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La pollution atmosphérique en ligne(s)

Elisabeth Rémy and Cécile Blondeau

Abstracts

In 2008, close to 500 emails were exchanged between people living in and around Paris and Airparif, an organization specialized in monitoring the quality of air in Ile-de-France (Paris and surrounding areas). Our case study shows that this "virtual correspondence" materializes and actualizes a transient phenomenon that would otherwise leave no trace. The effectiveness of these statements on the air pollution is based above all on the writers' legitimacy in speaking out. Their emails are individual statements, disconnected from one another, with neither a spokesperson nor a collective. The intention is to secure the recognition of a singular problem: personalized neighbourhood air pollution. Yet, through this set of emails we also see emerging a potential recognition of singular cases to which a more general value can be granted. By examining the contribution of these writings to the definition of pollution problems, our aim is to present our first study on lay expertise on this issue.

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Full text

  • 1 Créée en 1979, cette association quadripartite regroupe collectivités, État, industries et associat (...)
  • 2 Soulignons d’abord que la pollution atmosphérique est un domaine peu abordé par la sociologie (Char (...)

1En 2008, ce sont près de cinq cents courriels que les Franciliens ont échangés avec Airparif1 un organisme spécialisé sur la surveillance de la qualité de l’air en Ile-de-France. En resituant cette nouvelle technologie dans son contexte (Woolgar, 2002), notre objectif vise à étudier la façon dont ces questions, contribuent à façonner l’objet pollution atmosphérique2.

  • 3 Comme ces plantes en pots (ray grass et fétuque) que l’on utilise pour évaluer les polluants en bor (...)

2Comment évaluer l’air que l’on respire? L’anthropologie des sciences et des techniques a bien montré que certains êtres insaisissables ne deviennent visibles que grâce aux inscriptions permises par les instruments scientifiques depuis leur prélèvement in situ jusqu’à l’invention d’objets mobiles et combinables qui permettent de maintenir la chaîne des alignements et ainsi d’en parler à distance (Latour, 1993). L’air qui nous préoccupe ici fait partie de ces entités invisibles et intangibles et les phénomènes physiques qui lui sont liés sont parfois éphémères. Si les spécialistes peuvent évaluer sa qualité (Cellier, 1999), ce n’est qu’à l’aide d’instruments ou d’astuces techniques3. De plus et conformément à ce qui caractérise la littérature scientifique, le référent — en l’occurrence la pollution — est inclus dans les textes qui l’explicitent.

  • 4 Alliée à l’odorat et aux manifestations corporelles, voir plus loin.
  • 5 À la croisée de différentes disciplines des sciences humaines (sciences de l’information, sciences (...)

3Pour le sens commun, en revanche, seules certaines manifestations liées à l’air sont visibles à l’œil nu4. La mise en forme écrite (par ces mails) de ce que l’on a vu permet d’en garder une trace, sous la forme d’une mise en récit et partant d’une mise en mémoire. En pratique, le courrier électronique est rapide, ponctuel et à portée de (presque) toutes les mains. En suivant ces écrits sur la pollution atmosphérique, notre objectif est de montrer que, là aussi, cette entité est le produit d’un travail performatif, c’est-à-dire d’un processus conjoint de production et de description (Callon, 1999)5. Autrement dit, comment ces écrits font-ils exister la pollution et selon quelles modalités d’échange avec leurs auteurs (Latour, 2006 b)?

  • 6 Pour des études sur le « grand public » voir les études sur la perception des risques (Fischhoff et (...)
  • 7 Ce qui n’exclut pas toute dimension collective, comme nous le verrons.
  • 8 Notion de prises empruntées à Bessy et al. (1995)  au sens symétrique de “ donner prise à ” et “ d’ (...)

4Notre travail s’inscrit également dans le courant de recherches qui interrogent les relations entre profanes et experts (Callon et al., 2001; Limoges et al., Cambrosio, 1991). Notre objectif est alors de porter notre attention sur les personnes attachées6, d’une façon ou d’une autre, au problème en question. Le détour par ces mails permet ainsi d’atteindre des acteurs qui sinon seraient restés inaudibles et invisibles. En cela, il permet également d’interroger la notion de groupe concerné (Callon et al., op. cité); celle-ci désigne des individus qui, à partir de leur situation particulière et d’un problème spécifique, agissent pour participer publiquement à la construction des hypothèses et à la recherche de solutions. Ici, ce sont des individus isolés qui non seulement agissent à titre individuel,7 mais aussi restent dans l’ombre sans intervenir plus ouvertement. Dès lors, dans cette configuration tout à fait particulière quelle est la contribution de ces écrits à la définition des problèmes de pollution? Et quelles sont les prises8 déployées pour « transporter » son paysage quotidien par courriel?

