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L’impact de la création d’aires protégées en contexte pionnier d’amazonie brésilienne

Le poids de l’enjeu foncier
Romain Taravella

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Lieux d'étude :

Amérique du Sud
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1Le succès de la représentation de l’ensemble des déboisements de l’Amazonie brésilienne par un arc continu (l’arc de déboisement), reliant l’Etat de l’Acre à celui du Maranhão et traversant successivement le Rondônia, le Nord du Mato Grosso et le Sud du Pará, présente comme souvent, le défaut de ses qualités. S’il permet à tout observateur de saisir d’un coup d’œil l’étendue des pressions anthropiques qui s’exercent sur les écosystèmes amazoniens, il échoue à en rendre l’une des caractéristiques fondamentales : leur diversité régionale.

  • 1  Traduisez : “Terre du Milieu”

2Cette diversité nous met au défi de cerner de façon fine les déterminants régionaux des dynamiques de gestion du territoire et des ressources naturelles d’Amazonie brésilienne. Pour le relever, nous avons choisi de nous intéresser à l’étude de cas d’une des trois franges pionnières pastorales les plus actives d’Amazonie brésilienne (Becker, 2004). Localisée dans le sud du Pará, entre le fleuve Xingu et Iriri, elle est plus connue sous le nom de Terra do Meio1 (Figure 1).

3Pour répondre à l’avancée pionnière dans la région et la progressive pastoralisation de l’espace qui en découle, le gouvernement fédéral brésilien a pris l’initiative de créer, le 18 février 2005, deux aires protégées interdisant toute présence humaine à l’intérieure de leur limite. Dans son évaluation des actions menées en 2005, le Groupe Permanent de Travail Interministériel contre les déboisements en Amazonie (institué par le décret fédéral du 03 juillet de 2003) présente une réduction de 90 % des déboisements annuels enregistrés à l’intérieur des aires protégées créées dans la Terra do Meio para rapport à l’année précédente (MMA, 2005).

Figure 1. Localisation de la Terra do Meio

4A partir de l’ancrage heuristique proposé par la sociologie de l’action collective (Crozier et Friedberg, 1977 ; Friedberg, 1993), nous nous proposons de montrer comment l’efficacité (dans le court terme tout au moins) de l’action gouvernementale s’explique par ses conséquences sur le marché informel des terres locales. Pour cela, nous aborderons dans un premier temps le contexte historique de la question foncière en Amazonie brésilienne, soulignant en particulier les conséquences de la politique d’intégration nationale menée dans seconde moitié du XX siècle par le gouvernement fédéral et les pratiques endémiques d’appropriation illégales des terres publiques amazoniennes. Ensuite, à partir de l’étude de la frange pionnière de la Terra do Meio, nous fournirons les premiers éléments permettant de comprendre l’enjeu que revêt la question foncière dans la stratégie suivie par les acteurs locaux. Pour finir, nous complèterons cette analyse par l’observation et la compréhension de la réponse donnée par les acteurs locaux à la création des aires protégées de la Terra do Meio.

Le contexte foncier amazonien

Les marques légales de l’histoire foncière brésilienne

5L’histoire de la propriété de la terre au Brésil s’ouvre avec l’arrivée du colonisateur portugais. S’appuyant sur le « droit de conquête » reconnu par la papauté et entériné par les traités d’Alcaçovas (1479) et de Tordesilhas (1494), la couronne portugaise se fait maître des terres de sa nouvelle colonie outre atlantique avant même d’en avoir foulé le sol (1500). Comme l’explique G. D. Treccani  (2001) : « Depuis la conquête, au Brésil, il n’existe plus de terres sans maître, toutes ont été incorporées au patrimoine de la couronne portugaise ».

6C’est sur la base de cette propriété royale exhaustive que se développe le premier système juridique régulant l’appropriation foncière au Brésil. Il prendra la forme d’une simple transposition sous les tropiques de la Loi des sesmarias en vigueur au Portugal. Elle est initialement éditée en 1375 par le roi Dom Fernando de Portugal dans le but d’obliger les propriétaires terriens à mettre en culture leurs  terres non utilisées. Mais le bel idéal de faire de la terre, avant toute chose, une source de production ne verra pas le jour dans la nouvelle colonie brésilienne. Par un curieux paradoxe c’est même l’inverse qui se produira. A partir de 1530 la couronne décide de privatiser l’occupation du Brésil en installant sur tout le territoire le système des capitaineries héréditaires par lequel le roi transfère à des particuliers les droits, les profits et l’usufruit d’immenses étendues de terres (Rego, 2006). En vertu de ces droits, le capitaine général octroie, à son tour, des terres aux particuliers de son choix. Il s’agit des sesmarias et leurs propriétaires porteront le nom de sesmeiros. C. Gonçalves (2005) y voit l’acte légal fondateur de la longue dynamique de concentration foncière brésilienne puisque les terres étaient offertes uniquement entre élites, connaissances, gens de bonne famille ou « fidalgos », étymologiquement « fils de quelqu’un ».

