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Présentation



Robert Boily
directeur de la publication


L'année politique au Québec 1995-1996

· Rubrique : Présentation des ouvrages



En 1996, paraissait sous la direction de Denis Monière et Roch Côté Québec 1996, édition couvrant l'année politique 1994-1995. Les collaborateurs habituels de L'année politique au Québec y participaient de manière exceptionnelle en association étroite avec les journalistes et photographes du Devoir.

La présente édition de L'année politique au Québec, 1995-1996, renoue avec la formule qui a prévalu depuis 1989, année de la première édition de cette publication qui couvrait alors l'année 1987-1988. Un ensemble d'universitaires, spécialistes de divers domaines, s'arrêtent aux diverses institutions, aux principaux acteurs de la vie politique québécoise et font le point sur les faits marquants de l'année politique écoulée* ] . Ils en analysent le sens et fournissent aux lecteurs les données factuelles nécessaires à leur compréhension et au contrôle, dirions-nous, des interprétations proposées. Dans la réalité politique, la plupart de ces questions sont intimement liées. Aussi est-il inévitable que les auteurs se penchent parfois sur les mêmes faits, les mêmes événements. Le lecteur y trouve ainsi accès à de multiples manières de saisir un même phénomène, à des éclairages contrastés.

De par son contenu, cette publication s'adresse à tous ceux qu'intéresse la politique québécoise et en particulier à tous ceux qui , ici ou à l'étranger, souhaitent une lecture fondée sur une information sûre de l'un ou l'autre aspect de la vie politique québécoise, qu'ils soient membres de partis politiques, fonctionnaires, journalistes, leaders d'opinion, professeurs ou étudiants.

La conception de l'ouvrage permet ou bien de situer une question à l'intérieur de son domaine propre, celui de l'administration publique, des partis ou des syndicats par exemple, ou encore de rechercher, à travers les diverses rubriques, les multiples aspects de cette même question. Le maintien, année après année, des mêmes rubriques offre au lecteur la possibilité de suivre, en plus ou moins longue période, les débats qui animent ces différents domaines d'activité politique, de retrouver les solutions proposées aux grands problèmes que confronte la société québécoise ou noter les silences qui les accompagnent. Possibilité d'autant plus intéressante que plusieurs collaborateurs sont associés à la publication depuis le début ou du moins depuis plusieurs années.

Ainsi conçue, L'année politique au Québec ne prétend pas rejoindre l'activité de la vie québécoise dans l'ensemble de ses manifestations. Son objectif est à la fois plus restreint mais non moins exigeant. L'année politique au Québec possède une unité, celle du politique et une orientation qui lui est propre, celle de l'interprétation des événements relevant du politique, replacés dans leur contexte et dans le temps.

Il faut savoir qu'une telle publication constitue à bien des points de vue une aventure. Elle est née et a vécu grâce à la ténacité de Denis Monière qui en a assumé la direction jusqu'à cette année et du support du département de science politique de l'Université de Montréal. Nous devons ici rendre un hommage particulier à Renée Leclerc, responsable du Service de recherche et de documentation à ce département. Une aventure rendue possible parce que depuis le début, tous les collaborateurs de L'année politique au Québec ont accepté d'y participer gracieusement. Dès le départ, il avait été convenu que les revenus générés par la publication, lorsque revenus il y a, serviraient à soutenir des étudiants d'Études supérieures dans leurs recherches, notamment celles qui sont reliées à la publication. il a fallu, chaque fois, qu'un éditeur croie à cette aventure.

L'année politique juillet 1995-juillet 1996 a été profondément marquée par le référendum mais aussi par les décisions auxquelles sont acculés les divers acteurs politiques, partis, syndicats, patronat, groupes populaires par suite de la situation économique et sociale. On le sent à travers tous les chapitres de ce livre, ces acteurs se retrouvent confrontés à des choix fondamentaux: doit-on poursuivre le projet d'indépendance; dans quels délais et sous quelle forme? Doit-on abandonner le grand projet social et politique de l'État providence qui fut celui du Québec depuis les années 1960 et le particularise en Amérique du Nord? La lecture des événements de cette année politique nous amène à croire que le Québec est entré en transition, une transition rapide qui se poursuivra encore, au minimum, pendant la prochaine année, mais une transition vers quoi, vers où? À la fin de cette année politique, les choix ne sont pas encore clairs. Les orientations que privilégieront au cours de la prochaine année les principaux acteurs politiques permettront sans doute de répondre à ces questions. Chacun d'entre eux a, en effet, tout au cours de la présente année, des rencontres déterminantes avec ses militants.

Le hasard fait que la première publication de L'année politique au Québec a coïncidé avec la mort de René Lévesque. Celle de cette année coïncide avec la disparition de Robert Bourassa. Deux personnalités profondément associées à la modernisation du Québec, une modernisation qui s'est concrétisée dans la construction d'un Québec plus autonome, plus démocratique et plus juste socialement. À nouveau, comme dans les années 1960, mais dans un contexte économique nettement moins favorable, le Québec se retrouve devant des défis considérables, déterminants pour lui, et pour lesquels les solutions passées ne sont plus nécessairement adéquates. La relève politique optera-t-elle pour le maintien des grands objectifs politiques et sociaux qui ont animé la société québécoise depuis plus de trente ans, en s'efforçant de les poursuivre par de nouveaux moyens, ou abandonnera-t-elle ces grands objectifs au nom d'un certain réalisme économique? Est-ce faire état d'un optimisme démesuré que de poser la question?




Note(s)

*  Il s'agit du calendrier de la vie parlementaire. Nous couvrons donc la période allant du mois de septembre 1995 au mois d'août 1996.