Societas Criticus, Vol 14 no 3. 2012-03-13 – 2012-04-06. www.societascriticus.com


Societas Criticus, Revue de critique sociale et politique

On n'est pas vache…on est critique!


D.I. revue d’actualité et de culture

Où la culture nous émeut!


Regard sur le Monde d'une perspective montréalaise!

On est Sceptique, Cynique, Ironique et Documenté!


Revues Internet en ligne, version archive pour bibliothèques

Vol. 14 no. 3, du 2012-03-13 au 2012-04-06.


Depuis 1999!













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Cette revue est éditée à compte d'auteurs.


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7355, boul St-Michel

C.P. 73580

Montréal H2A 2Z9



Le Noyau!


Michel Handfield, M.Sc. sociologie (U de M), cofondateur et éditeur;

Gaétan Chênevert, M.Sc. (U de Sherbrooke), cofondateur et interrogatif de service;

Luc Chaput, diplômé de l'Institut d'Études Politiques de Paris, recherche et support documentaire.



Soumission de texte: Les faire parvenir à societascriticus@yahoo.ca. Si votre texte est en fichier attaché, si possible le sauvegarder en format "rtf" (rich text format) sans notes automatiques.



Note de la rédaction


Depuis 2009 nous faisons cette revue en Open Office (www.openoffice.org), auquel s'ajoute maintenant Libre Office (www.documentfoundation.org/), façon de promouvoir le logiciel libre. Dans le but d'utiliser la graphie rectifiée, nous avons placé les options de correction de notre correcteur à « graphie rectifiée », façon de faire le test de la nouvelle orthographe officiellement recommandée sans toutefois être imposée. Voir www.orthographe-recommandee.info/. Cependant, comme nous passons nos textes à un correcteur ajusté en fonction de la nouvelle orthographe, il est presque certain que certaines citations et autres références soient modifiées en fonction de l’orthographe révisée sans même que nous nous en rendions compte, les automatismes étant parfois plus rapide que l’œil. Ce n'est cependant pas davantage un sacrilège que de relire les classiques du français en français moderne. On y comprendrait parfois peu si on les avait laissés dans la langue du XVe, XVI ou XVIIe siècle. Les langues évoluent et il faut suivre. L'important est davantage de ne pas trafiquer les idées, ou le sens des citations et autres références, que de modifier l'orthographe de notre point de vue.


Les paragraphes sont aussi justifiés sans retrait à la première ligne pour favoriser la compatibilité des différents formats de formatage entre la version pour bibliothèque (revue) et en ligne.



« Work in progress »:


Comme il y a de la distance dans le temps entre la mise en ligne des textes et la production du numéro pour bibliothèque, il se peut que quelques fautes d’orthographe, de ponctuation ou de graphie aient été corrigées, mais le texte n’est pas changé à quelques virgules près! On a beau lire un texte 2, 3, 4 et même 5 fois… quand on vient de l’écrire on dirait qu’on ne voie pas certaines coquilles. On les revoit cependant sur écran quelques semaines plus tard! Ainsi va la vie.







Index



Societas Criticus, revue de critique sociale et politique

Éditos


Sur le budget, une économie de mots!




D.I., Delinkan Intellectuel, revue d’actualité et de culture


Avis


Commentaires livresques: sous la jaquette!


Bock-Côté, Mathieu, Fin de cycle. Aux origines du malaise politique québécois

La pauvreté. Quatre modèles sociaux en perspective


DI a Vu! - Ciné, Théâtre, Expositions et quelques annonces d’événements (Avec index)


Empire Bo$$é

Les hommes libres

Toutes nos envies

Comme un Chef

Jabbarnack (théâtre)

De bon matin

Le roi Lear et Gallimard, le roi lire!

Polisse













Societas Criticus, revue de critique sociale et politique



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Nos éditos!



Sur le budget, une économie de mots!


Societas Criticus, revue de critique sociale et politique, Vol. 14 no 3, Éditos : www.societascriticus.com


Michel Handfield (2012-03-31)


Le budget Harper du 29/03/2012: attaque au savoir (abandon de la recherche fondamentale) et sa diffusion (coupe de 11% à la SRC et l'ONF)!


De cette façon (138 caractères!), ça entrait en un twitt en l'honneur de ce gouvernement conservateur.


N.B. Le Devoir, en couverture de l'édition du 30 mars, avait 4 carrés expliquant :

« Chômage. Les hausses de cotisations seront réduites de moitié. »

« Emploi. Les fonctionnaires devront dire adieu à 12 000 de leurs collègues. »

« Science. Abandon de la recherche fondamentale au profit des entreprises. »

« Culture. Réduction de 11% des budgets de la SRC, de l'ONF et de Téléfilm. »


Cela a allumé ma réflexion et, comme tout était dit, il ne me restait que 140 caractères à écrire!




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D.I., Delinkan Intellectuel, revue d’actualité et de culture


AVIS


Révisé le 21 décembre 2008


Dans les commentaires cinés, de théâtres ou de spectacles, les citations sont rarement exactes, car même si l’on prend des notes il est rare de pouvoir tout noter exactement. C’est généralement l’essence de ce qui est dit qui est retenue, pas le mot à mot.


Je ne fais pas non plus dans la critique, mais dans le commentaire, car de ma perspective, ma formation de sociologue, le film est un matériel et nourrit une réflexion qui peut le dépasser. Certains accrocheront sur les décors, les plans de caméra, le jeu des acteurs ou la mise en scène, ce qui m’atteint moins. Moi, j’accroche sur les problématiques qu’il montre et les questions qu’il soulève. Le film est un matériel sociologique; un révélateur social, psychosocial, socioéconomique ou sociopolitique par exemple. C’est ainsi que sur de très bons films selon la critique, je peux ne faire qu’un court texte alors que sur des films décriés en cœur, je peux faire de très longues analyses, car le film me fournit du matériel. Je n’ai pas la même grille, le même angle, d’analyse qu’un cinéphile. Je prends d’ailleurs des notes durant les projections de presse que je ne peux renier par la suite, même si je discute avec des confrères qui ne l’ont pas apprécié de la même manière que moi, Je peux par contre comprendre leur angle et je leur laisse. J’encourage donc le lecteur à lire plusieurs points de vue pour se faire une idée plus juste.

Peut être suis-je bon public aussi diront certains, mais c’est parce que je prends le film qu’on me donne et non celui que j’aurais fait, car je ne fais pas de cinéma, mais de l’analyse sociale! (Je me demande parfois ce que cela donnerait avec une caméra cependant.) Faut dire que je choisis aussi les films que je vais voir sur la base du résumé et des « previews », ce qui fait que si je ne saute pas au plafond à toutes les occasions, je suis rarement déçu aussi. Si je ne suis pas le public cible, je l’écris tout simplement. Si je n’ai rien à dire ou que je n’ai pas aimé, je passerai plutôt mon tour et n’écrirai rien, car pourquoi je priverais le lecteur de voir un film qui lui tente. Il pourrait être dans de meilleures dispositions pour le recevoir et l’aimer que moi. Alors, qui suis-je pour lui dire de ne pas le voir? Une critique, ce n’est qu’une opinion après tout. Une indication qu’il faut savoir lire, mais jamais au grand jamais une prescription à suivre à la lettre. C’est d’ailleurs pour cela que je fais du commentaire et non de la critique.


Michel Handfield, d’abord et avant tout sociologue.


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Commentaires livresques : Sous la jaquette!



Bock-Côté, Mathieu, 2012, Fin de cycle. Aux origines du malaise politique québécois, Montréal (Québec) : Boréal, 184 pages. ISBN-13 : 9782764621684. 22.50 $ / 17.50€. www.editionsboreal.com


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 14 no 3, Livres : www.societascriticus.com


La société québécoise termine douloureusement le cycle historique ouvert par la Révolution tranquille. L’espace politique est en pleine métamorphose.