  • 9 Le Laboratoire Central de la Préfecture de Police réalise des travaux d’analyse ou d’essai au profi (...)

5Notre corpus est donc constitué des courriels que les Franciliens (pour l’essentiel) ont adressés spontanément à Airparif durant l’année 2008. L’analyse de ce corpus nous donnera une vue d’ensemble du nombre de courriels et de leur répartition par thématiques. Des entretiens semi-directifs ont aussi été menés auprès des personnes responsables de ce travail au sein d’Airparif et du LCPP9 donnant ainsi une relecture a posteriori de leurs façons de procéder. L’apport de ces éléments nous permettra alors de mieux articuler nos observations « micros » avec des enjeux plus généraux. Notre texte porte donc sur l’écriture des messages en étudiant, la façon dont s’écrit et se dessine la pollution. En examinant la contribution de ces écrits à la définition des problèmes de pollution, notre objectif est de présenter une première étude sur l’expertise profane de l’air pollué.

Produire des énoncés légitimes sur l’air pollué

6On part ici de l’idée que la production d’énoncés pertinents sur la pollution suppose qu’ils soient rédigés par des rédacteurs légitimes et que ceux-ci s’efforcent de rendre tangible la pollution à l’intérieur du texte. Déclinons successivement ces deux points.

7Si à l’origine du Service communication en 1995, les échanges avec Airparif se faisaient essentiellement par lettres, ces derniers transitent désormais via une Communication Médiée par Ordinateur – terme proposé par Panckhurst , cité dans Anis (1999). Ce nouveau mode communicationnel (voir figure 1 représentant la rubrique « Nous écrire » du site d’Airparif) apporte déjà un autre rythme et une autre fréquence dans les échanges entre les Franciliens et l’association : le nombre de courriels reçus dépasse largement la quantité de lettres envoyée précédemment. Les demandes sont rendues à la fois plus présentes et moins formelles, plus brèves et plus ponctuelles.

Figure 1. Rubrique « Nous écrire » du site d’Airparif

Figure 1. Rubrique « Nous écrire » du site d’Airparif

8Ce sont principalement les particuliers et les étudiants qui prennent la plume électronique; pour en donner une image plus précise sur l’année 2008, 37,8 % des scripteurs sont des particuliers, 25,1 % des étudiants, collégiens et lycéens et pour une part à peu près équivalente (située entre 7 et 5,5 %) des intervenants appartenant à des sociétés, des collectivités et des enseignants — voir tableau 1. Les auteurs, en grande majorité francilienne, sont occasionnellement des étrangers désireux d’obtenir des précisions techniques sur les méthodes de surveillance employées à Paris.

Tableau 1. Répartition des scripteurs en 2008

178

37,8 %

particulier

118

25,1 %

étudiant, collégien-lycéen

33

7,0 %

société

31

6,6 %

collectivité

26

5,5 %

enseignement

21

4,5 %

association

12

2,5 %

industriel

11

2,3 %

presse

11

2,3 %

bureau d'études

9

1,9 %

AASQA

8

1,7 %

Administration

7

1,5 %

recherche

4

0,8 %

santé

2

0,4 %

édition

471

100,0 %

 

  • 10 Ces mails, pour certains d’entre eux, se rapprochent du courrier classique tandis que d’autres, ado (...)

9La demande est souvent très directe10. À partir du dispositif technique mis en place, les expéditeurs choisissent dans quelle mesure ils souhaitent être identifiés ce qui peut évoluer tout au long de l’objet de la demande (Beaudouin et al., 1999). On peut alors deviner l’identité du scripteur par la nature de la demande, par une appartenance déclarée (médecins, bureau d’études…) par le contenu du message ou par l’interaction avec Airparif (plus rarement l’échange se poursuit au-delà du simple jeu question/réponse).

10L’inscription dans un lieu (de résidence notamment) devient la prise argumentative et identitaire principale. Usant de différents procédés discursifs, les demandes peuvent commencer par : « je suis résident sur la commune de Colombes, je voudrais signaler une forte odeur… »; « Habitante d’Aulnay-Sous-Bois depuis 19 ans, j’ai pu constater que depuis 13 ans la pollution a gagné énormément de terrain… », etc. Au-delà de la variété des requêtes, la localisation quasi omniprésente est un objectif et un point commun de leur écriture (Fabre, 1997). C’est l’habitant qui s’exprime : « Je ne suis pas une société, désolée, mais j’habite à… ». La mention du statut professionnel (d’une personne travaillant dans le secteur de l’automobile par exemple) peut aussi devenir un instrument de légitimation du discours et une ressource pour faire entendre son point de vue (Marcoccia, op.cité).