  • 2  terme que nous adopterons comme traduction de « posse »

7Mais, le temps faisant et la difficulté d’accès à la terre grandissant, se met en place, en marge de la procédure officielle, une occupation spontanée du territoire, généralement le fait de familles démunies, n’ayant d’autre source de légitimité que la nécessité. Cette « possession »2 de terres publiques, repose sur l’occupation effective des terres laissées libres (terres d’accès difficile, terres de faible potentiel agricole ou sesmarias abandonnées). Devant l’ampleur du phénomène des lois le reconnaissant officiellement sont promulguées (1767 puis 1795).

8Très fragilisé, le régime des sesmarias prend officiellement fin en 1822 à l’Indépendance du Brésil. Plus aucune loi ne réglemente alors l’acquisition de la terre, le système juridique ne prévoit plus formellement le transfert des terres publiques vers les acteurs privés. Cette situation perdure jusqu’en 1850 et est connu chez les juristes agraires comme le « régime de l’occupation ». Alors que la Constitution de 1824 adopte l’idéal napoléonien du droit de propriété absolu sur la terre, aucun dispositif juridique infra-constitutionnel n’en définissant l’accès n’est spécifié. Se met en place une course effrénée à la terre où le premier arrivé, et/ou le plus riche, et/ou le plus violent s’octroie sans autre justificatif l’occupation de pans entiers du territoire national. Il faudra vingt-huit ans pour que la situation évolue et que les élites en place adoptent une mesure qui d’un coté interdit toute occupation spontanée (de peur de  voir s’enfuir du jour au lendemain la main d’œuvre maintenue à l’état d’esclavage sur leur terres) et de l’autre respecte le droit de libre acquisition des terres par les particuliers. La Loi des Terres (loi 601) de 1850 institue ce changement.

9Il s’agit de la deuxième marque législative fondamentale de l’histoire foncière brésilienne. Elle instaure la transaction commerciale comme unique moyen de transfert des terres de l’Etat vers les particuliers. La terre devient une marchandise. Il incombe au propriétaire ou à l’occupant de déclarer sa situation puis de la régulariser. Une telle mise à plat de la situation foncière, indispensable à tout projet d’aménagement du territoire national s’oppose évidemment aux intérêts des oligarchies locales ayant historiquement construit leur pouvoir sur la maîtrise de l’accès à la terre et aux ressources naturelles qu’elle porte. Ainsi la majorité des possessions et titres de propriété ne seront jamais déclarés.

10En 1891 avec l’avènement de la république la constitution transfère officiellement la responsabilité des terres publiques de la sphère fédérale vers celles des Etats fédérés. Ce transfert brutal et forcé de la question foncière en direction d’Etats cruellement déficients en terme d’infrastructures et de ressources administratives, n’a fait que renforcer la fragilité de l’Etat sur le plan foncier.

11La quatrième marque importante, du nom de Statut de la Terre, apparaît en 1964. Elle condamne officiellement les grandes propriétés improductives mais consacre l’idée de la grande propriété moderne et productive. Cette marque historique légitime la concentration foncière dès lors qu’elle s’avère productive. Dans cette optique, caractéristique de la « modernisation conservatrice » brésilienne, la conversion massive de l’espace forestier amazonien en espace fourrager, est évidement compris comme une activité productive.

12Le profond désordre foncier que connaît aujourd’hui l’état du Pará, où se situe notre cas d’étude, admet un facteur explicatif supplémentaire. En effet, le décret-loi n°1.164 du 1er avril de 1971 transfère la responsabilité des terres publiques situées en bordure des routes fédérales construites, en construction ou en projet, de l’Etat fédéré vers l’Union. Cette mesure de sécurité nationale fit perdre à l’Etat du Pará près des deux tiers de son territoire alors qu’aucune politique commune, ou tout au moins coordonnée, n’est mise en place entre l’Etat fédéré et l’Union.  

L’intégration horizontale

13Pour comprendre à sa juste mesure le tournant opéré par la modernisation conservatrice dans l’histoire foncière amazonienne, nous nous proposons d’en détailler quelques éléments significatifs.

14Jusqu’au début du 20ème siècle, le Brésil en particulier et l’Amérique Latine en général, représentent une vaste « frontière de ressources » pour les pays européens qui viennent y puiser quantité de matières premières. Le Brésil fait figure d’archipel continental où chaque région-île n’a de contact qu’avec une métropole située outre atlantique (Théry, 2005). L’Amazonie n’y échappe pas. Sur les rives de fleuves qu’ils remontent, les navires européens partiront à la chasse à l’indien puis à celle des  « drogas do sertão » (Aubertin, 1996).

