VertigO - La revue en sciences de l'environnement sur le WEB, Vol 2 No 2, Octobre 2001

J'AI LU

Parer aux risques de demain
D. Bourg – J.-L. Schegel,
Éd. du Seuil, 187 p., 2001

     En ouvrant ce livre, on pénétre immédiatement dans le:pourquoi du développement d'un principe de précaution dans la conduite des affaires humaines. Que soit évoqué le cas récent de la "vache folle" en Europe, celui de l'accident nucléaire de Tchernobyl, de l'utilisation toujours présent du DDT ou de la crise environnementale actuelle, voila autant de raison de parer aux risques de demain. Loin de la technicité que l'on retrouve dans Le principe de précaution dans la conduite des affaires humaines (ouvrage sous la direction de O. Godard), D. Bourg et J.L Schegel abordent les sujets de base qui sous-tendent le principe de précaution. "Un principe qui n'a de sens que dans un contexte d'incertitude scientifique et qui préconise l'action à la source du danger avant que cette incertitude puisse être levée".

 Parer au risques de demain aborde les notions de risque et de danger, la perception du progrès, la crise environnementale et les responsabilités politique et économique dans la gestion sociale. Chacun des chapitres traitent des différentes facettes du principe avec plus ou moins de succès. Ainsi, bien que l'on soit d'accord avec l'importance du changement de la perception humaine du progrès technologique dans l'origine du développement du principe de précaution visant son contrôle, le traitement fait à cette problématique s'égare dans des méandres intellectuels difficilement cernables. Ceci est d'autant plus surprenant que d'autres chapitres sont d'une clareté exemplaire. En revanche, ce manque de rigueur passager est compensé par des conclusions pertinentes. Par exemple, afin d'appliquer le principe les auteurs recommandent l'utilisation de procédures diversifiées de participation. Selon eux, c'est dans le "contexte générale des procédures de participation nouvelles que se fait jour et qu'est posée de plus en plus fortement la question du recours au principe de précaution". Cette recommandation est loin de l'éternel appel au développement d'une science plus précise. Le mélange de réalité et de fantasmes représente une difficulté spécifique des questions d'environnement. Il est impossible d'opposer la perception humaine et l'objectivité des risques, au sens où ne seraient objectifs que les risques décrits et analysés. La rigueur analytique et la participation seraient la solution pour l'application du principe.

Il ne faut pas croire que par la définition du principe, perçu par certain comme un moyen de paralyser le développement humain, les auteurs veulent détruire toute forme de progrès. Bien au contraire, ils considèrent que l’accumulation du savoir scientifique conduira nécessairement, par les avancées technologiques et industrielles qu’elle autorise et promeut, à une amélioration générale de la condition humaine. Cependant la maîtrise des technologies ne permet pas de faire table rase sur les risques car la maîtrise ne cesse de produire de la non-maîtrise, les avoir ne cesse de produire de l’ignorance, qui elle-même suscitera de nouvelles connaissances, qui elle-même…. – à l’infini.

Ce livre est une bonne introduction aux ouvrages plus techniques et pratiques sur l'utilisation du principe de précaution. Tout en remettant les concepts à leur place, il permet de départager l'usage abusif et/ou approprié que nous faisons du terme

É. Duchemin

 

Notre empreinte écologique
M. Wackernagel et W. Rees,
Éditions Écosociété, 207 p., 1999

      L'objectif de M. Wackernagel et W. Rees, respectivement directeur du groupe de réflexion Redefining Progress et directeur de l'École de planification communautaire et régionale de l'université de Colombie-Britannique, est de founir un outil de planification pour mesurer le poids réel sur la terre de l'entreprise humaine. Un outil abordable pour tous et chacun. Tel que définit par les auteurs, l'empreinte écologique est la mesure de la charge qu'impose à la nature une population donnée. Elle représente la surface du sol nécessaire pour soutenir les niveaux actuels de consommation des ressources et de production de déchets de cette population. À l'ère de l'urbanistion et de la mondialisation il est primordial d'avoir de tels outils permettant d'imager et de quantifier notre impact sur l'environnement. L'empreinte écologique est l'une d'elle.

