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Les enjeux de l’approvisionnement en eau au Mexique

Carlos Díaz-Delgado, Khalidou M. Bâ, Emmanuelle Quentin and Luis Ricardo Manzano Solís

Abstracts

In 2004, the population of Mexico exceeded 103 million people.  The current level of demographic growth in the country has its origin in the fast growth rate of the population, registered until the 70s of last century.  Although the growth rate has been falling since then, the population continued to increase significantly in absolute numbers. The national commission of population (CONAPO) estimates an average annual growth rate of 1.2% between 1995 and 2015, which, if attained, would be lower than the current rate of 1.8%.  Regarding the urbanization aspect, in 2000, Mexico counted 364 cities of more than 15 000 people, where more than 65% of the population of the country resided.

As an example, we present the case of the Mexico Valley area (Valle de Mexico), which is located in a basin of 9 600 km2 at an average altitude of 2200 m. Most of the water used by the population of Mexico City comes from an aquifer located in the urban area, and the remainder comes from external watersheds. Bringing water to the city, aside from being an unpractical and expensive operation due to the enormous difference in altitude (> 1 km), has endangered these external watersheds (exhausting natural resources, draining rivers, etc).

As another consequence, Mexico City is sinking because of the quantities of water being pumped out from beneath its ground. The city area, now one of the most populous in the world, was formerly a fertile land of lakes, and suffered from harmful human actions of water drainage and accelerated deforestation. While the city continues to grow, the problem of water supply worsens. The city is confronted with a serious risk to run out of water or to accelerate the process of draining all the surrounding areas.

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Lieux d'étude :

Amérique du Nord
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Population, eau et urbanisation

La situation mondiale

1En octobre 1999, la population mondiale a dépassé 6 milliards de personnes, soit une augmentation de 1 milliard en seulement 12 ans. Durant le XXième siècle, le nombre d'habitant de la planète a quadruplé, augmentant ainsi plus rapidement qu'en n'importe quel autre moment de l'histoire de l'humanité.

2De plus, en 2003, presque la moitié des habitants de la Terre était âgée de moins de 25 ans, c'est pourquoi même si le taux de croissance démographique décroît grâce à la diminution du taux de natalité, l'augmentation annuelle d'habitants reste encore trop près de son maximum historique. A ce sujet, il faut souligner que plus de 95% de la croissance démographique se produit dans les dits "pays en développement", plus particulièrement en Afrique subsaharienne et dans des régions d'Asie méridionale et occidentale. En contrepartie, la croissance démographique s'est arrêtée ou est devenue beaucoup plus lente en Europe, en Amérique du Nord et au Japon. En revanche, aux Etats-Unis, du fait du haut niveau d’immigration, les chiffres continuent de refléter de grandes augmentations de population, ce qui les place comme le troisième pays le plus peuplé du monde, après la Chine et l'Inde. Selon les projections faites d’ici à l'an 2050, la population mondiale atteindra 7,3 milliard d'habitants, voire même (selon d’autres sources) 10,9 milliards.

3La transition démographique qui équivaut au passage de hauts taux de natalité et de mortalité à une situation opposée est à expliquer ici. Ce changement, qui a pris 150 ans sur le continent européen a eu lieu très rapidement dans presque tous les pays en développement. Pour ce qui concerne la mortalité, particulièrement infantile, l'amélioration est due à un plus grand accès aux services de santé et d'éducation.

4Selon l'Organisation des Nations Unies (ONU), à l’avenir, (Guía Mundial, 2003), malgré les progrès technologiques, une grande partie de la population des pays en développement va continuer à souffrir de la faim, un quart à ne pas avoir accès aux services comme l'eau potable, et un tiers vivra encore dans la pauvreté absolue.

5En terme d’urbanisation, aujourd’hui près de 45% de la population mondiale vit dans des villes et le taux de croissance urbaine de la période 1995-2000 a été de 2,5% par an. Toutefois, le rythme d'urbanisation présente lui aussi des différences notables entre les nations pauvres et riches. Dans les pays développés, 73% de la population vit dans des villes et le taux de croissance urbaine est de 0,9% par an, tandis que dans les pays pauvres la population urbaine représente à peine 35% du total mais augmente approximativement de 3,7% annuellement. Mais dans le futur, les chiffres indiquent que 75% de l'accroissement de population sera concentrée dans les zones urbaines des pays en développement.

