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Le réseau social des maraîchers à abidjan agit sur la perception des préoccupations et des risques sanitaires liés à l’eau

Barbara Matthys, Francis A. Adiko and Guéladio Cissé

Abstracts

The purpose of the present study, carried out in market garden settings of Abidjan, Côte d’Ivoire, was to investigate the farmers’ main problems, their perceptions of illnesses and health risks, and how the latter are associated with the socio-economic status of the households, as well as the social cohesion of farming communities. The main problems identified include insecure land tenure and the paucity of bringing farm products to the local markets. Tiredness and a contaminated environment were the major health preoccupations. In the absence of sound health education and locally-adapted interventions, urban farmers do not attach sufficient importance to health risk prevention. We suggest that technical support, in concert with information, education and communication on health risk prevention, holds promise to enhance productivity, and hence improve the livelihoods of urban farmers in Abidjan.

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Full text

Introduction

1L’agriculture urbaine a une longue tradition dans les villes en Afrique sub-Saharienne (Winters, 1983). Une reprise de l’agriculture urbaine dans les zones urbanisées en Afrique de l’Ouest depuis les dernières deux décennies a été observée suite à l’urbanisation rapide et la stagnation économique (Asomani-Boateng, 2002; Cissé et al., 2005; Zallé, 1999). Les potentialités sont l’approvisionnement des produits frais des populations urbaines et la création d’emploi (Dongmo et al., 2005). Sur le plan politique cependant, la compétition sur le foncier urbain et certains risques pour la santé publique comme par exemple la contamination des pathogènes à travers les eaux usées employées pour l’irrigation des maraîchers (Cissé et al., 2002) ont représenté des contraintes qui ont reculé la majorité des ministères de l’urbanisme à pousser des actions législatives pour la garantie de sécurité foncière pour l’agriculture urbaine. A Abidjan, capitale économique de la Côte d’Ivoire et comptant 3 millions d’habitants en 1998 (INS, 1998), de nombreux sites de maraîchage se sont développés pendant les dernières quatre décennies, surtout dans les berges lagunaires sur les territoires de l’Etat et des sociétés privées, toutefois en l’absence de la reconnaissance des autorités municipales (AGRISUD, 1999).

2L’objectif principal de l’étude présentée ici était d’identifier les problèmes principaux des ménages cultivateurs qui font le maraîchage, et leurs perceptions des risques sanitaires liées à l’eau. En outre nous avons analysé des associations entre les difficultés perçues par les ménages cultivateurs au travail et à domicile et leur statut socio-économique, ainsi que la cohésion sociale des maraîchers au niveau communautaire où chaque zone maraîchère forme une entité sociale.

Contexte et cadre de recherche

3Dans une première étape, nous avons évalué le profil démographique de 189 cultivateurs et conduit des examens parasitologiques dans sept zones maraîchères à Abidjan, centre économique de la Côte d’Ivoire, par administration d’un questionnaire. Les prévalences paludéennes et des vers intestinaux ressortis étaient importantes : le taux des porteurs de Plasmodium, agent infectieux du paludisme, était à 24,3%, et 64,7% de 364 personnes examinées étaient infectés de deux ou plusieurs vers intestinaux. La mise en place d’un cadre institutionnel pour l’agriculture urbaine est indiqué ainsi que l’élaboration de stratégies de contrôle et de protection face aux risques sanitaires (Matthys et al., 2007).

4Dans la présente étude, nous supposons que la perception des problèmes par les maraîchers est influencée non seulement par les conditions socio-économiques des ménages, mais aussi par la cohésion sociale dans une zone maraîchère qui pourrait jouer un rôle dans la gestion des difficultés rencontrées sur place. Nos données sont examinées et mises en contexte de l’» asset vulnerability framework » présentée par Moser (1998). D’après ce concept, la vulnérabilité dépend des « capitaux » groupées sous les cinq termes suivants: (i) travail, (ii) capital humain, (iii) capitaux productifs (« housing »), (vi) relations au niveau du ménage, et (v) capital social (Mani, 2004; Moser, 1998). Nous avons comparé les stratégies de mobilisation des « capitaux » de Moser avec celles des maraîchers à Abidjan. Les capitaux humain, productif et social sont discutés globalement.

Matériel et méthodologie

Zone d’étude

5La zone d’étude comprend sept zones maraîchères de la ville d’Abidjan (Figure 1). Les zones se trouvent dans les communes de Koumassi (zones 1 et 2), Marcory (zones 3-5), Port-Bouët (zone 6) et Cocody (zone 7). Toutes les zones occupent des berges lagunaires, à l’exception de la zone 6. Les terrains cultivables sont empruntés soit à l’état, soit à des sociétés ou des privés. Les cultures produites sont des feuilles et légumes (p. ex. salade, épinard et menthe), légumes-fruits (p. ex. gombo, aubergine et poivron) et légumes-bulbes (p. ex. oignon et poireau).

