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Des territoires en soi ?

Pratiques agricoles et ressources en eau des vallées principales du bassin versant de la Maine : quelles représentations ?

Amandine Gatien, François Laurent and Jeannine Corbonnois

Abstracts

This paper explores farming practices in valleys of the Loir, Sarthe and Mayenne rivers within the Maine watershed in north-western France, and their representations by farmers and other rural stakeholders. The three basins differ considerably in their morphology and land uses. This research was realized in perspective that natural resources management and rural development in France are guided by European politics, especially for water and aquatic environments. In order to study farming practices and their representations in these spaces, an analysis of farming systems was conducted through semi-directive interviews with farmers and agriculture public officials. The twenty-one interviews allow us to i) identify the kind of relationship that exists between farmers and water resources, ii) to discern some factors that influence farmers in managing their farming system and valley land use, and iii) to extract some representations of users living along rivers, in valleys, about their environment and their practices, and from there, to better understand their positioning with their environment. Thus, it is possible to highlight some initiatives taken by farmers towards a sustainable agriculture, consistent with valleys functions and other economic activities in place.  

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Full text

Introduction

1À l'heure où la gestion des ressources naturelles, en particulier de l’eau et des milieux associés, est encadrée au niveau européen, les agriculteurs sont de plus en plus soumis au respect de réglementations en faveur de la protection de l'environnement.

2Dans les vallées, les politiques publiques visent à protéger des espaces spécifiques par l’intermédiaire de diverses prescriptions ; mesures agro-environnementales (MAE), zones Natura 2000, de zones humides, de zones naturelles d'intérêt écologique, faunistique et faunistique (Znieff), ou une ressource spécifique ; périmètres de protection de captage d’alimentation en eau potable, etc.

3Les spécificités géographiques des vallées en matière de forme, de substratum, de morphologie et de dynamique des chenaux d'écoulement et des surfaces d'épandage de crues, permettent en effet l'établissement d'écosystèmes riches en diversité biologique, adaptés à des conditions d'humidité très variables. Les enjeux portés par ces milieux sont donc forts sur les plans de la biodiversité, de l'approvisionnement en eau, de la qualité des milieux aquatiques et des paysages ce qui nécessite l’adaptation des pratiques agricoles à ces contraintes et atouts.

4La réflexion proposée ici interroge les représentations qu'ont différents acteurs agricoles de leurs pratiques et de la ressource en eau dans ces espaces de vallées qu'ils exploitent, gèrent ou côtoient. Les espaces de vallées provoquent-ils des représentations spécifiques chez les agriculteurs et les acteurs de l'agriculture ? Comment considèrent-ils l'influence de leurs pratiques sur la disponibilité et la qualité de la ressource en eau ?

5Nous faisons l'hypothèse que l'environnement spécifique de la vallée (fond de vallée et versants) peut entraîner des pratiques et des représentations singulières, c'est-à-dire que les acteurs agricoles portent une attention particulière aux ressources de la vallée (eau, bois, paysages, biodiversité...).

6L'approche des pratiques et des représentations est menée à travers une analyse des systèmes agraires (Cochet, 2005 ; Mazoyer et Roudart, 2002) dans trois secteurs des trois vallées principales du bassin versant de la Maine (Sarthe, Mayenne, Loir).

7Selon J.-C. Abric (2003), la représentation sociale se définit comme « une vision fonctionnelle du monde, qui permet à l'individu ou au groupe de donner un sens à ses conduites et de comprendre la réalité à travers son propre système de référence, donc de s'y adapter, de s'y définir une place. ». Des recherches s'intéressant à la relation entre agriculteurs et l'environnement emploient entre autres l'entretien semi-directif comme méthode de recueil des pratiques et des représentations associées (Guillou-Michel, 2004 ; Montembault, 2002). Ce type d'entretien auprès d'agriculteurs et autres acteurs ruraux permet de comprendre les pratiques professionnelles, mais aussi de mettre en évidence des appréciations, des perceptions de la vallée et de ses ressources, et finalement, les façons dont ces acteurs se représentent cet espace et leurs pratiques.

8Il s’agit ici d'essayer de mettre en relation à partir des résultats d’entretiens, des pratiques agricoles en vallée, leurs influences sur les ressources en eau et leurs représentations.  Pourquoi retenir l'eau ? Enjeux majeurs représentatifs de la qualité générale de l'environnement, l'eau et les risques associés sont à eux seuls suffisamment importants pour que les pratiques et représentations sur l'eau qui y sont liées constituent un bon indicateur des représentations plus générales de l'environnement et de la vallée.

Démarche et terrain d'étude

Occupations des sols en vallées

9Le terrain d'étude est constitué des vallées principales du bassin versant de la Maine : la Sarthe, la Mayenne et le Loir (Figure 1). Ces vallées, couloirs privilégiés de sédentarisation humaine depuis le Néolithique et l'âge du Fer (Lespez et al., 2008 ; Bravard et Magny, 2002), concentrent l'habitat et les voies de communication. Le bassin de la Maine se situe à cheval sur les marges occidentales du Bassin parisien et sur la partie orientale du Massif armoricain. Les formes des vallées étudiées sont par conséquent très variées : tandis que la rivière Mayenne présente globalement une morphologie encaissée, avec un fond étroit (au maximum 1 000 m de large) et des versants convexes taillés dans des schistes et granites du Paléozoïque, la Sarthe et le Loir ont creusé des calcaires et sables crétacés, donnant naissance à des vallées plus larges, aux versants de moins de 100 m de hauteur, plutôt concaves. Les fonds de vallées sont essentiellement faits d'alluvions, de natures très variées : de sables à des argiles lourdes, en passant par des graviers exploités dans des carrières d'extraction. Ces conditions du milieu utilisé par l'agriculture façonnent des paysages très variés.

