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L'opinion publique québécoise



Édouard Cloutier
Université de Montréal

David Irwin
Université de Montréal


L'année politique au Québec 1993-1994

· Rubrique : Les tendances de l'opinion publique



Pour constituer cet aide-mémoire des résultats des sondages politiques qui ont été effectués et diffusés au Québec entre janvier 1993 et la fin de mai 1994, nous avons tout d'abord eu recours aux dossiers de presse constitués par le Groupe de recherche sur la mobilité de l'opinion du Département de science politique de l'Université de Montréal. Nous avons également relevé de façon systématique, à l'aide de l'Index de l'Actualité compilé sur disque numérique, tous les articles traitants de sondages faits au Québec et diffusés dans La Presse, Le Devoir, The Gazette, Le Soleil et The Globe and Mail. Enfin, nous avons consulté la transcription microfilmée du Journal de Montréal.

Ne sont présentés ici que les résultats des sondages qui ont été rendus publics dans les médias. Il s'agit donc d'une recension de l'opinion telle que le public a pu la connaître.

De plus, n'ont été retenus que les résultats de sondages représentant l'ensemble du Québec, ce qui exclut les résultats pan-canadiens, les résultats régionaux ou locaux et les résultats afférents à des catégories sociales, économiques, linguistiques ou démographiques particulières.

Faute d'espace, la présente rubrique ne fera état que des mesures prises en série et que l'on peut, en conséquence, présenter sous forme de tableaux. Ces tableaux couvrent deux grands secteurs: le soutien accordé au personnel politique (intentions de vote aux élections québécoises, intentions québécoises de vote aux élections fédérales, satisfaction à l'égard du gouvernement du Québec, satisfaction à l'égard du gouvernement du Canada, identification du meilleur premier ministre pour le Québec, identification du chef qui représente le mieux les intérêts des Québécois) et les appuis aux options constitutionnelles qui ont fait l'objet de séries de mesures (l'indépendance, la souveraineté).

De l'opinion politique des adultes québécois en 1993-1994, on aura donc une image chiffrée accompagnée des données techniques qui permettent de la jauger. Ces données comprennent: la date du sondage, l'identité du sondeur et du commanditaire, la taille de l'échantillon, le nombre de non-répondants, le lieu et la date de diffusion des résultats. Quand la source ne diffuse pas une donnée technique, cette donnée est remplacée par le symbole ND. Nous avons malheureusement dû faire l'économie de l'énoncé exact des questions faute d'espace.

Faute d'espace également, les données ne seront pas analysées en profondeur. Les faits saillants qui se dégagent des résultats seront toutefois signalés à l'attention du lecteur, lequel pourra, à partir de là, élaborer une lecture conforme à ses propres questionnements.



Faits saillants

1. En règle générale, l'intention de vote est accordée au Parti québécois. Au cours de l'année 1993, le Parti libéral du Québec est significativement majoritaire trois fois et le PQ six fois, les neuf autres scores ne permettant pas de départager les deux principaux partis. À noter que dans ces cas de quasi-égalité, le Parti libéral est désavantagé dans la mesure où la concentration de ses appuis dans les circonscriptions anglophones garantit une majorité des sièges au Parti québécois. L'année 1994 est marquée tout d'abord par la venue d'un nouveau chef à la tête du Parti libéral, Daniel Johnson, ce qui a pour effet de placer ce parti en situation d'égalité avec le PQ, une lune de miel qui sera cependant de courte durée puisque, dès mars, le Parti québécois reprend les devants de façon continue jusqu'à la fin mai.

Les gens ne sont pas satisfaits de la performance du gouvernement du Québec, même si cette insatisfaction connaît une légère et éphémère inflexion à l'occasion de l'arrivée de Daniel Johnson à la tête du gouvernement.

Toutefois, les électeurs trouvent que Daniel Johnson ferait un meilleur premier ministre que Jacques Parizeau, dont la popularité est nettement moindre que celle de son parti.

2. L'année 1993-1994 se divise en quatre périodes: de janvier 1993 jusqu'au début de la campagne électorale (8 septembre 1993), le Bloc québécois (15 fois) domine le Parti conservateur (trois fois) et le Parti libéral du Canada (deux fois) dans les intentions majoritaires de vote, les conservateurs et les libéraux s'échangeant régulièrement la seconde et la troisième place; du début de la campagne jusqu'aux débats des chefs (3 et 4 octobre), le Bloc remporte presque toujours la palme pendant que le Parti conservateur glisse progressivement au troisième rang; entre les débats et l'élection du 25 octobre, le Bloc s'installe définitivement et fermement en tête et le Parti libéral repousse irrémédiablement le Parti conservateur à l'étage des tiers partis; après l'élection, qui a vu la population donner un appui presque absolument majoritaire au Bloc, le Parti conservateur dégringole sous la barre des 10 points tandis que le Parti libéral en arrive quelques fois à devancer le Bloc.

Avant l'élection, les gens étaient très majoritairement insatisfaits du gouvernement canadien; après l'élection, ils lui accordent une lune de miel, laquelle semble toutefois prendre fin avec l'arrivée du printemps.

3. L'indépendance du Québec inscrit un score d'environ 43% pour et 57% contre. Par ailleurs, le statut de souveraineté pour le Québec l'emporte huit fois sur neuf en 1993 par des scores variant de 52% à 57%. En 1994, cette option connaît tout d'abord un fléchissement qui l'amène sous la barre des 50%, puis un redressement qui la ramène de justesse au-delà du seuil de la majorité absolue.