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Des ressources fragiles et menaçantes

Le fleuve Nakambé et le réservoir de Bagré : facteurs explicatifs des recompositions territoriales et des mobilités villageoises agraires et sanitaires en Pays Bissa (Burkina Faso)

Elodie Robert

Abstracts

Since the 1980s, the River Nakambé has been a structuring element of Burkina Fas’s landscape, in particular in the region of the Mossi and Bissa people. This has however not always been the case. Indeed, this area long remained peripheral to the territorial organization in the Bissa region and was a synonym of health problems and insecurity. During colonial period, it was used as a refuge by the population. At the same time, impacts of and the relationship of the population with onchocerciasis evolved. Eventually, after the eradication of the disease and after the construction of the Bagré dam in the early 1990s, the Nakambé River became a key element of the development of Burkina Faso. The environment was once again altered. Amongst the consequences were the spread of certain diseases and a territorial reorganization, with regards to agriculture, economy and health issues. Health impacts can be considerable, but they are not always considered when natural or human environments are altered, It is therefore essential that they are given a central role in the decision making concerning territorial planning.  

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1Depuis des millénaires, le fleuve est un axe structurant l’organisation des sociétés. Source de richesses, il peut être également synonyme de mort. Ainsi, le Pays Bissa, localisé au sud du Plateau Central du Burkina Faso, a connu au fil de son histoire de multiples recompositions territoriales en relation avec la présence du Nakambé puis du lac de Bagré (inauguré en 1994). Ce fleuve, vécu tantôt comme un refuge, tantôt comme une menace, est un élément essentiel dans l’aménagement du territoire par les populations riveraines. Et comme le souligne Shéridan : « là où va l’eau, la maladie suit ». Cette région a donc dû aussi s’adapter aux maladies hydriques.

2Originellement, l’organisation agricole Bissa plaçait le fleuve Nakambé en périphérie de la pratique. L’onchocercose était alors maintenue à l’état endémique. Puis la colonisation a totalement perturbé ce système en dépeuplant la zone. Le fleuve est devenu un refuge, avec pour corolaire un accroissement des cas d’onchocercose. À l’Indépendance, suite à la mise en place de plusieurs programmes d’assainissement, ce fléau a enfin été éradiqué. Le Nakambé est alors devenu un élément clé du développement de la région. Néanmoins, en 1992, la mise en eau du lac de barrage de Bagré a entraîné la recrudescence de certaines maladies hydriques, ainsi que des modifications dans les mobilités humaines.

3La position du fleuve Nakambé dans l’organisation du Pays Bissa n’a cessé de changer au cours du XXe siècle. Il est alors intéressant de replacer la relation entretenue entre le fleuve Nakambé et les populations du Pays Bissa dans son cadre historique afin de comprendre, d’une part, comment se sont déroulés ces recompositions territoriales et, d’autre part, leurs impacts sur la santé des populations. Il convient donc de s’interroger sur le rôle joué par les éléments hydrologiques dans ces évènements et sur les mobilités actuelles du pays Bissa. Une présentation chronologique (de la période précoloniale à 1950, de 1950 à 1994 puis depuis 1994) nous paraît la plus pertinente pour répondre à cette question.

Le Nakambé en pays Bissa, d’un espace périphérique à une zone refuge (période précoloniale à 1950)

4Avant l’Indépendance, au cours du XXe siècle, la position du fleuve Nakambé dans l’organisation du pays Bissa a subi de profondes évolutions. Laissé en périphérie du système Bissa, il deviendra une zone de refuge pendant la période coloniale entraînant le développement de l’onchocercose. Toutefois, avant d’aborder cette transformation, il convient de présenter le fleuve Nakambé et le Pays Bissa.

Le Nakambé, l’Alphée1 du Burkina Faso et du Pays Bissa

  • 1  Dans la mythologie grecque, l’Alphée est un « dieu fleuve ». En regard de l’importance du Nakambé (...)

5Le Nakambé (40 836 km²) draine l’un des plus importants bassins hydrologiques du Burkina Faso, après celui du Mouhoun (Figure 1). Long de 516 km sur le territoire burkinabé, le Nakambé prend sa source en zone sahélienne à Yatenga à 335 mètres d’altitude.

6Le Pays Bissa se localise dans le Centre-Est du Burkina Faso (Figure 1). Cet espace s’étend sur les départements de Niaogho, Béguédo, Boussouma, Komtoega, Garango, Zabré, Yargatengo, Bittou, Bané (province du Boulgou-Tenkodogo), de Gomboussougou et sur une partie de celui de Gogo (province de Zoundwéogo). Le Pays Bissa est soumis à un climat tropical de type nord-soudanien. Les sols sont peu propices à l’agriculture ; cependant l’économie repose essentiellement sur les cultures vivrières (84 %). Il s’agit principalement du mil, du sorgho, du maïs. Il compte aussi des cultures commerciales (céréales comme le riz, oignons, arachides). Il s’agit également d’un espace d’élevage de bœufs (appartenant pour 40 % aux Peuls) et d’une des plus importantes zones de transhumance des troupeaux venus du plateau Mossi.

