Le bien commun, ,
Éloge de la solidarité
R. Petrella, Éditions Labor, 93p., 1996
Il est évident que les principes fondateurs des sociétés modernes occidentales et occidentalisées s'effritent et disparaissent avec les principes de base que sont la sécurité d'existence et la garantie des droits sur la base du respect de la réciprocité entre tous les membres d'une communauté humaine. Dans tous les pays développés, les classes dirigeantes en sont venues à considérer l'état "Welfare" (l'état qui fait bien, qui promeut le bien-être) comme un boulet aux pieds des entreprises et un frein à leur compétitivité. Les entreprises demandent la privatisation et la déréglementation au nom du développement de services essentiels tels que l'alimentation, à la distribution de l'eau, à celle de l'énergie, etc.. Tout en démontrant la destruction progressive du bien commun par les tenants du néolibéralisme l'auteur illustre, l'importance du bien commun dans l'épanouissement des sociétés occidentales. Cette démonstation est particulièrement révélatrice du malaise moderne.Connaître l'importance du bien commun n'est cependant pas suffisant pour R. Petrella puisque durant ces vingt dernières années la mosaïque du bien commun a été remplacée par les lois du marché; les nouvelles Tables de la loi que sont la mondialisation, l'innovation technologique, la libéralisation, la déréglementation, la privatisation et la compétitivité. Afin d'endiguer cette hémorragie et de (re)construire le bien commun, nous devons nous donner les principes, les règles, les institutions,la culture et les moyens qui nous permettrons d'avancer sur le chemin de la gouvernance mondiale. |
Est-ce un tel mouvement évolutif que nous observons avec la tenue des sommets parallèles, tels le sommet de Porto Alegre ou le sommet des peuples de Québec? Il y a fort à parier que le président du Groupe de Lisbonne l'espère.
Ici, l'auteur entraîne son lecteur dans les méandres de la globalisation de la mondialisation. En effet, par une analyse historique et systématique du phénomène il identifie les acteurs et les impacts de l'évolution du néolibéralisme à un niveau planétaire. En portant un regard critique sur la naissance du libéralisme et sa construction sociale, il met en contexte les actions actuelles des militants "anti-mondialisation". Auteur de Et si le Tiers monde s'autofinançait (Éditions Écosociété) et spécialiste des questions internationales, celui-ci analyse avec un intérêt particulier l'accroissement du sous-développement dans les pays du Tiers Monde; un sous-développement cararactérisé par la création de "bidon ville" dans le village global.
Ce livre constitue une défense de l'écologie sociale, mouvement porteur d'un changement social positif. Malheureusement le comment n'est nullement abordé, D.I. Roussopolos rejoint ainsi la pensée de Noam Chomsky pour qui il est inutile, incertain voire nuisible de construire, dans un aujourd'hui aliéné et opprimé, des modèles destinés à préciser comment fonctionneront nos institutions dans un avenir libéré.
Tout au long de cet ouvrage, l'auteur explique les différentes facettes scientifiques de la production des OGM, leur risques (directs et indirects) ainsi que leur avantages. Bien que les applications existantes des OGM dans la recherche, l'agriculture, la médecine, l'industrie textile, l'armée et l'environnement soient abordées rapidement (aléa inhérent à un ouvrage de vulgarisation), ils le sont avec précision. Pour chacune des facettes abordées G.-É. Séralini émaille son texte de doutes fort à propos. Ainsi lorsqu'il aborde la question des OGM comme nettoyeurs de
Toutefois, ce professeur et chercheur en biologie moléculaire à l'Université de Caen (France) et reconnu comme expert dans des commissions gouvernementales sur les OGM ne rejete pas entièrement cette technologie. Selon lui, il serait irrationel de penser qu'une technique aussi puissante que la transgenèse ne présente aucun avantage ou au contraire aucun risque. Ce qui ne l'empêche pas de demander un étiquetage précis, une traçabilité exemplaire, une mise sur le marché prudente et contrôlée (..), une biovigilance sanitaire au même titre qu'il existe une biovigilance environnementale. Mais pourquoi les compagnies fabriquant ne prennent-elles pas de telles mesures? À ce sujet l'auteur explique que les compagnies brevetent et commercialisent à grand frais de recherche et de stratégies commerciales des produits ayant peu de valeur ajoutée pour les consommateurs, et que de ce fait ils ne seraient pas rentable avec un étiquettage. Qui voudrait acheter un produit modifié plus cher que son équivalent naturel? Une étrange figure s'impose, celle d'un mammouth OGM (monopole du vivant) non rentable.
