Societas Criticus, Revue de critique sociale et politique

On n'est pas vache…on est critique!


D.I. revue d’actualité et de culture

Où la culture nous émeut!


Regard sur le Monde d'une perspective montréalaise!

On est Sceptique, Cynique, Ironique et Documenté!


Revues Internet en ligne, version archive pour bibliothèques

Vol. 14 no. 10, du 2012-10-12 au 2012-11-07. (Festival du Nouveau Cinéma)


Depuis 1999!













www.societascriticus.com

Cette revue est éditée à compte d'auteurs.


societascriticus@yahoo.ca

7355, boul St-Michel

C.P. 73580

Montréal H2A 2Z9



Le Noyau!


Michel Handfield, M.Sc. sociologie (U de M), cofondateur et éditeur;

Gaétan Chênevert, M.Sc. (U de Sherbrooke), cofondateur et interrogatif de service;

Luc Chaput, diplômé de l'Institut d'Études Politiques de Paris, recherche et support documentaire.



Soumission de texte: Les faire parvenir à societascriticus@yahoo.ca. Si votre texte est en fichier attaché, si possible le sauvegarder en format "rtf" (rich text format) sans notes automatiques.



Note de la rédaction


Depuis 2009 nous faisons cette revue en Open Office (www.openoffice.org), auquel s'ajoute maintenant Libre Office (www.documentfoundation.org/), façon de promouvoir le logiciel libre. Dans le but d'utiliser la graphie rectifiée, nous avons placé les options de correction de notre correcteur à « graphie rectifiée », façon de faire le test de la nouvelle orthographe officiellement recommandée sans toutefois être imposée. Voir www.orthographe-recommandee.info/. Cependant, comme nous passons nos textes à un correcteur ajusté en fonction de la nouvelle orthographe, il est presque certain que certaines citations et autres références soient modifiées en fonction de l’orthographe révisée sans même que nous nous en rendions compte, les automatismes étant parfois plus rapide que l’œil. Ce n'est cependant pas davantage un sacrilège que de relire les classiques du français en français moderne. On y comprendrait parfois peu si on les avait laissés dans la langue du XVe, XVI ou XVIIe siècle. Les langues évoluent et il faut suivre. L'important est davantage de ne pas trafiquer les idées, ou le sens des citations et autres références, que de modifier l'orthographe de notre point de vue.


Les paragraphes sont aussi justifiés sans retrait à la première ligne pour favoriser la compatibilité des différents formats de formatage entre la version pour bibliothèque (revue) et en ligne.



« Work in progress »:


Comme il y a de la distance dans le temps entre la mise en ligne des textes et la production du numéro pour bibliothèque, il se peut que quelques fautes d’orthographe, de ponctuation ou de graphie aient été corrigées, mais le texte n’est pas changé à quelques virgules près! On a beau lire un texte 2, 3, 4 et même 5 fois… quand on vient de l’écrire on dirait qu’on ne voie pas certaines coquilles. On les revoit cependant sur écran quelques semaines plus tard! Ainsi va la vie.






Index


Societas Criticus, revue de critique sociale et politique

Éditos


Employabilité?!

Matricule 728


Les meilleures lignes de Societas Criticus en direct


Transport actif d'un autre angle!

Transport actif...

Réchauffement climatique, prise 2!

Réchauffement climatique!

I hope to have one!

Bonne rentrée



D.I., Delinkan Intellectuel, revue d’actualité et de culture


Avis


Commentaires livresques: sous la jaquette!


The End of Growth


DI a Vu! - Ciné, Théâtre, Expositions et quelques annonces d’événements (Avec index)


Passé, individualisme et sentiment de trahison!

- 007 Skyfall

- CAMILLE REDOUBLE

- ELLES, avec un lien pour « l'amour dure trois ans »

- Tout ce que tu possèdes


Les festivals!


Festival du Nouveau Cinéma 2012



Societas Criticus, revue de critique sociale et politique


Index


Nos éditos!


Employabilité?!


Societas Criticus, revue de critique sociale et politique, Vol. 14 no 10, Éditos : www.societascriticus.com


Michel Handfield (2012-11-02)


Je suis rendu à 54 ans, je fais une revue internet à compte d'auteur pour pratiquer ce que j'ai appris : l'analyse sociale! C'est que je suis sociologue de formation. Dans ma vie, je ne sais combien de CV j'avais envoyés pour n'avoir finalement que très peu d'entrevues et encore moins un emploi régulier et permanent dans mon domaine. J'ai par contre eu quelques emplois temporaires, parfois au salaire minimum, et un contrat intéressant. Mais, il a duré moins de deux ans!


Le manque d'expériences était souvent la raison invoquée! Comme s'il fallait avoir 10 ans d'expérience pour être employable! C'est qu'on veut les meilleurs...

En écoutant la commission Charbonneau, je me demande si c'était bien les meilleurs que l'on voulait ou plutôt les moins dérangeants pour le système! Ceux qui posent le moins de questions par exemple et qui suivent le mouvement comme le raconte un ex-ingénieur de la ville de Montréal :


« De toute façon, la corruption était généralisée, le laxisme bien implanté, et ce, « depuis des générations », croit M. Leclerc. Lors de son embauche à la Ville de Montréal en 1990, l’ingénieur raconte s’être « adapté » sans problème au système de corruption en place. « À Rome, on fait comme les Romains », a-t-il dit. » (1)


Pire, au manque d'expériences je répondais que j'avais de la créativité et de la débrouillardise pour faire plus avec moins, ce que j'ai appris à faire aux études et, ensuite, à compte d'auteur! Petits moyens obligent.


Mais, veut-on de quelqu'un de créatif et multifonctionnel? Pas très recherché dans des organisations qui carburent à la séparation hermétique des taches, fruit d'un certain syndicalisme, et aux contrats à donner à l'externe, fruits d'un idéalisme du secteur privé! Imaginez quand on croit en plus à l'économie sociale et coopérative! J'espère avoir une chance dans l'enseignement (cégep) avant d'être trop vieux. Ce serait même complémentaire à ce que je fais avec Societas Criticus.


Note


1. Kathleen Lévesque, Commission Charbonneau - La corruption, une « culture d’entreprise », in Le Devoir, 2 novembre 2012 : www.ledevoir.com/societe/justice/363009/la-corruption-une-culture-d-entreprise




Matricule 728


Societas Criticus, revue de critique sociale et politique, Vol. 14 no 10, Éditos : www.societascriticus.com


Michel Handfield (2012-10-15)


Suites aux actions de matricule 728 que l'on a vu par hasard et qui semblent montrer un cas de protectionnisme qui existe depuis des années dans ce milieu où le syndicat s’appelle si justement une « fraternité », je ressors un texte écrit en 2006 et s'adressant justement à cette fraternité. Ce texte est encore actuel et montre que les médias internet ne font pas que commenter les journaux. On peut aussi partir d'une nouvelle et la dépasser, ce qui fait que 6 ans plus tard ce texte est encore pertinent. D'ailleurs, dans La Presse de samedi on rapportant ceci :


« Le policier estime que la direction est « endormie » devant ce problème. Elle se défend en disant qu’il manque de policiers, de candidats. « Ce n’est pas tout le monde qui veut entrer dans la police », admet le policier. Quant au syndicat, il n’est d’aucune aide pour retirer les mauvais agents, car il n’intervient que lorsque le policier va être congédié, pour le défendre. « On a les mains attachées », déplore le policier. » (1)


Cela ne rejoint-il pas ce que j'écrivais... il y a déjà 6 ans? Et j'apportais même des pistes de solution!


Que la police redescende sur terre! (Societas Criticus/ vol.8, no 3/ 2006) (2)

Michel Handfield


A/S Fraternité des policiers et policières de Montréal


4 mai 2006


Ce matin en lisant Le Devoir, je vois que la police en a contre les « excès de zèle » qui font en sorte que des agents de la loi peuvent être congédiés sans appel s’ils commettent un acte criminel. Nous ne sommes pas des citoyens de deuxième zone clament-ils! Eh bien, j’ai de petites nouvelles pour vous, car il y a longtemps que je m’intéresse à cette question. Deux remarques s’imposent et une solution est possible en guise de conclusion.


D’abord les policiers ne sont pas des citoyens de seconde zone, mais au-dessus des citoyens. Ayant une maitrise en sociologie j’ai déjà fait une demande d’emploi pour travailler en recherche à la police de Montréal (SPCUM dans le temps), car je ne pouvais pas être patrouilleur ayant un handicap visuel : je ne vois pas en 3 dimensions. La réponse fut qu’il faut être policier. Les seuls postes civils étaient ceux de téléphonistes au 911 ou de secrétaires! Ce ne sont donc pas des civils par défaut. Ce sont des polices. Alors s’ils ne sont pas des civils (« propre aux citoyens d'un pays » selon Microsoft Encarta 2006), ils ne peuvent se qualifier de citoyens de seconde zone, car ils sont au-dessus des citoyens. Ce statut empêche l’embauche de civils pour faire leurs tâches, ce qui protège leurs emplois et leur ascension dans la hiérarchie policière. Mais ceci implique aussi des responsabilités. Leur perfection en est une, sinon n’importe quel civil pourrait faire la « job ». Comment pourraient-ils alors justifier leur salaire supérieur à bien des professionnels avec juste un DEC? Quand on est au-dessus des civils, on doit accepter les règles du jeu qui vont avec notre statut.


Ensuite, je vous concède une chose : il faut distinguer un geste criminel posé par un surhumain comme vous d’un geste criminel posé dans l’exercice de vos fonctions. Faire un geste illégal pour coincer des criminels doit être permis, mais encadré. Soit. Par contre, un geste criminel dans votre vie est inacceptable, car cela vous abaisse au rang du simple civil et votre corporatiste empêche l’embauche de civils pour faire votre emploi. Ce sont vos règles, alors si vous redevenez simple citoyen, comme tout simple citoyen vous ne pouvez pas être policier. C’est la loi et vos syndicats sont très protectionnistes là-dessus.


Il y a par contre une solution. Si vous voulez changer les choses, il faut revoir la loi de la police, sans obstruction syndicale ni corporatiste de votre part, et modifier les règles d’embauche pour faciliter l’accessibilité aux différents postes qui s’offrent dans la police sans que le passage par le poste de patrouilleur ne soit obligé. Tous les postes doivent être accessibles aux civils. Ainsi, si pour être patrouilleur je vous concède qu’il faut des normes visuelles en conséquence, je pourrais très bien être chercheur tout comme un aveugle pourrait être spécialiste de l’écoute électronique ou quelqu’un en chaise roulante membre d’une équipe d’enquête internet. Là et seulement là vous pourriez avoir les mêmes droits que les civils. Mais si votre corporatiste fait en sorte qu’il faut être membre de votre secte pour faire carrière dans la police et que nous, les civils, nous ne pouvons pas appliquer sur les postes pour lesquels nous aurions toute la compétence nécessaire, car nous n’avons pas commencé comme patrouilleur, nous ne pouvons pas vous considérer davantage des nôtres que vous ne nous considérez des vôtres. Votre secte a ses règles, ses exigences et ses privilèges : salaire, protection d’emploi, retraite, et mobilité intra professionnelle (c’est-à-dire que vos postes ne sont pas ouverts à des non policiers). Si vous voulez que ça change, êtes-vous prêt à laisser ces privilèges? La question est dans votre camp, pas dans le notre, car nous sommes nombreux à pouvoir occuper certains de vos postes professionnels, mais à avoir un handicap qui nous empêche d’entrer dans votre milieu hyper protectionniste. Si vous nous ouvrez la porte, nous pourrons aussi vous ouvrir la nôtre. Donnant-donnant, sinon ce serait indécent de vous accorder encore plus de privilèges tout en vous laissant votre hyper protectionnisme!


PS : S’il y un poste de chercheur ou nécessitant mes compétences – j’ai une maitrise en sociologie de l’organisation – qui s’ouvre à Montréal, la Fraternité des policiers de Montréal est-elle prête à appuyer et défendre ma candidature sur le principe qu’un policier est un citoyen et qu’aucune discrimination ne doit être faite aux dépens d’un citoyen comme vous le réclamez? La balle est dans votre camp. Vous avez mes coordonnées.



Hyperlien :


Brian Myles, Les policiers en guerre contre la Loi sur la police, in Le Devoir, Édition du jeudi 4 mai 2006 A 1. www.ledevoir.com/2006/05/04/108331.html. En sous-titre : « L'État pèche par «excès de zèle» en congédiant sans appel des agents qui commettent un acte criminel. »



Notes


1.CHRISTIANE DESJARDINS, Dénoncée par des collègues, in La Presse, 13 octobre 2012, p. A-16. www.lapresse.ca/actualites/quebec-canada/justice-et-faits-divers/201210/13/01-4583061-stefanie-trudeau-matricule-728-denoncee-par-des-collegues.php


2. Seules quelques corrections orthographiques (nouvelle orthographe), de virgules et de mise en page ont été apportées. Mais, le texte est inchangé.



