Societas Criticus, Vol 13 no 4. 2011-03-122011-04-01. www.societascriticus.com

Societas Criticus, Revue de critique sociale et politique

On n'est pas vache…on est critique!


D.I. revue d’actualité et de culture

Où la culture nous émeut!


Regard sur le Monde d'une perspective montréalaise!

On est Sceptique, Cynique, Ironique et Documenté!


Revues Internet en ligne, version archive pour bibliothèques

Vol. 13 no. 4, du 2011-03-12 au 2011-04-01.


Depuis 1999!













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Cette revue est éditée à compte d'auteurs.


societascriticus@yahoo.ca

7355, boul St-Michel

C.P. 73580

Montréal H2A 2Z9


Le Noyau!


Michel Handfield, M.Sc. sociologie (U de M), cofondateur et éditeur;

Gaétan Chênevert, M.Sc. (U de Sherbrooke), cofondateur et interrogatif de service;

Luc Chaput, diplômé de l'Institut d'Études Politiques de Paris, recherche et support documentaire.


Soumission de texte: Les faire parvenir à societascriticus@yahoo.ca. Si votre texte est en fichier attaché, si possible le sauvegarder en format "rtf" (rich text format) sans notes automatiques.


Note de la rédaction


Depuis 2009 nous faisons cette revue en Open Office, maintenant Libre Office (www.documentfoundation.org/), façon de promouvoir le logiciel libre. Dans le but d'utiliser la graphie rectifiée, nous avons placé les options de correction de notre correcteur à « graphie rectifiée », façon de faire le test de la nouvelle orthographe officiellement recommandée sans toutefois être imposée. Voir www.orthographe-recommandee.info/. Cependant, comme nous passons nos textes à un correcteur ajusté en fonction de la nouvelle orthographe, il est presque certain que certaines citations et autres références soient modifiées en fonction de l’orthographe révisée sans même que nous nous en rendions compte, les automatismes étant parfois plus rapide que l’œil. Ce n'est cependant pas davantage un sacrilège que de relire les classiques du français en français moderne. On y comprendrait parfois peu si on les avait laissés dans la langue du XVe, XVI ou XVIIe siècle. Les langues évoluent et il faut suivre. L'important est davantage de ne pas trafiquer les idées, ou le sens des citations et autres références, que de modifier l'orthographe de notre point de vue.


Les paragraphes sont aussi justifiés sans retrait à la première ligne pour favoriser la compatibilité des différents formats de formatage entre la version pour bibliothèque (revue) et en ligne.


« Work in progress »:


Comme il y a de la distance dans le temps entre la mise en ligne des textes et la production du numéro pour bibliothèque, il se peut que quelques fautes d’orthographe, de ponctuation ou de graphie aient été corrigées, mais le texte n’est pas changé à quelques virgules près! On a beau lire un texte 2, 3, 4 et même 5 fois… quand on vient de l’écrire on dirait qu’on ne voie pas certaines coquilles. On les revoit cependant sur écran quelques semaines plus tard! Ainsi va la vie.


Index


Societas Criticus, revue de critique sociale et politique

Éditos


Élection référendaire à Ottawa? Why not?


Essais


Salomé, les Hommes et Dieu!


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d’actualité et de culture


Avis


Commentaires livresques: sous la jaquette!


Toi, moi... et l'amour... Enrobé!


Nouveaux livres reçus


- Tout ce que vous devez savoir pour mieux comprendre vos semblables

- La culture comme refus de l'économisme. Écrits de Marcel Rioux.


Communiciné!


L’ANGLE MORT DU SCÉNARISTE


DI a Vu! - Ciné, Théâtre, Expositions et quelques annonces d’événements (Avec index)


Copie conforme

Jo pour Jonathan

A la batterie : Ricardo! (Lancement)

La musique en moi / Ginette Reno (Lancement de disque)

Salomé, les Hommes et Dieu! Sur Salomé (opéra) et Des hommes et des dieux dans la section Essai. (cinéma)

Hamlet (théâtre)

The year Dolly Parton was my mom

Le Consul de Giancarlo Menotti













Societas Criticus, revue de critique sociale et politique


Index


Nos éditos!


Élection référendaire à Ottawa? Why not?


Societas Criticus, revue de critique sociale et politique, Vol. 13 no 4, Éditos : www.societascriticus.com


Michel Handfield, M.Sc. Sociologie et délinquant intellectuel pour penser autrement!


2011-03-30


Dans une lettre au Devoir, Jacques Parizeau reproche au Parti Québécois de diluer l'idée de souveraineté dans un « flou artistique ». (1) Si cette question pose problème au Parti-Québécois, c'est que la majorité des Québécois ne veut plus en entendre parler. Cependant, cette question risque de nous hanter rapidement, vu l'élection fédérale en cours. L'Histoire a parfois de biens drôles de méandres.


On est face à trois choix à cette élection fédérale si on refuse les conservateurs, trop à droite, et aligné sur une certaine frange idéologique qui se situe entre les républicains et le Tea party des États-Unis.


D'abord, le vote utile : le premier choix est de voter pour celui qui a le plus de chance de former un gouvernement de rechange face aux conservateurs, soit le Parti libéral du Canada! Le second choix, c'est de voter pour le NPD où ce parti est en meilleure position de battre les conservateurs que les libéraux, car c'est un parti qui peut facilement former une coalition avec les libéraux pour former un gouvernement de centre gauche. Il serait même temps que ces deux partis entreprennent des pourparlers pour former un nouveau parti Libéral-Démocrate face aux conservateurs, unifié depuis la fusion du Parti progressiste-conservateur et de l'Alliance canadienne en 2003. Mais, c'est une option très difficile pour eux, question d'égos! Pourtant, aux États-Unis, il y a les démocrates face aux républicains!


Au Québec, la situation est quelque peu différente, car le premier joueur est un parti régional : le Bloc québécois. Vu sa position souverainiste, mais sans possibilité de résoudre la question québécoise sur la scène fédérale (2), il ne peut ni prendre le pouvoir, ni participer à une coalition au pouvoir. Tout au plus, il peut assurer la coalition de ne pas s'opposer si elle respecte certains principes à négocier. Ce peut être un choix si on est assuré d'un gouvernement minoritaire. On peut alors parler de vote utile.


Par contre, dans le cas d'un possible gouvernement majoritaire conservateur, avec à peine une représentation de quelques élus du Québec, on ne peut plus parler de vote utile, mais de choix. Ou on choisit de demeurer sur la scène fédérale, en votant pour des ministrables, ou on choisit un retrait du Québec du gouvernement canadien.


Si on choisit consciemment cette deuxième option, soit de ne plus participer au gouvernement du Canada, il ne nous reste plus grand marge de manœuvre. Cette élection, sans que cela ne soit dit en ces mots, est donc préréférendaire : ou on choisit de continuer à jouer le jeu au sein du Canada ou on choisit de ne plus le jouer! Mais, si l'on vote pour notre retrait du gouvernement fédéral, il nous faudra être conséquents, c'est-à-dire que la prochaine étape doit nécessairement être l'élection du Parti Québécois en vue d'un référendum gagnant (3) ou la proposition rapide d'une nouvelle option par l'Action démocratique du Québec ou par la Coalition pour l’avenir du Québec de François Legault. Cette option ne pourra plus être le statuquo, ni le ni ni : ni le Québec, ni le Canada! En fait, il ne reste qu'une dernière voie qui n'a pas été présentée : soit de devenir un nouvel État des États-Unis. Cependant, il ne leur reste pas beaucoup de temps pour l'explorer et la mettre dans leur programme avant la prochaine élection provinciale.


Sinon, si on refuse toutes les options après s'être enlevé toutes les chances de participer au gouvernement fédéral, c'est dire qu'on manque cruellement d'éducation politique, car j'ose croire que ce n'est pas par manque de maturité que l'on agit ainsi! En effet, pourquoi risquer de se retirer du Gouvernement fédéral, en votant majoritairement pour le Bloc Québécois, si ce n'est pas pour quitter le Canada? Se mettre à bouder seul dans notre coin!? Cette élection, n'en déplaise à Gilles Duceppte, Pauline Marois et aux Québécois en général, est préréférendaire : où on choisit de faire partie du gouvernement fédéral ou on choisit de s'exclure. Mais, si on choisit de s'exclure, il faudra alors décider de l'autre étape à la prochaine élection provinciale : un Québec qui fait un référendum pour accéder à la souveraineté ou pour devenir un nouvel État des États-Unis? À moins de préférer le surplace!


Mais, il nous faudra un jour choisir à moins que nous ne soyons comme des enfants gâtés et que nous votions sur des coups de tête, sans réfléchir aux conséquences de nos actes. On ne peut continuellement voter pour un parti souverainiste au fédéral sans assumer un jour ou l'autre ce que cela veut dire. Si nous n'en sommes pas conscients, cela signifie qu'au lieu d'enseigner l'histoire des religions au secondaire, on devrait peut-être enseigner l'histoire politique et la sociologie du Québec, car on en a besoin pour gagner en maturité.


Je vous dirais de bien réfléchir aux conséquences de votre geste à la prochaine élection, car il sera crucial pour notre avenir au sein de cette fédération ou pour notre crédibilité face aux autres provinces. Rien de moins.


Pour ma part, je devrais voter pour un parti susceptible de former un gouvernement contre les conservateurs, soit le Parti libéral du Canada, car pour moi, la question du Québec doit se décider aux Québec. Voter autrement dans mon conté serait faire passer le Bloc Québécois. Peut-être que si les libéraux avaient une forte avance, je voterais NPD pour leur envoyer le message qu'ils doivent s'unir, mais, là, je ne peux prendre ce risque. La question est trop grave, avec les conservateurs à la porte d'une possible majorité, eux qui désinvestissent dans la recherche fondamentale et les sciences humaines par exemple; qui ne prennent pas les questions environnementales au sérieux et qui ne regardent pas à la dépense militaire! Je ne peux, en toute conscience, appuyer un tel gouvernement, même par abstention. Cette élection est donc cruciale et voter n'a jamais été aussi important que cette fois.


Notes :


1. Jacques Parizeau - ancien premier ministre du Québec, Réflexions sur le congrès du Parti québécois, in Le Devoir, 28 mars 2011 : www.ledevoir.com/politique/quebec/319749/reflexions-sur-le-congres-du-parti-quebecois-du-reve-au-projet. Le Devoir titrait en première page « Parizeau déplore le «flou artistique» au PQ » (Antoine Robitaille, Le Devoir, 28 mars 2011 : www.ledevoir.com/politique/quebec/319796/parizeau-deplore-le-flou-artistique-au-pq)


2. Le Bloc ne pourrait pas, par exemple, déclencher un référendum sur la souveraineté du Québec même s'il allait chercher 70 contés au Québec, car cette question ne concerne que le gouvernement du Québec, mais cela envoie quand même un message clair au reste de la fédération canadienne : nous lui disons NON. Il faudra bien l'assumer un jour ou l'autre.


