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Dossier : La nature des sciences de l’environnement : quels enjeux théoriques, pour quelles pratiques ?

Méthode anthropo-sociologique introduisant le théâtre forum comme outil d'analyse d'une recherche scientifique pluridisciplinaire

Agathe Euzen et Valérie Bordet

Résumés

Il s’agit dans cet article de proposer une méthode innovante introduisant le Théâtre Forum comme outil pour faire émerger les perceptions que les populations ont de l’environnement. Cette proposition s’appuie sur des travaux de recherche portant sur l’analyse des perceptions de la poussière et de son impact sur la santé à Ouagadougou au Burkina-Faso. Nous analyserons en quoi cette méthode peut trouver sa pertinence dans le cadre d’un projet de recherche pluridisciplinaire. Après une présentation de ce qu’est le Théâtre Forum, nous mettrons en évidence comment une méthodologie socio-anthropologique peut utiliser cet outil, tout en mettant en évidence les intérêts et les limites que nous illustrons par la thématique de la poussière et de ses perceptions par les Ouagalais.

This article proposes an original socio-anthropological method. It presents a new tool, the Theatre Forum, as a complementary way for the accurate analysis of the population environment perception. The fundamental goals and ways of this very specific theatre are explained.  The interests and limits of this original method, developed in a scientific approach, are illustrated in the specific context of the dust effects and health impact in Ouagadougou in Burkina-Faso. We present the pertinence of this method as a new anthropological and sociological approach and the large interest for the pluridisciplinary study.

Texte intégral

  • 1  Programme Interdisciplinaire de Recherche Mousson (CNRS – CNRST) associant des équipes de (...)

1Quelles perceptions les Ouagalais ont-ils de la poussière ? Telle est la question initialement posée par le comité scientifique d’une équipe de recherche pluridisciplinaire1 en se tournant vers les anthropologues et sociologues du collectif.

2L’enquête de terrain telle qu’elle peut être envisagée en ethnologie ou en socio-anthropologie pour répondre à cette question s’appuie sur différentes méthodes de production de données dont les sciences sociales ont délimitées des règles (Beaud et Weber. 2003) et que Jean-Pierre Olivier de Sardan regroupe en quatre formes : l’observation participante, l’entretien, les procédés de recension, la collecte de sources écrites.

3L’emploi de l’une ou l’autre forme par le chercheur varie selon son objet de recherche et les sujets avec lesquels il va entrer en relation, la dimension spatio-temporelle, tout comme le contexte social, économique, politique, culturel ou environnemental. Ainsi, l’une ou l’autre méthode pourrait être utilisée pour produire des données et répondre aux attentes de l’équipe scientifique, mais l’expérience acquise dans le cadre de différentes recherches pluridisciplinaires réalisées avec le regard d’une anthropologue nous amène à envisager une nouvelle forme originale dont nous proposons dans cet article les fondements d’une méthode qui demandent à être testée et affinée dans le cadre de la construction des savoirs.

  • 2  En référence aux travaux de François Laplantine.
  • 3  D’autres méthodes telles que les jeux rôles, les jeux de mise en situation ou encore le (...)

4Cette méthode fait intervenir le Théâtre Forum comme outil privilégié favorisant l’émergence des perceptions dont l’expression est recueillie pour une description ethnographique2 à l’usage d’une équipe pluridisciplinaire.3

  • 4  Premières rencontres sur la qualité de l’eau à Paris organisées le 20 juin 2007 par EAU DE (...)
  • 5  Compagnie fondée (1997) et dirigée par Bernard Grosjean, membre du Théâtre de l’opprimé (...)

5Cette proposition s’appuie sur des travaux portant sur l’analyse des perceptions liées à l’eau (Euzen, 2003) et développées dans le cadre de recherches menées notamment pour identifier les perceptions que les Parisiens ont de la qualité de l’eau du robinet à Paris (Euzen, 2007). C’est en effet à l’occasion de la « Première journée sur la qualité de l’eau à Paris »4, que cette approche a été développée en faisant intervenir le Théâtre Forum, via la compagnie de théâtre Entrées de jeu5 qui a créée la pièce « Du H2O au verre d’eau » pour cette manifestation. Par ailleurs, le Théâtre Forum, particulièrement développé au Burkina Faso peut trouver sa pertinence dans une démarche scientifique telle que celle initiée dans le cadre du projet scientifique pluridisciplinaire portant notamment sur la poussière à Ouagadougou.

