Le Quotidien. Le vendredi 30 novembre 2001

Produit intérieur brut réel par industrie

L'économie a subi en septembre l'une de ses plus fortes baisses mensuelles depuis la récession du début des années 1980. Le produit intérieur brut (PIB) a chuté de 0,8 %, ajoutant une pression à la baisse supplémentaire à une économie déjà hésitante et marquant le huitième mois sans croissance économique au cours des 12 derniers mois.

Les événements du 11 septembre et les arrêts d'exploitation planifiés ont exacerbé une faiblesse économique déjà manifeste. Bien que le secteur des biens ait reculé davantage que le secteur des services, ce n'était que la deuxième fois au cours des 12 derniers mois que ce dernier accusait une baisse. Le repli marqué de la production manufacturière a été largement attribuable à la réduction de la fabrication de produits automobiles, d'ordinateurs et de matériel électronique. L'effet des attaques terroristes survenues aux États-Unis s'est fait lourdement sentir sur les secteurs liés aux voyages, notamment le transport aérien et le secteur hôtelier. Le commerce de détail et le commerce de gros ont tous deux fléchi en septembre et des reculs appréciables ont été observés dans les secteurs des services publics, de l'extraction minière et des services aux entreprises.

Le déclin du secteur de la fabrication s'est poursuivi

La production manufacturière a diminué de 2,1 % en septembre. Il s'agit de la baisse mensuelle la plus importante depuis la tempête de verglas de janvier 1998 qui avait fait des ravages chez les fabricants du centre et de l'est du Canada. En septembre, la production manufacturière était de 7,1 % inférieure au niveau enregistré en septembre 2000. La faiblesse du secteur de la fabrication s'est fait sentir dans presque toutes les industries, 18 des 21 grands groupes de la fabrication, à l'origine de plus des trois quarts de la production totale, ayant accusé un recul.

Le montage de véhicules automobiles a chuté de 6,6 % en septembre. Il s'agit d'un huitième recul en 12 mois. La production de pièces d'automobiles a également diminué (-3,2 %). Ces deux industries ont subi les conséquences des retards des passages frontaliers et de la contraction persistante de la demande internationale et intérieure, les ventes de nouveaux véhicules automobiles ayant diminué de part et d'autre de la frontière. La fabrication de camions lourds a repris une partie du terrain perdu en août. Cependant, la production est restée de 20,8 % inférieure à ce qu'elle était en septembre 2000.

Note aux lecteurs Le produit intérieur brut d'une industrie est la valeur ajoutée par la main-d'oeuvre et le capital dans la transformation d'intrants achetés auprès d'autres producteurs en produits et services. Les estimations fournies ici sont désaisonnalisées au taux annuel et sont évaluées aux prix de 1997.

Le secteur du matériel informatique et électronique a réduit sa production de 7,6 % en septembre, les fabricants d'ordinateurs, d'appareils de téléphone et de semi-conducteurs ayant continué de restreindre leurs activités. Le niveau de production de ce secteur a diminué de 50,1 % par rapport au sommet atteint en août 2000, la faiblesse des investissements internationaux en équipements ayant continué de faire du tort à ce secteur d'activité. La production de fils et de câbles de communication et d'alimentation s'est également contractée.

En septembre, la fabrication de produits chimiques a fléchi de 2,4 %. Il s'agit d'une quatrième baisse en six mois. Le secteur des produits pétrochimiques a été à l'origine d'une grande partie de ce déclin, la production s'étant affaissée de 20 % en raison des arrêts d'exploitation pour fins d'entretien effectués à diverses installations d'envergure. L'industrie des pesticides et des fertilisants a accusé une baisse de 6,4 % au chapitre de la production, la faiblesse des récoltes ayant fait diminuer la demande agricole pour ces produits. En septembre, la production de pétrole et de charbon a chuté fortement de 10,7 %, en raison des arrêts d'exploitation pour fins d'entretien survenus dans ce secteur.

Le secteur des pâtes et papier a poursuivi sa tendance à la baisse, la production ayant reculé de 2,0 % en septembre. Il s'agit d'un neuvième repli mensuel au cours des 12 derniers mois. La réduction de la production de pâte de 1,7 % a été attribuable à la fragilité du marché mondial de la pâte, laquelle a provoqué des arrêts prolongés d'exploitation. Les usines de papier ont accusé une baisse de production de 2,7 % en raison d'arrêts d'exploitation partiels et complets dans diverses usines, ce secteur s'étant employé à liquider les stocks excédentaires.

Les seules industries manufacturières ayant affiché une croissance en septembre sont celles des métaux de première transformation, des produits alimentaires et des produits en bois. La production de métaux de première transformation a effacé une partie des pertes essuyées en août en raison des arrêts d'exploitation pour fins d'entretien et de problèmes d'approvisionnement énergétique.

