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L'élection du 25 septembre 1989 : une analyse des résultats



Pierre Drouilly
Université du Québec à Montréal


L'année politique au Québec 1989-1990

· Rubrique : Les élections et les référendums



L'élection de 1985 marquait la fin d'une période : pour la première fois depuis sa création en 1968, le Parti québécois 'subissait un recul électoral généralisé. Après quinze ans de progrès dans l'extension et le raffermissement de ses appuis électoraux au cours des élections de 1970, 1973, 1976 et 1981, le Parti québécois perdait brutalement près d'un demi-million de voix, dont la majeure partie ne se sont pas reportées sur le Parti libéral, mais ont été grossir les rangs des abstentionnistes (voir le tableau 1).










La défaite péquiste de 1985 fut la conséquence directe d'une part des politiques de gestion de la crise du début des années 80 et surtout des politiques salariales et des décrets qui ont frappé les secteurs public et parapublic dont les travailleurs constituaient la base traditionnelle la plus solide du Parti québécois, et d'autre part de son échec constitutionnel suite au référendum de 1980 et au rapatriement de la constitution de 1981, lesquels ont engendré une dynamique de révision de l'orientation souverainiste du Parti québécois. Cette révision devait finalement mener à une crise interne dont une des conséquences fut le départ de plusieurs ministres, députés et militants en 1984.

Le décès de René Lévesque, le départ précipité de Pierre-Marc Johnson de la tête du Parti québécois et son remplacement par Jacques Parizeau, et le retour du PQ à une plate-forme clairement souverainiste, n'ont pas substantiellement modifié les positions électorales du Parti québécois lors du rendez-vous de 1989.

Le Parti libéral quant à lui subit les effets de la crise linguistique provoquée par le jugement de la Cour suprême et l'adoption de la Loi 178 : la création des Partis égalité et unité et leur irruption sur la scène électorale ont fait perdre au Parti libéral l'appui inconditionnel de l'électorat anglophone, tout comme en 1976 la Loi 22 poussa une partie de l'électorat anglophone à donner son appui à l'Union nationale, ce qui provoqua alors la défaite du Gouvernement libéral. De 1985 à 1989, le Parti libéral perd 207 499 voix, légèrement plus que le vote obtenu par les Partis égalité et unité (159 588 voix), tandis que le Parti québécois ne progresse que de 49 059 voix. Par rapport aux électeurs inscrits, la chute libérale représente 5,2 % alors que la progression péquiste ne représente que 0,5 %.















Les députés élus

En 1985, le Parti libéral avait fait élire 99 députés et le Parti québécois, 23. Mais si cette élection avait eu lieu sur la nouvelle carte électorale en vigueur en 1989, le Parti québécois aurait fait élire 25 députés en 1985, face à 100 libéraux1 ] . En 1989, le Parti québécois a fait six gains sur le Parti libéral (Arthabaska, Labelle, Laprairie, L'Assomption, Lévis et Rouyn-Noranda-Témiscamingue), mais il a aussi perdu deux circonscriptions remportées en 1985 (Anjou et Roberval) qui toutes deux avaient déjà été acquises au Parti libéral lors d'élections partielles en 1988. Le Parti libéral a, par ailleurs, perdu quatre circonscriptions aux mains du Parti égalité (D'Arcy McGee, Jacques-Cartier, NotreDarne-de-Grâce et Westmount).

Des 101 députés libéraux siégeant à la veille des élections, 19 ne se sont pas représentés : on note parmi ceux-ci deux députés anglophones ayant quitté le Parti libéral du Québec suite à l'adoption de la Loi 178 (Richard-D. French et Clifford Lincoln), mais aussi plusieurs ministres ou ex-ministres du gouvernement Bourassa (Pierre-C. Fortier, Paul-H. Gobeil, Michel Gratton, Thérèse Lavoie-Roux, Gérard Latulippe, Pierre MacDonald et Herbert Marx) signe d'une crise politique à l'intérieur du Parti libéral. Au sein de la députation du Parti québécois, cinq députés clairement identifiés au clan de Pierre-Marc Johnson ne se sont pas représentés (Jean-Pierre Charbonneau, Hubert Desbiens, Claude Filion, Jean-Guy Parent et Jacques Rochefort), ce qui marquera le dernier épisode de la crise politique qui secoue le Parti québécois depuis dix ans.

Sept députés libéraux ont été battus alors que tous les députés péquistes qui se sont représentés ont été élus. De plus, dix députés péquistes battus en 1985 ont tenté de nouveau leur chance et deux ont été élus (Jacques Baril et Pauline Marois), alors que trois autres anciens députés, démissionnaires lors de la scission de 1984, ont été réélus (Denis Lazure, Jacques Léonard et Jacques Parizeau).

Au total, 113 majorités de 1985 ont été maintenues (90 libéraux et 23 péquistes) et seulement 12 circonscriptions ont changé d'allégeance. C'est dire que globalement l'élection de 1989 ressemble à celle de 19852 ] .




