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Le débat idéologique



Éric Desrosiers
Université de Montréal


L'année politique au Québec 1996-1997

· Rubrique : Les débats idéologiques



L'année 1996-1997, en matière de débat idéologique, a principalement été placée sous le signe de la continuité de la lutte menée par le gouvernement québécois pour l'assainissement de ses finances, la réorganisation de son action ainsi que la relance de l'économie québécoise. Une lutte dont les objectifs immédiats ont su, à la suite du Sommet sur l'économie et l'emploi d'octobre 1996, susciter l'adhésion de la majorité des partis impliqués mais dont l'esprit et les moyens ont également éveillé bien des résistances et nourri bien des débats.

Il faut dire que pour compliquer la tâche du gouvernement, ces réformes ont été menées dans un climat de méfiance générale à l'égard de la classe politique. Ce climat de méfiance a d'ailleurs fait lui-même l'objet de débats dans lesquels on a vu, phénomène rarissime, les membres de l'Assemblée nationale unanimes... à se défendre. Pendant ce temps, comme chaque année, la question constitutionnelle a aussi animé le débat des idées au Québec. Profitant du fait que le gouvernement du Parti québécois soit occupé à ses grands chambardements socio-économiques, les forces fédéralistes ont poursuivi l'exploration des pistes de réflexion ouvertes par leur sulfureux Plan B. Le ton et le contenu de ce dernier appelaient toutefois une réplique qui a fini quand même par venir. Les tensions suscitées par le climat constitutionnel se sont répercutées sur un quatrième sujet de discussion, plus culturel celui-là, portant sur la nature de l'identité québécoise et son inscription dans la modernité.



Le grand chambardement

«Notre tâche, annonce Lucien Bouchard en fin de mois d'octobre 1996, est de guérir la social-démocratie québécoise» et cette santé, poursuit-il, «suppose la santé de son économie, de ses finances, la santé de ses entreprises1 ] ». On est à la veille du Sommet sur l'économie et l'emploi qui se tiendra à Montréal. Le grand chambardement de l'État québécois est présenté comme inévitable. Le poids de la dette publique et la mondialisation des marchés financiers ne laissent plus le choix au gouvernement, celui-ci doit réduire de façon dramatique son train de vie et revoir entièrement ses façons de faire sans quoi il perdra rapidement toute capacité d'agir. «La réduction du déficit n'a jamais été un objectif en soi, assure alors le vice-premier ministre et ministre d'État de l'Économie et des Finances, Bernard Landry, toute la politique budgétaire du gouvernement vise à dégager une marge de manoeuvre pour continuer d'être en mesure d'assumer nos responsabilités sociales2 ] .» Le Québec a «dormi sur l'interrupteur» Ces dernières années, renchérit Lucien Bouchard, et doit maintenant composer avec le nouveau contexte économique. «Il faut s'adapter. Ce n'est pas un choix qui s'offre à nous, c'est une nécessité3 ]

Ce que le Québec n'a plus le choix de faire, outre l'élimination dans les plus brefs délais (avant l'an 2000) de son déficit public, c'est s'en remettre au marché pour créer la richesse et les emplois sans lesquels rien n'est possible; c'est revoir les modes de fonctionnement des services sociaux, de l'éducation et de la santé de manière à ce qu'ils soient plus efficaces et collent mieux aux besoins présents. Québec doit aussi réviser l'ensemble du partage des rôles entre l'État, le marché et la société civile. Selon le président du Conseil du trésor et ministre délégué à la fonction publique, Jacques Léonard, «l'État québécois ne peut plus être celui des années 1960 ou 1970, fini l'État-providence. Place à l'État-catalyseur, à l'État facilitateur: État à la mesure de nos moyens». Citant l'opinion des «spécialistes», il poursuit: «Les gouvernements de l'avenir devraient tendre à être moins interventionnistes, [...] à se concentrer davantage sur la définition des priorités et l'élaboration de politiques. Une place plus grande serait faite à des partenaires non gouvernementaux pour la livraison des services publiques. Ils [les spécialistes] entrevoient même l'émergence d'un troisième secteur dit . communautaire", hors des frontières de l'État et de l'entreprise privée, qui pourrait jouer un rôle très actif dans la prestation de services sociaux4 ] . »

Bien qu'il se dise soumis aux mêmes contraintes que tous les autres gouvernements occidentaux, le gouvernement péquiste annonce vouloir trouver sa propre vole. Il n'a pas l'intention de copier l'approche néolibérale brutale appliquée, par exemple, en Ontario par le gouvernement Harris. En plus de se vouloir social-démocrate, précise-t-il, le «modèle québécois» fait une grande place aux dialogues entre les principaux agents socio-économiques (ce dont le Sommet se voulait un exemple éclatant) ainsi qu'à l'emploi des grandes institutions économiques collectives (Société générale de financement, Société de développement industriel, Caisse de dépôt, etc.).

La réaction des autres partenaires impliqués se révèle plutôt bonne. Du côté des représentants du monde des affaires, on se montre évidemment agacé par certaines dispositions en faveur, par exemple, du salaire égal entre les hommes et les femmes, mais cela est largement compensé par la volonté affichée de libérer les entreprises d'une partie des contraintes qui lui sont imposées par les pouvoirs publics ainsi que par le ton et le contenu général du discours gouvernemental. Du côté des syndicats et des groupes communautaires, on se déclare rassuré de voir le gouvernement sensible tout de même à d'autres problèmes que celui du déficit (tels que le chômage, la pauvreté ou la qualité des services sociaux). On se méfie toutefois du tour que prendront les réformes en cause et on se promet bien de résister à tout virage trop à droite5 ] .

