VertigO - La revue en sciences de l'environnement sur le WEB, Vol 3 No 2 , Octobre 2002

LE CADRE DE VIE ET LES JARDINS POTAGERS COMMUNAUTAIRES À MONTRÉAL

Par STEPHEN REYBURN
Candidat au doctorat, Institut national de la recherche scientifique – Urbanisation, culture et société,
courriel: stefan_reyburn@inrs-ucs.uquebec.ca



 

Introduction

     À l’échelle mondiale, le phénomène de l’agriculture urbaine s’étend au-delà de la question de la sécurité alimentaire, de la qualité nutritive et la fraîcheur des aliments. Elle répondrait à un nombre important de problèmes urbains et d’enjeux d’urbanisation. La Fondation Allemande pour le Développement International (2000) souligne l’importance de l’agriculture urbaine comme support à la croissance du marché de l’emploi et de l’économie urbaine. Elle se justifie comme un moyen d’augmenter les revenus nets des ménages (surtout ceux des femmes) et d’épauler les nouveaux arrivants de provenance rurale faisant face aux défis de la vie urbaine. L’agriculture urbaine détient un potentiel pour l’assainissement de l’environnement urbain. Elle contribuerait à la récupération des déchets organiques et de l’eau usée, l’enrichissement biologique du sol et du sous-sol, et la conservation et la mise en valeur des espaces libres. Ces questions ont été examinées dans les contextes de planification urbaine des villes des pays en voie de développement. La présente étude s’inscrit dans la problématique des villes des pays du Nord qui correspond peu aux conditions des cas étudiés par la Fondation Allemande et ses partenaires.

Le sujet de cet article porte sur le développement de l’agriculture urbaine communautaire à Montréal. À la lecture de la littérature courante en agriculture urbaine, on dégage trois thèmes qui servent de guide à l’élaboration d’un cadre d’analyse des expériences observées sur le terrain. Des entrevues ont été menées auprès de responsables de groupes communautaires montréalais engagés dans l’agriculture urbaine. Les discours qu’ils sous-entendent à travers leurs actions confirment les thèmes abordés dans la littérature. À certains niveaux on constate des corrélations entre les approches proposées dans les ouvrages consultés et leurs réalisations. Les observations du terrain et les informations recueillies ont permis de faire un bilan des enjeux principaux qui entourent leur programmation ainsi que les conditions d’émergence et les limites des projets. Un portrait plus juste et détaillé des groupes a été dressé. Tout d’abord, la notion du cadre de vie sera précisé à partir d’une recension du corpus en études urbaines. Son prolongement vers le domaine de l’agriculture urbaine permet d’élargir les perspectives de recherche. Il représente une notion intermédiaire à partir de laquelle il est possible de mieux appréhender le phénomène de l’agriculture urbaine communautaire et d’évaluer ses retombées réelles sur la ville.

Quelques réflexions sur le cadre de vie urbain

Le cadre de vie fait son apparition dans les études urbaines au début des années 1960 grâce notamment aux travaux de Lynch. Pour Lynch, les voies, les points de repères, les limites, les nœuds et les quartiers sont les cinq éléments des formes physiques urbaines. Son analyse se limite à l’effet des objets physiques et perceptibles sur la ville et les citadins (Lynch, 1969). Il insiste sur la pertinence des opérations d’urbanisme qui vont améliorer la lisibilité de la ville en fonction des cinq éléments (et qui en conséquence diminueraient la confusion visuelle du cadre de vie). Ces éléments se chevauchent et s’interpénètrent : « Les quartiers sont structurés par des nœuds circonscrits par des limites transpercées par des voies et parsemés de points de repères » (Lynch, 1969). Cette juxtaposition sensorielle forme une impression d’ensemble : « les voies mettent en évidence et amorcent les quartiers et lient ensemble les différents nœuds. Les nœuds servent de joints et de jalons aux voies, tandis que les limites sont les frontières des quartiers et les points de repères des indicateurs de leur centre » (Lynch, 1969). Lynch suppose que l’environnement visuel détermine la qualité du cadre de vie.

La dimension proprement urbaine du cadre de vie prenait un sens avec la montée de l’urbanisation et du fait que les sociétés modernes devenaient plus citadines que rurales. Une forte réaction se manifestait en parallèle contre l’urbanisation tout azimut et pour la sauvegarde des anciens quartiers urbains. Ce point de vue est repris par Jacobs qui considère ces quartiers aménagés au début du siècle dernier comme milieu propice à l’essor de notre civilisation. Elle défend la thèse selon laquelle la diversité représente le moyen ultime de renverser les processus de déclin qui aboutissent inéluctablement à une sorte de « Great Blight of Dullness » (Jacobs, 1961). Elle élabore son principe d’urbanité sur les conditions indispensables au maintien de la diversité du milieu urbain : la multiplication des fonctions d’un quartier qui permet d’augmenter l’achalandage en tout temps, le raccourcissement des îlots et du cadre bâti qui engendre la multiplication des itinéraires à travers la ville, la mixité de l’âge et des conditions des bâtiments qui permet d’accroître les potentialités du rendement économique, et finalement, la concentration de résidents ou de visiteurs dans le district qui permet d’assurer une densité permanente. L’examen de ces dimensions fait voir la signification de l’espace aménagé dans l’expérience humaine du phénomène urbain.