Figure 1. Le bassin hydrographique du Nakambé et la localisation du pays Bissa

Figure 1. Le bassin hydrographique du Nakambé et la localisation du pays Bissa

Crédit : E. Robert, 2001

Le Nakambé, élément périphérique dans le système précolonial Bissa : le maintien de l’onchocercose au stade endémique

7En introduction, il convient de présenter l’onchocercose qui est une maladie répandue dans l’ensemble de la zone intertropicale. Elle est due à une filaire (un vers, Onchocerca volvulus) se développant (phase larvaire et nymphale) dans les courants rapides des rivières, transmise à l’homme par un moucheron de couleur sombre (une simulie, complex Simulium damnosum). L’onchocercose ne se déclare qu’à partir d’un certain nombre de piqûres infectantes de mouches : il s’agit d’une maladie par accumulation. Quelques mois après, trois types de lésions peuvent apparaître : des tumeurs saillant sous la peau et renfermant les vers adultes, des lésions cutanées aiguës et chroniques, source de grattage (la gale filarienne), et des manifestations oculaires pouvant entraîner la cécité.

8Au cours du XIXesiècle, l’aire d’occupation en pays Bissa a été en expansion. Cependant, alors que les interfluves présentaient un peuplement dense, les vallées se distinguaient par une très faible densité d’occupation. Elles portaient une couverture végétale développée s’étendant sur 10 à 15 km le long des axes de drainage. La principale cause de la non-colonisation des vallées a été l’insalubrité du milieu. En effet, ces zones inhabitées possédaient une forte endémicité onchocerquienne expliquant le « vide humain des vallées ».

  • 2  La mare originelle de Wozi a été ennoyée suite à la mise en eau du lac de barrage de Bagré en 1992 (...)

9Le fleuve Nakambé n’était donc qu’un élément périphérique du système Bissa. Les vallées étaient des lieux redoutés en raison de la présence de génies et de fauves. Par exemple, dans le secteur de Bagré, l’accès à la forêt des rives du Nakambé était limité. Les mythes et les croyances interdisaient donc l’occupation des vallées et ont évité que les populations ne soient piquées par des insectes. Ces populations, sans connaître explicitement le mal qui prévalait, reliaient la maladie et les génies. Il existait une symbolisation du danger correspondant au mal localisé aux abords des cours d’eau. Concernant les génies, il existait le wozi (gardien de la mare et du territoire environnant Lenga2). Cependant, les deux principaux cultes étaient et sont toujours ceux des Ancêtres et de la Terre.

10De fait, à cette époque, le terroir Bissa supportait de fortes densités sur les interfluves. Cette organisation était liée à la mise en place d’une agriculture intensive sous parc à Acacia albida, avec fumure animale effectuée sur des espaces réduits. Durant cette période, l’onchocercose a donc eu peu d’emprise sur les populations (territoire, mobilité). Le système de culture intensive a permis aux Bissas de contenir la maladie par ces fortes densités. Le nombre de piqûres a alors été insignifiant par rapport au nombre d’habitants et la maladie restait endémique. À l’inverse, les bas-fonds tant redoutés (zones inhabitées à forte endémicité onchocerquienne) ont été peu mis en valeur. Il existait de rares exceptions dont les deux principales étaient Béguédo et Niaogho où était pratiquée la culture du riz pluvial, de la patate douce, du manioc et des légumes. Dans le pays Bissa, les potentialités hydroagricoles et les ressources halieutiques ont alors été peu développées ; et jusqu’à la période coloniale, les vallées ont donc connu un peuplement de type sporadique et de durée temporaire.

11En définitive, on observait des surfaces très exploitées (interfluves), puis des brousses laissées en jachères, et des territoires sacrés chargés de valeurs mythiques dont l’accès était interdit. Il n’y avait alors pas eu de domestication des vallées, mais l’entretien de rapports symboliques. Les cours d’eau étaient considérés comme des objets de vénération. Jusqu’au début du XXe siècle, cette maladie, pourtant endémique de la zone, a donc été confinée (faible extension).

12Cependant, d’un point de vue épidémiologique l’onchocercose peut s’étendre lors d’un déséquilibre entre l’organisation des groupes sociaux et l’exploitation de leur environnement. Ainsi, en Pays Bissa, suite à une baisse de la densité, elle va se développer. Cette évolution sera la conséquence de deux faits concomitants : la contrainte de villages d’adopter des techniques de cultures extensives (exigence de la mise en valeur coloniale), et la fuite des populations en direction de la colonie britannique (principalement la Gold Coast, actuel Ghana). La maladie va alors passer à un stade épidémique dégradant la santé des populations et multipliant les cas de cécité.