15La deuxième étape du développement spatial et économique identifiée par B. Becker (1982), qui s’étend de la Première Guerre Mondiale jusqu’aux années de 1960, se caractérise par un procès soutenu d’industrialisation s’appuyant sur la substitution des importations. Ce changement provoque l’apparition de « core region » au sein même du pays (São Paulo et Rio de Janeiro) qui dirigent la construction du système spatial national. Une structuration polarisée de l’espace de type centre-périphérie se met en place.  Face aux déséquilibres  internes et à l’essoufflement économique des centres nationaux, le gouvernement fédéral opte pour une politique de rééquilibrage puis d’intégration nationale caractéristique des années 70. L’intégration amazonienne devient la priorité politique nationale. Elle vise à dévier les flux migratoires (venus du Nordeste) dirigés vers les centres économiques désormais surpeuplés. De plus, pour ces centres, l’Amazonie représente simultanément l’opportunité de mobilisation de nouvelles ressources et l’élargissement du marché internes des produits manufacturés. Finalement, peupler la région Nord, c’est  l’occuper et ainsi la soustraire à la convoitise des pays voisins.

  • 3  « En Amazonie, le terme aviamento se réfère au système économique qui sous-tend l’extractivisme et (...)

16Cette intégration se traduit par le passage de la propriété foncière des mains de l’oligarchie locale à celles de nouveaux acteurs venus du Sud du pays ou de l’étranger. Alors que les premiers ont construit leur richesse, via le système d’aviamento3, sur l’extraction des ressources forestières (la terre n’ayant que peu de valeur en soi), les seconds sont d’abord attirés par la marchandise terre. Cette soif foncière est le résultat direct de la politique gouvernementale fédérale (Costa, 2000) qui vise à attirer en Amazonie les investissements des acteurs capitalisés (grands propriétaires terriens ou entreprises) garant d’une colonisation rapide. A cette fin, le gouvernement fédéral accordera, à partir de 1968, de généreuses exemptions fiscales et des crédits bancaires aux taux incitatifs. De nombreux projets tournés vers l’élevage bovin sont approuvés : la conquête de l’espace amazonien se fait « sous la patte du boeuf » (Santiago, 1972). Les terres illégalement appropriées par les acteurs capitalisés sont les clefs de l’accès aux aides financières gouvernementales.

17Comme l’écrit B. Becker (1998 : 38), se met en place une situation de « monopole de la terre » : « Le monopole ou l’appropriation privée de la terre ne sont pas synonymes de concentration foncière [..] elles constituent, en revanche, la condition nécessaire à la réalisation de gains futurs au travers de son exploitation productive, de son utilisation comme moyen d’obtention d’aides et crédits ou encore à des fins spéculatives ». Apparaît très clairement ici  le rôle central que l’accès à la terre revêt dans le passé récent des franges pionnières agro-pastorales d’Amazonie brésilienne.  

18Si hier comme aujourd’hui la situation foncière amazonienne représente le véritable talon d’Achille de toute action sérieuse d’aménagement du territoire, c’est en grande partie à cause de la prolifération des actes d’appropriation frauduleux des terres « devolutas » d’Amazonie brésilienne.

Le « grillonage » des terres « devolutas »

19Comme nous l’avons vu, la situation initiale des terres brésiliennes étaient d’une grande simplicité : elles appartenaient à la Couronne. Aujourd’hui, en raison de la modification du régime politique, ces terres appartiennent officiellement à l’Etat. Malheureusement, les modes d’aliénations successifs, tous plus confus les uns que les autres, ont conduit à la situation où l’Etat brésilien ne sait ni où se trouve ses terres ni leurs tailles. Selon le juge fédéral J. da Cunha Dyrley (1998), la situation des terres « devolutas » se caractérise en premier lieu par son  indétermination. Selon l’auteur il existe au Brésil deux types de terres publiques. Les terres publiques lato sensu (terres devolutas) et les terres publiques stricto sensu (déterminées, c’est à dire de localisation et taille connues). Les terres devolutas, absentes des cartes de l’Etat, sont évidement à la merci des modes d’occupation les plus frauduleux et désordonnés. Pour cette raison, elles sont fréquemment qualifiées de « terres libres ».

20Comme l’explique le rapport de la commission parlementaire en charge d’enquêter sur l’occupation des terres publiques de la région amazonienne (2001), depuis la Loi des Terres de 1850 « on a privilégié, au Brésil, le papier au détriment de l’occupation et de la mise en culture effective ». Ainsi, l’appropriation illégale des terres publiques passe très souvent par un simple enregistrement frauduleux.

  • 4  Nous proposerons le terme de « grillonage » pour traduire le mot « grilagem ». De même nous emploi (...)