11Pour comprendre ce qui se joue dans ces demandes adressées par courriels, nous devons également rendre compte des contraintes de la situation donnée et de ses critères d’acceptabilité. À l’inverse de la situation étudiée par Boltanski et al. (1984), il ne s’agit pas de la forme contraignante d'une publication éventuelle (dans « Le Monde »), mais d’un format électronique d'écriture spontanée, ponctuelle et privée. Ces demandes par mails que nous observons à Airparif ne poursuivent donc pas les mêmes objectifs (en termes de publication et de dénonciation systématique). En général, on constate que ces « prises de paroles » portent sur un problème local et personnel, la personne parlant en son nom propre. A contrario d'une montée en généralité des lettres du corpus de « La Dénonciation », nous avons donc précisément une focalisation sur les individus eux-mêmes et les événements avec lesquels ils sont aux prises : notamment sur leur corps « à vrai dire, je suis à moi tout seul un baromètre de la pollution… » (24.06.2005) et leur environnement proche. Néanmoins, nous constatons une autre forme d’oscillation et de coordination entre les thèmes mis en lien : lorsqu’ils sont présents, ces changements d’échelle à l’intérieur d’un même mail, empruntent aussi le chemin d’une forme de montée en généralité (Boltanski et al., 1991), dont l’horizon est l’action publique :

« Bonjour,

Dans des cas de dépassement important des seuils de pollution, comme en ce moment à Paris, pourquoi n’y a-t-il pas plus de restriction de la circulation automobile? Airparif n’a-t-il aucun poids sur les décisions de la préfecture de Paris? Quels seraient les moyens à mettre en œuvre pour que les choses changent réellement?

La santé de tous, et particulièrement de nos enfants, est en jeu. Merci pour votre réponse » (23 juin 2005).

12Ou encore, dans un sens différent, cette rare variation d’échelle liant singulier et collectif, peut se traduire par une montée en généralité fondée sur le singulier, le je prenant alors une dimension plus collective :

« Pourquoi ne pas sensibiliser la population en incitant à utiliser des véhicules peu polluants (…) comprendre que la pollution atmosphérique touche tout le monde de 1 jour de vie à 100 ans!!! Je possède une voiture de 1.2 de cylindrée munie d’un moteur « echotec », je serai fier d’y apposer une inscription émanant de vos services : je pollue moins, je respire mieux! » (26.07.2006).

  • 11 Airparif étant parfois assimilée à la puissance publique.
  • 12 Laboratoire d’hygiène de la Ville de Paris.

13Ces personnes manifestent ainsi un attachement singulier à la pollution qui se traduit pas ce besoin de verbaliser ce qui les préoccupe. Comme le montrent ces mails, Airparif est connu des Franciliens11, ce qui est moins vrai pour des organismes comme le LHVP12 ou le LCPP qui ont connu une histoire différente et n’ont pas bénéficié de la même publicisation au moment de leur création. Dès lors, dans le cadre qui leur est dévolu, comment les scripteurs s’y prennent-ils pour produire des énoncés efficaces sur l’air pollué?

Quand les questions écrivent la pollution

14Au-delà des demandes générales adressées à Airparif comptabilisées dans le tableau 2, notre recension systématique des courriels a permis d’identifier onze thématiques. Comme on le remarque d’emblée, plus de la moitié de ces mails (55,4 %) concerne des demandes générales, c’est-à-dire des demandes de documentation, d’informations sur la qualité de l’air et la surveillance, des questions concernant le site d’Airparif, demande de visite ou de rendez-vous, documents, précisions ou demande de rendez-vous pour des travaux d’étudiants, demande de stage, d’objets publicitaires, d’utilisation des données d’Airparif… À l’exception de quelques lettres hors sujet et de très rares lettres considérées comme « injurieuses », la lecture des courriels montre qu’ils ont tous reçu une réponse.

Tableau 2. Les courriels en thématiques

2008

Nombre

2008

%

Demandes générales

261

55,4

Mesures / Indices et alertes

93

19,7

Transport

34

7,2

Habitat

32

6,8

Odeurs

16

3,4

Prises corporelles et effets sur la santé

9

1,9

Manifestations environnementales

9

1,9

Impacts sur les cultures

5

1,1

Pratique sportive

5

1,1

Écocitoyenneté

4

0,8

Ozone

3

0,6

Total

471

  • 13 Précisons simplement que par « Écocitoyenneté » nous entendons les questions à visée citoyenne (lim (...)

