accueilsommairerubriques

Profil du québec



Robert Boily* ]
Université de Montréal


L'année politique au Québec 1991-1992

· Rubrique : Profil du Québec - Présentation



Notre objectif est de rassembler ici les traits essentiels qui caractérisent le Québec d'aujourd'hui, dans la mesure où ils se prêtent à un traitement statistique ou graphique. Considéré de manière isolée, chaque tableau est en quelque sorte le grossissement d'un trait particulier, trahissant ainsi l'évolution récente qui fut sienne. Mis en relation, ces divers traits permettent de dégager un profil dont l'éclairage peut varier beaucoup en fonction des intérêts de chacun. C'est au lecteur, aidé en cela par la table des matières, d'effectuer cette reconstruction à partir de ses propres interrogations. Comme dans les éditions précédentes, nous offrons au lecteur un ensemble de renseignements touchant les syndicats et les partis politiques provinciaux et fédéraux. Pour la majorité d'entre eux, ces renseignements fournissent une information directe et complète. Pour les autres ils permettent de savoir où s'adresser pour obtenir un complément d'informations. L'ensemble de ces données se retrouvent, comme dans les éditions antérieures, à l'intérieur de quatre chapitres: 1. Les données socio-démographiques. 2. La vie économique. 3. Les structures sociales. 4. La vie politique.

Pour la deuxième année consécutive, nous avons opté dans le cas de quelques données statistiques pour une représentation graphique. Nous l'avons fait pour certaines données qui ne pouvaient connaître de mise à jour. Nous l'avons fait aussi pour des données où nous avons pu procéder à une mise à jour, mais qui dans une représentation graphique trouvaient une force, une visibilité particulière. Nous avons cependant conservé les tableaux chaque fois que ces derniers permettaient un accès plus clair, plus facile à la connaissance d'une réalité complexe et multiple, évitant ainsi la multiplication de graphiques pour un même tableau ou la surcharge d'un même graphique pour parvenir à traduire la complexité du tableau. graphiques ou tableaux, le but premier et de faire ressortir rapidement et le plus clairement possible une réalité. À cette fin, nous n'avons retenu dans certains cas que la dernière année d'une série chronologique, celle de la mise à jour, sachant que le lecteur a accès dans les éditions antérieures à l'ensemble de la série et qu'ainsi il n'y a pas de perte de données.

Bien que notre souci soit d'être le plus exhaustif et le plus à jour touchant les principaux traits de ce profil que nous voulons tracer, nous devons tenir compte des limites inhérentes à ce genre de recherche. Il en va ainsi de la plus ou moins grande facilité d'accès aux données de même que du caractère quinquennal ou décennal des recensements, qui nécessairement entraîne , à mesure que l'on s'éloigne d'eux, un retard dans la traduction de la réalité, un certain flou autour de cet instantané que nous cherchons à saisir. D'autre part, les données de recensement prennent un certain temps à paraître. Lors de l'édition 1991 nous n'avons pas pu intégrer les résultats du recensement de 1991. Pour la présente édition quelques mises à jour se sont avérées malheureusement impossibles à partir de ce recensement, les données ne devenant disponibles que dans les mois à venir. C'est notamment le cas en ce qui concerne la composition ethnique et celle de la population active.

Nous avons également éprouvé certaines difficultés dans notre volonté de sauvegarder une grande compatibilité des données et de leur traitement d'une édition à une autre, de développer graduellement de longues séries chronologiques. C'est ainsi que la possibilité des choix multiples depuis le recensement de 1981 et encore plus celui de 1986 en matière d'origine ethnique ou de langue maternelle posent des problèmes dans la poursuite de séries chronologiques, les données variant selon que l'on intègre ou pas ces choix multiples. Dans la présente édition nous n'avons pas tenu compte des choix multiples pour mesurer l'importance des transferts linguistiques ce qui permet de mieux mesurer les grandes tendances. Il n'en reste pas moins qu'il y a là un facteur de distorsion, d'autant plus, estiment certains, que des changements dans le questionnaire expliqueraient en partie la progression importante des transferts linguistiques vers le français entre 1986 et 1991, soit une augmentation de 10%.

Les révisions qui périodiquement sont effectuées de même que les corrections apportées aux séries statistiques des publications officielles ne sont pas sans poser problème. La comparaison des données publiées une année avec celles d'une année antérieure peut donc révéler des différences. Celles-ci entraînent rarement, il est vrai, une lecture fondamentalement autre de la question retenue, comme cela peut être le fait lorsqu'une erreur se glisse, malgré tout le soin apporté. Il faut noter que de telles variations dans les données sont parfois révélatrices. Ainsi, les tableaux touchant les mouvements migratoires ou les budgets permettent de mesurer l'écart entre les objectifs politiques et les résultats réels quand on compare les données provisoires ( les objectifs politiques) d'une année avec les données définitives de l'année suivante qui elles correspondent à ce qui s'est réellement passé, ou du moins s'en approche davantage.

Nous avons du, comme cela est arrivé dans des éditions précédentes, retirer une rubrique parce que le type de données qu'elle recouvre n'a pas connu de mise à jour depuis longtemps ou a été abandonné par Statistique Canada. Il s'agit cette fois du tableau «Exportations manufacturières du Québec: destination». dont les données les plus récentes remontent à 1987. On peut regretter cette absence dans la mesure où ce tableau nous permettait de connaître l'importance relative des autres provinces par rapport à l'étranger comme destinataires des exportations manufacturières du Québec.

