Societas Criticus, Vol 14 no 1. 2011-12-14 – 2012-01-24. www.societascriticus.com

Societas Criticus, Revue de critique sociale et politique

On n'est pas vache…on est critique!


D.I. revue d’actualité et de culture

Où la culture nous émeut!


Regard sur le Monde d'une perspective montréalaise!

On est Sceptique, Cynique, Ironique et Documenté!


Revues Internet en ligne, version archive pour bibliothèques

Vol. 14 no. 1, du 2011-12-14 au 2012-01-24.


Depuis 1999!













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Cette revue est éditée à compte d'auteurs.


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7355, boul St-Michel

C.P. 73580

Montréal H2A 2Z9



Le Noyau!


Michel Handfield, M.Sc. sociologie (U de M), cofondateur et éditeur;

Gaétan Chênevert, M.Sc. (U de Sherbrooke), cofondateur et interrogatif de service;

Luc Chaput, diplômé de l'Institut d'Études Politiques de Paris, recherche et support documentaire.




Soumission de texte: Les faire parvenir à societascriticus@yahoo.ca. Si votre texte est en fichier attaché, si possible le sauvegarder en format "rtf" (rich text format) sans notes automatiques.


Note de la rédaction


Depuis 2009 nous faisons cette revue en Open Office (www.openoffice.org), auquel s'ajoute maintenant Libre Office (www.documentfoundation.org/), façon de promouvoir le logiciel libre. Dans le but d'utiliser la graphie rectifiée, nous avons placé les options de correction de notre correcteur à « graphie rectifiée », façon de faire le test de la nouvelle orthographe officiellement recommandée sans toutefois être imposée. Voir www.orthographe-recommandee.info/. Cependant, comme nous passons nos textes à un correcteur ajusté en fonction de la nouvelle orthographe, il est presque certain que certaines citations et autres références soient modifiées en fonction de l’orthographe révisée sans même que nous nous en rendions compte, les automatismes étant parfois plus rapide que l’œil. Ce n'est cependant pas davantage un sacrilège que de relire les classiques du français en français moderne. On y comprendrait parfois peu si on les avait laissés dans la langue du XVe, XVI ou XVIIe siècle. Les langues évoluent et il faut suivre. L'important est davantage de ne pas trafiquer les idées, ou le sens des citations et autres références, que de modifier l'orthographe de notre point de vue.


Les paragraphes sont aussi justifiés sans retrait à la première ligne pour favoriser la compatibilité des différents formats de formatage entre la version pour bibliothèque (revue) et en ligne.


« Work in progress »:


Comme il y a de la distance dans le temps entre la mise en ligne des textes et la production du numéro pour bibliothèque, il se peut que quelques fautes d’orthographe, de ponctuation ou de graphie aient été corrigées, mais le texte n’est pas changé à quelques virgules près! On a beau lire un texte 2, 3, 4 et même 5 fois… quand on vient de l’écrire on dirait qu’on ne voie pas certaines coquilles. On les revoit cependant sur écran quelques semaines plus tard! Ainsi va la vie.







Index


Societas Criticus, revue de critique sociale et politique

Éditos


« Envoyer un courriel ou agir? » Voilà la question! (Voir aussi L'industrie du ruban rose dans notre section Documents à ne pas taire!)


Le Journal/Fil de presse


Réaction à l'article « Les fusions municipales, 10 ans après »

La SQ met en garde les « shérifs » du Web


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d’actualité et de culture

Avis


Commentaires livresques: sous la jaquette!


Fournier, Marcel, 2011, Profession sociologue


Nouveaux livres reçus


DORVAL BRUNELLE : LE CONTEXTE GÉOPOLITIQUE ET LES STRATÉGIES DE DÉVELOPPEMENT... (téléchargement gratuit)

DI a Vu! - Ciné, Théâtre, Expositions et quelques annonces d’événements (Avec index)


PRÉSUMÉ COUPABLE DE VINCENT GARENQ

Le dindon de Feydo au TNM (théâtre)

A dangerous method / Une méthode dangereuse

Carnage de Roman Polanski

Dinde et farces: Le dernier Noël

LE VENDEUR

La piel que habito (La peau que j'habite)

Maryse Letarte à la 5e salle de la Place des Arts


Documents à ne pas taire! (Notre section documentaire)


L'industrie du ruban rose (Voir aussi notre édito « Envoyer un courriel ou agir? » Voilà la question! )




Societas Criticus, revue de critique sociale et politique


Index



Nos éditos!



« Envoyer un courriel ou agir? » Voilà la question!


Societas Criticus, revue de critique sociale et politique, Vol. 14 no 1, Éditos : www.societascriticus.com



Michel Handfield (2011-12-30)


Tous les jours on reçoit des courriels du genre « Soutenez cette cause, partagez ce mail » ou « Faites circuler ce message à vos amis pour changer les choses! » Généralement, je les « delete », car après une simple vérification de routine sur Google, on s'aperçoit qu'ils sont trompeurs! Mais, aujourd'hui, en cette période plus calme en évènements, j'ai lu celui-ci et je me suis dit « Pourquoi ne pas écrire sur le sujet? », surtout que ce courriel était touchant.


D'abord, le courriel reçu se lisait ainsi :


« Le plus joli courriel anticancer qui soit en circulation... »


Il était illustré de la photo d'une enfant portant un chandail avec l'inscription « Trouvez un remède avant que j'aie des seins ». Sur sa version anglaise, il se lit « Find a cure before I grew boobs ». Une recherche sur Google permet d'ailleurs de trouver plusieurs sites lui faisant référence ainsi que la photo, que je n'ai pas reproduite, soit dit en passant, car je ne connais pas la source et il peut y avoir des droits d'auteur sur celle-ci.


Puis, le message que j'ai reçu se conclut par « Faites circuler ce courriel. Ne serait-ce qu'à une seule personne... en mémoire d'un être que vous avez connu et qui est mort du cancer ou qui le combat encore. Soyez brillants, faites circuler! »

De faire circuler ce courriel, ça change quoi, sinon que de nous donner du bon sentiment? Pas grand-chose. Par contre, il y a peut-être d'autres façons de faire changer les choses...


Un premier geste à poser serait de faire un don à la Fondation du cancer du sein de votre région. (1) Ça ne demande pas une grande implication personnelle, mais ce serait déjà un geste concret. Alors, si vous recevez ce courriel et que vous voulez le faire circuler parmi vos amis pour changer les choses, faites d'abord un don et suggérez à vos amis d'en faire autant. Ce sera au moins ça de fait pour la cause!


Puis, parlant de faire circuler ce courriel pour aider à diminuer le cancer du sein, il faudrait justement diminuer la circulation pour aider à réduire ce type de cancer. C'est du moins vers cela que pointe la recherche, même si on doit être prudent tant que d'autres études ne viendront pas confirmer ce lien hors de tout doute.


En effet, selon une étude récente, il semblerait qu'une des causes du cancer du sein soit la circulation automobile :


« Nous avons découvert un lien entre le cancer du sein après la ménopause et l'exposition au dioxyde d'azote (NO2), qui est un marqueur de la pollution de l'air liée à la circulation routière. » — Dr Mark Goldberg (2)


Alors, avant de prendre l’automobile pour tous nos déplacements, il faudrait se demander si on ne pourrait pas prendre un mode de transport alternatif plus écologiquement efficace et moins nocif pour la santé comme de faire ce déplacement à pied, en vélo, en métro ou en autobus! Là, ce serait poser un geste concret, mais plus difficile que de faire un don, car il implique de changer des habitudes de vie plutôt que de faire un simple clic avec notre souris d'ordinateur! Ça engage à poser un geste véritable. La prochaine fois, posez-vous la question lorsque vous aurez le choix entre marcher ou prendre l’auto pour quelques coins de rue : « Est-ce que je veux vraiment poser un geste concret contre le cancer du sein? » La réponse vous appartient. (3)


Enfin, il faudrait revendiquer que tous les nouveaux ponts et toutes les voies majeures de circulation aient des voies de tramway quitte à enlever une voie pour l'automobile, car celle-ci doit être le dernier choix en matière de transport. Là on parle de gestes politiques. C'est encore mieux que de faire circuler ce courriel pour combattre le cancer du sein, mais beaucoup moins facile à faire, car il s'agit de s'impliquer pour revendiquer du changement de la part de structures qui ne bougent que très lentement : nos structures politiques! Mais, si on croit à la cause, il faut ce qu'il faut!




Postscriptum


Je suggère une nouvelle campagne avec cette inscription sur des chandails, que tous pourraient porter, même les hommes :


Je combats le cancer du sein, je marche!


Je combats le cancer du sein, je pédale!


Je combats le cancer du sein, je maxiBIXIse mes déplacements! (À faire avec bixi)


Je combats le cancer du sein, je prends le transport collectif!


Je combats le cancer du sein, je laisse l'auto à la maison!



Notes


1. La Fondation du cancer du sein du Québec par exemple : www.rubanrose.org.

2. « Un lien entre pollution automobile et cancer du sein? » : www.radio-canada.ca/nouvelles/sante/2010/10/06/001-cancer-sein-pollution.shtml


Pour l'étude en question :


Dan L. Crouse, Mark S. Goldberg, Nancy A. Ross, Hong Chen, France Labrèche, « Postmenopausal Breast Cancer Is Associated with Exposure to Traffic-Related Air Pollution in Montreal, Canada: A Case–Control Study », in Environmental Health Perpectives : http://ehp03.niehs.nih.gov/article/fetchArticle.action?articleURI=info%3Adoi%2F10.1289%2Fehp.1002221


3. Pour ceux qui se le demandent, je n'ai pas d'automobile par choix environnemental! Je suis abonné au système de transport en commun, au vélo bixi (www.bixi.com) et au service d'autopartage Communauto (www.communauto.com), tous des services disponibles dans ma région. Si de tels services n'existent pas dans votre région, le premier pas pour faire changer les choses est la revendication politique. Impliquez-vous!



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Le Journal/Fil de presse


Réaction à l'article « Les fusions municipales, 10 ans après »


Societas Criticus, revue de critique sociale et politique, Vol. 14 no 1, Le Journal/Fil de presse : www.societascriticus.com


En réaction à l'article « Les fusions municipales, 10 ans après - Montréal: un système « bâtard » difficile à améliorer selon Louis Bernard » paru dans Le Devoir, 7 janvier 2012, sous la plume de Robert Dutrisac. (1)


Commentaires de Michel Handfield (2012-01-10)


En 1996 j'avais écrit un long texte, « Il faudrait donner plus de poids à la CUM », paru dans La Presse (5 juin 1996, B 3) et que vous trouverez en annexe de ce texte. J'y suggérais qu'on rapatrie ce qui concerne l'ile de Montréal, que ce soit du provincial ou du fédéral, à une Communauté Urbaine de Montréal dignement élue par les citoyens de l'ile!