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Les meilleures lignes de Societas Criticus en direct

Par Michel Handfield



Des mots que je place sur Twitter, et/ou Facebook, et/ou Linked In alors que je suis devant mon ordinateur ou que j'ai accès à un réseau sans fil, en direct d'un évènement par exemple. Parfois, ce sont aussi des liens trouvés sur l'internet que je partage vu la valeur que je leur trouve. Dans tous les cas, la date entre parenthèses (xxxx-xx-xx), à côté du titre, est celle de la mise en ligne ou en page que j'ai faite, non celle de l'évènement ou de la création du lien partagé. Dans le cas d'un lien, s'il y a des informations supplémentaires à y avoir, comme la date de l'évènement ou le nom de l'auteur d'un vidéo, ces informations doivent être sur le site en question, mais ne relèvent pas de moi. L'auteur est bien libre de choisir l'anonymat, mais s'il met quelque chose en ligne, c'est pour être vu ou lu, donc partagé et renvoyé par d'autres. L'internet n'est pas privé! Donc, si cela nous semble d'intérêt, nous le partageons nous aussi. C'est cela l'internet et les réseaux sociaux.


Pour la mise en page de message d'abord fait en direct sur les réseaux sociaux, des corrections ont parfois dû être faites après coup, car il faut parfois tourner les coins ronds pour les besoins du média que sont « Twitter » et « Facebook », mais aussi pour la rapidité d'action du direct lors d'un évènement qui demande toute notre attention ou presque! Mais, ces corrections sont minimales pour ne pas en changer l'apparence directe et instantanée. Souvent, c'est l'orthographe et la ponctuation qui ont été corrigées avant la mise en page, rien d'autre!




Transport actif d'un autre angle! (2012-11-07)



Societas Criticus, revue de critique sociale et politique, Vol. 14 no 10, Le Journal/Fil de presse : www.societascriticus.com


Hier je demandais un passage clouté au métro St-Michel! C'est coin Shaughnessy et Shelly! En voici une autre vue.







Transport actif... (2012-11-06)



Societas Criticus, revue de critique sociale et politique, Vol. 14 no 10, Le Journal/Fil de presse : www.societascriticus.com



Suffirait de pas grand-chose pour rendre le transport actif + agréable: un passage clouté au métro St-Michel!




Réchauffement climatique, prise 2! (2012-10-31)



Societas Criticus, revue de critique sociale et politique, Vol. 14 no 10, Le Journal/Fil de presse : www.societascriticus.com



Aujourd'hui, un 31 octobre, avec mes framboises et piments du jardin, j'ai fait du chocolat!












Réchauffement climatique! (2012-10-30)


Societas Criticus, revue de critique sociale et politique, Vol. 14 no 10, Le Journal/Fil de presse : www.societascriticus.com


Rose du 30 octobre et aussi des framboises. Dans ma cour à Montréal!

















I hope to have one!


Societas Criticus, revue de critique sociale et politique, Vol. 14 no 10, Le Journal/Fil de presse : www.societascriticus.com


Des médailles royales à deux criminelles pro-vie nous apprend lapresse.ca. J'en mériterais bien une pour faire Societas Criticus. J'attends!


www.lapresse.ca/actualites/quebec-canada/politique-canadienne/201210/23/01-4586308-des-medailles-royales-a-deux-criminelles-pro-vie.php


Michel Handfield (2012-10-23)






Bonne rentrée


Societas Criticus, revue de critique sociale et politique, Vol. 14 no 10, Le Journal/Fil de presse : www.societascriticus.com


Petite manif coin St-Denis de Maisonneuve


(Photo prise au cellulaire en allant voir un film au Festival du nouveau cinéma : 2012-10-18 à 15h20)





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D.I., Delinkan Intellectuel, revue d’actualité et de culture


AVIS


Révisé le 21 décembre 2008


Dans les commentaires cinés, de théâtres ou de spectacles, les citations sont rarement exactes, car même si l’on prend des notes il est rare de pouvoir tout noter exactement. C’est généralement l’essence de ce qui est dit qui est retenue, pas le mot à mot.


Je ne fais pas non plus dans la critique, mais dans le commentaire, car de ma perspective, ma formation de sociologue, le film est un matériel et nourrit une réflexion qui peut le dépasser. Certains accrocheront sur les décors, les plans de caméra, le jeu des acteurs ou la mise en scène, ce qui m’atteint moins. Moi, j’accroche sur les problématiques qu’il montre et les questions qu’il soulève. Le film est un matériel sociologique; un révélateur social, psychosocial, socioéconomique ou sociopolitique par exemple. C’est ainsi que sur de très bons films selon la critique, je peux ne faire qu’un court texte alors que sur des films décriés en cœur, je peux faire de très longues analyses, car le film me fournit du matériel. Je n’ai pas la même grille, le même angle, d’analyse qu’un cinéphile. Je prends d’ailleurs des notes durant les projections de presse que je ne peux renier par la suite, même si je discute avec des confrères qui ne l’ont pas apprécié de la même manière que moi, Je peux par contre comprendre leur angle et je leur laisse. J’encourage donc le lecteur à lire plusieurs points de vue pour se faire une idée plus juste.

Peut être suis-je bon public aussi diront certains, mais c’est parce que je prends le film qu’on me donne et non celui que j’aurais fait, car je ne fais pas de cinéma, mais de l’analyse sociale! (Je me demande parfois ce que cela donnerait avec une caméra cependant.) Faut dire que je choisis aussi les films que je vais voir sur la base du résumé et des « previews », ce qui fait que si je ne saute pas au plafond à toutes les occasions, je suis rarement déçu aussi. Si je ne suis pas le public cible, je l’écris tout simplement. Si je n’ai rien à dire ou que je n’ai pas aimé, je passerai plutôt mon tour et n’écrirai rien, car pourquoi je priverais le lecteur de voir un film qui lui tente. Il pourrait être dans de meilleures dispositions pour le recevoir et l’aimer que moi. Alors, qui suis-je pour lui dire de ne pas le voir? Une critique, ce n’est qu’une opinion après tout. Une indication qu’il faut savoir lire, mais jamais au grand jamais une prescription à suivre à la lettre. C’est d’ailleurs pour cela que je fais du commentaire et non de la critique.


Michel Handfield, d’abord et avant tout sociologue.


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Commentaires livresques : Sous la jaquette!


The End of Growth


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 14 no 10, Livres : www.societascriticus.com


Reçu en version électronique le 2012-03-02 : Heinberg,Richard, 2011 The End of Growth, Canada : New Society Publishers, ISBN: 9780865716957, CDN/USD $17.95.

www.newsociety.com

http://richardheinberg.com


Adapting to Our New Economic Reality


Economists insist that recovery is at hand, yet unemployment remains high, real estate values continue to sink, and governments stagger under record deficits. The End of Growth proposes a startling diagnosis: humanity has reached a fundamental turning point in its economic history. The expansionary trajectory of industrial civilization is colliding with non-negotiable natural limits.


Richard Heinberg's latest landmark work goes to the heart of the ongoing financial crisis, explaining how and why it occurred, and what we must do to avert the worst potential outcomes. Written in an engaging, highly readable style, it shows why growth is being blocked by three factors:


- Resource depletion,

- Environmental impacts, and

- Crushing levels of debt.


These converging limits will force us to re-evaluate cherished economic theories and to reinvent money and commerce.


The End of Growth describes what policy makers, communities, and families can do to build a new economy that operates within Earth'sbudget of energy and resources. We can thrive during the transition if we set goals that promote human and environmental well-being, rather than continuing to pursue the now-unattainable prize of ever-expanding GDP.


Richard Heinberg is the author of nine books and is widely regarded as one of the world's most effective communicators of the urgent need to transition away from fossil fuels. With a wry, unflinching approach based on facts and realism, he exposes the tenuousness of our current way of life and offers a vision for a truly sustainable future.


Senior Fellow-in-Residence at Post Carbon Institute in California, Heinberg is best known as a leading educator on Peak Oil and its impacts. His expertise, publications and teachings also cover other critical issues including the current economic crisis, food and agriculture, community resilience, and global climate change.


Commentaires de Michel Handfield (2012-11-07)


J'ai lu ce livre en format électronique. Le désavantage, quand on connait un sujet, c'est qu'il est un peu plus difficile de sauter un groupe de pages quand on lit sur une liseuse ou un cellulaire contrairement au livre papier ou au format PDF sur l'ordinateur. Mais, l'avantage, c'est qu'on peut chercher par mot-clé (sur l'ordinateur) par la suite. Donc, pas de soulignement ni de notes à prendre. De plus, c'est flexible, car je l'avais installé dans ma liseuse et sur mon téléphone intelligent en plus de mon ordinateur. Une façon de l'avoir toujours à la main pour poursuivre ma lecture même si je n'avais pas apporté ma liseuse avec moi. J'ai d'ailleurs une petite bibliothèque dans mon téléphone intelligent. Toujours pratique.


The End of Growth, c'est plus que la fin de la croissance, c'est la fin d'un mode de vie : l'american way of life! C'est de penser le monde autrement, non seulement pour des raisons environnementales, mais de raréfaction des ressources et de crises financières, car on use de moins en moins de main-d'oeuvre par exemple, ce qui est pourtant la matière première pour avoir des consommateurs! Puis, avec la raréfaction des ressources, c'est aussi la raréfaction du système économique dont on parle, car il est basé sur l'exploitation bien davantage que la création! Certains biens essentiels ont une limite; on le sait maintenant :


« Energy, water, and food are all essential and have no substitutes, which means that prices fluctuate wildly in response to small changes in quantity (i.e. demand for them is inelastic). As a side effect of this, their contribution to GNP (price × quantity) increases as their supply declines, which is highly perverse. When financial publications tout “bullish” oil or grain prices, the reader may naturally assume that this constitutes good news. But it’s only good for investors in these commodities; for everyone else, higher food and energy prices mean economic pain. » (Box 3.6 The Essentials, p. 124)


Ce genre d'explication claire et rapide, que l'auteur appelle « Box », parsème le livre. C'est très utile pour les questions qui sont moins familières au lecteur et lui permet de comprendre non seulement ce dont l'auteur parle, mais d'avoir des « clues » (indices, définitions, pistes de compréhension...) pour comprendre le discours parfois hermétique des économistes et des politiciens. Bref, d'avoir des outils pour comprendre ce qu'on lui cache dans des formules parfois inaccessibles pour le faire se sentir con alors qu'on veut tout simplement lui cacher la vérité... pour lui reprocher après de ne pas avoir compris quand il avait à choisir.


Naturellement, parler de la fin de la croissance n'est pas aisé, car il y en a toujours pour dire que les choses sont infinies : suffit donc de regarder ailleurs! Si une espèce de poisson disparait, prenons-en une autre... jusqu'à sa disparition! Mais, quand une chose disparait, elle a aussi des conséquences en aval et en amont. Cette espèce qui disparait nourrissait peut-être d'autres espèces de poissons qui disparaitront alors à leur tour, nous entrainant dans une spirale descendante du stock de poissons! Ce sont des vases communicants, ce qu'oublient trop souvent les décideurs et les exploitants quand ils prennent des décisions économiques et politiques. C'est pour cela qu'on va inexorablement vers la fin de la croissance et même une décroissance.


