VertigO - La revue en sciences de l'environnement sur le WEB, Vol 3 No 2 , Octobre 2002

LA JUNGLE URBAINE DE LOS ANGELES :
PROBLÈMES ENVIRONNEMENTAUX ET LA VILLE

Par ELISSA COHEN, Étudiante à la maîtrise en sciences de l’environnement,
Institut des Sciences de l’environnement, Université du Québec à Montréal



Introduction

     La ville de Los Angeles est la définition même d’une jungle urbaine. Même son fleuve toponyme est encastré dans le béton. De ses débuts comme pueblo espagnol à son existence présente en tant qu’épicentre de l’industrie du divertissement nord-américaine, Los Angeles a connu une histoire différente des autres villes américaines. Au début du 20ème siècle, les promoteurs et politiciens décrivaient cette ville en pleine expansion comme un paradis de beauté du paysage, de nature vierge, d’opportunités économiques et de terres agricoles fertiles. C’est rapidement devenu le contraire de ce paradis sur terre. La demande en eau toujours croissante des habitants de la ville a détruit la terre agricole et les paysages naturels, asséché la vallée Owens et le fleuve Los Angeles. L’arrivée de l’automobile a rendu Los Angeles célèbre pour son smog, tellement épais qu’il a été mépris pour des attaques au gaz japonaises. Une gestion urbaine déficiente a mené à un étalement urbain sans pareil. La ville de Los Angeles s’est ainsi développée en une des plus grandes méga-cités du monde.

Plusieurs facteurs définissent Los Angeles telle qu’elle est aujourd’hui. Premièrement, l’attrait original du site pour ses premiers résidents était sa situation biogéophysique. Celle-ci est aussi la cause de la pollution atmosphérique considérable et de la précarité de l’approvisionnement en eau. Deuxièmement, la situation historique, présente et passée, est à l’origine de l’approche fragmentée et à l’emporte-pièce de la gestion environnementale. Elle est également à l’origine de l’apparence présente de la ville, puisque ce sont les autorités californiennes et municipales qui ont incité l’immigration massive qu’a connue Los Angeles. Enfin, l’histoire américaine a façonné Los Angeles par l’entremise des pionniers et prospecteurs, espagnols et américains, mineurs, fermiers et gens ordinaires qui sont venus réclamer leur part de ce rêve américain sur les terres arides de la Californie et de l’Ouest américain.

Par la suite, un bref portrait de la situation de la ville de Los Angeles1 sera dressé. D’abord, la situation politique et historique de la ville et de la région sera décrite. Ensuite, les problèmes environnementaux se posant à Los Angeles seront examinés, en particulier les problèmes d’eau et de qualité de l’air. Finalement, les efforts entrepris pour remédier à ces situations seront analysés. Le choix de mettre en avant les problématiques reliées à l’eau et la qualité de l’air n’entend pas nier les autres problématiques environnementales. Ces problématiques ont plutôt été choisies car elles définissent les stratégies de gestion environnementale de la ville. C’est autour de ces problématiques que s’articulent toutes les initiatives environnementales et elles sont le résultat direct de la situation

socio-politique et biogéophysique de Los Angeles.

Situation politique et historique

Histoire du peuplement et de l’urbanisation

“After traveling about a league and a half through a pass between low hills we entered a very spacious valley, well grown with cottonwoods and alders, among which ran a beautiful river from north-northwest, and then, doubling the point of a steep hill, it went on afterward to the south. ...As soon as we arrived, about eight heathen from a good village came to visit us; they live in this delightful place among the trees on the river…”
Father Juan Crespi – Spanish priest recording the development of the El Camino Real, 1769

Le site de Los Angeles a été découvert en 1796 par des explorateurs espagnols qui traçaient une piste de San Diego à San Francisco, plus tard appellé le Camino Real. En route, ils sont tombés sur une vallée fertile avec un fleuve qu’ils ont nommé El Rio de Nuestra Senore la Reina de los Angeles de Porciuncula. Comme beaucoup des villes de l’Ouest américain, Los Angeles était à l’origine une mission religieuse. Plus tard, elle s’est développée en un pueblo espagnol, une petite ville de seulement 139 habitants. Les premiers habitants venaient du Mexique et ce n’est pas avant 1820 que les premiers yankees sont arrivés dans la région. Le premier boom de population s’est produit entre 1870 et 1900 lorsque les politiciens municipaux, réagissant à un massacre d’immigrants chinois, ont instauré une campagne encourageant l’immigration. Deux cent trente mille habitants se sont ajoutés à une population de vingt mille. Vingt nouvelles municipalités ont été créées durant cette période et la production agricole a rapidement augmenté.

