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Section courante

Utilisation des ressources en eaux, assainissement et risques sanitaires dans les quartiers précaires de la commune de Port-Bouët (Abidjan; Côte d’Ivoire)

Coulibaly Lacina, Diomandé Dramane, Coulibaly Adama and Gourène Germain

Abstracts

The sanitation, water sources and utilizations, and the health status of the population about malaria (SPP) and diarrhea (SD) have been evaluated in 6 precarious area (Abattoir, Adjouffou, Derrière wharf, Tofiato, Vridi canal et Zimbabwe) at Port-Bouet in Côte d’Ivoire. An overall of 567 concessions were checked and the population were about 9 741. Human excreta in these areas are dumped in self-sanitation systems (septic tank, unsewered public toilets and family latrines) (8-69%), but 3 to 42% of the inhabitant dumped their excreta in the nature. The clustering of these precarious areas upon sanitation gave 2 groups: Derrière wharf, Adjouffou, Zimbabwe, Tofiato and Vridi canal composed the first group and Abattoir the second one. The discrimination of Abattoir from the others precarious area could be explained by the best sanitation of excreta and rainwater. But, domestic water is dumped on the soil surface (73-100%) in all of the precarious area. Only a few portion of the wastewater is dumped in a septic tank (1-22%).

The inhabitants have both access to the potable water distributed by SODECI (99%). This water is essentially used for drinking. The second source of water (well water) in the precarious areas is used as supplement for washing, bathing and as dishwater. The clustering of the precarious area upon water utilization gave 2 groups: Derrière wharf, Tofiato, Adjouffou and Vridi canal composed the first group, and the second one is composed by Abattoir and Zimbabwe. The first group uses more well water than the potable one of SODECI, although in the second group, the potable water is essentially used for all of the duties.

The health statues of the inhabitants is worrying, as about 64% are ill, with 45% of SPP and 19% of SD. Children ([0-8 age]) are the most concerned, with 70% of illness, composed of 32% of SPP and of 48% SD.

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Editor's notes

SPP : Syndrome Pseudo Palustre ; SD : Syndrome Diarrhéique; PS : Population Saine

Full text

Introduction

1Les grandes métropoles des pays africains sont en général surpeuplées, du fait de l’exode des populations rurales, à la recherche d’emploi dans les zones industrielles. L’assainissement dans ces villes est généralement (60-95%) dominé par les systèmes d’assainissement autonomes (SAA) (WC + fosses septiques, latrines, etc.) (Strauss et al., 2000). Cette situation s’explique par le fait que l’implantation des systèmes d’égouttages est très onéreuse pour ces pays. On estime à plus d’un million de tonne la quantité mondiale journalière de fèces produites par les six milliards d’humains (Peasey, 2000) dont plusieurs milliers de tonnes se retrouvent entreposés dans les SAA de ces pays. Les effluents des SAA sont riches en coliformes totaux et fécaux, helminthes, virus, protozoaires et en divers polluants chimiques et physiques (U.S. EPA, 1994). L’intrusion de ces effluents fécaux dans les aquifères ou les eaux de distribution peut engendrer diverses maladies diarrhéiques dans la population humaine (Adams et Moss, 1995; Mara et Feachem, 1999; Carr, 2001). Dans tous les cas, les eaux de mauvaises qualités, le mauvais assainissement du milieu (gestion des excréta, drainage des eaux) et la mauvaise hygiène contribuent pour une grande partie dans la détérioration de la santé des populations (Ersey et al., 1985, 1991). En effet, mondialement on estime annuellement à quatre milliards de cas de diarrhées qui provoquent 2,2 millions de décès, 200 millions de personnes atteintes de schistosomiase et 400 millions de personnes infectées par des vers intestinaux (Murray et Lopez, 1996; UNPD, 1998; WHO, 2000 a et b).

2La coût élevé de la vie dans les grandes métropoles africaines va entraîner les populations à revenus modestes à habiter des sites non viabilisés, établis sur des pentes ou dans des dépressions et manquant du minimum de structure sociale (école, centre de santé, eau potable, électricité, etc.). Ces habitations qui sont confectionnées en matériaux de récupération se trouvent souvent en périphérie des communes, proches des sites industriels ou d’activités de leurs habitants. Les quartiers répondant aux critères ci-dessus sont classés précaires par le BNETD (1995). Le mauvais drainage des eaux usées et pluviales dans ces quartiers est à la base de la création de mares qui constituent des biotopes de moustiques vecteurs de diverses maladies dont le paludisme (OMS, 1985).

