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Guide pour une construction et une rénovation respectueuses de l'environnement

Chapitre 2 - Choix des produits des Matériaux

2.1 Introduction

Lorsque l'on choisit des matériaux de construction, il est important de reconnaître que les incidences environnementales d'un produit sont la somme d'un certain nombre de facteurs dont beaucoup ne sont peut-être pas évidents. Il n'est pas facile de déterminer quels produits sont les meilleurs du point de vue de l'environnement, même si l'utilisation de critères reconnus internationalement peut simplifier cette tâche. Choisir des matériaux moins néfastes pour l'environnement exige un changement d'attitude. La partie qui suit présente aux gestionnaires des installations et aux gestionnaires immobiliers les problèmes environnementaux liés au choix des produits.

2.2 Évaluation du cycle de vie d'un produit

L'évaluation du cycle de vie d'un produit est un cadre d'analyse permettant de définir les intrants, les extrants et les incidences environnementales pendant tout le cycle de vie d'un produit. Ce cadre d'analyse tient compte des types de matériaux et de la consommation d'eau et d'énergie. Les processus ou activités de fabrication y sont répertoriés. Le cadre d'évaluation du cycle de vie utilisé dans ce document est fondé sur la norme CSA Z760-94 « Life Cycle Assessment ». Le cycle de vie d'un produit peut se répartir en quatre étapes :

Première étape - Acquisition des matières premières

S'y trouvent toutes les activités nécessaires pour exploiter ou obtenir une matière première ou une source terrestre d'énergie. Cette étape englobe également le transport des matières brutes jusqu'à l'installation de fabrication.

Deuxième étape - Fabrication

Cette étape se décompose ainsi :

  • Transformation des matières premières - activités permettant de transformer les matières premières pour qu'elles puissent être utilisées dans la fabrication d'un produit.
  • Fabrication du produit - les étapes au cours desquelles les matières premières sont utilisées pour fabriquer le produit.
  • Remplissage, conditionnement et distribution - tous les processus de préparation d'un produit final à la distribution.

Troisième étape - Utilisation, réutilisation et entretien

Cette étape commence après la distribution des produits pour un usage donné et comprend toute activité de remise à neuf, d'entretien ou de réparation d'un produit en vue d'en prolonger la durée de vie utile.

Quatrième étape - Recyclage et gestion des déchets

Cette étape commence après que le produit a été utilisé pour son usage prévu et qu'il doit être éliminé dans le flux des déchets, soit par le recyclage ou un programme de gestion des déchets.

2.3 Critères d'évaluation

2.3.1 Première étape-Acquisition des matières premières

Ressources renouvelables

La disponibilité des ressources renouvelables est potentiellement illimitée alors que les ressources non renouvelables ne se régénèrent pas et sont disponibles en quantités limitées. Les ressources non renouvelables comme le pétrole et les forêts anciennes ou la forêt tropicale humide ont pris tellement de temps à se former que la régénération n'est pas mesurable. Les ressources renouvelables se sont constituées pendant des périodes plus courtes et peuvent être gérées et régénérées.

Nombre d'organismes et de programmes élaborent présentement des programmes de certification, ont terminé de le faire, afin d'assurer que les ressources sont récoltées ou extraites de façon à permettre le renouvellement de la matière première. Le système le mieux connu est sans doute celui de l'industrie forestière. Les fabricants de produits et les entrepreneurs en construction peuvent aujourd'hui acheter des produits du bois certifiés garantissant que le bois a été exploité de manière durable et suivant des procédés qui assurent un reboisement suffisant.

Il faut éviter d'utiliser les produits figurant sur la liste de la Convention sur le commerce des espèces menacées (CITES). Les produits sont renouvelables lorsqu'un mécanisme de certification permet de vérifier qu'ils ont été fabriqués avec des matières récoltées dans des conditions déterminées assurant la régénération de la ressource ou lorsque les réserves sont tellement abondantes que la non-régénération a peu d'incidences sur l'environnement.