15Dans ce texte, nous allons focaliser notre attention sur les thématiques les plus significatives en délaissant celles qui se situent à moins de 1 % sur plusieurs années13. C’est pourquoi nous aborderons les questions concernant la procédure d’alerte, celles portant sur les distances à adopter et enfin celles relatives aux prises corporelles mobilisées pour faire preuve. Il est déjà important de souligner que ces courriels sont rarement des plaintes à proprement parler, mais plutôt des requêtes qui relèvent des trois catégories suivantes : de simples demandes d’informations sur tel ou tel thème, des signalements sur des événements soudains et situés et des remarques (critiques, incompréhensions, billets d’humeur) sur la surveillance de la qualité de l’air. Cette parole est parfois construite à partir des informations que diffuse Airparif.

16Dans tous les cas, on cherche à le retranscrire et à le faire savoir. Les trois parties qui suivent déclinent thématiquement chacune de ces préoccupations.

Demandes de prises de mesures et incompréhensions sur les indices et la procédure d’alerte

  • 14 Lesquels correspondent à la rubrique Mesures /Indices et alertes du tableau 2.
  • 15 C’est-à-dire particules de diamètre aérodynamique moyen inférieur à 10 µm (source Airparif). (...)
  • 16 Comme celles émanant des Aasqa (Association agréée de la Surveillance de la Qualité de l’Air) : « q (...)

17Par ces mails14, il s’agit soit de prendre connaissance de mesures effectuées par Airparif sur un lieu donné (qualité de l’air à Mantes-la-Jolie), de demandes de précisions en métrologie (type d’appareils utilisés, techniques de mesure des particules PM1015, précisions sur les normes OMS, etc.) ou encore de sollicitations pour que l’on vienne faire faire des mesures à leur domicile. Quelques courriels évoquent des mesures qui ne relèvent pas de la compétence d’Airparif, notamment l’évaluation de l’air intérieur. Les scripteurs sont plus variés et distribués que sur d’autres thématiques bien que les particuliers représentent environ un tiers des réponses et bien évidemment le niveau de technicité demandé évolue en fonction du demandeur16 .

  • 17 Dans l’exemple suivant, le scripteur souligne le manque de cohérence entre l’information donnée par (...)

18Posées majoritairement par les particuliers, la plupart des questions sur les indices portent i) sur leur signification et/ou la procédure d’alerte, certaines personnes attribuant à Airparif un pouvoir décisionnaire, réglementaire; ii) sur des remarques et critiques parfois acerbes sur la pertinence de ces indices et le non-déclenchement de la procédure d’alerte alors que l’on estime respirer un air de mauvaise qualité; ce mail est assez représentatif de ce type d’intervention : « comment pouvez-vous dire que la qualité de l’air est bonne aujourd’hui! j’habite dans un immeuble très haut et a vu d’œil le tour de paris est brun marron de pollution, les yeux me brûlent, mon nez coule! la même chose pour mes élèves! vous avez tellement élevé les normes de pollution que ça ne veut plus rien dire en terme de santé! il n’y a donc aucune raison que les gens fassent des efforts et utilisent les transports en commun, etc. puisque tout va bien! » (12.02.2008). Dans ce type de courriels, on dénonce tour à tour un manque de transparence, d’honnêteté et de fiabilité des analyses d’Airparif. Ces intervenants mobilisent ainsi leur expérience sensible et interrogent, quelquefois avec pertinence, l’évaluation experte de la pollution17.

Comment s’éloigner de la pollution : distance aux lieux de vie18

  • 18 Ce qui regroupe les questions relatives aux rubriques Transport et Habitat du tableau 2.

19La rubrique Habitat représente 6,8 % des demandes en 2008. Ces prises de paroles émanent d’une part de particuliers déjà sensibles à la qualité de l’air (asthmatiques ou personnes souffrant de problèmes respiratoires divers, etc.) et d’autre part de personnes qui, à titre préventif, contactent Airparif pour ne pas trop subir les effets néfastes de la pollution. Ces questions visent avant tout à orienter le choix d’une décision entre deux lieux de vie potentiels sur le mode « quelle est la différence de qualité de l’air entre le parc de Belleville et la porte de Montreuil » (09.08.08); sont ainsi fréquemment interrogées les différences d’exposition entre deux lieux de Paris intra-muros et celles pouvant exister entre Paris et ses banlieues. Les personnes attendent en quelque sorte une aide rassurante d’Airparif sur le choix du meilleur lieu de vie possible, sur l’indication des distances à prendre par rapport à un site précis (à proximité d’une station-service), des précisions sur la situation géographique la plus adaptée (relief par rapport à la vallée) ou encore le niveau d’étage susceptible d’offrir la meilleure protection contre la pollution. Elles s’identifient ainsi au lieu où elles vivent (et parfois travaillent).