Vingt ans plus tard, Appleyard (1981) centre le cadre de vie sur la relation entre la viabilité des espaces publics et privés et l’accessibilité aux aménités à proximité des lieux d’habitat. Le cadre de vie se définit selon l’expression des individus de leur satisfaction environnementale, et selon la capacité du milieu à répondre au désir d’une meilleure qualité de vie. Cet auteur se réfère aussi aux impressions qu’ils se font de leur cadre socioculturel dans leur quête d’équipements collectifs ou d’activités sociales mieux adaptés à leurs attentes. L’échelle souhaitée, les densités optimales et les types de comportements appropriés à une expérience satisfaisante de la vie urbaine sont les aspects d’urbanisme retenus dans ces études sur le cadre de vie. Depuis une dizaine d’années et à l’instar des déclarations et traités en réponse à la crise annoncée de l’écosystème planétaire et de nouveaux modèles théoriques tels que le développement durable, les auteurs mettent l’accent sur les conditions écologiques du cadre de vie (Hough, 1989, Commission royale, 1992). C’est autour de la durabilité et de la viabilité (Roseland, 1992; Haughton, 1997; Kilbert, 1999) que se définit le cadre de vie urbain aujourd’hui.

Ces études convergent vers une préoccupation fondamentale: la quête individuelle, par le citadin, de la qualité de vie. On suppose que les gouvernements urbains et élites qui appuient les décisions favorables à l’amélioration de la qualité de vie sont en mesure de répondre à tous les besoins des citadins. On estime que l’urbanisme contemporain devrait tenir compte de ces besoins dans ses visions du développement urbain, surtout dans un contexte socialement hétérogène, multiculturel et fragmenté, tel que Montréal (Germain et Rose, 2000). Par contre, les contradictions innées du système capitaliste, notamment au niveau de la fragilisation sociale due aux défauts du marché immobilier, imposeraient des limites importantes à la capacité de l’État à satisfaire la gamme des besoins (Harvey, 1989; Hise, Dear et Schockman, 1996). Cet argument, qu’évoque le courant post-moderne dans les études urbaines, reflète la complexification de la justification des politiques urbaines conventionnelles dans un contexte de rupture politique irrémédiable à l’échelle locale, voire nationale.

Dans un autre ordre d’idées, le géographe français Paul Claval pense que le rôle des villes est de répondre aux aspirations des citadins en leur assurant l’accès aux biens et aux services et à un cadre naturel de meilleure qualité. C’est le milieu dans lequel la vie quotidienne se déroule qui est valorisé et qui est placé au centre d’intérêt des politiques de planification urbaine : « la qualité de vie passe par un dialogue renoué avec la nature car c’est la nature qui donne un sens au premier degré aux aménagements urbains » (Claval, 1994). Il ajoute que « la qualité de vie passe par la redécouverte d’un sens qui s’est perdu du vivre en commun ». Les citadins souhaitent participer à la vie associative. Ils sont engagés à investir dans les lieux historiques ou à proximité de leur lieu d’habitat. Cet investissement direct traduit autant le besoin de se donner une ambiance agréable que de créer une continuité avec le passé. Ils cherchent à fonder une identité collective et à s’enraciner dans le milieu. L’ouverture aux diverses formes de participation active à la vie urbaine justifie le « besoin de redonner une certaine sacralité à la ville, mais qui est un sacré devenu profane qui passe par la convivialité et qui s’exprime dans le sens retrouvé de la fête » (Claval, 1994). Cet auteur fait porter ces thèmes sur les discours écologistes et patrimoniaux qui se retrouvent au cœur de nombreux débats locaux et communautaires à Montréal (Sénécal et Saint-Laurent, 1999).