Les secteurs liés au voyage ont été durement frappés par les attaques terroristes survenues aux États-Unis

Diverses branches associées au secteur touristique ont connu un repli marqué en septembre. Le transport aérien a été particulièrement touché, compte tenu de la fermeture des aéroports pendant la semaine des attaques terroristes du 11 septembre. Les activités se sont effondrées de 19,1 % en septembre. Il s'agit de la baisse mensuelle la plus importante enregistrée par ce secteur depuis plus de 25 ans. En outre, les compagnies aériennes ont dû réduire considérablement le nombre de vols, la demande de voyages aériens ayant chuté dans la foulée des attaques.

Le secteur de l'hébergement a également subi les contrecoups de ces événements comme en témoigne le fléchissement des activités de 10,9 %, soit la plus forte baisse mensuelle jamais enregistrée. En septembre, les hôtels ont fait face à un nombre d'annulations sans précédent. Les agences de voyage et de tourisme ont affiché une réduction notable de leurs activités, en baisse de 12,6 %. Le nombre de visiteurs américains au Canada a chuté de 26,6 % en septembre, ce qui a durement frappé les établissements de jeux de hasard puisque les casinos situés près de la frontière des États-Unis sont largement tributaires du tourisme américain. Le secteur de la restauration s'est un peu mieux tiré d'affaire, ses activités ne s'étant repliées que de 1,3 %. Des baisses d'activité ont également été observées dans les services de location d'automobiles, les services de taxi et de limousine et dans le secteur des randonnées d'agrément et des visites touristiques.

Seules quelques branches d'activité liées au tourisme ont progressé en septembre. Le transport ferroviaire a tiré parti de la montée en flèche du nombre de voyageurs optant pour le train. Le secteur du transport urbain a connu une forte hausse d'activité, à la suite du règlement des grèves au cours des derniers mois.

Baisse de l'activité dans le commerce de détail et le commerce de gros

Les ventes au détail ont chuté de 2,3 % en septembre, les consommateurs ayant restreint tous leurs achats d'une gamme de produits allant des chemises aux voitures. Il s'agit de la baisse mensuelle la plus marquée depuis la tempête de verglas de janvier 1998 qui avait ébranlé l'économie du centre et de l'est du Canada. Le fléchissement important des ventes de nouvelles automobiles et de nouveaux camions a eu une incidence considérable sur la baisse d'activité dans ce secteur. Cependant, toutes les branches du commerce de détail ont subi une diminution des ventes, l'affaiblissement de la confiance des consommateurs ayant réduit l'achalandage.

Les ventes en gros se sont contractées de 1,4 %, toutes les branches du secteur, à l'exception de la distribution de boissons, ayant déclaré des baisses d'activité. Le commerce de gros de machines a été à l'origine d'une forte proportion du déclin observé en septembre, les activités ayant reculé pour une cinquième fois au cours des six derniers mois. Les ventes en gros de produits automobiles, qui avaient enregistré une certaine croissance en août, ont également contribué au recul accusé en septembre.

L'exploration minière a chuté en raison de la baisse persistante des cours du pétrole et du gaz

La production minière a diminué de 1,8 % en septembre, en raison des effets négatifs de la baisse des prix du pétrole et du gaz sur la demande d'exploration. Les activités de forage et de montage ont dégringolé de 6,2 %. Il s'agit d'une troisième baisse depuis le dernier sommet atteint en avril. La production de pétrole et la production de gaz se sont contractées en septembre. L'exploitation minière de minéraux non métalliques a fléchi après avoir enregistré une forte croissance en août. Le secteur des mines métalliques a partiellement compensé ces baisses, grâce à une production accrue d'or, de nickel, de cuivre et d'uranium.

Reprise des travaux de génie

Les travaux de génie et de réparation sont les seules branches du secteur de la construction ayant affiché une croissance en septembre. Les activités se sont intensifiées de 0,6 % après quatre mois consécutifs de replis. La construction résidentielle est restée inchangée après avoir fortement augmenté en août. La construction non résidentielle a légèrement fléchi en septembre. Il s'agit de la première baisse enregistrée en quatre mois.

Autres branches d'activité

La production d'électricité a chuté de 2,8 % en septembre, soit la quatrième diminution enregistrée au cours des cinq derniers mois. La baisse des niveaux d'eau et la contraction de la demande intérieure et internationale ont eu une incidence négative sur la production d'électricité. Les services aux entreprises ont reculé de 0,8 %, la plupart des services professionnels, exception faite des services juridiques, ayant enregistré des baisses en septembre. Le secteur de l'information et de la culture a affiché une croissance de 0,9 % attribuable à la progression des ventes des services de télécommunications, de la radiodiffusion et de la télévision, de l'édition de logiciels et de la production cinématographique.