Contenu recyclé

Il s'agit d'une donnée quantitative qui s'obtient facilement auprès des fabricants. Les lignes directrices énoncées par Industrie Canada dans Principes et lignes directrices sur les représentations concernant l'environnement sur les étiquettes et dans la publicité contiennent une définition bien établie et reconnue du contenu recyclé. Le contenu en matières recyclées y est défini comme la « portion du poids d'un produit composé de matières retransformées après utilisation ». Ces matières peuvent être décrites comme étant de post-consommation, soit des matières ayant servi à l'usage auquel elles étaient destinées et provenant de sources domestiques ou industrielles. Le contenu en matières recyclées est habituellement calculé sous forme de pourcentage pondéré. Les fabricants peuvent devoir fournir le pourcentage de matières recyclées après consommation ou après transformation incluses dans leurs produits et le pourcentage total du contenu en matières recyclées.

Produits remanufacturés

Les produits remanufacturés permettent de diminuer la quantité de matière brute exploitée et transformée, ils réduisent donc les impacts environnementaux. On considère qu'un produit ou un système est remanufacturé s'il a été détourné du flux des déchets et retransformé jusqu'à l'état neuf, soit par le fabricant d'origine, soit par un tiers. Se reporter au paragraphe Produits remanufactués de la partie 2.3.3 intitulée Utilisation, réutilisation et entretien.

Développement durable

Le développement durable satisfait aux besoins du présent sans compromettre ceux des générations futures. De manière générale, la durabilité implique un examen des besoins pour un produit, sa fabrication, son utilisation, son élimination et les incidences indirectes de celui-ci. Moins une matière a d'impact négatif à long terme, plus elle est durable. Par exemple, les ressources non renouvelables n'ont pas à être évaluées plus en détail, car leur utilisation n'est pas durable. Toutefois, une ressource renouvelable peut sembler durable jusqu'à ce qu'un examen plus approfondi permette de déceler des répercussions plus subtiles à long terme.

Lorsqu'il s'agit de développement durable, les problèmes ont des incidences à long terme et englobent tous les critères dont il est question ici. La prescription de matériaux de construction ayant des impacts écologiques moins graves contribuera au développement durable.

2.3.2 Deuxième étape - Fabrication

Toxicité

La toxicité d'un produit peut représenter un danger pour la santé et causer des problèmes environnementaux, par conséquent, la première chose à faire serait de réduire ou d'éliminer l'utilisation d'un produit toxique, lorsque d'autres options sont disponibles ou réalisables. Les solvants sont souvent hautement volatils et instables avant que le produit ne sèche. Les particules émanant de matériaux toxiques pendant la construction peuvent avoir des effets négatifs sur les ouvriers et les occupants du bâtiment. Lorsque des matériaux ont été fabriqués ou traités avec des substances toxiques, les options d'élimination sont souvent limitées. La manière adéquate d'éliminer des produits toxiques est de les traiter dans des installations conçues à cet effet. L'enfouissement de matières toxiques dans les décharges contribue à la pollution de la terre, de l'eau et de l'air. Le processus de fabrication des matériaux toxiques a tendance à polluer davantage les eaux et l'air que celui de matériaux moins toxiques.

Le Système d'information sur les matières dangereuses utilisées au travail (SIMDUT) doit contenir des détails sur les matières dangereuses contenues dans un produit. Cependant, l'absence de matières dangereuses sur le feuillet SIMDUT d'un produit ne peut justifier à elle seule une revendication en matière d'environnement. De nombreux programmes internationaux d'éco-étiquetage comme le Programme Choix environnementalMC ont établi des niveaux de toxicité acceptables pour leurs produits.

Réchauffement planétaire

Le réchauffement planétaire est une question d'une grande complexité. Cependant, on s'entend généralement pour dire que la libération de gaz à effet de serre est un facteur important du problème. Deux des plus importants gaz à effet de serre sont le dioxyde de carbone et le méthane. Ces deux gaz sont produits par des processus naturels mais les activités de l'homme ont contribué considérablement à leur production. Une certaine incertitude demeure quant à l'aboutissement du changement atmosphérique, mais le réchauffement planétaire est considéré comme étant un processus essentiellement irréversible. Nos activités ont une influence directe sur les changements se produisant dans l'atmosphère terrestre. Si ces changements continuent au rythme actuel, les effets sur l'agriculture, la forêt et les climats pourraient être irrémédiables.