21Depuis le Code Civil de 1917, il est obligatoire d’inscrire toute propriété foncière au Registre Immobilier afin de permettre le suivi des transferts entre particuliers. Ce Registre Immobilier, est tenu par un professionnel n’appartenant pas au corps de l’Etat. Le contrôle de l’activité d’enregistrement incombe, quant à lui, au pouvoir judiciaire. La grande majorité des fraudes s’explique par l’importance démesurée qu’a pris l’acte d’enregistrement. Est présumé propriétaire, jusqu’à preuve judiciaire du contraire, celui au nom duquel l’enregistrement d’une terre est effectué. Cette force de l’acte d’enregistrement en a fait la cible privilégiée des acteurs peu scrupuleux. Ces enregistrements frauduleux sont de tous types. Il  peut s’agir de l’enregistrement comme titre de propriété d’un document constatant simplement l’occupation d’une terre ou encore de la falsification d’un titre de propriété. Cette dernière activité donnera son nom à l’ensemble des activités relevant de l’appropriation ou l’occupation illégale de terres : le « grillonage »4. La complicité de l’administration apparaît comme un ressort fondamental de l’appropriation illégale des terres publiques. Pour D. Sayago et al. (2004), la multiplication des terres « grillonées » en Amazonie, s’explique par le difficile accès à ces terres et par la fragilité des pouvoirs publics régionaux.

22Les dynamiques pionnières d’hier sont différentes de celles d’aujourd’hui. Celles que nous avons suivi  depuis deux ans, localisées entre les fleuves Xingu et Iriri (au Sud de l’Etat du Pará), et que nous présenterons dans le chapitre à suivre, sont fréquemment qualifiées de « nouvelles » (Becker, 2004 ; Castro et al., 2002).  Le recours à cet adjectif entend souligner qu’à la différence des années soixante-dix et quatre-vingt où l’Etat intervenait directement, aujourd’hui les acteurs des franges pionnières emploient, pour financer leurs projets, leurs capitaux propres.

La frange pionnière pastorale du Xingu-Iriri : regard sur les « nouvelles » dynamiques pionnières d’Amazonie brésilienne

23Nous centrerons notre analyse sur les acteurs-clés des dynamiques pionnières pastorales de la Terrado Meio. Il s’agit des hommes venus acquérir de grands espaces forestiers (plusieurs milliers d’hectares) en Amazonie pour y implanter après défriche, brûlis et semis des systèmes d’élevage bovin. Reprenant le terme qui les désigne localement nous les nommerons dorénavant de « fazendeiros ».

Ancrage heuristique

24Appliquer le regard de la sociologie de l’action collective à l’étude des franges pionnières d’Amazonie brésilienne revient à formuler l’hypothèse que les processus pionniers peuvent être appréhendés comme des phénomènes d’actions collectives, c’est à dire des situations où les acteurs sont liés les uns aux autres par un faisceaux d’interdépendances.

25Le fondement de l’action collective relève donc de la nécessité, qu’a chaque acteur, de l’intervention d’autrui dans la poursuite de ses propres intérêts. Or, comme nous le verrons dans les lignes qui suivent, s’assurer le « bon vouloir » des autres au travers du développement et du maintien dans le temps d’un mode d’organisation informel, mais au combien effectif, est essentiel à la réussite de l’entreprise pionnière des fazendeiros du Sud-Pará.

26Notre recherche se fonde également sur l’hypothèse selon laquelle l’acteur est avant tout «  une tête, c’est à dire une liberté, ou en terme plus concrets, un agent autonome qui est capable de calcul et de manipulation et qui s’adapte et invente en fonction des circonstances et des mouvements de ses partenaires » (Crozier et Friedberg, 1977 : 45). Doué de rationalité limitée (March et Simon, 1958), l’acteur que nous observons  n’a que rarement des objectifs clairs, stables, qu’il chercherait coûte que coûte à satisfaire. Au contraire, les buts qu’il poursuit sont le plus souvent divergents, voire contradictoires, toujours labiles et évolutifs. C’est au travers de sa perception continue du contexte d’action que l’acteur conduira ses choix et agira, modifiant en retour ce dernier.

  • 5  Définie par M. Crozier et E. Friedberg (1977) comme le « fondement inféré ex-post des régularités (...)

27Nous rendrons compte du comportement des acteurs au travers du concept de « stratégie »5, instrument heuristique grâce auquel nous pouvons dessiner le lien existant entre le comportement de l’acteur et son contexte d’action.

La stratégie des fazendeiros de la Terra do Meio

28Cette construction de la stratégie des fazendeiros de la Terra do Meio s’appuie sur plus de cinquante entretiens semi-dirigés réalisés auprès de ces acteurs. L’analyse que nous produisons mobilise, au-delà des entretiens formels, les multiples descriptions et commentaires écrits sur le vif lors du quotidien de notre recherche.

29Afin d’éviter l’a priori stérilisant consistant à trancher une fois pour toute et pour tous entre l’image du brave éleveur et du sournois spéculateur, nous ferons le choix de décrire en quoi consiste, concrètement, l’activité d’un fazendeiro de la frange pionnière du Xingu-Iriri, tel qu’il nous a été possible de l’observer. Nous caractériserons le comportement des fazendeiros de la frange pionnière de la Terra do Meio par la réalisation de quatre activités.