  • 19 Seuls deux de ces mails font part de nuisances odorantes et/ou sonores liées au trafic automobile e (...)
  • 20 Ce qui peut effectivement être décidé par la Ville de Paris pour inciter les personnes à prendre le (...)
  • 21 Vélib’ désigne le système de vélos en libre-service dans Paris et en petite couronne mis en place à (...)
  • 22 Ce problème de prise de distance à la pollution n’est pas nouveau, mais dès le XIXe siècle, l’état (...)

20Concernant la rubrique transports (7,2 % des demandes en 2008), les scripteurs (des particuliers pour un peu plus de la moitié) cherchent à savoir à quelle distance se situer par rapport à l’impact potentiel des grands axes de circulation très fréquentés. Ils souhaitent connaître la pollution présente dans des lieux précis comme le métro ou l’aéroport, pointent des carrefours particuliers et s’interrogent aussi sur la qualité de l’air dans les différents moyens de transport : métro, RER A (irritation des yeux), en voiture ou encore à moto19. Enfin, notons quelques questions plus pragmatiques pour avoir la confirmation de la gratuité du stationnement résidentiel pour Paris en cas de pic de pollution20. Ils se demandent encore si l’on a remarqué une évolution de la qualité de l’air dans Paris depuis la mise en place des Vélib’21. Ce qui rejoint une question à visée écocitoyenne comme celle-ci : « par rapport aux mesures de particules qui ne diminuent pas, urgence de mettre système de contrôle automatique pour identifier les véhicules les plus pollueurs et les mettre en dehors des voies, bannir les camions non alimentaires… Que compte faire Airparif pour changer cet état? Quelles mesures contre la pollution à Paris » (10.05.08)? Comme l’ont déjà souligné Dab et Roussel (2001), tous ces courriels soulignent l’importance croissante des critères de confort que réclament les habitants en terme de qualité de l’air. Ils soulèvent aussi la question des distances à prendre vis-à-vis des retombées des pollutions atmosphériques, problème souvent bien complexe22.

Corps à corps avec la pollution23

  • 23 Ce qui relève des rubriques Odeurs, Prises corporelles/effets sur la santé et Manifestations enviro (...)

21C’est parfois en faisant parler leur propre corps que les personnes cherchent à faire preuve : toux, irritations oculaires, maux de tête, difficultés respiratoires sont autant de signes de la présence de la pollution atmosphérique et de ses effets délétères. C’est par le courriel que l’on exprime sa sensibilité à l’air que l’on respire. Avoisinant les 2 % pour l’année 2008, ces prises corporelles servent de support à l’écriture; il s’agit pour les scripteurs d’identifier les raisons pouvant expliquer leurs problèmes de santé qu’il s’agisse d’une atteinte corporelle ponctuelle ou d’une maladie chronique; plus rarement des remarques ou critiques sont formulées si l’on estime que l’évaluation de la pollution est sous-estimée.

  • 24 À propos du débat sur la menace morbifique des odeurs de Paris au XIXe siècle, Corbin (1986) cite l (...)

22La prise de parole sur les odeurs prend l’allure de signalements (pour près d’un tiers des mails) face à un événement soudain. L’immédiateté du courriel prend ici toute son efficace et participe du statut de vigie sur la pollution de proximité (tous les scripteurs sont ici des particuliers). Sont indiquées (pour moitié sous forme de demandes d’informations) mauvaises odeurs ou odeurs suspectes (de plastiques brûlés, d’œuf pourri…) pour en connaître la nature, l’impact potentiel, la procédure à suivre pour faire cesser ces désagréments et savoir si des mesures à domicile sont envisageables. Cette prise ancienne visant à qualifier l’air malsain via des odeurs (âcres, nauséabondes, etc.) est toujours active : « Paris, ça sent mauvais et quand ça pue dans l’esprit des gens c’est pollué » (Airparif, op.cité) 24.

