commis de dépanneur et n’en est pas moins devenu culte... Sur un mode documentaire, The Parking Lot Movie fonctionne de la même façon, se donnant à voir comme un discours sur l’Amérique du point de vue de ses petits boulots sans avenir. La personnalité excentrique, anticonformiste, anti « fils à papa » des personnages, détestant d’ailleurs toute voiture et son propriétaire, donne une qualité caustique jouissive à l’humour du film, parodie savoureuse d’existentialisme et de sociologie. Maintenant musicien pour Yo La Tengo, bibliothécaire en chef du Met ou professeur d’université, ils peuvent bien se permettre de rire des autres en effet, ces « perdants » de génie ! (MB)


Réalisation : Meghan Eckman

Pays : États-Unis

Année : 2010

V.O : Anglais

Durée : 78 min

Image : Meghan Eckman

Montage : Meghan Eckman, Christopher Hlad

Son : Sam Retzer

Production : Redhouse Productions, LLC


Commentaires de Michel Handfield (13 janvier 2010)


Un film que j'ai été voir par curiosité, mais qui m'a bien plu. Sur les stationnements payants (parking lot!); leurs employés et ceux qui les fréquentent ! On est dans une relation de confiance avec son « stationneur », qui, lui, est en position d'observateur ! Il peut alors les aimer, les détester et s'en moquer !


Bref, une véritable psychanalyse de l'automobiliste, car l'automobile est souvent un prolongement de la personne : de ses valeurs, ses manies, ses croyances et même de son comportement ! Vous en doutez ? Suffit de regarder l'habillage des voitures, les « stickers », les babioles après le miroir et les revues qui trainent sur le siège pour s'en convaincre !



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