Chose certaine, d'un côté comme de l'autre, on garde plutôt une bonne impression de l'exercice de concertation réalisé à travers le Sommet sur l'économie et l'emploi. Selon la présidente de la Société québécoise de développement de la main-d'oeuvre, Diane Bellemare, le Sommet a été l'occasion de démontrer les remarquables possibilités de la concertation «à la québécoise» comme outil politique. «La concertation en matière d'économie et d'emploi, déclare-t-elle en novembre de la même année, favorise la démocratie industrielle et la démocratie tout court. [...] L'importance que les partenaires socio-économiques prennent dans l'élaboration et la mise en oeuvre des stratégies d'emploi et de croissance économique ne porte pas préjudice au gouvernement. Bien au contraire. Elle permet à celui-ci d'être plus efficace et plus performant en lui permettant d'adopter des politiques qui suscitent une large adhésion et de les implanter rapidement6 ]

Parmi les nombreuses réformes majeures mises de l'avant par le gouvernement péquiste, celle portant sur la Sécurité du revenu apparaît comme un premier test sérieux de sa nouvelle vision de l'État. Piloté par la ministre Louise Harel, championne au sein du cabinet péquiste du maintien des politiques sociales, le projet propose principalement le regroupement des services en un guichet unique, l'obligation pour les jeunes prestataires de 18 à 24 ans de s'inscrire dans un parcours de formation et d'insertion à l'emploi, ainsi que l'intégration des différentes allocations familiales de façon à améliorer l'incitation au travail. Fruit d'un délicat compromis entre la ministre et ses collègues des secteurs économiques, les mesures s'attirent dès le départ l'appui dans les sondages de l'ensemble de la population7 ] .

Pierre Fortin et Francine Séguin, membres dissidents du comité externe d'experts chargé, l'année précédente, d'élaborer le projet de réforme, se disent ravis des choix faits par la ministre8 ] . Ils regrettent toutefois que l'on n'ait pas eu le courage de prévoir l'exclusion pure et simple de l'aide sociale des prestataires qui ne feraient pas preuve d'efforts réels pour trouver un emploi ou pour s>y préparer. Selon eux, une telle mesure donnerait, à ceux qui seraient tentés de se laisser porter par le régime, le signal clair «que l'aide sociale, c'est pour les gens aptes qui désirent travailler». Un peu de rigueur, ajoutent-ils, «aurait un effet dissuasif, bénéfique et redonnerait confiance à la population dans l'intégrité du régime».

Autre son de cloche du côté de leurs confrères «signataires majoritaires» du fameux comité d'experts. Pour Camil Bouchard, Vivian Labrie et Alain Noël, le gouvernement fait fausse route en ayant recours à des pénalités9 ] . Ils craignent, entre autres, que de pareilles mesures donnent, au parcours vers l'emploi proposé à chaque prestataire, l'image d'une punition. Ils craignent aussi, compte tenu du peu de cours de formation et de stages disponibles pour le moment, qu'elles amènent des individus moins motivés à prendre des places qui seraient, autrement, occupées par des candidats ayant plus de chances de succès. Un phénomène qui risquerait d'entacher la réputation du programme à un moment délicat de son établissement. De façon générale, les trois experts jugent qu'en appliquant la pénalité sur le montant même de la prestation de base, la réforme renie «le principe fondamental [ ... ] de l'accès, pour tous les citoyens du Québec, à une sécurité du revenu correspondant à la couverture des besoins essentiels reconnus par la fiscalité». Une opinion que partage le président de la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse, Claude Filion10 ] . Le succès de la réforme de la sécurité du revenu dépendra, rappelle-t-il en commission parlementaire, d'abord et avant tout de la création d'emplois. «Si la responsabilisation de l'individu peut constituer l'un des axes de la réforme de la sécurité du revenu, elle n'autorise d'aucune façon une "déresponsabilisation" de l'État.» Ce dernier, ajoute-t-il, «par les moyens qu'il détient et les pouvoirs dont il dispose est - et demeure - le principal dépositaire de la solidarité sociale».

Claude Filion n'est pas le seul à se montrer inquiet devant la tournure générale des choses. Plusieurs autres voix se font entendre, durant cette année, pour dénoncer ce que l'on perçoit être un virage à droite qui a de plus en plus des allures de dérapage. Dans le numéro de janvier 1997 de la revue L'Action nationale, Rosaire Morin déclare tout net que le gouvernement québécois est en train de mener son ouvrage d'assainissement des finances publiques sur le dos des pauvres alors que les grandes entreprises s'enrichissent plus que jamais. «Le sens social disparaît, dénonce le directeur de la revue. L'économie domine. La croissance de la production détermine le futur. Le profit est devenu le seul objectif11 ] .» «À toutes les époques, les humains ont été tentés d'adorer le Veau d'or, déplore à son tour Dominique Boisvert dans la revue Relations. De nos jours, "l'économie triomphante" est devenue cette idole qui nous gouverne. Et pendant que les profits atteignent de nouveaux sommets, ajoute-t-il plus loin, que les découvertes technologiques se bousculent et que la mondialisation se déploie dans tous les domaines, les pauvres sont de plus en plus nombreux, exclus et apparemment impuissants, ici comme partout dans le monde12 ]

Il y en a, comme Dominique Boisvert, pour qui il n'existe pas d'autre solution à pareil danger que de rompre purement et simplement avec la logique capitaliste et ses valeurs qui écrasent les humains au nom du progrès, de la performance et des profits. Rompre en prenant conscience des implications de nos choix quotidiens et en renonçant «aux mirages de la croissance illimitée et aux illusions du bonheur factice par la consommation». Rompre en refusant notre consentement à ce système qui ne peut exister sans notre collaboration quotidienne. Il y en a d'autres, comme les professeurs Michel Bernard et Léo-Paul Lauzon dans leur livre Finances publiques et profits privés, pour qui il devient urgent, entre autres, de dénoncer les mythes du néolibéralisme et réhabiliter des idées comme l'interventionnisme étatique et la révision du partage du fardeau fiscal entre les riches et les pauvres ainsi qu'entre les entreprises et les particuliers13 ] .

