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La vie des partis



Jean Crête
Université Laval


L'année politique au Québec 1987-1988

· Rubrique : La vie des partis



Le Québec comptait en 1987-1988 seize partis politiques. Deux de ces partis étaient représentés à l'Assemblée nationale, le Parti libéral du Québec et le Parti québécois. La plupart des quatorze autres partis ont eu peu d'activités publiques ou n'en ont pas eu au cours de l'année. Parmi ces partis non représentés à l'Assemblée nationale, le Nouveau Parti démocratique et le Parti indépendantiste se distinguent par leur visibilité dans les médias.

Si les partis politique sont d'abord des organisations qui présentent des candidats aux élections législatives, ce sont aussi des organisations qui préparent des projets de politiques, qui dénichent et proposent à la société tout entière des leaders et qui assurent leur pérennité en recrutant des membres, en acquérant des appuis dans la population et en s'assurant les moyens matériels de leur action.

Dans les quelques lignes qui suivent, nous ferons un rapide survol des principaux changements qui ont marqué la vie des partis québécois en 19871988, en dehors de leurs activités à l'Assemblée nationale.



Les programmes

Une des activités majeures des partis politiques les années où il n'y a pas d'élections générales, c'est de préparer ou de réviser leur programme. Durant cette période, les partis sont davantage entre les mains de la base militante; le flux de la communication va plus facilement de la base vers le sommet de la hiérarchie que ce n'est le cas en période électorale ou préélectorale, où les dirigeants du parti tendent à émettre des commandements plutôt qu'à recevoir conseils et demandes. En cette année 1987-1988, les militants des partis ont pris la parole.

Le Parti libéral a commencé à l'automne à recentrer son programme qui depuis l'élection de 1985 était marqué par la rigueur financière et la reprise économique. Sous l'impulsion de jeunes notamment, il se prépare à promouvoir les dossiers de l'aide sociale, de la politique familiale et de l'environnement. Un sujet cependant, que la direction aurait peut-être souhaité voir enterré, a continué à hanter le parti: le dossier de la langue française. Lors de l'élection de 1985, le PLQ avait promis, à l'intention de sa clientèle anglophone, d'assouplir la loi qui sert de cadre à la réglementation sur l'affichage. Au cours de l'automne, la réflexion se poursuivait. Un compromis possible, permettant l'affichage bilingue à l'intérieur des commerces de moins de neuf employés, ne fit pas consensus. Le parti choisit alors de laisser au gouvernement le leadership en cette matière. Lors du congrès du mois de février 1988, la question linguistique ne figurait pas au menu.

Lors de ce congrès qui réunissait quelque 3 200 délégués, les membres de parti ont rappelé à l'aile parlementaire les engagements pris en 1985, notamment la participation des femmes au foyer au Régime de rentes du Québec, l'octroi aux travailleurs à temps partiel d'avantages équivalents à ceux accordés aux travailleurs à temps plein, la modification de l'âge d'admission à l'école primaire et l'élaboration d'une politique pour les personnes âgées.

Le congrès a surtout permis d'aborder de nouveaux thèmes. C'est ainsi que dans le dossier de l'environnement on a opté pour le principe du « pollueur-payeur ». Les agents pollueurs, qu'ils soient publics ou privés, doivent être tenus responsables de leurs dégâts. On a proposé de lever des cotisations spéciales, proportionnelles aux dommages prévisibles, cotisations qui seraient versées dans un fonds consacré au financement de l'action de l'État en matière d'environnement. Un autre grand thème abordé lors de ce congrès fut la démographie. Le parti proposa un ensemble de mesures pour l'aide à habitation, une organisation plus souple du travail, un accès élargi aux garderies, une ouverture accrue à l'immigration. Ce congrès était vraisemblablement le dernier avant les prochaines élections. Dans la mesure où les dirigeants se sentent liés par le programme de leur parti, on devrait donc retrouver ici les thèmes de fond du Parti libéral pour la prochaine campagne électorale.