10L'agriculture du bassin versant de la Maine, au carrefour entre bassin céréalier et régions d'élevage, est constituée historiquement de systèmes agricoles mixtes, associant polyculture et élevage (Macé, 1982 ; Dufour, 1981), association qui s'est relativement bien maintenue à l'échelle régionale (Figure 1). La cartographie de l'orientation technico-économique (Otex) principale attribuée à chaque commune, donnée agrégée à partir des résultats du recensement général de l'agriculture de 2000, permet de distinguer des petites régions agricoles homogènes, que traversent les vallées. Trois bandes orientées sud-ouest/nord-ouest se distinguent : une orientation céréalière à l'est, le centre présente plutôt une partie mixte associant élevage, cultures et des ateliers hors-sol de volailles ou porcs, et à l'ouest, des exploitations plus spécialisées en élevage bovin. Cependant, les soutiens à la production de la politique agricole commune européenne (Pac) mis en place dès sa création et prolongés jusqu'au découplage des aides en 2005, tels que les aides aux surfaces irriguées ou aux surfaces cultivées, ont entraîné dans l'ensemble du bassin une extension des surfaces labourées pour les céréales et oléo-protéagineux, au détriment des surfaces en herbe. Les vallées principales du bassin de la Maine ont malgré cela conservé des spécificités par rapport aux plateaux environnants : les surfaces en herbe s'y sont mieux maintenues, les surfaces drainées y sont moins importantes, tandis que les surfaces irriguées s'y sont plus développées qu'ailleurs (RGA, 1979 à 2000).

Figure 1. Le bassin versant de la Maine, ses trois rivières principales, caractéristiques agricoles communales, et localisation des entretiens. Maine catchment area and its three main rivers, communal agricultural characteristics and places of interviews.

Figure 1. Le bassin versant de la Maine, ses trois rivières principales, caractéristiques agricoles communales, et localisation des entretiens. Maine catchment area and its three main rivers, communal agricultural characteristics and places of interviews.

Des entretiens avec de multiples acteurs

11Afin d'étudier les systèmes de production agricole, une cinquantaine d'entretiens a été menée auprès de différents acteurs concernant les trois rivières : des institutionnels de la gestion de l'eau et de l'agriculture, des agriculteurs en activité et des agriculteurs retraités. Parmi eux, les discours d'une vingtaine de personnes (Figure 2) ont été retenus pour l'importance accordée à l'eau ou à des pratiques qui impactent la ressource en eau, que ce soit en durée de temps de parole ou par l'emploi de mots mettant l'accent sur cette thématique.

12Les entretiens auprès des institutionnels ont pour objectif d'appréhender les principales problématiques liées à l'activité agricole dans les vallées, ou plus simplement, à dresser un tableau général de l'agriculture d'un département, ou d'un secteur. Les entretiens auprès des agriculteurs ont pour but d'étudier le fonctionnement technico-économique de leur exploitation, leur emprise spatiale et l'évolution de leur exploitation. Les entretiens auprès d'agriculteurs retraités permettent de recueillir une description des pratiques des systèmes antérieurs, datant d'une ou deux générations, servant de point de comparaison aux pratiques actuelles.

Figure 2. 21 entretiens avec différents acteurs. Les numéros des entretiens sont indiqués en gras, en dernière colonne. 21 interviews with different stakeholders. The interview numbers are noted in bold font, in the last column.

Figure 2. 21 entretiens avec différents acteurs. Les numéros des entretiens sont indiqués en gras, en dernière colonne. 21 interviews with different stakeholders. The interview numbers are noted in bold font, in the last column.

13Cette approche est « destinée à faire produire des discours sur des idées et des faits, tout en observant des pratiques » (Berthier, 1998). Non loin de l'approche de M. Marie, qui s'intéresse à l'interaction entre les paysages produits par les agriculteurs et les représentations qu'ils en ont (Marie, 2009), nous nous concentrons sur les ressources en eau, qui sont particulièrement présentes en fonds de vallée et soumises à différents usages.

14Ainsi ces extraits d'entretiens ont-ils été rassemblés et triés selon deux problématiques liées à l'eau : mobilisation de la ressource disponible par les exploitants et pratiques influençant la qualité de la ressource.

Résultats

15Les résultats sont présentés sous forme d'extraits de discours. Un numéro est attribué à une même personne, dont l'entretien a pu être utilisé ici une ou deux fois.

16Pour chaque extrait d'entretien sont indiqués la profession de la personne interrogée, la vallée de localisation des pratiques (Loir, Mayenne ou Sarthe), le département concerné (Loir-et-Cher, Sarthe, Mayenne ou Orne), ainsi que l'âge de la personne.