L’acte fondateur : l’achat du droit d’occupation de la terre

30Plus de 95% des fazendeiros occupant une terre de la région de la Terra do Meio ont acquis ce droit d’occupation au travers d’une transaction commerciale établie avec le grilloneur (ou avec un intermédiaire ayant lui-même acquis le droit d’occupation du grilloneur) qui, le premier, à occupé et fait valoir son droit d’occupation (le plus souvent par l’exercice de la force) sur une terre « libre ».

31Les fazendeiros venus occuper une terre en Amazonie orientale, résident fréquemment à des centaines voire des milliers de kilomètres de celle-ci. N’ayant aucune connaissance préalable des courtiers en terre locaux, ils n’auront accès à ces derniers que par les conseils d’un « ami », originaire de leur propre région et déjà installé depuis plusieurs années dans le Sud-Pará. Cet « ami » pourra, avec le temps, s’appuyant sur le réseau de contacts qu’il possède dans sa région d’origine et sur celui qu’il s’est constitué dans le Sud du Pará, se spécialiser dans la tache d’intermédiation entre grilloneurs locaux et investisseurs extérieurs.  Dans tous les cas, le compagnon en question incitera vivement le nouveau venu à acquérir un droit d’occupation situé à proximité du sien.

La conversion de l’espace forestier en espace fourrager

32Avoir un voisin de confiance avec qui les relations de communication son aisées présente bien des avantages. D’abord, vous ne nourrirez pas la crainte d’une invasion de sa part.  Ensuite, la possibilité ouverte de coopérations multiples avec ce dernier est un atout primordial dans la poursuite de votre activité de conversion de l’espace forestier en espace fourrager (oscillant au gré des ressources disponibles entre 50 et 500 ha annuellement).  Cette activité, généralement réalisée à l’époque sèche mobilise le travail d’agriculteurs familiaux locaux faiblement capitalisés contraints de vendre leur main d’œuvre et/ou de travailleurs saisonniers venus gagner dans le Sud-Pará les salaires que leur région d’origine (Maranhão, Tocantins) ne peut leur offrir. Comme nous l’avons observé, les fazendeiros voisins coopèrent pour employer à moindre coût et plus facilement cette main d’œuvre.

33Grâce à leur réseau coopératif, les fazendeiros achemineront les intrants nécessaires à l’implantation de leurs pâturages. Ils coordonnent leurs calendriers pour permettre la venue d’une entreprise spécialisée dans le semis des graines fourragères par avion. Outre l’argent économisé, ce mode d’organisation permet à ces hommes de minimiser le temps qu’ils passent dans la région, délégant à l’un d’entre eux, à tour de rôle, le suivi de certaines opérations communes à tous.

34Si l’achat d’un droit d’occupation est un acte unique, les chantiers de la déforestation sont reconduits chaque année, ou presque. Année après année, l’espace forestier cède place à l’espace fourrager.

L’adoption d’un système d’élevage bovin

35Le système d’élevage bovin viande est extrêmement simplifié. Il s’ouvre par l’achat de femelles reproductrices (sur les marchés régionaux) et leur acheminement jusqu’aux pâturages. Ceux-ci ne sont que rarement clôturés, la forêt est utilisée comme barrière naturelle. Le vacher est responsable de la conduite du troupeau (vérification quotidienne de l’état sanitaire des animaux, séparation par sexe ou classe d’âge, applications de vaccins). Les veaux femelles seront élevés pour être incorporés au troupeau des femelles reproductrices. Les veaux mâles sont engraissés sur l’exploitation ou vendus à un voisin spécialisé dans l’embouche.

36Nous soulignons que le chargement observé (de l’ordre d’un animal et demi par hectare) est élevé. Le maintien d’une telle charge dans le cadre d’une gestion du troupeau aussi simplifiée et d’une qualité d’affouragement médiocre, conduit, selon les propres intéressés, à une dégradation à moyen terme (entre cinq et dix ans) de ces espaces fourragers.  

37Ces activités de conduite du troupeau sont toujours accompagnées de deux composantes tout aussi importantes à la réussite de l’exploitation. La première consiste en l’ouverture et l’entretien d’une route menant à la fazenda. Cette construction est un point de passage obligé des systèmes d’embouche puisqu’elle seule garantit les allers et venues des bétaillères qui conduisent les animaux jusqu’à l’abattoir. L’ouverture de ces routes endogènes (Souza et al., 2005) est aussi le fruit de la coopération entre fazendeiros qui s’organisent et se répartissent les coûts de terrassement. La seconde activité indispensable au fonctionnement du système d’élevage est l’entretien annuel des pâturages. Les fazendeiros emploient les agriculteurs familiaux de la région afin de réaliser la coupe des repousses arbustives croissant au milieu des pâturages semés de Brachiaria brizantha, l’espèce fourragère reine de l’expansion de l’élevage bovin en Amazonie (Veiga et al., 2004) .