De nouvelles alternatives sont aussi explorées. La «nouvelle économie sociale» est l'une d'elles. Apparue au grand jour à l'occasion du Sommet sur l'économie et l'emploi, celle-ci se veut une approche intégrant à la fois l'économique et le social, explique le sociologue Louis Favreau14 ] . Fortement territorialisées, ses interventions reposent sur un partenariat entre les secteurs public, associatif et privé, liés organiquement par ententes, par contrats ou par projets. Financée en partie par des fonds publics et par la vente de biens ou de services, son champ d'action de prédilection se situe dans les domaines de la santé et des services sociaux mais tend aussi à s'étendre au vaste espace existant entre ce que le secteur public ne peut pas faire et ce que le privé ne veut pas faire.

Ce nouveau champ d'activité se révèle intéressant à plus d'un titre. Il est d'abord susceptible de créer de l'emploi dans de nouveaux domaines d'activité. La recherche du profit n'y occupe ensuite pas toute la place mais la partage plutôt avec d'autres objectifs tels que la qualité des services prodigués et le développement personnel de ceux qui s'y impliquent. Plus proche des citoyens et de leurs problèmes, elle se révèle aussi un nouvel espace démocratique. «Avec le partage du travail, déclare Louis Favreau, l'économie sociale forme une pièce maîtresse d'un nouveau contrat social et d'une citoyenneté active.,> Elle devra cependant répondre à plusieurs défis, termine-t-il, dont celui du risque de délestage des services publics dans les communautés.




«Pinocchio président!»

Toutes ces réformes et ces remises en question ont été entreprises alors même que le degré de confiance de la population à l'égard de ses élites politiques était au plus bas. Le vent de cynisme, qui souffle sur l'ensemble des démocraties occidentales, s'est fait plus fort au Québec avec la publication, au mois de mars 1997, du livre d'André Pratte, Le syndrome de Pinocchio15 ] . Cette plaquette, qui se voulait un pavé dans la mare politique, aura finalement provoqué plus de vagues que son auteur ne s'y attendait.

Dès sa publication, l'Assemblée nationale, dans une rare unanimité (où seule manque la voix du chef de l'ADQ, Mario Dumont), adopte une motion de blâme contre le livre et une émis sion d'affaires publiques qui y a fait écho. Les députés voient là une «attaque systématique» contre le régime démocratique16 ] . L'initiateur de la motion, le chef de l'opposition officielle Daniel Johnson, explique à cette occasion que le rôle des élus est de «soulever des attentes. Ces attentes sont parfois trompées parce que le temps manque ou qu'on s'y prend de la mauvaise façon. Mais cela ne fait pas pour autant des menteurs de tous les élus.» Le ministre Guy Chevrette va encore plus loin: «Les politiciens ne mentent pas plus que les autres citoyens. Certains lancent des rumeurs pour tester la réaction des citoyens.» Ce qui * n'est pas mentir, dit-il. «La vie de politicien ne mérite pas le mépris, conclut son confrère Bernard Landry, et le danger des déclarations qui ont été véhiculées est d'attirer le mépris.»

Dans son ouvrage, Pratte relève une longue série d'exemples de mensonges et demi-vérités que nous ont servis des politiciens au cours des dernières années. Des gros mensonges («Je n'ai jamais promis d'abolir la TPS») aux plus petites «restrictions mentales» («Notre parti est plus uni que jamais»), les seuls progrès réalisés en ce domaine, avance l'auteur, l'ont été en terme de subtilité dans l'art de la tromperie. «Contrairement aux mensonges de la vie privée, explique-t-il, les mensonges politiques sont toujours inadmissibles. Parce qu'ils touchent plus de gens, bien sûr, et portent davantage à conséquence. Mais surtout, parce qu'ils constituent un bris de contrat, de la fiducie confiée aux gouvernants par les gouvernés.» Il a toutefois soin de partager les torts. Parce que les médias et les électeurs aussi contribuent à cette culture du mensonge politique. Les uns parce qu'ils ne cherchent presque plus à démasquer les tromperies politiciennes. Les autres, parce qu'ils donnent leurs votes à ceux qui leur font les plus belles promesses plutôt que de récompenser ceux qui leur exposent la réalité dans toute sa complexité et avec toutes ses contraintes.

Selon Richard Martineau du journal Voir17 ] ,«André Pratte ne fait que dire tout haut ce que tout le monde pense tout bas». Il en veut pour preuve les nombreux sondages populaires qui révèlent (comme celui publié dans L'Actualité en août 1995) des taux de confiance à l'égard des politiciens de 4V «Les politiciens sont dans la dèche, affirme-t-il. Botter le cul des élus est devenu notre troisième sport national, après le "flashage" de lumières et le grattage de billets de loto.» Agnès Gruda de La Presse ridiculise la réaction scandalisée des députés de l'Assemblée nationale. «Au mieux, écrit-elle, ils auront offert une campagne de promotion gratuite au Journaliste André Pratte. [ ... ] Au pire, leur réaction aura renforcé la méfiance que, ne leur en déplaise, beaucoup de citoyens entretiennent à leur égard. [ ... ] Si les députés ont réagi de façon aussi épidermique, suggère-t-elle, c'est peut-être parce que les règles de la vie parlementaire traitent le mensonge en tabou absolu18 ]