3La Côte d’Ivoire est un pays ou le paludisme est endémique (OMS, 1985, 2000). Dans ce pays, on observe des résistances de Plasmodium falciparum à la chloroquine (Djaman et al., 2001). Par ailleurs, la situation de belligérance qui y sévie depuis septembre 2002 a entraîné une forte migration des populations des zones de fronts vers les villes du Sud et particulièrement à Abidjan. Manquant de moyens financiers, une grande partie de cette population déplacée se loge dans les quartiers précaires dont ceux de Port-Bouët, augmentant ainsi la pression sur les systèmes d’assainissement et les sources d’eaux. Cette situation pourrait constituer une menace pour la santé des populations.

4Les objectifs de ce travail sont l’établissement du portrait des quartiers précaires de Port-Bouët, en matière d’assainissement, de sources d’eaux et leurs usages par les populations, de même que la santé de celles-ci. En ce qui concerne la santé des populations, ce sont les syndromes pseudo palustre (SPP) et diarrhéique (SD) qui seront investigués. Enfin, les regroupements des quartiers en fonction des méthodes d’assainissement et d’approvisionnement en eau seront effectués.

Matériel et méthodes

Zone d’étude

5La commune de Port-Bouët est située dans le sud-est du district d’Abidjan (figure 1). C’est une presqu’île localisée entre l’océan Atlantique et la lagune Ebrié qui s’étend le long du littoral maritime sur près de 30 km d’Est en Ouest avec une superficie de 111 km2. Cette commune est localisée sur un sol sableux qui a la particularité d’être plus ou moins plats avec des dépressions par endroit.

Figure 1. Carte de la commune de Port-Bouët. Les quartiers précaires de ladite commune sont indiqués par une flèche.

6Les différents quartiers précaires qui ont été étudiés s’y repartissent comme suit : Derrière Wharf et Adjouffou localisés à Port-Bouët Est, Abattoir et Tofiato à Port-Bouët Centre et enfin Vridi canal et Zimbabwe à Port-Bouët Ouest.

Collecte des données

7L’enquête a été effectuée en juin 2003 et une fiche d’enquête a été élaborée pour récolter les informations. Celles-ci concernent les effectifs des populations par tranche d’âge, les sources d’approvisionnement en eaux et leur utilisation, les méthodes d’assainissement des concessions (ensemble de maisons généralement liées les unes aux autres et qui forment une espèce de cour ayant plus ou moins une entrée principale) et des quartiers, et enfin la santé des populations par rapport aux SPP et SD. Les informations relatives à la santé de la population concernent la période allant de l’année précédente jusqu’au moment de l’enquête.

8Une pré-enquête a été effectuée dans les différents quartiers précaires afin de récolter les informations relatives aux sources et usages des eaux et aux méthodes d’assainissement. Ensuite, toutes les concessions ont été visitées, et celles ayant répondu aux questionnaires ont constitué l’échantillon.
Concernant le découpage de la population en classe d’âge, le découpage classique ([0-4 ans], [5-14 ans], [15-29 ans] et 30 ans et plus) utilisé en médecine n’a pas été retenu. Celui-ci a été adapté au niveau de compréhension des populations. En effet, il était facile aux populations de distinguer les classes de [0-8 ans], [8-18 ans], [18-30 ans] et supérieur ou égal à 30 ans.

9Pour mieux percevoir les réactions et attitudes des enquêtés, les relevés d’informations ont été effectués en interviewant les résidants des différents quartiers.

Traitement des données

10Les données ont été traitées à l’aide du logiciel Excel.

11Le regroupement des quartiers en fonction des méthodes d’assainissement, et des sources et usages des eaux a été effectué à l’aide du logiciel Statistica, version 99. Cette analyse permet d’identifier les niveaux de similarités entre les quartiers.