La combustion des carburants fossiles comme le charbon, le pétrole et le gaz naturel produit du dioxyde de carbone. En réduisant notre consommation d'énergie par l'utilisation de produits éconergétiques, nous pouvons réduire la production de dioxyde de carbone.

De manière naturelle, le méthane s'échappe des végétaux en décomposition, mais les sites d'enfouissement produisent 30 % du méthane produit par des sources artificielles. Par conséquent, moins il y a de déchets dans les sites d'enfouissement, moins il y a de production de méthane.

La plupart des produits contribuent au réchauffement planétaire en émettant des gaz à effet de serre lors de leur fabrication ou de leur élimination, deux étapes du cycle de vie d'un produit. Puisque ce sont des étapes axées sur des processus, elles sont difficiles à maîtriser ou à cerner pour un produit en particulier. Par conséquent, on considère que le réchauffement planétaire n'est pas un critère mesurable.

Appauvrissement de la couche d'ozone

On croit que les chlorofluorocarbures (CFC) et les autres substances destructrices de l'ozone sont responsables de l'amincissement de la couche d'ozone qui protège la terre des rayons ultraviolets du soleil. Beaucoup de ces substances contribuent au réchauffement planétaire. Ces gaz demeurent dans l'atmosphère pendant 60 à 100 ans. Les CFC sont des substances manufacturées qui sont habituellement contenues dans certains frigorigènes et agents gonflants incorporés aux produits et aux matériaux de construction.

En 1987, 32 pays ont signé le Protocole de Montréal relatif à des substances qui appauvrissent la couche d'ozone demandant l'interruption de l'utilisation des CFC d'ici l'an 2000. Le premier pas dans cette voie a été franchi le 1er janvier 1996 lorsque la production des CFC a été interdite par les signataires du Protocole. La production d'une seconde génération de CFC, les hydrochlorofluorocarbures (HCFC) sera interdite en 2025. Les HCFC sont actuellement utilisés comme solution provisoire pour les systèmes mécaniques et les appareils de refroidissement fonctionnant avec des frigorigènes à base de CFC.

Les substances menaçant l'ozone utilisées pendant le processus de fabrication peuvent être mesurées. Il est possible d'éliminer l'utilisation et la production des CFC en prescrivant des matériaux de construction incorporant d'autres types de frigorigènes et d'agents gonflants.

Énergie intrinsèque

L'énergie opérationnelle est la quantité d'énergie consommée par un produit pour son fonctionnement. L'énergie intrinsèque est un terme qui décrit la quantité d'énergie utilisée pour la production du produit. Elle comprend la quantité d'énergie nécessaire pour exploiter ou récolter les matières premières, les transporter vers des installations de traitement, les traiter, conditionner le produit manufacturé et l'expédier et finalement, l'installer ou le consommer.

Elle comprend également l'énergie pour chauffer l'usine où le produit a été fabriqué.Certaines organisations, comme l'American Institute of Architects (AIA), publient des statistiques sur l'énergie intrinsèque de nombreux produits. Ces données offrent des valeurs de comparaison, mais ne peuvent être utilisées pour une évaluation quantitative, puisque chaque application ou chantier exige d'être évalué individuellement.

2.3.3 Troisième étape - Utilisation, réutilisation et entretien

Conservation de l'énergie

Ce critère décrit la réduction de la consommation d'énergie ou la possibilité d'économiser de l'énergie comme étant directement attribuable à des changements de comportements plutôt qu'à une intervention technologique. Le recours à des méthodes de conservation d'énergie procure les mêmes avantages à l'environnement que la réduction de l'utilisation d'énergie opérationnelle pour la fabrication de produits et de matériaux. Toutefois, le succès des méthodes de conservation est directement lié à une mise en application et à une communication adéquates et, par conséquent, ne peut se mesurer.

Quoique cette catégorie soit une question d'ordre qualitatif, les entreprises de services publics font régulièrement la promotion des méthodes de conservation d'énergie comme étant un moyen reconnu de réduire la demande. Les fournisseurs d'électricité et de gaz sont en mesure de donner l'information nécessaire pour les résidences et les établissements commerciaux. Éteindre les appareils d'éclairage dans les salles inoccupées ou installer des fenêtres ouvrantes pour refroidir et aérer, sont autant de mesures d'économie d'énergie couramment recommandées.

