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Dynamique d’acteurs (agriculteurs et institutions) et innovation agro-écologique pour la gestion des risques environnementaux en Guadeloupe

Agro-ecological innovation for the environmental risk management in Guadeloupe: different levels of organization
Marie Houdart , Muriel Bonin et Ludovic Temple

Résumés

Dans le contexte de crise économique et environnementale qui touche la filière banane à la Guadeloupe, l'objectif de cette contribution est d'engager une réflexion sur l'organisation d'acteurs à l'origine des innovations agro-écologiques. Nous interrogeons les dynamiques d’acteurs face aux crises et perturbations qui touchent l'agriculture antillaise, par le biais de l'organisation qu'ils mettent en place pour accompagner le changement. Des entretiens menés d'une part auprès d'un groupe de planteurs de bananes, d'autre part auprès des institutions en charge de la question environnementale sur l'île, ont permis de faire émerger trois principales conclusions sur la nature des innovations mises en œuvre face aux crises environnementale et économique, leur échelle d'application et les forces motrices qui les sous-tendent : du point de vue technique, la mise en œuvre de nouvelles pratiques indépendamment des échanges entre agriculteurs ; du point de vue stratégique, des changements d'orientation productive en liaison avec une forte dynamique d'échanges ; au niveau des institutions, de nouveaux lieux de dialogue. D'une manière générale, il apparaît qu'il y a un décalage dans la dynamique de concertation selon les niveaux d'organisation (agriculteurs vs institutions) et le lien entre ces deux niveaux d'organisation semble peu existant.

Agro-ecological innovation for the environmental risk management in Guadeloupe: different levels of organization

The aim of our research is to urge a reflexion on the agro-ecological innovations to manage the environmental risks. We analyse the organization that the stakeholders (farmers and institutions) set up facing the crises and disturbances which touch the agriculture of French West Indies.

To do this, we enquired a group of farmers of banana production in Guadeloupe, and also the agricultural and environmental institutions of this island. This made it possible to identify three principal conclusions on the nature of the innovations, their scale of application and the driving forces which underlie them: from a technical point of view, new practices are implemented independently of the exchanges between farmers; from a strategic point of view, changes of production are made, depending on exchanges dynamic; on the level of the institutions, new places of dialogue are created. In conclusion, there is a shift in the dynamics of dialogue according to the levels of organization (farmers versus institutions) and the bond between these two levels of organization seems to be very thin.

Texte intégral

1Sur un territoire insulaire aux contraintes spatiales fortes, renforcées au fil des années par l'urbanisation et les effets du tourisme, l'agriculture guadeloupéenne tient malgré tout une place importante dans le paysage (environ 1/5ème de la surface totale de 1709 km²).

2Au début du 20ème siècle, la culture de la banane est venue accompagner celle de la canne dans le paysage guadeloupéen, en occupant principalement la Basse Terre (« croissant bananier »). L’agriculture guadeloupéenne repose encore aujourd’hui sur deux piliers : la canne à sucre et la banane. Pour l’heure, la banane reste la première production d’exportation et la principale source d’emplois (12 000 emplois directs et indirects) et de revenus agricoles. C’est la première activité agricole avec 21,5 % de la valeur agricole créée en 2003 (Temple et al., 2005). Cependant, depuis quelques années la production de bananes traverse une situation difficile pour des raisons à la fois environnementales et économiques (Bonin et al., 2006).

3Du point de vue environnemental, la révélation de la pollution des eaux par le chlordécone (Kermarrec, 1980, Balland et al., 1998 ; Bonan et Prime, 2001; Beaugendre 2005), organochloré utilisé dans les bananeraies jusqu’en 1993, a accéléré la prise de conscience de l'impact de certaines pratiques agricoles sur l'environnement et la santé. La médiatisation de cet événement a initié le débat sur l'utilisation des pesticides dans les Antilles françaises (Belpomme, 2007 ; Nicolino et Veillerette, 2007).

