Réunion d’information technique sur la Stratégie nationale d’approvisionnement en matière de construction navale (le 16 janvier 2015)

Mesdames et messieurs,

Bonjour.

Le Contre-amiral Patrick Finn, Kevin McCoy et moi-même sommes heureux d’être ici aujourd’hui pour faire le point sur la mise en œuvre de la Stratégie nationale d’approvisionnement en matière de construction navale. Comme vous le savez, nous vous avons fourni des mises à jour régulières, à chacune des principales étapes du programme.

Aujourd’hui, nous avons le plaisir de vous informer que nous avons conclu une entente avec Irving Shipbuilding en ce qui concerne le contrat de construction des navires de patrouille extracôtiers de l’Arctique. C’est un jalon important. Ce matin, nous vous parlerons surtout du contrat de construction de ces navires.

Avant de parler de ces navires, permettez-moi de faire une brève présentation de certains des autres éléments du programme. Je commencerai par les transformations et les modernisations des chantiers navals. Celles-ci ont été remarquables.

Au cours des trois dernières années, Vancouver Shipyards et Irving Shipbuilding ont planifié, démoli, reconstruit et réorganisé leurs chantiers afin de pouvoir construire efficacement les grands navires du Canada.

Vancouver a terminé sa transformation de 170 millions de dollars, il y a quelques mois, en avance par rapport au calendrier. Irving achèvera sa modernisation de 340 millions de dollars cette année, dans les délais prévus. Il est important de rappeler que ces rénovations sont effectuées sans qu'il en coûte un sou au Canada.

Ces grandes reconfigurations devaient être achevées avant que toute activité de construction ait lieu; elles constituent une condition à la sélection des chantiers navals pour la construction des flottes du Canada, et l'état de préparation et l'achèvement seront vérifiés par First Marine International, notre expert indépendant en matière de construction navale.

Par conséquent, la construction des navires débutera cette année, tant pour le lot des navires de combat que pour le lot des navires non destinés au combat. En fait, la construction des deux composantes initiales des navires hauturiers de recherche sur les pêches de la Garde côtière canadienne a commencé en octobre dernier à Vancouver.

Nous allons de l'avant avec le contrat de construction des navires hauturiers de recherche sur les pêches et avec l'achat d'articles à long délai de livraison pour les navires de soutien interarmées.

Chacun des navires du programme de la Stratégie nationale d'approvisionnement en matière de construction navale passe par un processus fondé sur l'approche « concevoir puis construire » dont nous vous avons déjà parlé auparavant. Cette approche permet de faire des compromis pour ce qui est du coût du modèle, afin d'assurer l'abordabilité du projet et de respecter les exigences de la Marine et de la Garde côtière, notamment en matière de capacité.

Mais surtout, il est essentiel d'utiliser cette approche adéquatement pour aborder les questions de coût, de capacité et de calendrier qui semblent être posées le plus souvent en rapport avec les navires de patrouille extracôtiers de l'Arctique.

J'aborderai chacun de ces éléments relativement à la construction des navires de patrouille extracôtiers de l'Arctique. La conception initiale de ces navires a été fournie à Irving Shipbuilding en juin 2012. Depuis lors, le chantier naval a peaufiné la conception dans le cadre de nombreuses revues. Le chantier naval en est maintenant aux toutes dernières étapes du processus de conception et entame la transition vers l'état de préparation à la construction.

À mesure que les examens de conception-coût-capacité sont réalisés, les estimations des coûts de construction se précisent, jusqu'à l'établissement des coûts fondés. Ces derniers ne sont pas déterminés d'après les données repères provenant d'autres pays, des estimations informatiques ou des modèles paramétriques. Il s'agit d'un modèle d'établissement des coûts tenant compte des données directement liées au chantier naval, au navire et à ses capacités. Il comprend cinq éléments :

  1. Un modèle en trois dimensions permettant de comprendre parfaitement les éléments de conception et de construction – Kevin présentera un exemple de ce modèle dans son exposé;
  2. Une chaîne d'approvisionnement établie par le chantier naval où l'équipement important a été sélectionné dans le cadre de processus concurrentiels;
  3. Une conception ayant été examinée, scrutée, peaufinée et chiffrée en ce qui concerne la main-d'œuvre et les matériaux;
  4. Un certain nombre d'examens détaillés réalisés par le gouvernement du Canada et le chantier naval afin de s'assurer que les éléments de risque ont été définis, évalués et atténués;
  5. Enfin, un examen et une validation menés par un tiers indépendant, soit l'American Bureau of Shipping, y compris un examen des coûts.