On conservait ainsi les villes, mais avec moins d'élus, et une représentation plus près des citoyens en utilisant à bon escient ce qu'on appelait alors les conseils de quartier. Au total on aurait eu le même nombre d'élus, mais réparti sur 3 paliers, avec votation des citoyens pour en assurer la représentativité : Communauté urbaine de Montréal; villes et quartiers, là où le nombre de citoyens le justifie, comme dans le cas de Montréal. Bref, beaucoup plus simple que les fusions, défusions et une Communauté métropolitaine à laquelle on ne s'identifie pas et qui me semble parfois un club privé où chacun défend ses intérêts à l'abri du citoyen, ce qui doit faire plaisir au gouvernement qui s'est conservé un droit de gérance. Diviser pour régner!


J'eusse aimé qu'il y eût une consultation publique sur les fusions, car j'étais contre cette fusion forcée même si j'étais – et suis encore – citoyen de l'ancien Montréal. Puis, aujourd'hui, un haut fonctionnaire impliqué dans ces fusions nous apprend que ce modèle n'était pas vraiment bon! Alors, pourquoi n'a-t-il tout simplement pas dit au premier ministre que son idée n'était pas bonne? Pour conserver son emploi?


À quoi servent les études et l'expérience chez les hauts fonctionnaires et conseillers politiques si ça ne sert pas à se tenir debout? Moi, j'ai envoyé mon CV je ne sais combien de fois au gouvernement pour me faire répondre « manque d'expériences » à tous les coups malgré mes études. À la lecture de cet article, je me demande maintenant si la vraie raison n'était pas que j'écrivais trop souvent aux journaux pour dénoncer ce qui m'apparaissait incorrect. J'avais des opinions et je les exprimais. Bref, j'eusse pu être un empêcheur de tourner en rond! Valait-il mieux ne pas me recruter? C'est en partie une boutade, mais je me le demande parfois sérieusement. Comme aujourd'hui, quand je vois M. Bernard nous dire que « Le système qui a été mis en place finalement est tellement bâtard qu'il est très difficile à améliorer »! C'est qu'on le voyait déjà à l'époque, alors pourquoi a-t-il persisté? Pour faire plaisir au premier ministre qui voulait cette fusion (2) en oubliant que le boss, c'est le peuple! Et si le peuple ne se reconnait plus dans ses institutions, celles-ci sont-elles encore légitimes? (3)


Me semble qu'on paie ces experts pour conseiller, même si ça fait mal! À l'époque, n'aurait-il pas pu dire à ses patrons que ça n'avait pas de bon sens plutôt que de contribuer à nous faire avaler les fusions de force, car c'est ce qu'on a fait. C'est comme aujourd'hui où on nous dit qu'on ne parlera pas de constitution pour notre bien! Pourtant, on devrait la rafraichir que cette constitution, en commençant par y reconnaitre les villes pour ce qu'elles sont : des entités réelles! Dans l'histoire du monde, bien des villes ont précédé les États. Avant même de parler d'État, on parlait d'État cité!


Puis, par une pirouette sémantique assez particulière, on efface maintenant le peuple! Comme ça, d'un trait de crayon, on est devenu des clients de l'État et de ses services! Et comme client, notre seul choix est d'aller ailleurs si ça ne fait pas notre affaire, d'où le discours du démantèlement de l'État au profit du secteur privé.


Si le « Discours de la servitude volontaire » de La Boétie (4) ne vous dit rien, vous devriez le lire. Puis, il devrait être au programme scolaire du secondaire pour éveiller les jeunes esprits. Mais, il n'y sera pas, car cela fait réfléchir et un citoyen qui réfléchit est plus subversif qu'un client qui consomme! C'est la triste réalité.


Notes


1. www.ledevoir.com/politique/quebec/339781/les-fusions-municipales-10-ans-plus-tard-montreal-un-systeme-batard-difficile-a-ameliorer-selon-louis-bernard


2. À la décharge de M. Louis Bernard, on pourrait probablement dire la même chose des hauts fonctionnaires et conseillers politiques qui ont travaillé le dossier des défusions sans revenir tout à fait aux anciennes villes, ni proposer de nouveaux choix aux citoyens. Par exemple, on aurait pu proposer d'appliquer le même modèle que celui des commissions scolaires à Montréal, soit 3 villes : Montréal-Est, Montréal-Centre et Montréal-Ouest. Des consultations publiques auraient alors pu être organisées et un référendum fait au besoin à l'échelle de l'ile sur les 2 ou 3 propositions les plus populaires parmi le retour au statuquo; une ile, une ville; 3 villes pour l'ensemble de l'ile; et les défusions à la pièce, ce que l'on a connu avec tous les maux que cela entraine.


3. Ici quelques nuances s'imposent. Si le premier ministre ne peut tout décider, car ce serait une dictature, le peuple ne peut tout exiger non plus, car ce serait du populisme à outrance, ce qui n'est pas nécessairement mieux ! Manque de vision et de distance. C'est pour cela qu'il faut d'abord distinguer entre les structures comme un État ou une ville, qui sont aussi une forme d'organisation sociale; les institutions, qui peuvent être politiques, juridiques, scolaires (i) et économiques par exemple; et les infrastructures, qui sont physiques comme les ponts, les arénas, les écoles, les musées ou la Place des arts par exemple.


Ceci étant dit, le gouvernement doit gérer au mieux, ce qui veut dire tenir compte des avis scientifiques et des spécialistes; mais sans complaisance de leur part pour faire plaisir aux gouvernants! Il a donc une marge de manœuvre, mais pas toute la liberté. Ainsi, pour les structures, tout changement important, comme une abolition ou une fusion, doit être sanctionné par une majorité référendaire ou une cour supérieure. Ici une remarque s'impose cependant pour les sociétés démocratiques: la séparation du politique et du religieux devrait être faite d'office sans référendum pour les institutions publiques, comme les commissions scolaires par exemple. De la même façon, le parlement canadien devrait avoir le droit d'enlever les références à Dieu dans la constitution canadienne sans autres consultations pour marquer la séparation entre les croyances religieuses et l'État. (ii)


En ce qui concerne les institutions, c'est l'affaire de la constitution et du politique, comme pour les lois. Prérogative gouvernementale oblige. Mais, des balises doivent être inscrites dans la constitution déterminant à l'avance que pour certains changements une majorité aux 2/3 de l'assemblée ou un référendum populaire est nécessaire! La séparation du politique, du juridique et de l'exécutif doit aussi être inscrite dans l'acte constitutionnel.


Pour la gestion des infrastructures – comme les ponts, les routes et les transports en commun par exemple – c'est l'affaire du gouvernement et/ou des villes concernées. Mais, on doit en faire une gestion éclairée et à long terme. Décider de laisser moins de place à l'automobile sur les routes pour y inclure des voies réservées au transport en commun, c'est une décision éclairée en raison des études scientifiques sur l'environnement que nous avons actuellement. Mais, c'est sûr qu'un gouvernement obscurantiste peut ne pas suivre les avis scientifiques. Au peuple de mieux choisir ses représentants et de demander un mode de scrutin plus approprié, comme certaines formes de proportionnelle. Par contre, certaines balises, comme certaines structures et institutions sociales et politiques dument protégées par la constitution, empêchent en partie des reculs insurmontables qui pourraient être dus à certains gouvernements idéologiques, mais je dis bien en partie!


Pour les commissions scolaires, la situation est un peu différente ici. Dans le cas canadien et québécois, c'est une structure constitutionnelle et on ne peut l'abolir par une simple loi. Par contre, l'État peut décider de les rendre plus efficientes en élargissant leur mandat par exemple. Ainsi, des cours et des conférences pour les adultes pourraient se tenir dans les écoles hors du temps des classes ordinaires, une façon d'utiliser plus efficacement ces équipements que l'on paie avec nos impôts et d'en faire bénéficier une plus large part de la population que la seule clientèle scolaire. On pourrait aussi voir s'il y a des possibilités de partager la bibliothèque et l'auditorium des écoles et des cégeps avec la ville par exemple; une façon de ne pas doubler ces investissements pour refaire des bibliothèques et des salles de spectacle municipales à côté de celles déjà existantes dans ces institutions publiques, car on ne fait qu'accroitre les frais pour le même citoyen qui contribue déjà à plusieurs paliers de gouvernement. Avant de réinvestir, il faut peut-être maximiser l'usage de ce qui existe déjà, mais qui est sous-utilisé. C'est cela de la bonne gouvernance avant même de couper les dépenses ou de privatiser parce que c'est à la mode.


Bref, sans tout changer, l'État a encore beaucoup de marge de manœuvre à sa disposition pour améliorer les choses. Mais, il est souvent plus facile de justifier l'inaction en la mettant sur le dos des structures qui nous bloquent que sur notre inaction pour des raisons électoralistes ou idéologiques!


Remarques


i) À souligner qu'au Canada, les commissions scolaires sont des structures reconnues par la constitution canadienne, ce qui fait que ne peut les abolir qui veut! Inversement, les villes n'ont pas cette reconnaissance constitutionnelle, mais sont plutôt perçues comme « des créations de la province », ce qui fait que la province peut en décider!


ii) Pour tous ceux qui croient à tort que l'État canadien est laïque, la première ligne de la constitution se lit comme suit: « Attendu que le Canada est fondé sur des principes qui reconnaissent la suprématie de Dieu et la primauté du droit »! (http://lois.justice.gc.ca/fr/Charte/index.html). Qu'arrive-t-il si quelqu'un commet un acte terroriste au nom de Dieu et l'invoque comme défense?


