Le Quotidien. Le vendredi 21 décembre 2001

Productivité du travail, rémunération horaire et coût unitaire de main-d'oeuvre

Devant la persistance de la mauvaise conjoncture économique, la productivité du travail dans le secteur des entreprises a augmenté de 0,8 % au troisième trimestre par rapport au deuxième trimestre. Cette augmentation trimestrielle de productivité est supérieure au taux de 0,3 % enregistré au deuxième trimestre.

À court terme, la croissance de la productivité adopte un comportement pro-cyclique. Durant la période de ralentissement économique, elle croît normalement à un rythme plus lent ou bien diminue parfois. Au début d'un ralentissement de l'activité économique, la production baisse souvent plus rapidement que la main-d'oeuvre puisque les entreprises accusent un retard d'ajustement de leur personnel au ralentissement de la demande. En effet, le taux de croissance trimestriel de la productivité était négatif durant le quatrième trimestre de 2000 et le premier trimestre de 2001. Cependant, depuis le deuxième trimestre de 2001, les entreprises ont ajusté leurs besoins en main-d'oeuvre à la baisse de la demande et la croissance de la productivité s'est ainsi redressée.

La productivité du travail augmente lorsque la valeur ajoutée s'accroît plus rapidement que les heures travaillées. Une hausse de la productivité du travail provient fréquemment de l'ajout de machines et d'équipements par travailleur.

La hausse trimestrielle de la productivité est le résultat de la contraction de la production et d'une réduction plus prononcée des heures travaillées

La production a baissé de 0,4 % au troisième trimestre, à la suite d'une baisse des dépenses des consommateurs et des exportations. Parallèlement, les heures travaillées consacrées à la production dans le secteur des entreprises ont subi un recul de 1,3 % au troisième trimestre, résultat d'une première baisse trimestrielle de l'emploi (-0,8 %) depuis le troisième trimestre de 1992.

Note aux lecteurs Dans le présent communiqué, l'utilisation du terme «productivité» fait référence à la mesure de la productivité du travail. Les mesures trimestrielles de la productivité devraient servir à l'analyse de la relation à court terme entre les variations dans la production, l'emploi, la rémunération et le nombre d'heures travaillées. Le présent communiqué incorpore le changement de traitement des dépenses de logiciels des entreprises sur l'ensemble des séries trimestrielles de la productivité depuis 1987. Les données repères sur la valeur ajoutée par industrie des tableaux entrées-sorties sont maintenant ajustées pour refléter ce changement. En tenant compte de ce changement, le Canada s'aligne sur les États-Unis, ce qui améliore la comparabilité de cette mesure de la productivité avec celle publiée par le Bureau of Labor Statistics des États-Unis. Pour plus de détails, une note technique au sujet des estimations trimestrielles de la productivité du travail est disponible sur demande. Pour en obtenir une copie, envoyer un message à l'adresse suivante: productivite.mesures@statcan.ca. Définitions La productivité du travail est évaluée comme le rapport de la production au facteur main-d'oeuvre (heures travaillées). Les estimations trimestrielles de la productivité sont construites à partir des indices en chaîne de type Fisher du produit intérieur brut (PIB), ou de la valeur ajoutée, du secteur des entreprises. La performance de l'économie mesurée par la productivité du travail doit être interprétée avec prudence, puisque ces estimations reflètent les variations d'autres facteurs de production en plus de la croissance de l'efficacité des processus de production. La rémunération pour tous les emplois incorpore tous les paiements en espèces ou en nature versés par les producteurs canadiens aux travailleurs en compensation de leurs services rendus. Cela inclut les salaires et traitements et le revenu supplémentaire des travailleurs rémunérés, ainsi qu'un revenu implicite du travail dans le cas des travailleurs autonomes. Le coût unitaire de main-d'oeuvre représente le coût du travail par unité de production. Il est calculé comme étant le rapport de la rémunération du travail à la valeur ajoutée réelle. Il correspond également au ratio de la rémunération par heure travaillée et de la productivité du travail. Le coût unitaire de main-d'oeuvre augmentera lorsque la rémunération horaire s'accroîtra plus rapidement que la productivité du travail.

Au troisième trimestre de 2001, la croissance de la production et des heures travaillées a continué d'être négative, comme elle l'a été au deuxième trimestre. La baisse de la production au troisième trimestre dans le secteur des entreprises a été la plus importante depuis le premier trimestre de 1992 (-0,5 %), tandis que celle des heures travaillées a été la plus élevée depuis le déclin de 0,6 % observé au premier trimestre de 1995.

La croissance annuelle de la productivité est survenue à la suite de la stagnation de la production conjuguée à la baisse des heures travaillées

D'une année à l'autre, la croissance de la productivité des entreprises canadiennes s'est accrue d'à peine 0,3 % au troisième trimestre comparativement au troisième trimestre de 2000. Il s'agit d'un taux identique à celui enregistré au deuxième trimestre. Ce taux est largement inférieur au taux annuel moyen de 1,7 % enregistré durant la période allant de 1995 à 2000.

Cette augmentation d'une année à l'autre de la productivité au troisième trimestre a été le reflet de la stagnation de la production et de la baisse annuelle de 0,4 % des heures travaillées. Sur une base annuelle, le recul des heures travaillées constitue la première baisse trimestrielle depuis le quatrième trimestre de 1992.