La participation électorale

Tout comme en 1985, le fait majeur de l'élection générale du 25 septembre 1989 est la faible participation électorale : avec un taux de participation de 75,0 %, un recul de 0,6 % par rapport au taux enregistré en 1985, le nombre des abstentions se situe à un niveau record. En effet depuis une trentaine d'années, le taux de participation aux élections québécoises s'est toujours situé au-dessus des 80 %, exception faite des élections de 1966 au cours desquelles l'extension du droit de vote de 21 à 18 ans venait gonfler le nombre d'électeurs inscrits d'une masse de jeunes électeurs généralement très abstentionnistes. La participation électorale la plus élevée jamais enregistrée le fut à l'occasion du référendum de 1980 (85,6 %), à peine plus qu'à l'occasion des élections de 1976 (85,3 %) au cours desquelles le Parti québécois prit le pouvoir. Pour retrouver un niveau de participation semblable à celui de 1989, il faut remonter aux élections de 1952 (75,9 %), 1948 (75,2 %) ou 1944 (72,1 %)3 ] . Le faible taux de participation enregistré en 1989 indique que le Parti québécois n'a pas récupéré les électeurs qu'il avait perdus en 1985. Cela traduit un état de démobilisation de l'électorat péquiste que la nouvelle équipe dirigée par Jacques Parizeau n'est pas parvenue à remobiliser.

La structure de la participation électorale en 1989 à travers les 125 circonscriptions du Québec est très semblable à celle de 1985 : la corrélation entre la participation en 1985 et en 1989 est de 0,8284 ] . Au niveau des 125 circonscriptions, le taux de participation recule dans 78 d'entre elles et progresse dans les 47 autres. Mais ces variations sont faibles, dans la moitié des cas inférieures à 2 %, dans treize cas seulement supérieures à 5 %. À part les circonscriptions de l'Abitibi-Témiscamingue qui ont enregistré une forte progression de la participation électorale (Abitibi-Est +10,6 %, Abitibi-Ouest +10,5 %, Rouyn-Noranda-Témiscamingue +9,8 %), les plus fortes augmentations du taux de participation se situent dans les circonscriptions les plus anglophones (D'arcy McGee +7,8 %, Outremont +4,1 %, Westmount +3,9 %, Notre-Dame-de-Grâce +2,6 %, Jacques-Cartier +2,2 %). En fait 15 des 18 circonscriptions de Montréal ayant une forte composante anglophone et 13 des 19 circonscriptions dans lesquelles le Parti égalité présentait un candidat, ont vu leur taux de participation progresser. Il y a donc tout lieu de croire que les anglophones, mobilisés par leur hostilité à l'affirmation du Québec français et opposés au Parti libéral, ont voté en plus grande proportion que les francophones5 ] .

La répartition géographique des taux de participation (cartes 5 et 6) confirme que les variations de ces taux sont déterminées par des caractéristiques sociologiques : les régions périphériques (Abitibi, Témiscamingue, Côte Nord, Gaspésie) sont plus abstentionnistes, tout comme les parties centrales des grandes agglomérations (Montréal, Québec) les banlieues étant généralement les zones les plus participationnistes. En 1989, le taux de participation varie de 51,7 % (Ungava) à 83,9 % (Jean-Talon) alors qu'en 1985, il variait de 54,7 % (Ungava) à 87,5 % (Bertrand).







D'autre part, le nombre de bulletins rejetés a presque doublé par rapport à 1985, pour atteindre le niveau record de 2,0 %. Seule l'élection de 1935, marquée par une irrégularité majeure (tous les bulletins de la circonscription de Terrebonne furent alors annulés et le président des élection local exerça un vote prépondérant en faveur du candidat libéral Athanase David) a connu un taux de bulletins rejetés supérieur à celui de 1989. Comme depuis le début des années 80 la loi électorale a assoupli les règles d'acceptation des bulletins de vote, et que ces règles n'ont pas été modifiées depuis, on peut penser qu'une bonne part des 92 159 bulletins rejetés le 25 septembre 1989 représentait en fait des bulletins annulés volontairement par les électeurs : cette annulation, que l'on peut estimer à 1 % du vote total, exprime fort probablement un vote de mécontentement envers l'ensemble des partis politiques. L'augmentation du nombre de bulletins rejetés est assez uniforme à travers les 125 circonscriptions, à quelques exceptions près.

Enfin, en 1989, il y a probablement eu un sous-dénombrement systématique des électeurs inscrits sur les listes électorales. En effet, entre l'élection fédérale de 1984 et l'élection provinciale de 1985 le nombre d'électeurs s'est accru de 4 428, alors qu'entre l'élection fédérale de 1988 et l'élection provinciale de 1989, il a décru de 69 401 : on peut donc estimer à 75 000 le nombre d'électeurs qui n'ont pas été inscrits, sans doute à cause de la date du recensement électoral (le mois d'août), soit 600 électeurs en moyenne par circonscription.




Le parti libéral

En votes valides, le Parti libéral est passé de 56,0 % en 1985 à 50,0 % en 1989 : alors qu'il faisait élire 86 députés sur 99 à la majorité absolue des voix en 1985, il n'en fait élire que 69 sur 92 avec la majorité absolue des voix en 1989. Alors que le vote libéral s'étalait entre 39,0 % (Dubuc) et 91,5 % (D'Arcy McGee) en 1985, il s'étale entre 29,3 % (Hochelaga-Maisonneuve) et 70,7 % (Portneuf) en 1989.