Disponibilité de la ressource en eau

17La proximité de la rivière offre aux agriculteurs une ressource permanente et relativement peu coûteuse pour l'irrigation. Lorsque les terres de fond de vallée sont constituées d'alluvions sableuses ou de graviers, la réserve en eau des sols est faible : ces terres sont donc valorisées par l’irrigation. Neuf entretiens ont été menés avec des agriculteurs qui pratiquent l'irrigation. Deux ont évoqué leur forte dépendance à la ressource et craignent de voir sa disponibilité s'amenuiser.

1. « Il y a 65 hectares groupés autour de l'exploitation, entrecoupés de ruisseaux, dont 40 hectares irrigués. […] On a de l'arrosage sur les graviers, jusqu'à 350 mm d'eau en années sèches, sur maïs. Et on arrose quelques prairies, pas tous les ans, en fonction du climat. L'irrigation, aux yeux de la population, ça ne fait pas bien. Mais je vais vous dire : l'arrosage, ça coûte très cher ! En main d'œuvre, en matériel. Le mètre cube n'est pas très cher, mais il n'est pas à gaspiller. »

Éleveur de vaches laitières en vallée du Loir, Sarthe, 65 ans.

2. « La ressource en eau ? Elle est indispensable pour nous. En hiver, il y a trop d'eau. Il faudrait que ça tombe régulièrement, sans trop à la fois... Dans la zone, on a des sols superficiels : s'il pleut trop, ils sont engorgés, et sinon, ils sont secs. »

Éleveur laitier en vallée du Loir, Sarthe, 38 ans.

18Pour les quatre agriculteurs suivants, l'eau leur paraît accessible en abondance.

5. Notre forage a été fait en 1999, à 150 mètres. […] Il a été mis en surveillance. La pompe n'est pas très puissante et pourtant l'eau est abondante. Le contrôleur était étonné. La vallée du Loir est riche en eau. […] L'eau c'est la vie. ».

Arboricultrice en vallée du Loir, Sarthe, 55 ans.

3. « Pour l'irrigation, on utilise le forage. On a été surpris, car la ressource en eau est très faible ! On est descendu très profond ! Du coup on est sur le Cénomanien, on a toute l'eau qu'on veut, à 100 mètres environ. Mais comme l'eau est promise à une consommation exclusivement humaine, on arrose moins, on nous serre les boulons. […] Pour le maïs, l'eau est vitale. On ne ferait pas de maïs grain sans irrigation. […] Si on coupe l'eau, il faut trouver d'autres alternatives. On se donne bonne conscience, on irrigue moins. »

19Éleveur de bovins de viande, vallée du Loir, Loir-et-Cher, 60 ans.

20L'apparente abondance empêche cet exploitant d'envisager une pénurie d'eau :

4. « Sans eau, ici, vous ne faites rien. C'est un pompage superficiel, à un mètre de profondeur dans la rivière. […] Rien n'est prévu s'il y a une sécheresse ou un étiage fort... Il faudrait un pompage souterrain, c'est un investissement à faire. »

Gérant d'exploitation de céréales et légumes, vallée du Loir, Sarthe, 37 ans.

21L'utilisation abondante de la ressource en eau, qu'elle provienne du cours d'eau ou de nappes souterraines, instigue cependant une sorte de sentiment de culpabilité chez certains irrigants (n° 1, 3). Les pressions de la société pour d'autres usages se font sentir. Certains évoquent des alternatives, comme les réserves collinaires, ou parfois sans bien savoir précisément quelles alternatives à l'irrigation seraient possibles.

6. « On n'a pas de gros soucis d'eau dans le département. Mais au 15 juillet, on peut être en restriction. L'administration veut limiter les prélèvements, mais ne propose rien en face. On devrait pouvoir faire des réserves ! […] On n'a pas une grosse consommation sur la rivière, mais on est les bêtes noires de l'administration. »

Éleveur laitier en vallée de la Mayenne, Mayenne, 42 ans.

22Deux éleveurs (l'un irrigant, l'autre non) sont inquiets des récentes volontés de re-naturationdes cours d'eau, suite à la directive-cadre européenne de 2000. Ces retours à des états dits naturels passent notamment par des arasements de barrages, qui sont souvent la cause de baisses du niveau de l'eau.

1. « Le barrage de ce moulin est arasé. On a 80 cm d'eau en moins, mais c'est surtout que tous nos canaux latéraux n'ont plus d'eau, les canaux qui passent dans les prairies. Moins d'eau c'est moins de réserves d'eau dans le sol, donc de moindres résultats. On arroserait moins si les fossés étaient pleins d'eau. »

Éleveur de vaches laitières en vallée du Loir, Sarthe, 65 ans.