La période coloniale de 1900 à 1950 : les vallées du Nakambé lieu de refuge à l’origine de l’extension de l’onchocercose

13La colonisation française a perturbé la territorialisation traditionnelle. Auparavant l’insalubrité du milieu et les incursions Mossi, Dagomba et Djerma en avaient fait une zone d’insécurité hostile à toute installation humaine. Les transformations résultant de la conquête ont désormais fait des vallées des lieux de refuge pour les populations fuyant le pouvoir colonial. Cette mutation a alors affecté sérieusement les systèmes agraires, et favorisé l’émergence d’une nouvelle territorialité contraire aux relations préexistantes. Ainsi, l’occupation française a rendu caduc le savoir territorial et les interdits construits autour de l’insalubrité de la vallée.

  • 3  Tous les hommes valides ont été contraints de fournir gratuitement et annuellement un certain nomb (...)

14Le régime administrant colonial a donc joué involontairement un rôle déterminant dans le peuplement des vallées par l’intermédiaire de mouvements de fuites de populations voulant se soustraire à l’impôt de captation, au recrutement de tirailleurs, aux cultures de rentes obligatoires (en particulier du coton), aux réquisitions de main d’œuvre pour les chantiers publics ou privés, aux travaux locaux pour l’entretien des routes, des ponts3 et au portage. Les populations Bissas des villages des interfluves se sont donc réfugiées dans la « brousse » ; et une émigration massive s’est également opérée en direction de la Gold Coast entre les années 1920 et 1940.

  • 4  Durant la fin des années 1920, une crise alimentaire persistante s’est déclarée suite à la perturb (...)

15Ainsi, dans un premier temps le pouvoir colonial a entrainé un remodelage territorial (destruction des zones cultivées, migrations vers la colonie britannique) qui a eu pour effet la diminution de la densité des travailleurs agricoles4. Il a donc inversé le rôle des deux espaces (interfluves/bas-fonds) par le retour en direction de la vallée devenue un lieu de refuge. Dans un second temps, l’occupation française a surtout été synonyme de l’essor et/ou de l’aggravation de l’onchocercose contenue jusqu’alors par les fortes densités de l’occupation de l’espace et par les pratiques agricoles intensives.

  • 5  HERVOUET estime qu’en zone soudanienne des densités inférieures à 35 et 50 hab/km² entraînent un t (...)

16L’occupation des vallées par de faibles densités de population a entrainé le déclenchement de l’endémie onchocerquienne (identification du foyer d’onchocercose par Pierre Richet en 1938). Le nombre de piqûres par personne a alors augmenté, et la maladie a atteint un stade épidémique dégradant la santé des populations, et multipliant les cas de cécité (Faure, 1996). Ainsi, pendant la période 1900 - 1947, un nombre important de villages a été créé en direction des vallées ; souvent insuffisamment peuplés, ils n’ont pu faire face à la l’onchocercose5. L’impact de cette dernière a alors eu comme corollaire l’abandon de nombreux sites (Figure 2) : 63 villages sur 124 (Gotinga, Zindi, Bourma…) (Rolland et Balay, 1969) ; et la durée moyenne des implantations humaines était très faible : 51 % des sites n’atteignant pas 20 ans (Hervouet, 1983).

17L’apogée de la maladie s’est observé dans les années 1940. L’onchocercose a touché essentiellement les petites communautés rurales isolées et a perturbé l’équilibre économique de subsistance. Ainsi, pour les habitants très affaiblis tout travail agricole devenait impossible abaissant la productivité. La sous-nutrition résultante a alors aggravé les conséquences désastreuses des parasitoses (Lahuec, 1975). En définitive, au cours de la première moitié du XXe siècle, l’organisation du territoire Bissa a évolué sous le poids de l’onchocercose.

Figure 2. L’impact de l’essor de l’onchocercose sur les villages de la région de Bagré

Figure 2. L’impact de l’essor de l’onchocercose sur les villages de la région de Bagré

Sources : BD ORTHO, BD TOPO, Lahuec 1979

Crédit : E. Robert, 2001

18Culturellement, pour les Bissas, les vallées étaient le lieu de vie de génies et synonymes de mort. Pendant la période précoloniale, ces espaces étaient alors périphériques de l’organisation de leur territoire. Cependant, la colonisation a transformé les vallées en aire - refuge pour les personnes fuyant les obligations de l’administration française. Pour autant, ces refuges n’en demeuraient pas moins des lieux d’une forte endémicité onchocerquienne. Face à cette réalité, dans un premier temps, les populations vont adapter peu à peu leur système ; et dans un second temps, les autorités vont agir pour éradiquer cette maladie.

L’onchocercose, facteur explicatif de l’organisation Bissa et son éradication (1950-1994)

19Dans ce contexte de forte endémicité des vallées, les Bissas conscients des pertes humaines ont adapté la structuration de leur territoire. Le fleuve a alors été de nouveau un élément périphérique de ce dernier. À l’inverse, à partir des années 1970-1980, il est devenu un élément structurant.

L’adaptation du système à la maladie : l’onchocercose comme facteur structurant de l’organisation du territoire Bissa

20Pour le pouvoir colonial en place, les années 1950 ont constitué la période de lancement des premiers aménagements hydroagricoles : principalement des périmètres rizicoles de type pluvial. Mais la réticence des populations et le développement de l’onchocercose dans ses lieux ont entrainé une faible mise en valeur de ces aménagements.

