Sauter les liens de navigation (touche d'accès : Z)
Bibliothèque nationale du Canada
Page d'accueil BNC EnglishContactez-nousAideRecherche BNCGouvernement du Canada

Le générique du Bulletin
Abonnement Commentaires Numéros antérieurs À propos de nous

Septembre/Octobre 2003
Vol. 35, no 5
ISSN 1492-4684

Article précédent Sommaire Article suivant

Le 50e anniversaire de la Bibliothèque nationale se propage… sur les ondes radio !

Trevor Clayton, Communications

Des radioamateurs ont célébré le 50e anniversaire de la Bibliothèque nationale du Canada d’une manière on ne peut plus singulière : ils ont syntonisé leurs fréquences grâce à des préfixes provisoires d’activité spéciale fournis par Industrie Canada.

Du 24 mai au 27 juillet 2003, des radioamateurs (ou « ham radio » en anglais  -  expression dont l’origine demeure mystérieuse) du Canada ont utilisé les préfixes substituts suivants : CK pour tous les VE, CJ pour tous les VA, CY pour les VO, et CZ pour tous les VY. À l’échelle internationale, on reconnaît que les quatre préfixes qui commencent par « V » sont canadiens.

Les préfixes sont des codes qui désignent un pays ou une région où se trouve une station de radioamateur. Lorsqu’ils sont suivis de nombres et de lettres, ces codes forment un indicatif d’appel particulier. À cause de sa rareté relative, l’utilisation d’un préfixe d’activité spéciale, qui ne peut être autorisée que par une instance gouvernementale, permet de recevoir plus d’appels à la fréquence que l’on utilise. Une fois la communication établie, les participants échangent des cartes QSL  -  ou ce qu’on pourrait décrire comme une obscure carte postale codée qui renferme des détails techniques radio  -  et, par le fait même, élargissent l’éventail des pays ou des régions avec lesquels ils peuvent prendre contact. Il est difficile de syntoniser des fréquences de territoires éloignés ou dont l’accès est réglementé, comme l’île de Sable en Nouvelle-Écosse; c’est pourquoi le terme « entité » a été adopté. Le Canada est considéré comme une entité; l’île de Sable et l’île Saint-Paul (à proximité de l’Île-du-Prince-Édouard), même si elles font partie du Canada, sont aussi des entités distinctes dont les préfixes sont uniques. Lorsqu’un radioamateur a réuni des cartes de 100 entités ou plus, il peut demander le prestigieux certificat de mérite DX Century Club (DXCC), remis par l’American Radio Relay League.

Dans le milieu des radioamateurs, les adeptes achètent leur propre équipement ou l’assemblent eux-mêmes (qu’ils l’appellent alors leur « équipement maison »), passent des examens, demandent et obtiennent des certificats délivrés par le gouvernement et paient des droits pour le plaisir de discuter avec des gens du monde entier qui ont fait la même chose. Le passe-temps de certaines personnes est d’utiliser leurs antennes afin de tenter des expériences scientifiques, alors que d’autres s’amusent tout simplement à collectionner des cartes.

Au début des années 1960, la NASA a lancé OSCAR (satellite artificiel porteur de stations de radioamateur), un satellite construit par des radioamateurs, et de nos jours, il y a dans l’espace plus de 40 satellites de radioamateur. La liste des adeptes, d’hier et d’aujourd’hui, est l’une des plus surprenantes qui soient. Elle comprend des noms aussi divers que Walter Cronkite, journaliste vedette, Chet Atkins, guitariste, Barry Goldwater, ancien sénateur américain, Juan Carlos, roi d’Espagne, Hussein de Jordanie, défunt roi de Jordanie, Youri Gagarine, cosmonaute, Joseph H. Taylor, colauréat du prix Nobel de 1993, et Marlon Brando, acteur.

De nombreux astronautes américains et canadiens sont aussi des radioamateurs. Les trois astronautes qui sont morts dans la navette spatiale Columbia étaient des radioamateurs : David Brown, indicatif d’appel KC5ZPG; Kalpana Chawla, indicatif d’appel KD5EDI; et Laurel Clark, indicatif d’appel KC5ZSU. Il y a même une station de radioamateur sur la Station spatiale internationale.