Un autre éditorialiste, du quotidien Le Soleil cette fois, livre une opinion plus nuancée19 ] . «Le problème avec les idéalistes (comme Pratte), explique Michel David, c'est qu'ils sont forcément intransigeants.» Tout en reconnaissant l'existence d'un contrat moral supposant la franchise entre les gouvernants élus et les gouvernés, David rappelle que «ce contrat fait également obligation aux gouvernants de s'assurer que le système fonctionne convenablement. Or, cela exige souvent une certaine discrétion. [ ... ] Quant aux promesses électorales, ajoute-t-il, les électeurs ne sont pas dupes. Contrairement à ce qu'André Pratte semble croire, les libéraux de jean Chrétien n'ont pas été élus parce qu'ils promettaient de s'attaquer au chômage, pas plus que le PQ n'a été porté au pouvoir parce que les Québécois espéraient une "autre façon de gouverner". Dans les deux cas, les électeurs en avaient simplement assez du gouvernement sortant.» Michel Venne se demande, de son côté, dans Le Devoir20 ] , «à quand remonte le dernier scandale politique majeur au Québec? Nous sommes si loin des "affaires" à la française, des scandales à l'italienne, des procès à l'américaine. Mais tant pis, les préjugés subsistent [ ... ], l'exigence morale est plus élevée aujourd'hui que naguère envers les élus du peuple ... »

Force est d'ailleurs de constater que les politiciens ne sont pas les seuls à faire les frais des critiques de ceux qui ont soif de vérité. Quelles qu'en soient les raisons (élévation générale du niveau d'éducation, progrès dans le domaine de l'information ou frustration des populations devant l'impuissance grandissante des pouvoirs publics) la vérité apparaît clairement comme une valeur à la hausse ces temps-ci. Par exemple le nouvel hebdomadaire montréalais Ici, qui lance son premier numéro en septembre 1997 en publiant un manifeste en faveur du «parler-vrai21 ] ». Interpellant à la fois «tous les politiciens, chefs d'entreprises, économistes, lobbyistes, tous les hommes et femmes de pouvoir, ainsi que tous ceux qui leur tendent le micro pour amplifier leur voix», le journal déclare que: «Nous en avons ras les oreilles du mensonge déguisé en habilité médiatique, de la grimace trafiquée en sourire, de la partisanerie qui préfère le silence à la vérité. [ ... ] Pas un seul d'entre vous ne parle vrai. Votre langage est un code secret. Vous faites des blagues parlementaires, des Slogans, des mots d'esprit, des jambettes à l'adversaire, des promesses électorales, des discours écrits par d'autres. Vous n'avez pas de valeurs, mais une ligne de parti.»

Comment répondre à ce ras-le-bol populaire? En ce qui concerne directement les institutions politiques, le président de l'Assemblée nationale propose de relâcher la discipline de parti et de revaloriser le rôle du député. «Nous ne vivons pas vraiment en démocratie, déclare Jean-Pierre Charbonneau, si les lois sont conçues, rédigées et décidées dans les officines gouvernementales et si le Parlement n'est plus qu'un théâtre22 ] .» Le président du Conseil du patronat du Québec, Ghislain Dufour23 ] , suggère que l'on commence déjà par revoir la planification des travaux de l'Assemblée nationale de manière à permettre à chaque projet de loi d'être proprement expliqué et débattu plutôt qu'adopté à toute vapeur, de nuit et en fin de session comme c'est malheureusement trop souvent le cas.

Dans un numéro des Cahiers de recherche éthique24 ] , le professeur Michel Dion propose l'adoption d'un code d'éthique détaillé qui s'appliquerait à l'ensemble des élus et en vertu duquel ils seraient tenus responsables devant une commission d'éthique indépendante et redevable de l'Assemblée nationale. Dans le même ouvrage, le politologue Guy Lachapelle avance que la solution repose plutôt sur une plus grande transparence et une meilleure communication entre les élus et le peuple de façon à ce que les préférences de l'ensemble des citoyens gagnent du poids par rapport à celles des groupes d'intérêts, des experts ou de quelques ministres. Le chercheur en administration publique André Larocque suggère, pour sa part, que l'on remette au goût du jour certaines réformes proposées puis abandonnées par le premier gouvernement Lévesque telles que: la création d'un office des électeurs pour amorcer les réformes institutionnelles, l'introduction de la représentation proportionnelle dans le mode de scrutin ou l'instauration de référendums d'initiative populaire.




À l'affiche cette année: Plan S, la revanche du Canada

L'Incontournable dossier constitutionnel n'a guère progressé, de son côté, depuis la victoire serrée du camp fédéraliste lors du référendum d'octobre 1995. Incapable d'arriver à formuler une réforme qui réussirait à réconcilier les «deux solitudes» («Plan A»), le camp victorieux a continué à explorer la définition, en forme d'avertissement, des «règles de la sécession» du Québec («Plan B»). Pour toute proposition de changement de la fédération, Ottawa n'aura offert au Québec, selon le politologue Guy Lachapelle, qu'une résolution sur la société distincte à la Chambre des communes qui demeurent une coquille vide, un droit de veto régional inopérant ainsi qu'une décentralisation fictive des pouvoirs25 ] . Quant aux neuf autres provinces, elles s'entendront, en septembre 1997, sur une Déclaration de Calgary reconnaissant cette fois, non plus le «caractère distinct» de la société québécoise, mais son «caractère unique». La nouvelle offre sera rapidement qualifiée de moins généreuse à l'égard du Québec que l'Accord de Charlottetown, un accord pourtant rejeté par les Québécois qui le jugeaient insuffisant.