Au troisième trimestre de 2001, la tendance à la baisse de la production et des heures travaillées, qui est observée depuis le quatrième trimestre de 1999, s'est poursuivie. Pendant que la croissance d'une année à l'autre de la production passait de 6,1 % au quatrième trimestre de 1999 à 0,0 % au troisième trimestre de 2001, le nombre total des heures travaillées a fléchi graduellement au cours de la même période, passant respectivement d'une croissance positive de 4,0 % à une baisse de 0,4 %.

Les coûts de main-d'oeuvre enregistrent une hausse

D'un trimestre à l'autre, le coût unitaire de main-d'oeuvre, un indicateur qui reflète les changements que subissent la rémunération horaire et la productivité, s'est accru à un taux de 0,6 % durant le troisième trimestre. Cette augmentation trimestrielle est légèrement supérieure à celle de 0,4 % observée au deuxième trimestre. La croissance de la rémunération horaire s'est chiffrée à 1,3 % au troisième trimestre de 2001, soit une hausse plus élevée que l'augmentation de 0,6 % enregistrée au deuxième trimestre.

Sur une base annuelle, la rémunération horaire versée aux travailleurs du secteur des entreprises au troisième trimestre s'est accrue à un rythme plus rapide qu'au deuxième trimestre, passant de 2,5 % à 3,5 %. Cette augmentation a plus que compensé la hausse modérée de 0,3 % de la productivité du travail. Ainsi, le coût unitaire de main-d'oeuvre a affiché un taux annuel de 3,3 % au troisième trimestre, ce qui est supérieur à celui enregistré au deuxième trimestre (+2,1 %). Ces deux dernières augmentations étaient supérieures à la hausse annuelle moyenne de 1,5 % observée durant la deuxième moitié des années 1990.

La productivité continue d'augmenter plus lentement au Canada qu'aux États-Unis

La comparabilité de la productivité du travail entre le Canada et les États-Unis a été améliorée récemment par des modifications apportées au traitement canadien des dépenses de logiciels comme investissement.

La performance des entreprises américaines en matière de productivité a continué d'être en avance sur celle du Canada au troisième trimestre. Au rythme annuel, l'écart en matière de croissance de la productivité entre le Canada et les États-Unis au troisième trimestre est comparable à celui enregistré au deuxième trimestre, soit un écart de 1,2 point de pourcentage. Cet écart de croissance de la productivité dépasse légèrement l'écart noté durant la période allant de 1995 à 2000 (un écart annuel moyen de 1,0 point de pourcentage de plus en faveur des États-Unis).

D'une année à l'autre, la croissance de la productivité dans les entreprises canadiennes s'est limitée à 0,3 % au troisième trimestre. Parallèlement, l'augmentation de la productivité des entreprises américaines a été cinq fois plus importante (+1,5 %). Des augmentations similaires de la productivité de 0,3 % au Canada et de 1,5 % aux États-Unis ont été observées au deuxième trimestre.

Tandis que le rythme de croissance de la production est demeuré quasiment stable dans les deux pays au troisième trimestre, les heures travaillées ont diminué d'une façon beaucoup plus marquée (-1,4 %) aux États-Unis qu'au Canada, où elles ont fléchi de 0,4 %. Les entreprises américaines ont donc ajusté plus rapidement leurs effectifs à la baisse de la production comparativement à leurs homologues canadiennes.

Au troisième trimestre de 1999, le rythme de croissance d'une année à l'autre de la productivité entre les deux pays était identique. Depuis cette période, la performance de productivité entre le Canada et les États-Unis a fait apparaître des écarts favorables aux entreprises américaines, oscillant entre 0,2 % et 3,2 % par trimestre.

Le Canada continue d'avoir une meilleure performance en matière de coûts unitaires de main-d'oeuvre que les États-Unis

La croissance d'une année à l'autre de la rémunération horaire dans le secteur des entreprises a crû moins rapidement au Canada qu'aux États-Unis au troisième trimestre. La rémunération du travail n'a augmenté que de 3,5 % au Canada durant le troisième trimestre comparativement à 5,8 % aux États-Unis. Cet écart en ce qui concerne la rémunération entre les deux pays continue d'évoluer en parallèle depuis le deuxième trimestre de 2000.

En dépit de la progression relativement modeste de la productivité au Canada, l'augmentation plus lente de la rémunération horaire au Canada qu'aux États-Unis a permis aux coûts unitaires de main-d'oeuvre de continuer d'évoluer en faveur du Canada.

D'une année à l'autre, les coûts unitaires de main-d'oeuvre dans les entreprises ont progressé de 4,2 % aux États-Unis au troisième trimestre, mais de seulement 3,3 % au Canada, lorsque ces coûts sont mesurés selon les monnaies nationales respectives.

Cependant, l'écart en matière de coûts unitaires entre les deux pays, lorsque exprimés en dollars américains, s'amplifie et continue d'être favorable au Canada. Le coût unitaire a baissé au rythme annuel de 1,0 % au Canada au troisième trimestre. En comparaison, les États-Unis ont affiché une croissance annuelle de 4,2 % durant le même trimestre.

Données stockées dans CANSIM: tableau 383-0008.

Pour plus de renseignements ou pour en savoir davantage sur les concepts, les méthodes et la qualité des données, communiquez avec Jean-Pierre Maynard au (613) 951-3654 (maynard@statcan.ca), Division de l'analyse microéconomique. Télécopieur: (613) 951-5403.

Secteur des entreprises: productivité du travail et variables associées

Secteur des entreprises: productivité du travail et variables connexes pour le Canada et les États-Unis