3. D'autres partis politiques, comme Québec solidaire, ont aussi cette option, mais elle n'est pas nécessairement leur première visée. C'est d'ailleurs le 7e Axe des priorités de QS. Voir www.quebecsolidaire.net/engagements_2008


Hperliens des partis et groupes politiques dont nous avons parlé dans ce texte :


ADQ : www.adq.qc.ca

Bloc Québécois : www.blocquebecois.org

Coalition pour l'avenir du Québec : www.coalitionavenir.org

Democrats : www.democrats.org

NPD : www.npd.ca

Parti conservateur : www.conservateur.ca

Parti libéral du Canada : www.liberal.ca

Parti Québécois : http://pq.org

Québec Solidaire : www.quebecsolidaire.net

Republicans (É.-U.) : www.gop.com

Tea Party (É.-U.) : www.teaparty.org



Index


Essais


Salomé, les Hommes et Dieu!


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 13 no 4, Textes ciné et culture / Essais : www.societascriticus.com


Avis du 2011-03-24 : Vu que certains textes nommaient la femme d'Hérode Hérodiade, Hérodias ou Herodias (en anglais), on retrouve indistinctement ces trois noms dans ce texte selon les sources consultées ou citées. Je tenais à le préciser suite à un courriel reçu à ce sujet aujourd'hui. Concernant le même courriel, il est vrai que certains mots n'ont pas une graphie ordinaire, car mon correcteur est paramétré pour la dernière réforme de l'orthographe (1990). Il est possible aussi que certains accords m'aient échappé, vu la longueur du texte, et que le correcteur ne les ait pas trouvés. Après un certain nombre de lectures, où je ne vois plus les erreurs, je mets le texte en ligne, car, à trop attendre, l'évènement ne serait plus à l'affiche. Cela arrive parfois, mais j'essaie que ce soit le moins souvent possible. J'essaie toujours de trouver un équilibre entre la qualité du texte et le temps de publication; équilibre parfois précaire j'en conviens, mais on fait au mieux avec les paramètres d'une revue d'analyse, qui se penche sur des évènements qui sont à l'affiche pour une assez courte période de temps. Parfois, une ou deux semaines seulement.


Michel Handfield (2011-03-23)


Il y a quelque temps j'ai vu « Des hommes et des dieux », grand prix du Festival de Cannes 2010. Un film qui fait réfléchir. Mais, pris dans d'autres textes, je ne pouvais en parler à mon gout. (1) J'ai donc laissé mes notes de côté. Cela m'arrive parfois, car je vois la culture non pas comme un produit de consommation, mais de réflexion et de développement qui peut avoir une certaine influence si on prend le temps d'échanger à son sujet. De nouvelles idées peuvent alors poindre et circuler, notamment par le biais de l'internet.


Cependant, quand j'ai vu « Salomé » à l'Opéra de Montréal, j'ai vu des liens avec le film de Xavier Beauvois. Il était clair que je ne pouvais parler de l'un sans l'autre. Mais, d'abord un résumé des deux intrigues à partir des notes de presse.


Des hommes et des dieux

Après 4 semaines à l’affiche, ce film, qui est présenté sur 37 écrans à travers le Québec, a accumulé 1 029 339 $ (selon les données recueillies par Cinéac), poursuivant ainsi son extraordinaire parcours cinématographique.

www.deshommesetdesdieux.ca

www.facebook.com/deshommesetdesdieuxquebec


S’inspirant librement de la vie des moines Cisterciens de Tibhirine en Algérie de 1993 jusqu’à leur enlèvement en 1996, l'histoire se passe dans un monastère perché dans les montagnes du Maghreb, dans les années 1990. Huit moines chrétiens français vivent en harmonie avec leurs frères musulmans. Quand une équipe de travailleurs étrangers est massacrée par un groupe islamiste, la terreur s’installe dans la région. L'armée propose une protection aux moines, mais ceux-ci refusent. Doivent-ils partir? Malgré les menaces grandissantes qui les entourent, la décision des moines de rester coute que coute se concrétise jour après jour…


SALOMÉ de Richard Strauss (Présenté en 1 acte, 4 scènes sans entracte)

Opéra de Montréal

www.operademontreal.com

Yannick Nézet-Séguin dirige « son » Orchestre métropolitain!

19, 23, 26, 28 et 31 mars 2011, 20 heures, à la salle Wilfrid Pelletier de la Place des Arts


Livret du compositeur, d’après la pièce d’Oscar Wilde, écrite en français et traduite en allemand par Hedwig Lachmann.


Tout le monde désire la belle princesse Salomé, y compris son beau-père Hérode. Mais, elle éprouve à son tour une attraction fatale pour le prophète Jochanaan, prisonnier d’Hérode. Salomé danse pour son beau-père qui, fou de désir, lui promet tout ce qu’elle veut. La belle ne réclame rien de moins que la tête de Jochanaan. Quand elle l’obtient enfin, elle tombe dans une ivresse érotique qui atteint son paroxysme au moment du baiser qu’elle donne sur les lèvres du prophète. Hérode, horrifié, ordonne à ses soldats de la tuer sur-le-champ.


Une analyse en PPP : Puissance, Psychologie et Politique de ces deux œuvres!


Salomé de Richard Strauss est un opéra fort de son histoire, car c'est celle de Jochanaan (Jean Baptiste) du point de vue de Salomé, fille d'Hérodiade et belle fille d'Hérode. C'est une très belle musique, forte et puissante; d'une puissance égale à la beauté de Salomé. Elle usera de sa beauté et du désir d'Hérode Antipas pour obtenir ce qu'elle veut : la tête de Jochanaan. Cependant, ce ne sera pas par pure méchanceté, mais par déception, car il aura refusé l'amour qu'elle était prête à lui porter du haut de son adolescence. C'était encore une petite fille dans un corps de femme dirions nous aujourd'hui.


Si on connait le récit biblique, le récit musical fait davantage ressortir les sentiments de Salomé, ce qui est fort intéressant. Un autre point de vue sur cette histoire est donc possible.


La religion, comme l'État, joue sur les interdits, de quoi les rendre plus attirant pour les simples mortels que nous sommes! C'est ainsi qu'il peut être tentant pour les jeunes de franchir cet interdit qu’est l'âge légal pour fumer; boire; ou avoir une sexualité d'adulte, celle qu'ils voient sur l'internet aujourd'hui! L'interdit est donc une incitation à essayer. Le marché de la drogue en est un bon exemple. (2) Mais, des produits légaux jouent aussi sur cette attirance auprès des jeunes, comme les « cigarillos » et les « coolers » (3), même s'il est illégal de leur vendre des cigarettes et de l'alcool à leur âge. On les cible subtilement et ils feront acheter ces produits par d'autres, comme leurs parents par exemple!


Si l'État met des règles claires, des policiers et des amendes pour nous garder dans le droit chemin, Dieu a mis des prophètes et des guides spirituels pour nous aider à nous tenir loin des tentations. Puis, si ça ne fonctionne pas, il y a toujours moyen de s'en expier après coup! Le pardon fut une bonne invention.


Jochanaan est un de ces prophètes qui fascine. Hérode le tient prisonnier au fond d'une citerne dans son jardin depuis qu'il a dénoncé la liaison incestueuse d'Hérode et d'Hérodiade, l'ex-femme de son frère. (4) Cependant, Hérode ne peut se résoudre à le livrer aux juifs qui le demandent. Il le conserve donc prisonnier tout en interdisant qu'on ne le voie. Mais, ce qui est caché est toujours attirant, surtout pour les adolescents!


Salomé, adolescente qui devient femme, en désespoir des avances de son beau-père, demande aux soldats de sortir le prophète pour le voir. S'attendant à un vieux, elle verra un jeune homme qu'elle trouvera attirant. Elle le voudra, mais lui la vouera aux enfers. « Sois maudite fille de mère incestueuse », lui dira-t-il! Ce sera le rejet de sa féminité, ainsi assimilé au Mal. (5) Un échec pour Salomé, ce qui la rendra plus méchante qu'elle ne l'est. Par dépit.


Comme Salomé sait lire le désir dans le regard de son beau-père et qu'elle contrôle la séduction, elle en jouera devant Hérode dans une danse lascive où elle se mettra nue pour obtenir sa revanche sur Jochanaan. Elle demandera sa tête pour ce qu'il lui a refusé : un baiser! Le désir aveugle parfois l'humain et le rend comme la bête. Les prophètes diront que c'est l'absence de Dieu dans leur vie qui en est la cause. Mais, sans Dieu il pouvait quand même exister des lois (6), une morale (7) ou une éthique (8). L'athéisme (9) existait bien avant le Christianisme (10), en contact avec d'autres religions dans le monde grec notamment. (11) Dès que l'Homme a cru, certains ont douté!


Pour ne pas devenir comparables à des bêtes, les Hommes se réclament soit de Dieu, soit de la loi! Et, selon les cultures, cela a pris différentes formes. C'est ainsi qu'un peu avant la danse de Salomé, eut lieu une discussion théologique entre Hérode et les juifs présents sur « Qui a vu Dieu? » Hérode dit croire que Jochanaan est l'envoyé de Dieu et lui a touché! Les juifs ne sont pas du même avis. Il y a des nuances possibles disent-ils cependant entre eux. Puis, deux Nazaréens, aussi présents, diront que le Messie est déjà là, en la personne de Jésus!


Chez les Juifs, comme chez les chrétiens et les musulmans plus tard, il y aura toujours certaines divergences dans les interprétations divines au sein même de la communauté. C'est ainsi que chaque religion se décline en diverses branches plus ou moins fermées aux autres, parfois en conflit théologique! Mais, des dialogues sont toujours possibles au sein de chaque religion et entre elles, ce qu'on appelle l'oecuménisme et le dialogue interreligieux. Hérode pouvait donc recevoir différents juifs à sa table et discuter avec eux sans être juif. L'harmonie était possible.


On retrouve la même idée dans « Des hommes et des dieux », où huit moines chrétiens français vivent en harmonie avec leurs frères musulmans dans un monastère perché dans les montagnes du Maghreb, à Tibhirine en Algérie. On est environ à 1990 ans de l'épisode de Salomé que décrit l'opéra du même nom. Tout comme Hérode, ces moines assistaient aux fêtes de la région et étaient amis avec leurs concitoyens musulmans. Ils étaient en paix avec la communauté, leur prodiguant même des soins médicaux.


Ces moines connaissent très bien le Coran. On le voit quand, à la veille de Noël 1993, le responsable du monastère s'adresse à un chef rebelle du GIA (12), l'émir Sayyat Attiya, venu avec un groupe chercher le médecin de la communauté et des médicaments. Christian de Chergé les lui refuse, car ils n'en ont pas assez pour servir la communauté. Mais, il lui offre cependant d'amener leurs blessés pour en prendre charge, car ils ne jugent pas leurs actions, quoiqu'ils ont probablement massacré une équipe de travailleurs étrangers chrétiens. (13) Ils sont là pour faire le bien et vivre en paix avec la communauté. Ceci rappelle la mission de Jésus Christ dont les deux Nazaréens ont parlé lors de la discussion chez Hérode près de 2000 ans plus tôt!


À défaut du pardon, certains peuples éradiquent le mal comme ils le peuvent, parfois au nom de Dieu. Des musulmans en tuent ainsi d'autres au nom de différences sectaires et religieuses, ce que les musulmans habitant près du monastère de Tibhirine ne comprennent pas. Pourquoi des gens qui se disent religieux tuent-ils d'autres gens du livre (14), des travailleurs et des enseignantes, ce qui est interdit par le Coran? Les membres de la communauté demandent donc aux moines de ne pas les quitter, jugeant leur présence comme un gage de sécurité. Le bon berger n'abandonne pas son troupeau.


