Principales grandes cultures : intentions d'ensemencement

Après deux années de conditions de croissance difficiles, les producteurs canadiens de céréales et d'oléagineux semblent revenir à des formules d'ensemencement qui ont fait leurs preuves, les temps demeurant incertains dans le secteur céréalier.

Selon les données de l'Enquête sur les intentions d'ensemencement menée auprès de 12 200 agriculteurs durant la dernière semaine de mars, les producteurs prévoient semer moins d'avoine, d'orge et de lentilles en 2003, pour revenir au blé, au canola et au lin.

L'augmentation la plus prononcée prévue pour l'ensemble des cultures est une hausse de 13,8 % des superficies de canola. On prévoit que les agriculteurs ensemenceront plus de 10,9 millions d'acres de canola à l'échelon national, en hausse comparativement aux 9,6 millions d'acres ensemencées en juin 2002. En Saskatchewan seulement, les superficies de canola devraient faire un bond de 19,5 %, ou de 850 000 acres, et atteindre 5,2 millions d'acres.

On s'attend à une légère hausse de 0,4 % de la superficie totale de blé, ce qui la portera à 26,4 millions d'acres. Cependant, le gros de l'augmentation touche le blé d'hiver. Il faut prévoir une diminution des superficies de blé de printemps, qui représente la première culture commerciale des Prairies, et de blé dur, qui sert à la fabrication de pâtes.

Les marchés de produits n'ont pas rendu faciles les choix d'ensemencement des agriculteurs. Pendant que l'enquête était menée, les prix de la plupart des céréales et des graines oléagineuses étaient en baisse, et on prévoyait qu'ils allaient le demeurer longtemps après le début de la nouvelle campagne agricole. La concurrence possible d'autres pays céréaliers rendait également le marché incertain.

En outre, les agriculteurs de l'Alberta et de la Saskatchewan craignaient une troisième année de sécheresse. Ils s'inquiétaient aussi de la disponibilité et de la quantité de semences pour l'ensemencement, de l'accroissement des coûts des produits pour le carburant et les engrais et de la menace que les insectes représentaient pour les cultures, menace qu'on dit élevée cette année dans certaines régions du pays.

Ces résultats reflètent les conditions au 31 mars 2003. Depuis, selon les indications, la teneur en humidité du sol dans les Prairies s'est considérablement améliorée, à la suite d'une chute de neige qui a recouvert la majeure partie de la région de production de l'Ouest du Canada.

Les producteurs de la Saskatchewan sont à l'origine des hausses prévues en ce qui a trait au canola

Il est prévu que la superficie ensemencée en canola augmentera de 1,3 million d'acres, réparties dans les trois provinces de l'Ouest. Si leurs intentions se concrétisent, les agriculteurs de la Saskatchewan représenteront environ les deux tiers de cette augmentation.

En Saskatchewan seulement, il y aura un bond de 850 000 acres de la superficie de canola, qui atteindra 5,2 millions d'acres. En Alberta et au Manitoba, les hausses prévues sont de 250 000 acres et de 200 000 acres, respectivement.

Malgré la faiblesse du prix courant du canola, les producteurs s'attendent probablement à ce que les stocks d'ouverture de canola soient serrés à l'échelon mondial et prévoient une remontée des prix lors de la nouvelle campagne agricole.

Forte baisse du blé de printemps en Alberta

On prévoit que les agriculteurs ensemenceront un peu moins de 19,0 millions d'acres de blé de printemps en 2003, en baisse de 180 000 acres par rapport au niveau de juin 2002. Ce serait également un peu moins que la moyenne quinquennale de 19,7 millions d'acres.

Le recul est attribuable aux agriculteurs de l'Alberta, qui prévoient ensemencer 399 000 acres de moins de blé de printemps qu'en juin 2002. Leur superficie totale prévue tomberait à moins de 5,3 millions d'acres, ce qui serait le niveau le plus faible atteint depuis 1994.

Encore une fois, les prix et les conditions d'humidité du sol jouent un grand rôle dans les décisions des agriculteurs de l'Alberta cette année. En outre, le blé de qualité fourragère ne peut soutenir la concurrence du maïs fourrager peu coûteux et de grande qualité qui est importé des États-Unis.

Les producteurs du Manitoba prévoient un léger recul du blé de printemps. Ceux de la Saskatchewan prévoient ensemencer 220 000 acres de plus de blé de printemps, ce qui portera leur total à 10,2 millions d'acres, soit plus que la moyenne quinquennale de la province.

La superficie de blé dur risque de glisser sous la moyenne quinquennale

La superficie de blé dur, selon les prévisions, reculera de 4,6 %, pour s'établir à moins de 5,9 millions d'acres cette année, ce qui sera tout juste en deçà de la moyenne quinquennale.

La principale raison de ce repli est que les producteurs de la Saskatchewan passeront au blé de printemps, ces derniers ayant déclaré qu'ils ensemenceront 250 000 acres de moins de blé dur. Les superficies de blé dur et de blé de printemps ont suivi une tendance bien connue d'une année à l'autre, c'est-à-dire que lorsque l'une augmente, l'autre diminue.