Le vote libéral a reculé dans 93 circonscriptions et progressé dans les 32 autres, mais l'essentiel de ce recul est dû à la présence des Partis égalité et unité. Dans les circonscriptions à forte composante anglophone et dans lesquelles les Partis égalité ou unité ont présenté un candidat, le vote libéral s'effondre littéralement (D'Arcy McGee -55,9 %, Notre-Dame-de-Grâce -42,5 %, Jacques-Cartier -41,2 Westmount -38,7 %, Robert-Baldwin -35,4 Verdun -25,7 %, MontRoyal -25,6 %, Pontiac -25,5 %, Nelligan -25,3 %, etc.). Dans les circonscriptions où il y a une présence anglophone supérieure à 10 % mais dans lesquelles les Partis égalité et unité n'ont pas présenté de candidats, le vote libéral recule mais dans des proportions moindres (Acadie -8,4 %, Chambly -6,0 %, Lapinière -3,7 %, Outremont -4,3 %, Vachon -4,0 %). Le coefficient de corrélation entre le vote libéral en 1985 et en 1989 est de 0,345, mais pour les circonscriptions ayant moins de 10 % d'anglophones ce coefficient est de 0,806, ce qui montre qu'à part cette perte du vote anglophone les reculs libéraux se font dans l'ordre.

Dans le cas où le vote libéral progresse, c'est généralement d'une progression très modérée qu'il s'agit, dix circonscriptions seulement enregistrant une progression supérieure de 5 %. Ainsi, à part la perte du vote anglophone, le Parti libéral a conservé en 1989 l'essentiel des appuis qu'il avait obtenus en 1985.

Les cartes du vote libéral présentent une structure complexe. À Montréal (carte 7), le vote libéral le plus élevé se retrouve dans les circonscriptions les plus allophones (Acadie, JeanneMance, Viau, Viger) alors que le long du Saint-Laurent il atteint ses plus bas niveaux (Lakeshore, flanc sud du Mont-Royal, centre-sud et est de Montréal, Longueuil) là où se retrouvent les circonscriptions les plus anglophones ou les plus francophones. Cette faiblesse du vote libéral se prolonge dans la ceinture suburbaine de Montréal. Ailleurs au Québec (carte 8) les niveaux élevés du vote libéral se retrouvent dans la région de Québec, dans le centre du Québec et dans le bas du fleuve.







Les coefficients de corrélation entre le vote aux partis et la composition linguistique des circonscriptions (tableau 4) reflètent cette structure. Alors qu'en 1985 la corrélation entre le vote libéral et le pourcentage de francophones était fortement négative (-0,693), cette corrélation devient faiblement positive en 1989 (0,158) ; inversement la corrélation fortement positive entre le vote libéral et le pourcentage d'anglophones en 1985 (0,715) devient négative en 1989 (-0,252), alors que la corrélation positive entre le vote libéral et le pourcentage d'allophones en 1985 (0,396) devient presque nulle en 1989 (0,016).







Le Parti québécois

En votes valides, le Parti québécois est passé de 38,7 % à 40,2 %, mais cette relative stabilité cache des réaménagements importants. En effet, le vote péquiste a progressé dans 74 circonscriptions et reculé dans les 51 autres ; alors que le Parti québécois faisait élire 13 députés sur 23 avec la majorité absolue des voix en 1985, il en fait élire 24 sur 29 avec la majorité absolue des voix en 1989.

Les régions dans lesquelles le Parti québécois a progressé sont les régions où son implantation est traditionnellement plus forte : l'est et la rive-sud de Montréal, la grande banlieue francophone montréalaise, la région de Québec, les circonscriptions périphériques du Québec septentrional, enfin d'une façon générale le Québec urbain. Par contre le vote péquiste recule dans les régions rurales du Québec.

Dans la grande région montréalaise, la composition ethno-linguistique de la population masque une fois de plus la performance du Parti québécois auprès des électeurs francophones, les seuls à peu près à voter pour ce Parti comme nous le verrons plus loin.

Dans la région du grand Québec, là où le Parti québécois avait subi ses pertes les plus sévères en 1985 (la région de Québec étant la plus liée aux secteurs public et parapublic, et ayant donc le plus réagi aux politiques péquistes de 1982), le vote péquiste a légèrement progressé, mais on est encore très loin de la situation qui prévalait en 1976 ou en 1981.

Dans le Québec rural, le vote péquiste recule presque partout, et parfois ses pertes par rapport à 1985 sont très importantes (Beauce-Sud -12,6 %, Richmond -12,4 %, Frontenac -10,9 %, Lotbinière -10,4 %, Roberval -8,3 %, MéganticCompton -7,4 %, Bonaventure -5,5 %, etc.). C'est comme si on revenait à la situation qui prévalait avant 1976, alors que le vote péquiste était essentiellement un vote urbain, francophone et jeune.