6Le profil démographique et socio-économique et les conditions de vie des ménages de cultivateurs diffèrent peu d’une zone à l’autre. Il s’agit de ménages de nationalité « non ivoirienne », originaires du Burkina Faso et en majorité musulmans (88,8%). La plupart des cultivateurs sont mariés (82,0%), non-alphabétisés (79,8%), exerçant le maraîchage dans 68,8% des cas comme seule activité professionnelle (Matthys et al., 2007).

Figure 1. Les sept zones maraîchères sélectionnées dans la ville d’Abidjan et la répartition du statut socio-économique des cultivateurs.

Strates de cohésion sociale

7Nous avons regroupé les sept zones de production en trois strates de cohésion sociale comme suit :

  • les zones représentés par un délégué des producteurs et un agent d’une structure agricole de l’ « Agence Nationale d’Appui au Développement Rural » (ANADER) (zones 6 et 7) ;

  • les zones avec uniquement un délégué des producteurs (zones 1, 4 et 5) ; et

  • les zones sans délégué et sans structure agricole (zones 2 et 3).

Questionnaires et groupes de discussion

8Deux questionnaires concernant les activités agricoles et la situation socio-économique et sanitaire ont été menés entre octobre 2004 et mai 2005. 189 cultivateurs ont été interrogés sur l’agriculture en octobre 2004. 118 cultivateurs ré-identifiés en mai 2005 ont participé à un sondage sur la situation socio-économique et sanitaire. Les questionnaires comportaient des sections quantitatives et qualitatives et étaient adressés au niveau ménage après un pré-test. Les producteurs étaient priés de citer les trois difficultés majeures rencontrées sur leurs sites de travail et au domicile. Leurs déclarations ont été ensuite regroupées dans les catégories de problèmes suivantes : (i) sur le site de travail (statut foncier, commerce, contraintes physiques et phytosanitaires, finances, santé, équipement technique, conflits et autre) et (ii) à domicile (finances et économie,  sécurité et stabilité politique du pays, alimentation, santé et autre).

9Les groupes de discussion sur la perception des risques sanitaires et les stratégies de prévention ont été menées avec les maraîchers des sept zones en septembre 2004. Le guide d’entretien a été pré-testé dans une zone supplémentaire. La méthodologie des groupes de discussion permet de comprendre les connaissances, attitudes, pratiques et perceptions des groupes ciblés (Dawson et al., 1995), dans le cas présent des cultivateurs par rapport aux risques sanitaires liés aux activités agricoles. L’équipe qui a conduit les groupes de discussion était composé d’un modérateur et d’un observateur. Le nombre des participants variait de six à neuf personnes, en présence du délégué de la zone dans la plupart des groupes de discussion menées. Dans une zone uniquement, le groupe était composé d’hommes et de femmes. Dans les autres zones seulement des hommes prenaient part. Les discussions ont été enregistrées par l’observateur à l’aide d’un appareil d’enregistrement. Le modérateur, qui dirigeait les discussions, a pris des notes. Les transcriptions ont été effectuées conjointement par le modérateur et l’observateur et enregistrées en fichiers Word pour les analyses.

Gestion des données et analyses statistiques

10Les données des questionnaires ont été entrés en double sur le logiciel EpiData (version 3.1, EpiData Association ; Odense, Denmark). Les analyses statistiques ont été effectuées dans le logiciel Stata (version 9, Stata Corporation ; College Station, TX, USA). Le statut socio-économique des ménages cultivateurs a été calculé en utilisant des caractéristiques de propriété (bicyclette, cellulaire, moustiquaire, radio, réfrigérateur, téléviseur, ventilateur et magnétoscope) et de l’habitation (nombre de chambres, sources d’énergie pour cuisiner, statut de logement) selon l’analyse des facteurs principaux (Filmer et Pritchett, 2001). La méthodologie et les procédures appliquées sont décrites dans Gwatkin et al. (2000) et ont été adaptées lors d’un travail précédant dans la zone rurale de la région de Man à l’Ouest de la Côte d’Ivoire (Raso et al., 2005). Les ménages étudiés ont été regroupés dans les trois catégories suivantes : (i) plus pauvres, (ii) pauvres, et (iii) moins pauvres. Le nombre des catégories, contrairement aux quintilles habituelles, se réfère au profil homogène du statut socio-économique. Le test de χ2 a été appliqué afin d’identifier les différences significatives entre les problèmes principaux sur le site de travail et à domicile, en fonction du statut socio-économique et des trois strates de cohésion sociale. Le test de Kruskal-Wallis a permis d’analyser les différences des priorités des problèmes entre les trois strates.