La deuxième période d’urbanisation a eu lieu entre 1900 et 1920. Cette période correspond au remplacement d’une économie rurale par une économie industrielle en rapide expansion, provoquant un quadruplement de la population qui grimpe à un million d’habitants. Los Angeles commençait à prendre sa forme actuelle. La troisième période d’urbanisation s’est produite de 1920 à 1940. C’est l’époque de l’avènement de l’industrie du film et Hollywood devenait un centre de population. Le nombre d’habitants de Los Angeles a doublé dans cet intervalle. Durant la quatrième période d’urbanisation, entre 1940 et 1970, la population de la région a atteint 10 millions d’habitants. Le boom d’après-guerre s’est fait sentir ici plus qu’ailleurs aux États-Unis. Mais en même temps, les sentiments anti-communistes, les suites de la seconde guerre mondiale et les guerres du Pacifique ont intensifié les troubles sociaux de sorte que le boom économique a été interrompu plusieurs fois par des conflits sociaux et raciaux. La dernière phase de croissance s’est étalée entre 1970 et 1990. À la fin de cette période, une économie diversifiée s’était installée à Los Angeles avec des industries de haute et moyenne technologie et de produits de consommation ainsi que des secteurs financiers et commerciaux florissants.

Ces périodes de croissance rapide de population ont mené à un étalement urbain (« urban sprawl »), défini par William Johnson comme « modèle de croissance incontrôlée de banlieues entourant la zone métropolitaine » ou encore « l’avancée prématurée de rubans d’autoroute et le développement de banlieues de faible densité au-delà du périmètre du développement homogène2» . Les raisons pour cet étalement urbain sont multiples, mais dans le cas de Los Angeles, il était clairement le résultat du plan de croissance industrielle au sein duquel de grands complexes industriels attiraient des familles dans des logements a prix modiques dans les nouvelles banlieues. Selon Greg Hise, le développement «scientifiquement planifié » qui jumelait habitations, commerces et institutions dans un lieu a provoqué une migration de re-localisation importante vers les régions périphériques de Los Angeles. Cette décentralisation a engendré une croissance incontrôlée et des taxes municipales plus élevées afin d‘assurer les services dans ces régions excentrées. La demande en eau a augmenté en même temps que la population de la ville. En outre, la configuration de Los Angeles encourage l’utilisation de l’automobile et est ainsi une des causes principales de la pollution atmosphérique.

Situation politique

Niveau fédéral

Au début des années 1970, la dimension nationale d’un grand nombre de problèmes environnementaux a été reconnue au États-Unis. Des standards de pollution ont été instaurés à l’aide de lois fédérales afin de structurer et d’accélérer le processus de gestion environnementale. L’agence de protection environnementale (EPA - Environmental Protection Agency) a été fondée en 1970 pour protéger la santé humaine et préserver l’environnement. Elle est divisée en 10 régions. La Californie, l’Arizona, Hawaii, le Nevada et les territoires de Guam et du Samoa Américain constituent la région 9. L’EPA est autorisée à définir des standards pour la qualité de l’air et de l’eau de surface et pour la prévention de la pollution. Presque toutes les lois environnementales fédérales requièrent une implémentation au niveau des états, régions ou comtés, plaçant ainsi une grande responsabilité auprès des agences locales et régionales.

Niveau de l’état de la Californie

L’état californien est responsable de l’implémentation d’un grand nombre de lois environnementales fédérales. Conformément à la loi californienne sur la qualité de l’environnement (CEQA - Californian Environmental Quality Act), les agences publiques de la Californie doivent identifier les conséquences environnementales de leurs actions et en éviter ou au moins mitiger les impacts dans la mesure du possible. L’état de Californie oblige également chaque municipalité à se doter d’un plan de développement à long terme. Ce plan doit prévoir l’utilisation des terres, le transport, l’habitation, les espaces naturels, le bruit et la sécurité publique. Los Angeles a adopté son plan en 1996. Les lois de l’état règlementent aussi les eaux souterraines, la pêche et la chasse, les autoroutes, la sécurité des véhicules ainsi que la situation sanitaire des comtés. La régie californienne de contrôle des ressources hydriques (SWRCB - State Water Ressource Control Board) a été créé par la législative de l’état pour garantir le plus haut standard raisonnable de qualité de l’eau dans l’état tout en allouant cette eau de sorte à établir l’équilibre optimal d’usages utiles. Le SWRCB possède 9 bureaux régionaux, dont un responsable pour la région de Los Angeles. Ces bureaux font partie de l’Agence de protection de l’environnement de la Californie (CAL/EPA - California Environmental Protection Agency), de même que la régie des ressources atmosphérique (Air Ressources Board), le département de régulation des pesticides (Department of Pesticide Regulation), le département de contrôle des substances toxiques (Department of Toxic Substance Control), la régie californienne de gestion intégrée des déchets (Integrated Waste Management Board) et l’office d’évaluation des risques sanitaires environnementaux (Office of Environmental Health Hazard Assessment).

Niveau régional / local

Le niveau régional et local est le plus actif du point de vue de l’environnement en Californie. Les agences locales sont hautement fragmentées et spécifiques à leur domaine de vocation. Le département des affaires environnementales de la ville de Los Angeles contrôle les déchets solides, les déchets dangereux, l’eau potable, l’aménagement d’espaces verts et la plantation d’arbres ainsi que le secteur de la construction. En outre, des agences régionales ont été établies pour le contrôle de problèmes spécifiques. Le district de gestion de la qualité de l’air de la côte sud (AQMD - South Coast Air Quality Management District) a ainsi été formé en 1977 sur la base de programmes locaux afin de contrecarrer la pollution atmosphérique dans la région Los Angeles - Orange County - Riverside. La régie de contrôle de la qualité de l’eau de la région de los Angeles (LARWQCB - Los Angeles Regional Water Quality Control Board) protège la qualité des eaux de surface et souterraines dans la région de Los Angeles, ce qui inclut aussi les bassins côtiers de Los Angeles et de Ventura Counties ainsi qu’une petite partie des comtés de Kern et Santa Barbara. Additionnellement, plusieurs compagnies publiques exercent une influence notable sur la gestion environnementale au niveau local, notemment le département de l’eau et de l’électricité de Los Angeles (Los Angeles Department of Water and Power), célèbre pour avoir encouragé, sous William Mulholland, la construction de l’aquéduc de Los Angeles.

