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Bibliothèque nationale du Canada
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Novembre/Décembre
2000
Vol. 32, no 11/12

Une collection en crise : conservation de la collection des journaux de la Bibliothèque

Paul McCormick, directeur général,
Gestion des ressources en information

Le Canada est très fier de sa longue histoire de publication de journaux, depuis son premier journal publié à Halifax en 1752. La Bibliothèque nationale du Canada a rassemblé la collection de journaux canadiens la plus vaste et la plus complète, dans tous les formats et de toutes les régions du pays. Beaucoup de ces documents sont uniques. La variété et l'ampleur de la collection de journaux de la Bibliothèque sont inégalées, depuis les tirages reliés de journaux de l'ère de la Confédération à la conservation sur microfilm du Programme décentralisé pour les journaux canadiens (PDJC) et aux journaux étudiants et ethniques canadiens contemporains. Dans son rôle d’entretien des collections de journaux imprimés du PDJC, la Bibliothèque nationale doit rendre ces documents disponibles aux chercheurs spécialisés, à la conservation sur microfilm, à la reproduction photographique et numérique et aux fins d'exposition. Tout aussi gigantesque que la variété et l'ampleur de la collection est la tâche de protéger et conserver cette collection de notre patrimoine national.

La collection de journaux a été créée en 1967 lors de l'ouverture de l'édifice principal au 395 de la rue Wellington, qui donnait à la Bibliothèque un espace suffisant pour abriter la masse de documents imprimés originaux transférés de la Bibliothèque du Parlement et des Archives publiques d'alors. (Avant la création de la Bibliothèque nationale en 1953, ces deux institutions avaient amassé de vastes collections de journaux imprimés.) La collection de la Bibliothèque nationale a continué de s'enrichir par des transferts, des dons et des achats, et contient maintenant plus de 525 000 numéros de journaux imprimés. Alors que leur nombre augmente de façon substantielle chaque année, l'acquisition complète par le dépôt légal n'a pas été appliquée par la Bibliothèque aux journaux imprimés, en particulier à cause des importantes ressources nécessaires pour acquérir, assurer l'accès et conserver ces documents à long terme. Les journaux sur microfilm, cependant, ont été acquis par l'entremise du dépôt légal depuis 1988.

La Bibliothèque nationale entrepose sa collection de journaux dans trois édifices : l'édifice principal du 395 de la rue Wellington à Ottawa, et deux entrepôts dans un parc industriel de banlieue. Plus tôt cette année, Travaux publics et Services gouvernementaux Canada (TPSGC) a accepté de déménager une partie de la collection de journaux imprimés d'une quatrième installation, qui avait connu une série d'incidents de plomberie et des niveaux élevés de température et d'humidité. Le manque d'espace à la Bibliothèque a forcé l'entreposage d'une grande partie de la collection de journaux imprimés dans des conditions moins qu'idéales. On estime que l'espace requis pour abriter correctement (c'est-à-dire à plat dans des boîtes de carton sans acide) tous les journaux imprimés de la Bibliothèque représenterait plus de quatre fois la superficie actuelle, soit presque 8 000 m².

Un des entrepôts abritant actuellement des journaux imprimés est climatisé; l'autre ne l'est pas. Aucun n'a de coupe-vapeurs ou d'isolation. L'édifice principal de la Bibliothèque est climatisé et jouit d'un contrôle partiel sur le taux d'humidité relative. Les changements dans l'utilisation de parties de l'édifice principal et le resserrement des exigences environnementales ont été des défis majeurs pour des systèmes de chauffage et de refroidissement construits selon les normes des années soixante. L'air n'est filtré des polluants gazeux dans aucune des installations. TPSGC a procédé à un certain nombre d'investissements importants dans l'édifice principal de la Bibliothèque; le dernier fut consenti pour améliorer le coupe-vapeur et l'isolation de l'édifice et pour mieux contrôler les fluctuations d'humidité. La détérioration acide inhérente aux journaux imprimés les rend difficiles à conserver; sans des contrôles de température et d'humidité relative appropriés, le défi de la conservation est encore plus difficile à relever.