Par contre, ce n'est pas un malheur si nous nous y préparons et sauvegardons l'essentiel des ressources dont les générations futures auront besoin. Si nous changeons aussi nos façons de faire, ce qui veut dire penser recyclage, réutilisation, mais, surtout, coopération! Comme il le dit :


« Somehow we have to prepare individually for the ending of growth (a process likely to be accompanied by economic and political upheavals) while at the same time preserving and building social cohesion and laying the groundwork for a new economy that can function in a post-growth, post-fossil fuel environment. » (p. 268)


Et ce sera le retour des communautés locales et des centres-ville :


« Even the earliest towns had a center, which was usually occupied by an open plaza where people could gather informally, a market, a ceremonial building, and a civic building of some kind. (...) In many modern industrial cities (particularly in the US), the downtown has withered. Shopping malls, government complexes, and mega-churches are distributed throughout the city and its suburbs, all connected by hundreds of miles of highways. Nevertheless, the center of town still has symbolic and historic meaning, and as cheap transport fuel becomes a thing of the past city centers may regain their former importance. » (p. 276)


Puis, pour répondre aux besoins existants, de nouvelles formes d'organisation devront être trouvées. Ce sera alors le rôle de nouveaux organismes de recherches de solutions économiques communautaires, que l'auteur appelle Community Economic Laboratories (CELs), mais que nous connaissons déjà, au Québec, sous le vocable d'organismes d'économie sociale et solidaire! (1) D’ailleurs, dans les exemples possibles d'organismes qui pourraient sortir de ces CEL l'auteur parle de jardins communautaires (« community garden »), ce qui existe à Montréal depuis de nombreuses années; de « local-transport enterprise incubator, possibly including car-share, ride-share, and bicycle co-ops as well as a public transit hub » (p. 278), ce que nous avons avec le trio carte de transport en commun (STM) / Bixi (vélo en libre-service) / et Communauto (autopartage) (2), sans oublier un organisme de promotion et défense du cyclisme comme Vélo Québec (3); et de coopératives de consommation et de production. Il donne d'ailleurs quelques exemples tirés du Canada anglais, des États-Unis et du Royaume-Uni, où moi je vous en donne du Québec. C'est dire que nous aurions avantage de mieux nous connaitre entre le Québec le Canada anglais parlant de communautés!


Bref, un livre intéressant pour se placer les yeux devant les trous et mieux saisir les défis qui nous attendent. Les vrais problèmes, ce ne sont pas les bouchons de circulation et les routes qui se dégradent, mais la fin de ce règne économique basé sur le pétrole et l'automobile individuelle : ce que l'on ne voit pas quand on regarde la voiture devant soi comme l'arbre qui cache la forêt!


Notes

1. J'ai d'ailleurs assisté en 2011 au Forum International sur l'Économie Sociale et Solidaire (FIESS) au Palais des Congrès à Montréal. Voir Michel Handfield, Le capitalisme solidaire, stade suprême du capitalisme!, in Societas Criticus, revue de critique sociale et politique, Vol. 13 no 10.


2. STM : www.stm.info

Bixi : www.bixi.com

Communauto : www.communauto.com


3. www.velo.qc.ca



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DI a vu! (Ciné, Théâtre, Expositions et quelques annonces d’événements)


Passé, individualisme et sentiment de trahison!


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 14 no 10, Textes ciné et culture : www.societascriticus.com


Michel Handfield (J'ai oublié de le dater, mais ce fut mis en ligne le 2012-11-05)


Voilà des thèmes qui traversent les films actuellement à l'affiche ou à venir dans quelques jours, comme Skyfall! Si je ne parle pas directement du sentiment de trahison dans mes commentaires, je reviens beaucoup sur l'individualisme. Mais, qui dit individualisme, s'il n'obtient pas ce qu'il veut, que ce soit de l'attention, de l'amour et, surtout, un sentiment d'exclusivité, se sent souvent trahit! Bref, la trahison est partout implicite dans ces films. Alors, je n'aurai pas besoin d'y revenir, car vous l'aurez compris.


Bonne lecture, mais surtout bon cinéma.


007 Skyfall

CAMILLE REDOUBLE

ELLES, avec un lien pour « l'amour dure trois ans »

Tout ce que tu possèdes


007 Skyfall


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 14 no 10, Textes ciné et culture : www.societascriticus.com


Réalisateur: Sam Mendes

Producteurs: Michael G. Wilson, Barbara Broccoli

Scénaristes: Neal Purvis, Robert Wade, John Logan

Avec Daniel Craig, Javier Bardem, Ralph Fiennes, Naomie Harris, Bérénice Marlohe, Ben Whishaw, Helen McCrory, Rory Kinnear, Albert Finney, Judi Dench


Daniel Craig est de retour sous les traits de James Bond, l’agent secret 007, dans Skyfall, la 23e aventure de la plus vieille franchise cinématographique de tous les temps. Dans Skyfall, la loyauté de James Bond envers M est testée quand le passé de cette dernière vient la hanter. Quand le service intelligent secret MI6 est attaqué, 007 doit trouver d’où vient la menace et la détruire, peu importe ce qu’il lui en coutera.


Bande-annonce : http://www.youtube.com/watch?v=Yh5wAMQTxGs


Commentaires de Michel Handfield


Pour le 50e anniversaire de l'agent 007, la production fait quelques clins d’oeil au passé pour le plus grand plaisir des amateurs de James Bond! Cascades au rendez-vous. Comme toujours, on table sur l'actualité. Si au début de la série la menace venait d'Europe de l'Est, elle est aujourd'hui plus diffuse, car elle peut être le fait d'une cellule terroriste, de « hackers » ou d'un individu!


Quant au motif, cela aussi a changé. Au début de la série, il était nécessairement idéologique, car, c'était la période de la guerre froide entre l'est et l'ouest. Mais, aujourd'hui, à l'ère de l'individualisme (1), du capitalisme dominant et de la montée des idéologies religieuses, ce peut être de vouloir refaire le monde pour une idée; de défier une autorité qui est de plus en plus déconsidérée, car perçue comme vendue au capitalisme pur et dur (pensons ici au groupe Anonymous (2) et au mouvement « Occupy » (3)); ou n'être qu'une action personnelle, que ce soit dans le but d'une revanche ou de faire de l'argent vite fait!


Bref, les suspects sont beaucoup plus difficiles à identifier et à trouver, parfois cachés dans le bureau d'à côté et menant leur action par ordinateur ou téléphone intelligent. C'est qu'à l'heure du virus informatique, du cheval de Troie (pour prendre le contrôle d'ordinateurs ciblés) ou de la bombe miniature, on ne cherche plus nécessairement un porte-avion ou un sous-marin comme c'était le cas autrefois, mais parfois un individu dans la foule ou un enfant dans un sous sol de banlieue. On se rappelle tous de « Mafia boy »! (4) Bref, l'agent 007 devra s'adapter, et vite, pour être encore à la hauteur. Et puiser dans ses ressources...


Notes


1. Parlant d'individualisme, M dit que les orphelins font les meilleurs espions, car ils n'ont pas d'attaches, sauf qu'ils l'appellent parfois Mom, car M est maintenant une femme! Ce thème de l'individualisme semble important dans la cuvée présentement en salle, car je l'ai aussi retrouvé dans ELLES, L'amour dure trois ans, et Tout ce que tu possèdes dont les textes suivent.


2. http://fr.wikipedia.org/wiki/Anonymous_(collectif)


3. http://fr.wikipedia.org/wiki/Occupy_Wall_Street


4. « MafiaBoy was the Internet alias of Michael Demon Calce, a high school student from West Island, Quebec, who launched a series of highly publicized denial-of-service attacks in February 2000 against large commercial websites... » Pour en savoir plus, lire http://en.wikipedia.org/wiki/MafiaBoy



CAMILLE REDOUBLE DE NOEMIE LVOVSKI


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 14 no 10, Textes ciné et culture : www.societascriticus.com


Camille a seize ans lorsqu’elle rencontre Éric. Ils s’aiment passionnément et Camille donne naissance à une fille…


25 ans plus tard : Éric quitte Camille pour une femme plus jeune.


Le soir du 31 décembre, Camille se trouve soudain renvoyée dans son passé.
Elle a de nouveau seize ans. Elle retrouve ses parents, ses amies, son adolescence… et Éric.


Va-t-elle fuir et tenter de changer leur vie à tous deux? Va-t-elle l’aimer à nouveau alors qu’elle connait la fin de leur histoire?


Bande-annonce : www.dailymotion.com/video/xtfqo8_camille-redouble-bande-annonce-du-film_shortfilms


Commentaires de Michel Handfield


On est en 2010. Camille se laisse aller à la boisson. Ça va mal avec son mari... Puis, elle tombe dans les pommes et se retrouve en 1985... à 16 ans! Sauf, qu'elle a son corps de 40 ans.


Ça fait particulier, mais cela donne un charme au film, car, en fait, elle a 40 ans même si les autres ne la voient pas ainsi! Alors, ça met en contradiction son vécu et les choix qu'elle devra refaire ou non en connaissance de cause pour changer son destin sans changer celui des autres! Comme celui d'avoir ou non une fille à seize ans?



ELLES, avec un lien pour « l'amour dure trois ans »


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 14 no 10, Textes ciné et culture : www.societascriticus.com


Anne (Juliette Binoche), journaliste dans un grand magazine féminin enquête sur la prostitution estudiantine. Alicja et Charlotte, étudiantes à Paris, se confient à elle sans tabou ni pudeur. Ces confessions vont trouver chez Anne un écho inattendu. Et c’est toute sa vie qui va en être bouleversée.


Bande-annonce : www.youtube.com/watch?v=pEJrUep_j8U

Bande-annonce de L'amour dure trois ans :

www.youtube.com/watch?v=ly2GowrVpUI


Commentaires de Michel Handfield


Ce qu'il y a de fascinant dans ce film, c'est le regard sur notre société. On a tellement de choix, de réseaux, que la famille peut ne devenir qu'un lieu où rester! Ce n'est plus le réseau que c'était autrefois. Les liens internes s'effritent au profit de liens extérieurs. Et cela se fait de plus en plus rapidement. Comme dans l'amour dure trois ans! Mais, contrairement à ce que dit ce film, ce n'est pas le cas de tous les couples. Certains savent se recycler selon les cycles qui passent et d'autres pas.


Dans son enquête auprès de deux jeunes prostituées, Anne les écoutes. Elles lui parlent de maris qui s'ennuient et viennent les voir pour faire ce qu'ils ne feraient pas à la maison. Fantasme caché pour les clients et humiliation pour les filles? C'est qu'elles ne semblent pas le prendre comme ça, car pour elles, elles sont en contrôle sur les clients. Ils nous racontent leur vie; nous parlent de leur femme et leurs enfants; mais, surtout, de leur travail. Ce ne sont pas de pauvres types, sauf qu'ils sont souvent de l'âge d’être nos pères.


Naïves, elles croient poser leurs limites, mais cela est vrai jusqu'à ce que celui qui paie décide que ce sont ses gouts qui priment! Alors, ce n'est plus un jeu.


Un film profond sur ce que l'on est à l'heure des choix multiples et de l'individualisme; de la communication de masse et des silences familiaux! Bref, un film ethnométhodologique, car il fait un découpage de la réalité pour nous la montrer en insistant sur certains points de celle-ci!



Tout ce que tu possèdes


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 14 no 10, Textes ciné et culture : www.societascriticus.com


Réalisé par Bernard Émond

Avec Patrick Drolet, Willia Ferland-Tanguay, Gilles Renaud, Sara Simard, Isabelle Vincent


Drame, Québec, 2012, 92 minutes


Pierre Leduc est un homme qui n'attend plus rien de la vie. En fin de trentaine, il enseigne la littérature des pays d'Europe de l'Est dans une université québécoise. Solitaire, il se réfugie dans la traduction des œuvres d'un poète polonais qu'il admire, Edward Stachura, suicidé à 42 ans en 1979. Se sachant condamné par le cancer, son père veut lui léguer sa fortune, gagnée par des moyens discutables dans l'immobilier. Mais Pierre refuse, car il ne veut pas de cet argent mal acquis. Peu après, Pierre croise une femme qu'il a abandonnée treize ans plus tôt lorsqu'elle était enceinte de lui. Cette femme, Nicole, est accompagnée de sa fille Adèle, la fille de Pierre. Pierre évite le contact, mais Adèle se met à sa poursuite. Après un refus initial, Pierre acceptera de la rencontrer et admettra sa paternité. (Texte du cinéma Beaubien)


Bande-annonce : www.youtube.com/watch?v=u0JrEWrZQCk


Commentaires de Michel Handfield


Refuser l'héritage de 50 millions que son père lui lègue semble un geste héroïque de Pierre, mais ce peut aussi être un geste de lâcheté. Car, avec ce montant il aurait pu faire ce qu'il reprochait tant à son père de ne pas avoir fait : ne pas s'occuper des autres! C'est peut-être qu'il lui ressemble plus qu'il ne le croit: d'un certain égoïsme, il refuse les responsabilités!


Un film méditatif, où les silences parlent! Alors, ne chuchotez pas en salle, c'est fatigant pour les autres, surtout dans un tel film.


Index


Les Festivals!


On aime couvrir les festivals, car c'est plonger dans un bain jusqu'à plus soif ou, autre manière de le dire, un ressourcement. Cependant, on en sort avec beaucoup de notes et d'informations qu'il faut traiter par la suite, mais sans le temps suffisant de le faire, car le reste n'arrête pas pour autant, surtout que l'on fait dans l'analyse, parfois longue. Tout dépend du sujet naturellement, mais c'est tout de même assez fréquent. En conséquence, nous mettons toujours ces notes sur la glace pour les faire à temps perdu. Nous allons maintenant essayer de les traiter de façon plus rapide, plus courte, mais avec des hyperliens lorsque possible pour références.