7. « Le souci aujourd'hui c'est qu'il faut supprimer les barrages sur les rivières. Moi j'ai énormément de prés en bord de rivière. On refuse les ensablements de rivière. Je vois qu'il y a des boues et pas du sable ! Qu'on nettoie les lits de rivière et qu'on mette les barrages au bon endroit ! Et l'hiver il faut que ça coule, et l'été on a besoin d'eau. Autrefois, on avait un barrage tous les 700 ou 800 mètres. Mais là, on n'a pas demandé aux gens qui utilisent les barrages. Nos retenues d'eau, c'est sacré. […] L'agriculture, ça ne va pas, mais on ne s'intéresse pas à nos agriculteurs. Demain si on supprime nos vallées, on supprime nos agriculteurs ! […] On a de la chance d'avoir de l'eau. C'est beau, avec l'eau, on a des retenues, on peut faire plein de choses. »

Éleveur de vaches allaitantes et céréalier, vallée du Loir, Sarthe, 58 ans.

23L'importance des retenues d'eau pour ces éleveurs montre leur attachement à une certaine quantité ou disponibilité de l'eau : que ce soit pour l'irrigation, pour l'abreuvement des animaux ou pour la réserve en eau des sols, la hauteur d'eau du cours d'eau doit être maintenue, selon eux.

24La mise en relation sur le diagramme de la figure 3.a, des représentations de la disponibilité de la ressource en eau et des pratiques d'irrigation, permet de constater une corrélation entre le niveau d'irrigation et l'abondance perçue de la ressource (Figure 3a). Quelles sont la cause et la conséquence : est-ce l'abondance perçue qui explique les pratiques d'irrigation sur de larges surfaces, ou bien l'irrigation pratiquée sur de larges surfaces qui entraîne une représentation de l'eau comme ressource abondante ? Le fait est que d'autres systèmes côtoient ces systèmes irrigants et ne font pas appel à l'irrigation, alors qu'ils se trouvent face aux mêmes réserves en eau. L'abondance de l'eau dans la vallée n'expliquerait donc pas à elle seule l'importance de l'irrigation.

Figure 3. Mise en relation de différents paramètres avec les représentations des ressources en eau. Relationships between various parameters and representations about water resources.

Figure 3. Mise en relation de différents paramètres avec les représentations des ressources en eau. Relationships between various parameters and representations about water resources.

25La figure 3 présente par ailleurs trois autres diagrammes mettant chacun en relation deux paramètres : la profession de l'interviewé avec la représentation des surfaces en herbe (Figure 3b), le type de production agricole avec l'influence des pratiques sur la qualité de l'eau (Figure 3c), et le type de production avec l'appréciation de la présence de l'eau (Figure 3d). Chaque paramètre est gradué en deux ou trois classes, de manière qualitative.

Influences des pratiques sur la qualité de la ressource en eau

26Les entretiens suivants ont été retenus pour leurs nombreuses références directes ou sous-entendues à la qualité de l’eau en lien avec les pratiques agricoles. Si les impacts positifs ou négatifs de certaines pratiques ou aménagements sont avérés dans la littérature, les représentations associées ne sont pas nécessairement explicites. Les couverts végétaux l'hiver, les bandes enherbées, le maintien de zones humides sont à impacts plus positifs que  l'arrachage de haies, la mise en culture en bords de rivière ou le labour de prairies humides.

27Les réponses obtenues par les entretiens sont différentes selon les catégories de personnes interrogées.

28Les quatre premiers extraits (8. à 11.) sont des dires de gestionnaires de l'agriculture ou de l'eau, ou des élus de collectivités territoriales. Tous présentent comme alarmante la disparition des prairies de fond de vallée : en effet, ils sont bien conscients des effets positifs sur l'environnement de ces prairies de bords de cours d'eau, notamment leur capacité d'épuration de l'eau et de biodiversité spécifique originale.

8. « Vous seriez venue il y a 20 ans, vous auriez vu des haies et des animaux. Du bocage... Je ne dis pas qu'il faut garder à tout prix le bocage partout, c'est pas ça que je veux dire, mais on est dans des fonds de vallée, et dans les fonds de vallée, par nature, on est plutôt dans des systèmes d'élevage. »

Maire d'une commune, Directeur adjoint de Chambre d'agriculture, vallée de la Sarthe, Orne, 57 ans.

9. « Sur le bassin de la Sarthe amont, il y a eu beaucoup de retournements de prairies. […] Dans le domaine agricole, le Sage a peu de marges de manoeuvre. [...] Le Sage peut aussi identifier des zones humides stratégiques pour la gestion de l'eau. […] Suite à des rectifications de cours d'eau, curages, recalibrages, les zones humides ont été drainées, et ce sont souvent des travaux effectués pour l'agriculture : les objectifs prioritaires sont de restaurer ces zones humides. »

Chargé de l'animation du Sage de la Sarthe amont, vallée de la Sarthe, Orne, 32 ans.

29Ils lient cette évolution à la baisse du nombre d'éleveurs, du moins à la tendance à la reconversion des activités d'élevage vers des productions céréalières.

10. « À partir des années 1960, la polyculture s'est installée. Dans les cours des fermes, il y avait beaucoup d'animaux. C'est une véritable zone d'élevage ici, ce qui me paraît correspondre à ce que l'on devrait faire. C'est dommage, car on a des prés intéressants. [...] Il y avait énormément de bétail, ça grouillait d'animaux divers. Ça a été remplacé par des élevages industriels, de poulets, de dindes. Les cris des animaux, les bruits de la vie rurale traditionnelle du 20e siècle ont cédé la place à une campagne plus silencieuse. »

Ancien maire et conseiller général, vallée du Loir, Sarthe, 81 ans.