Efficacité énergétique

Les systèmes ou les produits éconergétiques donnent des résultats équivalents en utilisant moins d'énergie. Les produits éconergétiques permettent aux consommateurs de consommer moins d'énergie tout en maintenant leurs habitudes.

L'Association canadienne de normalisation (CSA) a établi des taux de consommation d'énergie acceptables pour la plupart des produits. La consommation efficace d'énergie est fixée sur une base comparative. Cependant, à l'heure actuelle, on ne s'est pas encore entendu sur une base de calcul, les normes d'efficacité énergétique sont déterminées en fonction de produits et de programmes en particulier. Les normes ont été élaborées d'après des données recueillies par le Code modèle d'énergie pour les bâtiments, l'American Society of Heating, Refrigeration and Air-Conditioning Engineers (ASHRAE), l'Association canadienne de normalisation (CSA), Ontario Hydro, le Conseil national de recherches du Canada (CNRC), la Société canadienne d'hypothèques et de logement (SCHL), le ministère de l'Environnement de l'Ontario (MEO) et Ressources naturelles Canada (RNCan) et le BC Hydro Power Smart Program.

Grâce aux progrès de la technologie, l'efficacité de la consommation d'énergie des appareils électroménagers et des appareils d'éclairage s'améliore constamment. Des organismes d'éco-étiquetage reconnus à l'échelle internationale comme le Programme Choix environnementalMC du Canada et le programme Green Seal des États-Unis ont élaboré des lignes directrices en matière de consommation énergétique des produits qui donnent une définition mesurable de normes d'efficacité énergétique atteignables. La prescription de produits éconergétiques permet de réduire les impacts écologiques en diminuant les coûts environnementaux associés à la production d'électricité, comme les émissions de dioxyde de carbone résultant de la combustion des combustibles fossiles ou l'inondation des terres pour la construction de barrages hydroélectriques.

Économies d'énergie

Ce critère englobe les matériaux et les produits qui permettent d'utiliser plus efficacement l'énergie et qui ne consomment pas d'énergie, comme les isolants thermiques. Cette catégorie comprend des équipements qui permettent une utilisation efficace de l'énergie grâce à la régulation des cycles de consommation d'électricité et aux produits qui améliorent l'éclairage sans consommer davantage d'électricité. Cette catégorie de produits peut également comprendre les dispositifs de régulation et les appareils à énergie solaire. Quoique des normes existent pour un grand nombre de matériaux de construction, dans la plupart des cas, ces normes sont axées sur la performance et ne donnent aucune indication sur les économies d'énergie éventuelles.

La majorité des entreprises de services publics fournissent la documentation portant sur la réduction des pertes d'énergie grâce à l'utilisation de ces produits non consommateurs d'énergie. Cette information permet d'effectuer une évaluation quantitative de ce critère. Nombre de programmes d'éco-étiquetage visent des matériaux de construction économes d'énergie, mais les renseignements sur ce type de produits portent surtout sur d'autres questions environnementales comme le contenu en matière recyclée ou les émissions gazeuses. Toutefois, une utilisation adéquate de ceux-ci permet de réduire considérablement les pertes d'énergie.

Économie d'eau

La prescription et l'utilisation d'appareils « à faible consommation d'eau » permettent de diminuer les incidences environnementales en réduisant la quantité d'eaux à traiter. La pollution de l'eau combinée à un rythme rapide de consommation peut endommager les réseaux hydrologiques. Le traitement des eaux usées exige l'utilisation de produits dangereux qui ont des effets néfastes sur les écosystèmes. En consommant moins, on réduit la quantité d'eaux usées à traiter. La consommation d'eau est une valeur comparative et, pour cette raison, les électroménagers, les appareils et les systèmes économiseurs d'eau et destinés à des fonctions précises ont moins d'impacts sur l'environnement.

Les programmes d'éco-étiquetage ont fixé des critères liés au rendement de produits en particulier et l'Association canadienne de normalisation (CSA) a élaboré des essais précis qui permettent d'établir le débit des produits consommateurs d'eau. La CSA a également fixé des débits pour certains produits définis comme des produits à faible consommation d'eau. Ce critère est fondé sur les mêmes principes que ceux de l'efficacité énergétique. Il fait appel à un pourcentage de rendement amélioré par rapport à une base établie d'évaluation.

