Le mardi 25 novembre 2003 Recettes monétaires agricolesJanvier à septembre 2003Les recettes monétaires agricoles de janvier à septembre sont tombées à leur plus bas niveau en trois ans au cour de la période de neuf mois, les retombées de la maladie de la vache folle ayant réduit considérablement les recettes des éleveurs de bovins. Dans l'ensemble, les agriculteurs ont tiré 24,5 milliards de dollars des recettes du bétail, des cultures et des paiements de programme, en baisse de 4,5 % par rapport aux neuf premiers mois de 2002. Il s'agit du plus bas niveau observé pour la période de janvier à septembre depuis 2000. Des paiements de programme records n'ont pas pu faire contrepoids aux baisses des recettes du bétail et des cultures. Les recettes du bétail ont reculé de 12,6 % pour s'établir à 11,8 milliards de dollars, ce qui constitue le plus grand recul en pourcentage sur neuf mois depuis plus d'une décennie. Les recettes des cultures ont chuté de 4,3 % pour s'établir à 9,7 milliards de dollars, soit leur plus bas niveau depuis 1995. Par ailleurs, les producteurs ont touché un montant record de 3,0 milliards de dollars en paiements de programme. L'effondrement des recettes du bétail a été principalement attribuable à une baisse importante des recettes bovines, à la suite d'un diagnostic d'encéphalopathie spongiforme bovine (ESB) chez une seule vache du nord de l'Alberta. L'interdiction émise par plusieurs pays concernant les bovins et les produits du boeuf qui a suivi a porté un dur coup à l'industrie bovine du Canada. Les exportations de bovins vivants et de boeuf avaient contribué grandement à la croissance du secteur depuis plusieurs années.
Les recettes des cultures ont chuté, malgré l'amélioration des conditions de croissance cette année. Deux sécheresses consécutives dans l'Ouest canadien ont réduit la production, ce qui a provoqué une réduction importante des stocks de céréales et d'oléagineux à la fin de 2002, si bien que les producteurs n'avaient plus grand-chose à vendre avant les récoltes de 2003. Les paiements de programme, qui se sont élevés à 3,0 milliards de dollars, ont dépassé de 50 % le niveau des neuf premiers mois de 2002 et correspondaient à près du double de la moyenne quinquennale précédente. Cette hausse est attribuable aux paiements records effectués dans le cadre des programmes d'assurance-récolte et du Compte de stabilisation du revenu net (CSRN), conjugués à d'autres programmes d'aide destinés à atténuer les effets de l'interdiction liée à l'ESB. Les recettes monétaires agricoles constituent une mesure globale des recettes brutes des exploitations agricoles. Elles ne tiennent pas compte des dépenses engagées par les agriculteurs. Les recettes monétaires peuvent varier considérablement d'une exploitation agricole à l'autre en raison de plusieurs facteurs, dont les élevages et les cultures choisis, les prix et les conditions climatiques. En outre, les effets de la fermeture de la frontière américaine aux bovins et au boeuf canadiens continueront de se faire sentir dans les statistiques financières agricoles. L'effet de cette situation sur les autres secteurs de l'économie, comme la transformation de la viande et le transport, n'est pas pris en compte ici. À l'échelon provincial, les plus fortes diminutions ont été enregistrées en Alberta (-16,8 %) et en Saskatchewan (-6,5 %), où la chute des recettes des bovins a coïncidé avec la baisse des recettes des cultures. Le Québec a affiché la hausse la plus élevée. Les recettes monétaires agricoles de cette province ont monté de 5,2 %, la hausse des paiements de programme ayant épongé une baisse des recettes du bétail. L'Île-du-Prince-Édouard venait ensuite. Les recettes ont progressé de 4,1 %, l'augmentation des recettes des cultures ayant fait contrepoids à la diminution de celles du bétail. Bétail : les mises en marché et les prix des bovins s'effondrentLe nombre de bovins dans les fermes canadiennes a atteint un sommet à la