4Par ailleurs, l'Europe a renforcé la réglementation sur l'utilisation et la commercialisation des produits phytosanitaires (directive 91, paquet hygiène). La principale conséquence de cette directive est le retrait de produits "phares" pour les cultures des Antilles. Les nouvelles normes et Autorisations de Mise sur le Marché (AMM) entraînant la disparition de molécules chimiques, elles posent de nouvelles contraintes aux agriculteurs.

5A ces nouvelles contraintes réglementaires liées à la nécessaire préservation de l'environnement s'ajoutent des contraintes et les incertitudes économiques liées à l’évolution de l’Organisation Commune du Marché de la Banane (OCMB) et des dispositifs de subvention européens (Temple et al., 2009).

  • 1 Le terme institution est utilisé tout au long de l'article selon la définition donnée par Busca (...)

6Dans ce contexte, l'objectif de notre contribution est d'engager une réflexion sur les innovations agro-écologiques pour gérer les risques environnementaux, en centrant notre propos sur la production bananière. Nous interrogeons pour cela les dynamiques d’acteurs (agriculteurs et institutions1) face aux crises et perturbations qui touchent l'agriculture antillaise, par le biais des organisations qu'ils mettent en place pour accompagner le changement.

La construction de l'innovation comme clef d'analyse de la capacité au changement

7D'une manière générale, les agriculteurs français sont de plus en plus fortement soumis à des « pressions » visant à les engager dans la mise en œuvre de pratiques respectueuses de l’environnement. Les institutions déploient des mesures réglementaires, coercitives, incitatives ou encore pédagogiques pour une amélioration des pratiques, répondant mieux à la protection et/ou la préservation des ressources naturelles (Busca, 2004). Les agriculteurs doivent gérer cette nouvelle donne environnementale tout en ayant, par ailleurs, à faire face à d'autres crises et perturbations : sanitaire, climatique, économique et sociale (Arlaud et Périgord, 1997 ; Laurent et Thinon, 2005).

8Si pour l’économie de l’innovation (Flichy, 2003), les processus d’innovation des agriculteurs sont pour partie déterminés par les contraintes d’accès aux facteurs de production et aux marchés, ils sont  dans la déclinaison institutionnaliste de ce champ liés aux variables socio-économiques qui conduisent à produire  des normes, des habitudes, des apprentissages collectifs, etc. Cet environnement socio-économique structure les échanges d’information et permet aux agriculteurs de confronter leurs points de vue techniques, pour les conforter ou les remettre en question, avec celui d’autres personnes, agriculteurs ou agents de l’encadrement technique (Darré, 1986). Ces échanges dans des groupes de pairs participent d’une activité normative dans le sens où ils permettent aux normes pratiques et cognitives, qui orientent les façons de faire et de voir les choses des membres de ces groupes, d’être produites, reproduites et transformées (Darré, 1999). Par ces dialogues, non seulement au sein d’un groupe mais aussi entre groupes différents par l’intermédiaire d’individus qui jouent le rôle de pont, des déplacements dans les conceptions et les pratiques peuvent s’opérer (Granovetter, 2000). La forme de l’espace social dans lesquels les agriculteurs déploient leur activité a ainsi des effets sur la dynamique de changement pour la mise en œuvre des pratiques agricoles (Compagnone, 2004).