L'autre fait nouveau dans le vote exprimé en 1989, est l'extrême variabilité du vote péquiste en fonction de circonstances contingentes. Ainsi, par exemple, dans certaines circonscriptions dont la composition socio-économique est plutôt favorable au Parti québécois, son vote recule en 1989 par rapport à 1985 : ceci est possiblement dû au départ de députés réélus ou battus de justesse en 1985. Citons les circonscriptions d'Anjou

(Pierre-Marc Johnson), Beauce-Nord (Adrien Ouellet), Drummond (Michel Clair), Lafontaine (Marcel Léger), Lotbinière (Rodrigue Biron), Matapédia (Léopold Marquis), Roberval (Michel Gauthier), Sherbrooke (Raynald Fréchette), Verchères (Jean-Pierre Charbonneau). C'est comme si dans ces circonscriptions les candidats péquistes avaient maintenu un certain vote en 1985 lié à leur propre personne, lequel est disparu avec leur départ. C'est comme si ces circonscriptions avaient rattrapé en 1989 l'élection de 1985.

Depuis vingt ans le vote péquiste se caractérisait par sa forte cohérence : le niveau atteint par le Parti québécois dans une circonscription dépendait davantage de la composition sociale de cette circonscription que de la personnalité du candidat péquiste. Ainsi, en 1970, des inconnus, à l'époque, se faisaient élire alors que René Lévesque était battu : la composition sociale des circonscriptions faisait la différence. Cette situation a perduré jusqu'en 1981. Elle illustrait la cohérence idéologique de l'électorat péquiste autour d'un programme politique unique, centré sur une souveraineté social-démocrate. Elle faisait du Parti québécois un parti d'idées et de militants plus qu'un parti de personnalités.

À l'élection de 1985, le recul généralisé du vote péquiste a été freiné dans certaines circonscriptions par la personnalité du candidat. Bien entendu, cela n'a pas empêché certains députés de premier plan du Parti québécois d'être malgré tout emportés par l'orage électoral, comme dans la région de Québec, mais un certain nombre de survivants l'étaient grâce à leurs qualités individuelles, à leur renom ou à leur parfaite adhésion à l'électorat de leur circonscription. Dans le cas de reflux électoral, tous les partis connaissent le même sort.

En 1989, le Parti québécois ne progresse significativement: que dans les circonscriptions dans lesquelles se présente un député sortant ou un ancien député (Jean Garon, Lévis +19,9 % ; Jacques Parizeau, l'Assomption +14,0 % ; François Gendron, Abitibi-Ouest +12,8 % ; Jacques Léonard, Labelle +12,7 % ; Louise Harel, Hochelaga-Maisonneuve +12,3 % ; Guy Chevrette, Joliette +10,2 % ; Gérald Godin, Mercier +10,0 % -, etc.). Avec le résultat que maintenant des circonscriptions ayant des profils socio-économiques semblables accordent un appui différencié au Parti québécois. Les personnalités de premier plan se sont fait élire, les candidats peu ou pas connus ont subi la défaite. Le Parti québécois se réjouit sans doute de voir ses principales têtes d'affiche se faire élire avec des majorités confortables, et cela se comprend. Mais a un autre niveau cette situation, qui semble indiquer que le Parti québécois est de moins en moins un parti de masses et de plus en plus un parti de cadres, est inquiétante pour son avenir électoral.

Si le Parti québécois voit son avenir électoral reposer sur une sorte de clientélisme à l'américaine, ses possibilités de progression seront soumises aux aléas des groupes d'intérêt qui le soutiendront, et des alliances qu'il fera. C'est peut-être pour cette raison que les sondages nous apprenaient à la fin de 1989 que le projet souverainiste était plus populaire que le Parti québécois et qu'une fraction non-négligeable des électeurs libéraux appuyaient la souveraineté du Québec.

Malgré ces remarques, notons quand même que le vote au Parti québécois a en 1989 en gros la même structure qu'en 1985 : le coefficient de corrélation entre le vote péquite de 1985 et celui de 1989 est de 0,897. Alors qu'il variait de 4,5 % (D'Arcy McGee) à 67,4 % (Abitibi-Ouest) en 1989. Les coefficients de corrélation entre le vote péquiste et la composition linguistique des circonscriptions demeurent ce qu'ils sont depuis vingt ans (tableau 4) : forte corrélation positive avec le pourcentage de francophones (0,753 en 1985 et 0,688 en 1989) et forte corrélation négative avec le pourcentage d'anglophones (0,754 en 1985 et -0,704 en 1989) ou d'allophones (0,464 en 1985 et -0,417 en 1989).

Les cartes du vote péquiste traduisent ces relations. À Montréal (carte 9), le Parti québécois connaît ses plus faibles performances dans la partie ouest de l'Ile, ainsi que dans les quartiers ethniques du nord-est (Saint-Léonard, MontréalNord, Saint-Michel et Rivière-des-Prairies), et ses meilleurs résultats dans les circonscriptions les plus francophones : centre sud, Pointe-auxTrembles, Longueuil. Cette implantation péquiste se prolonge dans la ceinture suburbaine de Montréal. Dans le reste du Québec (carte 10), le Parti québécois est très faible dans les comtés frontaliers ayant une forte composition anglophone (Pontiac, Brôme-Missisquoi, Mégantic-Compton, Bonaventure), faible dans le Québec rural, et bien implanté dans les régions périphériques (Abitibi, Témiscamingue, Saguenay, Lac-Saint-Jean, Côte-Nord, Nouveau-Québec). Les cartes du vote péquiste révèlent une fois de plus que les bastions du Parti québécois sont l'Est de Montréal (populaire et francophone), les banlieues francophones fortement liées aux secteurs public et parapublic et le Québec septentrional, là où se retrouve une activité économique de type primaire, fortement monopolisée et largement syndiquée (mines, pâtes et papier, hydro-électricité). L'appui de ces groupes sociaux au Parti québécois est moins fort en 1989 qu'il ne l'a déjà été, mais ce sont encore ces groupes sociaux qui appuient le plus fortement le parti de René Lévesque.