6Enfin au cours des quatre dernières décennies la croissance urbaine par migration vers les villes s'est produite à un rythme accéléré. Le nombre de méga-villes (celles de plus de 10 millions d'habitants) est passé de 1 (New York) en 1950 à 2 en 1960, et à 17 en 1999. On estime qu'en 2015, il y aura 26 méga-villes dont 22 se trouveront dans des pays en développement. Comme la majeure partie de ces méga-villes s’est formée par l'union de plusieurs villes plus petites, on peut parler de répercussion spatiale considérable, surtout pour la fourniture de services comme celui de l'eau potable.

La situation au Mexique

7Le total d'habitants de la République Mexicaine dépasse 103 millions (CONAPO, 2004). L'ampleur actuelle de l'accroissement démographique du Mexique provient de la rapide croissance qu'a connue la population jusqu'aux années soixante-dix du siècle dernier. Ainsi, tandis que le taux de croissance naturel annuel de la population a diminué durant les quarante dernières années de 3,3% a 1,54%, la population est passée de 39,7 à 103 millions d'habitants pendant cette même période, c'est-à-dire que le nombre d'habitants du pays a augmenté de plus du double.

8Les perspectives démographiques pour les prochaines années indiquent que le dynamisme de l'accroissement de population continuera à diminuer en termes relatifs, au moins jusqu'en 2040, année où la population atteindra 132 millions de personnes et aura tendance à décroître jusqu'en 2050. Du point de vue urbain, en 2000, le Système National des Villes de la République Mexicaine indiquait la présence d'environ 364 villes de plus de 15 000 habitants, où résidaient un peu plus de 62,2 millions de personnes, soit 65% de la population nationale. La distribution de ces concentrations urbaines est présentée à la Figure 1.

Figure 1. Distribution des zones urbaines et distribution spatiale des précipitation au Mexique.

9Le taux de croissance de la population en zones urbaines pendant la période 1990‑2000 a été de l'ordre de 2,3%, supérieur au pourcentage de croissance de la population totale du pays, qui a été de 1,9% (Tableau 1), mais en même temps, cette croissance urbaine est inférieure à celle des décennies 1970 à 1990 qui atteignait 4%(Tableaux 2 et 3).

Tableau 1. Population et taux de croissance (1990-2001).

Population

Taux de croissance (%)

1990

1995

2000

1990-1995

1995-2000

1990-2000

République Mexicaine

81 249 645

91 158 290

97 483 412

2,1

1,6

1,9

Total urbain (364 villes)

50 629 952

58 448 196

63 234 553

2,6

1,9

2,3

Tableau 2. Population urbaine et Taux Moyen Annuel de Croissance (TMAC) au Mexique pour 1970-1990 (CONAPO, 2004).

Total

Population

TMAC

1970

1990

1970-1990

National

48 225 238

81 249 645

2,6

Urbain

22 321 583

49 439 993

4,0

Tableau 3. Population urbaine et Taux Moyen Annuel de Croissance (TMAC) 1970-1990 des zones métropolitaines les plus significatives du Mexique (CONAPO, 2004).

Zone Métropolitaine (ZM)

Population

TMAC

1970

1990

1970-1990

ZM Ville de Mexico

8 623 157

15 047 685

2,6

ZM Guadalajara

1 480 472

2 987 194

3,4

ZM Monterrey

1 242 558

2 573 527

3,6

ZM Toluca  

114 079

827 163

4,0

10Concernant la disposition de l’eau, les aspects à considérer de manière fondamentale sont (1) la quantité d'eau disponible par rapport à la quantité de population qui la demande et (2) la distribution spatiale de cette eau par rapport à celle de la population. Le résultat d'une mauvaise combinaison de ces deux perspectives provoque des situations qui malheureusement reflètent l'inégalité de disponibilité dans une région.