En contrepartie, les initiatives ont été beaucoup plus nombreuses en ce qui concerne le «Plan B». Dans le camp fédéraliste, on s'est mis à contester le droit du Québec de déclarer unilatéralement sa souveraineté, et ce tant en vertu de la constitution canadienne que du droit international. On fait désormais d'Ottawa le seul juge de ce qui pourrait être une question référendaire acceptable ou de ce qui serait le niveau de la majorité suffisant pour engager le Québec sur la vole de pareils changements. On menace également de faire subir au Québec le même traitement qu'il ferait subir au Canada en cas de sécession, c'est-à-dire la partition de son territoire et le rattachement au Canada des villes et régions québécoises désirant rester canadiennes. Plus simplement, on se défoule en accusant les Québécois francophones de tous les maux et de toutes les tares. C'est le cas, par exemple, du premier ministre Bouchard qui voit, à la fin août 1997, sa santé mentale remise en cause par un pseudo profil psychologique largement diffusé par la presse canadienne. Cela amène la revue VO: Vie ouvrière, durant le même été, à relever le durcissement de ton à l'égard du Québec. «Raciste. Fasciste. Intolérant, peut-on y lire. Depuis quelques années, les accusations vont en s'amplifiant. Le presque-oui d'octobre 95 a inauguré une nouvelle véhémence26 ]

La tempête médiatique déclenchée presque un an plus tôt, à l'automne 1996, par le nouveau lieutenant-gouverneur du Québec, Jean-Louis Roux, s'avère, à ce chapitre, un événement exemplaire. L'histoire commence lorsque le comédien-politicien révèle au magazine L'Actualité avoir dessiné, en 1942, entre autres frasques de jeunesse, une croix gammée sur son sarrau d'étudiant à l'Université de Montréal. La blague, ou le geste de provocation, était de fort mauvais goût, reconnaît-il maintenant. Elle finira d'ailleurs par lui coûter son poste.

La nouvelle choque bien sûr par elle-même. D'autant plus que Roux tarde à prendre la mesure de l'indignation qu'elle crée. Elle donne également un nouveau jour au douteux parallèle qu'il dressait, un an plus tôt, entre les souverainistes québécois et les intellectuels allemands qui avaient gardé le silence devant le nazisme. Mais par un curieux retournement de situation, l'affaire tournera surtout à un nouveau «derby de démolition» contre le Québec.

Arroseur arrosé, Roux se retrouve, en effet, rapidement dépeint en victime par ses amis et une partie de l'opinion publique canadienne. Gérard Pelletier écrit: «ce que notre intelligencia [sic] n'a jamais pardonné à Jean-Louis Roux c'est de l'avoir mise en garde contre les complaisances des intellectuels pour certaines attitudes du pouvoir en Place27 ] ». «On oublie, ajoute le sénateur Jacques Hébert, comment le Québec de cette époque était imprégné d'antisémitisme et se montrait sympathique aux dictatures européennes28 ] . »

Le directeur du magazine L'Actualité, Jean Paré, réfute avec force ces propos. «Les amis de M. Roux, déclare-t-il, l'utilisent aujourd'hui avec hypocrisie pour salir l'ensemble d'un Québec qui aurait, à les en croire, mijoté dans toutes les sauces totalitaires il y a 50 ans. Un Québec mythique presque uniquement peuplé de sympathisants nazis, franquistes, mussoliniens. On mélange les "-ismes" avec une joie malsaine pour montrer que les Québécois sont par essence une nation fascisante où rougeoient toujours les braises de l'antisémitisme. » Par-delà la constitution canadienne, croit Daniel S.-Legault, c'est la différence québécoise en matière politique et économique qui est visée par ces attaques. Parlant du fameux «modèle québécois», il déclare: « l'an ti- québécisme se nourrit de ce qui reste des lois 101 [Charte de la langue française] et 78 [sic, loi 178 sur la langue d'affichage], du monstre Hydro-Québec, de la Caisse de dépôt et de placements. [ ... ] Le credo néo-libéral s'accommode très bien de la pensée unique, de l'anglicisation de la planète, des vastes marchés de libre consommation. Au point de confondre cette liberté individuelle et la démocratie29 ]

L'ensemble de cette stratégie d'intimidation à l'égard du Québec semble porter certains fruits. Les résultats d'une série de sondages montrent en effet, au début de l'automne 1997, non seulement que l'appui à la souveraineté a baissé au Québec, mais que les Québécois font de l'accord d'Ottawa une condition nécessaire à l'accession du Québec à la souveraineté30 ] , et qu'ils reconnaissent plus facilement le droit aux régions de faire sécession du Québec que celui du Québec de faire lui-même sécession de l'ensemble canadien31 ] ! Des résultats qui font dire au ministre fédéral des Affaires intergouvernementales, Stéphane Dion, que les souverainistes font fausse route et qu'ils auront «de profondes difficultés à concilier sécession et démocratie32 ] ». Atterrés par l'état de cette opinion publique, que l'ancien premier ministre Jacques Parizeau qualifie de «mentalité d'assiégés», les souverainistes reconnaissent avoir laissé trop de terrain à leurs adversaires fédéralistes et se proposent de tenir avant un an une sorte d'états généraux de la souveraineté. Les membres du Cercle Gérald-Godin, Denis Monière, Guy Bouthillier et Pierre de Bellefeuille, appellent de leur côté la constitution d'un mouvement d'action civique capable de conscientiser, en dehors des seules campagnes électorales, la population à la nécessité de faire l'indépendance33 ] .