Michel Handfield, éditeur-rédacteur!



Festival du Nouveau Cinéma 2012



Vu le 2012-10-21

LE NAUFRAGÉ et UN MONDE SANS FEMMES

Vu le 2012-10-20

FRANCINE

THE ROLLING STONES - CHARLIE IS MY DARLING – IRELAND'65

Vu le 2012-10-19

MY LAND

CLIP

Vu le 2012-10-18

NO

Vu le 2012-10-17

CATIMINI

Anemo (Carte blanche)

Vu le 2012-10-16

Carte blanche à Jean-François Caissy

STARLET

Vu le 2012-10-15

Carte blanche à Félix Dufour-Laperrière

IN ANOTHER COUNTRY

CROSSING BOUNDARIES

Vu le 2012-10-14

KING CURLING

OUR LITTLE DIFFERENCES

Vu le 2012-10-17

SECRET CHRONICLE: SHE-BEAST MARKET (« J'ai envie de vivre » (Maruhi: shikijo mesu ichiba ou, littéralement, « Confidentiel : marché du sexe »))

Vu le 2012-10-13

STILLEBEN / STILL LIFE

CARTE BLANCHE ANAÏS BARBEAU LAVALETTE

APRÈS MAI

Vu le 2012-10-12

PANDORE

ORLÉANS

LE GRAND SOIR

Who the hell are you




Vu le 2012-10-21


LE NAUFRAGÉ et UN MONDE SANS FEMMES


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 14 no 10, Textes ciné et culture (FNC) : www.societascriticus.com


LE NAUFRAGÉ

Guillaume Brac / France / 2009 / 24min / couleur / Version originale française


UN MONDE SANS FEMMES

Guillaume Brac / France / 2011 / 58min / couleur / Version originale française, Sous-titres anglais


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 14 no 10, Textes ciné et culture (FNC) : www.societascriticus.com


Sylvain n’est plus vraiment un jeune homme, et sa vie dans le petit village picard d’Ault, entre ses amis et sa Playstation, ne lui offre pas souvent l’occasion de rencontrer des femmes. Lorsqu’arrivent Patricia et Juliette, une jeune mère et sa grande fille, venues passer une semaine de vacances, Sylvain ne peut s’empêcher de tomber sous le charme. Tout comme son meilleur ami, Gilles. Avec ces quatre personnages, Un monde sans femmes pose les bases d’un marivaudage classique, où le désir circule d’un personnage vers l’autre au rythme de la marée. Mais, par le regard attentif porté au village et à ses habitants, le film dépasse largement ce cadre narratif. Sans jouer à l’ethnologue, Guillaume Brac mélange avec bonheur acteurs et figurants, grands sentiments et petits arrangements, et parvient à capter avec une acuité sidérante le charme fragile et éphémère des amours de vacances. Porté par quatre acteurs en état de grâce, en particulier Vincent Macaigne dans le rôle de Sylvain, Un monde sans femmes évoque rien de moins que la fraicheur et l’urgence des films de Jacques Rozier. Sans oublier cette profonde mélancolie qui, comme le sable, colle à la peau de ces amours d’été. — Laurence Reymond. Précédé de LE NAUFRAGÉ / Guillaume Brac


Commentaires de Michel Handfield (2012-11-02)


D'abord, Le naufragé nous situe d'un double point de vue : la place et Sylvain. Petit village, tout le monde se connait. Alors, pour quelqu'un comme Sylvain, un peu réservé, pas facile de changer une image qui lui colle probablement à la peau depuis sa jeunesse. Même si l'enfant que nous étions ne nous reconnaissait pas s'il nous croisait sur la rue avec 20 ans de retard, nos connaissances du temps conserveraient probablement leurs idées à notre sujet, comme si leur jugement était figé. C'est d'ailleurs ce que l'on appelle un préjugé en certaines circonstances! Alors, si on reste dans notre petit bled, notre image restera la même quoiqu’on dise! C'est différent dans une grande ville, car les gens bougent. Ainsi, même ceux qui ne bougent pas verront nécessairement de nouvelles personnes qui ne les connaissaient pas avant. Plus simple de se défaire de son passé, car il part en partie avec les autres! On peut donc plus facilement s'y refaire une vie.


Quand il croise un cycliste qui a crevé un pneu, il veut donc se mettre ami avec lui. Mais, il en fera nécessairement trop... Les autres diraient probablement que « C'est du Sylvain tout caché, ça! » Ils le connaissent depuis si longtemps, ce qui nous place le personnage et le lieu. Voilà pour ce premier film.


Imaginez, se trouver une fille quand on a déjà fait le tour et que tout le monde vous connait. C'est encore moins évident que de se faire de nouveaux amis. C'est le thème du second film : Un monde sans femmes! Ce n'est pas qu'il n'y a pas de femmes à Ault, mais qu'il n'y en a pas de nouvelles! Mais, là, arrivent deux jeunes femmes, Patricia et Juliette, la mère et la fille, à qui Sylvain louera un appartement. Il se collera à elles avec toute sa bonne volonté de se rendre serviable pour ces touristes...


Façon de se sentir moins seul aussi, car s'il n'est pas facile de se faire de nouveaux amis ou une blonde « steady » dans un petit village, on peut s'imaginer ce qu'il peut être difficile de faire une touche d'un ou deux soirs! Mais, avec des touristes, qui ne le connaissent pas, ce devrait être plus facile croit-il. On le suivra donc dans ses tentatives de séduire Patricia, avec qui il a des affinités réelles.


Cependant, il n'est pas seul dans cette situation. C'est aussi le cas d'un de ses amis qui le rejoindra dans ce bal de la séduction des touristes, ce qui nous donnera des variations pour quatuor!


Si Sylvain est trop à l'étroit dans ce village où tout le monde se connait, pour d'autres, la grande ville sert peut-être à se perdre, distrait par de nouvelles possibilités quotidiennes au point de ne pas se faire de vie. C'est le cas de Patricia, genre d'alter ego de Sylvain, mais à l'inverse : seule parce qu’elle n'arrive pas à se fixer comme si elle était programmée à passer à côté, cherchant toujours l'impossible ailleurs!


On peut espérer qu'ils se trouveront...


Cependant, qu'ils se trouvent ou non, cela donne une belle occasion de dépeindre des êtres seuls qui ne voudraient pas l'être, mais qui ont des difficultés à connecter avec les autres. Un film qui pourrait être triste, mais qui ne l'est pas. Comme s'il y avait de l'espoir à être, car si l'on est, un jour, les choses changeront peut-être!



Vu le 2012-10-20


FRANCINE


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 14 no 10, Textes ciné et culture (FNC) : www.societascriticus.com


Brian M. Cassidy / Melanie Shatzky / Canada, États-Unis / 2012 / 74min / Version originale anglaise


La route est longue et sinueuse sur le chemin périlleux de la réinsertion sociale. Francine en sait quelque chose. Elle sort de prison. Sans ressources et sans soutien, elle se terre dans une maisonnette près d’un lac. Elle accumule les petits boulots. Taciturne et réservée, Francine peine à établir des relations avec les gens qui font sa connaissance. Étrangement, c’est avec les animaux qu’elle se sent le plus en confiance. Elle leur voue un amour inconditionnel qui se matérialise par des caresses interminables. D’ailleurs, les chats et les chiens commencent à sérieusement s’accumuler dans son logis, menaçant la salubrité des lieux. Un emploi d’assistante dans une clinique vétérinaire où elle doit entre autres incinérer des animaux domestiques morts portera atteinte au fragile équilibre que Francine a réussi à maintenir depuis sa sortie du pénitencier. Brian M. Cassidy et Melanie Shatzky s’inspirent de leur expérience en documentaire et soumettent une première fiction hyperréaliste où ils suivent au plus près leur héroïne, une femme dont l’inaptitude sociale laisse constamment craindre le pire. Ce drame inquiétant se soustrait à toute forme d’artifice afin d’exposer sans détour les tentatives de reconstruction d’un être aliéné en recherche de sensations. — Stéphane Defoy


Commentaires de Michel Handfield (2012-11-02)


La prison efface la vie, surtout si on est seule, car pour les membres de groupes organisés c'est différent : on y prépare souvent la reprise des affaires! Francine, elle, est seule; très seule. Alors, à sa sortie elle devra se refaire une vie, même apprendre à (re)vivre en société.


Mais, ce n'est pas facile la réinsertion quand on est seule et qu'on manque d'éducation. Se trouver et conserver un travail, ce n'est pas de la tarte pour les citoyens ordinaires, alors on peu s'imaginer le défi que ce doit être pour quelqu'un qui sort de prison avec certaines déficiences sociales et scolaires. Ce sera la débrouille de tous les jours, mais ses carences feront en sorte que ça ne suffira pas, car elle n'aura pas toujours les réflexes attendus par les autres. Et…


Un film intéressant, car il ne porte pas de jugement. Il montre les choses comme elles sont. Des faits. Au spectateur de juger et de comprendre. Si on peut voir les lacunes de Francine, on peut aussi y voir celles d'un système qui n'a pas fait beaucoup pour elle. Aurait-il pu faire plus? Et, si le système carcéral ne pouvait lui venir en aide de l'intérieur, a-t-on des alternatives à lui offrir une fois sortie de prison?


Voilà des questions qui ne sont pas assez posées dans les sphères décisionnelles, car on parle de budget et de productivité, mais rarement d'humains! En effet, suffit de regarder les offres d'emplois pour réaliser rapidement que pour une offre qui demande des études en philosophie, en histoire ou en sociologie, il y a des centaines de postes qui en demandent en « administration » toutes sous-disciplines confondues! Mais, gérer ce n'est pas qu'affaire de chiffres, surtout dans la sphère sociale! Ça en dit beaucoup, je crois, sur notre société.


Bref, on est ici face à un film qui pose des questions essentielles sans le dire, car l'image va dans les non-dits et parle ainsi avec plus de force et de conviction que ce que les mots pourraient faire!



THE ROLLING STONES - CHARLIE IS MY DARLING - IRELAND'65


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 14 no 10, Textes ciné et culture (FNC) : www.societascriticus.com


Mick Gochanour / Peter Whitehead / Royaume-Uni, États-Unis / 1965 / 65min / couleur et N & B / Version originale anglaise


The Rolling Stones - Charlie is my Darling — Ireland 1965 est une version restaurée et complétée d’un documentaire mythique pour les fans des Rolling Stones mais resté inédit à cette heure, du vétéran Peter Whitehead. Réalisé lors d’une tournée en Irlande, alors même que le single « (I Can’t Get No) Satisfaction » venait de passer numéro un dans les charts, le film prend la forme d’un journal qui suit la vie quotidienne la plus intime du groupe sur la route. On accompagne les Rolling Stones à travers la campagne irlandaise, sautant d’un taxi vers leurs loges à travers des hordes de fans hurlants. Au détour d’un riff de guitare, on assiste aussi à la naissance de quelques futurs classiques. Ces premières images de concerts filmées professionnellement révèlent les scènes d’émeutes qu’ils engendrèrent dès la première heure. Plus qu’aucun autre groupe de rock, les Rolling Stones ont été placés devant la caméra, accueillant les plus grands réalisateurs — Jean-Luc Godard, les frères Maysles, Robert Frank, Michael Lindsay-Hogg, Hal Ashby ou encore Martin Scorsese — dans leur univers. Charlie is my Darling est un document unique, qui capte ce bref instant de leur histoire ou le groupe devient une légende. The Rolling Stones Charlie is my Darling —Ireland 1965


Commentaires de Michel Handfield (2012-11-02)


Ils étaient déjà les Stones. Leur musique est déjà signée. Leur son et leur manière sont clairement définis. On n'est plus devant un groupe en devenir, mais devant un groupe existant. La suite ne sera qu'évolution, comme pour la technique.


Satisfaction! Pour les « fans » des Stones.