Faits

Source Los Angeles Department of Water and Power, U.S. Census 2000, California Department of Conservation

Problèmes environnementaux

There once were men capable of inhabiting a river without disrupting the harmony of its life. Aldo Leopold“Song of the Gavilan”

(1940)3

Comme chaque ville, Los Angeles souffre d’une pléiade de problèmes environnementaux liés à sa population. La demande en eau, en air pur et le traitement des déchets sont parmi les plus importants. À cause de sa population imposante, la gestion et l’élimination des déchets de la ville représentent un défi considérable. Los Angeles est constamment à la recherche de nouveaux sites d’enfouissement. Le largage de déchets dans l’océan a été abandonné à cause des nombreuses infections bactériennes de baigneurs et des fermetures de plage qui en résultaient. D’après une étude effectuée en 2001, les résidents de Los Angeles jugent la qualité de l’eau mauvaise et 45% n’iraient pas se baigner. L’économie d’énergie pose un autre défi majeur. La demande à la fois résidentielle et commerciale est considérable. Bien qu’il existe un petit gisement d’hydrocarbures sous la ville même, la principale source d’électricité est l’hydroélectricité, ce qui exacerbe la situation déjà précaire de l’approvisionnement en eau. Finalement, la ville de Los Angeles est particulièrement menacée par des catastrophes naturelles. Mikes Davis, auteur de L’écologie de la peur: Los Angeles et l’imagination du désastre, suggère que Los Angeles est soumise à un redoutable cycle de désastres naturels, particulièrement au cours des années 1990. Quarante milliards et demi de dollars (US$) ont été versés comme aide aux sinistrés depuis 1992 et plus de 150 personnes ont trouvé la mort au cours des différentes catastrophes naturelles; des milliers de personnes ont été blessées. Le réchauffement climatique a été invoqué pour expliquer la recrudescence de catastrophes telles que les ouragans et les inondations, cependant la gestion de l’eau doit certainement aussi être mise en cause pour ces dernières. La région de Los Angeles a toujours été la proie d’inondations, comme beaucoup de centres urbains riverains de l’Ouest américain, mais encore plus depuis que les bassins versants ont été déboisés et que les cours d’eau ont été détournés et endigués.

Quantité d’eau

“We are gathered here today to celebrate the coming of a king – for water in Southern California is king in fact if not in name”. First speaker at the opening ceremony for the Los Angeles Aqueduct, 1913

“There it is. Take it.” William Mulholland at the same ceremony, 1913.

“A message from Owens Valley, the Valley of Broken Hearts, to the legislature and People of California: We, the farming community of Owens Valley, being about to die, salute you!”

Opening words from a paid notice in Sacramento Union and Sacramento Bee, 1927

Tout au long de l’histoire de Los Angeles, un des facteurs attirant et en même temps limitant la population était la disponibilité d’eau. Dans le sud de la Californie si menacée par la sécheresse, une source fiable d’eau potable et d’irrigation est un pré requis pour l’implantation d’une population humaine. Selon David Carle, même plus de cent ans d’histoire qui ont transformé la ville et le paysage l’entourant, n’ont pas changé la relation entre Los Angeles et l’eau. Les grands projets de détournement d’eau du début du vingtième siècle ne servaient pas nécessairement à combler les besoins de la population, même si s’en était le but proclamé. En fait, ces gigantesques projets étaient entrepris pour attirer les émigrants et pour rehausser la réputation de leurs promoteurs. Les couvertures de rapport et le matériel publicitaire professaient le slogan : « Utilisation totale pour une plus grande richesse » (total use for greater wealth). Sans ces aqueducs, Los Angeles ne serait jamais devenu l’immense métropole qu’elle est aujourd’hui. Ces projets sont le seul moyen de satisfaire les besoins de ses 16.4 millions d’habitants.

Avant le début du 20ième siècle, l’eau était prélevée dans des fosses ouvertes alimentées à même le fleuve qui coulait au milieu de la ville. Ce n’est qu’à partir de 1913, avec l’inauguration de l’aqueduc de Los Angeles que les habitants ont commencé à recevoir de l’eau de l’extérieur de la ville. L’instigateur du projet d’aqueduc était William Mulholland, ingénieur en chef et directeur de l’Agence municipale des eaux et de l’approvisionnement (Bureau of Water Works and Supply) au tournant du siècle. Une campagne proclamant l’éminence des problèmes de l’approvisionnement en eau lui a permis de rallier les contribuables derrière le projet. C’est le 5 novembre 1913 que les Los Angelinos ont pour la première fois goûté à l’eau de la rivière Owens acheminée par l’aqueduc de 233 milles de long. Onze ans plus tard, le lac Owens, dans lequel se déverse la rivière Owens, auparavant un écosystème aquatique vivant, était asséchée et balayée par des tempêtes de sable. Mais même alimenté par des détournements massifs, l’aqueduc de Los Angeles n’aurait pas suffit à alimenter la population à laquelle les planificateurs urbains s’attendaient. En 1941, la ville a donc érigé un second aqueduc de 242 milles de long du fleuve Colorado à la suite d’une autre campagne de la régie métropolitaine de l’eau (Metropolitan Water District) agitant le spectre du manque d’eau.

