VertigO - La revue en sciences de l'environnement sur le WEB, Vol 3 No 2 , Octobre 2002

DOSSIER :
VILLE ET ENVIRONNEMENT

Par NORMAND BRUNET,
Chercheur, Chaire d’études sur les écosystèmes urbains,
Université du Québec à Montréal
C.P. 8888, succ. Centre-Ville, H3C 3P8,
courriel : brunet.normand@uqam.ca



    Comment espérer la mise en œuvre du développement viable, ou même, plus simplement, une quelconque amélioration de la qualité de l’environnement à l’échelle planétaire si on ne s’intéresse pas sérieusement à la question des villes ? C’est pourtant l’erreur historique qu’on s’apprêtaient à commettre lorsque s’est amorcée la préparation de la Conférence des Nations Unies sur l’environnement et le développement (CNUED ou Sommet de la Terre, Rio de Janeiro, juin 1992). Comme si l’environnement s’arrêtait aux portes des villes !

La vigilance et les pressions exercées par les grandes associations internationales de villes et d’autorités locales ont finalement permis de corriger le tir, de préparer ce qui est devenu le chapitre 28 d’Action 21 (ou Agenda 21), intitulé Initiatives des collectivités locales à l’appui d’Action 21, et de faire une place aux représentants des villes du monde lors du Sommet de la Terre. Après tout, la moitié de la population humaine habite dans les villes.

Les rencontres internationales portant sur des thématiques reliées au développement urbain viable se sont multipliées au début des années 1990. Les grandes associations ont été amenées à travailler conjointement pour faire entendre leurs voix auprès des Nations Unies. La route vers le Sommet mondial des villes (Habitat II, Istanbul, juin 1996) fut ainsi moins cahoteuse, surtout que cette grande conférence onusienne portait spécifiquement sur les établissements humains.

Il faut cependant se rappeler qu’à Istanbul, tout comme à Stockholm (1972), Nairobi (1982), Rio (1992) et tout récemment Johannesburg, ce sont les gouvernements nationaux qui sont d’abord interpellés, et que leurs préoccupations sont souvent bien éloignées des questions urbaines. Par ailleurs, la place plus importante qu’occupent maintenant les autorités locales et les associations qui les représentent dans les grands forums internationaux ne se traduit pas nécessairement par des changements concrets sur le terrain. Les constats établis en marge du Sommet de Rio sont encore aussi criants d’actualité ; l’urgence d’agir est toujours aussi vive. Les progrès enregistrés sur certains fronts restent modestes, tandis que sur d’autres la situation continue de se détériorer. La mise en œuvre du développement viable représente une tâche ambitieuse, laborieuse et complexe. Le niveau de complexité, particulièrement élevé en milieu urbain, appelle l’application d’une approche intégrée.

Depuis une dizaine d’années, une attention grandissante est consacrée aux problématiques environnementales, sociales et économiques des villes, abordées séparément ou dans leurs multiples interrelations. VertigO propose ici son premier dossier urbain, rejoignant une belle variété de thèmes : portrait des problématiques environnementales de Los Angeles, agriculture urbaine, jardins potagers communautaires, gestion des parcs-nature, expérience de rue écologique, réhabilitation des friches industrielles, réduction de la dépendance à l’automobile, controverse autour de la formation d'un nouvel espace public, modèle brésilien de planification urbaine.

Bonne lecture… urbaine !

VertigO no 2, vol 3