Le Théâtre Forum

6Développé par Augusto Boal dès les années 1950 au Brésil, le Théâtre Forum est une des pratiques du Théâtre de l’opprimé qui « favorise le rétablissement du dialogue entre les êtres humains, car nous savons que toutes les relations sociales – entre pays, classes, ethnies, genres, etc. – se schématisent très souvent en monologues où l’un des tenants de la relation commande, parle, impose, tandis que l’autre est résolu au silence. Le Théâtre de l’opprimé aide à comprendre et à rompre ces relations de dépendance ; il ne vise pas à adapter un citoyen à une société injuste, mais à la transformer. » (Boal, 2004). C’est avec cette philosophie, donner les moyens aux gens de peu d’apprendre à se défendre face aux gens de pouvoir ou, autrement dit à donner les moyens aux opprimés pour s’entraîner à répondre à leurs oppresseurs, que différentes techniques sont développées parmi lesquelles se trouve le Théâtre Forum qui se pratique dans de nombreux pays francophones.6

  • 6  Le premier festival international de Théâtre Forum intitulé Franco-Forum a lieu à (...)

7Si le Théâtre Forum doit s’adapter aux contextes, aux cultures… tout en prenant de multiples formes (Dély, 2007), il conserve ses principes de base « de transformer le spectateur en protagoniste d’action théâtrale et, par cette transformation, de tenter de modifier la société et non de se contenter de l’interpréter. » (Boal, 2004).

8Le théâtre forum réunit une assemblée d’hommes, de femmes, de citoyens autour d’une situation de la vie quotidienne qui pose question. La pièce doit permettre aux spectateurs de changer le cours des choses, de proposer des alternatives en les mettant en pratique sur scène. Le théâtre devient alors un laboratoire pour les spectateurs qui viennent proposer des « idées », des réponses aux questions soulevées.

  • 7  Exemples de thèmes proposés : la vie de groupe et la mixité au collège, la discrimination (...)

9En Afrique, il est généralement pratiqué dans des espaces publics en plein air, sur la place du marché, la place du village, dans un lieu de passage ou dans une cours de lycée, un cinéma en plein air… Ce sont des espaces ouverts et accessibles à tous qui sont choisis pour parler, lancer les débats sur la maternité sans risque, la question foncière et la gestion du terroir, la planification familiale, la protection des forêts, les problèmes de Sida ou encore la lutte contre la corruption, par exemple. En France, selon les thématiques traitées7 et le public ciblé, les adolescents, les parents, des professionnels, les habitants d’un quartier…, le Théâtre Forum peut être présenté dans des lieux spécifiques comme dans un établissement scolaire, une salle des fêtes, un réfectoire de cantine, une banque ou encore une prison.

  • 8  Les troupes les plus importantes au Burkina Faso sont le Théâtre de la Fraternité créé en (...)

10Tel qu’il est habituellement pratiqué, le Théâtre Forum, développé par des troupes professionnelles et spécialisées dans ces techniques8, comporte deux étapes. La première consiste en la représentation de plusieurs scénettes présentant une situation concrète à laquelle le public est confronté dans sa vie quotidienne ou professionnelle. Les personnages interprètent alors soit de façon réaliste, extrapolé ou métaphorique différentes situations, préalablement choisies en fonction des objectifs de la représentation. Lors de la seconde étape, les scénettes sont rejouées, mais un meneur de jeux, ou joker, invite les spectateurs à intervenir pour remplacer un acteur, faire évoluer le discours et les actions des personnages et proposer de nouvelles solutions à la question soulevée ou au problème posé.

11C’est alors qu’un débat est ouvert avec le public. Le spectateur devient alors un acteur et propose, par la fiction, de faire avancer l’histoire racontée. Pris dans le jeu, le « spect’acteur » délivre une parole pouvant être reprise par le collectif et ouvre de nouvelles réflexions et perspectives à la situation initiale.

12Tel qu’il est conçu, le Théâtre Forum peut alors être utilisé de multiples façon comme pour amener à réfléchir à des situations quotidiennes, pour sensibiliser et informer des populations sur des questions d’éducation, de santé ou encore d’organisation sociale. Il s’agit ici de faire appel au Théâtre Forum à des fins scientifiques pour faire émerger des perceptions à travers les pratiques des populations face à la poussière.

Le Théâtre Forum, un outil pour faire émerger les perceptions

13Ce n’est pas comme arme dont le peuple doit se servir (Boal, 1996) que nous envisageons d’utiliser le Théâtre, mais comme révélateur de pratiques face à une réalité vécue et perçue de façon singulière, individuelle et collective.

14S’appuyant sur les méthodes utilisées en sociologie et en anthropologie, telles que les techniques d’enquêtes par questionnaire, entretien, observation…, il s’agit de développer une nouvelle méthode d’enquête s’appuyant sur le Théâtre Forum afin de recueillir un matériau pouvant être analysé selon différents intérêts thématiques et disciplinaires. Il peut être un outil efficace pour faire émerger des perceptions, des savoirs, des croyances, des pratiques des comportements d’un grand nombre de personnes rassemblées à un moment et dans un lieu donné autour d’une thématique, objet de travaux de recherche.