Cet engouement de William Mulholland et des autres protagonistes des aqueducs ont causé de nombreux problèmes environnementaux dans la région de Los Angeles. La vallée Owens est pratiquement devenue un désert, diffèrent des anciennes terres arides en ce qu’elle n’est plus parsemée de cours d’eau et de corridors de végétation riveraine. Le pompage d’eau a provoqué l’abaissement de la nappe phréatique, la mortalité d’arbres et l’assèchement des rares zones humides subsistantes. Le lac Owens a rapidement dépassé le stade de la Mer morte en devenant un lac complètement asséché. Le sud de la vallée Owens connaît depuis des tempêtes de sel et sédiments provenant de l’ancien fond du lac. Un habitat aquatique considérable a été perdu et plusieurs espèces se sont retrouvées sur la liste des espèces en péril, dont le Gila bicolore snyderi (Owens tui chub) et le Rhinichthys osculus indigène (Owens speckled dace). L’abaissement de la zone phréatique a provoqué une accumulation de sels dans l’eau et le sol. Les minéraux déposés à la surface sont entraînés sur les sols agricoles pendant l’irrigation. Les conséquences néfastes du détournement n’étaient pas uniquement d’ordre écologique, mais aussi sociales. En 1924, les résidents de la vallée Owens ont dynamité l’aqueduc. De nos jours encore, les récits des résidents sur la construction de l’aqueduc sont teintés d’amertume. La carrière de William Mulholland fut brisée par une autre catastrophe reliée à l’eau - la rupture du barrage St. Francis en 1928. Lui-même en rejeta la faute sur les habitants de la vallée, prétendant qu’ils avaient dynamité le barrage pour en provoquer la rupture.

Les problèmes d’eau de Los Angeles n’étaient pas uniquement le résultat des projets de détournements d’eau mais également d’une mauvaise gestion. Le fleuve Los Angeles, duquel la ville tire son nom, n’a jamais eu un débit prévisible. Les riverains étaient toujours à la merci de ses sautes d’humeurs. À d’innombrables occasions, des inondations ont ravagé la ville, détruisant des routes, des ponts, des commerces et des maisons. Une inondation massive en 1938 a transformé des milliers d’acres en une mer intérieure. Quelle était la solution à cette intempérance? Celle choisie a été d’emmurer le fleuve dans un carcan de béton. Paula Friedman décrit avec éloquence l’apparence actuelle du fleuve dans son élégie pour la rivière Los Angeles (voir ci-contre). Le fleuve, autrefois un système aquatique plein de vie, est devenu un canal contrôlé, qui ressemble la plupart du temps à une route en béton avec des berges en béton. Le fleuve bétonné est souvent utilisé comme un dépotoir, ses rives pavées servent de canvas aux graffitis. Les égouts d’orage rejettent fréquemment une vase vert foncé. Des murs recouvrent la majorité de ses rives pour empêcher les noyades durant les orages. Des sans-abris habitent dans des taudis sur ces rives, se baignent et nettoient leurs vêtements dans l’eau insalubre. L’insistance des humains à habiter dans la plaine d’inondation du fleuve les a contraints à sacrifier ce dernier au nom de la sécurité publique.

Elegy for the Los Angeles River
By Paula Friedman

Dry, the heat could powder your bones
at noon when the sun’s glare
magnifies each crack and flaw
in the concrete encasement
The river’s gone underground:
the old watermen dammed it up
Once willows leaned, following
its clean meanderings.
The world dies, then dies again

I remember blown tumbleweeds
skittering into the bluish
Autumn dusk, and oversize lizards,
eyes flicking, tail flicking at they
crept into our first floor rooms.
If the concrete were blasted
open, and the river let run,
would it spill from its
fixed channel into
a looser dance of youth,
and the drained
brambly valley submerge?

They left no scenic openings
to flare into pools,
each rush sealed fast,
humanish as love
that’s shoved down
below the skinline
and stricken with bitterness.

Wraith of old beauty
that belongs to us –
with river-shadow,
river-bone, streams
of car-colored steel
glinting in the near distance

- Michigan Quarterly Review. 40(1) pg. 166

L’encastrement de la rivière a complètement détruit le paysage riverain du fleuve Los Angeles. À l’exception de trois secteurs où le fond n’a pas été bétonné, le fleuve est presque complètement dénué d’animaux et de plantes. Même les algues n’existent pas partout. Bien que ces secteurs avec un fond de sédiments ressemblent à paysages aquatiques naturels, ils ne le sont pas entièrement dans la mesure où leur fond a été dragué et leur cours changé. Six des sept espèces de poisson ont disparu ainsi que quatre des six variétés de grenouilles, les sept espèces de serpents et la seule tortue indigène et, bien que les oiseaux restent abondants sur les berges, au moins quatre des espèces aviennes ont également été perdues. Le seul mollusque encore présent dans la rivière ne doit sa survie qu’au fait qu’il est capable de respirer de l’air.