38L’organisation mise en place par les fazendeiros explique le succès de leur gestion absentéiste de l’espace amazonien.

Le financement

39Il convient, afin de replacer notre analyse dans l’histoire des études des franges pionnières, de souligner que les dynamiques décrites se situent à l’extrémité de la frange pionnière pastorale. Les conditions d’occupation du territoire sont caractéristiques, reprenant la typologie proposée par Schneider (1995), de la « frontière spéculative » et non de la « frontière consolidée » dont les systèmes d’élevage ont été caractérisés comme économiquement rentables (Margulis, 2003 ; Arima et al., 2006). Sur les « frontières spéculatives », les études les plus récentes ont mis en lumière un taux de retour de l’activité d’élevage au sens strict (c’est-à-dire sans y agréger la plus-value venue de la valorisation foncière) très faible voire négatif (Arima & Uhl, 1996 ; Schneider, 1995). Nos propres résultats confirment ces évaluations.

40Les fazendeiros rencontrés sont parfaitement conscients de cet état des choses. La faible rentabilité voire la perte structurelle qu’occasionne l’activité d’élevage est souvent intégrée, au sein de leur stratégie de gestion du territoire, à l’application périodique de ressources financières d’origines illégales. Elles proviennent : d’une activité professionnelle légale (commerciale notamment) mais non déclarée, du détournement de fonds publics, de la vente non déclarée de terres (grillonées), d’activités usurières, des plus-values issues d’activités de courtage non déclarées (terres, bovins, voitures, motocyclettes, semences, etc.). La durabilité de l’entreprise pionnière des fazendeiros semble dépendre du recyclage/blanchiment d’argent qu’elle permet. Nous rejoignons ici et enrichissons les conclusions de S. Margulis (2003) pour qui : « On ne peut oublier qu’en Amazonie, l’économie d’élevage bénéficie des gains directs issus de la régularisation foncière précaire, du grillonage de terres publiques, de l’emploi de main d’oeuvre non déclarée ».

41En guise de conclusion partielle, nous qualifierons la stratégie du fazendeiro localisé en pointe de frange pionnière de la Terra do Meio par la combinaison : acheter-défricher-élever au moyen de financements au moins partiellement illicites. Il faut attendre une modification brutale du contexte d’action pour aller plus loin dans l’élucidation de leur stratégie.

L’adaptation stratégique des fazendeiros de la Terra do Meio

42Dans cette partie, nous nous proposons de montrer comment des facteurs d’ordre conjoncturel et structurel, se combinant dans le temps et l’espace, ont opéré à une profonde et brusque redistribution des cartes provoquant l’adaptation de la stratégie suivie par les fazendeiros locaux.

Les facteurs conjoncturels

43L’annonce anticipée et très largement publicisée par le gouvernement fédéral du ralentissement (de l’ordre de 31 %) du rythme des déboisements en Amazonie brésilienne sur la période de onze mois allant d’août 2004 à juin 2005 (en comparaison de la période précédente allant d’août 2003 à juin 2004), a donné cours aux commentaires les plus divers. Alors que le gouvernement fédéral s’attribue la paternité de l’éclaircie environnementale connue par l’Amazonie brésilienne qui n’aurait perdu sur la période étudiée « que » quelques 18 900 km², plusieurs Organisations Non Gouvernementales (ONG), connues pour leur compétence dans le suivi des dynamiques socio-environnemantales amazoniennes, ont lucidement fait remarquer que l’an 2005 a été marqué par une conjoncture hautement défavorable à la réalisation de nouveaux déboisements. Un tel contexte socio-économique n’aurait de précédent qu’en 1991 (Nepstad et al, 2006).

44Ainsi, reprenant les arguments exposés dans la note publiée (GT Florestas 2005) le 02 septembre 2005 par le Groupe de Travail (GT) sur les Forêts du Forum Brésilien des ONG et Mouvements Sociaux pour l’Environnement et le Développement (FBOM), nous remarquerons que la période 2004-2005 se caractérise par :

  • la chute expressive du prix des principales commodités agricoles ;

  • la revalorisation de plus de 21% de la monnaie brésilienne (real) par rapport au dollar ;

  • l’augmentation des taux d’intérêts pour le calcul des crédits de plus de 19% ;

  • l’endettement sans précédent du secteur agricole (30 milliards de réais) ;

  • la stagnation du secteur de construction civile, connu comme le principal débouché des arbres abattus et bénéficiant d’autorisations de déboisements ;

  • l’absence d’investissement en infrastructure et le peu de routes fédérales asphaltées en Amazonie ;