21Cependant, il semblerait qu’à partir des années 1950, les habitants avaient établi un système minimisant les effets de l’onchocercose. Cette période a également fait suite à la fin des travaux forcés en 1946 entrainant le retour de populations. L’onchocercose est donc devenue le principal facteur de l’organisation du territoire Bissa. En effet, LAHUEC a mis en évidence une différenciation entre les lieux d’habitations et les terres agricoles. La colonisation agricole s’effectuait alors à de longues distances (20 km) des espaces habités. Son observation souligne que les populations avaient pleinement conscience de la maladie. Elles établissaient donc la relation entre le mal dont elles souffraient et la proximité des cours d’eau. « On cultive là-bas pour gagner la nourriture, mais on ne peut pas y habiter, car on deviendrait tous aveugles ». Elles ont donc développé une attitude d’évitement de ces lieux. Ainsi, à partir des années 1960, le fleuve s’est retrouvé de nouveau à la périphérie de l’organisation de l’espace Bissa. Il a été mis à l’écart par les populations afin d’endiguer l’onchocercose.

22En définitive, la présence coloniale n’a pas permis le développement des potentialités du fleuve et n’a donc pas modifié le rapport des populations à ce dernier toujours vécu comme une menace. Mais l’Indépendance va changer ce fait. À partir des années 1970, et surtout des années 1980, le Nakambé va devenir un axe structurant et un pôle de développement du Pays Bissa.

L’assainissement et l’aménagement de la vallée du Nakambé

23À Partir des années 1960, suite à la fin des travaux forcés et au retour des migrants, les mouvements démographiques ont repris. Il faudra, toutefois, attendre les années 1970 pour que soit lancé un plan d’éradication de la maladie. Parallèlement, le gouvernement burkinabé a mis en place un programme d’aménagement. Ainsi, l’Onchocerchiasis Control Program (OCP) et l’Aménagement des Vallées des Volta (AVV) ont été instaurés conjointement.

L’éradication de l’onchocercose par l’OCP…

24Durant les années 1970 est lancée l’éradication de l’onchocercose au Mali, au Togo, en Côte d’Ivoire, au Bénin, au Niger, et Burkina Faso (650 000 km² et 11 millions d’habitants). C’est à la suite de l’application du programme OCP (Onchocerchiasis Control Program) par l’OMS (Organisation mondiale de la santé), à partir de 1974, que la vallée du Nakambé est devenue l’objet de convoitise d’acteurs divers à des fins agricoles (riziculture irriguée et cultures céréalières sous pluies), pastorales, et piscicoles. Ce programme, d’une durée de 20 ans, avait pour objectif de réduire la transmission de l’onchocercose. Son succès a été indéniable. Avant la mise en place du programme OCP, on évaluait le nombre de personnes infectées en Afrique de l’Ouest entre 2 et 2,5 millions. En 1986, on estimait que 3 millions d’enfants étaient nés sans être infectés. Le but était d’interrompre le cycle porteur – vecteur - parasite de l’onchocercose en détruisant le vecteur. La stratégie de l’OCP consistait à détruire les larves du vecteur (simulium damnosum) qui se développaient à partir des œufs déposés dans les eaux à courant rapide des rivières et des cours d’eau. Le programme a traité 18 000 km de gîtes larvaires en appliquant des larvicides par l’intermédiaire d’hélicoptères et d’avions à voilure fixe. Ainsi, la simulie a été contrôlée et la transmission de l’onchocercose interrompue. Dans un second temps, ce dispositif a été couplé à un suivi épidémiologique et à la distribution de médicament aux populations contaminées ou à risque. Cela a fait suite à la découverte par le centre de recherche des laboratoires Merck & Co. Inc. en 1975, d’une substance active, l’ivermectine, qui prendra le nom de Mectizan. En conséquence, le programme de donation Mectizan (Gaxotte, 1998) a été lancé en 1988. Son objectif était la distribution gratuite de ce médicament. Sa diffusion a connu une progression constante du fait du partenariat entre les organismes privés et publics, notamment dans le cadre de l’OCP.

  • 6  Plus précisément, ôko désigne un sous-groupe de maladie de l’arbre donc de maladies des génies. Se (...)

25Par ailleurs, simultanément aux actions de l’OCP, un nouveau terme est apparu dans le vocabulaire des populations bissas : ôko6. Ce dernier est en réalité l’abréviation du mot onchocercose employé par les agents de l’OMS lors des programmes de sensibilisation et d’information des populations. Par ce terme, les Bissas nomment explicitement cette maladie des génies (ce qui n’était pas le cas auparavant). Ils l’utilisent également pour désigner la cécité ainsi que son vecteur (la simulie).

