Societas Criticus, Revue de critique sociale et politique


On n'est pas vache…on est critique!


D.I. revue d’actualité et de culture

Où la culture nous émeut!


Regard sur le Monde d'une perspective montréalaise!

On est sceptique, cynique, ironique et documenté!


Revues en ligne, version archive pour bibliothèques

Vol. 19 03, du 2017-02-21 au 2017-03-06.


Depuis 1999!













www.societascriticus.com

Cette revue est éditée à compte d'auteurs.


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C.P. 73580

Succ. Parc octogonal

Montréal H2A 3P9


Le Noyau!


Michel Handfield, M.Sc. Sociologie (U de M), cofondateur et éditeur;

Gaétan Chênevert, M.Sc. (U de Sherbrooke), cofondateur et pensif de service;

Luc Chaput, diplômé de l'Institut d'Études Politiques de Paris, recherche et support documentaire.

Sylvie Dupont, lectrice et correctrice d'épreuves.


ISSN : 1701-7696


Soumission de texte: societascriticus@yahoo.ca. Si votre texte est en pièce jointe, le sauvegarder sans les notes automatiques.


Note de la rédaction



Nous avons placé notre correcteur à « graphie rectifiée » de façon à promouvoir la nouvelle orthographe: www.orthographe-recommandee.info/. Il est presque sûr que certaines citations et références sont modifiées en fonction de l’orthographe révisée sans que nous nous en rendions compte vu certains automatismes parfois, comme de corriger tous les mots identiques! Ce n'est pas un sacrilège que de relire les classiques du français en français moderne. On n'y comprendrait parfois peu si on les avait laissés dans la langue du XVIe siècle par exemple. L'important est de ne pas trafiquer les idées ou le sens des citations, ce que n'implique généralement pas la révision ou le rafraichissement orthographique de notre point de vue.


Les paragraphes sont justifiés pour favoriser la compatibilité des différents formats que nous offrons aux bibliothèques (collection.nlc-bnc.ca/100/201/300/societas_criticus; collections.banq.qc.ca/ark:/52327/61248) avec différents appareils. Ceci favorise aussi la consultation du site sur portables.


« Work in progress » et longueur des numéros (2013-06-18)


Comme il y a un délai entre la mise en ligne et la production du pour bibliothèques, il se peut que quelques fautes d’orthographe, de ponctuation ou de graphie aient été corrigées, mais le texte n’est pas changé à quelques virgules près! On a beau lire un texte plus d'une fois, quand on vient de l’écrire on ne voit pas toujours certaines coquilles. On peut cependant les voir en préparant ce n°.


La longueur des varie en fonction des textes que nous voulons regrouper, par exemple pour un festival de films. Si nous visons les 30 pages pour des raisons de lecture, notamment sur téléphone intelligent, certains peuvent en avoir plus ou moins pour des raisons techniques, comme de le terminer avant le début d'un festival ou de regrouper tous les textes sur un même sujet. Renseignements pris, la question de la taille à respecter pour envoyer un aux bibliothèques est beaucoup plus grande qu'avant. Cette limitation ne se pose donc plus pour nous.




Index


Societas Criticus, revue de critique sociale et politique

Essais


- TONI ERDMANN (Film) et Le progrès sans le peuple (Livre)

- Croyances et droits


Les meilleures lignes de Societas Criticus en direct


- Nos brèves du 2017-02-15 au 2017-03-06 /Vol. 19 No. 03 (en version corrigée et, parfois, augmentée) (avec index des textes)


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d’actualité et de culture


Avis


Commentaires livresques: sous la jaquette!


TONI ERDMANN (Film) et Le progrès sans le peuple (Livre) (Dans la section Essais)

DI a vu! - ciné, théâtre, expositions et quelques annonces d’évènements (avec index)


- Idiot (Danse)

- ANIMAL TRISTE (Danse)

- I Am Not Your Negro

- Dans la tête de Proust (Théâtre)




Societas Criticus, revue de critique sociale et politique



Index



Essais



TONI ERDMANN (Film) et Le progrès sans le peuple (Livre)


Societas Criticus, revue de critique sociale et politique, Vol. 19 no 03 , Essais : www.societascriticus.com



1. TONI ERDMANN (Film)


SÉLECTIONNÉ AUX OSCARS ET AUX CÉSAR

ALLEMAGNE/ 162 MINUTES (source : Festival du Nouveau Cinéma)



Montréal, 2 février 2017 – Métropole Films est heureuse d’annoncer la sortie du film TONI ERDMANN de Maren Ade (Everyone Else, The Forest for the Trees) le vendredi 17 février. Lancé sur la Croisette en mai dernier, ce troisième long métrage de la cinéaste est devenu une véritable sensation sur la scène internationale en remportant, entre autres, le Prix FIPRESCI de la critique internationale à Cannes ainsi que plusieurs honneurs aux Prix du cinéma européen (Meilleur film, réalisateur, scénario, acteur et actrice). Nommé aux César, aux BAFTA Awards, aux Golden Globes ainsi qu’aux Oscars dans la section du meilleur film étranger, TONI ERDMANN a réussi un véritable tour de force en obtenant une sélection dans ces quatre évènements prestigieux.


Quand Ines, femme d’affaires d’une grande société allemande basée à Bucarest, voit son père débarquer sans prévenir, elle ne cache pas son exaspération. Sa vie parfaitement organisée ne souffre pas le moindre désordre, mais lorsque son père lui pose la question « es-tu heureuse? », son incapacité à répondre est le début d'un bouleversement profond. Ce père encombrant et dont elle a honte fait tout pour l'aider à retrouver un sens à sa vie en s’inventant un personnage: le facétieux Toni Erdmann.

Mettant en vedette l’actrice allemande Sandra Hüller (Requiem) et l’acteur autrichien Peter Simonischek (October November), le film aborde la relation compliquée entre un père et sa fille. Ces deux personnages aux personnalités bien opposées sont au cœur d’un film qui allie humour grinçant, affection malaisée et réalisme social. Rappelons que le film avait fait sensation ici à Montréal en remportant la Louve d’or du meilleur long métrage au Festival du nouveau cinéma, ainsi que le prix de l’interprétation pour Peter Simonischek.


2. Le Progrès sans le peuple (Livre)


Reçu le 2016-06-03 : David Noble, 2016, Le Progrès sans le peuple. Ce que les nouvelles technologies font au travail, Marseille : Agone (http://agone.org), ISBN : 9782748902709, Format papier, 240 pages (12x21) 20.00 €


Édition originale : Progress Without People. New Technology, Unemployment and the Message of Resistance, Between The Lines, Toronto (Canada), [1993] 1995


Traduit de l’anglais par Célia Izoard




« Avant toute chose, les nouvelles technologies ont servi aux patrons à licencier leurs employés, à réduire leurs couts de main-d’œuvre, à délocaliser. De l’usine à l’exploitation agricole, de la raffinerie aux bureaux, aucune profession n’a échappé à l’offensive. Pourtant, toujours pas de révolte, d’exigence de protection, de résistance.


« Quel contraste avec la première révolution industrielle, qui a terrassé un nombre incalculable de personnes, mais suscita une résistance farouche et finit par déboucher sur le mouvement ouvrier et son corolaire, la législation sociale progressiste.


« Aujourd’hui, ces acquis ne cessent de s’éroder à mesure que les syndicats s’affaiblissent et que les programmes sociaux destinés à nous protéger des violences du marché sont démantelés. Pourquoi une telle passivité ? Pourquoi une telle déférence pour le marché, une telle révérence pour la technologie ?


« Ce qui nous paralyse, ce sont notamment les concepts dont nous avons hérité, comme celui d’un progrès technologique nécessaire et bénéfique ; et l’idée que la compétitivité, fondée sur ces technologies, serait la voie la plus sûre vers la prospérité et le bien-être. »



Rassemblant des conférences tenues par David Noble sur les conséquences sociales des technologies, en particulier sur la façon dont elles ont servi au patronat pour saper le savoir-faire technique et la capacité d’action des travailleurs, ce livre mène ce que l’auteur appelle une « analyse de classe des technologies » en reliant la première révolution industrielle et la première vague d’informatisation.


Sommaire : I. Une autre vision du progrès : défense du luddisme; II. Retour sur la question des machines; III. La technologie au présent; IV. Délires robotiques, ou l’Histoire non automatique de l’autonomisation; V. Le progrès social revisité; Postface. Auditions sur la politique industrielle : déclaration au sous-comité du 98e congrès des États-Unis; Annexe I. « Mourir de faim au paradis » avec les nouvelles technologies; Annexe II. Lord Byron défenseur des luddites; Annexe III. Lettre de Robert Wiener, fondateur de la cybernétique, à Walter Reuther, président du syndicat des ouvriers de l’automobile américain.


Historien des sciences et des technologies, David F. Noble (1945-2010) travaille d’abord comme biochimiste, puis enseigne au Massachusets Institute of Technology, dont il fut renvoyé à cause de ses positions politiques. Il s’associe à Ralph Nader pour créer la National Coalition for the Universities in the Public Interest (1983), destinée à faire pression sur les administrations des universités nouant des partenariats avec l’industrie. Employé par la Smithsonian Institution (Washington), il est licencié après avoir organisé une exposition sur le « délire robotique ». Il émigre alors au Canada. En 1998, David Noble reçoit le prix Joe A. Callaway pour le courage civique, hommage à la lutte qu’il a menée pendant des décennies pour l’indépendance intellectuelle et contre la marchandisation de l’éducation.

Commentaires de Michel Handfield (2017-02-24)


Toni Erdmann, dont on a oublié le véritable nom, est un père marginal, qui essaie d’amuser les gens par des déguisements et facéties. Retraité, probablement un ancien prof de musique, il participe encore à des fêtes à l’école et donne des cours de piano. Agaçant pour les autres.