9Par différence avec les démarches diffusionnistes de l’innovation technique, les conditions d'apparition et le processus de construction de l'innovation sont peu traités par les géographes. Ces analyses sont principalement conduites par des sociologues, des économistes ou les gestionnaires. Les propositions explicatives défendues par ces disciplines soulignent la complexité du processus de construction de l'innovation et le rôle des divers contextes sociaux et économiques notamment dans la formation des informations, des connaissances, des savoir-faires et des normes qui déterminent des choix techniques (Crozier et Friedberg, 1977 ; Darré et al., 1988 ; Granovetter, 2000 ; Bourdieu, 2001 ; Compagnone, 2004 ; Nelson, 2008). Les récents développements de l’économie spatiale et de l’économie de la proximité (Torre, 2000) conduisent à analyser en quoi l'espace structure ou non les dynamiques d'innovations techniques (Touzard, 2008), soulignant par là l'intérêt d'une approche géographique de cette question. Certaines réflexions allant dans ce sens se font d'ailleurs jour chez les géographes, notamment concernant le lien entre territoire et innovation sociale (Valette, 2003).

10En guise de réflexion liminaire à un travail de géographie plus approfondi sur l'émergence de l'innovation en Guadeloupe, nous retenons ici d'analyser deux niveaux d'acteurs du territoire : celui des institutions d'une part, des agriculteurs individuels d'autre part. C'est en effet à ces deux niveaux qu'émerge et/ou se met en œuvre l'innovation agro-écologique. Les institutions constituent le cadre de gestion du développement durable et peuvent impulser l'innovation auprès des agriculteurs (Deverre, 2005). Ces derniers réagissent à ce nouveau contexte à travers la création et la mise en œuvre d'innovations (Papy, 2006) à plusieurs échelles spatiales (Chiffoleau et al., 1999).

Hypothèses, matériel et méthode

11Alors que le point de vue général de l'agriculture métropolitaine indique que les réseaux se structurent autour de groupes professionnels dissociés des réseaux familiaux, la situation semble différente à la Guadeloupe. En effet, l’identité professionnelle des producteurs agricoles, ainsi que le mode d’engagement professionnel de ces derniers avec d’autres agriculteurs et sur leur exploitation, possèdent des traits propres à la Guadeloupe. On peut notamment s’interroger sur l’existence d’une paysannerie2 en raison de la prédominance de l’industrie cannière et bananière et de l’agroexportation (Zebus, 1999). On constate ainsi que les mêmes producteurs pratiquent un va-et-vient permanent, courant, voire quotidien entre un système de rapport social et un autre (dans une plantation et en dehors) (Bory, 1982) et que le système de production n’est pas un système de référence suffisant pour la prise en compte de la rationalité de l’agriculteur (Paul et al., 1994)3. En effet, le travail agricole n’y est qu’une des formes de valorisation du facteur travail pour lesquelles la famille opte à partir d’une palette d’activités possibles. Ces travaux nous ont conduits à poser l’hypothèse que, pour des raisons historiques, des barrières à la circulation d’informations existent entre les exploitants d'une part, les exploitants et les institutions d'autre part bien que la pluri-appartenance d’agriculteurs à différents réseaux sociaux facilite globalement l’accès à une diversité d’informations.

  • 2  D’après Zébus (1999, p. 2), la paysannerie s’identifie par l’existence d’un ensemble (...)
  • 3  Ceci vient d'ailleurs confirmer l'opinion de Pichot (2006) sur la nécessité de revisiter les (...)

12Afin de vérifier cette hypothèse, nous avons mené une série d'entretiens semi-directifs aux deux niveaux retenus pour l'analyse, celui des agriculteurs (Houdart et al., 2007) et celui des institutions (Cances et al., 2008).  

13Au niveau des agriculteurs, des entretiens ont été réalisés auprès de 18 exploitants, parmi une liste de 33 exploitants pour lesquels nous disposions de données statistiques et d'enquêtes antérieures. Ces exploitants enquêtés travaillent sur une zone d’une surface d’environ 350 hectares, située dans le Sud de l’île et caractérisée par l'importance spatiale de la culture de la banane. L'objectif des entretiens était de recenser les changements intervenus sur l'exploitation ou en cours de réalisation et d'identifier avec quels autres agriculteurs les enquêtés s'entretiennent de ces changements, qu'il s'agisse de changements techniques ou de changements du système de production dans son ensemble (Darré et al., 1988).