Bien conçu et agréable à lire cet ouvrage apporte son lot d'informations permettant à tous d'avoir une idée plus juste de la problématique représentée par les organismes génétiquement modifiés. Comme le dit si bien G.-É. Séralini dans son ouvrage… réfléchissons avant de crier au miracle, car ce que nous observons actuellement est une grande entreprise de commercialisation du besoin le plus primodial de l'humanité, l'alimentation.
On ressort de la lecture de cet essai avec un espoir renouvelé dans les instruments sociaux disponibles, non afin de contrer la mondialisation, mais afin d'éviter une globalisation outrancière. Seule une solidarité mondiale pourra faire contrepoids à l'extension mondiale du néolibéralisme.
L'écologie Politique,
D.I. Roussopoulos, Les éditions Écosociété
144p., 1994
est confronté la société civile lorsqu'elle doit défendre des valeurs environnementales. La question que l'on se pose en lisant ce livre est: l'inclusion des valeurs environnementales dans la gestion étatique est-elle un moyen suffisant pour répondre aux pressions exercées par le développement humain sur l'environnement naturel?
OGM, le vrai débat,
G.-É. Seralini, Flammarion,
128p., 2000
l'environnement, il se demande en évoquant des laitues et des pommes de terre transgéniques absorbant les nitrates du sol pour les transformer en nitrites, si c'est une ruse […] qui sert la recherche sur la physiologie des plantes ou la dépollution les (sic) jardins?
Les aliments trafiqués,
les dessous de la biotechnologie
B. Kneen, Les éditions Écosociété,
251p., 2000
En voulant sauver le monde de la faim grâce aux biotechnologies, on exporte notre façon de concevoir et de connaître le monde (anthropocentrisme) au détriment de conceptions alternatives tout aussi valables. Ainsi, tel que le souligne Ivan Illitch, en prétendant [ou en supposant] que nous sommes responsables du monde, nous laissons également entendre que nous avons quelque pouvoir sur lui et, dans cette conviction consistant à croire que nous devons poursuivre notre effort censément scientifique en vue de le reconstruire nous augmentons notre besoin de croire que nous en sommes responsables – une boucle sans fin rendant toute société dépendante de la technologie. Ainsi quelques soient les véritables statistiques démographiques, l'industrie de la biotechnologie n'a pas du tout l'intention de nourrir quiconque ne peut payer. Les affamés et les démunis peuvent cependant servir à entretenir le sentiment de culpabilité des biens nantis et aider ainsi les méga-entreprises à obtenir ce qu'elles veulent de la part des politiciens et des organismes de réglementation, à mettre leurs nouveaux produits sur le marché et s'assurer que les agriculteurs du Nord prennent bien le virage technologique et à satisfaire leurs actionnaires. Par ailleurs, les biotechnologies, en rupture avec les pratiques agricoles traditionnelles misant sur une diversité maximale tout en favorisant une constante évolution, entraînent une certaine uniformité des plantes et des animaux découlant d'une uniformité génétique qu'on ne retrouve pas dans la nature. Cette uniformité menace la biodiversité et risque de rendre les sociétés dépendantes, à moyen ou long-terme, aux biotechnologies.
Par Les aliments trafiqués, les dessous de la biotechnologie, B. Kneen nous amène à une prise de conscience des enjeux éthiques et politiques constituant la base du débat entourant les organismes génétiquement modifiés et l'utilisation de la biotechnologie dans le domaine de l'alimentation. Ce soucis éthique l'amène lui-même à rejeter en bloc les OGM car […] peut-être y a t'-il des brides de la biotechnologie que je pourrais trouver acceptable, socialement et moralement, mais je ne peux pas prendre les morceaux qui me plaisent et laisser les autres de côté […].
Découverte: Le tout nouveau site internet de l'Association Nature–Science-Société dialogues – Sur ma table de chevet: La montagne de l'âme, Gao Xingjian. Un voyage humain et environnemental dans la Chine moderne, une intégration dans la littérature des problématiques environnementales. Sur mon bureau: Institutions for the earth de P.Haas, R.O. Keohane et M.A. Levy, Éditions - MIT Press. Un ouvrage illustrant les réalisations des institutions modernes en charge de la gestion mondiale de l'environnement. Il aborde la contribution potentielle de celles-ci et suggére des voies de développement prometteuses.
VertigO no 2, vol 1