« C’est amusant. Je suis ingénieur électricien et j’apprends encore de nouvelles choses », déclare Jim Dean, vice-président des affaires réglementaires pour Radio Amateurs du Canada (RAC), un organisme dirigé entièrement par des bénévoles. « Toutes sortes de gens, des camionneurs aux lauréats de prix Nobel, sont radioamateurs. » M. Dean a pris sa retraite en 1992 et, comme la Bibliothèque nationale, il célèbre cette année un 50e anniversaire  -  cinq décennies à titre de radioamateur  -  une passion qui s’est répandue grâce aux progrès technologiques et scientifiques réalisés au cours de la Deuxième Guerre mondiale. Sur les 334 entités actuellement reconnues par les radioamateurs, M. Dean possède les cartes de 333 d’entre elles. Il ne lui manque que la carte convoitée de l’inaccessible Scarborough Reef, près de la Chine.

« On se demande qui (quel pays) contrôle la station de radioamateur de Scarborough Reef; un conflit existe à ce sujet, alors l’accès radio est très limité », précise M. Dean. Celui-ci s’est rendu à Genève à titre de radioamateur membre de la délégation canadienne dans le cadre de la Conférence mondiale des radiocommunications (ITU-WRC) qui a eu lieu le 7 juin 2003.

Dernièrement, j’ai eu la chance d’aller chez un ami et fervent radioamateur, Ajmal Rahman, pour assister à une brève démonstration dans la pièce fermée, de la grandeur d’une mansarde, qui, juste au-dessus du garage de sa maison, à Oxford Mills, lui sert de salle de radiocommunications et où sont empilées un nombre incalculable de pièces d’un étrange équipement. La démonstration comprenait la syntonisation d’indicatifs, les claquements et les sifflements qui provenaient de différentes boîtes, du jargon spécialisé des radioamateurs et une conversation de 15 secondes avec quelqu’un de la Caroline du Nord. Tout cela dépendait du bon vouloir de l’énorme antenne radio qui se balançait du haut de ses 110 pieds dans l’arrière-cour d’Ajmal.

Ajmal Rahman, technicien en matériel informatique, a obtenu sa licence de radioamateur en 1969 et a monté sa première antenne dans son arrière-cour. Il possède une centaine de cartes de partout dans le monde, dont des trésors comme des cartes de l’ancienne République démocratique allemande, de l’Albanie, du Zimbabwe, du pôle Nord et du pôle Sud et de l’île habitée la plus isolée du reste du monde, l’île de Pâques. Il n’a jamais présenté de demande pour obtenir un certificat de mérite.

Au cours de la tristement célèbre tempête de verglas qui a eu lieu dans la région de la capitale nationale en 1997, M. Rahman a utilisé son équipement et ses connaissances spécialisées pour faciliter les communications entre l’armée, la police et la protection civile.

« Dans toutes les catastrophes d’envergure partout dans le monde, dont les tremblements de terre, les inondations et les incendies, les radioamateurs ont l’obligation de transmettre des renseignements utiles lorsque les voies de communications régulières ne fonctionnent plus », déclare M. Rahman, dont l’indicatif d’appel est VE2ZQ.

M. Rahman fait état de l’efficacité d’un préfixe d’activité spéciale en citant en exemple les Jeux olympiques d’été de 1976. À cette occasion, Industrie Canada a émis le préfixe XJ en remplacement du préfixe VE, et la fréquence a été bloquée par les radioamateurs qui l’ont utilisée. « Si le gouvernement ne réglementait pas les fréquences, toutes les stations de radioamateurs et les radios commerciales seraient des zoos », lance-t-il d’un ton ironique.

En 2003, les prochaines activités spéciales dans le cadre desquelles le gouvernement fournira d’autres préfixes substituts sont, entre autres : le 400e anniversaire du premier voyage de Samuel de Champlain au Canada et le 100e anniversaire des communications militaires au Canada qui, pour Jim Dean, un ancien combattant de la marine depuis 38 ans, revêt une importance particulière.

« Le monde entre dans une ère sans fil où les fréquences sont de plus en plus hautes », fait remarquer M. Dean. Pourtant, « la plupart des gens boudent la haute technologie et étudient la médecine. Le Canada a besoin d’ingénieurs radio. »

L’activité de radioamateur a donc un avenir clair et illimité, tant que des gens continueront de s’y intéresser.

Pour en savoir plus sur cette activité et les règlements d’Industrie Canada à ce sujet, ou pour recevoir de l’information sur la manière d’établir sa propre station de radioamateur et d’obtenir un certificat, veuillez communiquer avec Radio Amateurs du Canada en composant le (613) 244-4367 ou en consultant le site Web de l’organisme à www.rac.ca.