 … et l’essor de la vallée par l’AVV

26Parallèlement à l’OCP, le 05/09/1974 était créé un établissement public : l’AVV (Aménagement des Vallées des Volta). Son objectif était la mise en valeur des zones inhabitées ou sous-peuplées des vallées des Voltas et de leurs affluents. Sa mission se subdivisait en trois points principaux. D’une part, elle devait organiser l’implantation des colons volontaires, diminuant ainsi la population du Plateau Mossi. D’autre part, il s’agissait de promouvoir l’utilisation des techniques agricoles améliorées en vue d’obtenir une production maximum tout en sauvegardant la fertilité des sols et en préservant les équilibres écologiques. Le développement d’infrastructures de base était nécessaire. Enfin, elle devait protéger les réserves naturelles et les forêts dans lesquelles la faune sauvage serait préservée, et établir un programme de reboisement… Il s’agissait des premières expériences de valorisation des rives du Nakambé.

  • 7  Ainsi, les pasteurs chassés par la sécheresse des années 1970 et du début des années 1980 ont trou (...)

27Les terres qui étaient auparavant considérées comme des refuges de génies ou encore « ces terres de la mort » étaient désormais convoitées par les autochtones et les allochtones (Mossis et Peuls7). Bien que les résultats de cet aménagement aient été mitigés, il aura eu le mérite de modifier les pratiques agricoles et de redynamiser la zone. En définitive, au cours des années 1980, on a observé un retour à un système d’agriculture intensive traditionnelle, mais cette fois-ci de décru avec des associations complexes en saison sèche (oignon, patate douce, manioc, et sorgho). Le Nakambé est alors devenu synonyme de ressources alimentaires, et la création du lac de barrage de Bagré une source de production d’électricité.

28Le Burkina Faso a mené conjointement l’éradication de l’onchocercose et l’aménagement du territoire. Ces actions ont entraîné de nouvelles mobilités : arrivées de migrants (surtout depuis les années 1980), retour vers le fleuve des Bissas, modifications des pratiques… L’aménagement hydraulique de Bagré (barrage) a poursuivi la reterritorialisation de la vallée, en dépit des mythes et de l’épidémie d’onchocercose qui en interdisaient l’accès. Par ailleurs, son implantation a été à l’origine de l’apparition et de la recrudescence de maladies (paludisme, bilharziose…), de recompositions territoriales, et de nouvelles mobilités (entre les deux rives, selon les saisons).

Le lac de barrage de Bagré à l’origine de nouvelles maladies et d’une réorganisation territoriale

29Suite aux sécheresses des années 1970 et 1980, un consensus s’est instauré sur la mise en place de barrages afin de disposer d’eau en permanence et de permettre le développement agricole. À Bagré, les populations ont également envisagé le développement de leur région, et le renforcement des productions maraîchères. Cependant, la création du lac de barrage de Bagré a modifié l’environnement même de cette région entrainant l’apparition de nouvelles maladies. Et, cet aménagement a introduit des pratiques territoriales faisant intervenir une nouvelle structuration du territoire et donc de nouveaux rapports à l’eau.

L’implantation du barrage de Bagré, modificateur de l’environnement épidémiologique

30Il existe des relations entre les maladies humaines et les facteurs physiques et biotiques de l’environnement. Tout changement de ce dernier a donc des répercussions épidémiologiques. C’est le cas en particulier des hydroaménagements tel que le barrage de Bagré : les bordures du lac sont des gîtes à vecteur de paludisme, et le siège de développement de mollusques, hôtes intermédiaires des schistosomiases, responsables de la bilharziose.

Le paludisme, 1re affection hydrique en Pays Bissa

31Le risque de transmission du paludisme augmente avec la prolifération des anophèles et la modification des faciès épidémiologiques, phénomènes consécutifs à l’aménagement hydroagricole. Toutefois, les conséquences pathologiques du paludisme ne sont pas directement corrélées par l’intensité de la transmission, mais modulées par l’immunité. Il pose donc un problème en particulier dans les zones de faible endémicité comme le pays Bissa.

32Selon Mouchet, l’immunité se fragilise lors d’un changement de faciès épidémiologique. Ainsi, la transmission s’accroît-elle le temps que la relation homme - milieu se stabilise dans un nouvel équilibre. Elle dépend de paramètres entomologiques : espérance de vie, anthropophilie des vecteurs, durée de leur cycle gonotrophique (Mouchet, 1991).

33Dans la région de Bagré, le paludisme est alors devenu la première affection de transmission hydrique. Il provoque des absences répétées aux champs, le non-respect du calendrier agricole et donc un faible investissement au travail. Cette maladie affecte donc la capacité productive des exploitants. Néanmoins, suite à une adaptation au milieu, on peut envisager une immunisation partielle.

La bilharziose

34Les lacs de retenue africains sont colonisés par des hôtes intermédiaires (mollusque d’eau douce) de schistosomes entraînant l’apparition ou l’augmentation des bilharzioses. Ce sont des affections parasitaires dues à de petits vers du genre Schistosoma déclenchant chez l'homme des troubles urinaires, intestinaux, hépatiques ou spléniques. Le cycle biologique exige deux hôtes : un mollusque, hôte intermédiaire, qui abrite la forme larvaire, et un vertébré hébergeant le parasite adulte.