15Tel que nous l’envisageons, le Théâtre Forum offre, dans un espace délimité et un temps court (deux heures en moyenne), une concentration de gestes et de paroles centrés sur une thématique précise. Ainsi se jouent et/ou se rejoue sous le regard des socio-anthropologues des extraits de la vie quotidienne qui s’expriment de façon spontané, et « ça ne ment pas ! » disent les burkinabés, « c’est du vécu ».

16Cependant, pour qu’il puisse être un outil utilisé par des chercheurs et produire des données scientifiquement exploitables, plusieurs conditions doivent être réunies. La construction des scénettes et le choix des personnages en amont constituent une étape particulièrement importante et de laquelle dépend en grande partie la qualité des données produites par les participants.

Processus de construction d’un scénario à partir de l’exemple de la pièce « Du H2O au verre d’eau »

17Le processus de construction du scénario présuppose à la fois d’avoir posé une problématique et aussi d’avoir engagé une réflexion portant sur l’intérêt et le sens de l’outil Théâtre Forum dans la démarche scientifique engagée9. Par exemple en France, l’écriture du scénario de la pièce « Du H2O au verre d’eau » a été le fruit d’un travail de plusieurs mois entre l’auteur10, l’anthropologue à l’origine de la démarche et la responsable de la communication de EAU DE PARIS11 à l’origine de la demande. L’objectif de la pièce était de parler de la qualité de l’eau du robinet produite pour les Parisiens afin de faire émerger un débat à partir de la mise en scène de la vie quotidienne et des usages domestiques de l’eau. Il s’agissait alors d’identifier les sous-thématiques les plus pertinentes selon les préoccupations quotidiennes des Parisiens et les exigences et les contraintes des professionnels de l’eau. C’est ainsi le fruit d’une réflexion s’appuyant sur la connaissance des problématiques scientifiques et le suivi d’une enquête quantitative et des entretiens qualitatifs réalisés auprès des Parisiens que les sous-thématiques ayant chacune donné lieu à une scénette12, ont été dégagées et nourries par les nombreux verbatims recueillis.

  • 9  « Une enquête est la mise en actes empiriques d’un raisonnement d’ensemble et, en chacun (...)
  • 10  Auteur et metteur en scène de la compagnie Entrées de jeu
  • 11  Société chargée de la production et du transport de l’eau distribuée aux Parisiens.
  • 12  Sur le chlore, la pureté de l’eau, l’eau en bouteille ou du robinet, le calcium, le goût…
  • 13  Quatrième interview de Bernard Grosjean, villa d’Alésia, 3 mai 2007.

18Dans la mesure où « monter un théâtre-forum, ce n’est pas faire du théâtre, mais trouver la théâtralité du forum »13, le scénario s’est ainsi écrit dans un échange entre les différents intéressés dont l’objectif principal était d’être le plus proche du vécu et des réalités concrètes pour provoquer un dialogue entre les experts empiriques de l’eau du robinet, que sont les consommateurs, et les experts scientifiques, que sont les professionnels et les chercheurs notamment, tous présents lors de la représentation.

Rôle et  impact d’une scénette

19Ainsi, chaque scénette doit reconstituer une situation, un contexte proche du quotidien  dans lequel tout un chacun peut s’identifier et se projeter même si les traits sont exagérés et parfois provocant. Afin d’éviter d’orienter les interjections, expressions, comportements et actions des spectateurs se transformant en acteur, le scénario ne doit pas introduire de « bonne parole », de « sainte parole », de message militant, ni même de « vérité » ou de volonté à éduquer les masses… au risque de biaiser toutes les informations produites et de détourner le sens même du Théâtre Forum.

20C’est en effet, ce qu’ont montrées les études (Bordet et Duhamel, 1995) portant sur l’impact du Théâtre Forum sur les pratiques et les comportements quotidiens au Burkina Faso : il ressort que les messages transmis ont été mémorisés et les formules particulièrement bien retenues. Cela permet de satisfaire l’enquêteur en lui donnant la bonne réponse, lui faire plaisir et montrer que l’on est un « bon élève ». En revanche, il en est tout autrement dans les faits. Prenons quelques exemple : alors qu’une femme explique l’intérêt de la limitation des naissances, faisant référence au thème traité dans la pièce, elle explique qu’elle désire avoir d’autres enfants car cela est très important pour son image, celle de son mari et celle de son couple. Il est culturellement et socialement inimaginable de n’avoir qu’un enfant ; en effet, l’enfant véhicule des valeurs sociales et symboliques qui donnent par conséquent aux parents  puissance et autorité légitime notamment. Un jeune homme ayant assisté à une pièce sur l’hygiène dentaire explique effectivement la nécessité de se laver les dents en utilisant du dentifrice ; mais il explique que cette pâte de dentifrice est celle des blancs, trop cher ou même introuvable dans certains cas, pour les gens qui utilisent alors des bâtonnets où des mixtures d’herbes locales pour apaiser les douleurs par exemple.