fin de juin à cause de l'interdiction qui a frappé les bovins et le boeuf canadiens. Les recettes bovines ont fléchi de 36,7 % de janvier à septembre pour se fixer à 3,3 milliards de dollars, les mises en marché s'étant effondrées et les prix ayant dégringolés. Avant l'interdiction liée à l'ESB, près de la moitié des bovins mis en marché au Canada étaient exportés vivants ou sous forme de viande. Dans la majorité des cas, ces exportations étaient vers les États-Unis. Au troisième trimestre, les recettes bovines ont chuté de près de 75 % à cause de l'interruption, le 20 mai, de tout mouvement transfrontalier de bovins vivants et de produits du boeuf. Par contraste, au troisième trimestre de 2002, 400 000 bovins avaient franchi la frontière, ce qui correspond à des recettes monétaires agricoles de l'ordre de 426 millions de dollars. Selon l'article d'analyse Analyse en bref : La maladie de la vache folle et le commerce du boeuf (11-621-MIF2003005, gratuit) publié le 5 novembre 2003, avant l'interdiction d'exportation des bovins et du boeuf canadiens, le Canada était le troisième exportateur mondial de ces produits. En 2002, ce marché d'exportation valait environ 4,1 milliards de dollars. La valeur de ces exportations en juin, en juillet et en août est tombée pour ainsi dire à zéro. À la mi-septembre, le boeuf désossé canadien provenant d'animaux de moins de 30 mois a été admis aux États-Unis par voie de permis. Cependant, la frontière demeure fermée aux bovins et aux veaux vivants. Une grande partie de la réduction des recettes bovines au cours des neuf premiers mois de 2003 était attribuable à la baisse des recettes d'abattage. Le nombre de bovins vendus a fléchi de 20,0 %, et les prix ont diminué en réaction à l'interdiction. De juillet à septembre, les recettes au chapitre des bovins d'abattage n'ont représenté que le tiers de leurs niveaux de 2002. En outre, les recettes des veaux ont chuté de 38,1 % pour s'établir à 289 millions de dollars, la restriction à la frontière américaine ayant fait perdre au Canada un important marché pour le veau et les veaux d'engraissement. Par ailleurs, les recettes monétaires des producteurs de porcs ont atteint 2,6 milliards de dollars au cours des neuf premiers mois de 2003, en hausse de 3,3 % par rapport à la même période en 2002. Les prix ont affiché un recul de 3,5 % par rapport à la moyenne quinquennale précédente, les agriculteurs ayant expédié un nombre record de porcs sur le marché. Cultures : les sécheresses consécutives frappent encore les producteurs de culturesLes recettes des cultures de janvier à septembre, qui ont atteint 9,7 milliards de dollars, étaient de 4,3 % inférieures à la moyenne quinquennale précédente. Malgré l'amélioration des conditions de croissance cette année, les sécheresses passées avaient toujours des incidences sur les recettes des céréales et des oléagineux. Les agriculteurs de l'Ouest ont connu en 2002 une de leurs pires campagnes agricoles des 25 dernières années. Pour un certain nombre de producteurs de l'Alberta et de la Saskatchewan, la situation s'est révélée pire que lors de la grande crise des années 1930. La faiblesse de la production dans l'Ouest canadien en 2001 et en 2002 a favorisé la hausse du prix des céréales fourragères, ce qui a aussi frappé le secteur du bétail. L'insuffisance causée par un resserrement extrême de l'approvisionnement de céréales et de fourrage a forcé les utilisateurs à importer du maïs des États-Unis. Un peu plus de 4 millions de tonnes de maïs ont été importées en 2002, soit plus du double de la quantité enregistrée deux ans plus tôt. Les agriculteurs ont puisé de façon importante dans leurs stocks de céréales et d'oléagineux pour générer les revenus nécessaires et alimenter leur bétail. Par conséquent, les stocks à la ferme sont tombés à des niveaux extrêmement bas à la fin de 2002, ce qui n'a pas laissé grand-chose à vendre durant la première moitié de 2003. La production en 2003 est bien