Souverainistes, fédéralistes, lassés de ce débat? De gauche, de droite, ou « ailleurs »? Les idéologies auxquelles nous étions habitués semblent frappées de désuétude. Les Québécois ne savent plus exactement comment penser leur avenir collectif. Partout, un sentiment d’impuissance se propage, alimenté par un cynisme généralisé. Et un pessimisme mortifère gagne la conscience collective.


Dans cet essai, Mathieu Bock-Côté décrypte la crise politique québécoise à la lumière des tendances historiques et sociologiques lourdes qui ont fait le Québec depuis cinquante ans. De l’implosion de la question nationale à celle du mouvement souverainiste, en passant par le retour d’un certain conservatisme longtemps refoulé dans les marges du débat public, il cherche à dégager le sens d’une mutation historique. Surtout, il cherche à voir ce qui, dans cette fin de cycle, permet d’espérer un ressaisissement du Québec.


Commentaires de Michel Handfield (2012-04-06)


Bon, par quel bout commencer? C'est que Mathieu Bock-Côté est volubile dans ce livre. J'avais d'ailleurs l'impression de l'entendre parler en le lisant! Ce n'est pas un reproche, car cela montre qu'il s'y est investi. Je l'ai lu du début à la fin et pris des notes. Parfois d'accord avec lui, parfois non.


Mathieu Bock-Côté se définit comme un conservateur et moi comme un libéral. La différence? C'est que, pour moi, un conservateur croit que la meilleure solution pour lui est la meilleure pour les autres aussi! Un libéral est quelqu'un qui croit que plusieurs solutions sont possibles, pas toutes égales, mais équivalentes. Un libéral peut donc avoir certains comportements « conservateurs » dans sa vie privée, mais très bien comprendre que pour d'autres cela ne fonctionnerait pas. Être libéral, c'est avoir de l'ouverture et accepter qu'un modèle « fit all » ne fait pas pour tous et que si les solutions éprouvées d'hier ne sont pas à rejeter en bloc, elles ne sont pas nécessairement la seule voie possible aujourd'hui, ni la meilleure. On peut avoir de la mémoire sans vivre dans le passé ou la nostalgie!


Par exemple, l'auteur souligne « [qu']on constate partout la crise du multiculturalisme » (p. 23), ce qui est en partie vrai, car certaines valeurs culturelles s'opposent aux droits de la personne. J'en ai déjà parlé « suite au jugement de l'honorable juge Monique Dubreuil, qui a laissé sortir deux violeurs avec une peine à purger « dans la collectivité » vue le « contexte culturel particulier à l'égard des relations avec les femmes » chez les Haïtiens, [ce qui] soulève une question fondamentale: le multiculturalisme va-t-il à l'encontre de l'égalité? » (1)


Le féminisme soulève les mêmes questions entre le droit des femmes et les pratiques ethnoculturelles et religieuses : vont-elles à l'encontre des droits fondamentaux? (2) Cependant, la réponse n'est pas toujours claire entre les droits individuels et culturels, ces derniers propres au multiculturalisme à la canadienne ou à l'interculturalisme à la sauce québécoise! Mais, revenir à la tradition canadienne-française et catholique comme le propose Mathieu Bock-Côté (3) ne serait pas davantage une solution selon moi. Par contre, poser la question du multiculturalisme comme il le fait permet au moins de regarder le problème et de voir si, entre le tout ou rien, des balises sont possibles! De toute façon la question du multiculturalisme n'est pas une question nouvelle, quoi qu'on en pense : si des pays ont toujours demandé aux citoyens de se plier aux croyances de l'État dans l'histoire, d'autres acceptaient les croyances à condition qu'elles ne remettent pas en cause l'État. Déjà, au temps de Jésus Christ...


« The Roman Empire expanded to include different peoples and cultures; in principle, Rome followed the same inclusionist policies that had recognised Latin, Etruscan and other Italian peoples, cults and deities as Roman. Those who acknowledged Rome's hegemony retained their own cult and religious calendars, independent of Roman religious law. » (4)


En lien avec la laïcité, le multiculturalisme, l'interculturalisme et le pluralisme confessionnel qui nous questionne en ce moment, les philosophes et penseurs du temps auraient pu écrire le passage qui suit:


« La moralité libérale comporte un tel engagement envers le respect de la divergence des conceptions religieuses, philosophiques, et métaphysiques, conceptions qui, de pair avec les principes et valeurs politiques, donnent un sens à la vie des individus. Seul un tel engagement peut fonder la valeur morale du pluralisme. En effet, toute défense du pluralisme et du désaccord raisonnable implique minimalement de défendre l'idée que l'adhésion aux valeurs morales passe nécessairement par l'intériorité individuelle, et que la coercition est inutile en ce domaine. Toute minimale qu'elle soit, cette exigence implique une contrainte épistémique relativement forte: le respect du pluralisme et du désaccord raisonnable exige que les doctrines dites « raisonnables » soient conciliables avec le pluralisme, c’est-à-dire que les tenants de ces doctrines doivent accepter qu’il soit raisonnable pour les autres de nier la véracité de leurs convictions. En retour, cette exigence n’a de sens que si elle provient d’un engagement à l’endroit de la croyance en l’égale liberté de conscience. » (5, 6)


On peut parfois trouver qu'il y a des exagérations dues aux demandes associées au multiculturalisme et à la Charte canadienne des droits et libertés (7), mais il peut y avoir d'autres solutions que l'imposition de la pensée unique! (8) Ainsi, on pourrait y ajouter les responsabilités, y reconnaitre la science, et y rappeler que les croyances ne sont qu'une croyance, ce qui est un fait, car trop souvent on tend à les élever en vérité. Cela suffirait à mettre des balises pour contraindre les dérives. Pas besoin de tout jeter comme le proposent certains pamphlétaires, dont Mathieu Bock-Côté. Cependant, il faut des gens comme lui pour attirer l'attention sur ces dérives et pouvoir les corriger. Y faire la sourde oreille n'est pas une solution.


Souvent, d'ailleurs, à la lecture de ce livre, je fus d'accord avec les questions posées. Mais, pas toujours avec les réponses apportées. Non parce qu'il est de droite, car les réponses de la gauche sont souvent tout autant aux prises avec une idéologie. Pendant ce temps, on attend de nouvelles propositions! Par exemple, pour la crise du secteur public, de la dette, des universités et de la santé par exemple qu'avez-vous entendu de nouveau à part « il faudrait en privatiser des parties » ou « le système fonctionne quand on se compare aux autres! » Pourquoi ne pas pousser davantage vers le modèle coopératif et l'économie sociale? Des profs et des étudiants sont mécontents de leur université, pourquoi ne pas regarder vers un autre modèle, comme de mettre sur pied une université coopérative? Avant de dire que « ça ne se fait pas », peut-on en regarder « les possibles » pour paraphraser un autre sociologue médiatique prédécesseur de Mathieu Boch-Côté : Marcel Rioux! (9) À gauche, mais d'une gauche ouverte. Tout est là : l'ouverture! Que vous soyez d'accord ou non avec les positions médiatisées de Mathieu Bock-Côté, lire son livre est instructif, car il pose des questions intéressantes.


En passant, si Mathieu Bock-Côté s'en prend à la gauche et au syndicalisme, il ne se sent pas davantage d'affinités avec la droite néolibérale! (10) Dans son épilogue, que j'ai bien aimé, on y apprend que Mathieu Bock-Côté se sent près de Mathieu Bock-Côté, car il défend sa propre conception de la droite! À quand son parti politique? De toute façon, au moment d'écrire son livre le Parti Québécois était dans la tourmente et tout le monde prévoyait sa fin comme celle du Bloc Québécois, Mathieu Bock-Côté aussi. Au moment d'écrire ces lignes, Pauline Marois est en tête des sondages! (11) En politique tout peut changer si rapidement.


