1   On assiste au niveau mondial à une recrudescence des efforts des organismes de conservation pour inciter les gouvernements à prendre action pour la protection de la diversité biologique. La pendule tourne en effet à un rythme accru pour l’avenir des écosystèmes et des espèces. La diversité biologique a connu des reculs considérables depuis les origines de l’homme et son expansion sur l’ensemble des continents, mais le rythme des disparitions d’espèces se nourrit maintenant de facteurs nouveaux tels que la fragmentation et la disparition d’habitats (Redondance), l’introduction d’espèces génétiquement modifiées ou exotiques, le réchauffement climatique, l’expansion des activités agricoles. En outre, ces facteurs s’ajoutent aux problèmes « traditionnels» tels que la pollution, l’impact de l’exploitation des ressources et les perturbations des écosystèmes qui en résultent qui ne lâchent pas prise pour autant.

2Pour pallier à certains de ces problèmes, les délégués au quatrième congrès mondial de l’UICN sur les parcs nationaux et les aires protégés tenu en 1992, ont convenu de l’objectif de protéger, dès l’an 2000, 10% de chaque habitat d’importance. Un certain nombre de pays ont pris cet objectif au sérieux, mais moins d’un tiers l’ont atteint. 10% semble constituer un objectif à la fois optimiste, mais largement insuffisant pour une majorité d’écologistes qui considèrent que 25% serait un niveau de protection plus valable.

3Il y a donc lieu de poursuivre les efforts dont font état plusieurs des présentations qui composent ce numéro spécial, (Sophie Hamel-Dufour présentera dans un court texte l’ensemble des textes). Comme en témoigne deux des articles l’UQCN est à

4l’avant-garde de cet effort, par ses pressions sur les instances gouvernementales pour les inciter à agir, et par la mise en œuvre du programme des Zones importantes pour la conservation des oiseaux au Québec (ZICO). Le programme ZICO a ceci de particulier qu’il implique les personnes et les groupes au niveau local, clé du succès de la mise en œuvre de tout programme d’aires protégées.

5Par ailleurs, il ne faut pas perdre de vue le fait que les aires de protection ne sont pas à l’abri des influences humaines et doivent être surveillées et gérées pour pallier à des dégradations éventuelles qui pourraient leur enlever toute valeur. Un exemple à cet égard est la transformation profonde de l’écologie de l’île d’Anticosti, incluse presqu’en totalité dans le calcul de la superficie d’aires protégées au Québec, causée par l’action directe et indirecte de l’homme, mais aussi plus particulièrement par le broutage d’une population trop élevée de cerfs. « Le parc d’Anticosti est un exemple flagrant de création légale d’une aire protégée qui n’atteindra pas les objectifs pour lesquels elle a été constituée» affirment Hébert et Jobin, dans le numéro spécial sur la forêt boréale du Naturaliste Canadien , automne 2001, « en effet, on protège un canyon et des paysages côtiers spectaculaires… qui ne sont toutefois pas menacés de disparition, mais aucune mesure concrète n’est prise pour conserver ou restaurer la diversité biologique des forêts soumises au broutement incessant du cerf de Virginie depuis plus de 100 ans.»

6Dans la version 2002-2007 de sa Stratégie sur la diversité biologique, le Québec se donne pour objectif d’atteindre d’ici 5 ans le niveau de 8% d’aires protégées. L’UQCN et ses associés veilleront à rappeler au gouvernement du Québec le sérieux de cet engagement.