21Ainsi, dans le cas présent, il s’agit d’éviter toutes formes de scénettes visant à sensibiliser ou à éduquer les populations et de transformer les principes de base du Théâtre Forum au profit d’un « Théâtre utile » ou « Forum éducation » comme cela se fait couramment en Afrique.

22En revanche, dans notre contexte et la démarche scientifique engagée, les scénettes doivent permettre aux populations de prendre conscience d’une réalité quotidienne avec laquelle ils doivent composer : cette réalité vécue est-elle considérée comme un état de fait ou une fatalité ? Au contraire, est-elle considérée comme source de problèmes à résoudre ? Au moment du débat, il revient au public d’exprimer son ressenti de la situation de réagir, de proposer d’autres alternatives et/ou de soulever de nouvelles investigations à partir de chacune des thématiques proposées dans les scénettes. C’est aussi en fonction de la réalité des contextes, individuellement et socialement vécus, que chaque situation peut évoluer et trouver ou non des réponses aux histoires représentées.   

Choix et rôles des personnages

23De la même manière, sans préjuger de la compétence et du professionnalisme des acteurs, le choix des personnages choisis et empruntés à la vie quotidienne doivent être pensés en fonction de la représentation sociale, religieuse ou culturelle qu’ils revêtent et incarnent aux yeux de la population et dans la société. Chaque personnage est en effet emprunt d’un rôle symbolique, politique, économique et social qui doit être considéré et intégré dans le scénario et dans la mise en scène en tenant compte du message, réel ou virtuel, qu’ils sont susceptibles d’induire par leur seule présence au risque d’influencer des discours, des réactions ou des prises de position particulières.

24L’exemple de la vedette de télévision qui est sollicitée en tant qu’acteur ou meneur de jeux aura par exemple un impact très important sur les spectateurs, mais probablement pas celui recherché dans une démarche scientifique. Dans un registre différent, le rôle assigné au boucher qui a son étal sur le bord de la route et dont l’image est presque systématiquement reprise lorsqu’il s’agit de sensibiliser sur l’hygiène, peut conduire à une stigmatisation de certains personnages ou corps de métier qu’il est indispensable d’éviter pour exclure tout risque de jugement, de sortir des a priori et d’ouvrir vers des débats avec de moindre conséquences sur tel ou tel type de groupe de population. Il est en effet particulièrement facile de tomber dans un discours manichéen et stigmatisant qui, non seulement enlève toute pertinence scientifique, mais pervertit les principes mêmes du Théâtre Forum. Il s’agit alors d’être extrêmement attentif à ces différents éléments lors de l’écriture même du scénario et de veiller à représenter dans chacune des scénettes des points de vue différents : chaque personnage défend une idée particulière et l’argumente. La discussion entre les personnages permet alors d’amorcer un débat avec le public. En effet, en s’identifiant ou non à l’un ou l’autre des protagonistes chacun peut faire part de son expérience, argumenter ses choix et ses pratiques.

Une étape dans un projet scientifique

25Nous envisageons de faire intervenir le Théâtre Forum pour produire un matériau scientifique permettant de faire émerger les perceptions et aussi les croyances, les connaissances, les représentations que les populations ont de la poussière, et de les analyser à travers les pratiques et les comportements au regard des contextes culturels, sociaux, économiques, urbains, climatiques… Cette analyse pourra être corrélée avec les mesures effectives réalisées par les différents scientifiques et acteurs concernés par la problématique développée par l’équipe pluridisciplinaire.

La poussière 

26La problématique de la poussière, et de ses impacts sur la santé14n’a jamais été abordée pour elle-même par les médias à l’intention des populations au Burkina-Faso15. En revanche, elle est parfois introduite plus ponctuellement dans des thématiques plus générales comme celle de l’hygiène. C’est d’ailleurs la façon dont elle a été principalement envisagée par différentes troupes de Théâtre Forum. Il est par conséquent d’autant plus intéressant, d’un point de vue scientifique, d’utiliser cette nouvelle méthode avec ce sujet omniprésent dans la vie quotidienne.

  • 14  La problématique de la poussière est choisie dans le cadre de cet exposé comme illustration (...)
  • 15  Conclusion de l’étude réalisée par A. Euzen et A. Tajchner à Ouagadougou en juillet 2007.

27Au Burkina Faso, comme dans d’autres pays sahéliens, la poussière fait partie du paysage, c’est même l’une des caractéristiques du pays pendant la saison sèche que l’on retrouve dans la façon dont certains Burkinabés ont de dénommer la capitale « Ouaga la poussiéreuse » ou « Bal poussière » faisant référence aux moments de fêtes « quand il y a une fête, on fait de la musique et les gens dansent toute la nuit, mais ça fait beaucoup, beaucoup de poussière. Nous, on est né dedans, on est habitué mais ça vient dans nos poumons parfois. » explique un musicien.