L'approche de conception-construction adoptée comprend également la construction des premières sections des navires, appelées premiers blocs ou modules de production d'essai. Le chantier naval mettra à l'essai sa nouvelle infrastructure, son nouvel environnement et ses nouveaux processus de production au moyen de ces premiers blocs.

Pendant que les travaux de conception avançaient, nous avons négocié le contrat de construction. Au cours des 14 derniers mois, nous avons travaillé de concert avec Irving Shipbuilding à l'élaboration d'un contrat de construction novateur fondé sur des mesures d'encouragement. Nous avons commencé les négociations contractuelles selon une perspective de principes. Nous avons cerné les éléments de risque, notamment les passifs et les garanties, et avons discuté des façons de s'assurer de profiter au maximum des fonds alloués aux navires plutôt que de réserver des fonds pour les imprévus.

Ensuite, nous avons mis l'accent sur des négociations fondées sur les intérêts et la raison d'être de chacune des natures comptables. Le résultat final est dans l'intérêt supérieur des contribuables canadiens et du chantier naval, puisque les deux parties se concentreront sur la gestion efficace des contrats afin de permettre à l'État de réaliser des économies de coût, tout en veillant à ce que la Marine reçoive les navires dont elle a besoin.

Par exemple, il est dans l'intérêt supérieur d'Irving de maintenir les coûts au minimum en vue de recevoir plus de fonds, selon la structure de fonds d'encouragement que nous avons négociée.

Parallèlement à ces discussions, nous avons discuté des coûts et des profits, en mettant l'accent sur les compressions de coût et l'optimisation des ressources.

Le résultat est un contrat qui fournira à la Marine royale canadienne les navires dont elle a besoin, au meilleur rapport qualité-prix pour les Canadiens.

La conception du navire de patrouille extracôtier de l'Arctique est novatrice, et il s'agit d'une nouvelle catégorie de navires dont la construction se déroule dans un tout nouveau chantier. Ces facteurs s'accompagnent de risques.

Comme pour tout programme complexe, le défi consiste à trouver un bon équilibre entre le risque et la certitude à l'égard des coûts.

Le contrat conclu avec Irving Shipbuilding comprend six navires. Il est structuré de manière à permettre des mesures incitatives pour maintenir les coûts bas et livrer les six navires selon un prix plafond. Si les coûts augmentent en raison de facteurs imprévus, le contrat garantira la livraison de cinq navires selon le même prix plafond.

Cependant, la construction de cinq navires aura une incidence négative sur le chantier naval, car les mesures incitatives pour la construction de six navires se transformeront en facteurs de dissuasion si seulement cinq navires sont construits.

Le contrat de navires de patrouille extracôtiers de l'Arctique est un contrat à frais remboursables avec prime d'encouragement ou un contrat à frais remboursables. Ce genre de contrat comprend le partage des risques de certains éléments clés, comme les passifs et les garanties, pour le chantier naval ou l'État, selon la partie la mieux outillée pour gérer ces risques. Il comprend également des dépenses imprévues pour la fluctuation des taux de change, l'inflation et les frais de main-d'œuvre.

Le président d'Irving Shipbuilding, M. Kevin McCoy, parlera dans quelques minutes des mesures incitatives du contrat, de même que des stratégies que le chantier naval a mises en place concernant le nombre de navires à construire.

La valeur totale du contrat de construction est estimée à 2,3 milliards de dollars.