Pendant que le PLQ peaufinait son programme, le Parti québécois semblait s'adonner plutôt à des exercices de tête-à-queue. Au début de l'automne 1987 par exemple, il laissait l'impression d'être plus ou moins opposé au projet de libre-échange entre le Canada et les États-Unis. Douze mois plus tard, après avoir changé de personnel de direction il est vrai, le Parti québécois semblait plutôt d'accord avec le projet de libre-échange. Il semble donc y avoir un certain flottement dans l'interprétation du programme péquiste. Et nulle part ce flottement a-t-il été aussi crucial que dans le cas de la question nationale. Après être passé de la souveraineté-association à l'affirmation nationale, le PQ a été divisé sur l'opportunité de rétablir sa position comme parti prônant l'indépendance du Québec. D'autre part, un de ses thèmes réunificateurs a continué d'être le dossier de la langue française, suivi des dossiers dits de justice sociale. Au cours de cette année, le Parti québécois a vécu des événements qui affecteront l'orientation de son programme, mais ces orientations ne sont pas encore traduites en éléments du programme formel.

Quant au Nouveau Parti démocratique, qui n'avait peut-être pas fait parler de lui autant depuis 20 ans, il a profité de son congrès qui réunissait environ 400 délégués à Montréal les 27, 28 et 29 novembre pour réviser son programme sur la question de la langue d'affichage. Depuis son congrès de 1985, le NPD-Québec admettait l'affichage dans une langue autre que le français dans la mesure où ce dernier demeurait prioritaire. Depuis le congrès de novembre 1987, le programme prévoit que l'affichage doit satisfaire aux dispositions de la loi 101. Les autres résolutions adoptées à ce congrès portaient sur un grand nombre de sujets, mais au moins trois thèmes ressortent nettement : le rôle moteur de l'État, la justice sociale et l'environnement.

Le NPD propose de redonner à l'État un rôle central d'orienteur et de moteur de l'économie. Tandis que pour promouvoir la justice sociale, il propose une réforme fiscale reposant sur des principes de redistribution de la richesse, la sécurité du revenu, l'égalité économique des femmes, l'application aux travailleurs agricoles et domestiques des mêmes normes minimales de travail qu'aux autres travailleurs; le droit pour les personnes âgées de moins de 30 ans aux mêmes prestations d'aide sociale qu'aux personnes de plus de 30 ans. Du côté de l'environnement on propose l'adoption d'une charte de la qualité de l'environnement, l'élaboration d'une politique de recyclage, l'établissement d'un fonds de développement des industries de récupération et une harmonisation des politiques économiques avec les lois de protection de l'environnement.

Comme on peut le constater, certains thèmes semblent s'être imposés à tous les partis. Sur la question de la langue, le Parti québécois et le Nouveau Parti démocratique se retrouvent du même côté, défendant l'idée d'un Québec francophone, alors que le Parti libéral laisse davantage de place à la langue anglaise. La question de l'environnement a été traitée aux congrès du PLQ et du NPD, bien que ces deux partis proposent à l'électeur des moyens différents d'action. Alors que le PLQ suggère un mécanisme reposant sur les lois du marché, le NPD propose plutôt une voie réglementaire. Le NPD se distingue d'ailleurs des deux autres partis par sa position sur le rôle de l'État dans l'économie. Enfin, en matière de politiques sociales, les partis semblent adopter plus ou moins la même position.




Leadership

Du point de vue du leadership politique, le fait marquant de 1987-1988 aura sans doute été le changement de chef du Parti québécois. Moins soudain mais tout aussi révélateur, le changement de chef au NPD-Québec.


De Johnson à Parizeau

Alors que le chef du Parti québécois, PierreMarc Johnson, se trouvait à Paris pour y rencontrer des personnalités politiques, le député de Mercier, Gérald Godin, convoquait la presse pour déclarer que Pierre-Marc Johnson n'était pas un bon chef de parti, qu'il conduisait le PQ à la dérive et qu'il souhaitait le retour de Jacques Parizeau à la tête d'un parti revenu à son premier objectif: l'indépendance du Québec.