Conscients des limites de l'outil développé, dans cet ouvrage, les auteurs livrent l'ensemble des principes du calcul de l'empreinte. Par une écriture limpide ils décrivent les fondements de la méthodologie. Cette description est complétée par des études de cas où les auteurs jouent avec les empreintes. Cette manière de concevoir l'utilisation de l'outil reflète bien l'ouvrage; un support pédagogique non rébarbatif. Les auteurs ont confiance dans leur indicateur. Cette confiance pousse à utiliser l'empreinte écologique afin d'évaluer ce que nous pouvons personnellement faire pour réduire notre impact sur l'environnement. Toutes les applications pratiques de l'empreinte écologique, allant de l'initiation des enfants à l'éducation relative à l'environnement jusqu'à l'évaluation de politiques et de projets municipaux, aideront à formuler des enjeux et des solutions de durabilité. L'empreinte écologique est un ouvrage pédagogique primordial pour faire connaître les notions d'écologie dans les écoles. Pour que nos enfants ne croient pas que notre mode de vie n'a pas d'effet. Si cet effet n'est pas visible à proximité, il l'est certainement ailleurs. L'ouvrage est parsemé de dessins illustrant de façon juste, et agréable, les propos.

É.D.

Restructured rivers – Hydropower in the Era of Competetive Markets
Philip Raphals,
International Rivers Network, 113p., 2001

      À l’époque de la restructuration des systèmes énergétiques nationaux et continentaux, la « Planification intégrée des ressources » - approche structurante assurant une solution optimale dans le but de rencontrer, dans une perspective sociétale, les besoins énergétiques futurs - est éliminée. Cet abandon laisse place à la loi du marché. Dans un tel contexte, de nombreuses problématiques, dont celle de l’intégration des externalités environnementales et de la justice environnementale, émergent.

En utilisant les cas précis de la Californie et du Québec, Philip Raphals du Centre Hélios amène les lecteurs à travers les dédales de la restructuration énergétique. Son analyse porte spécialement sur la place de l’hydroélectricité dans une telle restructuration. Pour ce faire, il analyse les restructurations et leurs liens avec l’environnement, les impacts environnementaux de la production hydroélectrique et les différents moyens d’inclure dans le cadre d’un environnement compétitif les impacts environnementaux de ce type de production énergétique.

Ce rapport englobe l’ensemble de la problématique entourant la place de l’hydroélectricité dans les systèmes énergétiques restructurés, tout en offrant des moyens permettant d’intégrer les impacts environnementaux de tels développements.

É.D.

L’électrification rurale décentralisée; une chance pour les hommes, des techniques pour la planète.
Œuvre collective sous la direction de
C. De Gouvello et Y. Maigre,
Ed. Systèmes Solaires, 363p., 2000

 Encore à ce jour on estime que 2,6 milliards d’individus n’ont pas accès à une source d’énergie stable et autonome. Par continent, ce chiffre est de 2 milliards d’individus pour l’Asie, de 430 millions en Afrique, de 120 millions en Amérique du sud et de 80 millions au moyen-orient. Dans un contexte économique néo-libéral, ces individus -principalement situés en zones rurales - ont peu de chance d’être raccordés prochainement au réseau électrique. Un tel raccordement ne serait pas rentable économiquement. Cette absence de raccordement se traduit par l’utilisation d'une énergie de premier recours (lampe à pétrole, batterie). Bien que l’utilisation de ce type d‘énergie, ne demandant pas un investissement majeur à l’initial, soit avantageuse à court terme, à long terme elle est coûteuse en argent et en temps. Une approche pour palier aux besoins énergétiques des régions rurales serait l’électrification rurale décentralisée.

Dans cet ouvrage, les différents auteurs abordent avec l’angle de la pratique les différentes facettes de l’implantation des systèmes énergétiques photovoltaïques dans les milieux ruraux. Chacune des problématiques auxquelles doivent faire face les intervenants lors l’implantation de technologies dans les pays en développement est abordée de manière succinte mais précise. Chaque fois on perçoit que l’expérience de terrain est présente et sous-tend les analyses. Cette impression se confirme par la présentation de six études de cas à la fin de l’ouvrage. Tout en démontrant une cohésion d’ensemble axée sur la rédaction d’un guide technique, les différents chapitres amènent tous à une réflexion dépassant la seule technique. Nous sommes plus près de la définition d’une approche intégrée de gestion environnementale.

Quelle que soit la problématique à analyser, la lecture de ce livre est une mine de renseignements pour toute personne intervenant dans les pays en développement.

É.D

Découverte:– Le programme informatique BASIN développé par US-Environmental Protection Agency. Ce programme SIG regroupe de nombreuses informations sur les bassins versant des États-Unis - Idéal pour ceux ayant des contrats ou des projets de recherche dans ce pays. Sur ma table de chevet:. Sur mon bureau:


VertigO no 2, vol 2