Qualité de l'air intérieur (QAI)

Cette notion renvoie aux caractéristiques chimiques, physiques et biologiques de l'air intérieur. La qualité de l'air intérieur est cruciale pour la santé et le bien-être des occupants. La qualité de l'air intérieur, la température, l'éclairage et le bruit doivent permettre de préserver la santé des occupants, spécialement au Canada où nous passons une grande partie de notre vie à l'intérieur.

La qualité de l'air intérieur peut être diminuée par les produits chimiques que dégagent les matériaux ou les produits de construction. Les maladies attribuables à une qualité de l'air intérieur médiocre peuvent, de manière générale, se répartir en deux groupes : celles qui surviennent peu de temps après une exposition et celles qui n'apparaissent que des années plus tard. De nombreux organismes font de la recherche et des analyses sur la QAI, toutefois, peu de normes ont déjà été élaborées concernant les taux d'émissions de produits en particulier. Les polluants de l'air intérieur sont les composés organiques volatils (COV), le formaldéhyde, les micro-organismes et les particules. À l'heure actuelle, on a défini des objectifs et des mesures permettant de préserver la qualité de l'air ambiant d'un bâtiment. Travaux publics et Services gouvernementaux Canada (TPSGC), Santé Canada, la Société canadienne d'hypothèques et de logement (SCHL), le Conseil national de recherches du Canada (CNRC) et le ministère du Travail du Canada ont aussi indiqué que le fait de diminuer les taux d'émissions des matériaux de construction permet d'améliorer la qualité de l'air intérieur. Présentement, de nombreux laboratoires peuvent fournir la documentation nécessaire sur les taux d'émissions de produits en particulier.

La recherche menée dans ce domaine a défini des méthodes permettant d'établir ou de réduire les taux d'émissions de composés organiques volatils reconnus, du formaldéhyde et la croissance des micro-organismes. Par conséquent, nous avons traité chacune de ces sources comme un critère distinct.

On peut réduire les émanations de particules dans les installations mécaniques par l'utilisation de filtres et une ventilation adéquate. La réduction des particules est plus efficace lorsque le bâtiment a été conçu à cette fin et que les éléments d'un système CVCA destinés à réduire les particules en suspension sont bien entretenus et fonctionnent adéquatement.

Réduction des composés organiques volatils (COV)

Le terme « composés organiques volatils » représente tous les produits chimiques contenant du carbone et de l'hydrogène dont le point d'ébullition se situe entre 50 et 250°C. Parmi les symptômes d'une exposition aux COV, citons la fatigue, les maux de tête, la somnolence, les étourdissements, la faiblesse, les douleurs aux articulations, l'engourdissement et le fourmillement des extrémités, l'euphorie, la compression de la poitrine, la perte d'équilibre, une vision embrouillée et les irritations de la peau et des yeux.

Les employés de bureau sont exposés à un large éventail de contaminants en faibles concentrations pendant 40 heures ou plus par semaine. Les personnes hypersensibles peuvent réagir très mal à divers COV en concentrations très faibles. Ces COV peuvent être dégagés par des matériaux de construction, des moquettes et de nombreux produits de consommation, dont les plastiques et les teintures de tissus. Ces réactions se produisent suivant une exposition à une seule dose sensibilisante ou à une série de petites expositions. Une exposition chronique à de faibles doses peut également entraîner des réactions. Les symptômes sont habituellement atypiques et peuvent être insuffisants pour identifier les composés en cause.

Aucun seul limite d'exposition n'a encore été établi et l'information disponible sur la toxicologie et les effets sensoriels des COV est incomplète. Toutefois, la comparaison des émanations des produits est une méthode acceptable pour déterminer la supériorité d'un produit. Il existe actuellement des installations permettant de faire l'essai de produits et d'établir leur taux d'émissions et on peut demander aux fabricants de fournir les résultats d'essai à des fins de comparaison. Les essais doivent être menés sur leurs produits dans leur état livrable moyen. En règle générale, la réduction des COV est un facteur souhaitable pour créer des environnements intérieurs plus sains.