4. http://fr.wikisource.org/wiki/Discours_de_la_servitude_volontaire


Hyperliens


État: http://fr.wikipedia.org/wiki/État


Ville: http://fr.wikipedia.org/wiki/Ville


Gouvernement municipal (Canada) :

http://thecanadianencyclopedia.com/articles/fr/gouvernement-municipal


Commissions scolaires:

- http://thecanadianencyclopedia.com/articles/fr/commission-scolaire

- http://fr.wikipedia.org/wiki/Commission_scolaire


Structure: http://fr.wikipedia.org/wiki/Structure


Organisation sociale: http://fr.wikipedia.org/wiki/Organisation_sociale


Infrastructure: http://fr.wikipedia.org/wiki/Infrastructure


Institution : http://fr.wikipedia.org/wiki/Institution


Infrastructure et superstructure au sens marxiste:

http://fr.wikipedia.org/wiki/Superstructure_(philosophie)


Annexe


Texte paru dans La Presse du mercredi 5 juin 1996, p. B 3. Cependant, à la différence du texte original paru dans La Presse, le texte reproduit ici fut corrigé selon la graphie rectifiée que nous utilisons maintenant, d'où quelques petites différences orthographiques avec l'original.


Il faudrait donner plus de poids à la CUM


Michel Handfield

L'auteur est un sociologue qui a développé un intérêt particulier pour les questions d'organisation et de stratégie.


Depuis un certain temps, les idées de privatisation des services publics de Pierre Bourque sont contestées par les médias et l'opposition. Cependant, il faut distinguer entre deux types de privatisation: le recours à des travailleurs externes et la vente d'actifs municipaux. Les deux types ne sont pas du même ordre.


Dans le cas du recours à des travailleurs externes, c'est davantage une question de régie interne. On peut être en désaccord avec ce principe et proposer d'autres solutions à nos élus (comme des horaires de 8 heures par jour, moins l'heure de lunch, sur trois quarts de travail, ce qui couvrirait la journée entière et diminuerait le recours au temps supplémentaire pour une semaine de 35 heures). Mais, ce n'est pas à cette question que nous nous intéressons ici, car elle ne concerne pas toute l'ile de Montréal.


Il en va autrement de la vente d'actifs municipaux - comme un réseau d'aqueduc, un musée, un site historique ou écologique, etc. Cela a un impact à l'extérieur de la Ville et concerne toute la région. Tel est le cas du dossier de la privatisation de l'eau, car Montréal est le fournisseur de 16 autres municipalités de la CUM. Cependant, dire à l'administration actuelle de ne pas vendre son réseau d'aqueduc ne met pas fin au dossier. Une autre administration pourra toujours le ressortir au nom d'une approche « économiste » à court terme. Une autre solution consisterait en son achat par la CUM, ce qui serait logique puisque ce réseau la dessert.


On ne règle cependant pas le problème des « solutions municipales » qui semblent parfois bonnes pour la municipalité concernée, mais vont à l'encontre du bien commun de la CUM. Prenons l'exemple du développement économique. Toutes les municipalités veulent attirer des emplois, mais cela se fait souvent au détriment de l'ensemble de l'ile de Montréal. On ouvre de nouveaux parcs industriels pour attirer des entreprises qui étaient ailleurs dans la région et l'on assiste à des transferts entre zones montréalaises. Il est vrai que parfois l'on a empêché des investissements d'aller à l'extérieur de l'ile, surtout s'il s'agissait d'un déménagement pour des raisons de croissance que l'ancienne localisation ne permettait pas. Mais d'autres fois l'on n'a que déplacé des emplois du voisin à chez nous par des avantages fiscaux. On n'en sort pas gagnant, car il n'y a pas d'Investissements supplémentaires et cela amène une pression à la hausse de la fiscalité des contribuables, pour compenser les cadeaux faits aux entreprises, ce qui amène les gens à quitter vers la banlieue. La vision manque.


Pourquoi ne pas changer le régime politique de l'ile de Montréal et donner plus de poids à la Communauté urbaine:


- En y transférant tous les services communs à l'ile qu'ils soient municipaux, provincial ou fédéral: comme l'eau, les pompiers, les Commissions scolaires, la formation professionnelle (pour répondre aux besoins des entreprises de la Communauté), etc.;


- En lui donnant la coordination du développement économique de l'ile, pour empêcher que des villes ne se « tirent dessus » pour attirer des investisseurs, ce qui a pour effet d'affaiblir la Communauté plutôt que de la renforcer, car en même temps que naissent de nouveaux parcs industriels d'autres sont abandonnés laissant une image de vide économique - et où les bienfaits des Investissements sont amoindris par les cadeaux qui ont été faits;


- En lui donnant les moyens de récupérer les éléments de patrimoine menacés par les ventes de feu de certaines municipalités et des niveaux supérieurs de gouvernement;


- En ayant un Conseil élu par les habitants de la CUM (1);


- En donnant plus de moyens financiers à la Communauté urbaine par différents transferts fiscaux des gouvernements qui lui cèdent des responsabilités.


Quant aux municipalités, elles conserveraient les responsabilités locales soit la gestion des services municipaux (entretien des rues, enlèvement des ordures, environnement, etc.) et l'orientation des autres services (santé, éducation, etc.); la prise en charge du développement économique et communautaire local; l'orientation de leur développement; etc. Cela se ferait en coopération avec le Conseil de la CUM et les citoyens, qui seraient partie prenante de Conseils locaux.


Dans le cas de la Ville de Montréal, qui a une taille démographique plus importante, certaines responsabilités communes relèveraient du Conseil municipal, comme la gestion des finances, mais avec la participation des citoyens aux débats et aux orientations. Les Conseils de quartier auraient pour leur part la responsabilité de la gestion et de l'orientation des services locaux; de la prise en charge du développement économique et communautaire; de leur environnement, etc. Cela se ferait avec la participation des citoyens et ces Conseils auraient un Pouvoir de décision réel. Naturellement, la coordination et l'arbitrage entre les quartiers, pour éviter une concurrence néfaste entre eux, demeureraient la responsabilité du Conseil municipal.


Ce sont là quelques pistes pour lancer ce débat, car la région de Montréal est dans un marasme qu'on ne peut laisser aller. Il faut changer la situation. Je ne prétends pas apporter toutes les réponses et j'invite les lecteurs à contribuer au débat pour une nouvelle organisation politique de l'ile de Montréal avant qu'il ne soit trop tard. Cela m'apparait une nécessité. C'est aussi l'occasion de promouvoir une décentralisation des pouvoirs provincial et fédéral vers les Communautés urbaines, car plus près des citoyens. C'est d'ailleurs une tendance qui se dessine au niveau mondial, car le citoyen s'identifie de plus en plus à sa région et au monde, mais de moins en moins à son pays. On n'est plus des États-Unis, de la France, de l'Asie, du Canada ou du Québec, mais de Boston, de la Silicon Valley, de Paris, de Toronto, de Montréal, de la Beauce,... (2)


Notes:


1. Les modalités de représentation de ce Conseil sont à trouver. Une suggestion cependant. Nous pourrions avoir à choisir un candidat pour la Présidence du Conseil de la CUM parmi une liste de candidats en même temps que se dérouleraient toutes les élections municipales de l'ile de Montréal. On voterait ainsi pour le maire et notre conseiller à la Ville sur un bulletin de vote et pour le Président de la CUM sur un second bulletin de vote. Ce poste serait ainsi au-dessus de la politique municipale et représenterait tous les citoyens de l'ile. Quant aux autres élus, nous les choisirions dans un second temps par une élection de quartier en assemblée publique. Nous nommerions alors un représentant à la CUM parmi tous les élus de notre quartier ou de notre arrondissement. Ce serait plus représentatif que ce ne l'est actuellement, car c'est généralement le parti au pouvoir qui détermine quels candidats il envoie à la CUM.


2. À ce sujet, la lecture de Groupe de Lisbonne, 1995, Limites à la Compétitivité, Québec: Boréal est très enrichissante. Les auteurs y parlent, entre autres, de l'importance accrue de la ville et des villes-région dans le cadre de l'économie mondiale aux dépens des États nation.



La SQ met en garde les « shérifs » du Web


Societas Criticus, revue de critique sociale et politique, Vol. 14 no 1, Le Journal/Fil de presse : www.societascriticus.com


Mis en ligne le 25 décembre 2011


MONTRÉAL, le 19 déc. 2011 /CNW Telbec/ - La Sûreté du Québec tient à mettre en garde les citoyens qui seraient tentés de s'improviser « shérifs » du Web, particulièrement en matière de pornographie juvénile.


En vous faisant passer pour une personne de moins de 18 ans et en tentant de communiquer avec de supposés prédateurs sexuels, vous risquez en effet de vous retrouver avec du matériel qui préconise ou conseille une activité sexuelle avec une personne de moins de 18 ans, ou avec des photos de pornographie juvénile.


Vous vous exposez alors à des accusations de possession, de distribution et production de pornographie juvénile (art.163.1 du Code criminel), et possiblement de leurre au moyen d'un ordinateur (art 172.1 du Code criminel).


Dans le cadre du travail policier, l'enquête est faite selon les règles du Code criminel, qui prévoit une exception pour ces infractions si la personne qui la commet a un but légitime dans l'administration de la justice. C'est le cas pour un policier, mais pas pour un citoyen.


À noter par ailleurs que, de façon générale, les éléments d'informations recueillies par un citoyen peuvent rarement être utilisés comme preuve à la cour et ne peuvent donc pas servir à porter des accusations.


La Sûreté du Québec souligne que la lutte contre l'exploitation sexuelle des enfants sur Internet est bien l'affaire de tous, mais que les citoyens devraient se concentrer sur l'éducation des enfants, la prévention et, s'il y a lieu, le signalement, et laisser aux policiers le volet répression.


Les policiers vous invitent à transmettre toute information au sujet de l'exploitation sexuelle des jeunes à votre poste de police local ou à l'adresse Internet suivante : www.cyberaide.ca.



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D.I., Delinkan Intellectuel, revue d’actualité et de culture


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AVIS


Révisé le 21 décembre 2008


Dans les commentaires cinés, de théâtres ou de spectacles, les citations sont rarement exactes, car même si l’on prend des notes il est rare de pouvoir tout noter exactement. C’est généralement l’essence de ce qui est dit qui est retenue, pas le mot à mot.


Je ne fais pas non plus dans la critique, mais dans le commentaire, car de ma perspective, ma formation de sociologue, le film est un matériel et nourrit une réflexion qui peut le dépasser. Certains accrocheront sur les décors, les plans de caméra, le jeu des acteurs ou la mise en scène, ce qui m’atteint moins. Moi, j’accroche sur les problématiques qu’il montre et les questions qu’il soulève. Le film est un matériel sociologique; un révélateur social, psychosocial, socioéconomique ou sociopolitique par exemple. C’est ainsi que sur de très bons films selon la critique, je peux ne faire qu’un court texte alors que sur des films décriés en cœur, je peux faire de très longues analyses, car le film me fournit du matériel. Je n’ai pas la même grille, le même angle, d’analyse qu’un cinéphile. Je prends d’ailleurs des notes durant les projections de presse que je ne peux renier par la suite, même si je discute avec des confrères qui ne l’ont pas apprécié de la même manière que moi, Je peux par contre comprendre leur angle et je leur laisse. J’encourage donc le lecteur à lire plusieurs points de vue pour se faire une idée plus juste.