Les Partis égalité et unité

Le fait le plus spectaculaire de l'élection de 1989 est évidemment la percée des Partis égalité et unité, nés du mécontentement de la minorité anglophone face aux politiques linguistiques du gouvernement Bourassa, et en particulier devant l'adoption de la Loi 1786 ] .

Le réel succès électoral du Parti égalité masque un peu la performance tout aussi remarquable du Parti unité. Si ce dernier n'a pas fait élire de députés, s'il n'a même pas menacé de candidat libéral, cela est dû essentiellement au faible pourcentage d'anglophones dans les circonscriptions où il présentait des candidats.

Les Partis égalité et unité se sont partagés le Québec : le premier a présenté 19 candidats à Montréal et en périphérie de Montréal, alors que le second présentait 16 candidats, tous à l'extérieur de Montréal. Le choix des circonscriptions par ces deux partis fut dicté par le présence d'un électorat anglophone important.

Le vote obtenu par le Parti unité varie entre 1,6 % (Johnson) et 30,6 % (Pontiac), mais ces maigres résultats ne sont dus qu'à la faiblesse numérique de la population anglophone dans les circonscriptions où il présentait des candidats. En effet, le Parti unité a obtenu une fraction très importante du vote anglophone. Cette fraction est globalement de l'ordre de 60 % et elle varie entre 40 % et 75 % selon les circonscriptions. Les meilleurs résultats du Parti unité se situent en périphérie de Montréal (Beauhamois-Huntingdon et Châteauguay), alors que ses plus bas scores parmi les anglophones se situent dans des circonscriptions rurales (Johnson, Orford, Richmond) ou dans lesquelles le candidat libéral était un ministre (Bonaventure, Brôme-Missisquoi, Vaudreuil). Mais globalement on peut affirmer que le Parti unité a obtenu une large majorité du vote anglophone dans les circonscriptions où il présentait des candidats.

Le vote aux Partis égalité et unité est en corrélation positive presque parfaite avec le pourcentage d'anglophones (0,926) et en corrélation négative presque parfaite avec le pourcentage de francophones (-0,962), la corrélation avec le pourcentage d'allophones étant elle aussi positive (0,503). La carte du vote au Parti égalité (carte 11) montre que celui-ci épouse parfaitement les contours de la population anglophone (carte 14).




Le vote au Parti égalité varie entre 4,4 % (Groulx) et 57,8 % (D'Arcy McGee). Si l'on compare maintenant le vote du Parti égalité dans l'Ouest de Montréal avec celui qu'obtenait en 1976 l'Union nationale (on compare avec le vote U.N. calculé sur la base des circonscriptions actuelles), on constate alors qu'à sept exceptions près le vote du Parti égalité est inférieur au vote de l'U.N. en 1976. Mais on remarque aussi que plus il y a de francophones dans les circonscriptions, plus la baisse du Parti égalité par rapport à l'U.N. de 1976 est grande (par exemple Deux-Montagnes -12,9 %, Groulx -10,4 %, Marquette -8,9 %). Ceci est dû au fait que l'U.N. avait obtenu en 1976 un certain vote francophone conservateur que le Parti égalité a perdu et dans les circonscriptions majoritairement francophones, cette baisse prédomine sur tout autre phénomène.

Au contraire, dans les circonscriptions les plus anglophones, le Parti égalité obtient à peu de choses près le même résultat que FU.N. en 1976 (Jacques Cartier -1,2 %, Marguerite Bourgeoys -3,7 %, Nelligan -1,1 %, Sainte-Anne -0,9 %, Saint-Louis -0,1 %, Verdun 0,0 %). Dans ces circonscriptions, le Parti égalité a compensé l'absence des électeurs francophones qui avaient voté U.N. en 1976, par un pourcentage d'électeurs anglophones plus élevé que celui obtenu par FU.N. en 1976.

Enfin dans cinq circonscriptions le vote du Parti égalité est considérablement plus élevé que celui obtenu par FU.N. en 1976 (D'Arcy McGee +38,6 %, Mont-Royal +10,6 %, Notre-Dame-de-Grâce +12,0 %, Robert Baldwin +13,8 % et Westmount +20,0 %), alors que dans deux autres il est presque identique (Chomedey +0,2 % et Saint-Laurent +0,6 %).

Le lecteur familier avec l'écologie sociale de Montréal, reconnaîtra dans ces sept circonscriptions dans lesquelles le Parti égalité est en progression par rapport au vote U.N. de 1976, l'aire d'extension de la Communauté juive de Montréal. Le pourcentage de Juifs, selon le Recensement du Canada de 1986, est de 54,8 % dans D'Arcy McGee, de 19,5 % dans Mont-Royal, de 17,1 % dans Westmount, de 10,6 % dans Chomedey, de 10,5 % dans Robert Baldwin, de 9,1 % dans Saint-Laurent et de 6,9 % dans Notre-Dame-de-Grâce. Il ne manque à cette liste que la circonscription d'Outremont (14,8 % de Juifs), dans laquelle le Parti égalité ne présentait pas de candidat. En 1976, l'appui de la communauté juive à FU.N. fut négligeable, ce qui se traduisit, par exemple, par un vote faible dans D'Arcy McGee (20,5 %).