Si on peut être plus ou moins d'accords avec certaines des réponses qu'il apporte, on peut toujours en trouver d'autres plus satisfaisantes. Mais, il a le mérite de questionner contrairement à bien des insatisfaits qui disent « de toute façon à quoi ça sert d'y penser! » Lui, au moins, essaie de trouver des solutions pour sortir de son insatisfaction plutôt que d'accepter le statuquo. On doit lui en donner le mérite.


Notes


1. Michel Handfield, M.Sc. Sociologie, Le multiculturalisme à l'encontre de l'égalité?, in La Presse, 28 janvier 1998, p. B 2. Ce texte se retrouve aussi en annexe de mon texte « Le feu n’est pas pris! Ou commentaires autour des débats actuels sur l’accommodement raisonnable à la lumière d’Incendies de Wajdi MOUAWAD (France : Actes Sud et Québec : Leméac, 96 pages) » in Societas Criticus, revue de critique sociale et politique, Vol. 9 no 2, Essais.


2. Wade, Lisa, The Politics of Acculturation : Female Genital Cutting and the Challenge of Building Multicultural Democraties, in Social Problems, Vol. 58, no. 4 (November 2011), p. 523


3. Voici un passage pour l'illuster :


« C'est la question du Canada français et de son héritage qui se pose à nouveau et plus encore celle du catholicisme qui ressurgit comme problème politique et culturel. De vieux symboles culturels longtemps refoulés dans les marges de l'espace public ou longtemps tenus pour acquis regagnent en pertinence pour définir le Québec, pour caractériser ce qu'on pourrait appeler son identité occidentale (…). » (p. 25)


4. Pliny the Elder, Epistles, 10.50 cité in

http://en.wikipedia.org/wiki/Religion_in_ancient_Rome#Absorption_of_cults


5. Nootens, Genevievre, Moralité fondamentale et normes subjectives : la justification d’un cadre moral commun dans une société libérale, in Luc Vigneault et Bjarne Melkevik (sous la direction de), 2006, Droits démocratiques et identités, PUL : Administration et droit, Collection Dikè, 160 pages, p. 34


6. Le passage allant de de citation de Pliny the Elder à celle de Genevievre Nootens, dont les références sont aux notes 4 et 5, vient d'un autre de mes textes : Salomé, les Hommes et Dieu!, in Societas Criticus, Vol. 13 no 4, Textes ciné et culture / Essai. Vu la pertinence avec le sujet traité ici, je ne pouvais faire autrement que de revenir sur ce texte que j'avais écrit concernant le film « Des hommes et des dieux », grand prix du Festival de Cannes 2010, et « Salomé » vu à l'Opéra de Montréal en mars 2011.


7. http://laws-lois.justice.gc.ca/fra/Charte/


8. On ne peut parler de la pensée unique sans rappeler le livre de Jean-François Kahn, La pensée unique, 1995, Fayard, col. Pluriel.


9. Une raison de souligner le livre d'Hamel, Jacques, Forgues Lecavalier, Julien et Fournier, Marcel (Textes choisis et présentés par), 2010, La culture comme refus de l'économisme. Écrits de Marcel Rioux, Montréal : Les presses de l'Université de Montréal/Collection « Corpus », 586 pages, ISBN 978-2-7606-2232-6. www.pum.umontreal.ca/ca/fiches/978-2-7606-2232-6.html


10. Pour comprendre ces conditions si favorables à la liberté du travail et de l'entreprise que veulent nous vendre les apôtres de la dérèglementation néolibérale on peut soit lire Le capital de Karl Marx, soit regarder un bon DVD : David Copperfield de Simon Curtis (réalisateur) d'après l'oeuvre de Charles Dickens! Façon de replonger dans ce temps où l'État restait à sa place et n'entravait pas les individus et les entreprises avec toutes ses règles, ce qu'espèrent voir arriver les néolibéraux. Mais, attention de ne pas aller trop loin dans le « laisser-faire », car un peut trop et c'est le point de rupture. On passe alors dans la désorganisation, car il n'existe plus d'autres normes que le chacun pour soi! C'est le cas d'Haïti par exemple :


« C'est à dire qu'il y a un État moribond. Il y en a un, mais il est vraiment réduit à sa plus simple expression alors que je pense que c'est vraiment; souvent je me dis que si on veut aider un pays il faut quand même renforcer l'État. Parce que c'est pas le gouvernement qu'on renforce, c'est l'État, qui doit gérer et qui doit s'occuper de la population et du pays lui-même. Donc, c'est vrai que la masse critique de personnes pour faire fonctionner ce pays étant très petite, quand un gouvernement change, quand un ministre change, bien tout change. Voilà! » (Marjorie Villefranche, directrice de la Maison d'Haïti dans le quartier Saint-Michel, à l'émission Le 21e avec Michel Lacombe : Radio-Canada, première chaîne. De 34:34 à 35:04 minutes de l'entrevue pour notre transcription maison. Le 21e peut être écouté sur www.radio-canada.ca/emissions/le_21e/2011-2012/index.asp)


Ce n'est là qu'un exemple, car toute l'entrevue est intéressante.


11. Au moment de mettre ce texte en ligne, Le Devoir de ce matin nous annonce que Legault et la CAQ font à peine mieux que l'ADQ et que Pauline Marois consolide son avance en tête. En effet, la CAQ a 22 % des intentions de vote contre 33 % pour le PQ, 27 % pour les libéraux et 7 % pour Québec solidaire. (Bourgault-Côté, Guillaume, Sondage Léger Marketing-Le Devoir-The Gazette - Legault et la CAQ plus bas que jamais, in Le Devoir, 6 avril 2012 : www.ledevoir.com/politique/quebec/346845/sondage-leger-marketing-le-devoir-the-gazette-legault-et-la-caq-plus-bas-que-jamais)




Boismenu, Gérard, Dufour, Pascale, et Lefèvre, Sylvain, 2011, La pauvreté. Quatre modèles sociaux en perspective, PUM, Collection « Champ libre », 214 p. www.pum.umontreal.ca


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 14 no 3, Livres : www.societascriticus.com

La pauvreté traverse l’histoire contemporaine. Elle continue d’exister entre les crises et leur survit. La conjoncture économique ne fait que moduler son ampleur et ses formes d’expression. C’est pourquoi, pour comprendre le phénomène, il faut le situer dans le modèle de développement des sociétés. Pour les auteurs de ce livre en effet, la pauvreté n’est rien de moins que le résultat d’un arrangement politique et social propre à chaque modèle de développement. En d’autres termes, par les formes institutionnelles qu’elles se donnent, les sociétés produisent une pauvreté qui leur ressemble. C’est ce que révèle la comparaison de quatre modèles de l’État social : la Grande-Bretagne, le Danemark, la France et le Québec. Se distancer de l’actualité immédiate – tout inquiétante qu’elle soit – c’est peut-être la meilleure manière d’affronter une réalité inconfortable et d’agir en conséquence.


Pascale Dufour et Gérard Boismenu sont professeurs de science politique à l’Université de Montréal. Entre autres publications, ils ont signé, avec Alain Noël, L’aide au conditionnel (PUM, 2003). Docteur en science politique de l’Université Lille 2, Sylvain Lefèvre est chercheur au Centre de recherche sur les politiques et le développement social de l’Université de Montréal.