Peut être suis-je bon public aussi diront certains, mais c’est parce que je prends le film qu’on me donne et non celui que j’aurais fait, car je ne fais pas de cinéma, mais de l’analyse sociale! (Je me demande parfois ce que cela donnerait avec une caméra cependant.) Faut dire que je choisis aussi les films que je vais voir sur la base du résumé et des « previews », ce qui fait que si je ne saute pas au plafond à toutes les occasions, je suis rarement déçu aussi. Si je ne suis pas le public cible, je l’écris tout simplement. Si je n’ai rien à dire ou que je n’ai pas aimé, je passerai plutôt mon tour et n’écrirai rien, car pourquoi je priverais le lecteur de voir un film qui lui tente. Il pourrait être dans de meilleures dispositions pour le recevoir et l’aimer que moi. Alors, qui suis-je pour lui dire de ne pas le voir? Une critique, ce n’est qu’une opinion après tout. Une indication qu’il faut savoir lire, mais jamais au grand jamais une prescription à suivre à la lettre. C’est d’ailleurs pour cela que je fais du commentaire et non de la critique.


Michel Handfield, d’abord et avant tout sociologue.


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Commentaires livresques : Sous la jaquette!



Fournier, Marcel, 2011, Profession sociologue, PUM, Collection « Profession », 92 pages. www.pum.umontreal.ca

D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 14 no 1, Livres : www.societascriticus.com

Quel est le rôle, dans la Cité, des chercheurs, des intellectuels, des professeurs, des universitaires en général ? Qui sont-ils et que font-ils exactement ? Quel a été leur parcours intellectuel ?


La collection « Profession » répond à ces questions.


Marcel Fournier est professeur titulaire au Département de sociologie de l’Université de Montréal.

Commentaires de Michel Handfield (2011-12-26)


J'ai eu Marcel Fournier comme professeur au début des années 1980. Je l'ai aussi rencontré à d'autres occasions par la suite, car j'ai participé à quelques évènements où il était présent. Normal, car je suis gradué de socio. Alors, à la question « qu'est-ce que la sociologie? » je réponds « l'étude du social! » Et, à celle « qu'est-ce que le social? », Marcel Fournier réponds :


« Est « social » tout ce qui se rapporte à une collectivité humaine : on parle d' « organisation sociale », d' « institutions sociales », de « médias sociaux ». Est aussi « social » ce qui nous met en relation avec les membres d'un groupe ou d'une collectivité : ne dit-on pas « avoir une vie sociale très développée », avoir des « réseaux sociaux » (dont ceux de Facebook). » (p. 14)


Mais, pourquoi la sociologie?


Comme je n'aimais pas les sentiers battus, j'ai généralement choisi des chemins à défricher. J'ai ainsi fait ma maitrise sans demander de bourse, car je ne voulais pas avoir de sujet imposé. J'ai aussi créé, à compte d'auteur, Societas Criticus, revue de critique sociale et politique! La liberté à un prix et ce prix est, pour moi, de ne pas avoir d'emploi stable encore aujourd'hui. Mais, je ne suis pas seul. C'est le propre des sociologues d'être critique, donc de sortir des sentiers battus et d'être plus difficilement employable que dans d'autres disciplines davantage balisées et professionnalisées! Comme l'écrit Marcel Fournier :


« (…) la situation actuelle est, pour la sociologie, d'autant plus inconfortable qu'elle se distingue, parmi les sciences sociales, par sa vocation généraliste et critique. » (p. 25)


En plus d'être critique, le sociologue voit du social partout! (p. 15) Et, du politique bien entendu, car social et politique sont souvent liés :


« L'idée que défend la sociologie, c'est que tout ce qui est politique ne passe pas seulement dans l'arène politique stricto sensu avec les partis et les parlements. Même le privé est politique. » (p. 15)


À ce sujet, j'avais un prof de cinéma, Gilles Blain, au collège Marie-Victorin (cégep), qui disait que « tout est politique, même manger de la soupe Cambell! »

De quoi, parfois, agacer nos amis et notre famille! Je vois donc mes influences. Mais, je me pose toujours la question entre toutes : devient-on sociologue ou notre façon d'être et de penser nous conduit à choisir la sociologie? C'est probablement un peu des deux. Il faut des dispositions pour aller en socio, mais la socio renforce certains traits particuliers de notre personnalité, comme celui d'être capable de se mettre au-dessus d'une situation dans laquelle on est pour l'observer avec détachement, car c'est le propre de la sociologie d'étudier aussi son milieu de vie.


« Le sociologue est celui qui, pour découvrir l'inconnu et l'intime, soulève le toit d'une maison, regarde par les fenêtres, écoute aux portes... Tout cela relève d'une saine curiosité, même si cette curiosité peut parfois apparaitre comme du voyeurisme. » (pp. 31-32)


Pas vraiment surprenant alors que la sociologie s'intéresse à tout : de la famille à l'usine en passant par l'école ou du sans-abri à la bourgeoisie! Ses matériaux : autant les statistiques que les histoires de vie ou les descriptions que la culture nous renvoie de la société. Être sociologue, c'est avoir un large champ d'intérêts où faire de l'observation et de l'analyse pour comprendre au-delà des croyances et des à priori populaires! C'est chercher à s'opposer aux vérités qui semblent trop apparentes ou toutes faites; un peu comme dans « 12 hommes en colère » où un des jurés s'oppose à l'unanimité des autres pour savoir ce qu'il y a derrière! Bref, c'est creuser!


Je me suis beaucoup retrouvé dans ce petit livre et l'étudiant qui penserait aller vers la sociologie devrait le lire, car c'est une très bonne présentation de ce que veut dire être sociologue! En fait, toute personne qui connait un sociologue devrait le lire pour comprendre cette bébitte qui analyse ceux parmi lesquels il vit comme s'il les observait d'ailleurs! De quoi être parfois déconcertant pour les autres.


En conclusion, la sociologie s'intéresse de ce que l'on est, d'où l'on vient et où l'on va. Marcel Rioux et Pierre Bourdieu, à ce sujet, « incarnent la figure de l'intellectuel, n'hésitant pas, si nécessaire, à se montrer impertinents; ils se sont tous les deux préoccupés non seulement du probable, des tendances « lourdes » qui s'imposent aux sociétés, mais aussi des possibles que peuvent s'inventer les collectivités. » (p. 10) Et, j'ajouterais, « d'y participer » dans une perspective tourainienne! (1) Ceci me conduit à vous donner en prime une autre définition du sociologue qui rejoint Rioux et Bourdieu sur les possibles :


« Le sociologue, c'est du moins ma conviction, ne prend pas place sans réticences dans les "mouvements sociaux" ou la "lutte des classes". Il le fait comme citoyen, ..., mais la pratique de la sociologie ne lui confère pas le statut de Citoyen, avec majuscule. Somme toute, l'ambition de notre métier est modeste: alors que les hommes font l'histoire, courent vers des objectifs et des fins, par un mouvement de renverse assez singulier, nous essayons de comprendre pourquoi. Alors que les sociétés descendent les rivières du temps qui mènent à un avenir hypothétique, il nous revient de les remonter vers leurs sources. Nous procédons ainsi, pour les sociétés, un peu comme le font les psychanalystes pour les personnes. Nous reconstituons des genèses. Pour commencer. Car le recours aux genèses est aussi révélations des possibles. » (2)


Notes


1. Dans le sens d'une « Sociologie de l'action ». (Alain Touraine, 1965, Paris: Seuil).


2. Fernand Dumont, L'idée de développement culturel : esquisse pour une psychanalyse, in Sociologie et Sociétés, avril 1979, Vol. XI no 1, pp. 7-8


Hyperliens :


http://fr.wikipedia.org/wiki/Douze_hommes_en_colère_(film)


http://fr.wikipedia.org/wiki/Marcel_Rioux


http://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_Bourdieu


http://fr.wikipedia.org/wiki/Alain_Touraine


http://fr.wikipedia.org/wiki/Fernand_Dumont_(sociologue)



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Nouveaux livres reçus



Comme ce livre est en téléchargement gratuit, je l'annonce ici dans les livres reçus, car je l'ai moi-même téléchargé et mis dans ma bibliothèque électronique!


DORVAL BRUNELLE : LE CONTEXTE GÉOPOLITIQUE ET LES STRATÉGIES DE DÉVELOPPEMENT AU CANADA, AU QUÉBEC ET À MONTRÉAL


Après avoir brossé à grands traits le cadre économique nord-américain, l'auteur analyse les nouvelles stratégies de développement mises au point par les gouvernements du Canada, ceux des provinces et celui du Québec. Par la suite, il présente les stratégies adoptées par cinq villes canadiennes, à savoir Halifax, Toronto, Winnipeg, Vancouver et Montréal.


Il conclut sur la nécessité de repenser les déterminants du développement économique du Québec et de Montréal dans le contexte fédéral, continental et mondial actuel.


Dorval Brunelle est professeur au département de sociologie et directeur de l'Institut d'études internationales de Montréal à l'UQAM. Ses champs de spécialisation sont l'économie politique et les mouvements sociaux.


Cet ouvrage vous intéresse? Téléchargez-le gratuitement:

www.pulaval.com/catalogue/contexte-geopolitique-les-strategies-developpement-canada-9707.html



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DI a vu! (Ciné, Théâtre, Expositions et quelques annonces d’événements)



PRÉSUMÉ COUPABLE DE VINCENT GARENQ

À L’AFFICHE LE 27 JANVIER 2012


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 14 no 1, Textes ciné et culture : www.societascriticus.com


Montréal, lundi 9 janvier 2012 – Métropole Films est heureuse d’annoncer la sortie de « Présumé coupable », le second long métrage du réalisateur français Vincent Garenq (Comme les autres). Le film, qui a remporté le Prix du meilleur film européen à la Mostra de Venise, prendra l’affiche le 27 janvier prochain.


Le film raconte le calvaire d'Alain Marécaux - « l'huissier » de l'affaire d'Outreau - arrêté en 2001 ainsi que sa femme et 12 autres personnes pour d'horribles actes de pédophilies qu'ils n'ont jamais commis. C'est l'histoire de la descente en enfer d'un homme innocent face à un système judiciaire incroyablement injuste et inhumain, l'histoire de sa vie et de celle de ses proches broyée par une des plus importantes erreurs judiciaires de notre époque.