  • 4 Il s'agissait de la Direction de l'Agriculture et de la Forêt (DAF), de la DIrection Régionale (...)
  • 5 Il s'agissait de la Chambre d'Agriculture, de syndicats agricoles, de coopératives, (...)
  • 6 Il s'agissait du Conseil Régional, du Conseil Général et de la Préfecture.
  • 7 Il s'agissait de l'Institut National de la Recherche Agronomique (INRA), du Centre de coopération (...)

14Au niveau institutionnel, les personnes enquêtées ont été sélectionnées parmi les équipes des principales institutions agricoles ayant une action directe ou indirecte sur la gestion de la qualité de l'eau : services de l'état4 ; organisations professionnelles5 ; collectivités territoriales6 ; une association de consommateurs, une association pour la protection de l'environnement ; des organismes de recherche7. Ces entretiens en face à face portaient principalement sur l'évolution des missions et des actions de l'institution ou du service d'une part, sur la connaissance des actions et services des autres institutions d'autre part.  

15Ces entretiens ont permis de faire émerger trois principales conclusions sur la nature des innovations mises en œuvre face aux crises environnementale et économique, leur échelle d'application et les forces motrices qui les sous-tendent.

Du point de vue technique : de nouvelles pratiques indépendamment des échanges entre agriculteurs

16Concernant les pratiques culturales, ces dernières années ont vu apparaître la généralisation de l’utilisation des vitroplants8 associée au développement de la jachère. En 2005, comme en 1999, on observe peu de rotations culturales (Guillou, 2005). Des enquêtes menées en 2006 ont permis de confirmer cette tendance. On relève également la mise en culture intercalaire d’autres espèces que la banane de façon à valoriser les surfaces disponibles et permettre un revenu supplémentaire ; la plantation de haies d’agrumes en lieu et place des haies "coupe-vent" dans l’optique d’une haie utile (récolte et vente des fruits) ; un retour parfois à des variétés anciennes (Poyo) pour gagner en résistance du fruit malgré de plus grandes difficultés de récolte ; l’augmentation de la densité des plants pour augmenter la production ; la diminution des fréquences de récolte et d’épandage de pesticides pour diminuer les frais liés à ces volets. Des projets d’organisation spatiale entre plusieurs exploitations ont également été identifiés : location des terres en jachère ou échange de terres avec d'autres producteurs ayant une orientation productive différente et complémentaire concernant la pression parasitaire (Houdart et al., 2007).

  • 8  L'usage du vitroplant permet la maîtrise du parasitisme tellurique : le matériel végétal, (...)
  • 9 Le charançon est l'un des principaux insectes ravageurs du bananier.

17Sur la zone retenue pour l'étude, les échanges autour des pratiques (indifféremment en cours comme la jachère, en débat comme le comptage des charançons9 ou en voie de requalification comme le retour à la variété Poyo) sont rares et se font exclusivement au sein de groupes peu nombreux, de surcroît indépendants les uns des autres (Fig.1).

Figure 1. Réseau de dialogue sur les pratiques (en cours, en débat ou en voie de requalification).

Image1

Légende : Sur cette figure, chaque chiffre ou nombre représente un agriculteur. Le sens de la flèche précise quel agriculteur est cité par un autre. Sont représentés dans la partie droite de la figure, sur deux colonnes, 20 agriculteurs qui ne citent et ne sont cités par personne : ils ne sont donc pas engagés dans des réseaux de dialogue sur les pratiques

18Ces groupes peuvent avoir deux origines : familiale (système famille-exploitation) ou foncière (association au montage d’un projet foncier).