Eau et santé humaine

11En l'an 2000, dans le monde, 2,4 milliards de personnes manquaient d'accès à des services améliorés d'assainissement. Parmi elles, 81% se trouvaient en zones rurales. En plus, pour la même année, 1,1 milliard de personnes manquaient d'accès à des services améliorés d'approvisionnement en eau dont 86% de ces personnes se trouvaient en zones rurales. Puis, suite aux paragraphes précédents, Il est important de souligner, que les communautés les plus pauvres, localisés dans les zones rurales et les taudis urbains et périurbains, demeurent en retard tant pour l'amélioration de l'approvisionnement en eau que pour l’assainissement.

12Le thème des désastres naturels est un aspect fondamental pour la santé humaine puisque durant la dernière décennie du XXème siècle, ceux-ci affectèrent presque 2 milliards de personnes. Parmi elles, 86% ont souffert des conséquences des inondations et des sécheresses, augmentant ainsi la menace continue pour la santé que représentent la contamination des systèmes d'eau potable, les service d'assainissement inadéquats, les déchets industriels et les décharges d'ordures. Les sécheresses sont la principale cause de mauvaise santé et de morbidité car elles provoquent et exacerbent la malnutrition et la faim en même temps qu'elles privent d'un accès adéquat à un approvisionnement convenable en eau. Le contrôle de situations d'urgence requiert une série d'activités comme la prévention, la préparation, la réponse aux urgences, le secours et la récupération.

13Dans les pays en développement, plus de 95% des eaux usées domestiques et 70% des déchets industriels sont rejetés sans traitement dans les eaux de surface, contaminant ainsi cette eau. Néanmoins, la situation dans les pays développés n'est pas meilleure, en raison des rejets chimiques, des résidus de fertilisants et de pesticides dont le traitement requiert des coûts élevés pour les processus de filtration et de dépuration qui consomment de grandes quantités d'énergie.

14Ainsi, actuellement, les problèmes qui affligent les sociétés concernant l'utilisation de l'eau découlent aussi de sa distribution inégale à la surface de la Terre, de sa configuration temporelle et, depuis la moitié du siècle passé de sa qualité peu satisfaisante du fait des activités humaines. Les grandes villes sont celles qui consomment un volume plus grand d'eau (Antón et Díaz, 2002) que elles ne peuvent gérer adéquatement et qu'elles contaminent plus fortement. Or Si on considère que la croissance urbaine est la tendance pour les années à venir, alors il devient évident qu'il faut créer des stratégies de prévention et de gestion adéquate des ressources hydriques.

15Les eaux usées urbaines non traitées produisent une série d'altérations dans les rivières et les lacs, en raison des divers produits qu'elles contiennent, de la capacité d’assimilation limitée des zones réceptrices et de la capacité d'auto-épuration d'une masse d'eau de même limitée. Ainsi, le déversement des résidus qu'elle reçoit ne connaît pas de frein. Pour les rejets dans les zones marines, le problème est similaire. La mer a une capacité d'auto-épuration limitée, c’est pourquoi les côtes finissent par être saturées de polluants.

16L'implantation d'industries et la concentration de la population dans de grands noyaux urbains pour une part, et la création de logements situés de façon anarchique d'autre part, provoquent aussi une situation critique, certes des solutions du point de vue technologique existent mais elles s’avère extrêmement coûteuses.

17Sans aucun doute, l'eau et la vie sont des concepts inséparables. L'eau est un facteur important qui influe sur la santé. Les agents pathogènes biologiques de l'environnement humain, principalement dans l'eau, constituent le problème environnemental le plus sérieux en santé, provocant des maladies et infections reliées avec son usage, soit la consommation directe, la préparation et cuisson des aliments et l'hygiène personnelle avec de l'eau contaminée, des eaux stagnantes ou d'autres milieux non salubres.

18Les maladies produites par l'eau, considérées comme des maladies contagieuses, contribuent de manière importante à la mortalité infantile. Parmi les maladies reliées ou causées par l'eau, communes dans les zones urbaines des pays en développement, on peut mentionner les filarioses et vers intestinaux, lesquelles causent un affaiblissement progressif des personnes, bien que seule une petite portion en meure. Selon les données de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) (Díaz et al., 2003), en Amérique Latine les services d'approvisionnement et d'assainissement d'eau sont très déficients, seulement un habitant sur cinq a accès à un approvisionnement en eau sûre.