Le Parti égalité, fort d'un appui anglophone accru par rapport à celui qu'avait obtenu FU.N. en 1976, a obtenu le soutien de la Communauté Juive de Montréal. On ne peut pas, avec les données disponibles, déterminer exactement l'intensité de cet appui : la difficulté tient au fait que les catégories « Juif » (origine ethnique) et « anglophone » (langue maternelle) de Statistiques Canada peuvent se recouper, d'autant plus qu'une très grande proportion de Juifs se déclarent de langue maternelle anglaise depuis quelques recensements.

Mais il n'y a aucune raison de penser que l'appui de l'électorat juif au Parti égalité ait été inférieur à celui des anglophones. Il y a même lieu de croire qu'il lui a été très supérieur dans la mesure où Robert Libman a obtenu dans D'Arcy McGee, la circonscription contenant la plus forte proportion de Juifs, un vote de 57,8 %, plus de 15 points au-dessus du résultat obtenu par les trois autres élus du Parti égalité, malgré le fait que le pourcentage d'anglophones soit sensiblement le même dans les quatre circonscriptions (entre 48 % et 63 %).

Avec 4,7 % du vote valide, mais avec un vote de, respectivement, 24,0 % et 8,1 % du vote valide dans les circonscriptions où ils présentaient des candidats, les Partis égalité et unité ont bénéficié d'un appui massif de leurs communautés anglophones. Il sera intéressant, au cours des prochaines années, de voir si ces deux communautés, britannique et juive, vont coexister harmonieusement au sein du Parti égalité et comment elles vont fonctionner au sein de l'Assemblée nationale.




Les autres tiers partis

Les autres tiers partis ont obtenu un vote global représentant 5,2 % du vote valide, soit un recul de 0,1 % par rapport à 1985. Mais cette relative stabilité cache un réaménagement profond dans le partage de ce vote.

Le Nouveau parti démocratique a vu son vote coupé de moitié, passant de 82 588 à 41504 voix: mais il faut dire que son nombre de candidats est passé de 90 à 55. Cependant, la diminution du nombre de candidats n'explique pas complètement la baisse du vote néo-démocrate. Alors qu'en 1985 le NPD avait dépassé les 5 % du vote valide dans douze circonscriptions (notamment dans la région du grand Québec et dans l'Ouest de Montréal), en 1989, il n'atteint ce pourcentage que dans quatre circonscriptions. Les candidats néo-démocrates sont arrivés en troisième position dans 79 cas sur 90 en 1985, mais dans seulement 20 cas sur 55 en 1989. Avec moins de 1 % des électeurs inscrits, le NPD-Québec est devenu une particule dans la structure des partis politiques québécois.

L'autre nouveauté de l'élection de 1989 est la montée considérable du Parti vert. Alors que les 10 candidats verts de 1985 n'obtenaient que 4 613 voix, les 46 candidats de 1989 obtiennent 67 675 voix, soit 2,0 % du vote valide et 32 d'entre eux sont arrivés en troisième position. Dans 24 circonscriptions, le vote vert dépasse les 5 % du vote valide et dans un cas (Saguenay) il dépasse les 15 %.

Beaucoup de choses ont été dites et le seront dans l'avenir sur cette montée des Verts, que l'on met en relation avec la montée des Verts en Europe depuis une dizaine d'années. Qu'un parti sans organisation et sans argent ait connu une telle poussée est interprété généralement comme le signe d'une certaine prise de conscience devant les problèmes de l'environnement, d'autant plus que la première partie de la campagne électorale de 1989 s'est faite autour de la saga des BPC, envoyés en Grande-Bretagne, puis ramenés au Québec et finalement entreposés à Baie-Comeau : c'est d'ailleurs dans la circonscription de Saguenay, dans laquelle se situe Baie-Comeau, que le Parti vert a obtenu son meilleur résultat (15,5 % du vote exprimé).

On peut néanmoins se demander quelle est la part du vote vert qui ne représente qu'un vote de protestation ou d'insatisfaction envers les deux grands partis, sans lien véritable avec les problèmes de l'environnement. On peut se demander aussi quelle est la part du vote vert qui provient des électeurs anglophones dont le mécontentement face au Parti libéral ne pouvait s'exprimer autrement dans les circonscriptions dans lesquelles les Partis égalité et unité ne présentaient pas de candidats.

