Les médias électroniques et la diffusion de la connaissance en sciences de l'environnement

1Les revues constituent un segment essentiel de la diffusion de la connaissance. Depuis quelques années déjà elles sont entrées dans le nouveau monde de l'édition électronique : d'abord, par le biais des serveurs de pré-publication, puis par la numérisation des revues traditionnelles. Cette tendance est particulièrement marquée dans l'anglophonie (Highwire et Muse aux États-Unis). Au Québec et en France, notons le rôle joué par les sites Érudit (http://www.erudit.org) et Revues.org (http://www.revues.org) dans la numérisation des revues et la diffusion de la connaissance par Internet. Dans cet espace, les revues uniquement conçues dans l'optique d'une diffusion électronique sont, en revanche, pratiquement absentes. Celles-ci font face à des a priori négatifs (information peu rigoureuse, peu de valorisation scientifique, etc.) que seule pourra rendre caduque la diffusion sur Internet de revues de qualité. Considérant les possibilités et les avantages de la diffusion numérique, cet effort en vaut la peine car il permettra à d'autres revues d'émerger.

2VertigO - la revue électronique en sciences de l'environnement est un exemple du potentiel que représente Internet pour la diffusion de la connaissance. Elle entame sa quatrième année d'existence avec des résultats de diffusion enviables. 4 années qui ont été marquées par une augmentation des abonnés et des lecteurs. Dépassant nos espérances, la revue accueille entre 15 000 et 20 000 entrées par mois sur son site. Les entrées sur le site ont augmenté de près de 10% au cours des derniers par mois. La revue est, en outre, indexée sur de nombreux serveurs francophones dédiés aux sciences de l'environnement dans les Amériques, en Europe, en Afrique et en Asie.

3Pour aller de l'avant, des changements ont été amorcés dans le travail d'édition: nouvelle ergonomie du site, mise en place d'un comité scientifique, et meilleure définition des politiques de publication. En outre, nous envisageons de créer un réseau des revues numériques en environnement. Le partenariat entre la revue VertigO et la revue Développement Durable et Territoire de l'Université de Lille-1 (hhtp://revue-ddt.org) est le premier pas dans cette direction.

4L'intérêt de la mise en place de réseaux de sites de revues se comprend aisément pour la diffusion, dans la mesure où cela constitue plusieurs portes d'entrée à des collections importantes distribuées dans différents sites d'hébergement. Ceci n'est pourtant qu'un des avantages que l'on peut en attendre. Le tissage de liens en permettant le repérage et la consultation de nombreuses revues, permettra d'avoir droit de cité dans l'anglophonie qui domine la diffusion de la connaissance en sciences de l'environnement. Cependant, celui-ci devra, afin de permettre un meilleur repérage des publications par les moteurs de recherche, être associé à une traduction, en plusieurs langues, des résumés des publications. Le tissage de liens en créant un bassin critique de lecteurs et de professionnels stimulera la création de forums de discussion dynamiques favorisant l'échange d'idées scientifiques entre les auteurs et les lecteurs ou encore l'organisation d'évènements numériques (débats, conférences).

5Il y a quatre cents ans, Francis Bacon écrivait: Le vrai pouvoir c'est la connaissance. Cette maxime est toujours valable dans le champ des sciences de l'environnement et du développement durable. Le savoir environnemental permet aux citoyens d'avoir une certaine emprise sur le développement. La diffusion de la connaissance est une pierre angulaire du développement durable. Pour favoriser au maximum cette diffusion, la connaissance doit être identifiée comme un bien public. À l'initiative de la Public Library of Science, plusieurs milliers de chercheurs ont signé une lettre ouverte prônant la diffusion gratuite des articles après un délai de six mois suivant la date de parution initiale dans une revue. Dans la foulée l'Initiative de Budapest pour l'Accès Ouvert (http://www.soros.org/​openaccess/​fr/​read.shtml) a été lancée en février 2002. La revue VertigO appuie pleinement cette initiative et en est signataire. Cette initiative devra aussi aborder la question de la qualité de l'information. Un accès gratuit ne devra pas se faire au détriment de la qualité et de la rigueur des publications. Simultanément, cette action ne doit pas laisser de côté les projets, tel que celui entrepris par l'Agence Universitaire de la Francophonie, pour le développement de l'accessibilité au réseau Internet dans les pays en voie de développement. Bien qu'au Québec 50% des ménages aient accès à Internet cela n'est pas le cas dans la majorité des pays à travers le monde.

6Dans les années qui viennent la revue Vertigo tentera d'atteindre les trois objectifs suivants; informer, éduquer et communiquer. Informer en diffusant des articles scientifiques afin de comprendre les tenants et aboutissants des problématiques environnementales. Éduquer en servant de support pédagogique, en créant des liens avec les institutions d'éducation collégiales et universitaires et en formant les jeunes chercheurs à la rédaction d'articles scientifiques. Communiquer en créant un lieu d'échanges accessible au plus grand nombre.

7Tout un défi pour une revue et une équipe