Commentaires de Michel Handfield (2012-03-13)


La pauvreté. Tout le monde en a peur. Tomber dans la pauvreté, personne ne le souhaite. Mais, certains y naissent. Puis, d'un coup de baguette magique, des politiciens peuvent changer la ligne de démarcation de la pauvreté en changeant tout simplement les paramètres statistiques de ce qui la définit! De ce coup de baguette, on réduira le nombre de pauvres ou on l'augmentera. Si on les réduit, ils recevront moins de services, mais ne seront pas nécessairement mieux. Si on les accroit, ça ne veut pas dire qu'on accroitra les services. C'est que la pauvreté est à la fois réelle et conceptuelle. Si tout le monde a un niveau de vie comparable, on ne peut parler de pauvreté. Mais, s'il y a des écarts qui empêchent d'avoir une vie normale, là on peut parler de pauvreté :


« La pauvreté est relative en ce sens qu'elle est inscrite et posée en relation à la société historiquement datée dans laquelle les personnes vivent. La question centrale devient celle du seuil à partir duquel les personnes sont réputées participer correctement à la vie sociale commune. Par définition, ce seuil se situe à un niveau supérieur à celui de la pauvreté absolue. Mais, à quel point exactement? Sur ce plan, les perspectives normatives interfèrent nécessairement puisqu'en désignant un niveau relatif de revenu permettant la participation à la Cité, c'est l'idéal de la citoyenneté qui est débattu. » (p. 23)


Au seuil de pauvreté s'ajoutent les différences de traitement des pauvres. Certains pays leur donneront une assistance leur permettant de vivre avec une certaine décence alors que d'autres donneront une assistance conditionnelle! Par exemple, il faudra s'inscrire à des mesures d'employabilités ou de services à la communauté pour obtenir une aide le moindrement décente et cette aide pourrait être limitée dans le temps, car l'objectif est l'employabilité. Mais, même employé, le travail ne permet pas toujours de sortir de la pauvreté. Alors, dans un modèle centré sur l'individu, comme le modèle britannique l'est (1), la pauvreté et la richesse s'accroissent parallèlement, car il y a peu de mécanismes de redistribution contrairement au modèle danois par exemple! Ce sont là deux des quatre modèles examinés, les deux autres étant ceux de la France et du Québec.


Après cet examen on regarde les indicateurs de la pauvreté, soit les statistiques, et on s'aperçoit qu'ils sont souvent insuffisants et trompeurs :


« (…) les indicateurs alternatifs ont en commun de contester la capacité du PIB à déchiffrer l'état de la pauvreté et de la richesse d'un pays. La critique est double : d'une part, le PIB (et le taux de croissance économique, autre étalon fétiche) ne mesure pas le « progrès social », d'autre part, il est aveugle à un certain nombre d'éléments, et notamment à la question environnementale. Le paradigme spécifique porté par le PIB est le suivant : la croissance économique réglera la question sociale. » (p. 156)


Et, les auteurs poursuivent plus loin avec un exemple on ne peut plus clair :


« Gadrey et Jani-Catrice donnent ainsi l'exemple d'une société qui aurait beaucoup d'accidents de la route, et qui serait donc doté d'un meilleur PIB grâce à l'activité ainsi générée (soins, réparations de voitures, etc.), toute chose égale par ailleurs, qu'une société où les gens conduisent prudemment. Pourtant, il serait absurde de considérer que la première génère un « surplus de bien-être » par rapport à la seconde. La même idée peut être développée à propos des dépenses « défensives » déployées pour réparer des dégâts environnementaux. » (p. 156, voir note 2)


Bref, un ouvrage intéressant pour comprendre la pauvreté et les mécaniques pour y répondre, car ce n'est pas aussi simple que monsieur ou madame tout le monde le croit. On ne se lève pas comme ça un matin pour aller travailler et tout régler! Mais, cette vision populiste, relayée par les médias, en vient trop souvent à devenir une vision sociale partagée par un grand nombre. Il faut donc de tels ouvrages pour remettre les pendules à l'heure, au moins dans les milieux intellectuels. On peut aussi souhaiter que des médias plus populaires en parlent, car ils devraient faire œuvre d'éducation et non seulement maintenir le « vrai monde » dans ses croyances! Mais, comme le populisme rapporte, on peut toujours rêver.


Notes


1. J'ajouterais le modèle états-unien aussi.


2. Pour l'exemple donné, les auteurs font référence à Gadrey, Jean, et Jani-Catrice,Florence, 2005, Les nouveaux indicateurs de richesse, La découverte. Ce livre est cité en bibliographie de l'ouvrage. (p. 201)




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DI a vu! (Ciné, Théâtre, Expositions et quelques annonces d’événements)



Empire Bo$$é


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 14 no 3, Textes ciné et culture : www.societascriticus.com



L’Empire Bo$$é, une comédie sur la corruption à l’humour décalé signée Claude Desrosiers, produit par Lyse Lafontaine et François Tremblay, met en vedette Guy A. Lepage, Claude Legault, Valérie Blais, Magalie Lépine-Blondeau, James Hyndman, Élise Guilbault, et Yves Pelletier.

Bernard Bossé a été l’un des plus puissants et des plus influents hommes d’affaires du Québec. Orphelin de père, le jeune Bossé fait rapidement preuve d’un entrepreneuriat hors du commun et démontre que rien ne pourra l’arrêter! Il se hisse à la tête d’un gigantesque empire financier à une vitesse fulgurante. À travers ce récit, c'est son parcours en montagne russe qui nous est raconté, alors que sa vie semble un perpétuel combat.


Au fil des années, Bossé était de toutes les affaires financières, mais aussi de tous les scandales. Le portrait de Bernard Bossé n’est pas toujours flatteur… mais toujours drôle.


Commentaires de Michel Handfield (2012-04-02)


Si la réalité est décrite de façon caricaturale, ceci ne la rend pas moins vraie. « Québec zinc » a parfois des odeurs de scandales! Ici, ces scandales sont l'affaire d'un homme, Bernard Bossé, l'idéal type de l'entrepreneur à succès. Mais, par cette caricature, tout le système économique y passe... et le politique aussi!


Le modèle Bo$$é, n'est-ce pas le modèle néolibéral : il faut créer de la richesse, mais nenni sur la redistribution, le social et l'humanitaire! Pourtant, sans l'État et ses largesses, « Québec zinc » n'existerait pas! Ne cherchez pas le second degré, car la caricature dit tout de la réalité. Un peu grossi, mais à peine!








Les hommes libres


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 14 no 3, Textes ciné et culture : www.societascriticus.com



Réalisé par Ismaël Ferroukhi, France, 2011, 109 minutes

Avec Lubna Azabal, Christopher Buchholz, Farid Larbi, Michael Lonsdale, Tahar Rahim, Mahmoud Shalaby



1942, Paris est occupée par les Allemands. Younes, un jeune émigré algérien, vit du marché noir. Arrêté par la police française, Younes accepte d'espionner pour leur compte à la Mosquée de Paris. La police soupçonne en effet les responsables de la Mosquée, dont le Recteur, Si Kaddour Ben Ghabrit, de délivrer de faux papiers à des Juifs et à des résistants.


À la mosquée, Younes rencontre le chanteur d'origine algérienne Salim Halali. Touché par sa voix et sa personnalité, Younes se lie d'amitié avec lui. Il découvre rapidement que Salim est juif. Malgré les risques encourus, Younes met alors un terme à sa collaboration avec la police. Face à la barbarie qui l'entoure, Younes, l'ouvrier immigré et sans éducation politique, se métamorphose progressivement en militant de la liberté.



Commentaires de Michel Handfield (2012-04-02)



« Tu nous rends service et tu continues ton trafic! » Ce qu'ils veulent: qu'il espionne la mosquée de Paris. Pris entre sa conscience et la survie, il acceptera. Musulman de fait, on ne peut cependant pas dire qu'il est très pratiquant. Il sera rapidement repéré. Puis, il commencera à comprendre ce qui se passe. De « ce n'est pas notre guerre », il prendra pour la liberté, car elle est l'affaire de tous! Plus tard, ce combat pour la liberté se transportera de l'autre côté de la Méditerranée, en Algérie, contre la France. Si nous le savons, eux le présentaient.








Toutes nos envies de Philippe Lioret


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 14 no 3, Textes ciné et culture : www.societascriticus.com


Adaptation cinématographique du roman « D’autres vies que la mienne » d’Emmanuel Carrère.


Claire, jeune juge au tribunal de Lyon, rencontre Stéphane, juge chevronné et désenchanté, qu'elle entraine dans son combat contre le surendettement. Quelque chose nait entre eux, où se mêlent la révolte et les sentiments, et surtout l'urgence de les vivre.