Le budget initial des navires de patrouille extracôtiers de l'Arctique de 3,1 milliards de dollars a été établi 2007. Il comprenait les coûts d'acquisition tels que la conception et la construction des navires, les coûts d'infrastructure (jetées), les pièces de rechange, la logistique, les activités et les dépenses imprévues du bureau de projet. Comme le vérificateur général l'a souligné dans son rapport, et comme que le gouvernement a reconnu, un certain nombre de facteurs, tels les taux du coût de la vie et les taux de change, auront des répercussions sur les budgets établis longtemps à l'avance. En règle générale, ces facteurs ont une incidence sur les montants mis de côté pour les dépenses imprévues. C'est le cas pour le projet des navires de patrouille extracôtiers de l'Arctique.

Par conséquent, le budget global du projet a récemment été augmenté, passant à 3,5 milliards de dollars afin de rétablir une réserve pour dépenses imprévues qui convient. Ces fonds supplémentaires proviennent de l'enveloppe selon la comptabilité d'exercice existante, et n'ont donc aucune incidence sur les autres acquisitions ou activités opérationnelles du ministère de Défense nationale.

Capacité

Même si une approche de type « conception-construction » comprenant plusieurs examens de conception permet de faire des compromis relativement aux coûts et à la capacité, aucune réduction importante n'a été relevée pendant le processus de conception. Permettez-moi de le répéter : aucune réduction importante de la capacité n'a été relevée pendant le processus de conception. L'amiral Finn donnera d'autres renseignements sur les problèmes de capacité dans un instant.

Calendrier

Lorsque le processus de sélection des chantiers navals a été réalisé en 2011, nous avons établi un calendrier afin de commencer la construction des navires en 2015. J'ai le plaisir de vous dire que la construction d'un premier bloc commencera cet été, et que la production entière débutera en septembre, comme prévu, suivant le processus de sélection des chantiers navals. S'ensuivra la livraison du premier navire de patrouille extracôtier de l'Arctique en 2018, puis d'un autre navire environ tous les neuf mois par la suite.

Je demanderais maintenant à l'amiral Finn de parler de la façon dont les navires de patrouille extracôtiers de l'Arctique répondent aux exigences de la Marine.

Pat Finn : Merci Tom. Grâce à sa conception, la nouvelle classe de navires, appelée classe Harry DeWolf, respectera les exigences des Forces armées canadiennes. Ces navires sont en mesure de fonctionner dans l'Arctique, assurent une plus vaste présence dans le Nord et fournissent une capacité opérationnelle se prolongeant plus tard dans la saison. La Stratégie nationale d'approvisionnement en matière de construction navale a facilité la mise en place d'une approche qui nous a permis de réaliser un examen de la conception rigoureux. Elle nous donne aussi un aperçu des répercussions des diverses exigences. Ces éléments ont donné lieu à quelques changements dans la conception des navires, sans dissiper la capacité majeure de ces derniers et sans nuire à la capacité de répondre à toutes les exigences opérationnelles.

Parmi ces changements, on compte l'allongement du navire pour le rendre plus simple à produire ainsi que la simplification de certains des systèmes de communication.

Grâce à notre approche de type « concevoir puis construire », nous avons révisé, peaufiné et amélioré la conception des navires de patrouille extracôtiers de l'Arctique en vue de parfaire tous les détails de production, de prendre en compte les risques éventuels et d'établir définitivement les coûts.

Nos estimations des coûts sont fondées sur des données réelles, des prix réels, et des soumissions réelles de l'industrie.

Le rapport du directeur parlementaire du budget a été fondé sur un modèle paramétrique du navire de patrouille extracôtier de l'Arctique qui utilise des paramètres techniques et des paramètres de rendement généraux tels que le déplacement et la vitesse comme principaux intrants.

La modélisation paramétrique est généralement utilisée aux toutes premières étapes d'un projet lorsque les détails des activités essentielles de la conception ne sont pas encore connus. Par conséquent, les modèles paramétriques font l'objet d'une marge d'incertitude considérable.