PRÉSUMÉ COUPABLE est adapté du récit autobiographique « Chronique de mon erreur judiciaire » d’Alain Marécaux, et met en vedette Philippe Torreton (Capitaine Conan, Banlieue 13 ultimatum) et Noémie Lvovsky (L’Apollonide – souvenirs de maison close, Les beaux gosses). Affaire judiciaire marquante à bien des égards, ce témoignage ne laissera personne indifférent.


Commentaires de Michel Handfield (2012-01-24)


Alain Marécaux, huissier de justice, est accusé de viol sur mineur de moins de 15 ans avec sa femme et un groupe de personnes qu'il dit ne pas connaitre. Mais, tout coupable ne nie-t-il pas? Puis, il nous semble sincère. Vu son travail, serait-ce une vengeance? On se le demande. Mais, pas la justice.


Si ici, au Canada, on est présumé innocent, là-bas, en France, on est présumé coupable. Mais, comment se défendre si la justice ne coopère pas, c'est-à-dire qu'elle ne répond pas à nos questions et prend nos moindres questionnements pour des formes d'aveux! Un exemple : « En me tiraillant avec mes enfants, il est possible que j'aie touché le sexe de l'un d’eux sans même m'en apercevoir! Mais, si vous le dites, n'est-ce pas que vous l'avez fait? » (1)


On fait tout pour que le prévenu avoue, même s'il n'a rien à avouer. On est dans des circonstances circonstancielles peut-être possibles, voire plausibles, que si elles sont tirées par les cheveux! Et le système tire en ce sens. Très fortement d'ailleurs! (2)


Au moins, enquêtent-ils par en arrière pour disculper ceux qui n'ont pas de liens avec l'affaire? C'est ce qu'on se demande. Puis, plus le temps passe, plus on se pose la question, car rien ne semble bouger en ce sens. C'est comme si d'avoir de présumés coupables suffisait à nourrir la machine kafkaïenne de la justice.


Pauvre gars, il est pris dans les rouages d'une bureaucratie qui cherche à protéger davantage l'organisation juridique que l'institution judiciaire avec des fonctionnaires qui utilisent le règlement pour cacher leur incompétence dans ce dossier, si ce n'est leur incompétence tout court! Le procès de Kafka (3) et Le principe de Peter (4) dans la même affaire ! Un film à voir et de quoi trouver notre système de justice canadien pas si mal que cela malgré les lacunes qu'on lui reproche.


Notes


1. Ce n'est pas une citation exacte du film, mais c'est de ce genre-là!


2. Ce paragraphe se lit drôlement, car très superlatif, je sais. Mais, c'est voulu pour bien décrire cette ambiance surréelle de la justice au-dessus de tout, même de la vérité, pour identifier des coupables de façon à ce que le citoyen se sente en sécurité quand il regarde les infos télévisées! Mais, est-il vraiment en sécurité si n'importe quel citoyen peut se retrouver injustement dans la position de l'accusé pour faire plaisir à une opinion publique en demande de résultats coute que coute, même aux dépens de la vérité? Poser la question, c'est un peu y répondre!


3. Kafka, 1933 [2004], Le Procès, France : Gallimard/folio classique. Vu au TNM en 2004. Voir Societas Criticus, Vol. 6 no. 3 : http://collections.banq.qc.ca/ark:/52327/bs62012


4. Peter, L J, Hull, R, 1970, Le principe de Peter, Paris: Stock, le livre de poche


Hyperliens


Le site officiel : www.presumecoupable-lefilm.com


Affaire d'Outreau : http://fr.wikipedia.org/wiki/Affaire_d'Outreau


Romain Katchadourian, « Alain Marécaux : « Je pense à Outreau tous les jours » » sur France Soir, 22 février 2011 :

www.francesoir.fr/actualite/justice/alain-marecaux-je-pense-outreau-tous-jours-75475.html


Alain MARECAUX : "L'affaire d'Outreau a brisé ma vie" sur You tube :

www.youtube.com/watch?v=5iqbaqnUM_8



Le dindon de Feydo au TNM (théâtre)

www.tnm.qc.ca


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 14 no 1, Textes ciné et culture : www.societascriticus.com


Dans l’esprit festif des célébrations de son 60e anniversaire, le Théâtre du Nouveau Monde nous offre à déguster une comédie de caractère aussi effervescente que des bulles de champagne : Le Dindon de Georges Feydeau.


Cette impressionnante machinerie théâtrale est menée tambour battant par une flamboyante distribution, dont Rémy Girard, Carl Béchard, Alain Zouvi, Violette Chauveau et Linda Sorgini. Cela se déroule au rythme d’une mise en scène tourbillonnante signée Normand Chouinard. Amoureux fou du genre, il nous entraine dans sa vision, précise et jouissive, du Paris de la Belle Époque avec ses airs de jazz naissants et ses infidélités amoureuses. Une mécanique absurde parfaitement huilée, à laquelle personne ne peut résister!


Ciel, mon mari!


Amour, désir, jalousie, séduction, adultère... Histoires classiques de mari volage ou dupé, de femme mariée qui promet de livrer son honneur au premier bellâtre si elle est trompée, d’amant prêt à tout pour saisir le bien d’un autre, bref, toutes ces petites cruautés ordinaires pour couples pas ordinaires. Ici, Pontagnac, dont la réputation de héros de bassecour n’est plus à faire, se glorifie de ses conquêtes, notamment la femme de son ami Vatelin. Entre course effrénée après la belle Lucienne et combats de coqs avec le mari, c’est finalement notre prétendant qui se révèlera le « dindon » de la farce : bien pris celui qui croyait prendre ! De la bourgeoise au dadais de mari, en passant par la cocotte délurée, la maitresse hystérique et l’amant fringuant, tous les archétypes du genre y sont. Mais les personnages féminins se révèlent bien plus fines mouches qu’elles ne paraissent et annoncent ces femmes farouchement indépendantes qui illumineront une partie du 20e siècle.


À mourir de rire


Maitre incontesté du genre et critique intraitable des moeurs de ses contemporains, Feydeau réunit dans un hôtel une panoplie de personnages qui, évidemment, ne doivent se rencontrer à aucun prix : une Anglaise explosive qui menace de se suicider, un Londonien à l’accent marseillais, un médecin-major retraité et sa femme, sourde comme un pot, une cocotte parisienne, des domestiques et un commissaire de police. Feydeau jette tout ce beau monde dans une course folle de chambre en chambre, au milieu de portes qui claquent et de sonneries qui se déclenchent… avec une minutie qui frôle le génie !


Un pur plaisir théâtral


Cette étincelante production s’offre au spectateur comme un fruit défendu auquel il ne saurait résister. Pour mieux nous le faire gouter, Normand Chouinard – qui connait intimement les rouages de la comédie, ayant notamment joué dans

plusieurs Feydeau, et signé sa première mise en scène au TNM en 2004 avec L’Hôtel du libre-échange – a imaginé une troupe avant une représentation au Théâtre du Palais-Royal, complice du public, en quête de financement pour créer la pièce de monsieur Feydeau. La musique originale d’Yves Morin vient ponctuer le spectacle et en parfaire l’illusion.


Sur scène, le bonheur


De la grande comédie livrée par une distribution étoilée dans une ambiance du Paris de la Belle Époque. Seize comédiens aussi rigoureux qu’extravagants mêlent le savoir-faire de l’expérience à l’enthousiasme des commencements : au bonheur

de retrouver sur la scène du TNM des camarades de longue date, dont Carl Béchard, Normand Carrière, Violette Chauveau, Jean-Pierre Chartrand, Rémy Girard, Roger LaRue, Véronique Le Flaguais, Danièle Panneton, Linda Sorgini et Alain Zouvi, se mêle le plaisir de découvrir le talent des Adrien Bletton, Guillaume Cyr, Alexandre Daneau, Marie-Pier Labrecque, Catherine Le Gresley et Sébastien René.


Commentaires de Michel Handfield (2012-01-23)


Premier degré


Une comédie de mœurs satirique, avec tout ce qu'il faut de qui propos et de jeux de cachecache entre maris, femmes et maitresses! À la différence du théâtre d'été, une finesse des dialogues et de la langue. On est dans le théâtre classique.


Second degré


Une description des caractères et de la société digne de La Bruyère et de Zola, mais traitée avec humour, car le rire fait mieux passer la critique des mœurs. En effet, la femme devait être à sa place, mais monsieur, lui, pouvait se permettre d'être galant avec d'autres dames! Pontagnac en maitre menteur avouera bien être « marié, oui un peu! » À côté de l'homme, il y a encore l'animal qui doit tâter de la femelle pour se prouver qu'il est encore en vie! C'est que, malgré leur rang, ils sont parfois insignifiants ces hommes! Comme ce Vatelin, qui, hors de sa profession, semble bien dupe dans la vie. Il achète des tableaux qu'on lui présente comme de vrais faussement signés :


« VATELIN. - Ah ! mon Corot ! J'ai acheté un Corot, hier !

PONTAGNAC. - Oui ?

VATELIN. - Six cents francs !

PONTAGNAC. - C'est pas cher ! Il est signé ?

Lucienne va s'asseoir à droite du bureau.

VATELIN. - Il est signé. Il est signé Poitevin, mais le marchand me

garantit la fausseté de la signature.

PONTAGNAC. - Oh ! vous m'en direz tant.

VATELIN. - Je fais enlever Poitevin et il ne reste que le Corot... (À Jean.)

C'est bien, j'y vais, faites passer dans mon cabinet... Vous permettez un

instant ! Je reçois mon marchand et après, je suis à vous ! Tenez, je vous

ferai voir mes tableaux, vous êtes un homme de goût ! Vous me donnerez

votre avis ! » (Acte I, Scène III)


On a aussi droit à la solidarité entre les deux épouses, Lucienne Vatelin et Clotilde Pontagnac. C'est que les femmes ne sont pas des dindes sans tête même si elles n'ont pas le droit de vote! Elles savent très bien faire chanter les coqs et battre la mesure. Si les hommes ont été longs à le voir, Feydeau le savait et le montrait.


Mais, en fait, les hommes le savaient déjà très bien et c'est pour cela qu'ils ne voulaient pas leur accorder de pouvoirs officiels, comme le droit de vote, car elles avaient déjà beaucoup plus de pouvoir sur eux qu'eux n'en avaient sur elles! Sinon, comment expliquer que les hommes ont si souvent peur de leurs femmes dans la littérature et le théâtre?