Résultats

12Le nombre de concessions visitées dans les six quartiers précaires est 567 dont la répartition par quartier est 94 à Derrière Wharf (16.6%), 103 à Adjouffou (18.2%), 72 à Abattoir (13.7%), 60 à Tofiato (11.5%), 149 à Vridi canal (28.5%) et 89 à Zimbabwe (17%). La population totale de ces 567 concessions est de 9 751 personnes, ce qui donne un effectif moyen de 17 personnes par concession.

Sources d’eau et usages

13Des puits, des bornes fontaines, de même que des distributeurs privés d’eaux potables de la Société de Distribution d’Eau de la Côte d’Ivoire (SODECI) ont été identifiés dans les différents quartiers. Les populations utilisent essentiellement les eaux de la SODECI pour la boisson dans des proportions allant de 74 % à 100 % (figue 2A). Seulement une petite partie utilise l’eau de puits notamment à Vridi canal où le pourcentage est le plus élevé (5 %). Concernant la lessive et la vaisselle, la population utilise majoritairement l’eau de puits (67 à 75,5 %) (Figure 2B). C’est à Zimbabwe (3 %) et à Abattoir (19 %) que la population utilise le moins les eaux de puits pour la lessive et la vaisselle. En outre, Adjouffou, Zimbabwe et Abattoir utilisent abondamment (62 à 100 %) l’eau de la SODECI pour la lessive et la vaisselle. Quant aux eaux de bains (Figure 2C), les eaux de puits et de la SODECI sont utilisées dans des proportions similaires à Adjouffou et Tofiato et relativement proches à Derrière wharf et Vridi canal. Abattoir et Zimbabwe se démarquent nettement avec une utilisation faible des eaux de puits (respectivement 9 et 14 %). En revanche, l’eau de la SODECI y est utilisée respectivement à hauteur de 92 et 97 %. Malgré la proximité de la lagune et de la mer, les populations n’utilisent pas ces eaux pour les besoins domestiques.

A : Eau de boisson, B : Eau de lessive et de vaisselle, C : Eau de bain Image3

Figure 2. Les sources d’eaux et leur utilisation suivant les besoins dans les concessions des quartiers précaires de Port-Bouët.

14Le regroupement des quartiers en fonction des sources d’approvisionnement en eau et de leur usage a permis de dégager deux grands groupes distincts (figure 3A). Le premier groupe est constitué de Derrière wharf, Tofiato, Adjouffou et Vridi canal. Ce groupe renferme un sous-groupe composé de Derrière wharf et Tofiato auquel se rattachent successivement Adjouffou et Vridi canal. Le second groupe se compose des quartiers Abattoir et Zimbabwe.

Figure 3. Regroupement des quartiers précaires en fonction des sources et usages des eaux (A) et de l’assainissement dans les concessions des quartiers précaires de Port-Bouët (B)

Assainissement

15Les eaux pluviales ne sont pas drainées dans les quartiers sauf à Abattoir où il existe un égout. Concernant l’évacuation des eaux usées des concessions, seulement cinq canalisations d’évacuation ont été observées. Ce sont trois à Abattoir, un à Vridi canal et un à Zimbabwe. Les eaux usées domestiques sont essentiellement déversées sur le sol (73-100 %) dans tous les quartiers, avec une petite proportion de rejet dans des fosses (1-22 %).

16Les excréments humains dans les différents quartiers précaires sont évacués dans des SAA (WC communautaires, WC dans les concessions associés aux fosses septiques et latrines) et dans la nature (broussailles, bordures de la lagune ou de la mer). La figure 4 montre que les SAA sont les plus utilisés. Cependant, dans ce groupe, les WC communautaires arrivent en tête (83 %).  Les latrines sont utilisées dans tous les quartiers à des proportions variant entre 10 % (Zimbabwe) et 40 % (Abattoir). La défécation dans la nature est pratiquée dans tous les quartiers mais à différents degrés. Quatre quartiers enregistrent des taux de pratiques supérieures à 20 %. La plus grande valeur est obtenue à Tofiato (42 %), tandis qu’à Abattoir, elle est la moins pratiquée (3 %).

Figure 4. Les systèmes d’assainissement et leur utilisation dans les différents quartiers précaires de Port-Bouët

17Le regroupement des quartiers en fonction des méthodes d’assainissement a permis de dégager deux grands groupes (figure 3B) qui se composent pour le premier de Derrière wharf, Adjouffou, Zimbabwe, Tofiato et Vridi canal, et pour le second d’Abattoir. Le premier groupe est subdivisé en deux sous-groupes constitués d’une part d’Adjouffou et Zimbabwe et de Tofiato et Vridi canal d’autre part. Derrière wharf se rattache à ces deux sous-groupes.