C'est pour ces raisons que nous sommes convaincus que six navires seront livrés, comparativement à l'estimation du directeur parlementaire du budget selon laquelle la probabilité d'obtenir six navires ne serait tout de même que de 50 % à la suite d'une hausse budgétaire.

Il importe de souligner, pour la population canadienne, que les navires de patrouille extracôtiers de l'Arctique permettront à la Marine de faire valoir et respecter la souveraineté dans les eaux canadiennes, y compris dans l'Arctique. Ces navires sont fondamentalement conçus pour répondre aux exigences des Forces armées canadiennes.

Je vais maintenant donner la parole à Kevin McCoy, qui parlera de mesures prises par le chantier naval qui orienteront la production ainsi que le nombre de navires.

Kevin McCoy : Dans le cadre de ce contrat, Irving prévoit construire six navires. Nous sommes fortement incités à atteindre ce nombre, et nous prévoyons livrer six navires pour la Marine royale canadienne.

Comme Tom l'a mentionné, il s'agit d'une nouvelle conception et classe de navire militaire dont la construction se fera dans un tout nouveau chantier naval. Ces conditions ne sont pas sans risques; la vie est ainsi faite.

Nous avons tenté de comprendre et de gérer ces risques, et de prévoir ce qui se produira s'ils se concrétisent.

Le contrat des navires de patrouille extracôtiers de l'Arctique est un contrat équilibré et équitable - des niveaux de risques appropriés sont assumés par toutes les parties.

Dans l'éventualité où les risques se concrétiseraient et entraîneraient une hausse des coûts, on a déjà convenu d'un mécanisme afin de traiter ces risques d'une façon simple et bien comprise.

Les programmes de construction navale les plus efficaces au monde sont ceux où la conception des navires est effectuée avant le début de la construction.

L'approche rigoureuse adoptée par le Canada pour concevoir le navire avant même de découper l'acier permet d'optimiser les gains d'efficacité liés à la production et d'atténuer le risque global du programme.

Le Canada et Irving collaborent étroitement afin d'éviter ces risques – le meilleur exemple le démontrant est l'approche « concevoir puis construire » adoptée. Permettez-moi de vous présenter quelques images illustrant le modèle 3D.

Le contrat est novateur, bien pensé, adéquat et équilibré. Il assure un partenariat et une collaboration efficaces entre le gouvernement du Canada et Irving Shipbuilding.

Il permettra également de créer des emplois. Nous estimons que plus de 1 000 emplois seront maintenus dans le chantier au plus fort de la construction. Des emplois seront également générés dans l'ensemble du Canada. Jusqu'à présent, même avant d'entreprendre la construction du navire de patrouille extracôtiers de l'Arctique, Irving Shipbuilding a conclu avec des fournisseurs des quatre coins du pays des contrats d'une valeur de 331 millions de dollars.

Tom Ring : Comme M. McCoy vient de le souligner, nous nous attendons à ce que le contrat à frais remboursables avec prime d'encouragement crée les incitatifs adéquats pour le chantier de construction des six navires de patrouille extracôtiers de l'Arctique.

En conclusion, les hommes et les femmes de la Marine royale canadienne et de la Garde côtière canadienne auront l'équipement dont ils ont besoin pour accomplir leur important travail.

Pour reprendre les propos du vérificateur général, la Stratégie nationale d'approvisionnement en matière de construction navale est bien gérée et aidera le gouvernement à acquérir des navires « en temps opportun et de manière abordable ».

De plus, l'économie canadienne profite et continuera de profiter de cette stratégie. Ce programme d'une durée de 30 ans créera environ 15 000 emplois à l'échelle du Canada et générera plus de 2 milliards de dollars par année en retombées économiques.

Jusqu'à présent, 197 entreprises canadiennes ont déjà profité des travaux réalisés dans le cadre de la Stratégie nationale d'approvisionnement en matière de construction navale.

Nous sommes maintenant prêts à répondre à vos questions.