La déclaration du député péquiste provoque immédiatement une crise dans le parti. Le chef doit-il exclure le député dissident ? Sur les entrefaites, le chef historique du Parti québécois, René Lévesque, meurt subitement et fait l'objet de funérailles d'État. Cet événement a pour effet de raviver les sentiments nationalistes des ex-militants péquistes qui se disent prêts à reprendre du service sous un leader prônant l'indépendance. La sortie de Gérald Godin prend par ailleurs l'allure d'une rébellion. Combien de députés doivent être exclus du caucus du parti? Déjà trois députés se sont publiquement rangés du côté du député de Mercier pour réclamer un renouvellement du leadership. Le jour même où le chef Pierre-Marc Johnson doit rencontrer le caucus des députés pour discuter de cette question, il annonce, à la surprise générale, qu'il démissionne de son poste de chef de parti et de député à l'Assemblée nationale. Immédiatement, les yeux se tournent vers Jacques Parizeau, ancien ministre des Finances sous le gouvernement Lévesque et partisan de l'indépendance du Québec. Huit jours après la démission de Pierre-Marc Johnson, Jacques Parizeau annonce qu'il sera candidat si son retour suscite une vague d'adhésions. En lançant sa campagne au leadership, Jacques Parizeau fait savoir qu'il dévoilera peu à peu son programme dans un numéro de « strip-tease intellectuel ». Au mépris des lois élémentaires de l'art de l'effeuillage cependant, il dévoile à la première occasion la partie centrale de son programme: lors des prochaines élections générales, il demandera aux Québécois un mandat pour négocier avec Ottawa l'accession du Québec à la souveraineté. Le candidat Parizeau proposera aux membres du parti d'adopter un « programme à deux vitesses ». La première vitesse visant à régler des problèmes immédiats, ou ce que le PQ avait appelé avant l'élection de 1976 un programme de bon gouvernement. Puis une seconde vitesse déterminant le type de société que le Parti québécois entend bâtir dans un Québec souverain. Jacques Parizeau sera finalement le seul candidat et il deviendra chef du parti le 18 mars 1988. L'ensemble de l'opération, du déboulonnage de l'ancien chef à la consécration du nouveau, aura pris moins de cinq mois.


Changement de chef au NPD

Alors que le Parti québécois était en émoi, le Nouveau Parti démocratique (Québec), qui avait été créé deux ans auparavant, procédait calmement au choix d'un nouveau leader.

À son congrès de novembre, le NPD a choisi à la succession de Jean-Paul Harney, qui ne désirait plus continuer à jouer le rôle de chef, Roland Morin, un vieux militant du parti. Bien qu'il ait déjà été candidat à quatre élections fédérales et à deux élections provinciales, Roland Morin était au moment de son élection peu connu du grand public. Huit mois plus tard, il demeurait sans doute tout aussi inconnu. Comment interpréter le fait que le NPD, un parti dont le soutien populaire semblait relativement élevé en début d'année - à peine 6% derrière le PQ -, n'ait pas réussi à susciter des candidatures de personnalités d'envergure dans la société québécoise? Est-ce que le désengagement partisan dont on a beaucoup parlé à propos des jeunes s'étendrait aussi aux générations où on s'attendrait à recruter des leaders ? Est-ce que le leadership du premier ministre Bourassa et la prédominance de son parti sont tels qu'ils préviennent l'émergence de leaders concurrentiels ? L'étude de l'émergence, du maintien et du déclin du leadership politique au Québec reste à faire.

Le petit Parti indépendantiste a pour sa part chassé son ancien chef, Denis Monière, pour délit d'opinion. L'ancien chef avait en effet déclaré que si le Parti québécois redevenait indépendantiste, il songeait à se rallier à ce parti, le système électoral en vigueur ne permettant pas la division des forces indépendantistes. Réunis en congrès, les membres du Pl invitèrent Denis Monière à « démissionner en tant que membre ».




Les clientèles

Le nombre de membres dûment inscrits aux partis a dépassé les 250 000 au cours de l'année. À l'automne 1987, le Parti libéral comptait au moins 155 000 membres. Au Parti québécois, les inscriptions seront passées de 58 000 au début novembre à 65 000 en janvier pour atteindre les 100 000 au printemps. Quant au Nouveau Parti démocratique, il comptait 7 000 membres en novembre, mais ce nombre était à la hausse. Il faut noter que le membership du NPD-Québec ne peut être distingué de celui du NPD-Canada: pour devenir membre du NPD-Canada, il faut être membre du NPD-Québec.