30Par conséquent, les élus et gestionnaires affichent une volonté de maintenir les activités d'élevage dans les vallées, pour leur potentiel supérieur de valorisation économique et leur intérêt environnemental, ce qu'ils essaient de traduire dans leurs actions professionnelles.

11. « Entre Chahaignes et Vouvray-sur-Loir, toutes les prairies sont retournées. Même sur les pentes. Il y a du maïs, du blé. Tout est retourné ! On voit très peu de prairies. Ça coïncide avec un secteur du Loir où les écoulements sont libres, c'est une portion à mettre en valeur. Il faudrait mettre en place des mesures de protection du cours d'eau. Les bandes enherbées ont effectivement un impact réel. […] Et les parcelles sont drainées. C'est un secteur sensible pour l'aspect qualitatif de l'eau. Les terrains sont mis à nu en hiver. Il y a des labours avant hiver et après, donc l'érosion est importante, on voit le colmatage des affluents. »

Technicien de rivière, vallée du Loir, Sarthe, 30 ans.

31Pour les agriculteurs, les discours sont plus mitigés. Rares sont les agriculteurs rencontrés qui se prononcent en faveur de l'herbe le long de la rivière. Une tendance générale au retournement des prairies est effectivement observée depuis quelques décennies, principalement depuis l'introduction du maïs dans les assolements (années 1970-80). Elle s’est accélérée depuis la réforme de la Pac de 1992 instaurant les aides directes à l'hectare, surtout en vallées de la Sarthe aval et du Loir. En général, si les prairies sont maintenues en bord de rivière, c'est que ces terres ne peuvent porter rien d'autre. Ce sont ici deux céréaliers (12., 15.) et un éleveur (6.) qui évoquent leur désintérêt pour les prairies en bord de rivière, ou les prairies humides. Ils les ont donc abandonnées en les labourant.

12. « En Mayenne, on labourait tout ce qui pouvait se labourer. Les handicaps, c'étaient les prairies humides, ou les prairies sèches avec des cailloux. »

Agriculteur retraité, vallée de la Mayenne, Mayenne, 75 ans.

6. « Ce qui nous tracasse c'est le classement des zones humides. Dans le cadre des PLU, ils vont nous demander les zones humides. Au départ, c'était pas répertorié. Il y aura des interdictions...On est sur la défensive, on dit aux gars “cachez les joncs !” »

Éleveur laitier, vallée de la Mayenne, Mayenne, 42 ans.

15. « Il y avait des prairies en bord de Loir. À partir de 1987, j'ai commencé à labourer. […] Les haies sont arrachées sur ces parcelles. Ce sont les administratifs qui nous ont fait arracher les haies ! S'ils avaient inclus les haies dans les surfaces primables, on les aurait laissées. »

Céréalier et viticulteur, vallée du Loir, Sarthe, 50 ans.

32Le labour et la mise en culture des prairies humides vont potentiellement influencer négativement la ressource en eau de la vallée : érosion si le sol est nu en hiver, pollutions diffuses dans les eaux de surface ou souterraines lorsque l'itinéraire technique est mené avec traitements phytosanitaires et épandage d'effluents d'élevage.

33Mais certains éleveurs, peu nombreux, revendiquent le maintien ou le retour des prairies (13., 14., 19.) Ils s'expliquent par des raisons historiques, dans la tradition de ce que pouvaient faire les anciens, ou bien avec un argumentaire économique ou agronomique.

13. « Les bandes enherbées de 5 m le long des cours d'eau, c'est bien. Je ne laboure pas au bord de la rivière. Il y en a qui le font. Ça n'aurait jamais dû être labouré ! Comme dans le temps, si c'était en prairie, c'est qu'il y a une raison. »

Éleveur de vaches allaitantes, vallée du Loir, Sarthe, 45 ans.

14. « J'ai fait un retour à l'herbe sur un système adapté à notre secteur, avec du lait et de la viande. Depuis 2002, tout est en herbe, pour trois raisons. […] Le retour à l'herbe, j'y pensais depuis 1994. […] La troisième raison, qui pèse moins lourd, mais qui prend de plus en plus de poids, c'est l'environnement, car à 100 % d'herbe, il n'y a plus de phytos, beaucoup moins d'engrais, pas de lessivage, des sols moins abîmés, et l'herbe piège les nitrates.[...] J'économise du soja, du fioul, des tracteurs, des minéraux... Ça correspond aux attentes de la société ! »

Éleveur laitier, vallée de la haute Sarthe, Orne, 43 ans.

19. « Les herbages au bord du Loir sont extra. Ils ont un bon fond de terre. Ce sont des prés francs. »

Éleveur de vaches allaitantes, vallée du Loir, Sarthe, 53 ans.

34Ces trois éleveurs ont une appréciation positive des surfaces en prairies dans la vallée, au bord des rivières. On constate qu'ils témoignent de pratiques ayant potentiellement des influences positives sur la qualité de l'eau.

35La figure 3b illustre bien le niveau différent de prise de conscience des rôles écologique et économique que peuvent revêtir les prairies de fond de vallée, entre acteurs agricoles et non agricoles. De plus, entre élus et employés au sein d'institutions de gestion de l'agriculture ou de l'eau, une légère différence apparaît : les atouts environnementaux des prairies ressortent plus dans les discours de gestionnaires que d'élus.

