Le Quotidien. Le mercredi 8 mai 2002

Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes: premier coup d'oeil

Note aux lecteurs La présente analyse est fondée sur des données recueillies de septembre 2000 à novembre 2001 durant le premier cycle de l'Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes (ESCC). Les renseignements ont été recueillis auprès de plus de 130 000 personnes de 12 ans et plus, réparties dans 136 régions socio-sanitaires couvrant l'ensemble des provinces et des territoires. L'ESCC est financée dans le cadre de l'Initiative du Carnet de route de l'information sur la santé, qui vise à moderniser et à normaliser l'information sur la santé recueillie à la grandeur du pays. Santé Canada a fourni les fonds provenant de l'Initiative à l'Institut canadien d'information sur la santé alors que Statistique Canada s'est joint à une série de projets à titre de partenaire. Chaque cycle de collecte des données de deux ans comprendra deux enquêtes distinctes, c'est-à-dire une enquête au niveau des régions socio-sanitaires réalisée la première année auprès d'un échantillon de 130 000 personnes et une enquête à l'échelon provincial réalisée la deuxième année auprès d'un échantillon de 30 000 personnes. La population cible de l'ESCC comprend les membres des ménages de 12 ans et plus des dix provinces et des trois territoires, sauf les personnes qui vivent dans les réserves indiennes, les bases des Forces canadiennes et certaines régions éloignées. L'article dont il est ici question met l'accent sur l'obésité, l'activité physique et les besoins non satisfaits de soins de santé autodéclarés. Le site Web de Statistique Canada offre en outre de nombreux autres renseignements que l'on peut télécharger gratuitement, notamment des données offertes pour la première fois à l'échelle infraprovinciale des régions socio-sanitaires. L'évaluation de l'obésité dans le cadre de l'ESCC se fonde sur l'indice de masse corporelle (IMC), qui prend en compte le poids et la taille de la personne. Pour calculer l'IMC, on divise le poids exprimé en kilogrammes par le carré de la taille exprimée en mètres. À 18,4 ou moins, l'IMC dénote une insuffisance pondérale; entre 18,5 et 24,9, un poids normal; entre 25,0 et 29,9, une surcharge pondérale; et à 30 ou plus, il s'agit d'obésité. Le calcul de l'IMC n'est fiable que pour la population adulte de 20 à 64 ans. Le degré d'activité physique durant les loisirs peut être calculé pour toutes les personnes de 12 ans et plus. La mesure de l'activité physique durant les loisirs se fonde sur les réponses à des questions portant sur la fréquence, la durée et l'intensité de la participation à diverses activités. Les résultats permettent de départager les personnes physiquement actives, modérément actives ou physiquement inactives. La question utilisée dans l'ESCC pour évaluer les besoins non satisfaits de soins autodéclarés est la suivante: «Au cours des 12 derniers mois, y a-t-il eu un moment où vous avez cru que vous aviez eu besoin de soins de santé mais ne les avez pas obtenus?» Toute réponse «oui» a été totalisée comme étant un besoin non satisfait. Cette question était suivie de la suivante: «Si l'on pense à la situation la plus récente, pourquoi est-ce que vous n'avez pas obtenu ces soins?» Les réponses à cette question ont été catégorisées puis totalisées. Une deuxième question de suivi visait à préciser le genre de soins requis: «Si l'on pense toujours à la situation la plus récente, quel était le genre de soins nécessaires?»

De nouvelles données tirées de l'Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes (ESCC) révèlent qu'une proportion croissante de Canadiens sont obèses, et ce, bien qu'une proportion plus élevée de personnes soient plus actives physiquement durant leurs loisirs. Cette enquête permet d'obtenir toute une gamme de données sur l'état de santé des Canadiens, les facteurs de risque et l'utilisation des services de soins de santé. Plusieurs cartes et tableaux qui présentent des renseignements encore plus détaillés sont également disponibles.

