Par ÉRIC DUCHEMIN,
Ph.D., Consultant en Environnement
Bien que les structures socio-économiques québécoises dépendent d’une augmentation de la production d’énergie électrique évaluée à 1,2 % par année , soit des besoins d’environ 500 MW par année, nous devons en tant que société nous donner les moyens de juger au niveau socio-économique et environnemental le bien fondé de tout programme de développement énergétique. Avec les avancées technologiques actuelles de nombreuses autres possibilités énergétiques s’offrent à nous. Que ce soit par la production d’énergie à partir des ressources éoliennes, par la production solaire dans un contexte d’électrification décentralisée ou encore par l’efficacité énergétique, il est possible de générer à partir d’énergie «vertes» des quantités non négligeables d’électricité. Par exemple, à partir de deux projets réalisés dans un quartier de Laval et à Métabetchouan (au Lac St-Jean), Négawatts Production Inc. estime qu’un programme québécois d’économie d’énergie léger permettrait d’économiser environ 600 MW à un coût inférieur à celui de l’énergie provenant de centrales de production traditionnelle.
Le bien fondé relatif d’un programme de petites centrales hydroélectriques sur le développement socio-économique des communautés a été longuement discuté lors des audiences de la Régie de l’énergie. Selon les intervenants, les opportunités de développements socio-économiques étaient soit importantes ou soit négligeables. Cette dichotomie provenait principalement du regard porté sur la problématique. Au niveau régional le programme permettrait aux petites communautés un certain développement, tandis qu’au niveau du Québec d’autres options énergétiques devaient être retenues. Toutefois, de la majorité des mémoires présentés, on peut conclure qu’à court et moyen terme l’énergie produite servira aux exportations mais qu’à long-terme elle satisfera à la demande énergétique québécoise, et ce, avec des impacts environnementaux mineurs. Cependant, il faudrait évaluer ces impacts avant de statuer leur absence. Une telle évaluation n’a pas été retenue dans l’Avis.
Pour permettre une évaluation environnementale du programme, le ministère de l’environnement du Québec a abaissé de 10 MW à 5 MW le seuil d’assujetissement des projets hydroélectriques à des audiences publiques. Ceci pourrait déclencher l’examen public de 31 des 36 projets qui sont sur la table des promotteurs. En revanche pour différentes raisons cela n’est pas suffisant :
Pour ces différentes raisons, il est important que le gouvernement recommande d’effectuer une évaluation environnementale de l’ensemble du programme. Une telle audience permettra d’évaluer et d’illustrer les impacts environnementaux que causera un tel programme. En outre, il permettra de faire prendre conscience au citoyen que le développement de petites centrales hydroélectriques n’est pas uniquement du ressort des régions touchées par les développements. Actuellement les différentes intervenants économiques impliqués dans le dossier privilégient une approche régionale. Le Saint-Laurent, dont le cours sillonne les basses–terres, risque d’être atteint par leurs actions. Enfin, une évaluation permettra de déterminer le bien fondé de chacun des projets pour l’ensemble de l’écosystème. Devons-nous permettre un développement régional sans considérer les impacts potentiels sur l’ensemble du territoire? Et n’oublions pas que dans ce programme on prévoit aménager des rivières ayant un potentiel hydroélectrique et non uniquement des ruisseaux avec de faibles débits.