Vu le 2012-10-19



MY LAND


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 14 no 10, Textes ciné et culture (FNC) : www.societascriticus.com


Nabil Ayouch / France, Maroc / 2011 / 90min / Version originale arabe, hébraïque, anglaise, française, Sous-titres français


En 1948, à la création de l’État israélien, des centaines de milliers de Palestiniens furent chassés de leurs terres ancestrales. Ils sont aujourd’hui plus de 200 000 à vivre dans des camps de réfugiés au sud du Liban. Fils d’un père musulman et d’une mère juive, Nabil Ayouch a rencontré quelques-uns des rares survivants de l’exil de 1948. Il a recueilli leurs témoignages puis, il a montré ces séquences à de jeunes Israéliens vivant dans le nord du pays, dans ces villages d’où ont été expulsés, il y a plus de 60 ans et sans espoir de retour, ces hommes, ces femmes, aujourd’hui amers, nostalgiques, révoltés et en fin de vie. D’un côté, une population entassée dans des baraques exigües et des quartiers surpeuplés, sans horizon aucun. De l’autre, des jeunes, pour la plupart ébranlés par ces témoignages, nés sur cette terre qui a des airs de jardin d’Éden. De ces regards croisés se dégage un film ni angélique ni manichéen, un document troublant qui dresse l’état des lieux sans chercher la confrontation ou proposer une solution. Un constat lucide et humaniste sur nos difficultés à vivre ensemble. — Éric Fourlanty



Commentaires de Michel Handfield (2012-10-30)


« On vivait ensemble, pratiquait les mêmes métiers, avions la même langue!  » (Un Palestinien)


Film intéressant, car il montre plus que les deux côtés de la médaille, mais aussi les contrastes qui n'ont fait que s'accentuer avec le temps. C'est ainsi que chez les Palestiniens, le souvenir de leurs terres est toujours vif, raconté de génération en génération. Même ceux qui n'ont pas connu cette époque la regrettent!


Par contre, chez les Israéliens, cette histoire ne fut pas transmise par les parents et les grand-parents, ni par l'école semble-t-il, ce qui en fait une histoire oubliée! Une des protagonistes israéliennes dira même que les Palestiniens devraient passer à autre chose et se refaire une vie, car c'est du passé et on vit ici maintenant! Ça ne la regarde pas puisqu'elle n'est pas en cause dans cette histoire!


Mais, pour les Palestiniens vivant au Liban, ce n'est pas si simple de se refaire une vie comme elle le croit. Ils sont encore des réfugiés que l'on considère temporaires! Pas de droit au passeport par exemple, même s'ils sont nés là, ce qui veut dire qu'ils n'ont pas le droit de sortir et de revenir comme les autres libanais. Ils n'ont qu'un papier d'identité! C'est peut-être ça le pire : être étranger sur la terre d'accueil qui t'a vu naitre, encore confiné à un camp de réfugiés après 3 générations! Si on revient souvent sur le conflit israélo-palestinien, on devrait aussi parler de cette injustice.


Pour d'autres, par contre, on devrait réparer l'histoire en recréant des villages palestiniens, façon de revivre ensemble comme autrefois! Mais, ils ne doivent pas être majoritaires en Israël puisque ce conflit perdure sans solutions à l'horizon. Pour l'instant du moins, car il faudra bien un jour trouver de nouvelles solutions, comme d'ouvrir aux Palestiniens pour faire un pays plus multiculturel, ce que c'était avant le sionisme! (1) Mais, ce ne sera pas simple, car la politique, mêlée de religion, divise.


Film à diffuser là-bas et ici pour changer des perspectives qui sont bloquées depuis trop longtemps pour des questions d'idéologie et de religion! Des blocages de mauvaise foi! (2)


Notes


1. Rabkin, Yakov M., 2004, L’opposition juive au sionisme, Québec : Les presses de l’université Laval


2. À ce sujet ce n'est pas le Canada qui peut aider, car si nous présentions notre multiculturalisme comme moderne à une certaine époque, maintenant « deux des piliers les plus solides de la politique étrangère canadienne sous le gouvernement conservateur : la défense d’Israël et les critiques contre les Nations unies. » (La Presse canadienne, Israël: Baird fustige le rapporteur de l’ONU, in Le Devoir, 27 octobre 2012 : www.ledevoir.com/politique/canada/362545/israel-baird-fustige-le-rapporteur-de-l-onu)


CLIP


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 14 no 10, Textes ciné et culture (FNC) : www.societascriticus.com


Maja Miloš / Serbie / 2012 / 102min / couleur / Version originale serbe, Sous-titres anglais


Sexually explicit and emotionally disturbing, it goes beyond borders and even further.” — Rotterdam Film Festival


Bienvenue dans un monde cru et viscéral, où l’intime se capture et s’échange à l’occasion d’un jeu risqué sur le point de redéfinir tout ce que vous pensiez savoir des relations humaines entre jeunes. À Sarajevo, Jasna (phénoménale Isidora Simijonovic) se cherche. Elle veut l’amour. Comme beaucoup de sa génération, elle est en mal de repères et en quête d’ancrages sociaux. Ses frontières sont floues et la réalité plus que jamais faussée. Si, actuellement, le jeune cinéma serbe a le vent en poupe, il est évident que ce premier film de la jeune Maja Miloš se hisse brillamment au-dessus du lot. Il faut remonter au Kids de Larry Clark pour un film aussi dramatiquement puissant, chargé en émotions, provocateur et original quant à la jeunesse d’aujourd’hui.


Entre l’extrême violence horrifique des sentiments et la grâce d’une tendresse trouvable là où on l’attend le moins, Clip est le film-choc du festival. Assurément, l’histoire d’amour la plus subversive qu’il vous sera donné à voir, cette année, au cinéma. Il a remporté le grand prix au prestigieux Festival de Rotterdam. Non sans polémiques... Normal pour un type de cinéma qui bouscule et bouleverse, tout en osant la beauté. — Julien Fonfrède


Commentaires de Michel Handfield (2012-10-30)


Ouf! Film coup de poing sur la jeunesse. Avec la techno au bout des doigts, comme la webcam ou le cellulaire, qui a des fonctions vidéos, on peut se filmer en train de manger, de se lécher ou de baiser! Que de souvenirs de nos amours, mais aussi une incitation à aller plus loin pour la caméra! Façon de dire « Je l'ai fait! » Ici nous avons droit au sexe comme représentation de soi; à la soumission comme un jeu. On change donc nos rapports à l'autre et nos limites! Pourquoi ne pas aller plus loin pour être « hot »; la plus « hot »!? Mais, à quel prix? Car, plus tard, ces images nous hanteront-elles?


C'est d'ailleurs se rendre vulnérable, car l'un des deux peut toujours partager ses images avec d'autres, voir les placer sur l'internet. La victime sera alors autant victime de l'autre que de son inconscience, ce qui fait doublement mal! Et ce n'est pas la faute des parents qui veulent leur donner des valeurs, mais qui sont par contre mal outillés pour suivre leurs jeunes avec les nouvelles technologies.


Un film que certains qualifieront de dur, presque porno, mais nécessaire pour conscientiser une jeunesse aux dangers intrinsèques d'une mauvaise utilisation des technologies surtout quand elles pénètrent la sphère privée, là où on ne laisserait pas un étranger nous voir! Et pourtant, c'est ce que permettent ces technologies modernes!


Projeter ce film à des groupes de jeunes de la fin du secondaire ou du cégep, je le ferais suivre d'une discussion. Ce pourrait être très formateur.



Vu le 2012-10-18


NO


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 14 no 10, Textes ciné et culture (FNC) : www.societascriticus.com


Pablo Larrain / Chili, États-Unis / 2012 / 115min / Version originale espagnole, Sous-titres français


PRIX ART CINEMA A LA QUINZAINE DES REALISATEURS 2012. Avec son titre définitif, No est le troisième volet d’une trilogie entamée par le Chilien Pablo Larrain avec Tony Manero, puis Santiago 73, Postmortem. Une trilogie qui revisite l’histoire pas si lointaine de la dictature de Pinochet, de ses pires heures jusqu’à sa fin. No, c’est la réponse que le peuple donna au référendum initié en 1988 par Pinochet lui-même sous la pression internationale. Afin de donner un semblant d’équité à ce vote, Pinochet acceptera de laisser quinze minutes quotidiennes au parti de l’opposition sur la télévision nationale. Une fenêtre d’expression qui poussera les militants à faire appel à un jeune publicitaire ambitieux, René Saaverda. Entre lui et eux, c’est le choc des cultures. Les victimes de la dictature et le pro du markéting vont pourtant trouver un terrain d’entente, donnant naissance à des publicités façon sodas (hilarantes et véridiques!), et au slogan inattendu, mais plus « vendeur » : la joie! Pablo Larrain s’amuse à réinventer cette folle aventure humaine et télévisuelle, mais le sujet semble progressivement se dérober. No, c’est ainsi le souffle d’une volonté démocratique qui se retrouve pris dans les rouages primitifs de ce qui deviendra la société de communication moderne. L’origine d’une époque ou No résonne comme un sigle, un logo pour la liberté. — Laurence Reymond


Commentaires de Michel Handfield (2012-10-30)


Le dictateur voulait se donner des airs de démocrate par un référendum sanctionnant son pouvoir comme chef de l'État jusqu'en 1997! Il avait tant fait progresser le Chili... disait-il!


Bon joueur, il donnait 15 minutes par jour à l'opposition pour faire valoir son point de vue à la télé! Bref, les dés étaient pipés. Sauf, qu'avec quelqu'un capable de vendre un frigidaire à un eskimo, tout devenait possible pour l'opposition. Ils l'ont trouvé en la personne de René Saaverda. Mais, encore, faudra que la coalition des opposants se mette d'accord, car qui dit coalition dit désaccords possibles! On en suivra donc les péripéties jusqu'à la victoire du Non.


Leçon de démocratie et de markéting! Maintenant, on ne se bat plus pour des idées. On vend un produit politique! Comme du cola. Film fort intéressant en cette ère où l'économie a pris la place du politique et où « acheter, c'est voter! » (1)


Note


1. C'est le titre d'un livre de Laure Waridel publié en 2006 par Équiterre et les Éditions Écosociété , avec leurs partenaires Oxfam-Québec et le CRDI.


Hyperliens


http://fr.wikipedia.org/wiki/Référendum_chilien_de_1988

http://www.nolapelicula.cl/



Vu le 2012-10-17


CATIMINI


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 14 no 10, Textes ciné et culture (FNC) : www.societascriticus.com


Nathalie Saint-Pierre / Canada / 2012 / 111min / couleur / Version originale française, Sous-titres anglais


Cathy, 6 ans, débarque dans sa nouvelle famille d’accueil. Inquiète et renfermée, la gamine s’adapte difficilement à son nouvel environnement. Heureusement, Reynald, le père attentionné, parvient à briser tranquillement le mutisme dans lequel s’est cloitrée Cathy. Keyla, 12 ans, est transférée dans un foyer de groupe. Elle tente à ses risques et périls de demeurer en contact avec une amie rencontrée lors de son précédent passage en famille d’accueil. Mégane, 16 ans, rebelle et intraitable, elle accumule les fugues. Elle atterrit dans un centre fermé où on lui fait la vie dure. Manu, 18 ans, quitte enfin le réseau de la protection de la jeunesse. Larguée et isolée, elle doit apprendre à composer avec sa nouvelle liberté. Nathalie Saint-Pierre trace, dans son deuxième long métrage, le destin tragique de quatre jeunes filles prises en charge par la DPJ. Par le biais de ces parcours croisés, elle expose les failles d’un système qui trimbale les enfants d’un endroit à l’autre sans prendre en considération les multiples deuils qu’impliquent ces déplacements fortuits. Amitiés brisées, engueulades, crises d’ados et code de vie sont au menu de ce drame saisissant qui évite soigneusement de sombrer dans le jugement moral et dans le mélodrame larmoyant. — Stéphane Defoy


Commentaires de Michel Handfield (2012-10-30)


Famille d’accueil : une famille, mais pas tout à fait une famille, car il y a tout ce problème de l'équilibre entre la discipline et l'amour! Ici, l'amour doit être limité, davantage de l'attention, pour ne pas être mal interprété, surtout si cette affection vient d'un homme, qui doit pourtant représenter la figure du père, envers une petite fille. On a alors peur aux abus, comme si on était conditionné à penser ainsi.


Équilibre difficile à tenir pour les familles; équilibre difficile pour les enfants, qui peuvent être placées ailleurs au moment où des liens affectifs se créent! L'affection est suspecte. Mais, qui répare ces brisures affectives à répétition? Car, faire 3, 4, 5 familles d’accueil en quelques années est tout à fait possible.


Contrairement à une vraie famille, il s'agit ici d'un système avec ses normes et ses paramètres. Ses limites, comme de sortir la jeune de 18 ans de sa famille d'accueil même si elle n'est pas prête... et qu'elle était demeurée chez elles jusque dans la vingtaine s'il s’était agi de ses vrais parents!


Un film intéressant, mais troublant, car il prend le point de vue des enfants. Avec leurs vérités et leurs mensonges; avec tous les risques que cela comporte quand il s'agit d'une machine bureaucratique. Une mission pas facile à accomplir tant du côté des familles que de la Direction de la protection de la jeunesse. Il est quand même surprenant qu'il n'y ait pas davantage de dérapages.