Mettant en vedette Marie Gillain (Mon père ce héros, L’Âppat) et Vincent Lindon (Ma Petite Entreprise, Welcome), Toutes nos envies s’articule autour d’une belle rencontre. C’est la deuxième fois que le réalisateur Philippe Lioret et Vincent Lindon collaborent sur un sujet social et délicat. « D’autres vies que la mienne » d’Emmanuel Carrère est distribué au Québec par Gallimard.


Commentaires de Michel Handfield (2012-04-02)


Suite à une cause et un diagnostic médical qui l'affecte, Claire prend la défense d'une jeune femme aux prises avec des problèmes d'endettement. Si elle a une part de responsabilité, quelle est celle des entreprises de crédit qui poussent au surendettement?


Puis, si le système fonctionne à la surconsommation, car il faut croitre pour être heureux, il doit forcer à consommer : markéting agressif et crédit facile en sont les règles. Ainsi, la grenouille qui voulait se faire bœuf devient la norme : toujours plus! Tout le système pousse en ce sens! Mais, en même temps, on rationalise les dépenses sociales et on coupe dans le personnel par des délocalisations d'entreprises notamment. De quoi penser qu'on se dirige vers un gouffre.


Claire, jeune juge idéaliste, sera aidée de Stéphane, juge chevronné et désenchanté, pour regarder cela de plus près malgré les directives d'en haut. Ce ne sera pas facile, car l'économie c'est le système. Alors, on ne touche pas au système! Mais, s'il était possible de trouver un moyen de le discipliner, ce serait déjà ça! On les suit donc dans cette quête qui presse pour Claire, car sa santé est chancelante. En même temps, se développe une relation particulière entre les deux juges. Puis, Claire doit préparer son mari à l'après, car elle se sait condamné.


Un film fort intéressant pour les deux tableaux sur lesquels il joue : le sociopolitique d'une part et le psychosocial de l'autre, le liant entre les deux étant Claire!



Comme un Chef


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 14 no 3, Textes ciné et culture : www.societascriticus.com

Comédie gastronomique mettant en vedette Jean Reno et Michaël Youn.

Jacky Bonnot, 32 ans, amateur de grande cuisine, au talent certain, rêve de succès et de grand restaurant. La situation financière de son couple le contraint cependant d'accepter des petits boulots de cuistot qu'il n'arrive pas à conserver. Jusqu'au jour où il croise le chemin d'Alexandre Lagarde, grand chef étoilé dont la situation confortable est mise en danger par le groupe financier propriétaire de ses restaurants.


À la carte :


Scénario et dialogues décantés par Daniel Cohen et Olivier Dazat

Musique concoctée par Nicola Piovani

Image façonnée, tamisée puis filtrée par Robert Fraisse

Décors dressés par Hugues Tissandier

Costumes effilés par Emmanuelle Youchnovski

Montage ciselé par Géraldine Retif

Un film fait à sa façon par Daniel Cohen



Commentaires de Michel Handfield (2012-04-02)



La cuisine, une question de culture et de langage! J'ai eu du plaisir à voir ce film qui se rie des nouvelles tendances du bizness qui délaisse certaines traditions pour la mode du jour. Bref, le court terme à la place du long terme! Mais, cette forme de bizness ne reste pas en bouche, car son gout est un peu court!


Il y a là une critique économique où on ne l'attendait pas. Je n'ai pas pris beaucoup de notes, mais j'ai apprécié le film. Un bon moment de détente.




Jabbarnack (théâtre)


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 14 no 3, Textes ciné et culture : www.societascriticus.com



PRODUCTION : OMNIBUS, LE CORPS DU THÉÂTRE


MISE EN SCÈNE : JEAN ASSELIN, RÉAL BOSSÉ


DISTRIBUTION : SYLVIE MOREAU, MARIE LEFEBVRE, AUDREY BERGERON, ANNE SABOURIN, GUILLAUME CHOUINARD, BRYAN MORNEAU, SACHA OUELLETTE-DEGUIRE


Vœux pieux, bonnes intentions, bons sentiments, bonne conscience; florilège de la rectitude éthique. Autant de placards où parquer des cadavres! Comme on en rit pour ne pas en pleurer, comme on fait semblant que c’est drôle, Jabbarnack! célèbre l’envers de l’indignation. Let’s go! Coup de Jarnac à ces petites lâchetés quotidiennes déguisées en bonnes actions, fantasmes inassouvis, inassumés.


Lumière au néon sur les chimères! Câline de tabarouette de tabarnouche de jarnicoton de Jabbarnack! Et si… un peu de beauté, de justice, de bribes de vrai devaient fleurir sur la bouse. On n’éprouve pas le bonheur dans la santé tant que dans la convalescence. Foin des winners! Le doute est un champignon, une maladie, atavique, lancinante, génétique. Sus aux placébos moralisateurs!


En une quinzaine de tableaux d’une exposition, sept corps – Belle pitoune, Pédé, Jeune fille anorexique, Gros épais, Mal baisée, Beau Brummell et Carrosserie basse – donnent à voir le cycle de leur guérison.


Large mission que celle de cette compagnie qui fait son sacerdoce du plus vieil art par l’idée, du plus jeune par la forme! Depuis 40 ans, entre l'acte et le verbe, Omnibus le corps du théâtre explore le mime sous toutes ses coutures. Avec Jabbarnack!, la compagnie se permet un spectacle à tableaux, caléidoscopique et mouvementé. Une balle à plomb pour une cible vaste. Plusieurs générations d’artistes, poètes du corps et de l’âme, ont beaucoup à montrer des grandeurs et misères de l’espèce rationnelle.


Gros mandat! Les maitres d’œuvre promettent d’être réfractaires et de douter d’à peu près tout, hormis de la famille. Maitrise d’œuvre chez Omnibus : signature du « quoi » en plus du « comment » avec interdiction de prétexter la littérature pour se dédouaner de ses actes et obligations de produire de l’art qui ne soit pas inoffensif.


C’est quoi, du théâtre?


Pour acheter, réserver : www.espacelibre.qc.ca/jabbarnack


Commentaires de Michel Handfield (2012-03-29)


Ils ont un message à livrer, mais sa portée est à la fois limitée et infinie! J'explique. Limitée, car la parole y est pour peu, ce qui fait que le spectateur ne va pas nécessairement où les auteurs voulaient qu'ils aillent. Infini, car chaque spectateur peut interpréter ce qu'il voit selon ce qu'il est, sa vie et ses référents, bref sa position sociale, politique et culturelle. Ainsi, le récepteur ne décode pas nécessairement le même message que l'émetteur a envoyé, même s'il peut y avoir des convergences. C'est là toute la magie du mime! Une façon d'aller au-delà du premier degré. Il peut y avoir perte d'informations, mais aussi décodage de signifiants qui avaient même échappés aux auteurs! On est dans la symbolique signifiante.


Les personnages sont-ils d'hier ou d'aujourd'hui? Urbain ou ruraux? D'ici ou d'ailleurs? Selon les tableaux on peut penser bien des choses, car parfois le geste peut prêter à interprétation : heureux ou prisonnier de leur être et des autres? Il faut d'abord s'accepter pour être! Si on longe les murs, on ne sera que plus visible. C'est un des paradoxes de la vie.


La ligne ne tient parfois qu'à un fil entre la relation torride ou le viol; le jeu ou la trahison; l'amour ou la haine; la solitude ou l'isolement; l'acceptation ou le rejet. Ce sont toutes des problématiques que l'on peut percevoir dans cette prestation.


Avec le décor (voir la photo que j'ai prise), je pensais que cela pouvait se passer suite à un accident nucléaire. On aurait donc des survivants qui vivent maintenant en bande et doivent tout réinventer autour de cette centrale d'où est venue la mutation, car la civilisation n'est plus ce qu'elle fut.