Quand je parle des caractères, que dire de cet homme d'affaires britannique, Soldignac. Parfait « businessman » qui n'a pas le temps comme tout bon homme d'affaires :


« Mon cher ami, je viens qu'un instant ! je suis très pressé, vous

savez, un soir si vous voulez, j'ai le temps, mais le jour... les affaires...

business is business, comme nous disons en Angleterre. (Se levant.) Alors,

voilà, je suis venu pour vous serrer la main d'abord, et puis à cause de ma

femme. » (Acte I, Scène XIV)


On n'est donc pas tout à fait dans le portrait, ni dans la caricature, mais bien dans la peinture surréaliste de l'époque avec juste un petit plus pour que cela soit plus réel que le vrai...


Une pièce pour tous, mais dans laquelle les psys pourraient trouver des idéaux types de caractères humains.


Troisième degré


On sait les problèmes de financement de l'art et de la culture avec des gouvernements qui coupent et qui jugent parfois non plus de la qualité, mais de la popularité pour délier leurs goussets, car plus c'est populaire, plus cela donne de la visibilité au gouvernement qui s'y accole sans égard aux qualités intrinsèques de l'art en soit! Ce type de gouvernance populiste a toujours existé même si elle n'a pas toujours eu la draguée haute. Mais, on a parfois des gouvernements plus élitistes et d'autres plus populistes au gré des élections. (1) On doit donc faire avec, citoyens ou gestionnaires des arts et de la culture!


Dans ces temps plus durs, les artistes se cherchent des mécènes pour suppléer le manque à gagner du désengagement de l'État. C'est vrai aujourd'hui et ce l'était probablement au temps de Feydeau. Alors, Normand Chouinard a ajouté ce clin d'oeil à la pièce en nous présentant un Feydeau qui profite de la présence du chocolatier Henri Meunier (2) dans la salle pour le flatter dans l'espoir d'un soutien à son théâtre. Une façon de parler de la commandite avec laquelle les arts et la culture devront de plus en plus faire affaire pour rester en « business » comme dirait Soldignac! Très à propos.


Notes


1. On n'a pas toujours les gouvernements qu'on voudrait! C'est le jeu d'une représentativité électorale qui n'est pas toujours parfaite. Parfois, la majorité parlementaire ne correspond pas à la majorité du vote, question de division de l'électorat dans de tiers partis. C'est encore pire si on tient compte du niveau d'abstention dans certaines élections où plusieurs électeurs ne se reconnaissent pas dans les choix proposés sur le bulletin de vote. Mais, ce n'est pas le sujet ici.


2. Riche, Henri Meunier a acheté l'ile d'Anticosti en 1895! Voir http://fr.wikipedia.org/wiki/Henri_Menier


Référence


Georges Feydeau, Le dindon, Livre électronique : www.inlibroveritas.net



A dangerous method / Une méthode dangereuse


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 14 no 1, Textes ciné et culture : www.societascriticus.com


Un film de de David Cronenberg avec Keira Knightley, Michael Fassbender et Viggo Mortensen


À L’AFFICHE DÈS LE 13 JANVIER 2012


Les Films Seville, une filiale d’Entertainment One, est heureuse d’annoncer la sortie de A dangerous method, le nouveau long métrage du réalisateur canadien David Cronenberg. Présenté en Compétition officielle à la 68e Mostra de Venise et au Festival international de film de Toronto.


Sabina Spielrein, une jeune femme souffrant d'hystérie, est soignée par le psychanalyste Carl Jung. Elle devient bientôt sa maitresse en même temps que sa patiente. Leur relation est révélée lorsque Sabina rentre en contact avec Sigmund Freud...


Troisième collaboration entre David Cronenberg et Viggo Mortensen après Eastern Promises et A History of Violence, le film met en vedette les excellents Keira Knightley (Atonement, Pirates des Caraïbes) et Michael Fassbender (Shame, Hunger), ainsi que Vincent Cassel, qui retrouve aussi David Cronenberg après Eastern Promises. A Dangerous Method est une adaptation de la pièce de théâtre The Talking Cure, de Christopher Hampton (Liaisons dangereuses) qui signe également le scénario du film.


Commentaires de Michel Handfield (2012-01-12)


Ces malades qui nous soignent!


Le risque de dérapage me semble intrinsèque à toutes thérapies, question du degré d'intimité qui se développe entre le/la traitant(e) et le/la traité(e) une fois la confiance bien établie dans la relation professionnelle.


Problème de morale, d'éthique ou purement humain? Ce n'est pas là le propos de Carl Jung, mais c'est le mien au regard de cette relation entre « Sabina Spielrein, une jeune femme souffrant d'hystérie » et Carl Jung qui la soigne.


Cependant, comme il sait que cette relation n'est pas éthique, pour s'en dédouaner, il fera deux choses : d'abord, il la considèrera comme faisant partie du processus et, ensuite, il soutiendra sa patiente dans son désir de devenir psychanalyste à son tour, car, en devenant son égale, cela dédouanera sa relation à ses propres yeux! Mais, pas à ceux des autres, notamment de Freud.


Comme les fondements de la psychanalyse ont rapport à notre relation à la sexualité selon Freud, il y a là quelque chose d'intéressant dans l'inconscient de ce film : la vraie sexualité est un risque pour l'égo, car il y a toujours une part de vulnérabilité dans la relation amoureuse et/ou sexuelle. Mais, la vulnérabilité n'est pas nécessairement partagée de façon égale, car il peut y avoir un(e) dominant(e) et un(e) dominé(e). Puis, pour compliquer encore le portrait, la personne vulnérable peut tout simplement jouer ce rôle pour cacher finalement une personne très manipulatrice. C'est ainsi que tous, dans une relation amoureuse/sexuelle, somme vulnérable, car toutes relations de ce genre ne sont pas nécessairement égalitaires, chacun y cherchant d'abord son plaisir très individuel! Tant mieux si cela fait aussi plaisir à l'autre. Ce n'est qu'après un certain temps que les amoureux sauront dans quelle relation ils sont; désirée ou non, d'où l'avantage des relations avant le mariage plutôt que d'attendre après. Plus éthique, n'en déplaise à la morale!


En conclusion, au premier degré, c'est un excellent film. Au second degré, ce film donne le gout de lire sur la psychanalyse pour aller plus loin dans la compréhension des zones d'ombre de l'humain.


Hyperliens


Bande annonce: www.youtube.com/watch?v=bMt1wlYCBm0


http://en.wikipedia.org/wiki/Carl_Gustav_Jung

http://en.wikipedia.org/wiki/Sabina_Spielrein

http://en.wikipedia.org/wiki/Sigmund_Freud

http://en.wikipedia.org/wiki/Analytical_psychology

http://en.wikipedia.org/wiki/Psychoanalysis



Carnage de Roman Polanski


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 14 no 1, Textes ciné et culture : www.societascriticus.com


À l'affiche le 6 janvier 2012


Métropole Films est heureuse d’annoncer la sortie du dernier film de Roman Polanski, CARNAGE. Adaptation cinématographique de la pièce de théâtre française Le Dieu du Carnage, de Yasmina Reza, le film, qui a été présenté en compétition officielle à la 68e Mostra de Venise, prendra l’affiche le 6 janvier prochain.


Dans un jardin public, deux enfants de 11 ans se bagarrent et se blessent. Les parents de la « victime » demandent à s'expliquer avec les parents du « coupable ». Rapidement, les échanges cordiaux cèdent le pas à l'affrontement. Où s'arrêtera le carnage ?


Tourné en temps réel, CARNAGE met en lumière les préjugés grotesques et les contradictions risibles de quatre adultes bourgeois interprétés par Kate Winslet (The Reader, Revolutionary Road) et Christoph Waltz (Water for Elephants, Inglorious Basterds), dans les rôles de Nancy et Alan Cowan, ainsi que par Jodie Foster (The Beaver, Panic Room) et John C. Reilly (We Need to Talk about Kevin, Chicago) dans les rôles de Penelope et Michael Longstreet.


CARNAGE prendra l’affiche en version originale anglaise, en version française et en version sous-titrée en français le 6 janvier prochain à Montréal. Le film prendra ensuite l’affiche en version sous-titrée en anglais le 13 janvier à Québec.


Commentaires de Michel Handfield (2012-01-05)


J'ai vu la version avec sous-titre. J'y ai revu « Le Dieu du carnage » qui a tenu l'affiche du TNM du 16 novembre au 16 décembre 2010, incluant les supplémentaires! (1) La principale différence d'avec la pièce est qu'ici on y voit les jeunes au début et à la fin du film. Ils ont eu leur chicane, mais sont passés par dessus comme on le verra à la fin. Pas sûr que ce ne soit pareil pour les adultes!


Par contre, même si on a vu le coup, on ne sait pas le contexte, alors il y a là un intérêt à savoir si l'agresseur était vraiment un agresseur ou une victime. Et s'il est une victime, de qui? Des autres, d'un contexte ou de ses parents? En fait, qui sont ses parents? Et ceux de la victime? Après les civilités d'usage, le vernis tombera... ce qui fait qu'on assiste à un huis clos psychologique fort intéressant.


Un film pour notre temps, surtout suite au mouvement des indignés de cet automne! On voudrait tous avoir des enfants angéliques et pacifiques, mais le contexte social et économique tout autour ne parle que de compétition, de tuer la concurrence et de profitabilité à tout pris! Quelques-uns sont largement récompensés pour atteindre ces objectifs, même si c'est aux dépens de leurs propres employés, de leurs clients et, parfois, de l'intégrité de l'entreprise elle-même, comme dans certains démantèlements fort rentables, où l'entreprise se vend en parts détachées à la concurrence en échange d'un profit à court terme pour des dirigeants qui se retireront rapidement après avoir empoché un bénéfice fort intéressant pour eux! Mais, qui pense aux actionnaires et aux employés restants? Quand la fausse représentation est ainsi élevée en art (ici le téléphone cellulaire d'un des protagonistes doit être considéré comme un personnage du film!), à quoi peut-on s'attendre d'enfants qui baignent dans ce système?


Un film pour réfléchir sur notre époque qui se définit d'abord par la consommation et le désir de posséder, que ce soit des biens ou des amis! Mais, surtout, le refus ne semble plus être une option valable, car on a l'impression que tout s'achète, même un ami! (2) Et si on nous refuse l'amitié, les coups de Jarnac sont permis. On le voit constamment dans le monde des affaires. Même que les gouvernements leur viennent en aide malgré ça, comme dans la crise financière qui nous touche depuis 2007.