23Enfin, ce sont des manifestations environnementales inhabituelles (2 % pour l’année) qui déclenchent une prise de parole de la part des particuliers pour l’essentiel. Ces données indiquent ainsi tout ce qui annonce que nous respirons un air potentiellement pollué, que ce soit à partir de couleurs suspectes du ciel, de poussières ou encore de fumées ou de particules noires. Au-delà de ces questions habituelles, soulignons une question très originale portant sur la pollution des « soufflettes à feuilles mortes » et des balayeuses aspiratrices : « (…) à quand une étude sérieuse sur l’impact sur l’environnement et nos poumons de ce système de nettoyage… irrespirable en temps sec et producteur « aérosols » en période humide??? » (20.02.2008); l’attention portée aux problèmes de qualité de l’air est donc très large.

  • 25 Comme ce professeur de collège qui repère une erreur sur le site indiquant à propos des PM 10 des m (...)

24L’attention aux effets de la pollution sur la santé est donc tangible et se traduit (si possible) par des mesures d’éloignement. D’autres scripteurs font même preuve d’une capacité critique (sur les mesures et la surveillance) que l’on a tendance à sous-estimer. Partant, c’est l’association elle-même qui est sous la vigilance de ces scripteurs qui font des remarques aussi bien sur le contenu apporté25 que sur le fonctionnement du site (signalements des bogues, des problèmes de connexion ou encore suggestions d’amélioration de l’information sur cette pollution en temps réel).

25Enfin, autre point important, ces courriels peuvent modifier la donne en terme d’action ou de communication pour Airparif en l’amenant à modifier la qualification du problème pollution atmosphérique. Nos entretiens avec Airparif ont montré que cela fut notamment le cas avec l’effet de serre. Les nombreuses demandes sur le sujet traduisaient un amalgame entre les problèmes liés au réchauffement climatique avec les problèmes de pollution urbaine. C’est parce que le service communication (qui gère précisément ces mails) en fit la remarque aux autres services de l’association que la rubrique « effet de serre » fut alors créée sur le site d’Airparif. Dans le même ordre d’idées, les questions concernant les mesures situées de la pollution (dans sa rue, de son chez soi) font désormais l’objet d’un traitement spécifique sur le site d’Airparif, sous la rubrique « Questions d’avenir : la pollution au quotidien ».

Conclusion

26Rapide, immatériel, immédiat et accessible à tous, le courriel donne paradoxalement corps durablement à un phénomène évanescent. Sur notre étude de cas, c’est bien cette écriture virtuelle qui matérialise et actualise un phénomène fugace qui, sans cela, n’aurait laissé aucune trace. Dans ces messages, il s’agit précisément de rendre explicitement et complètement visibles les lieux et la situation d’où sont émis les mails et les problèmes. Car, c’est bien la rapidité de l’écriture virtuelle qui permet de « performer » l’instabilité diffuse et la mobilité de la pollution atmosphérique en la rendant paradoxalement tangible, inscrite et enregistrée, tracée et traçable.

  • 26 Que Latour (2001) définit en ces termes : «  […] tout site où des inscriptions sont agencées de tel (...)

27L’efficacité de ces énoncés sur l’air pollué repose d’une part sur la légitimité des scripteurs à prendre la parole (en tant qu’habitant de tel quartier, qu’être sensible, que médecin, etc. je suis habilité à vous écrire et cela vous engage à me répondre); d’autre part, sur le fait que ces mails rendent tangible à l’intérieur du texte le référent, c’est-à-dire la pollution. C’est parce que ces énoncés sont à la fois légitimes et « lestés » (au sens de Latour) que l’expertise profane de l’air pollué devient possible. Aussi, les mails font-ils leurs auteurs : en tant que témoins, en tant qu’experts critiques de la mesure ou de la communication d’Airparif, en tant qu’écovigies signalant toutes anomalies (odeurs, fumées, etc.), en tant que corps sensibles aux effets néfastes de la pollution… Les scripteurs écrivent enfin parce qu’ils assistent en personne à l’événement rejoignant en cela l’analyse de Dulong (1998) sur le témoin oculaire. Car, pour devenir témoin oculaire, il ne faut pas seulement avoir été spectateur de quelque chose d’inattendu, mais il faut déclarer avoir vu. Cette situation ressemble alors à celle pouvant faire de la ville un « espace de vigilance partagée » selon la formulation de Roux (2004) puisque « l’individu individualisé » est aussi capable de préoccupations citoyennes à condition que ses préoccupations et son expérience soient reconnues (De Singly, 2003; Callon et al. op.cité). Mais, notons que s’il en avait l’intention, c’est Airparif qui pourrait faire, en quelque sorte, office de centre de calculs26 en étudiant toutes ces traces relatives à des moments de pollution actés par les courriels rédigés in situ.