19Au Mexique, les effets que provoquent l'eau contaminée sur la santé de la population sont graves : on a rapporté quelques types de maladies reliées à la consommation d'eau qui ne respecte pas les paramètres de qualité pour la consommation humaine, comme le choléra, la dysenterie, la fièvre typhoïde, l'hépatite virale A, le rotavirus, la fièvre jaune, les diarrhées infantiles, la salmonellose, l'abcès hépatique amibien et l'amibiase intestinale. Selon les statistiques du Ministère de la Santé, parmi les cinq principales causes de décès dans le pays, figurent les infections gastro-intestinales des enfants de moins de cinq ans, et ce dans toutes les entités fédératives de la nation (Díaz et al., 2003). L’OMS (en Díaz et al., 2003) calcule que la morbidité et la mortalité dérivées des maladies plus graves associées avec l'eau diminueraient de 20% a 80% si étaient garanties sa potabilité et une canalisation adéquate.

20Dans le pays, malheureusement la distribution spatiale et temporelle de l'eau (surtout de la pluie) est très hétérogène, et cela provoque et aggrave la situation de la demande en eau. Malgré les indicateurs annuels qui placent le pays comme étant un territoire humide, il faut souligner les variations temporelles et géographiques (figure 2). De plus la variabilité de la pluie tout au long de l'année est extrême puisque 77% de la précipitation a lieu durant la période de juin à octobre, et 23% est répartie sur les 7 autres mois.

21Au sujet de la disponibilité en eau de surface au Mexique, la Figure 2 met en évidence que pratiquement la moitié du pays (le nord et la péninsule de Yucatán) ne dispose pas de ce type de source d'approvisionnement, c'est seulement au sud du pays que se concentrent les zones de haute disponibilité du liquide. Ainsi, presque 70% de la superficie du territoire dispose d’un un très petit volume d'eau de surface du total de la nation (< 20%) et la grand majorité de ce volume est concentrée dans une superficie de terrain relativement petite. Pareillement on constate que sur 50% de la superficie du pays, on trouve moins de 5% d'eau.

Figure 2. Distribution de zones urbaines et disponibilité d'eau de surface au Mexique.

22Un cas similaire à ce qui a été discuté dans les paragraphes précédents concerne l'eau souterraine : sa disponibilité est pratiquement nulle dans le nord du pays, tandis qu'au sud et sud‑est, sa présence est marquée par des valeurs élevées.

23Prenant en compte toutes les sources possibles d'approvisionnement en eau, et considérant une évaluation temporelle de la demande, on obtient qu'en 1950 la disponibilité en eau était très supérieure à la pression démographique (Tableau 4), mais en 1995 cette tendance s'était inversée.

Figure 3. Distribution des zones urbaines et aquifères surexploités au Mexique.

Tableau 4. Évolution de la disponibilité d'eau per capita au Mexique (Ángeles et al., 2003).

Population

(millions)

Disponibilité d'eau per capita

(m³ par an)

1950

27

12 885

1995

91

3 921

2025

126

2 740

24La population du pays a augmenté de manière démesurée, à tel point qu'on considère que le phénomène d'explosion démographique s'est manifesté au Mexique, surtout à partir de 1950. Il est évident que la population est passée graduellement des zones rurales aux zones semi urbaines, avec la finalité de s'établir dans un site urbain (Figure 4).

Figure 4. Évolution de la population au Mexique (modifié de Ángeles et al., 2003).

La vallée de Mexico

25La Vallée de Mexico est un bassin fermé de 9 600 km2, au cœur d'une ceinture néo-volcanique soulevée par des forces géologiques à plus de 2 200 m d'altitude. Depuis approximativement 700 000 ans l'obstruction du drainage par matériels volcaniques a provoqué la formation de plusieurs lacs dans le fond de la vallée (Antón, 1996). L'aire totale lacustre était de quelques 2 000 km2 et durant les périodes de crue, les différents lacs étaient interconnectés. Trois d'entre eux (les lacs de Mexico, Chalco et Xochimilco) étaient constitués par de l'eau douce, alors que les lacs de Texcoco, Zumpango et Ecatepec étaient d'eau saumâtre.