Santé de la population

18La figure 5A présente l’état de santé globale de la population pour l’ensemble des quartiers précaires. Elle indique que 36 % de la population est saine contre 45 % de SPP et 19 % de SD. En ce qui concerne les SPP, les chiffres obtenus sont de 32 %, 17 %, 23 % et 28 % respectivement pour les classes d’âges [0-8 ans], [8-18 ans], [18-30 ans] et supérieur ou égal à 30 ans (Figure 5B). Concernant les SD, les valeurs obtenues pour les classes d’âges [0-8 ans], [8-18 ans], [18-30 ans] et supérieur ou égal à 30 ans, sont respectivement de 48 %, 16 %, 17 % et 19 % (Figure 5C).

A : Santé globale de la population

B : Répartition des SPP (45%) dans les classes d’âge de la population

C : Répartition des SD (19%) dans les classes d’âge de la population

Figure 5. Etat de la santé de la totalité de la population par rapport aux syndromes pseudo palus (SPP) et diarrhéiques (SD) dans les quartiers précaires de Port-Bouët.

19La figure 6 présente la situation sanitaire dans les différents quartiers précaires. Dans l’ensemble, les proportions de SPP sont toujours supérieures à celles des SD dans tous les quartiers. A l’exception de Adjouffou où l’on rencontre le plus bas pourcentage de SPP (34 %), les autres quartiers ont des proportions supérieures à 40 %. Au niveau des classes d’âges (figure 6B), de façon générale, l’ordre croissant de manifestation des SPP dans les différents quartiers est [8-18 ans]< [18-30 ans] < plus de 30 ans < [0-8 ans]. Les valeurs obtenues, pour les moins de 8 ans varient entre 11,7 % (Vridi Canal) et 17 % (Tofiato). Concernant les SD, elles se manifestent le plus à Derrière wharf (24,1 %) et le moins à Abattoir (16,7 %). Dans les classes d’âges (figure 6C), à Tofiato et à Vridi canal, les SD évoluent de la même manière que les SPP. Les moins de 8 ans manifestent également le plus de SD dans tous les quartiers ; la plus grande manifestation (13 %) étant à Derrière wharf et la plus petite (7,5 %) à Adjouffou et Vridi canal.

A : Evolution globale des SPP et SD dans les différents quartiers précaires, B : Evolution des SPP dans les différentes classes d’âge des quartiers précaires, C : Evolution des SD dans les différentes classes d’âge des quartiers précaires

Figure 6. Manifestation des syndromes pseudo palus (SPP) et diarrhéiques (SD) dans les quartiers précaires de Port-Bouët.

Discussion

20L’accessibilité de la population à l’eau potable (celle fournie par la SODECI) a connu une augmentation  depuis les études du BNETD (1984, 1988). En effet, alors que le BNETD observait des taux d’accès à Derrière wharf, Adjouffou, Abattoir, Tofiato, Vridi Canal et Zimbabwe respectivement de 100 ; 87 ; 44 et 15 %, la présente étude a trouvé un taux d’accès de 99 % dans tous ces quartiers. La différence entre ces études pourrait s’expliquer, d’une part, par les efforts d’implantation de sources d’eaux potables dans ces quartiers (abonnement personnel, bornes fontaines et distributeurs privés), et d’autre part, par la sensibilisation de la population à l’importance de l’utilisation de celles-ci.

21Cette étude révèle que l’assainissement des concessions dans les quartiers précaires de la commune de Port-Bouët est fait à l’aide des SAA. Ce mode d’assainissement est typique des pays en développement et surtout des communautés à faibles revenus (Songsore et McGranaham, 1993 ; Mampouya et al., 2001; OMS, 1992). Ce travail présente pour la première fois l’état de l’assainissement à Derrière wharf et Adjouffou. Tandis que dans les autres quartiers, les résultats sont similaires à ceux du BNETD (1984, 1988). Cependant, la défécation des populations dans la nature a connu une augmentation. Cette situation pourrait s’expliquer par une inadéquation entre l’effectif des populations et le nombre de SAA disponible dans ces quartiers.