19Au sein des groupes "familiaux", les exploitants partagent certains équipements (hangar, tracteur, camionnette) dans un souci de moindres coûts de production. Ils travaillent en collaboration pour le transport des bananes, de même que pour certains travaux au champ (récolte, plantation). Les jours d’emballage, les ouvriers des uns et des autres travaillent parfois ensemble. A l’intérieur du groupe "foncier", l’acquisition commune de terres dans un Groupement Foncier Agricole donne lieu à des échanges quotidiens sur les pratiques et en conséquence, des essais similaires.

20Ces pratiques communes se font de façon isolée des autres groupes et des autres exploitants de la zone. Ceci souligne une forme d'innovation spontanée individuelle qui apparaît bien sur la figure 1 au regard du nombre important (20) d'exploitants qui ne sont pas engagés dans des réseaux de dialogue sur les pratiques.

21Cette rareté des échanges entre agriculteurs sur la question technique soulève plusieurs questions : n’y-a-t-il aucun échange au sein du Groupement des planteurs de bananes lors des réunions ? Ou bien ces échanges, s’ils existent, ne sont-ils pas pris en compte ? Dans ce cas, pour quelles raisons ?

Du point de vue stratégique : des changements d'orientation productive en liaison avec une forte dynamique d'échanges entre agriculteurs

22En termes de fonctionnement des exploitations du croissant bananier, 5 types ont été identifiés (Dulcire et Cattan, 2002 ; Bonin et Cattan, 2006). La production est majoritairement assurée par des "sociétés" bananières dont les propriétaires ne travaillent pas eux-mêmes sur l’exploitation et n’apportent que du capital. Les exploitations sont dirigées par des gérants salariés dont la tâche est de conduire des systèmes de production qui maximisent la rentabilité des capitaux. Ces exploitations ont des surfaces en banane importantes (plus de 30 hectares) et une main-d’œuvre salariée abondante (plus de 15 unités de travail annuel). On identifie ensuite des exploitations de type "bananier entrepreneurial", également bien pourvues en facteurs de production (terre, main-d’œuvre, capital). Le propriétaire travaille sur son exploitation qui produit de la banane pour l’exportation sur 15 à 20 hectares, avec une main-d’œuvre salariée. Enfin le troisième type correspond au "bananier familial" : il concerne de petites exploitations qui mobilisent la main-d’œuvre familiale et non salariée et des surfaces réduites (5 à 10 hectares). Le type "diversifié" combine plusieurs productions de diversification végétale ("partisan de la diversification végétale") et animale ("éleveur-planteur") et travaille avec de la main-d’œuvre familiale et salariée. Le type "traditionnel" utilise une petite surface, pour des cultures et élevages diversifiés, avec une main-d’œuvre uniquement familiale et une production destinée à l’autoconsommation et la vente des surplus sur le marché local.

  • 10 Un élément explicatif de ces faillites concerne les difficultés à stabiliser des compromis (...)

23Face aux différentes crises que rencontre la filière banane (baisse des prix, conflits sociaux, impasses environnementales, durcissement des normes réglementaires) le fait le plus caractéristique de la Guadeloupe est la baisse importante de la surface agricole consacrée à la banane export ainsi que du nombre d’exploitations se consacrant à cette culture. Au sein du croissant bananier, sur 48 exploitants enquêtés entre 1999 et 2005 (Guillou, 2005), 18 ont abandonné la banane entre 1994 et 2005, et 7 ont diminué la surface consacrée à cette culture, ce qui touche presque la moitié des exploitations étudiées. Concrètement, les exploitants s'étant adapté à ces crises en modifiant leur système de production, la distribution des types d'exploitation agricole de cette zone a évolué. Entre 2000 et 2005, si les types "bananier entrepreneurial" et "diversifié" se sont maintenus, le type "bananier familial" a diminué au profit de l'agriculture "traditionnelle". Plus généralement, la principale explication de la chute des surfaces plantées en banane est l'abandon de cette culture par les "sociétés" qui déposent le bilan ou se reconvertissent à la canne à sucre10.