Si on examine la distribution des clientèles électorales entre les partis, on constate que le Parti libéral a toujours reçu un appui supérieur au Parti québécois et au Nouveau Parti démocratique réunis. Le PLQ, qui pouvait compter sur environ 50 % des voix des électeurs en septembre 1987, a vu son pourcentage d'appuis atteindre plus de 60 % en août 1988. Le Parti québécois a terminé l'année au niveau où il l'avait commencé, soit avec environ 26% des intentions de vote. En cours d'année, il avait obtenu des points plus élevés, mais à partir du mois de mai ses appuis dans la population semblaient avoir légèrement fléchi. Quant au NPD, sa rentrée d'automne s'annonçait très prometteuse, jusqu'en septembre son appui électoral atteignant les 20%. Dès 'octobre cependant la descente s'amorça et douze mois plus tard il avait perdu 45 % de ses appuis, ne récoltant donc plus que 11 % des intentions de vote.



Figure 1

Popularité des partis








Organisation et financement

Selon la loi électorale du Québec, les partis politiques doivent produire chaque année un rapport financier couvrant l'année civile. « Ce rapport doit comporter un bilan, un état des revenus et dépenses ainsi qu'un état de l'évolution de la situation financière du parti, préparés conformément aux normes comptables généralement reconnues et être accompagné du certificat du vérificateur1 ] . » L'esprit de la réglementation veut que les comptes ne reflètent que les activités du parti. Le NPD, qui est à la fois une organisation partisane québécoise et une organisation partisane oeuvrant sur la scène fédérale, a dû être rappelé à l'ordre par le directeur général des élections. Le NPD a accepté semble-t-il de rendre sa tenue de livres plus transparente et ainsi de se conformer à -la loi du financement des partis politiques.

Le NPD qui avait commencé l'année avec un déficit termina l'année avec un déficit cumulé réduit à 59 000 dollars. Le Parti québécois aussi termina l'année avec un déficit de près de 300 000 dollars. Pendant ce temps le Parti libéral accumulait des réserves. Il avait ouvert son exercice financier avec un surplus de 2,8 millions de dollars et termina son année en doublant ce montant. Sa campagne de financement 1988 lui a rapporté 7,1 millions, ce qui laisse présager une autre augmentation de son trésor. Le Parti québécois quant à lui n'a recueilli que 1,5 million, ce qui est beaucoup plus que ce qu'il avait recueilli l'année précédente mais moins que ses dépenses annuelles (2 millions).




L'organisation

Si l'organisation du Parti libéral a baigné dans l'huile toute l'année, ce ne fut pas le cas au Parti québécois et au Nouveau Parti démocratique.

Lors de la démission de Pierre-Marc Johnson comme chef du parti, le PQ avait perdu quelques cadres militants, mais c'est en février qu'un dur coup fut porté lorsque 5 des 16 membres de l'exécutif démissionnèrent. Ces personnes élues dans le contexte de la politique de « l'affirmation nationale » se trouvaient mal à l'aise de promouvoir l'idée de souveraineté du Québec. Sans trop attendre, l'unique prétendant à la direction présenta une liste de candidats pour combler ces postes. La liste comptait trois anciens ministres du cabinet Lévesque: Camille Laurin, Pauline Marois et Francine Lalonde. En mars c'est au tour de 6 des 27 membres de l'exécutif du Comité des jeunes de se retirer, en opposition à la candidature de Jacques Parizeau et de son programme souverainiste. À la suite de ce remue-ménage, les postes de direction se retrouvent aux mains des partisans de la souveraineté.

L'organisation du NPD a aussi été au centre des préoccupations des dirigeants du parti en 19871988. Contrairement aux grands partis québécois, le NPD oeuvre à la fois au niveau fédéral et au niveau provincial. Cette caractéristique avait déjà suscité des discussions à l'intérieur du parti, mais l'enjeu n'avait pas été réglé, semble-t-il, à la satisfaction de tous les membres. À la mi-octobre, Robert Toupin, le seul député néo-démocrate québécois à la Chambre des communes, dénonce publiquement l'exécutif du NPD-Québec qu'il accuse de n'être qu'une clique de radicaux s'employant à bâillonner les aspirations nationalistes de la base. Le député perdra la bataille et devra quitter le NPD. Bien que cette question refasse périodiquement surface, le NPD réussit toujours plus ou moins à l'ignorer.