Résultats

Préoccupations principales

11Les difficultés principales rencontrées sur les sites de travail de 189 ménages interrogés sont détaillées ailleurs (Matthys et al., 2007). En bref, les problèmes majeurs étaient (i) l’accès à la terre cultivable, (ii) l’insécurité foncière (disparition des surfaces cultivables au profit de l’immobilier), et (iii) les problèmes de commercialisation des produits maraîchers (fluctuation des prix). Les difficultés majeures au domicile étaient (i) de nature financière et économique, (ii) la commercialisation, et (iii) la sécurité personnelle. En outre étaient avancés les problèmes d’alimentation et de santé, placés en dernière position (figure 2).

12Les problèmes financiers et économiques incluent le chômage, la baisse du pouvoir d’achat, et la prise en charge des frais d’habitation (le loyer, l’eau et l’électricité). Les participants à l’enquête ont clairement affirmé la dégradation de la sécurité dû à la situation socio-politique actuelle du pays, qui freine aussi les activités économiques. Ils décrivent l’insécurité générale à travers les expériences quotidiennes de vols, d’actes de vandalisme et de nombreux contrôles par les forces de l’ordre. Les impasses liées à l’alimentation se manifestent dans le sens de ne pas pouvoir assurer des repas réguliers.

Figure 2. Difficultés aperçues à domicile par les maraîchères d’Abidjan

La conscience sur l’entourage de la zone maraîchère et les risques des maladies perçues

13Les problèmes sanitaires figurent à la fin des préoccupations, et saisissent moins le statut sanitaire ou la nature des maladies, mais plutôt les soucis de ne pouvoir se procurer des soins. Ce fait n’est pas étonnant, supposant que dans la lutte quotidienne de survie, les problèmes de santé émergent en cas d’urgence. Pourtant, les groupes de discussion à propos des perceptions des maladies et risques sanitaires dans le contexte du maraîchage montrent bien la conscience des risques sanitaires.

14Les cultivateurs sont préoccupés par les problèmes de santé liés à l’état de propreté de l’entourage. L’insalubrité est retenue comme cause des maladies contractées sur le site de travail par la présence des dépôts d’ordures ménagères du quartier et le « péril fécal », entraînant la prolifération des mouches. « Le site est un ancien dépotoir. Les riverains continuent de déposer des déchets dans le jardin. En plus, les gens y défèquent ». Le contact permanent avec ce milieu les rendrait vulnérable au point que l’organisme serait fragilisé par les attaques d’agents pathogènes, ignorés car non-viables.Les mots cités en langue locale pour désigner ces maladies expriment l’état insalubre de la zone :« croussa croussa »en Dioula signifie « la gale » et d’autres sortes de démangeaison du corps, « ding ding » en Bissanga sont expliqués par l’ensemble de petites maladies et des maux qu’on contracte quand on plonge les membres de corps régulièrement dans l’eau « sale ». Les observations d’une étude conduite avec les maraîchers de Ouagadougou, Burkina Faso montrent l’absence d’un lien entre les risques sanitaires perçus et un environnement dégradée (Cissé, 1997). Les cultivateurs ont une notion nette de la qualité de l’eau : « Lorsqu’on ne voit pas le fond du contenant d’eau, c’est que cette eau est sale. Quand on peut voir ce fond, c’est que c’est propre ». «Un puits peut donner une bonne eau si on en tire du sable. Si on rencontre des morceaux de tissus, de pagne, de fer et des sachets, cette eau est de mauvaise qualité et non consommable, autrement dit un risque pour la santé ».

Maladies professionnelles et conceptions sur la maladie et la mort

15Les maladies auxquelles les cultivateurs disent être exposés sont mentionnées souvent en associant « douleur » à la partie touchée pour signifier que ces maux sont liés au corps. Cités comme « maladies » sont la fatigue générale ; les douleurs musculaires, articulaires et lombaires ; les maux de tête et de ventre ; les blessures par les objets piquants ou coupants ; les pieds d’athlète ; le « palu » ; le choléra ; et les vers. Selon eux, la fatigue générale, dû au travail physique intense qui nécessite beaucoup d’énergie, entraîne d’autres maladies : « Seule la fatigue due aux travaux sans repos est cause de palu, maux de tête, de dos ».