Jardin communautaire à Montréal. Photo Stefan Reyburn

Le cadre de vie détient donc une place d’importance primordiale dans toute approche urbanistique axée sur les demandes de la population pour un environnement de qualité. Il s’agit plutôt de l’environnement vécu par le citadin que de l’environnement auquel il aspire ou prétend posséder. Nous supposons que l’agriculture urbaine communautaire compte parmi les projets émergeants dans nos villes qui vise la bonification de l’environnement vécu. Pour mieux saisir le phénomène de l’agriculture urbaine, il faudra tenir compte du contexte politique dans lequel s’insèrent ces projets d’aménagement. Claval (1981) oppose la désagrégation politique et la désorganisation administrative qui se manifestent dans nos agglomérations contemporaines aux combats que livrent les autorités de l’ordre public. Pour cet auteur, la vie urbaine est comme un couteau à deux tranchants; par exemple, le gouvernement fait la promotion de l’industrie et lui offre de nombreux services à bon marché mais les conditions de vie se détériorent dans ces secteurs de la ville, ce qui peut engendrer des tensions sociales. Les intérêts divergents se confrontent sans répit. Des formules décisionnelles novatrices et éloignées des centres de pouvoir sont esquissées pour négocier une trêve entre les parties prenantes et les populations marginalisées qui subissent un inconfort ou un inconvénient. Ces tâches sont déléguées dans la plupart des cas à des groupes impartiaux qui coordonnent des programmes de gestion technocratique et anodine. Ces groupes sont formés d’élites qui n’appartiennent pas nécessairement au domaine public. Ils ne font pas partie de groupes qui prétendent représenter les intérêts d’une population donnée et qui sont issus du milieu associatif.

Dans de pareilles circonstances, les resserrements sociaux et communautaires peuvent s’effriter puisque l’appartenance n’est plus un point de repère cohérent et absolu pour les groupes rivaux ou pour ceux qui forment des alliances. C’est une des raisons pour laquelle nous sommes témoins d’un intérêt croissant pour la gestion publique et pour la participation directe des citadins dans la mise en œuvre de solutions aux problèmes urbains. Se forment alors des regroupements et des tables de concertation selon un ordre de voisinage, d’affinités ou de valeurs partagées, mais dans lesquels les membres sont soucieux de protéger leur investissement, leur patrimoine, leur environnement et leur qualité de vie. Pourtant, des limites s’imposent sur ces genres de revendication et modèrent le rayon d’action des mouvements locaux urbains. Dans les faits, l’autonomie absolue n’est jamais atteinte : « le regain d’intérêt pour les affaires municipales ne traduit pas un retour aux identifications communautaires étroites » (Claval, 1981). L’exemple de l’agriculture urbaine communautaire est probant pour explorer ces questions et susceptible d’offrir des pistes pour mieux comprendre la place de l’individu vis-à-vis son cadre de vie et le rôle de la communauté dans l’urbanisme contemporain.

L’architecture conceptuelle de l’agriculture urbaine

La sécurité alimentaire, le développement social et la durabilité urbaine sont les trois thèmes spécifiques qui se dégagent d’une revue de la littérature scientifique en agriculture urbaine. Nous regroupons ces thèmes autour d’une définition synthétique de l’agriculture urbaine communautaire.

Le premier thème retenu est la sécurité alimentaire. Elle permet l’accessibilité aux aliments, en particulier aux personnes à faible revenu qui seraient sensibles aux fluctuations des prix de la nourriture, dues au coût d’achat et de déplacement. Elle se traduit par des actions visant à contrer l’incidence des systèmes de distribution alimentaire de charité sur la dépendance des usagers et à instaurer des solutions de rechange. Par ailleurs, la sécurité alimentaire signifie la promotion de bonnes habitudes alimentaires et la réduction de maladies liées à une mauvaise nutrition.

Le développement social est le deuxième thème que nous inscrivons dans notre définition. Nous le faisons converger vers le domaine de l’entrepreneuriat communautaire et de la création et de l’expansion de marchés locaux. Il met en commun les loisirs et la cohésion sociale et comprend les initiatives en matière d’éducation populaire visant à promouvoir de nouveaux comportements ou attitudes face au milieu de vie. Des moyens sont conçus de stimuler la participation à la vie associative autour de projets tangibles en tenant compte de leur potentiel de valorisation des participants et du territoire local.

Le troisième thème renvoie à la durabilité urbaine. Il s’agit du verdissement du milieu, de la requalification de terrains en friche, et de l’amélioration des équipements et infrastructures dans une perspective de viabilité à long terme. Ce thème évoque l’accroissement de la biodiversité et la sensibilisation de la population aux cycles de la nature par une conception ciblée sur le principe du respect de l’écologie et sur le rapprochement physique des consommateurs aux lieux de production et aux ressources naturelles.

Tableau 1 : Les composantes fondamentales du cadre de vie urbain (Claval, 1981)

Kaufman et Bailkey (1999) examinent les moyens dont disposent quelques municipalités aux États-Unis pour appuyer des groupes communautaires dans l’aménagement de jardins potagers. Dans ces cas, l’agriculture urbaine permet d’accroître l’accessibilité économique et géographique aux aliments et d’encourager la consommation de nourriture de bonne qualité produite localement. Dans les milieux défavorisés, ces jardins formeraient un véritable bouclier contre la faim (Pothukuchi et Kaufman, 2000). Les activités qui visent à contrer la privation alimentaire entraîneraient également des retombées positives sur l’équité sociale et l’autonomie des populations vulnérables dans leurs milieux de vie (Armstrong, 2000; Boulianne, 2000).