Les producteurs de la Saskatchewan représentent 80 % de la culture de blé dur du Canada et, cette année, ils prévoient ensemencer 4,8 millions d'acres, soit beaucoup moins que la moyenne quinquennale.

En Saskatchewan, le blé dur est délaissé pour le blé de printemps, car les prix ont baissé et il y a eu une bonne récolte de blé dur en Afrique du Nord, ce qui accroît la concurrence pour les marchés éventuels du blé dur cette année. Les agriculteurs croient peut-être également qu'ils risquent moins de perdre de l'argent en ensemençant du blé de printemps, en raison de la diminution des coûts des intrants comparativement à ceux des autres cultures.

Dans les autres cultures, les agriculteurs délaissent l'avoine, les pois secs de grande culture, l'orge et les lentilles

Les agriculteurs ont fait état de nets reculs possibles des superficies d'avoine et de lentilles, ainsi que de baisses un peu plus faibles pour les pois secs de grande culture et l'orge.

Parallèlement, ils prévoient accroître leurs superficies de seigle, de lin et de tournesol.

À l'échelon national, les agriculteurs disent qu'ils ensemenceront un peu plus de 5,4 millions d'acres d'avoine, en baisse de 8,6 %, ou de 507 000 acres, par rapport à juin 2002. Encore une fois, le recul le plus net sera observé en Saskatchewan, où la superficie d'avoine diminuera de 500 000 acres. Cela est probablement attribuable, encore une fois, à une combinaison de prix et de conditions d'humidité. À moins que les agriculteurs ne puissent s'assurer une prime pour l'avoine de grande qualité, il n'est pas rentable de produire de l'avoine fourragère dans un marché où les prix des fourrages sont très faibles.

Les agriculteurs prévoient ensemencer moins de 1,3 million d'acres de lentilles, en baisse de 15,8 % ou de 235 000 acres. À peu près toute la culture de lentilles est produite en Saskatchewan. La baisse est probablement une réaction à la faiblesse des prix et des marchés en 2002, conjuguée aux difficultés agronomiques de production de lentilles de qualité dans la province qui, cette année, comprennent une menace d'infestation de sauterelles.

À l'échelon national, la superficie d'orge devrait reculer de 1,0 %, ou de près de 130 000 acres, pour s'établir à environ 12,6 millions d'acres. Ce repli est attribuable aux producteurs de l'Alberta. Pour eux, le prix de l'orge fourragère est réduit en raison de la disponibilité de maïs-grain américain de grande qualité et peu coûteux pour l'alimentation des animaux. Comme pour l'avoine, à moins que les producteurs ne puissent produire une orge de qualité brassicole et obtenir cette prime, le risque que présente la production d'orge fourragère est trop grand.

La superficie de pois secs de grande culture devrait subir un léger recul, pour s'établir à 3,2 millions d'acres, ce qui reste bien au-dessus de la moyenne quinquennale.

Selon les prévisions, la superficie de lin augmentera de 6,7 %, ou de 115 000 acres, pour dépasser légèrement 1,8 million d'acres, uniquement en raison de l'augmentation de la superficie en Saskatchewan. Les agriculteurs de cette province tenteront vraisemblablement de tirer parti des bons prix récents du lin.

La superficie de soya diminue, mais le maïs-grain reste à un niveau inégalé

Les agriculteurs prévoient un important recul de 6,2 % de la superficie de soya, mais un autre sommet en ce qui concerne l'ensemencement de maïs-grain, selon l'enquête. La vaste majorité des deux cultures sont ensemencées dans l'Est canadien.

À l'échelon national, les agriculteurs ont l'intention d'ensemencer 3,2 millions d'acres de maïs-grain, en hausse de 0,5 % par rapport au sommet atteint en 2002. On prévoit que les agriculteurs québécois en ensemenceront tout juste un peu plus de 1,1 million d'acres, et que les agriculteurs ontariens en auront 1,9 million d'acres.

La popularité du maïs-grain repose sur son utilisation comme ingrédient primaire de l'alimentation du bétail en Ontario et au Québec, ainsi que sur l'expansion de l'industrie de l'éthanol-carburant.

Les agriculteurs des deux provinces s'attendent à de fortes diminutions de la superficie de soya. La baisse prévue est de 8,4 % en Ontario, ce qui ramènerait la superficie à 1,9 million d'acres, et de 3,7 % au Québec, ce qui la réduirait à 321 200 acres.

Données stockées dans CANSIM : tableaux 001-0004, 001-0010 et 001-0017 à 001-0020.

Information sur les méthodes et la qualité des données disponible dans la Base de métadonnées intégrée : numéro d'enquête 3401.

La publication Superficies projetées en mars pour les principales grandes cultures au Canada, 2003, Série de rapports sur les grandes cultures, vol. 82, n^o 2 (22-002-XIB, 11 $ / 66 $ ; 22-002-XPB, 15 $ / 88 $) est maintenant en vente.

Pour plus de renseignements ou pour en savoir davantage sur les concepts, les méthodes et la qualité des données, communiquez avec Daniel Bergeron au (613) 951-3864 (daniel.bergeron@statcan.ca), Division de l'agriculture.