Dernières remarques touchant l'utilisation de ces données: 1. Pour chacun des tableaux, graphiques et sources de renseignements, nous avons indiqué la page à laquelle le lecteur trouvera le tableau correspondant dans l'édition précédente. Comme nous avons procédé de la même manière à chacune des éditions, il est facile de reconstituer les séries chronologiques, même si chaque année nous sommes dans l'obligation de supprimer une partie des données de l'édition antérieure. 2. Les sources indiquées sont celles qui permettent d'établir les correspondances d'une édition à une autre ou qui correspondent à la mise à jour. Les autres se retrouvent dans les éditions antérieures. 3. Nous avons supprimé cette année encore quelques tableaux, lorsque aucune donnée nouvelle et significative n'était apparue lors de la mise à jour. La consultation de l'édition précédente permettra au lecteur de combler facilement les inconvénients de ce choix. 4. Il ne faut pas oublier que ce relevé s'arrête au 31 décembre 1992.

Dès le début de cette introduction, nous écrivions: «Considérée de manière isolée, chaque tableau est en quelque sorte le grossissement d'un trait particulier, trahissant ainsi l'évolution récente qui fut sienne. Mis en relation, ces divers traits permettent de dégager un profil dont l'éclairage peut varier beaucoup en fonction des intérêts de chacun.» Bien que ce ne soit pas l'objet de cette introduction de faire l'analyse de l'ensemble des données, nous voudrions mettre en relief quelques unes d'entre elles qui rejoignent une actualité très vive au Québec, soit celles qui concernent le dynamisme démographique du Québec lié au développement d'un pluralisme de plus en plus affirmé dans la région de Montréal. Derrière la sécheresse de ces chiffres dispersés dans divers tableaux, ce sont les pulsations démographiques et politiques du Québec d'aujourd'hui qui se profilent.

Une des caractéristiques majeures depuis le début des années '60 touchant la population québécoise, c'est la chute vertigineuse survenue dans le développement de cette population. En 1961 le Québec connaissait par rapport à 1951, une augmentation de sa population de l'ordre de 27,7%. En 1986, elle n'est plus que de 1,46% par rapport à 1981 (3,4%). La chute dans le taux de natalité explique pour une part cette réalité, Il passe en effet de 26,1% (pour 1,000h.) en 1961 à 14,8% en 1981 et à 12,7% en 1987. Le bilan migratoire largement négatif, des années '60 aux années '80, explique aussi d'autre part cette réalité. Deux faits ressortent ici: le Québec ne prélève qu'une faible part de l'immigration totale canadienne, soit 15,9% en 1988 pour 55,0% pour l'Ontario; le solde positif des migrations internationales demeure trop faible pour compenser l'ampleur du solde négatif des migrations interprovinciales.

Que révèlent à ce sujet les statistiques les plus récentes? Les dernières données confirment une légère tendance à la hausse du taux de natalité, 14,6% en 1992, une hausse perceptible également dans l'augmentation des jeunes de 0-4 ans. Le Québec est aussi parvenu à augmenter sa part de l'immigration (22,5% en 1991) de même qu'à améliorer son bilan migratoire, à la fois grâce à cette ponction plus grande sur l'immigration canadienne totale mais aussi par un abaissement de son solde négatif des migrations interprovinciales.

Il n'en reste pas moins que l'augmentation naturelle de la population demeure en dessous du seuil de reproduction, que l'écart entre la population de l'Ontario et du Québec s'accroît (10 084 885h. en Ontario en 1991 et 6 895 963h. au Québec), que le vieillissement de la population s'accentue, phénomène perceptible non seulement dans l'augmentation des plus de 70 ans mais aussi dans la hausse de l'âge moyen au sein de la population active.

L'augmentation de l'immigration permet de compenser en partie ces insuffisances démographiques mais elle n'est pas sans poser des problèmes. La région de Montréal constitue de loin la plus forte concentration de population au Québec. Et c'est dans cette région et plus particulièrement sur l'Île de Montréal que près de 90% des immigrants s'établissent. Si l'ensemble du Québec est francophone (langue maternelle) à 81,1% enl991, la région de Montréal l'est à 66,9% et la ville de Montréal à 61,3 %. L'importance de plus en plus grande de gens de langues maternelles autres que l'anglais et le français dans la région de Montréal (14,6% en 1991 et 21,6% dans la ville de Montréal) explique la diminution en importance de la population francophone. Le tableau concernant la population scolaire au primaire et au secondaire illustre ce pluralisme de plus en plus marqué de la population. D'autre part la relative stabilisation de la population anglophone s'explique non seulement par une baisse possible des départs des membres de ces communautés linguistiques mais par la capacité du groupe anglophone d'intégrer une partie de la population allophone. En effet si les transferts linguistiques en faveur du français semblent avoir connu une augmentation, plus de 60% des allophones continuent d'opter pour l'anglais. Une des conséquences majeures de cet ensemble de faits c'est que, selon que l'on regarde le Québec à partir de Montréal ou de l'extérieur de Montréal, le prisme utilisé s'avère déformant et entraîne une incompréhension de la réalité globale du Québec.




Note(s)

*   Deux étudiants de doctorat du département de science politique de l'Université de Montréal ont été des collaborateurs précieux et indispensables dans la mise à jour de l'ensemble de ces données, Lyne Deschênes pour la collecte des informations et David Irwin pour la conception et la réalisation graphiques. Qu'ils trouvent ici l'expression de notre reconnaissance. Nous voulons également remercier toutes ces personnes qui dans la fonction publique, les partis politiques, les syndicats nous ont assuré, une fois de plus de leur collaboration. Nos remerciements vont aussi à Magali Marc pour le délicat travail de la mise en forme des données.