Le Quotidien. Le vendredi 24 août 2001

Différences de productivité entre les provinces

Au cours de la période de 1996-1997, l'Alberta a été en tête du secteur canadien des entreprises pour ce qui est de la productivité, ayant eu un produit intérieur brut (PIB) moyen par emploi de 66 000 $. Ce chiffre était supérieur de 10 000 $ à celui de l'Ontario, qui occupait le deuxième rang. Ces résultats, tirés d'une nouvelle base de données sur la productivité des provinces, font partie d'une étude menée par Statistique Canada sur les différences de productivité du travail entre les provinces, publiée dans le numéro du mois d'août de L'Observateur économique canadien.

Selon l'étude, la Saskatchewan (54 000 $), le Québec (52 000 $) et la Colombie-Britannique (51 000 $) occupaient, respectivement, les troisième, quatrième et cinquième rangs. Le Manitoba (44 000 $) et les provinces de l'Atlantique (42 000 $) avaient le PIB par emploi le moins élevé; leur productivité moyenne ne représentait que les deux tiers de celle de l'Alberta.

Les différences de productivité du travail reflètent non seulement une variation de l'efficacité du travail, mais également des différences de disponibilité du capital par emploi, un résultat de l'accumulation du capital.

Note aux lecteurs Le présent communiqué se fonde sur une étude comparative de la productivité du travail d'une province à l'autre. On cherche à déterminer dans quelle mesure les différences sont attribuables aux effets de composition industrielle. Plusieurs facteurs contribuent aux différences de productivité entre les provinces et cette étude s'intéresse au plus important d'entre eux, soit la composition industrielle des activités de production dans tout le pays. Les autres facteurs déterminants sont les différences cycliques et les barrières à la mobilité du travail et du capital. L'étude fait appel à une nouvelle base de données sur la productivité provinciale constituée de 243 branches d'activité du secteur canadien des entreprises pour la moyenne des années 1996 et 1997. Les provinces de l'Atlantique ont été regroupées par souci de protection de la confidentialité des données. Dans le présent communiqué, la productivité du travail se définit comme le PIB par emploi en prix courants. Les différences de productivité du travail reflètent un éventail de facteurs, depuis la variation de l'intensité en capital jusqu'à celle de l'efficacité. L'étude porte sur neuf secteurs: l'agriculture, la pêche et le piégeage; les ressources naturelles (l'abattage et l'exploitation forestière, l'extraction minière, le pétrole et le gaz); la fabrication de base (les produits électroniques, la machinerie, les produits pharmaceutiques, les produits chimiques et le pétrole raffiné); la fabrication secondaire (la première transformation des métaux, les transports, le caoutchouc, les matières plastiques, les métaux ouvrés et les minéraux non métalliques); la fabrication autre (le tabac, le papier, les boissons, les textiles, l'impression, le bois, le textile autre, les meubles, les vêtements et le cuir); la construction; les secteurs de services à rémunération forte (le commerce de gros, l'entreposage, les services publics, les finances et le transport par pipeline), à rémunération moyenne (les transports, les services aux entreprises et les communications) et à rémunération faible (l'hébergement et la restauration, les services de commerce de détail et autres). La fabrication de base comprend des branches très dynamiques qui produisent des nouveautés ou de nouvelles technologies à leur propre usage ou à celui d'autres secteurs. La fabrication secondaire innove moins, utilisant des technologies produites par d'autres secteurs tout en innovant au profit d'autres branches d'activité. La fabrication autre absorbe surtout des technologies et des nouveautés produites par les secteurs de la fabrication de base et de la fabrication secondaire. On utilise les gains moyens, ou les salaires, les traitements et les revenus supplémentaires du travail, divisés par l'emploi, afin de classer les secteurs de services en trois catégories: à rémunération forte, à rémunération moyenne et à rémunération faible.

Le PIB provincial par emploi a différé considérablement d'une branche d'activité à l'autre. Dans les provinces de l'Atlantique, le secteur le plus performant a été celui des services à rémunération forte, suivi de près de celui des ressources naturelles. Au Québec, le secteur des services à rémunération forte a occupé le deuxième rang, juste derrière celui de la fabrication secondaire. De l'Ontario vers l'ouest, le secteur des ressources naturelles a été le plus performant, suivi généralement du secteur des services à rémunération forte. L'écart de productivité entre les deux secteurs les plus performants a été de 4 000 $ environ dans les provinces de l'Atlantique et au Québec, mais il a varié entre 20 000 $ en Ontario et 275 000 $ en Saskatchewan.