Anemo (Carte blanche)

Anne Émond


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 14 no 10, Textes ciné et culture (FNC) : www.societascriticus.com


Commentaires de Michel Handfield (2012-10-30)


« Tous les espoirs sont permis! » C'est le mot à la fin et c'est bien de cela qu'il s'agit.



Vu le 2012-10-16


Carte blanche à Jean-François Caissy

Liberté chérie


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 14 no 10, Textes ciné et culture (FNC) : www.societascriticus.com


Commentaires de Michel Handfield (2012-10-22)


Ode à la joie, ode à la liberté!


STARLET


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 14 no 10, Textes ciné et culture (FNC) : www.societascriticus.com


Sean Baker / États-Unis / 2012 / 103min / Version originale anglaise


Jane occupe ses journées du mieux qu’elle peut. Elle fume du crack, passe des heures sur sa Xbox en compagnie de ses deux cinglés de colocataires. Entre deux films pornos tournés dans les bureaux de son gérant, Jane aime s’occuper de Starlet, son chihuahua adoré. Elle prend également plaisir à s’arrêter dans les ventes de garage pour s’acheter des objets strictement inutiles. C’est ainsi qu’elle déniche un thermos à café. En nettoyant sa trouvaille, elle découvre des liasses de billets de cent dollars. Un joli magot. Après de folles dépenses, Jane est envahie par un sentiment de culpabilité. Elle décide de retourner l’objet à sa propriétaire, une vieille dame têtue et solitaire qui lui referme systématiquement la porte au nez. Chronique d’une jeunesse insouciante cherchant péniblement sa voie, le nouvel opus de Sean Baker (Prince of Broadway), s’active autour de la naissance d’une amitié improbable entre une veuve qui n’attend plus rien de l’existence et une jeune écervelée au cœur d’or. Grâce à sa photographie tirant avantage des paysages ensoleillés de la Californie et à son montage vif et saccadé, Starlet, comme une bouffée de fraîcheur, célèbre les vertus des rapports intergénérationnels. — Stéphane Defoy


Commentaires de Michel Handfield (2012-10-22)


Rapprochement intéressant entre deux personnes qui n'auraient pas dû se connaitre et n'étaient pas faites pour être amies. Si différentes, du moins, à première vue, car plus le temps passe, plus elles se rapprochent. Et si elles ne se disent pas toute la vérité, se mentent-elles vraiment? Pour se dire la vérité, il faut d'abord que la confiance s'établisse...


Film ethnométhodologique, car on doit reconstruire une histoire de vie à partir de ce qui nous est dit. Mais, si tout n'est pas nécessairement dit, on en comprendra beaucoup sur elles à la fin du film. Bref, un film intéressant dans le genre introspectif.



Vu le 2012-10-15


Carte blanche à Félix Dufour-Laperrière

Parallèle nord


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 14 no 10, Textes ciné et culture (FNC) : www.societascriticus.com


Commentaires de Michel Handfield (2012-10-22)


On est dans un chemin forestier. Il y a des arbres, des arbres et des arbres! Mais, si ce n'était qu'apparences? Car, pourquoi on ne va pas dans cette forêt? Ne serait-ce qu'une façade qui cache la coupe à blanc derrière ce rideau? Au spectateur de faire son choix.



IN ANOTHER COUNTRY


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 14 no 10, Textes ciné et culture (FNC) : www.societascriticus.com


Hong Sang-soo / Corée du Sud / 2012 / 89 min / Version originale coréenne, anglaise, Sous-titres français


Anne est une célèbre réalisatrice française venue rendre visite à un ami coréen cinéaste avec qui elle part en voyage à Mohang-ni, une petite station balnéaire. Anne est encore mariée à un cadre dans l’industrie automobile et part à Mohang-ni avec son amant. Anne, enfin, est une épouse quittée qui part éponger son chagrin en compagnie d’une amie professeur de folklore toujours à Mohang-ni.


Une actrice, deux pays, trois rôles, trois récits (ou s’agit-il du même?) et combien de jeux de miroirs... ? Entre la France et la Corée, entre la drôlerie et la mélancolie, entre l’imaginaire et la fiction, le Sud-Coréen Hong Sang-soo (Conte de cinéma, Hahaha, The Day He Arrives) parfait dans ce treizième film, présenté en compétition au dernier Festival de Cannes, son approche poétique et envoutante d’un monde perpétuellement mis en abyme par le cinéma, et vice-versa, en plongeant avec bonheur et inventivité dans les jeux de l’amour et du hasard. Rayonnante et impériale, Isabelle Huppert s’y balade d’un conte à l’autre, d’une femme à l’autre, régnant sur cette comédie douce-amère ludique et inspirée en lui insufflant une légèreté et un sens de la nuance proprement inédits. — Helen Faradji


Commentaires de Michel Handfield (2012-10-22)


En pays étranger, quand on n'a pas la langue ni la culture, il peut y avoir méprise, vu les doubles codes! De quoi créer des malaises ou des opportunités, surtout si on parle de relations homme/femme. C'est selon.


Si ce film était une œuvre musicale, je l'appellerai « Trois variations sur le thème des relations hommes/femmes ». Rien à ajouter!



CROSSING BOUNDARIES


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 14 no 10, Textes ciné et culture (FNC) : www.societascriticus.com


Florian Flicker / Autriche / 2012 / 88min / Version originale allemande, Sous-titres anglais


En pleine nature, Hans traverse à pied la ligne de démarcation qui, jusqu’en 2004, délimitait l’Est de l’Ouest, en Autriche. Dix ans plus tôt, Hans et Jana vivaient dans la région, faisant passer des clandestins à l’Ouest. Lorsque Ronny, un jeune soldat viennois, débarqua dans les environs, tout était en place pour qu’un western aux allures de tragédie grecque s’installe. Minimaliste et ambigu, Crossing Boundaries parle de frontières, géographiques ou intérieures, et de ce qu’il arrive lorsqu’on les transgresse. Tant dans la composition du trio central — héros fruste, vamp improbable et étranger séduisant— que dans les cadres tirés au cordeau, les images tantôt lumineuses, tantôt en clair-obscur, et la trame sonore atmosphérique, Crossing Boundaries évoque Days of Heaven. Comme dans le film de Malick, on y retrouve une violence sourde et la plénitude d’une nature souveraine, indifférente aux soubresauts des passions humaines. Tout le talent de Flicker est dans sa maitrise à jouer entre ce qu’il montre et ce qu’il cache, ce qu’il dit et ce qu’il tait. Envoutant. — Éric Fourlanty


Commentaires de Michel Handfield (2012-10-22)


L’Autriche (1), un pays d'Europe centrale, sert de passage aux transfuges de certains pays de l'Est vers l'Ouest! (2) Une de ses frontières passe dans le coin où habitent Hans et Jana, qui opèrent un bistrot. Sentant qu'il y a de l'argent à faire pour développer ses projets futurs, Hans profite de sa connaissance de la place pour aider les transfuges. Il est donc dans la mire des militaires.


Comme un des nouveaux militaires du poste de garde, Ronny, semble trouver Jana de son gout et vouloir se rapprocher d'elle, son supérieur en profite pour le charger de les surveiller et même d'obtenir des informations de sa part. On le met donc dans les pattes du couple, espérant qu'elle se confie à lui ou une erreur d'Hans! On est donc dans la suspicion, la tension et le risque tout au long de ce film.


Depuis des années que dure ce passage de clandestins, alors on se demande comment il va s'en sortir ou s'il va se faire prendre, surtout que Ronny est toujours là à tourner autour de sa femme! De quoi lui faire faire une erreur. Bref, un bon suspense construit sur le modèle du jeu du chat et de la souris! Mais, qui est le chat et qui sera la souris?


À souligner l'ambiance sonore de ce film, le son étant presque un personnage.


Notes


1. http://fr.wikipedia.org/wiki/Autriche


2. Elle a notamment des frontières avec l’Allemagne, la République tchèque, la Slovaquie, la Hongrie et la Slovénie. Source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Autriche




Vu le 2012-10-14


KING CURLING


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 14 no 10, Textes ciné et culture (FNC) : www.societascriticus.com


Ole Endresen / Norvège / 2011 / 90min / couleur / Version originale norvégienne, Sous-titres anglais


« …a hilarious take on the mock-heroic sporting-underdog genre. » — Variety


Star du curling norvégien, Truls Paulsen est un obsessif compulsif. Problèmes mentaux obligent, il quitte la compétition. Coincé chez lui, médicamenté, côtoyant un chien à la langue trop active et dorénavant sous la tutelle d’une épouse dominatrice, elle aussi bien névrosé, il n’en peut plus. Alors que son ancien coach se retrouve dans le besoin, Truls décide de reprendre du service. Il décide aussi d’abandonner toute médication et surtout d’oser enfin dire non à sa femme. Alors que le championnat national de curling approche, les problèmes s’accumulent et le tout se transforme en un joyeux éloge de la folie ordinaire.


Si Wes Anderson réalisait Dodgeball en hommage aux frères Coen, le tout supervisé par Aki Kaurismaki (Le havre, L’Homme sans passé), voilà ce que beaucoup s’accordent à dire actuellement sur ce film hors-norme et hilare. Une comédie grand public qui s’amuse à détourner tous les clichés du film sportif, cela par le biais d’une belle réflexion sur la folie. Après avoir mis K.O. le boxoffice norvégien, l’absurde et décalé King Curling vient tout juste de commencer sa carrière internationale. Partout où il passe, il ne cesse, depuis, de surprendre et divertir. — Julien Fonfrède


Commentaires de Michel Handfield (2012-10-22)


Truls Paulsen est le « King du millimètre » tellement il est précis au curling! Mais, la moindre mousse le rend dingue, au sens symbolique jusqu'au jour où ce sera pour vrai! Il pètera alors royalement les plombs.


Institutionnalisé, il ne sortira de là que lorsqu'il aura accepté de se tenir loin du curling. Sauf que, …


Ceci nous donne une excellente comédie sur le monde! Vous savez, ces gens, parfois ordinaires, parfois exubérants, parfois comme nous et parfois si différents! Bref, le monde. C'est là qu'on voit qu'on est d’abord et avant tout de la même race, car on se ressemble malgré la distance et certaines différences culturelles! Humain, trop humain, comme l'a écrit Nietzsche. (1)


Note


1. Nietzsche, F., 1995, Humain, trop humain, Paris: Le livre de poche, Classiques de la philosophie



OUR LITTLE DIFFERENCES / DIE FEINEN UNTERSCHIEDE


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 14 no 10, Textes ciné et culture (FNC) : www.societascriticus.com


Sylvie Michel / Allemagne / 2012 / 80min / couleur / Version originale allemande, Sous-titres anglais


Sebastian est un bon docteur allemand, un papa divorcé, cool avec son fils de 16 ans, et un bon patron avec Jana, sa femme de ménage d’origine bulgare, qui travaille chez lui ainsi qu’à la clinique de fertilité où il pratique. Il va suffire d’un incident familial mineur pour que le vernis craque, tant celui de la bonne conscience bourgeoise de l’allemand que celui de la docilité forcée de la slave — avant que chacun ne reprenne son rôle... Bien que le thème de ce premier long métrage d’une cinéaste française vivant à Berlin évoque celui de Carnage, de Polanski, les deux films sont très différents. Ici pas de grands cris, pas d’effusions de sang, pas de coup de théâtre : les inégalités sociales et culturelles sont dépeintes à l’aquarelle plutôt qu’à gros traits, mais il suffit d’un coup de pinceau pour qu’elles apparaissent au grand jour. Petites maladresses, petites méfiances et petites humiliations: sous le regard aiguisé de Sylvie Michel, ces « petites différences » révèlent un monde poli et policé, dont la violence latente se nourrit de rectitude politique. Glaçant. — Éric Fourlanty



Commentaires de Michel Handfield (2012-10-22)


Si nous parlions de nos ressemblances dans notre texte précédent (KING CURLING), ce film nous amène dans nos différences culturelles et de principes. Il suffit que quelque chose ne soit pas ce que ce devrait être pour qu'on dérape. Et solidement!


C'est qu'inquiète de sa fille (une adulte) qui a découché, Jana, femme de ménage avenante, redevient la mère et la femme de principe qu'elle est aussi, à la surprise de son patron, un médecin assez libéral! Et lui, en réponse, devient intransigeant d'une intransigeance que ne lui connaissent ni Jana, ni son fils!


On plonge donc dans la psychologie des gens en ces temps d'ouverture culturelle, car ce film regarde comment nous sommes ouverts en société, mais pris avec nos principes et nos croyances, surtout quand il s'agit de la gestion de nos vies et de celle de nos proches! En cas de panique, la dissonance entre les deux ne peut que devenir apparente. Puis, à mesure que la tension diminue, les choses redeviennent normales.