Quand il voit sa fille Inès chez son ex-femme, c’est rapide et elle est davantage occupée à répondre à son portable. Il semble lui tomber sur les nerfs. Ça donne l’impression qu’il y a toujours eu un malaise entre les deux. Mais, il s’inquiète d’elle, car il a peu de nouvelles. Il décide d’aller la retrouver où elle vit, à Bucarest (Roumanie), alors qu’elle ne l’attendait pas.



Avec ses petits déguisements, il commence par se présenter où elle travaille. Elle l’amènera alors à une conférence importante pour elle, car il faut être vu. Dans une discussion d’affaires qui suivra, il ira jusqu’à dire « J’ai engagé une fille de substitution pour la remplacer ! »


Comme il trouve sa fille malheureuse, il décide de s’attaquer à son cas en se créant un personnage, Toni Erdmann, pour la suivre et entrer dans sa vie. On saisit très bien les différences entre eux. Pour lui, le bonheur, c’est une question de vivre ensemble et d’humanisme. Quand il lui demande« es-tu heureuse ici? », elle lui répond « ça veut dire quoi le bonheur? »



Ines, elle, est structurée, rationnelle, voire conservatrice, et en contrôle. Consultante, elle doit expliquer au client ce qu'il veut : l’externalisation des tâches (ou délocalisation/relocalisation comme je l’écrivais dans mon mémoire de maîtrise en 1988 (1)), une décision impopulaire, mais rentable pour l’entreprise.


Leur relation m’a fait penser à celle entre Rémi (Rémy Girard) et Sébastien (Stéphane Rousseau) dans Les invasions barbares; cette différence entre ces deux générations face au temps de vivre. Les pères semblent plus « cools » alors que les enfants sont à la recherche de la productivité et de l’argent, les lendemains n’étant plus assurés comme dans le temps de leurs ainés.


Comme le dit David Noble, dans « Le Progrès sans le peuple » (Agone, 2016), avec la montée des technologies a baissé le filet social, comme si les gains d’un côté amenaient une perte de l’autre. Le partage, même inégal, n’existe plus. Avant l’on disait que si les riches s’enrichissent, les pauvres vont en bénéficier. C’est une loi de moins en moins vraie aujourd’hui.



Chaque minute compte et doit être productive. Tellement peu de temps de se remettre que la machine risque d’être brulée avant 50 ans. Il faut même que leur vie privée entre dans les cases libres du travail.



Quand on les suit dans son travail, car elle amène son père avec elle, puisqu’il ne lui en laisse pas le choix, allant même jusqu’à la menotter pour lui faire une farce, mais il ne trouve plus la clé, on entre alors dans « Le Progrès sans le peuple » qui traite de ces sujets sur lesquels elle travaille : rationalisation du personnel, délocalisation et automatisation !



Si on dit que le Produit intérieur brut augmente avec le libre échange et le remplacement de la main-d’œuvre par les nouvelles technologies de production, ça ne parle pas de la répartition cependant. Alors, si le pactole s’accroit, mais reste dans les mains de quelques-uns, la majorité peut s’appauvrir en même temps. C’est ce qui explique que ces approches sont souvent défendues par les entreprises, mais rejetées par les syndicats, car les chiffres cachent la vérité. C’est d’ailleurs pour cela que ce sont souvent des consultants comme Ines qui font ce travail, façon pour le patron de se dédouaner et de dire qu’il n’avait pas le choix, car la banque pouvait décider de fermer l’entreprise si on continuait sans tenir compte des conclusions des spécialistes et consultant(e)s, l’entreprise étant devenue non concurrentielle à court ou moyen-terme. Bref, il pourra toujours dire qu’il aura quand même travaillé fort pour sauver le plus de postes possible dans le contexte actuel. Il pourra même dire qu’on est chanceux de ne pas avoir dû délocaliser toute la production grâce aux nouvelles technologies qui accroissent la productivité !


C’est là un mantra fréquent, mais qui n’est pas prouvé comme le montre David Noble dans son livre. À force de le répéter, il semble cependant être devenu si vrai qu’on ne parle même plus des emplois perdus, comme s’ils ne comptaient pas, mais des seuls emplois sauvés ! Et, qui parle des fermetures plus ou moins longues des entreprises pour cause de surproduction et des pertes qu’elles entrainent? C’est là un effet contreproductif de cette productivité que l’on nous vante, mais que l’on passe sous le tapis !


Même si on a mis Marx de côté, les classes sociales sont toujours là. Mais on ne parle plus de deux classes minoritaires, les riches et les pauvres, avec l’énorme tampon que constituait la classe moyenne autrefois. On parle maintenant d’hyper riches d’un côté (le 1%) et d’un groupe s’appauvrissant, les 99% restants, de l’autre. Dans le monde réel, on trouve les sans-emplois, ouvriers, fonctionnaires, cols blancs et travailleurs des services qui se battent entre eux pour conserver les acquis qui leur restent. Pendant qu’ils sont en concurrence, les 1% et leurs serviteurs -les patrons du Fortune 500; politiciens au pouvoir et leur personnel politique et diplomatique, dont les dépenses sont payées par leurs organisations pour servir le 1%; et les hauts gradés du complexe militaire qui vivent dans une bulle et à l’abri au nom de leur importance stratégique - sont tranquilles pour faire leurs affaires. Et, si on les questionne sur leurs décisions, ils répondent que c’est le contexte mondial qui les a obligés à prendre ces décisions difficiles pour les autres. Mais, ce contexte mondial, ne sont-ils pas là pour le règlementer justement? Qu’ont fait les organismes qu’ils ont mis sur pied pour le faire? En fait, tout le contraire : ils l’ont dérèglementé, soi-disant que l’autorégulation était la meilleure règlementation ! C’est comme donner les clés du coffre-fort au voleur qui le regarde.



Tout ça, ça se discute entre quelques personnes, froides et rationnelles, dans des lieux chics sur la planète. On le voit dans le film, car Ines en est. Son père, lui, est du 99%. Mais, on peut aussi le lire dans « Le Progrès sans le peuple », car c’est le sujet de ce livre. Bref, les deux font une paire et il n’y avait pas meilleure place pour en parler. Merci Toni Erdmann d’avoir rendu ce livre de David Noble vivant.


Les relations humaines.


On est aussi témoin du côté macho de la business qui fait que discuter avec une femme semble difficile. Quand son père est là, même s’il déconne, on lui parle davantage qu’à sa fille qui est la spécialiste. Mais, cela l’incitera à la suivre encore davantage et à aller trop loin avec son personnage parfois. Mais, il y aura toujours des évènements qui ramèneront les choses. On tire juste assez l’élastique pour ne pas tomber dans le burlesque et rester intéressant près de trois heures de temps.


Conclusion


Il va s’en dire que j’ai aimé ce film, car je l’ai vu une première fois au Festival du Nouveau Cinéma, mais je n’avais pas écrit, car je n’avais pas pris de notes, assis avec le public. Je l’ai donc vu une seconde fois en visionnement de presse pour enfin prendre des notes. Et le parallèle s’est fait avec le livre dans ma tête.


Ce que ce père ne peut dire à sa fille et qu’il essaie de lui faire comprendre en se créant un personnage, David Noble aurait pu lui dire dans des mots qu’elle aurait sans doute compris, car il a écrit dans « Le Progrès sans le peuple » que…


« La politique industrielle est avant tout une politique sociale : ses critères de réussite ne devraient pas être le degré de compétitivité industrielle, le nombre de machines ou le retour sur investissement mais plutôt le niveau de satisfaction de nos citoyens. » (p. 199)



Avec les avancées de l’intelligence artificielle, où l’humain est de moins en moins nécessaire à la production; où il est parfois même une nuisance; mais, où on a besoin de consommateurs, est-on rendu au revenu de citoyenneté; à une taxation sur la création de la valeur; et à la taxe Tobin sur les échanges des flux financiers internationaux plutôt que sur l’impôt sur les revenus personnels que l’on connait depuis un siècle? Bref, un nouveau paradigme pour le XXIe siècle est-il nécessaire?



Le socialisme, stade suprême du capitalisme !


Faudrait-il relire Marx, car on l’a peut-être mal compris. Son État-modèle n’était pas la Russie, mais l’Allemagne, faut-il le dire, car il était allemand. Comme ce film, Toni Erdmann, d’ailleurs. Et, il a aussi écrit une grande partie de son œuvre en Angleterre, ce qui l’a aussi marqué. Le Marx réel et le Marx présenté par les idéologues conservateurs et affairistes de droite ne sont certainement pas les mêmes. À ce sujet, il faut lire l’excellente biographie qu’en a faite Jacques Attali en 2005, Karl Marx ou l'esprit du monde, pour mieux le comprendre. (2) Plus visionnaire qu’on ne le croit. D’actualité aussi.



Postscriptum


Inès a son père : « Je peux prédire les conséquences et les couts économiques pour tous les gestes. Ta mentalité d'écolo ne nous mènera pas loin. »


C’est là une phrase-choc du film, car criante de vérité. On nous parle sans cesse d’environnement, mais on continue à investir dans la recherche de pétrole à bon marché, comme les gaz de schistes, et on n’investit jamais dans les mêmes proportions dans les transports en commun et alternatifs que ce qu’on investit dans les transports traditionnels, dont les scientifiques ne cessent pourtant de nous avertir qu’ils sont dommageables à l’environnement. C’est comme si les alertes étaient ignorées avec élégance par le Politique et le monde des affaires. Ils sont naturellement suivis par une majorité de la population qui carbure au markéting.


Un exemple :


« Dans les conférences des Nations unies sur le climat, un acteur se fait de plus en plus présent : les compagnies d'assurance. C'est que les effets du réchauffement les préoccupent au plus haut point. Pas tant pour des raisons écologiques, mais plutôt parce que les aléas du climat menacent leur avenir économique et financier. » (3)


Mais, en même temps, les assureurs offrent des rabais si vous assurez votre auto et votre maison à la même place ! On les annonce même à la télé et sur internet :


« Combinaisons gagnantes : Assurez votre auto et votre résidence et économisez jusqu’à 25 % en plus d’obtenir des protections gratuites. » (4)



Ne devrait-ce pas plutôt être l’inverse : une diminution de prime maison si vous n’avez pas d’automobile !