22Concernant la santé des populations, un taux de SPP de 45 % pour la population totale, dont 32 % de cas dans la population infantile ([0-8 ans]) et 51 % de la population active (plus de 18 ans), a été obtenu. Ce taux de SPP pourrait s’expliquer par le fait que Port-Bouët est situé dans une zone de transmission palustre endémique (OMS, 2001), ainsi que par la stagnation d’eaux dans le quartier, de même que par la proximité de la lagune avec ses nombreux marécages qui serviraient de gîtes larvaires (Birley et Lock, 1999). Le taux élevé de SPP à Derrière wharf, Abattoir et Tofiato par rapport aux autres quartiers se justifierait par leur proximité avec la lagune Ebrié et leur position en périphérie de la commune. La population infantile (moins de 8 ans) est la plus touchée par les SPP. Quant au taux élevé de SPP dans la population active (les plus de 18 ans), elle justifie, en partie, la pauvreté dans ces différents quartiers. En effet, les populations malades ne sont plus génératrices de ressources financières. En définitive, les chiffres obtenus par rapport au SPP sont en adéquation avec les taux en Côte d’Ivoire et dans les pays à transmission palustre endémique (OMS, 2001). Pour les manifestations des SD, la population dominante est celle des moins de 8 ans (48 %) suivie de la classe active (plus de 18 ans) (36 %). Les différents taux sont en adéquation avec la santé de la population dans les pays en développement surtout dans les communautés à faibles revenus (Fricker, 1993). La situation observée pourrait s’expliquer par la mauvaise gestion des excréments humains, la qualité des eaux utilisées pour les besoins domestiques et l’hygiène des populations.

23Concernant les regroupements des quartiers en fonction des sources d’eaux et de leur utilisation, on remarquera qu’Abattoir et Zimbabwe utilisent beaucoup l’eau de la SODECI (> 80 %) par rapport aux eaux de puits (1-19 %) pour leurs différents besoins domestiques. Cette grande utilisation de l’eau de la SODECI dans ces quartiers permet de les distinguer des autres. Quant au grand groupe constitué par Derrière wharf, Tofiato, Adjouffou et Vridi canal, il se caractérise par une utilisation relativement importante d’eau de puits par rapport au groupe constitué d’Abattoir et Zimbabwe. En effet, l’eau de puits à Derrière wharf, Tofiato, Adjouffou et Vridi canal est beaucoup utilisée pour la vaisselle, la lessive et les bains à des proportions variant entre 52 et 75,5 %. A l’intérieur du grand groupe, la discrimination de Derrière wharf et Tofiato par rapport à Adjouffou et Vridi canal se justifie par l’utilisation importante d’eau de puits dans les premiers quartiers (60-75,5 %) alors que celle-ci ne varie qu’entre 52 et 68 % dans les deux derniers.

24Pour ce qui est du regroupement des quartiers à partir des méthodes d’assainissement, deux blocs se distinguent. Le premier bloc étant constitué de Derrière wharf, Adjouffou, Zimbabwe, Tofiato et Vridi canal, tandis que le second bloc lui ne contient que le quartier Abattoir. La distinction entre Abattoir et les autres quartiers se justifie par une faible défécation des populations dans la nature (3 %) et une grande utilisation des WC communautaires (69 %). En effet, dans les autres quartiers, la défécation dans la nature est importante (10-42 %). Par ailleurs, pour le bloc constitué par Derrière wharf, Adjouffou, Zimbabwe, Tofiato et Vridi canal, la discrimination de Derrière wharf par rapport aux autres quartiers se justifie par une faible défécation dans la nature (10 %) et une grande utilisation des WC associés aux fosses septiques. Quant aux sous-groupes constitués, d’une part, par Adjouffou et Zimbabwe, et d’autre part, par Tofiato et Vridi canal d’autre part, le détachement du premier sous-groupe par rapport au second se justifierait par une grande utilisation des WC communautaires (63-64 %) et ceux associés aux fosses septiques dans les concessions (42-44 %).