Hérode, lui, fera tuer Salomé après l'épisode sanglant avec Jochanaan, car elle lui fait peur. La femme a souvent fait peur à l'homme, que ce soit dans l'histoire ou les religions. Juste là, il y a tout un sujet de recherche historique.


Mais, les religions aussi, dans une position conquérante au nom de Dieu, font peur. D'abord, aux autres déclinaisons de leur propre culture religieuse, ce que l'on peut appeler les guerres intraconfessionnelle, comme des juifs contre des juifs ou des musulmans contre des musulmans par exemple; puis, aux autres religions, d'où les conflits interreligieux qui font peur à l'intérieur, mais surtout à l'étranger. Les préjugés envers les diverses religions, comme l'islamophobie ou l'antisémitisme, y trouvent souvent leurs sources. L'autre, avec ses habitudes que l'on ne comprend pas, fait peur.


Que dire des oppositions avec les incroyants et les infidèles? L'opposition au pouvoir politique? Des régimes ont été renversés au nom de Dieu et des régimes théocratiques ont alors pris leur place, faisant fi de la démocratie. Qui peut négocier avec Dieu?


Si le Pouvoir religieux peut faire craindre le pire à l'État, cela explique les tentatives de contrôle des religions dans certains milieux politiques et l'importance de la séparation des Pouvoirs entre le Politique, ci-inclus le législatif et l'exécutif; le juridique; et le religieux. Mais, ce mur est-il vraiment solide? On voit bien dans nos démocraties qu'il n'est pas toujours étanche, certains groupes religieux étant très près des partis politiques conservateurs par exemple. Dans les pays à forte concentration religieuse, cette séparation de la religion et de l'État est parfois beaucoup moins claire. La laïcité n'existe parfois pas du tout. On parle alors de théocratie (15).


C'est ainsi que des partis politiques religieux existent et contestent des partis laïques ou que l'État, contesté par des fractions religieuses, est parfois en guerre sainte si l'on peut dire. C'était le cas en Algérie dans les années 90. L'État était en guerre contre les islamistes. C'est dans ce contexte que les pouvoirs en place veulent protéger militairement les moines. Mais, accepter cette protection c'était aussi accepter les termes du conflit entre l'État et les islamistes, ce que refuse le responsable du monastère; décision qu'acceptent finalement les autres membres de la communauté. Ils ne se mêleront pas de ce conflit, car ils sont dans l'ouverture interreligieuse. Puis, derrière la montée islamiste, il n'y a pas que la religion qui est en cause, mais aussi des questions politiques et des objections au régime en place.


Encore là, les juifs en voulaient pour les mêmes raisons à Jochanaan et à Jésus, car ils mettaient en cause leurs bases théologiques, mais aussi l'emprise de leur pouvoir sur le peuple juif. Derrière les conflits religieux, il y a toujours des raisons de pouvoirs. Les mêmes raisons ne se trouvent jamais bien loin non plus dans la condamnation de la femme, porteuse du pouvoir de séduction. C'est ce qui fait que certaines religions la cacheront plus que moins. Si cette tradition existe encore dans certaines religions, les chrétiens l'ont tout de même conservé dans la symbolique du mariage :


« Le jour de ses noces, l’épousée est voilée parce qu’elle est offrande d’une famille et d’une maison à une autre : « Car ce qui est voilé est donné (initiation, sacrifice), ou réservé, retiré du monde commun et profane. (i) » D’ailleurs, l’épousée ne franchit pas elle-même le seuil de sa porte pour marquer qu’elle n’entre pas dans ce foyer par l’effet de sa propre volonté et « qu’elle ne doit plus désormais sortir de cette maison selon son bon plaisir, mais seulement selon la volonté de son époux (ii). » On reconnait là l’image traditionnelle, mais encore vivante, du marié portant la mariée au moment de franchir le seuil de leur maison commune, sans que, selon toute probabilité, la mariée, ni le nouvel époux ne devinent que la scène simule le rapt de la femme, comme au temps des Romains, et qu’elle illustre l’idée que l’épousée est « offrande » de sa famille à celle de son époux. » (16)


Cet opéra est donc très actuel, vu la remontée des religions en ce début de XXIe siècle et le choc des croyances qui revient en force suite à la fin du communisme comme grande idéologie du siècle dernier. (17) Deux positions sont alors possibles. L'affrontement ou le dialogue.


Campés chacun dans ses positions, le dialogue et la compréhension sont-ils possibles? Salomé et Jochanaan auraient-ils pu en venir à s'entendre sans cette barrière qu'est la Foi? Il n'y avait pas de marge possible de manoeuvre entre les deux, ce qui conduisit à l'affrontement et au drame que l'on sait : le jeune prophète en perdra d'ailleurs la tête.


Certains diront que c'était déjà décidé par Dieu pour que l'histoire soit! Comme la crucifixion de Jésus. Rien ne peut être autrement. Dans l'évangile de Jésus-Christ selon Saint-Jean, 18,1-40.19,1-42 (pour le Vendredi Saint 2011), on y lit que :


« Il rentra dans son palais, et dit à Jésus : « D'où es-tu ? » Jésus ne lui fit aucune réponse.

Pilate lui dit alors : « Tu refuses de me parler, à moi ? Ne sais-tu pas que j'ai le pouvoir de te relâcher, et le pouvoir de te crucifier ? »

Jésus répondit : « Tu n'aurais aucun pouvoir sur moi si tu ne l'avais reçu d'en haut ; ainsi, celui qui m'a livré à toi est chargé d'un péché plus grave. »

(18)


Si certains sont fermés, d'autres sont plus ouverts à un œcuménisme communautaire. (19) C'est le cas des moines français du Maghreb que nous présente « Des hommes et des dieux », car ils prennent part à la communauté où ils vivent et connaissent le Coran. C'est aussi le cas d'Hérode Antipas, qui invite les juifs à sa table même s'il représente l'Empire romain et qu'il n'est pas de leur confession.


En fait, si Dieu est notre guide, pouvons-nous comprendre les divers points de vue humains et les autres confessions religieuses ou sommes-nous limités par les préceptes de notre propre religion? Serait-ce comme s'il y avait un filtre qui limitait notre vision? Vivre ensemble sans pervertir nos propres croyances est-ce possible? Avoir un espace commun, humaniste et citoyen ne serait-il qu'une utopie? Ce sont des questions de notre temps, car avec la montée du religieux et la diffusion internet, ce sont les questions du jour. Je ne compte plus les pourriels que je reçois me parlant de la menace religieuse attachée à l'immigration. Mais, qui se pose des questions sur sa propre religion? Peut-être a-t-elle aussi des zones d'ombres. N'y a-t-il jamais eu un Président qui a fait des guerres inutiles tout en disant « God bless America »? Dans « Dieu est mon copilote » l'auteur...


« ...s'élève contre cette vision trop simpliste. Effectuant une relecture des Livres saints des trois grandes religions monothéistes (l'Ancien Testament, le Nouveau Testament et le Coran), l'auteur montre qu'aucun d'entre eux n'est plus ou moins violent que l'autre. Dans chacun de ces livres, des messages de paix et d'amour sont submergés par des appels au meurtre et à la vengeance.


« Ancrant sa thèse dans le contexte de la guerre sainte antiterroriste dans laquelle les États-Unis se sont engagés, l'auteur renvoie dos à dos le célèbre couple Bush-ben Laden qui, par-delà leurs différences, partagent une même vision dualiste et absurde de l'univers où tout est réglé en fonction de l'opposition entre «nous» le Bien, et «eux» le Mal.


« «Peut-on avoir un meilleur copilote?» que Dieu lui-même! Contrairement à ce que certains pourraient être tentés de croire, cette question n'a pas été posée par un kamikaze islamiste s'élançant avec ses otages sur les twin towers. Ce sont les paroles d'un pilote de l'armée de l'air américaine en pleine guerre du Kosovo! » (20)


Loin de l'opéra Salomé?! Pas tant que ça. Si, à l'époque, Hérode avait des juifs et des Nazaréens à sa table, aujourd'hui il aurait pu y avoir des musulmans, car l'empire reconnaissait les religions de ses citoyens :


« The Roman Empire expanded to include different peoples and cultures; in principle, Rome followed the same inclusionist policies that had recognised Latin, Etruscan and other Italian peoples, cults and deities as Roman. Those who acknowledged Rome's hegemony retained their own cult and religious calendars, independent of Roman religious law. » (21)


Contemporain! En lien avec la laïcité, le multiculturalisme, l'interculturalisme et le pluralisme confessionnel qui nous questionne en ce moment. Les philosophes et penseurs du temps auraient pu écrire le passage qui suit, mais il fut plutôt écrit par Genevieve Nootens, professeure de sciences politiques à l'Université du Québec à Chicoutimi et membre du Groupe de recherche sur les sociétés plurinationales et du Centre de recherche sur la diversité au Québec (22)  :


« La moralité libérale comporte un tel engagement envers le respect de la divergence des conceptions religieuses, philosophiques, et métaphysiques, conceptions qui, de pair avec les principes et valeurs politiques, donnent un sens à la vie des individus. Seul un tel engagement peut fonder la valeur morale du pluralisme. En effet, toute défense du pluralisme et du désaccord raisonnable implique minimalement de défendre l'idée que l'adhésion aux valeurs morales passe nécessairement par l'intériorité individuelle, et que la coercition est inutile en ce domaine. Toute minimale qu'elle soit, cette exigence implique une contrainte épistémique relativement forte: le respect du pluralisme et du désaccord raisonnable exige que les doctrines dites « raisonnables » soient conciliables avec le pluralisme, c’est-à-dire que les tenants de ces doctrines doivent accepter qu’il soit raisonnable pour les autres de nier la véracité de leurs convictions. En retour, cette exigence n’a de sens que si elle provient d’un engagement à l’endroit de la croyance en l’égale liberté de conscience. » (23)


C'est là une conception qui nous semble nouvelle, mais qu'avaient probablement les Romains dans leur empire! Une relecture des textes sacrés et de nos croyances démocratiques s'impose donc et ce peut être plus facile à faire à la lumière de l'art que de la religion, car l'art n'a pas ce caractère sacré. Au contraire, l'art a parfois un caractère de défiance face au sacré et aux normes, ce qui les place dans une autre perspective.


Pour en revenir à Salomé, c'est l'enfant roi qui brise l'objet de son désir parce qu'elle n'a pas eu ce qu'elle voulait: le regard, puis le baiser de Jean. N'est-ce pas symptomatique de notre époque? Mais, son beau-père ne lui dit pas « je vais te tuer » symboliquement comme les parents le font parfois, même si ce n'est pas approprié. Il donne l'ordre de la tuer pour vrai. Décapitée! Comme certaines victimes des islamistes ont été égorgées dans « Des hommes et des dieux », car en instaurant la peur, on établit un contrôle sur les pensées et les actions des sujets. Ce sont des moyens de pouvoirs que les Hommes utilisent au nom d'idéologies, qu'elles soient politiques ou religieuses. Cela fut et cela existe encore. Il faut imposer la vérité!