16Des réflexions spécifiques sur les maladies relèvent que les producteurs refusent l’idée selon laquelle il existe des maladies spécifiques aux jardiniers. Ils soutiennent que toutes les activités professionnelles représentent des risques. « Il n’y a pas de maladies réservées aux jardiniers. Nous sommes victimes des mêmes maladies que les autres qui exercent un métier ailleurs ». La maladie et la mort ne proviendraient pas seulement de l’environnement des jardiniers, elles seraient le fait du destin et de la « volonté de Dieu » qui « programme la vie et la mort de l’homme ». « Il y a des gens qui font le jardin et qui guérissent facilement des maux de dos, de reins comme s’ils ne s’étaient jamais contractés. Par contre, d’autres personnes meurent même les premiers jours de ces maux ».

Contamination d’autres membres de famille

17Les idées sur les risques de contamination des membres de ménages par ceux qui travaillent dans les maraîchers divergent. Les uns expliquent que la contagion serait liée plutôt à la nature de l’homme qu’à la présence dans le jardin. « Ces maladies s’attaquent aux membres de nos familles pas parce qu’ils viennent au champ aussi, mais parce qu’ils sont des hommes comme nous. Même les gens qui ne sont pas membres de notre famille et avec qui nous n’avons aucune relation souffrent des mêmes maladies que nous ». Cette absence de conscience de risque de contamination est confirmé à travers les comportements observés à Ouagadougou (Cissé, 1997).

18D’autres soutiennent une association entre la présence régulière sur le site et un risque de contamination élevé. « Ces maladies se contractent spécifiquement sur le lieu de travail et s’attaquent à ceux qui font le jardinage; comme c’est le cas de cet étudiant venu passer les vacances chez ses parents et qui les aidait ici ». Mentionné est aussi la non-contamination par l’absence des membres de famille dans la zone :

« Ici, à aucun moment un enfant est venu rendre visite aux parents encore moins les membres de sa famille. Les enfants passent leur temps à l’école. Car il faut donner toutes les chances de réussir à l’école pour ne pas connaître les mêmes sorts que les parents, c’est-à-dire, se retrouver sur jardin d’où on ne rapporte rien ».

Conscience des risques sanitaires liés à l’eau, modes de prévention

19Les agriculteurs sont conscients des risques liés à l’eau, mais ils déclarent de ne pas savoir comment y éviter le contact permanent. « Lorsqu’on soulève l’arrosoir, l’eau ruisselle sur tout le corps ». « Même quand on porte des bottes on n’y peut rien dans la mesure où le niveau de l’eau dans le puits dépasse les genoux ».

20La majorité des cultivateurs affirme ne pas boire l’eau d’arrosage par précaution. « Même si cette eau semble propre, on ne peut le boire ». Elle serait souillée par les produits phytosanitaires, « des sortes de poisons qui tuent les insectes. La preuve est que les crabes des lagunes fuient les lieux de crainte de mourir au contact de ces produits ». Quelques-uns justifient leur abstention de consommer l’eau de puits d’arrosage par le désenclavement des espaces cultivées qui permet l’accès des vendeuses ambulantes vendant l’eau du robinet en sachets à des coûts supportables. D’autres emportent l’eau du ménage dans des bidons.

Tableau 1. Statut socio-économique des ménages cultivateurs à Abidjan

Tertiles (%)

Les plus pauvres

Pauvres

Les moins pauvres

Total

Asset variable

(n=41)

(n=39)

(n=38)

(n=118)

Scoring coefficient

Ventilateur

58.5

84.6

92.1

78.0

0.271

Radio

46.3

71.8

100.0

72.0

0.359

Télévision

22.0

79.5

94.7

64.4

0.408

Bicyclette

41.5

69.2

73.7

61.0

0.171

Cellulaire

7.3

15.4

73.7

31.4

0.399

Moustiquaire (nonimprégné)