  • 27 Notons à ce propos qu’une affaire portée en justice en février 2001 concerne justement une personne (...)

28On l’a dit, ces mails sont des prises de paroles individuelles, déconnectées les unes des autres, sans constitution de porte-parole, ni de collectif. La plupart des demandes sont en effet personnifiées (c’est ma rue qui est polluée, c’est dans mon corps que je souffre, etc.) sans que l’on cherche à s’identifier à un collectif (groupe de victimes par exemple27), mais plutôt à faire reconnaître un problème singulier : la pollution atmosphérique de proximité personnalisée. Toutefois, ces focalisations sur soi et son milieu ne relèvent pas uniquement de la singularité. Paradoxalement, il y a aussi, via cette agrégation de courriels, une reconnaissance potentielle de ces cas singuliers auxquels une valeur générale peut être accordée dans la mesure où le travail d’agrégation révèle qu’ils s’inscrivent dans un nombre restreint de catégories et peuvent dès lors faire l’objet d’un traitement d’ensemble.

Remerciements

29Nous tenons à remercier tout particulièrement Madame Boissavy-Vinau du service communication d’Airparif pour son accueil et sa disponibilité et Rémi Barbier pour ses précieuses remarques sur une version antérieure de ce texte.

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Notes

1 Créée en 1979, cette association quadripartite regroupe collectivités, État, industries et associations (plus un ensemble plus disparate de citoyens non-financeur).

2 Soulignons d’abord que la pollution atmosphérique est un domaine peu abordé par la sociologie (Charles, 2007).

3 Comme ces plantes en pots (ray grass et fétuque) que l’on utilise pour évaluer les polluants en bords de route.

4 Alliée à l’odorat et aux manifestations corporelles, voir plus loin.

5 À la croisée de différentes disciplines des sciences humaines (sciences de l’information, sciences économiques, sociologie, anthropologie, sociologie politique…) signalons également que la notion, très polysémique, de performativité (ou celle de préformation pour insister sur l’action qu’elle nécessite) suscite de nombreux débats (Mackenzie et al., 2007).

6 Pour des études sur le « grand public » voir les études sur la perception des risques (Fischhoff et al 1978; Slovic, 1999) pour une approche interdisciplinaire sur la pollution atmosphérique et la nécessité d’une approche socio-anthropologique, se reporter à Blanc (2003). Nous nous intéressons ici aux personnes qui, par cet acte d’écriture, manifestent un attachement particulier à cette forme de pollution.

7 Ce qui n’exclut pas toute dimension collective, comme nous le verrons.

8 Notion de prises empruntées à Bessy et al. (1995)  au sens symétrique de “ donner prise à ” et “ d’avoir prise sur ”; ou encore comme “ co-définissant ce qui prend et ce qui est pris ”, Stengers (2002).

9 Le Laboratoire Central de la Préfecture de Police réalise des travaux d’analyse ou d’essai au profit de la préfecture de police, du ministère chargé de l’intérieur, des administrations parisiennes et territoriales ou des autorités judiciaires; il intervient dans différents domaines : air, eaux et sols, mesures physiques, électricité et prévention incendie, police scientifique, déminage et interventions (source LCPP, Les missions et les données chiffrées 2006 du laboratoire Central).

10 Ces mails, pour certains d’entre eux, se rapprochent du courrier classique tandis que d’autres, adoptent des formes d’écritures beaucoup plus rapides s’approchant parfois du langage SMS centré sur l’essentiel et rapidement énoncé (Marcoccia, 2003).

11 Airparif étant parfois assimilée à la puissance publique.

12 Laboratoire d’hygiène de la Ville de Paris.

13 Précisons simplement que par « Écocitoyenneté » nous entendons les questions à visée citoyenne (limiter la circulation des voitures) ou des personnes se portant volontaires pour les études d’exposition à la pollution initiées par Airparif.

14 Lesquels correspondent à la rubrique Mesures /Indices et alertes du tableau 2.

15 C’est-à-dire particules de diamètre aérodynamique moyen inférieur à 10 µm (source Airparif).

16 Comme celles émanant des Aasqa (Association agréée de la Surveillance de la Qualité de l’Air) : « quelles corrections de stations pour PM10 et PM 2,5? » (15.01.2008).