Les données de l'ESCC révèlent qu'entre 1994-1995 et 2000-2001, le nombre de Canadiens obèses de 20 à 64 ans a augmenté de plus de 500 000 pour s'établir à presque 2,8 millions, ce qui représente une hausse de 24 %. Ces personnes constituent environ 15 % de la population d'adultes, soit 1 personne sur 7. Six ans plus tôt, la proportion était de 13 %.

Parallèlement, 7,8 millions de Canadiens du même groupe d'âge entraient dans la catégorie des personnes actives ou modérément actives durant leurs loisirs, chiffre en hausse de 21 % comparativement à 1994-1995. Ces personnes représentaient 41 % de la population en 2000-2001. Six ans plus tôt, la proportion était de 37 %.

Cependant, l'ESCC montre clairement que les personnes qui ont le plus grand besoin d'activité physique, à savoir les personnes obèses, sont celles qui sont le moins actives. En 1994-1995, environ 33 % des personnes obèses s'adonnaient à des activités physiques d'intensité au moins modérée. En 2000-2001, la proportion n'avait pratiquement pas changé. En fait, l'augmentation du nombre de personnes physiquement actives est entièrement attribuable à celles dont le poids est acceptable ou qui présentent une surcharge pondérale. En 1994-1995, 38 % de ces personnes étaient au moins modérément actives. Six ans plus tard, la proportion était passée à 43 %.

D'après une étude dont les résultats ont été publiés en 1999 dans le Journal de l'Association médicale canadienne, en 1997, le coût direct total de l'obésité excédait 1,8 milliard de dollars, soit 2,4 % des dépenses totales au chapitre des services de santé pour l'ensemble des maladies. Selon l'Organisation mondiale de la santé, l'obésité pourrait avoir sur la santé des répercussions aussi graves que l'usage du tabac.

Des statistiques comparables indiquent qu'aux États-Unis, 20 % de la population adulte de 18 ans et plus était considérée obèse en 2000, par rapport à 14 % seulement en 1994. La hausse est nettement plus importante que celle observée au Canada, où la proportion n'a augmenté que de deux points de pourcentage, pour atteindre 15 % durant la même période.

Augmentation plus rapide de la prévalence de l'obésité chez les hommes de la génération du baby-boom

De 1994-1995 à 2000-2001, le nombre de personnes de 20 à 64 ans considérées comme étant obèses a augmenté d'environ 532 000. Les deux tiers de cette augmentation au cours de cette période de six ans sont imputables aux hommes. En 2000-2001, environ 1 508 000 hommes étaient considérés comme étant obèses, en hausse de 32 % par rapport à 1994-1995. Par contre, le nombre de femmes obèses s'est accru de 15 % pour s'établir à 1 280 000.

L'obésité gagne du terrain chez tous les groupes âge-sexe, sauf un. Chez les femmes de 20 à 34 ans, elle a reculé de 9 %.

La hausse était la plus importante parmi les hommes et les femmes de 45 à 54 ans, qui, à eux seuls, constituent le quart des adultes obèses au Canada. Le taux de personnes obèses augmente avec l'âge. Ce taux était le plus élevé parmi les personnes de 55 à 64 ans (19 %), tandis qu'il était légèrement inférieur parmi celles de 45 à 54 ans (18 %).

Dans l'ensemble, durant la période de référence de six ans, le nombre de femmes adultes obèses a crû de 169 000. Plus de la moitié de la hausse était imputable aux femmes de 45 à 54 ans.

Parmi les tranches plus âgées de la population, l'augmentation du nombre de personnes obèses est attribuable, en partie, au vieillissement des membres de la génération du baby-boom. Durant la période de six ans, la tranche des 45 à 54 ans a enregistré la croissance la plus rapide, ayant augmenté de 25 % comparativement à 7 % pour la population de 20 à 64 ans. L'élargissement de ce groupe d'âge a eu un effet cumulatif sur le nombre de personnes obèses.