Mais, en même temps, il reste des bribes de notre civilisation chez ces humains postcatastrophes, d'où la critique finale de la société de consommation et néolibérale, ce que j'ai vu vers la fin avec ces « lignes » de la culture populaire, télévisuelle et publicitaire récupérées et déconstruites pour les exorciser!


La société est à refaire sur de nouvelles bases! Cela va dans le sens des mouvements populaires comme « OccupyWall Street » (1), les indignés (2) et leurs émules! Même le langage est ici un nouvel amalgame de bribes anciennes qui se refait :


« ‘ twas brillig, and the slithy toves

Did gyre and gimble in the wabe

All mimsy were the borogoves,

And the mome raths outgrabe. » (3)


Ou, en français :


« I’ f’sait luminance que les torveux supatins

Joubilaient et dourlaient dans la phonée.

Les cochodins ‘ta tout roséeux,

Les siffleux engrabugés. » (4)


Promiscuité ou suite d'une catastrophe nucléaire? Amour/haine; tendresse/violence; vie plate et choses inavouables du quotidien; tout est dans tout! Si simplement, comme le dit la présentation :


« En une quinzaine de tableaux d’une exposition, sept corps – Belle pitoune, Pédé, Jeune fille anorexique, Gros épais, Mal baisée, Beau Brummell et Carrosserie basse – donnent à voir le cycle de leur guérison. » (5)


Bref, le spectateur a le choix d'y voir une suite de tableaux ou de se faire son cinéma (6), car le mime permet la créativité (interprétation) du récepteur. Autre interprétation possible qui m'est passée par la tête, car deux mimes ont leurs souliers alors que les autres sont nus pieds : ce sont leurs démons intérieurs! C'est là toute l'intelligence du mime, mais aussi toute sa difficulté pour ceux qui sont habitués de consommer de la culture toute faite! En ça, on peut aussi y voir une critique d'une certaine forme de télévision!


Notes


1. http://occupywallst.org/


2. http://fr.wikipedia.org/wiki/Mouvement_des_Indignés


3. Tiré de « The jabberwocky » by Lewis Carroll, nous dit le dossier de presse.


« "Jabberwocky" is a nonsense verse poem written by Lewis Carroll in his 1872 novel Through the Looking-Glass, and What Alice Found There, a sequel to Alice's Adventures in Wonderland. The book tells of Alice's adventures within the back-to-front world of a looking glass. » (http://en.wikipedia.org/wiki/Jabberwocky)


4. Traduit en français par Jean Asselin. In dossier de presse!


5. Ce texte est tiré de la présentation officielle que nous reproduisons avant notre commentaire. La source est évidemment www.espacelibre.qc.ca/jabbarnack.


6. Concernant cette expression :


- Fantasmer sur une situation;

- Rêver;

- Se faire des films.


Source : http://fr.wiktionary.org/wiki/se_faire_son_cinéma




De bon matin, un film de Jean-Marc Moutout


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 14 no 3, Textes ciné et culture : www.societascriticus.com


« Lundi matin, Paul Wertret, cinquante ans, se rend à la Banque Internationale de Commerce et de Financement, où il est chargé d’affaires. Il arrive, comme à son habitude, à huit heures. Il s’introduit dans une salle de réunion, sort un révolver et abat deux de ses supérieurs. Puis il s’enferme dans son bureau. Dans l’attente des forces de l’ordre, cet homme, jusque-là sans histoire, revoit des pans de sa vie et les évènements qui l’ont conduit à commettre son acte. » (Communiqué du 2 mars – FunFilm Distribution)


Mettant en vedette Jean-Pierre Darroussin, Valérie Dréville et Xavier Beauvois, il s’agit du quatrième long métrage de Radu Jean-Marc Moutout. Si le coup de génie du film ne provenait que de voir Daroussin jouer les « méchants », De Bon Matin serait déjà suffisamment surprenant. En fait, Moutout lui offre un des plus grands rôles de sa carrière, permettant à Darroussin d’aiguiser son jeu tout en finesse et en zone d’ombre. Un descente dans les enfers ordinaires du monde corporatif.


Commentaires de Michel Handfield (2012-03-27)


La froideur du banquier, ça fait peur. Mais, quand la rationalité dérape, tout peut arriver. Ce fut le cas de la crise des subprimes : tous les moyens sont acceptables pour la profitabilité! Mais, au prix de drames humains au-dessus desquels sont les artisans de cette crise. N'ont-ils pas des primes sur les transactions, qu'elles soient à la hausse ou à la baisse?


À l'interne, ça joue dur aussi : on ne promeut pas les prudents, mais bien les téméraires qui y vont pour les chiffres. Le supérieur de Paul à la Banque Internationale de Commerce et de Financement fut d'ailleurs nommé pour les résultats; uniquement les résultats! Et, il ne faut surtout pas le dire, car ça peut nuire au climat, voire à la Banque! Il faut rester confiant et solidaire de l'entreprise. Les lucides, on n'en veut pas, sauf pour des discours moralisateurs en politique si cela fait l'affaire des entreprises et des banques! C'est que l'État doit revoir ses pratiques, mais pas les entreprises ni les banques! Pour eux, c'est le sacrosaint marché qui décide, donc eux entre eux, ce petit groupe élu de financiers! Et s'ils se trompent, l'État viendra à leur secours. On l'a vu dans les nouvelles. Là, on pénètre dans ce monde.


Alors, un lucide, enfermé, qui se sent piégé par un système en lequel il croyait peut rationnellement vouloir éradiquer le mal! D'abord, il proteste. Mais, on le punit. C'est ainsi qu'on lui enlève la responsabilité des comptes aux collectivités par un simple courriel! Il faut tout accepter, car ce serait un acte contre les patrons sans cela. C'est la hiérarchie qui a toujours raison, tout le contraire de ce que l'on dit au petit personnel : le client a toujours raison! De quoi se sentir pris entre l'arbre et l'écorce : ne pouvoir rien faire, rien dire et toujours être le coupable, c'est-à-dire celui qui paie pour les autres! Critiqué par le client qui le sait et puni par la hiérarchie qui ne prend pas ses responsabilités et encore moins ses torts. Du jour au lendemain vous ne valez plus rien! Le système détruit ses gens.


Mais, Paul le prendra autrement, très personnel, et décidera de liquider le problème : les têtes qui suivent le vent et ne prennent pas les décisions qui s'imposent. Il ne sera pas seul à payer de sa vie de la dépression dans laquelle le système l'a plongé.


Un bon film pour voir ce qu'est le burnout et la dépression professionnelle; ses causes et ses effets. On la met souvent sur le dos de la personne en disant qu'elle était faible, mais si, au contraire, c'est qu'elle était forte, mais la seule à se battre contre une organisation qui devient injuste?! Alors, laissée à elle-même, elle dérape. Un film qui devrait être présenté dans les écoles de gestion, de relations industrielles et de droit!



Bande-annonce sur You Tube : www.youtube.com/watch?v=RPEIBl9aFI0



Le roi Lear et Gallimard, le roi lire!


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 14 no 3, Textes ciné et culture : www.societascriticus.com


Commentaires de Michel Handfield (2012-03-23)


Ce titre peut vous paraitre étrange, mais il s'explique aisément. Vendredi soir dernier (2012 03 16) j'ai vu « Denis Marleau raconte l'histoire du roi Lear de Shakespeare » au TNM (1) et le lendemain matin Gallimard, le roi lire dans le cade de la compétition officielle du Festival International du Film sur l'Art (2). Alors, comment ne pas parler des deux?


La famille et l'État, des lieux de conflits et de pouvoirs; de justice et d'injustices; de sincérité et d'hypocrisie; de jalousie et de manipulation! Les parallèles sont flagrants dans le roi Lear au TNM (3), où l'honnêteté et la franchise passent parfois derrière la flatterie et les mauvaises intentions bien enrobées! On peut facilement berner un paternel trop aimant! Gonèrille et Régane, les deux filles perfides du roi Lear, le feront avec toute l'hypocrisie qu'il faut! La pièce tourne d'ailleurs autour d'elles et de leur père; leur autre sœur, Cordelia, trop franche, étant rapidement écartée par un roi qui ne cherchait que les hommages! Il en paiera d'ailleurs le prix. Quant à Cordelia, elle reviendra cependant trop tard.