Émanations de formaldéhyde

Le formaldéhyde est un gaz incolore dont les effets néfastes sur la santé sont connus. L'American Conference of Government Industrial Hygienists (ACGIH) l'a classé comme un « cancérogène probable». Les symptômes d'exposition sont, entre autres, la gorge sèche ou irritée, les écoulements du nez, les maux de tête, la fatigue, les problèmes de mémoire et de concentration, la nausée, les étourdissements, le manque de souffle et les yeux irrités ou brûlants. Le formaldéhyde est présent dans l'air lorsque des vapeurs se dégagent de matériaux de construction comme des adhésifs, des panneaux de particules, des tissus et des produits de nettoyage. Les concentrations de formaldéhyde dans l'air intérieur dépendent de l'âge de la source, du taux de renouvellement d'air dans le bâtiment, des températures intérieure et extérieure et de l'humidité.

Le formaldéhyde se trouve dans beaucoup de résines utilisées dans la fabrication de matériaux de construction comme les panneaux de particules, les contreplaqués pour usage intérieur et les adhésifs nécessaires pour l'installation. Pour minimiser les concentrations de formaldéhyde dans l'air intérieur, il faut réduire à la source et améliorer les méthodes de ventilation. Puisque le formaldéhyde est présent dans un grand nombre de matériaux de construction, la prescription de produits sans formaldéhyde aura un effet bénéfique sur la qualité de l'air intérieur. Les produits à base de phénol-formaldéhyde constituent une solution de rechange. Le phénol-formaldéhyde a une structure moléculaire plus stable que l'urée-formaldéhyde et ne réagit pas aux fluctuations de la température ambiante. Une autre possibilité est de prescrire l'enrobage de tous les matériaux de base contenant du formaldéhyde.

Traitements antimicrobiens et fongicides

La contamination microbienne et fongique de l'air intérieur est un problème qui peut avoir des répercussions sur la santé et le confort. Bien que quelques espèces seulement causent directement la maladie, une exposition chronique à la plupart des champignons peut entraîner des réactions allergiques ou de l'asthme.

Dans les années 1950, les niveaux microbiens dans l'air intérieur sont devenus préoccupants lorsque de nombreux cas de surinfection de patients se sont déclarés dans les hôpitaux. Depuis ce temps, les fabricants de produits comme les moquettes et les revêtements muraux ont commencé à incorporer des traitements anti-microbiens. Les fongicides sont un composant ordinaire des peintures, des composés prémélangés pour cloisons sèches et d'autres produits humides qui exigent une longue durée de conservation. Cependant, le contrôle de la prolifération microbienne dans un bâtiment peut créer une situation sans issue puisque nombre de traitements fongicides et antimicrobiens contiennent des produits chimiques qui augmentent les taux d'émissions de COV.

Dans un bâtiment, les problèmes de microbes et de champignons sont habituellement associés aux éléments mécaniques, mais un choix judicieux de produits permet de réduire le nombre de milieux de croissance des microbes et la quantité de produits chimiques. Les matériaux de construction peuvent être conçus de façon à éliminer naturellement la croissance de microbes sans ajout de produits chimiques à l'environnement intérieur. Il est possible de passer une commande spéciale pour une peinture sans fongicide et on peut prescrire dans le devis, l'utilisation de composés pour cloisons sèches mélangés sur place. Les matériaux en fibres naturelles s'adaptent mieux à la fluctuation des niveaux d'humidité et n'exigent pas, bien souvent, d'application topique d'un traitement antimicrobien.

Produits réutilisables

Beaucoup de matériaux sont réutilisables. La majorité des consommateurs sont conscients de cette possibilité, toutefois, il est important de mentionner des cas de réemploi moins évidents.

Dans son document intitulé Principes et lignes directrices sur les représentations concernant l'environnement sur les étiquettes et dans la publicité, Industrie Canada donne une définition du terme réutilisable. Pour qu'un produit soit réutilisable, l'utilisateur final doit pouvoir le réutiliser directement. Lorsque cette option n'est pas évidente, l'allégation doit mentionner comment le produit peut être réutilisé sans avoir à subir un nettoyage en profondeur ou une remise en état. Ce critère peut également être utilisé pour évaluer les matériaux d'emballage du produit. Par exemple, le mobilier peut souvent être expédié dans des couvertures réutilisables plutôt que dans des boîtes en carton ondulé dont la fabrication exige énormément de ressources naturelles.