Le taux de personnes obèses a augmenté beaucoup plus rapidement chez l'homme que chez la femme. En 1994-1995, il avoisinait 13 % pour les hommes et les femmes de 20 à 64 ans. En 2000-2001, un écart s'était creusé entre les deux sexes: le taux s'élevait à 16 % pour les hommes, mais à 14 % pour les femmes.

De 1994-1995 à 2000-2001, le taux de personnes obèses s'est accru dans la plupart des provinces, la croissance la plus forte ayant été enregistrée en Alberta. En 2000-2001, environ 290 000 Albertains de 20 à 64 ans étaient considérés comme étant obèses, soit 55 % de plus que six ans plus tôt.

Cependant, selon les données du recensement, la population de l'Alberta a augmenté de 10,3 % de 1996 à 2001. Cette croissance démographique importante pourrait être l'un des facteurs à l'origine de la forte hausse du taux de personnes obèses dans la province.

Les femmes sont en voie de devenir aussi actives que les hommes durant leurs loisirs

Les hommes demeurent physiquement plus actifs que les femmes, mais celles-ci sont en train de combler l'écart.

Toujours pour le groupe des 20 à 64 ans, en 1994-1995, environ 36 % des femmes étaient physiquement actives, contre 39 % des hommes. En 2000-2001, l'écart s'est amenuisé sous l'effet d'une augmentation accrue de l'activité physique chez les femmes. La proportion de femmes physiquement actives avoisinait 41 %, comparativement à 42 % chez les hommes de ce groupe d'âge.

La prévalence des personnes physiquement actives a augmenté parmi presque tous les groupes d'âge, surtout celui des 20 à 34 ans.

En tout, 59 % des personnes de 12 à 19 ans étaient physiquement actives, ce qui représente la proportion la plus forte observée quel que soit l'âge, bien que ce taux soit demeuré pratiquement inchangé comparativement à il y a six ans. C'est chez les personnes de 65 ans et plus que le taux d'activité physique était le plus faible (environ 34 %), étant resté pour ainsi dire le même que six ans plus tôt.

Le taux de personnes physiquement actives a crû dans six provinces et n'a pratiquement pas varié à Terre-Neuve-et-Labrador, au Nouveau-Brunswick, au Manitoba et en Saskatchewan. La Colombie-Britannique a affiché le meilleur taux, presque la moitié (49 %) des résidents de 12 ans et plus y étant physiquement actifs.

Pour la première fois, les taux d'obésité et d'activité physique sont disponibles à l'échelon régional

L'ESCC marque un tournant dans la collecte de renseignements sur la santé de la population canadienne. Les données recueillies permettent, pour la première fois, de comparer les caractéristiques de la population ayant trait à l'état de santé non seulement à l'échelon provincial ou territorial, mais aussi à l'échelon infraprovincial de la région socio-sanitaire. (Les régions socio-sanitaires sont définies par les gouvernements provinciaux comme étant les secteurs de responsabilité des conseils régionaux de santé, ou encore comme des régions intéressant les responsables des services de santé). Ces estimations permettront aux chercheurs et aux analystes de surveiller le système de santé et l'effet des programmes de promotion de la santé selon la région socio-sanitaire et faciliteront l'étude plus approfondie de certains groupes pour lesquels les circonstances sont particulières, comme les personnes âgées, les Indiens vivant hors réserve et les mères seules.

Les grandes régions urbaines ont de faibles taux de personnes obèses

Les taux de personnes obèses et de personnes physiquement actives variaient considérablement dans les 136 régions socio-sanitaires pour lesquelles des renseignements ont été recueillis pour 2000-2001. Dans l'ensemble, le taux de personnes obèses n'était inférieur à la moyenne nationale de 15 % que dans 13 régions socio-sanitaires. Ces régions sont situées en Ontario, au Québec et en Colombie-Britannique et sont associées aux villes de Montréal, Toronto et Vancouver, où le taux moyen d'obésité variait de 6 % à 12 %.

En tout, 51 régions socio-sanitaires affichaient un taux de personnes obèses supérieur à la moyenne nationale. Chaque province ou territoire comptait au moins une région socio-sanitaire où le taux de personnes obèses était supérieur à la moyenne nationale.