7.3

15.4

34.2

18.6

0.254

Magnétoscope

0.0

7.7

21.1

9.32

0.270

Réfrigérateur

0.0

2.6

7.9

3.4

0.208

Statut de logement

0.248

  Locataire

95.1

94.9

71.1

87.3

  Propriétaire de maison

4.9

5.1

29.0

12.7

Nombre de chambres

0.330

   1

92.7

79.5

50.0

74.6

   2

4.9

15.4

26.3

15.3

   3 et plus

2.4

5.1

23.7

10.2

Source d’énergie cuisiner

0.305

   1 mange dehors

24.4

7.7

2.6

11.9

   2 bois ou charbon

61.0

33.3

36.8

44.1

   3 gaz

14.6

59.0

60.5

44.1

21Il est pourtant expliqué que l’eau des puits peut être utilisée pour l’arrosage des cultures sans effet négatif sur les produits, à condition qu’ils soient désinfectés à l’eau de javel avant la consommation. Par contre, ils se lavent dans ces puits les mains et pieds et prennent des bains. La maintenance de la propreté des puits d’arrosage est effectuée en les « curant » régulièrement. Il s’agit de « débarrasser un endroit de toutes sortes de choses pouvant rendre sale l’eau du puits » et « d’enlever le sable et l’eau afin d’assainir le puits », plusieurs fois par an. Après cette action, l’eau serait « propre à telle enseigne que si personne n’y entre avec ses pieds souillés par les produits phytosanitaires, elle est consommable ». Toutefois, les perceptions de la qualité de l’eau par des maraîchers à Ouagadougou et leurs pratiques agricoles et hygiéniques sur les sites pourraient favoriser les risques de contamination des maladies parasitaires (Ouedraogo et al., 1999).

Attitudes et pratiques en cas de maladie : Auto-traitement, recherche d’aide et réseau social

  • 1  Les racines de l’arbre pantropical Cassia occidentalis (« Kinkéliba ») sont employées comme antipa (...)

22Les cultivateurs pratiquent l’automédication et des méthodes de soins curatifs à faible coût tels que la pharmacopée et la pharmacie « par terre » (médicaments vendus dans les rues à bas prix). Ils expliquent ce choix par le manque de moyens financiers et par l’absence d’assurance maladie pour se soigner dans de bonnes conditions. Convaincus que leurs maladies sont liées aux travaux intensifs, ils cherchent alors à combattre la fatigue avec des extraits de bouillon de mélange des feuilles, par exemple de « kinkéliba1 » et de citronnelle, et par la prise de somnifères. « Lorsqu’on sent la fatigue, on prend des comprimés pour bien dormir. Mais aussi par manque de moyens on prépare un mélange de feuilles de bananiers, de papayers pour boire et se laver avec l’eau recueillie trois fois par jour, ce qui réduit la fatigue et protège de la maladie ».

23En cas de maladie, les médicaments ordonnés sont achetés en fonction de la capacité financière : « Ceux qui n’ont pas tous les frais des soins achètent par étape, ceux qui en ont en une seule fois ».Le manque de moyens pour assurer les frais des médicaments est souvent cité: « Il nous arrive de garder l’ordonnance et de la payer partiellement en s’endettant. En cas de maladie, ceux qui ont les moyens vont consulter le médecin. Ceux qui n’en ont pas restent à la maison et utilisent la pharmacopée africaine ». Le fonctionnement du réseau social dans les communautés maraîchères apparaît en cas de maladie sévère. Les bien-portants manifestent leur solidarité envers le malade en faisant son travail en groupe de sorte qu’il puisse s’occuper de sa famille avec les revenus de sa récolte.

Figure 3. Les cinq capitaux de l’ » asset-vulnerability framework » proposé par Moser (1998) dans le contexte du maraîchage urbain à Abidjan. Exemples de stratégies de mobilisation des capitaux.

Le statut socio-économique des maraîchers

24Tableau 1 montre le statut socio-économique de 118 ménages cultivateurs inclus dans l’analyse, et les caractéristiques de propriété et de l’habitation à l’aide desquels le statut socio-économique a été calculé. La première composante explique 20.2% de la variabilité. Les paramètres étaient standardisés pour déterminer leurs scores. Les ménages possédant un réfrigérateur ont les scores les plus élevés (1,17), suivi par les ménages avec une vidéo (0,84). Les scores les plus bas ont été attribués aux cultivateurs qui ne disposent pas d’outils de cuisine (qui mangent dans des kiosques) (-0,61), suivi par les ménages sans radio (-0,57). Les taux des « capitaux » ont été calculés par classe socio-économique. Par exemple, 78,0% de tous les ménages possèdent un ventilateur, dont 58,5% parmi les plus pauvres et 92,1% parmi les moins pauvres. La différence la plus nette entre les plus et les moins pauvres est marquée par la possession d’une télévision et l’utilisation du gaz pour cuisiner.

25Super-positionnés sur la figure 1 ont retrouve les trois classes socio-économiques des ménages cultivateurs. La répartition est homogène à travers toutes les zones. La comparaison des problèmes rencontrés par leur nature et ordre d’importance ne relève pas de différences significatives entre les trois classes socio-économiques au niveau des ménages et pas non plus entre les trois strates de « cohésion sociale » au niveau communautaire. Puisque nous n’avons pas obtenu des résultats significatifs, ils ne sont pas discutés dans l’article présent. Les analyses se basent surtout sur nos observations qualitatives dans les zones et les groupes de discussion.