Bien entendu, dans les circonscriptions massivement francophones, le vote vert ne peut être que francophone : la question subsidiaire est alors de savoir de quel horizon politique proviennent les votes verts. On a beaucoup dit, en effet, au lendemain de l'élection du 29 septembre, que le Parti vert aurait fait perdre un certain nombre de circonscriptions au Parti québécois, étant sous-entendu que les électeurs verts proviennent essentiellement de l'électorat péquiste, dans les circonscriptions à majorité française. Or rien ne permet d'appuyer cette hypothèse puisque souvent le vote libéral recule en même temps que le vote péquiste face au candidat vert, comme dans le Saguenay où les péquistes perdent 2 338 voix et les libéraux 1 997, alors que le candidat vert n'a récolté que 3296 voix. Par ailleurs, plus de la moitié des députés péquites ont été élus malgré la présence des candidats verts ou néo-démocrates : trois devant un candidat du NPD (Chicoutimi, Jonquière, Les-Chutes-de-la-Chaudière), six devant un candidat vert (Johnson, Joliette, La Prairie, L'Assomption, Marie-Victorin et Terrebonne) et six devant un candidat néo-démocrate et un candidat vert simultanément (Gouin, Hochelaga-Maisonneuve, Masson, Mercier, Sainte-Marie-Saint-Jacques et Taillon). Rien ne permet donc d'affirmer qu'en l'absence de tiers partis le Parti québécois aurait obtenu de meilleurs résultats.

La seule cause évidente de la faiblesse numérique de la députation péquiste est la propre faiblesse électorale du Parti québécois, qui est le reflet des problèmes politiques de ce parti. En 1989, le Parti québécois n'a pas ramené à lui les électeurs perdus en 1985, ni entamé significativement l'électorat libéral.




Le vote linguistique à Montréal

Nous avons effectué une analyse spectrale7 ] du vote aux élections de 1985 et de 1989 dans les circonscriptions de l'Île de Montréal, de l'Ile Jésus et de la Rive-sud de Montréal. Le tableau 5 donne les coefficents de corrélation entre le vote aux partis politiques et la composition linguistique des circonscriptions de cette région, alors que le tableau 6 fournit pour chaque parti politique et chaque élection les valeurs estimées du vote de chaque groupe linguistique, avec les marges de confiance qui leur sont associées. Les résultats de ce tableau confirment les analyses précédentes.







En 1989, tout comme en 1985, le Parti québécois bénéficie d'une majorité absolue du vote francophone dans le grand Montréal. Depuis 1970, le Parti québécois devance le Parti libéral parmi les francophones de la métropole et depuis 1973 avec une majorité absolue. Bien entendu, on est loin des 60 % et 66 % du vote francophone que le Parti québécois obtenait parmi les francophones montréalais en 1976 et 1981 respectivement, et on se rapproche plutôt des niveaux obtenus par ce dernier en 1973 ou au cours du référendum. Par ailleurs, cette méthode ne permet pas de déceler un vote anglophone ou allophone significatif en faveur du Parti québécois au niveau de l'ensemble de la région : signalons néanmoins que la circonscription de Mercier se signale en 1985 tout comme en 1989, par un vote péquiste significativement supérieur à la valeur attendue selon le tableau 6, indiquant la présence d'un vote allophone certain pour l'ex-ministre des Communautés culturelles, Gérald Godin. Les circonscriptions d'Outremont en 1985 et d'Hochelaga-Maisonneuve en 1989 obtiennent aussi un résultat significativement supérieur à la valeur attendue pour le vote péquiste.













Le Parti libéral obtient un vote francophone dans le grand Montréal légèrement supérieur à 40,0 % en 1985 tout comme en 1989. Son vote allophone passe de 96,6 % en 1985 à seulement 24,1 % en 1989. Les circonscriptions de Mercier en 1985 et 1989, d'Hochelaga-Maisonneuve en 1989 et de Saint-Louis en 1985 (candidature de l'ancien député libéral Harry Blank sous la bannière indépendante) enregistrent un vote libéral significativement moins élevé que la valeur attendue selon les estimés du tableau 6.

Enfin, cette analyse confirme que le Parti égalité a obtenu un vote anglophone massif (73,5 %), un vote allophone très faible (13,8 %) et un vote francophone non décelable par cette méthode. La circonscription de D'Arcy McGee enregistre un vote au Parti égalité significativement supérieur à la valeur attendue selon le tableau 6. C'est ce vote anglophone à Montréal qui lui a permis de faire élire quatre députes, alors que le Parti québécois avec une faible majorité du vote francophone ne parvient qu'à faire élire sept députés dans cette région.8 ]




En guise de conclusion

Tenant compte que le Parti québécois, une fois de plus, n'a reçu pratiquement que l'appui d'électeurs francophones, son appui parmi ceux-ci dans l'ensemble du Québec est donc passé de 46 % environ en 1985 à 48 % environ en 19899 ] . Comme le vote des tiers partis autres que les Partis égalité et unité est resté constant à environ 6 % du vote francophone, cela signifie que le Parti libéral est passé de 48 % environ en 1985 à 46 % environ en 1989 chez les francophones. Les Partis égalité et unité pour leur part ont obtenu plus des deux tiers du vote anglophone dans les circonscriptions où ils présentaient des candidats, ce qui représente globalement environ 50 % du vote anglophone.

Même si le Parti québécois devance très légèrement le Parti libéral parmi les francophones, cela est dû essentiellement à son avance de 10 % dans le vote francophone de la région de Montréal, où la présence d'un électorat non francophone ne permet pas au Parti québécois d'en retirer des dividendes. À l'extérieur de Montréal, le Parti libéral devance encore le Parti québécois chez les francophones, ce que traduit l'élection de 57 libéraux contre 22 péquistes en dehors de la métropole. À quoi s'ajoute une très inégale répartition des votes selon les régions : en 1989, le Parti québécois a obtenu d'inutiles majorités dans certaines circonscriptions représentées par des vedettes et a reculé dans un grand nombre d'autres circonscriptions.