36La figure 3c regroupe les discours présentant des pratiques qui influencent la qualité de la ressource en eau, de manière positive ou négative.

37L'extrait de l'agriculteur n° 16 présente le discours d'un agriculteur qui porte un regard critique sur les pratiques de ses voisins. Il perçoit les réglementations environnementales comme nécessaires, tandis que ses voisins les considèrent comme des contraintes, voire les ignorent : certaines pratiques de traitements impactent donc directement les eaux qui s'écoulent vers la rivière.

16. « Les agriculteurs sont informés sur la conditionnalité, sur les “contraintes”, les changements. Il y a de grands fossés d'assainissement dans la plaine : et ben y a des désherbants dans les fossés. Et la Police de l'eau dans tout ça ? Les gars vivent ça comme des contraintes, mais faut s'y mettre à l'environnement ! On est une génération tournée vers le plus plus... Même dans nos études, on ne parlait pas d'environnement. On nous a pas appris à mesurer nos impacts sur l'environnement. On est sensibilisé depuis dix ans environ. Y a des matières actives qui sont retirées. On tient un registre phyto, on fait le suivi des parcelles. Les gars ronchonnent ! ».

Céréalier en vallée du Loir, Loir-et-Cher, 51 ans.

38En revanche, les deux extraits suivants montrent des agriculteurs qui intègrent les réglementations comme des atouts pour leur gestion d'exploitation.

17. « On avait le CTE à une époque, pour des fauches semi-tardives, en commençant par le centre et l'engrais raisonné. Ça c'était un très bon accompagnement financier pour des gens comme nous. Sur les céréales, on avait un suivi de fertilisation, et il y avait aussi les haies dans le CTE. »

Éleveur laitier, vallée du Loir, Sarthe, 54 ans.

18. « Je fais environ 8 hectares de jachère. Avec de la jachère faunistique, mais moins cette année. J'ai pas envoyé le dossier. […] J'ai fait des cultures CIPAN, de la moutarde. Peut-être la seule parcelle du département ? C'est une obligation en zone vulnérable. Ça s'est complexifié avec le Grenelle. »

Céréalier en vallée du Loir, Sarthe, 62 ans.

39Leur vision est plutôt positive sur ces pratiques (engrais raisonné, maintien de haies, couverts végétaux), qui ont une influence favorable sur la ressource en eau.

40Enfin, ces derniers résultats montrent des représentations contrastées de la présence de l'eau, que constitue le cours d'eau. Pour l'éleveur n° 19, l'eau représente un danger pour les veaux qui viennent de naître. Il pratique donc les vêlages en bâtiments pour éviter des noyades. Cependant, ce même éleveur est favorable aux prés de bords de Loir (cf supra), donc sa vision de l'eau est contrastée.

19. « Mes vaches vêlent ici à l'exploitation. Si elles vêlent au champ, le veau peut tomber à l'eau. J'ai horreur de perdre un veau ! Je me l'interdis. »

Éleveur de vaches allaitantes, vallée du Loir, Sarthe, 53 ans.

41De même pour cet autre système d'élevage, la présence de l'eau est perçue comme atout et contrainte :

21. « Les terres de vallées sont positives, car il est possible d'y faire du maïs irrigué, mais pénalisantes car le travail du sol ne se fait pas facilement. »

Éleveuse de volailles et bovins de viande, vallée du Loir, Sarthe, 46 ans.

42La contrainte du travail du sol, provenant de sols très hydromorphes, voire inondables, est particulièrement exprimée chez les céréaliers :

20. « Mes terres en bord de Loir sont inondables. L'hiver, avec les crues, elles sont sous l'eau. Si ça ne dure pas longtemps, pour le blé, ça va. […] Entre les terres du Nord [de la France, nda] et la plaine ici, il n'y a pas de grande différence, en qualité. La seule différence c'est que les terres là-bas sont beaucoup plus profondes. »

Céréalier, vallée du Loir, Sarthe, 40 ans.

18. « Dans la vallée, je ne risque pas grand chose, en tout cas moins avec le maïs qu'avec le blé qui plafonne à 50 quintaux à l'hectare. Avec un désherbage à petites dosettes, on peut y arriver. […] En vallée, je n'ai pas un assolement sérieux. C'était en jachère, ça craint l'inondation. Mais je vais remettre en culture, sûrement une monoculture de maïs. […] Globalement, ce sont des terres qui pénalisent l'exploitation. »

Céréalier, vallée du Loir, Sarthe, 62 ans.

15. « Labourer ces terres, c'est infernal. »

Céréalier et viticulteur, vallée du Loir, Sarthe, 50 ans.

43On peut noter que ces trois agriculteurs, qui perçoivent la ressource en eau plutôt négativement, parce qu'elle impacte les sols de leur exploitation et les contraint dans leur travail, adoptent des pratiques qui ont une influence potentiellement négative sur la qualité de la ressource en eau : labours, monoculture, traitements, donc érosion, pollutions diffuses.