45C’est essentiellement la chute du cours de la viande bovine, de l’ordre de 20 % dans la Terra do Meio, qui a influencé conjoncturellement les stratégies des acteurs locaux. Les conséquences de cette baisse sont clairement pressenties par un leader des fazendeiros du Sud-Pará, qui, évoquant la chute « bien improbable » du prix de la viande bovine, évalue que « 90 % du potentiel productif de la région serait compromis en l’espace de très peu de temps » (Piketty et al., 2004). Ce diagnostic, bien qu’improbable, s’est bel et bien vérifié. Les conséquences surprenantes de l’effondrement du cours de la viande bovine ont pu être observées. Afin de retarder la vente des animaux engraissés, dans l’espoir d’une providentielle hausse du prix de la viande, la stratégie communément suivie par les fazendeiros, a été la mise en vente d’une partie de la terre dont ils ont acquis puis conservés le droit d’occupation, afin de financer les déboisements de l’année. L’occupation d’une grande étendue de terre, véritable réserve foncière, semble fonctionner en contexte de frontière pionnière comme véritable « filet de sécurité » ou capital refuge.

Des facteurs structurels

  • 6  Sistema Nacional de Unidade de Conservação
  • 7  Instituto Brasileiro do Meio Ambiente e dos Recursos Naturais Renováveis

46La fin de l’an 2004 et le début de 2005 concentrèrent plusieurs actions fortes en faveur de l’environnement menées par le gouvernement fédéral, dans la région de la Terra do Meio. Le 8 novembre 2004, est créé la Réserve extractiviste du Riozinho do Anfrísio (736 000 ha) puis le 18 février 2005, le Parc national de la Serra do Pardo (445 392 ha) et la Station écologique de la Terra do Meio (3 373 111 ha). Parc national et Station écologique interdisent, conformément au Système national d’aires protégées (SNUC)6, toute présence humaine. Cette vague de création d’aires protégées est suivie par la venue dans la région de la Terra do Meio d’un bataillon de l’armée brésilienne chargé du désarmement des acteurs locaux et de l’assistance aux équipes de la police environnementale fédérale (IBAMA)7 en mission dans la région.

  • 8  Terme par lequel on désigne la situation actuelle de la majorité des aires protégées au Brésil, cr (...)

47L’intervention massive et inédite de l’autorité fédérale en appui à la création des aires protégées tire ces dernières « du papier »8. Le gouvernement envoie un signal clair aux investisseurs de la frange pionnière de la Terra do Meio, leur indiquant sa volonté d’un arrêt immédiat des pratiques d’appropriations illégales des terres publiques. Les fazendeiros qui se sont massivement reportés sur la vente des leurs terres doivent à nouveau adapter leur stratégie car la création des aires protégées, largement relayée par les médias nationaux, a provoqué la défiance des acheteurs. En quelques jours, plusieurs transactions commerciales que nous suivons sont interrompues. Certains accords de vente sont rompus. Les aires protégées, en engendrant une forte insécurité sur la possibilité de régularisation future des terres illicitement appropriées, a soudainement retiré du marché foncier local, régional et national les terres de la Terra do Meio.

48Face à la demande qui s’effondre, les fazendeiros n’ont d’autre solution que de suspendre leurs investissements en direction de la Terra do Meio, en particuliers ceux destinés à la défriche-brûlis-semis des massifs forestiers.

49Nous nous proposons d’illustrer cette dynamique à partir de la Figure 2 qui rend compte de l’évolution de la valeur marchande de l’unité de terre (couverte de forêt) occupée par un fazendeiro de la Terra do Meio. Les données nécessaires à l’élaboration de ce graphique ont été obtenues auprès de l’intéressé qui nous a décrit l’évolution de la somme que les acheteurs, se présentant à sa porte, offraient pour acquérir son droit d’occupation.

50Comme l’indique le graphique, les terres de la région de la Terra do Meio ont connu une forte valorisation à partir de l’an 2000. Elle signale l’entrée des fazendeiros dans la région et leur demande croissante de droits d’occupation fonciers (détenus par les grilloneurs). L’envolée de la valeur marchande de la terre prend subitement fin en 2005 suite à l’annonce officielle de la création des aires protégées. On observe plus précisément un ralentissement de la dynamique de valorisation foncière dès 2004. Ce dernier peut indiquer la défiance naissante des acheteurs en réponse à la diffusion d’informations annonçant la future création des aires protégées par l’Etat du Pará dans le cadre de la Proposition de Macro-Zonage Ecologique Economique (MZEE) publié au premier semestre 2004 . Suite à la création effective des aires protégées la valeur marchande de l’unité de terre devient nulle, puisque comme le rapporte notre informateur, aucune offre ne lui a été faite en 2005 et lui-même n’a pu trouver d’acheteur lorsqu’il décide de vendre une partie de ses terres.