Discussion

Les capitaux des maraîchers dans le cadre « capital-vulnérabilité »

Le terrain urbain comme capital de subsistance, comparable au capital « housing »

26Nous considérons le « terrain urbain » comme un capital productif, générant des revenus, comparable au capital « housing », mis en valeur par des entreprises à domicile (p. ex. coiffure et boutiques). L’utilisation du terrain des berges lagunaires, qui avaient été débroussaillées par les premiers immigrés et occupées progressivement, présente de nombreux avantages (p. ex. sécurité alimentaire, source de revenu, revalorisation de l’entourage physique par les espaces verts). Cependant, le jardinage n’est pas reconnu comme « utilisation du terrain » par l’état. Conformément à la loi, la terre appartient à celui qui la met en valeur, à condition que les droits d’exploitation soient enregistrés formellement (décret du 20 mars 1967, relatif à l’utilisation du territoire; Heath, 1993). L’absence de titres légaux pour les terrains représente une vulnérabilité accrue des maraîchers, déjà marginalisés, car leur sort dépend de la politique du sol. Nous avons observé la destruction des habitations individuelles par l’état sur le terrain de l’Agence de Télécoms de Côte d’Ivoire (ATCI) en novembre 2004 dans les zones 4 et 5. Les décombres avaient été débarrassées et lors de notre passage suivant en février 2005, les jardins étaient à nouveau rétablis comme avant l’intervention. D’après le délégué de ces zones, la concession de l’ATCI envers l’utilisation du territoire actuelle tolère le maraîchage dans ce lieu pour l’instant. Durant les 30 dernières années, les maraîchers ont reculé devant la construction des habitations individuelles, un phénomène observé dans toutes les zones où nous avons travaillé.

Le capital humain comme capital des maraîchers urbains et des stratégies de préservation

27Le développement du capital humain est étroitement lié à la disposition d’infrastructure économique et sociale. Les pauvres urbains ont tendance à substituer les infrastructures sanitaires publiques par des biens et services privés et traditionnelles. Cette substitution stratégique permet de diminuer les dépenses de santé qui, du reste, influencent leur capacité de mobiliser leur travail comme capital (Moser, 1998). Face aux difficultés d’accès aux soins de santé publiques, les maraîchers urbains pratiquent l’automédication et les méthodes de soins curatifs à faible coût tels que la pharmacopée et la « pharmacie par terre ». Les ressources économisées sont utilisées autrement, p. ex. pour payer des intrants agricoles (engrais, semences et produits phytosanitaires).

28Les cultivateurs sont conscients du fait qu’ils s’exposent à des risques sanitaires en travaillant dans un environnement physique dégradé dû aux dépôts d’ordures, l’immersion permanente dans l’eau, et l’utilisation de produits phytosanitaires. Cette notion de risque se manifeste dans les stratégies de prévention comme p. ex. la maintenance de la propreté de l’entourage du site (parcelles et puits d’arrosage), et par l’abstinence de la consommation de l’eau des puits. Ces stratégies préventives visent à réduire leur vulnérabilité face à des risques des maladies, et de préserver leur instrument et capital de travail, la force physique.

Le « capital social » des communautés maraîchères

29La faible variabilité des problèmes principaux est expliquée au niveau du ménage par l’homogénéité du profil et du statut socio-économique. Au niveau communautaire des trois strates de cohésion sociale, nous nous attendions – contrairement à nos résultats – à une association significative entre la nature des problèmes et les trois strates de cohésion, influencés par les agents agricoles (formation aux niveaux de la commercialisation et prévention en face des risques phytosanitaires). Comparant le degré de cohésion, des différences auraient été attendues dans la perception de la sécurité présumant que les délégués sur place renforcent la justification des activités maraîchères par rapport à d’autres zones de faible cohésion. Néanmoins, en vertu de nos analyses qualitatives d’observation, nous attribuons une fonction cruciale aux délégués et aux agents locaux des structures agricoles. Ces résultats montrent en même temps l’importance de la transdisciplinarité méthodologique dans ce genre d’études (la combinaison des méthodes quantitatives et qualitatives).