« L’agriculture urbaine est une industrie qui produit, manufacture et met en marché des aliments et des combustibles, en réponse à la demande en consommation quotidienne aux échelles urbaines et métropolitaines » suggèrent Smit et al. (1996). Cette définition rejoint les préoccupations de la majorité des auteurs cités. Ceux qui pratiquent cette agriculture mettent en avant des méthodes de production intensive et diversifiée. Ils favorisent l’utilisation et la réutilisation de ressources naturelles et des déchets biodégradables urbains. Une gamme de techniques agricoles novatrices est conçue pour accommoder les besoins des fermiers urbains aux conditions environnementales auxquelles ils sont soumises dans la ville : aménagement de mini serres commerciales, élevage de petits animaux comestibles, et plantation de maraîchers, de fruits et de fleurs comestibles sur les espaces libres, les toitures, les balcons, les parcs publics, les friches, aux abords des cours d’eau, etc. (Katz, 1996). Les fermiers urbains sont appelés à donner aux villes une plus grande autonomie alimentaire, notamment dans les mégalopoles de pays en voie de développement (Deestra et Girardet, 2000).

L’agriculture urbaine incarne aussi des objectifs de sensibilisation des citadins à l’écologie et de transformation de leurs attitudes et comportements (Barrs, 1999). Dans ce contexte, mettre la priorité sur le développement de politiques favorisant l’accroissement d’espaces urbains réservés à la fonction agricole peut prendre un sens. L’usage excessif de pesticides et d’engrais chimiques par le complexe agro-industriel est remis en cause et est accusé d’être à l’origine des dommages encaissés par les écosystèmes naturels. Baars admet que les subventions publiques aux entreprises commerciales agroalimentaires représentent des coûts importants qui ne sont pas reflétés dans les prix de vente aux consommateurs. Il pense que ces coûts sont transférés aux écosystèmes. Certains auteurs souhaitent que l’on mette fin à cette politique (Koc et al. 2000). Ils s’associent à des lobbies et proposent des moyens d’influencer les gouvernements afin qu’ils révisent à la baisse leur politique de redistribution du capital. Par la suite, les ressources devront se rediriger vers des fonds de démarrage d’initiatives en agriculture urbaine.

Rees (1997) mesure les problèmes environnementaux urbains en fonction de l’empreinte écologique de la ville. Elle permet de délimiter la ville de sa bio-région. L’agriculture urbaine favoriserait la réduction de l’empreinte et, par conséquent, contribuerait au développement durable de la ville. Cela se traduit par une baisse du volume des importations d’aliments provenant de l’extérieur de la bio-région. Celle-ci est synonyme du bassin versant qui comprend les zones urbanisées et naturelles d’une agglomération. Le projet d’autonomie alimentaire à l’échelle métropolitaine consiste à rapprocher le sol productif aux citadins là où ils habitent. Il vise aussi à rapprocher la ville des sources d’eau et des matières combustibles naturelles. Rees suppose que la rupture entre le citadin et la ferme « traditionnelle » entraînerait une aliénation et des malaises psychologiques que l’agriculture urbaine saurait redresser.

Mougeot (2000) estime que les définitions en agriculture urbaine recensées dans la littérature ne suffisent pas à démontrer les liens intrinsèques entre les mondes de l’agriculture et de l’urbanité. Deux dimensions qui avaient été généralement négligées par les auteurs sont au centre d’intérêt de sa définition. D’abord, l’agriculture urbaine se développe en complémentarité avec l’agriculture rurale puisque toutes formes d’agriculture s’imbriquent dans le système alimentaire local. Ensuite, l’agriculture urbaine s’intègre aux systèmes urbains, tant au niveau écologique qu’économique. Dans ce sens, elle se démarque clairement des autres formes d’agriculture. Elle entretient une relation symbiotique avec son milieu immédiat car elle exploite les systèmes urbains et est exploitée par eux.

Les rapports entre le système alimentaire et les enjeux d’urbanisme, et entre l’économie agricole et l’agriculture urbaine, reste toutefois à être démontrés. Dans les pays comme le Canada, les municipalités reconnaissent néanmoins l’agriculture urbaine comme une source locale d’approvisionnement alimentaire, comme une activité culturelle et pédagogique, et comme une alternative de détente et de loisir (Frojmovic, 1996). Dans les autres pays, une hausse de la disponibilité et de la production de fruits et de légumes en ville contribuerait à l’amélioration nutritionnelle et à la santé des populations urbaines, à la durabilité des villes et à la stimulation de l’économie locale (Loseda, et al. 1998; Tacoli, 1998; Jacobi et al. 2000). Il s’agit peut-être d’une illustration des dissemblances entre les conditions des villes du Nord et du Sud. Cependant, les experts de l’ONU soutiennent que même si le monde produisait des victuailles en quantité suffisante pour tous, l’inefficacité des systèmes actuels de distribution des aliments aux échelles locales, nationales et internationales indisposerait les populations urbaines marginales à se nourrir adéquatement (FAO, 1999). Dans ce scénario, les villes auront à accroître la quantité de leur production, et l’agriculture urbaine deviendrait alors nécessaire ou même obligatoire. Quoi qu’il en soit, la majorité des auteurs cités s’entendent sur une approche intégrée qui associe aliments, santé et qualité du milieu urbain et qui trouve preneur surtout chez les groupes et les individus qui désirent s’approvisionner en aliments qu’ils ont eux-mêmes produits.