26La zone possède un climat sous-humide. Actuellement, il y a une précipitation annuelle de l'ordre de 600 mm dans le fond de la vallée et de 1 200 dans les montagnes qui l'entourent. Les températures moyennes sont relativement basses pour une latitude sous-tropicale, oscillant entre 8 et 15° C en fonction de l'altitude.

27D'un autre côté, il est difficile d’évaluer le changement qui a eu lieu en peu de siècles après la conquête de Mexico par les espagnols commencée en 1521. Aujourd'hui, l'orgueilleuse Tenochtitlán a disparue et à sa place on a construit le centre de la ville de Mexico.

28Le lac de Mexico a aussi disparu et a été remplacé par des constructions urbaines. Il s'est passé quasiment le même phénomène avec les lacs de Chalco et de Xochimilco. De tout le système lacustre du sud de la vallée, seuls restent quelques rares canaux et petits lacs. Les trois lacs situés au nord ont eux aussi été drainés. Le fond de ce qui fut autrefois le lac Texcoco est actuellement une vaste plaine où pousse une végétation clairsemée à cause de la forte alcalinité des sols (Antón, 1996).

Figure 5. Situation actuelle de l'eau dans la Zone Métropolitaine de la Vallée de Mexico (ZMVM)

29Les sources naturelles qui fournissaient de l'eau aux populations riveraines ont aussi disparu. Aujourd'hui il existe plus de 5 000 puits avec une capacité d'extraction supérieure à 50 m3/s et une profondeur moyenne supérieure à 150 m. Cet intense pompage a pour effet la diminution graduelle de l'eau de l'aquifère avec un taux moyen de 1 m/an. Le sur-pompage et la compaction des states supérieures de sédiments argileux a provoqué une subsidence généralisée. Dans certains endroits, la superficie a baissé de quelques mètres, localement plus de six mètres en continuant son déplacement vertical négatif. Ce phénomène a augmenté du fait de la fréquente activité sismique de la région.

30La majeure partie de l'eau consommée par la ville est fournie par un aquifère sédimentaire d'origine alluviale sous-jacent à une grande partie de la région urbaine. Une autre fraction de l'eau consommée provient de l'extérieur du bassin (système hydrologique Lerma-Cutzamala), bien que cet apport représente moins d'un cinquième du total. Il faut mentionner que la population des bassins fournisseurs a rendu publique son désaccord avec le transfert d'eau, ce qui a généré un conflit social très important. D'un autre côté, le Gouvernement de l'État du Mexique lui-même a amené jusqu'en Cour Suprême de Justice de la Nation une plainte contre le Gouvernement Fédéral pour les dommages provoqués par le transfert d'eau au District Fédéral, plainte encore en processus d'analyse. Ainsi donc le transport d'eau vers la Vallée de Mexico est devenu une opération peu pratique et très coûteuse. En effet, les ressources hydriques du bassin Lerma-Cutzamala ont dépassé leur seuil d'exploitation d'équilibre rationnel depuis longtemps souffrant alors d'une surexploitation. L'utilisation potentielle des eaux de la rivière Balsas ou de son affluent Amacuzac, phase suivante du projet d'approvisionnement, impliquerait de pomper cette ressource à plus de 1 200 m de dénivellation par de longues conduites et construire des réservoirs et des infrastructures complémentaires de coût élevé. La situation actuelle de l'eau dans la Zone Métropolitaine de la Vallée de Mexico (ZMVM) est montrée à la Figure 5.

Conclusion

31La situation de l'approvisionnement en eau dans la République Mexicaine est devenue une variable critique de développement. L'exemple présenté de la Vallée de Mexico est une situation extrême de laquelle malheureusement quelques autres villes s'approchent déjà. Le modèle de développement de la ville de Mexico, de la même façon que celui d'autres villes du pays, est tout simplement insoutenable. La croissance de la Vallée de Mexico a dépassé sa limite et la méga-ville est de moins en moins viable. Pour inverser le processus il sera nécessaire d'établir au niveau national un modèle de développement moins concentré et moins centralisé, qui cherche à harmoniser l'occupation du territoire et l'environnement. Seul un changement drastique de cap pourra permettre la survie de la région au-delà de son agonie actuelle.