Notes


1. Societas Criticus, Vol. 12 no 5 :

http://collections.banq.qc.ca/ark:/52327/bs2006597


2. Jeu de mots sur deux slogans archiconnus :


« Il y a des choses qui ne s'achètent pas, pour tout le reste il y a MasterCard » (www.mastercard.com/ca/gateway/fr/index.html)


« On trouve de tout, même un ami! » célèbre slogan des pharmacies Jean-Coutu (www.jeancoutu.com)


Hyperliens


http://fr.wikipedia.org/wiki/Crise_financière_de_2007-2010


http://en.wikipedia.org/wiki/Late-2000s_financial_crisis



Dinde et farces: Le dernier Noël


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 14 no 1, Textes ciné et culture : www.societascriticus.com


Théâtre du Party Chinois en codiffusion avec Espace Libre


La fin du monde approche. La date fatidique, telle qu'annoncée par les Mayas, devient imminente. L'heure est venue d'en profiter, de réaliser ses rêves sans retenue et sans pudeur, aussi gênants et humiliants soient-ils, avant qu'il ne soit trop tard.


Commentaires de Michel Handfield (2011-12-22)


Spectacle hétéroclite sur 2012 qui vient; la fin du monde du 21 décembre 2012! Comme c'est le dernier Noël, on peut tout se permettre. Tout dire, tout faire. Fini les conventions. Dire enfin ce qu'on pense de ces réunions de famille ou de la cousine qui est baisable! (1) Finis les tabous, pas juste à Noël, puisqu'il n'y aura finalement pas de conséquences à nos actes. Faisons le tour du monde à crédit, ne payons plus notre hypothèque! Lâchons-nous lousse. Au diable les lois et la morale, car il n'y aura plus personne pour réclamer de comptes bientôt!


Au premier degré, cela donne un show trash; de mauvais gouts diront certains!


Mais, au second degré, c'est un show intelligent, car si c'est la fin du monde, on peut sortir de nos vies puisqu'il n'y aura plus personne pour nous reprocher quoi que ce soit après! Bref, le chaos devrait être la norme si on y croit. Alors, aussi bien en profiter et faire comme les autres puisqu'il n'y aura pas de conséquences après cette date fatidique! « Free for all, gang! »


Il y a cependant un fond de vérité dans cette pièce. Certains se disent déjà qu'on a dépassé les limites avec l'environnement alors à quoi bon faire attention maintenant que les jeux sont faits? L'espèce s'en va à son extinction avec la pollution, les armes atomiques, le terrorisme et les guerres idéologiques! Suffit d'un fou et d'un bouton. Pourquoi ne pas se payer un truck et exploiter le pétrole à la limite pour avoir du fun à fond tandis qu'on peut encore en avoir? Fuck le reste! Fuck la planète! Puis, si Dieu nous aime, il saura bien nous sauver in extrémis!


Ce n'est cependant pas d'avoir la tête dans le sable que cette approche, mais c'est le défaitisme par excellence, car c'est croire que tout est fini et qu'on n'y peut rien! Alors, salut tout le monde, je me crisse de vous! C'est cette image de certains d'entre nous que nous renvoie ce spectacle.


Mélange de préparation et d'improvisation, car le concept veut qu'on se laisse aller, cela a duré trois heures. Un peu long parfois, mais il nous reste de quoi réfléchir par la suite. Ne vous emballez cependant pas trop vite et continuez à payer votre hypothèque, car si le calendrier maya se termine en 2012, on trouve des calendriers qui vont beaucoup plus loin sur internet. Ainsi, sur timeanddate.com (2), j'ai sorti un calendrier de 3012! Ma fête tombera même un dimanche en 3012! Mais, on a le temps de s'en reparler d'ici là! Alors, pourquoi s'en faire pour le calendrier maya? S'ils étaient si avancés, pourquoi auraient-ils fait un calendrier jusqu'en 2020 par exemple? (3) Ils savaient bien qu'internet était pour arriver un jour ou l'autre, tout comme les calendriers perpétuels. Au lieu de perdre son temps à continuer son calendrier, le Maya s'est dit qu'il avait autre chose de mieux à faire avec sa femelle. Comme baiser! Ce n’est rien de plus que ça la fin du calendrier maya!


Notes


1. Clin d'oeil au film « cousin, cousine » de  Jean-Charles Tacchella, sorti en 1975. Mais, cette question de « cousin, cousine » semble faire couler beaucoup d'encre sur l'internet. Suffit de googler «  amour cousin cousine » pour le réaliser.


2. www.timeanddate.com


3. Je n'ai pas pris ce chiffre au hasard, ni parce qu'il sonne bien. C'est le titre d'un livre de recettes sur l'économie fort probablement oublié aujourd'hui : Davis, Stan, & Davidson, Bill, 1991, 2020 vision, New York: Fireside book/Simon & Schuster.




LE VENDEUR de Sébastien Pilote


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 14 no 1, Textes ciné et culture : www.societascriticus.com



L’ACPAV et Les Films Séville, une filiale d’Entertainment One, sont heureux d’annoncer que le film LE VENDEUR, premier long métrage écrit et réalisé par Sébastien Pilote.


Tourné à Dolbeau-Mistassini (au Lac-Saint-Jean), le film met en vedette Gilbert Sicotte, Nathalie Cavezzali et Jean-François Boudreau dans les rôles principaux. LE VENDEUR a été présenté en compétition au prestigieux Sundance Film Festival en début d’année, au Los Angeles Film Festival et au San Francisco International Film Festival, où le film s’est mérité le prix Fipresci (Fédération internationale de la presse cinématographique). LE VENDEUR a voyagé dans une dizaine d’autres festivals depuis et de nombreux autres sont encore à venir.


Sébastien Pilote s’est fait remarquer avec son film Dust Bowl Ha! Ha! qui fut présenté à Locarno en 2007. Originaire du Saguenay, Sébastien Pilote a toujours voulu rester proche de son milieu de vie (il habite toujours à Chicoutimi). Il est un farouche défenseur du festival Regard sur le court-métrage au Saguenay.


Marcel Lévesque, un habile et facétieux vendeur d’automobiles en fin de carrière ne vit que pour trois choses : son travail, sa fille unique Maryse, et son petit-fils Antoine. Il est le meilleur vendeur du mois depuis des années chez le concessionnaire où il a passé sa vie, dans une petite ville mono-industrielle en déclin. Durant un hiver qui n’en finit plus, et pendant que l’usine de pâtes et papiers vit une autre fermeture temporaire, Marcel Lévesque ne pense qu’à sortir ses Américaines chéries de la cour enneigée. Un jour, le vendeur fait la rencontre de François Paradis, un travailleur de l'usine au chômage… Un film qui parle de l’homme aliéné, de culpabilité, de religion et de vente automobile.


LE VENDEUR est distribué au Canada par Les Films Séville (eOne Entertainment), et eOne International en assure les ventes à l’étranger. Il prendra l’affiche au Québec le 11 novembre.


La production du film a bénéficié du support de la SODEC, de Téléfilm Canada avec la participation des Fonds Cogeco et Harold Greenberg. Il est produit grâce aux programmes de crédit d’impôt provincial et fédéral, à la collaboration de Radio-Canada, de Super Écran et au partenariat de Technicolor.


Commentaires de Michel Handfield (2011-12-20)


Un film qui nous sort de Montréal et de l'été. On est en hiver en région, plus précisément à Dolbeau-Mistassini au Lac-Saint-Jean. Loin, pour le montréalais que je suis.


Il y a peut-être de grands espaces, mais je trouve que les gens manquent d'air! C'est une forme de promiscuité, car la personne ne peut jamais échapper à son milieu ni à son destin! C'est toujours la même communauté, où tout le monde se connait et s'attend à te voir à ta place! Ça ne faisait pas une heure que Montréal me manquait déjà! C'est dire que le film rend bien la situation. Un bon film pour savoir ce qu'est la vie en région et si elle nous conviens. C'est là sa première qualité!


C'est aussi une bonne description du capitalisme comme idéologie. La région a beau être en difficulté, le vendeur doit vendre. Son emploi le programme pour cela. De l'autre côté, l’usine va mal, mais le désir suscité par le markéting fait qu'on doit consommer pour être heureux. Crash en perspective...


Excellent film sur le capitalisme tel que vécu à l'échelle humaine. On ne parle pas de théorie ici, mais des comportements humains et de leurs conséquences sur soi et les autres, que ce soit de fermer une usine; de vendre des automobiles coute que coute; ou de faire face à une réalité que l'on ne voulait pas voir, mais dont les signes avant coureurs étaient pourtant très visibles. Bref, un film sur nous et les systèmes dans lesquels nous nous sommes volontairement enfermés!




La piel que habito (La peau que j'habite)



D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 14 no 1, Textes ciné et culture : www.societascriticus.com



Réalisé par Pedro Almodóvar, Espagne, 2011, 117 minutes

Avec Roberto Álamo, Elena Anaya, Antonio Banderas, Jan Cornet, Marisa Paredes


Depuis que sa femme a été victime de brulures dans un accident de voiture, le docteur Robert Ledgard, éminent chirurgien esthétique, se consacre à la création d'une nouvelle peau, grâce à laquelle il aurait pu sauver son épouse. Douze ans après le drame, il réussit dans son laboratoire privé à cultiver cette peau: sensible aux caresses, elle constitue néanmoins une véritable cuirasse contre toute agression, tant externe qu'interne, dont est victime l'organe le plus étendu de notre corps. Pour y parvenir, le chirurgien a recours aux possibilités qu'offre la thérapie cellulaire.


Outre les années de recherche et d'expérimentation, il faut aussi à Robert une femme cobaye, un complice et une absence totale de scrupules. Les scrupules ne l'ont jamais étouffé, il en est tout simplement dénué. Marilia, la femme qui s'est occupée de Robert depuis le jour où il est né, est la plus fidèle des complices. Quant à la femme cobaye…



Commentaires de Michel Handfield (2011-12-20)


Un suspense scientifico-médical durant lequel je n'ai pas pris de notes, mais que j'ai bien aimé. En fait, il s'agit d'un film d'horreur psychologique de haute voltige avec un docteur Frankeistein moderne qui nous surprend par sa vengeance, car il tombera amoureux de sa victime qu'il façonnera trop à son gout peut-être!