  • 16  Propos recueillis à Ouagadougou en juillet 2007 à l’occasion de discussions et d’échanges (...)
  • 17  Cette corrélation mérite d’être approfondie dans le cadre d’une approche (...)

28La poussière joue un rôle dans les croyances qui, bien que davantage présentes en milieu rural, perdurent aussi en ville. En effet, c’est sous la forme de tourbillon de poussière que les génies apparaissent aux hommes et dont il faut se protéger en se mettant sous un arbre par exemple, expliquent souvent des Burkinabés. Un vieux raconte « Quand il y a un tourbillon de poussière, il faut le battre, nous on tirait dedans avec les fusils car c’est un sorcier qui s’est transformé. Le lendemain, on voit que le sorcier a plein de plaies, il a été touché par nos coups de feu. Ce n’est pas la même chose en ville, c’est dans les plaines et il faut de l’espace pour que les tourbillons viennent et montent jusqu’au ciel parfois. En ville, c’est différent, il n’y en a pas, il n’y a pas assez d’espace, les maisons sont serrées. »16 Alors qu’il fait partie des croyances pour certains, incarnant des génies, des djinns…, le tourbillon de poussière s’explique scientifiquement pour d’autres tels les météorologues : c’est en effet un phénomène qui se forme selon des paramètres d’hygrométrie, de température de l’air et du sol et de l’espace disponible. Un vent sec et chaud favorise la formation de tourbillon qui évoluent moins facilement et moins longtemps dans des espaces restreints et viennent mourir contre des obstacles17.

S’en protéger…

29Si la poussière trouve un sens à travers des croyances - elles varient selon les groupes ethniques, les générations ou que l’on se trouve dans un milieu rural ou dans un espace urbain -  les populations y sont quotidiennement confrontées et doivent « faire avec ». Les Ouagalais la considèrent en effet comme une fatalité avec laquelle il faut vivre18 : « On est né avec la poussière, on est obligé de vivre avec ! ». Ainsi chacun adopte des pratiques particulières pour s’en protéger, par exemple : « Je mets ma main devant ma bouche, parfois je mets un masque sur la bouche, les couturiers en font et on en vend dans la rue, mais il est vite salle. », « Parfois je change de route et je prends un chemin moins fréquenté. », « On met des verres, mais ça gêne et ça n’empêche pas nos yeux de couler. », « On met de l’eau sur le sol, il faut beaucoup mouiller pour ne pas que la poussière se lève, mais il faut avoir de l’eau et, en plus avec la chaleur, il faut recommencer souvent car elle s’évapore. », « On essaye de s’emmitoufler quand on sort,  mais la poussière s’infiltre partout. », « On réduit les sorties quand on peut. », « On rentre plus vite chez soi quand il y a de la poussière. », « Il faut humidifier les fosses nasales pour éviter l’irritation et la fragilisation de la muqueuse ; avant on avait l’habitude d’appliquer du beurre de karité dans les narines des enfants avant qu’ils entrent dans la classe. ».

  • 18  Verbatim recueillis à Ouagadougou en juillet 2007 à l’occasion de discussions et (...)

30Ces multiples pratiques individuelles et collectives communément développées posent la question de la possibilité de limiter l’impact de la poussière sur la vie quotidienne et sur la santé car « la poussière, c’est aussi des problèmes d’yeux, des otites, des bronchites… en plus de la méningite. C’est un problème de santé publique. » explique un scientifique. Par ailleurs, la poussière gêne non seulement chacun dans sa vie quotidienne, mais aussi pour différentes activités, l’entretien du matériel informatique, la propreté dans les hôpitaux…