En parallèle, on a aussi l'histoire d'Edmond, fils illégitime du comte de Gloucester, et de son frère, Edgar, qu'il saura rendre en disgrâce aux yeux du paternel pour prendre sa place. Mais, ce ne sera là qu'un premier pas, car il voudra toute la place :


« Ainsi donc, légitime Edgar, il faut que j'aie vos biens: l'amour de notre père appartient au bâtard Edmond comme au légitime Edgar. Légitime! le beau mot! À la bonne heure, mon cher légitime; mais si cette lettre réussit et que mon invention prospère, le vil Edmond passera par-dessus la tête du légitime Edgar. — Je grandis, je prospère! Maintenant, dieux! rangez-vous du parti des bâtards. » (Edmond. Scène II)


Les deux Filles du roi, elles, n'ont qu'un objectif : dépouiller le père de son vivant! Ils en feront l'ombre de lui-même : un roi nu! Ici, le décor pourrait s'apparenter à un hospice que le vieux roi, dépouillés et laissé pour sénile par ses deux filles chéries, arpente de long en large en se demandant ce qui lui est arrivé. Le décor, par son dépouillement, permet de franchir le temps et d'inscrire ce texte dans la réalité d'aujourd'hui, ce que n'aurait pas pu permettre le faste d'un château par exemple!


Pour atteindre leurs objectifs, tout est permis. Mais, il pourrait y avoir des conséquences. Edmond en est conscient, car on peut être mal intentionné et lucide à la fois. Il feindra le songe face à son frère qui le questionne sur ses pensées, mais il lui dira en fait ce qu'il voit poindre entre les deux sœurs et le résultat possible de ses propres intentions, car il voudra plus que ce que son père veut lui donner : il voudra aussi les Filles du roi!


« EDMOND. — Je rêvais, mon frère, à une prédiction que j'ai lue l'autre jour sur ce qui doit suivre ces éclipses.


EDGAR. — est-ce que vous vous inquiétez de cela?


EDMOND.— Je vous assure que les effets dont elle parle ne s'accomplissent que trop malheureusement. — Des querelles dénaturées entre les enfants et les parents, des morts, des famines, des ruptures d'anciennes amitiés, des divisions dans l'État, des menaces et des malédictions contre le roi et les nobles, des méfiances sans fondement, des amis exilés, des cohortes dispersées, des mariages rompus, et je ne sais quoi encore. » (Scène II)


Le roi Lear est un texte fort et encore vrai aujourd'hui, car il met en lumière ce qui se passe entre les Hommes, qu'ils soient d'État ou des plus humbles! Mais, pour le voir, il ne faut pas se laisser tromper par les oripeaux du Pouvoir. Alors, si royaux soient les personnages, ils sont vêtus comme nous, ce qui nous permet d'aller à l'essentiel : l'humain derrière ses titres et ses apparats. Ce dépouillement - peu de décors (on se croirait dans un hall d'hôpital ou de résidence pour personnes âgées!) et peu de costumes - met en avant toute la force du texte, car l'essentiel est ici dans les relations humaines face au vieillard, qui, de roi, est devenu dépendant! Il représentait le pouvoir absolu, il est maintenant manipulé, ignoré et maltraité. Il fut, mais il n'est plus, comme ces vieux que l'on oublie dans les auspices!


Parlant de texte, c'est là l'essence du livre, ce qui m'amène à vous parler de Gallimard, le roi lire! (4) La première question que l'on peut se poser, après avoir vu la pièce et le film, est quel rapport? C'est que Gaston Gallimard n'avait que « Claude, son fils unique. » (5) Alors, ce n'est point de ce côté qu'est la réponse. Simple jeu de mots pourrait-on croire. Mais, il y a plus.


S'il y a un parallèle à faire, il est dans l'entourage de la maison, car si on considère les écrivains comme ses enfants spirituels, ils ne vouent pas tous le même respect au père et ne sont pas nécessairement en amour les uns avec les autres! Comme pour les Filles du roi Lear ou les fils du comte de Gloucester, il y a des différends et des coups bas entre ces gens! Mais, à la différence du roi Lear, Gaston Gallimard n'a pas abdiqué et sait départager les uns et les autres. Il saura même tirer le meilleur de ces égos disparates et opposés pour le bien de la nrf, qui deviendra plus tard Gallimard.


Gaston, c'était « un homme d'affaires qui avait passé un pacte avec l'esprit » comme on le dit si bien dans ce film. Il savait regrouper des écrivains de talents, disparates et parfois en conflit sans perdre le contrôle, contrairement au roi Lear. Il savait même en tirer profit. Quant à ceux qu'il aura échappés, il saura les reprendre en achetant des maisons d'édition concurrentes! Cela n'a pas vraiment changé, car on parle maintenant de l'achat possible de Flammarion par Gallimard! (6)


À la différence du roi Lear, le roi du livre aura su faire un succès de son histoire et sa suite la continuera 100 ans après, car ce film souligne la fondation de la maison, sous le nom de la nouvelle Revue française ou nrf, en 1911! C'était alors une histoire de jeunes amis passionnés : Gaston Gallimard, André Gide, Jacques Rivière. C'est maintenant l'histoire d'une maison établie. C'est dire que cette association d'amis des débuts est devenue plus grande que la somme des parties, car Gallimard c'est une institution!


En conclusion, où la pièce et le film se rejoignent le plus, c'est dans la finalité de l'écriture, car elle témoigne de la vie, que ce soit de façon plus ou moins réaliste ou plus ou moins symbolique! On écrit la vie même si on ne la décrit pas toujours à la façon d'un portraitiste! Ainsi certaines œuvres sont plus figuratives et photographiques, comme La condition ouvrière (7), alors que d'autres sont plus symboliques ou mythologiques, comme l’histoire du corbeau et Monsieur McGinty! (8) Mais, quoi qu'il en soit, elles sont toutes des témoignages! Comme le théâtre de Sheakspeare le fut autrefois et le cinéma l'est aujourd'hui. On ne peut mieux conclure un texte qui parle de théâtre, de livre et d'un film documentaire. La boucle est bouclée!


Notes


1. www.tnm.qc.ca. La photo, réalisée par Jean-François Gratton, est extraite du communiqué de presse.


2. www.artfifa.com


3. http://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Roi_Lear. Le texte intégral se trouve sur projet Gutemberg : www.gutenberg.org/ebooks/18312. Les citations viennent d'ailleurs de là.


4. La photo est de moi, faite dans ma bibliothèque pour ce texte. On y voit, sur la tablette supérieure, les livres suivants :


- Pennac, Daniel, 2007, Chagrin d'école, France: Gallimard nrf, Coll. blanche;

- Legros, Dominique, 2003, L’histoire du corbeau et Monsieur McGinty, France : nrf Gallimard/L’aube des peuples;

- Cioran, 1995, Oeuvres, France : Quarto Gallimard.


Sur la tablette inférieure, à part mon radio à ondes courtes, pour donner un cachet d'époque, on voit les livres suivants :


-Friedmann, Georges, 1964, Le travail en miettes, France: Gallimard, coll. Idées;

-Friedmann, Georges, 1963, 1970, Où va le travail humain?, France: Gallimard, coll. Idée;

-Weil, Simone, 1969, La condition ouvrière, [textes écrits entre 1934 et 1942], France: Gallimard, coll. Idées ;


et, à plat sur cette tablette :


- Proudhon, 1967, Oeuvres choisies, France: Gallimard, coll. Idées;

- Guérin, Daniel, 1965, L'anarchisme, France, Gallimard, coll. Idées;

- Aron, Raymond, 1962, dix-huit leçons sur la société industrielle, idées nrf.