Tout au cours de l'année, plusieurs observateurs de la scène québécoise tirent la sonnette d'alarme devant ce qu'ils perçoivent être une radicalisation dangereuse du débat entre communautés francophone et anglophone. Les politologues québécoises Jane Jenson et Antonia Maloni invitent, en décembre 1996, à prendre garde que «les voix extrémistes qui enflamment le débat politique ne contribuent qu'à ériger des murs d'incompréhension autour des communautés. Ce sont eux qui rendent de plus en plus difficile la tâche de s'attaquer aux vrais problèmes et qui font obstacle à la recherche de solutions constructives au Québec comme au Canada34 ]

Selon un autre politologue et président de la Société Saint-Jean-Baptiste, Guy Bouthillier, c'est la rhétorique canadienne du multiculturalisme qui a fini par tout imprégner de la chose ethnique. Dans un livre intitulé L'obsession ethnique35 ] , il dénonce le fait que le nationalisme québécois soit systématiquement ramené à la seule dimension ethnique, de façon à ce qu'il ne puisse pas passer à une étape d'élargissement de ses frontières, c'est-à-dire celle de la nation. Ce que la logique partitionniste fédéraliste dit justement, selon lui, c'est que les «communautés ethniques» doivent rester séparées pour toujours. L'écrivain Marco Micone souscrit tout à fait à cette opinion. Il invite cependant les souverainistes à prendre eux-mêmes l'initiative du changement au Québec. «Malgré le caractère foncièrement démocratique du mouvement souverainiste, déplore-t-il, celui-ci est toujours perçu comme l'instrument d'affirmation et d'émancipation des francophones de vieil établissement (un projet ethnique donc), car trop d'importance est donnée à la langue et à la culture française d'ici et pas suffisamment au partage de l'espace culturel36 ] .» Le passage par une conception ethnique de sa communauté se révèle, toutefois, une étape incontournable, précise Gérard Bouchard de l'Université du Québec à Chicoutimi37 ] . L'établissement de toute identité civique plus inclusive ne peut venir qu'après. Étant entendu que les deux types d'identité ne sont pas des catégories parfaitement étanches, on peut affirmer, selon lui, que cette transition s'est déjà bel et bien réalisée au Québec.

Kenneth McRoberts, l'un des politologues canadiens - anglais les plus au fait sur le Québec, perçoit une autre cause à l'incompréhension grandissante entre le Québec et le reste du pays. Selon lui, les deux entités ne souscrivent désormais plus au même projet politique. Le Québec est resté attaché à la conception d'un Canada né du pacte entre les deux peuples fondateurs. Le Canada anglais, quant à lui, est passé, entre autres avec l'enchâssement de la Charte des droits dans la Constitution, à une vision fondée sur les droits individuels. «Le véritable obstacle à un dialogue sincère entre le Canada anglais et le Québec francophone n'est pas logistique, ni institutionnel, mais intellectuel. Alors que le Canada anglais a abandonné le discours traditionnel sur ses grands principes politiques, le Québec francophone y est resté attaché. Cela n'est guère surprenant puisque le nouveau discours a été conçu précisément pour nier les prétentions québécoises à la spécificité. Ces deux discours contradictoires rendent le dialogue impossible38 ]

Gilles Bourque et Jules Duchastel, de l'Université de Québec à Montréal, ne démentent pas cette analyse. Ils y ajoutent cependant le fait que cette confrontation entre projets politiques concurrents se déroule alors même que la mondialisation et la crise de l'Étatprovidence transforment profondément les perspectives nationales et politiques à venir. À leur avis, la meilleure option reposerait sur la reconnaissance du statut multinational du Canada. «plutôt que de s'acharner à nier l'évidence, le projet de construire une communauté politique pan-canadienne pourrait dorénavant s'engager dans cette vole positive, essentielle au développement de la démocratie en cette fin de siècle, qui consiste en la production de communautés politiques supranationales. De même, les souverainistes au Québec seraient amenés à assumer une fois pour toute que l'affirmation d'une culture politique commune ne peut être réalisée dans l'ignorance du pluralisme de la société québécoise. Il en découlerait nécessairement la reconnaissance d'une citoyenneté (ou double citoyenneté) et d'une communauté politique supranationale canadienne. Il s'agirait là, croyons-nous, d'une bien meilleure façon de promouvoir le développement d'une culture politique francophone commune au Québec puisqu'une telle transformation du projet souverainiste ne heurterait plus de plein fouet tous ceux et celles qui, légitimement, demeurent attachés au Canada39 ]




L'identité québécoise en transition

Le débat sur la nature de l'identité québécoise n'a pas touché que le monde des idées politiques l'année dernière, il a aussi animé la scène littéraire. Mais plutôt que de se poser en terme d'identité canadienne contre identité québécoise, ce débat apparaît, d'un premier coup d'oeil, opposer les traditionnels aux modernes. Il appert toutefois rapidement que ce sont surtout différentes conceptions de la modernité québécoise qui s'opposent.

D'un côté, on retrouve un auteur comme Jean Larose qui émet l'avis, dans l'ouvrage de Marco Ancelovici et Francis Dupuis-Déri, L'arcbipel identitaire40 ] , qu'au Québec, «notre accès à l'autre, notre curiosité de l'étranger, notre penchant au métissage moderne, tout cela est continuellement limité, toujours alarmé par le soupçon que l'autre pourrait profiter de notre curiosité et de notre ouverture au métissage pour compromettre politiquement notre identité. La souveraineté inachevée nous met sur la défensive, poursuit-il, nous rend vulnérables au discours nationaliste. Il en résulte un appauvrissement individuel, culturel et économique.»