Et on pourrait en trouver d’autres aberrations du genre : comme un ministre de l’environnement qui est moins important dans un gouvernement que les ministres des Transports, des Ressources naturelles et des Industries et du Commerce par exemple, alors qu’il devrait chapeauter tous ces ministères si l’environnement était vraiment une priorité. Mais, ça, c’est le discours. La réalité est tout autre. Alors, l’environnement est une priorité sans budget ni pouvoirs conséquents ! Inès a tout à fait raison quand elle dit à son père que quand ça compte, c’est économique et que l’écologie ne nous mènera pas loin. Sauf, que cette mentalité risque de nous mener droit dans un mur ! Malheureusement, c’est celle de nos gouvernements malgré tout ce qu’ils disent.


Notes


1. Michel Handfield, 1988, La Division Internationale du Travail et les Nouvelles Formes d'Organisation du Travail : une nouvelle perspective, Université de Montréal/Département de Sociologie : http://epe.lac-bac.gc.ca/100/200/300/michel_handfield/division_internationale_travail/pdf/HandfieldMLaDITetlesNFOTunenouvelleperspective.pdf


2. France : Fayard (Documents)


3. Ici.radio-canada.ca/nouvelle, Les assureurs, acteurs de la lutte contre les changements climatiques, VENDREDI 11 DÉCEMBRE 2015 : http://ici.radio-canada.ca/nouvelle/754699/compagnies-assurances-lutte-changements-climatiques-financier


4. www.promutuelassurance.ca/fr/assurance-auto. Mais, encore hier soir, le 23 février, j’ai vu à la télévision une annonce d’un autre assureur offrant des rabais si vous combinez auto et maison. Cela semble assez généralisé dans cette industrie.



Hyperliens


Bucarest : https://fr.wikipedia.org/wiki/Bucarest


Taxe Tobin: https://fr.wikipedia.org/wiki/Taxe_Tobin





Croyances et droits


Societas Criticus, revue de critique sociale et politique, Vol. 19 no 03, Essais : www.societascriticus.com



Michel Handfield, M.Sc. Sociologie / 2017-02-21 (1)



La religion, comme l'horoscope, est de l'ordre des croyances. Si je ne vais pas à la messe toutes les semaines, j'y vais quand même assez souvent, car il ne faut pas plus laisser les croyances que l'économie aux seuls gens de droite. La prière universelle chez les catholiques commence par ces mots: « Je crois en Dieu... » Un rappel que c'est d'abord et avant tout une croyance. Tant mieux si c'est vrai, mais c'est d'abord une croyance. Alors, on doit relativiser et surtout ne pas faire de guerre au nom de Dieu. Penser que c'est la vérité et vouloir l'imposer aux autres, surtout par la force et la peur, c’est donner dans l’excès. Une dérive.


Si on défend les discours religieux, il faut bien voir que chaque religion dit qu'elle représente la volonté de Dieu, voire la seule vérité, et que les autres ont tort; que la science a tort (2); et que de ne pas croire est mal. La seule place où elles sont d'accord, c'est contre ceux qui les remettent en cause, les agnostiques et les athées. C'est pour ça que j'insiste toujours sur le terme croyances religieuse, car il s'agit de croyances. Pour le Chrétien fondamentaliste, par exemple, seul le retour de Jésus-Christ compte, car il est Dieu. Les autres ne sont que de faux prophètes. (3) Et on pourrait poursuivre ainsi pour toutes les religions : elles sont mutuellement exclusives la plupart du temps tout en récupérant une part des précédentes pour se montrer dans un continuum vers la vérité absolue. (4) Ce n’est pas pour rien que le dernier en liste, Raël, dit que « les Elohim l'auraient emmené sur une planète où il aurait vu des choses prodigieuses. Il aurait, entre autres, rencontré différentes personnalités religieuses comme Bouddha, Moïse, Jésus-Christ et Mahomet, maintenus artificiellement en vie en attendant de revenir un jour sur Terre. » (5) Les musulmans, eux, avaient reconnu Jésus comme le Messie, mais pas comme Dieu en trois personnes comme pour les chrétiens. (6) C’est toujours une forme de récupération de ce qui vient avant et de sa réintégration sur la bonne voie maintenant. Une récupération idéologique des croyances anciennes dans les nouvelles pour inclure le plus grand nombre de fidèles. Le même phénomène est aussi observable dans les religions autochtones par exemple. (7) C’est pour cela que la « liberté de conscience et de religion » doit rester d’abord une liberté.




En fait, la religion ne devrait pas donner plus de droits que l'horoscope, car ce sont des croyances. Ce sont les juges et le Politique qui sont allés là pour des raisons culturelles et historiques que je comprends. Mais, ce droit doit être balisé selon moi, car il ouvre la porte à des abus sinon. Et la constitution le permet. (8)


Ce n’est pas parce que tu penses que tu as la vérité que c’est la vérité comme l’a écrit Nietzsche :


« … la croyance forte ne prouve que sa force, non la vérité de ce que l'on croit. »(9)



Sinon, ça ne peut que conduire à un affrontement entre radicaux, peu importe leur religion ou l’idéologie qu’ils défendent. Regardons les droites chrétienne, israélienne ou islamiste par exemple. Laquelle cherche la paix ou le consensus? J’ai l’impression qu’ils cherchent tous l’affrontement au nom de leurs interprétations divines qui est leur seule vérité. (10) Quand on croit marcher à côté de Dieu, peut-on s’attendre à autre chose?



Il faut aussi avoir en tête que tout ce que la constitution reconnait, à l'article 2, pour la conscience et la religion; la pensée, les croyances, les opinions, l’expression.... c’est que ce sont des libertés (11) et que la plupart d’entre elles, pensons à la liberté d’association par exemple, sont balisées. Ce n’est pas parce que la Mafia est une association qu’elle est légale. La liberté d’association n’est pas un passe-droit automatique. Il doit en être ainsi de la « liberté de conscience et de religion » selon moi. On doit se réserver un droit de juger si elles respectent le contrat social. Ce n’est pas discriminatoire, cet épouvantail que l’on sort pour faire taire les intellectuels et les opposants qui nous critiquent, comme un nouvel obscurantisme des temps modernes.


Si une organisation est criminelle, on doit pouvoir y voir même si elle se pavane sous couvert de religion. Ça ne doit pas devenir une zone hors droits où tout est permis parce qu’il s’agit de religion ou de liberté de conscience. Certains terroristes croient vraiment et sincèrement, en leur âme et conscience comme l’on-dit, agir au nom de Dieu. Le nazisme serait-il alors permis aujourd’hui parce qu’il s’agissait de religion; d’une question de foi? La question peut surprendre, mais suffit de lire le livre « Le nazisme comme religion » (12) pour comprendre que le nazisme se confond à une religion, avec le mythe du sang pur (p. 26) et la foi comme outil de contrôle ! (p. 38) Hitler se voyait même investi d’une mission divine. (p. 50) S’il s’en prend aux juifs, c’est que :



« Selon l’interprétation hitlérienne, la race juive n’a fait que tromper le monde, depuis l’aube de l’histoire, en se proclamant peuple élu. Il ne peut y en avoir qu’un : la race nordique. Le mensonge juif a empêché, à maintes reprises dans l’histoire, l’implantation triomphante du sang nordique et la réalisation de son destin providentiel. C’est ainsi que la haine viscérale de Hitler, même si elle trouva son origine dans les milieux sociaux antisémites de sa jeunesse, a vraiment pris forme devant les obstacles qu’il voyait posés au triomphe de la race germanique par le faux peuple élu. » (p. 51)


Cette haine du juif existe encore, même si elle a pris d’autres formes. Le négationnisme de la Shoah en est une forme. (13) Les Protocoles des sages de Sion (14), même si on sait que c’est un faux document, existe et circule encore par exemple. Alors, avant de donner trop de droits à ces « liberté de conscience et de religion », il faut comprendre que les principales attaques dont souffrent les religions viennent souvent des croyances et idéologies qui les concurrencent, car les religions sont, je le redis, mutuellement exclusives.


De plus, si on en fait un droit inconditionnel pour l'un, il faudrait aussi le faire pour les autres : tu as droit d'être professeur, policier, juge, etc. avec tes signes religieux (attention aux conclusions trop rapides cependant, car nous y reviendrons avec quelques nuances plus bas), alors pourquoi ne pas avoir droit d'avoir congé si ton horoscope te dit de rester à la maison pour les trois prochains jours si tu y crois sincèrement? Tu crois que ton corps doit respirer, alors tu as le droit de t’habiller léger, car qui sommes-nous pour juger de la légitimité et de la sincérité des croyances? Certains croient même que la pédophilie ne fait pas de mal – voire qu’elle fait du bien aux enfants - et la défendent publiquement ! (15) S’ils y croient sincèrement ou si une religion la reconnait, est-ce plus légitime pour autant? Sous couvert d’une religion, est-ce que ça deviendrait même juridiquement légal? La question doit se poser selon moi si la « liberté de conscience et de religion » se voit accorder des droits spécifiques. C’est notamment le cas de certaines sectes mormones fondamentalistes. (16)


De toute façon, le gouvernement n'a pas à s'occuper de vêtement selon le premier ministre Couillard. Il a même dit qu’il faut « écarter la « discrimination vestimentaire » ». (17) Ça me parait aller loin. Les nudistes viennent-ils de gagner le droit au non-vêtement comme dans Les Habits neufs de l'empereur (18)? Les prochaines années risquent d'être distrayantes si toutes les croyances se voient accorder le rang de droits. Et, si ce n'est pas le cas, pourrions-nous parler de discrimination contre certaines croyances? Au nom de la culture, on n’a plus le droit de juger et de hiérarchiser, comme si tout se vaut ! (19) C’est même l’inverse qui prend le dessus maintenant avec le populisme, où ce que pense n’importe quel ouvrier du changement climatique vaut plus que ce que dit la science par exemple. Ce renversement explique même l’élection de Trump et la montée de certains leadeurs populistes aux idées simplistes, mais facilement compréhensibles et répétables, comme des mantras, dans les classes populaires. Pas besoin de savoir lire pour les assimiler, car elles sonnent comme des « jingles » de pub et sont facilement répétables au point de devenir vraie, car portées par des masses de croyants qui ne se posent pas de questions. La politique comme la religion sont des idéologies et fonctionnent sur la répétition du message par le plus grand nombre, ce qui le rend vraisemblable.