L’eau souterraine a été utilisée excessivement à Los Angeles. L’alimentation principale de la nappe phréatique est le bassin San Fernando. Le pompage excessif d’eau souterraine a mené à l’intrusion d’eau salée dans la nappe phréatique. En outre, la pollution industrielle rend la qualité de l’eau inférieure à la norme fédérale une majorité des jours de l’année. Les sismologues sont également inquiets car le cycle de pompage et de recharge des nappes phréatiques peut émettre des signaux ressemblants aux signaux tectoniques émis par des failles géologiques inverses, rendant ainsi leurs efforts de prédiction des tremblements de terre plus ardus et aussi car ces mouvements pourraient même engendrer des tremblements de terre.

Qualité de l’air

“Los Angeles is a city built for cars in a setting made for smog” J.R. McNeill, 20004
“Between a quarter and a third of Los Angeles’s land area is now monopolized by the automobile and its needs—by freeways, highways, garages, gas stations, car lots, parking lots. And all of it is blanketed with anonymity and foul air.”
Alistair Cooke, 19735

La qualité de l’air en Californie du sud est la pire de tous les États-Unis. La pollution atmosphérique représente un danger pour la santé la moitié des jours de l’année et enfreint quatre des six standards fédéraux sur la qualité de l’air, ceux concernant l’ozone, les particules fines, le monoxyde de carbone et le dioxyde d’azote. Le smog photochimique est apparu à Los Angeles au début des années 1940, en pleine deuxième guerre mondiale. Au début, ce smog a été mépris pour des attaques au gaz japonaises. Depuis qu’il est apparu, le smog photochimique est une des préoccupations politiques et une des plaintes quotidiennes les plus fréquentes en Californie du sud. Le smog irrite les yeux, diminue la visibilité et génère une odeur désagréable et provoque des troubles respiratoires.

À Los Angeles, l’histoire et la topographie s’allient pour en faire une « usine à smog ». Los Angeles occupe une petite plaine côtière encastrée dans des chaînes montagneuses sur trois côtés. Le smog persistant est occasionné par un phénomène météorologique appelé inversion thermique. Elle se produit lorsqu’une couche d’air froid se glisse sous une strate d’air plus chaud. Ces inversions se produisent fréquemment au large de Los Angeles lorsque l’Océan Pacifique refroidit l’air à l’interface eau-air. Des vents océaniques rabattent cette masse d’air froid vers la terre et la couche d’inversion emprisonne les polluants près du sol. Puisque l’air chaud monte et l’air froid descend, les polluants emprisonnés dans la couche d’air froid ne sont pas dispersés dans l’atmosphère. Les montagnes encastrant le site de Los Angeles aggravent le problème, empêchant la masse d’air froid avec ses polluants de s’étaler vers l’intérieur des terres. La couche d’inversion est présente quasiment en permanence durant l’été et se forme fréquemment en hiver. La répartition des polluants dans la région est inhomogène. La majorité des polluants sont émis dans la partie ouest du bassin. Le vent marin transporte ces polluants sur le côté est du bassin. Un problème particulier est que les polluants présents dans la couche d’inversion sont sujets à des réactions photochimiques sous l’action du soleil produisant des composés toxiques tels que l’ozone, le dioxyde d’azote, des composés organiques volatiles et des nitrates et sulfates, précurseurs des pluies acides.

Du point de vue historique, il est évident que Los Angeles ne serait pas devenu une grande ville sans la disponibilité d’énergie fossile à bon prix lors de son développement. Le tissu urbain combiné à la popularité croissante de l’automobile a défini Los Angeles. Dans les années 1940, le réseau de trains publics à été démantelé afin de faire place aux autoroutes et aux automobiles. Le parc automobile a quadruplé entre 1950 et 1990. Le logement concentré dans des banlieues de faible densité d’habitation et un centre technique et industriel rendent les trajets quotidiens virtuellement impossibles sans automobile. De plus, des industries polluantes aggravent la situation. Des constructeurs automobiles, des usines et l’incinération des déchets rejettent de nombreux polluants tels que des hydrocarbures, de la vapeur d’eau, du monoxyde de carbone et des métaux lourds et contribuent ainsi à la formation de smog photochimique. Les détournements d’eau contribuent indirectement à la mauvaise qualité de l’air puisque les tempêtes de sable et de sédiment augmentent la teneur en matière particulaire en suspension dans l’air.