Actuellement, le Service de conservation et de reprographie de la Bibliothèque, en association avec la Direction de la préservation des documents des Archives nationales du Canada, met en application un programme limité de relogement et traitement aux fins de préservation. Les plans de conservation de la collection ont été mis au point dans le cadre de la planification d'une nouvelle installation à l'usage exclusif des collections, qui abriterait le Service de conservation et les collections de journaux de la Bibliothèque. Le Plan de conservation pour la collection de journaux passe en revue et confirme les exigences d'entreposage, y compris la configuration des étagères, les exigences d'empaquetage, les exigences environnementales et les exigences de sécurité et d'accès spécifiques à la collection de journaux. Aucune des installations de la Bibliothèque abritant actuellement les journaux imprimés ne correspond aux exigences environnementales ainsi définies.

La conservation des documents de la collection dans un environnement approprié est le plus important investissement qu'on puisse faire pour préserver et prolonger leur durée de vie. Greg Hill, conservateur en chef de la Direction de préservation des archives des Archives nationales, a préparé en 1999 une évaluation générale de la collection des journaux imprimés (Risk Assessment of the Newspaper Collections of the National Library of Canada). Dans ce rapport, il décrit la collection de journaux comme étant « en crise », surtout les documents actuellement conservés dans l'un des entrepôts mentionnés ci-haut. Les journaux imprimés que possède la Bibliothèque sont en général imprimés sur des papiers de pulpe de bois mécanique aux propriétés acides inhérentes. Leur instabilité chimique contribue à leur détérioration, même dans les meilleures conditions d'entreposage. La conclusion de Hill était que les « conditions d'entreposage de la plus grande partie de la collection de journaux de la BNC peuvent être considérées comme préjudiciables à la stabilité à long terme de tout papier-journal, mais particulièrement des documents d'après 1870. » Il a dressé une liste d'exigences à court terme pour un site d'entreposage provisoire à basse température (maximum de 18°C, plus bas de préférence, avec une humidité relative de 30 %), l'empaquetage dans des boîtes de carton sans acide (pour protéger les documents fragiles autant que pour réduire l'exposition aux polluants présents dans l'air) et un rayonnage approprié (dont les rayons seraient assez profonds pour accueillir les boîtes avec peu ou pas de surplomb). En appliquant les résultats de ce rapport à l'abri courant de cette collection nationale, il est clair que la conservation des journaux imprimés dans l'une de ces installations contribue à accélérer leur détérioration, alors que dans les deux autres installations, au mieux, elle la ralentit.

Au cours des derniers mois, un petit groupe de travail de la Bibliothèque a préparé une liste des exigences fonctionnelles d'une installation qui accueillerait de façon plus appropriée tous les journaux imprimés. Cela nécessitera des ressources importantes et un investissement substantiel. Les journaux imprimés sont également devenus un élément majeur du développement d'une stratégie commune de conservation pour les Archives nationales et la Bibliothèque nationale, en collaboration avec TPSGC et le Ministère du patrimoine canadien. Cette stratégie portera sur les collections de la Bibliothèque les plus en danger et ayant le besoin le plus urgent d'un espace de conservation offrant des conditions nettement meilleures. Elle évaluera aussi les exigences à plus long terme des deux institutions pour les 25 prochaines années. Ces démarches relèveront les grands défis posés par la conservation et la préservation de cette collection nationale tenant compte de sa signification culturelle et historique.

Pour plus de renseignements, ou pour obtenir des exemplaires des documents mentionnés dans cet article, veuillez communiquer avec :

Paul McCormick
Directeur général
Gestion des ressources en information
Bibliothèque nationale du Canada
395, rue Wellington
Ottawa (Ontario) K1A 0N4