La productivité sectorielle a varié appréciablement d'une province à l'autre, mais l'Alberta a occupé une position prédominante dans les secteurs les plus novateurs, par exemple celui des services à rémunération forte et celui de la fabrication. L'Alberta et l'Ontario ont mené le secteur des services à rémunération forte, leurs PIB par emploi ayant été de près de 100 000 $, comparativement à 87 000 $ au Québec, qui occupait le deuxième rang. L'Alberta a été aussi la province la plus performante dans le secteur de la fabrication de base (113 000 $), suivie du Québec et de l'Ontario (80 000 $ environ). L'Alberta occupait le troisième rang dans le secteur de la fabrication secondaire et l'Ontario et le Québec, les premier et deuxième rangs. La Saskatchewan (360 000 $ de PIB par emploi) a été la province la plus performante dans le secteur des ressources naturelles, suivie de l'Alberta (290 000 $). Une bonne partie de cette performance, toutefois, a été le résultat de la grande intensité en capital de ce secteur.

Importance de la composition industrielle

Les différences de productivité entre les provinces dans le secteur global des entreprises reflètent à la fois des écarts de composition et des variations d'efficience d'une branche d'activité à l'autre. Les provinces dont une part appréciable de la main-d'oeuvre fait partie de secteurs à faible productivité suivent forcément celles dont les travailleurs ont tendance à oeuvrer dans des secteurs à forte productivité comme résultantes de la composition. En effet, dans la mesure où le travail et le capital sont mobiles entre les différentes provinces, on devrait s'attendre à ce que virtuellement toutes les différences reflètent des effets de composition.

Les différences d'efficience au niveau de la branche d'activité ont été plus importantes que la composition en ce qui concerne les écarts entre toutes les provinces sauf la Colombie-Britannique et la Saskatchewan. L'Alberta a été la seule province à comporter à la fois une composition favorable et une efficience plus élevée que l'Ontario. L'efficience légèrement plus élevée de la Saskatchewan comparativement à l'Ontario a été plus que neutralisée par une composition défavorable. Les provinces de l'Atlantique et le Manitoba ont manifesté un important écart d'efficience par rapport à l'Ontario.

Compte tenu des différences de structure industrielle, la position prédominante de l'Alberta pour ce qui est de la productivité relativement à l'Ontario est restée inchangée dans le secteur des services à rémunération forte et dans celui de la fabrication de base et s'est même améliorée dans celui des ressources naturelles, où l'écart provincial a été le plus prononcé.

Compte tenu de la composition, la productivité du Québec a été inférieure à celle de l'Ontario dans la plupart des secteurs, mais surtout dans celui des services à rémunération forte. Puisque aucun autre secteur ne comporte assez d'avantages pour neutraliser cette situation, la productivité globale du Québec a été inférieure à celle de l'Ontario de 3 300 $. La situation de la Colombie-Britannique est semblable, sauf que l'écart pour ce qui est de la productivité globale a été la moitié environ de celui du Québec (1 800 $), en raison principalement d'un meilleur rendement dans le secteur des services. Les provinces de l'Atlantique ont affiché l'écart de productivité le plus élevé (10 000 $ environ), surtout en raison de faiblesses dans le secteur des services à rémunération forte et dans celui de la fabrication secondaire.

Les données sur l'emploi provincial pour 1996 et 1997, qui sont cohérentes avec les tableaux d'entrées-sorties, sont maintenant disponibles sur demande. Il suffit d'envoyer un message à l'adresse suivante: productivite.mesures@statcan.ca.

Pour plus de renseignements ou pour en savoir davantage sur les concepts, les méthodes et la qualité des données, communiquez avec John R. Baldwin au (613) 951-8588 (baldjoh@statcan.ca) ou avec Tarek M. Harchaoui au (613) 951-9856 (harctar@statcan.ca), Division de l'analyse micro-économique. Télécopieur: (613) 951-5403.

Productivité des provinces selon la branche d'activité