32Sans aucun doute, l'approvisionnement en eau est une question sociale. Dans le monde contemporain, le manque d'eau dont souffrent de nombreuses méga-villes du monde est fondamentalement une injustice sociale. Néanmoins, cette situation lamentable affecte principalement ceux qui disposent de moins de ressources pour chercher des solutions alternatives. Le manque d'eau porte atteinte précisément à ceux qui vivent une existence précaire dans des environnements risqués, avec de faibles revenus et des familles nombreuses.

33Le nouveau modèle de société mexicaine à imaginer pour le futur doit se baser sur le partage des ressources naturelles entre tous dans un cadre de gestion durable et de respect. L'eau est sans l'ombre d'un doute la plus importante des ressources naturelles, ce qui implique que les politiques de l'eau seront inévitablement l'axe de tout développement véritable qui puisse être imaginé ou réalisé.

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Bibliography

Guía mundial(2003)  Almanaque Anual 2003. Publicación anual. Editorial Cinco S. A. de C. V. México D. F. Págs. 75-86 y 103-118.

ÁNGELES Montiel, Vicente; FERNÁNDEZ Carrillo, Víctor Hugo; M. BÂ, Khalidou; DÍAZ Delgado, Carlos; ESTELLER Albérich, María Vicente (2003). Elementos básicos de riego presurizado para productores: relaciones agua-suelo-planta-atmósfera. CIRA-UAEM. Toluca, Estado de México, México. 160pp.

ANTÓN, Danilo et DÍAZ Delgado, Carlos (Editores) (2002). Sequía en un mundo de agua (versión en CD-ROM). Piriguazú ediciones. CIRA-UAEM. Toluca, Estado de México.

ANTÓN, Danilo, (1996) “Ciudades sedientas, agua y ambientes urbanos en América Latina”, Editorial NORDAN, UNESCO, ISBN: 92-3-30 3268-X, IDRC, Montevideo, Uruguay.

CONAPO [Consejo Nacional de Población] (2004). Page internet: www.conapo.gob.mx.

DÍAZ Delgado, Carlos; FALL, Cheikh; QUENTIN Emmanuelle; JIMÉNEZ Moleón, María del C.; ESTELLER Alberich María V.; GARRIDO Hoyos, Sofía E.; LÓPEZ Vázquez, Carlos; GARCIA Pulido, Daury (2003). Agua potable para comunidades rurales, reuso y tratamientos avanzados de aguas residuales domésticas. e-libro. RYPDA-CYTED/CIRA-UAEM. México.

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WHO-UNICEF [World Health Organization and United Nations Children’s Fund] (2004). WHO/UNICEF Joint Monitoring Programme for Water Supply and Sanitation; Meeting the MDG drinking water and sanitation target: a mid-term assessment of progress, 2004. WHO-UNICEF. Geneva, Switzerland. 33 p.

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References

Electronic reference

Carlos Díaz-Delgado, Khalidou M. Bâ, Emmanuelle Quentin and Luis Ricardo Manzano Solís, « Les enjeux de l’approvisionnement en eau au Mexique », VertigO - la revue électronique en sciences de l'environnement [Online], Hors-série 2 | septembre 2005, Online since 01 September 2005, connection on 22 May 2013. URL : http://vertigo.revues.org/1887 ; DOI : 10.4000/vertigo.1887

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About the authors

Carlos Díaz-Delgado

Khalidou M. Bâ

Emmanuelle Quentin

Luis Ricardo Manzano Solís

Centro Interamericano de Recursos del Agua, Facultad de Ingeniería, Universidad Autónoma del Estado de México (CIRA-UAEM), Cerro de Coatepec, s/n, Toluca, Estado de México, c.p.:50130, tel/fax: +52 722 2965550/51 cdiaz@uaemex.mx

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