La pollution atmosphérique a plusieurs impacts négatifs sur la population. Linn et al. démontrent que des polluants tels que le monoxyde de carbone, le dioxyde d’azote et l’ozone sont associés à des taux élevés de maladies cardiovasculaires et respiratoires. Les auteurs relèvent que le nombre d’hospitalisations est particulièrement élevé lors des journées d’automne et d’hiver lorsque les vents du désert et ceux de l’océan sont équivalent, résultant en une stagnation atmosphérique maximale. Moolgavkar a trouvé un lien prononcé entre les concentrations en dioxyde de souffre et le taux de mortalité à Los Angeles. La pollution ne s’attaque pas seulement aux humains, mais nuit aussi à la faune et la flore par le biais des pluies acides. Dans les années 1960, la croissance d’arbres avait cessé jusqu’à 80 km de la ville. Les pluies acides provoquent aussi l’érosion de bâtiments et infrastructures et occasionnent à la ville des coûts supplémentaires pour l’entretien des routes, autoroutes, ponts et bâtiments.

Solutions aux problèmes environnementaux

Au fil des ans, les politiciens, citoyens et regroupements sociaux ont reconnu l’ampleur des problèmes créés par la pénurie d’eau et la pollution atmosphérique. Plusieurs partenariats, projets et programmes de sensibilisation ont été lancés afin de rétablir un environnement sain dans la région de Los Angeles. Certains ont été couronnés de succès, d’autres moins et pour certains, il est trop tôt pour se prononcer. Des réductions d’émissions atmosphériques ont été entreprises avec un certain succès depuis les années 1950. Cependant, le problème principal de Los Angeles est que la forme de la ville est difficile à changer et qu’il en va de même des habitudes de la population.

Renflouer les réserves d’eau

Un des problèmes environnementaux le plus important à résoudre est le rétablissement du bassin versant des gorges Owens. En 1991, un projet de réhabilitation a été initialisé par département de l’eau et de l’électricité (Los Angeles Department of Water and Power) en collaboration avec le comté de Mono. L’objectif principal du projet était le rétablissement d’une végétation sur les berges de la rivière fonctionnant en harmonie avec la rivière, les terres humides et les habitats en amont en simulant l’hydrographe naturel. La clé du succès était une bonne gestion des débits, permettant l’établissement d’un tel habitat. Ce type de gestion a été appliqué, permettant à la rivière de couler naturellement à certaines périodes stratégiques de l’année. Cinq ans après, la nature avait repris pied de sorte que l’écosystème nouvellement formé dans le bassin versant de la rivière Owens est capable de soutenir une pêche productive et une faune et flore sur ses rives.

Un projet hydrologique unique en son genre sera entrepris pour éviter les tempêtes de poussière et réhabiliter le lac Owens. Dans la première phase du projet, des pipelines seront construits afin de saturer d’eau les 13.5 milles carrés de lit de rivière asséchés. L’eau saturera le sol ira jusqu’à provoquer des légères inondations afin de stabiliser les particules à la surface. Au cours de la seconde phase, du Salicornia spp. (salt grass), une plante aquatique tolérante au sel capable de sécréter des minéraux par ses glandes, sera plantée. Cette plante extraira les minéraux du lit de rivière et les rejettera dans l’eau qui aura servi à l’irrigation. Ce projet comprend aussi des stations de filtration qui empêcheront la percolation d’eau salée dans la nappe phréatique. Ce projet étant unique et encore dans son stade préliminaire (il a débuté en décembre 2001), il est trop tôt pour évaluer son succès.

Un autre projet entrepris à Los Angeles est la régénération de la nappe phréatique à l’aide d’eau de rivière. Entre autres, dans le cadre du projet de recharge de la nappe phréatique de Headworks (HGRP - Headworks Groundwater Recharge Project), une partie de l’eau de la rivière Los Angeles sera détournée vers les Headworks Spreading Ground. Des études pilotes ont démontré que ce projet pourrait diminuer la concentration de polluants de 93%. Des projets comparables ont déjà été entrepris dans d’autres parties de Los Angeles, notamment la East Valley. Le East Valley Water Recycling Project vise à transférer l’eau de la Tillman Plant à Van Nuys sur deux sites afin de réapprovisionner le bassin San Fernando. L’eau percolera à travers 100-300 m de sol avant d’atteindre les aquifères, ce qui permettra de filtrer les polluants. Selon les estimés, 11.4 milliards de gallons d’eau pourraient être générés ainsi, ce qui équivaut environ à la consommation annuelle de 70 000 foyers. Ce projet est piloté par le LADWP (Los Angeles Department of Water and Power) avecla participation du département de la santé publique (California Department of Health Services) et de la régie régionale de la qualité de l’eau (Regional Water Quality Board).

Le problème de la rivière Los Angeles est plus difficile à résoudre. Une multitude d’opinions existent sur la meilleure manière de rétablir la rivière tout en assurant une protection contre les inondations. En 1995, les Amis de la rivière Los Angeles (Friends of the Los Angeles River) ont proposé d’ôter le lit de béton dans certaines zones, et d’élargir le cours d’eau en même temps que de planter des arbres et autres végétaux. Ce projet a été rejeté par la régie des superviseurs du comté de Los Angeles ( Los Angeles Couty Board of Supervisors) qui a préféré opter pour un mur de béton de quatre pieds de haut dans ces zones. Un autre projet, qui lui, a été accepté, consiste à aménager sept milles de pistes cyclables le long des berges et ainsi à la fois embellir la rivière et sensibiliser la population à la problématique. Les sections déjà complétées attirent de nouveaux visiteurs à la rivière. Cependant, la rivière est loin d’être dans l’état dans lequel elle devrait se trouver. L’administration de Los Angeles la considère toujours plutôt comme un instrument de contrôle de crues que comme un rivière. En prévision des crues provoquées par un prochain événement El Niño, l’administration a autorisé de dégager la végétation du lit de la rivière pour empêcher une accumulation de sédiments de provoquer un débordement de la rivière.