35Le cycle évolutif du parasite explique que les enfants soient particulièrement vulnérables (jeux d’eau et baignades), ainsi que les adultes travaillant au contact de l'eau. En définitive, le mollusque se positionne comme une usine multipliant les schistosomes qu’il déverse dans le milieu aquatique. L’augmentation concomitante des surfaces hydriques et des densités humaines, rendue possible par le lac de Bagré, a donc abouti à une multiplication des rapports homme-eau bénéficiant aux parasites des bilharzioses.

36Le Pays Bissa n’a pas fait exception. En 1992 (Zan, 1992), des études menées au niveau du site de Bagré ont mis en évidence la présence de schistosomes dans 92 % des 443 échantillons d’urine analysés. Et en 1998, suite à une analyse des impacts de ce barrage et de ses aménagements, le Ministère de la Santé estimait à 80 % le nombre d’enfants de plus de 8 ans atteints de la bilharziose. Cette même année, une campagne de lutte a alors été lancée dans la région.

37En définitive, le lac a modifié la géographie des risques sanitaires. Ces impacts vont également transformer l’espace agraire et entrainer la mise en place de nouvelles mobilités.

Une recomposition agraire et une fréquentation des CSPS8 modifiée

  • 8  Un Centre de Santé et de Promotion Sociale est constitué d’un dispensaire, d’une maternité, d’une (...)

38Suite à la création du lac de barrage de Bagré et à la mise en place de ses aménagements, on a assisté à un mouvement de recolonisation de la vallée du fleuve. La population de la région s’est fortement accrue entre 1985 et 1995 passant de 7 504 à 17 959 habitants. En 2004, elle a atteint 25 632 habitants. Ainsi, le processus de territorialisation hydraulique de la vallée du Nakambé et donc la construction de cet hydroaménagement ont créé de nombreuses opportunités de développement pour la région. Le fait de vivre et de travailler proche de l’eau n’est alors plus vu comme un facteur de risque mortel. Dans cet espace où domine l’agriculture, la principale recomposition a été agraire et elle a eu des incidences sur la fréquentation aux CSPS (Centre de Santé et de Promotion Sociale).

L’exploitation des potentialités du lac

  • 9  La MOB (maîtrise d’ouvrage de Bagré) est la structure chargée de la gestion du lac de barrage de B (...)

39Béguédo et Niaogho ont traditionnellement développé des stratégies agricoles le long du Nakambé. Cette exception résultait de la présence de terres à haute valeur agronomique (terrasses jaunes) localisées uniquement dans ce secteur. Au cours du XXe siècle, les habitants de cet espace ont poursuivi l’exploitation des potentialités hydroagricoles. Les cultures étaient alors les légumes traditionnels (patate douce, manioc, calebasse, etc.) auxquels se sont adjoints, au cours de la colonisation, les légumes européens (oignon, aubergine, carotte, etc.). Cependant, la mise en eau du lac de Bagré a perturbé ce système de culture de décrue. Des terres fertiles ont été inondées. Il a donc fallu se réadapter. Les populations ont alors réagi favorablement et ont initié de nouvelles stratégies de territorialisation, en perfectionnant principalement les anciens systèmes d’irrigation. À partir de la fin des années 1990, le développement de la petite irrigation sur les rives du fleuve a conduit à l’emblavement de nouveaux terrains (Yakala, Foungou, Kiébéa). Dans un premier temps, la pratique maraîchère s’est donc étendue le long des rives du lac. Néanmoins, dans un second temps, depuis 2005, face aux risques de dégradation des berges qu’elle engendre, elle a été interdite par la MOB9 sur les bords du lac, excepté à Niaogho et Béguédo.

La réactivation des terroirs en direction de la rive droite

40Depuis la mise en eau du lac, la progression des fronts agricoles se fait selon la dynamique classique des terroirs soudano-sahéliens. Les hameaux de culture ont été réactivés par le barrage, principalement en direction de la rive droite (Tableau 1). Par ailleurs, l’inondation d’une partie de la vallée a entrainé la diminution des parcelles cultivées en rive gauche. La réduction des surfaces cultivables, ainsi que l’appauvrissement des sols par la réduction du temps de jachère et la faible artificialisation des pratiques culturales ont été à l’origine de la création de hameaux de culture de plus en plus éloignés (au début moins de 10 km, en cours d’allongement) surtout en direction de l’ouest et du nord-ouest.

41Les mouvements de déplacements ont par conséquent été allongés en distance et en durée. En effet, dans la partie amont du lac de barrage de Bagré, il n’existe que deux lieux de passage pour se rendre d’une rive à l’autre (Bagré et Béguédo). Ainsi, lors de la préparation des champs et des récoltes, les cultivateurs sont obligés de rester durant une longue période en rive droite. Les retours au village sont alors hebdomadaires, voire seulement bimensuels.

42En conséquence, les femmes doivent travailler davantage dans les champs de case (rive gauche), aidées par les jeunes. On observe donc des recompositions dans leur travail.