Figure 2. Evolution de la valeur marchande (en R$ 2005) de l’unité (ha) de terre occupée par un fazendeiro

Conclusion

51Le suivi des comportements des acteurs puis la reconstruction de leur stratégie, comprise comme la réponse fournie aux variations contingentes du contexte d’action, nous a permis de cerner quelques fonctions cardinales remplies par l’occupation foncière en contexte de frange pionnière pastorale amazonienne contemporaine. Enjeux fonciers et enjeux environnementaux sont étroitement liés par les stratégies suivies par les fazendeiros de la Terra do Meio.

52L’analyse du tenant et des aboutissants de la question foncière nous a permis d’identifier la création d’aires protégées en zone pionnière d’Amazonie brésilienne comme une marge d’action disponible dans la lutte menée par le gouvernement brésilien contre les déboisements. Permettant de soustraire les terres publiques amazoniennes au chaos foncier et au marché informel de la terre, la création d’aires protégées vient court-circuiter les cycles spéculatifs successifs sous-tendant, au travers de l’action organisée des fazendeiros, l’appropriation puis la conversion des terres forestières en terres fourragères. Nos résultats rejoignent les récentes recherches menées l’impact positif de la création d’aires protégées dans la lutte contre les déboisements amazoniens.

53Il convient cependant noter que nos résultats sont le fruit d’observations menées dans le court terme. Nous constatons, une nouvelle fois, que la crainte gouvernementale d’affronter directement le problème de la question foncière et de l’occupation des terres à l’intérieur des aires protégées représente le talon d’Achille de la préservation environnementale en Amérique Latine. Si le gouvernement brésilien ne donne pas suite à la création des aires protégées de la Terra do Meio par une action continue et prolongée d’implantation effective des dispositifs de conservation environnementale, il ne fait aucun doute que les acteurs de la frange pionnière adapteront leur stratégie et renoueront avec les pratiques de conversion accélérée de l’espace forestier en espace fourrager.

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Notes

1  Traduisez : “Terre du Milieu”

2  terme que nous adopterons comme traduction de « posse »

3  « En Amazonie, le terme aviamento se réfère au système économique qui sous-tend l’extractivisme et dans lequel chaque maillon de la chaîne est relié au précédent par une relation de dépendance qui se concrétise dans la remise d’une avance en produits manufacturiers contre une certaine quantité de produits forestiers. » (Emperaire, 1996).

4  Nous proposerons le terme de « grillonage » pour traduire le mot « grilagem ». De même nous emploierons le terme de « grilloneur » pour « grileiro ». Ces deux traductions personnelles présentent l’avantage de préserver et rendre explicite en français, comme c’est le cas en portugais, l’origine du mot. En effet, l’histoire raconte que l’expression de « grilagem » proviendrait de l’artifice anciennement utilisé par les faussaires, qui coinsistait à enfermer le faux-titre récemment émis en compagnie de grillons, qui, par leurs déjections et leur appétit xylophagique vieillissaient, en quelques semaines seulement, le titre de plusieurs décennies (Treccani, 2001).

5  Définie par M. Crozier et E. Friedberg (1977) comme le « fondement inféré ex-post des régularités de comportements observées empiriquement »

6  Sistema Nacional de Unidade de Conservação

7  Instituto Brasileiro do Meio Ambiente e dos Recursos Naturais Renováveis

8  Terme par lequel on désigne la situation actuelle de la majorité des aires protégées au Brésil, créées par décret présidentiel qui ne sera suivi d’aucune mise en place concrète de l’aire protégée sur le terrain (délimitation, zonage, construction d’infrastructures, surveillances, etc.).

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References

Bibliographical reference

Romain Taravella, ingénieur agronome de l’Institut national agronomique de Paris-Grignon, est doctorant en Sciences de l’environnement à l'Ecole Nationale du Génie Rural, des Eaux et Forêts, sous la direction de Laurent Mermet et Hervé Théry. Il a récemment publié Entre développement et conservation : la schizophrénie des politiques amazoniennes in « Le nouveaux Brésil de Lula », D. van Eeuwen (org.), Paris, l’Aube, 2006. Son travail de recherche propose une réflexion sur la dialectique (conservation/pastoralisation) de la gestion du territoire et des ressources naturelles au niveau d’un front pionnier amazonien.

Electronic reference

Romain Taravella, « L’impact de la création d’aires protégées en contexte pionnier d’amazonie brésilienne », VertigO - la revue électronique en sciences de l'environnement [Online], Hors-série 4 | novembre 2007, Online since 11 November 2007, connection on 22 May 2013. URL : http://vertigo.revues.org/806 ; DOI : 10.4000/vertigo.806

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About the author

Romain Taravella

Doctorant à l’ENGREF-Paris en coopération scientifique avec le Centro de Desenvolvimento Sustentável de l’Université de Brasília, UMR 8568, Centre International de Recherche sur l’Environnement et le Développement, Ecole Nationale du Génie Rurale, des Eaux et Forêts, Département Environnement, 19 avenue du Maine, 75015 Parisrtaravell@hotmail.com

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