17 Dans l’exemple suivant, le scripteur souligne le manque de cohérence entre l’information donnée par l’indice ATMO et la carte d’indices : « Sur FR3 les infos relatives à la pollution ne sont pas cohérentes dans la mesure ou la parole indique un taux de pollution de X/10 alors qu’il est affiché à droite des unités de mesure sur 6 couleurs. Ne serait-il pas possible de mettre en harmonie les informations? (…) » (11.02.08); ce problème de différences de couleurs et d’échelles entre ces deux informations est d’ailleurs reconnu par Airparif : « nous sommes conscients des difficultés de compréhension que cela soulève et nous travaillons actuellement à une amélioration de cette présentation ».

18 Ce qui regroupe les questions relatives aux rubriques Transport et Habitat du tableau 2.

19 Seuls deux de ces mails font part de nuisances odorantes et/ou sonores liées au trafic automobile en référence à un problème précis : « problème lors de la réfection du ballast Grande Ceinture avec un locotracteur diesel hyper polluant jusqu’à 3H00 du matin, le 12/08 l’air était irrespirable pour les riverains » (12.08.08); une plainte relative à la campagne de pub red bull et à ces nombreux véhicules dans Paris depuis plusieurs jours (04.04.08). Idem pour la rubrique Habitat et les problèmes de voisinage qui restent rares : un cas signalé près d’une usine de stockage de goudron (30 .05.2008), un autre en raison de fumée occasionnée par la cheminée d’un voisin (22.10.2008).

20 Ce qui peut effectivement être décidé par la Ville de Paris pour inciter les personnes à prendre les transports collectifs.

21 Vélib’ désigne le système de vélos en libre-service dans Paris et en petite couronne mis en place à partir de 2007.

22 Ce problème de prise de distance à la pollution n’est pas nouveau, mais dès le XIXe siècle, l’état s’est désengagé du calcul de ce type de distance. Comme le souligne Guillerme, malgré la tentative d’évaluation de ces distances par le polygone des nuisances de D’Arcet en 1843 « le résultat des méditations de l’Institut a été qu’on ne saurait décider d’une manière positive la distance incommode » (Guillerme et al., 2004). Des données contemporaines existent parfois sur la définition de ces distances de dépôts (notamment sur la pollution d’origine routière), mais restent parfois difficiles à établir, comme le montrent certains textes réunis dans ce numéro.

23 Ce qui relève des rubriques Odeurs, Prises corporelles/effets sur la santé et Manifestations environnementales du tableau 2.

24 À propos du débat sur la menace morbifique des odeurs de Paris au XIXe siècle, Corbin (1986) cite le Pr Brouardel lequel déclare « Nous pouvons répéter que tout ce qui pue ne tue pas, et tout ce qui tue ne pue pas ». Sur l’analyse historique des odeurs, leur terminologie et leurs modalités de régulation se reporter aussi à Massard-Guilbaud (2003), Guillerme et al. op.cit. (2004); sur la difficulté de leur prise en charge institutionnelle pour la période actuelle voir également Frère et al. (2005, op.cité).

25 Comme ce professeur de collège qui repère une erreur sur le site indiquant à propos des PM 10 des microgrammes au lieu de micromètres (21.10.2006).

26 Que Latour (2001) définit en ces termes : «  […] tout site où des inscriptions sont agencées de telle sorte qu’il soit possible de leur appliquer une forme de calcul. Cela peut être un laboratoire, un institut de statistique, les fichiers d’un géographe, une banque de données, etc. Ce terme situe dans des lieux spécifiques une aptitude au calcul trop souvent placée dans l’esprit. »

27 Notons à ce propos qu’une affaire portée en justice en février 2001 concerne justement une personne civile qui se définit comme la première victime de la pollution atmosphérique, associée à l’ONG ESF, un recours gracieux à l’encontre du gouvernement pour inertie sur la pollution de l’air a été enclenché. C’est donc une piste émergente qui pourrait prendre de l’ampleur (Blondeau, 2008).

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Title Figure 1. Rubrique « Nous écrire » du site d’Airparif
URL http://vertigo.revues.org/docannexe/image/12854/img-1.png
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References

Electronic reference

Elisabeth Rémy and Cécile Blondeau, « La pollution atmosphérique en ligne(s) », VertigO - la revue électronique en sciences de l'environnement [Online], Hors-série 15 | février 2013, Online since 18 October 2012, connection on 22 May 2013. URL : http://vertigo.revues.org/12854 ; DOI : 10.4000/vertigo.12854

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Elisabeth Rémy

Sociologue, Inra Umr Sad-Apt, 16 rue Claude Bernard, 75231 Paris cedex, courriel : elisabeth.remy@agroparistech.fr

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