Résultats de l’étude du projet de l’agriculture urbaine communautaire à Montréal

L’agriculture urbaine existe sous diverses formes et se retrouve dans divers milieux. Ce phénomène très répandu témoigne de la popularité du jardinage (Lindayati, 1996). À Montréal, elle est pratiquée surtout sur les espaces non construits de propriétés privées. Outre ces jardins qui caractérisent le cadre physique des zones résidentielles de faible ou de moyenne densité, se développent ici et là des jardins informels sur des parcelles sous-utilisées ou en friche. Le Jardin Botanique et le Collège MacDonald de l’Université McGill ont aménagé des « jardins de production » à titre expérimental ouvert au grand public (Fleury et Donadieu, 1997). Ces institutions proposent une programmation réputée en éducation relative à l’environnement qui combine formation au jardinage et sensibilisation à la nature.

À une toute autre échelle que ces jardins potagers, la production agricole moderne et industrielle est largement reléguée aux zones rurales du Québec (Ouimet, 2001). Mais on estime qu’elle occupe aujourd’hui également 58% du territoire de la région métropolitaine de recensement de Montréal (RMR). Bryant et Marois (1998) soulignent l’importance économique et la diversité des productions dans ces zones périurbaines. Elles répondraient aux demandes spécifiques manifestées par les consommateurs montréalais et d’ailleurs. Le marché est axé sur la vente immédiate d’aliments frais à forte valeur ajoutée. Ces activités agricoles de la frange urbaine de la RMR sont soumises aux pressions permanentes de l’étalement urbain (Donadieu, 1998). L’avenir dépend en bonne partie de la législation provinciale sur la protection du territoire agricole mis en place à la fin des années 1970. Bien que l’agriculture urbaine peut comprendre ces fermes retrouvées aux abords du périmètre d’urbanisation, seulement les initiatives situées dans les quartiers centraux et péri-centraux de Montréal qui sont amorcés et soutenus entièrement par des groupes issus du milieu associatif sont retenues dans le cadre de cette étude.

Une enquête a donc été entreprise sur un nombre de ces initiatives. Cette démarche d’observation s’est tenue en août et septembre 2001. La recension des projets a permis d’identifier sept groupes actifs sur le terrain. Un groupe toujours actif en 2002 a délaissé la dimension sociale du jardin et n’offre plus d’animation, tandis qu’un autre a mis la production maraîchère en jachère. Trois de ces projets n’ont pas été reconduits et sont abandonnés. Selon quelques intervenants, la nature éphémère de certains types de projets de jardinage est une conséquence des conditions précaires du milieu communautaire, du retrait des employés experts en agriculture, du manque chronique de financement et de la chute de l’intérêt de la population participante. C’est la combinaison de ces problèmes qui entraînerait la disparition du projet.

Les coordonnateurs et animateurs de ces sept groupes communautaires ont été rencontrés. L’étude a permis de connaître les objectifs et les intentions qu’ils se sont donnés, leurs discours, leur mode d’organisation et de fonctionnement, et le rendement économique et alimentaire. D’autres informations recueillies portaient sur l’origine du projet, le recrutement, le travail exigé, l’animation et la formation des jardiniers, l’encadrement des stagiaires, les sources de financement, les particularités du contexte urbain dans lequel les jardins s’inscrivent, et les pratiques agricoles en vigueur. Les questions posées à l’entrevue exigeaient des répondants qu’ils reconstituent la trajectoire parcourue dans leurs démarches en relation aux types d’informations demandées. Les résultats de l’enquête ont donné un avant-goût des composantes des milieux et un aperçu de l’ordre de grandeur des projets en cours.

Les données récoltées sur le terrain indiquent que tous les groupes sont engagés dans des débats sur l’écologie, l’équité sociale, la santé publique et l’éducation populaire. Certains d’entre eux ont fait part qu’ils participent à des réseaux nationaux qui militent entre autres pour l’agriculture biologique. On laisse entendre l’existence d’un véritable mouvement social de grande envergure. Par exemple, l’Union paysanne favorise la ferme à l’échelle humaine, soutient des pratiques agricoles respectueuses des sols et des animaux et prône une saine et juste alimentation et le bannissement des OGM et des engrais chimiques. Sur les 1 500 membres, on en compte plus de 200 situés dans la région montréalaise (La Presse, 17 février, 2002). La plupart des groupes rencontrés s’alignent sur la vision de l’Union. Certains en sont même devenus membre et participent à leurs revendications. Leur projet de jardinage est défini alors comme un moyen de réaliser l’agriculture biologique.