Des pratiques aux perceptions… le rôle du Théâtre Forum

31Le Théâtre Forum a un rôle à jouer comme outil pour révéler les perceptions que les gens ont de la poussière. Mais la difficulté, pour une telle problématique, est notamment d’ouvrir un débat permettant l’expression des perceptions de la poussière et d’aller au delà de la description des pratiques qui, dans certains cas, risquent de susciter des clivages d’ordre culturel, socio-économique ou politique. En effet, par exemple, lorsque les riverains d’une route passante construisent des « gendarmes couchés » pour obliger les voitures de rouler moins vite, imaginant que le nuage de poussière soulevé sera moins important19, il est important de resituer la situation dans son contexte pour comprendre ces pratiques. Car, outres les problèmes que cela pose pour la circulation en terme de sécurité, de réaction des automobilistes ou même d’efficacité20… il faut éviter tout risque de dénonciation de « coupables » comme les automobilistes – ou ceux qui ont les moyens de s’acheter une voiture –, telle autorité qui ne finance pas des travaux pour goudronner la route ou ne l’entretien pas ou qui ne donnerait pas les moyens aux habitants de vivre dans de meilleures conditions de vie… Dans cet exemple, comprendre les perceptions que les populations ont de la poussière est essentielle : comment la poussière est-elle dénommée ? Quelle perception les habitants ont-ils de la densité et de sa variabilité ? A quel moment vont-ils s’en protéger ? Quelles perceptions sensorielles en ont-ils ? et aussi plus indirectement, quelles perceptions chacun a-t-il de son cadre de vie ?... La poussière est-elle énoncée comme un réel problème à résoudre ou comme une fatalité ? S’agit-il de vivre avec, ou de trouver des solutions pour la réduire ? Cependant, tout ne semble pas si simple : par exemple, goudronner toutes les routes suffit-il pour éliminer la poussière ? ou encore est-il possible d’interdire les véhicules polluant à Ouagadougou ?  Autant de questions à ne pas négliger pour que puisse être appréhendée la problématique en profondeur et être exploitée à des fins scientifiques tout en conservant une réelle attraction et un intérêt pour les populations. Cela nécessite par conséquent une préparation réfléchie, minutieuse et rigoureuse.

  • 19  Fait courant dans le quartier…. relaté à plusieurs reprises dans les journaux locaux.
  • 20  L’analyse de mesures des nuages de poussière soulevés par des véhicules selon leur vitesse, (...)

Conditions préalables pour une exploitation scientifique pluridisciplinaire dans le cadre d’un projet de recherche.

32Plusieurs étapes préparatoires au lancement et à la réalisation des représentations théâtrales sont nécessaires pour assurer la pertinence scientifique, permettre une exploitation complète du matériau recueilli et d’assurer la validité scientifique des analyses réalisées.

33- Un travail en commun entre le scénariste de la troupe de théâtre, les socio-anthropologues du projet et les autres chercheurs membres du projet est incontournable pour : choix des thèmes abordés par chaque scénette, intégration où non de personnages représentant les acteurs (médecin, journaliste, météorologue…), intégration ou non d’informations sur la thématique… type de population ciblée, langue utilisée notamment.

34- Le choix des lieux de représentation doit être discuté avec les membres du projet dans une logique d’interdisciplinarité : selon les contextes socio-économiques, ethniques du quartier, le type d’activité du quartier (écoles, forgerons, charbonniers, institution, résidentiel… parc), la concentration du trafic, le type de fréquentation des véhicules motorisés (voiture/2 roues, vitesse, présence ou non de ralentisseurs, revêtement du sol, présence ou non de carrefours/feux tricolores par exemple), le type d’habitat, sa densité et sa distribution spatiale… la présence d’antécédents sanitaires éventuels, les caractéristiques physiques des zones considérées (centre/périphérie, carrefour, plus ou moins exposées au vent… ).

35- Le choix des moments des représentations est à discuter avec les membres du projet dans une logique d’interdisciplinarité : saison sèche ou non, semaine et/ou week-end, journée et/ou soirées, heures de pointe en fonction du type de population cible, des risques épidémiques, de l’importance du vent…

36- Identifier le public cible (appartenance ethnique, niveau social…)  est nécessaire pour choisir le lieu de représentation et corréler d’éventuels facteurs socio-économiques avec les pratiques, vulnérabilités exprimées ou non… Selon la qualité de l’habitat (habitat traditionnel construit autour d’une cour en terre ou villa fermée et carrelée), les populations sont plus ou moins protégées des aléas climatiques et développent par conséquent des pratiques variées. Par ailleurs, selon leurs habitudes et leurs activités, les jeunes développeront peut-être des pratiques différentes de celles des femmes, les « vieux » pourront faire référence aux traditions et aux croyances, par exemple. Il est par conséquent nécessaire d’aller à la rencontre de chacun des groupes sociaux pour appréhender les perceptions individuelles et collectives dans leur diversité et leur complexité.

37Ces différents éléments devraient permettre d’établir un cahier des charges pour la compagnie de théâtre pressentie. Cela donnera aussi la possibilité de renouveler l’expérience dans des contextes différents et de permettre des comparaisons éventuelles.