Produits remis à neuf

Les produits remis à neuf peuvent être réemployés, habituellement après un bon nettoyage ou un reconditionnement. Au cours de la remise à neuf, le produit demeure la propriété du consommateur qui doit en payer les frais.

Le procédé de remise à neuf peut être effectué par le fabricant ou par des entreprises extérieures facilement accessibles. Toute l'information nécessaire concernant les procédés de remise à neuf doit être mise à la disposition du consommateur. La remise à neuf peut exiger une utilisation additionnelle d'énergie et produire des déchets. Cependant, dans la majorité des cas, l'incidence environnementale est beaucoup plus faible que pour la fabrication initiale.

Produits remanufacturés

Ce critère diffère de la remise à neuf du fait que la propriété du produit est transférée au fabricant d'origine ou à l'entreprise qui effectue le reconditionnement. Les produits classés dans cette catégorie sont conçus pour permettre une remise à neuf complète dans laquelle le produit est démonté et inspecté pièce par pièce pour qu'on puisse réparer ou remplacer les pièces défectueuses. Le produit est ainsi remis à un état neuf et peut être revendu par le fabricant.

Durabilité

Un produit durable nuit moins à l'environnement puisque les besoins d'entretien ou de remplacement sont réduits au minimum. Cela permet d'utiliser efficacement les ressources naturelles et de détourner des matériaux des sites d'enfouissement.

À l'heure actuelle, on mesure généralement la durabilité en fonction des garanties offertes par les fabricants qui sont souvent trop vagues pour être utilisées comme données de base à l'élaboration d'une définition de ce critère. On est en train de mettre au point des méthodes d'essai et des exigences de production de rapports normalisées de façon à fournir un mécanisme fiable d'évaluation des incidences environnementales. Toutefois, jusqu'à ce que ce cadre soit en place et accepté, les spécialistes du bâtiment ne peuvent qu'évaluer qualitativement la durabilité d'un produit.

L'entretien devrait être évalué de façon à assurer qu'un produit conserve son aspect initial et sa valeur fonctionnelle, et les garanties du fabricant peuvent être utilisées comme mesure marginale de la durabilité du produit. Les témoignages concernant un produit sont une autre source de renseignements pouvant servir à vérifier les allégations de durabilité. Bien que ce critère soit mesurable marginalement, il n'existe pas encore de mécanisme pour effectuer une analyse quantitative fiable.

2.3.4 Quatrième étape - Recyclage et réduction des déchets

Produits recyclables

L'utilisation de produits recyclables permet une utilisation efficace et effective des ressources naturelles. Les avantages du recyclage sont obtenus en détournant les matériaux du flux des déchets et en les acheminant vers une installation de recyclage.

Un produit recyclable peut être retransformé en un matériau neuf. Cependant, le fait qu'un matériau soit techniquement recyclable ou qu'il le soit dans l'avenir n'est pas suffisant pour le considérer comme recyclable. Les programmes et les installations de recyclage varient selon les régions et un produit ne peut être considéré recyclable que lorsque ces programmes et ces installations existent.

Dans les cas où des produits sont fabriqués à partir de plusieurs matériaux, ils doivent être conçus de façon à faciliter le recyclage par le démontage et l'identification des types de matériaux. Par exemple, les pièces en plastique devraient contenir des codes de tri du plastique. Il faudrait également joindre à ces produits des instructions expliquant la façon de démonter et de trier les différents éléments pour les incorporer aux systèmes de recyclage.

Réduction à la source

La réduction à la source est la non-utilisation d'un matériau donné; pour la fabrication d'un produit. La réduction à la source procure des avantages environnementaux considérables. Ces avantages se traduisent par des économies de ressources, la diminution des coûts de l'énergie nécessaire à l'exploitation, à la transformation, à l'élimination et à l'enfouissement.