5. GALLIMARD GASTON (1881-1975), in l'encyclopedia universalis : www.universalis.fr/encyclopedie/gaston-gallimard/


6. Marco Mosca, Gallimard : « il y a un juste prix pour Flammarion », in challenges.fr, 15-03-2012 :

www.challenges.fr/entreprise/20120315.CHA4376/gallimard-il-y-a-un-juste-prix-pour-flammarion.html


7. Weil, Simone, 1969, La condition ouvrière, France: Gallimard, coll. Idées.


8. Dans ce cas je pense à Legros, Dominique, 2003, L’histoire du corbeau et Monsieur McGinty, France : nrf Gallimard/L’aube des peuples. « L'approche appartient à ce que l'on nomme la nouvelle ethnographie. » (p. 8) Elle rapporte la création du monde telle que racontée par un Indien athapascan tutchone du Yukon. (Arrière de couverture)


Annexes


Le roi Lear (TNM)


Le roi Lear a trois filles. Ayant décidé de renoncer à son pouvoir, ce monarque vieillissant entend les récompenser au mérite de leur amour. Aux deux ainées, qui rivalisent de flatteries hypocrites, il remet à chacune la moitié du royaume, tandis qu’il chasse, dans un mouvement de colère, la cadette Cordelia, trop franche.

Le même sort est réservé à l’honnête comte de Kent, qui prend sa défense. Mais l’attitude irrespectueuse des deux héritières montre bientôt au roi son erreur. Par une nuit d’effroyable tempête, un Lear désespéré jusqu’à l’égarement se retrouve dans un no man’s land, dépouillé de tout, et d’abord de sa raison. Voici le souverain abandonné de tous, sauf par deux faux fous : le loyal Kent, déguisé

en bouffon du roi afin d’accompagner son souverain, et Tom, alias Edgar, qui joue les mendiants déments depuis que son frère Edmond l’a trahi, le calomniant auprès d’un père dupe, le comte de Gloucester. Celui-ci paiera lui-même très cher son manque de discernement face à ses fils : on lui arrache les yeux, punition pour sa fidélité à Lear au sein d’un royaume se préparant à la guerre. Cordelia revient en effet secourir son père, soutenue par l’armée du roi de France, son époux. Mais rien ne pourra sauver ce monde en décomposition, livré à une brutalité barbare. Dans cette tragédie de l’aveuglement paternel et de l’ingratitude filiale, Shakespeare expose avec une force terrible la chute radicale d’un homme puissant qui se retrouve dénudé jusqu’à sa condition humaine

première : la souffrance. (Marie Labrecque)


Avec :

Jean-François Blanchard : OSWALD

David Boutin : EDMOND

Jean-François Casabonne : le COMTE DE KENT

Denis Gravereaux : le DUC D’ALBANY

Bruno Marcil : le DUC DE CORNOUAILLES

Pascale Montpetit : GONORIL

Vincent-Guillaume Otis : EDGAR

Gilles Renaud : LEAR

Evelyne Rompré : CORDELIA

Paul Savoie : le COMTE DE GLOUCESTER

Marie-Hélène Thibault : REGAN

Jean-Louis Roux LE PASSEUR, mais ce rôle sera tenu tour à tour par d’immenses acteurs ou actrices : René Caron, Edgar Fruitier, Gabriel Gascon, Benoît Girard, Françoise Graton, Monique Joly, Andrée Lachapelle, Monique Lepage, Monique Leyrac, Monique Mercure, Gilles Pelletier, Béatrice Picard, Gérard Poirier, Kim Yaroshevskaya



GALLIMARD, LE ROI LIRE (Compétition)

FRANCE / 2011 / COULEUR, N. ET B. / 93 MIN / FRANÇAIS, ANGLAIS, S.-T. FRANÇAIS


En 1911, de jeunes passionnés (Gaston Gallimard, André Gide, Jacques Rivière...) décident de fonder leur maison d’édition. Dès les débuts, Gallimard et Rivière font preuve d’une grande intuition, malgré certains faux pas, comme le refus d’éditer le premier roman de Proust, Du côté de chez Swann, paru chez Grasset en 1913. Il faudra alors tout le doigté de Gaston Gallimard pour rattraper l’auteur d’À la recherche du temps perdu. Dans les décennies suivantes, la maison édite la plupart des écrivains qui ont marqué la littérature française du XXe siècle : Céline, Malraux, Claudel, Camus, Sartre, Genet...


Gallimard devient une machine commerciale bien huilée, qui réalise près de 3 millions d’euros de chiffre d’affaires et possède le catalogue le plus prestigieux de la profession. De la Première Guerre mondiale à aujourd’hui, ce film propose une traversée du siècle dans le sillage des plus grands noms de la littérature à partir d’archives, de lectures de textes et de nombreuses correspondances ainsi que de témoignages d’écrivains et des héritiers de Gallimard.


Biographie


D’abord reporter-photographe à l’Agence Gamma, puis à l’Agence Sygma, William Karel, né en Tunisie, bifurque vers la réalisation de documentaires à caractère historique et politique diffusés sur ARTE, France 2 et France 3.


Filmographie


Sartre-Aron : 5 ans d’histoires (1993) ; John F. Kennedy, les brûlures de l’Histoire (1993) ; Albert Cohen, Primo Levi et D. H. Lawrence, série Un siècle d’écrivains (1995-1998) ; Les hommes de la Maison Blanche (2) ; Opération lune (22) ; Joann Sfar et associés (24), 23e FIFA ; Le monde selon Bush (24) ; Mais qui a tué Maggie ? (28) ; Philip Roth sans complexe (211), 3e FIFA.


Réalisation : William Karel

Image : François Reumont, Steven Gruen

Son : Tito de Pinho, Carrère, Ali Benmoussa, Christian Estève-Valle

Montage : Stephanie Mahet

Narration : Mathieu Amalric, Michel Aumont, Nicolas Planchais, Véronique Rivière-Tartakovski, Aspiciendo Senescis

Participation : Jean-Marie G. Le Clézio, Patrick Modiano, Annie Ernaux, Roger Grenier, Milan Kundera, Philippe Sollers, Pierre Nora, Alban Cerisier, Pierre Assouline, Robert Gallimard, Antoine Gallimard

Producteur(s) : Martine Boutang, Christian Boutang

Production : ARTE France/Films du Bouloi/INA

Distribution : Poorhouse International



Polisse

http://polisse-lefilm.com/


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 14 no 3, Textes ciné et culture : www.societascriticus.com


POLISSE est un drame social décrivant le quotidien des membres de la Brigade de Protection des Mineurs, attachée à la Police parisienne, alors qu’ils font face au stress de leur travail et aux inévitables répercussions sur leur vie privée – dépressions, divorces, relations adultères.


Prix du jury au dernier Festival de Cannes, POLISSE a secoué les spectateurs par son réalisme. Oeuvre complexe, poignante et captivante, le dernier né de la réalisatrice Maïwenn cultive l’imprévisible dans un style proche du cinéma-vérité et de Maurice Pialat.


Commentaires de Michel Handfield (2012-03-15)


Film intéressant, mais pas facile vu le sujet, car la Brigade de Protection des Mineurs fait autant dans le travail social que policier. Cela va de la femme avec enfant qui dort dans la rue aux atteintes sexuelles, souvent faite en toute connaissance de cause, mais parfois faite avec une naïveté déconcertante comme pour cette mère qui « branle » son fils, car ça l'endort! C'en est même triste de la voir toute surprise d'apprendre que ça ne se fait pas.


Je dédie ce film à la juge Andrée Ruffo qui avait parfois des positions peu orthodoxes pour défendre les enfants, mais qui, malgré quelques erreurs de parcours, a toujours eu un idéal très haut sur ce point!


Enfin, ce film donne le gout de cogner sur le bureau, car la hiérarchie est souvent à désespérer pour ceux qui veulent que les choses bougent! Mais, la bureaucratie doit suivre son rythme, généralement exaspérant pour les gens d'action!



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