Recueillir et mémoriser un matériau vivant

38Introduire dans le public des témoins pratiquant une observation participante, comprenant les principales langues parlées à Ouagadougou, pour noter les réactions, commentaires, interjections exprimées par les différents groupes présents que sont celui des enfants, des femmes, des « vieux », des notables et des jeunes. Par cette observation de l’intérieur, les « complices » pourront surtout rapporter des paroles qui échappent car non entendues ou reprises lors du débat et recueillir des attitudes, réactions spontanées exprimées hors champ. Il s’agit dans cette démarche de capter des réactions qui risqueraient d’être perdues dans l’engouement général et de les mettre en lumière à l’occasion d’un débriefing à l’issue de la représentation. Ces informations, particulièrement riches et difficilement accessibles autrement, font le sens même du Théâtre Forum tel que nous l’envisageons dans une démarche scientifique. Ainsi, les regards portés durant la séance dans sa totalité, tant lors de la première représentation que dans le débat qui s’instaure, et selon des points de vue différents offrent à l’anthropologue des informations précieuses pour comprendre les perceptions et les comportements de chacun des sujets présents et considérés dans leur individualité et dans leur rapport au collectif.

  • 21  Une caméra fixe et autonome permet aux spectateurs d’oublier plus facilement leur présence (...)

39Le fait de filmer chacune des représentations en postant une caméra21 cadrant sur la scène, une autre sur le public permet d’intégrer le champ et le hors champ chacun riche d’informations à décrypter et analyser dans un va-et-vient. Ce qui se sera passé durant la représentation puis les improvisations du point de vue des acteurs et de celui des spectateurs sera réinscrit dans un contexte spécifique ce qui permettra d’analyser les perceptions des acteurs en présence de la poussière à travers les discours, les comportements, les pratiques et les actions proposées. La base de données alors constituée et mémorisée offrira aussi un matériau riche pouvant être utilisé par d’autres disciplines et exploité dans le cadre de corrélation avec les mesures de terrain comme la densité de la poussière, le type de trafic, le type de revêtement des routes… ainsi que les actions sanitaires ou les sensibilisations environnementales notamment.

40Par ailleurs, comme cela a déjà été fait au Burkina Faso, les représentations pourront être rediffusées à la télévision à l’occasion d’une émission thématique et/ou venir en appui aux actions de sensibilisation menées par les décideurs, et/ou introduire un débat portant sur la problématique qui, comme nous l’avions identifié, n’a jamais été effectivement traité comme un sujet en soi par les médias qu’ils soient audio phoniques, télévisuels ou écrits.

Pour conclure

41Cette méthode innovante introduisant le Théâtre Forum comme un révélateur des perceptions et des pratiques nécessite d’être testée afin d’être affinée, pour éviter les écueils liés à la complexité et à la variabilité des contextes, avant d’être utilisée dans le cadre d’autres études. Nous pouvons cependant dès à présent insister sur différents points important dans la perspective d’envisager une nouvelle forme de Théâtre Forum à des fins scientifiques.

42La préparation de l’expérimentation mérite beaucoup d’attention, de précaution et peut-être de temps autant que toute démarche scientifique visant à produire des données pertinentes et exploitables à plusieurs niveaux d’analyse variant selon les points de vue, l’espace, le temps, les disciplines... La définition des objectifs et le processus de construction du scénario ne peuvent être envisagés que dans une dynamique d’échanges entre l’auteur, le metteur en scène et les scientifiques.

43Chaque représentation doit permettre de révéler comment une thématique particulière raisonne pour un groupe de personnes réunies dans un espace donné durant un moment commun, court partagé et délimité. La diversité et la véracité des émotions, aspirations, réactions et actions suscitées par chacune des mises en situation permettront de faire émerger les perceptions communes et singulières, individuelles et collectives, sociales et politiques, privées et publiques…

Bibliographie

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Euzen A., 2007, Quelles perceptions les Parisiens ont-ils de la qualité de l’eau à Paris ? EAU DE PARIS, Paris, 26p.

Guerre, Yves, 2006, Jouer le conflit. Pratiques de théâtre-forum, Paris, L’Harmattan.

Grosjean B., 1997, « Théâtre-forum : pour une étude ludique des interactions et des stratégies de changement », communication à la neuvième édition des rencontres Théâtre à la Folie de Saint-Jean de Braye.

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Kompaore P., 1998, Faire du théâtre pour développer, Editions ATB, Ouagadougou.

Notes

1  Programme Interdisciplinaire de Recherche Mousson (CNRS – CNRST) associant des équipes de recherche en France et au Burkina-Faso (climatologie, météorologie, santé, géographie, anthropologie, histoire, sciences des systèmes complexes, droit, économie…). Le but est d’améliorer la connaissance des interactions homme-environnement-sociétés dans le Sahel d’Afrique, en relation avec les saisons et le climat, dans le cadre d’un projet pilote centré sur l’étude de la pollution atmosphérique et la possibilité de créer un système d’alerte dans la ville de Ouagadougou au Burkina Faso. Ce programme vise aussi à analyser la construction de l’interdisciplinarité à travers un projet de recherche.

2  En référence aux travaux de François Laplantine.

3  D’autres méthodes telles que les jeux rôles, les jeux de mise en situation ou encore le théâtre invisible pourraient éventuellement être développées au regard de la démarche présentée ici.