Il est difficile de mesurer les avantages de la réduction des déchets à la source. À moins qu'il n'existe de données à cet effet avant l'application de mesures, ce principe est très difficile à mesurer puisqu'il peut être mis en oeuvre de différentes façons et qu'il n'existe pas de norme ou de mécanisme pour en rendre compte. La réduction des déchets à la source devrait être considérée la meilleure option par rapport aux autres critères, bien qu'on puisse difficilement l'évaluer.

Cependant, la réduction des déchets à la source peut être incorporée dans des projets de construction. Les architectes et les concepteurs peuvent réduire les déchets produits pendant des travaux en élaborant des plans d'étage d'après des matériaux de construction de dimensions courantes. On peut exiger des fournisseurs qu'ils réduisent les emballages au minimum. Des produits comme la peinture, le mastic de jointoiement et de calfeutrage peuvent être achetés en vrac. Les constructeurs peuvent facilement réemployer les retailles de bois pour le contreventement et l'étayage des coffrages à béton. Des travaux de démolition effectués avec soin permettent de réemployer les portes, les fenêtres, les baignoires et les moulures décoratives. Le mobilier intérieur peut également être restauré pour augmenter sa durée au-delà de la première utilisation. À la différence de beaucoup d'autres critères, la réduction des déchets à la source ne fait pas que diminuer les déchets et les autres impacts écologiques, elle permet de les éliminer.

Produits dégradables

Les produits dégradables se décomposent en matériaux qui ont des incidences environnementales minimes. La dégradation peut se produire dans l'air, sur la terre ou dans l'eau et s'effectue habituellement par biodégradation ou la photodégradation.

Quoiqu'un bon nombre de matériaux puissent éventuellement se dégrader, la méthode habituelle d'enfouissement empêche ce processus. Par l'élimination des matériaux dégradables dans des installations appropriées, on réduit l'impact environnemental en détournant ces déchets des sites d'enfouissement. Certaines installations commerciales de compostage acceptent des matériaux de construction et de finition intérieure. Une allégation relative à la dégradabilité d'un produit doit être corroborée par des preuves scientifiques sérieuses confirmant que la totalité du produit se décomposera complètement si on a recours à des méthodes de gestion appropriées.

Production des déchets

Un déchet est un produit qui est relâché dans l'air, dans l'eau ou sur le sol et qui n'a plus d'utilisation avantageuse ou de valeur commerciale. Une qualité intrinsèque du déchet est qu'il doit être éliminé.

L'industrie de la construction produit des déchets à tous les niveaux de la production, de l'utilisation et de l'élimination. Alors qu'il est possible de réduire au minimum les déchets provenant de certains produits grâce à des méthodes de réduction à la source, dans certains secteurs, d'autres types de produits créent des déchets de manière moins évidente pour les consommateurs et les spécialistes.

Les déchets produits lors de la fabrication sont difficiles à relier à un produit ou à un matériau. Bien que la réglementation actuelle vise à réduire la production de déchets, aucun cadre normalisé n'a encore été approuvé pour les méthodes non visées par les normes existantes. Cependant, certains fabricants ont pris des moyens pour réduire leur production de déchets. Dans la mesure du possible, les intervenants du secteur de la construction devraient remettre en cause certaines des méthodes de fabrication utilisées. Une façon d'encourager l'industrie à faire des efforts pour dépasser les normes adoptées serait de prescrire des produits qui ont été fabriqués suivant des procédés moins producteurs de déchets.

Les matériaux d'emballage sont également des déchets. Beaucoup de matériaux de construction sont expédiés dans un emballage minimal sur des palettes ou des plates-formes réemployables. D'autres produits, comme des appareils d'éclairage ou d'autres produits d'aménagement intérieur, sont souvent suremballés. On peut réduire les déchets d'emballage en exigeant que les fabricants récupèrent l'emballage des produits qui sont expédiés sur les chantiers de construction. En effet, en obligeant le fabricant à accepter la responsabilité des matériaux d'emballage qu'il utilise, on encourage la diminution et le réemploi de ces matériaux. Une collecte des matériaux sur le chantier même permet, bien souvent, de détourner beaucoup de ces matériaux du site d'enfouissement. Par exemple, les plates-formes et les palettes peuvent être réemployées et le carton ondulé peut être expédié à des installations de recyclage.