25Des regroupements des quartiers effectués à partir des méthodes d’assainissement, des sources d’eaux et de leur utilisation, il ressort qu’Abattoir et Zimbabwe utilisent le plus l’eau potable pour leurs besoins domestiques. Par ailleurs, Abattoir et Derrière wharf sont les plus assainis du point de vue de la gestion des excréments humains. En effet, ils utilisent le plus les SAA. En mettant en relation la santé de la population infantile avec les méthodes d’assainissement et d’utilisation d’eau, on pourrait expliquer l’état de santé pour les SD de cette classe à Derrière wharf (13 %) et Tofiato (10 %) (Carr, 2001). En ce qui concerne Abattoir, le taux élevé de SD pourrait être dû à une mauvaise hygiène corporelle des enfants, car l’eau de la SODECI y est utilisée en abondance. De plus, Abattoir est le quartier qui évacue le mieux ses excréments humains, minimisant ainsi les risques de contamination des enfants.

Conclusion

26Les eaux pluviales des quartiers défavorisés de Port-Bouët ne sont pas drainées, contrairement aux eaux usées domestiques qui sont essentiellement évacuées dans des fosses septiques. Concernant l’évacuation des excréments humains, celle-ci est dominée par les SAA. On observe tout de même une augmentation du taux de défécation dans la nature dans les différents quartiers. Cette pratique est plus développée à Tofiato (42 %).

27Quant aux sources d’eaux, la population a accès à l’eau potable de la SODECI, mais l’utilise à divers degrés avec celle des puits. Cependant, elle utilise essentiellement l’eau de SODECI comme eau de boisson.

28En ce qui concerne l’état de santé des populations, celui-ci est alarmant. Il y a une manifestation relativement importante de SPP (45 %) et de SD (36 %) dans la population avec une proportion importante dans les classes juvénile ([0-8 ans[) et active (> 18 ans). De plus, la densité élevée de la population dans les différentes concessions (17 personnes par concession) est propice à l’expansion de diverses maladies contagieuses.

29Les regroupements des quartiers en fonction, d’une part, des méthodes d’assainissement, et d’autre part, des sources d’eaux indiquent dans chacun des cas, deux grands groupes. Le quartier Abattoir appartient dans ces deux cas au groupe le plus assaini et au groupe utilisant le plus l’eau de la SODECI.

30Une sensibilisation des populations à leur hygiène est nécessaire pour améliorer leur cadre de vie, leur conseiller l’utilisation des moustiquaires imprégnées et de javel pour la désinfection/stérilisation des eaux. Par ailleurs, la détermination des qualités physico-chimiques et microbiologiques des eaux, s’avère nécessaire.

Nos remerciements aux étudiants de la Maîtrise des Sciences et Techniques de l’Eau de la promotion 2002-2003 dont le responsable de groupe était Koné Tiangoua pour leur importante contribution à l’enquête. Nous remercions le Professeur Savané Issiaka pour ses critiques.

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Caption A : Eau de boisson, B : Eau de lessive et de vaisselle, C : Eau de bain
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Caption A : Evolution globale des SPP et SD dans les différents quartiers précaires, B : Evolution des SPP dans les différentes classes d’âge des quartiers précaires, C : Evolution des SD dans les différentes classes d’âge des quartiers précaires
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References

Electronic reference

Coulibaly Lacina, Diomandé Dramane, Coulibaly Adama and Gourène Germain, « Utilisation des ressources en eaux, assainissement et risques sanitaires dans les quartiers précaires de la commune de Port-Bouët (Abidjan; Côte d’Ivoire) Â», VertigO - la revue électronique en sciences de l'environnement [Online], Volume 5 Numéro 3 | décembre 2004, Online since 01 December 2004, connection on 22 May 2013. URL : http://vertigo.revues.org/3299 ; DOI : 10.4000/vertigo.3299

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About the authors

Coulibaly Lacina

Diomandé Dramane

UFR-Sciences et Gestion de l’Environnement, Laboratoire d’Environnement et de Biologie Aquatique, Université d’Abobo-Adjamé, 02 BP 801 Abidjan 02, Côte d’Ivoire

Coulibaly Adama

Gourène Germain

UFR-Sciences et Gestion de l’Environnement, Laboratoire d’Environnement et de Biologie Aquatique, Université d’Abobo-Adjamé, 02 BP 801 Abidjan 02, Côte d’Ivoire

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