24Concernant le champ de dialogues relatif à l’orientation productive, la forme du réseau est très différente de celle relative au champ de dialogue technique et laisse apparaître des échanges beaucoup plus nombreux (Fig. 2). Deux acteurs occupent une position centrale dans le réseau (agriculteur 3 et agriculteur 17), chacun d’eux étant fédérateur d’une grappe particulière, bien indépendante l’une de l’autre, l'un ayant un rôle de "portier", l'autre un rôle "d'amplificateur" de l'information (Degenne et Forsé, 1994). En périphérie du réseau se trouvent plusieurs individus vecteurs de changement, dans le sens où ils entretiennent des dialogues en dehors du réseau des producteurs de bananes.

Figure 2. Réseau de dialogue relatif à l'orientation productive.

Image2

Légende : Sur cette figure, chaque chiffre ou nombre représente un agriculteur. Le sens de la flèche précise quel agriculteur est cité par un autre. Cette fois, seuls 5 exploitants sont en dehors des réseaux de dialogue sur l'orientation productive

Au niveau des institutions : de nouveaux lieux de dialogue

25Outre le changement interne au sein de l'institution (réorientation des missions ou objectifs et/ou changement de stratégie), l'innovation institutionnelle guadeloupéenne se caractérise par des changements des relations entre institutions qui offrent un nouveau cadre de réflexion intégrée à la problématique agro-écologique.

26La principale innovation est la création de lieux de rencontre entre plusieurs institutions. Il en existe trois en Guadeloupe en relation avec l’amélioration de la qualité des eaux : un comité de bassin (qui regroupe les différents acteurs publics et privés agissant dans le domaine de l’eau en Guadeloupe), une Commission Départementale d'Orientation Agricole (CDOA, au sein de laquelle la Loi d'Orientation Agricole de 1999 a permis l’entrée d’acteurs extérieurs au milieu rural) et enfin le Groupe Régional d’Etude des Pollutions par les produits Phytosanitaires (GREPP), groupe consultatif créé suite aux nombreuses polémiques portant sur la pollution des eaux et des sols par le chlordécone, afin de coordonner les différentes actions mises en place à ce sujet.

27Le GREPP apparaît ici comme essentiel car il est le lieu où toutes les logiques se rencontrent : celles des institutions de l'administration centrale, celles des collectivités territoriales et celles de la profession agricole (Cances et al., 2008). Le GREPP intègre un large panel d'acteurs : instances politiques, associations, services de l'État, agriculteurs, distributeurs de produits phytosanitaires, recherche.

28La création de ces nouveaux lieux de dialogue ne s'est pas faite sans difficulté et résulterait probablement d'un processus ayant commencé avec la LOA et la signature des premiers Contrats Territoriaux d'Exploitation en 2000 concernant la zone bananière (Chia et Dulcire, 2007 ; Chia et Dulcire, 2008). Quelques soient leurs difficultés, la création de ces lieux de dialogue tels que le GREPP permet l'élaboration progressive d'un langage commun, la confrontation de points de vue en réponse aux exigences de la société française et de l'Europe. Allant au-delà de l’élaboration de propositions pour répondre aux problèmes, cette innovation donne les moyens d’une gestion plus durable de l'agriculture guadeloupéenne.

29De plus, ces institutions produisent elles-mêmes des sources d’innovations qui peuvent être des supports à l'action comme des mesures incitatives (Contrat d'Agriculture Durable, Contrat Territorial d'Exploitation, mesures du DOCument Unique de Programmation, organisation d’une filière de collecte, etc.), des mesures coercitives telles que la prescription des périmètres de protection, ou encore des mesures pédagogiques (formation et information). Dans le cas des institutions telles que la recherche (CIRAD, INRA), ces sources d'innovation peuvent correspondre également à des objets techniques (nouvelles variétés de bananes, méthodes de lutte contre les parasites, indicateurs).