Maryse Letarte à la 5e salle de la Place des Arts

(jusqu'au 23 décembre)



D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 14 no 1, Textes ciné et culture : www.societascriticus.com


Cette salle lui va bien. Pas trop grande pour demeurer intimiste et assez grande pour que le son voyage et nous enveloppe. Chaleureux! Ce spectacle, qui sent le temps des fêtes sans mettre trop de guimauve, est comme du « confort food »! Ça fait du bien. À voir!


www.maryseletarte.com


Michel Handfield (2011-12-17)




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Documents à ne pas taire! (Notre section documentaire)


L'industrie du ruban rose


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 14 no 1, Textes ciné et culture : www.societascriticus.com


À l’affiche au Canada dès le 3 février 2012


« Autrefois, les gens marchaient dans les rues. Aujourd’hui, il faut courir pour trouver un remède. » (Barbara Ehrenreich, auteure de Welcome to Cancerland)


Film réalisé par Léa Pool et produit par Ravida Di


2011, 97 min 43 s


Le cancer du sein est devenu l’enfant chéri des campagnes de markéting associées à une cause. Des centaines de milliers de femmes et d’hommes marchent, pédalent, grimpent et achètent toutes sortes de produits pour financer la recherche d’un remède. Chaque année, des millions de dollars sont amassés au nom du cancer du sein, mais où va tout cet argent et à quoi sert-il au juste?


L’industrie du ruban rose est un long métrage documentaire qui illustre comment la réalité dévastatrice du cancer du sein, que les experts en markéting considèrent comme une « cause de rêve », est occultée par la brillante histoire à succès du petit ruban rose.


Ce long métrage documentaire a été réalisé par Léa Pool en collaboration avec la productrice exécutive Ravida Din pour l’Office national du film du Canada.


Source : www.onf.ca/selection/industrie-du-ruban-rose/



Commentaires de Michel Handfield (2012-01-21)



Ça veut dire quoi tous ces rubans roses; toutes ces activités; tout ce markéting autour du cancer du sein? Attirer l'attention sur la maladie? Prévenir? Gagner des fonds pour la recherche? Et si, plus simplement, la cause servait à vendre? Voilà des questions que pose ce film. En grattant, on trouve des réponses que le grand public ne soupçonnerait pas.


Dans ce contexte, que la recherche ait pris une tournure plus mercantile n'est pas surprenant! Au lieu de chercher les causes et des moyens de prévention (1), on cherche des remèdes, car c'est plus rentable pour les entreprises pharmaceutiques par exemple! C'est comme si on acceptait la maladie comme une fatalité qui touche les femmes au hasard. Mais, on regarde peu ce qui pourrait en expliquer la progression ces dernières décennies, comme les causes industrioenvironnementales. Il est vrai qu'agir sur les causes voudrait dire de changer des comportements et des habitudes de consommation. À la place on soigne et on maquille, car il faut avoir l'air en santé, ce qui fait l'affaire de l'industrie des produits de beauté (2). Toute une industrie tourne autour de la maladie nous montre le film.


Mais, au-delà de l'industrie du cancer du sein, on se sert aussi de la maladie pour rejoindre les femmes, car cette maladie les cible et elles sont d'excellentes consommatrices. Sans faire un mauvais jeu de mots, cela permet du markéting viral très ciblé! Des entreprises fondent d'ailleurs une partie de leur markéting sur le ruban rose. On peut tout vendre avec un ruban rose, allant des autos au fast-food. (3) Même des produits contenant certains ingrédients potentiellement cancérigènes portent le ruban pour la cause!


Mais, pendant qu'on parade pour que la recherche de médicaments avance, on ne manifeste pas pour en connaitre les causes ni contre les responsables potentiels derrière celles-ci, notamment certains dérivés pétrochimiques que l'on retrouve dans une foule de produits de consommation allant des produits alimentaires aux plastiques en passant par les produits de beauté. (4) Le pétrole nous entoure sous diverses formes, même dans notre assiette! (5)


Parlant de pétrole, que dire des émanations d'essence que l'on brule pour nous déplacer? Selon une étude récente (6), il semblerait qu'une des causes du cancer du sein soit justement la circulation automobile :


« Nous avons découvert un lien entre le cancer du sein après la ménopause et l'exposition au dioxyde d'azote (NO2), qui est un marqueur de la pollution de l'air liée à la circulation routière. » — Dr Mark Goldberg (7) »


Quelle contradiction alors de voir ces femmes qui paradent en utilitaire sport décorée pour la cause, même si les émanations d'essence sont peut-être une des causes du cancer du sein! Mais, nous les humains, nous n'en sommes pas à une contradiction près.

Certains diront que le financement de la recherche devrait être public pour éviter les biais de l'industrie. C'est vrai, mais il en est ainsi depuis le désengagement de l'État que nous devons à Ronald Reagan (8). Au Québec et au Canada, par exemple, on donne des crédits d'impôt aux entreprises, que ce soit pour la recherche privée et les partenariats de recherche avec les universités, mais cette recherche est généralement tournée vers des fins commerciales. Il n'est donc pas surprenant qu'on regarde du côté des médicaments, beaucoup plus rentable que la prévention pour les entreprises. Mais, qu'en est-il de la recherche fondamentale, en environnement, ou en sciences humaines et sociales par exemple; de la recherche qui cherche à comprendre et à prévenir, sans avoir rien à vendre ni de profit à faire en retour? Elle souffre de sous-financement. Même le film en parle, car très peu des fonds recueillis par toutes ces campagnes de financement vont à ces secteurs de la recherche (voir la note 1).


Alors, que des entreprises de ces secteurs « s'investissent » beaucoup dans la campagne du ruban rose pour se donner bonne conscience n'est pas une surprise! Mais, elles sont beaucoup moins pressées d'abandonner certains de leurs produits controversés ou de réviser leur liste d'ingrédients pour en enlever les éléments les plus controversés.


Le ruban rose est devenu un excellent outil de markéting en échange d'un don, souvent symbolique, sur les ventes de produits! Cela pervertit par contre le message, qui en devient un de consommer pour aider à la cause plutôt que de regarder ses achats en fonction des risques associés aux ingrédients des produits de consommation courante, car plusieurs contiennent des éléments cancérigènes selon The Environmental Working Group, ruban rose ou pas sur l'emballage! Mais, c'est comme si le ruban rose les en dédouanait! Leur conscience est sauve. Pourtant, on pourrait s'attendre à mieux de leur part. À ce sujet, que dire de Zeneca, qui est derrière « the October's National Breast Cancer Awareness Month », mais produit des éléments cancérigènes dans une de ses filiales selon le film? (9)


Alors, doit-on soutenir ces évènements et produits tagués du ruban rose ou revendiquer des changements aux normes de production? Aller marcher pour la cause ou marcher au lieu de prendre son automobile pour le moindre déplacement? Acheter un ruban rose ou agir en écocitoyen? (10) Je laisse les lecteurs juger, mais je leur recommande de voir ce film avant tout!


« Le film se penche sur les plus grands évènements de sensibilisation et les plus importantes collectes de fonds au profit de la cause, dont la Revlon Run/Walk for Women à New-York, la Susan G. Komen Race for the Cure à Washington, D.C., l'Avon Walk for Breast Cancer de deux jours à San Francisco et le Week-end pour vaincre les cancers féminins de Pharmaprix à Montréal. » (11)



Notes


1. Des sommes recueillis par ces activités, nous dit le film, environ 15% va à la prévention de la maladie et 5% à la recherche sur les causes environnementales!


2. Pourtant, ces produits peuvent contenir certains éléments cancérigènes selon le EWG's Skin Deep cosmetics database : www.ewg.org/skindeep/


3. Des exemples, le film en donne. Mais, voir aussi :


Entreprises derrière la campagne pink ribbon 2008 :

www.pinkribbon.org/ThinkPink/CauseMarketingLineup/USA/2008/tabid/394/Default.aspx


Achetez rose, de la fondation du cancer du sein du Québec :

www.rubanrose.org/fr/achetez-rose


4. The Environmental Working Group (http://ewg.org/) travaille sur ces questions. Le film y fait référence.


5. à ce sujet, voir le pétrole et ses nombreux dérivés :

www.centreforenergy.com/Documents/TeachingResources/PetrSource-Resource-FR.pdf


6. Dan L. Crouse, Mark S. Goldberg, Nancy A. Ross, Hong Chen, France Labrèche, « Postmenopausal Breast Cancer Is Associated with Exposure to Traffic-Related Air Pollution in Montreal, Canada: A Case–Control Study », in Environmental Health Perpectives: http://ehp03.niehs.nih.gov/article/fetchArticle.action?articleURI=info%3Adoi%2F10.1289%2Fehp.1002221


7. « Un lien entre pollution automobile et cancer du sein? » :

www.radio-canada.ca/nouvelles/sante/2010/10/06/001-cancer-sein-pollution.shtml


8. Aux États-Unis l'État s'est désengagé de ses responsabilités au profit du secteur privé et des fondations. C'est d'ailleurs l'objet du discours de 1981 de Ronald Reagan que le film nous présente au début. Une recherche internet nous apprend qu'il a passé the Economic Recovery Tax Act cette année-là et the Tax Equity and Fiscal Responsibility Act l'année suivante.


9. À ce sujet, voir aussi « Chemical Industry Funds Breast Cancer Campaign »:

www.preventcancer.com/patients/mammography/awareness.htm


10. www.notre-planete.info/ecologie/eco-citoyen/


11. ONF, L'industrie du ruban rose (Notes de presse), p. 2


Hyperliens


Economic Recovery Tax Act:

http://en.wikipedia.org/wiki/Economic_Recovery_Tax_Act_of_1981


Tax Equity and Fiscal Responsibility Act:

http://en.wikipedia.org/wiki/Tax_Equity_and_Fiscal_Responsibility_Act_of_1982


Presidency of Ronald Reagan :

http://en.wikipedia.org/wiki/Presidency_of_Ronald_Reagan


Susan G. Komen for the cure : http://ww5.komen.org/


Revlon Run/Walk : www.revlonrunwalk.org/


Avon Walk for Breast Cancer : www.avonwalk.org/


Week-end pour vaincre les cancers féminins de Pharmaprix :

http://www1.pharmaprix.ca/fr/Health-And-Pharmacy/Articles/wewc.aspx


Think Before You Pink : http://thinkbeforeyoupink.org/


The Cancer Prevention Coalition : www.preventcancer.com/


Environmental Working Group: http://ewg.org/


Occupational and Environmental Health and Safety Research Group :

www.nm.stir.ac.uk/research/occupational.php



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