Quant aux vêtements religieux proprement dits, n’ai-je pas dit plus haut que je reviendrais sur la question? Je suis plutôt mitigé. D’un côté, je suis pour la neutralité de l’État et le fait d’avoir un(e) fonctionnaire en vêtement religieux, ça m’interroge sur le message envoyé. Est-ce me dire « Moi, je marche dans les pas de Dieu, pas toi »; « Je me sens supérieur(e) à toi, car je suis avec Dieu »; ou « C’est ma foi la meilleure ». On pourrait même se demander si ça n’ouvre pas la porte à du recrutement pour la foi, notamment dans les écoles ou les garderies, par mimétisme. Mais, d’un autre côté, il y a des gens qui ne portent aucun signe religieux et se sentent supérieurs dans leurs têtes et peuvent être beaucoup plus manipulateurs. Pensons aux suprémacistes par exemple. C’est donc un débat fort difficile à faire et à trancher, car toutes normes iront à la fois trop loin ou pas assez loin selon le côté où l’on se trouve et laissera passer des choses que l’on ne voudrait pas dans une société juste et équitable. Mais, n’est-ce pas le risque à courir pour vivre en liberté? Un médecin peut porter la kippa. Ça en fait-il un moins bon médecin? Un membre de l’Opus Dei peut se donner des mortifications corporelles pour se rapprocher de la souffrance connue par Jésus (20) par exemple et ça ne paraitra pas sous sa toge de juge ou son uniforme de policier ! En est-il moins influencé par sa foi que celui qui porte un turban ou celle qui porte un voile? Ridicule comme comparaison? Peut-être, mais il faut pousser les raisonnements à l'extrême parfois pour en montrer les dérives possibles. C'est le principe de Némésis médicale (21) : toute chose poussée à l'extrême à l'effet contraire à celui recherché  ! Il faut aussi regarder ce qui se fait ailleurs, à la GRC par exemple, où « trois sortes de hijab ont été testés par les autorités policières au cours des derniers mois et que le hijab qui a été retenu peut s'enlever rapidement, n'est pas encombrant et ne représente donc pas un risque pour l'agente qui décidera de le porter. » (22)


En fait, les extrémistes, de droite; de gauche; politique; religieux; et économique, sont tous dangereux s'ils perdent la notion du vivre ensemble au nom de la vérité de croyances qu'ils veulent nous imposer. C’est ça qu’il faut retenir. C’est là qu’il faut agir. Reste à trouver comment et les meilleures mesures à adopter hors de la partisanerie politique parfois aveugle et électoraliste d’un côté comme de l’autre. (23) Et, au besoin, il faut parfois pouvoir revenir sur des lois au gré des évolutions de la société. C’est d’ailleurs à cela que sert la clause nonobstant de la Charte canadienne des droits et libertés et une éducation sociale, politique et scientifique neutre qui ne devrait pas être tributaire d’aucune religion et croyances peu importe celle des parents et des éducateurs.


Notes


1. Fait à partir de mes commentaires Facebook du 18 et 19 février 2017, largement augmenté et documenté ici.


2. L’Église catholique, par exemple, n’a pas toujours été tendre envers la science. On le sait. Chez les musulmans « Il ne faut donc pas comprendre le mot science en Islam comme on le comprend en Occident. Il n’existe pas de lutte ni de rivalité entre les deux. Pour les musulmans, le Coran est un livre de science et l’un des plus beaux nom de Dieu est « le Savant ». Généralement, un savant musulman ou un imam termine son propos par ces mots : « mais Dieu est plus savant ». » (CHALGHOUMI, Hassen, 2015, 100 idées reçues sur l'Islam, France : Cherche midi (www.cherche-midi.com) , Collection Documents, ISBN : 978-2-7491-4813-7, p 89)


3. « Plusieurs faux prophètes s'élèveront, et ils séduiront beaucoup de gens. » (Matthieu 24:11 : http://saintebible.com/matthew/24-11.htm)


4. Il faut aussi comprendre que les religions sont d’abord orales, ce qui facilite l’intégration des autres mythes fondateurs avant de se fixer dans un corpus écrit.


5. https://fr.wikipedia.org/wiki/Mouvement_raëlien


6. « Dans le Coran, Jésus n’est ni Dieu ni son fils. Il est le Messie, Jésus fils de Marie. C’est un prophète et un messager important (…). (…) son retour sur terre est attendu à la fin des temps pour combattre l’Antéchrist. » (CHALGHOUMI, Op. Cit., p. 97)


7. Legros, Dominique, 2003, L’histoire du corbeau et Monsieur McGinty, France : nrf Gallimard/L’aube des peuples. Dans mon commentaire sur ce livre, Societas Criticus (Vol.6 no. 2/2004/Sous la jaquette (notre section livres)), j’écrivais ceci :


« Même Jésus, y fut intégré, comme suivant le Corbeau, car « le corbeau a tout fait en premier. Et il l’a fait pour les Blancs, pour Jésus, et pour les Indiens. » (p. 118) C’est là une particularité des mythes oraux : ils demeurent vivant et se transforment avec le temps et à travers leur transmission entre générations, familles et peuples. »


Voir http://collections.banq.qc.ca/ark:/52327/bs62011 (PDF)


http://epe.lac-bac.gc.ca/100/201/300/societas_criticus/html/2004/v06n02/scvol6no2html.htm (HTML)


8. À ce sujet l’article 1 de la Charte canadienne des droits et libertés, Garantie des droits et libertés, dit ceci :


« La Charte canadienne des droits et libertés garantit les droits et libertés qui y sont énoncés. Ils ne peuvent être restreints que par une règle de droit, dans des limites qui soient raisonnables et dont la justification puisse se démontrer dans le cadre d’une société libre et démocratique. » (http://laws-lois.justice.gc.ca/fra/Const/page-15.html)


Dans les libertés (voir la note 4) la plupart sont d’ailleurs balisées par des lois. Même si on a la liberté « d’opinion et d’expression », on ne peut dire n’importe quoi, même dans une société libre et ouverte. Pourquoi en serait-il différent des religions qui relèvent du même article 2 de notre Charte?


9. Vu ds le métro de Montréal, 8 février 2010 www.metrocogito.com. Je l'ai ensuite retrouvé dans Nietzsche, F., 1995, Humain, trop humain, Paris : Le livre de poche, Classiques de la philosophie, 15e pensée du premier chapitre, Des choses premières et dernières, p. 45, mais elle est beaucoup plus longue que cette seule phrase.


10. Un exemple. Les sionistes chrétiens soutiennent ainsi l’expansion de l’État d’Israël, car, pour eux, « la judaïsation de la Palestine historique, couvrant l'actuel État d'Israël et les territoires palestiniens de Cisjordanie et de la bande de Gaza, est une obligation divine qui ramènera Jésus sur terre, le fera définitivement reconnaître comme Messie et assurera le triomphe de Dieu sur les forces du mal à l'issue de l'apocalypse. »

(https://fr.wikipedia.org/wiki/Sionisme_chrétien)


11. À ce sujet l’article 2 de la CHARTE CANADIENNE DES DROITS ET LIBERTÉS, Libertés fondamentales, dit :


Chacun a les libertés fondamentales suivantes :


a) liberté de conscience et de religion;


b) liberté de pensée, de croyance, d’opinion et d’expression, y compris la liberté de la presse et des autres moyens de communication;


c) liberté de réunion pacifique;


d) liberté d’association. (Op. Cit.)


12. Les lignes qui suivent sont tirées de notre commentaire sur le livre d’Harvill-Burton, Kathleen, 2006, Le nazisme comme religion. Quatre théologiens déchiffrent le code religieux nazi (1932-1945), Québec : Presses de l’Université Laval (www.pulaval.com), 252 pages, ISBN : 2-7637-8336-8, in Societas Criticus, 11 no. 4, du 9 juin au 21 août 2009. Les pages entre parenthèses sont celles du livre. Pour notre texte original :


- PDF : http://collections.banq.qc.ca/ark:/52327/bs1941494

- HTML :

http://epe.lac-bac.gc.ca/100/201/300/societas_criticus/html/2009/v11no4/SCvol11no4html.htm


13. https://fr.wikipedia.org/wiki/Négation_de_la_Shoah


14. https://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Protocoles_des_Sages_de_Sion



15. À ce sujet rappelons cet épisode télévisuel : Aveux du pédophile Gabriel Matzneff à la télévision devant Denise Bombardier scandalisée : https://www.youtube.com/watch?v=nodnsD-9AYM


Lire aussi Richard Martineau, Les pédos sortent du placard, Le Journal de Montréal, Lundi, 14 novembre 2011 : www.journaldemontreal.com/2011/11/14/les-pedos-sortent-du-placard


16. À ce sujet, pensons au cas de la secte mormone fondamentaliste de Bountiful, dans le sud-est de la Colombie-Britannique, où Winston Blackmore fut accusé d'avoir épousé 24 femmes (Ici-Colombie-Britanique-Yukon, Nouvelles, 8 juin 2015, Bountiful : Winston Blackmore en Cour suprême pour contester des accusations de polygamie : http://ici.radio-canada.ca/nouvelle/724388/accusation-polygamie-secte-bountiful-winston-blackmore) et « of removing a child from Canada for a sexual purpose. Their trial heard the 13-year-old girl was taken from Bountiful to the United States in 2004 to marry Mr. Jeffs, who was in his late 40s at the time and had taken over as FLDS prophet after his father’s death. » (SUNNY DHILLON LISTER, Future of Bountiful, B.C. polygamous sect unclear after criminal conviction, The Globe and Mail, Feb. 12, 2017 : www.theglobeandmail.com/news/british-columbia/future-of-polygamous-sect-bountiful-bc-unclear-after-criminal-conviction/article33995313/). On peut aussi lire dans cet article du Globe and Mail « Related: Polygamist church leader says underage marriages were God’s will ».