Vu le 2012-10-17


SECRET CHRONICLE: SHE-BEAST MARKET (« J'ai envie de vivre » (Maruhi: shikijo mesu ichiba ou, littéralement, « Confidentiel : marché du sexe »))


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 14 no 10, Textes ciné et culture (FNC) : www.societascriticus.com


Noboru Tanaka | Japon | 1974 | 83min | couleur | Version originale japonaise, Sous-titres français


Impossible de célébrer la Nikkatsu sans parler de leurs célèbres « romans pornos », label de films érotiques avant-gardistes qui redonna un souffle incroyable à la compagnie dans les années 70.


Ce chef-d’œuvre malheureusement trop peu connu explose le genre. En parlant de survie sociale, il l’amène aussi du côté de la politique. Attention, cette histoire de prostituées des rues d’Osaka, ce grand film de la modernité cinématographique japonaise (deux ans avant l’Empire des sens d’Oshima), pour tout amateur de cinéma, se doit absolument d’être découvert sur grand écran. — Julien Fonfrède



Commentaires de Michel Handfield (2012-10-18)


J'ai été voir ce film à la Cinémathèque québécoise pour m’apercevoir que je l'avais déjà vu à la Cinémathèque dans le cadre d'un autre festival. J'ai quand même pris des notes, mais, comparaison faite, tout ce que j'ai pris en note se retrouvait de toute manière dans mon texte original de 2009. Alors, vous avez droit à la reprise du texte original, car rien ne vaut l'original!




J'ai envie de vivre (Maruhi : shikijo mesu ichiba) (1)

Pour public âgé de plus de 16 ans.


La Cinémathèque présente, en collaboration avec le festival Fantasia et Ciné-Asie, une sélection de 13 films érotiques japonais ou pinku eiga (cinéma rose) produits pour la plupart dans les années 1960 et 1970, grande époque du genre « soft-core » japonais. Ce cycle singulier permettra aux amateurs de cinéma asiatique de découvrir cette abondante production très populaire dans le cinéma nippon.


En visionnement de presse j’ai vu « J'ai envie de vivre » (Maruhi: shikijo mesu ichiba ou, littéralement, « Confidentiel : marché du sexe ») de Noburu Tanaka (86 min, Jap., 1974, 35 mm avec s.-t. fr.) C’est l’histoire de Tomé, 19 ans, qui se prostitue dans les bas fonds d’Osaka. Entre une mère, elle aussi prostituée, un frère handicapé et une myriade de clients minables, elle traine son indifférence et sa désillusion nous disait l’invitation.


Commentaires de Michel Handfield (16 juillet 2009)


On est dans le milieu de la prostitution, mais pas la prostitution de luxe; celle de survie, bas de gamme. Dans les bas fonds, où sexe et boisson se mêlent; où irrespect et violence font partie de la vie de ces filles de joie pour les autres! Les clients sont là pour se soulager, pas pour plaire et encore moins pour être tendre.


On assiste d’ailleurs à l’initiation d’une autre jeune fille dans la violence jusqu’à l’orgasme. Plaisir davantage mécanique que désiré, surtout si c’était le premier orgasme. Mais, arrivé dans ces conditions, il assurera en quelque sorte la reproduction du modèle pour retrouver quelques instants de plaisirs dans cette « job » sordide. La fille est cassée; soumise.


Nous, on suit Tomé, qui fait ce métier parce qu’il lui vient de sa mère et que de le faire fait littéralement « chier » cette dernière, surtout quand elle lui chipe ses clients, même son mec qu’elle dit faire bander, parce que plus jeune! Elle pousse au point de dire d’elle-même « Je ne suis plus humaine, mais qu’une poupée gonflable! » Pas surprenant, élevée dans ce milieu et cette promiscuité qui côtoie l’inceste. On prend et on donne le bonheur que l’on peut, comme avec son frère handicapé.


On est au cœur d’un monde de déracinés, d’exclus et de désespérés. Gris comme ce film en partie noir et blanc! Mais, il y en a qui sauront se débrouiller pour faire de l’argent par le recyclage, comme ce laveur de condoms qui récupère les condoms usés, les laves et les faits sécher pour les revendre ensuite. Dans les bas fonds, tout est bon pour améliorer son sort.


Cru et dru, on peut y voir un mauvais porno, mais une bonne critique sociale! C’est selon. Moi, j’y ai vu une bonne critique sociale d’un pays qui n’a pas l’habitude de montrer ces choses à l’extérieur. Un film tout désigné pour Fantasia et la Cinémathèque, car il peut rejoindre des publics bigarrés.


Note


1. Texte original paru dans Societas Criticus Vol 11 no 4, du 9 juin au 21 aout 2009. Seule l’orthographe a été changée pour répondre aux critères de la nouvelle orthographe et quelques virgules et guillemets (« ») ont été ajoutés.




Vu le 2012-10-13



STILLEBEN / STILL LIFE

Sebastian Meise | Autriche | 2011 | 77min | couleur


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 14 no 10, Textes ciné et culture (FNC) : www.societascriticus.com


Bernhard a dans la vingtaine. L’âge des découvertes. Mais il y en a une qu’il aurait surement préféré ne pas faire : découvrir que son propre père couche avec une prostituée qu’il paye pour qu’elle joue le rôle de Lydia du nom de sa propre fille et sœur de Bernhard. Une révélation que, bien sûr, le jeune homme ne pourra garder pour lui et qui ne pourra que faire exploser en morceaux l’apparente tranquillité de la famille. Solitude, silence, intransigeance, honte, fantasme sexuel et culpabilité... Pour son premier film de fiction, l’Autrichien Sebastian Meise inscrit son nom aux côtés de ceux de Michael Haneke et Ulrich Seidl pour faire honneur à la cinématographie pour le moins sombre et torturée de son pays. Récompensé d’une mention spéciale au Prix du meilleur nouveau réalisateur au Festival de San Sebastian, son film appuie là où ça fait mal, faisant de la révélation l’enjeu narratif d’un récit particulièrement troublant. Remplissant le moindre silence d’une tension extrême, Still Life, étonnant mélange d’élégance formelle et de tourments humains, refusant toute clarté au profit d’une ambigüité constante, déroute autant qu’il dérange. Et c’est exactement là ce qui fait son incroyable force. — Helen Faradji


Commentaires de Michel Handfield (2012-10-16)


Bernhard va dans le quartier chaud de sa ville et voit son père choisir une fille sur la rue et lui remettre une lettre avant d'entrer dans une maison de passe avec elle. Après la sortie de son père, il se présente à la même place et choisit la même fille. Pendant qu'elle se prépare, il fouille dans sa sacoche pour tomber sur cette lettre où il lui demandait de jouer le rôle de Lydia, sa sœur!


Probablement le lendemain, il ira rejoindre son père, qui est accompagné de sa femme et de Lydia, à une réunion des AA. Il donnera alors la lettre à son père, avec sa mère et sa sœur à courte vue. Le père quittera, mais laissera la lettre sur la table à la vue de sa femme et de sa fille. Toute la famille est maintenant au courant.


Naturellement que Bernhard a fait par exprès, car, plus loin dans le film, Lydia lui demandera s'il n'est pas justement allé à cette réunion des AA pour confronter son père puisqu'il n'a jamais réellement bu! Cela laisse croire que les autres boivent depuis longtemps, mais pas lui. Pourquoi? Pour ne pas voir ce qui se passait dans la famille? Un malaise qui durait depuis toujours? De l'inceste?


Non, ce n'est pas de l'inceste, mais ce film pose ici toute la question des fantasmes; surtout celui du père face à sa fille! Même s'il ne lui a jamais touché, viole-t-il son intégrité non physique; son image? Ou n'est-ce qu'une question de vie privée qui n'aurait jamais dû se savoir?


Même si ce n'est pas bien, en terme de morale, ce n'est pas un crime non plus. C'est alors Bernhard qui aurait violé la vie privée de son père!


Maladie ou comportement malsain? À qui en parler? Voilà maintenant le problème du père, qui se taisait, et de la famille qui ne voyait rien, mais sentait certainement un malaise, mis en lumière par ce geste d'éclat du fils. Mais, ils n'ont pas vraiment de solution. Et le dialogue semble impossible, pour le moment du moins.


Le père cherchera donc à s'en sortir par ses moyens. Mais, n'ayant pas fait de crime au sens strict, il ne sera pas facile d'avoir de l'aide, surtout qu'il n'est pas facile pour lui d'en parler. Il va même à la police, mais ne peut rien dire. Bref, il serait peut-être plus facile d'avoir de l'aide s'il était vraiment un criminel. Il devra donc jongler quelque temps avec ce problème avant de trouver une solution pour s'en sortir. On le suivra dans sa démarche en même temps qu'on verra en parrallèle les conséquences sur la famille et, surtout, comment ils gèreront cela.


Film psychosocial fort, vu la problématique et le fait qu'il est en équilibre sur le fil de la légalité, à la limite entre maladie et crime.


À souligner la chanson « voyage, voyage » en français dans le film et en français et allemand dans le générique. Symbolique de son malaise, car il ne voudrait pas en être là, mais il y est. De quoi vouloir se fuir à tout jamais! Voyage, voyage...



CARTE BLANCHE ANAÏS BARBEAU LAVALETTE

Sept heures trois fois par année


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 14 no 10, Textes ciné et culture (FNC) : www.societascriticus.com


Commentaires de Michel Handfield (2012-10-16)


Rencontre entre une femme et son conjoint dans une roulotte aménagée dans la cour d'une prison. Pas besoin de parler, on comprend tout! En fait, je n'ai même pas remarqué s'ils échangent quelques mots tellement l'image est forte.



APRÈS MAI

Olivier Assayas | France | 2012 | 122min | couleur


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 14 no 10, Textes ciné et culture (FNC) : www.societascriticus.com


PRIX OSELLA DU MEILLEUR SCÉNARIO AU FESTIVAL DE VENISE 2012


Après s’être intéressé au grandiose personnage de Carlos, Olivier Assayas poursuit son exploration des années 70 sur un mode plus mineur, cette fois-ci du côté des jeunes militants gauchistes, en plein désarroi post 68. Après la figure héroïque, c’est la photo de groupe qu’il travaille dans cet Après mai désenchanté, avec en fil conducteur le personnage de Gilles, étudiant et peintre. Portrait de l’artiste en quête de repère, au sens psychologique aussi bien que physique, puisque Gilles promène son spleen en quête d’un point de chute, qu’il soit à Paris, en Italie ou bien à Londres, Après mai nous replonge avec brio dans l’effervescence de cette époque troublée. Si Olivier Assayas évoque lui-même l’aspect autobiographique du film, on peut aussi y lire un hommage vibrant au cinéaste Philippe Garrel, dont Gilles s’avère être un quasi-sosie. Les images qui hantent le cinéma de Garrel sont bien présentes : l’artiste paumé qui ne tient que pour l’amour des femmes, la chanteuse droguée, les illusions perdues, la fuite. Lorsqu’ils utilisent une caméra Super 8 dans le désert, Gilles et ses amis tournent les images de La cicatrice intérieure. Une cicatrice, la nostalgie peut-être, qui traverse aujourd’hui le film d’Assayas, et provoque de troublantes résonances temporelles et cinématographiques. — Laurence Reymond


Commentaires de Michel Handfield (2012-10-16)


1971. Trois ans après mai 68. Si le mouvement est mort, les militants ne sont pas enterrés! À preuve, le mouvement autogestionnaire de LIP en 1973. (1) Mais, ici on est chez quelques étudiants et jeunes militants. Certains communistes, d'autres anarchistes, qui se rejoignent dans la contestation de l'organisation existante et du statuquo. C'est l'époque du Front de libération des jeunes. (2)


Naturellement, ils entretiennent des liens avec la frange militante du syndicalisme français et lisent la presse de gauche : Combat (3), Actuel (4), L'humanité (5) et quelques autres titres qui poussent ici et là au gré des groupes et des conflits.


On se plaint de la désinformation, mais on veut une info « libre » au service de la révolution internationale! Libre? Vraiment? Quand Gilles parle du livre « Les Habits neufs du président Mao » de Simon Leys (6), on le rabroue. Et, pourtant...


Comme pour tous les jeunes, suffit d'interdire pour les attirer! Les flics interdisent une manif, ils y seront. Et si c'est violent, ça ne vient pas nécessairement d'eux, car les flics jouaient dur dans le temps, probablement plus qu'aujourd'hui même si on tient compte des dérives de la police actuelle! Ce n'est pas peu dire. Je préfère, comme le chante cet anar de Brassens, « Mourir pour des idées, d’accord, mais de mort lente »!