Par contre, ceux qui croient détenir la vérité en Dieu n'ont pas peur, quelle que soit leur religion. Ce sont des serviteurs pour qui la mort est une étape de leur mission. Le mieux est à venir. Jochanaan n'a donc pas protesté, ni crié lorsque les soldats sont entrés dans sa citerne pour lui couper la tête, à la surprise de Salomé qui n'entendit rien. Attendait-elle un cri ou une supplique pour faire rappeler les soldats avec Jochanaan? Pour l'avoir à ses pieds? Qui sait?


Quant aux moines qui demeurent au monastère Cistercien de Tibhirine, en Algérie, ils savent qu'ils sont en danger, mais y demeurent : « Reconnaissant notre faiblesse, on est en communion avec la faiblesse des autres. » La foi a des raisons que la raison ignore. (24) Elle leur donne une liberté, car ils n'ont pas peur de la mort, ni n'ont de doutes sur le royaume qui les attend. « Ma vie étant donnée à Dieu, si je suis victime du terrorisme, ce sera le choix de Dieu » dira l'un d'eux. De quoi être serein devant toute finalité.

Si on a la liberté de croire, que ce soit en Dieu, aux extras terrestres, aux signes astrologiques ou que la terre est plate, il faut cependant se rappeler que notre croyance est personnelle. Puis, si forte qu'elle soit, « … la croyance forte ne prouve que sa force, non la vérité de ce que l'on croit. » (25) Mais, au nom de croyances fortes, des idéologies religieuses ou politiques, on a souvent ostracisé les scientifiques, philosophes et intellectuels, comme si les croyances étaient parfois supérieures aux faits! Ça aussi, il faut le rappeler, surtout qu'au nom d'une certaine ouverture multiculturelle on semble de plus en plus vouloir faire un droit de la liberté de croyance. (26) Quelles en seront les suites? Il faut y réfléchir, car elles ne seront peut-être pas sans conséquence, même si elles ne seront certainement pas aussi dramatiques que les opposants le disent pour nous faire peur. Tout sera une question de balisage. Des œuvres artistiques comme Salomé et « Des hommes et des dieux » nous permettent de réfléchir sur le sujet avec une certaine distance qui est bienvenue.


Pour en revenir à Salomé, c'est toute une prestation, ne serait-ce que d'un point de vue artistique. L'opéra, ce n'est plus que des voix, mais un art complet. Il faut maitriser l'art de la scène et Nicola Beller Carbone, en Salomé, se livre totalement dans son rôle, allant jusqu'à être complètement nue sur scène dans sa danse pour Hérode.


Quant à « Des hommes et des dieux », c'est un excellent film qui nous laisse sur une question ouverte. Comme les moines ont refusé la protection de l'armée, qui poursuivait les rebelles islamistes, et qu'ils ont même osé soigner certains des blessés du camp islamiste, est-il possible que ce ne soit pas les rebelles qui les aient enlevés, mais des militaires? On est dans la brume sur cet épisode et il est bien que le film ne tranche pas. Un jour, on aura peut-être des réponses. Des hypothèses vont cependant en ce sens.


Postface :


Je regardais ce film sur l'enlèvement des moines cisterciens de Tibhirine en Algérie et je me disais que si au lieu de se diviser sur la base des croyances religieuses, on s'unissait sur de possibles convergences pour améliorer les choses, ce serait mieux. Tant pourrait être fait au niveau des solidarités si les croyances ne nous divisaient pas. Des coopératives de producteurs et de travailleurs par exemple! Si les empereurs divisent pour régner, les citoyens doivent, au contraire, apprendre à s'unir.


Il y a des leçons dans la culture, que ce soit le cinéma, le théâtre ou l'opéra par exemple. C'est pour cela qu'il faut la défendre contre des décisions populistes et faciles, comme de voir nos gouvernements couper dans ces budgets sous prétexte d'économie. C'est là une excuse pour appauvrir le peuple que de lui enlever la chance d'avoir accès à ce patrimoine tout en soutenant des entreprises qui n'en ont pas besoin, comme le secteur pétrolier et bancaire par exemple, où le salaire d'un dirigeant ferait vivre quelques petites entreprises culturelles pour une année. Mais, c'est une tout autre histoire : celle du capitalisme néolibéral.


Notes :


1. Parfois, j'ai aussi trop d'informations pour la traiter tout de suite, car elle mérite un temps de recherche et d'analyse pour bien faire ou un contexte pour aller au fond des idées qu'elle a suscitées.

2. C'est ce qui fait dire à certains qu'on devrait légaliser les drogues. Marie-Andrée Bertrand, récemment décédée, fut une pionnière de cette approche, la défendant depuis le tournant des années 1970. Voir Brian Myles, Marie-Andrée Bertrand, 1925-2011 - Une pionnière de la légalisation des drogues s'éteint, in Le Devoir, 8 mars 2011 : www.ledevoir.com/societe/justice/318284/marie-andree-bertrand-1925-2011-une-pionniere-de-la-legalisation-des-drogues-s-eteint


3. Deux textes en références :

- Josée Hamelin, Enquête dans les écoles secondaires : Les jeunes troquent la cigarette contre le cigare et le cigarillo, tiré d'Info-tabac no 72, février 2008 et trouvé sur le site d'info-tabac.ca : www.info-tabac.ca/bull72/enquete_jeunes.htm


- Mathieu Turbide et Stéphane Alarie, L'alcool et les jeunes : Les adolescents sont courtisés, in le Journal de Montréal, 28 novembre 2002, trouvé sur le site d'un Centre communautaire d'intervention en dépendance, le Centre l'Étape du Bassin de Maskinongé : www.etape.qc.ca/glanure/coolers.htm


4. Dans le programme de l'opéra, on y lit que la voix qu'on entend sortir de la terre « C'est celle du prophète Jochanaan, enfermé au fond d'une citerne pour avoir dénoncé Hérode publiquement: le tétrarque a fait assassiner son propre frère afin de pouvoir épouser sa femme, Hérodias. » Sur internet, j'ai aussi trouvé qu'Herodias s'était divorcée:


« Herodias took upon her to confound the laws of our country, and divorced herself from her husband while he was alive, and was married to Herod Antipas. » (Antiquities of the Jews par Flavius Josephus in Project Gutenberg: www.gutenberg.org/ebooks/2848), cité sur Wikipédia : http://en.wikipedia.org/wiki/Herod_II#Divorce)


Moderne, la madame!


5. Dans la croyance religieuse du temps, et encore aujourd'hui chez certains fondamentalistes, même chrétiens, car les chrétiens ne sont pas à l'abri du fondamentalisme, c'est par la femme qu'est entré le mal dans le monde. Pourtant, c'est aussi du corps de la femme qu'est née l'humanité! On peut penser à l’Origine du monde de Gustave Courbet, une toile qui a fait scandale, mais qui montre bien ce qu'elle a à dire. Voir :

http://fr.wikipedia.org/wiki/L%27Origine_du_monde


6. Lois :

http://fr.wikipedia.org/wiki/Loi

http://en.wikipedia.org/wiki/Law


7. Morale :

http://en.wikipedia.org/wiki/Morality

http://fr.wikipedia.org/wiki/Morale


8. Éthique : http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89thique


9. Athéisme : http://fr.wikipedia.org/wiki/Ath%C3%A9isme


10. Christianisme : http://en.wikipedia.org/wiki/Christianity


11.http://fr.wikipedia.org/wiki/Ath%C3%A9isme#Ath.C3.A9isme_en_Gr.C3.A8ce_Antique


12. Groupe islamique armé, mais le texte anglais de Wikipédia semble plus fiable: http://en.wikipedia.org/wiki/Armed_Islamic_Group_of_Algeria


13. « Le 14 décembre 1993, 12 ouvriers chrétiens, d'origine croate, sont égorgés à quelques kilomètres du monastère » et « Le 24 décembre 1993, un groupe armé du GIA fait irruption dans le monastère. Il est dirigé par l'émir Sayyat Attiya, qui exige l'impôt révolutionnaire pour sa cause et veut emmener le médecin de la communauté, frère Luc. » (Bernard Gorce, « L’histoire des moines de Tibhirine [archive] » sur www.la-croix.com, La Croix, édition du 6 sept. 2010, cité in Assassinat des moines de Tibhirine, section 2.1 : Premières alertes. Voir

http://fr.wikipedia.org/wiki/Tibhirine#Premi.C3.A8res_alertes. Le texte original se trouve encore sur l'internet à l'adresse suivante : www.la-croix.com/L-histoire-des-moines-de-Tibhirine-/article/2438014/4078


14. « Dans l'islam, le concept s'applique aux religions monothéistes préislamiques qui ont reçu la révélation (par conséquent « livre ») de Dieu. Pour les musulmans orthodoxes ceci inclut au moins tous les chrétiens, juifs (karaïtes et samaritains inclus), et les sabéens (généralement identifiés aux mandéens). » Source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Gens_du_livre


15. http://fr.wikipedia.org/wiki/Th%C3%A9ocratie


16. Perla Serfaty-Garzon, 2008, Marre d'être la fée du logis ? Paradoxes de la femme d'aujourd'hui, Paris : Armand Colin, p. 24. Aussi cité dans le texte :

i) Agascinski S., Métaphysique des sexes, Masculin/Féminin aux sources du christianisme, Paris, Éditions du Seuil, La librairie du XXIe siècle, 2005, p. 178.

ii) Ibid., p. 177.


17. C'est comme si, avec la fin du communisme, cette grande idéologie en opposition au capitalisme, les autres idéologies qui avaient été mises de côté depuis, celles politiques et religieuses qui divisaient le monde avant le XXe siècle, revenaient à l'avant-plan. Les zones chaudes du monde actuel ne sont-elles pas les mêmes qu'avant 1914? À ce sujet, il peut être intéressant de lire Hosbawm, Eric, 1999, Age of extremes. The short Twentieth century, 1914-1991, London: Abacus

18. L'évangile au quotidien, le Vendredi saint : Célébration de la Passion du Seigneur, vendredi 22 avril 2011. Source : http://levangileauquotidien.org


19. À une certaine époque, on pouvait même parler d'un communisme chrétien. Je pense aussi au livre de Laloup et Nelis, 1966, Communauté des hommes, Belgique: Casterman, dans lequel on parle aussi de catholicisme social.


20. Arrière de couverture de St-Onge, J-Claude, 2002, Dieu est mon copilote, Montréal: écosociété


21. Pliny the Elder, Epistles, 10.50 cité in http://en.wikipedia.org/wiki/Religion_in_ancient_Rome#Religion_and_politics


22. J'ai trouvé cela dans une courte biographie sur le site des éditions Québec-Amérique :

www.quebec-amerique.com/auteur-details.php?id=420

Groupe de recherche sur les sociétés plurinationales : www.creqc.uqam.ca

Centre de recherche sur la diversité au Québec : www.cridaq.uqam.ca


23. Nootens, Genevievre, Moralité fondamentale et normes subjectives : la justification d’un cadre moral commun dans une société libérale, in Luc Vigneault et Bjarne Melkevik (sous la direction de), 2006, Droits démocratiques et identités, PUL : Administration et droit, Collection Dikè, 160 pages, p. 34


24. Je paraphrase ici Blaise Pascal : « Le cœur a ses raisons que la raison ignore », ce que l'on entend fréquemment; « Le cœur a ses raisons que la raison ne connait point. » (http://fr.wikipedia.org/wiki/Blaise_Pascal) ou « Le cœur a ses raisons que la raison ne connait point : on le sait en mille choses » (Citations avec le mot cœur, in Larousse pour iPod/iPhone)


25. Vu dans le métro de Montréal, 8 février 2010. Voir www.metrocogito.com. Je l'ai cependant retrouvé dans Nietzsche, F., 1995, Humain, trop humain, Paris: Le livre de poche, Classiques de la philosophie, 15e pensée du premier chapitre, Des choses premières et dernières, p. 45. Elle est beaucoup plus longue que cette seule phrase.