17. DENIS LESSARD, POLITIQUE : COUILLARD ÉCARTE LA « DISCRIMINATION VESTIMENTAIRE », LA PRESSE+, Édition du 15 février 2017, section ACTUALITÉS, écran 8

http://plus.lapresse.ca/screens/d3a20228-93cb-4d2e-9129-1096c97a60ec%7C_0.html


18. https://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Habits_neufs_de_l'empereur


19. « Fondatrice de l’Occident, cette hiérarchie a toujours été fragile et contestée. Mais, c’est depuis peu que ses adversaires se réclament de la culture, tout comme ses partisans. Le terme de culture, en effet, a aujourd’hui deux significations. La première affirme l’éminence de la vie avec la pensée; la seconde la récuse : des gestes élémentaires aux grandes créations de l’esprit, tout n’est-il pas culturel? Pourquoi alors privilégier celle-ci au détriment de ceux-là, et la vie avec la pensée plutôt que l’art du tricot, la mastication du bétel ou l’habitude ancestrale de tremper une tartine grassement beurrée dans le café au lait du matin? » (FINKIELKRAUT, Alain, 1987 [1989], La défaite de la pensée, France: Gallimard, coll. Folio Essai, p. 11)


20. https://fr.wikipedia.org/wiki/Opus_Dei#La_mortification


21. Ivan Illich, Seuil, 1975


22. JOËL-DENIS BELLAVANCE, Le hijab, nouvelle pièce d'équipement des agentes de la GRC, La Presse, 23 août 2016 :

www.lapresse.ca/actualites/politique/politique-canadienne/201608/22/01-5013092-le-hijab-nouvelle-piece-dequipement-des-agentes-de-la-grc.php


23. À ce sujet, je ne pourrais passer sous silence le texte de LOÏC TASSÉ, Délires religieux chez nos élus, Le Journal de Montréal, Vendredi, 17 février 2017 : www.journaldemontreal.com/2017/02/17/delires-religieux-chez-nos-elus. Il a raison de dire que « les libertés religieuses reposent sur les libertés démocratiques ». Mais, en même temps, les libertés démocratiques ne peuvent mettre de côté les libertés religieuses sans se compromettre en leur essence, même si cette liberté peut contenir le germe de la contestation de la liberté libérale. C’est là la Némésis des démocraties. Elles doivent pouvoir trouver des compromis et des garde-fous qui protègent les libertés tout en les défendant contre les extrémismes.




Textes en référence qui m’ont amené à faire des commentaires sur Facebook :


- NADIA EL-MABROUK, LA LAÏCITÉ, ASSISE DE LA COHÉSION SOCIALE (OPINION ACCOMMODEMENTS RELIGIEUX), LA PRESSE+, Édition du 18 février 2017, section DÉBATS, écran 6

http://plus.lapresse.ca/screens/272f4054-6f44-4726-bb94-7621cae884ce%7C_0.html


- RICHARD MARTINEAU, OPINIONS : C’est la faute à qui, cette fois?, Le Journal de Montréal, samedi 18 février 2017 :

www.journaldemontreal.com/2017/02/18/cest-la-faute-a-qui-cette-fois


- Marcel Sylvestre, IDÉES : Une religion n’est pas un produit culturel, Le Devoir, 15 février 2017 : www.ledevoir.com/societe/education/491677/une-religion-n-est-pas-un-produit-culturel




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Les meilleures lignes de Societas Criticus en direct

Par Michel Handfield



Des mots ou des liens que nous plaçons sur Twitter, Facebook, et/ou Linked In et que nous reprenons ici vu la valeur que nous leur trouvons.


Pour la mise en page de messages d'abord mis en ligne sur les réseaux sociaux, des corrections sont parfois nécessaires après coup, car il faut quelquefois tourner les coins ronds pour les besoins des médias sociaux, comme les 140 caractères de « Twitter », mais aussi pour la rapidité du direct lors d'un évènement qui demande déjà toute notre attention! Mais, ces corrections sont minimales pour ne pas changer l'apparence du direct. Souvent, c'est l'orthographe et la ponctuation qui ont été corrigées bien avant la mise en page!




Nos brèves du 2017-02-15 au 2017-03-06 /Vol. 19 No. 03 (en version corrigée et, parfois, augmentée) (avec index des textes)


Societas Criticus, revue de critique sociale et politique, Vol. 19 no 03, Le Journal/Fil de presse : www.societascriticus.com



Michel Handfield (2017-03-06)



- Contre le bon sens et la science  !

- Le manque de vision

- Deux photos de ma nuit blanche

- La droite, c'est aussi ça !

- À quand une refonte de la fiscalité?

- Pour changer les choses…

- Béton de classe !

- Autorégulation?

- Le vrai monde…

- On ne nous ment pas

- Problème de campagnes électorales  !

- Toujours aussi vraie !

- Je suis citoyen de ce continent !

- Les policiers ne contestent plus…



Contre le bon sens et la science  ! (Michel Handfield, Facebook, 2017-03-06)



Ça ne devrait pas être un droit, les religions, car trop souvent ça va contre le bon sens et la science ! C'est une croyance, comme l'horoscope ou croire que les dés vont changer notre destinée si on leur demande !



Annabel Symington - Agence France-Presse à Surkhet, NÉPAL : Des femmes forcées à un exil menstruel, Le Devoir, 6 mars 2017 :

www.ledevoir.com/societe/ethique-et-religion/493265/nepal-des-femmes-forcees-a-un-exil-menstruel





Le manque de vision date d'il y a longtemps ! (Michel Handfield, Facebook, 2017-03-06)


C’était mon mot pour partager ce texte de Luc-Normand Tellier - Professeur émérite, Département d’études urbaines et touristiques, L’urbanisme québécois se porte mal, Le Devoir, 6 mars 2017 : www.ledevoir.com/societe/actualites-en-societe/493246/referendums-municipaux-et-urbanisme-quebecois


Deux photos de ma nuit blanche dans le cadre de Montréal en lumière (www.montrealenlumiere.com) (Michel Handfield, Facebook, 2017-03-05)



Illuminart sur De Maisonneuve: « Face » (projet #24, 2017), de Thomas Voillaume et Florian Girardot (Lyon, France), au Parc Paul-Dozois. http://experienceilluminart.com/









Sur le chemin du retour, 2 heures du matin... en allant prendre mon métro !















La droite, c'est aussi ça  ! (Michel Handfield, Facebook, 2017-03-04)


Au sujet de PIERRE-ANDRÉ NORMANDIN, Trump ferme le robinet, l'eau des Montréalais menacée, La Presse, 04 mars 2017 : www.lapresse.ca/actualites/montreal/201703/03/01-5075362-trump-ferme-le-robinet-leau-des-montrealais-menacee.php




À quand une refonte de la fiscalité? (Michel Handfield, Facebook, 2017-03-01)


Imaginez la droite qui dit qu'on devrait faire travailler les gens de l'aide sociale. D'abord, ils n'ont pas leurs cartes et ensuite ils enlèveraient des emplois. Alors, à quand une refonte de la fiscalité? Pourquoi ne pas réévaluer l’impôt sur le revenu des individus et créer un nouvel impôt sur la création de la valeur pour tenir compte des gains de productivité dans la fiscalité? Dans le moment on taxe des individus qui travaillent de moins en moins et on ne taxe pas les technologies qui produisent la plus grande part de richesse et de profits ! L’injustice est peut-être là !?



Au sujet d’AGENCE QMI, Le projet de parents bénévoles stoppé par la CCQ, Le journal de Montréal, Mercredi, 1 mars 2017 : www.journaldemontreal.com/2017/03/01/le-projet-de-parents-benevoles-stoppe-par-la-ccq-1




Pour changer les choses… (Michel Handfield, Facebook, 2017-02-28)


Ne pas aller voter, ce serait une bonne idée si c'était la majorité qui remportait le siège : ainsi, où la majorité serait le non-vote, le siège devrait rester vacant. Les partis n'auraient pas le choix de réviser leurs programmes et façons de faire, car ils auraient parfois bien peu de députés à leur disposition.


OPINIONS RICHARD MARTINEAU, Et si on n’allait pas voter?, Le journal de Montréal, 28 février 2017 : www.journaldemontreal.com/2017/02/28/et-si-on-nallait-pas-voter




Béton de classe ! (Michel Handfield, Facebook, 2017-02-27)



Montréal a tellement de chantiers que les bétonnières se sont mises sur leur 36 pour égayer nos chantiers routiers. À preuve, cette bétonnière « boule disco » à Montréal en lumières sur la rue Sainte-Catherine !







Autorégulation? (Michel Handfield, Facebook, 2017-02-27)


Faut se fier à l'autorégulation du milieu des affaires nous dit la droite. Mais, l'autorégulation, c'est de s'en mettre le plus possible dans les poches. Et, cela peut se faire malgré les normes soi-disant trop sévères de la go-gauche au pouvoir depuis toujours au Québec disent-ils. Je pense que la droite en fume du bon !


C’était mon mot suite à la lecture de VINCENT LAROUCHE, La SQ soupçonne un saccage environnemental à grande échelle, La Presse, 27 février 2017 : www.lapresse.ca/actualites/montreal/201702/26/01-5073559-la-sq-soupconne-un-saccage-environnemental-a-grande-echelle.php




Le vrai monde…



- Aveuglement volontaire  ! (Michel Handfield, Facebook, 2017-02-26)



Analyse inintéressante, mais elle vient du « faux-monde » selon Trump, alors il ne la considèrera pas. Le « vrai monde », comme si les autres n'existaient pas, c'est de l'aveuglement volontaire !