Profil d'activité du troisième trimestre

La croissance du trimestre allant de juillet à septembre a été la plus faible progression enregistrée depuis le premier trimestre de 1991. La baisse du PIB a été attribuable au secteur des biens, le secteur des services ayant continué de croître à un rythme soutenu. La production industrielle s'est repliée de 2,3 %, principalement en raison de la léthargie persistante du secteur de la fabrication.

Un ralentissement marqué a été observé dans le secteur de l'exploitation minière et de l'extraction de pétrole et de gaz (-2,4 %). La baisse des prix des marchandises a également eu une incidence sur la demande d'exploration. La diminution des niveaux d'eau de même que l'affaiblissement de la demande intérieure et de la demande américaine ont réduit la production d'électricité, ce qui s'est répercuté sur les services publics (-3,0 %). La sécheresse qui a frappé l'ensemble du pays l'été dernier a restreint les récoltes, alors qu'un différend commercial a fait fléchir les activités d'exploitation forestière, de sorte que la croissance trimestrielle du secteur agricole et forestier (-3,7 %) a atteint sa plus faible valeur depuis le premier trimestre de 1988.

Le secteur de la fabrication a enregistré un déclin de 2,1 % au troisième trimestre. La faiblesse des industries des ordinateurs et des produits électroniques, du matériel de transport, du bois et du papier a été à l'origine du recul global du secteur. La réduction de la production d'ordinateurs et de produits électroniques (-13,8 %) s'est poursuivie, en raison d'un dégonflement persistant de la demande intérieure et étrangère, ce qui s'est traduit par des défalcations des stocks et par des mises à pied. Le ralentissement des ventes d'automobiles aux États-Unis et au Canada a suscité une diminution de la production de matériel de transport (-1,5 %). Des retards aux frontières de même que des problèmes d'approvisionnement en pièces ont exacerbé ce relâchement en septembre.

Une demande léthargique ainsi que l'incertitude entourant les exportations ont eu des conséquences négatives sur le secteur de la production de bois (-1,5 %), lequel avait connu un deuxième trimestre marqué par la stagnation. Globalement, 14 des 21 grands groupes du secteur de la fabrication, à l'origine de 75,9 % de la production manufacturière totale, ont déclaré une baisse de la production.

Toutefois, les usines de textile ont affiché une hausse vigoureuse de leur production (+2,3 %), après avoir accusé trois baisses trimestrielles. L'augmentation de la production en juillet et en août a fait grimper de 1,5 % l'industrie des produits du pétrole et du charbon au cours du trimestre, malgré un repli de 10,7 % en septembre, ce dernier étant essentiellement attribuable à des arrêts planifiés d'exploitation pour fins d'entretien.

Le commerce de détail a chuté de 0,9 %, sa plus forte baisse depuis le premier trimestre de 1997. Ce déclin a été principalement attribuable au ralentissement des ventes d'automobiles et de camions de même qu'à la diminution de l'achalandage des stations-service et des magasins de vêtements.

Le transport a reculé pour un quatrième trimestre consécutif. Si le transport routier a accusé les plus fortes baisses, en raison de la faiblesse du secteur de la fabrication, le repli soudain du transport aérien au troisième trimestre s'est produit exclusivement en septembre.

Grâce aux fournisseurs de services de télécommunications principalement, le secteur des services d'information et des services culturels a poursuivi sa tendance à la hausse. Après deux trimestres marqués par une croissance vigoureuse, les services immobiliers n'ont augmenté, au troisième trimestre, que de 0,9 % et ce, en raison d'une forte baisse de 2,9 % de l'activité observée en septembre.

Données stockées dans CANSIM: tableaux 3790017 à 3790022.

Le numéro de septembre 2001 de la publication Produit intérieur brut par industrie (15-001-XIF, 11 $ / 110 $) paraîtra en décembre. Une version imprimée est également disponible sur demande à un coût différent.

Pour obtenir des données, communiquez avec Yolande Chantigny en composant sans frais le 1 800 887-IMAD (IMAD@statcan.ca). Pour des renseignements analytiques ou pour en savoir davantage sur les concepts, les méthodes et la qualité des données, communiquez avec Hans Messinger au (613) 951-3621 (hans.messinger@statcan.ca) ou avec Jo Ann MacMillan au (613) 951-7248 (joann.macmillan@statcan.ca), Division des mesures et de l'analyse des industries.

Produit intérieur brut par industrie aux prix de base en dollars constants de 1997