Conclusion

30Face aux profondes perturbations du système agricole guadeloupéen, nous avons centré notre analyse de la gestion du risque environnemental à deux niveaux, celui d'un groupe d'agriculteurs et celui des institutions. Ceci permet de révéler les différents lieux de formation de l’innovation institutionnelle pour impulser ou mettre en œuvre des innovations agro-écologiques. Nous avons ainsi pu rendre compte de deux principaux faits :

  • au niveau des agriculteurs enquêtés, si la capacité d'adaptation à la crise économique est avérée (dans le sens où les agriculteurs créent des innovations techniques ou au niveau de l'ensemble du système de production), non seulement ces innovations spontanées ne concernent que rarement la question de la pollution des eaux et des sols mais certains blocages apparaissent dans la possibilité d'échanges et de construction de normes environnementales communes et par suite de gestion concertée des problèmes environnementaux ;

  • au niveau des institutions, une démarche est engagée pour mettre en place un cadre robuste pour l'impulsion de l'innovation : meilleure concertation pour la définition des projets de territoire et la définition des innovations techniques (nouvelle variété de banane, nouveau système de culture, etc.) à proposer aux agriculteurs ; définition du mode de diffusion de ces outils (réglementation, incitation et/ou formation).

31Il y a alors un décalage dans la dynamique de concertation selon les niveaux d'organisation et le lien entre ces deux niveaux d'organisation semble peu existant.

32A la Guadeloupe, l'organisation institutionnelle face au problème de pollution est riche et variée : des lieux de dialogue ont été ouverts, les réseaux renforcés, les institutions ont pris en main les outils imposés par l'Europe. Malgré cela, les innovations mises effectivement en œuvre par les agriculteurs sur leurs parcelles semblent encore rarement en adéquation avec les objectifs des institutions, soit parce que les inventions sont réinterprétées selon des objectifs différents (économique et non environnemental) soit parce que des innovations spontanées voient le jour.

33La généralisation du changement, de l'innovation pour la durabilité de l'agriculture, nécessite une réflexion sur la redéfinition du métier d’agriculteur, du rôle des institutions, des dispositifs de développement et du système d’action (Crozier-Friedberg, 1977). Ceci ne sera possible que par l'activation de l'organisation institutionnelle et l'existence de réseaux forts, formels et informels qui tendent à se formaliser et à s'ouvrir à de nouveaux acteurs et qui doivent prendre en compte les acteurs du territoire dont sont fondamentalement les agriculteurs. Ces réseaux doivent prendre en compte la capacité et la volonté des agriculteurs à construire et gérer leur territoire, et à dépasser les blocages spatialement structurels pour engager, à défaut d'une gestion collective ou d'une vision commune, au moins une vision partagée du développement agricole durable.

Remerciements

34Ce travail a été réalisé avec le support financier de l'ANR (Agence nationale de la recherche) dans le programme Agriculture et développement durable, projet ANR-05-PADD-010, GEDUQUE (« Innovations agro-écologiques et organisationnelles pour une Gestion Durable de la Qualité de l'Eau dans des régions de monoculture à forts niveaux d'intrants phytosanitaires »).

35Les auteurs tiennent par ailleurs à remercier Anne-Laure Cances pour la réalisation des entretiens auprès des acteurs institutionnels et Claude Compagnone pour les discussions et analyses concernant les réseaux de dialogue entre agriculteurs.

Biographie

36Marie Houdart, géographe, s'est spécialisée au cours de son doctorat sur les questions agri-environnementales (organisation spatiale des activités agricoles et pollution des eaux par les pesticides – modélisation appliquée à un bassin versant  martiniquais). Recrutée au Cemagref de Clermont Ferrand (UMR Métafort) en juin 2007, elle travaille désormais sur les processus spatialisés de l'innovation agro-écologique (réseaux de dialogue entre agriculteurs).