Il faut lire KENNETH ROGOFF, PROFESSEUR D’ÉCONOMIE ET DE SCIENCES POLITIQUES À L’UNIVERSITÉ DE HARVARD. IL A ÉTÉ ÉCONOMISTE EN CHEF DU FMI, OPINION : TRUMP ET LA CHINE, LE NAÏF QUI CROYAIT ARRÊTER LA MONDIALISATION, LA PRESSE+, Édition du 26 février 2017, section DÉBATS, écran 9 : http://plus.lapresse.ca/screens/b161a424-5312-435b-a20c-38eb946fc49c%7C_0.html



- Les scientifiques, du vrai monde aussi  ! (Michel Handfield, Facebook, 2017-02-25)


Au sujet de Jean Dion, ÉTATS-UNIS : La science organise sa riposte à Trump, Le Devoir, 25 février 2017 : www.ledevoir.com/international/etats-unis/492609/etats-unis-la-science-organise-sa-riposte-a-trump




On ne nous ment pas, on dit une vérité alternative. (Michel Handfield, Facebook, 2017-02-22)


C’était mon mot dit au sujet de PAUL JOURNET, LA PRESSE+, ÉDITORIAL : ÉDUCATION. TA-DAM, PLUS DE DIPLÔMÉS !, Édition du 22 février 2017, section DÉBATS, écran 3

http://plus.lapresse.ca/screens/67068a47-5470-40d6-8e84-343ebdd0cb95%7C_0.html




Problème de campagnes électorales ! (Michel Handfield, Facebook, 2017-02-21)


Problème de campagnes électorales soutenues par des fonds privés : personne ne parle en mal du parti qu'il soutient ! Faudrait-il écrire « ce journal soutient le parti X » ? !


OPINIONS RICHARD MARTINEAU, Médias biaisés : et si Trump avait raison ?, Le journal de Montréal, 21 février 2017 : www.journaldemontreal.com/2017/02/21/medias-biaises-et-si-trump-avait-raison




Toujours aussi vraie ! (Michel Handfield, Facebook/souvenir, 2017-02-20)


Photo prise il y a quelques années, mais toujours aussi vraie dans sa symbolique ! Je trouve que la photo peut dire bien des choses et, comme sociologue, j' y vois un moyen de communication. C'est pour cela que je préfère prendre mes propres images que les photos officielles ou fournies par les relations de presse lors d'évènements que je couvre. En sociologie, j'avais d'ailleurs suivi un cours d'Initiation aux techniques audiovisuelles et, comme cours hors département, j'avais suivi Documents et appareils audiovisuels. Bref, je m'étais donné des outils et des bases. C'est sans compter Sociologie des systèmes symboliques, car il y a une symbolique de l'image comme je le dis au début de ce mot, ce qui boucle la boucle !




(Michel Handfield, Facebook, 20 février 2014) :


Generic Man de Jana Sterbak (1987-1989) Traçabilité moderne ? À l'époque c'était le code-barre qui symbolisait cette traçabilité orwellienne. Aujourd'hui, c'est le cellulaire qui en est l'expression comme le montre cette photo prise au www.mbam.qc.ca de cette photo avec ma conjointe (Sylvie D) et son cellulaire à l'avant-plan. Et, naturellement, cette photo fut prise avec mon tél. intelligent pour être mise sur Facebook. Quand on dit TRAÇABILITÉ !






Je suis citoyen de ce continent ! (Michel Handfield, Facebook, 2017-02-19)


Je suis américain au sens de citoyen de ce continent et je ne laisse pas l'Amérique aux seuls États-Uniens. Je crois même qu'il faudra en arriver un jour à un Parlement de l'Amérique. Rien de moins.


J’ai signé la pétition « Amend Bill C-23 to protect Canadians from US Border » : https://www.change.org/p/amend-bill-c-23-to-protect-canadians-from-us-border-guards?




Les policiers ne contestent plus avec leurs pantalons. C’est un choix ! (Michel Handfield, Facebook, 2017-02-15)


Alors, les pantalons zébrés des policiers ne sont plus un signe de contestation, mais un choix vestimentaire personnel !


C’était mon mot au sujet de DENIS LESSARD, POLITIQUE : COUILLARD ÉCARTE LA « DISCRIMINATION VESTIMENTAIRE », LA PRESSE+, Édition du 15 février 2017, section ACTUALITÉS, écran 8 :

http://plus.lapresse.ca/screens/d3a20228-93cb-4d2e-9129-1096c97a60ec%7C_0.html




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D.I., Delinkan Intellectuel, revue d’actualité et de culture


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AVIS (révisé le 2014-03-23)


Dans les textes cinés, de théâtres ou de spectacles, les citations sont rarement exactes, car même si l’on prend des notes il est rare de pouvoir tout noter. C’est généralement l’essence de ce qui est dit qui est retenue, non le mot à mot.


Si, pour ma part, j'écris commentaires ou sociocritique, c'est que par ma formation de sociologue le film est un matériel et nourrit une réflexion qui peut le dépasser. Certains accrocheront sur les décors, les plans de caméra, le jeu des acteurs ou la mise en scène, ce qui m’atteint moins. Moi, j’accroche sur les problématiques et les questions soulevées. Le film, par exemple, est un matériel sociologique; un révélateur social, psychosocial, socioéconomique ou sociopolitique. C’est ainsi que, pour de très bons films selon la critique plus traditionnelle, je peux ne faire qu’un court texte alors que pour des films décriés en cœur, je peux faire de très longues analyses, car le film me fournit davantage de matériel. Je n’ai pas la même grille ni le même angle d’analyse qu’un cinéphile. Je prends d’ailleurs des notes durant les projections de presse que je ne peux renier par la suite, même si je discute avec des confrères qui ne l’ont pas apprécié de la même manière que moi. Je peux par contre comprendre leur angle. J’encourage donc le lecteur à lire plus d'un point de vue pour se faire une idée juste.


Il faut aussi dire que je choisis les films que je vais voir sur la base du résumé et des « previews », ce qui fait que si je ne saute pas au plafond à toutes les occasions, je suis rarement déçu. Lorsque je ne suis pas le public cible, je l’écris tout simplement. Si je n’ai rien à dire ou que je n’ai pas aimé, je passerai mon tour, car pourquoi priverais-je le lecteur de voir un film qui lui tente? Il pourrait être dans de meilleures dispositions que moi. Une critique, ce n’est qu’une opinion après tout. Une indication qu’il faut savoir lire, mais jamais au grand jamais une prescription à suivre à la lettre.




Michel Handfield, d’abord et avant tout sociologue.



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Commentaires livresques : Sous la jaquette !


TONI ERDMANN (Film) et Le progrès sans le peuple (Livre) (Dans la section Essais)



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DI a vu !

(Ciné, Théâtre, Expositions et quelques annonces d’évènements)



Idiot (Danse)


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 19 no 03, Textes ciné et culture : www.societascriticus.com


http://lachapelle.org


Concept et création : Helen Simard (en collaboration avec les interprètes)

Interprétation : Stacey Désilier, Stéphanie Fromentin, Jackie Gallant, Sébastien Provencher, Emmalie Ruest, Roger White, Ted Yates

Aide à la dramaturgie : George Stamos + Mathieu Leroux

Lumière : Benoit Larivière

Son : Jody Burkholder

Régie : Holly Greco

Aide à la création : Rémy Saminadin

Textes : Helen Simard, Mathieu Leroux

Costumes : Helen Simard, Tereska Gesing


Dans un univers sombre et onirique où la décadence se décompose, quatre danseurs et trois musiciens évoluent à l’intérieur d’un espace à la fois surréaliste, vulnérable et majestueux où s’entrechoquent sons furieux, mouvements bruts et textes absurdes. Partie intégrante de cette transe, le spectateur doit laisser sa logique de côté et s’ouvrir à l’émotion, au ressenti. Sens surchargés, corps déchainés; états altérés qui mènent à la clarté.




Voir les choses comme elles sont.

Ne rien inventer, ne rien exagérer.

Dire la vérité, mais la ridiculiser.


Situé quelque part entre le spectacle chorégraphique, le concert rock et l’hallucination, IDIOT est le deuxième volet d’une trilogie de créations inspirées par le légendaire musicien américain Iggy Pop.


Helen Simard


Elle travaille dans le milieu de la danse depuis 2000 en tant que chorégraphe, interprète, répétitrice et chercheuse. De 2000 à 2011, elle est codirectrice artistique, chorégraphe et interprète pour Solid State Breakdance et participe à la création collective de neuf œuvres chorégraphiques présentées à travers le Québec, le Canada et l’Europe. Depuis 2011, elle s’inspire de l'esthétique punk et la musique « live » pour créer ses spectacles interdisciplinaires : On the Subject of Compassion (2011), Last Song : Live Version (2013), NO FUN (2014), Twenty One Angus Young (2014) et Mouvement sans/100 manifestes (2014). En 2016, elle collabore avec le groupe rock montréalais Dead Messenger et réalise les vidéoclips In the Dark et Master Plan (coréalisé avec Liane Thériault). Bachelière en danse contemporaine de l’Université Concordia (2000), Helen complète une maitrise en danse à l’UQAM en 2014 et est présentement doctorante au département d’études et pratiques des arts à l'UQAM.


Commentaires de Michel Handfield (2017-03-03)


On était dans le gros rock. Un retour aux années 1970 pour moi. Mais, tout le spectacle, j’ai davantage pensé à Jim Morrison/The doors qu’à Iggy Pop, car on vendait des T-shirts de Jim Morrison à l’entrée, ce qui m’a mis dans ce mood.


Faut dire qu’Iggy Pop, j’en ai moins de souvenirs même si j’écoutais CHOM à l’époque. (1) D’ailleurs, j’écris ce texte en écoutant l’album L.A. Woman de The doors, sur lequel il y a Riders on the storm : www.youtube.com/watch?v=lS-af9Q-zvQ.


