Entre arguments scientifiques, éthiques et moraux
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Le défi du 21ième siècle consistera à transformer l'essor technologique en progrès social
Pierre Dansereau
1   Le 5 février 2001, un groupe d'experts de la société royale du Canada sur l'avenir de la biotechnologie alimentaire a recommandé à l'État canadien de mettre en pratique le principe de précaution lorsqu'il s'agit de réglementer la commercialisation de produits alimentaires transgéniques, les OGM. Cette recommandation arrive près de 20 ans après la création de la première plante transgénique. Durant cette période les sociétés oeuvrant dans ce marché ont effectué une ascension dans les structures économiques nationales et internationales. Cette intégration est tellement grande qu'en France, une grande opposante au OGM, le nouveau maire de Lyon est prêet à d'énormes sacrifices afin de conserver le siège social d'Aventis, la société de biotechnologies mère du maïs Starlink. En outre, durant cette même période ces sociétés n'ont cessé de s'étendre dans le monde. Depuis 1996, les surface de production d'OGM dans le monde ont été multipliées par plus de 25. Puisque les sociétés de biotechnologies continuent de miser sur leur essor cet élargissement de la distribution des OGM ne semble pas être en voie de ralentissement. "Il n'y a pas d'autres altenatives au développement de l'agriculture intensive pour nourrir une population de 9 milliards d'âmes en 2050", soulignait encore le 19 mars le président de Syngenta. Le développement international est tellement grand que Alain Wiel du centre de coopération international de recherche agronomique pour le développement (Cirad, France) indiquait "qu'il n'est plus temps de se demander si les biotechnologies sont utiles ou pas pour les pays en développement car ils en subissent déjà les effets". Ces effets ne font que commencer à se faire sentir car Syngenta, le troisième semencier mondial, derrière les Américains DuPont et Monsanto, vient de revendiquer le décryptage du génome du riz. À quand le contrôle par les sociétés occidentales d'un aliment de base pour plusieurs peuples, tels les Chinois, les Vietnamiens et les Thaïlandais?
Repiquage du riz au Viêt-Nam
2Un écart important s'est creusé entre l'essor technologique et la réflexion éthique, la créativité législative et la connaissance scientifique sur les impacts environnementaux de celle-ci. Pourquoi un tel écart entre la commercialisation des OGM et la caractérisation du bien commun des sociétés? On pourrait arguer que la disponibilité restreinte des fonds de recherche afin d'étudier les impacts de la dissiménation des OGM en est responsable. Mais le caractère diffus de la contamination a sûrement une forte part dans la réponse à cette question. En effet, tel que dans le cas de nombreuses autres problématiques environnementales, les impacts environnementaux liés aux OGM sont difficilement identifiables et mesurables. Cette caractéristique baillonne en partie les experts scientifiques, ceux-la même qui bénificient une quasi-immunité aux yeux de l'opinion publique. Pour enlever ce baillon les chercheurs dont leur intérêt porte sur les OGM doivent se fonder sur des arguments non seulements scientifiques, mais aussi éthiques et souvent moraux - ignorés ou délaissés par les scientifiques engagés dans le génie génétique. Ce sont ces arguments qui fondent principalement le débat actuel autour des OGM.
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Credits | Artiste: Inconnu |
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URL | http://vertigo.revues.org/docannexe/image/4059/img-1.jpg |
File | image/jpeg, 31k |
References
Electronic reference
Eric Duchemin, « Entre arguments scientifiques, éthiques et moraux », VertigO - la revue électronique en sciences de l'environnement [Online], Volume 2 Numéro 1 | avril 2001, Online since 01 September 2001, connection on 22 May 2013. URL : http://vertigo.revues.org/4059
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