Conclusion

Les partis ont eu l'occasion de s'adonner à la réalisation de leur objectif fondamental: faire élire leurs candidats à l'Assemblée nationale. Ils ont eu l'occasion de s'affronter dans deux circonscriptions à la suite de démissions de députés péquistes. Le Parti libéral l'a emporté et, grâce à la très haute satisfaction des électeurs quant à la performance du gouvernement dirigé par le leader libéral, le résultat de ces scrutins partiels ne causa aucune surprise. Comme nous l'avons vu plus haut, au cours de la dernière année les partis se sont surtout consacrés à la préparation des élections. Il s'agissait pour eux de se situer par rapport aux enjeux qu'ils jugeaient les plus importants pour les électeurs. On distingue traditionnellement les enjeux en matière de politique intérieure de ceux en matière de politique extérieure. Au Québec, au cours des années 70, on parlait volontiers de la dimension nationale, c'est-à-dire des relations du Québec avec les autres entités politiques hors de ses frontières, et de la dimension sociale qui, elle, porte sur les relations entre l'État et ses citoyens ou sur les relations entre citoyens qui sont contrôlées par l'État. Sur la dimension nationale, les partis pouvaient occuper une position allant du fédéralisme statu quo à l'indépendance, en passant par le fédéralisme renouvelé et la souveraineté-association. Puis après le référendum de 1980, cette dimension avait rétréci pour ne devenir, au sein des principaux partis du moins, qu'un point où tous se retrouvaient sans distinctions majeures.

L'accession de Jacques Parizeau et de sa troupe aux postes de commandes dans le Parti québécois annonce un repositionnement de ce dernier quant à la dimension nationale. L'électeur préoccupé par ce sujet retrouvera donc un choix. D'une part, il pourra opter pour le Parti québécois s'il souhaite une réorganisation majeure des relations du Québec avec ceux qui sont hors de ses frontières. D'autre part, il pourra continuer d'opter pour le fédéralisme tel qu'interprété par le PLQ. Quant au NPD, sa position sur l'axe national en fait le parti le plus intégrateur du Québec au Canada; comme nous l'avons vu plus haut, il fait difficilement la distinction entre le Québec et le Canada. De ce fait, il se distingue assez nettement du Parti libéral du Québec quant à la dimension nationale.

En ce qui a trait aux politiques intérieures, les préoccupations peuvent être multiples. Deux d'entre elles semblent cependant dominer le débat: la justice sociale et l'environnement. Sur l'axe de la justice sociale, un parti peut se situer selon qu'il favorise surtout l'égalité des chances, position généralement associée à la droite, ou l'égalité des résultats, position dite de gauche. C'est en comparant les partis entre eux plutôt que par rapport à un standard que l'on reconnaît leur position sur cet axe. En 1987-1988, les partis que nous avons observés se sont situés très près les uns des autres, si bien qu'il devient difficile de les distinguer.

Au fur et à mesure que la date des prochaines élections approchera, on peut s'attendre à ce que les partis tentent de se distinguer les uns des autres. La situation la plus confortable pour un parti, c'est évidemment d'être le seul à offrir une politique de monopole. Du point de vue de l'électeur, la situation est plus avantageuse et les divers partis prennent position sur chacun des différents enjeux; et ce qui est encore plus avantageux pour l'électeur, c'est qu'il puisse prédire la position d'un parti à partir de l'image idéologique qui lui est associée. En 1987-1988, sauf encore une fois sur la question nationale, les partis n'ont pas construit d'images idéologiques très distinctes. Dans ces conditions, le choix des électeurs, s'il y avait eu des élections générales, aurait du être davantage fondé sur les caractéristiques des chefs et des candidats et davantage stimulé. par les organisations partisanes que par le contenu du mandat à confier au gouvernement.


ANNEXE 1





Note(s)

1.  Rapports financiers, Québec, Directeur général des élections du Québec, avril 1988.