Après quinze ans de progression électorale continue, qui se vérifiait dans chaque circonscription, dans chaque municipalité, dans chaque quartier, dans chaque tranche de l'électorat, nous sommes entrés en 1985 dans une situation nouvelle dans laquelle le Parti québécois voit son vote soumis aux aléas des conjonctures et des personnalités. L'élection de 1989 renforce cette tendance.

La direction du Parti québécois mise sur l'usure du Parti libéral dans l'exercice du pouvoir et se dit que depuis trente ans aucun gouvernement au Québec n'a fait plus que deux mandats consécutifs. Ce raisonnement est très fragile et se fonde sur des analogies douteuses. Si au Québec on a connu tant de changements successifs de gouvernements, c'est parce que nous avons traversé une période de réajustement des forces politiques et que nous avons assisté à l'émergence du mouvement national et à son irruption sur la scène électorale. Avec le mode de scrutin que nous avons, cela ne pouvait qu'entraîner des effets aberrants.

Dans la mesure où ce mouvement fait du surplace depuis quelques années, il n'est pas impossible que nous soyons au début d'une longue période de stabilité gouvernementale sous l'égide du Parti libéral. Il n'est pas impossible non plus que le Parti québécois ne reprenne le pouvoir dans quelques années. Mais ni l'une, ni l'autre éventualité ne sera le résultat d'une quelconque loi de l'histoire inévitable, mais sera le résultat des forces politiques en présence. Actuellement, avec le retour à un bipartisme dominant, ces forces sont en équilibre, mais avec un net désavantage pour le Parti québécois : en effet, alors que chez les francophones le Parti libéral et le Parti québécois se partagent l'électorat à parts égales, l'électorat allophone massivement acquis au Parti libéral lui assure un avantage électoral certain et cela malgré la perte par le Parti libéral d'une majorité de l'électorat anglophone. Si cette situation d'équilibre perdure, le Parti québécois risque d'être perdant.




Note(s)

1.  La transposition des résultats de l'élection de 1985 sur la nouvelle carte électorale a été faite à partir d'un fichier informatié des résultats des élections depuis 1970 sur la base des municipalités et des secteurs de recensement. CF. Pierre Drouilly, Statistiques électorales du Québec par municipalités et secteurs de recensement 1970-1985, Bibliothèque de l'Assemblée nationale du Québec, Québec, 1988, 2 vol., 1353 pages.

2.  Les cartes ici présentées ont été tracées par ordinateur, avec le logiciel CARTES développé par Gontran Dumont au Service de l'informatique de l'UQAM.

3.  On trouvera les résultats des élections au Québec depuis 1867 dans notre ouvrage Statistiques électorales du Québec 1867-1989, 3e édition, Bibliothèque de l'Assemblée nationale du Québec, Québec, 1990, 692 pages; on trouvera des données sur les députés dans nos ouvrages Répertoire du personnel politique québécois féminin 1921-1989, 3e édition, Bibliothèque de l'Assemblée nationale du Québec, Québec, 1990, 702 pages, et Répertoire du personnel politique québécois féminin 1921-1989, 2e édition, Bibliothèque de l'Assemblée nationale du Québec, Québec, 1990, 62 pages.

4.  Tous les calculs statistiques ont été faits par ordinateur à l'aide du logiciel SPSS et de programmes écrits en langage FORTRAN.

5.  On trouvera des cartes des abstentions aux élections depuis 1867 dans notre ouvrage Atlas des élections au Québec 1867-1985, Bibliothèque de l'Assemblée nationale du Québec, Québec, 1989, 560 pages. Cet ouvrage contient en outre les cartes du vote accordé aux partis et les cartes des députés élus depuis 1867, ainsi que les cartes de la composition linguistique des circonscriptions depuis 1867.

6.  Cf. Pierre Drouilly, « Le succès des Partis égalité et unité », Le Devoir, 4 octobre 1989.

7.  Cette analyse a été conduite par une régression multiple passant par l'origine sous l'hypothèse de relations linéaires entre le pourcentage de vote accordé aux partis et la composition linguistique des circonscriptions. De façon générale, les variations expliquées se situent entre 98 et 99 %, alors que les valeurs résiduelles se situent dans les marges de confiance à 95 % dans tous les cas sauf deux au plus.

8.  Cf. Robert Boily, Alain Pelletier et Pierre Serré, Les élections du 25 septembre, Le Devoir, 12-13 octobre 1989.

9.  Pour fins de calculs nous estimons à 83,5 % le pourcentage de francophones au Québec selon le recensement de 1986, à 9,1 % celui des anglophones et à 7,4 % celui des allophones. Cette estimation est basée sur une répartition des réponses multiples « anglais et français » à la question sur la langue maternelle, au prorata des réponses uniques « français » et « anglais » dans chaque municipalité et secteur de recensement, répartition qui est sommée ensuite pour l'ensemble du Québec ; les réponses « anglais et autre » et « français et autre » sont comptées comme « autres », ce qui surestime légèrement le groupe des « autres ». les bilingues représentaient en 1986 un peu plus de 3,7 % des répondants. Les réponses « français seulement » représentent à elles seules 81,4 % de la population du Québec 1986.