30Les délégués figurent comme nœud d’interconnexion à l’intérieur comme à l’extérieur des communautés maraîchères (Figure 4). A l’intérieur, leur présence structure et institutionnalise les communautés maraîchères à travers des réunions qui servent à la diffusion des « nouvelles », et à identifier et les problèmes communs sur les sites de travail. Ils interviennent en outre comme intermédiaires dans les cas de conflits entre les maraîchers. Vers l’extérieur, les délégués figurent comme partenaires de négociation avec les groupes d’intérêts externes. Leur responsabilité est de représenter et négocier les intérêts des maraîchers face aux forces de l’ordre, structures municipales, et aux propriétaires terriens publiques et privés, comme par exemple dans la négociation des services améliorés par la municipalité. Une expérience sur un site démontre cette inter-communication : lors d’un rendez-vous avec un délégué, celui-ci a été empêché de nous recevoir à l’heure arrangée  à cause d’une réunion au poste de police municipale dans le cadre d’un recensement des maraîchers dans la zone. Il était chargé de collecter les pièces d’identité de tous les jardiniers sur place et les remettre à la police. Une responsabilité cruciale est attribuée également aux agents des structures agricoles locales sur place pour les consultations professionnelles.

Figure 4. Le réseau social dans les communautés maraîchères à Abidjan et le rôle des délégués.

31A travers de nos observations discutées ci-dessus, nous considérons le fonctionnement des communautés maraîchères comme une sorte de « capital social » ; un réseau social basé sur l’organisation communautaire informelle des maraîchers de la zone. Le développement du capital social comme capital des maraîchers se traduit aussi et surtout par l’augmentation de la confiance entre eux, par exemple dans les dispositions de crédits informels. Le manque de moyens financiers par la faiblesse des revenus dans le secteur amène les cultivateurs à s’endetter auprès de la communauté pour assurer les frais des médicaments en cas de maladie. Le réseau social peut indiquer la cohésion sociale en terme d’activité communautaire, le travail de groupe. Nous avons observé des cultivateurs qui se regroupent pour planter des plants butte par butte. Un autre exemple est l’organisation des gardes alternées la nuit face aux vols des potagers. En cas de maladie sérieuse d’un maraîcher, les travaux champêtres de celui-ci sont effectués par la communauté. Les revenus issus de ce travail en groupe lui sont régulièrement versés afin de subvenir aux besoins du ménage. La gestion du capital social influence la résilience des maraîchers urbains. Les communautés maraîchères peuvent contribuer à résilier des situations de vulnérabilité passagère. Toutefois, les résultats de l’étude de Moser (1998) montrent que la permanence du capital social dépend surtout des capitaux des ménages. En d’autres termes, les ménages cultivateurs des sites étudiés peuvent en supporter d’autres seulement s’ils sont en mesure eux-même de le faire.

Conclusion

32Au terme de notre étude, il résulte que les problèmes de santé sont d’abord refoulés par d’autres préoccupations de subsistance quotidienne et ne réapparaissent qu’en cas d’urgence. Desdiscussions focalisées sur les représentations des risques sanitaires dans les zones maraîchères d’Abidjan indiquent cependant la conscience des risques sanitaires potentiels : les dépôts d’ordures ménagères sont perçues comme risque sanitaire principale sur le site. Il n’est pourtant pas accordé une attention particulière à la prévention.

33Nous avons identifié des capitaux et stratégies spécifiques des maraîchers : le terrain urbain comme capital productif et de subsistance, des stratégies de substitution des infrastructures sanitaires publiques par des privés, et l’automédication. La cohésion sociale dans les communautés maraîchères observées est renforcée par les délégués et les agents des structures agricoles. Elle se manifeste aussi par la confiance entre les maraîchers en cas de crédit, de travaux en groupe et des soutiens en cas de maladie. Elle est pourtant assez fragile, entre autre à cause de la dynamique de l’utilisation du territoire par la politique du marché foncier.

34Nos recommandations formulées ci-joint s’intégrant aux objectifs du Millénaire pour le développement, surtout le but 1 « Réduction de l'extrême pauvreté et de la faim », le but 6 « Combattre le VIH/SIDA, le paludisme et d’autres maladies », et le but 7 « Assurer un environnement durable » (WHO et UNICEF, 2005) :

  • L’encouragement des démarches visant à la reconnaissance par la municipalité de la ville d’Abidjan de l’agriculture urbaine à Abidjan comme « utilisation du terroir », en vue d’améliorer sensiblement la vie des maraîchers et de consolidation leur subsistance (UN-HABITAT 2003) ;

  • Le renforcement professionnel et technique des structures informelles des communautés maraîchères à travers la collaboration entre les institutions agricoles, les structures municipales et les délégués ;

  • La prévention face aux risques sanitaires liés au maraîchage (Cissé, 1997; Daou, 1990) à travers la sensibilisation des délégués et maraîchers ;