4  Premières rencontres sur la qualité de l’eau à Paris organisées le 20 juin 2007 par EAU DE PARIS. De 15 heures à 21 heures, experts scientifiques, consommateurs, Elus, membres d’associations échangeront dans le cadre d’ateliers et d’un débat participatif sur la qualité de l’eau demain introduit par la Compagnie Entrées de jeux.

5  Compagnie fondée (1997) et dirigée par Bernard Grosjean, membre du Théâtre de l’opprimé animé par Augusto Boal à partir de 1978 et enseignant à l’Université Paris III.

6  Le premier festival international de Théâtre Forum intitulé Franco-Forum a lieu à Ouagadougou à la fin des années 1989 et auquel participe Bernard Grosjean comme comédien et formateur dans le cadre des stages.

7  Exemples de thèmes proposés : la vie de groupe et la mixité au collège, la discrimination dans l’accès à l’emploi et à la formation, La relation parents-adolescents,

8  Les troupes les plus importantes au Burkina Faso sont le Théâtre de la Fraternité créé en 1975, l'Atelier Théâtre Burkinabé, créé en 1978 qui a permis à des troupes « filles » de voir le jour comme le Théâtre du roseaux, la Compagnie Marbayassa, ou la Compagnie Espoir par exemple.

9  « Une enquête est la mise en actes empiriques d’un raisonnement d’ensemble et, en chacun de ses actes de traitement de l’information ou de formulation des énoncés, le chercheur reste dans ce raisonnement. » PASSERON J.-C., 1995, L’espace mental de l’enquête (I). La transformation de l’information sur le monde dans les sciences sociales. In Enquête, n°1.  

10  Auteur et metteur en scène de la compagnie Entrées de jeu

11  Société chargée de la production et du transport de l’eau distribuée aux Parisiens.

12  Sur le chlore, la pureté de l’eau, l’eau en bouteille ou du robinet, le calcium, le goût…

13  Quatrième interview de Bernard Grosjean, villa d’Alésia, 3 mai 2007.

14  La problématique de la poussière est choisie dans le cadre de cet exposé comme illustration pour approfondir la réflexion sur l’intérêt et les limites de l’introduction du Théâtre Forum comme outil d’analyse d’une recherche scientifique. Au moment de la mise en œuvre et la réalisation de l’étude à Ouagadougou dans le cadre du projet pilote la problématique de la pollution pourra être envisagée.

15  Conclusion de l’étude réalisée par A. Euzen et A. Tajchner à Ouagadougou en juillet 2007.

16  Propos recueillis à Ouagadougou en juillet 2007 à l’occasion de discussions et d’échanges informels.

17  Cette corrélation mérite d’être approfondie dans le cadre d’une approche pluridisciplinaire.

18  Verbatim recueillis à Ouagadougou en juillet 2007 à l’occasion de discussions et d’échanges informels.

19  Fait courant dans le quartier…. relaté à plusieurs reprises dans les journaux locaux.

20  L’analyse de mesures des nuages de poussière soulevés par des véhicules selon leur vitesse, le type de revêtement de la route, le vent et aussi en fonction de la distance avec les habitations ou installations (marchés, commerces…) permettrait de voir l’efficacité des ces installations.

21  Une caméra fixe et autonome permet aux spectateurs d’oublier plus facilement leur présence et de moins jouer devant la caméra.

Pour citer cet article

Référence électronique

Agathe Euzen et Valérie Bordet, « Méthode anthropo-sociologique introduisant le théâtre forum comme outil d'analyse d'une recherche scientifique pluridisciplinaire », VertigO - la revue électronique en sciences de l'environnement, Volume 8 Numéro 2 | octobre 2008, [En ligne], mis en ligne le 24 novembre 2008. URL : http://vertigo.revues.org/index5065.html. Consulté le 10 novembre 2009.

Auteurs

Agathe Euzen

Chargée de recherche CNRS, UMR PRODIG (8586 CNRS), 2, rue Valette 75005 Paris – France  agathe.euzen@univ-paris1.fr
Agathe Euzen est chargée de recherche CNRS en anthropologie et sciences de l’environnement. UMR PRODIG (CNRS 8586) et GDR res-eau-ville (CNRS 2524) -Travaille sur les perceptions et les pratiques des populations dans la vie quotidienne sur les thématiques de l’eau et de l’environnement.

Valérie Bordet

comédienne, Membre de la Compagnie Entrées de Jeu valebordet@laposte.net
Valérie Bordet est comédienne dans la troupe de l’Atelier Théâtre Burkinabé (ATB) 1994-1996, dans la compagnie Entrées de jeux depuis 1997 - Membre du jury du Forum International Théâtre et Développement (FITD) pour le concours du Théâtre Forum en Afrique à Ouagadougou 2006-2008.

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