26. Chacun a les libertés fondamentales suivantes :

a) liberté de conscience et de religion;

b) liberté de pensée, de croyance, d'opinion et d'expression, y compris la liberté de la presse et des autres moyens de communication;

c) liberté de réunion pacifique;

d) liberté d'association.

Source : http://laws.justice.gc.ca/fr/charte


Bibliographie et autres hyperliens :

Certains liens sont en anglais, car plus complet)


Algérie: http://fr.wikipedia.org/wiki/Alg%C3%A9rie


Assassinat des moines de Tibhirine: http://fr.wikipedia.org/wiki/Tibhirine


Chebel, Malek, 2005, L'Islam et la Raison, France : Perrin


Coran: http://fr.wikipedia.org/wiki/Coran


Dialogue interreligieux:

http://fr.wikipedia.org/wiki/Dialogue_inter-religieux

http://en.wikipedia.org/wiki/Interfaith_dialog


Geisser. Vincent, 2003, La nouvelle islamophobie, Paris: La découverte


Hérode: http://en.wikipedia.org/wiki/Herod_Antipas


Hérodiade, mère de Salomé et épouse d'Hérode:

http://en.wikipedia.org/wiki/Herodias


Hosbawm, Eric, 1999, Age of extremes. The short Twentieth century, 1914-1991, London: Abacus


Jésus le Nazaréen – Jésus Christ:

http://fr.wikipedia.org/wiki/J%C3%A9sus_de_Nazareth

http://fr.wikipedia.org/wiki/J%C3%A9sus-Christ


Jochanaan ou Jean Baptiste: http://en.wikipedia.org/wiki/John_the_Baptist


Laloup, J., & Nelis, J., 1966, Communauté des hommes, Belgique: Casterman.


Messie : http://fr.wikipedia.org/wiki/Messie


Monastère Cistercien de Tibhirine, Algérie :

http://fr.wikipedia.org/wiki/Abbaye_Notre-Dame_de_l'Atlas


Oecuménisme: http://fr.wikipedia.org/wiki/Oecum%C3%A9nisme


Salomé:

http://fr.wikipedia.org/wiki/Salom%C3%A9_(fille_d%27H%C3%A9rodiade)


Serfaty-Garzon, Perla, 2008, Marre d'être la fée du logis ? Paradoxes de la femme d'aujourd'hui, Paris : Armand Colin


Strauss, Richard: http://fr.wikipedia.org/wiki/Richard_Strauss


Vigneault, Luc et Melkevik, Bjarne (sous la direction de), 2006, Droits démocratiques et identités, PUL : Administration et droit, Collection Dikè, 160 pages.


Wilde, Oscar : http://en.wikipedia.org/wiki/Oscar_Wilde


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D.I., Delinkan Intellectuel, revue d’actualité et de culture


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AVIS


Révisé le 21 décembre 2008


Dans les commentaires cinés, de théâtres ou de spectacles, les citations sont rarement exactes, car même si l’on prend des notes il est rare de pouvoir tout noter exactement. C’est généralement l’essence de ce qui est dit qui est retenue, pas le mot à mot.


Je ne fais pas non plus dans la critique, mais dans le commentaire, car de ma perspective, ma formation de sociologue, le film est un matériel et nourrit une réflexion qui peut le dépasser. Certains accrocheront sur les décors, les plans de caméra, le jeu des acteurs ou la mise en scène, ce qui m’atteint moins. Moi, j’accroche sur les problématiques qu’il montre et les questions qu’il soulève. Le film est un matériel sociologique; un révélateur social, psychosocial, socioéconomique ou sociopolitique par exemple. C’est ainsi que sur de très bons films selon la critique, je peux ne faire qu’un court texte alors que sur des films décriés en cœur, je peux faire de très longues analyses, car le film me fournit du matériel. Je n’ai pas la même grille, le même angle, d’analyse qu’un cinéphile. Je prends d’ailleurs des notes durant les projections de presse que je ne peux renier par la suite, même si je discute avec des confrères qui ne l’ont pas apprécié de la même manière que moi, Je peux par contre comprendre leur angle et je leur laisse. J’encourage donc le lecteur à lire plusieurs points de vue pour se faire une idée plus juste.

Peut être suis-je bon public aussi diront certains, mais c’est parce que je prends le film qu’on me donne et non celui que j’aurais fait, car je ne fais pas de cinéma, mais de l’analyse sociale! (Je me demande parfois ce que cela donnerait avec une caméra cependant.) Faut dire que je choisis aussi les films que je vais voir sur la base du résumé et des « previews », ce qui fait que si je ne saute pas au plafond à toutes les occasions, je suis rarement déçu aussi. Si je ne suis pas le public cible, je l’écris tout simplement. Si je n’ai rien à dire ou que je n’ai pas aimé, je passerai plutôt mon tour et n’écrirai rien, car pourquoi je priverais le lecteur de voir un film qui lui tente. Il pourrait être dans de meilleures dispositions pour le recevoir et l’aimer que moi. Alors, qui suis-je pour lui dire de ne pas le voir? Une critique, ce n’est qu’une opinion après tout. Une indication qu’il faut savoir lire, mais jamais au grand jamais une prescription à suivre à la lettre. C’est d’ailleurs pour cela que je fais du commentaire et non de la critique.


Michel Handfield, d’abord et avant tout sociologue.


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Commentaires livresques : Sous la jaquette!


Toi, moi… et l'amour... Enrobé!


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 13 no 4, Livres : www.societascriticus.com


Dans le numéro précédent nous avons parlé du livre de Serge Hefez, Antimanuel de psychologie. Toi, moi… et l'amour! Nous l'avions trouvé fort intéressant et mis en lien avec le film Partir! Une nouvelle édition de ce livre vient de paraitre sous un nouvel emballage en forme de coffret avec hologramme de cœurs dessus. Un bel objet cadeau ou à mettre dans sa bibliothèque pour se faire plaisir. Déjà que le contenu est intéressant!


Pour notre texte original, Partir ou « Toi, moi... et l'amour! », voir, notre Volume 13, no 3 en bibliothèque.

A BAnQ : http://collections.banq.qc.ca/ark:/52327/bs2024131

A BAC :

http://epe.lac-bac.gc.ca/100/201/300/societas_criticus/pdf/2011/SCVol13no3pdf.pdf


Référence du produit :


Hefez, Serge, 2011, Toi, moi… et l'amour!, France: Bréal (www.editions-breal.fr) 264 p., Format : 14,3X21,5, ISBN : 9782749530017. Distribution pour le Québec: Somabec : www.somabec.com


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Nouveaux livres reçus

Reçu le 24 mars 2011 : Ciccotti, Serge, 2011 (2007), Tout ce que vous devez savoir pour mieux comprendre vos semblables, Paris : DUNOD, Collection : PETITES EXPERIENCES DE PSYCHOLOGIE, 416 p., Format : 14X22, ISBN 9782100556540. www.somabec.com


Pourquoi regardez-vous sous votre lit après avoir vu un film d'horreur?; Peut-on se laver la conscience avec du savon?; Pourquoi bâillez-vous quand vous voyez quelqu'un bâiller?; Comment faire pour obtenir de gros pourboires?; Pourquoi devez-vous éviter d'être tatoué(e)?; Les filles sont-elles de mauvaise foi?; Pourquoi tous les feux sont-ils rouges quand vous êtes pressé?;


Nos comportements quotidiens reposent sur des mécanismes fascinants, parfois étranges…Ce best-seller retrace 150 expériences effectuées en laboratoire ou en milieu naturel qui permettent de lever enfin le voile sur ces questions clefs liées à l'intelligence, aux émotions, à la perception, etc.


Au sommaire:

Chapitre 1: Perception, attention, mémoire et intelligence; Chapitre 2: Jugements, attributions et explications; Chapitre 3: Gestion de l'image de soi; Chapitre 4: Influence des schémas (stéréotypes, heuristiques) sur les jugements et les comportements; Chapitre 5: Influences sociales, pouvoir et manipulation; Chapitre 6: Motivation, émotion et personnalité; Chapitre 7: Quelques différences hommes/femmes…



Reçu le 16 mars 2011 : Hamel, Jacques, Forgues Lecavalier, Julien et Fournier, Marcel (Textes choisis et présentés par), 2010, La culture comme refus de l'économisme. Écrits de Marcel Rioux, Montréal : Les presses de l'Université de Montréal/Collection « Corpus »,586 pages, ISBN 978-2-7606-2232-6. www.pum.umontreal.ca/ca/fiches/978-2-7606-2232-6.html


Marcel Rioux (1919-1992) a consacré une large part de son oeuvre à envisager la société québécoise sous l’angle de la culture. C’est selon lui par cette voie que le Québec a pu se concevoir comme société nationale, susceptible de devenir le pays qu’il appelait de ses voeux.


Publiés entre 1957 et 1987, les textes réunis dans cet ouvrage offrent une vue d’ensemble de la pensée d’un grand témoin de son temps. Durant ces trente années, Rioux a observé sur le vif la mutation de la culture, tant à l’échelle régionale (on pense à sa monographie sur Belle-Anse) qu’au sein des groupes sociaux (ses études sur la jeunesse) ou des institutions (ses travaux et propos sur l’éducation). D’une actualité surprenante, les écrits de Marcel Rioux peuvent être lus comme autant de manifestes contre le discours économiste qui prétend imposer une vision marchande de la culture.


Jacques Hamel est professeur à l’Université de Montréal. Sociologue de la jeunesse, il a publié une série d’ouvrages sur le sujet, ainsi que sur l’épistémologie et la méthodologie en sociologie, dont Woody Allen au secours de la sociologie (Économica, 2010).


Julien Forgues Lecavalier est auxiliaire d’enseignement et assistant de recherche au Département de sociologie de l’Université de Montréal.


Marcel Fournier est professeur titulaire au Département de sociologie de l’Université de Montréal. Spécialiste de l’histoire de la sociologie, il est l’auteur des biographies de Marcel Mauss et d’Émile Durkheim qui, parues chez Fayard, lui ont valu une renommée internationale. Il conduit également des travaux et recherches sous l’égide de la sociologie des arts et de la culture.


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Communiciné!


L’ANGLE MORT DU SCÉNARISTE

(NDLR : Reçu le 25 mars 2011)


Le 25 février 2011, à la suite d’un imposant battage publicitaire, sortait dans les salles de cinéma le long métrage Angle mort, qui raconte le cauchemar d’un couple de touristes québécois pourchassé par un tueur en série dans un pays d’Amérique du Sud. Le film est réalisé par Dominic James et produit par la compagnie Caramel Films. Mon nom apparaît au générique de ce thriller à titre de scénariste. Or, si Angle mort raconte dans ses grandes lignes une histoire proche de celle que j’ai écrite, j’ai tout de même eu peine à y reconnaître mon travail lorsqu’on m’a montré le film terminé, quelques jours seulement avant sa première présentation publique.