  • L’approvisionnement des structures agricoles sur place des produits agricoles et du matériel protégeant (bottes et gants); et l’aménagement technique en vue d’introduire non seulement des techniques d’irrigation mécanisée pour diminuer les surfaces d’eau (Kruse, 1990; SOGREAH, 1974), mais surtout aussi des facilitations sanitaires (latrines) pour éviter la contamination des maladies par les excréments humains et la gestion des dépôts ménagères (Cissé, 1997). La protection sociale à travers la mise en place de mutuelles de santé (micro-assurance maladie) en vue d’éviter une exclusion sociale (BIT, 2000; Silem, 1994)

35Là où les conditions macro-économiques pour la création d’emplois additionnels sont limitées, la reconnaissance de l’utilisation agricole du terrain et le renforcement structurel des communautaires maraîchères sont des mesures importantes de mitigation de la vulnérabilité économique. Malgré les avantages de l’agriculture urbaine, le dialogue politique sur ces propositions s’avère comme difficile. Des études sur la question du développement de l’agriculture urbaine à Abidjan avaient été effectuées avant le déclenchement de la crise socio-économique en septembre 2002 (AGRISUD, 1999; BNETD, 2001; BNETD, 2002). L’approche du renforcement structurel est uniquement durable avec l’échange entre les groupes d’intérêt (communautés maraîchères, administrations municipales, structures agricoles) et surtout l’intérêt politique de l’état (Obrist et al., 2006). En plus la dispersion spatiale des zones maraîchères pourrait compliquer l’implantation des programmes spécifiques (Cissé, 1997). Il est reconnu que la collaboration horizontale basée sur les institutions communautaires encourage les « réserves » du capital social (Putnam, 1993), et que le capital social influence le développement du « capital humain » (Coleman, 1990). Dans cette ligne de réflexion, le renforcement des « communautés maraîchères » améliore à long terme les conditions de base de la subsistance des maraîchers.

Remerciements

36Cette étude a été effectuée dans le cadre du programme “Pôle de recherche national (NCCR) Nord-Sud: Partenariats de recherché pour atténuer les syndromes du changement global”, Projet Individuel #4 (IP4) intitulé “Renforcer la santé pour créer du bien-être” et du projet “Förderungsprofessur” J. Utzinger, Project No. PPOOB—102883, bénéficiant d’un financement du Fonds National Suisse (FNS). Nos remerciements sont adressés aux personnes suivantes pour leur appui, leurs idées et contributions à cet article : Prof. E.K. N’Goran de l’Université de Cocody-Abidjan, et à Mr. M. Koné., Mr. S. Boza, Mr. H. Comoé, Mr. E. Gbede Becket, Mr. C. Brou Kouakou, Mr. F. Dakouri Gbaka, Mr. D. Fofana, et Mme N. Koné ; assistants de terrain à Abidjan. Mais surtout nous voudrons exprimer nos reconnaissances sincères à la participation et collaboration franche des maraîchers à cette étude.

Biographie

37Barbara Matthys : Géographe, doctorat en épidémiologie sur les parasitoses humaines en relation aux pratiques agricoles en milieu urbain en Côte d’Ivoire

38Francis Adiko : Maîtrise en sciences économiques

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Bibliography

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Notes

1  Les racines de l’arbre pantropical Cassia occidentalis (« Kinkéliba ») sont employées comme antipaludiques et fébrifuges. (cf. http://www.enda.sn/plantesmed/cassiaocci.html).

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References

Electronic reference

Barbara Matthys, Francis A. Adiko and Guéladio Cissé, « Le réseau social des maraîchers à abidjan agit sur la perception des préoccupations et des risques sanitaires liés à l’eau », VertigO - la revue électronique en sciences de l'environnement [Online], Hors-série 3 | décembre 2006, Online since 20 December 2006, connection on 22 May 2013. URL : http://vertigo.revues.org/1857 ; DOI : 10.4000/vertigo.1857

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About the authors

Barbara Matthys

Institut Tropical Suisse, Boîte postale, 4002 Bâle, SuisseCentre Suisse de Recherches Scientifiques (CSRS), 01 BP 1303, Abidjan 01, Côte d’Ivoire

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Francis A. Adiko

Institut des Sciences Anthropologiques de Développement, Université d’Abidjan-Cocody, 08 BP 1672, Abidjan 08, Côte d’Ivoire  barbara.matthys@unibas.ch

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Guéladio Cissé

Centre Suisse de Recherches Scientifiques (CSRS), 01 BP 1303, Abidjan 01, Côte d’Ivoire,

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