Purifier l’air

La purification de l’air est un projet qui se poursuit depuis l’apparition du smog dans les années 1940. En ce temps là, le journal Los Angleles Times a engagé Richard Tucker, précédemment commissaire chargé de la régulation des émanations à St. Louis, pour mener une campagne en faveur d’un air plus pur. En 1947, la ville a créé des régies pour réglementer les raffineries, usines et enfin même les voitures. En 1953, le gouverneur de Los Angeles a désigné un comité d’évaluation de la pollution atmosphérique qui a proposé des solutions afin de la réduire. Parmis les solutions figurent des standards pour les gaz d’échappement de véhicules automobiles, le remplacement de moteurs diesels par des moteurs au pétrole liquéfié et l’interdiction de l’incinération de déchets à ciel ouvert. Le comité a aussi recommandé à la ville de Los Angeles de se doter d’un système de transport à long terme comprenant un système de trains rapides. D’autres villes dans des comtés avoisinants ont également adopté des programmes de contrôle de la pollution atmosphérique. En 1975, le gouvernement régional a essayé de consolider ces programmes anti-pollution, ce qui a abouti en 1977 à la formation du district de contrôle de la qualité de l’air de la côte sud (AQMD - South Coast Air Quality Management District). Cette entité de gstion a reçu la jurisprudence sur la communauté urbaine de Los Angeles.

L’administration de la Californie du sud a eu du mal à implanter les mesures proposées. L’industrie a objecté que les mesures de réduction de pollution allaient entraver leur croissance et qu’elles subiraient des pertes financières. Les habitants de la région n’appréciaient pas l’idée du covoiturage, même après que l’état de Californie ait ajouté des voies spécialement réservées aux voitures partagées sur les autoroutes. Par contre, un règlement encourage les entreprises de plus de 100 employés à implémenter le covoiturage a obtenu un certain succès. Une étude du nombre d’employés par véhicule a démontré que leur nombre a augmenté de 1.13 à 1.24 entre 1987 et 1992. Ce programme a ainsi éliminé 90 000 voyages quotidiens ce qui est la moitié de l’objectif fixé. Des programmes de réduction d’émissions de véhicules ont également atteint leurs objectifs. Une voiture neuve vendue en Californie émet seulement un dixième de la pollution qu’émettait une voiture neuve en 1970.

Un des moyens incitatifs les plus puissants de l’AQMD est le marché régional incitatif pour l’air pur (RECLAIM - Regional Clean Air Incentive Market). Ce programme oblige les entreprises à respecter les standards d’émission non seulement pour leurs produits mais pour tout le cycle d’opérations. Les entreprises réussissant à excéder les standards obtiennent des crédits de réduction d’émission que celles qui génèrent plus de pollution qu’autorisé par les standards doivent acquérir. Les entreprises peuvent choisir par quel moyen elles réduisent les émissions. De cette manière, l’innovation technologique est stimulée dès lors que ces entreprises peuvent générer un profit à travers le marché d’émissions. Le programme RECLAIM est le plus important programme d’échange de permis d’émission mis en place dans une municipalité. Une étude de Johnson et Pekelney démontre que RECLAIM n’est pas seulement efficace pour la réduction des émissions de polluants atmosphériques, mais créé aussi des emplois et permet l’économie des fonds publics puisque les moyens déployés pour faire respecter les standards sont considérablement réduits.

Malgré les succès obtenus, la pollution atmosphérique sur la côte sud du bassin de Los Angeles atteint encore des niveaux inacceptables. Los Angeles doit encore plus drastiquement réduire la pollution si elle entend respecter les standards fédéraux. Les modèles informatiques indiquent que les émissions d’hydrocarbures doivent diminuer de 80%, celles d’oxydes d’azote de 70%, d’oxydes de soufre de 62% et de particules de 20% pour êtres conformes aux standards fédéraux. Parmis les mesures projetées figurent l’utilisation de peintures dépourvues d’hydrocarbures, des moteurs de voitures alimentés au méthanol, au gaz naturel ou aux carburants alternatifs. L’AQMD travaille de concert avec les agences gouvernementales et les entreprises privées par l’intermédiaire de l’office du progrès technologique (technology advancement office) pour trouver des innovations aptes à réduire la pollution atmosphérique à Los Angeles.