supérieure aux niveaux de 2002 pour la plupart des cultures. Dans l'ensemble, les livraisons des principales céréales et des principaux oléagineux ont été meilleures au troisième trimestre de 2003 qu'au troisième trimestre de 2002. Toutefois, elles étaient toujours en baisse pour l'ensemble des trois premiers trimestres de 2003, particulièrement en Saskatchewan et en Alberta. L'augmentation des prix de la plupart de ces cultures n'a pu faire contrepoids à la réduction des mises en marché. Les producteurs d'orge et de blé (sauf le blé dur) ont été les plus durement touchés. Les recettes de l'orge ont diminué de près de la moitié, se fixant à 237 millions de dollars, à cause d'importantes réductions des mises en marché, d'une diminution des paiements de la Commission canadienne du blé et d'une baisse des prix. Malgré un niveau de production plus normal en 2003, les livraisons étaient à la baisse au troisième trimestre, les producteurs reconstituant leurs stocks. Les recettes du blé (sauf le blé dur) ont fléchi de 4,2 % pour atteindre 1,6 milliard de dollars, la hausse des prix n'ayant pu faire contrepoids à la réduction des livraisons et à la diminution des paiements de la Commission canadienne du blé. Les recettes du canola ont reculé de 5,1 % pour s'établir à 1,1 milliard de dollars. Les agriculteurs ont reporté moins de recettes en 2003, les sécheresses consécutives ayant provoqué une baisse de la production et des mises en marché en 2002. Cette baisse a entraîné une diminution de 24,4 % des réalisations, qui ont atteint 619 millions de dollars durant les neuf premiers mois de 2003, ce qui est bien moins que la moyenne quinquennale précédente. Les recettes du soya et du maïs ont augmenté par rapport aux neuf premiers mois de 2002. Les recettes du soya ont crû de 29,5 %, les livraisons et les prix ayant augmenté. Les recettes du maïs ont augmenté de 6,7 %, la hausse de prix ayant plus qu'annulé la baisse des livraisons. L'est du Canada, où la culture du maïs et du soya est concentrée, a joui de bien meilleures conditions de croissance tout au long de 2002. Les paiements de programme dépassent les sommets de 1988Les paiements de programme ont dépassé les sommets précédents. Ceux-ci se sont élevés à 3,0 milliards de dollars au cours des neuf premiers mois de 2003, soit près de 400 millions de dollars de plus que le sommet précédent qui remonte à 1988. Cette augmentation est attribuable à un niveau record de paiements d'assurance-récolte et de retraits du CSRN. Les producteurs ont commencé à recevoir de l'aide en réponse à la fermeture de la frontière provoquée par l'ESB à la fin du deuxième trimestre, et ils continuent d'en recevoir. Les paiements d'assurance-récolte ont bondi pour atteindre le niveau record de 1,3 milliard de dollars de janvier à septembre, la majeure partie de ce montant ayant été versée au premier trimestre. Il s'agit d'une augmentation de 453 millions de dollars par rapport au sommet précédent atteint en 2002, et de plus du double de la moyenne quinquennale précédente. L'augmentation des paiements faisait suite à la sécheresse qui a sévi dans l'Ouest. Les retraits du CSRN ont atteint 539 millions de dollars au cours des trois premiers trimestres de 2003, en hausse de 178 millions de dollars par rapport au sommet précédent, atteint en 2002. Les paiements en vertu des programmes d'aide en cas de catastrophe liée au revenu ont atteint 284 millions de dollars, en hausse de 17,8 %. Données stockées dans CANSIM : tableaux 002-0001 à 002-0002. Définitions, source de données et méthodes : numéro d'enquête 3437. Les données du quatrième trimestre sur les recettes monétaires agricoles paraîtront le 24 février 2004. Pour plus de renseignements ou pour en savoir davantage sur les concepts, les méthodes et la qualité des données, communiquez avec Estelle Perrault au (613) 951-2448 (estelle.perrault@statcan.ca), Division de l'agriculture.
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