Tableau 1. Répartition (en %) des zones de culture déclarées par les exploitants (n = 186).

Année

Rive droite du Nakambé

Rive gauche du Nakambé

1991

44,0

56,0

1998

57,4

42,5

Source : d’après Ouedraogo et Janin, 2004

43En définitive, dans ce nouveau système agricole recomposé spatialement, il convient d’être plus nombreux, par exploitation familiale, pour avoir un bon rendement. Ainsi, le lac a modifié l’espace agraire et a entraîné l’augmentation du parcellaire (« terroir éclaté »). Les temps de déplacement ont été allongés et l’accès aux CSPS (Centre de Santé et de Promotion Sociale) est alors devenu plus problématique en saison des pluies.

Des incidences sur la fréquentation des CSPS

44La création du lac de barrage de Bagré a été à l’origine d’une amélioration sanitaire par la création de trois CSPS (Figure 3) en zone amont du lac qui en compte donc actuellement six.

Figure 3. La recomposition agraire et sanitaire dans la région amont du lac de barrage de Bagré.

Figure 3. La recomposition agraire et sanitaire dans la région amont du lac de barrage de Bagré.

Source : d’après Ouedraogo et Janin, 2004

45Par ailleurs, elle a entrainé la pratique saisonnière du maraîchage (oignon, tomate) favorisant de nouveaux revenus et une fréquentation plus aisée des structures sanitaires. Certaines familles ont alors connu une amélioration de leur état de santé. La mise en eau du barrage a également permis le développement du microcrédit et la mise en place d’activités génératrices de revenus. Certains paysans ont pu « moderniser » leur exploitation et augmenter leurs rendements. Les marchés ont aussi gagné en importance et en fréquentation. Le fait que les CSPS soient localisés dans les mêmes villages que ces derniers, ou se situant sur le trajet, a permis aux populations de s’y rendre plus facilement et fréquemment.

46Cependant, ces déplacements au centre de santé sont essentiellement saisonniers. Ils sont plus faibles lors de l’hivernage (13,9 % en mars, 10,2 % en avril, et 5,6 % en juin) (Ouédraogo et Janin, 2004). À l’inverse en saison sèche, les actifs étant de retour dans les concessions villageoises, il y a alors une meilleure disponibilité temporelle conditionnant le recours aux services médicaux. Ainsi, l’état sanitaire général qui semble s’améliorer résulte en particulier d’un meilleur accès aux soins en saison sèche (Tableau 2). Néanmoins, cet état cache des disparités selon les saisons et les catégories de population.

Tableau 2. Variation saisonnière de la fréquentation (en %) des CSPS en 1997

CSPS

Béguédo

Boussouma

Djerma

Lenga

Niaogho

Ouarégou

Total

Saison pluvieuse

38,7

47,4

45,3

49,4

35

44,1

41,4

Saison sèche

61,3

52,6

54,7

50,6

64,9

55,9

58,6

Source : d’après Ouedraogo et Janin, 2004

47Les déplacements aux centres de santé sont donc dictés par le calendrier agricole (maraîchage de contre-saison, éloignement des hameaux de culture en hivernage) et par la recomposition territoriale suite à la création du barrage. Modifiant l’organisation temporelle et spatiale des activités agricoles, l’aménagement a créé des conditions favorables à la fréquentation des structures sanitaires, mais de façon saisonnière.

Conclusion

48L’organisation du territoire Bissa a subi de multiples transformations. Ces mutations ont particulièrement affecté les mobilités, et le rapport des populations aux vallées et aux différentes maladies existantes dans la région (Tableau 3). Le lien entre l’organisation territoriale, les mobilités des populations et la santé est donc indéniable dans cette région ; d’autant plus que l’élément « eau » est au centre de cette distribution spatiale. La moindre modification du territoire peut, alors de lourdes conséquences (vies humaines, mobilités agricoles…).

Tableau 3. Tableau récapitulatif de l’appropriation des vallées et des rapports à l’eau des Bissas.

Périodes

Appropriation territoriale des vallées

Rapports à l’eau

Période précoloniale

Nakambé : lieu périphérique de l’organisation territoriale Bissa.

Mythes et croyances interdisent l’occupation des vallées.

Quelques aménagements au niveau de Béguédo et Niaogho.

Vallées : lieux redoutés en raison de la présence de génies et de fauves.

Lien métaphysique établi par les populations entre la maladie et les génies de l’eau.

Symbolisation du danger = mal se t aux abords du cours d’eau.

1900-1950

La présence coloniale transforme indirectement les vallées en refuges, à l’inverse desrelations traditionnelles que les populations avaient établies avec leur territoire.

Cette occupation rend caducle savoir territorial et les interdits construits autour de l’insalubrité de la vallée.

Les Bissas se rapprochent de l’eau bien qu’ils considèrent toujours les vallées comme des lieux de morts.

1950-1975

Les Bissas conscients des pertes humaines adaptent l’organisation de leur territoire. Le Nakambé est de nouveau un espace périphérique.