44La figure 3d. permet d'établir une relation entre le type de production, influençant les pratiques sur les terres de fond de vallée, avec les représentations de la ressource en eau en général. Il semble que plus le système est basé sur l'élevage avec utilisation des prairies pour la nourriture du bétail, plus la ressource en eau est perçue positivement par les agriculteurs, et en conséquence, plus leurs pratiques ont une influence positive sur cette ressource (maintien de l'herbe, moindres traitements, couverts végétaux en hiver, maintien de haies...). À l'inverse, les systèmes purement céréaliers considèrent plutôt que ces terres sont pénalisantes et représentent des obstacles à leurs performances techniques et économiques. Ils adoptent des pratiques qui ont une influence plus négative sur la qualité de l'eau (labours en bord de rivière, arrachage de haies, traitements, monoculture...).

Discussion

45Ces résultats extraits d'entretiens permettent de discerner les manières dont les agriculteurs et d'autres acteurs de l'agriculture et de l'eau se représentent les pratiques agricoles dans les vallées : les spécificités environnementales de ces milieux donnent lieu à des pratiques particulières, en termes de gestion de l'eau et des terres productives. Cette confrontation au milieu montre des représentations contrastées, qui sont en général en relation avec le type de production développée par l'exploitation.

46Vis-à-vis de la disponibilité de l'eau, les agriculteurs rencontrés expriment leur dépendance non sans avouer une certaine culpabilité à utiliser cette ressource, face au regard du reste de la société. Cet usage pour l'irrigation semble mal compris par la société : cela trahit une stigmatisation de pratiques à première vue dénuées de bon sens (comme peut l'être l'arrosage en plein soleil alors que les particuliers sont en restriction) et un défaut de communication de la part des irrigants. De plus, les récentes orientations sur le « désaménagement » (Barraud, 2007) des cours d'eau sont perçues comme des décisions venant d'en haut, sans concertation avec les usagers de ces aménagements anciens, qui les estiment comme vitaux. Les démarches de gestion intégrée de la ressource en eau, opérées au sein des commissions locales de l'eau dans les SAGE, devraient pouvoir améliorer la communication entre différents acteurs.

47Le questionnement à savoir quelle est la cause et quelle est la conséquence entre pratiques et représentations, abordé notamment pour la problématique de la gestion de l'eau d'irrigation rejoint l'aspect réversible de l'approche du paysage dont Berque donne une base : « les sociétés interprètent l'environnement en fonction de l'aménagement qu'elles en font et réciproquement, elles l'aménagement en fonction de l'interprétation qu'elles en font. » (Berque et al, 1994). La figure 3d appuie le double sens de cette relation. On voit que ce sont plutôt des éleveurs irrigants qui se représentent la ressource comme positive, tandis que les céréaliers non irrigants la trouvent pénalisante : ceux-ci n'ont effectivement pas besoin de cette ressource. Ceci montre en effet que le sens de la relation est double entre pratiques et représentations, elles s'entretiennent mutuellement, mais les modalités de la liaison varient selon la production et la vallée considérée.

48L'évolution des dernières décennies vers des systèmes plus céréaliers et moins herbagers dans les fonds de vallée, surtout sur le Loir et en Sarthe, ne semble inquiéter que certains agriculteurs, alors que les institutionnels de l'agriculture et de l'eau en sont fortement conscients. Les récentes dispositions législatives sur les zones humides (Lois sur l'eau, Grenelles de l'Environnement) ont mis en lumière cette tendance à retourner des herbages hydromorphes et poussent au recensement et à la réhabilitation de ces zones. Malgré une forte médiatisation à ce sujet, les agriculteurs n'accueillent pas favorablement ce genre de dispositions. Pourtant, les trajectoires historiques, que l'on peut retracer grâce à des entretiens avec d'anciens agriculteurs, corroborés par les statistiques agricoles, montrent que les fonds de vallée étaient plutôt couverts d'herbages jusqu'à la moitié du XXe siècle.

49La superposition des prescriptions règlementaires, les coûts d’exploitation et la rentabilité des exploitations, les pressions des autres usagers des vallées et de l’eau, de la société, soumettent les agriculteurs à des adaptations constantes.

50L'âge des exploitants ne semble pas donner une explication claire à l'engagement dans des pratiques plus positives pour la qualité de l'eau : en effet, si l'on compare le groupe des numéros 13., 14., 18., 19. (moyenne d'âge 51 ans) au groupe des numéros 6., 15., 16., 17., 18., 21. (moyenne d'âge 51 ans), les âges sont contrastés de la même manière et la moyenne est identique. Il est difficile de montrer que seuls les plus anciens ont des pratiques plus négatives sur la ressource en eau, ou l'inverse.