C'est donc une fiction historique qu'il est intéressant de suivre de leur période révolutionnaire à l’étiolement du groupe, chacun trouvant sa voie plus ou moins difficilement, que ce soit dans le militantisme, les arts, les paradis artificiels...


Je serais curieux de voir un Après mai 2011, pour savoir où ils en sont maintenant. Certains à droite; d'autres dans le nouvel-âge; les nouveaux mouvements sociaux, comme Occupons Wall Street, l'écologie et l'altermondialisme; ou en politique active! Le tout serait naturellement tourné par Paul, devenu cinéaste.


Je pourrais m'étendre aussi longuement sur les caractères et les destins de ces jeunes, avoir pris un angle plus psychosocial que sociopolitique, car ce film a du contenu. Beaucoup. La bande-annonce en donne d'ailleurs une bonne idée : www.youtube.com/watch?v=Eeuku4vzPkg

Notes


1. Deux livres sur le sujet et un lien internet :


- Loureau, René, 1974, L'analyseur Lip, Paris: 10/18 ;


- Virieu (de), F.H., 1973, LIP, 100 000 montres sans patron, France: Calmann-Levy ;


- http://fr.wikipedia.org/wiki/Lip#1973_:_L.E2.80.99affaire_Lip


2. Deux liens à ce sujet :


- http://rcp-rouen.blogspot.ca/2009/10/le-front-de-liberation-des-jeunes-en.html


- www.archyves.net/html/Blog/?p=679


3. http://fr.wikipedia.org/wiki/Combat_(journal)


4. http://fr.wikipedia.org/wiki/Actuel_(magazine)


5. http://www.humanite.fr/


http://fr.wikipedia.org/wiki/L'Humanité


6. http://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Habits_neufs_du_président_Mao


Autres liens


http://voie-lactee.fr/gauche-prolétarienne-la-cause-du-peuple



Vu le 2012-10-12


PANDORE

Virgil Vernier | France | 2010 | 36min


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 14 no 10, Textes ciné et culture (FNC) : www.societascriticus.com


Commentaires de Michel Handfield (2012-10-14)


Ce film débute sur une sentence de La Bruyère dont j'ai noté quelques mots pour tenter de la retrouver. Je crois que c'est celle-ci :


« La ville est partagée en diverses sociétés, qui sont comme autant de petites républiques, qui ont leurs lois, leurs usages, leur jargon, et leurs mots pour rire. Tant que cet assemblage est dans sa force, et que l’entêtement subsiste, l’on ne trouve rien de bien dit ou de bien fait que ce qui part des siens, et l’on est incapable de goûter ce qui vient d’ailleurs : cela va jusques au mépris pour les gens qui ne sont pas initiés dans leurs mystères. » (1))


Elle décrit très bien ce film, qui se passe à la porte d'un club. On observer le portier qui décide de qui entre et n'entre pas ce soir-là. Il est le chorégraphe de la soirée, car il décide des caractères qu'il faut dans le club pour que ça fonctionne. Pour que la fête lève.


On a beau vouloir combattre la discrimination, elle est partout, car dès qu'il y a des choix à faire, on discrimine! It's life!


Note


1. La Bruyère, Jean de, [1688] 2005, Les caractères, Ebooks libres et gratuits, De la ville/4, p. 192




ORLÉANS

Virgil Vernier | France | 2012 | 60min


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 14 no 10, Textes ciné et culture (FNC) : www.societascriticus.com


Joanne vient d’arriver à Orléans, pour travailler dans une boîte de strip-tease où elle rencontre Sylvia. Les deux hôtesses partagent une chambre et se racontent leurs rêves de vies meilleures. Pendant ce temps, comme tous les ans, la ville célèbre sa plus célèbre fille, Jeanne d’Arc. De cérémonie religieuse en défilés costumés jusqu’à des soirées technos, plusieurs journées viennent mélanger les registres de façon quasi surréaliste. Virgil Vernier aurait pu se contenter de filmer cet événement dans tout son spectaculaire anachronisme. Mais le cinéaste, qui a autant pratiqué le documentaire (Commissariat, Pandore) que la fiction (Chroniques de 2005) choisit ici de propulser ses deux personnages féminins à la rencontre de la ville. Il parvient ainsi à capter l’essence des lieux, la puissance des visages (dessinés, statufiés, filmés) et joue avec la portée des symboles. Bien que le film soit extrêmement structuré, du parallèle entre le rituel du strip-tease et ses codes / les rituels de commémoration, à celui de Jeanne d’Arc et ses voix / Joanne et ses rêves, il n’en devient pas moins émouvant, par la fraîcheur de ses deux comédiennes, et par la manière dont Virgil Vernier parvient à saisir la grâce fragile de ces instants qui, eux, ne reviendront pas. — Laurence Reymond


Commentaires de Michel Handfield (2012-10-14)


Le film nous place d'abord la région par une carte, celle où l'on voit le lac de l'orée de Sologne, aussi dit lac de la Source. (1) Puis, on arrive à une cité. Là où deux effeuilleuses partagent une chambre.


On les suit, dans leurs dialogues et leur rêve de dépassement, mais aussi leur métier, où elles doivent vendre du rêve avec elle pour ne serait-ce que vivre! Peut-être aussi réussir à se mettre de l'argent de côté pour quitter ce métier et aller faire autre chose, mais à quel prix? Il leur faudra se farcir beaucoup de clients en cabine privée.


En parallèle, ce sont les fêtes de Jeanne d'Arc, native d'Orléans, qui ont lieu. Cette Jeanne qui a fait autre chose de sa vie que ce à quoi elle était destinée. De paysanne, elle devint héroïne de France et mourra en martyr.


Bref, un film, sur les idées et les valeurs. Parfois, certains réussissent à atteindre l'inatteignable. Mais, c'est davantage qu'une seule question de volonté. C'en est une de circonstances. C'est pour cela qu'il y a peu d'élus pour beaucoup d'appelés.


Parlant des fêtes de Jeanne d'Arc, on voit tout ce défilé des valeurs traditionnelles. Mais, n'est-ce que cela : un défilé!? Un temps pour se remémorer ces valeurs que le capitalisme, la mondialisation, le modernisme et le multiculturalisme renvoient au rang d'artéfacts! Après, on revient à la vie d'aujourd'hui.

Parlant de multiculturalisme, en 1969 on en était loin. C'est alors qu'avait couru la rumeur d'Orléans :


« Au début de mai 1969, un bruit se répand à Orléans : des femmes ont disparu : six commerçants juifs les ont droguées ou piquées dans leurs salons d'essayage, évacuées par des caves et dirigées (en sous-marin?) vers des lieux de prostitution exotiques... » (2)


Maintenant, avec l'Union européenne et la mondialisation, les échanges et les voyages, même Orléans est certainement plus multiculturelle qu'à l'époque. Cependant, il n'y a aucune possibilité de le savoir par une recherche internet, car l'énumération des groupes ethniques n'est pas autorisée légalement en France, sauf en Nouvelle-Calédonie (et seulement depuis 2009). (3)


Un film intéressant pour l'histoire et/ou pour son aspect plus touristique avec la fête de Jeanne d'Arc à Orléans.


Notes


1. http://plando.voile-rc.com/lac-étang-eau-douce/france/orléans-la-source/lorée-de-sologne


2. Arrière de couverture de Morin, Edgar, 1969, La rumeur d'Orléans, France: Seuil.


3. http://fr.wikipedia.org/wiki/Groupes_ethniques_de_France


Hyperliens


http://www.orleans.fr/


http://fr.wikipedia.org/wiki/Orléans


http://fr.wikipedia.org/wiki/Orléans-la-Source



LE GRAND SOIR

Benoît Delépine | Gustave Kervern | France, Belgique | 2012 | 92min | couleur


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 14 no 10, Textes ciné et culture (FNC) : www.societascriticus.com


PREMIÈRE NORD-AMÉRICAINE


« À mi-chemin entre Harold Pinter et Jérôme Deschamps, les dialogues sont formidables. » — Le parisien


Une zone commerciale de banlieue. « Not » (Benoit Poelvoorde), le plus vieux punk à chien d’Europe (cela ne vient pas sans certaines responsabilités !) retourne auprès des siens, soit dans une pataterie tenue par la très exubérante Brigitte Fontaine. Il y retrouve un frère (Albert Dupontel), vendeur de literie sur le point de se faire licencier. Malgré leurs différences, non sans quelques truculents accrochages préalables, les deux reconnectent. Aux premières lignes d’une crise économique et sociale, les deux individus réussiront-ils à résister au monde? L’heure est à la révolte!


Après Mammuth, Louise Michelle et les créations artistico-anarchistes ultimes Aaltra et Avida, Gustave de Kervern et Benoît Delépine (férocement célèbre duo d’hilares rebelles belges de la culture) sont de retour. Un film pour rire (la rencontre Poelvoorde/Dupontel fonctionne parfaitement, à grand renfort de saynètes jouissives à souhait) tout en insolence punk et pertinence sociale. Un cinéma libre et bordélique qui refuse le perfection au profit d’un vrai désir de spontanéité contagieuse. À noter aussi une joyeuse apparition de Depardieu et un Prix Spécial du Jury (Un certain regard) bien mérité à Cannes. — Julien Fonfrède


Commentaires de Michel Handfield (2012-10-14)


Premier constat : Où sont les gens s'ils ne sont plus dans les champs, les usines ou les Églises! Ils ils sont devant la TV ou ils flânent dans les commerces, mais achètent peu! (1)


Deuxième constat : l'État unisation du commerce! On est en Belgique, mais on pourrait être dans n'importe quel centre commercial d'Amérique avec ces commerces à la devanture standardisée. On voit même un PFK/KFC (2)!



Film déjanté sur le monde de la consommation et du sous-travail! Car, si on vend encore, on ne produit plus! Cela ne pourra durer qu'un temps. Pour le système officiel du moins, car existent des mondes parallèles. Un de ceux-là est celui du mouvement Punk. C'est dans ce système que nous amène « Not » (Benoit Poelvoorde), le mouton noir de sa famille. Ses parents ne sont-ils pas restaurateurs dans la frite belge et son frère vendeur de matelas?


Mais, sa mère est assez déjantée aussi. Et son frère au bord de claquer. Quant à « Not », s'il n'a rien, il n'a tout de même pas moins que rien contrairement à son frère qui s'apercevra que sas femme dépense peut-être plus qu'il ne gagne! À ce point, rejeter le système pour rejoindre son frère dans la rue, ce serait peut-être une forme d'avancement! On voit le genre absurde, ironique et cynique poindre de ce film.


De quoi me séduire, car c'est en même temps criant de vérité! Comme lorsque notre vendeur s'aperçoit, en lisant une revue, que tous ceux qui font les manchettes sont le fils ou la fille de quelqu'un!


« Alors, si tu n'es pas le fils de quelqu'un, à quoi bon envoyer des CV? »


Quand on voit ici toutes ces allégations de copinages entre les fonctionnaires et le personnel politique des villes et des gouvernements supérieurs entre eux et avec les gens du génie et de l'industrie de la construction, on peut se dire que c'est bien vrai! Et, ce n'est probablement pas limité qu'à ce secteur. S'il y a de quoi, ce n'est que la pointe de l'iceberg.


Je ne serais pas étonné que certains fonctionnaires, employés ou police, dont on voit les comportements étalés dans les médias, aient probablement eu leur poste bien davantage par qui ils connaissent que par leurs compétences! Ça m'apparait même évident à écouter les nouvelles. De là à se demander si les exigences des postes affichés sont bien réelles ou une façon d'éliminer les CV que l'on ne veut pas, pour ne conserver que la personne que l'on avait prédestinée au poste en question, il n'y a qu'un pas! Bref, on favorise le copinage avec des conditions que personne n'atteint, cela laissant le champ libre aux « spécialistes » pour choisir la personne la plus « apte » dans les circonstances, soit celle de leur choix! Mais, les apparences sont sauves... jusqu'à ce que quelqu'un parle ou que des bévues à répétition attirent les regards de la presse! On connait le processus.


Notes


1. Formulation de ma part d'après quelques dialogues du film. Mais, je trouvais intéressant de la mettre en avant-plan.


2. Je crois qu'il était écrit à l'anglaise, KFC, pour Kentucky Fried Chicken. Mais, ici cette bannière est connue comme PFK pour Poulet frit Kentucky!



Who the hell are you

Carte blanche d'Istvan Kantor


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 14 no 10, Textes ciné et culture (FNC) : www.societascriticus.com


Commentaires de Michel Handfield (2012-10-14)


Court métrage de 2 à 3 minutes. Kantor est allé vers le film noir, parodiant les séries B! Un 3 minutes pour l'Haloween!



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