De toute façon il y a une parenté entre les deux, car dans le spectacle on a fait allusion à Jim Morrison et ce n’est pas par hasard : Iggy fut influencé par Morrison et il y eut même des plans pour qu’il rejoigne The doors après la mort de ce dernier. Mais, cela n’a pas fonctionné. (2) Alors, quand on sait cela, on comprend les torses nus parfois, car Iggy Pop était généralement torse nu, et les T-shirts avec l’image de Jim Morrison, son idole, mais aussi celle d’une époque.



La musique était excellente et la danse invitante. Je bougeais sur mon siège. Je me pensais même dans un show rock. J’ai aimé. J’en aurais même pris un peu plus. Plus d’espace entre les sièges et je crois que plusieurs auraient dansé sur place, car c’était invitant. Peut-être pas un coït interrompu, mais certainement un refoulement pour les spectateurs les plus hyperactifs. Ce serait un spectacle à reprendre sur une scène extérieure dans un des nombreux festivals de musique montréalais.


Qui sait observer et qui assiste souvent à des spectacles de danse pouvait aussi y voir tout le travail des danseurs/danseuses de la danse contemporaine. L’amplitude des mouvements et la précision des chorégraphies. On savait où attirer notre œil aussi pendant qu’à l’écart, dans la pénombre ou un coin de la scène, un autre danseur changeait rapidement de costume hors de notre champ de vision pour mieux y revenir, car je balayais parfois du regard l’ensemble de la scène pour mieux saisir le processus.



Un bon spectacle. Après, j’ai été me reposer les oreilles dans une salle de cinéma dans le cadre des Rendez-vous du cinéma québécois, car on ne peut passer trop rapidement de ça au silence pour ne pas subir un accident de décompression sonore  :)  (3). J’étais vraiment parti avec ce gros rock progressif métal hurlant. Ça m’a fait du bien.



Notes



1. Attention, j’écoutais aussi Radio-Canada, car j’ai toujours aimé l’information. Aujourd’hui j’ai remplacé CHOM par Espace Musique et de la baladodiffusion.



2. « There was even a brief plan in the mid-‘70s for Iggy to join the remaining Doors as their new frontman, but they came to nothing. » (JOHNNY SHARP, From Iggy Pop to Michael Hutchence : The rock stars influenced by Doors frontman Jim Morrison, mirror.co.uk, 8, DEC 2013 : www.mirror.co.uk/lifestyle/going-out/music/doors-frontman-jim-morrison-rock-2905112)



3. Non, non, ne cherchez pas cela, c’est une blague. Mis à part la décompression de formats musicaux compressés, comme le MP3, l’accident de décompression sonore n’existe pas.



Hyperlien


https://fr.wikipedia.org/wiki/Iggy_Pop


https://fr.wikipedia.org/wiki/The_Doors


https://fr.wikipedia.org/wiki/Jim_Morrison




ANIMAL TRISTE (Danse)


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 19 no 03, Textes ciné et culture : www.societascriticus.com


De Mélanie Demers


Durée : 1 H

PRODUCTION MAYDAY

COPRODUCTION FESTIVAL DANSE CANADA

RÉSIDENCES DE CRÉATION AGORA DE LA DANSE, CIRCUIT-EST CENTRE CHORÉGRAPHIQUE


Au cœur du ring, sous le feu des projecteurs, quatre individus se rencontrent, s’affrontent et gagnent tantôt en animalité, tantôt en humanité.


Animal triste est une œuvre sur la condition humaine, sur la place que l’Homme s’octroie alors qu’il est et reste toujours « un animal comme les autres ». Pour s’extraire de ce chemin, il construit une famille, une civilisation, conquiert, et souvent domine ou opprime. Il est cet être insignifiant qui aspire à un peu plus et à un peu mieux. Mélanie Demers tente ici de saisir la nature et la posture de l’Homme dans toute son Humanité.


Chorégraphie : Mélanie Demers en collaboration avec les interprètes Marc Boivin, James Gnam, Brianna Lombardo et Riley Sims

Interprétation : Marc Boivin, Francis Ducharme, Chi Long et Riley Sims

Répétitions : Anne-Marie Jourdenais

Dramaturgie : Angélique Willkie

Éclairages : Alexandre Pilon-Guay

Musique : Jacques Poulin-Denis et Anthoine Berthiaume

Direction technique : Olivier Chopinet



Commentaires de Michel Handfield (2017-03-02)


D’abord, je dois souligner que c’était la première présentation de l’Agora à leur nouvelle résidence: LE WILDER (https://edificewilderespacedanse.com). Belle salle et un bel endroit, qui n’est pas encore terminé, mais qui est fonctionnel. Alors, il va s’en dire que c’était plein à la troisième représentation comme pour les deux premiers soirs. Donc, au moment d’écrire, ce spectacle n’est déjà plus à l’affiche.



Vu la foule présente, je n’ai pas pris de notes, car je n’aurais pas été à l’aise pour le faire. Ça fait plaisir de voir tant de monde à la danse, souvent le parent pauvre des arts et spectacles.


Ceci étant dit, c’était un spectacle sur l’humanité. C’était clair par les choix musicaux. On aurait pu fermer les yeux et on aurait tout compris. Des musiques de combats, de conquêtes et d’autres, très englobantes, voire rassembleuses, comme une variation sur le thème du Cabaret du soir qui penche de Guy Mauffette : Petite Fleur de Sydney Bechet. (1, 2)


Le titre aussi : ANIMAL TRISTE, car l’humain est un animal parfois coopératif et d’autres fois agressif, fort agressif même pour la conquête du territoire ou de la femme. Pour sa possession aussi, comme si elle était un obscur objet de désir (3) ou un trophée (4) que l’on montre ou que l’on garde pour soi.



Le sujet de cette chorégraphie est donc cet être ambivalent qui a le bien et le mal en lui, autant pour les bonnes que les mauvaises raisons. La seule différence avec d’autres animaux – et je ne dis pas les autres animaux – c’est qu’il a la capacité de rétroaction, soit de réfléchir à sa condition et de choisir de poursuivre dans la voie choisie ou de la corriger. De faire consciemment le bien ou le mal.


Un spectacle de danse qui est aussi introspectif. Il serait intéressant que ce spectacle tourne dans le réseau des cégeps et d’écoles secondaires avec discussion sur le sujet. Il y aurait beaucoup à discuter et à apprendre. La femme trophée chez certains riches, malgré la contestation de ce concept (voir la note 4), ou la femme cachée dans certaines religions par exemple, n’est-ce pas la même marchandisation de la femme? Ce serait fort instructif. Malheureusement, le ministère de l’Éducation et les commissions scolaires n’en sont probablement pas rendus là dans l’intégration des arts et de la culture à l’éducation.



Notes


1. https://fr.wikipedia.org/wiki/Guy_Mauffette


2. https://www.youtube.com/watch?v=J7u9x50GGGs


3. Clin d’oeil à Cet obscur objet du désir de Luis Buñuel :


- https://fr.wikipedia.org/wiki/Cet_obscur_objet_du_désir

- https://www.youtube.com/watch?v=3-6OUqQk-SM


4. Sur la femme trophée :


- https://fr.wiktionary.org/wiki/trophy_wife (en français)

- https://en.wikipedia.org/wiki/Trophy_wife


qui est peut-être aussi un mythe :


- http://www.gurumed.org/2014/06/20/sur-le-mythe-de-la-femme-trophe/




I Am Not Your Negro


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 19 no 03, Textes ciné et culture : www.societascriticus.com


États-Unis, France, Belgique, Suisse / 2016 / 93 minutes


Inspiré par le dernier ouvrage inachevé du grand James Baldwin, qui portait sur les héritages et les assassinats de ses amis Medgar Evers, Malcolm X et Martin Luther King Jr., Raoul Peck (L’homme sur les quais, Lumumba) explore à l’aide de nombreuses images d’archives et de scènes contemporaines l’histoire des tensions raciales aux États-Unis dans les 50 dernières années. Porté par une narration de Samuel L. Jackson qui interprète avec ferveur la prose fulgurante et visionnaire de Baldwin, I Am Not Your Negro réactualise brillamment les réflexions de l’auteur célébré qui, à l’époque de Black Lives Matter, sont plus indispensables que jamais. “I know more about you than you know about me. Not everything that is faced can be changed, but nothing can be changed until it is faced.” Essai politique d’une puissance rare, I Am Not Your Negro se réapproprie brillamment les mythes historiques afin de proposer une réflexion d’une rare acuité sur la réalité américaine.



Bande-annonce : www.youtube.com/watch?v=rNUYdgIyaPM


Commentaires de Luc Chaput (2017-03-02)


Il était parmi les finalistes de l’Oscar du long métrage documentaire décerné ce dimanche, mais c’est O.J. Made in America qui a remporté la mise. (1)


Raoul Peck rend hommage au grand écrivain américain James Baldwin (2) en revisitant l’histoire des États-Unis depuis au moins cinquante ans si ce n’est même depuis la fin de la Guerre civile (3). Le cinéaste haïtien, à qui l’on doit des films sur Lumumba et, prochainement, sur Le jeune Karl Marx, après dix ans de recherches de financement et d’archives, réussit par un montage pertinent à faire revivre l’intellectuel Baldwin à la fois dans ses prestations télévisuelles ou lors de conférences filmées. De plus Samuel L. Jackson lit magistralement des extraits d’un manuscrit de Remember This House où l’auteur de The Fire Next Time revient sur ses amitiés avec trois leadeurs noirs américains Medgar Evers, Malcom X et Martin Luther King, tous assassinés dans les années 1960 avant qu’ils n’atteignent quarante ans.


Pour illustrer la contemporanéité des écrits et des paroles de Baldwin, Peck insère de nombreuses images de nouvelles récentes ou plus anciennes où la violence contre les noirs fait rage. Le cinéaste Peck emploie aussi les critiques cinématographiques de Baldwin colligées dans The Devil Finds Work pour enfoncer le clou de la différence de traitement de l’image du noir et du blanc dans le cinéma populaire hollywoodien. Le regard sur John Wayne ou Doris Day est acéré.