Echec des plans d’aménagements hydroagricoles de l’autorité coloniale.

Différenciation entre les lieux d’habitation et les terres agricoles (situées à 20 km) pour limiter l’onchocercose.

Relation établie entre le mal dont souffrent les Bissas et la proximité des cours d’eau.

Mise en place d’une attitude d’évitement.

Depuis 1975

Le Nakambé devient un axe structurant du territoire et la création du lac de barrage de Bagré poursuit cette reterritorialisation de la vallée et attire des populations autochtones et allochtones.

Adaptation des secteurs amont en perfectionnant les anciens systèmes d’irrigation.

Extension de la pratique maraîchère sur les rives du lac puis interdiction.

Nouvelles mobilités : arrivées de migrants, retour vers le fleuve, modifications des pratiques…

Source d’énergie (électricité) et de ressources alimentaires.

Développement accru de la riziculture.

La méfiance par rapport à l’eau demeure présente. Les maux dominants sont toujours de types hydriques (paludisme, bilharziose).

49Cet exemple illustre parfaitement l’intérêt que doivent porter les aménageurs au secteur de la santé afin de ne pas diminuer les effets bénéfiques que pourraient avoir leurs planifications. Aucune sphère ne doit être alors occultée lors de la conception de programme et de l’organisation d’un territoire. C’est pourquoi les techniques participatives sont, actuellement, de plus en plus encouragées lors de l’élaboration et de la réalisation de projets.

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Notes

1  Dans la mythologie grecque, l’Alphée est un « dieu fleuve ». En regard de l’importance du Nakambé au Burkina Faso, nous nous sommes permis d’employer ce terme.

2  La mare originelle de Wozi a été ennoyée suite à la mise en eau du lac de barrage de Bagré en 1992. Toutefois, depuis 2000, des travaux d’aménagement ont été lancés pour mettre en place un refuge pour les hippopotames et pour d’autres espèces menacées.

3  Tous les hommes valides ont été contraints de fournir gratuitement et annuellement un certain nombre de jours de travail à la réalisation d’infrastructures.

4  Durant la fin des années 1920, une crise alimentaire persistante s’est déclarée suite à la perturbation des systèmes de production avec l’introduction du coton au détriment des cultures de subsistances.

5  HERVOUET estime qu’en zone soudanienne des densités inférieures à 35 et 50 hab/km² entraînent un taux de transmission tel que la maladie évolue rapidement vers la forme la plus grave : la cécité.

6  Plus précisément, ôko désigne un sous-groupe de maladie de l’arbre donc de maladies des génies. Selon les Bisas, les génies des arbres emploient la mouche pour « envoyer » la maladie (Fainzang, 1986).

7  Ainsi, les pasteurs chassés par la sécheresse des années 1970 et du début des années 1980 ont trouvé dans le Pays Bisa une zone refuge. Ils ont créé de nouveaux villages en brousse, entre 1972 et 1977 pour les plus anciens, mais principalement entre 1980 et 1985. Une nouvelle implantation continue et non intégrée au système Bisa s’est alors mise en place à partir du milieu des années 1980.

8  Un Centre de Santé et de Promotion Sociale est constitué d’un dispensaire, d’une maternité, d’une pharmacie villageoise, et d’un service d’action sociale.

9  La MOB (maîtrise d’ouvrage de Bagré) est la structure chargée de la gestion du lac de barrage de Bagré.

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List of illustrations

Title Figure 1. Le bassin hydrographique du Nakambé et la localisation du pays Bissa
Credits Crédit : E. Robert, 2001
URL http://vertigo.revues.org/docannexe/image/11459/img-1.jpg
File image/jpeg, 324k
Title Figure 2. L’impact de l’essor de l’onchocercose sur les villages de la région de Bagré
Credits Sources : BD ORTHO, BD TOPO, Lahuec 1979
URL http://vertigo.revues.org/docannexe/image/11459/img-2.jpg
File image/jpeg, 448k
Title Figure 3. La recomposition agraire et sanitaire dans la région amont du lac de barrage de Bagré.
Credits Source : d’après Ouedraogo et Janin, 2004
URL http://vertigo.revues.org/docannexe/image/11459/img-3.jpg
File image/jpeg, 555k
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References

Electronic reference

Elodie Robert, « Le fleuve Nakambé et le réservoir de Bagré : facteurs explicatifs des recompositions territoriales et des mobilités villageoises agraires et sanitaires en Pays Bissa (Burkina Faso) Â», VertigO - la revue électronique en sciences de l'environnement [Online], Hors-série 10 | Décembre 2011, Online since 30 November 2011, connection on 22 May 2013. URL : http://vertigo.revues.org/11459 ; DOI : 10.4000/vertigo.11459

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About the author

Elodie Robert

Doctorante en géographie, Université Michel de Montaigne - Bordeaux 3, LGPA, MSHA (Programme Risques en Afrique) ; UMR ADES-CNRS 5185, France, Courriel : elo33.robert@gmail.com

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