Pour voir une carte donnant les taux de personnes obèses au Canada, sélectionnez la carte dans les Indicateurs de la santé. Pour observer les taux de personnes obèses selon la région socio-sanitaire, choisissez le tableau sur l'obésité dans les Indicateurs de la santé.

Le taux d'activité physique varie selon les régions

En tout, le taux de personnes physiquement actives était significativement inférieur à la moyenne nationale de 43 % dans 25 régions socio-sanitaires.

En revanche, il était supérieur à la moyenne nationale dans 55 régions situées principalement au Québec et dans toutes les provinces à l'ouest de cette province. L'Ontario, l'Alberta et la Colombie-Britannique comptent 46 de ces 55 régions.

Pour voir une carte donnant les taux de personnes physiquement actives au Canada, sélectionnez la carte dans les Indicateurs de la santé. Pour observer les taux d'activité physique selon la région socio-sanitaire, choisissez le tableau dans les Indicateurs de la santé.

Besoins non satisfaits autodéclarés de soins de santé selon la région socio-sanitaire

Dans le cadre de l'Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes, on a posé des questions sur les besoins non satisfaits autodéclarés de soins de santé, c'est-à-dire des soins de santé dont les personnes interrogées estimaient avoir besoin, mais qu'elles n'avaient pas reçus.

Comme il a été publié le 13 mars 2002 dans Le Quotidien, sur le plan national, 12,5 % des personnes de 12 ans et plus, soit environ 3,2 millions de personnes, ont déclaré avoir eu des besoins non satisfaits autodéclarés de soins de santé en 2000-2001, proportion deux fois plus élevée que les 6,3 % observés deux ans plus tôt.

À l'échelon régional, la proportion de personnes ayant déclaré des besoins non satisfaits de soins de santé selon la région socio-sanitaire variait d'un creux de 8 % dans l'est de l'Ontario à un sommet de 28 % pour les régions de Burntwood/Churchill, au Manitoba.

Les raisons pour lesquelles les besoins de soins de santé n'avaient pas été satisfaits allaient de certaines caractéristiques du système de santé à des facteurs individuels. Parmi les caractéristiques du système de santé, «temps d'attente trop long» a été mentionné par 31 % de personnes qui estimaient avoir eu des besoins de soins de santé non satisfaits; venait ensuite «service non disponible quand il était nécessaire», mentionné par 17 % de personnes.

Les circonstances personnelles étaient aussi mentionnées comme des causes importantes, mais par un plus petit nombre de personnes dont les besoins de soins de santé n'avaient pas été satisfaits. Les raisons mentionnées le plus couramment étaient «ne s'en est pas occupé» (10 %) ou «était trop occupé» (10 %).

Pour consulter d'autres totalisations produites d'après les données de l'ESCC, allez à la page des Indicateurs de la santé (82-221-XIF). Pour obtenir des totalisations spéciales de données, communiquez avec les Services à la clientèle au (613) 951-1746. On pourra se procurer un fichier de microdonnées à grande diffusion au cours de l'été 2002.

Pour en savoir davantage sur les concepts, les méthodes et la qualité des données, communiquez avec Mario Bédard au (613) 951-8933 (mario.bedard@statcan.ca), Division de la statistique de la santé. Télécopieur: (613) 951-4198.

De nouvelles données sur les Indicateurs de la santé de Statistique Canada sont disponibles gratuitement au moyen d'une interface spéciale de CANSIM. La publication Indicateurs de la santé (82-221-XIF, gratuite) est disponible sur le site Web de Statistique Canada (www.statcan.ca). Pour plus de renseignements, communiquez avec Brenda Wannel au (613) 951-8554 (brenda.wannell@statcan.ca).

Taux de l'activité physique lorsque la personne a déclaré être active ou modérément active

Nombre de personnes et taux de l'indice de masse corporelle

Nombre de personnes et taux pour les personnes actives ou modérément actives