La construction de Peck réussit à tisser tous ses fils narratifs d’une brillante manière qui appelle à des visionnements des films cités (The Defiant Ones par exemple) et à de nombreuses réflexions sur la place des minorités, visibles ou non, dans nos sociétés


Notes


1- www.lefigaro.fr/cinema/ceremonie-oscars/2017/02/26/03021-20170226ARTFIG00021--oj-made-in-america-le-documentaire-qui-a-affole-les-festivals-et-les-oscars.php


2. https://en.wikipedia.org/wiki/James_Baldwin


3. Sur cette époque, je suis en train de lire la très bonne histoire des États-Unis écrite par Steven Hahn : A Nation without Borders: The United States and Its World in an Age of Civil Wars, 1830-1910, Penguin, 2016. Ce livre s’inscrit dans une trilogie : The Penguin History of the United States Series (3 Titles) : www.penguinrandomhouse.com/series/BAS/the-penguin-history-of-the-united-states


Sur Steven Hahn, Professor of History, New York university, voir http://history.as.nyu.edu/object/stevenhahn.html



Hyperliens


https://fr.wikipedia.org/wiki/Raoul_Peck


https://fr.wikipedia.org/wiki/Lumumba_(film)


https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Jeune_Karl_Marx




Dans la tête de Proust (Théâtre)


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 19 no 03, Textes ciné et culture : www.societascriticus.com


Production OMNIBUS LE CORPS DU THÉÂTRE

21 février > 18 mars 2017


Texte et mise en scène : Sylvie Moreau

Interprétation : Jean Asselin, Réal Bossé, Isabelle Brouillette, Nathalie Claude, Pascal Contamine

Conception : Mathieu Marcil (Lumières), Ludovic Bonnier (musique et environnement sonore), Sylvie Moreau et David Poisson (Scénographie)


Marcel Proust couché dans sa chambre parisienne pendant huit ans pour extirper de son imaginaire sa cathédrale littéraire. Huit ans pour arriver à écrire le mot FIN, puis mourir au bout de son œuvre. Un homme alité dans une chambre à deux murs. Avec lui, surgissant de ses fièvres créatrices, les personnages de sa Recherche du Temps Perdu. Un spectacle où mots et gestes se refusent à dire la même chose, au bénéfice de nos imaginations.


Un grand Bal du Souvenir recréé par la tête d’un homme quasi immobile. Une tempête de corps dans une petite chambre.



Ici…


Jean Asselin est Monsieur de Charlus

Réal Bossé est Swan & Jupien

Isabelle Brouillette est Jeanne (la guide), Odette & Mme de Guermantes

Nathalie Claude est Céleste, Mme Verdurin & l’amante anonyme

Pascal Contamine est Marcel Proust



Commentaires de Michel Handfield (2017-03-01)



« Sa mémoire, la mémoire de ses côtes, de ses genoux, de ses épaules, lui présentait successivement plusieurs des chambres où il avait dormi, tandis qu’autour de lui les murs invisibles, changeant de place selon la forme de la pièce imaginée, tourbillonnaient dans les ténèbres. » (1)



Sylvie Moreau nous fait découvrir un Proust pris entre la maladie et les personnages qui meublent son imaginaire et ses nuits. Alité, il écrira À la recherche du temps perdu, qu’il porte en lui, pendant 8 ans et s’étreindra une fois son œuvre terminée. Par chance, il avait de l’argent, son père étant médecin et sa mère ayant hérité d’une fortune familiale. Sinon, qu’aurait-il fait?



Sa relation avec ses murs et ses fantômes, mais aussi le personnel de la maison et ce qui s’y passe est rapportée par sa bonne, Céleste Albaret. (2) S’ajoute aussi notre guide, Jeanne, qui nous explique cette chambre. C’est elle qui nous a accueillis en nous demandant au début de la pièce « qui a lu Proust ? » par exemple. En établissant ce dialogue avec nous, on est un devenu un groupe en visite au Musée Proust. On n’est déjà plus des spectateurs distants, mais des visiteurs qui y sont allés pour apprendre et comprendre Proust. Subtilement, nous fûmes intégrés à la pièce. Et, notre guide reviendra à quelques occasions nous donner des précisions au cours de cette pièce muséale et culturelle, ce qui nous conservera dans cet esprit d’être dans une expérience et non pas distant de celle-ci comme l’est souvent le spectateur en voyeur. On est au musée et on entre dans la tête de Proust. C’est si fort que je ne serai pas surpris qu’un soir ou l’autre quelqu’un ose poser une question à la guide. Ce n’est pas arrivé en cette première, mais ça aurait pu.




Naturellement, on n’aura pas droit aux 3000 pages de l’œuvre en 90 minutes environ, mais à sa structuration dans son imaginaire; un canevas de sa réflexion lors de l’écriture de son grand œuvre si je puis dire. Il parle d’un souvenir de jeunesse ou d’un ami et on voit apparaitre le personnage qu’il a en tête, que ce soit dans un cadre ou dans un coin de sa chambre. Les murs peuvent bien se déplacer et des gens en sortir, car on dans la tête d’un auteur  ! C’est symbolique.



L’on voit donc naitre les principaux personnages d’ À la recherche du temps perdu devant nous. Certains, comme Monsieur de Charlus, réapparaissent plus souvent, car ils traversent son œuvre. D’autres sont peut-être moins présents, mais non moins marquants. Ne connaissant pas l’œuvre plus que ça, elle est grandiose, et ne pouvant prendre de notes sur mon cellulaire, je n’ose aller trop loin sauf de dire qu’il décrit une époque dans ses dits et non-dits, comme l’homosexualité peinte dans la personne de Jupien (3) par exemple.



Par contre, cette pièce m’a donné le gout de lire cet auteur. En fait, et là je fais un aveu, c’est beaucoup pour moi qui suis d’abord et avant tout un lecteur d’essais, car j’aime le théâtre et le cinéma pour y découvrir la littérature que je ne lis pas puisque je lis autre chose du genre des essais et des études scientifiques en sciences sociales, politiques, économie et environnement par exemple. Mais, cette pièce m’a donné le gout de lire Proust à temps perdu ! C’est en dire la force. J’ai donc téléchargé l’intégralité d’À la recherche du temps perdu en format e-pub sur mon cellulaire, car ce format s’adapte à l’écran pour être toujours confortable à lire, et j’en ai débuté la lecture. Merci Mime Omnibus de m’avoir fait faire cette découverte, car on en entend pas toujours parler de la façon la plus élogieuse. Combien on dit que c’était ennuyant? De votre point de vue, tel ne semble pas être le cas.



Cet imaginaire est aussi une description du réel ai-je compris. Et, là, ça vient me chercher comme sociologue, car la littérature est aussi un matériel de compréhension des sociétés et de leurs changements. Ceci me permet de faire un aparté explicatif et méthodologique.



Tout le monde a connu des rêves qui semblent parfois si réels qu’on a l’impression de les avoir vécus. La même chose est vraie pour l’écrivain : son œuvre peut-être imprégnée de vécu au point qu’elle peut servir de document ethnologique pour comprendre l’histoire. Oui, il y a un biais, comme un flou sur une image, mais l’auteur, étant imprégné de son temps et de son milieu, ne peut faire autrement que de transmettre une part de la réalité, même dans la fiction. Inversement, dans un rapport officiel, on en aura peut-être volontairement tait ou atténué des éléments importants au point que ce qui sera retenu ne sera d’aucune utilité plus tard. À ce sujet, laissons la parole à un écrivain et essayiste canadien qui nous l’explique très bien :


« Why then does most fact-based work have a remarkably short shelf life? The reply might be that additional facts come along. (…) Decade-on serious ‘non-fiction’ often seem arcane, irrelevant. The written style itself seems to become old-fashioned.


« Two-centuries-old decent ‘fiction’ on the other hand can easily remain fresh. It often becomes our principal source of understanding for its period and place. And it often reveals to us a greater understanding of our own society as it functions today. In other words, great fiction can be true for its time, as well as somehow timeless, and true for our time. » (4)


Ce n’est pas pour rien que, si je suis un lecteur d’essais, je m’intéresse à la culture sous ses autres formes, car c’est souvent un révélateur social. Qui a fait de l’analyse de contenu et de l’ethnométhodologie le sait. (5)


Proust, ayant vécu le tournant du XIXe au XXe siècle, aurait très bien pu s’inscrire dans le courant de « la critique culturelle de la société bourgeoise », une tradition de pensée qui a émergé en Grande-Bretagne sous le nom de « Culture and Society » nous disent Mattelart et Neveu. (6) Et, en fait, il a certainement peint une critique du milieu qu’il a côtoyé, fréquentant notamment les salons avant d’écrire son œuvre. D’ailleurs, je sentais un côté anthropologique dans cette pièce de Mime Omnibus. C’est ce qui est venu me chercher, car j’ai l’impression qu’il décrit le milieu des salons bourgeois comme Zola décrivait le monde ouvrier. Peut-être plus romantique, mais non moins avec un certain réalisme des caractères. Son écriture fera que j’accrocherai ou non à sa lecture. Mais, sur cellulaire, ça devrait bien se lire en métro par exemple.


Notes


1. Marcel Proust (1871-1922), À la recherche du temps perdu/Du côté de chez Swann (Première partie), La Bibliothèque électronique du Québec, Collection À tous les vents, Volume 315 : version 1.6 p. 9


2. https://fr.wikipedia.org/wiki/Céleste_Albaret


3. https://fr.wikipedia.org/wiki/Jupien


4. Saul, John Ralston, 2001 (2002), On equilibrium, Canada: Penguin book p. 205


5. Je pense ici à mon cours d’analyse de contenu avec Gilles Houle à l’Université de Montréal.


6. Mattelart, Armand, et Neveu, Érik, 2003, Introduction aux Cultural Studies, Paris : La Découverte, col. Repères, p. 7


Autres références


- COULON, Alain, 1987, L'ethnométhodologie, France: P.U.F., col. «Que sais‑je?»

- GHIGLIONE, R., BEAUVOIS, J. L., CHABROL, C., TROGNON, A., 1980, Analyse de contenu, Paris : Armand Colin.





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