Le mode de fonctionnement des groupes suit les mêmes principes que la plupart des organismes communautaires. Tous sauf un disposent d’un Conseil d’administration (CA) auquel ils doivent rendre compte des activités et des questions budgétaires. Le CA se distancie du contenu des activités et permet aux groupes d’investir dans des dossiers parallèles qui se rapprochent toutefois de leurs missions. Il revient aux coordonnateurs de faire la preuve que la programmation tend aux même résultats escomptés, afin d’éviter d’être pénalisé par le CA ou par les bailleurs de fonds. Dans certains cas, le jardin représente leur principale raison d’être et relève de préoccupations relativement diversifiées. Un des objectifs consiste à servir en priorité les intérêts des personnes qui souffrent d’une insécurité au plan alimentaire et qui sont socialement isolées. D’autres visent à offrir une opportunité aux gens de s’impliquer dans l’amélioration de leur milieu, de s’investir dans une activité collective, d’apprendre plus sur le jardinage biologique ou de passer du temps en plein air. Le jardin se distingue comme un milieu propice pour animer la communauté et un prétexte pour faire passer des messages en matière d’environnement qui se calquent sur les leitmotivs du mouvement pour l’agriculture biologique (Fairholm, 1999).

Dans l’ensemble, les interventions en jardinage touchent des espaces de très petites dimensions. Un groupe dispose de 18 jardinets qui font approximativement 1 300m² au total. Un autre en possède cinq qui couvrent une superficie de 800m². Les interventions dépendent du bénévolat pour effectuer le travail de préparation des semis et des lits, d’entretien des plants et de cueillette de la moisson. En 2001, on comptait près de 280 personnes inscrites dans l’un ou l’autre des sept projets observés. Cette population est composée surtout d’individus qui se sont portés volontaire. Les groupes sont financièrement dépendants de mécènes tels que Centraide et de fonds publics. Par exemple, pour l’année fiscale 2001, un groupe a obtenu plus de 100 000$ en provenance d’une douzaine de sources publiques et privées. Un autre groupe a reçu 75 000$ étalés sur deux ans du Fonds d’action québécois en développement durable. Grâce au projet conjoint des Quartiers sensibles entre la Ville de Montréal et le Ministère des Relations avec le citoyen et l’immigration, un groupe a bénéficié de 65 000$ pour un an dont une partie a servi au démarrage de potagers. La plupart profite du financement octroyé par la Ville de Montréal dans le cadre de son programme Éco-quartier (Ville de Montréal, 2000, 2001). En effet, ils dépendent de ce programme qui rejoint un nombre d’enjeux soulevés par l’urbanisme vert, bien qu’il cible les actions favorisant l’éco-civisme telles que la participation à la collecte sélective des matières recyclables (Sénécal et Saint-Laurent, 1999). L’agriculture urbaine n’est pas définie par l’administration publique comme une activité obligatoire. Les groupes vont la greffer sous le volet « nature en ville » ou la désigner comme « activité hors programme ». Les réalisations du programme Éco-quartier au niveau des modifications du cadre de vie et de l’environnement urbain peuvent être qualifiées de modestes (Sénécal et Saint-Laurent, 1999).

La Ville de Montréal possède déjà un vaste programme de jardinage qui s’est établi sur son territoire depuis 1974 et qui offre près de 6 500 parcelles aux Montréalais désireux de jardiner en ville (Cosgrove, 1994). Une étude récente s’intéresse au potentiel ce ces types de jardin comme espace de sociabilité. Au total, 123 jardiniers qui s’étaient inscrits au programme municipal ont été sollicités d’un questionnaire (Bouvier-Daclon, 2001). Les résultats permettent de faire la démonstration qu’il ne s’agit pas réellement d’un espace communautaire au sens que lui confèrent les responsables des projets de jardinage collectif. Ceux-ci vont définir le jardin plutôt comme un espace ouvert à tous qui est tout à fait à l’opposé du syndrome pas dans ma cour (La Presse, 3 juin, 2002), et où la récolte est partagée avec les citoyens les plus démunis afin d’encourager la sécurité alimentaire (La Presse, 8 août, 2001). Ils disent que les jardins sont des lieux où les gens de tout genre ou origine peuvent se rencontrer pour travailler ensemble et créer des liens (The Gazette, 27 mai, 2002). À l’opposé, les jardins du programme municipal offrent un espace dans lequel « l’individualisme prime largement sur une quelconque dynamique sociale » (Bouvier-Daclon et Sénécal, 2001).