51On observe cependant des changements importants réalisés dans le sens d'un respect plus prononcé pour les milieux naturels, qui peuvent mener l'exploitation agricole vers de bonnes performances (telles que l'exploitation ayant opté pour le retour à l'herbe, en Haute-Sarthe, n° 14.) : soit une meilleure autonomie alimentaire, lorsque la ration des animaux se base surtout sur l'herbe, soit une économie d'intrants, permise par l'abandon de pratiques de labour ou de désherbage. D'autres informations extraites des entretiens montrent que cela peut impliquer la transformation des ateliers d'élevage, des pratiques différentes d'alimentation des troupeaux, des choix de cultures différentes ou de distribution spatiale des parcelles labourées, une évolution des assolements, des mouvements de main d'oeuvre, une diversification des activités. Outre les pratiques mises en évidence dans l'article, notamment vis-à-vis de l'herbe, il existe des initiatives agricoles reposant sur des innovations culturales ou de gestion de cheptels qui traduisent une prise en compte de l'environnement intéressante (Laurent et Vieira Medeiros, 2010). Elles consistent en l'adoption de rotations longues pour diminuer les pressions phytosanitaires, le non-labour qui permet la restauration de matière organique du sol , qui permet d'assurer en partie la cohérence du sol, son aération et sa porosité, etc.

Conclusion et perspectives

52Les résultats de cette recherche montrent des cohérences entre représentations et pratiques, concernant notamment la disponibilité de la ressource en eau. Plus cette ressource est utilisée quantitativement, plus l'agriculteur la perçoit positivement.

53En revanche, il ressort des décalages entre certaines pratiques et les attentes de différents acteurs :

  • entre agriculteurs et gestionnaires

  • entre les pratiques anciennes et les mutations récentes (extension des labours)

  • entre abondance de l’eau et réticences pour l’irrigation

  • entre agriculteurs et autres usages (utilisation de l'eau pour l'alimentation en eau potable par exemple)

54Les spécificités de l'environnement des vallées ne conduisent pas à des pratiques et des représentations homogènes. La forte présence de l'eau n'induit pas nécessairement des pratiques et représentations en faveur de ces milieux, et cela est plutôt le cas de systèmes céréaliers dans ces espaces.

55Les superpositions des prescriptions diverses mettent les agriculteurs dans l’expectative, ou créent une situation de malaise. Ceci depuis l’approche intégrée de la gestion de l’eau et des vallées avec des objectifs multiples, de continuum fluvial, de protection contre les inondations, de qualité écologique, trames vertes et bleues, zones humides.

56Face à cela, il est important d'avoir connaissance de la façon dont les agriculteurs conçoivent leur espace, leur environnement, avant de proposer des politiques qui modifient leurs pratiques.

57Le travail entamé ici doit se poursuivre par l'analyse d'un plus grand nombre d'entretiens, auprès d'agriculteurs actifs et retraités, dans les trois vallées étudiées. L'objectif, à travers l'analyse des systèmes agraires de petites zones de vallées (de deux à trois communes), est d'appréhender la diversité des exploitations sur cet espace : productions, organisation sociale du travail. Au-delà, l'analyse des représentations des agriculteurs sur leur environnement dans les vallées devrait permettre de mieux comprendre les éventuels blocages s'opposant à l'adoption de pratiques plus respectueuses de l'environnement. Ainsi devrait-il être possible de mettre en évidence les pistes prises par les agriculteurs vers une agriculture durable, en cohérence avec les fonctions des vallées et les autres activités économiques qui y sont liées.

Remerciements

58Les auteurs tiennent à mentionner que les recherches de doctorat dans lesquelles s'insère le travail présenté ici sont soutenues financièrement par la Région Pays-de-la-Loire.

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Bibliography

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List of illustrations

Title Figure 1. Le bassin versant de la Maine, ses trois rivières principales, caractéristiques agricoles communales, et localisation des entretiens. Maine catchment area and its three main rivers, communal agricultural characteristics and places of interviews.
URL http://vertigo.revues.org/docannexe/image/11382/img-1.png
File image/png, 493k
Title Figure 2. 21 entretiens avec différents acteurs. Les numéros des entretiens sont indiqués en gras, en dernière colonne. 21 interviews with different stakeholders. The interview numbers are noted in bold font, in the last column.
URL http://vertigo.revues.org/docannexe/image/11382/img-2.png
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Title Figure 3. Mise en relation de différents paramètres avec les représentations des ressources en eau. Relationships between various parameters and representations about water resources.
URL http://vertigo.revues.org/docannexe/image/11382/img-3.png
File image/png, 92k
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References

Electronic reference

Amandine Gatien, François Laurent and Jeannine Corbonnois, « Pratiques agricoles et ressources en eau des vallées principales du bassin versant de la Maine : quelles représentations ? », VertigO - la revue électronique en sciences de l'environnement [Online], Hors-série 10 | Décembre 2011, Online since 30 November 2011, connection on 22 May 2013. URL : http://vertigo.revues.org/11382 ; DOI : 10.4000/vertigo.11382

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About the authors

Amandine Gatien

Doctorante en Géographie, UMR CNRS 6590 Espaces et Sociétés (ESO Le Mans), Université du Maine, Avenue Olivier Messiaen, 72085, Le Mans, Cedex 9, France, Courriel : amandine.gatien@univ-lemans.fr

François Laurent

Maître de Conférences en Géographie, UMR CNRS 6590 Espaces et Sociétés (ESO Le Mans), Université du Maine, Avenue Olivier Messiaen, 72085, Le Mans, Cedex 9, France

Jeannine Corbonnois

Professeur de Géographie, UMR CNRS 6590 Espaces et Sociétés (ESO Le Mans), Université du Maine, Avenue Olivier Messiaen, 72085, Le Mans, Cedex 9, France

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