De l'autre, on trouve quelqu'un comme Louis Cornellier qui, dans un livre intitulé Plaidoyer pour l'idéologie tabarnaco41 ] , dénonce l'aliénation culturelle aiguë des Québécois et les invite à se définir une modernité qui leur soit propre. S'attaquant justement à ces «Québécois cultivés» qui, comme Jean Larose, se plaignent aujourd'hui d'être écrasés par la culture québécoise de survivance, Cornellier constate qu'il est normal pour eux «qu'on ne vienne plus chanter les vertus de la persistance culturelle en des termes qui évoquent un passé de misère, de petitesse et de fermeture. Tel le parvenu social qui refoule les réminiscences de son point de départ honni, le Québécois moderne est un parvenu de la culture. Il appelle "ouverture", "maturité", .souveraineté" même sa propension à rejeter sa propre culture aux poubelles de l'histoire ... » L'idéologie «tabarnaco» de Cornellier, en contrepartie, «est un refus du potlach culturel. Agrippée à l'histoire par souci de lucidité, mais bien de son temps parce que consciente qu'une culture ne saurait survivre en refusant l'épreuve du réel actuel, de l'ici et du maintenant, l'idéologie tabarnaco ne regarde pas notre passé de survivance avec des yeux moqueurs et hautains. Elle en tire leçon, l'assume et l'actualise en refusant de s'aveugler sur la pérennité de ce qu'elle défend, c'est-à-dire la culture québécoise ... »

Le plus vif débat sur cette question a fait suite à une conférence prononcée en mars 1996 par Monique LaRue et publiée quelque sept mois plus tard sous le titre L'arpenteur et le navigateur42 ] . Se situant à cheval entre les positions de Larose et Cornellier, l'auteure y rapporte les frustrations d'un ami imaginaire qui maudit l'envahissement du monde littéraire québécois par des écrivains immigrants. Plutôt que de la condamner sans plus attendre, l'auteure prend le temps de comprendre la xénophobie de son ami. Elle conclut néanmoins son propos en célébrant la part essentielle de «navigateur» qui doit habiter, selon elle, chaque écrivain: «Il y a chez l'écrivain, comme en tout être humain, bien d'autres déterminants que l'appartenance ethnique. Il existe surtout, en chaque véritable artiste, une force absolument contraire à celle-là, qui lui fait éprouver le besoin de s'arracher à la terre natale, à sa famille, à la dimension ethnique de la langue et à toute attache pour naviguer vers l'ailleurs, vers le nouveau, vers l'inconnu ... »

La conférence s'attire, un an après avoir été prononcée, une violente critique de la part de l'éditrice de la Tribune juive, Ghila B. Sroka43 ] . Cette dernière qualifie la plaquette d'estampillée «par la haine, la jalousie et le ressentiment». Après avoir remarqué au passage que le racisme semble être devenu une nouvelle mode au Québec, l'éditrice conclut: «Monique LaRue a tort de ne pas poser la question du rôle des cultures particulières. Que cela vous plaise ou non, tous les écrivains vivant au Québec font par définition partie de la littérature québécoise.» Un autre auteur, Gary Klang, profite de l'occasion pour prendre la parole au nom des écrivains québécois qui ne sont pas nés ici. «Ce que nous voulons, c'est justement que dans ce Québec à la recherche de son âme, ce Québec et ce Canada qui nous ont si bien reçus et ou sont nés mes quatre enfants, il nous soit permis, à nous les écrivains d'ailleurs, de chanter ce que bon nous semble sans être obligés d'entonner les grandes orgues du nationalisme44 ]

Cette réaction scandalisée aux propos de Monique LaRue sème la consternation chez plusieurs observateurs. Pour la plupart, toute l'histoire relève d'un malentendu. L'image de «l'ami écrivain» employée par l'auteure de L'arpenteur et le navigateur a confondu ses critiques qui y ont vu les propres paroles de M- LaRue, croit-on, alors que cette dernière cherchait justement à en faire une critique claire mais sensible45 ] . D'autres se montrent plus sceptiques quant à la bonne foi des personnes scandalisées. On attribue l'esclandre à une vicieuse tentative de désinformation visant à salir la littérature nationaliste46 ] .

«Il ne fait pas de doute que la complexité et la volatilité de la situation québécoise constituent un véritable laboratoire de la pensée pluraliste et des réflexions critiques et théoriques sur l'identité, observe Pierre Nepveu. [ ... ] Le pluralisme auquel nous aspirons aujourd'hui ne saurait être une pure reconnaissance de principe, un appel à une multiplicité abstraite et 'impersonnelle. [ ... ] Il [ce pluralisme québécois] est un chantier, poursuit-il, et un chantier de la mémoire retrouvée et renouvelée, non pas une pure liquidation du passé, ni sa réduction partiale et intéressée aux seules figures de Lionel Groulx ou de Maurice Duplessis. Un chantier auquel participent désormais des intellectuels d'origines diverses47 ]




Note(s)

1.  Lucien BOUCHARD, «Notre tâche est de guérir la social-démocratie québécoise», Le Devoir, 9 octobre 1996, A7.

2.  Bernard LANDRY, «L'essentielle alliance de l'économique et du social», Le Devoir, 29 octobre 1996, A9.

3.  Michel VENNE, «Bouchard invite le Québec à un effort d'adaptation», Le Devoir, 30 octobre 1996, Al.

4.  Gilles LESAGE, «Léonard annonce la mort de l'État-providence», Le Devoir, 18 octobre 1996, A6.

5.  Michel VENNE et jean PICHETTE, «Un rapprochement palpable», Le Devoir, 2 et 3 novembre 1996, A7.

6.  Diane BELLEMARE, «Dans la foulée du Sommet sur l'économie et l'emploi», Le Devoir, 12 novembre 1996, AT

7.  Mario CLOUTIER, «Les Québécois approuvent une réforme qu'ils ne connaissent pas», Le Devoir, 29 janvier 1997, A4.

8.  Pierre FORTIN et Francine SÉGUIN, «Sécurité du revenu, le Livre vert marque un réel progrès», La Presse, 4 février 1997, B3

9.  Camil BOUCHARD, Vivian LABRIE et Alain NOËL, «Réforme de la sécurité du revenu: le gouvernement fait fausse route», Le Devoir, 12 février 1996, A9.