Pour commencer, le contexte social, économique et géographique du scénario n’a pas été respecté. Cela peut sembler anodin, mais lorsque sur papier une intrigue se déroule dans un parc national désertique d’un pays développé et qu’à l’écran le désert devient tour à tour un village fantôme et un abattoir de cochons dans un pays sous-développé, le résultat n’est pas le même d’un point de vue dramatique et esthétique. En outre, lorsqu’une scène de suspense est conçue pour tirer parti de l’habitacle feutré d’une berline de luxe, mais que la scène est transposée à l’écran dans une Lada décrépite, elle risque d’y perdre en vraisemblance.


Ensuite, le film contient des scènes que je n’ai jamais écrites, notamment celles de la location de voiture, de l’arrivée du couple à l’hôtel suivie d’une relation sexuelle ou encore la fuite des époux dans la porcherie. On retrouve même dans ce film des personnages qui n’ont jamais existé sur papier, comme ceux joués par Claire Pimparé et Sophie Cadieux. Quant aux dialogues, pratiquement aucun n’est vraiment fidèle à ceux du scénario, dont il ne reste à l’écran que quelques bribes.


Par ailleurs, plusieurs scènes du scénario ont tout simplement disparu, comme par exemple toutes celles qui expliquent le passé et les motivations du tueur. D’autres ont été profondément transformées ou dénaturées, au point où elles n’ont plus, à mon avis, l’impact dramatique ou l’authenticité que j’avais souhaités.


Il ne fait aucun doute dans mon esprit que certains de ces changements sont imputables à un manque de budget et à des conditions de tournage difficiles. De toute façon, il y a toujours des différences entre un scénario et le film qu’on en tire. Toutefois, les considérations budgétaires ou techniques ne peuvent pas tout expliquer, ni tout justifier. Réécrire au complet une scène de dialogue entre deux personnages attablés dans un restaurant, ça devient un choix créatif. Lorsque cette réécriture est faite sans en informer le scénariste et certainement sans obtenir son consentement, ça devient problématique. Surtout si le nouveau dialogue transforme les enjeux dramatiques prévus à l’origine dans le scénario.


Cette situation n’est pas la première du genre à survenir dans l’industrie du cinéma. Je crois pourtant nécessaire d’informer le public et mes pairs que ce film, peu importe ses qualités ou ses défauts, n’est pas celui que j’ai écrit.


Martin Girard

Scénariste


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DI a vu! (Ciné, Théâtre, Expositions et quelques annonces d’événements)


Copie conforme D’ABBAS KIAROSTAMI, AVEC JULIETTE BINOCHE


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 13 no 4, Textes ciné et culture : www.societascriticus.com


Copie conforme, du réalisateur iranien Abbas Kiarostami, a été présenté en Compétition officielle lors du 63e Festival de Cannes et met en vedette l’actrice française Juliette Binoche, qui s’est mérité le Prix d’interprétation féminine pour son rôle.


James, un écrivain quinquagénaire anglo-saxon, donne en Italie, à l'occasion de la sortie de son dernier livre, une conférence ayant pour thème les relations étroites entre l'original et la copie dans l'art. Il rencontre une jeune femme d'origine française, galeriste. Ils partent ensemble pour quelques heures à San Gimignano, petit village près de Florence. Comment distinguer l'original de la copie, la réalité de la fiction ?


Tourné entièrement en Toscane, Copie conforme est le premier film qu’Abbas Kiarostami réalise hors de l’Iran. Habitué de la Croisette, il y a présenté, depuis « Et la vie continue » en 1992, neuf de ses films en plus de remporter la Palme d’or en 1997 pour « Le goût de la cerise ».


Copie conforme a pris l’affiche à Montréal et Québec le 18 mars dernier.


Commentaires de Michel Handfield (2011-03-30)


La copie! Vaste fraude dans le domaine de l'art. Mais, a-t-elle des vertus? Certains croient que oui, notamment pédagogiques. On peut aimer une reproduction, ce qui nous fera découvrir le vrai! En peinture comme en musique. Certains jeunes téléspectateurs ont probablement découvert des auteurs du temps de leurs parents par « Star académie » par exemple. La copie offre donc une certaine valeur même si elle a aussi un cout!


Plus anthropologiquement, l'Humain est une copie à grande échelle de ses ancêtres avec quelques modifications en cours de reproduction, ce qu'on appelle l'évolution!


La copie, c'est aussi une assurance tranquilité. On est bien moins inquiet de porter des bijoux en toc que des originaux de plus grandes valeurs parfois. Ça fait moins de tracas! Bref, vous aurez compris qu'il y a une différence entre la copie pour frauder versus la copie comme matériel d'utilité!


Un film philosophique sur l'art, les idées et la vie qui se copient indéfiniment, se retrouvant dans la suite des choses. La roue fut recopiée dans la charrette, le train et l'automobile par exemple. On ne pouvait la réinventer à chaque fois, pas plus qu'on ne peut réinventer le bouton à 4 trous. On peut par contre lui redonner un autre lustre ou un nouveau style. Comme au couple en fait. On peut s'être perdu de vue, se retrouver et se recréer un passé ou un futur! Mais, est-il vrai ou faux? Peut-on se refaire une vie comme on peut refaire un tableau? Si oui, le faux devient-il le vrai? Un film assez particulier qui joue sur le vrai et le faux en art et en couple. Déstabilisant, mais intéressant!



Jo pour Jonathan, DE MAXIME GIROUX

www.jopourjonathan.com


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 13 no 4, Textes ciné et culture : www.societascriticus.com


Jo pour Jonathan, de Maxime Giroux, a été présenté en première mondiale au prestigieux Festival international du film de Locarno en aout dernier. Il raconte l'histoire de Jo, qui vit dans l'ombre de son grand frère, passionné de voitures et de courses illégales.


Le film est produit par Paul Barbeau et Maxime Giroux, le scénario est signé Alexandre Laferrière et Maxime Giroux. Jo pour Jonathan met en vedette Raphaël Lacaille, Jean-Sébastien Courchesne, Jean-Alexandre Létourneau et Vanessa Pilon.

Depuis sa première mondiale à Locarno, le film ne cesse de récolter les honneurs, notamment en remportant le « Cinema and the City Award » au Festival de Thessaloniki, le prix de l’AQCC au Festival du nouveau cinéma, le prix du Meilleur acteur pour Raphaël Lacaille au Festival du film de Whistler, ou encore le prix Gilles Carles aux Rendez-vous du cinéma québécois.


Distribué au Québec par Métropole Films, Jo pour Jonathan a pris l'affiche à Montréal et Québec le 18 mars dernier.


Commentaires de Michel Handfield (2011-03-30)


La vie de banlieue n'est pas toujours aussi propre qu'on veut le laisser croire quand les jeunes sont dans leurs sous-sols et les parents complaisants! Bref, en banlieue comme en ville, on peut faire des conneries pour être cool.


Puis, à vouloir des « ti-hommes » trop vite, ne pervertit-on pas nos enfants? Les parents sont fiers quand leurs jeunes travaillent et ont un « char »! Mais, ce sont aussi les « chars boostés » et les courses de rue. Des jeux qui ne sont pas sans conséquence.


Peut-il en être autrement dans une société qui s'autoévalue par l'emploi et la voiture plutôt que par les valeurs écologiques? Je trouve que l'on a le culte de l'automobile parfois très facile, surtout en banlieue où c'est une nécessité par absence d'un transport en commun digne de ce nom! (1) Il faudra un jour regarder cette question avec lucidité.


Note :


1. « En 2008, le parc automobile de la grande région [de Montréal] est estimé à 1 789 000 véhicules, en hausse de 10,5% par rapport à 2003 alors que la population n’a augmenté que de 5%. Cette croissance du nombre de voitures est plus importante dans les couronnes (+17%) que sur l’île (+6%), en phase avec une augmentation plus marquée de leur population (+10% vs +2%). On note aussi une stabilisation du taux de motorisation chez les hommes, accompagnée d’une hausse chez les femmes et les aînés. » (Fondation du Grand Montréal, Signes vitaux du grand Montréal: www.fgmtl.org/fr/signesvitaux2010/transport.php)


A la batterie : Ricardo! (Lancement)


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 13 no 4, Textes ciné et culture : www.societascriticus.com


Commentaires de Michel Handfield, avec quelques références au communiqué (2011-03-27)


C’est avec beaucoup de fierté que Ricardo a présenté sa collection d’accessoires de cuisine pensés, dessinés et testés ici, au Québec.


Composée d’une quarantaine d’éléments (batterie de cuisine, couteaux, fouet, spatule et autres ustensiles, moules à gâteaux, etc.), la collection se distingue par sa grande qualité et ses prix défiant toute compétition. Parmi les originalités qui sont aussi utiles, on trouve certains produits 2 en 1 comme un ciseau à pizza qui devient une spatule pour la servir; un mortier qui se transforme en contenant pour épices et une planche en bois qui intègre une planche en plastique par exemple.


« Pour ma batterie 10 pièces, a dit Ricardo, j’ai sélectionné ce que j’utilise en cuisine : deux poêles (une en acier inoxydable et une antiadhésive en céramique), trois casseroles (une petite, une moyenne et une grande), avec couvercle en verre trempé, et une étuveuse. Dans les batteries de cuisine, il y a toujours des grandeurs de casserole qui sont moins utiles, ce qui n’est pas le cas ici ».


Pour arriver à ce résultat, Ricardo, son équipe et celle de Promotions Atlantiques,

partenaire dans l’aventure, ont travaillé pendant un an et demi, multipliant les prototypes d’accessoires et les visites dans les foires internationales pour offrir au public le meilleur à meilleur prix.


Personnellement, car j'ai regardé cela avec attention, j'ai bien aimé que les manches soient en acier, car cela permet de travailler autant sur la cuisinière qu'au four. Cela est important pour moi, car je fais la majorité de la cuisine au four. En effet, c'est une chose que vous ne connaissez pas de moi, même si vous me lisez sur Societas Criticus : à la maison ce n'est généralement pas ma blonde qui cuisine, mais moi. En fait, même si je ne m'en vantais pas dans ma jeunesse, les années 70, je préférais aider ma mère à cuisiner que mon père à bricoler! Je n'ai donc pas été à ce lancement pour voir des célébrités, mais bien des instruments de cuisine et j'ai été servi!


Dans les choses que j'ai remarqué, à part la batterie de cuisine, c'est le rouleau à pâte ultra léger, le fait que l'égouttoir fait dans la poignée de la casserole, ce qui peut être fort utile pour égoutter des légumes par exemple. Si vous pensez pâtes alimentaires, il y a une casserole à pâtes dans cette collection. Un achat gagnant si vous faites souvent des « pastas »! J'ai bien aimé le moulin à poivre et, surtout, la palette en silicone pleine pour aller chercher/retourner les éléments dans une poêle à frire par exemple.


Pour ceux qui sont plus « glamour », le design est très beau. Pour moi, c'est le sentiment que ça se manipule bien et se tient bien en main qui est important, car un instrument de cuisine qui se tient mal accroit le risque de se bruler par exemple. On joue avec des liquides chauds!


Si vous vous demandez pourquoi parler d'instruments de cuisines dans une revue sociale, politique et culturelle, je vous répondrai qu'il n'y a pas endroit plus agréable qu'autour d'un bon repas pour parler du dernier film qu'on a vu, du nouveau iPad, de musique ou de ces politiciens que l'on aime bien détester! Mais, pour cela, il faut d'abord cuisiner! Alors, la cuisine, c'est social!