La Ville finance simultanément des associations de jardiniers qui parrainent son programme et en appuient d’autres qui entreprennent, via le programme Éco-quartier, leur propre projet de jardinage. Il n’existe pourtant pas de dédoublements majeurs car il faut reconnaître que les projets dessinés et encadrés par les groupes communautaires diffèrent des jardins municipaux sur plusieurs points. La Ville vise à soutenir la demande des citoyens voulant pratiquer un loisir. Les groupes joignent au jardinage une gamme d’intentions à caractère social et écologique. La Ville tient une liste d’attente des personnes qui ont exprimé le désir d’obtenir une parcelle dans un de leurs 76 jardins. Les groupes recrutent quelque jardiniers dans le réseau de la santé et des services sociaux et ciblent les jardins aux personnes qui sont à la fois démunies et motivées. Dans tous les cas sauf un, aucun frais d’adhésion n’est requis par les groupes, mais la Ville exige la modique somme de 15$ par parcelle par saison. Elle n’impose pas aux usagers des pratiques de jardinage écologique très sévères, tandis que les groupes favorisent des approches axées sur le respect et l’intégrité de l’environnement naturel.

Dans la majorité des cas recensés, les techniques agricoles enseignées et utilisées sont strictement écologiques. Elles s’inspirent notamment des modes d’emploi que propose un agronome québécois (Gagnon, 1994). Aucun produit chimique n’est toléré. Il est même défendu d’utiliser l’insecticide roténone, qui est considéré inoffensif par le Service des Parcs et loisirs de la Ville. Toutes les semences sont non hybridées et sont achetées de producteurs canadiens certifiés biologiques. Deux groupes ont aménagé une serre leur permettant d’amorcer leurs propres semis en hiver. Ces efforts soulignent leur intérêt pour la conservation des spécimens rares et chers et leur engagement dans la promotion du patrimoine végétal. Un d’entre eux participe activement au Programme Semencier du patrimoine qui regroupe 1 500 membres au Canada (La Presse, 22 septembre, 2001). On a réussi à réintroduire une variante du melon de Montréal qui n’a pas été cultivé dans sa ville d’origine depuis plus de cinquante ans (The Gazette, 10 septembre, 1999). On raconte qu’un demi-siècle plus tard, des jardiniers nostalgiques essaient de retrouver dans la terre du quartier le secret de ce fameux melon. Le groupe a baptisé un de leur jardin en son honneur qui a un jour fait la fierté des cultivateurs qui peuplaient l'ouest de l'île (La Presse, 9 août, 2001). Depuis, le melon s’est propagé vers d’autres quartiers par l’intermédiaire de coordonnateurs qui sont parvenus à l’introduire dans leur propre jardin collectif.

Tous sans exception sont branchés au système d’aqueduc de Montréal mais ont installé aussi des barils pour capter l’eau de pluie. On y conserve l’eau pour la dégourdir et faire évaporer le chlore. Les jardiniers acheminent tous les déchets organiques produits dans le jardin dans des bacs de compostage. Dans les jardins plus ouverts au public, les voisins et partenaires peuvent aussi se servir du compost s’ils acceptent de livrer leur part de matières biodégradables. Les sites sont ceinturés d’une clôture et l’accès est contrôlé par les propriétaires du terrain et par les participants qui possèdent la clef de la porte. Dans un cas seulement, il est impossible de fermer totalement la porte et on rapporte quelques vols et actes de vandalisme.

La distribution des récoltes est organisée de deux façons suivant la quantité des surplus. Toutes les denrées sont partagées entre les participants et sont consommées uniquement par eux sur place ou à la maison. Il n’est pas clair, à ce stade de cette étude, ce qu’ils font exactement de leur part de la récolte ni ce qu’elle représente pour eux en termes économiques. Dans un des cas, les jardiniers sont obligés de partager une partie des récoltes avec les usagers d’une banque alimentaire et d’une cuisine collective. La moitié des légumes cueillis dans les jardins est ainsi distribuée (The Gazette, 4 juillet, 2000).

Tableau 2. Intentions des groupes promoteurs de l’agriculture urbaine communautaire à Montréal.
Les rapports d’activités, les études et les dossiers de présentation, en plus des informations obtenues aux entrevues, ont permis de dresser un bilan des intentions que les groupes se sont donnés. Ils veulent faire du jardinage collectif un moyen concret d’amélioration des conditions de l’environnement, de soutien alimentaire des personnes défavorisées, et de développement d’une solidarité au sein de la communauté. Leurs actions visent à briser l’isolement social et à bâtir des réseaux de concertation entre les participants et les groupes partenaires. Certains développent des approches en matière d’éducation relative à l’environnement pour sensibiliser la population à l’importance du respect de la nature et pour les encourager à prendre en charge leur propre alimentation. D’autres aspirent à donner aux personnes démunies l’accès en quantité suffisante aux aliments biologiques et non transgéniques.