10.  Claude FILION, «Réforme de la sécurité du revenu: pour contrer la pauvreté, l'État a une responsabilité unique», Le Devoir, 20 février 1997, A7.

11.  Rosaire MORIN, «Éditorial», L'Action nationale, vol. 87, no 1, janvier 1997, p. 4.

12.  Dominique BOISVERT, «Rompre avec le néo-libéralisme», Relations, no 633, p. 200-214.

13.  Michel BERNARD et Léo-Paul LAUZON, Finances publiques et profits privés. Les finances publiques à l'heure du néolibéralisme, Montréal, Éditions du Renouveau québécois et la Chaire d'études socio-économiques de l'UQAM, 1996, 142p.

14.  Louis FAVREAU, «Comment repenser le « social" dans un contexte de crise économique?», Le Devoir, 21 août 1997, A7.

15.  André PRATTE, Le syndrome de Pinocchio; essai sur le mensonge en politique, Montréal, Boréal, 1997, 164 p.

16.  Norman DELISLE, «L'Assemblée nationale dénonce le réseau TVA pour avoir prétendu que les députés sont des menteurs».

17.  Richard MARTINEAU, «André praire; l'ennemi politique #1 », Voir, vol. 11, no 13, 27 mars 1997, p. 8.

18.  Agnès GRUDA, «Le tabou du mensonge», La Presse, 25 mars 1997, B2.

19.  Michel DAVID, «La cité idéale», Le Soleil, 25 mars 1997, Bll.

20.  Michel VENNE, «Antidotes au cynisme», Le Devoir, 25 juin 1997, AI.

21.  Ici, vol. 1, no 1, p. 18-26.

22.  Jean-Pierre CHARBONNEAU, «Morale et éthique dans le domaine public: la politique, art du possible», Le Devoir, 18 avril 1997, A11.

23.  Ghislain DUFOUR, «Assemblée nationale: fin de session en queue de poisson», Le Devoir, 7 janvier 1997, A7.

24.  Michel DION et al., L'éthique gouvernementale, Montréal, Fides, «Cahiers de recherche éthique» 21, 1997, 420 p.

25.  Guy LACHAPELLE, «Bris de parole», Le Devoir, 21 mars 1997, A9.

26.  Daniel S.-LEGAULT, «Bashing anti-Québec; uppercut de la droite», VO: Vie ouvrière, n- 266-267, été 1997, p. 4-7.

27.  Gérard PELLETIER, «Une chasse odieuse», La Presse, 6 novembre 1996, B3.

28.  Jacques HÉBERT, «Jean-Louis Roux, chevalier sans peur et sans reproche», La Presse, 6 novembre 1996, B3.

29.  Daniel S.-Legault, op. cit.

30.  Pierre O'Neill, «Pour une majorité de Québécois, la souveraineté nécessite l'accord d'Ottawa», Le Devoir, 20-21 septembre 1997, Al.

31.  «Souveraineté: entre la lassitude et l'inquiétude», L'Actualité, 11, octobre 1997, p. 13.

32.  Michel VENNE, «Vers une offensive souverainiste», Le Devoir, 22 septembre 1997, Al.

33.  Denis MONIÈRF, Guy BOUTHILLIER et Pierre DE BELLEFEUILLE, «Un projet d'action pour les souverainistes», Le Devoir, 4 septembre 1997, A7.

34.  Jane JENSON et Antonia MAIONI, «Quand les phobies s'emparent de la politique», Le Devoir, 13 décembre 1996, All.

35.  Guy BOUTHILLIER, L'obsession ethnique, Outremont, Lanctôt Éditeur, 1997, 240 p.

36.  Marco MICONE, «Un pays de citoyens ou un pays d'ethnies?», La Presse, 12 mars 1997, B3.

37.  Gérard BOUCHARD, «Le Québec et la diversité», Le Devoir, 26 mars 1997, A7.

38.  Kenneth McROBERTS, «Le Canada anglais et le scénario de la souveraineté du Québec: la disparition d'un pacte et des anciennes alliances», Le Devoir, 8 mars 1997, A13.

39.  Gilles BOURQUE et Jules DUCHASTFL, «Démocratie et identité postnationale», Le Devoir, 24 octobre 1996, A9.

40.  Marco ANCFLOVICI et Francis Dupuis-DÉRI, L'archipel identitaire, Montréal, Boréal, 1997, 214 p.

41.  Louis CORNELLIER, Plaidoyer pour l'idéologie tabarnaco, Montréal, Balzac-Le Griot, coll. «Le vif du sujet», 1997, 94p.

42.  Monique LARUE, L'arpenteur et le navigateur, Montréal, CETUQ/Fides, coll. «Grandes conférences», octobre 1996, 30p.

43.  Ghila B. SROKA, «De LaRue à la poubelle», Tribune juive, vol. 4, no 3, mars 1997, p. 4-5

44.  Gary KLANG, «Trop, c'est trop», Le Devoir, 3 juillet 1997, AT

45.  Voir par exemple: Réginald MARTEL, «À propos de Ghila Sroka et Monique LaRue», La Presse, 15 avril 1997, C13; ou Lise BISSONNETTE, «Un cauchemar», Le Devoir, 26 avril 1997, B3.

46.  Voir par exemple: Jeanne DEMERS, «L'Arpenteur et le Navigateur: une lecture erronée et destructrice», Le Devoir, 17 mai 1997, A9; ou Claude LÉVESQUE, «À propos du "Québec xénophobe»», Le Devoir, 3 juillet 1997, A7.

47.  Pierre NEPVEU, «Notes sur un angélisme au pluriel», Le Devoir, 9 juin 1997, A7.