Puis, si vous ne cuisinez pas, vous pouvez toujours en profiter pour faire de la musique avec ces instruments de cuisine! C'est ce que les artistes de Samajam (www.samajam.biz) nous ont montré. J'en ai trouvé un extrait sur montreal.tv :


www.montreal.tv/portail/video/3201/Jam-sur-les-casseroles-de-Ricardo


La collection Ricardo est disponible dans les magasins SEARS et les boutiques

d’accessoires de cuisine partout au Canada depuis le 24 mars. Pour plus

d’information, visitez le www.ricardocuisine.com/boutique



La musique en moi / Ginette Reno (Lancement de disque)

www.ginettereno.com


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 13 no 4, Textes ciné et culture : www.societascriticus.com


Commentaires de Michel Handfield (2011-03-27)


Un lancement de disque! C'est le genre de chose que je couvre peu, mais il m'arrive parfois de le faire. Pour le texte des chansons parfois, si ce sont des auteurs engagés, ou pour me sortir de ce que je fais normalement, car j'aime la musique. Elle active mon imaginaire. Je suis bon public.


En général, la vedette présente son nouveau bébé et fait deux ou trois chansons à un public de journalistes. Ginette, elle, a donné un lancement de disque à ses admirateurs, car des billets avaient été distribués par différents concours médiatiques. Elle n'était pas seule, accompagnée d'un Big Band de 15 musiciens, 2 choristes et 6 membres d'une chorale! Bref, son public en a eu pour se mettre en appétit! À quand le spectacle?


Le tout fut enregistré en vue d'un spécial de la fête des Mères à venir à TVA le 8 mai prochain en soirée.


Pour en revenir à ce lancement, son album porte un titre qui sied bien à l'interprète : La musique en moi. Les paroles de la chanson titre lui font d'ailleurs comme un gant. Ginette chante! Elle a de la voix et de l'énergie. En fait, quand elle chante, elle n'a pas d'âge! Elle a encore l'énergie de ses 16 ans, à l'aise avec le public. C'est une femme de public.


Dans ce qu'elle a livré de ce nouvel album, elle se donne. Elle va dans le personnel. On pourrait dire qu'elle chante pour se « soigner » comme d'autres font des romans ou des films pour la même raison. C'est le propre de bien des créateurs : leur art est aussi leur thérapie! L'important est que ce soit sincère et Ginette l'est! Le mal aise; l'émotion; l'âme; la paix au fond de soi; tout y passe avec la puissance qu'on lui connait. Bref, une psychothérapie dans le bonheur pour elle et son public, car Ginette Reno aime la scène et s'y donne à fond.


C'est la première fois que je la voyais malgré ses 52 ans de carrière et j'ai bien aimé ce que j'ai vu et entendu.



Hamlet (théâtre)


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 13 no 4, Textes ciné et culture : www.societascriticus.com


DU 8 MARS AU 2 AVRIL 2011 au TNM

http://www.tnm.qc.ca/saison-2010-2011/Hamlet/Hamlet.html


De William Shakespeare

Traduction de Jean Marc Dalpé

Mise en scène Marc Béland


Durée du spectacle 3h00, incluant l'entracte


À la mise en scène, Marc Béland, qui a incarné Hamlet au TNM il y a vingt ans. Pour que la langue de Shakespeare éclate dans toute sa poésie comme dans toute son âpreté, il a confié la traduction à nul autre qu’au dramaturge Jean Marc Dalpé. Il passe le manteau du prince du Danemark à celui que le rôle réclame aujourd’hui : Benoît McGinnis, entouré d’une distribution exemplaire, soit : Félix Beaulieu-Duchesneau / Émilie Bibeau / Frédéric Blanchette / Mathieu Bourguet / Jean-Marc Dalphond / Marie-France Lambert / Pierre-Antoine Lasnier / Jean Marchand / Benoît McGinnis / Widemir Normil / Ève Pressault / David Savard / Richard Thériault / Alain Zouvi


ÉQUIPE DE CONCEPTEURS : Angelo Barsetti / Mérédith Caron / Guillaume Cyr / Jean-François Gagnon / Alain Jenkins / Martin Labrecque / Richard Lacroix / Silvio Palmieri


Commentaires de Michel Handfield (2011-03-19)


Le corps du roi est à peine refroidi, un mois seulement qu'il a trépassé, que son ex, Gertrude, a épousé son beau frère, Claudius, qui devient ainsi le roi aux dépens du prince Hamlet, fils du grand roi Hamlet! J'ai alors pensé à un autre Shakespeare : Macbeth, où se mêlent aussi royauté, envie et trahison! Le grand William était-il républicain? On peut se poser la question.


On peut alors être dans l'intrigue politique, où la soif du Pouvoir explique la trahison de Claudius envers son frère et son désir de tuer ce neveu gênant, neveu qui fera le fou pour mettre au jour le complot et se débarrasser de cet oncle qui est dans le lit de sa mère.


Si on peut y voir la pièce politique, on peut aussi y voir le drame passionnel, mais surtout une mise en garde contre l'amour, car l'amour rend fou! Polonius, fidèle serviteur de Claudius, met d'ailleurs sa fille Ophélie en garde contre l'amour du jeune Hamlet. Puis, Claudius aurait-il empoisonné son frère pour prendre sa place auprès de Gertrude? Eussent-ils été amants, puisque si tôt après le décès du roi ils ont officialisé leur union?


Il a donc des raisons de venger son père, mais sont-ce les bonnes! Puis, ce père qui est venu d'outre-tombe lui demander de tuer son oncle, fût-ce bien réel, quoi que trois de ses proches l'ont vu avec lui? Mais, si cela eut été organisé pour le manipuler, car son oncle est bien capable d'un tel machiavélisme. (1)


Si certains se demandent si le jeune Hamlet est fou, Hamlet lui-même se questionne parfois au point de se perdre dans ses desseins. Alors, comment les atteindre? Dans le doute, il retarde son projet pour avoir des preuves. Mais, réussira-t-il son destin? Voilà la question!


Fou d'amour pour son père et jaloux de sa mère, Pouvoir et Oedipe sont donc au premier plan tout au long de cette pièce. Être ou ne pas être à la hauteur de son destin, voilà la question, car notre héros balance toujours entre réflexion ou action. Qu'est-ce qui retient ou envoi a l'action, voilà ce qui distingue les grands des autres. Mais, encore, certains iront au front et seront défaits alors que d'autres auront attendu si longtemps qu'ils n'auront rien fait! L'histoire se sera passée d'eux pour suivre son cours! Dans ces conditions, est-ce vraiment le choix des Hommes, une fatalité du destin ou un coup de chance entre les choix et les destins? Il y a dans ce texte des subtilités qui peuvent susciter une longue réflexion.


Hamlet ne fut pas écrit en trois heures et les trois heures de la pièce ne sont que le prélude à une réflexion qui durera bien plus longtemps encore chez le spectateur qui aura assisté à cette prestation théâtrale. Car, entre la voir et l'assimiler, il y a un temps que l'on appelle la réflexion. Hamlet, tout comme Macbeth, vous suivra bien après que vous soyez sorti du TNM.


À souligner la prestation des comédiens, l'adaptation du texte et l'actualisation de la mise en scène qui en font une pièce plus contemporaine sans la trafiquer. Toute l'essence de l'original est là, mais sans plomb! (2)


Notes :


1. D'ailleurs, ce texte fut présenté près de 70 ans après Le Prince! En effet, Le prince de Machiavel date de 1513, mais fut publié en 1532 alors que la première présentation d'Hamlet se situe entre 1598 et 1601. Quant au texte, il fut publié en 1603. Voir http://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Prince et http://fr.wikipedia.org/wiki/Hamlet


2. Pour ceux qui n'ont pas compris ce jeu de mots, c'est que l'essentiel de la pièce, les caractères et son sens sont là. Mais, le mot essence signifiant aussi un carburant qui, autrefois, était avec plomb et qui est maintenant sans plomb, ceci est une façon de dire que c'est toujours la même chose sans être tout à fait pareil. Que ce fut modernisé dans le respect du produit initial; allégé sans en perdre l'efficacité; que la pièce est tout aussi puissante que l'originale. En fait, la performance y a peut-être même gagné, car elle répond aux attentes de notre temps! On ne voit plus et ne faisons plus le théâtre comme au temps de Shakespeare, mais son message s'adresse encore à nous si on sait bien le présenter, ce que réussit cette adaptation. Bravo à Shakespeare et à Jean Marc Dalpé.


Hyperliens :


http://fr.wikipedia.org/wiki/Shakespeare


http://fr.wikipedia.org/wiki/Macbeth_(Shakespeare)


http://fr.wikipedia.org/wiki/Hamlet



The year Dolly Parton was my mom de TARA JOHNS


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 13 no 4, Textes ciné et culture : www.societascriticus.com


AVEC MACHA GRENON, GIL BELOWS ET JULIA STONE pour la première fois à l’écran


Métropole Films est heureuse d’annoncer la sortie du film The Year Dolly Parton Was My Mom (Dolly Parton, ma mère et moi), premier long métrage de la réalisatrice canadienne Tara Johns. Le film fut présenté en clôture des 29e Rendez-vous du cinéma québécois le 26 février dernier avant de prendre l’affiche au Québec.


1976. Année charnière pour la petite Elizabeth (Julia Stone), 11 ans, qui vient d’apprendre qu’elle est adoptée. Nouvellement convaincue que sa mère biologique n’est nulle autre que la populaire chanteuse country Dolly Parton, elle prend la folle décision d’aller la rejoindre à l’un de ses concerts. Enfourchant son vélo, elle s’embarque alors pour un voyage qui prendra des allures de quête identitaire.


Le film met en lumière Macha Grenon (au sommet de son art) dans le rôle d’une mère douce, mais bien déterminée à retrouver sa fille adoptive.


Naviguant entre le film initiatique et le road movie,  The Year Dolly Parton Was My Mom, est d’abord le récit du rêve d’une jeune fille et de sa quête pour réussir à faire sa place dans le monde. Le film est porté par la musique de Dolly Parton interprétée par Martha Wainwright, Nelly Furtado, Geneviève Toupin, Coral Egan, The Wailin’ Jennys et la grande dame du country elle-même Dolly Parton !


The Year Dolly Parton Was My Mom est produit par Barbara Shrier, Palomar et co-produit par Liz Jarvis et Buffalo Gal Pictures.


Commentaires de Michel Handfield (2011-03-12)


Dans le monde des enfants on retrouve de l'amour, de la méchanceté, des désirs, des peurs, de l'imaginaire et de la sincérité! Quand on aime, on le dit, quand on n'aime plus on le dit aussi! Quand on trouve une différence, on la pointe bien comme il faut, comme pour mieux la voir et la saisir. Pour la comprendre, mais se rassurer aussi :


« Moi, je ne suis pas comme toi! Moi, je ne suis pas une batarde! »


De quoi pousser la petite Elizabeth (Julia Stone) à une quête pour prouver qu'elle n'est pas une batarde et qu'elle a même des origines enviables! Elle se convainc donc que sa mère biologique est Dolly Parton et part à sa rencontre du haut de ses 11 ans sur son vélo Mustang! Une quête initiatique.