Le jardin est défini comme une solution à long terme pour verdir et renaturaliser le milieu urbain. Les surfaces plantées de végétaux peuvent servir à la climatisation de la ville, à l’assainissement du sol et du sous-sol, et à filtrer l’air et les eaux de ruissellement. Le jardin peut servir à la préservation de la biodiversité des semences et à la protection de la faune et de la flore urbaine. La création d’emplois directs n’est pas un objectif important retenu par les groupes, malgré les efforts consentis pour soutenir des participants chômeurs dans leur démarche de formation et d’insertion sur le marché du travail.

En plus du transfert du savoir-faire en jardinage et de compétences en lien avec le travail en équipe, un programme de formation est offert à tous les participants et parfois au grand public. Celui-ci est invité à la fête annuelle de la récolte lancée par quelques groupes en septembre. Les concepteurs d’ateliers mettent beaucoup d’emphase sur les dangers associés aux aliments transgéniques et à la consommation de produits à haute teneur en pesticides ou engrais chimiques. L’intérêt principal est de sensibiliser la population à la culture de produits écologiques, aux bienfaits des plantes indigènes et médicinales, aux techniques de l’agriculture biologique, du compostage et du vermicompostage (méthode utilisant des vers lombrics), et au développement d’habitudes alimentaires qui ne nuisent pas à l’environnement.

À la lumière des discours entendus sur l’expérience de l’agriculture urbaine communautaire à Montréal, on peut observer l’émergence d’un nouveau type d’économie basée sur la localisation urbaine et sur la quête individuelle de la qualité de vie. En prenant pour acquis que le cadre physique reflète la dynamique des aires sociales qu’occupent et façonnent les citadins, le jardin participerait à la mise en œuvre d’un système spatial ayant des impacts sur la forme urbaine et sur l’utilisation du sol. Selon cette perspective, le jardin sert à la construction d’un lieu et est défini comme un outil de développement local intégré à une logique territoriale à échelle très réduite. Cette logique repose sur l’idée de la proximité physique et sociale du tandem production/consommation. Cette forme de développement s’oppose au modèle métropolitain qui s’appuie plutôt sur les principes de la mobilité, de la distance et de l’économie des transports.

Derrière le projet de jardinage collectif se manifeste une vision particulière de la ville. Le potager constitue un arrangement spatial autour duquel se greffent des courants de pensée sur le paysagisme écologique et sur la communauté idéale. De plus, il s’intègre au domaine d’action de la santé publique qui vise notamment à faire intervenir l’État dans le système de distribution alimentaire d’urgence afin de corriger les défauts du marché. Le jardin deviendrait alors une solution de rechange au dépannage alimentaire conventionnel (DSP, 2001).

Conclusion

L’expérience acquise du terrain aide à mesurer l’écart entre la magnitude des objectifs que se sont donnés les groupes et la modestie de leurs réalisations. Il y a un problème de légitimité quant à la contribution des jardins à l’amélioration du cadre de vie des jardiniers. De cette étude émerge un second constat en lien avec les théories économiques sur l’utilisation du sol urbain. Celles-ci supposent que la compétition que se livre le marché immobilier pour de meilleures rentes ferait en sorte que l’agriculture n’existerait que sur des terrains sous-utilisés ou en friche. La persistance d’activités agricoles sur le territoire urbanisé s’attribuerait à l’opportunisme d’individus ou de groupes à la recherche d’un espace de jardinage adéquat. Une conséquence pour le projet d’agriculture urbaine serait d’être une entreprise de spéculation en voie de disparition, de morcellement ou de dislocation. Pourtant, nous tirons la conclusion que des jardins collectifs amorcés et soutenus par des groupes communautaires, entretenus par eux-mêmes et des bénévoles actifs sur des terrains institutionnels ou privés, peuvent exister dans le tissu urbain serré de Montréal. Ce phénomène s’explique en partie par l’engagement des responsables dans la création et la gestion de la programmation et des participants dans sa mise en œuvre et sa réussite.

Les quatre propriétés que joint Claval à la notion du cadre de vie servent de guide à l’interprétation et à l’évaluation de l’agriculture urbaine communautaire. Nous tentons d’établir en quoi elle contribue à la qualité de l’environnement visuel et à l’image de la ville, à l’identification territoriale et au degré d’attachement aux aires sociales, à la création d’ambiances et au développement de dynamiques sociales qui stimulent la sociabilité, et à l’édification de la collectivité territoriale et à la constitution de rapports interpersonnels formalisés. En se référant à cette définition de manière explicite dans le cadre de l’étude, nous sommes en mesure de transposer nos données dans le domaine des études urbaines et ainsi de mettre en valeur les résultats de recherche. Pour répondre adéquatement aux questions soulevées, une intervention à l’échelle des individus apparaît nécessaire. Nous pourrons alors préciser quelles activités sont valorisées et rendues possibles, estimer les bénéfices qu’elles procurent, et mettre en rapport les effets produits sur le cadre de vie. L’expérience dans le potager est-elle bénéfique pour les jardiniers? Améliore t’elle réellement leur cadre de vie? La suite de cette étude apportera un nouvel éclairage sur ces questions.

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