Conclusion et réflexions sur l’avenir

Planifier l’environnement en milieu urbain est une préoccupation de première importance aussi bien pour les urbanistes que pour les politiciens et les défenseurs de la nature. Selon William Johnson, la planification environnementale en milieu urbain doit prendre en compte trois problématiques fondamentales. Premièrement, elle doit reconnaître qu’une ville possède, à l’instar d’un corps humain, un métabolisme par lequel il absorbe les ingrédients nécessaires à son existence et se purge des métabolites indésirables ou néfastes. Deuxièmement, la conservation de zones naturelles est importante, particulièrement de zones fragiles et de grande valeur écologique. Troisièmement, le développement durable est un terme clé qui doit articuler le débat sur la planification environnementale en milieu urbain. Une communauté durable doit être consciente de ses limites, faire des efforts pour réduire la pollution et les déchets et utiliser le moins d’espace rural possible. Il est évident que Los Angeles, bien qu’elle entreprenne des efforts en cette direction, n’est pas encore une ville durable. La question qui se pose véritablement est, peut-elle le devenir?

De quoi a besoin Los Angeles afin de devenir une ville plus soutenable? D’abord, des mesures d’économie d’eau plus strictes doivent être adoptées dans la vallée. Les entreprises qui nécessitent de larges quantités d’eau doivent être taxées plus fortement afin de les décourager de s’installer dans la vallée. Les maisons familiales doivent, dans la mesure où elles ne le sont pas encore, s’équiper de compteurs d’eau et devraient payer l’eau qu’elles utilisent.

Deuxièmement, les projets de recyclage d’eau comme celui de la East Valley doivent être multipliés. Il est à noter toutefois que la frontière séparant succès et échec est très mince dans ce genre de projets. Par exemple, le fait de prendre de l’eau de la rivière Los Angeles pour remplir les aquifères peut sembler un exercice futile puisqu’il consiste à acheminer l’eau d’un endroit en manque vers un autre endroit en manque. Le véritable bénéfice est en fait la filtration additionnelle au cours de sa percolation par le sol qui produit une eau potable de plus haute qualité. Des programmes de purification d’eau souterraine doivent être mis en place en même temps que des mesures pour éviter de nouvelles pollutions.

Troisièmement, des plans semblables à celui proposé par les Amis de la rivière, permettant de restaurer au moins partiellement l’état naturel du fleuve tout en garantissant le contrôle des crues doivent être mis en place. L’administration de Los Angeles doit revoir son attitude par rapport au fleuve et encourager des projets tels que les pistes cyclables ou les parcs le long des berges. Le plus important est cependant que les Los Angelinos apprennent à se contenter de l’eau qu’ils ont. Il va sans dire que le détournement d’eau à partir d’autres rivières a des impacts significatifs sur l’environnement. Apprendre à gérer l’eau réellement disponible contribuerait grandement à faire de Los Angeles une ville durable.

Quatrièmement, le succès du projet RECLAIM est encourageant. Il faut entreprendre plus d’efforts pour encourager l’utilisation des transports publics au lieu de l’automobile. La planification de nouvelles zones urbaines devrait tenir compte de cet aspect en localisant les centres de services près de stations de transit. De là découle la cinquième suggestion qui est de resserrer les règlements sur les émissions automobiles. Un moyen pour réduire ces émissions peut être d’augmenter les prix des automobiles ou les frais d’enregistrement et d’immatriculation pour chaque voiture additionnelle dans un foyer.

Finalement, Los Angeles a besoin d’une coordination des règlements et institutions environnementales, à l’instar de ce qui se fait dans d’autres villes. Les autorités régionales doivent amalgamer leurs activités de manière à couvrir l’ensemble de la vallée. Le gouvernement fédéral et celui de la Californie doivent plus clairement délimiter les domaines de compétences et améliorer les mécanismes de prise en compte de la pollution transfrontalière.

Le passé, le présent et le futur de Los Angeles gravitent autour de la capacité de fournir de l’eau potable pour ses habitants. Selon Carle, sans les détournements d’eau du début du siècle, Los Angeles aurait été un endroit complètement différent. La population aurait été moins dense, surtout centrée autour des gisements pétrolifères et les communautés agricoles. Un port aurait certes été construit, mais de dimensions nettement moins impressionnantes que celui qui dessert Los Angeles actuellement. Des autoroutes auraient traversé la région, mais il y aurait eu considérablement moins d’automobiles et de pollution atmosphérique. Le lac Owens serait demeuré un écosystème naturel vivant et les fermiers auraient contré le problème de manque d’eau par une meilleure gestion et utilisation plus économique en réduisant l’irrigation et en développant des méthodes et techniques appropriées. Le fleuve Los Angeles aurait probablement suivi son cours quasiment sans entraves et n’aurait certainement pas été encastré dans du béton. Bref, l’immense métropole aurait été une petite ville, ne méritant vraisemblablement pas le détour sauf pour faire une pause sur la route entre San Diego à San Francisco.


Références

1 Par la ville de Los Angeles, nous entendons la metropolitan area de Los Angeles regroupant Los Angeles - Riverside - Orange County
2 “the pattern of virtually unchecked suburban growth that surrounds metropolitan areas” or “ the pre-mature leap-frog of ‘highway ribbon’ development or low density scattered development that occurs beyond the current perimeter of contiguous development.”
3 Worster. Rivers of Empire: Water, Aridity and the Growth of the American West. Pantheon Books: New York, 1985. pg, 17.
4 McNeill. Something New Under the Sun: An Environmental History of the Twentieth Century World. W.W. Norton & Co., Inc: New York, 2000, pg., 73.
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VertigO no 2, vol 3