Tout semble exacerbé, car il y a des pans entier de la vie – et de notre vie – qui nous échappent toujours. Ce l'est probablement davantage pour un enfant qui découvre par hasard qu'il est adopté, ce qui est le cas de la petite Elizabeth. Alors, se pose la question des origines : qui sont mes vrais parents?


Mais, sont-ce nos origines biologiques ou les personnes qui nous guident dans la vie qui nous définissent le plus? Les parent ou, parfois, des éducateurs ou des étrangers qui nous marquent, comme des voisins par exemple? S'en rendent-ils même compte? Probablement pas! Nous non plus d'ailleurs, sauf beaucoup plus tard.


Il y a là des questions intéressantes, mais nous sommes face à un film quelque peu « fleur bleue »! Un moment agréable de cinéma de filles, mais qui pourrait être repris par des éducateurs et des intervenants sociaux pour aller plus loin; sur la question des différences par exemple!


Hyperliens autour du film :


www.facebook.com/theyeardollypartonwasmymom

www.monidole.ca



Le Consul de Giancarlo Menotti


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 13 no 4, Textes ciné et culture : www.societascriticus.com


Les vedettes de demain sur les planches à des prix abordables!


Depuis 1984, l’Atelier lyrique est un laboratoire de perfectionnement pour jeunes chanteurs d’opéra professionnels. Pour une septième saison, ces jeunes chanteurs présentent leur propre production en collaboration avec l’École nationale de théâtre du Canada et le Monument-National.


ARGUMENT :


Giancarlo Menotti conjugue tradition et modernisme, dans des opéras souvent créés à la radio, à la télévision ou sur les scènes de Broadway. Avec des envolées lyriques dignes du belcanto et des dissonances bien de son temps, Menotti crée une tragédie des temps modernes, où l’indifférence et la bureaucratie tuent plus surement que les fusils. Dans la salle d’attente du consul, des hommes et des femmes angoissés espèrent le papier magique qui leur permettra de quitter leur pays totalitaire. Parmi eux, Magda Sorel. Elle veut aller rejoindre son mari en fuite, poursuivi par la police secrète, mais elle se heurte à un mur de formulaires et une secrétaire implacable…


Distribution :


Magda Sorel: Caroline Bleau

Jean Sorel: Étienne Dupuis

La mère: Christianne Bélanger

La Secrétaire : Aidan Ferguson

Agent de la police secrète: Philip Kalmanovitch

Le Magicien : Aaron Ferguson

La Femme étrangère: Karine Boucher

Mr. Kofner: Pierre Rancourt

Anna Gomez: Chantale Nurse

Vera Boronel: Emma Parkinson

Assan: Roy Del Valle


Orchestre de chambre McGill sous la direction de Claude Webster

Mise en scène : Oriol Tomas

Décors: Mylène Chabrol

Costumes : Laurence Mongeau

Assistante à la mise en scène et directrice de scène : Émilie Martel

Éclairages : Francis Hamel

Direction technique : Jean-François Piché

Pianiste répétiteur : Jérémie Pelletier

Arrangement pour quintette à cordes, clarinette et piano


LIEU : Salle Ludger Duvernay, Monument-National, 1182, boulevard Saint-Laurent, Montréal, QC, H2X 2S5 (5-7-9-10-12 mars)

Source : www.operademontreal.com/fr/atelier-lyrique/le-consul.html


Commentaires de Michel Handfield (2011-03-12)


Cet opéra est venu me chercher très fortement tellement il est actuel, mais aussi en ligne avec Kafka! Je ne pouvais m'empêcher de penser au Procès, qui montre comment un système peut être aveugle, et à la langue de bois, utilisée tant en diplomatie qu'en politique! Si on en a pour la démocratie dans les beaux discours, on ne fait rien pour mettre fin aux dictatures. Tant que l'on n'est pas forcé de le faire, on ne bouge pas! C'est ce que nous montre l'actualité concernant les pays arabes. Les démocraties occidentales ne bougent qu'en dernier ressort pour appuyer les revendications démocratiques, car elles perdent des alliés complaisants avec ces mouvements de libération. (1) Puis, que dire de la fracture israélo-palestinienne symbolisée par un mur? (2)


Tant que les manifestations n'ont pas atteint un point de non-retour, les démocraties regardent la situation avec intérêt. Mais, on ne peut intervenir pour cause du droit international, même pour les droits de l'Homme! Par contre, s'il y a des raisons stratégiques, politiques et économiques, alors les raisons d'intervenir sans tenir compte du droit international sont parfois plus faciles à trouver. Cela s'est vu et on le verra encore! Pensons seulement à l'Irak.


Dans cet opéra, on voit la situation du point de vue du citoyen qui veut fuir une dictature. Mais, la secrétaire du consul agit comme un mur entre les citoyens qui veulent quitter ce régime et son État qui dit « soutenir la démocratie »! Entre le discours et l'acte, il y a les papiers et les formulaires qui permettent l'inaction. « Il combat pour la liberté », répètera sans cesse Magda Sorel en parlant de son mari, Jean Sorel, à la secrétaire qui n'en a que pour les formulaires! Mais, elle ne rencontrera jamais le consul, car cette femme est un vrai mur. Une façon de ne pas se mettre à dos ce pays voisin. (3)


Comme cet opéra fut créé pour la première fois en 1950, on pouvait alors penser à l'Espagne de Franco ou a un pays de l'Est. Dans les années 70, on aurait pu penser à l'Amérique latine et plus particulièrement au régime du général Pinochet, au Chili, suite au renversement du gouvernement Allende le 11 septembre 1973. (4) L'autre 9-11! (5)


Aujourd'hui, si on peut penser au monde arabe ou à la fracture israélo-palestinienne, on peut aussi penser à ce mur à la frontière du Mexique et des États-Unis, où l'on exploite une main-d'oeuvre bon marché dans les maquiladoras, mais que l'on ne veut pas voir venir aux États-Unis, du moins officiellement. Cette main-d'oeuvre y travaille quand même illégalement, ce qui fait bien l'affaire du système! Sans statut, dans l'illégalité et menacé d'expulsion, c'est une main-d'oeuvre docile.


Parlant de mur, les inégalités en sont un. Si on parle des bienfaits du libre-échange pour les entreprises, on n'assiste pas au même mouvement au niveau de la lutte aux inégalités qui l'accompagne. Les conditions de travail sont loin d'être les mêmes dans les pays développés et sous-développés, quoi que les conditions de la main-d'oeuvre des pays développés semblent se dégrader face à la concurrence des économies émergentes! Et les élites gardent le silence, comme le consul qu'elle ne verra jamais! Il y a donc une forte symbolique sur le Pouvoir et les inégalités dans cette œuvre.


Mais, il y a aussi une réflexion sur la déresponsabilisation bureaucratique. Avec le règlement, personne n'est jamais responsable! Personne n'ose agir de son plein gré, de peur de ne pas être supporté par la machine bureaucratique. Le système immobilise, même si le discours officiel prône l'action!


La seule voie vers la liberté devient le suicide. Le vent de changement qui s'est mis à souffler sur le monde arabe est justement venu du suicide d'un jeune tunisien, Mohamed Bouazizi, qui s'est immolé par le feu en guise de protestation contre un régime qui l'empêchait de travailler. (6) Il est ainsi devenu le modèle des jeunes dont l'avenir est bloqué et le carburant de leurs revendications, bref le symbole de la révolution qui se passe dans certains pays arabes et qui a conduit à la chute du régime tunisien et égyptien jusqu'à présent. Serait-ce le mai 68 du monde arabe?


Mais, d'autres feux couvent, car la même chose pourrait être dite en matière économique ou environnementale. Une forme d'hypocrisie intéressée érigée en système! Un opéra choc et très actuel pour longtemps encore!


Notes :


1. «Les gens veulent mettre en place un vrai système démocratique. Un tel système ne produirait pas des gouvernements aussi tolérants envers les politiques israéliennes et américaines que l'ont été les régimes arabes actuels», explique Ali Abunimah, qui a cofondé The Electronic Intifada (http://electronicintifada.net/), un cyberjournal palestinien militant, il y a dix ans rapporte Le Devoir, à qui il a accordé une entrevue. (Claude Lévesque, Entrevue - Un exilé palestinien voit d'un bon oeil les changements dans le monde arabe, in Le Devoir, 11 mars 2011 : www.ledevoir.com/international/proche-orient/318474/entrevue-un-exile-palestinien-voit-d-un-bon-oeil-les-changements-dans-le-monde-arabe)


À ce sujet, lire aussi le texte de Jacques Attali, L'Occident doit réapprendre à promouvoir la démocratie, publié dans l'Express, le 02/02/2011. Il est disponible sur le site de l'Express : www.lexpress.fr/actualite/monde/afrique/l-occident-doit-reapprendre-a-promouvoir-la-democratie_958143.html


2. Je pense ici au film Face 2 Face (http://face2faceproject.com/) de GÉRARD MAXIMIN, SUISSE /FRANCE /PAYS-BAS, 2008, 75 MIN, FRANÇAIS, ANGLAIS, ARABE, HÉBREU, S.-T.A. Nous en avons parlé dans Societas Criticus, Vol. 11 no. 3, du 3 avril 2009 au 8 juin 2009.


3. On ne dit jamais qu'il s'agit d'un pays voisin, mais pour que Jean Sorel passe et repasse la frontière, il ne peut en être autrement.


4. Collectif, 1978, Le Chili d'Allende, Montréal: Éd. Coop. Albert St-Martin.


Voir aussi:

Salvador Allende : http://fr.wikipedia.org/wiki/Salvador_Allende

Museo de la solidaridad Salvador Allende : http://www.mssa.cl/

11 septembre 1973 : http://www.herodote.net/histoire09110.htm


5. Dans le film 11.09.2001, dont nous avons parlé dans Societas Criticus, Vol. 5 no 2 (Hiver 2003), le film de Ken Loach (Royaume-Uni), nous parle de ce 11 septembre 73 à travers une lettre que rédige un réfugié Chilien au Président des États-Unis concernant son 11 septembre à lui, soit celui du renversement du Gouvernement Allende par le général Pinochet en 1973. Ce coup d'État fut soutenu par les plus hauts dirigeants de la droite républicaine états-unienne alors au pouvoir. Des morts et des tortures inutiles pour le peuple. 30.000 personnes assassinées au hasard pour donner l’exemple nous dit-on dans ce court métrage percutant. Comme on peut maintenant le trouver sur You tube, je le recommande : www.youtube.com/watch?v=cbC5f2z6PmI


6. Audrey Pelé, Tunisie : décès du jeune homme immolé par le feu, 05/01/2011 in lefigaro.fr : www.lefigaro.fr/international/2011/01/05/01003-20110105ARTFIG00544-tunisie-deces-du-jeune-homme-immole-par-le-feu.php


Hyperliens et bibliographie :


http://fr.wikipedia.org/wiki/Gian_Carlo_Menotti

http://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_d%27Espagne

http://fr.wikipedia.org/wiki/Francisco_Franco


Kafka, 1933 [2004], Le Procès, France : Gallimard/folio classique


Labrecque, Marie-France, 2005, Être Maya et travailler dans une maquiladora. État, identité, genre et génération au Yucatan, Mexique, PUL, Collection Mondes autochtones (ISBN 2-7637-8196-9), 25 $


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