Les vitraux de la Chambre des communes traversent une crise de la quarantaine
Avril 2013
À la mention du mot « vitraux
», il est probable que des images de cathédrales médiévales vous viennent en tête. Pourtant, certains des vitraux les plus spectaculaires au Canada occupent un emplacement plus moderne, à savoir la Chambre des communes dans l'édifice historique du Centre, sur la Colline du Parlement.
D'abord conçue comme un projet visant à commémorer le centenaire du Canada, l'installation des vitraux se justifie à la fois par des raisons démocratiques et par le caractère pratique de ceux-ci. Les 12 vitraux, finement décorés des emblèmes floraux des provinces et des territoires, représentent de manière symbolique la présence de chacun d'eux à la Chambre des communes. En pratique, les vitraux permettaient de régler un problème dont les membres de l'Opposition se plaignaient depuis longtemps : la lumière les aveuglait. Le verre cathédrale original teinté de bronze ne suffisait pas à protéger leurs yeux de la lumière du soleil couchant et il était question de le remplacer depuis un bon moment.
Les vitraux ont été conçus et créés par l'ancienne sculpteure du Dominion, Eleanor Milne, en collaboration avec le coloriste expert Russell Goodman. Une fois que les dessins, d'une dimension de près de 10 m, ont été élaborés par Mme Milne, le verre a été coupé et déposé comme un casse-tête sur la table de la salle à manger de M. Goodman. Ce dernier a assemblé avec minutie environ 2 000 pièces de verre par fenêtre en vue de recréer la vision de Mme Milne pour ce qui est des fleurs, des fougères et de l'aspect audacieux des armoiries des provinces et des territoires.
Pour déterminer la position de chaque vitrail dans la Chambre des communes, Mme Milne a suivi le soleil. « Elle a placé les vitraux des provinces de l'Est, c'est-à-dire Terre-Neuve, l'Île-du-Prince-Édouard, la Nouvelle-Écosse, le Nouveau-Brunswick et le Québec, du côté est de la Chambre des communes, où la lumière froide évoque l'ambiance grise et brumeuse de l'Atlantique
», souligne Jacqueline Hucker, historienne en architecture. « Pour accentuer cet effet, des couleurs froides ont été utilisées pour tous les vitraux de ce côté de la Chambre des communes. En revanche, les vitraux représentant l'Ontario, le Manitoba, la Saskatchewan et l'Alberta, du côté ouest de la Chambre des communes, sont conçus avec des couleurs chaudes, faisant penser aux graminées de couleur beige que l'on retrouve en saison chaude dans l'ensemble du paysage. Pour le vitrail de la Colombie-Britannique, elle a intégré un bleu clair rappelant celui de l'océan Pacifique.
»
Comme il se doit, les vitraux représentant le Yukon et les Territoires du Nord-Ouest ont été installés à l'extrémité nord de la Chambre des communes. Au lieu des différents types de fougère ornant les 11 autres vitraux, le saule de l'Arctique met en évidence le vitrail des Territoires du Nord-Ouest.
Malheureusement, l'élégance de la conception artistique des vitraux n'a pas été accompagnée de solides éléments structuraux. Par conséquent, les vitraux – installés entre 1971 et 1974 – traversent en quelque sorte une crise de la quarantaine.
« Bien que les vitraux eux-mêmes soient bien construits, il y déjà eu des problèmes avec leur support structural
», explique Isabelle Deslandes, directrice, Gestion de portefeuille et de projet, Travaux publics et Services gouvernementaux Canada (TPSGC). « Ainsi, certains vitraux sont déformés et plusieurs barres de soutien n'accomplissent plus leur travail.
»
En sa qualité de gardien des édifices du Parlement, TPSGC, en collaboration avec la Chambre des communes, se penche sur les moyens de faire en sorte que ces vitraux puissent être témoins de plusieurs autres célébrations du centenaire.
« Je crois que quiconque visite la Chambre des communes sera en admiration devant la beauté de ces vitraux et ressentira de la fierté à la vue de celui représentant sa province ou son territoire
», déclare Mme Deslandes. « Comme il n'existe aucun autre vitrail de ce genre au Canada, TPSGC est pleinement conscient de l'importance de ce projet de restauration.
»
En juillet 2012, un panneau du vitrail des Territoires du Nord-Ouest a été retiré avec précaution à titre d'essai. Une fois celui-ci déposé, afin de créer le modèle qui sera utilisé pour réassembler les pièces de verre lors de la restauration, des estampages ont été réalisés en plaçant du papier parchemin sur chaque section du panneau, puis en traçant les lignes principales à mains nues ou avec un petit morceau de plomb enroulé dans du papier graphite. Des mesures précises ont été prises et on a consigné les fissures et les défauts. Le panneau d'essai est entreposé en vue des travaux de restauration futurs, mais le fait de l'avoir enlevé contribuera à déterminer la façon dont on traitera l'ensemble des 12 vitraux.
Pour commencer, deux vitraux qui nécessitent une attention immédiate, soit celui du Manitoba et celui des Territoires du Nord-Ouest, seront retirés au cours du congé de l'été 2013 de la Chambre des communes.
« Des fenêtres temporaires, revêtues d'une pellicule stratifiée sur laquelle seront imprimées des images représentant les motifs des vitraux originaux, seront installées à leur place. L'entrepreneur choisi pour exécuter les travaux réparera la maçonnerie et modifiera le vitrage extérieur de toutes les fenêtres, car celui-ci pose problème en raison de l'accumulation de chaleur
», déclare Mme Deslandes. « Il faudra de deux à trois semaines pour enlever, avec grand soin, chaque vitrail.
»
TPSGC continuera de surveiller ces joyaux de notre pays, afin de déterminer si d'autres vitraux doivent être retirés avant le début des grands travaux de réhabilitation de l'édifice du Centre. Les vitraux enlevés avant ces travaux seront entreposés de façon sécuritaire, puis restaurés au cours de la réhabilitation majeure de l'édifice.
Voir les images des vitraux de la Chambre des communes.
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