37Muriel Bonin, agronome de formation, s'est tournée en doctorat vers la géographie. Elle a travaillé plusieurs années au CIRAD en Guadeloupe sur les questions agri-environnementales. Elle travaille désormais au CIRAD de Montpellier (UMR TETIS) sur les politiques de développement territorial.

38Ludovic Temple est économiste au CIRAD (UMR Moisa). Ses recherches portent sur les déterminants économiques des changements technologiques dans les filières vivrières et horticoles.

Bibliographie

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Notes

1 Le terme institution est utilisé tout au long de l'article selon la définition donnée par Busca (2004). Une institution désigne ici une structure d'organisation, plus précisément un collectif d'acteurs du monde agricole : collectivité territoriale, organisme professionnel agricole ou encore administration centrale. Le terme institution ne renvoie pas ici aux théories économiques et sociologiques qui définissent l’institution comme l’ensemble de règles, normes, valeurs d’une société qui déterminent les actions collectives ni comme la règle du jeu acceptée socialement.

2  D’après Zébus (1999, p. 2), la paysannerie s’identifie par l’existence d’un ensemble d’agriculteurs familiaux ou de petits agriculteurs constituant un groupe social ayant une cohérence, se reconnaissant distinct des autres groupes et possédant une culture, une structuration et des objectifs collectifs spécifiques.

3  Ceci vient d'ailleurs confirmer l'opinion de Pichot (2006) sur la nécessité de revisiter les concepts de système d'exploitation en dehors de la grille de lecture occidentale.

4 Il s'agissait de la Direction de l'Agriculture et de la Forêt (DAF), de la DIrection Régionale de l'ENvironnement (DIREN) et de la Direction de la Santé et du Développement Social (DSDS).

5 Il s'agissait de la Chambre d'Agriculture, de syndicats agricoles, de coopératives, d'organisations de producteurs, de la Société d'Aménagement Foncier et d'Etablissement Rural (SAFER) et du Centre National pour l’Aménagement des Structures des Exploitations Agricoles (CNASEA).

6 Il s'agissait du Conseil Régional, du Conseil Général et de la Préfecture.

7 Il s'agissait de l'Institut National de la Recherche Agronomique (INRA), du Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement. (CIRAD), de l'Université des Antilles et de la Guyane (UAG) et de l'INstitut de la Santé Et de la Recherche Médicale (INSERM).

8  L'usage du vitroplant permet la maîtrise du parasitisme tellurique : le matériel végétal, indemne de parasites, doit être planté sur un sol préalablement assaini par des techniques de rotation culturale ou de jachère.

9 Le charançon est l'un des principaux insectes ravageurs du bananier.

10 Un élément explicatif de ces faillites concerne les difficultés à stabiliser des compromis sociaux dans les conditions de mobilisation de la main d’œuvre salariée (Temple et al., 2008). Il renvoie explicitement aux déterminants institutionnels des coordinations d’acteurs.

Pour citer cet article

Référence électronique

Marie Houdart , Muriel Bonin et Ludovic Temple, « Dynamique d’acteurs (agriculteurs et institutions) et innovation agro-écologique pour la gestion des risques environnementaux en Guadeloupe », VertigO - la revue électronique en sciences de l'environnement, Volume 9 numéro 1 | mai 2009, [En ligne], mis en ligne le 23 mai 2009. URL : http://vertigo.revues.org/index8461.html. Consulté le 10 novembre 2009.

Auteurs

Marie Houdart

Cemagref, UMR Métafort, 24, avenue des Landais BP 500085, 63172 AUBIERE cedex, Courriel : marie.houdart@cemagref.fr

Muriel Bonin

Cirad, UMR Tetis, TA C-91/F, Campus international de Baillarguet, 34 398 MONTPELLIER Cedex 5, Courriel : muriel.bonin@cirad.fr 

Ludovic Temple

Cirad, UMR MOISA, TA 210 / 15, 34398 MONTPELLIER cedex 5, Courriel : ludovic.temple@cirad.fr

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